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 is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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MessageSujet: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeMar 24 Jan 2017 - 22:15

is it really possible to tell someone else what one feels?
Moira & Malachi & Artur



Il n’était pas dix heures du matin qu’Artur s’écroula pour la quatrième fois de la journée. Certes, son incapacité à dormir lui avait permis de prendre de l’avance, ses terreurs nocturnes ne faisant que se renforcer ces derniers temps jusqu’à le pousser à abuser de la caféine pour garder les yeux le plus longtemps ouverts, mais cette quatrième chute eu sur lui un effet bien plus dévastateur que les trois précédentes : Artur comprit que loin de s’arranger, son état empirait. Dangereusement. Et Ciaran s’avérant, de toute évidence, incapable de l’aider, il était seul. Seul dans son appartement, seul avec cet hématome naissant à la base de sa mâchoire, seul avec des vertiges et des nausées, seul, enfin, avec ses pensées disparates. Après être allé voir Ciaran, il avait cru, Artur, que le pire était passé. Après être allé voir Ciaran, celui qui l’avait toujours épaulé, qui avait toujours su et pu l’aider, il avait cru, l’Irlandais, pouvoir réellement remonter la pente et cesser d’osciller entre des faux plats et des dégringolades brutales dans des gouffres d’amnésie. Sombre idiotie. Douce illusion. Amère drogue à l’effet aussi éphémère que le manque, douloureux. Artur tituba jusqu’à sa salle de bain pour mieux chercher d’une main tremblante un semblant de solution, quelques cachets pour endiguer une migraine que rien, de toute manière, parvenait jusque-là à éliminer. Après être allé voir Ciaran, après l’avoir entendu rejeter avec autant de légèreté la piste d’un mutant, après avoir vu fragiliser les rares certitudes qu’il avait, en consolider d’autres, Artur s’était demandé si tous ses symptômes ne pouvaient pas être, finalement, que les conséquences d’une somatisation de son mal-être comme lui seul savait si bien le faire.

Mais la quatrième chute de ce matin parvint, enfin, à le convaincre qu’il ne faisait pas que rencontrer le sol et les meubles à une fréquence alarmante. Il avait besoin d’aide. Et Ciaran, Ciaran ne pourrait pas la lui apporter. Artur s’appuya au rebord du lavabo, fixa pendant une éternité de seconde son reflet dans la glace. Un reflet davantage digne d’un fantôme ou d’un de ces cadavres dont il analysait les circonstances de la mort que d’un jeune de vingt-sept ans. Artur frissonna. Depuis combien de mois laissait-il les choses traîner avec la ferme conviction que ça allait, forcément, finir par passer ? Le frisson se répandit dans tous ses muscles, ses doigts crispés blanchirent aux jointures de ses phalanges et Artur inspira. Ciaran, Ciaran n’était plus une option. D’Ellie… D’Ellie il n’avait plus de nouvelles mais peut-être avait-il, aussi, mérité ce silence par bien des aspects. La mutante avait été la première victime des trous de mémoire du Kovalainen, il l’avait repoussée, blessée, éloignée avec toute la force de sa colère. Ciaran, Ellie… son mentor et sa première, et dernière petite-amie en date étant tous deux éliminés, les pensées d’Artur se tournèrent vers celle qui avait été longtemps son premier choix. Un nom sitôt pensé, sitôt rayé tant leurs relations s’étaient dégradées, distendues, fragilisées avant d’exploser dans un soupir de colère. Dans un vaccin injecté dans leurs veines, à plusieurs mois d’intervalle. Un nom qui revenait s’imposer, maintenant que toutes les autres portes étaient fermées, décevantes ou hors de portée. Artur releva une nouvelle fois la tête, plongea son regard dans ses rétines, comme à la recherche d’une solution. Il n’y vit que le vide et des cernes, il n’y vit que des larmes et un soupçon de lucidité. La médecine n’était d’aucune utilité. La science, le temps et la rationalité… rien de tout cela n’avait fonctionné jusque-là. Artur ferma les yeux et expira tout l’air contenu dans ses poumons avant de se résigner à ployer le genou devant son intuition.

Une heure plus tard, il fut devant l’appartement qu’il savait être la nouvelle demeure de sa sœur. Un appartement, exagérément luxueux par son emplacement. L’appartement de Caesar, d’après le nom concaténé à celui de Moira sur la boîte aux lettres. Un colocataire qui inspirait au mieux le mépris à Artur, au pire le dégoût. Un colocataire auquel il ne parvint pas à penser plus d’une poignée de secondes, avant que son poing ne s’abatte sur le montant de la porte. Une fois, deux fois, trois fois. Artur, épuisé psychologiquement, physiquement, épuisé dans tous les aspects de sa vie, s’appuya au mur en fermant les yeux, en priant tous les dieux et les méandres du karma pour que ce soit bien sa sœur qui ouvre cette fichue porte. Il n’avait pas la patience de supporter l’orang-outan tombé de l’arbre qui avait soi-disant son âge. Et l’affection de Moira. Moira. La porte s’ouvrit, faisant sursauter le petit frère, qui prit les devants avant que sa sœur ne lui tourne le dos. « Moira, écoute-moi s’il te plait. J’ai… j’ai besoin que tu m’aides. Je… quelque chose ne tourne pas rond chez moi, je ne savais pas où aller. Ciaran… Ciaran n’arrive pas à m’aider. » Le gaélique se réfugia dans ses lèvres, comme pour lui apporter un peu de réconfort. Et d’intimité.

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeMar 24 Jan 2017 - 23:40

is it really possible to tell someone else what one feels?
Moira & Malachi & Artur



Le matin, j'avais toujours eu un petit rituel un peu étrange. Etant gamine, je me levais, vérifiais que j'avais toujours dix doigts et dix orteils, et avant même d'avoir ouvert les volets ou de mettre assurée que j'étais suffisamment réveillée pour mettre un pied devant l'autre, je me précipitais vers le lit d'Artur pour m'assurer qu'il n'avait pas été mangé par une bestiole pendant la nuit. Ça avait été comme ça pendant des années, du jour où on nous avait installés dans la même chambre à la veille de mes dix-huit ans, lorsque j'avais fais mes valises après avoir brillamment passé mes concours de musique. Pendant un temps, j'avais pris soin de toujours envoyer un sms à Artur au réveil pour lui souhaiter une bonne journée, mais le décalage horaire avait vite rendu la chose ridicule, et au bout de deux mois, il avait cessé tout simplement de me répondre. Depuis, je continuais à vérifier que tous mes orteils étaient là au réveil, et j'avais une pensée à défaut d'une présence pour mon petit frère.

Ce matin-là, quand j'ouvris les yeux, je fixais un long moment le plafond en me demandant ce que je fichais. J'étais là, comme une andouille, étalée dans le lit, à me demander à quoi rimait mon existence. J'avais une brillante carrière de soliste, une renommée internationale, des tronches plus ou moins corrects sur des disques et des enregistrements divers et variés... Et j'avais l'impression que tout le reste rimait avec fiasco. J'avais merveilleux gâché le peu qui restait entre Artur et moi, à tel point que pour la première fois de ma vie, je n'avais pu l'appeler pour son anniversaire – pourtant pas faute d'avoir essayé mais il avait refusé de décrocher. Jamais nous n'avions été de tels étrangers l'un pour l'autre. Et puis il y avait eu Aaron... Ah ça aussi, c'était un beau merdier ! Des mois à discuter, à rire, à échanger, à nous rapprocher... Un baiser échangé au pied d'un vieil arbre, le cliché digne d'un film à l'eau de rose au scénario beaucoup trop prévisible, et puis il avait fallu que Noël arrive. Noël, fête du partage, de la bonne bouffe... De la famille. Sa famille, je n'en faisais pas partie, cette petite peste ingrate de Celeste me l'avait suffisamment bien fait comprendre. Alors voilà, la grande, merveilleuse et trépidante vie sociale de Moira Kovalainen se résumait à se demander quelle connerie mon colocataire allait inventer, pourquoi mon frère était aussi... Lui, et pourquoi j'avais des sentiments beaucoup trop ancrés et obsessionnels pour un homme qui, de toute manière, ne pourrait jamais les partager puisque Sainte Celeste en avait décidé autrement. Plongée dans mes pensées, j'en fus tirée par une truffe humide posée sur mon bras ballant au bord du lit. Biscuit... Ah ! Heureusement que je l'avais ! Que serais-je devenue sans cette énorme boule de nerfs, d'amour et de poils !

Il devait être onze heures quand la journée passa d'ordinaire quoi qu'un peu étrange à complètement bizarre. Distraite, j'étais en train de m'énerver sur une pièce de Messiaen, dont les harmonies âpres m'écorchaient l'oreille plus qu'elles ne la ravissait. Mes doigts couraient sur les cordes, griffonnaient sur la partition, les jurons fusaient, et Biscuit me regardait avec un petit air triste. Heureusement, Marius avait mis les voiles avec sa boule de poils depuis plus d'une heure, me laissant seule avec ma frustration. J'avais presque réussi à jouer un trait tel que je le voulais quand trois grands coups sur la porte me firent sursauter. La dernière fois qu'on avait toqué si fort à la porte, c'était Griske... Certes, Marius avait fait installer une porte blindée depuis, mais je n'étais pas sereine pour autant et me dirigeais vers la porte, avec pour seule arme un archet au bout pointu et une corde de mi au cas où j'aurais à étrangler l'intrus. Courageuse, Momo, courageuse...

Ma surprise fut si grande en trouvant Artur sur le paillasson, que j'en oubliais que nous étions censés être fâchés, que j'aurais dû lui claquer la porte au nez et... Cela faisait longtemps que je n'avais pas entendu ni parler le gaélique. Cette langue avait toujours été notre refuge, avec Artur, comme un code qui nous convenait bien, un code que nous aurions été les seuls à comprendre. Cette langue, c'était l'expression de notre complicité, et je pinçais les lèvres un instant. Ou bien il était assez désespéré pour que le gaélique lui vienne tout seul, ou bien il cherchait à m'amadouer, et j'espérais pour lui que ce n'était pas la seconde solution. Si j'avais eu plus de volonté, je lui aurais dit de revenir avec des excuses avant de me demander un service, mais sa détresse était palpable, et la marque violacée sur son menton acheva de me faire paniquer.

« Oh mon Dieu, Artur, mais qu'est ce qu'il t'est arrivé ? Tu t'es battu ? On t'a frappé ? Entre, dépêche-toi. »

A peine Artur était-il entré que Biscuit relevait la tête et se mettait à grogner, les oreilles couchées en arrière. Il n'aimait pas mon frère, peut-être à raison, mais d'une manière beaucoup trop excessive.

« Biscuit, ça suffit ! », tonnais-je pour le faire taire.

Prenant Artur par les épaules, je l'amenais au salon et lui désignais le canapé, avant de m'éclipser jusqu'à la salle de bain pour y dénicher une trousse de premiers secours. De retour dans le salon, je m'installais près d'Artur et regardais son menton avec un air sévère. Plutôt pas beau à voir, cette blessure.

« On dirait que tu t'es carrément pris un truc dans la figure... », dis-je en sortant un tube de crème apaisante et anti-inflammatoire.

Pendant un long moment, je restais silencieuse et lui aussi. La pommade appliquée, je refermais la trousse et soupirais avant de me lancer.

« Je... je ne comprends pas, Artur. Ecoute, je... J'ai commis une erreur, la dernière fois, je n'aurais pas dû, j'ai... Et merde, je ne sais même plus parler... »

Incapable de tenir en place, je me levais et commençais à arpenter le salon en me passant une main dans les cheveux.

« Bon. Reprenons depuis le début. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sois aussi paniqué ? Qu'est-ce qui... Ne tourne pas rond chez toi ? »

A part sa violence, sa jalousie, ses penchants meurtriers, manipulateurs et destructeurs, tu veux dire ?

« Et pour l'amour du ciel, c'est qui, ce Ciaran ? » Demandais-je sur un ton agacé.

Consciente que dans son état, Artur n'avait vraiment pas besoin que je m'énerve, je m'approchais de lui, m'accroupis devant le canapé et lui pris doucement la main.

« On oublie nos différents, d'accord ? Raconte-moi tout et je... Je vais essayer de t'aider du mieux que je peux. »


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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeVen 27 Jan 2017 - 23:27

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Moira & Malachi & Artur



Les yeux fermés, Artur cherchait non pas à rester conscient, non pas à trouver son équilibre, à reposer son esprit en ébullition ou quoique ce soit d’autre, Artur cherchait à respirer. A se convaincre du bien-fondé de sa démarche, à trouver un sens à ses actions, une logique à ses émotions. Il était bouillant, le petit frère, et sa fièvre n’était au final qu’une des manifestations les plus évidentes de son état catastrophique. Premier domino à être tombé, le vaccin qui avait pourtant éliminé rapidement de son organisme laissait des marques, laissait des traces dans toutes ses craintes, dans son esprit en ruines et les décombres de ce qui avaient été pendant plus de dix ans de pures certitudes. Pendant un court instant, Artur se demanda ce qu’il faisait là. Puis, la raison de sa présence dans ce couloir retrouvée, il se questionna sur les secondes, interminables, qui allaient suivre. Et si ce n’était pas sa sœur qu’il trouverait une fois cette porte ouverte, que ferait-il ? Si personne ne répondait, qu’allait-il faire, vers qui allait-il pouvoir se tourner, où allait-il pouvoir aller ? Les questions s’entrechoquèrent sous ses paupières closes, s’envolèrent lorsque dans un grincement, la poignée tourna et répondit à ses coups portés un peu plus tôt pour s’annoncer. Artur prit tout juste le temps de respirer. Et laissa le gaélique prendre les devants, s’exprimer à sa place, lacéré le manteau d’hypocrisie qui protégeait d’ordinaire le petit frère pour le laisser, vulnérable, devant celle qui avait été si longtemps pour lui une ombre protectrice. S’il te plaît, un appel au secours qui allait être, et il le suppliait de tout son cœur, entendu par Moira. Il ne savait pas où aller, puisque Ciaran n’était plus une option. Il ne savait plus ce qu’il devait faire, Artur, il ne savait plus et c’était bien là le problème. « Oh mon Dieu, Artur, mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? Tu t'es battu ? On t'a frappé ? Entre, dépêche-toi. » Il releva la tête, tituba dans l’appartement sans même s’attarder à observer la décoration qui, pourtant, devait valoir le détour. Ses yeux cherchèrent un point d’appui, n’en trouvèrent pas à proximité et se reportèrent sur sa sœur, son seul point de repère pour le moment. S’était-il battu ? Un maigre sourire éclaircit un instant son visage émacié, sourire qui disparut au grognement de l’animal. Si Artur avait été un chat, il aurait très certainement feulé, craché et se serait réfugié sans plus tarder derrière Moira, mais pour le moment, enfermé dans le cocon d’un être humain, il se contenta d’ignorer l’animal d’une inspiration crispée attendant que Moira calme d’elle-même la serpillère qu’elle avait à coup sûr récupérée dans un caniveau quelques années plus tôt. « Biscuit, ça suffit ! » Il se laissa faire, le petit frère, le tout petit frère, se retenant tout juste de ne pas se prendre dans les bras de Moira comme un enfant terrifié. Il se laissa faire, Artur, lorsqu’elle le mena au salon, lui désigna le canapé jusqu’où il se déplaça d’un pas prudent pour mieux s’y installer, poser ses coudes sur ses cuisses et son front dans les paumes de ses mains. Déjà, Moira avait disparu, déjà, Moira revint armée d’une crème très certainement destinée à l’hématome qu’Artur sentait sur sa mâchoire, comme un rappel constant de la chute de trop

« On dirait que tu t'es carrément pris un truc dans la figure... » Il haussa les épaules. Artur n’était pas bagarreur, ne l’avait même jamais été. Colérique, par certains aspects, extrêmement susceptible par bien d’autres, il ne réglait ses problèmes que par des moyens détournés, sans que la violence physique et primaire n’entre à un seul instant en jeu. Artur était de ceux qui utilisaient, exploitaient, amplifiaient toutes les lois et les règles du système, les failles et les faiblesses de leurs adversaires pour les faire tomber et surtout les éradiquer. Eliminer la menace sans avoir à s’exposer. Il haussa les épaules, peu enclin à raconter à sa sœur que ce qu’il s’était pris dans la figure, ce n’était rien de plus qu’un meuble, que la seule chose qui l’avait frappé, c’était le sol venu brutalement à sa rencontre. Il haussa les épaules, et laissant Moira passer une pommade sur sa peau meurtrie, il confia ses battements de cœur au silence apaisant. Un silence reposant. Un silence dans lequel il eut la surprise de se sentir en sécurité.

Un silence qu’elle rompit d’un soupir. « Je... je ne comprends pas, Artur. Ecoute, je... J'ai commis une erreur, la dernière fois, je n'aurais pas dû, j'ai... Et merde, je ne sais même plus parler... » Muet, il leva les yeux, tenta dans son esprit de reconstruire dans leur intégralité les événements de la dernière fois. Un long frisson parcourut sa colonne vertébrale, ses doigts glissèrent dans sa nuque, où ne se trouvait plus depuis longtemps la marque laissée par le vaccin. En effet, elle n’aurait pas dû. « Bon. Reprenons depuis le début. Qu'est-ce qu'il s'est passé pour que tu sois aussi paniqué ? Qu'est-ce qui... Ne tourne pas rond chez toi ? Et pour l'amour du ciel, c'est qui, ce Ciaran ? » Il la regarda, toujours sans prononcer le moindre mot. Ce qui ne tournait pas rond chez lui ? Ses lèvres s’étirèrent à nouveau dans un sourire défait. Crispé. C’était une excellente question. « On oublie nos différents, d'accord ? Raconte-moi tout et je... Je vais essayer de t'aider du mieux que je peux. » Les yeux du benjamin Kovalainen se posa sur Moira, tout d’abord, puis descendit contempler sa main perdue dans celle de sa grande sœur, sans savoir par quelle question il devait commencer. Oublier leurs différends ?

S’il était ici, c’était précisément parce qu’il n’avait pas le choix. Parce qu’il devait trouver une solution, pactiser avec le diable, pour avancer. Artur se passa une main sur le visage, expira, chercha à reprendre contenance sans grand succès. « Ciaran… Ciaran est… » Qui était Ciaran au juste ? « … Il est celui qui m’a toujours écouté. Celui qui m’a toujours vu tel que je suis… » Il peinait à trouver ses mots, Artur. Parce que ses sentiments pour Ciaran étaient indescriptibles. « C’est mon meilleur ami, c’est même plus que ça, c’est… » Il haussa les épaules, balaya le sujet, se précipita sur une autre question. « Ca a commencé par des vacances au niveau de la mémoire procédurale. Puis de la mémoire à long terme, la mémoire immédiate. Des amnésies partielles, qui… qui ont tout détruit, là-dedans. » Ses index percutèrent ses tempes. « Mon esprit est un champ de bataille, il n’y a plus rien debout, tout ce qui reste de stable a des saveurs de… d’artificiel. Quelque chose ne tourne pas rond chez moi, tu as raison. » Il secoua la tête, incapable de trouver une autre manière de formuler tout ça. « Je te hais, je te hais juste tellement, tout comme je hais Andreas… mais ça n’a pas de sens de haïr à ce point, pas lorsque ça rentre autant en conflit avec… rationnellement, je sais qu’il est inconcevable que je haïsse à ce point ma sœur et mon père, parce que je ne pourrai jamais haïr celle qui savait chasser les monstres de mes cauchemars. » Artur prit son inspiration, une nouvelle fois. « Moira, quelqu’un joue avec moi. Quelqu’un joue avec mon esprit. Ciaran pense que… que je somatise tout ce qu’il s’est produit, avec toi, et Andreas… moi… je pense qu’il y a un dégénéré derrière tout ça. » Il leva vers elle un regard désespéré. Sans voile. Il n’avait plus la force d’élever la moindre brume d’hypocrisie derrière laquelle se cacher. « Est-ce que je suis fou ? »

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeDim 5 Fév 2017 - 23:33

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Moira & Malachi & Artur



Elle persistait, cette colère qui me faisait bouillir à chaque fois que je posais les yeux sur Artur. Elle persistait parce qu'elle était à l'image du souk monumental que nous avions tous fichu au sein de notre famille. On aurait pu croire que ça avait commencé au décès de ma mère, que sa disparition avait fracturé ce bel édifice qu'était la famille Kovalainen, mais c'était bien pire que ça, finalement. L'union qui avait fait notre force était un odieux mirage, la confiance sur laquelle je basais ma relation avec mon frère et mes parents était un mensonge. Mon père nous avait caché être un mutant tueur de chasseurs, mon frère était un chasseur tueur de mutants... Et maintenant ? On allait m'annoncer que ma mère était un fantôme mangeur d'enfants ? Et que moi j'étais... J'étais quoi au juste, à part une pathétique musicienne trop conne, trop naïve, trop encline à tout pardonner pour combler ce besoin désespéré que j'avais de résoudre les conflits ? C'était ça, mon gros défaut. Je voyais le monde en rose, en bleu, avec des papillons et des licornes et je n'avais même pas besoin de LSD pour ça. Je voulais pardonner Artur parce que c'était plus facile que de lui en vouloir, c'était moins douloureux, même si je devais lui concéder la victoire pour ça. Je préférais lui tendre la main que de le rejeter, et c'est exactement ce que j'étais en train de faire, agenouillée devant le canapé avec cette putain de ridicule ride soucieuse sur le front. Silencieuse – pour une fois – je l'écoutais me parler de ce Ciaran dont le nom ne cessait de revenir et qui m'énervais de plus en plus. Avant qu'il n'ait pu embrayer sur autre chose, je lâchais sèchement quelques mots.

« C'est faux. Il ne t'a pas toujours écouté ni... Ni compris. Avant c'était moi. Mais bon... Passons... »

Jalouse, la grande sœur, très jalouse quand on touchait à son petit frère, quand on tentait de me l'arracher. Ainsi donc, c'était son meilleur ami. Un meilleur ami incapable d'aider Artur, visiblement, un meilleur ami en mousse, voilà ce qu'il était. L'agacement fut passager et la culpabilité repris le dessus, aussi vive et cruelle qu'auparavant. Toutes les absences que subissait Artur, toute cette panique qui l'animait et ces oublis qui me perturbait, c'était de ma faute. Sans le vaccin, sans cette punition que j'avais cru bon de lui infliger, il n'aurait eu à subir tout ça. Et si jamais les choses ne revenaient jamais à la normale ? Si Artur gardait des séquelles du vaccin ? Si... Si je m'étais trompée et avais de nouveau foutu en l'air la vie de mon frère ? Cette idée m'était insoutenable au point que je venais à regretter de ne pas y être restée, 6 mois plus tôt. Artur n'aurait pas été vacciné, mon père n'aurait plus eu à subir les embrouilles qui animaient notre famille, Marius n'aurait pas à me supporter comme colocataire, et Aaron n'aurait pas vu sa situation familiale se dégrader plus encore à cause de mon égoïsme légendaire. A cet instant, j'en venais à me demander si ça n'aurait pas été une bénédiction pour tout le monde, que j'y reste. A part peut-être pour Biscuit qui, soucieux, s'approcha doucement et posa sa truffe humide sur mon bras. Un regard suspicieux en direction d'Artur, puis il consentit à s'asseoir avec nous, comme s'il avait décidé de faire une trêve.

Une trêve de courte durée, car à peine Artur avait-il fini sa phrase que je retirais ma main et me relevais, comme si je m'étais brûlée. J'avais souvent fait des cauchemars nous mettant en scène, mon frère et moi. Lui mourant, moi incapable de le sauver, ou d'autres scénarios tous plus morbides les uns que les autres. Mais il y en avait un que je n'avais jamais imaginé, qui n'avait jamais hanté mes pires cauchemars tant j'étais persuadée de son improbabilité. La haine de mon frère à mon égard. Ce n'était plus de rancœur ou un vague mécontentement, la haine c'était bien pire, c'était bien plus sournois, et surtout c'était bien plus tangible de l'entendre verbaliser la chose. Artur me haïssait, haïssait notre père, et je m'attendais à ce qu'il haïsse même son propre nom et renie sa famille. Tremblante, je sentis une larme rouler sur ma joue et repris mes allers et venus pour me calmer. Elle allait rester ancrer dans mon esprit, cette phrase. C'était inconcevable qu'il haïsse à ce point sa sœur ? Mais ça... Ça voulait bien dire que manipulation ou pas, Artur m'aurait haïe quoi qu'il arrive. Lorsqu'Artur eut fini de parler, je le fixais un moment, le menton tremblant de détresse et les yeux brillants de larmes.

Et puis soudain je réalisais qu'Artur venait de me donner toutes les clés pour enfin faire le lien entre lui, ce Ciaran et le reste. Sans un mot, je m'éclipsais jusqu'à ma chambre et entrepris d'y trouver mon téléphone qui, comme d'habitude, se trouvais à un endroit improbable, à sa savoir planqué entre les chaussettes et les pantalons, dans l'armoire. J'y cherchais alors le dernier message d'Aspen et le relu en vitesse, le cœur battant à tout rompre. Je sortis de la chambre, le téléphone en main.

« Tu ne somatises rien du tout, Artur. Des Ciaran, doit pas y avoir des masses dans la région, alors j'suppose que son nom c'est O'Doherty ? J'ai une très bonne amie qui a été... Disons confrontée à lui. »

Comment dire à mon frère, pourtant si méfiant et prudent avec les gens, qu'il se faisait manipuler depuis le début ? Je me pinçais l'arrête du nez et m'adossais au mur le plus proche en levant les yeux au plafond pour trouver le courage de lui dire ce que j'avais à dire.

« Ce n'est pas un mutant parmi tant d'autres que tu cherches, c'est lui. C'est Ciaran, le mutant. Aspen a enquêté sur lui, elle a découvert qu'il manipulait depuis des mois son... Presque copain, ex, bref on s'en fout. Tout ce qui importe, c'est que celui qui s'amuse à faire tourner les gens en bourrique, c'est lui. Je ne sais pas pourquoi tu as ce sentiment maintenant, peut-être que c'est le vaccin qui fait ça, mais ce type est un malade. Je m'en fiche que tu le vois comme ton meilleur ami, Artur, ça serait peut-être quelqu'un de génial sans ça... Mais tout ce que tu me décris est identique à ce qu'a vu Aspen. Tu n'es pas fou, tu es la victime d'un fou. D'un mutant dangereux, mais sois gentil, arrête de tous nous appeler dégénérés. Entre ça et mes cheveux roux, je vais finir par croire que même l'enfer me trouvera trop extrême à son goût. »

Une pâle tentative d'humour, j'esquissais un sourire qui sonnais faux et pris un moment pour réfléchir. Artur n'allait pas me croire, Artur allait m'affirmer que nooooon, Ciaran ne pouvait pas être le monstre que je décrivais, d'autant que j'ignorais à quel point sa relation avec Aspen pouvait être... Négative. Mais à mes yeux, la solution la plus simple était aussi celle qui tenait le plus debout. Je n'étais peut-être pas aussi futée qu'Artur, mais je lisais un paquet de thriller, ce qui me rendais un chouilla parano certes, mais me permettais d'arriver à la conclusion suivante : un mutant pourvu d'une mutation invisible, exerçant la psychiatrie, pour peu qu'il soit mégalo et sadique, c'était le scénario rêvé.

« Si tu... Si tu penses que tu me hais vraiment, que je raconte n'importe quoi, alors je suis désolée, Artur, mais je ne peux pas t'aider. Si tu penses qu'il y a une infime chance pour que tout ça soit vrai, j'ai peut-être une idée. »

A l'origine, je m'étais imaginé me pointant chez ce mutant, usant de ma mutation pour qu'il vomisse tripes et boyaux, pour qu'il haïsse les tableaux noirs et les craies jusqu'à la fin de ses jours, afin qu'il consente à libérer Artur de son emprise, mais j'avais le sentiment d'avoir mieux. Sentiment qui me fit un pincement au cœur lorsque je réalisais qu'Aaron n'était pas une option. Nous ne nous parlions plus, silence radio entre nous, à quoi bon me pointer chez lui, la bouche en cœur, et tomber en plus sur sa peste d'ado en pleine crise ? Non. Certainement pas. Mais Malachi connaissait Artur, Malachi était patient et surtout, Malachi maîtrisait à la perfection sa mutation. Si Artur était manipulé comme une marionnette, c'était peut-être d'un motiopathe qu'il avait besoin ? Seigneur, le raisonnement bancal que ça faisait...

« L'ennui c'est que je ne peux pas t'aider toute seule, Artur. J'ai besoin d'aide. De l'aide de quelqu'un que tu connais, en plus. Mais il faut que tu me promettes deux choses. Que tu ne lui feras aucun mal une fois remis sur pieds, et que tu ne t'approcheras plus de ce Ciaran. »

La grande sœur soucieuse, coupable ou même la grande sœur joviale avaient laissé place à la grande sœur responsable, celle désireuse d'aider son petit frère.

« J'te laisse le choix en ce qui concerne ton état. En revanche, si Ciaran est bien celui dont on m'a parlé, je ne peux pas le laisser continuer à agir ainsi. Pas s'il y a des risques qu'il continue à faire des ravages. »

Sans plus attendre, je saisis mon manteau, enfilais mes chaussures et grattouillais la tête de Biscuit en lui demandant affectueusement d'être sage jusqu'à mon retour. Je me relevais ensuite et fixais Artur. Si son attitude belliqueuse des huit derniers mois était due à ce mutant, alors tout serait terminé ce soir. Mon frère me serait rendu, mon frère serait libéré, et ce fou furieux de mutant finirait au mieux avec la justice aux basques, au pire avec une balle dans la tête, tirée par un chasseur qui serait ravi d'accrocher sa tête de cinglé dans son salon.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeJeu 9 Fév 2017 - 16:53

is it really possible to tell someone else what one feels?
Moira & Malachi & Artur



« C'est faux. Il ne t'a pas toujours écouté ni... Ni compris. Avant c'était moi. Mais bon... Passons... » Artur fixa des yeux hagards sur sa grande-soeur. Hagards mais animés d’une certaine colère. Passons. Elle se vexait, elle se vexait pour si peu, vraiment ? Ne comprenait-elle pas qu’il n’y avait de toujours que parce que jusqu’à présent, il n’y avait pas eu de trahison du côté de Ciaran, pas eu de désertion, pas eu d’abandon contrairement à celui auquel elle l’avait soumis, elle, il y avait de cela plus de dix ans maintenant ? Qui était Ciaran, au juste ? Artur ferma un instant les yeux, préféra jouer sur l’honnêteté, peu enclin à se battre pour se retrancher derrière un masque qu’il ne parvenait de toute manière plus à porter sans étouffer.

L’honnêteté. Si Artur avait toujours partagé avec sa soeur et sa mère - inutile de parler du père dans ce cas là - un avis positif à son propos, c’était un concept auquel il ne prêtait plus vraiment d’attention depuis des années. Oh, c’était un bon principe, presque touchant de candeur, mais ce n’était en aucun cas un principe viable sur le long terme et, de plus en plus souvent, Artur en venait même à douter de ses bons fondements. Dans tous les cas, cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas cherché à vraiment renouer avec une sincérité dépouillée d'hypocrisie, dénuée de faux-semblants, une honnêteté crue et tranchante. Et jamais il ne se serait douté qu’il y viendrait avec des propos aussi agressifs qu’une haine tangible et réelle pour tous les membres de sa famille, excepté sa mère pour laquelle il conserver envers et contre tout une tendresse indestructible. Il haïssait Moira. Les mots délaissèrent dans sa gueule un amer goût de vérité acre. Il haïssait Moira, c’était un fait, un fait qu’il énonça comme tous les autres, comme s’il se contentait de lister les prémices d’une démonstration. Il haïssait sa soeur, sa soeur qui se jetait sur lui lorsqu’il trébuchait dans la neige pour l’aider à se relever, sa soeur qui l’avait parfois laissé gagner parce que, mauvais joueur, il commençait à se renfrogner, sa soeur qui lui racontait des histoires avant de dormir, sa soeur qui lui chantait des berceuses, sa soeur qui peuplait ses souvenirs diffus avec une omniprésence obstinée. Ca n’avait pas de sens, et là était le point crucial de son raisonnement, celui que Ciaran avait écarté d’une main agacée. Ca n’avait pas de sens, pas plus que tout le reste, pas plus que ces constructions sentimentales stables au milieu d’un champ de ruines. Il déroula son raisonnement, il exposa ses conclusions une à une, les yeux baissés en direction de ses mains, en direction du sol, en direction de tout sauf de sa soeur.

Et ce fut seulement pour sa dernière question qu’il prit son courage à deux mains pour contempler les yeux bleus, et humides, de Moira. Etait-il en train de devenir fou ? Réellement fou ? La question le torturait autant que l’incertitude. Et les larmes dans le regard de sa soeur n’en étaient que plus douloureuses. Il la haïssait mais une part de lui se débattait pour l’aimer fort, si fort que toute la construction pourrait s’en retrouver brisée. Le gaélique non plus ne rendait pas la tâche facile, en l’enveloppant, en les enveloppant comme pour mieux les protéger. Les protéger de cette haine, de cette colère, de ce dégoût qui l’animait à chaque fois qu’il posait son regard sur Moira. Etait-il fou ? Moira se leva brusquement, Artur resta assis, à la suivre du regard. “Moira ?” Ses yeux dérivèrent sur l’animal massif qui le fixait d’une attitude clairement hostile, dont l’origine était connue aussi bien que connue d’Artur aussi bien que diffuse. Aucun sentiment stable à son égard. Strictement aucun. Du dédain, bien évidemment, du mépris et un désintérêt palpable, un peu d’affection aussi pour le chien. Une nuance et une substilité qui n’existaient pas lorsqu’Artur contemplait l’étendue des sentiments qu’il éprouvait pour le reste de sa famille. Et ce seul fait rendait plus tangible encore les convictions du cadet Kovalainen. Le retour de Moira l’arracha à ses pensées, les mots qu’elle lui lança le firent avec violence et agressivité. « Tu ne somatises rien du tout, Artur. Des Ciaran, doit pas y avoir des masses dans la région, alors j'suppose que son nom c'est O'Doherty ? J'ai une très bonne amie qui a été... Disons confrontée à lui. » Il ouvrit la bouche, incertain. “O’Doherty, oui. Il est irlandais, comme nous” se sentit-il obligé de rajouter, pour mieux défendre l’homme qui était plus qu’un pilier dans sa vie depuis plus d’une décennie. Une bonne amie confrontée à lui ? Il haussa les épaules en l’observant s’adosser au mur. Ciaran était un hunter. Et s’il ne se mouillait pour ainsi dire jamais, il était possible qu’il ait fait une exception et… « Ce n'est pas un mutant parmi tant d'autres que tu cherches, c'est lui. » Artur cilla. « C'est Ciaran, le mutant. » Il ferma les yeux. “Tu mens” Le finnois vint se heurter au gaélique, aspérité accrochant la douceur. « Aspen a enquêté sur lui, elle a découvert qu'il manipulait depuis des mois son... presque copain, ex, bref on s'en fout. Tout ce qui importe, c'est que celui qui s'amuse à faire tourner les gens en bourrique, c'est lui. » Un frisson parcourut sa colonne vertébrale, Artur se leva brusquement, faisant bondir le berger sur ses pattes. “Aspen, Wolstenholme ?” parvint-il instantanément à cracher. “Tu frayes avec des hunters maintenant ? Je suis l’exception dans ta haine ?” Il chancela. « Je ne sais pas pourquoi tu as ce sentiment maintenant, peut-être que c'est le vaccin qui fait ça, mais ce type est un malade. Je m'en fiche que tu le vois comme ton meilleur ami, Artur, ça serait peut-être quelqu'un de génial sans ça... Mais tout ce que tu me décris est identique à ce qu'a vu Aspen. Tu n'es pas fou, tu es la victime d'un fou. D'un mutant dangereux, mais sois gentil, arrête de tous nous appeler dégénérés. Entre ça et mes cheveux roux, je vais finir par croire que même l'enfer me trouvera trop extrême à son goût. » Le frisson se transforma en tremblements à l’instant où l’intelligence d’Artur acheva de piétiner ses rares certitudes. Ciaran, par bien des aspects, concordait en tout point avec la description qu’Artur avait pu faire du mutant qu’il cherchait. Ciaran, par bien des aspects, avait toujours été aux moments les plus cruciaux de la vie adulte d’Artur. A moins qu’il n’ait provoqué ces moments cruciaux. Ciaran, enfin… Le petit frère balaya la tentative d’humour de sa soeur d’un regard des plus noirs, alors qu’il s’éloignait d’elle autant que possible. Ca ne pouvait pas être vrai. Le sentiment de loyauté qu’il ressentait et qui le liait à Ciaran était indestructible, il n’avait pas le droit de douter, pas le droit de douter de son mentor. Un sentiment indestructible, vraiment ? Artur chancela une deuxième fois, son dos heurta un mur. “Moira… ça ne peut pas être vrai…” S’il crachait un peu plus tôt, cette fois sa voix fut une supplique. “Tu me détestes tant que tu t’amuses à m’enlever mon seul véritable ami ?” Il était pathétique, il était pitoyable le petit frère, mais son monde déjà en ruines voyaient ses dernières constructions stables et naturelles se détériorer pour révéler, là encore, des structures artificielles et désormais perverties. Tous, absolument tous ses sentiments étaient retouchés. Modifiés. Salis par les hypothèses de sa soeur. Salis par les conclusions de son intelligence. Salis par son aveuglement. Les genoux d’Artur flanchèrent mais il se refusa à se laisser glisser au sol. « Si tu... Si tu penses que tu me hais vraiment, que je raconte n'importe quoi, alors je suis désolée, Artur, mais je ne peux pas t'aider. Si tu penses qu'il y a une infime chance pour que tout ça soit vrai, j'ai peut-être une idée. L'ennui c'est que je ne peux pas t'aider toute seule, Artur. J'ai besoin d'aide. De l'aide de quelqu'un que tu connais, en plus. Mais il faut que tu me promettes deux choses. Que tu ne lui feras aucun mal une fois remis sur pieds, et que tu ne t'approcheras plus de ce Ciaran. » Les mots de Moira glissaient, eux, sur Artur sans qu’il ne parvienne à les retenir. Ciaran ne pouvait pas être le mutant en question. Artur ne pouvait pas, tout simple, il ne pouvait pas concevoir avoir été aussi… aveugle. Si tu penses qu’il y a une infime chance pour que tout ça soit vrai... Les yeux d’Artur voulurent percuter ceux de Moira. “Je ne veux pas que tout cela soit vrai…” avoua-t-il, d’une petite voix, incapable de mobiliser pour le moment une quelconque colère. “Je n’arrive pas à te faire confiance. Et je n’arrive pas à ne pas lui faire confiance. Tu ne peux pas me demander de... ” Qu’était-il venu faire ici, déjà ? Lui demander de l’aide. Et de l’aide, elle lui en offrait, elle lui en proposait. Et que faisait-il présentement ? Artur s’écroula, en proie à une migraine plus violente que toutes les précédentes, exacerbées par l’instabilité psychologique dont il était la victime, la victime écartelée, la victime démembrée. “Je ne veux pas que tout cela soit vrai…” L’aveu voulait tout dire. Indépendant, autonome, libre de la volonté d’Artur, il signifiait finalement toute la complexité de ses pensées. S’il ne voulait pas que tout cela fusse vrai, cela ne pouvait que sous entendre qu’il savait que ça l’était… et ça, ça, c’était le pire finalement.

« J'te laisse le choix en ce qui concerne ton état. En revanche, si Ciaran est bien celui dont on m'a parlé, je ne peux pas le laisser continuer à agir ainsi. Pas s'il y a des risques qu'il continue à faire des ravages. » Il releva la tête, ouvrit de grands yeux en la voyant saisir son manteau, enfiler ses chaussures. Que voulait-elle dire par ne pas le laisser continuer à agir ainsi ? Artur se redressa brusquement, pour se jeter entre Moira et la porte d’entrée, de la sueur crispée perlant à ses tempes. “Non ! Laisse le !” Sa loyauté envers Ciaran, son affection réelle pour l’homme accentua ses tremblements. “Tu ne peux pas faire ça, il… il est tout pour moi ! Tu… Ciaran n’a rien à voir avec ça, je…” La voix d’Artur se brisa, en même temps que son esprit qui le suppliait d’aller trouver Ciaran et de s’excuser, alors que son intelligence lui sommait sans plus tarder de s’en remettre complètement à sa grande-soeur, à son idée et à ce quelqu’un qu’elle connaissait et qu’il, apparemment, connaissait lui aussi. Un mutant, à n’en pas douter. Les bras d’Artur se levèrent pour se mettre en garde, alors qu’il ne tenait pas debout. “Ciaran est mon ami, il ne peut pas… il n’oserait pas… il… ce que je ressens pour lui, ce que je ressens pour toi, ce sont les dernières choses stables dans ma tête, je ne veux pas croire que tout ça soit faux…” Les larmes dégringolaient maintenant en cascade sur ses joues, alors que la panique raffermissait étrangement sa voix pour mieux lui offrir un semblant de conviction. “Si tout cela est faux, alors il ne restera rien de moi…” Artur était venu avec la certitude qu’on le manipulait, avec la certitude que de ce qu’on pouvait assimiler, dans son esprit, à des structures métalliques et tout sauf naturelles révélées dans la terre après que la pluie a érodé tout le reste, que ces structures n’avaient rien à faire là et devaient être détruites. Mais maintenant que Moira le soutenait dans son hypothèse, maintenant qu’elle venait de pointer si justement du doigt le plus inattendu mais aussi le plus logique des responsables, Artur ne pouvait pas tolérer la lumière du soleil et préférer rester dans son obscurité pour mieux éviter de voir à la lumière l’immondice que c’était.

La migraine passa un cap supplémentaire, ses pensées de plus en plus écartelées entre des sentiments qui n’avaient pas lieu d’être et la lucidité de son raisonnement logique. La migraine enfla tant et si bien qu’Artur n’y voyait plus, que des éclairs de lumière passaient dans son champ de vision et que le sol refusait d’être immobile. Il n’en eut pas conscience, le petit frère, mais il s’écroula brutalement, évanoui, frêle marionnette dont on venait de couper les fils et dont toutes les ressources avaient été siphonnées par l’errance et l’incertitude jusqu’à ne laisser en lui qu’une impuissance des plus grandes.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, sa migraine avait disparu, n’ayant plus raison d’être puisque son esprit était enfin au repos. Lorsqu’Artur rouvrit les yeux, il n’était plus dans l’appartement de sa soeur. Bien au contraire. Il était dans un lit, recroquevillé sur lui-même comme ses nuits agitées avaient l’habitude de le délaisser au réveil et ses pensées étaient confuses, plus que confuses. Lentement, alors que ses joues craquelées de larmes séchées se rappelaient à son bon souvenir, quelques éléments lui revinrent, tous plus pathétiques les uns que les autres. Les chutes de la matinée, sa décision d’aller voir Moira puisque Ciaran ne pouvait plus l’aider, et… Ciaran. Les émotions d’Artur explosèrent brutalement dans sa poitrine, comme sa panique. Ciaran, d’après Moira, était un mutant. Ciaran, toujours d’après Moira, était celui qui le manipuler. Qui le prenait par les sentiments, et cela sans que ce ne soit une expression. Ciaran, enfin, qui… Artur chercha à se lever, sentit un vertige lui intimer de se recoucher mais s’obstina. Moira. Ciaran. Des bouffées de colère s’entremêlèrent à sa terreur, les deux se conjuguèrent et s’accordèrent à la haine et l’affection qui combattaient en son sein, sans que l’une ne parvienne à prendre le dessus sur l’autre. Des voix guidèrent Artur hors de la chambre, ses yeux se posèrent sur les silhouettes un peu plus loin dans le couloir et le petit frère ne tarda pas à reconnaître la première. Moira. La seconde, elle, ne pouvait qu’être la connaissance de sa soeur, celle qui, soit disant, aller pouvoir l’aider. Il ne mit qu’une fraction de seconde supplémentaire pour le reconnaître. Et guère plus pour faire un pas en arrière. Son père, Moira, Ciaran ? et maintenant. “Malachi ? Tu ne vas pas me faire croire que lui aussi… que toi aussi…” Il regarda autour de lui, Artur, ses émotions aussi instables que ses sentiments pour sa soeur, alors que ceux pour Malachi lui semblait aussi limpides qu’apaisants. De très vieux souvenirs, mais surtout une déception, une méfiance et une désillusion toutes trois naturelles. Et dénuées de haine. Juste agrémentées de colère, juste saupoudrée de panique. “Où est-ce que je suis, qu’est-ce que… Ciaran ! Tu veux lui faire du mal ! Vous voulez lui faire du mal ! Il est innocent, c’est un hunter, ce n’est pas un mutant, c’est…” La loyauté d’Artur, son amour sincère, fraternel, illimité pour Ciaran étaient tous les deux là, prêts à remonter à la surface à la moindre sollicitation. Conditionnés se moqua son intelligence. Artur s’appuya à un mur, acculé. sa voix fut aussi pâle que lui, lorsqu’il regarda Malachi. “Je crois… je crois que j’ai besoin d’aide…”

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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeLun 20 Fév 2017 - 22:11

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Moira & Malachi & Artur



Au tout début de cette histoire, Malachi n'avait pas vraiment su quoi penser de tout cela. La première fois que Moïra était venue s'asseoir sur son canapé, l'air complètement désorienté, pour lui raconter ce qui arrivait à son petit frère, il était resté silencieux, longtemps. Pendant des années, il s'était demandé à quoi pouvait ressembler une capacité similaire à la sienne, entre les mains d'une personne malveillante. Aujourd'hui, ce que son amie lui avait rapporté était ce qui se rapprochait le plus d'un scénario de cauchemar : une torsion émotionnelle si forte qu'elle reconditionne totalement une personne. Une pression surnaturelle si forte qu'elle déchire un amour filiale, qu'elle isole un être pour le pousser à la folie ou presque. L'idée lui paraissait folle, malsaine, et pourtant terriblement crédible. Accessible, du bout des doigts, pour quelqu'un qui sait s'y prendre. Un autre lui qui aurait décidé que ses intérêts seraient ailleurs que dans la sécurité et la protection de son prochain. Alors il avait demandé à Moïra de lui raconter, tout, du début jusqu'à la fin, le moindre détail, le moindre changement dans le comportement du jeune homme qu'il connaissait depuis leur plus tendre enfance. Artur n'avait jamais été un enfant très bavard, pas plus qu'il n'était un adolescent bruyant, mais puisque Malachi était fait du même bois, ils s'étaient toujours bien entendus, sans forcément être véritablement proches. S'ils avaient cessé de se fréquenter, c'était plus par l'ordre naturel des choses qu'à cause d'une quelconque dispute : chacun avait fait son chemin, dans son coin, et ils s'étaient un peu perdus de vue. Quoi qu'il en soit, la personne que Moira lui décrivait ne ressemblait en rien à l'Artur qu'il avait connu. Pire encore, l'idée qu'il ait pu être manipulé à ce point là lui faisait froid dans le dos. Qu'un mutant ait la patience et la dextérité de pousser quelqu'un dans ses retranchements mentaux à ce point là, cela laissait songeur, mais pas vraiment dans le bon sens. Quand l'idée de ramener le jeune chasseur au manoir … Ca ne lui plaisait pas vraiment, compte tenu de la présence d'Elsa et de Peter, mais aussi du nombre de dossiers sensibles qui se trouvaient pas plus loin qu'à l'intérieur de son bureau. Qu'artur puisse découvrir ne serait ce qu'un dixième de ce qu'il se passait au manoir serait une catastrophe, et Moira le savait, mais … Où, alors, si ce n'était ici, lui avait elle demandé. Elle marquait un point, et après de longues tergiversations internes, il lui avait dit de l'amener ici. Ils trouveraient une solution. Ils trouvaient toujours une solution.

Quand les Kova avaient passé le pas de la porte, Malachi avait soupiré, avant de s'effacer pour les laisser passer, avant d'aider l'ainée à tirer le cadet jusqu'à l'une des chambres, un peu à l'écart des autres. Il avait résumé rapidement la situation à Elsa qui avait accepté d'amener Peter ailleurs pour la journée. Elle ne reviendrait qu'une fois qu'il lui aurait confirmé que la voie était libre. Au passage du frère et de la sœur, il avait cillé devant l'intensité des émotions en place, mais aussi à cause de leurs confusions. Il ne savait pas ce qu'ils avaient pu se raconter, mais Moïra était chamboulée. Artur lui était ...et bien, il était inconscient, bien sur, mais il y avait quelque chose d'autre, qu'il n'avait jamais vu auparavant. Malgré son inconscience, l'aura du jeune homme pulsait d'une lumière étrange... tordue. Comment une lumière pouvait elle être tordue ? Il n'en avait aucune idée, mais il voyait des choses que nul autre appréhendait, aussi il ne trouvait pas d'autre adjectif pour qualifier ce qu'il voyait dans sa poitrine. C'était abimé, indéniablement. La question, c'était de savoir à quel point … Artur ainsi installé, il arrêta Moïra dans le couloir, posant sa main sur son bras avec un sourire rassurant, lui envoyant une onde de réconfort : Artur était là, c'était une bonne chose, ils allaient enfin pouvoir l'aider et faire quelque chose contre ce qui le rongeait de l'intérieur. Il aurait voulu être plus précis, sur le pourquoi, le comment, mais il était totalement dans le flou pour le moment, alors … Il était en train de proposer à la jeune femme d'attendre le réveil d'Artur dans le salon, quand celui ci émergea de la chambre en titubant, le fixant avec un mélange de surprise et d'amertume. Malachi lui offrit un sourire, celui qu'il offre d'ordinaire aux jeunes mutants désorientés qui se réveillaient dans des draps propres pour la première fois depuis des mois.

- Je suis navré que nous ayons eu à en arriver à de telles extrémités, Artur... Mais tout va bien se passer, tu es en sécurité.

L'aura d'Artur était un charbon ardent, alors qu'il balbutiait des propos qui n'étaient probablement cohérents que pour lui, avalant la moitié de ses phrases, son regard passant de l'un à l'autre à la recherche du moindre éclat auquel se raccrocher. De l'aide, oui, il en avait besoin. Alors Malachi s'approcha, lentement, comme face à un animal craintif, tendant la main au jeune sans rien toucher à son aura. Il faudrait déclencher naturellement bien des émotions pour qu'il puisse faire le tri entre le vrai et le factice... Mais pour cela, il fallait qu'il s'assoit, qu'ils en discutent, d'une manière ou d'un autre.

- Si tu veux, nous allons nous installer dans le salon, je vais préparer du thé et sortir du jus de fruits, et nous allons discuter. Juste discuter, d'abord. De toi, de ce Ciaran qui semble t'être vraiment … précieux … Nous allons simplement t'aider, Artur, comme nous l'avons toujours fait, les uns pour les autres.

Il jeta un coup d'oeil à la rousse, alors qu'il attira doucement Artur vers le canapé, quelques pas plus loin. Il n'osait pas imaginer ce qu'il se passait dans la tête de son amie, ce qu'il voyait dans son aura lui brisait déjà le cœur ...
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeDim 5 Mar 2017 - 22:41

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J'avais toutes les peines du monde à ne pas craquer, à rester stoïque et surtout à aider Artur alors qu'il était évident qu'il se sentait terriblement mal et perdu. Comment avais-je pu être aussi aveugle ? Comment avais-je pu ne pas voir ce qui se tramait dans mon dos, alors même que je reconnaissais de moins en moins mon petit frère ? Si j'avais été moins préoccupée par toutes les emmerdes qui m'étaient tombées dessus d'un coup, peut-être aurais-je été capable de voir tout ça. Pourtant... Rien ne justifiait une telle animosité dans les mots d'Artur. J'avais beau savoir qu'il était manipulé, il m'était difficile de ne pas me sentir blessée par la facilité avec laquelle il m'avouait me haïr. La haine d'un frère, c'était pour moi un fratricide en soi, je ne pouvais concevoir que celui avec qui j'avais grandis et partagé tant de choses soit non pas devenu un étranger mais même un ennemi. Non. Je refusais tout ça en bloc.

Mon téléphone en main, je voyais toutes les pièces du puzzle se mettre en ordre et un odieux dessin se profiler devant mes yeux. Aspen avait raison. Des Ciaran, on en croisait peu Etats-Unis. Des O'Doherty encore moins. Qu'il le veuille ou non, Artur était poursuivi par le fantôme de sa jalousie et de rancœur, personnifiés en cet homme, ce mutant, ce monstre, car il fallait bien dire les choses telles qu'elles étaient. « Tu mens »... Artur ne me croyait pas, et ça ne m'étonnait même pas. Mais plus que cette révélation, ce fut le nom d'Aspen qui le fit tiquer. J'avais cru comprendre que mon amie n'appréciait pas beaucoup Artur, mais j'ignorais que c'était à ce point, qu'il y avait une sorte de... Détestation mutuelle entre eux. Génial... Artur se leva en même temps que je levais les yeux vers avec un regard de défi, et luttais de toutes mes forces pour ne pas faire un pas en arrière. J'avais peur de mon frère, c'était bien là tout le problème. Je croisais les bras et, avec le même mépris, lui murmurais quelques mots d'une voix glaciale.

« Aspen Wolstenholme, oui. C'est une amie. »

Il attaquait ? J'attaquais aussi. Croisant les bras contre ma poitrine, je répondais avec plus de maturité et de sagesse que ce à quoi j'avais habitué Artur. Quelque chose qu'il n'attendait probablement pas de moi.

« Ça fait bien longtemps que je ne hais plus qui que ce soit, Artur. J'ai passé ce stade, parce que la vie est bien trop courte pour qu'on la passe à haïr. Tout chasseur que tu es, tu restes mon frère, et ne pas cautionner tes idées ne m'empêche pas de t'aimer. En revanche, en ce qui concerne Aspen, elle au moins a eu la décence de m'accepter en tant que personne et non boule d'ADN défectueuse. Ça ne te ferait peut-être pas de mal de prendre exemple sur elle. »

J'observais Artur comme si c'était la première fois que je le voyais. Il était nerveux, agité, perturbé... Dans sa tête devaient se battre trop d'idées contradictoires pour qu'il parvienne encore à réfléchir convenablement. Je serrais les poings d'impuissance. J'aurais aimé pouvoir prendre mon frère dans les bras, lui dire que je serais là pour l'aider, quoi qu'il arrive, qu'ensemble nous nous en sortirions, mais tant de choses nous éloignaient que je commençais à en douter. Il était tellement rongé par une gangrène faite de haine et de faux sentiments que je doutais que qui que ce soit puisse encore le sauver. A mesure qu'il s'éloignait dans la pièce, je prenais conscience de tout ce qui nous séparait et nous opposait par bien des aspects.

« Tu te trompes complètement, Artur. Je ne t'ai jamais détesté, je n'en serai jamais capable. Je ne sais pas si on t'a mis cette idée en tête ou si tu t'en es persuadé, mais tu me connais. Tu me connais mieux que personne, je ne sais pas mentir. Je t'aime, Artur, mais je suis démunie parce que je n'ai pas su voir ta détresse plus tôt et crois-moi, j'en suis désolée. Je n'ai pas envie de t'enlever ton ami, je veux simplement que tu prennes conscience que celui qui te manipule est bien plus proche de toi que tu ne veux bien l'admettre. »

Mon visage était fermé, ma voix glacial, mais je ne pouvais rester indifférente à cette petite voix suppliante qu'avait Artur. Il était bien plus doué que moi pour mentir et manipuler les gens, mais je le connaissais suffisamment pour savoir quand il était honnête.

« Je sais, Artur », dis-je dans un soupir,« Crois-moi, si les choses pouvaient être différentes, ce serait plus simple mais... Demande-toi si tu le connais vraiment. Que t'a-t-il confié ou dit de lui ? »

J'étais absolument certaine qu'au fond, Artur connaissait moins ce type qu'il me connaissait moi. Difficile de ne pas sentir la jalousie m'étreindre quand j'avais le sentiment que mon frère préférait accorder sa confiance à n'importe qui. Il était définitivement hors de question que je laisse ça se faire, et j'avais déjà commencé à enfiler mes chaussures et mon manteau pour prendre les choses en mains, quand Artur se jeta entre moi et la porte. Les yeux écarquillés de surprise, je restais un moment à l'observer, ne sachant plus trop si j'avais mon frère, toujours sage, calmé et mesuré devant moi, ou un parfait inconnu hystérique. Il est tout pour moi... La remarque me percuta comme un poing dans le ventre, mais il m'acheva en parlant de ses sentiments.

« Alors c'est ça... Tu vas t'accrocher à ta haine envers moi parce qu'elle te semble logique, tout comme tu vas rester scotché à cette adoration malsaine qui t'anime pour lui ? Tu préfères être le pantin d'un fou si ça peut te faire croire que tu es sain d'esprit ? Si c'est ça, Artur, je préférerais te savoir fou. »

Dans un accès de colère, j'allais le repousser, le laisser seul comme un idiot au milieu du salon pour aller trouver Malachi et chercher une éventuelle solution avec lui. Je l'aurais fait si seulement je n'avais pas vu Artur pâlir et chanceler sur le paillasson. Dans un geste instinctif, je me précipitais sur mon frère au moment où il s'écroulait, et failli bien tomber avec lui, surprise par son poids. C'est que la dernière fois que je m'étais retrouvée ainsi, Artur était un petit poids plume entrant tout juste dans l'adolescence, et non un jeune homme entraîné ayant mangé un peu trop de soupe à mon goût. Paniquant, je lui donnais de petites claques et réalisais soudain qu'en plus d'être trempé de sueur, Artur était brûlant de fièvre. Soucieux, Biscuit s'approcha et colla sa truffe froide contre le cou de mon frère mais rien n'y fit. Cette fois, il fallait vraiment que je me bouge ou appelle une ambulance, mais... C'était peut-être ma seule chance de convaincre Artur de se faire aider. Comptant sur l'obéissance de mon chien, je le laissais seul dans l'appartement, attrapais mes clés et hissais Artur contre moi, un bras autour de mes épaules. Galérant comme jamais, j'appelais rapidement et taxi et comptais les minutes qui me séparaient de chez Malachi, la boule au ventre.

Lorsque j'arrivais, totalement à l'improviste, mes propos me semblèrent si incohérents que je me demandais si Malachi arrivait seulement à comprendre un mot sur cinq.

« Je suis désolée, Mal', je voulais pas... Mais il est tombé, et j'avais pas le choix, Ciaran... Ciaran le manipule et il est brûlant de fièvre... Je sais plus quoi faire... »

La panique m'animait, les larmes faisaient briller mes yeux et d'incontrôlables tremblements me faisaient perdre le contrôle de mes mouvements. Remerciant à cinq ou six reprises Malachi lorsqu'il me laissa entrer, je le suivis jusqu'à une chambre où il m'aida à allonger Artur sur le lit. Une fois ressortis, je me passais la main dans les cheveux, toujours aussi nerveuse. Esquissant un pauvre sourire, j'appréciais le réconfort dont mon ami me couvrit mentalement.

« Merci... J'ai paniqué. Il s'est évanouit d'un coup, je crois qu'il a de la fièvre, mais il n'a pas l'air malade... Enfin pas physiquement. Je sais pas vraiment ce qu'il a, Malachi, mais ça le ronge de l'intérieur. J'ai peur que ça ne finisse par le... Le tuer. »

Ma voix s'étrangla dans un sanglot, tandis que je regrettais de ne pas avoir directement conduit Artur à l'hôpital. Comme si un médecin habitué à traiter des grippes et des chevilles cassées pouvait s'occuper d'un cas pareil... J'allais poursuivre, demander à Malachi s'il avait une idée de la manière dont il allait s'y prendre pour aider mon frère, mais ce moment qu'Artur choisi pour tituber hors de la chambre.

« Artur ! Retourne t'allonger, tu vas te... »

Je n'eus pas le temps de terminer ma phrase que déjà, Artur s'emballait, et j'avais presque l'impression d'entendre d'ici les battement affolés de son cœur.

« Calme-toi, Artur, Malachi ne te veut aucun mal. Personne ne veut faire de mal à Ciaran non plus, nous voulons simplement t'aider. »

Hunter et innocent dans la même phrase, ça sonnait tout de même comme une belle grosse claque dans la figure de nous autres mutants qui tentions désespérément de survivre dans un monde qui ne voulait pas de nous. Je laissais Malachi prendre le relais, il était plus à même de gérer ça et surtout bien plus calme que moi, qui tremblais à peu près autant qu'Artur. Je les suivis au salon, m'installais au bord d'un fauteuil, comme si je voulais me tenir prête à bondir en cas de problème, et me triturais maladroitement les mains. Alors que Malachi rassurait Artur, je hochais la tête en offrant mon sourire le moins crispé à mon frère.

« On va t'aider, d'accord ? Tu peux parler sans retenue. »

J'avais presque l'impression que nous tentions de lui imposer une thérapie pour je ne sais quelle dépression ou hystérie, mais je ne voyais pas d'autre moyen de l'amener à parler. Perturbé comme il l'était, Artur avait besoin de calme, de douceur et d'un peu de silence, raison pour laquelle je n'insistais pas plus.
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeVen 24 Mar 2017 - 23:10

is it really possible to tell someone else what one feels?
Moira & Malachi & Artur



Une terreur sans nom. Une désillusion des plus complètes. Et, pire que tout… une chute, une chute continue, une chute qui ne pouvait mener que vers un seul lieu : un charnier à ciel ouvert où Artur était condamné à agoniser, lentement, sûrement, sans espérance possible. La terreur était présente dans ses veines, comme un rappel constant de ces sables mouvants sur lesquels il évoluait depuis trop de temps maintenant. Des sables mouvants qui avaient fini par l’avaler, qui étaient en train de lui compresser la poitrine, qui était en train de s’infiltrer dans sa gorge pour l’asphyxier et lui faire perdre définitivement pied. Etait-il en train de devenir fou ? La question se posait. Tournait dans son esprit. S’imposait. Insistait. Tournoyait. Enflait jusqu’à étouffer tout le reste. Etait-il fou ? La disparition soudaine de sa sœur lui fit perdre pied. Ce qu’elle articula lorsqu’elle revient sapa le peu de fondation qu’il restait. Ciaran. Mutant. Ciaran. Monstre. Ciaran. Manipulateur. La voix d’Artur ne fut qu’un souffle étranglé lorsque le gaélique se transforma en finnois pour opposer un tu mens clair à Moira. Elle ne pouvait que mentir. Aspen a enquêté sur lui. D’autres avaient enquêté sur son mentor, comme s’il n’était qu’un vulgaire criminel éclaboussé de soupçon. Ciaran, mutant. Un frisson de terreur transperça à nouveau le cadet des Kovalainen, un frisson de terreur qui lui permit de cracher, de se débattre, de se défendre, quand bien même les mots de Moira poursuivaient leur route implacable de destruction dans le peu de stabilité qu’Artur avait conservé jusque-là. Ils se heurtaient à des fondations trempées dans de l’acier, ils se heurtaient à des constructions artificielles au milieu d’une nature dévastée. Ciaran, mutant. Cela semblait si logique, une fois les sentiments mis de côté, si logique et si plausible qu’Artur en avait mal. S’il ne somatisait pas jusque-là… et bien, ça n’allait pas tarder à être chose faite. Et une bête blessée attaquait, avec encore plus de virulence que l’animal indemne. Mais qui, des deux, était le plus blessé actuellement ? Artur n’osait se prononcer, n’osa se prononcer lorsque Moira balaya son attaque sans sourciller, répondant sur le même ton que son petit frère. « Aspen Wolstenholme, oui. C'est une amie. Ça fait bien longtemps que je ne hais plus qui que ce soit, Artur. J'ai passé ce stade, parce que la vie est bien trop courte pour qu'on la passe à haïr. Tout chasseur que tu es, tu restes mon frère, et ne pas cautionner tes idées ne m'empêche pas de t'aimer. En revanche, en ce qui concerne Aspen, elle au moins a eu la décence de m'accepter en tant que personne et non boule d'ADN défectueuse. Ça ne te ferait peut-être pas de mal de prendre exemple sur elle. » Les prunelles d’Artur se figèrent dans celles de sa grande-sœur. Prendre exemple sur Wolstenholme, prendre exemple sur qui que ce soit alors qu’on venait de semer dans son esprit la graine d’un doute destructeur sur la loyauté de son mentor, voilà qui lui était impossible. Et prendre exemple sur une Wolstenholme lorsqu’on parlait de haine et décence, voilà qui était risible. Savait-elle, Moira, l’entièreté de ce que cachait un héritage hunter dans ce genre de famille, savait-elle que la cadette du trader avait bien plus de sang, au final, sur les mains que lui, Artur, pouvait en avoir à présent ? Savait-elle que Wolstenholme n’était qu’une petite garce, perverse et manipulatrice, qui ne doutait de la dangerosité des mutants et de la sanction définitive qu’on devait appliquer en présence d’un ADN dégénéré ? Savait-elle qu’en plus de vouloir détruire le peu qu’Artur conservait de certain dans sa vie, elle se permettait de lui donner des leçons aussi ridicules qu’insultantes ?

En d’autres circonstances, Artur aurait raillé Moira. En d’autres circonstances, il aurait rétorqué avec acidité des sarcasmes comme il en avait le secret. En d’autres circonstances, aussi, peut-être ne serait-il tout simplement pas venu la voir. Alors les railleries, les sarcasmes et l’acidité n’étaient pas d’actualité. Seule une peur indicible parvenait, actuellement, à prendre le dessus sur toutes les émotions et sentiments contradictoires qui étaient en train d’écarteler l’intellect du petit frère. Ciaran, mutant, c’était un monde qui s’effondrait. Ciaran, mutant, c’était une honte et une colère brûlantes, un incendie inarrêtable. Ciaran, mutant, c’était un mensonge, un odieux mensonge, une migraine qui explosa entre les tempes d’Artur, le fit tituber, le fit chanceler. Ciaran est mon ami, quatre mots aussi enfantins que vertigineux de conséquences. Ciaran était plus qu’un ami, quoique cela puisse sous-entendre. Il ne pouvait ni envisager le contraire, ni même accorder une seule seconde l’attention de trop à cette hypothèse, de peur de se perdre définitivement dans un esprit brisé. « Je sais, Artur. Crois-moi, si les choses pouvaient être différentes, ce serait plus simple mais... Demande-toi si tu le connais vraiment. Que t'a-t-il confié ou dit de lui ? » Artur tituba, encore. Les mots de Moira avaient beau le raccrocher à la réalité, ils commençaient à se vider de tout leur sens, de toute leur substance, comme des sacs percés se videraient de leur contenu, un contenu liquide se mêlant à la terre. « Alors c'est ça... Tu vas t'accrocher à ta haine envers moi parce qu'elle te semble logique, tout comme tu vas rester scotché à cette adoration malsaine qui t'anime pour lui ? Tu préfères être le pantin d'un fou si ça peut te faire croire que tu es sain d'esprit ? Si c'est ça, Artur, je préférerais te savoir fou. » Il acquiesça, sans plus savoir ce qu’elle disait. Une seule chose était encore réelle, concrète, tangible dans son esprit : Ciaran et tous ces sentiments aussi complexes que simples qui le reliaient à lui. Pantin, Artur sentit des larmes dévaler ses joues, sans qu’il ne soit plus capable de ne serait-ce qu’en avoir honte. Sa vue se brouilla sous la tension, sous sa respiration haletante, sous ces quelques pensées lucides qui parvenaient, douloureusement, à percer un brouillard si dense qu’il en devenait solide. Pantin. Etait-il réellement un pantin entre les mains de Ciaran – ou d’un autre ? Pantin Sa migraine enfla d’un cran encore.

Et comme un pantin désarticulé, Artur s’effondra.

Pour se réveiller, apaiser, dans un environnement qui lui était inconnu. Artur ouvrit les yeux, hébété de ne plus sentir s’exercer contre ses tempes la pression d’un doute. D’un doute qui lui vrilla l’esprit aussitôt qu’il l’autorisa à l’effleurer à nouveau. Des voix, des pas, Artur se leva comme il put, contrôlant tant bien que mal les émotions disparates qui explosèrent sitôt qu’il les sollicita. Où était-il ? Moira l’avait très certainement amené chez cette personne dont elle lui avait parlé – merci merlin il se souvenait de cela au moins – avant qu’il ne s’évanouisse, semblait-il. Moira. Ciaran… Artur tituba un peu plus lorsqu’à ces deux prénoms s’ajouta un troisième. Malachi. La panique ne mit guère de temps à s’emparer à nouveau de l’esprit d’Artur. Malachi, une énième connaissance de son passé qui s’avérait être un mutant, être l’un de ceux qui avaient eu droit à des capacités hors norme, sans un seul instant les mériter en quoique ce soit. A la panique s’additionna le sentiment d’injustice, à la panique s’additionna un regard aussi surpris qu’amer. « Artur ! Retourne t'allonger, tu vas te... » Il secoua la tête, ignorant les recommandations d’une sœur qu’il pensait avoir perdue, qu’il redécouvrait sans savoir s’il y avait de quoi s’en réjouir ou s’en alarmer. Les yeux d’Artur étaient rivés sur Malachi. « Calme-toi, Artur, Malachi ne te veut aucun mal. Personne ne veut faire de mal à Ciaran non plus, nous voulons simplement t'aider. » Au prénom de son mentor, Artur se crispa et s’accula davantage contre un mur. Ciaran était innocent. Il fallait, il fallait qu’il le soit. Et… Artur se sentait comme une proie, enfermé dans des lieux inconnus, en présence d’une mutante plus que dangereuse et d’un homme dont il ignorait trop de choses tout en n’en savant que trop peu. - Je suis navré que nous ayons eu à en arriver à de telles extrémités, Artur... Mais tout va bien se passer, tu es en sécurité. Sécurité. Un animal blessé, pris au piège, voilà ce qu’était réellement Artur à cet instant, dans son regard, dans sa terreur, dans sa hargne aussi qui voulait le voir forcer le passage et trouver une sortie pour s’enfuir, s’enfuir et mettre le plus de distance possible entre eux et lui. Sauf que… la voix de Moira avait toujours eu sur lui un effet redoutable : celui de l’apaiser. Lorsqu’elle lui parlait de cette voix douce, Artur sentait immanquablement ses réserves disparaître et ses peurs enfantines s’amoindrir. Et cette fois n’y faisait pas exception, même si cela faisait des années qu’elle n’avait pas été là pour le ramener à la réalité après une terreur nocturne des plus glaçantes. « On va t'aider, d'accord ? Tu peux parler sans retenue. » Parler… Artur s’en sentait présentement incapable. Tétaniser. Prêt à se recroqueviller sur lui-même au moindre geste brusque, prêt à se jeter sur le premier des deux qui se risqueraient à faire un mouvement vers l’extérieur, vers Ciaran.

Il avait besoin d’aide, c’était une certitude. Et s’il fallait que l’aide lui soit fourni par des mutants et surtout par leur mutation, et bien… Toute l’intelligence d’Artur lui chuchotait que peu importaient les moyens, seule la fin avait de l’importance. Seule la fin comptait. Et seule la fin, actuellement, devait accaparer son attention. Le reste pourrait attendre. Et ce qu’il pouvait penser des mutants… - Si tu veux, nous allons nous installer dans le salon, je vais préparer du thé et sortir du jus de fruits, et nous allons discuter. Juste discuter, d'abord. De toi, de ce Ciaran qui semble t'être vraiment… précieux … Nous allons simplement t'aider, Artur, comme nous l'avons toujours fait, les uns pour les autres. Artur ferma les yeux, le temps de respirer, de calmer son cœur affolé, de classer ses pensées comme il le pouvait. Artur ferma les yeux et entreprit posément de disséquer sa vie, l’instant présent, ses choix et ses possibilités comme une nuée de variables dénuées d’âme, d’humanité et de réalité. Lorsqu’il rouvrit les paupières, ce fut donc pour inspirer et acquiescer d’un mouvement de tête, pour mieux suivre sa sœur et leur vieille connaissance vers ce qui semblait être un salon et un canapé. Sur lequel il s’assit. A distance des deux autres. Prudent. Terrifié. En équilibre sur un fil agité par le vent, battu par une pluie glaçante et glissante. Un équilibre précaire mais pour le moment retrouvé. Pour combien de temps encore ? C’était une excellente question à laquelle Artur n’avait guère envie de penser. Ses mains torturèrent ses doigts de nervosité, contraignirent ses phalanges à des exercices de souplesse auxquels elles n’étaient pas habituées. « Que voulez-vous savoir ? » Il soupira. Merlin que sa voix lui semblait faible et pathétique, ainsi soufflée, ainsi étranglée. « Je… je ne sais pas ce que Moira t’a raconté. T’a expliqué. Nos relations sont… » Il jeta un regard en biais vers sa sœur, se concentrant mentalement pour s’en tenir au plus simple : des faits, des faits dénués de tous sentiments, dénués de haine inexplicable et de loyauté malsaine. « Ciaran est un psychologue. L’année qui a suivi le départ de Moira… » Parler d’elle comme si elle n’était pas là, c’était le plus simple. Garder ses yeux vrillés dans ceux de Malachi également. Ne pas penser à ces sentiments contradictoires qui l’écartelaient plus que jamais maintenant. « … le lycée m’a forcé à aller voir un psychologue parce qu’il s’inquiétait pour moi, s’inquiétait de mon asociabilité » Artur cracha ce mot avec tout le mépris qu’il méritait. Un mépris soutenu, raffermi par Ciaran, d’ailleurs, pour mieux tourner en dérision tous ceux qui se targuaient d’émettre un jugement sur Artur alors même qu’ils ne lui arrivaient pas à la cheville en matière d’intellect. « , et nos parents n’étaient pas suffisamment présents pour s’en soucier. Ciaran a été ce psychologue, et il a… il est rapidement devenu un ami, un mentor, un interlocuteur auquel je pouvais me confier et qui me comprenait. Pas comme tous les imbéciles qui pouvaient me côtoyer. » Si Artur, en parlant, se rendait compte d’à quel point il avait pu être influençable à l’époque, à quel point il l’était encore maintenant ? Absolument pas. Il était incapable de percevoir dans chacun de ses propos le sentiment implanté par Ciaran au fil des années, allant du dégoût au mépris en passant par cette supériorité constante qui le démarquait des autres. « C’est l’homme qui m’a tout appris, qui m’a toujours aidé, qui a toujours été là pour moi. Même il y a quelques mois, lorsqu’il a appris que Maman venait de mourir et que je n’allais pas bien, il m’a proposé de venir habiter dans mon appartement pour que je ne reste pas seul, il… » Artur s’interrompit. Les choses s’étaient-elles réellement passées comme cela ? Il en doutait. Mais sa mémoire défaillante…

Sa mémoire défaillante jouait le jeu d’une dévotion sans limite à un homme qu’il ne connaissait, finalement, pas tant que ça. Dont il ne connaissait aucune des intentions. « Je sais qu’une personne, que l’un des vôtres me manipule, me rend instable, se joue de moi, joue avec moi. Moira pense que c’est Ciaran. » Artur, qui à un moment donné avait détourné le regard, replongea ses prunelles dans celles de Malachi. « Ca ne peut pas être lui. »

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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeMar 28 Mar 2017 - 13:38

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Malgré la confusion, Malachi avait compris tout l'enjeu de cette intervention pour les Kova. Moïra semblait sur le point de s'effondrer, tremblante et balbutiante, situation qui ne sembla pas s'améliorer alors qu'Artur faisait irruption dans le couloir, fébrile. L'atmosphère était tellement tendue qu'il fallut au motiopathe tout son self control pour ne pas assommer le frère et la sœur d'une puissante onde anesthésiante. Seulement voilà, du peu qu'il avait saisi de tout cela, il était impératif qu'Artur soit le moins affecté par son pouvoir, pour le moment. Il fallait qu'il se calme tout seul, au maximum, avant qu'il n'intervienne d'une quelconque manière. Heureusement pour eux, le jeune homme semblait trop faible pour leur opposer la moindre résistance physique, se trainant douloureusement jusqu'au salon, s'effondrant à moitié sur le canapé. Le motiopathe s'installait quant à lui dans un fauteuil, à distance raisonnable, mais suffisamment près pour pouvoir toucher Artur, si il lui était nécessaire de prendre le contrôle de ses émotions. Il espérait ne pas avoir à aller jusque là, mais malheureusement, il ne pouvait présumer de rien. Il croisa les doigts, retenant toujours sa mutation qui tendait des tentacules avides autour de l'aura tourmenté du jeune homme, avant de répondre doucement :

- Dis moi simplement tout ce qui te passe par la tête sur lui, votre relation… Moira m'a simplement dit qu'il est psychologue, c'est bien ça ?

Il n'avait pas fallu une impulsion de plus pour délier la langue pâteuse du jeune Kova, qui se mit à balayer toute l'histoire de sa relation avec ce fameux psychologue Malachi écoutait, bien sur, mais il était avant tout concentré sur l'évolution émotionnel du jeune homme : les mots étaient destinés à Moira, pour la plupart, piquants et chargés de reproche, mais son aura… Malachi n'avait jamais rien vu de tel : les émotions du jeune homme passaient d'un extrême à l'autre avec une violence inouïe, sans commune mesure ni raison particulière. Ces dernières ne coïncidaient ni avec ses propos, ni avec les intonations de sa voix, comme si les fréquences avaient été perturbées au point que le jeune homme ne soit plus capable de ressentir quelque chose qui ne serait pas en contradiction avec ses pensées. Et puis il y avait de la colère, tellement de colère, si noire… Qui cohabitait avec une tendresse et une affection aveuglante… Mais pour qui. Sans même sans rendre compte, Malachi avait commencer a se frotter pensivement l'oeil gauche, celui qu'il avait de plus sensible, d'abord distraitement, puis avec de plus en plus de vigueur, alors que le malaise augmentait. Cette situation n'était pas normal. Pas normal du tout. Le mutant se racla la gorge, détournant le regard pour se reposer sur l'aura -certes tourmentée, mais saine- de Moïra, avant de reprendre d'une voix égale :

- Je vois. Donc Ciaran a été un … Un repère pour toi, c'est bien ça ? Quelqu'un qui a été là pendant que tu te sentais le plus seul ? Quelqu'un d’éminemment… Positif ?

Il sentait bien le regard surpris de Moïra devant les termes employés, mais elle ne pouvait pas comprendre, pas tout de suite : l'important pour Malachi à cet instant, c'était d'allumer le capteur « Ciaran » dans le cerveau de son frère, afin d'identifier les émotions qui étaient liées, intimement, à l'existence du psy. Pour cela, il avait besoin qu'Artur parle, approfondisse, jusqu'à ce qu'il arrive à mettre le doigt sur ce qui le gênait dans l'aura du jeune homme.

- Et comment tu le décrirais, cet homme, par conséquent ? Je n'ai pas forcément besoin de sa description physique, je ne cherche pas à te piéger, ni a avoir un portrait robot de lui pour l'attraper, mais… Est ce quelqu'un de patient ? De Gentil, ou plutôt sarcastique ? Je suppose qu'il est brillant, si il t'a appris autant de choses…

Il fronça les sourcils, espérant que sa méthode aurait les résultats escomptés. Ce qui le perturbait aussi, c'était la tension qu'exerçait l'aura brisée d'Artur sur sa propre mutation : comme un prédateur attiré par l'odeur du sang, il la sentait tendre vers le jeune homme, caressante, dangereuse. Artur était si faible qu'il lui aurait suffi de presque rien pour prendre le contrôle total sur ses émotions. Il aurait pu, à cet instant, lui faire vivre l'enfer sur Terre, sans la moindre chance d'en réchapper, et c'était bien ce qui inquiétait le responsable d'Uprising : si Artur était à ce stade, combien de fois avait on dur le torde, le briser, le faire plier pour le rendre aussi maléable ? Quiconque avait fait ça avait un talent dangereux, un maitrise inquiétante et, surtout, une détermination perverse à vous en coller des frissons dans le dos ...
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeDim 2 Avr 2017 - 11:40

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Malgré le brouillard douloureux qui enveloppait ses sens, cet état comateux qui plongeait ses pensées dans une substance aussi dense et lourde qu’une marée noire, Artur paniquait. Peut-être était-ce d’ailleurs son état qui l’immergeait dans cet état de panique, à moins que ce ne fusse l’ensemble, comme un cercle vicieux l’amenant au bord du gouffre, mais le fait était qu’Artur se tenait en équilibre sur une corde raide et que seules les présences de Moira et Malachi, couplées à son intelligence, le maintenaient debout tout en le faisant dangereusement osciller sur son support. Dualité des causes, dualité des conséquences, double facette des pharmacon grecs. Artur peinait à trouver un semblant de stabilité, puisait une continuité d’actes, de pensées et de paroles dans les yeux clairs de Malachi pour ne pas déraper vers des sentiments aussi mitigés que douloureux en regardant sa sœur. Moira. Il parlait d’elle comme si elle n’était pas là, il dressait des murailles mentales avec du sable dans l’espoir illusoire de contenir la marée. Distance, entre lui et sa sœur. Distance physique, distance émotionnelle, distance sentimentale. Distance entre lui et les autres. Distance indispensable. Distance douloureuse. Distance qui les protégeaient, tous les deux, d’une certaine manière. Distance posée pour les protéger, du moins. Artur inspira. - Dis moi simplement tout ce qui te passe par la tête sur lui, votre relation… Moira m'a simplement dit qu'il est psychologue, c'est bien ça ? Il ne lui en fallait guère plus pour parler. Psychologue, oui. Ciaran était un psychologue, c’était ainsi qu’ils avaient été présentés l’un à l’autre. D’un côté un jeune bien trop intelligent dans un milieu scolaire poussant à sa mise au ban, de l’autre un homme appelé en renfort par l’établissement pour chercher à établir un dialogue. Et bien plus que ça. Lentement, Artur parlait. Expliquait. Cherchait à poser des mots sur ce qu’il ressentait, à poser des mots sur une relation à propos de laquelle il n’avait jamais eu, jusque-là, à rendre compte à quiconque.

Et parler de Ciaran n’était pas une chose aisée. Loin de là. Récit décousu, explications tissées de sentiments divers, Artur voyageait présentement dans un triangle des Bermudes sensoriel fait pour le décontenancer. Colère, rancœur, haine et mépris coexistaient en lui avec une affection sans limite, une confiance non mesurable et tout un cocktail explosif créé en un seul but : la confiance absolue. Une confiance poussant à l’aveuglément, une confiance faite pour le rendre malléable. Influençable. Faite de fils de soie, enroulés autour de ses poignets, noués méticuleusement pour qu’ils ne puissent être défaits et soulevant ses membres en le transformant en petit pantin obéissant. Sans qu’Artur ne puisse s’en rendre compte. - Je vois. Donc Ciaran a été un … Un repère pour toi, c'est bien ça ? Quelqu'un qui a été là pendant que tu te sentais le plus seul ? Quelqu'un d’éminemment… Positif ? L’irlandais acquiesça avec force, les yeux brillants d’un désespoir et d’un soulagement non pas à être compris, mais… on s’en approchait. Eminemment positif, « Exactement » souffla-t-il. Sa dévotion envers Ciaran ne connaissait aucune limite : il ne pouvait le concevoir comme un être négatif. Pas pour lui. Vraiment pas pour lui. - Et comment tu le décrirais, cet homme, par conséquent ? » Artur fronça les sourcils, s’apprêtant à articuler un pourquoi que Malachi sembla anticiper. « Je n'ai pas forcément besoin de sa description physique, je ne cherche pas à te piéger, ni à avoir un portrait-robot de lui pour l'attraper, mais… Est-ce quelqu'un de patient ? De gentil, ou plutôt sarcastique ? Je suppose qu'il est brillant, s’il t'a appris autant de choses… Artur acquiesça derechef. Comme un petit enfant auquel on demandait une description de son ami imaginaire, pour comprendre non seulement l’enracinement de l’illusion mais aussi les besoins profonds ainsi concrétisés. « Ciaran n’est pas nécessairement gentil. Il est… vrai. » Quel adjectif aurait pu moins correspondre à Ciaran que celui-là ? Peut-être naïf, et encore. Ciaran n’était pas un homme honnête. « C’est… c’est une personne extrêmement patiente, en revanche. Intelligente, lucide, déterminée, douce et prompte à discuter. Il n’est pas fermé aux avis qui divergent de sa position, il m’a toujours encouragé à… à être moi, juste moi. A accepter ma différence, mon humanité, à ne pas avoir honte de n’être qu’un humain. Mais en même temps, il n’a jamais hésité non plus à me dire la vérité en face, à m’ouvrir les yeux sur certaines choses, à m’interdire de rester aveugle aussi. » Aveugle. Artur avait-il été suffisamment aveugle pour justement ne pas découvrir le pot aux roses ? Il se prit la tête entre les mains lorsqu’à cette seule pensée, sa raison lui hurla que ses mots n’étaient que naïveté et candeur ridicules, justement. Il se prit la tête entre les mains lorsqu’une migraine explosa à nouveau entre ses tempes, issue d’un tiraillement douloureux entre une loyauté gravée, imprimée au fer rouge dans son esprit et des conclusions, des hypothèses, des doutes de plus en plus tangibles et solides. Artur se leva brusquement. « Il faut que j’aille le voir, pour lui demander. » Il fallait qu’il retourne auprès de son soutien, auprès de son repère, discuter avec lui pour raffermir ses convictions, retrouver de la stabilité et retrouver cet apaisement constant qu’il ressentait en sa présence.

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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeSam 15 Avr 2017 - 18:51

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La peur me tiraille, l'angoisse s'insinue entre mes os, la terreur me broie littéralement les organes et j'ai toujours les peines du monde à contenir ces tremblements ininterrompus qui secouent mes membres. Le regard de Malachi et cette chaleur qui m’envahit à l'instant où il use de sa mutation m'aide plus que je ne l'aurais cru, et je me détends imperceptiblement. Les mains crispés sur mes genoux, j'observe Artur du coin de l'œil sans pour autant parvenir de affronter son regard. Je sais que je vais y voir de la détresse et de la rancœur. Il est venu me trouver pour que je l'aide, mais j'en suis bien incapable toute seule, ce qui fait probablement de moi une bien piètre grande sœur. J'aurais dû le protéger, l'aider, voir ce mal qui grandissait chaque jour en lui et au lieu de ça, j'ai préféré fermer les yeux et le mettre à l'écart. J'ai préféré le voir comme le grand vilain de l'histoire, celui qui, pour une raison que j'ignore, aura préféré le meurtre et la violence à sa famille. Quelle idiote je suis... Bien sûr qu'Artur n'aurait jamais agit de la sorte délibérément ! J'ai commencé à ouvrir les yeux, à voir un peu la jalousie et la cruauté qui se cachaient en Artur mais désormais, j'ai plus envie de croire que tout est de la faute de ce Ciaran, qu'il est responsable de tout ça et qu'il n'a fait que créer de toutes pièces ce pantin désarticulé qui me fait face. C'est bien plus facile que de me dire qu'il n'a fait qu'alimenter ce qui existait déjà. Qu'Artur n'est plus le petit garçon adorable qu'il était jadis, mais bel et bien une version un peu moins sombre de ce que ce mutant a fait de lui.

Mutant... Tout est parti de là. Si je n'étais une mutante, si mon père n'en était pas été un ou si Artur avait hérité du gène, tout serait été différent. Il y aurait moins de tensions et de rancœur entre nous, et surtout... Notre mère serait sûrement encore en vie. Tout partait de là, d'un minuscule gène différent des autres, d'une simple mutation qui avait entraîné une déferlante d'emmerdements. Comment puis-je être encore fière d'être porteuse de ce que mon paternel a si souvent appelé « l'avenir de l'humanité », alors que même que c'est ce qui a ruiné notre famille ?

Je me fais silencieuse, effacée, j'observe et j'écoute. Et surtout je subis. Les questions de Malachi soulève d'autres questions, et les réponses d'Artur sont si... Artificielles ! Comme s'il était programmé pour répondre avec une admiration exacerbée dès qu'il s'agit de son précieux ami le psy. Plus il parle, plus ses réponses me font l'effet de coups de poing assénés dans le ventre, et plus j'en viens à haïr cet homme que je n'ai jamais vu. Profitant d'un moment de silence, je relevais les yeux vers Artur et demandait d'une voix éteinte :

« Quand tu dis qu'il t'a tout appris... Ça veut dire qu'il t'a appris à chasser ? »

A tuer, peut-être aussi ? Quoi que ça, si je ne m'abuse, c'est l'œuvre de ce grand malade de Moren. Mais si Ciaran est à l'origine du basculement d'Artur vers la chasse, j'ai d'autant plus de raisons de penser que c'est un grand malade : un mutant incitant des innocents à tuer d'autres mutants, c'est complètement idiot ! Et complètement fou ! Je ne comprend ni l'intérêt ni le but de ce type, mais quelque chose me dit que ça ne sent pas bon. Tout sonne faux dans la description qu'Artur me fait de ce type. Tout sonne faux parce que je n'arrive pas à voir un autre coupable que lui, parce que les preuves s'accumulent et qu'à la manière de mon frère, je suis incapable de voir autre chose que ce que j'ai envie de voir. Lui veut voir l'innocence dans les yeux de son ami, pour moi il y a écrit coupable sur son front depuis le début.

« Est-ce qu'il y a d'autres gens que tu fréquentes ici et qui pourraient être responsable de tout ça ? Tu n'es pas idiot, Artur, tu es même très loin de l'être. Pour que l'influence d'un mutant soit si puissante sur toi, c'est que la personne qui te manipule te connaît bien et te fréquente souvent. Y a-t-il quelqu'un d'autre que Ciaran ? »

Pour moi, ça ne fait aucun doute, mais je veux qu'Artur s'en rende compte et procède par élimination. Il n'a jamais été très sociable, il est même plutôt réservé et fuit plus la compagnie des gens qu'il ne la recherche. Alors des gens qu'il côtoie régulièrement, il ne doit pas y en avoir des centaines. J'ai l'espoir qu'Artur comprenne mais déjà, il est début, toujours aussi fébrile et nerveux que lorsqu'il est venu sonner à ma porte. Instinctivement, je le retiens par le bras, levant vers lui un regard aussi désespéré que déterminé.

« Non ! Il ne faut pas que tu ailles le voir, Artur ! Si jamais il est responsable de tout ça, il va te mentir et risque bien de réduire à néant tes doutes et ton esprit ! Bon sang mais... Tu lui fais confiance à ce point ? Plus qu'à moi ? »

Désespoir et colère, incompréhension et résignation. Je ne comprends plus ni mon frère, ni ses actes. Cette confiance qui jadis nous liait semble avoir été piétinée par tous ces artifices mis en place par ce mutant complètement fou.

« Tu as besoin de soutien ? Nous pouvons t'en apporter un. Mais je t'en prie, Artur, ne fais pas l'erreur de te tourner vers celui vers qui pointent tous les soupçons. S'il s'avère qu'il est innocent, je serai la première à m'en excuser mais par pitié, Artur, ne retourne pas le voir. »

Ma voix se fait suppliante et dans mes yeux brillent des larmes trop longtemps contenues. Tant de choses vont mal depuis un mois, jamais je ne me suis sentie aussi perdue qu'à cet instant. Mon frère m'échappe, et s'il nous repousse, moi et Malachi, pour retourner voir Ciaran, j'ai peur de le perdre pour de bon...

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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeLun 8 Mai 2017 - 21:35

is it really possible to tell someone else what one feels?
Moira & Malachi & Artur



Si Artur avait conscience de planter, à chaque mot prononcé, un poignard dans la poitrine de sa sœur ? Oui. Il en avait plus que conscience. S’il savait que chacune de ses phrases était une pincée de sel déposée sur la plaie suintante, aspergée de citron ? Bien sûr. Une part de lui le savait, et la part de lui qui ne parvenait qu’à haïr Moira avec la plus violente des émotions s’en réjouissait. Et la part de lui qui se souvenait d’une grande sœur le prenant dans ses bras pour lui chanter des berceuses après un cauchemar s’en écoeurait. Artur était écoeuré, satisfait, perdu dans des émotions instables, brisées, des sentiments violents et artificiels, à la dérive dans une décharge fait de tous les débris de son âme maladroitement contenus en son sein par un miracle des plus effrayants. La dévotion d’Artur envers Ciaran n’avait aucune limite, ne souffrait d’aucune restriction. La haine d’Artur envers Moira n’avait peut-être aucun fondement, elle ne se heurtait à aucune frontière. Et ces deux sentiments laissaient dans sa gorge une profonde impression d’anormalité. Comme s’ils n’avaient pas lieu d’être. Tout en étant omniprésents. Des graines plantées dans son âme, dans son être, dans sa psyché, des racines enfoncées si loin en lui qu’il ne pourrait les arracher sans arracher dans un même temps son cœur, sans le disloquer et le tenir entre ses mains, ensanglanté, comme un organe disséqué, dépecé, brisé. Brisé. Artur était brisé. Il le pressentait. Son instinct, son intelligence, toutes ses réflexions le menaient à cette seule et unique conclusion. Mais il était aussi enchaîné. Enchaîné à des sentiments forts ; enchaînés à une dernière amarre qui le maintenait loin de la folie. Ciaran n’était pas particulièrement gentil, non. Mais Artur refusait de croire que Ciaran ait pu être pendant toutes ces années un être abject le manipulant et faisant de lui un simple pantin pour une raison totalement mystérieuse. Aveugle. Artur refusait d’admettre, ou seulement de considérer, la possibilité qu’il ait pu être à ce point aveugle pendant plus de onze ans. Aveugle. Il se prit la tête entre les mains. « Quand tu dis qu'il t'a tout appris... Ça veut dire qu'il t'a appris à chasser ? » Il releva la tête, plongea ses rétines dans celles de sa sœur. « Il m’a appris à voir le monstre derrière l’homme, à séparer le bon grain de l’ivraie, à arracher les racines des mauvaises herbes pour sauver les plantations. » Sa voix n’était qu’un souffle concédé. Moira voulait savoir s’il avait tué, si Ciaran lui avait appris à tuer ? Oui. Non. Il ne lui avait pas appris à tuer ; juste donné de bonnes raisons de le faire. « Il m’a ouvert les yeux. Vos capacités ne souffrent d’aucune limite, vous faites partie de ceux que la raison devrait tous nous pousser à tuer. » Sa voix n’était qu’un souffle concédé dans une froideur sincère. Pas d’hypocrisie dans ses propos, et c’était bien rare chez une personne comme Artur. Ciaran ne lui avait pas appris à chasser. Il avait fait bien plus que ça. Mais pas le manipuler, non, le cadet rejetait en bloc, avec tout le désespoir de sa volonté fragile, cette possibilité. Non, pas Ciaran. Pas lui. Surtout pas lui. Y a-t-il quelqu'un d'autre que Ciaran ? Il secoua la tête, incapable de réfléchir suffisamment pour explorer d’autres pistes. Au final, la seule solution qui se dessinait à ses yeux, à ses tempes trempées de sueur, angoissées, tendues, c’était d’aller chercher à la source même de toute cette discussion des réponses.

Il se leva, ses sentiments affolés tournoyant autour de lui, vrillant son intellect pour finir par l’abattre. Enfin. Aller voir Ciaran, exiger son soutien, exiger son réconfort, exiger un soulagement. Des réponses. De l’aide. Une main tendue, une main qui ne pointerait pas du doigt ses plus grands soutiens. Parce que Ciaran était son plus grand soutien. Ou du moins, il l’avait été pendant des années… Il fallait qu’il aille le voir. Pour mettre les choses au clair. Pour avoir le fin mot de l’histoire. Pour... le bras de sa sœur le retint, Artur sursauta, voulut se défaire de son emprise, sans y mettre pour autant la moindre force, comme un animal affolé. « Non ! Il ne faut pas que tu ailles le voir, Artur ! Si jamais il est responsable de tout ça, il va te mentir et risque bien de réduire à néant tes doutes et ton esprit ! Bon sang mais... Tu lui fais confiance à ce point ? Plus qu'à moi ? » Il en eut la gorge sèche. Question piège, trouble qui refit surface, comme un peu plus tôt dans l’appartement de sa sœur… Artur se figea, ses yeux allant de Malachi à Moira sans oser se poser, oscillant dans un affolement des plus palpables. Sa loyauté le poussait à courir se réfugier chez Ciaran. Sa loyauté le tirait hors de ce manoir. Mais fuir, mais fuir n’avait jamais été dans son caractère, contrairement à tout ce qu’on pouvait croire ou penser de lui. Artur fixa sa sœur, se réfugiant dans un silence des plus éloquents. Faisant il confiance à ce point à Ciaran, lui faisait-il même plus confiance qu’à Moira ? « Tu as besoin de soutien ? Nous pouvons t'en apporter un. Mais je t'en prie, Artur, ne fais pas l'erreur de te tourner vers celui vers qui pointent tous les soupçons. S'il s'avère qu'il est innocent, je serai la première à m'en excuser mais par pitié, Artur, ne retourne pas le voir. » Il garda à nouveau le silence. Encore. Nous pouvons t’en apporter un. C’était ce qu’elle disait, c’était ce que Malachi disait mais…

« Ma confiance en Ciaran est actuellement la seule chose qu’il me reste. Une telle loyauté, une telle amitié, tu ne peux… vous ne pouvez pas comprendre. Dans ma… dans ma tête… » Il se prit à nouveau la tête entre les mains avant de se redresser, de laisser ses bras retomber mollement le long de son corps. Aller voir Ciaran était une priorité. Mais avoir de l’aide en était encore une bien plus supérieure. « c’est un bazar monstre. Ciaran… Je n’arrive pas à avoir confiance en toi, j’ai presque plus confiance en Malachi qu’en toi, Moira… Je te hais, je te l’ai dit. Plus j’essaye de trouver de sens à cette haine, plus j’ai envie de te tuer, et ça me détruit parce que je t’aime. Et c’est ça pour tout, absolument tout le monde. C’est comme si je ne pouvais pas faire autrement que de te haïr, que de vous mépriser pour ce que vous êtes. Ciaran… c’est le seul envers qui je n’ai que des sentiments positifs. Vous ne pouvez pas m’enlever ça. » Et de cela, Artur en était plus que certain. Quitte à se débattre, qui à devenir à moitié fou pour préserver ça. Quitte à se perdre davantage encore.

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MessageSujet: Re: is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira)   is it really possible to tell someone else what one feels? (malartoira) Icon_minitimeMar 29 Aoû 2017 - 22:01

is it really possible to tell someone else what one feels?
Moira & Malachi & Artur



Je me suis souvent demandé qui pouvait avoir créé l'Homme. Enfant, je me disais que ce devait être cette entité un peu étrange et immatérielle dont m'avait parlée grand maman, cette... Chose qu'on ne nommait jamais, comme si c'était courir le risque de se prendre un gros caillou sur la tête que de le faire. Et puis en grandissant, j'avais commencé à comprendre certaines choses, à voir les horreurs perpétrées par mes semblables, à contempler avec terreur celles que vivaient les innocents... Ado, je m'étais dis que j'avais de la chance, moi la fille de scientifiques aisés et reconnus, fille de gens de science, réalistes, altruistes et bienveillants. J'avais de la chance, avec mon violon dans les mains et de l'or dans les doigts. J'avais la chance d'avoir une existence heureuse et presque ordinaire. Alors je m'étais demandée s'il y avait vraiment quelqu'un pour diriger tout ça, pour décider qui devait connaître le bonheur et qui en serait privé. Avec le temps, on m'avait appris que l'humanité n'était que le fruit d'un brillant enchaînement de causes à effets, de hasards bien placés sur la route de l'évolution, la plus belle chose qui soit et la pire à la fois. Devenue adulte, j'avais fini par comprendre qu'il n'existait ni mal, ni bien. Il n'existait qu'une suite ininterrompue de choix menant tous à un destin plus ou moins enviable. J'ai dès lors chérit ce destin qui était le mien, alors qu'à peine majeure je arpentais l'Europe et jouait dans les plus belles salles en compagnie des meilleurs orchestres. À cette époque-là je souriais, car la vie m'offrait ce qu'il y avait de meilleur, et je n'avais pas encore conscience que ce minuscule petit gêne que je cachais tout en en étant fière, allait bientôt détruire mon existence toute entière. Une petite variation dans mon code génétique qui faisait de moi un membre de la prochaine évolution de l'humanité, aux yeux de mon père, mais d'un monstre à ceux de ces hommes qui n'allaient pas tarder à me traquer.

À présent que j'observe Artur, la terreur et l'incompréhension creusant les traits de mon visage plus pâle que jamais, je me rends compte à quel point cette mutation a pu être une malédiction. Ce dégénérescence m'a arraché mon fiancé, fait de mon père un meurtrier, assassiné ma mère et par-dessus tout, elle a fait de moi un monstre aux yeux de ce petit frère que j'ai toujours chéri plus que tout au monde. Un frère pour qui j'aurais tout sacrifié, à qui j'aurais offert ma mutation, mon âme ou ma vie simplement pour le voir sourire, un petit frère que je contemple, impuissante, tandis qu'il se laisse consumer par la haine. Je suis bien obligée de me rendre à l'évidence : Artur ne ferait rien de tout ça pour moi. Si je lui offrais ma mutation, il ne m'en remercierait pas, car ce ne serait que justice et légitimité pour lui. Si je sacrifiais ma vie pour lui, en serait-il reconnaissant, ou considérerait-il toujours cela comme étant normal ? Je n'ai plus la force de lui trouver des excuses, plus l'envie d'essayer de voir en lui quelqu'un de bien... Je n'arrive même pas à voir la manipulation derrière ses mots. Aveuglée par la douleur et le chagrin, tout ce dont j'ai l'impression, c'est d'être l'incarnation de ce qui a toujours freiné Artur dans son évolution et vraiment, j'ai du mal à comprendre pourquoi. J'ai le talent musical et la mutation, et alors ? Artur est intelligent, terriblement intelligent, charismatique, suffisamment hypocrite pour mettre n'importe qui dans sa poche, polyglotte, visionnaire... Artur aurait tout pour devenir le plus brillant scientifique de sa génération ou pourquoi pas diriger ? Il a l'étoffe d'un leader, j'en reste persuadée, mais toute cette ambition est engluée dans la haine... J'ai le sentiment de le voir se noyer dans mon ombre sans comprendre pourquoi il refuse de sortir s'exposer à la lumière. Ses mots me transpercent par leur acidité, et chaque syllabe est une douleur de plus qui m'est infligée. La gorge sèche, je déglutis difficilement.

« Alors ce... c'est comme ça que tu nous vois ? C'est comme ça que tu me vois ? Comme du chiendent poussant anarchiquement dans tes jolies plantations ? Je... Je suis ta sœur, Artur ! Ça n'a donc aucune valeur pour toi ? Tu vois davantage la mutante que le lien qui nous unit ? »

J'aimerais qu'il me contredise, mais j'ai comme le sentiment qu'il ne le fera pas. Aveuglé par sa dévotion écœurante envers cet insupportable mutant que j'aimerais avoir sous la main pour lui refaire le portrait, Artur ne se rend même plus compte de ce qu'il dit.

« Si, Artur, nous avons des limites. Celles que nous impose notre conscience... Crois-tu que toi ou ce Ciaran ayez des limites, lorsque vous vous permettez de juger qui dois vivre ou mourir ? D'après toi, pourquoi moi ou Malachi nous sommes-nous entraînés depuis l'enfance ? Pour pouvoir contrôler et maîtriser nos mutations. Je ne fais jamais usage de la mienne pour le profit ou pour nuire, tu devrais le savoir. Je ne m'en suis jamais servie que pour me défendre... Ou calmer tes terreurs nocturnes, lorsque tu étais enfant. »

Mon ton se fait plus sec et alors, je me rends compte qu'Artur et moi descendons de la même branche. Dans sa voix comme dans la mienne résonne la froideur de celle de notre père, annihilant la douceur que nous a transmise notre mère. À cet instant, Artur et moi sommes deux adversaires jouant à armes égales, à ceci près que lui les maîtrise bien mieux que moi. Il n'existe pas de raison qui puisse pousser un homme à en tuer un autre. Il n'y a rien d'autre que la folie. J'ai ardemment souhaité la mort de Moren pour venger le meurtre de William, je l'admets, et pourtant... J'ai toujours su, au fond de moi, que je n'aurais ni la force ni le courage de le tuer. Lorsque j'ai appris sa mort dans les journaux, je n'ai même pas été soulagée, émue, ni même horrifiée. Je n'ai ressenti qu'un grand vide et une indicible tristesse. Moren emporté, la Mort ne m'avait pas rendue William, et je m'étais sentie plus seule que jamais. À bien y repenser, Aaron m'avait sauvée par bien des aspects, avant de m'enterrer plus profond que je ne l'étais déjà avant de le retrouver. Alors oui, avant tout ça, j'ai eu une belle vie. Depuis... J'ai le sentiment de me prendre des coups de poignard si régulièrement que mes blessures n'ont plus le temps de cicatriser. Les larmes tracent des sillon brûlants sur mes joues, ma voix se fait tremblante mais je tiens le coup, car je sais que je suis dans le vrai. Je sais que tout ce que je fais, c'est pour aider Artur, pour l'arracher aux griffes d'un mutant dont je ne veux pour rien au monde croiser la route. Seulement, même en sachant Artur manipulé, je ne peux m'empêcher d'entendre un fond de vérité dans sa voix et de souffrir de ce qu'il me dit. Plus que jamais, j'ai le sentiment d'être un monstre et de mériter le dégoût de mon frère. Seulement ça, ce n'est rien comparé à ce va suivre...

« Dans ta tête quoi ? Tu ne vois donc pas qu'il te manipule, Artur ? Ce n'est plus de la loyauté ni de l'amitié, c'est du fanatisme ! Tu as toujours un instinct de survie bien plus développé que le mien, petit frère... Pourtant, ose me dire que tu ne te jetterais pas dans un ravin si Ciaran te le demandait ? »

J'ai beau m'être éloignée de mon frère, je sais que je le connais mieux que personne. Je connais l'Artur qu'il était jadis, l'Artur curieux, passionné, assidu, le petit frère aimant et protecteur... À des années lumière du monstre d'orgueil qu'il est devenu. Mais alors qu'Artur reprend la parole, le couperet tombe en même temps que ses aveux. L'entendre verbaliser tout ça me coupe le souffle et je me lève d'un bond, tétanisé par celui qui me fait face. Je m'éloigne, tel un animal apeuré, les sanglots secouant mes épaules.

« Tu ne... Tu ne penses pas ça, hin ? Je ne sais pas qui tu es, mais tu n'es pas mon frère ! Artur n'aurait jamais dit ça ! Artur ne... Artur ne souhaiterait pas ma mort... Je ne peux pas t'aider parce que tu ne veux pas de mon aide. Ou du moins, je ne suis pas en mesure de t'offrir ce que tu veux car je ne veux pas mourir. »

Je refuse de le laisser me tuer si c'est ce qui peut l'aider à aller mieux, car je sais que cette volonté ne sera guidée que par les noirs desseins de Ciaran. Seulement cette fois, j'ai l'impression que rien ne pourra nous ramener en arrière. Que cette fois, Artur est bel et bien mort, remplacé par ce pantin abjecte qui m'avoue sa haine sans même s'en cacher.

« Si tu avais encore un minimum de bon sens, Artur, tu comprendrais que cette haine inexplicable n'a pas de sens. Tout comme tu saurais que tes sentiments exacerbés pour Ciaran sont le fruit d'un esprit malade... Mais tu préfères rester aveugle parce que c'est plus facile. J'ai asse souffert de tout ça. »

À cet instant, je comprends véritablement ce que souffrir veut dire. Ce n'est pas une blessure physique, ça n'a rien à voir avec ce que j'ai pu ressentir, six mois plus plus tôt. J'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur pour mieux le pervertir, j'étouffe et pourtant je suis conscience. Que va-t-il me rester, désormais ? Je me recroqueville contre le mur, en proie à une terrible crise d'angoisse. Ma mère, William, mon père, Aaron et maintenant Artur... Je me redresse, incapable de tenir plus longtemps dans la même pièce qu'une créature dont je ne reconnais même plus le visage. Chancelante, je me tourne vers Malachi avec un regard désespéré.

« Je... Je ne peux pas, c'est trop dur. Je sais que toi, tu es plus fort que ça, plus fort que moi et... Tu sais quoi faire. Rends à mon frère son esprit, je t'en supplie. Je ne supporterai pas une minute de plus l'entendre me dire qu'il me hait au point de souhaiter me voir mourir. »

Sans plus attendre, je me précipite vers la porte et disparais dans l'allée en courant. L'air hivernal me brûle les poumons et je regrette de n'avoir pas récupéré ma veste mais quelque part, le froid me maintient consciente. Les larmes se figent sur mon visage sous l'effet du froid, et je ne cesse finalement de courir qu'une fois arrivée devant l'entrée de l'immeuble. Pourvu que Marius ne soit pas là...
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