Le chasseur n’avait presque pas fermé l’oeil de la nuit, ne pouvant pas trouver le sommeil après la nuit dernière. Ne voulait pas trouver le sommeil. Ren était resté là, tout près d’elle, sentait son corps tout près du sien. Il était resté à admirer sa peau pâle dénudée, et ses traits paisible pendant son sommeil. Eclairée par la lumière de la lune qui filtrait à travers les rideaux, le chasseur s’était laissé attendrir par la silhouette gracile de Costia qui s’étendait à ses côtés. Le Townshend voulait souvenir de cet instant, de tous les instants qu’il avait passé avec la mutante. De ses caresses, de ses baisers, des ébats tendres de la vieille. La peur d’oublier les détails de ces moments en sa compagnie l’avait tenu éveiller toute la nuit, entre les rêves et la réalité. Ren ne faisait plus trop la différence à présent, tant la réalité se rapprochait de ses songes ; ils étaient rares même, les rêves aussi doux que sa réalité. Ren avait plutôt l’habitude des cauchemars et des nuits agitées. Mais à ses côtés, avec Costia dans ses bras, il n’y avait rien eu de cela. Le chasseur n’avait pas réussi à chasser le sourire béa qui déformait ses traits sanguins depuis la vieille, même alors que les premiers rayons de soleils perçait le tissu vaporeux des rideaux de la belle.

Il aurait voulu passer ses doigts dans les longs cheveux de la blonde, encore et encore, mais il restait immobile, de peur de la réveiller. Ren était maladroit avec ces choses là ; si il avait l’habitude de la compagnie des hommes et des femmes, il était rare qu’il passe la nuit chez ses conquêtes. Même Demetria repartait dans son lit la plupart du temps. Alors le chasseur fut soulagé en entendant le réveil de la belle sonner, se doutant qu’elle allait devoir émerger à son tour. Doucement, la belle sortie des bras de Morphée, sous le regard attendrit du Townshend qui ne pouvait pas la quitter des yeux. Elle était si belle. «  Bon matin. » souffla-t-elle, presque timide, en venait se loger dans les bras du chasseur. Tendrement, Ren enlaça la belle, la serrant tout près de lui comme pour s’assurer que tout cela était bien réel. Que ce n’était pas un rêve, prêt à lui filer entre les doigts. Mais alors que sa main s’égarer dans ses cheveux, qu’il entama de caresser, le chasseur dû se rendre à l’évidence ; c’était un rêve, un rêve éveillé. Une réalité dont il n’aurait jamais rêvé. «  Bonjour Costia. » lança-t-il doucement, avant de déposer un baiser sur le haut de son crâne. «  Bien dormi ? » Ren hocha la tête. «  Ca faisait longtemps que je n’avais pas aussi bien dormi. » Un demi mensonge seulement. Certes, il n’avait presque pas dormi, mais en général quelques heures de sommeil seulement lui suffisait. Et les heures de cette nuit avaient été les plus paisible qu’il avait eu depuis longtemps, ayant échappé à ses cauchemars habituel. C’était comme si Costia avait le don de chasser ses problème, en plus de sa mutation.  Les doigts de la belle vinrent s’égarer sur son torse, traçant de larges volutes qui le fit frissonner.  «  Et toi ? » souffla-t-il tendrement, en croisant le regard de la belle qui releva la tête au même moment. Le chasseur répondit à son sourire, avant de profiter du moment pour se rapprocher de son visage. Ne lui laissant pas même le temps de répondre, Ren plaqua doucement ses lèvres contre les siennes, un geste nouveau et pourtant si naturel.

Une scène suspendue dans le temps, un tableau dans lequel il aurait voulu se retrouver coincé, pour l’éternité. Autour d’eux, tout semblait figé. Le monde en dehors de l’appartement de la belle n’était plus, plus rien n’existait à part ce qui se déroulait entre ces quatre murs. Les autres, leur obligations, leurs problèmes … Ils ne signifiaient rien, pas lorsqu’il se trouvait ainsi tout près d’elle, à en sécurité entre les bras de la belle, à l’abris de tout ce monde qui n’attendait que de les séparer. Ca lui faisait mal au coeur, de savoir qu’à un moment donné, il allait devoir quitter ces draps, quitter la quiétude de la chambre de Costia. Qu’il allait devoir retourner à sa vie, à son quotidien remplis, qui, à ce moment précis, ne signifiait plus rien pour lui. Ren, il ne voulait plus bouger, plus jamais. Il voulait s’enfermer avec la belle, et ne plus penser à rien d’autre qu’aux souvenirs encore frais de la vielle, et les revivre pour toujours. Mais c’était trop beau pour être vrai. Il y aurait un moment où le chasseur allait devoir se lever, quitter la belle et retrouver son travail, ses collègues et Thaddeus. Un moment où tous les moments passés à ses côtés de seraient que de lointains souvenirs. Où il redeviendrait chasseur, et où elle redeviendrait mutante. C’était comme ça qu’était les choses, comme ça qu’elles resteraient. Dans le secret de leur cocon pourtant, il pouvait prétendre, prétendre que ces mots ne signifiaient rien, qu’ils n’était que Ren et Costia. Et si le Townshend ne pouvait pas changer la réalité, il pouvait au moins repousser le moment où il devrait l’affronter.

Alors Ren s’accrochait à elle, enroulait ses bras autour de son corps encore nu, l’attirant tout près de lui. Il refusait de laisser échapper ce moment entre ses doigts. Il ne put pas lui avouer qu’il avait eu peur de s’abandonner aux bras de Morphée, pour ne pas qu’elle assiste à l’un de ses nombreux cauchemars, qui rendait son sommeil agité. Il avait d’ailleurs eu peur de la réveiller, lors de ses quelques heures de sommeil ; de partir comme il le faisait parfois dans un combat inconscient contre un adversaire imaginaire. Mais il fut soulagé en entendant sa réponse. « Moi aussi. » Ses doigts se perdaient maintenant sur les angles de sa mâchoire, effleurant son cou en le faisait frissonner. «Ça faisait longtemps.» Un sourire éclaira les traits du chasseur. La belle n’avait pas idée de ce qu’elle lui faisait ressentir, de ce qu’il éprouvait à ses côtés. Il aurait été prêt à tout, pour son sourire, pour la voir heureuse. Ca lui faisait peur, l’effet qu’elle avait sur lui, le chasseur n’avait pas l’habitude. « Que j'avais si bien dormi... Mais pas que. D'avoir été avec quelqu'un, aussi. » Son regard azur était perdu dans les yeux du Townshend, qui ne semblait pas vouloir quitter son regard apaisant. Il aurait voulu lui renvoyer la remarque, mais ce n’était pas entièrement vrai. Il y avait toujours Rhaena, et Demetria quand elle le graciait de sa présence ; il y avait ceux qu’il rencontrait au bar aussi, ces femmes et ces hommes qu’il ne revoyait jamais. Mais avec eux, c’était différent. Avec Costia, c’était un autre monde qui s’offrait à lui, de caresse et de passion, de douceur aussi. La belle se releva légèrement, déposant tendrement ses lèvres contre celle du chasseur. Un baiser auquel il répondit avec passion, l’attirant plus près de lui, entremêlant ses jambes aux siennes, égarant ses mains dans ses cheveux. Ils restèrent ainsi l’histoire de quelques instants, avant que le chasseur ne brise leur étreinte, à contre coeur. Même s’il n’avait plus techniquement de travail, il ne pouvait pas trop tarder à retrouver Thaddeus. Malheureusement. « Tu as de quoi manger dans ton frigo ? » souffla-t-il finalement, après quelques secondes de silence. Dans son regard, une étincelle de malice, sachant qu’il allait surprendre la belle avec ses talents cachés. Qui aurait cru que le chasseur solitaire était bon cuisinier. « Je peux nous faire un petit-déjeuner si tu veux, le meilleur qui tu ai jamais mangé. »

Entre ses bras, il sentait le corps fluet de la belle se muer avec grâce, fragile, précieux. Le chasseur avait bien dû mal à réaliser, même après la nuit passée ensemble, il ne pouvait pas croire que la belle se trouvait là, tout près de lui. Qu’elle avait laissé entrer un monstre comme lui dans sa vie. Ren ne s’était jamais fait d’illusion ; il était un monstre, l’une des pires sortes. Si certains chasseurs défendaient leurs actes barbares, si un poignée restait persuadé qu’ils n’avaient rien à reprocher en tuant les dégénérés, ce n’était pas le cas de l’anglais, pleinement conscient de ses actions. Il avait été élevé pour ça, il n’avait jamais été rien d’autre qu’une arme, prête à servir celui à qui il prêtait à allégeance ; prêt à tout pour rester loyal. Il avait torturé, il avait tué, dégénéré, humains, chasseurs, sans distinction. Il avait commis des crimes impensable, dont il ne se laverait surement jamais les mains. A ses yeux, le Townshend était condamné, condamné à cette vie de monstre qui ne lui vaudrait jamais rien d’autre que de la honte. Et pourtant, Costia avait su voir au -delà. Elle connaissait ses crimes, elle s’en doutait ; elle connaissait le vrai Ren, le soldat sans merci. Et pourtant elle était là, dans ses bras, avec sa douceur et son innocence. Le chasseur se sentait presque coupable, de tâcher ainsi sa candeur. Pourtant, il ne pouvait s’empêcher de fondre devant ses grands yeux bleus, de se laisser bercer par la tendresse de ses étreintes. Ca lui paraissait tellement surréel.

L’anglais aurait voulu appeler Thaddeus, s’excuser pour la journée, rester aux côtés de la belle et ne plus jamais quitter le cocon qu’était devenu son appartement. Mais les choses n’étaient pas aussi faciles, surtout depuis que Lancaster avait été détrôné ; plus que jamais Ren avait besoin d’être à ses côtés. Alors c’est le coeur lourd qu’il lui proposa de cuisiner, tâchant de gagner un peu de temps avant de devoir filer. Galaad était un piètre cuisinier, aussi Ren avait pendant de nombreuses années dû se contenter de nourriture toute faite ou de plats surgelés. A l’adolescence, il en eut assez et décida de prendre les choses en main, d’apprendre quelques plats basiques pour changer le quotidien morose et faire plaisir à sa soeur et son mentor. Trouvant ce passe-temps apaisant, le Townshend avait approfondit ses connaissance jusqu’à reproduire des plats digne de grands restaurants, faisant part d’une finesse dont il ne s’était jamais cru capable. Et pour occuper ses dimanche matins, lorsqu’il était seul dans son grand manoir, le chasseur prenait souvent le temps de déjeuner comme un roi. Le sourire qui étira les lèvres de la belle lui réchauffa le coeur ; il savait qu’il allait la surprendre avec un tel talent. « Comment je pourrais refuser. Un homme qui cuisine, hein ? Tu es plein de nouvelles surprises, Ren. » L’anglais laissa échapper un rire léger. De surprise, pour sur il lui en réservait plus d’une ; mais elles n’étaient pas toutes aussi anodines que son don pour la cuisine. « Et encore, tu n’as rien vu. » souffla-t-il, malin, toujours emprisonné dans les bras de la belle. Le chasseur ne pouvait détourner ses yeux de la belle, plongeant son regard dans le sien, se perdant dans l’azur glacé de ses pupilles. Il lui vola un baiser, furtif, frôlant à peine ses lèvres. Puis deux, puis trois. Il déposa son front contre celui de la belle, sa main dessinant la courbe de sa mâchoire. Les minutes filèrent, puis Ren se résigna, sentant le temps qui passait malgré tout. Il embrassa la belle sur le front, avant de s’extirper du lit à contre-coeur. « Je vais préparer tout ça. » souffla-t-il avant de disparaitre de la pièce. Le chasseur s’avança doucement vers la cuisine de la belle, toujours torse-nu, n’ayant pas retrouvé son t-shirt. Il ouvrit le frigo, avant de s’emparer d’une boîte d’oeuf et de quelques autres ingrédients. Il retourna vers la chambre, boîte toujours dans la main, et passa une tête dans la porte, sourire charmeur au visage. « Un omelette, ça te convient ? »