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 In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)

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MessageSujet: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeMer 3 Fév 2016 - 18:24

Aujourd'hui, tu vas enfin pouvoir sortir de cette chambre. T'as l'impression d'être redevenu un gosse qui va pouvoir retrouver sa liberté après avoir été trop longtemps gardé prisonnier d'une salle de classe ou de l'attention exagérée de ses parents, mais c'est le cas. T'as hâte. Depuis tes jours, t'as qu'une seule idée en tête : la retrouver. Elle, cette femme des urgences, celle dont le visage est le dernier qui t'est apparu avant que tu sombres dans ton espèce de coma. Elle t'a sauvé la vie. En général, personne n'aurait songé à le faire. Tu saisis pas très bien pourquoi, quand on sait que tu agis d'une certaine façon pour priver les autres du malheur (même si tes techniques pour ne semblent pas convenir à tout le monde), mais elle, cette inconnue, elle n'a pas hésité. Tu n'as pas vu la moindre question traverser son regard lorsqu'on l'a interpellée pour qu'elle te porte secours, elle a juste inspecté les dégâts, et elle s'est mise à chercher une solution pour que tu t'en sortes presque sans séquelle, au cœur de toutes les connaissances que ses années d'études ont dû lui permettre d'accumuler. Ce sont les dernières images dont tu te souviens, les dernières suppositions qui t'ont traversé l'esprit avant que tes paupières ne deviennent trop lourdes à maintenir élevées. T'as besoin de la retrouver. T'as envie de la recroiser au détour d'un couloir, même si tu sais pas encore très bien ce que tu vas pouvoir lui dire. Tu trouveras. T'es même certain que ça te viendra avec un naturel fou dès que t'auras fait rouler ton carrosse jusqu'à elle...  Enfin, carrosse, pas vraiment, juste ce fauteuil roulant qu'on est en train de t'amener près de ton lit. Il paraît qu'il va falloir attendre encore un peu avant de se remettre à marcher ; ça te réjouit. Tant, que t'adresses ton plus beau regard glacial à l'infirmier lorsque ce dernier te répète (encore) les quelques précautions à prendre une fois qu'il t'aura installé sur le siège à roulettes géantes. Ça te débecte de devoir t'asseoir là-dessus, tu te sens réduit à un état médiocre qui ne te correspond pas, mais tu acquiesces avec un petit sourire que tu veux compréhensif, sérieux, tel le manipulateur que t'es. Plus vite tu feras mine d'avoir pris conscience de ce qu'il est en train de te dicter de son petit air bienveillant, plus vite il t'aidera à sortir de ce lit qui te rebute et tu pourras enfin partir en quête de la rousse. Lorsque les bras de l'infirmier te libère enfin, tu savoures l'instant. Tu te réajustes sur le fauteuil, et tu réalises que tes jambes auraient pas pu te tenir debout bien longtemps. Tu sens qu'elles sont encore faibles, les blessures infligées par le géant blond vont mettre un certain temps à te foutre la paix. Tu grognes doucement, dans le même temps que tu déposes tes mains sur les prises métalliques de chaque côté de ton siège, et tu fais rouler une première fois le fauteuil. La sensation est étrange, bouger autant et aussi vite est un renouveau que tu ne pensais pas avoir à connaître après ta sortie de ce lit d'hôpital, mais, au final, si. Tu t'exerces encore à un ou deux essais, le temps de t'habituer à cette sensation étrange de planer plutôt que de marcher. Puis tu t'élances. En théorie, t'as pas le droit de t'évader du couloir qui borde ta chambre, mais t'es persuadé que l'infirmier n'a pas tourné la tête une fois la sortie de la pièce passée pour rien. Dans ton jargon, on appelle ça « laisser le champ libre ». Et si c'était pas le cas, tu te dis que c'est tout sauf ta faute : s'il fait mal son boulot, c'est pas ton problème. Comme si t'en avais quelque chose à foutre. Tes pensées sont déjà ailleurs, de toute manière. Même si, avec ce fauteuil, tu perds la moitié de ta taille initiale, si ce n'est plus, tu guettes le moindre signe distinctif de la présence de la médecin rousse dans les parages. Tu passes un premier couloir, un second, un autre, un énième, jusqu'à ce qu'on t'interpelle. « Monsieur, que faites-vous hors de... » Tu râles dans ta barbe. Ou, plutôt, tu bougonnes une insulte ou deux, dans une langue que t'es certain qu'elle ne comprendra pas. Tu détestes le ton à la fois condescendant et paniqué qu'elle vient d'employer à ton attention, comme si t'étais sur le point de te barrer dans ton état de cet hôpital, et tu t'arrêtes sans le vouloir lorsque ses mains viennent se saisir des poignées de ton fauteuil roulant.  T'essayes d'abord de te remettre en route, mais elle persiste. « Je cherche quelqu'un, foutez le camp. » Ta voix rauque vient la tamponner avec brutalité, et tu tentes de te dégager de sa prise dès la seconde suivante, lorsque tu sens ses mains faiblir à leur mission de te maintenir en place.  « Qui ça ? Peut-être que je peux vous aider... »  Tu cesses de te débattre. C'est pas dans tes habitudes de te laisser aider par la première personne venue, t'es pas sûr de pouvoir lui accorder la moindre confiance, la plus petite partie d'attention sans qu'elle s'en retrouve gâchée ensuite, mais tes yeux se plissent lorsque, au bout d'une ou deux minutes d'hésitation, tu te retournes dans sa direction. T'as les mains sur les roues, déjà prêt à t'élancer une fois (tu l'espères de tout coeur) que les informations qu'elle t'aura données seront en ta possession, et avant tout utiles. Tu la scrutes avec méfiance, avant de te lancer. A part un peu de ton temps, que peux-tu réellement perdre dans cet échange ? « Je cherche... Je suis à la recherche d'une femme, médecin, elle s'est occupée de moi à mon arrivée l'autre jour, elle- rousse, très belle, élancée. Vous pouvez m'indiquer dans quel service elle peut se trouver ? », que tu débites sans même t'en rendre compte. Tu la presses par les mots, mais aussi par l'attitude. T'as besoin de réponses, et maintenant. T'as déjà dû attendre de trop longues journées dans cette chambre pour être à présent à la merci d'une femme (infirmière, médecin, autre, t'as aucune idée de qui elle peut vraiment être) qui peut ne pas voir en la personne que tu décris la bonne. Cependant, elle te désigne sans attendre un ascenseur au loin. Service néonatologie ? Une nausée te prend, tu dois pâlir d'un coup, mais t'acquiesces et tu reprends le chemin qui te mènera à celle qui t'obsède depuis ton réveil. Tu croises les doigts pour pas croiser sur ta route trop de parents ravis d'accueillir un bambin braillard dans leur pauvre vie. Dans ton esprit, cette image n'évoque qu'une chose : ces bébés seront peut-être plus tard des individus à réduire en cendres car dangereux, dégénérés, et tu souffres de ne pas pouvoir régler le problème avant d'avoir à en arriver là. Bien évidemment, ta façon de voir les choses peut choquer ou blesser, mais tu sais très bien que t'as raison au fond : il faut soigner le mal par le mal. Leur donner le baiser de la Mort avant qu'ils aient tous goûté un tantinet à la vie te paraît être une bien meilleure idée que celle de leur arracher l'existence une fois adulte, « bien dans leur peau », épanouis. Tu secoues la tête. Tu dois te concentrer. Te laisser aspirer par de telles pensées maintenant ne va pas t'aider à te montrer sous ton meilleur jour à la médecin que tu cherches du regard, une fois arrivé au bon étage. T'auras tout le temps de démontrer toutes ces théories à qui veut bien les entendre une fois que tu seras hors de cet hôpital. Au détour d'un couloir, t'aperçois une chevelure flamboyante, et tu te dis que c'est elle. A tes yeux, il n'y a pas d'autre possibilité. « Docteur ! », que tu t'écris, une main en l'air, avant de t'avancer le plus vite que tu peux avec ce fauteuil jusqu'à elle. Tu l'empêches de fermer la porte de la salle de repos (semble-t-il) dans laquelle elle vient d'entrer d'une main franche contre le bois blanc. « Vous vous souvenez de moi ? »


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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeJeu 11 Fév 2016 - 14:06

In a moment that feels much bigger than us
ROMAN & SCARLETT

On ne pouvait pas dire que Scarlett avait commencé sa journée sur le bon pied. À peine avait-elle mis les pieds dans son service qu'Emma – sa secrétaire – lui était tombée dessus comme un météore, sifflant comme une vipère que « c'était un scandale qu'on ampute la maternité d'une nouvelle partie de ses fonds pour les attribuer aux urgences », pour ajouter ensuite en secouant la tête que « à ce rythme là, elles allaient finir par travailler gratuitement tout en faisant des heures supplémentaires à n'en plus finir. » C'était triste, frustrant, mais Scarlett commençait à avoir l'habitude de voir son service perdre du personnel et du budget parce que l'hôpital préférait naturellement fonder les services les plus actifs. D'un point de vue purement logique et objectif, cela tombait sous le sens. Comparée aux services des urgences et de traumatologie, la maternité n'avait que peu de patients. Sauf que, si cela continuait ainsi, les trois-quarts de l'hôpital se retrouveraient en sous-effectif. On lui avait déjà retiré trois infirmières, deux sage-femmes avaient perdu leur poste lors de la dernière vague de licenciements, on lui conseillait de n'opérer qu'en cas d'extrême nécessité – au cas où elle adorerait opérer des femmes enceintes et des nourrissons pour le plaisir – et pour ne rien arranger, Emma et elle devaient batailler comme des valkyries à chaque fois que le service avait besoin de matériel neuf. La quarantaine imposée par Lancaster commençait à peser lourd sur l'hôpital, et sans doute était-ce le cas pour de nombreuses entreprises et commerces de Radcliff. Ainsi isolée, la ville ne subsisterait pas longtemps. Mais à son échelle, Scarlett ne pouvait rien faire. Elle était totalement impuissante, et cela frustrait grandement. Impuissante, elle en avait bien assez de l'être. En l'espace de quelques jours, elle avait été agressée à deux reprises, et elle s'était trouvée complètement démunie à deux reprises, incapable de se défendre – mutation ou pas. Evelyn n'était même pas un cas triste et exceptionnel, personne n'était plus à l'abri. Le taux de criminalité de Radcliff ferait bientôt faire pâlir des villes comme Boston ou Chicago, c'était tout simplement effarant. Avoir peur pour sa vie en permanence n'avait rien d'agréable, et les gens paranoïaques étaient dangereux... Les tensions empiraient de jour en jour, à ce rythme là une véritable guerre civile finirait par éclater et... Scarlett préférait ne pas songer aux répercussions.

Ses patientes, les futures mères de Radcliff, étaient de moins en moins rassurées, et cela avait un impact négatif sur leurs grossesses. Scarlett voyait de plus en plus de parturientes débarquer dans son service pour de fausses alertes, et d'autres qui ne l'étaient pas. Elle avait vu plus d'accouchement prématurés en un an qu'au cours de toutes les autres, et c'était effrayant. Et tous les jours, elle craignait de voir débarquer Evelyn, qui la pauvre n'avait pas eu un début de grossesse idyllique. Qu'elle n'ait pas fait de fausse couche suite à son agression était naturellement une excellente nouvelle ; mais cela n'empêcherait pas Scarlett de la suivre de très, très près pour son second enfant. Elle ignorait encore si la jeune femme avait avoué à son époux qu'il serait bientôt père pour la seconde fois, à n'en pas douter cette annonce risquait de ne pas arranger le cas plutôt avancé de paranoïa d'Adrian... Mais Scarlett ne pouvait pas le blâmer de craindre pour la vie d'Evelyn et de leur fille, pas après ce qui lui était arrivé. La jeune femme avait eu beaucoup de chance de survivre à son agression, et plus encore de ne pas perdre le bébé qu'elle portait. Tout n'était pas si terrible que cela, en fait de compte... Toutes proportions gardées. Ce qui était normal à Radcliff avait très probablement des allures apocalyptique dans n'importe quel autre endroit "civilisé". La chirurgienne tâchait de ne pas trop songer à ce genre de choses, faute de quoi elle s'en rendrait malade. Elle se concentrait sur ses patients, qu'il s'agisse de ceux qu'elle rencontrait simplement à l'hôpital ou des mutants et partisans de la cause de Sheldon, c'était ce qu'elle avait de mieux à faire, sa façon d'aider.

De la paperasse plein les bras, Scarlett quitta son bureau pour aller en salle de repos, l'occasion pour elle de boire un café avec ses collègues tout en traitant les dossiers de quelques patientes, de se sociabiliser un minimum, chose qu'elle avait tendance à faire de moins en moins. Il lui était particulièrement difficile de se consacrer à des activités "normales", tant ces dernières lui paraissaient à présent déplacées. Elle s'y forçait uniquement pour qu'on ne vienne pas la dénicher dans son bureau, pour qu'on lui fiche la paix, tout simplement. Perdues dans ses pensées pour le moins troublées, elle ne réalisa pas que c'était elle que l'on hélait depuis l'autre bout du couloir – après tout, des Docteurs, il y en avait des dizaines dans l'établissement – et sursauté brusquement lorsqu'on l'empêcha de refermer la porte de la pièce dans laquelle elle venait d'entrer. Elle avait manqué d'en lâcher sa pile de documents et son cœur avait sans doute manqué une paire de battements. Ses dossiers sous un bras, elle rouvrit la porte et découvrit un homme en fauteuil roulant, qu'il lui fallut une minute pour replacer. « Oh, oui, je me souviens de vous. Je suis ravie de vous voir hors du lit, c'est plutôt bon signe. » Ravie de vous voir en vie aurait été plus juste, mais c'était le genre de remarque qu'il était préférable d'éviter. L'homme avait de la chance d'être encore parmi les vivants, parce qu'il était arrivé aux urgences dans un bien piteux état. Généralement, Scarlett ne s'occupait pas de ce genre de cas, elle était tout simplement de passage dans le service quand il y avait été admis, et puisqu'elle était la première chirurgienne sur les lieux, elle s'était chargée de stabiliser son état avant que son collègue traumatologue ne le prenne en charge. Au bon endroit au bon moment, comme l'on disait...

« Comment vous sentez-vous ? » Elle déposa ses dossiers sur un coin de table avant de sortir de la salle de repos, dont elle referma doucement la porte derrière elle. « Vous n'avez pas trop mauvaise mine. Enfin, je veux dire pour quelqu'un qui est littéralement passé à un centimètre de la mort... » Il avait été poignardé en pleine poitrine, et d'après les dires de son collègue, à un centimètres près le cœur était touché. Et c'était sans évoquer le reste des dégâts, dont l'ampleur lui avait semblé être assez étendue. Encore une victime de Radcliff... Quand à savoir si son sort avait été mérité, Scarlett aurait été incapable de le dire. Il n'était malheureusement pas toujours évident de différencier les saints des psychopathes, elle était bien placée pour le savoir. « Scarlett Faust », se présenta-t-elle en lui tendant la main, un sourire agréable étirant ses lèvres. Scarlett était polie, Scarlett était avenante... Loin de se douter qu'elle faisait face à un loup, et pas n'importe lequel. Mais puisqu'il n'était pas marqué sur son front que c'était lui qui avait agressé Evelyn, et que c'était Adrian qui avait tenté de lui régler son compte... De quoi aurait-elle pu se méfier. D'apparence, le quinquagénaire ne payait pas de mine dans son fauteuil, et sa propension à vouloir voir le bon en chaque être humain l'aveuglait plus qu'elle ne le réalisait. « Est-ce que je peux vous aider ? » La maternité semblait être un drôle d'endroit pour un patient comme lui, à moins qu'il n'ait une excellente raison de s'y trouver. Et il n'entrait pas dans sa catégorie de patients, généralement beaucoup plus petits ou tout bonnement du sexe opposé.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeMar 16 Fév 2016 - 0:42

Lorsque son visage réapparaît derrière la porte, ton visage s'illumine. Tu ne souris pas, ni ne ris, mais on peut lire un certain soulagement dans ton regard, au travers de ton attitude. Tes épaules s'affaissent sans que tu ne le remarques. T'as eu peur qu'elle claque cette porte sous tes yeux et qu'elle ne se retourne pas. Pourtant, t'es persuadé que c'est elle qui t'a sauvé l'autre jour. Tu as reconnu sa chevelure. Cette couleur si particulière, qui te fait penser aux feux les plus éblouissants ou le volcan le plus impressionnant. A présent, tu plantes ton regard dans le sien et tu peux contempler la couleur tout aussi intrigante de ses yeux. Translucides, ils agrippent l'attention du plus tête en l'air comme du plus méfiant. Aujourd'hui, tu te sens entre les deux. Tu ne sais pas exactement pourquoi cette découverte te fascine autant, mais tu supposes que c'est parce que cela te rappelle la dernière chose que tu as aperçu avant tes paupières ne se ferment, le soir où t'es arrivé à l'hôpital. T'as eu le temps d'apercevoir sa préoccupation, les interrogations qui naissaient peut-être dans son esprit, son professionnalisme alors qu'elle guidait ses collègues, malgré le fait que tu ne sois alors plus que spectateur impuissant d'un spectacle muet, ton ouïe ne répondant plus à l'appel – tant de choses à la fois que tu as l'impression de redécouvrir cette vision pleine de vie comme à l'instant où tu avais le sentiment de perdre la tienne. Peut-être que c'est ce regard qui t'a fait tenir le coup. T'y as décelé tant de mystères qu'on t'a laissé remonter jusqu'à la surface pour pouvoir les mettre à jour tout au long de toutes les années qui te restent à vivre. T'es persuadé que c'est ça. Tu ne vois pas d'autres explications. T'as le cœur faible. T'as le palpitant qui bat plus aussi vite qu'avant, tu t'essouffles, tu approches de la fin, dans une cinquantaine d'années, si ce n'est moins, alors tu te demandes encore comment t'as fait pour braver le destin et passer au travers de ce coup de couteau qui aurait pu t'être mortel. Ta contemplation dérive au niveau de son sourire. Tu remarques que ses joues se sont légèrement colorées sous la surprise. Elle se souvient. Tu saurais même pas décrire ce qui te passe par l'esprit lorsque t'entends cette réponse passer ses lèvres. D'ailleurs, sa voix est presque chantante, chaleureuse. Elle se cale à la perfection avec les souvenirs qui te reviennent de ton bref passage aux urgences, et ça rend ces derniers un peu plus supportables, moins traumatisants. Tu inspires une bouffée d'air de façon discrète, tu as presque l'impression de sentir un stress que tu n'avais pas remarqué avant se déloger de tes épaules pour voguer vers d'autres horizons. Tu es débarrassé pour de bon de ce dernier lorsqu'elle s'enquiert de ton état. Est-ce que tous les patients de cet hôpital ont la chance de tomber sur une personne aussi attentionnée lorsqu'elle débarque dans le coin ? En bon possessif et jaloux que t'es, t'espères bien que non. « Mieux. » Tu ne trouves pas plus clair, direct et évident comme réponse. Tu peux enfin sortir de ta chambre, tu peux croiser du monde, tu peux parcourir les couloirs comme cela t'enchante. Tu te sens un peu plus libre de tes mouvements, prochainement tu pourras te remettre debout : et, tout ceci, c'est grâce à son intervention. « Et c'est grâce à vous », que tu reprends même à voix haute, histoire de lui faire part du fond de ta pensée. Tu as encore du mal à te sentir à ton aise dans cet échange, mais tu fais de ton mieux pour esquisser un sourire rapide. Les traits de ton visage te font encore mal - les bleus sont encore trop récents, comme les fractures ou les cicatrices. Tout est trop frais pour te permettre de commencer à reprendre une vie normale, à ton image, alors tu prends ton mal en patience. Tu espères juste qu'elle comprendra. L'information suivante est ce que tu attends depuis que tu as ouvert pour la première fois les yeux, après ton opération, ainsi que le léger coma qui s'en est suivi. Scarlett Faust. Tu n'as même pas eu à demander. Sans hésiter (mais non sans souffrir du trop-plein d'enthousiasme que tu places dans cet échange physique), tu lèves ta main opposée à la sienne pour venir la serrer doucement. Avec précaution, bien que tu ne saches pas vraiment comme cela s'entreprend. « Roman Griske. » Tu imprimes encore un peu les traits si particuliers de son visage dans ton esprit, avant de réagir à sa question par une réponse soudaine. « Merci. » Peut-être n'est que la joie d'être encore en vie après ce qui t'est arrivé qui te fait devenir un brin trop extraverti, alors qu'en théorie tu es peu adepte des exclamations aussi évidentes de soulagement ou de n'importe quelle émotion même. Tu reprends sans attendre la parole, histoire d'expliquer au mieux ce que tu entends dans ce simple mot, mais qui veut dire pourtant tellement plus pour toi. Les personnes qui te côtoient depuis quelques années témoigneront du fait que ce qui est en train de se passer est un chose rare, presque inédite. Les remerciements et toi, vous faites rarement équipe. « Pour le compliment et pour m'avoir sauvé la vie. Si je peux faire quelque chose pour vous remercier d'une façon plus correcte qu'un simple mot, dites-le moi. » Ça aussi, c'est une grande première. Tu n'as même aucune idée de ce que peut aimer une femme comme elle, ni même quel(s) présent(s) s'offre(nt) en temps normal à la personne qui a réussi à vous sauver d'une mort certaine, sauf que tu es prêt, pour une fois, à essayer, quitte à te planter. Au moins, elle comprendra que son geste n'est pas anodin. Peut-être que c'est une idée qui a pu lui traverser l'esprit, puisqu'elle doit travailler à l'hôpital depuis un moment, et que les gestes deviennent par conséquent rébarbatifs à la longue, banals, mais que ce qu'elle a fait pour lui compte véritablement. « Je voulais en apprendre plus au sujet de ma grande sauveuse », que tu expliques, en jetant un coup d'oeil dans le couloir dans lequel tu te trouves. Tu as remarqué qu'elle a fermé la porte derrière elle, alors tu supposes qu'elle s'apprête à se rendre vers un autre endroit. « Je peux vous accompagner ? »
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeJeu 18 Fév 2016 - 22:45

In a moment that feels much bigger than us
ROMAN & SCARLETT

Scarlett avait beau tenter de se persuader du contraire, elle était naïve. La méfiance n'était pas naturelle chez elle, elle conservait cet optimisme fou qui la poussait à voir le bien avant de voir le mal, à croire que tout être humain avait la capacité d'être quelqu'un de bien... Elle était comme un agneau parmi les loups, elle ne réalisait le danger que lorsqu'il était trop tard pour qu'elle puisse s'en sortir sans dommages. Dans une ville comme Radcliff, il était trop aisé de s'attirer des ennuis, trop aisé de terminer sa journée en mangeant les pissenlits par la racine. Scarlett le savait, elle en avait conscience, mais elle ne parvenait pas à aller contre sa nature profonde qui l'empêchait de faire preuve de prudence. Même après avoir vu sa meilleure amie débarquer aux urgences de l'hôpital après qu'un Hunter fou ne lui ait taillé les veines (le danger de sa situation lui échappait encore). Même après avoir été la victime de deux agressions consécutives, dont elle portait encore les stigmates sous sa blouse. Même après avoir entendu les derniers récits effroyables de Sheldon et des autres membres d'Uprising. Scarlett refusait de se laisser abattre, de céder à la panique. Suffisamment de choses ne tournaient pas rond dans sa vie, elle ne voulait pas ajouter la paranoïa à sa longue liste de problèmes. Comme presque tout le monde en ville, l'angoisse était une partie intégrante de son quotidien mais elle faisait de son mieux pour la maîtriser, parce que c'était pour elle l'unique moyen de ne pas devenir complètement folle, de ne pas faire une véritable crise de nerfs qui la clouerait au lit. Son travail, que ce soit à l'hôpital ou dans les locaux d'Uprising, était la seule chose qui conservait un peu de sens dans son quotidien pour le moins anormal. Sauver des vies, c'était ce qu'elle faisait de mieux. Alors certes, elle avait davantage l'habitude de secourir des nourrissons et leurs mères, mais une vie était une vie. Elle se félicitait d'avoir pu aider à sauver la vie de cet homme, c'était un dommage collatéral de moins à déplorer. Elle en était certaine, persuadée à tel point qu'elle n'aurait jamais pu songer que cet homme là était au sommet de la chaîne alimentaire, e responsable des maux des deux personnes auxquelles elle tenait le plus. L'ironie du sort.

« Enchantée. » Elle ne se doutait de rien. Evelyn n'avait pas mentionné le nom de son agresseur, et Scarlett ne le lui avait pas demandé. Le détail n'avait pas semblé important, pas alors que la jeune femme gisait sur un lit d'hôpital, pas alors qu'elle avait appris être enceinte et risquer de perdre son bébé en une seule et même minute. Mais tout à coup, le détail prenait de l'importance, le détail risquait de coûter cher à la jolie rousse qui souriait sans se douter qu'elle était peut-être sur le point d'être dévorée toute crue. « Oh, je vous en prie. Vous ne me devez rien du tout, je n'ai fait que mon travail. » C'était un peu cliché, comme formulation. Je n'ai fait que mon travail. Cliché mais vrai, elle n'était pas devenue chirurgienne pour récolter des lauriers, mais par amour de l'être humain. Quand un patient arrivait aux urgences, le personnel médical se moquait bien de qui il était, de ce qu'il était. En théorie du moins. La philosophie de Scarlett lui interdisait de se soucier du statut de la personne qu'elle trouvait sur un brancard – humain lambda, mutant, chasseur... Elle ne pouvait laisser personne mourir, même si elle avait la vie de la pire ordure entre les mains. Elle n'était pas comme ça, sa conscience prenait beaucoup trop de place dans son esprit. « Grande sauveuse ? » Elle rit doucement, le rose aux joues. « C'est peut-être un petit peu exagéré... J'étais simplement là au bon moment, et puis je n'ai fait que stabiliser votre état avant que mon collègue traumatologue ne prenne le relais. » Scarlett baissa les yeux sur sa blouse rose en souriant, avant de désigner d'un petit signe de tête le panneau qui indiquait maternité en majuscules. « Normalement, mes patients sont beaucoup plus petits. Je suis chirurgienne, à la tête du service de néonatalogie. » Elle répondait aux questions avant qu'elles n'aient été posées, naturellement, pas le moins du monde importunée par l'intérêt que le quinquagénaire exprimait pour elle. D'ailleurs, son sourire s'élargit lorsque l'homme – Roman – lui demanda s'il pouvait l'accompagner où elle se rendait. « Je vous en prie. J'allais simplement boire un café. Venez, il y a une petite cafétéria juste au bout du couloir. » L'endroit où les futurs pères angoissés se retrouvaient, où le café était vénéré comme un dieu et où le personnel hospitalier se rendait pour décompresser. Le service de maternité était populaire, parce qu'il était comme une bouffée d'air frais au milieu de l'hôpital et de son climat plutôt pesant.

Scarlett cala son rythme sur celui de Griske, sans pour autant lui donner l'impression de faire attention au fauteuil, parce qu'elle savait que les personnes qui se déplaçaient de cette façon n'appréciaient pas qu'on les réduise à cela – un fauteuil. Et puis de toute façon, Scarlett ne jugeait pas, jamais. C'était bien là son problème. « Je reviens tout de suite », adressa-t-elle à l'homme avec un sourire avant de se rendre jusqu'à la machine à café de la cafétéria ; puis elle revint auprès de lui un instant plus tard et prit place à une table, posa une tasse devant lui. « Je vous assure qu'il n'est vraiment pas mauvais, pour du café de machine. » Ou alors, elle avait souvent bien trop besoin de caféine pour faire réellement attention au goût du breuvage. Le regard perdu dans sa tasse de café, elle replaça une mèche de cheveux flamboyante derrière son oreille, avant de tirer nerveusement sur sa manche pour dissimuler un vilain hématome – cadeau du Hunter qui avant manqué de la tuer, et l'aurait certainement fait si Benjamin n'était pas intervenu. Scarlett soupira doucement avant de relever les yeux et d'afficher un charmant sourire de façade. « Vous a-t-on déjà dit quand vous pourrez sortir ? Vous avez l'air d'aller tellement bien... Je veux dire, quand on prend en compte l'étendue de vos blessures... Peut-être même avez-vous meilleure mine que moi. » Un petit rire secoua la jeune femme, qui avait parfaitement conscience de sa mine fatiguée et ses traits tirés. À trop faire d'heures supplémentaires, c'était sa santé qu'elle menaçait. Mais elle n'y faisait pas attention. Parce que elle, elle ne comptait pas. Elle, elle passait après les autres, tout le temps. Parce que s'oublier, c'était la seule façon qu'elle avait trouvé pour faire taire les petits démons qui piaillaient sans cesse sur ses épaules et risqueraient de la rendre folle si elle leur accordait trop d'attention.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeSam 5 Mar 2016 - 20:30

Tu t’efforces de ne pas trop la retarder. Tu fais au plus vite pour faire avancer ton fauteuil roulant de pacotille, que t’espères pouvoir laisser de côté dans pas longtemps. Tu abhorres l’idée même qu’on puisse te considérer comme plus faible, physiquement comme mentalement. Tu te sais bien plus malin que la plupart des personnes que t’es obligé de côtoyer, les mutants en première position, et si ces derniers ou ce blond qui a eu la fâcheuse idée de s’en prendre à toi pensent le contraire, tu te connais assez pour dire que tu tarderas pas à te venger une fois sorti de cet hôpital. Enfin, pour le moment, tu songes plus vraiment à tout ça. Il a suffi que Scarlett rouvre la porte, t’adresse la parole et un sourire lumineux pour t’aveugler et accaparer la moindre parcelle d’attention que tu pouvais avoir avant d’arriver devant elle. Ça doit être de cette façon que tu fonctionnes, même si tu ne le réalises pas : d’abord, tu as beaucoup pensé à elle, tu as vu et revu son visage effleurer tes pensées, le souvenir de sa présence réconfortante à tes côtés s’éveiller un peu plus chaque seconde, puis tu as commencé à imaginer une suite. Une succession d’idées quant à sa façon d’être, d’agir, de penser, des suppositions par centaines qui se sont superposées au fur et à mesure pour former l’image parfaite, sublime, de cette sauveuse. De ta sauveuse. Au final, ton idéal préconçu est devenu risible dès l’instant où Scarlett a ouvert la bouche. Au final, ton idéal préconçu n’est rien en comparaison de sa beauté naturelle. Au final, ton idéal préconçu s’avère erroné jusqu'à la racine. Et tout d’un coup, tu te sens con. Elle est cent fois, mille fois mieux que dans tes vagues souvenirs, son sourire l’est tout autant, et elle a cette bonté, cette tendresse dans l’attitude et dans la voix qui te font penser que t’es tombé sur un ange. Un ange gardien, tu sais pas encore, tu mesures pas tout ce qu’elle est capable de faire parce que tu la connais à peine, mais tu veux la voir comme ton ange gardien parce qu’elle t’a sauvé la vie. Elle aura beau nier, ce sont ses traits à elle que t’as vu penché par-dessus ton brancard, pas ceux d’un autre. Lorsque vous arrivez dans la petite cafétéria, tu l’observes se mouver jusqu'à la machine à café. En tant que bon idiot un peu maladroit quand elle ne regarde pas, tu cherches quoi faire. Est-ce qu’il faut que tu t’avances vers une table ? Est-ce que tu dois attendre d’avoir son... avis ? Même pour une décision aussi banale tu sais pas te préoccuper de l’opinion des autres en temps normal, alors pourquoi est-ce que ça te travaille aujourd'hui ? Secouant la tête, tu grommelles un truc incompréhensible pour toi-même, histoire de ne plus commettre ce genre d’erreur de débutant : se laisser avoir par le moindre doute est de mauvais augure, en particulier pour l’homme réfléchi que tu es. Tu t’avances alors vers la table la plus proche et Scarlett vient prendre place en face de toi. Tu remarques à peine le verre de café qu’elle dépose devant toi, tu entends juste le « poc » qui s’en dégage lorsqu’il touche la table, tu laisses s’évader un bref « Merci », ta mâchoire s’actionnant dans une certaine douleur ; tout ça, tu le fais comme un fantôme, un rituel trop bien huilé que tu n’as plus besoin de reproduire avec précaution, car tu l’observes et ne fais rien d’autre. La jeune femme irradie ton champ de vision, et tu mettrais ta main à couper que c’est le cas pour chacune des personnes qui sont dans la pièce. « Vous êtes... » parfaite. Ta voix se perd pile à ce moment-là. Si tu fais ça, si tu lui laisses deviner ce que tu penses véritablement, tu la perdras. Elle prendra peur, elle se lèvera, sortira une excuse ridicule pour voir, et tu te retrouveras seul. À cette table, mais aussi après ta sortie de l’hôpital. Et il en est pas question. T’es persuadé que Scarlett a été placée sur ta route pour une bonne raison, comme quand Charlotte s’est enfuie du laboratoire et qu’elle a été la première que tu as retrouvé. T’attends pas que la chance te tombe dessus, tu la façonnes – et à ton image, en prime. Si la femme qui se tient devant toi n’est pas destinée à faire partie de ta vie, alors tout ce que tu as pu imaginer depuis que tu as vu son visage penché sur ton pauvre corps abîmé n’est que pure folie. Mais t’es pas fou. Les fous, ce sont ces dégénérés qui n’ont pas compris qu’ils te pourrissent la vie, mais que t’es pas prêt à arrêter de les traquer pour autant. Bien au contraire. Tu vas continuer, t’enfoncer encore un peu plus dans cette spirale infernale, et tu vas tous les éliminer. A leur différence, t’y laisserais pas la vie. Et cette femme, Scarlett, tu es bien décidé à la protéger du moindre danger. Si elle ne veut rien en échange de ce qu’elle a fait pour toi, t’es bien obligé de trouver une compensation. Elle comprendra un jour que tu saisis pas la notion de « refus », ni que tu fais partie des moins téméraires. T’es du genre déterminé à obtenir ce que tu veux, voire à virer au complètement borné, sans pour autant passer par le fanatisme (est-ce seulement vrai ?)... Et tu luttes jamais contre ce que t’es. C’est pas dans ta nature. « très bien. » Tu achèves ta phrase dans la seconde, l’air de rien. En théorie, après un tel semblant d’aveu, on rougit et on détourne le regard. Mais pas toi. Dans ta fierté mal placée et ton ego surdimensionné, qui ne semblent malheureusement pas avoir été affectés par les atteintes à répétition faites à ta vie, tu confrontes son regard. Tu guettes la moindre petite réaction, alors qu’une petit sourire se glisse sur tes lèvres. « On dit « prikrasna » chez moi. » Tu te dis qu’elle n’ira pas chercher ce que ça veut dire, ni même ne se souviendra de ce que tu as dit plus tard dans la journée. Une femme qui bosse autant ne peut pas tout se remémorer et c’est tant mieux. « Je vous assure. » Tu hausses brièvement les épaules, histoire de, et ça te fait dériver un instant l’attention en direction de ton café qui refroidit. Tu avances une main prudente vers ce dernier – t’as l’air d’un sombre idiot, à craindre la faible brûlure que pourrait causer le liquide chaud à travers le carton du gobelet, sauf que t’as aucune maîtrise sur ta réaction. Les brûlures, à la fois anciennes à cause de Charlie, plus récentes à cause d’Evelyn, ravivées à cause du grand blond dont tu connais pas le nom, parsèment ta peau ici et là. C’est pour ça que ton instinct reprend le dessus. T’as la fâcheuse habitude de foncer tête baissée lorsque le danger menace. Voilà jusqu'à quoi ça t’a mené : à appréhender le toucher d’un putain de café. « Je pourrais partir lorsque mes jambes auront retrouvé toute leur vigueur, m'a-t-on dit, c'est-à-dire dans une semaine et demi, peut-être deux. » Tu te saisis du gobelet, en avales une gorgée puis deux, tu le reposes sans pour autant relever ton regard dans le sien. « J'ai hâte. Je vous avoue ne plus supporter ma chambre depuis un petit moment déjà. » Tu dévisages la table, tu réfléchis. Mais surtout, t’as remarqué que c’est la deuxième fois que Scarlett tire sur la manche de son haut – ou peut-être as-tu seulement rêvé la première fois ? Tes sourcils se froncent, tu hésites à lui faire la remarque et décides finalement de relancer la conversation pour essayer de ne plus y penser. « Pourquoi les bébés ? » Tu ancres tes iris grisées dans les siennes, douces et chocolatées, avant de pencher légèrement la tête sur le côté. Tu essayes, vraiment (vaguement ?), de détourner ta propre attention de ce toc que tu as détecté chez elle, et tu attends qu’elle ait achevé sa réponse pour rétorquer sur le même ton. « Qu'est-ce que vous cachez ? » La curiosité, tu connais très bien, elle fait partie intégrante de ton être, mais t’as pas pour habitude de la laisser te dévorer : t’aimes avoir les réponses à tes questions au plus vite pour, parfois, passer à autre chose – si ce n’est rien. Le cas échéant...

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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeJeu 17 Mar 2016 - 23:03

In a moment that feels much bigger than us
ROMAN & SCARLETT

Scarlett ne comprenait pas que l'on puisse en vouloir sciemment à un autre être humain. Le concept même de la violence lui échappait, et tant pis si c'était dans la nature humaine d'en vouloir à son prochain. Parce qu'il était tout autant naturel d'aider les autres, de faire preuve de générosité et de solidarité. Elle, elle faisait partie de ces éternels optimistes – peut-être idiots – qui avaient décidé de croire que l'être humain était encore capable de faire le bien. Et pour ça, pas besoin d'être médecin ou de sauver tous les jours, les petits gestes du quotidien avaient tout autant de sens et d'importance aux yeux de la Faust. Un sourire offert à un étranger, une étreinte silencieuse, un soutien gratuit... Voir la vie du bon côté, c'était pour elle le moyen de ne pas sombrer dans les abysses de la peur et de la douleur, elle les avait côtoyés suffisamment pour ne pas avoir envie d'y plonger. Le monde n'était pas rose, mais il n'était pas tout noir non plus. La vie est belle. Scarlett se répétait ce dicton naïf lorsque le ciel semblait s'assombrir parce que rien ne durait éternellement – rien. Alors tant pis si elle paraissait parfois un peu candide, elle n'était pas encore décidée à laisser les épreuves de la vie l'abattre. On lui avait un jour dit que cela demandait une véritable force de caractère et un courage certain pour rester douce et altruiste dans un monde pareil, sans doute était-ce vrai. Scarlett pouvait étonner, détonner avec ceux qui l'entouraient. Elle dégageait un petit quelque chose de particulier, et si elle ne s'en rendait pas du tout compte, cela semblait évident pour ses proches. La jolie rousse, elle était bien loin de se douter les idées qui bouillonnaient dans l'esprit de son interlocuteur, une fois de plus persuadée de faire face à un homme bien, ordinaire. Jamais, même dans ses plus sombres rêves, elle ne serait parvenue à deviner qui il était, comme si son aura de bienveillance étouffait celle de l'homme. Bénie soit l'ignorance... Si elle avait su, aurait-elle fui ? Sans le moindre doute, elle n'aurait pas supporté d'échanger des politesses avec l'homme qui avait saigné sa plus proche amie comme un animal dans un abattoir. Tout avait ses limites, même sa bonté. Mais en attendant... en attendant, elle continuerait à se comporter comme l'agneau qui ignorait que les intentions du loup à son encontre étaient tout sauf louables.

Ses joues se parèrent d'une jolie teinte rosée lorsqu'il la complimenta ; Scarlett n'avait jamais su comment accepter un compliment – pas même quand il venait de son cher et tendre. « Oh, vous êtes Russe ? » Elle n'avait pas vraiment compris le sens du mot, mais il lui semblait avoir reconnu l'accent si particulier de la langue slave. « C'est vraiment une très jolie langue, le russe... J'ai vainement essayé de l'apprendre lorsque j'étais plus jeune, sans succès. Il faut croire que c'était un peu trop compliqué pour moi. » Elle sourit avant d'avaler une gorgée de son café, songeant un instant à ces longues années passées à la faculté de médecine de New-York. Elle n'y avait pas remis les pieds depuis les attentats, cette tragédie l'ayant touchée trop personnellement pour qu'elle en ait réellement envie. Malgré tout ce qu'il pouvait s'y passer, elle ne regrettait pas de s'être installée à Radcliff, c'était dans cette petite ville qu'elle avait fait ses plus belles rencontres. Caleb, Evelyn, Malachi, Solal... Des personnes auxquelles elle tenait comme à la prunelle de ses yeux et pour lesquelles elle aurait fait n'importe quoi. Reposant doucement son gobelet sur la table, elle afficha une expression sincèrement ravie lorsque l'homme lui apprit qu'il pourrait ressortir de l'hôpital quand ses jambes auraient retrouvé toute leur force. « C'est vraiment une excellente nouvelle. Je suis heureuse pour vous, vous allez vous remettre complètement de votre agression. » Tout le monde ne pouvait hélas pas s'en vanter, elle était bien placée pour le savoir tout en ayant la chance d'éviter de travailler dans le service qui s'occupait de ce genre de cas. Il était rare qu'une femme débarque à la maternité en urgence après avoir été agressée – à moins de se prénommer Evelyn Blackwood. « Vous savez, les chambres d'hôpital ne sont pas faites pour vous donner envie d'y rester... C'est très bien que vous ayez envie d'en sortir. Mais ne prenez pas la fuite, je risquerais d'avoir des ennuis ! » Elle éclata d'un petit rire chaleureux qui résonna légèrement dans la cafétéria, et remit en place l'une de ses longues mèches cuivrée.

Pourquoi les bébés ? C'était la question qu'on lui posait souvent quand on découvrait sa profession. Beaucoup d'étudiants en médecine parlaient de devenir cardiologue, neurologue, traumatologue... Rares étaient ceux qui clamaient vouloir être médecin en néonatalogie. Scarlett, elle, avait toujours su que c'était dans ce domaine qu'elle voulait exercer. « Eh bien... Disons que ça a toujours été une évidence, pour moi. J'ai toujours adoré les enfants, et je trouve que c'est merveilleux de faire en sorte qu'ils viennent au monde en parfaite santé. Être là au début d'une vie, c'est un peu magique, je trouve... La maternité, c'est l'aile de l'hôpital qui – généralement – respire la joie. Je préfère de loin les pleurs d'un nouveau-né à ceux d'une personne venant de perdre un être cher. » Scarlett aussi avait perdu des patients, certaines grossesses étaient très compliquées et certains bébés avaient de gros problèmes de santé, mais la plupart du temps la maternité était un lieu où régnait la bonne humeur. Beaucoup de ses collègues venaient s'y ressourcer, se poser derrière la grande vitre de la pièce où dormaient tous les nourrissons. Elle aussi se plaisait à observer les petits, c'était apaisant et cela lui rappelait que l'on naissait tous innocents. La pureté des enfants était quelque chose de précieux, quelque chose qu'il fallait préserver.

La question suivante la prit totalement au dépourvu, elle écarquilla un peu les yeux tout en battant des cils et ses doigts se crispèrent sur le plastique de son gobelet, qui craqua légèrement. Elle aurait dû se douter que son tic nerveux finirait par attirer un peu d'attention, cependant elle ne s'était pas attendu à ce qu'on l'interroge à son sujet. Scarlett soupira doucement en s'enfonçant un peu dans son siège, avant de hausser les épaules avec une désinvolture feinte au possible. « Rien de bien grave. Je suis simplement rentrée chez moi un peu tard, ce n'est jamais une très bonne idée à Radcliff. » Elle n'allait certainement pas lui dire qu'un membre du Gunpowder Squad l'avait menacée de mort et l'avait violentée, et qu'elle ne s'en était sorti que parce que Benjamin lui avait mis une balle dans la tête. Ces souvenirs là, elle préférerait les oublier, alors elle avait hâte que ses hématomes disparaissent. Cette épreuve, elle souhaitait la mettre derrière elle au plus vite. « Radcliff est une ville vraiment dangereuse pour une femme seule, c'est une erreur que je ne commettrai pas deux fois, j'ai bien retenu ma leçon. » On ne l'y reprendrait pas une nouvelle fois, c'était certain... Les choses auraient pu très, très mal se terminer pour elle, elle avait été chanceuse de réchapper à cette... interpellation... indemne.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeVen 25 Mar 2016 - 16:51

La question de Scarlett manque t'arracher un sourire. Il ne se fait pas de place sur tes lèvres parce que tu n'as pas l'habitude de sourire, mais dans ton regard se devine une étincelle différente de celle qui s'y lit d'habitude. De la joie, peut-être ? Sans doute quelque chose de moins puissant qu'un tel sentiment positif, mais tout de même, c'est si rare venant de toi. Tu acquiesces avec ce petit air satisfait sur les traits à sa question. La pédiatre a reconnu du premier coup. Et quand elle t'annonce qu'elle a essayé de se mettre un jour à l'apprentissage de ta langue natale, tu ne peux pas t'empêcher de penser que vos chemins ne se sont pas croisés pour rien. Si cette femme a été désignée pour être celle qui devait te sauver la vie le soir où tu es arrivé à l'hôpital, ce n'est pas pour rien. Il ne tient sans doute qu'à toi de comprendre pourquoi elle et pas une autre. Et pourquoi maintenant, aussi, pourquoi est-ce que ton existence englobe sa présence alors que tu n'as rien demandé et que tu ne la connais pas encore. Son sourire lumineux irradie l'instant. Tu l'observes plaisanter, son petit café en main, tandis que tu t'autorises à joindre ton bref sourire, éraillé, mal habitué, au sien, tout doucement. Tu as plus l'habitude de crier que de prendre le temps de profiter d'un instant calme comme celui-ci. Charlie ne t'a sans doute jamais vu sourire de façon aussi « normale » quand tu y penses. Même si cette réaction t'est venue avec naturel maintenant, tu n'en vois pas réellement l'intérêt. Seulement, cela soulage durant une courte seconde ce cœur enserré par un esprit de vengeance quotidien et la colère. Fait supplémentaire qui te pousse à penser que cette Scarlett n'est pas comme les autres. Cette rencontre n'est pas anodine, cet échange non plus. Ta question quant à sa nervosité, et sa tendance à tirer sur la manche de son pull, semble la décontenancer un peu. N'a-t-elle donc aucune retenu en ce qui concerne ce qui se passe dans sa tête ? Depuis que tu l'as confrontée tout à l'heure dans le couloir, tu crois presque être en face d'un livre ouvert sur ce qui se déroule dans l'esprit insouciant de Scarlett Faust. Bien évidemment, tu ne captes pas tout, mais ses impressions premières transparaissent avec un naturel déconcertant sur les traits de son visage. Premier point divergent entre vous. Quand on te regarde, il est souvent impossible de savoir ce qui se passe dans ta tête – et c'est le but. Tu as appris à intérioriser la moindre réaction lorsque tu apprends tout juste à découvrir une nouvelle personne et personnalité. Inutile de préciser que les émotions du style enthousiasme, tristesse, etc, sont bien plus faciles à masquer pour toi que la colère ou la déception. Les explications de la jeune femme sont rapides, presque inexistantes. Néanmoins, tu préfères t'en contenter pour le moment. Et ses mots te font sans mal penser à une situation que tu as déjà vécue, même si pas dans le même rôle, même si sans doute pas dans les mêmes circonstances parce que Scarlett a l’air d’être tout sauf une écervelée mutante à sortir dans la rue pour prendre des photos à la belle. Ce sont juste les termes « Radcliff » et « tard » qui t’y font brièvement songer. « Je vois... », que tu souffles en te ravaçant vers la table entre vous, ton café entre les deux mains. Tu as ton air le plus peiné possible sur le visage quand tu fais ça, pour que Scarlett comprenne que ce qui lui est arrivée te touche. Et c’est en partie vrai. « Si seulement tous les habitants de cette ville tirait la même conclusion que vous, ce genre de choses n'arriverait pas. »  Tu aurais bien jeté un regard appuyé à la mutante qui s’en est pris à toi la dernière fois, sauf que t’espères qu’elle est encore saignante dans cette ruelle éloignée de l’une des rues principales de la ville. Ou même qu’elle est morte le soir même, depuis le temps. Vu la visite éclair que t’as rendu son pitoyable mari pour que t’en sois amené à être dans cet hôpital, tu te poses encore la question de savoir si c’est le cas ou pas. Tu te souviens plus si vous avez eu le temps d’aborder le sujet, entre deux coups échangés. « Je suis vraiment désolé de ce qui vous est arrivée. » Ton regard se relève enfin dans le sien, dérivant de ses mains nerveusement contractées autour de son café, pour venir appuyer tes propres d’une lueur de compréhension au cœur de tes iris métalliques. Si Charlie était là, elle t’applaudirait de ces talents d’acteur que tu as. Si ta vie n’était pas destinée à débarrasser les mutants de l’existence des braves gens, peut-être que tu te serais laissé tenter. En attendant, tu t’en sers pour mentir. Ouvertement, à n’importe qui, surtout aux personnes que tu viens de rencontrer, en particulier celles que tu veux apprivoiser avant de leur laisser entendre que tu n’es pas vraiment l’homme que tu prétends être. Il faut du temps pour que la confiance s’installe, et une fois cela fait, tu peux essayer de leur faire voir qui tu es vraiment. De sorte à ce que, quand tu évoqueras ton passé de trafiquant ou ton présent de chasseur, la personne se souvienne que la confiance qui s’est installée entre vous ne peut être foutue en l’air à cause de la « peur » ou de toute autre excuse similaire. Tu n’acceptes pas les excuses, pas ton genre non plus. « Si un jour vous avez le moindre problème, appelez-moi », que tu proposes d’un ton qui laisse entendre que tu ne lui laisses pas tout à fait le choix. Scarlett t’a sauvé la vie, tu as bien le droit de vouloir sauver la sienne. Tu fonctionnes sur le principe du donnant-donnant… « Je n'ai rien pour vous noter mon numéro, mais je me débrouillerai pour vous le faire passer, faites-moi confiance. » Tu hausses les épaules en penchant un peu la tête sur le côté. Tu sais par avance ce qui va passer tes lèvres, mais tu te prépares à l’éventualité que Scarlett ne puisse pas être prête à le comprendre ou à le prendre au sérieux. Pour elle, vous discutez juste autour d’un café, l’air de rien, semble-t-il. Pour toi, c’est plutôt une première mise à l’épreuve de la personne que tu as en face. Tu ne sais pas toi-même pourquoi elle t’intrigue tant, pourquoi tu ne parviens pas à passer outre, pourquoi dès ton réveil c’est à elle que tu as pensé, et c’est justement pour cela que tu es venu jusqu’à elle. Tu ne peux pas rester sur des questions – il te faut plus. « Je ne peux pas imaginer que quelque chose puisse vous arriver », que tu souffles d’un ton « sincère ». « Vous sauvez des personnes comme moi, blessées par la vie, et des bébés, vous aider des mères au quotidien, vous ne méritez pas qu'on s'en prenne à vous de la sorte. » Ta tête bouge de droite à gauche, lentement. Une mimique moqueuse courbe ta bouche, alors que tu jettes un dernier coup d’œil vers elle avant de t’observer en toute objectivité. « Je vous promets que d'habitude j'ai l'air plus en forme que ça. » Te saisissant de ton verre de café, tu en avales une nouvelle gorgée et pousse un soupir le temps que le plastique retrouve sa place tout contre la table. Tu cherches ensuite à ce que ton regard se fasse plus fuyant, moins assuré, histoire que ton récit puisse tenir la route. Si Scarlett ne voit pas encore le lien qui s’est établi entre vous dès le soir où tu es arrivé, elle ne pourra plus l’ignorer bien longtemps après ce qui va suivre. Il faut juste qu’elle accepte de compatir à son tour, chose que tu ne peux l’obliger à faire… « Je sais de quoi je parle, quand je dis que si nous prenions tous la décision de suivre les règles, rien ne nous arriverait. Si j'avais respecté le couvre-feu, je n'en serais pas là aujourd'hui... » Tu observes tes mains, tes avant-bras, abîmés par les bleus et les brûlures, se contracter doucement sous tes yeux. Tu attires son attention sur ce qui t’est arrivé à toi, le soir où tu as choisi de ne pas « écouter » les conseils du Maire de cette ville, afin que vous ayez peut-être quelque chose en commun. Des blessures visibles à cause de votre soif de liberté, votre insouciance le temps d’un instant… Non, vraiment, tu piges pas pourquoi toutes les personnes de cette ville se décident à n’écouter qu’eux. Ça t’agace, te frustre, mais tu ne dois rien laisser paraître. S’ils apprenaient à le faire, Evelyn ne serait pas tombée sur toi. S’ils apprenaient à ne pas se penser invincible, Scarlett n’aurait pas eu de problème aussi. Tu n’as pas la confirmation qu’il s’agisse d’un chasseur comme toi, mais tu t’en doutes un peu. « Je crois que c'est un chasseur... mais je n'ai même pas eu le temps d'essayer de savoir que, déjà, je prenais un premier coup. » En ce qui te concerne, c’est bien plus simple de laisser supposer que l’identité de la personne t’ayant blessé n’est autre qu’un vile chasseur en soif de reconnaissance. Sous-entendre, ou presque le faire, que tu es un mutant, fait courir un frisson le long de ton échine, mais tu poursuis sans t’en soucier. L’envie de vomir aura tout le temps de te prendre plus tard, quand tu seras de nouveau séparé d’elle. « Enfin, on s'en est sortis tous les deux, de cette sortie nocturne pas comme les autres, alors estimons-nous heureux. On a peut-être la même bonne étoile, qui sait… »
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeLun 11 Avr 2016 - 19:17

In a moment that feels much bigger than us
ROMAN & SCARLETT

Le récit complet de son agression, Scarlett ne l'avait conté à personne. Pas même à Owen, elle avait préféré rester vague lorsqu'elle avait dit à son frère adoptif qu'elle avait eu quelques "ennuis". Evie, elle avait préféré ne pas l'ennuyer avec cette histoire, sachant parfaitement que la jeune femme ne pourrait s'empêcher de s'inquiéter pour elle, et étant donné son début de grossesse particulièrement difficile, Scarlett voulait lui éviter des angoisses supplémentaires. Le seul à savoir ce qui était réellement arrivé ce soir là, c'était Benjamin – parce que c'était lui qui l'avait sauvée des griffes de ce Hunter fou furieux. Sans lui, elle aurait souffert de davantage que quelques hématomes, elle serait présentement en train de manger les pissenlits par la racine. Et quand bien même elle pouvait s'estimer heureuse et chanceuse d'être encore en vie, le traumatisme demeurait. Elle se réveillait au beau milieu de la nuit tremblotante et en sueur, et il suffisait d'une ombre dans son dos pour la faire sursauter et accélérer son rythme cardiaque. À Radcliff, bon ou mauvais, personne ne passait entre les mailles du filet. « Pour être tout à fait honnête avec vous, je ne pense pas que le véritable problème vienne des habitants de la ville, mais du gouvernement en place. » Scarlett soupira doucement avant d'avaler une gorgée de café, les sourcils légèrement froncés. Ce que Lancaster faisait était excessif, il n'avait pas l'allure d'un Maire mais celle d'un petit dictateur, il était parvenu à faire de Radcliff une zone de guerre. Le taux de criminalité y était si élevé que c'était à se demander pourquoi l’État ne leur avait pas encore envoyé l'armée. Il était évident que la situation était en train d'échapper à Lancaster et à ses opposants, et Scarlett était certaine que ce n'était qu'une question de temps avant qu'il n'y ait un nouveau – et énième – bain de sang. « C'est gentil de votre part », reprit-elle sur un ton plus doux alors qu'il se disait désolé pour elle. « Mais j'en ai vu d'autres, et j'en verrai d'autres... Après tout, je vis à Radcliff. » Pour le meilleur et surtout pour le pire.

Depuis qu'elle avait frôlé la mort, la Faust semblait avoir troqué son optimisme contre du fatalisme. La violence était comme une maladie incurable dans la petite ville du Kentucky, un mal incurable qui finissait par toucher tout le monde, sans aucune distinction. Personne n'était protégé, et surtout pas les innocents. De toute façon, l'innocence n'était qu'une question de point de vue. Pour l'homme qui avait tenté de la tuer, Scarlett était coupable, puisque porteuse du gène mutant, alors elle devait être exécutée sans aucune forme de procès, c'était aussi simple que cela. Et de son point de vue de mutante, les chasseurs n'étaient ni plus ni moins qu'une bande de fanatiques, des terroristes en puissance. Voilà pourquoi elle craignait que tout cela se finisse par un massacre, les idéaux des uns et des autres étaient trop différents pour qu'ils parviennent à trouver un terrain d'entente. Radcliff était un château de cartes qui menaçait de s'effondrer au moindre coup de vent. Et Scarlett, elle n'était qu'un pion parmi tant d'autres sur le grand échiquier des plus grands. La chirurgienne afficha une mine un peu surprise, ses grands yeux verts s'ouvrant d'étonnement, alors que Roman lui proposait spontanément d'être là pour elle si elle avait un jour besoin d'assistance. La jolie rousse ouvrit la bouche, comme pour protester, avant de juger préférable de ne rien dire puisqu'il insistait. Elle se contenta d'afficher un sourire touché, les doigts de nouveau accrochés à son gobelet de café. « Vous n'aurez qu'à le faire passer à ma secrétaire, Emma. Elle gère l'accueil du service de maternité, vous ne pouvez pas la manquer. » Scarlett savait par avance qu'elle n'utiliserait jamais ce numéro, parce que la dernière chose qu'elle voulait c'était impliquer des étrangers dans ses ennuis. Et puis, ce n'était pas comme si elle n'avait personne pour veiller sur elle. Elle avait des amis, des proches, qu'elles savaient prêts à accourir si elle devait avoir besoin d'eux. Si elle en avait parfois l'impression, Scarlett n'était en réalité pas seule – elle ignorait même qu'un ange gardien continuait à veiller sur elle, en dépit de tout ce qu'elle avait pu lui faire subir et ressentir.

« Je pense qu'il y a des tas de personnes en ville qui ne méritent pas que l'on s'en prenne à elles. Je ne suis pas une sainte, vous savez... » Les joues roses, Scarlett baissa les yeux avant de lancer un petit regard autour d'elle. Elle avait toujours été mal à l'aise avec l'image du "sauveur" associée aux médecins, elle n'estimait pas mériter autant de louanges. Ce qu'elle faisait, elle le faisait parce qu'elle l'avait appris, parce que l'école de médecine et les sciences le lui permettaient. Son toucher n'était pas divin, elle ne valait pas mieux que les autres. Elle n'était pas la seule à faire une différence, à sauver des vies. De son point de vue, n'importe qui pouvait être un instrument du bien, il suffisait de le vouloir. « Ne vous en faites pas, vous n'avez pas si mauvaise mine. » Un petit rire la secoua, elle replaça inconsciemment une mèche cuivrée derrière son oreille, jeta un coup d'œil discret à l'horloge de la pièce. Son regard eut vite fait de retrouver celui du quinquagénaire lorsqu'il lui fit le récit de sa propre agression, et Scarlett sentit le sang quitter son visage, elle blêmit et son gobelet presque vide craqua sous ses doigts serrés. Un frisson désagréable la parcourut tandis qu'elle revivait presque cette terrible soirée où elle avait failli perdre la vie. Savoir qu'elle n'était pas la seule à avoir eu à endurer un tel traitement la rendait nauséeuse, elle lâcha son café et posa les mains sur ses genoux, accrochant le tissu avec force. « Ce n'était pas plus de votre faute que de la mienne. Nous ne méritions pas une telle punition pour une si petite erreur. » Qu'il puisse être mutant tout comme elle, Scarlett y songea, sans toutefois s'attarder sur la réflexion. Pour elle, ce n'était pas une donnée importante. N'importe qui, porteur du gène mutant ou non, était un être humain. Mais son point de vue était celui d'une jeune femme tolérante et douce, loin d'être partagé par la majorité. « Je crois que ma bonne étoile a cessé de briller il y a déjà un moment, alors j'espère pour vous que vous avez tort. » Le ton de la plaisanterie, accompagné d'un sourire... Un sourire qui sonnait faux, un sourire qui dissimulait une souffrance que Scarlett s'efforçait de faire taire et d'étouffer, avec de moins en moins de succès. « Enfin, si vous croyez à ce genre de choses. » Scarlett, en bonne femme de science qu'elle était, n'était pas superstitieuse ou religieuse pour un sou.« Dites-moi, qu'est-ce que vous faites dans la vie ? » Ils avaient beaucoup parlé d'elle, mais pas vraiment de lui. Alors Scarlett ne pouvait s'empêcher d'être un peu curieuse, quelle profession pouvait-il bien exercer ? Elle n'avancerait aucune hypothèse, bien souvent l'habit ne faisait pas le moine – et à Radcliff encore moins que nulle part ailleurs.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeVen 22 Avr 2016 - 13:33

Scarlett accepte de prendre ton numéro de téléphone. Tu es loin d'être aussi euphorique qu'un ado ayant obtenu pour la première fois l'attention d'une fille ou d'une femme, mais tu es satisfait de voir qu'elle n'a pas refusé en bloc ton offre. Tu ne l'aurais pas supporté. “Parfait.” Tu ponctues cette réponse murmurée d'un regard plus animé, alors que tu te rehausses contre le dossier de ta chaise roulante. Tout est bon pour soulager ce dos et ces jambes qui sont actuellement plus des points morts qu'autre chose à tes yeux. “J'y crois.” Tu affirmes ta réponse avec une sincérité qui, d'habitude, n'est pas tienne. Non, en général, ce n'est pas ton cas. Tu ne crois pas en ce genre de choses. Une « bonne étoile », ça n'existe pas. Ça n'a même jamais existé, pour personne, surtout pas pour toi. Sinon, elle était où, ta bonne étoile, quand les mutants se sont échappés ? Quand tu as été exilé hors de Russie ? Quand l'un de ces monstres a tué Slava ? Quand ils t'ont blessé, à maintes reprises ? Tu n'en as aucune idée. Tu sais pas où elle était exactement, cette bonne étoile, sans doute bien cachée à observer le destin s'acharner contre toi. Et pourtant, tu es celui qui ose en parler aujourd'hui. C'est toi qui parles d'une étoile capable de veiller sur toi, mais surtout sur Scarlett. Tu te permets même d'imaginer que vous avez la même, sauf qu'elle n'en semble pas aussi certaine. Peut-être est-ce pour cela que tu sens les tendons de ta main se contracter autour du carton de ton café, alors que ton regard n'arrive pas à se détacher de son visage. Tu ne comprends pas qu'elle ne puisse pas voir la même chose que toi, imaginer ne serait-ce qu'un instant qu'elle ne puisse percevoir ce qui a pu se passer quand elle t'a sauvé. Une petite voix te dit qu'il est trop tôt. Encore un peu de patience, d'autres discussions aussi simples que celle-ci autour de nombreux cafés, et peut-être que sa vision de tout ça ne sera plus la même. Si même toi, qui n'es pas croyant à la base, tu parviens à le faire, pourquoi en serait-elle incapable ? En temps normal, tu n'as confiance qu'en toi. Mais aujourd'hui tu as le sentiment que les choses peuvent changer, puisque tu l'as retrouvée. Elle ne mesure pas encore tout ce que cela peut représenter à tes yeux. Un jour peut-être le découvrira-t-elle. “J'espère que vous recommencerez à y croire également...”, que tu insistes d'une innocence feinte. Si elle ne le fait pas, elle ne pourra pas voir ce que tu vois. Une femme puissante, majestueuse, une magicienne aux doigts de fée qui a réussi un étrange miracle. Celui de te sauver. Elle n'a pas pris peur. Tu revois encore et encore son visage concentré à ton arrivée à l'hôpital, avant que tes dernières forces ne te quittent. Tu sens encore son odeur rassurante qui envahit tes narines, la couleur de ses cheveux comme dernier point d’ancrage juste avant que tes paupières ne se ferment. Tu ne peux pas le nier. Même si tu le voulais, tu ne le pourrais pas, car c'est là une chose qui te dépasse tout autant : ta bonne étoile, c'est elle. Si tu y crois, elle ne peut que le faire à son tour. Malheureusement, pour le moment, tu ne peux que constater que cette confiance qu'elle peut avoir auprès d'un patient blessé n'est pas celle qu'elle affiche le reste du temps. C'est bien dommage. A l'intérieur, tes nerfs s'échauffent encore quand tu imagines sa peur face à la personne qui l'a marquée au point de masquer ses blessures. Ce n'est pas une proposition en l'air que tu lui as faite juste avant (tu ne sais pas faire ce genre de proposition) : si un jour elle a besoin de ton intervention, tu n'hésiteras pas une seule seconde. Si tu te retrouves en face de l'enfoiré qui lui a fait du mal, tu le tueras. Une énième option que tu ne discutes même pas intérieurement. La décision est déjà toute prise.

Penchant la tête sur le côté, tu te concentres sur la question de Scarlett. Pour ne pas qu'elle remarque le trouble qui peut se lire dans tes prunelles sombres alors que ton esprit divague à propos de son accident à elle. Si seulement tu avais été là... “Je ne suis qu'un homme d'affaires : je suis le représentant d'une petite entreprise issue du fin-fond de la Russie. J'importe et exporte diverses marchandises. Radcliff nous a semblé être l'endroit idéal pour nous implanter et développer notre activité. Je n'ai pas hésité à me porter volontaire pour venir jusqu'ici, malgré le... décalage - horaire et de coutumes.” Un sourire réussit presque à se frayer un chemin jusqu'à tes lèvres abîmées. Tu essayes de rendre le tout crédible, un minimum réaliste. Ce n'est pas bien compliqué, l'art du mensonge est une chose que tu expérimentes depuis de nombreuses années à présent. Toutefois, c'est la première fois que tu ressens une pointe de... de doute ? Peut-être. Tu n'identifies pas encore très bien ce que ça peut être, mais c'est bel et bien là, ça vient se loger dans le creux de ta gorge dès que tu as terminé d'annoncer un métier qui n'est pas véritablement le tien. Tu es un homme d'affaires, sur ce point, on ne peut pas te contredire. C'est au niveau de la marchandise que les choses divergent de ce que les gens peuvent imaginer lorsque la personne en face d'eux se présente comme « homme d'affaires ». Bien que cela fasse longtemps que tu n'as pas trempé dans de telles affaires, d'ailleurs, il n'y a que cette idée que t'est venue à l'esprit. Ta plus grand fierté n'est autre que ton trafic en Norvège. Alors, si par moment tu as la possibilité de renouer avec ce passé si cher à ton cœur, tu hésites rarement à ne pas te laisser tenter. “Je ne suis pas encore habitué à tout, mais je sens que ça vient”, que tu tentes de plaisanter. Histoire de faire disparaître cette envie d'exposer quelle est la « marchandise » dont tu viens de parler. Tu ne sais pas ce qu'elle peut penser des chasseurs, des mutants, tu ne sais pas et tu t'en moques presque, juste pas assez pour prendre le risque de révéler ton passé aussi vite. Ce dernier est une précieuse partie de ton être que tu ne divulgues pas aussi aisément. Tu as été l'un de plus gros trafiquants de mutants de la fin du siècle dernier, impossible de le nier, impossible de l'oublier. Seulement, pour toute autre personne que toi (ou les personnes qui travaillaient à l'époque à tes côtés), la simple idée d'imaginer des mutants dans des cages et trimballés aux quatre coins du monde semble inconcevable. Pourtant, ça déplaisait à peu de monde, à une époque, si tu te souviens bien. Juste avant que les lois de protection des mutants ne viennent tout gâcher. “Enfin, venait, vu ce qui m'est arrivé.” Tes épaules se haussent d'elles-mêmes. En une sorte de signe d'abandon, une lassitude peu commune pour toi que tu as possiblement piqué à d'anciens camarades de jeu. Des mutants, par dizaine, qui ont fini par se rendre plutôt que de s'obstiner à te fuir. Ils sont tous pareil. Ils possèdent tous cette fameuse lueur dans le regard, d'abord défiante, puis désarmée. Et c'est dans ces instants précis que tu prends le temps de détailler chacune de leur réaction. Tu n'en rates pas une miette. Apercevoir la force les quitter et l'espoir les abandonner, c'est une demi-seconde presque imperceptible qui te procure pourtant un plaisir immense et ravageur. Tu te délectes de leur malheur. Et tu t'en délecteras jusqu'à ce que le dernier ne meurt de tes mains. “Je ne suis pas près de remettre le pied dehors dans cet état.” Ton regard se fait plus fuyant. Durant une brève seconde, il passe dans le sien. Après, il préfère se plonger dans la contemplation du café qui refroidit entre tes mains. “Il va juste falloir que j'explique à mon employeur cette mésaventure. En espérant qu'il comprenne que plus d'un jour de repos me sera nécessaire pour m'en remettre totalement.” En général, tu ne joues pas les victimes. Tu détestes ça. Pourtant, si tu ne poursuis pas sur cette relation de confiance qui vient de s'établir entre vous, tu risques de ne plus jamais avoir de seconde chance. D'ailleurs, pour continuer sur cette lancée, tes traits deviennent soudain aussi préoccupés que tes pensées. “Vous vous êtes arrêtée, après ce qui vous est arrivée, Scarlett, j'espère ?”, que tu questionnes en relevant la tête vers la chirurgienne. Tu n'as pas tous les détails. Tu ne sais même rien de ce qui s'est passé. Mais cette tentative pour en apprendre plus ne peut que fonctionner, tu l'espères en tout cas de toutes tes maigres forces : il faut qu'elle te parle, te rassure, apaise les tourments qui te gagnent à mesure que ce premier contact, cette première discussion entre vous se prolonge, pour t'aiguiller sur la marche à suivre ensuite. Tu hésites encore sur comment véritablement te comporter avec elle, et ce sont ses réactions qui détermineront la suite, bien qu'elle n'en ait pas conscience.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeDim 8 Mai 2016 - 21:02

In a moment that feels much bigger than us
ROMAN & SCARLETT

Trop naïve, trop crédule, la jolie chirurgienne avait toujours été incapable de considérer les étrangers comme de potentielles menaces. C'était son côté optimiste exacerbé qui l'en empêchait, la persuadait – à tort – qu'aucun être humain n'était naturellement mauvais et que n'importe qui était capable de faire le bien. Elle se trompait. Certains hommes étaient incapables de compassion et de bonté, de la même façon que certains étaient incapables de faire le mal. Scarlett était de ceux là, elle ne pouvait pas faire de mal à une mouche et cela en dépit de son don destructeur. Le moins que l'on puisse affirmer, c'était que le hasard ne faisait pas toujours bien les choses. Pourquoi l'affubler elle d'une mutation pareille ? Même en situation de péril, elle ne savait pas se persuader d'en user, quand bien même cela pourrait lui sauver la vie. Scarlett était trop douce pour faire usage de la violence parce qu'elle croyait depuis toujours au célèbre adage "la violence ne résout rien", elle ne faisait qu'empirer les choses, que jeter de l'huile sur le feu. Alors Radcliff n'était certainement pas le lieu de résidence idéal pour une pacifiste comme elle, puisque la violence était le langage officiel de la ville, comme elle avait eu de nombreuses occasions de le remarquer. Pas une journée ne s'écoulait sans que le service des urgences ne soit pris d'assaut, et la morgue surpeuplée par les malheureux qui n'avaient pas eu la chance de survivre à leurs blessures. Mutants, chasseurs, simples civils... Une fois étendus sur une table d'acier et mis de côté dans un tiroir froid, il n'y avait plus de différences entre les uns et les autres. Sans doute Roman et Scarlett pouvaient-ils s'estimer chanceux de faire partie des survivants, d'avoir échappé à ce triste destin. Pour la jeune femme, cela avait été une bien triste façon de réaliser qu'elle n'était pas à l'abri, et ne l'avait jamais été. Se retrouver parmi les rangs des victimes changeait sa perspective sur bien des choses, à commencer par sa propre existence. La vie était trop précieuse pour être gâchée par des sentiments négatifs tels que la peur et la haine, et certaines décisions qui à une époque lui avaient parues sensées perdaient à présent tout leur sens.

« Radcliff est vraiment un drôle d'endroit. Même après des années passées ici, certaines choses m'étonnent encore. » Comparée à New-York, Radcliff n'était vraiment pas une grande ville, néanmoins Scarlett s'était toujours sentie plus en sécurité dans les rues de la Grosse Pomme. Et pourtant, elle y avait perdu ses parents adoptifs dans les attentats. Mais New-York avait ce petit côté rassurant que Radcliff ne possédait pas, ou plus. Scarlett avait vu les choses s'envenimer dans la petite ville du Kentucky, l'ascension de Lancaster au pouvoir, la recrudescence des meurtres, la mise en place du couvre-feu, la naissance de groupes de résistance... Jusqu'où les choses dégénéreraient-elles ? Elle avait beau avoir intégré les rangs d'Uprising, elle se sentait bien souvent dépassée par les maux qui secouaient la ville et malmenaient ses proches. « Vous savez, je crois qu'on ne s'habitue jamais à Radcliff. » Elle sourit, bien que navrée par la véracité de ses paroles. Tout changeait, tout était en perpétuel mouvement. Elle-même peinait à suivre le rythme de ces changements, alors elle imaginait à peine ce que pouvait ressentir un étranger face à tout cela, et surtout après avoir été victime d'une violente agression. « Mais je vous l'assure, la ville n'a pas que des mauvais côtés. Elle est secouée, mais je crois que le monde entier l'est. Les choses évoluent, et cela ne convient pas à tout le monde. Tout ce que j'espère, c'est que les tensions s'apaiseront bientôt. » Scarlett en avait assez de ce maudit couvre-feu, assez de craindre pour la sécurité de ses amis ainsi que la sienne. Avec un peu – beaucoup – de chance, le règne tyrannique de Lancaster s'achèverait avec les prochaines élections et la population pourrait de nouveau respirer et recommencer à vivre convenablement. Avec la crainte de voir une équipe du Gunpowder Squad défoncer votre porte sans que la loi ne les en empêche, ce n'était pas possible.

Scarlett termina de boire son café qui commençait à refroidir dans son gobelet en plastique, toujours attentive au récit de Roman. « Je ne pense pas que votre employeur puisse vous tenir rigueur de votre manque d'investissement dans le travail, après ce qui vient de vous arriver. Le plus important, c'est que vous vous reposiez afin de vous remettre le plus rapidement possible de cette triste mésaventure. » Après tout, ce n'était pas comme s'il était allé chercher les ennuis. Elle aussi se serait bien passée de se retrouver avec le canon d'une arme pointé sur la tempe, et elle aurait préféré éviter de devenir le témoin d'un meurtre. Et plus ou moins sa complice indirecte, puisqu'elle avait rapidement fui la scène du "crime" en compagnie de Benjamin. Le décès du chasseur n'avait pas figuré dans la presse, ce qui n'avait rien de bien étonnant. Peut-être que l'histoire de cette mort s'était résumée à un nom imprimé dans la rubrique nécrologique du journal, et rien de plus. Des morts, il y en avait bien trop souvent à Radcliff pour que les journalistes puissent se permettre de toutes les évoquer. C'était le genre de choses qui marquaient le quotidien, les gens le savaient très bien. Et puis pour Lancaster, cela n'aurait pas été de la bonne publicité.

Si elle s'était arrêtée après son agression ? Scarlett soupira doucement et passa une main dans ses boucles cuivrées en haussant les épaules. « Non, pas vraiment. J'avais vraiment beaucoup de patients à ce moment là, je ne pouvais pas me le permettre. Et puis je n'avais pas très envie de rester seule chez moi à ressasser cette soirée. J'étais bien mieux ici, je vous assure. » Cela aurait pu être différent si Caleb avait toujours fait partie de sa vie. Le jeune homme l'aurait sans doute convaincue de prendre quelques jours de repos, et pour peu qu'il en fasse de même elle aurait accepté. Mais la question ne s'était pas posée, alors elle avait continué à aller travailler comme s'il ne s'était rien passé. Avec le recul, cela avait été la meilleure chose à faire, s'occuper de ses patientes et de leurs bébés lui avait permis de mettre cette histoire derrière elle, et de reprendre le contrôle de ses émotions. Scarlett ne voulait pas s'enfermer dans une bulle de terreur, cela ne lui aurait été d'aucune utilité. « Cet hôpital, c'est mon deuxième chez moi, j'y suis plus à l'aise que nulle part ailleurs. Mais je comprends que ce ne soit pas le cas pour tout le monde. » Elle rit doucement, songeant à tous ces patients dont l'unique envie était de déguerpir au plus vite. « Et puis, je pense que le Gunpowder Squad risque moins de défoncer la porte du service de maternité plutôt que celle de mon appartement. C'est arrivé à l'une de mes voisines il n'y a pas très longtemps, elle n'est pas encore réapparue... » Parce que Mme Wilson était une mutante. Scarlett avait demandé à Sheldon de l'aider à la retrouver, mais ce dernier n'avait pas semblé très optimiste quant au sort de la quinquagénaire. « Si cela continue ainsi, je crois que je vais faire mes valises et retourner me perdre au fond de ma campagne anglaise natale. » Scarlett avait beau ne pas envisager un départ prochain, l'Angleterre lui manquait souvent, l'Europe aussi. Probablement parce que tous ces pays étaient bien plus avancés au sujet de la question mutante que ne l'étaient les États-Unis, éternellement perturbés par l'intolérance et les conservateurs.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeJeu 9 Juin 2016 - 14:34

Un soupir passe les lèvres de Griske lorsque Scarlett évoque Radcliff. Elle dit être encore surprise par certaines choses, elle prétend même que l'on ne peut jamais s'habituer à cet endroit. Et, instinctivement, Roman la croit sur parole ; il n'y a pas un seul instant où le moindre bien-être l'a envahi en étant ici. Il n'y a que le jour où le quinquagénaire est arrivé en Norvège, il y a des années de ça, qu'il s'est senti vraiment chez lui quelque part. La Russie, auparavant, ça n'était rien que son pays de naissance, puis plus tard qu'un endroit dont on le chassera une fois qu'on n'a plus eu besoin de lui. Radcliff c'est... différent. Encore plus quand Roman se met à mentir à ce sujet. Il a provoqué l'altercation dans la rue la première fois, ce qui a engendré la seconde, mais retourner la situation à son avantage en l'évoquant, à présent, est bien plus facile que de délivrer toute la vérité. L'homme n'a jamais su le faire, et il n'est pas certain d'être encore en âge pour apprendre. Alors il poursuit sur cette route cabossée, manque trébucher mais reste debout jusqu'au bout. Scarlett semble croire à son malheur et c'est idéal. S'il y a bien une personne qu'il ne veut et ne peut effrayer, c'est elle. Pas maintenant, pas alors qu'elle le connaît encore si peu. “Ravi de l'apprendre”, qu'il plaisante doucement, quand elle assure que cette ville n'a pas que des mauvais côtés. Qu'elle permette au Norvégien d'en douter. Une ville remplie de mutants n'a pas besoin de plus de mauvais côté que ça : elle est le mauvais côté, à elle seule, et Roman fait dorénavant partie des personnes chargées de l'aider à se relever de cette mauvaise passe. Par tous les moyens.

Je l'espère aussi.” Acquiesçant avec un léger sourire, qui semble toujours si douloureux à fournir, Roman s'applique à garder les mains sur son café plutôt que de laisser entrevoir les légers tremblements de ces dernières. Rester éveillé depuis aussi longtemps devient difficile à gérer pour lui, puisqu'il s'agit là de sa première sortie de chambre depuis son arrivée dans le service, mais la conversation n'est pas terminée. Roman a le sentiment de ne pas en avoir découvert assez. Si cette conversation ne tenait qu'à lui, elle durerait toute une vie. Il est persuadé qu'il n'aura jamais assez de temps pour comprendre toute la mécanique de la jolie Scarlett Faust, tout comme il n'en aura pas assez pour lui faire comprendre qu'elle représente désormais beaucoup. Beaucoup. Alors quand Scarlett hausse les épaules et n'offre pas la réponse espérée à sa question, Roman sent une vive colère lui retourner les entrailles. Elle ne s'est pas reposée ? Elle est retournée travailler ? Le Norvégien en déduit qu'elle peut être inconsciente, imprudente même. Se raclant la gorge, il ne laisse pourtant pas cette soudaine rancœur le trahir, elle ne gagne en aucun cas son regard grisant. De même, son mince sourire reste intacte. Il continue la conversation comme si de rien n'était, bien qu'à l'intérieur, l'envie d'hurler le prend aux tripes. “Non, effectivement, et je crois même que c'est là que la limite entre médecin et patient s'élève.” Roman n'aurait jamais eu l'idée de revenir ici plutôt que de rester chez lui. Il aurait préféré profiter du calme de sa pauvre maison du quartier sud au lieu de se rendre dans un endroit aussi angoissant et étouffant qu'un hôpital. Mais qu'a-t-elle pu avoir dans la tête ?

Se concentrer sur ses mains devient alors inévitable. Pour détourner un peu le regard, pour apaiser ses pensées assassines, alors que Roman sait qu'elle ne les mérite pas, qu'elle ne les méritera jamais. Mais il a peur pour elle. Il l'imagine mal en point et incapable de se relever de la prochaine attaque et ça, ce n'est pas possible. Ce n'est pas envisageable pour un Roman qui a désormais dans l'idée de ne plus jamais rien laisser lui arriver. Si en plus Scarlett se met à ne pas faire attention à elle, la charge de travail va être double. Seulement, l'ex-russe ne se laisse pas abattre. Un jour, la jeune femme comprendra que l'admiration qu'il lui porte à présent est intarissable. Le quinquagénaire pense même qu'elle ne cessera jamais de croître. En aucun cas. Et pas quand elle arbore un sourire aussi bouleversant. “Je me disais bien que j'avais déjà entendu ce ravissant accent quelque part...”, qu'il rétorque d'un petit ton amusé. Roman ne précise pas qu'il a été confronté à un tel accent grâce – à cause ? - de son trafic de mutants en Europe. A croire que beaucoup de ces monstres venaient de là-bas, à l'époque.

Toutefois, entendre la jolie médecin évoquer l'idée de repartir dans son pays natal, c'est une idée qui gèle le sang de Griske une fois évoquée. Même si, encore une fois, elle ne peut heureusement pas lire ce qu'il a dans la tête, il prend sur lui pour ne pas se laisser guider par la première chose qui lui traverse l'esprit à cette annonce : l'angoisse, la peur. “N'avez-vous donc aucune attache pour envisager une solution aussi radicale ?”, qu'il tente de la dissuader d'un ton avenant. Son regard cherche à capter le sien. “Un compagnon ? De la famille ?” Un nouveau sourire qu'il veut complice, avant que Roman n'hausse les épaules doucement. Un peu comme s'il se faisait miroir de sa réaction précédente, comme s'il calquait ses manières sur les siennes pour s'en imprégner – pour ne pas les oublier. “Songez à toutes ces mères qui n'auraient plus Scarlett Faust pour veiller sur elles. Je suis certain de ne pas me tromper en disant que vous allez beaucoup leur manquer. Sans parler des patients que vous sauvez au détour d'un couloir, comme moi.” Si elle pouvait comprendre toute l'admiration qu'il a pour elle... “Je ne prétends pas connaître l'avenir mais je... Si une telle mésaventure vous est arrivée une première fois, elle ne se reproduira pas une deuxième fois, j'en suis certain.” Plus que ça, même, il va y veiller. Sans qu'elle ne le sache, sans qu'elle ne l'apprenne. Roman va se débrouiller pour lui assurer une sécurité constante afin que plus jamais elle n'ait à craindre qui que ce soit. Il sera cet ange gardian auquel elle ne croit pas mais finira peut-être par croire. Car c'est une chose qui ne s'explique pas, ce qui se passe dans la tête du quinquagénaire, c'est une envie de la protéger du reste du monde et d'incarner cette personne rassurante qu'elle n'a pas eu près d'elle avant, d'où cette mauvaise rencontre. Détachant son regard de son visage angélique,  Roman en profite pour terminer son café d'une traite. La fatigue commence à le gagner, il refuse de commencer à se sentir faiblard devant Scarlett. “Café terminé !”, qu'il annonce en reposant son gobelet sur la table. “Dès que vous avez terminé le vôtre, je vous raccompagne jusqu'au bout du couloir.” Sa proposition est accompagnée d'un nouveau sourire, alors que le Norvégien s'arrange déjà pour déloger son fauteuil de l'endroit reculé où ils se sont mis pour entretenir cette agréable discussion.
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MessageSujet: Re: In a moment that feels much bigger than us (Scarlett)   In a moment that feels much bigger than us (Scarlett) Icon_minitimeSam 25 Juin 2016 - 19:54

In a moment that feels much bigger than us
ROMAN & SCARLETT

Il était rare que Scarlett s'engage dans d'aussi longues conversations avec un patient, à plus forte raison un homme qui n'était même pas un parent de néonatalogie. D'ordinaire, Scarlett discutait avec ses collègues, sa secrétaire, ou bien personne, elle aimait également passer ses pauses seule dans son bureau, pour décompresser un peu. Mais prendre ce café avec Roman lui avait fait du bien, pendant un moment elle était parvenue à oublier tous les soucis qui tourbillonnaient dans son esprit. Depuis l'agression d'Evelyn, Scarlett n'était plus tranquille, et c'était pire depuis qu'elle avait personnellement fait les frais de la barbarie du Gunpowder Squad. La seule chose qui retenait réellement la jolie rousse à Radcliff, c'était ses amis. Son travail, elle l'aimait, mais elle savait qu'elle n'aurait aucun mal à retrouver un poste en Angleterre si elle décidait un jour de quitter la ville. Ce n'était pas qu'elle avait envie de la quitter, mais elle craignait d'un jour ne plus avoir le choix. Le taux de criminalité en ville ne faisait qu'augmenter, et c'était pire depuis les élections. En Europe, les choses étaient différentes. La tolérance était de mise, les mutants n'étaient peut-être pas parfaitement en sécurité, mais au moins il n'y avait pas de gouvernement en place qui était fermement anti-mutants. Scarlett s'estimait chanceuse, elle était parvenue à garder le secret de sa mutation, rares étaient les personnes qui étaient au courant et il s'agissait uniquement de personnes de confiance. Evelyn, Susan, Caleb, Sheldon, Malachi... Pour la plupart, tous des mutants. Il fallait avouer qu'il n'était pas toujours aisé de faire confiance aux étrangers, on ne savait jamais si l'on faisait face à un ami ou un ennemi. Roman était peut-être un mutant. Roman était peut-être un chasseur. Elle n'avait aucun moyen de le deviner, puisqu'elle n'était pas télépathe. Et c'était fort dommage, elle aurait davantage apprécié ce don que sa mutation pour le moins... explosive.

« Non non, j'ai des attaches, bien sûr... Des amis... » Elle ne donnait l'impression que d'être à moitié convaincue, et c'était bien elle qu'elle avait le plus de mal à convaincre. « Le peu de famille qu'il me reste est en Angleterre, je suis la seule expatriée. Et je vis seule. » Ce qui ne signifiait pas que son cœur était à prendre... Légèrement mal à l'aise, elle s'éclaircit la gorge. « Enfin, seule avec mon chien. » Daisy était son amie de tous les jours, la présence qui animait son grand appartement. Scarlett avait beaucoup d'amis, mais elle n'en demeurait pas moins très seule, car il n'était pas question de s'imposer à eux. Un petit rire la secoua, elle haussa les épaules. « Vous savez, il y a beaucoup de médecins compétents dans cet hôpital. Vous êtes tombés sur moi, mais cela aurait pu être n'importe lequel de mes collègues... » Scarlett avait du mal à accepter ainsi des compliments qu'elle ne jugeait pas mérités. Elle faisait son travail, du mieux qu'elle le pouvait, mais elle ne méritait pas davantage de lauriers qu'un autre. Ses patientes retrouveraient une autre médecin, de même que les bébés dont elle s'occupait. Il y avait fort à parier que si elle quittait la ville, l'hôpital lui manquerait davantage qu'elle ne lui manquerait. « J'espère pour moi que vous avez raison, je ne sais pas si je pourrais supporter une telle expérience une seconde fois... » Si elle devait faire face à un chasseur une nouvelle fois, elle savait pertinemment qu'elle ne le supporterais pas, tant pis s'il y avait encore quelqu'un pour lui sauver la vie.

Scarlett manqua de sursauter lorsque Roman annonça qu'il avait terminé son café, et qu'il la raccompagnerait une fois qu'elle aurait terminé le sien. Elle voyait un petit éclat de fatigue dans ses yeux, mais elle ne souhaitait pas lui en faire la remarque. Souriante, Scarlett termina son café sans se presser, et quand ce fut fait elle laissa Roman la raccompagner jusqu'à son bureau. Devant la porte, elle fit une pause. « Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Roman. À une prochaine fois. Sur vos deux jambes, je l'espère. » La chirurgienne le salua poliment avant de disparaître dans son bureau. Elle eut vite fait d'aller s'asseoir sur son fauteuil vérifier que ses dossiers étaient bien à jour. Parmi ses papiers, elle remarqua ceux de l'adoption de Garrett, qui traînaient sur le bureau depuis des jours. Scarlett les observa longuement, avant d'attraper son stylo et de commencer à les remplir.
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