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 (aloys), slay your demons while you're awake.

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Alec Lynch
Alec Lynch

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeVen 30 Oct 2015 - 22:42


better not to breathe than to breathe a lie
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moon's rising and my blood is growing cold. preacher man can't save a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. ain't gonna drown in the water, cause the good lord ain't bringing me home. i'm bound for the broken promise land, to meet my demons and get back my upper hand. long man can't catch a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. w/aloys de miribel & alec lynch.

Les réponses. L’irrémédiable tempête provoquée par le Lynch tout autour de lui, à mesure qu’il creusait désespérément tout autour de lui, à la recherche de tout ce qu’il pouvait saisir. A s’y frotter, il s’y était brûlé ; les vérités qui avaient trouvé un chemin jusqu’à lui, explosant avec ferveur dans la nuit noire, n’étaient pas celles qu’Alec aurait voulu affronter. Ou même pu, affronter. Les apparences impassibles ne le trahissaient jamais, mais derrière les apparences, le chasseur se craquelait peu à peu, et ses assurances devenaient cendres consumées par la perversité d’un destin qui se jouait définitivement de lui. Il n’y avait aucune autre explication possible – il n’pouvait pas y avoir que la nature qui avait décidé d’agir, comme ça, pour faire apparaître du jour au lendemain une mutation d’entre ses chairs. Cette mutation particulière, qui plus est. Si le gamin qu’il avait été, n’avait jamais été porté sur la religion et les croyances en un Dieu supérieur qui choisissait les destinées de chacun, désormais, le coup du sort était trop évident. Et sa rancœur était au moins dirigée vers quelqu’un ; une autorité supérieure sans visage qui l’avait agité comme une vulgaire marionnette avant de lui couper ses fils. Et le laisser s’effondrer, direction droit la réalité. L’exil intérieur du Lynch se rallongeait, chaque jour un peu plus douloureux, un peu plus compliqué à gérer : voilà qu’en plus de Calista, il y avait même Felix qui se remettait à frapper à sa porte, conscient enfin du temps qui avait passé, et creusé un profond fossé d’incompréhension entre eux. Les visites qu’il aurait vues presque réconfortantes à une autre époque, lui semblaient être du harcèlement désormais : et toujours le chasseur était de plus en plus imprévisible et impétueux, face à ses interlocuteurs. Cerné ; de part en part, où qu’il tourne la tête – c’était ainsi qu’il se sentait, l’âme incapable de trouver un quelconque repos, ses réflexes devenant des craintes viscérales traçant tout un sillage pernicieux dans ses viscères. Lui qui s’était toujours targué de voir les choses simplement, de ne jamais ressentir sa volonté faillir ; voilà que trente-trois ans plus tard, Alec Lynch ne savait plus à quoi rimaient les événements qui se précipitaient dans son quotidien. Ce brassard rouge accroché à son bras ne rimait à rien, hormis le besoin de protéger la Wolstenholme, la disgracieuse obsession qu’elle avait fait naître en lui – au sujet des Hodgins, des pourris qui habitaient désormais les rangs des chasseurs. Dans le Gunpowder Squad, Alec en côtoyait plus que de mesure, de ces visages qu’il imprimait dans un coin de son esprit, et tâchaient du sang des innocents la cause qui l’avait tant habité. Pendant treize ans, treize ans à y croire sans faillir, sans se fatiguer, sans se détourner ; pas même pour fuir son premier cadavre, les conséquences d’une lame glaciale tranchant la gorge d’un autre être humain. Aussi dégénéré était-il. Sous la tutelle des Lecter, à vingt-cinq ans à peine, Alec avait eu une bien plus nette idée de sa destinée que ce n’était le cas aujourd’hui : être un pion de Lancaster ne l’inspirait pas – se dresser contre le maire dans une opération suicide n’était pas non plus dans ses ambitions. Pas même renoncer à la chasse : car qu’importaient les façons dont le maire pervertissait la chasse, la cause en elle-même était toujours importante ; vitale, pour le reste de l’humanité.

L’atmosphère, pendant longtemps réconfortante, de l’appartement d’Alec, était désormais synonyme d’étouffement, d’oubli, de perte. D’une cellule de prison dans laquelle tous ses gestes étaient épiés, étudiés : qu’est-ce qui pouvait lui garantir qu’il n’était pas observé, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept ? Rien, au fond. Pas même le fait d’être encore vivant, quand bien même il était un transmutant planqué parmi les chasseurs. N’importe quel crétin savait mieux ne pas s’y frotter – et il n’y avait pas à douter que Thaddeus Lancaster trouverait plus d’utilité en un soldat immortel qu’en un énième cadavre. De surplus celui du héros local, celui qui n’avait que trop attiré l’attention ; tout ça parce qu’il avait tiré une balle dans la tête d’un transmutant, au beau milieu de la rue. Héros. Ouais, parce qu’il avait sans doute sauvé une poignée d’humains dans le procédé : vague consolation, en comparaison du reste. Tous les morts qu’il y avait quand même eus, dans les décombres de la fête foraine, sous les cendres des incendies provoqués par les explosions. Ou même le fait d’avoir aidé Seth et la brune à sortir du chaos, alors même qu’il aurait aisément pu – dû – les abattre sans état d’âme. Au moins, Koraha avait prouvé son utilité – il savait toujours le faire, presque sans faillir, malgré les apparences sarcastiques qu’il accrochait à son visage, inlassablement. Ils n’s’aimaient pas, ne s’aimeraient jamais, et leur haine mutuelle avait pris une toute nouvelle tournure maintenant que le chasseur avait abattu sans ciller l’amant du calédonien. Mais le dealer de bas-étage faisait bien son travail. Aux noms que le hunter lui avait procurés, le Koraha avait répondu avec des informations précieuses, des dossiers entiers de savoirs divers qui attiraient inlassablement les yeux clairs du Lynch. Il n’cherchait pas des proies là-dedans – indirectement, du moins ; pas des gens qu’il abattrait d’une flèche dans la gorge avant de disparaître dans la nuit. L’identité de ces personnes sans importance lui était vitale, indispensable pour alléger ne serait-ce qu’un peu, la prescience de l’étau qui lui pesait sur l’âme. Holst n’avait pas été d’une grande aide ; avec la brune, il avait découvert toutes les limites traitresses de sa mutation – le pourquoi du comment, l’explication biologique disgracieuse sur le pourquoi le vaccin ne marchait pas sur lui, peu importaient sa forme ou la façon de se l’injecter. Se l’injecter pendant une phase de ‘mort’ n’avait rien changé – le cycle rapide, effervescent et traitre de ses cellules se régénérant, avait pris le pas sur tout le reste. Il était à court d’options, quand bien même il abhorrait particulièrement se sentir de la sorte : dos au mur, avec uniquement des ennemis en face, et une malédiction inévitable pour décor. Il n’avait pas lâché, commettant même l’acte qu’il n’aurait jamais cru avoir à accomplir : il avait demandé à Calista de l’aide, lui demandant de ressortir tous les dossiers de chasse qui concernaient de près ou de loin des gens avec sa tare à lui aussi. Calista, qu’il aurait voulu ne jamais mêler à ça autrement que par la lourdeur du secret, le froid glacial du malaise qui s’était insinué entre eux. C’avait été déjà trop ; mais maintenant, il avait directement ajouté une autre épée de Damoclès au-dessus de la tête de la blonde – et rien de c’qu’il ferait ne pourrait changer ça, ou réparer cette erreur fatale, commise par un type qui avait perdu tous ses moyens.

Un nom en particulier avait attardé son attention, accroché toute sa volonté, ses espoirs, quand bien même il s’essayait de ne plus en avoir ; c’était difficile, au fond, quand il n’restait plus que ça. De l’espérance, aussi facilement gâchée qu’épuisée lorsqu’il rencontrait un mur. Miribel ; Aloys, des relents d’ailleurs, des consonances d’un nom étranger – mais la même erreur de la nature que lui. La dégénérescence fichée dans ses cellules, lui donnant la capacité incroyable de se régénérer, quoiqu’il fasse, quoiqu’il lui arrive. Lui donnait ; car au marqueur rouge indélébile, était désormais affiché le mot vacciné au bas du dossier. Et comment cela était-ce possible ? C’n’était pas faute pour le chasseur de se l’être injecté de toutes les manières possibles, jamais sans hésiter, jamais sans regretter. Rien n’y avait fait… alors quoi ?! Plus brûlante encore que les espoirs, la rage siégeait désormais dans les entrailles du Lynch, assis derrière le volant de sa voiture, ses prunelles claires examinant – encore, et encore, et encore depuis trop longtemps déjà – les contours de l’hôpital de Radcliff. Il n’s’était que très rarement rendu à cet endroit – plus rarement encore depuis un certain nombre de mois déjà – mais tous les détails de la vie du dénommé Aloys étaient retranscrits dans le dossier que Calista avait réussi à lui trouver. Quelle ironie, ç’aurait de quoi éveiller la paranoïa de l’archer, que de voir toutes les informations incluses dans ce dossier, ramassées par les chasseurs. Ça n’avait jamais été sa mission à lui, d’observer les gens et de les espionner : alors quoi ? Y avait-il une quelconque unité spéciale chargée de traquer les dégénérés simplement pour avoir des informations sur ceux-ci ? C’n’était pas le plus important encore, dans tout ça ; l’inconnu Aloys avait traversé bien des épreuves, affronté bien des martyrs entre les mains des chasseurs – s’il n’avait jamais participé à de telles choses, il n’y avait plus à douter pour le Lynch, que ce serait le sort qui l’attendait également, si on découvrait sa mutation. Le récit des péripéties du transmutant avait réveillé la volonté du chasseur, plus farouche que jamais ; et abandonnant sa paperasse derrière lui sur le siège passager, Alec quitta l’habitacle de sa voiture. Là, garée au milieu du parking, elle ne payait pas de mine, et n’attirait aucunement l’intention ; lui non plus d’ailleurs, si ce n’est parce qu’il était un visage connu désormais, Alec n’avait pas revêtu le masque du chasseur sans pitié – presque pas ; il demeurait toujours au fond de ses prunelles l’instinct et la volonté infaillibles qui l’habitaient depuis treize longues années désormais. C’qui faisait qu’il était toujours vivant, c’qui ne faisait jamais trembler sa main lorsqu’il assassinait quelqu’un – ou même au moment de se tirer une balle dans la tête avec l’espoir qu’il ne se relèverait pas. La proie faisait ce soir, partie des chirurgiens de la ville : ils n’étaient au moins, pas assez nombreux pour qu’Alec ne le trouve pas – le nom accroché à un des panneaux indiquant un secteur spécialisé en particulier. Se fondant dans la foule, ignorant les œillades qui s’attardaient trop intensément sur lui, devenant un spectre sur lequel personne ne s’arrêtait plus de quelques secondes, Lynch remonta les couloirs. Jusqu’à un ascenseur, une volée de portes ; de ces pas que personne n’aurait pu franchir, si ce n’est lui – à la fois flic, chasseur, et membre du Gunpowder Squad. C’était à croire que tout le monde en ville avait appris à ne plus questionner ces visages connus pour être au service de Lancaster. Et il détestait ça, tout autant qu’il en jouissait. Il mit une poignée de minutes à trouver le bureau tout désigné pour le dénommé Aloys de Miribel, un privilège dont bénéficiaient tous les chirurgiens dans cet hôpital, visiblement. Les appels dans les enceintes des couloirs résonnaient sans cesse, alertant inlassablement le Lynch, quand bien même il avait clairement les pleins pouvoirs. Tout pouvait toujours basculer, d’un instant à l’autre, d’une fraction de seconde à la suivante : il n’était que trop bien placé pour le savoir. Dans l’environnement presque serein du bureau aux murs silencieux, Alec laissa toute son attention glisser d’un coin à l’autre de l’endroit – il y avait comme une saveur d’ancien là-dedans, l’impression que le temps était suspendu tout alentours comme il l’était sous sa peau à lui. Définitivement une désagréable impression, de laquelle il avait envie de se débarrasser au plus vite : le chasseur savait que son gibier était là ce soir, et non pas en permission hors de l’hôpital. Pour avoir observé sa cible pendant des jours, Lynch en avait appris, des choses ; saisissant des indices qui n’avaient fait qu’agrandir la plaie dérangeante de ses inquiétudes. Après un long moment – presque trop long – la porte s’ouvrit dans le dos d’Alec. Il était resté assis pendant tout ce temps, mimant le désintérêt pour tout ce qui l’entourait ; tentant de se fondre plus aisément dans l’indifférence que dans sa quête dangereuse de vérités. « Je me doute que vous avez dû avoir une longue journée. » lâcha-t-il en premier lieu, avant d’enfin enclencher un mouvement pour faire face à l’homme qui venait d’entrer ; ce soir, le chasseur ne portait pas le brassard rouge synonyme de l’équipe à laquelle il appartenait. Il n’avait pas même pris la peine d’enserrer entre ses doigts son arme à feu ; elle était là, à portée de main, accrochée à sa ceinture, prête à asséner cette menace qui flottait dans l’air, palpable. « Je vous demanderais de bien vouloir fermer la porte, et prendre encore d’un peu de votre temps. » presque avec un sourire, rictus éphémère qui se fondit dans les ombres bien assez vite. Ce soir, non, Alec n’était pas un chasseur. Ni un membre du Gunpowder Squad. Pas même un flic. Il était un dégénéré, un putain de dégénéré désespéré – avec ses propres démons, ceux-là même avec lesquels il n’avait que trop rarement flirtés. Ils étaient pires que tous les autres, impérieux et imprévisibles, brûlants comme la malédiction infernale palpitant sous ses veines.
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Maxence Sanderson
Maxence Sanderson

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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 1 Nov 2015 - 12:12



On peut reprocher bien des choses à Aloys mais certainement pas d’être aveugle quant à sa personnalité plutôt originale. Il faudrait même notifier qu’Aloys est particulièrement lucide à ce propos, se sachant d’une certaine manière inadapté à cette époque qui l’a reçu en cadeau sans n’avoir rien demandé à qui que ce soit. Alors il s’y est fait, ne s’en étonne plus, essaye juste, à présent, de ne pas être trop en décalage pour ne surtout pas porter préjudice à ceux qu’il côtoie. C’est pour cette raison, d’ailleurs, qu’il est si attentif aux moindres avancées technologiques dans le domaine de la médecine alors même que le concept de jeux vidéos le dépasse. C’est pour cette raison, aussi, qu’il est là, à enchaîner des gardes et de l’administratif à défaut de pouvoir opérer. Il veut se rendre utile, il veut servir son temps, il veut pouvoir mettre ses compétences aux services des hommes à défaut d’avoir une vie à lui. Ses mains glissent sur les dossiers d’opération qu’il doit relire et corriger, sur ces papiers à signer, ces commandes à justifier, ces certificats à donner. Il n’a pas un poste très élevé malgré son ancienneté : il n’en a pas voulu. Aloys n’est certes pas très discret, il a passé les décennies comme un être immatériel, sans attache, sans repère, et il sait mieux que quiconque se faire oublier. Savais.

Deux mois. Cela fait deux mois et pourtant rien ne change : il se réveille toujours en sueur après un cauchemar, il se recroqueville toujours le matin dans son lit, à la recherche de sécurité. Sans la trouver. Et lorsqu’il arrive à l’hôpital, lorsqu’il se dit en éternel optimiste que cette fois ce sera la bonne, il se rend rapidement compte que ce n’est pas le cas. Alors Aloys préfère se dire que demain, ça changera, que demain il changera.

Deux mois. A chaque fois que sa main s’hasarde à saisir un scalpel, c’est sa peau que l’on tranche. Lorsqu’il regarde le corps anesthésié, doucement endormi, calme et confiant, c’est le sien qu’il voit. C’est son sang qu’il n’arrive pas à ignorer, ce sont ses cris qui l’assourdissent sans qu’il n’y puisse rien faire. Les yeux d’Aloys se ferment, il s’adosse contre un mur, le souffle rapide. Sa main glisse sur son front pour en chasser une sueur nerveuse, Aloys essaye de changer ses idées et de les éloigner de ses pensées macabres, sans le moindre succès. Pourtant, il sait qu’il doit aller de l’avant, il le sait très bien. C’est ce qu’Aisling ne cesse de lui répéter, c’est ce qu’il essaye de se faire comprendre tous les jours lorsqu’il s’extirpe de son lit pour rejoindre l’hôpital.

Les heures défilent, interminables. Aloys s’active, cherche quoi faire, prend le temps d’aller voir chacun des patients en remplacement d’un autre médecin, malade celui là. Il se demande d’ailleurs s’il ne devrait pas changer de corps de métier, s’il ne devrait pas laisser tomber sa couverture de chirurgien pour devenir médecin urgentiste et agir au plus près de la précipitation, loin des tables d’opérations minutieuses, plus dans le spontané. Il se dit que peut être qu’il pourrait ainsi combattre ce malaise, lutter contre son traumatisme. Aloys est médecin : dans son corps, dans son âme. Et s’il ne parvient plus à soigner, il sait qu’il dépérira. L’heure tourne, encore, le tic-tac de l’horloge rythme ses mouvements, est atténué par les sourires du chirurgien qui calme un blessé et explique quelques minutes après à une mère éplorée ce que son enfant à. Il est polyvalent, l’Aloys, et c’est certainement pour ça qu’on lui pardonne son personnalité hors du temps. Il est polyvalent, mais il reste humain :l’heure tourne, tourne encore et la fatigue commence à se faire sentir. Il est là, à prescrire des médicaments et à discuter avec des infirmières, lorsqu’une main se pose sur son épaule. Il se sursaute, le bougre, dans un regard apeuré qui fait rire et finit même par le faire rire. « Va te reposer, Aloys, Ca fait quoi, quatorze heures que tu es debout ? » Le petit sourire coupable d’Aloys lui attire de nouveaux rires de la part de ses collèges, il accepte d’aller se poser quelques minutes dans son bureau, finit même par concéder un aller-retour chez lui pour dormir quelques heures.

Ses pas le mènent sans tarder à l’étage où siègent les bureaux pour récupérer ses quelques affaires. Ses doigts détachent sans y penser les quelques boutons de sa blouse, poussent la porte sans s’étonner plus que cela qu’elle ne soit pas verrouillée. Il n’a pas l’habitude de se calfeutrer chez lui, il n’a même pas l’habitude de fermer les portes ou de se réfugier derrière des verrous. En revanche, il s’étonne davantage de voir une silhouette se découper devant lui. Un froncement de sourcil : Aloys est perdu. « Bonjour ? » Sa petite voix est interrogatrice. Qui est-ce ? Aurait-il donc oublié un quelconque rendez-vous ? « Je me doute que vous avez dû avoir une longue journée. » Oui, certes, mais aux yeux d’Aloys, ce n’est pas le plus important. « Je peux vous renseigner ? »

Il fait le tour, rejoint son bureau et cherche dans son agenda une quelconque trace de rendez-vous sans la trouver. « Je vous demanderais de bien vouloir fermer la porte, et prendre encore d’un peu de votre temps. » Aloys relève la tête. Prendre un peu de son temps ? Un petit filet d’angoisse l’enserre sans qu’il ne le veuille, il se voit se lever, troublé, fermer la porte et revenir à sa place sans savoir exactement à quoi s’attendre. « Bien sûr mais… je vous prie de m’excuser, j’ai beau regarder dans mon planning, je crains ne pas avoir noté de rendez-vous avec vous. Peut être est-ce ma secrétaire qui… je suis sincèrement confus monsieur. Vous êtes… ? » Aloys n’aime pas ce genre de situation. Il craint même plus que tout avoir fait une quelconque erreur. Le voilà qui prend son inspiration, se lève pour la troisième fois. Il veut bien octroyer à cet inconnu un peu de son temps mais s’il veut être attentif, il doit impérativement se servir une tasse de café. « Vous en voulez ? » Il désigne la cafetière qui s’est mise en branle, dans un nuage de fumée.

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Alec Lynch
Alec Lynch

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 1 Nov 2015 - 18:48


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Vive éternellement. L’histoire était truffée de gens comme ça, ces humains qui avaient cherché à défier les limites naturelles de l’existence. En observant le bureau du chirurgien, Alec en vint à se demander quel âge avait sa proie. Et l’horreur s’était fait un chemin à travers ses veines. Il n’avait jamais aspiré à ça ; le Lynch déjà jeune avait eu une vivace idée du temps qui passait. ‘On n’vit qu’une fois’ avait-il souvent répété avec défiance pour justifier, pardonner ses excès. Arrogant, imprudent dans chaque journée qui avait composé les vingt premières années de sa vie, Lynch avait profité de tous les instants comme s’ils étaient les derniers, tous le précipitant vers une fin omniprésente. On n’pouvait pas être vivant, sans savoir qu’on était voués à mourir – quelle évidence y avait-il de plus à accepter, dans c’monde ? Le compte à rebours des quatre-vingt années (voire plus, ou moins) destinées à constituer la vie du jeune homme, s’était lancé le jour-même de sa naissance, et Alec n’avait jamais eu la volonté de voir les choses différemment. La mort de ses parents avait fait changer de nombreux critères – rien de comparable pourtant, avec les traitrises de sa mutation. Si le chasseur avait pris sur lui de vouer son existence entière à la chasse, la traque et l’élimination du gêne mutant, désormais même ça, n’semblait plus pouvoir toucher la moindre fin. Même ça était pollué par un savoir immuable, l’assurance perfide que ça n’rimait plus à rien. De plus en plus, le chasseur avait la désagréable sensation de s’faire passer pour un Dieu, intouchable et inatteignable, choisissant qui était digne de vivre, et qui devait mourir. Avait-il encore quoique ce soit d’humain ? Quel paradoxe, Lynch avait toujours dû faire partie de cette petite poignée d’êtres humains sans complexes, qui n’avaient jamais craint la prescience de la mort, ou cherché à l’éviter d’une façon ou d’une autre. Mais celle-ci avait décidé de s’refuser à lui, de la plus cruelle des façons : ses yeux clairs naviguant autour de lui à travers toute la pièce, Alec se retrouva persécuté, rattrapé par les inquiétudes disgracieuses que son imagination avait construites. Lui, dans cent ans, toujours identique en apparences, mais ayant souffert plus de maux encore que les blessures de chair qui se seraient imposées à lui : il aurait vu son meilleur ami mourir, d’une quelconque manière (si tant est que Felix aurait toujours été dans sa vie, et non pas châtié par la puissance de leurs mensonges et de leurs silences). Il aurait vu ses croyances s’effriter, et Calista disparaître de sa vie. Disparaître d’une quelconque manière qu’il n’voulait pas formuler en de mots clairs : soit parce qu’il l’avait chassée de son existence pour n’pas s’attacher inutilement. Soit parce qu’elle choisissait elle-même de s’détourner de lui, le dégénéré qu’elle avait appris à détester depuis qu’elle était née. Soit parce que la Faucheuse perfide viendrait tôt ou tard la lui arracher, sans qu’il n’ait son mot à dire sur ça. Le chirurgien inconnu avait-il connu ce genre-là de chemin ? Bien contre son gré, et les convictions qui avaient construit le chasseur qu’il était devenu, Alec se surprit à ressentir un élan de compassion pour l’homme qu’il n’avait pas encore ressenti. Peut-être bien que le transmutant avait réussi à trouver un quelconque avantage, dans l’fait de voir le temps passer en restant figé dans un vide inatteignable par tous les autres ; à l’heure actuelle, le Lynch avait bien du mal à imaginer les bonus dans l’histoire.

Ouais, bien sûr, il ne se souvenait que trop bien de Calista, lui affichant sous le nez la cicatrice blanchâtre à son pouce, parlant de celle qu’elle avait récoltée dans l’explosion de la mairie ; ça n’avait pourtant rien à voir avec le fait de n’pas pouvoir crever – pas même de vieillesse. La Wolstenholme s’en retrouvait réduite à faire comme si de rien n’était, comme s’il n’était pas devenu comme ces monstres dont son père, sa famille toute entière avaient inlassablement parlé, la haine débordant dans leurs voix. Celle à laquelle il avait été si réceptive, quand il avait décidé de prendre les armes sous la tutelle des Lecter, treize ans plus tôt, habité par le sens du devoir, et la rage crispant chaque part de son âme dans une mélopée chantée. Elle l’avait habité jusque-là, de la tête aux pieds ; maintenant, peut-être était-ce juste la maturité, ou simplement tout ce qui se précipitait à Radcliff, mais le Lynch était simplement paralysé – presque inactif, en comparaison de tous les fanatiques qui suivaient ardemment les ordres donnés par Lancaster. Alec n’s’était jamais retrouvé dans les magouilles politiques qui régissaient le monde hypocrite des grosses têtes que son père avait côtoyés, fut un temps : mais désormais qu’il s’y frottait plus que de mesure, le Lynch avait l’assurance inébranlable qu’il était impossible de fier une quelconque confiance en des hommes de ce genre. Thaddeus Lancaster n’avait toujours pensé qu’à lui, et aujourd’hui encore, malgré le chaos qui régnait à Radcliff, le maire déplacé ses pions en choisissant stratégiquement chacun de ses mouvements : il y avait de fortes chances que celui-ci se frotte les mains de tout c’qu’il s’était passé à la fête foraine, sans même tenir compte des dizaines de victimes laissées par les explosions et le feu. Peu importait si les dégénérés avaient lancé l’offensive, Lancaster n’était pas mieux qu’eux, s’il venait à trouver un quelconque moyen de retourner tout ça à son avantage, utilisant le deuil et la mémoire de victimes dont il n’avait cure, pour monter à l’échelle de sa gloire personnelle.   « Bonjour ? » la voix du chirurgien inconnu était on ne peut plus baignée d’interrogation, presque synonyme d’une insouciance incroyable, quand on prenait en compte l’ancienneté probable du personnage, ainsi que les nombreuses péripéties que celui-ci avait déjà connues à Radcliff. Qui avait bien pu trouver un quelconque moyen de le vacciner ? Comment ? La question pernicieuse, traitresse, baignée d’agressivité pressée, brûlait déjà les lèvres du Lynch, au moment où il dévisagea enfin le visage qu’il avait observés sur quelques vagues photographies relevées lors des expériences accomplies sur lui, tel un rat de laboratoire sur lequel on aurait développé un vaccin contre la rage. Cet Aloys de Miribel avait-il été le patient zéro du NH25 ? Si tel était le cas, pourquoi est-c’que celui-ci ne marchait malgré tout pas, sur le Lynch ? Ces interrogations sans réponse suffirent à refroidir tout l’intérieur du chasseur, tandis qu’il n’observait que vaguement son vis-à-vis pénétrer dans le bureau qui était sien, prenant place comme s’il s’apprêtait à faire face à personne de plus dangereux (et imprévisible) qu’un simple patient ramassé dans les couloirs de l’hôpital. Impassible, même face à la sympathie toute affichée du médecin, Alec l’observa, le sonda à la recherche de toutes les réponses à ses questions sans avoir à les prononcer, et donc à trahir ce lourd secret qui suspendait sa vie toute entière à un fil bien fragile.

La porte claquée par le médecin lui-même, il semblait presque le transmutant était enclin à finir dans une situation pareille : qui agissait ainsi encore à Radcliff ? Sans soupçonner n’importe quelle personne qu’ils venaient à rencontrer ? Certes, probablement qu’pour un homme altruiste au point de rester dans l’hôpital de Radcliff après avoir subi tous les martyrs possibles et imaginables entre les mains des chasseurs, avoir foi en l’humanité devait encore être quelque chose d’important. C’n’était plus le cas du Lynch depuis bien longtemps déjà – l’espoir en autrui s’était consumé dans le jeune homme insouciant qu’il avait été, le jour où il avait retrouvé ses parents morts, comme ça, assassinés sans aucune raison. « Bien sûr mais… je vous prie de m’excuser, j’ai beau regarder dans mon planning, je crains ne pas avoir noté de rendez-vous avec vous. Peut-être est-ce ma secrétaire qui… je suis sincèrement confus monsieur. Vous êtes… ? » de l’autre côté du bureau, Alec dévisagea le chirurgien, non sans une once de curiosité, de surprise face au chemin vers lequel s’orientait cette discussion – habituellement, le chasseur était confronté à ces dégénérés paranoïaques qui lui sautaient à la gorge aussi vivement qu’il ne le faisait. Des soldats de la guerre dans toute leur splendeur. « J’n’ai pas pris rendez-vous. C’n’est donc pas une histoire de secrétaire. » lâcha-t-il enfin, chassant cette vague hésitation traitresse en détournant à nouveau le regard. A la proposition de son vis-à-vis pour un café, Alec signa négativement de la tête, sans rien ajouter ; lui qui n’avait jamais été un grand amoureux du café auparavant, maintenant que le sommeil le fuyait tout autant que la mort elle-même, il n’en était plus au point de devoir boire de la caféine à haute dose pour rester éveillé. « On peut dire que c’est une visite… hors des limites de votre travail. » était-ce assez explicite pour qu’une mince inquiétude parvienne à faire son chemin jusqu’à l’esprit de l’insouciant vacciné ? Peut-être bien ; Lynch ne se montrait pourtant pas ouvertement agressif : au contraire, il s’était assis devant le bureau, face à l’homme qu’il avait tant cherché, tant observé – la matérialisation pure et dure d’une chance qu’il se devait de saisir. Quelqu’un, avait vacciné cet homme, et si tel était le cas, si c’était la vérité, alors il y avait un moyen pour lui, de s’débarrasser de sa tare. Sans avoir recours à l’aide d’un autre transmutant six pieds sous terre, aux dernières nouvelles, comme l’avait prétendu la Holst. Sans autre forme de procès, Alec déposa le dossier épais, qui n’payait pas de mine, qu’il avait emmené sous son bras à travers tous les couloirs. Celui-ci n’affichait aucun sigle particulier, aucune traitrise quelle qu’elle soit – le Lynch s’en était assuré de bien des manières avant de débarquer jusqu’ici : les seuls indices qu’Aloys pouvait saisir, étaient ceux à l’intérieur. C’était le seul moyen possible et imaginable qu’il avait trouvé pour demeurer inconnu, peu importaient les secrets qu’ils s’échangeaient. Le seul moyen de protéger aussi la source de ces informations : à savoir, Calista. « C’est vous, dans ce dossier n’est-ce pas ? » juste devant lui, sans le savoir encore, le dénommé Aloys avait le dossier constitué par les scientifiques hunters qui l’avaient disséqué de toutes les manières possibles et imaginables – dépassant de loin les frontières de la curiosité scientifique. Les quelques lueurs de sympathie du départ disparurent bien vite, le visage du chasseur s’assombrissant tandis qu’il dévisageait son interlocuteur, avide de saisir toute réaction. Probablement qu’il y avait maintenant, l’intention de faire peur tout autant que d’attiser la curiosité ; il avait besoin d’obtenir toutes les informations qu’il désirait, coûte que coûte. Autant qu’ils s’en limitent à la discussion, n’est-c’pas ?
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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeJeu 5 Nov 2015 - 13:49



Il a beau avoir cent-soixante-deux ans derrière lui, il a beau se savoir être une anomalie de la nature d’un certain point de vue, Aloys s’y est fait et s’y est même si bien fait qu’il ne s’en est jamais offusqué. Les premières années, il n’avait pas réellement conscience de ce qui le différenciait des autres êtres vivants. Que sa femme vieillisse, que son fils grandisse, que ses sœurs se marient et deviennent mères, c’était dans l’ordre des choses. Il ne se voyait pas, lui, rester le même. Il n’avait pas conscience de l’immobilisme dans lequel étaient plongés ses traits, de l’absence complète de rides, de l’éclat constant de son regard, de sa santé parfaite et inébranlable. Cent-soixante-deux ans. même ce nombre n’a à ses yeux qu’une signification abstraite. Il a vu passer les âges, il a vu passer les époques, il a vu et subi des guerres sans chercher à s’en échapper. Il est étrange de voir à quel point Aloys peut ne pas avoir véritablement conscience de son immortalité et ressentir malgré tout son absence, il est saisissant de comprendre qu’il est le même qu’il y a cent ans et restera le même lorsque les premières marques du temps depuis des décennies parviendront à se dessiner sur son corps et sur son âme.

Vacciné, il l’est. Pleinement. Depuis plus de cent ans. Vacciné contre le temps, vacciné contre cette sensation de sentir la vie défiler devant ses yeux, entre ses doigts, comme un sablier qui ne peut être renversé. Et ce vaccin qui a vicié ses veines il y a deux moins maintenant s’il compte bien, ce n’est qu’un vaccin de plus qui est incapable de le changer. Au fond de lui, Aloys sait qu’il n’est plus immortel. Qu’il n’est plus qu’un homme comme les autres. Qu’il est certes plus résistant que la plupart aux microbes, bactéries et virus, mais qu’il est plus faible que le reste de la population une fois que son sang a trouvé une ouverture par laquelle s’échapper. Au fond de lui, Aloys sait tout cela. Mais ce n’est pas pour autant qu’il changera d’attitude, qu’il reprendra sa vie en main, qu’il redeviendra un mortel comme les autres. La leçon, il a mis des années à l’apprendre, il lui en faudra bien d’autres pour changer son point de vue et d’ici là, nulle illusion à se faire, il sera trop tard pour lui pour vivre les secondes qu’il lui restera.

Vacciné, il l’est et il le restera : il le sait. Et il continue de vivre, englué dans sa léthargie, posant des perfusions, prodiguant soins et conseils, comme il l’a toujours fait. C’est à plus de quarante cinq ans qu’il a réussi à se libérer de son domaine et de son héritage pour faire ce qui lui était pour lui une vocation plus que profonde. Les décennies sont passées, il ne s’en est pas lassé. C’est peut être d’ailleurs pour ça que ne plus être capable d’opérer est et reste une véritable souffrance pour Aloys. Ceux qui l’ont enlevé, ceux qui l’ont séquestré, ceux qui l’ont torturé, ceux qui l’ont vacciné, il ne les cherchera pas. Il ne leur en veut même pas pour tout cela. Mais il souffre de voir qu’ils ont si bien marqué son esprit qu’ils l’ont brisé de manière indélébile. S’il ne perd pas espoir de guérir comme il l’a toujours fait, Aloys veut se prouver à lui-même qu’il peut continuer à être utile, qu’il peut continuer à faire vivre les autres. C’est pour cela qu’il vit presque à l’hôpital, insensible à la fatigue. Indifférent aux vertiges qui le prennent. C’est pour cela, aussi, qu’il est incapable de s’offusquer de la présence d’un inconnu dans son bureau et encore moins de ses manières grossières et de cette absence de politesse. Feuilletant son agenda, Aloys s’exécute, ferme la porte, propose du café. Il s’excuse, il balbutie qu’il n’y a nulle trace de rendez-vous dans son carnet. Dialogue inutile : le chirurgien est suffisamment sensible pour percevoir l’improvisation et la spontanéité, dans un sens, de cette visite. L’homme, toujours inconnu, ne tarde d’ailleurs pas à le lui confirmer. « J’n’ai pas pris rendez-vous. C’n’est donc pas une histoire de secrétaire. » Un léger haussement d’épaule, Aloys tente de le rassurer du regard et d’une voix douce. « Oh, ce n’est pas grave, ce ne sont que des formalités après tout. J’ai tout mon temps à vous accorder monsieur. » La machine à café émet un grondement, une vibration assourdissante et crachote finalement le liquide amer. C’est un présent d’un de ses collègues, cette machine. Pour son retour. Un présent qu’il ne maîtrise qu’en surface, se contentant de glisser une capsule, de remplir la réserve d’eau et d’effleurer un bouton. Il n’en comprend pas tout le mécanisme, ne cherche même pas à l’approcher, se contente de reproduire ce qu’on lui a montré sans chercher à œuvrer davantage dans le détail des doses et du nombre de pression, sans même chercher à modifier la température du breuvage. « On peut dire que c’est une visite… hors des limites de votre travail. » Les mouvements d’Aloys, déjà loin d’une rapidité nerveuse, ralentissent légèrement. Hors des limites de son travail ? Ses pensées défilent bien plus vite que sa réflexion ; sautent aux conclusions qu’Aloys se veut ne serait-ce que d’émettre.

Il revient près du bureau, en équilibre entre une méfiance qu’il ne se savait pas capable de posséder et une curiosité presque dérangeante. « Pouvez-vous expliciter vos pensées s’il vous plait ? » On peut sentir dans sa voix le noble chargé de protéger les intérêts de sa famille. Aloys a tendance à l’oublier et à le cacher, mais son passé de Comte le rattrape le plus souvent contre son gré et teinte ses paroles et ses actes d’une noblesse calme et assurée de son bon droit que rien ne peut ébranler. « Je crains de ne pas vous suivre. » C’est une demande qu’il formule : la réponse lui parvient sous la forme d’un dossier épais glissé sur son bureau. Sa tasse de café tremble dans sa main, heurte la table dans un tintement qui ne parvient pas à atteindre le chirurgien. Un dossier médical ? Un patient, un écueil administratif ? Un décès ? Les hypothèses filent et se tissent dans son esprit alors que ses doigts se saisissent des feuillets pour les faire s’égrener dans sa paume. Et une photo. Claire. Précise. Lui. Des tremblements s’emparent de ses muscles, il pose avec précipitation l’ensemble. « C’est vous, dans ce dossier n’est-ce pas ? » Il est immobile, tétanisé de souvenirs et de douleurs constantes et aigues, perçant son cœur comme des lames chauffées à blanc. La douleur, il la connait. Depuis des années, depuis plus d’un siècle et demi, il la connait. Très bien même puisqu’à défaut de mourir il a du apprendre à l’endurer et à l’accueillir comme une amie de longue date. Pendant des années même, il commençait ses journées en se taillant les veines pour les regards se reformer sous son regard de moins en moins angoissé, de plus en plus résigné. « D’où… » Sa respiration s’étrangle dans sa gorge. Ses tremblements refusent de disparaître. Mais Aloys reste droit, reste calme, reprendre le contrôle et tasse dans un coin de son être ses souvenirs avec cette aisance acquise par l’expérience. « C’est moi en effet, mais… monsieur, je vous prie d’ailleurs d’avance d’excuser mon insistance à ce propos mais… d’où viennent ses documents et comment sont-ils parvenus en votre possession ? » D’une main nerveuse, il glisse quelques doigts dans ses cheveux pour les recoiffer et dissiper un peu de son angoisse. « Qui êtes-vous, qu’attendez-vous de moi, que puis-je faire pour vous. Répondez à ces questions en priorité car ceci… » Ses doigts referment le dossier et le poussent en direction de l’importun. « Ceci dépasse en effet de loin les limites de ma profession, tout en la rejoignant par des biais détournés. »

Son regard doux, son attitude tranquille, son élocution claire et distincte ne doivent pas tromper l’homme. Aloys est gentil, candide, naïf peut être même un peu trop hors du monde pour être tout à fait intimidant mais il reste un Comte, un immortel et un homme ayant grandi pour gérer employés de maison, débiteurs et subordonnés. Et il attend des réponses.

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Alec Lynch
Alec Lynch

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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeSam 7 Nov 2015 - 20:23


better not to breathe than to breathe a lie
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moon's rising and my blood is growing cold. preacher man can't save a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. ain't gonna drown in the water, cause the good lord ain't bringing me home. i'm bound for the broken promise land, to meet my demons and get back my upper hand. long man can't catch a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. w/aloys de miribel & alec lynch.

Observer les prunelles de quelqu’un, s’y plonger sans demi-mesure ; y lire c’qu’il tient coûte que coûte à cacher. Peser, calculer, quantifier soigneusement chacun de ses gestes – chaque souffle de vie s’abattant dans la réalité. Caresser subrepticement la menace, la faire lancinante et meurtrière un peu plus à chaque seconde qui passe. Alec avait appris toute la finesse et la complexité de la torture, qu’elle soit mentale ou physique, lors de son entrainement de chasseur ; aisément le passage le plus ardu de sa formation, les années qui l’ont le plus marqué. Et l’expérience qu’il se déplait à montrer ; jamais le Lynch ne s’est lancé dans le chemin complexe de la chasse avec le désir de faire souffrir, d’arracher d’entre les lèvres de ses adversaires des suppliques incessantes, avant d’enfin leur offrir la mort. Il n’est pas comme ça ; simplement un soldat de la Faucheuse, se pointant dans la vie de ses victimes aussi vivement et rapidement que celle-ci, un baiser tranchant d’une de ses flèches, et la fin arrivant bien assez tôt dans le procédé. A Radcliff également, même pour Lancaster et ses exigences baignées d’arrogance, le chasseur n’est jamais allé jusqu’à se salir les mains du sang de victimes qu’il ne destinait pas à une mort emplie d’autant de pitié que de volonté. Il livrait à d’autres, les dégénérés qu’il trappait comme du gibier, les jetant comme des objets dans un futur qu’il préférait largement ne pas imaginer. Les supplices de son vis-à-vis, il les connaissait, pour les avoir infligés à d’autres – pour n’avoir que trop bien pu les imaginer, en dévisageant les pages défilant sous ses yeux. Alec avait senti ses os se ressouder, la douleur électrique d’une jambe cassée ne devenir qu’une plaie refermée en quelques secondes à peine. Il avait pourtant eu tout le loisir d’évaluer ce que ça faisait, de mourir de toutes les morts possibles et imaginables : s’écraser sur le sol à s’en réduire en miettes chaque os du corps, s’exploser le crâne avec une balle, se brûler les chairs de la main – tant de tourments qu’il avait connus bien avant cette histoire de mutation, au cours des treize années qui avaient constitué son destin de chasseur. Mais dans toute la ville, plus que jamais, Alec Lynch était celui le plus à même de compatir avec son vis-à-vis, de comprendre et d’évaluer chacun des tourments qu’il avait connus, traversés ; presque des cauchemars qui l’habitaient lui-même, à chaque fois qu’il dévisageait un de ses collègues si prompt à torturer un autre être humain, sous prétexte qu’il était un transmutant. Lynch les détestait profondément, ne vouait à leur existence toute entière, qu’une haine viscérale et une méfiance pernicieuse – la chose qui le protégeait sûrement plus que tout le reste ; mais c’n’était pas sous prétexte de chasser ces monstres, qu’il s’était octroyé le droit d’en devenir un lui-même. Du moins, pas avant que ses propres cellules ne se mettent à le trahir, affichant ouvertement sous les yeux clairs et paniqués du chasseur, qu’il n’était finalement pas si différent de ses proies. Des mots qu’on aurait voulu l’entendre prononcer une bonne dizaine de fois déjà : était-ce cela, que Maiken avait cherché à réveiller en lui, lorsqu’elle s’était lancée dans ses speech humanistes sur le sort des pauvres victimes que le chasseur avait laissées derrière lui ? Alec n’voulait pas compatir, il n’voulait pas s’identifier ; il voulait avancer sans s’retourner – désormais, son chemin n’connaîtrait plus de limite, plus de fin, interminable. Quelle ironie. Quelle étrange façon pour les choses de se retourner contre lui ; le Destin était, finalement, le seul tortionnaire qui soit, le plus efficace de tous.

Ils n’faisaient que piètre figure face à celui-ci : lui, le chasseur qui tentait de se cacher parmi ses ennemis, de renier tout ce que les fibres de son corps lui indiquaient, lui hurlaient depuis des mois déjà. Et lui, le type d’un autre temps, qui tentait vaguement de se mêler à une foule, un monde qui ne lui correspondaient pas : quel âge avait-il, ce transmutant à l’apparence si jeune ? Lynch s’accrocha à cette pensée pendant de trop longues secondes, la véracité de cet argument le renvoyant à la conversation qu’il avait eue avec Calista. Six années, ils avaient six années tout au plus avant que les choses n’deviennent trop compliquées ; un but qu’ils s’étaient fixés de manière totalement inconsidérée, dans le désir stupide de quantifier les choses – alors que la vérité était plus brutale que ça. La vérité, elle, disait que chaque jour passé où Alec était habité par cette tare qui faisait de lui ce qu’il était, l’éloignait de celui qu’il avait été avant. Du chasseur déterminé, expérimenté, agissant sans l’ombre d’un doute au fond de son regard meurtrier. Du fils qui avait vu un transmutant tuer ses parents, et avait aussitôt commencé son long parcours sur un chemin bien chaotique. De l’Alec, qui correspondait d’une certaine manière à Calista ; celui en qui elle pouvait avoir confiance sans faillir, parce qu’elle le connaissait, et qu’il y avait pas une part de lui qui leur échappait totalement. Du Lynch, meilleur ami du fils Lecter, auquel il livrait tout – tout. Six années d’errance avant de régler le problème, ce serait beaucoup trop : trop pour lui, trop pour elle, trop pour tous ceux qui avaient un jour gravité dans la vie d’Alec, croyaient le connaître, mais ne faisaient que subir les mensonges desquels il s’englobait tout entier désormais. La Wolstenholme finirait aussi par lâcher l’affaire un jour ; parce que c’était dans sa nature, parce qu’elle détestait les transmutants autant que Lynch lui-même les détestait – et que tout autant que lui, il n’pouvait se défaire de cette condition, Calista, elle, pouvait s’en éloigner à tout moment, et reprendre sa route sur le fil net et précis de sa vie. Il n’pouvait que lui souhaiter ça, malgré la mascarade de Lancaster, les mensonges qui planaient sur toute la ville : il n’pouvait vouloir que le meilleur pour la blonde ; le fait que d’ici quelques semaines, quelques mois ou quelques années, elle continue de croire en tout ce qui avait rythmé sa vie jusqu’ici. Parce que maintenant plus que jamais, Alec ne pouvait que trop bien savoir, ce que ça faisait, de voir son monde s’effriter, ses assurances se craqueler – prétendre ne marchait plus . Prétendre ne servait plus à rien ; la comédie du Lynch lancé sur le terrain, arc et flèches en main, prêt à tuer le moindre transmutant comme s’il s’agissait de son père ennemi, était désormais rouillée, faite d’hésitations et de faux pas qui finiraient par lui être fatals. Il y avait eu un temps, un Alec qui aurait été fier de porter la couleur pourpre du brassard du Gunpowder Squad ; il aurait même pu faire fi des manipulations politiques de Thaddeus, se disant que c’était peut-être l’un des seuls moyens pour engranger la menace, la contrôler et la détruire à la racine. Un autre Alec, l’Alec qui n’existait plus, consumé par les mille morts qu’il s’était déjà imposés à lui-même, pour tester ses limites ; savoir, comprendre, explorer. Lui au moins, contrairement à ses collègues qui s’étaient occupés du cas d’Aloys de Miribel, il avait fait ces expériences sur lui-même, plutôt que de se choisir un rat de laboratoire sur lequel expérimenter. Hasarder. Tester. Ceux-ci avaient pourtant trouvé des réponses qui échappaient encore au Lynch, des réponses cruciales – cherchées, traquées, espérées par le loup solitaire que le chasseur était devenu. Le chirurgien ne pouvait-il pas voir, pas saisir l’ampleur du désespoir qui tendait l’air ? La tension électrique qui pesait à chaque mot un peu plus sur l’atmosphère qui les englobait ? Aloys avait affaire à une bête traquée, une créature rattrapée par les tempêtes assassines de ses songes ; et beaucoup en avaient déjà fait l’expérience. Ils en étaient ressortis en apprenant - le savoir gravé dans leurs chairs - qu’il valait mieux ne pas se mettre en travers de son chemin destructeur.

Les politesses mielleuses de son hôte, l’aspect innocent de l’homme face à lui, n’eurent aucun effet calmant sur la détermination tranchante du chasseur : qu’ils s’enfoncent dans les méandres de cette entrevue sans faire demi-tour – ce sort, au combien douloureux pour l’ancien dégénéré, était pourtant le plus préférable à toutes les options qui s’offraient à eux. Car même s’il répugnait à exercer de ce savoir, Alec savait infiniment bien comment arracher des confidences traitresses d’entre les lèvres de ses ennemis. Et pour l’heure, loin des camps, de la guerre, du champ de bataille et des histoires de transmutants et de chasseurs, Aloys était l’ennemi ; l’épaisse muraille à abattre, le type à la gorge enserrée par les paroles inutiles, qui détenait les secrets dont il avait infiniment besoin. Toute compassion que le Lynch aurait pu ressentir à l’égard de son vis-à-vis on ne peut plus humain, fut donc dévorée par les minutes qui s’épaissirent, les formalités qui s’alignèrent les unes après les autres : probablement qu’il aurait rechigné, en un autre temps, à déposer si promptement le dossier des martyrs d’Aloys juste sous son nez. Mais il était pressé, acculé ; et la sensibilité de Miribel, quelle qu’elle soit, n’valait pas la vie du Lynch. C’était mathématique, simplement mathématique ; une démarche presque superficielle pour le chasseur : il en vint même à accomplir l’acte qu’il ne se serait jamais cru accomplir, observant attentivement la moindre des réactions de sa victime au passé si douloureux qu’il ramenait si brusquement. De simples papiers, des photographies, la description soigneuse de chacun des instants qu’Aloys de Miribel – de son nom – avait connus entre les mains des chasseurs ; Alec était désormais loin de la pitié. C’n’était pas le sadisme pourtant qui le rendait si affamé des réactions de son interlocuteur – plutôt le devoir de conservation, l’impertinence d’imaginer quelles marques tout cela pourrait laisser sur lui, s’il devait à son tour devenir un cobaye de choix pour ses anciens amis s’ils venaient à découvrir sa toute nouvelle nature de dégénéré. « D’où… » mâchoires crispées sous cette tension qui enserrait tous ses muscles, Lynch ne dit mot, n’ouvrit guère la bouche pour interrompre la marche pernicieuse des songes du médecin face à lui. Se jouait derrière les apparences, toute une bataille de ressentiments qu’il saisissait bien aisément, à défaut d’en afficher beaucoup lui-même. Si on lui avait appris à saisir ce qui trahissait les autres, Alec lui, avait appris de son père à n’jamais rien laisser transparaître sur son visage de marbre. Et il excellait dans ce domaine – quitte à rester une parfaite énigme pour les gens aux vies desquels il se frayait un passage assassin. « C’est moi en effet, mais… monsieur, je vous prie d’ailleurs d’avance d’excuser mon insistance à ce propos mais… d’où viennent ses documents et comment sont-ils parvenus en votre possession ? » la main nerveuse qui fila dans les cheveux de l’homme, il la suivit d’un regard glacé ; avant de retrouver, d’analyser de ses prunelles attentives, tous les traits du faciès de son interlocuteur – il récoltait tant d’indices sur l’homme en face de lui, que c’en était incontestablement injuste qu’il garde le silence face à la question perturbée du dégénéré. Imperméable, impénétrable, intouchable : c’était bien ce qui lui avait sauvé la vie jusque-là. « Qui êtes-vous, qu’attendez-vous de moi, que puis-je faire pour vous. Répondez à ces questions en priorité car ceci… » le bruit mat du dossier qui se referme, et vint glisser sur le bureau froid jusqu’à lui ; Alec ne cilla pas. « Ceci dépasse en effet de loin les limites de ma profession, tout en la rejoignant par des biais détournés. » qui était-il ? Etait-ce un secret encore à même d’être protégé ? Il suffisait simplement que le chirurgien sorte de son hôpital, allume un écran de télévision ou lise un journal pour reconnaître son visage, saisir son nom et sa fonction principale. A moins qu’il n’ait déjà deviné ce dernier élément, rien qu’en observant craintivement les ressources qu’il possédait.

Lynch était tant dévisagé dans la rue, tant détesté par ses ennemis et adulé par ses camarades, qu’il était presque surpris de croiser quelqu’un qui ne savait pas encore son nom, son prénom, ainsi que trop de choses sur lui. Une agréable surprise ; somme toute. Il n’était jamais devenu un chasseur pour être exposé, ses faits d’armes étalés à la une de la presse, tout ça parce qu’il était sorti d’une foule en délire pour aller stopper une bombe humaine d’exploser au beau milieu de la foule. De longues secondes, pendant lesquelles Alec pesa le pour et le contre, sondant le regard clair de l’homme en face de lui ; dans tout ça, il n’y avait que les crachotements de la machine à café qui brisèrent le silence, en des manifestations qui faisaient tant tâches, qu’elles en étaient presque oubliées. « Mon nom est Alec Lynch. Et je travaille pour le maire. » la sentence assez explicite pour faire vibrer chaque grain d’air tout autour d’eux : il n’y avait que les chasseurs qui travaillaient pour le maire. Et il n’y avait que le maire pour ordonner qu’on fasse vivre un tel supplice à un être comme Aloys de Miribel. « Il y a deux mois, vous avez été vacciné. J’aimerais savoir comment. » ce n’était pas faute d’avoir lui-même essayé, enfonçant avidement les aiguilles dans son propre bras, pour voir ses cellules répondre avec virulence à l’attaque extérieure avant même qu’elle n’ait eu la moindre chance de faire effet. « Nous savons tous les deux que vous étiez capable de régénérer vos cellules. Et que n’importe quel vaccin aurait dû être inactif sur vous. Mais vous êtes là… vacciné. A faire comme si de rien n’était. » un vague sourire, torve et glacial, passa sur les lèvres du Lynch – il en vint déjà à envier son vis-à-vis, presque sans pouvoir le contrôler. Si seulement, si seulement il pouvait connaître tous les secrets de cet homme et se débarrasser de cette chose en lui ; il n’partirait pas d’ici avant que ce soit fait, coûte que coûte. « Je sais que vous avez une carte d’identité qui dit que vous avez vingt-huit ans. Mais je crois qu’on a déjà largement dépassé le moment où vous faites semblant ou mentez pour vous en sortir. Quel âge avez-vous, à vrai dire ? » et le chasseur aurait voulu poser cette question sur un ton presque moqueur, arrogant, grandiose ; c’était sans compter sur l’ombre de l’appréhension qui glissa en lui, pernicieuse et traitresse. Il voulait savoir tout autant qu’il ne le voulait pas ; Alec n’voulait pas imaginer de quoi était fait son avenir, s’il ne trouvait pas de solution à son mal. C’était là une curiosité dangereuse, un acte risqué ; comme flirter constamment avec le danger, ce qu’il faisait jour après jour. Mais affronter Aloys de Miribel, peu importait à quel point ce type pouvait être sympathique et accueillant, s’avérait plus compliqué, plus effrayant que d’aller sauter à la gorge de n’importe quel dégénéré.
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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeJeu 12 Nov 2015 - 13:24



Aloys n’est pas et ne sera jamais quelqu’un de facilement intimidable. Aussi étrange que cela puisse paraître, d’ailleurs, lorsqu’on le connait un peu. S’il est réservé, timide, s’il craint constamment de faire un faux pas et de blesser son interlocuteur, s’il n’est pas vraiment du genre à chercher les conflits et l’agressivité, si tout son être rejette la violence avec une douceur perturbante, Aloys sait aussi se lever lorsqu’il le fait, combattre pour ses convictions quand il le faut. Il sait défendre ses intérêts, il sait se battre pour ce qu’il croit juste. Eduqué comme un comte, comme un fils aîné, comme le propriétaire d’un domaine, Aloys a ce quelque chose en lui qui lui a permis et de se faire respecter en son temps, et de se faire obéir par ses employés, subordonnés, par ses hommes. Même en bloc opératoire, on peut sentir chez lui cette fibre autoritaire qu’il a et qu’il cache bien en temps normal. Alors oui, il n’est pas intimidé par l’homme face à lui, juste étonné, juste curieux, juste inquiet. Alors oui, il n’est pas intimidé par ce dossier jeté à son visage comme une provocation gratuite et une descente forcée dans ses enfers personnels. Il n’aime pas penser à ces jours-là tout comme il refuse la plupart du temps de penser à ceux qui ont suivi la Rafle du Vel d’Hiv. C’est comme ça, c’est ainsi, il a cent –soixante-deux années au compteur et il a le droit de choisir les souvenirs qui restent et ceux qui se cachent quelque part dans les recoins de son esprit.

Les questions naissent, s’interposent, s’imposent. Se positionnent entre eux au dessus du dossier qu’il repousse en direction de l’homme comme pour bien lui faire comprendre qu’il ne pliera pas et attendra des réponses avant de poursuivre de quelle que manière que ce soit cette conversation. Son regard doux et tranquille ne doit pas duper son interlocuteur, Aloys sait lorsqu’il veut quelque chose et exige des réponses, il sait aussi avoir la patience d’attendre et l’intransigeance suffisante pour ne pas céder sous la pression. Aloys n’est peut être pas violent, il a quelque part ce courage qui le pousse à se lever lorsqu’il le faut. Et dans des moments comme celui là, son regard ne cesse pas d’être doux et tranquille mais il se teinte aussi d’attente et d’insistance. Il ne parlera pas plus tant qu’il n’aura pas en main les éléments lui permettant d’aborder cette conversation s’annonçant tendue de la meilleure manière qu’il soit. Il ne veut pas heurter l’autre homme, non, il souhaite juste avoir toutes les cartes en main pour répondre le plus pertinemment possible et surtout se protéger. Ses yeux ne quittent pas un seul instant les traits de l’autre. Il l’effleure, l’observe, sans creuser en profondeur, trop pudique pour chercher à décrypter le peu d’émotion qu’il peut capter dans un regard ou une attitude. Nul bruit dans la pièce, uniquement la machine à café qui continue de crachoter le liquide amer qui devrait réveiller pleinement les capacités d’Aloys et son attention. La fatigue de la garde commence à peser sur ses épaules. Durement.

« Mon nom est Alec Lynch. Et je travaille pour le maire. » Ce nom lui évoque quelque chose, la mention du maire teinte cette réponse d’une température bien trop négative. Si Aloys ne regarde ni ne lit les journaux, c’est parce qu’il a cessé il y a des années de vouloir se tenir au courant des désastres du monde pour se concentrer sur son travail et sur l’instant présent. Alec Lynch. Ce nom lui évoque cependant des brides de conversation qu’il a pu capter pendant ses rares pauses. Il semble précéder ou suivre des décès, il semble marqué par une certaine noirceur et une justice qui ne convient pas à Aloys. Le chirurgien sent sa respiration se torde, ses poumons se figer. Je travaille pour le maire. Le regard d’Aloys retombe sur le dossier, le fait revenir à porter de ses mains, feuillette sans les voir les descriptions de ses supplices et les photos présentes pour les justifier. « Il y a deux mois, vous avez été vacciné. J’aimerais savoir comment. Nous savons tous les deux que vous étiez capable de régénérer vos cellules. Et que n’importe quel vaccin aurait dû être inactif sur vous. Mais vous êtes là… vacciné. A faire comme si de rien n’était. » Ses mains tremblent, contaminent le papier de ces tressautements qu’il ne peut contrôler. Ce n’est pas la peur, ce sont les souvenirs de la douleur qui agitent ainsi ses muscles. Et le sourire qui glisse sur les lèvres de cet Alec Lynch propage un frisson d’appréhension dans le dos du Belge centenaire. Nous savons tous les deux. Il pose le dossier, une nouvelle fois. La bouche sèche, Aloys ne peut que se déplacer en quête de son café, laisser la chaleur brûlante se répandre dans ses doigts au travers de la porcelaine et lui chatouiller l’épiderme. « Je sais que vous avez une carte d’identité qui dit que vous avez vingt-huit ans. Mais je crois qu’on a déjà largement dépassé le moment où vous faites semblant ou mentez pour vous en sortir. Quel âge avez-vous, à vrai dire ? »

Les questions s’accumulent, la respiration d’Aloys s’affaiblit. Que lui veut donc cet homme ? J’aimerais savoir comment. Aloys ferme les yeux. Qui est cet homme ? Que âge avez-vous, à vrai dire ?. Il n’aime pas le ton de sa voix, il n’aime pas ses questions, il n’aime pas sa curiosité indiscrète et malsaine, il n’aime rien de ce qu’il entend et encore moins de ce qu’il perçoit dans les non-dits et les sous-entendus laissés à sa propre discrétion. Régénérer ses cellules, est-ce donc la description exacte qu’il faille faire de son ancienne habileté ? Pour Aloys, il était seulement immortel. Ce n’était pas une notion de régénération, c’était une notion de survie. Laisser son corps le maintenir en vie, soigner ses plaies, panser ses fractures, laisser son âge être une constante pour l’éternité. Aloys ne sait pas par quoi commencer, il est trop dérouté pour savoir quelle question est la plus importante et sur quel droit cet Alec s’appuie pour creuser ainsi en profondeur dans sa vie. Prenant son inspiration, Aloys se lève une nouvelle fois. Cherche son manteau accroché dans un coin, fouille dans ses poches pour en extraire son portefeuille, en extirpe sa carte d’identité qu’il fait glisser en direction d’Alec une fois à nouveau assis dans son fauteuil. « Selon cette carte d’identité, je n’ai pas vingt-huit mais trente-huit ans, monsieur, je crains que vos informations ne soient erronées. Il est fort probable que ce ne soient pas les seules à l’être donc je vous prie de parler avec un peu moins de légèreté de ma vie privée. » Sur sa carte d’identité, il est canadien, il est né en 1977. Ce n’est pas une fausse carte d’identité, c’est une vraie, faite faire par sa famille par un de leur contact dans l’administration du pays il y a une dizaine d’année. La photo le présente sous les mêmes traits, sans le moindre changement, une légère fatigue en moins. « Vingt-huit ans, c’est l’âge auquel j’ai cessé de vieillir, je dois cependant vous concéder cela. » Et cela lui coûte.

Cela lui coûte beaucoup de parler de lui de la sorte. « Pourquoi, monsieur, pourquoi ces questions sur ce que je suis ? Je n’ai moi-même les clés pour comprendre ce qui m’a permis de traverser le temps que depuis quelques années, que cherchez-vous à savoir de moi que je puisse vous dire et que vous ignoriez ? Ce vaccin, que l’on m’a injecté, n’a pas été le seul à pénétrer dans mes veines et puisque vous étiez en possession de ce dossier et que vous semblez l’avoir lu, j’ose vous croire suffisamment intelligent pour en avoir perçu toutes les subtilités. Si je veux vous répondre clairement et si vous souhaitez obtenir ce que vous êtes venu cherchez ici, vous devez non seulement me dire ce que vous ferez de ces informations mais plus encore pourquoi elles vous tiennent tant à cœur. » Aloys sent qu’il joue un jeu dangereux, la mention précédente du maire laissant planer au dessus d’eux un soupçon d’informalité officielle, comme si Lynch avait derrière lui le soutien du pouvoir en place. Il sent aussi que son air juvénile cache peut être un peu trop son âge. Que l’autre, loin de voir en lui un pluri-décennal ne peut qu’observer le jeune médecin qu’il paraît être avec ses vingt-huit ans figés. Peut-être est-ce le moment de faire comprendre à cet Alec Lynch qu’il est hors de question qu’il se laisse malmené par un individu de son genre. « J’ai cent-soixante-deux ans, monsieur et si je ne puis plus désormais avoir la patience d’attendre de votre part une réponse pendant tout autant de temps, je peux toutefois vous affirmer que les quelques heures que je devrais passer en votre compagnie à quêter de votre part des réponses aussi claires et concises qu’exactes ne me manqueront pas. »

Les cartes sont posées, avec tranquillité et calme comme toujours chez Aloys. Les réponses ne viendront qu’en échange d’informations et d’explications. S’il sait être gentil, s’il sait être patient, Aloys sait aussi commercer. Et s’il n’a pas utilisé cette partie de son éducation depuis plus de douze décennies, s’il ne la dépoussière qu’avec un certain regret, il le fait avec une détermination posée.

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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeLun 23 Nov 2015 - 18:30


better not to breathe than to breathe a lie
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moon's rising and my blood is growing cold. preacher man can't save a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. ain't gonna drown in the water, cause the good lord ain't bringing me home. i'm bound for the broken promise land, to meet my demons and get back my upper hand. long man can't catch a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. w/aloys de miribel & alec lynch.

L’intimidation avait toujours été le chemin facile, l’autoroute qui s’imposait au Lynch, et qu’il empruntait bien facilement – sa carrure aidait largement dans ce domaine-là : le sport qu’il avait pratiqué depuis sa plus tendre enfance avait toujours façonné son corps, avant même qu’il ne se lance dans la chasse. Plus grand, plus large que Felix, plus puissant que son meilleur ami, Alec s’était vite imposé comme la figure musclée de leur duo, celui qui pouvait, en quelques gestes du doigt, casser le poignet d’un connard qui leur tapait trop fermement sur les nerfs. La discussion, la négociation et la diplomatie avaient toujours plus ressemblé aux Lecter en règle générale, à croire qu’ils avaient façonné le fils adoptif pour devenir un bras armé qui n’réfléchissait pas vraiment aux conséquences de ses actes. Ce passé-là, limpide à souhait et dénué de toute complexité, était désormais plus lointain que ce que le chasseur était prêt à admettre – lui, ou Felix, son propre frère d’armes, qui frappait à sa porte après des mois de silence sans penser une seule seconde que trop de choses aient pu se passer pour qu’ils fassent comme si de rien n’était. La franchise d’Alec, son côté droit et direct l’avait toujours rendu infiniment différent de son patriarche, et de tous les politiciens mielleux qu’il n’avait eu que trop l’habitude de côtoyer dans sa jeunesse, lors des réceptions pompeuses organisées dans son manoir : somme toute, Alec Lynch était rapidement épuisé par les paroles belliqueuses et obséquieuses, échangées entre deux personnes qui s’exécraient secrètement. Les apparences, ça n’avait jamais été son truc – jouer la comédie non plus, faire face à Lancaster sans lui cracher à la gueule lui bouffait déjà toute son énergie, toute sa bonne volonté. En lui faisant face de la sorte, esseulé dans un bureau où personne n’oserait venir le déranger avant ses prochaines heures de travail – un long moment somme toute – le dénommé de Miribel faisait preuve d’une imprudence déplacée ; multipliant provocations et sarcasmes les uns après les autres. Derrière le mur de glace que représentait le faciès du hunter, la rage consumait déjà toute bonne volonté, les vieux réflexes du traqueur vibrant à travers ses muscles : qu’est-ce qui pouvait bien lui retenir de faire comme ces collègues sans nom et sans visage, qui avaient utilisé le pauvre petit dégénéré comme un rat de laboratoire ? Si vacciné il était, la mort était plus menaçante que jamais sur sa personne – alors quoi ? Un quelconque orgueil mal placé valait-il que cet entretien – somme toute presque sympathique – se transforme en un véritable bain de sang ? Lynch n’était pas v’nu ici avec l’intention de se salir les mains : il n’faisait pas partie de ces tarés remontant la piste des transmutants déjà vaccinés, persuadé qu’il fallait finir le job en s’débarrassant d’eux également, puisque le gêne X restait toujours profondément ancré dans leurs codes génétiques. Non, non, il n’faisait pas partie de ces gens-là. Pas habituellement. D’autres désirs, d’autres besoins incontrôlables et impérieux avaient guidé les pas d’Alec jusqu’à son vis-à-vis : celui-ci l’avait-il déjà deviné, jouant de la situation comme s’il s’imaginait pouvoir tenir son interlocuteur en laisse, soumis à ses volontés, aux petits secrets qu’il pouvait garder profondément cachés dans son esprit ? Si seulement. Si seulement les scientifiques qui s’étaient occupés du cas du chirurgien avaient pu être plus précis, plus méticuleux dans la retranscription des moindres faits et gestes qu’ils avaient accompli sur la personne d’Aloys de Miribel. Ça n’avait pourtant pas été le cas : loin des lignes écrites du rapport, demeuraient des secrets que seul le dégénéré connaissait.

Coopérer avec l’ennemi – même avec autant de mauvaise volonté, se plier à quelques échanges verbaux faussement polis, s’retrouver là, exposé et acculé : c’en était beaucoup trop pour le mince filin de patience qui retenait tous les instincts du Lynch. Trop, trop, trop ; l’assurance se confirma aussitôt que les piques assassines se multiplièrent d’entre les lèvres de l’homme en face de lui. « Selon cette carte d’identité, je n’ai pas vingt-huit mais trente-huit ans, monsieur, je crains que vos informations ne soient erronées. Il est fort probable que ce ne soient pas les seules à l’être donc je vous prie de parler avec un peu moins de légèreté de ma vie privée. » un sourire torve passa pour assombrir les lèvres du hunter en réponse à la première réplique cinglante ; et déjà, les bouts de ses doigts étaient secoués d’une électricité dangereuse. Dangereuse : c’était l’mot. « Vingt-huit ans, c’est l’âge auquel j’ai cessé de vieillir, je dois cependant vous concéder cela. » « Alors quoi ? Vous voulez vous faire passer pour quelqu’un qui a une bonne peau ? Plutôt qu’un dégénéré ? » le sarcasme avait claqué dans l’air, lâché par le chasseur dans un ton qui bondissait déjà d’agressions en agressions, d’attaques en retours de force qui ne demandaient qu’à faire exploser en mille morceaux toutes les illusions qui duraient. Duraient depuis trop longtemps déjà : les minutes étaient désormais devenues insoutenables pour Alec – cette attitude, c’n’était pas lui. Et dire que les choses auraient pu être bien plus simples, malgré le peu de bonne volonté que le Lynch mettait si souvent à sociabiliser avec qui que ce soit : qu’aurait-il dû faire d’autre, hein ? Venir en s’ouvrant les veines pour que le médecin les voit se refermer et le prenne en pitié ? Non, il s’était déjà abaissé à s’comporter de la sorte, à ramper à la merci d’un de ses ennemis. Une erreur qu’il ne commettrait pas une seconde fois ; pas alors que tant de choses étaient en jeu. Pour lui, pour sa cause, pour les quelques rares personnes dans la confidence – celles qui dépendaient en plus de lui, de la valeur du secret qu’ils devaient garder. Calista. « Pourquoi, monsieur, pourquoi ces questions sur ce que je suis ? Je n’ai moi-même les clés pour comprendre ce qui m’a permis de traverser le temps que depuis quelques années, que cherchez-vous à savoir de moi que je puisse vous dire et que vous ignoriez ? Ce vaccin, que l’on m’a injecté, n’a pas été le seul à pénétrer dans mes veines et puisque vous étiez en possession de ce dossier et que vous semblez l’avoir lu, j’ose vous croire suffisamment intelligent pour en avoir perçu toutes les subtilités. Si je veux vous répondre clairement et si vous souhaitez obtenir ce que vous êtes venu cherchez ici, vous devez non seulement me dire ce que vous ferez de ces informations mais plus encore pourquoi elles vous tiennent tant à cœur. » le pas de trop : guère celui d’une quelconque fraternité au-dessus de lourdes révélations. Celui de la menace pure et dure, à peine voilée : l’imbécile pensait-il franchement qu’il venait de déverser toutes ses ressources en posant quelques questions à travers un bureau ? Probablement pas ; et le Lynch survivrait à son odieuse réputation de meurtrier, s’il le fallait – à évaluer les risques, les dommages potentiels, les menaces, c’en valait la peine. Ça en avait toujours valu la peine : une conviction qui ne l’avait jamais quitté, ne le quittait pas, quand bien même ses gênes lui disaient désormais qu’il était né dégénéré. « J’ai cent-soixante-deux ans, monsieur et si je ne puis plus désormais avoir la patience d’attendre de votre part une réponse pendant tout autant de temps, je peux toutefois vous affirmer que les quelques heures que je devrais passer en votre compagnie à quêter de votre part des réponses aussi claires et concises qu’exactes ne me manqueront pas. » et déjà, la moitié des mots avaient échappé au chasseur – il n’avait jamais eu la réputation d’un type un tant soit peu patient, réfléchi, posé ; apte à avaler une profonde bouffée pour opter pour le calme. Que son interlocuteur s’amuse à la jouer distingué ; Alec n’était pas du genre à renoncer à tout ce qu’il était pour plaire à qui que ce soit – encore moins à quelqu’un qui s’croyait capable de se mettre à marchander quoique ce soit. Surtout ça.

L’éclair rageur qui traversa ses prunelles aurait probablement pu être un signe avant-coureur, si seulement tout ne s’enchaina pas en une fraction de seconde. Lynch quitta la chaise de bureau sur laquelle il s’était assis, aussi agile qu’un félin sautant à la gorge de sa proie : de ses deux mains, ses poignes renforcées et alimentées par treize longues années de chasse, Alec enserra la chemise du chirurgien au niveau du col, le décollant littéralement du sol pour venir le rabattre sur le bureau – le dos se fracassant avec force, en des vagues d’échos se propageant dans toute la pièce, partout, partout autour d’eux. Au diable les dossiers qui glissèrent sur le sol, en des quantités de feuilles volant pour briser le silence tendu. Il se pencha en direction du mutant fermement retenu à sa merci, se forçant à résister à la tentation de lui envoyer son poing dans la mâchoire en guise d’ultime punition. « Ca d’vait pas être très clair jusque-là- mais j’suis pas venu ici pour négocier. Ou faire un échange de procédés, ou marchander, ou rendre des comptes à qui que ce soit. » entre ses mâchoires scellées, les répliques mugissaient d’une colère dirigée à tout – vers c’type à sa merci, vers c’qui l’avait rendu transmutant, peu importait c’que c’était. Vers ce dossier incomplet, ces questions sans réponse, cette incapacité à fuir une destinée trop capricieuse à son goût. « J’vais te conseiller de pas te préoccuper de c’que j’compte faire de ces informations : les gens comme vous devraient s’estimer qu’on n’vienne pas finir le boulot- » si immortel qu’il était, si hanté qu’il demeurait par ce qu’il avait vécu à la merci de ces faux-scientifiques, le transmutant n’devait pas perdre de vie ce qu’il était, une proie, un gibier qui n’attendait qu’ça : qu’on lui tranche la gorge et qu’on en finisse avec lui. Un fait qu’il n’avait que trop oublié, et que le Lynch comptait bien lui rappeler, peu importait la manière. Qu’il crache tout c’qu’il savait, sans se préoccuper du reste, sans poser des questions atrocement chiantes qui leur feraient perdre du temps à tous les deux : était-ce trop demandé ? « Est-c’qu’on peut arriver à s’comprendre, alors ? » prunelles dans prunelles, Alec opta finalement pour un simili-accord, redressant le médecin de par la force de ses bras, pour le pousser comme une vulgaire poupée de chiffon droit dans le siège qu’il avait quitté un instant plus tôt, bien contre son gré : qu’il n’confonde pas cette vulgaire place comme un trône qui le mette en position de force – parce que c’n’était clairement pas le cas. « Malheureusement pour nous deux, les scientifiques qui se sont occupés de votre cas sont morts pour certains. Disparus pour d’autres. C’qui ne m’laisse que vous pour obtenir des réponses. » s’il avait pu s’contenter de cueillir toutes les réponses à ses questions, à ses hantises, à ses craintes silencieuses sur des pages de dossier, des mots écrits noirs sur blanc, il l’aurait fait – clairement, sans une once de regret plutôt que de s’retrouver là. « Si nous d’vons en arriver à ça… vous allez répondre à mes questions. Et le faire le plus précisément possible – sans essayer d’me balancer vos sarcasmes ou d’marchander quoique ce soit. » les politesses n’avaient plus leur place, les faits relatés dans le dossier venaient déteindre sur le présent : s’il fallait qu’ils en arrivent là, qu’il en soit ainsi, il n’serait pas celui qui reculerait ou abdiquerait. « Vous êtes médecin. Et vous semblez bien préoccupé par c’que j’peux faire des informations dont j’ai besoin- » il suspendit ses mots un instant, attrapant à ses gestes, tandis qu’il tirait à sa ceinture un couteau qu’il n’utilisait que rarement. « Vous pouvez répondre à mes questions. On peut... poursuivre notre conversation sympathique. Ou j’peux aller cueillir la première personne qui passera devant cette porte pour la tuer juste ici. » l’altruisme, quelque chose dont il se savait profondément dépourvu : les trente-trois années d’existence qu’il avait menées jusqu’alors en étaient la preuve. Par rapport à quelqu’un d’éternel qui se vouait à la médecine, il était probablement un connard de la première espèce : à cent soixante ans et quelques, le dénommé Aloys avait cure sûrement, de tout c’qu’y s’apparentait à une quelconque menace sur sa minable vie. Lynch détestait pourtant la simple idée de faire le moindre dommage collatéral – il exécrait profondément Lancaster pour faire preuve d’aussi peu d’égard pour la vie des autres ; mais pour ça, pour se débarrasser de cette chose logée au fond de son code génétique, il était prêt à embrasser ces démons. Il était un chasseur après tout, on n’en attendait pas moins de lui.
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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 29 Nov 2015 - 16:52



Aloys est peut être quelqu’un de foncièrement gentil, il reste un comte mais surtout un père et un grand frère. Ses sœurs, son fils aîné, il les a élevés avec une main de fer dans un gant de velours et n’a jamais hésité à hausser le ton face à eux pour leur faire comprendre ce qui était et ce qui n’était pas acceptable de leur part. Et face à cet Alec Lynch, le chirurgien n’est pas intimidé, loin de là. Il n’aime pas les manières grossières de cet homme. Il peut comprendre, bien sûr, que cet homme puisse chercher des réponses et s’impatienter. Il le conçoit tout à fait et se projette sans difficulté à la place de son vis-à-vis, quelles que puissent être les raisons tues. Mais s’il y a une chose qu’Aloys n’apprécie guère, c’est bien cette attitude et cette morgue qu’arbore le jeune homme. Cette nonchalance avec laquelle il expose son dossier, ces photos, ces images de torture, cette suffisance avec laquelle il crache le peu qu’il pense savoir sur l’identité du Belge. Peu de choses sont fausses, certes, mais une seule erreur est suffisante pour qu’Aloys puisse s’agacer de l’ensemble de la situation.

Ce dossier jeté sur la table est un cauchemar auquel il refuse, humainement, de repenser. Cette violence inscrite dans sa chair, effacée par son don, inscrite à nouveau et gravée par tous les moyens possible, il ne peut l’oublier et il ne peut tolérer qu’on en parle avant autant de légèreté. Aloys n’est pas intimidable, Aloys ne baisse pas la tête devant l’intimidation. Et il rectifie celui qu’il ne parvient pas à voir comme un adulte, tout juste comme un jeune homme, avec cette fermeté qu’il avait déjà il y a plus de cent-quarante ans. Le sourire de Lynch a beau le troubler par sa dangerosité, Aloys garde son ton tranquille, son propre sourire bienveillant et concède un soupçon de vérité dans les informations de son interlocuteur. Oui, il a vingt-huit ans. il est figé à cet âge, le compte à rebours ne s’est relancée qu’il n’y a de cela quelques semaines. « Alors quoi ? Vous voulez vous faire passer pour quelqu’un qui a une bonne peau ? Plutôt qu’un dégénéré ? » Le sarcasme glisse sur Aloys sans même ne serait-ce que s’agripper à sa peau et chagriner son visage. Ce n’est pas qu’il y est insensible, c’est qu’il ne voit là qu’une certaine forme de colère ou de mépris qui ne le touche pas. Les moqueries, l’horreur, l’effroi, le rejet, il a connu tout cela ces seize dernière décennies, et à de multiples reprises. Les rares fois où des tiers ont pu voir ses chairs se rapprocher et se ressouder d’elles-mêmes. Et l’entrée en matière de Lynch l’a suffisamment préparé à de telles répliques pour qu’Aloys puisse en prendre ombrage de quelque manière que ce soit.

Non, la vexation ne serait qu’une perte de temps et d’énergie. Aloys ne se vexe jamais. Il sait ce qu’il vaut, il sait aussi recevoir les critiques avec diligence et démêler la jalousie des remarques pertinentes sans s’offusquer le moins du monde. Quelque part, Aloys est agaçant à ne s’énerver que difficilement. En revanche, s’il ne s’énerve pas, il reste droit dans ses chaussures, affirme ses idées, va au bout de sa pensée sans la moindre peur. Il joue un jeu dangereux, le belge, et il le sait. Mais il veut des réponses et il ne parlera pas de ce qu’il a vécu sans de plus amples informations sur ce que désire réellement son visiteur. Après tout… il est dans son droit. Et il serait toujours dans son droit s’il décidait de le mettre à la porte et de lui refuser quelques minutes supplémentaires de discussion.

Aloys sent bien qu’Alec Lynch n’apprécie guère la tournure de la discussion mais ce n’est pas ce qui va le faire taire, loin de là. Sa voix ne se teinte pas d’impatience, son ton ne se pare pas de colère : l’ensemble reste tranquille, comme sur le ton d’une évidence. Il veut que les choses soient claires : il n’est certes plus immortel, il ne court pas pour autant derrière le temps et les heures. S’il doit attendre jusqu’au prochain matin pour avoir des réponses, et bien il le fera sans hésiter. Et on verra lequel des deux s’impatientera le premier. Aloys laisse sa phrase s’éteindre. Les cartes sont posées avec simplicité, il n’y a plus qu’à attendre la réaction de son vis-à-vis avant de poursuivre cette conversation.

Il ne la voit pas venir, cette violence qui s’abat sur lui. Immortel, comte, père, chirurgien, infirmier, médecin, peintre, cette panoplie ne contient pas de réflexes défensifs, ses rares leçons d’escrime remontant à bien trop d’années pour qu’Aloys ne puisse les dépoussiérer en la fraction de seconde qui lui est offerte pour réagir. La poigne de l’homme s’abat sur lui, enserre son cou, tire sa chemise et l’envoie heurter avec force le bureau dans un sursaut de douleur qui lui coupe le souffle. Aloys se laisse faire mais nulle question de pacifisme : le choc est juste trop important pour que son cerveau lance de quelconques ordres à ses muscles. « Ca d’vait pas être très clair jusque-là- mais j’suis pas venu ici pour négocier. Ou faire un échange de procédés, ou marchander, ou rendre des comptes à qui que ce soit. » La colère de Lynch suinte de ses mots, rendant presque ses phrases et son attitude superflues. Après les fracas, Aloys n’a que trop conscience de ce silence assourdissant qui reprend ses droits dans la pièce. « J’vais te conseiller de pas te préoccuper de c’que j’compte faire de ces informations : les gens comme vous devraient s’estimer qu’on n’vienne pas finir le boulot. Est-c’qu’on peut arriver à s’comprendre, alors ? » Aloys ne répond rien, se contente de fixer ses yeux noisette sur l’homme qui vient de le malmener si durement. Il se laisse faire, marionnette agitée par la colère de l’autre, il se laisse relever, il se laisse retomber et se réinstalla dans le fauteuil, la bouche sèche, cheveux décoiffés, mise défaite. Choqué, oui. Dérouté, aussi. Effrayé… davantage encore. Intimidé… presque. Mais pas tout à fait. « Malheureusement pour nous deux, les scientifiques qui se sont occupés de votre cas sont morts pour certains. Disparus pour d’autres. C’qui ne m’laisse que vous pour obtenir des réponses. Si nous d’vons en arriver à ça… vous allez répondre à mes questions. Et le faire le plus précisément possible – sans essayer d’me balancer vos sarcasmes ou d’marchander quoique ce soit. Vous êtes médecin. Et vous semblez bien préoccupé par c’que j’peux faire des informations dont j’ai besoin- » Il le laisse parler. Il le laisse agir. Il le laisse se répandre en menace et en violence verbale. En violence physique. Le couteau que Lynch dégaine glace le sang d’Aloys, comme un réflexe, un instinct de survie. « Vous pouvez répondre à mes questions. On peut... poursuivre notre conversation sympathique. Ou j’peux aller cueillir la première personne qui passera devant cette porte pour la tuer juste ici. »

Aloys se lève. Il est humain, il a peur et c’est tout à fait normal. Le voilà qui récupère les dossiers qui ont volé, la tasse qui a roulé et s’est ébréchée au sol. Il ramasse les papiers éparpillés avec patience et minutie, les repose sur son bureau et reforme une pile qu’il devra classer dans les prochaines heures avec minutie. Loin d’être particulièrement maniaque ou ordonné, le chirurgien tient non seulement à montrer que la violence de Lynch ne l’effraie pas mais plus encore : que la conversation sympathique qu’il entend poursuivre est loin d’être terminée. L’altruisme. Il est là, dans ses veines. Altruiste, généreux, Aloys a toujours été quelqu’un de particulièrement doux et porté sur l’abnégation sans avoir à se forcer. Ca le blesse de voir cette qualité être pervertie par la menace de Lynch mais il ne saurait voir quelqu’un souffrir à sa place. Hors de question, toutefois, de ployer face à cette suffisance et cette agressivité qu’il juge non seulement infantiles mais aussi stériles. A nouveau assis sur son fauteuil, Aloys concède un soupir. « Soit, je répondrai à vos questions. Mais sachez bien, monsieur, que j’ai beaucoup de peine pour vous. Il est bien connu que la violence est le dernier recours des incompétents, des faibles ou des désespérés. J'ignore dans quelle catégorie vous vous placez mais quelle qu’elle soit, je ne vous envie guère. » Le voilà qui s’éclaircit la gorge. « Quant à ce que vous nommez sarcasme, je crains de ne pas pouvoir être décrit comme sarcastique. Ce que vous avez pu prendre comme tels ne sont dont que des vérités énoncées calmement, monsieur et vous ne pouvez me blâmer pour votre propre susceptibilité. Mais soit. Poursuivons. » Il ne s’attardera pas là-dessus. Aloys joint les mains sur sa table, comme face à un patient auquel il doit expliquer avec tact et doigté de quel mal il est atteint.

Ses doigts fébriles réunissent les feuilles du dossier, le feuillettent sans savoir exactement ce qu’il cherche. Il s’arrête quelques secondes à peine après avoir commencé. « Je ne sais encore que vous dire, puisque je n’y avais pas réfléchi avant cela. Ma mémoire est sélective et ce ne sont pas vraiment le genre de souvenirs que je suis amené à ressasser avec nostalgie au coin du feu. Malgré votre manque évident de savoir-vivre, c’est, je l’espère tout du moins, quelque chose que vous pouvez concevoir à défaut de pouvoir le comprendre. » Cette fois, pas de sourire. Juste un soupçon d’énervement. « Cependant, bien avant ce vaccin, d’autres personnes ont presque réussi à outrepasser mon immortalité, j’imagine que cela peut vous intéresser puisque l’on aborde là un sujet similaire à ma vaccination. » Ses doigts tapotent le dossier comme pour marquer sa réflexion. Il finit par prendre une décision et enlever sa blouse. Sans attendre, il remonte l’une des manches de son pull pour dévoiler un tatouage caractéristique sur son avant-bras. « J’espère ne pas avoir à vous expliquer davantage ce que signifie ce numéro. » Et s’il le doit, et bien Aloys ne le fera pas. « Tout corps humain a ses limites. Qu’elles soient repoussées par une séquence de gènes ou non, elles existent bel et bien. Mon organisme avait cette capacité de vouloir conserver un statu quo particulier, avait cette volonté de se figer à ma vingt-huitième année dans son intégrité et sa survie. Mais si on regarde au sein de mes cellules, j’imagine que le métabolisme est juste accéléré. Et comme tout métabolisme, il y a un besoin d’énergie qui est sous-jacent et inévitable. Pour atteindre mon corps et y ancrer des cicatrices, il fallait simplement l’affaiblir. L’user jusqu’à la corde, le forcer à puiser dans ses ressources et à aller plus loin encore. Je n’étais pas jamais malade, je combattais juste très efficacement la maladie. Je n’étais pas jamais blessé, je cicatrisais juste instantanément. Cette nuance est la clé de votre interrogation, monsieur Lynch. Il est regrettable que vous n’ayez pas eu la patience de réfléchir pour parvenir vous-même à cette conclusion sans user d’une méthode d’intimidation certes efficace mais dévoilant aussi votre incapacité à avoir avec un autre être humain une conversation sympathique. »

Il articule bien, Aloys. Il sait parler, il sait s’exprimer, il sait poser ses mots, faire des pauses, insister sur les syllabes et sans son aversion pour le mensonge, il aurait pu tout à fait se faire passer pour un politicien sans la moindre difficulté. « Cela répond-il à votre question ou allez-vous à nouveau menacer un membre du personnel pour la simple raison que vous avez besoin d’une vulgarisation plus poussée et vous ne savez vous exprimer autrement que par la violence ? »

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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeLun 4 Jan 2016 - 3:08


better not to breathe than to breathe a lie
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moon's rising and my blood is growing cold. preacher man can't save a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. ain't gonna drown in the water, cause the good lord ain't bringing me home. i'm bound for the broken promise land, to meet my demons and get back my upper hand. long man can't catch a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. w/aloys de miribel & alec lynch.

La vexation, la frustration, l’atroce sentiment d’avoir plongé dans un cul de sac et d’être incapable d’en sortir, quels que soient ses efforts : combien de faux espoirs Alec avait-il déjà affrontés, dans sa recherche désespérée d’un vaccin quelconque, d’une façon ou d’une autre de se débarrasser de cette chose qui était apparue si soudainement dans sa vie ? A cela, Calista avait tort ; le Lynch ne renonçait pas au bout de quelques mois – il renonçait après des visages et des visages affrontés, le sarcasme, l’indifférence, l’ironie pure et dure d’une existence qui se liguait contre lui. Etait-ce agir en martyr ? Les choses étaient toujours venues facilement pour le chasseur ; bien souvent il n’avait eu qu’à claquer des doigts dans son enfance, pour obtenir tout ce qu’il voulait. Même le tir à l’arc, une discipline qu’on décrivait aisément comme complexe, avait été une chose qu’il avait apprise rapidement – sous la tutelle de son patriarche, Alec s’était toujours montré rigoureux, appliqué, concentré. Plus qu’il n’l’avait jamais été : tant de qualités qui s’étaient bien peu transmises à la génération future qu’il représentait. Dans sa vie quotidienne, le fils avait toujours eu plus l’habitude de simplement demander, et laisser la magie d’une persuasion quelconque faire son œuvre. Avec les filles, il avait presque suffi qu’il fasse un clignement d’œil pour draguer n’importe laquelle de ces demoiselles. Pour la chasse, chaque épreuve avait été affrontée avec Felix à ses côtés. Mais ici, chaque frontière, chaque mur, chaque muraille de complications récentes, il avait dû l’affronter seul – désespérément seul, englobé dans un secret dont seule Calista connaissait l’existence. Calista qui n’savait pas bien comment réagir, qui feignait l’acceptation alors même qu’il voyait bien trop souvent les œillades discrètes, curieuses et méfiantes à la fois, qu’elle lui avait lancés. On disait que c’était une bénédiction, d’pouvoir sauver des vies grâce aux gouttes de son sang, d’pouvoir guérir toutes les blessures des pauvres malades retenus dans un hôpital tel que celui dans lequel il se retrouvait : et pourquoi n’avait-il pas eue cette chose, bel et bien éveillée en lui treize ans plus tôt, au moment d’voir ses parents mourir, comme ça, sans crier gare, à cause de l’ambition d’un putain de dégénéré ?! Ses nerfs avaient fini par être mis à rude épreuve, plus encore depuis qu’il avait affronté les affirmations et les blablas incessants de Maiken Holst – celle-ci avait une façon bien à elle d’voir le monde, mais difficile pour le Lynch de comprendre comment Felix avait pu se laisser berner par les belles illusions de la jeune femme. Toutes celles-ci appartenaient à une réalité bien différente de celle dans laquelle ils vivaient ; la brutale vérité qui s’était si brusquement retournée contre le chasseur du jour au lendemain. Sans qu’il n’puisse maîtriser quoique ce soit, d’mander quoique ce soit, ou séduire qui que ce soit pour changer les circonstances – si encore il avait craché des flammes avec le bout de ses doigts, ou plié la gravité à ses caprices, le vaccin aurait fait l’affaire, et Alec aurait pu continuer sa vie comme si de rien n’était. Les choses étaient pourtant plus compliquées que ça, plus compliquées que les lugubres illusions qu’on s’faisait au premier abord : il avait cru qu’une balle fichée entre ses deux yeux suffirait à le libérer de tout ça, ça n’avait pas été le cas. Ni toutes les expérimentations suivantes. Ni les menaces, ni la violence, ni la chasse, ni les marchés conclus.

Aloys de Miribel n’était qu’une énième option dans le panel d’espoirs inachevés, d’attentes qu’il n’touchait que du bout des doigts, avant que la vexation du réel ne reprenne sa place : il faisait avec, mais n’avait certainement pas l’intention de passer des heures à marchander, ou même des années à vivre en suspens sous prétexte que ses cellules étaient capables de se régénérer à la vitesse de l’éclair. La mort avait toujours fait partie de son existence, d’une bien morne façon, arrachant lentement mais sûrement tous ceux qui avaient compté à son quotidien : ses parents avant tout, quelques connaissances ici et là. Et telle que la destinée s’dessinait juste devant lui, ce serait un jour le tour de Felix, le tour de Calista, et cette fois-ci pour cela, aucune injection de son sang ne pourrait les sauver. Il pouvait les guérir d’une balle dans le ventre, d’une hémorragie quelconque mais l’éternité qui se profilait à l’horizon, était solitaire et dénuée de tout ce à quoi il avait appris à tenir, malgré les circonstances, défiant toutes les statistiques qui avaient fait de lui un type froid et solitaire. « Soit, je répondrai à vos questions. Mais sachez bien, monsieur, que j’ai beaucoup de peine pour vous. Il est bien connu que la violence est le dernier recours des incompétents, des faibles ou des désespérés. J'ignore dans quelle catégorie vous vous placez mais quelle qu’elle soit, je ne vous envie guère. » désespéré, il était désespéré : une catégorie à laquelle il n’avait jamais aspiré appartenir – on connaissait au Lynch ses facettes de hunter sans pitié, d’homme violent et glacial, mais rarement avait-il sombré aussi profondément dans le désarroi ; jamais n’avait-il manqué d’options comme à l’heure actuelle, incapable de se tourner vers les personnes en qui il avait confiance, ceux qui semblaient enclins à l’aider. Ceux qu’il connaissait au point d’pouvoir s’y fier sans avoir à perpétrer de menaces quelconques. Le chirurgien en face de lui n’était que l’énième d’une liste qu’il avait entamée depuis des mois déjà : il y avait eu Maiken, des laborantins, des scientifiques, des transmutants, des gens parfaitement humains – tous s’étaient laissés impressionnés par les apparences assassines qu’il avait affichées en dernier recours. Mais c’était toujours préférable, que de ramper à leurs pieds et d’afficher aux yeux du monde la monstruosité qu’il était devenu. Sans fierté, sans assurance, sans conviction quelconque – ça allait plus loin que le simple désaccord avec Lancaster aujourd’hui. Comme ils l’avaient tous si bien dit, ce gène qu’il haïssait tant avait toujours fait partie de lui – une simple idée qui s’faisait son chemin normal dans la tête des autres, mais qu’Alec Lynch repoussait avec toute la hargne dont il disposait. « Quant à ce que vous nommez sarcasme, je crains de ne pas pouvoir être décrit comme sarcastique. Ce que vous avez pu prendre comme tels ne sont dont que des vérités énoncées calmement, monsieur et vous ne pouvez me blâmer pour votre propre susceptibilité. Mais soit. Poursuivons. » qu’ils poursuivent : le chasseur ne s’était pas donné la peine de répondre, de rebondir ou même de laisser un quelconque orgueil jaillir pour rallonger l’entretien. Les joutes verbales n’avaient jamais éveillé l’entrain du Lynch, et aujourd’hui était sûrement un de ces jours où le jeune homme se voulait plus expéditif qu’autre chose : car à vrai dire, plus ils laissaient les minutes s’étaler, plus il y avait de chance que quelque chose, quoique ce soit, trahisse sa nature de dégénéré. De combien de temps disposait-il avant que son interlocuteur ne fasse A+B découvrant alors que la raison de toute cette hargne n’était autre que le désarroi, d’un homme qui s’accrochait désespérément à des vestiges d’une existence qui lui échappait ? Fort heureusement, le médecin le détestait à présent assez pour ne pas essayer de sympathiser, de le comprendre ou de saisir quoique ce soit de lui : une façon de rendre plus accommodante l’allure du Lynch, son visage fermé, et les menaces qu’il avait si clairement mises en voix. Comptait-il les exécuter ? L’important était que son vis-à-vis y croit, du moins.

« Je ne sais encore que vous dire, puisque je n’y avais pas réfléchi avant cela. Ma mémoire est sélective et ce ne sont pas vraiment le genre de souvenirs que je suis amené à ressasser avec nostalgie au coin du feu. Malgré votre manque évident de savoir-vivre, c’est, je l’espère tout du moins, quelque chose que vous pouvez concevoir à défaut de pouvoir le comprendre. » et malgré les mauvaises dispositions dans lesquelles se trouvait l’homme à quelques pas de là, Alec se retrouvait déjà à boire ses paroles, analyser âprement chacun des mots qu’il prononçait : si Lynch n’avait jamais porté la moindre attention à ses sujets de sciences à l’Université, les mois passés à traquer le moindre indice au sujet de sa mutation, lui avaient permis de saisir quelques éléments à même de potentiellement l’aider. Principalement auprès de Maiken : c’était après tout, avec elle qu’il avait connu la désagréable nuit d’expérimentations diverses et variées pour connaître toutes les facettes et toutes les limites de cette dégénérescence en lui. « Cependant, bien avant ce vaccin, d’autres personnes ont presque réussi à outrepasser mon immortalité, j’imagine que cela peut vous intéresser puisque l’on aborde là un sujet similaire à ma vaccination. » et entendre l’homme déblatérer ses paroles n’faisait que pousser le Lynch à flirter avec l’idée que celui-ci avait vécu plus de cent ans d’existence : cette même errance éternelle à laquelle il avait été voué la première fois qu’il s’était relevé de la balle qu’il avait prise dans la tête, et qui l’avait laissé, sans aucune égratignure. Et alors quoi ? C’type passait la plupart de son temps dans un hôpital miteux d’une ville minable des Etats-Unis, alors même que ses origines n’étaient clairement pas des environs. Il semblait seul, secoué de tics et de manies d’un temps désuet, de préoccupations obsolètes – un être humain qui vivait hors de son temps et plus solitaire que jamais. Presque une porte ouverte vers l’avenir que le chasseur craignait du plus profond de ses entrailles – il en eut presque la nausée, là maintenant, analysant son vis-à-vis au moment où il levait sa manche sur des numéros que tout le monde connaissait. Non pas parce qu’on les exhibait volontiers, parce qu’ils étaient révélateurs d’une page noire, noire comme le charbon, d’un jadis trop frais. Pas besoin d’expliquer ce numéro, pas besoin d’entrer dans des détails sordides qui auraient dû prêter un âge avancé au jeune homme à quelques mètres de là. « Tout corps humain a ses limites. Qu’elles soient repoussées par une séquence de gènes ou non, elles existent bel et bien. Mon organisme avait cette capacité de vouloir conserver un statu quo particulier, avait cette volonté de se figer à ma vingt-huitième année dans son intégrité et sa survie. Mais si on regarde au sein de mes cellules, j’imagine que le métabolisme est juste accéléré. Et comme tout métabolisme, il y a un besoin d’énergie qui est sous-jacent et inévitable. Pour atteindre mon corps et y ancrer des cicatrices, il fallait simplement l’affaiblir. L’user jusqu’à la corde, le forcer à puiser dans ses ressources et à aller plus loin encore. Je n’étais pas jamais malade, je combattais juste très efficacement la maladie. Je n’étais pas jamais blessé, je cicatrisais juste instantanément. Cette nuance est la clé de votre interrogation, monsieur Lynch. Il est regrettable que vous n’ayez pas eu la patience de réfléchir pour parvenir vous-même à cette conclusion sans user d’une méthode d’intimidation certes efficace mais dévoilant aussi votre incapacité à avoir avec un autre être humain une conversation sympathique. » et les explications du médecin ont un tel poids que le reste, l’ironie, la vague pique s’était noyée dans le reste, oubliée au moment où le chasseur dévisagea son interlocuteur : « Cela répond-il à votre question ou allez-vous à nouveau menacer un membre du personnel pour la simple raison que vous avez besoin d’une vulgarisation plus poussée et vous ne savez vous exprimer autrement que par la violence ? » il aurait pu s’énerver à nouveau, exploser dans une rage folle suite à l’énième rixe de cet entretien – ou simplement sourire sardoniquement pour signifier à son vis-à-vis qu’il usait la corde sa patience, mais le Lynch ouvrit finalement la bouche, pour tout autre chose : « J’comprends pas, si quelqu’un a un métabolisme accéléré, il n’est pas censé vieillir plus vite aussi ? » encore une fois, il n’était pas un expert en sciences : mais ne serait-il pas aussi censé avoir plus faim, être plus vite fatigué ? « Ca m’semble être deux choses différentes, pouvoir guérir et n’pas pouvoir vieillir, si le corps reste le même. » est-ce que la chose pouvait simplement s’expliquer par la désastreuse conclusion que la dégénérescence du Lynch et celle de son interlocuteur étaient différentes ? Une énième porte qui se refermait sur lui ? Alec soupira, soudainement rattrapé par ce à quoi il n’avait que trop souvent été confronté déjà ; ses traits se tassèrent, ses épaules se voutèrent, bien loin de l’image du type qui avait passé la porte de ce bureau quelques minutes plus tôt. « J’vous parle d’une mutation qui peut… faire disparaître les cicatrices, stopper le temps - faire survivre d’une balle dans la tête. » il s’interrompit, comme peu désireux d’s’avancer plus encore dans ses explications, comme si ça pouvait maintenant empêcher n’importe qui d’comprendre son implication dans cette histoire. Non, c’n’était pas un moyen à trouver pour tuer un dégénéré capable de se régénérer, c’était différent, infiniment différent de tout c’qu’il avait toujours connu, et il détestait ça - « Une personne qui n’connait qu’à peine la fatigue, des plaies qui disparaissent en un clin d’œil, du sang qui peut guérir n’importe qui. » il n’savait pas si on pouvait l’épuiser à force de le priver de sommeil, si on pouvait finir par l’tuer après des mois sans dormir – si qui que ce soit serait un jour apte à lui apposer un tatouage morbide comme celui que portait son interlocuteur. L’avenir, c’était c’qu’il rechignait tant à envisager de toute manière – sur quelques mois, une année ou une décennie, un avenir si certain autrefois était désormais devenu cette crainte silencieuse, logée aux frontières de son esprit, aussitôt envisageait-il quelque chose. Ici, maintenant, dans la chasse, en regardant quelqu’un d’autre. En songeant à Calista.
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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 24 Jan 2016 - 16:28



Il n’est pas impulsif. Il n’est pas impatient. Il n’est pas susceptible. A dire vrai, Aloys n’est pas même colérique. Pour l’agacer, il faut rassembler un certain nombre de conditions que la plupart des personnes, même les plus exécrables, ne parviennent pas à accumuler dans leur globalité. Pour l’agacer, il faut faire preuve d’arrogance, de morgue, de suffisance, de violence non justifiée, il faut faire preuve de malhonnêteté, de grossièreté, d’agressivité gratuite. Et le tout en quelques phrases, face à un Aloys fatigué, légèrement tendu ou nerveux, moins enclin à offrir un sourire et une compréhension apaisante. Et cet homme, Alec Lynch, réussit l’exploit de prendre toutes ces conditions les unes après les autres et de les enchaîner à un rythme soutenu jusqu’à ce que même un homme aussi doux qu’Aloys en vienne à s’agacer.

Pas s’énerver. S’agacer. Mais cela est largement suffisant pour qu’Aloys concède un soupir. Et s’éclaircisse la voix. Il est temps de mettre les choses au clair, et définitivement. Soit, il répondra aux questions, soit, il s’exécutera face à cette menace. Mais… la violence est le dernier refuge des incompétents, des faibles ou des désespérés et même si Aloys refuse de se montrer suffisamment obtus pour placer Lynch dans l’un ou l’autre de ces catégories, il ne peut que rester que cette phrase est vraie. Et significative. S’il cède devant la menace, ce n’est pas pour autant qu’il la cautionne. Ce n’est pas pour autant, non plus, qu’il se taira. Il s’agace, le chirurgien, il s’agace tant et si bien qu’il en vient même à délaisser un instant sa douceur pour une voix aussi sèche qu’autoritaire. Son bras remonte sa manche, son avant-bras dévoile un tatouage explicite qui s’est gravé au fer rouge dans sa chair et sa peau malmenées toutes deux il y a des années, contre toute attente. Nul besoin d’expliquer l’origine de ce numéro, et si besoin il y avait, Aloys sait qu’il en serait incapable présentement. Ses doigts fébriles parcourent le dossier, son regard refuse de s’attarder sur les clichés, son cerveau cherche un point d’accès à un indice, à une piste, à une explication qui pourrait contenter son vis-à-vis. Tout corps humain a des limites. Un constat, un fait qu’il avait lui-même expérimenté plus d’une fois. Il ne les a jamais testées de lui-même, ces limites, mais on l’y a acculé au moins deux fois dans sa trop longue vie. Il ne les a jamais testées de lui-même mais il aurait pu les décrire avec une approximation restreinte. Rapidement, Aloys place des mots sur ce qu’il était, compose des phrases sur sa particularité comme pour mieux tenter de la rendre explicable. Un statu quo, voilà dans quoi son organisme a été plongé. Une volonté inexplicable de conserver son corps tel qu’il était à l’aube de sa vingt-huitième année, plus ou moins quelques mois. Il ne le quitte pas un instant du regard, pendnat toute son explication. Pas un seul instant. Aloys est patient, Aloys est gentil mais… Aloys est agacé. Et son agacement se retranscrit dans une légère pique pour conclure, qui synthétise aussi bien l’exaspération a laquelle l’a poussé l’importun que la tension croissante dans la pièce. Il n’apprécie pas la violence, Aloys, il n’apprécie pas l’agressivité, il n’apprécie pas les extrémités auxquelles peut pousser le désespoir. Et il termine, le chirurgien, sur une deuxième pique aussi calme que posée, aussi justifiée que légèrement superflue. S’il s’en veut ? Absolument pas, tant qu’il ne va pas trop loin. Il veut juste faire comprendre à Lynch qu’il y a des limites à ne pas dépasser, et que ces limites se situent justement au niveau de la violence : qu’on le frappe lui, peu lui importe à terme. Qu’on menace une tierce personne, une tierce personne innocente qui plus est… il l’accepte bien moins.

Un instant de silence, Aloys observe les réactions de l’autre. Il patiente, Aloys, attendant de savoir quelle sera l’attitude du brun. Et il a la satisfaction de trouver une oreille aussi attentive que calmée, dans une certaine mesure. Aussitôt, Aloys lui pardonner, à Lynch. Il lui pardonne et il sait qu’il ne lui en tiendra pas rigueur pour la suite. « J’comprends pas, si quelqu’un a un métabolisme accéléré, il n’est pas censé vieillir plus vite aussi Ca m’semble être deux choses différentes, pouvoir guérir et n’pas pouvoir vieillir, si le corps reste le même. » Il commence à percevoir que le Lynch est bien plus impliqué dans ses questions qu’il ne le supposait de prime abord. Est-ce un proche qui est touché par une immortalité non voulue ? Est-ce lui-même ? Aloys chasse ces questions prestement, refusant de s’immiscer dans la vie privée de son interlocuteur tant que ce ne sera pas indispensable. Il préfère se pencher sur la remarque, somme toute justifiée. Et sur la réponse vulgarisée qu’il peut lui apporter. Mettre des mots sur ce qu’il était n’est pas simple, expliquer quelque chose qu’il n’a jamais cherché à comprendre l’est encore moins. Alys ne se vantera jamais de tout connaître de la génétique, loin de là. C’est, d’ailleurs, même le domaine de la biologie et de la médecine qu’il connait le moins. « Ce sont des questions tout à fait pertinente, monsieur. Je crains devoir m’excuser d’avoir péché par orgueil car je doute pouvoir expliciter quelque chose qui me semble intuitif. Disons que… qu’est ce que la vieillesse si ce n’est la mort de cellules et la faillibilité de notre organisme ? Pourquoi grandissons-nous, pourquoi vieillissons-nous ? Parce que nous changeons. Être doué d’une mutation de régénération cellulaire, c’est être figé à un instant du temps et maintenir l’état dans lequel on était… » Il ne sait pas jusqu’où il peut aller sans désintéresser et perdre l’attention de Lynch. Parce qu’il sait que s’il poursuit son raisonnement, peut être va-t-il chuter bien malgré lui dans une problématique aux abords de la philosophie. Qu’est ce que la vie si ce n’est le changement constant et l’évolution, l’adaptation continue ? Aloys manque de partir dans ses pensées mais un léger mouvement attire son regard et aiguise son intérêt. Une fatigue. Une certaine lassitude. Un poids sur les épaules du Lynch qui change ses traits, qui change ce qui émane de lui, qui change tout. Parce que brutalement, s’il était sur la défensive depuis quelques minutes, Aloys sait qu’il veut l’aider et qu’il ne pourra que faire ce qui est en son pouvoir pour porter assistance à l’homme face à lui. Parce qu’il est comme ça, Aloys. Il a vécu trop longtemps pour devenir égoïste, il ne vit à présent plus que pour faire vivre les autres. « J’vous parle d’une mutation qui peut… faire disparaître les cicatrices, stopper le temps - faire survivre d’une balle dans la tête. Une personne qui n’connait qu’à peine la fatigue, des plaies qui disparaissent en un clin d’œil, du sang qui peut guérir n’importe qui. »

Aloys le fixe. Calmement. Cherche à comprendre, aussi. S’il comprend intuitivement certaines choses, leurs implications et leur exactitude sont hors de sa portée. Il n’est pas excessivement intelligent, il n’a pas de mutation lui permettant de lire les pensées, de lire les attitudes, de comprendre tout simplement. Il a juste l’expérience, l’attention et l’altruisme qu’il faut pour cerner un tant soit peu les gens. Il est médecin, Aloys : il soigne les plaies, il soigne les âmes. Il tente du moins. Il a voué sa vie d’immortel à cela, après tout. Lentement, Aloys ferme le dossier, le repousse sur le côté, comme pour marquer un réel changement dans la conversation. Il n’est plus question de répondre à des interrogations, il n’est plus question de chercher des explications : il est question à présent de parler. « Les premières années qui ont suivi ma mort officielle, je me tranchais les poignets tous les matins pour regarder le sang coaguler, la plaie disparaître, pour ressentir la douleur qui me faisait me sentir vivant. Il y a quelque chose de fascinant dans la mutilation lorsqu’on sait que dans les minutes qui suivent, plus rien ne paraîtra. Il y a quelque chose de malsain, aussi. La mutation que vous me décrivez est celle d’une personne que je plains autant que je la comprends. C’est aussi celle d’une personne qui va avoir besoin de soutien. De beaucoup de soutien. Et d’un équilibre psychologique à toute épreuve pour les quarante premières décennies qui seront, je parle d’expérience, relativement pénibles. » Il est sincère, Aloys. Parce qu’il sait qu’il a eu de la chance d’être aussi détaché et tranquille naturellement. S’il avait été un peu plus sanguin, un peu plus dépendant des relations sociales, il aurait mal vécu son immortalité. Et il sait aussi qu’il aurait aimé, à l’époque, ne pas se sentir effroyablement seul lorsque face à son fils de soixante ans, il se sentait monstrueux et hors du temps. Seulement…

« Vous connaissez une personne atteinte de ce maux, monsieur Lynch. Voulez vous la vacciner, ce qui serait somme toute bénéfique pour elle si on oublie qu’elle subira un certain nombre d’effets secondaires, où voulez vous l’aider d’une autre manière ? » La question a son importance. Si Aloys n’a jamais voulu être vacciné, c’était parce qu’il était déjà trop tard pour lui. Mais si un choix était à faire, il n’hésiterait guère plus que le temps d’un soupir pour se vacciner il y a cent trente quatre ans de cela et terminer sa vie aux côtés de son épouse, leur fils à leur chevet. « Je ne connais nulle autre personne douée d’une mutation semblable à la mienne. En revanche, il doit rester d’inévitables traces de mon gène mutant dans mes veines, et à l’aide d’experts en génétique, on pourrait étudier les traces de ce gène et celles du vaccin pour mettre au point un certain nombre d’inhibiteurs que l’organisme du mutant ne saura reconnaître comme une menace. Ma propre mutation fonctionne… » Il déglutit, inspire. Se reprend. « fonctionnait comme je vous l’ai expliqué. Une accélération du métabolisme qui entretient un statu quo dans les cellules et à plus grande échelle dans l’organisme le figeant à un instant du temps dans un équilibre pérenne. » Ses yeux se plongent plus intensément dans ceux de son vis-à-vis. « On me dit souvent que je suis quelque peu stupide dans ma tendance à croire en l’homme et même en ses représentants les plus perdus, mais c’est ainsi que je vis depuis cent soixante deux ans. Si vous souhaitez aider un de vos proches et qu’il a émis l’envie d’être vacciné ou de trouver une solution pour ne pas finir comme moi, je vous aiderai, quitte à faire ce que je sais faire de mieux », ses doigts ramènent le dossier au centre de la table, au centre de l’attention, être un cobaye qui n’a rien à perdre. »

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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 21:49


better not to breathe than to breathe a lie
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Devenir médecin, vouer sa vie aux autres ; ça n’avait jamais été son ambition de vie. L’altruisme de ses parents, qui dominait les souvenirs à son esprit comme la chose qu’il avait le plus admiré d’eux, n’avait pas semblé être génétique. Devenir un chasseur, devenir un tueur, ça n’avait jamais été motivé chez lui, par le désir de sauver le monde. Se sacrifier pour aider son prochain, ç’avait été comme ça que Felix avait toujours vu la chasse, et vécu les meurtres qu’ils avaient perpétrés. Une vision des choses que le Lynch n’avait jamais comprise. On pouvait au moins lui reconnaitre ça, jamais il n’avait été hypocrite sur lui-même ou sa façon d’être. Tout ce que beaucoup pouvaient haïr à son sujet, il l’avait accepté, épousé et assumé sans détour. Il avait toujours su que prendre les armes, avait été un mal pour un bien, une façon drastique de guérir la population ; ou juste une vengeance brutale et incandescente, qui avait gouverné ses sens dans la rage la plus totale. Alec avait toujours été le fils qui cherchait à honorer la mémoire de ses parents – celui dont chaque flèche, chaque coup de couteau et chaque jour de survie avaient été motivés par la revanche qu’il arracherait aux bras du monde. De la destinée dégueulasse, qui avait du jour au lendemain, choisi de bouleverser son existence. Peut-être n’y avait-il rien de plus égoïste, que de passer treize années de sa vie à persécuter des gens, poursuivre et tué certains individus sous prétexte qu’un gène muté faisait d’eux des êtres plus dangereux que d’autres. Etait-ce seulement le cas ? Avec indélicatesse, trop souvent, la réalité que Lancaster et l’incendie chez les Hodings se rappelait à lui ; le pouvoir, il pouvait se trouver n’importe où, pas seulement dans des êtres capables de créer des flammes au bout de leurs doigts. Il en avait pourtant vus, des monstres sans état d’âme ; des créatures qui n’avaient plus rien d’humain au moment d’embrasser leur mutation : des types qui prenaient feu de la tête aux pieds, sans être blessés par les flammes. Ou pire encore, des gens capables de tuer un autre rien que par la force de leur voix, l’impulsion d’une idée qu’ils imposeraient dans l’esprit d’un autre. Alors oui, dans l’océan des monstruosités possibles et imaginables, celle qui pulsait dans le sang du Lynch n’était pas la plus dangereuse et inacceptable qui soit : au fond, elle représentait juste un cercle vicieux qui l’agaçait au plus haut point – il était un transmutant, et peu importait qu’il accepte ou non ce sort, il n’pouvait pas s’en défaire. Ni avec un vaccin, ni avec une balle dans le crâne. Ni en sautant d’un immeuble. Ni même en comptant les années qui passaient et étaient censées le rapprocher d’une mort certaine. Alors aux dires du médecin face à lui, peut-être y avait-il de l’espoir : n’étaient-ils donc pas immortels, voués à être éternels sans plus aucune trêve ? Peut-être bien, qu’au bout de sept cent ans, ou avant, le temps aurait fini par le rattraper : était-ce donc ça, qu’il était censé grappiller comme ultime espoir de cette entrevue ? Et si Alec n’avait jamais été connu pour lâcher l’affaire, il sentait sa volonté lui échapper au même rythme pernicieux que les secondes, et les minutes qui composaient cet entretien. Il était venu, porté par l’orgueil, guidé par une hargne qui n’avait été qu’illusoire, et se fissurait en mille morceaux face à ce reflet de vie auquel il n’avait pas été prêt à faire face.

Peut-être que lui aussi, après cent ans et quelques d’errance, il daignerait prétendre être médecin pour pouvoir sauver des vies, et s’donner l’impression de pouvoir donner un sens à son éternité solitaire. En l’état actuel des choses, il n’serait jamais le mari de personne, le père de personne – rien de plus qu’un amant éphémère qui se noierait dans la gravitation du monde et l’illusion que la vie continuait, coûte que coûte. Et Aloys de Miribel était peut-être bien, le témoin privilégié des masques qui se craquelaient, le chasseur offrant une réalité nue à l’adversaire ; pourtant tout n’avait été qu’une question de contrôle. Il aurait suffi qu’il poursuive sur le bon chemin de provocation malsaine sur lequel il s’était engagé en se pointant si impunément dans l’intimité du transmutant ; un rien pas grand-chose, qui s’était effrité à mesure des litanies du vis-à-vis. Qu’y avait-il, à récupérer de tout ça ? Dans la tempête de ses assurances qui s’écrasaient au sol en mille morceaux, il n’y avait qu’un infime rayon de clairvoyance qui parvenait à faire son chemin jusqu’aux abords de ses lèvres, pour poursuivre le débat qui se jouait ici-même, dans le monde réel. « Ce sont des questions tout à fait pertinente, monsieur. Je crains devoir m’excuser d’avoir péché par orgueil car je doute pouvoir expliciter quelque chose qui me semble intuitif. Disons que… qu’est-ce que la vieillesse si ce n’est la mort de cellules et la faillibilité de notre organisme ? Pourquoi grandissons-nous, pourquoi vieillissons-nous ? Parce que nous changeons. Être doué d’une mutation de régénération cellulaire, c’est être figé à un instant du temps et maintenir l’état dans lequel on était… » au moins pouvait-il se targuer de poser des questions pertinentes. Alec n’pouvait pas prétendre de grand-chose, en matière de sciences et de chimie, lui l’étudiant qui n’avait jamais été sérieux, et avait toujours profité des cours pour faire le malin ; les rares savoirs qu’il avait pu retenir sur sa mutation, avaient été ceux que Maiken Holst avait prémâchés et recrachés pour lui, tentant d’adapter son jargon de laborantine au hunter impulsif et impatient qu’il avait été. Et encore aujourd’hui, il y avait des détails qu’il était sûr de n’pas avoir saisi ; peu importaient ses efforts, le Lynch sentait déjà le plus important peser sur son âme comme du plomb glacé. Il n’pouvait pas mourir, il n’pouvait pas vieillir, il n’pouvait pas se vacciner. Il n’pouvait pas se jeter à cent pour cent dans une relation quelconque avec Calista, en sachant éperdument qu’elle méritait un avenir qu’il n’était pas à même de pouvoir lui offrir. Et il n’pouvait même pas blâmer cette chose en lui ; tout aussi incapable d’en connaître l’origine était-il, cette tare lui avait déjà sauvé la vie, à de trop nombreuses reprises. Il avait fini par s’y acclimater, presque contre la force de sa volonté, et dépendait aujourd’hui beaucoup trop de ça – imprudent et impétueux sur le terrain, il en était devenu ce prédateur qui ne calculait plus les risques et les dangers, et s’contentait de compter sur ses cellules pour faire la moitié du job à sa place. Encore une fois, peu importaient ses défauts, on pouvait au moins lui reconnaître l’fait de n’jamais avoir été hypocrite, même envers lui-même, même lorsque la vérité faisait un mal de chien. Et peut-être était-ce l’expérience, des années et des années à se vouer aux autres, qui permirent au Miribel de saisir chacun des panels d’émotions qui traversaient le Lynch sans même qu’il ne les saisisse tous lui-même ; mais le dossier qui se referma, et fut poussé sur le côté, ramena Alec à la réalité, ses yeux clairs quittant le néant pour revenir analyser le faciès de son interlocuteur. Etait-ce franchement de l’empathie, qu’il lisait sur ces traits-là ? Des traits anciens, somme toute, qui avaient dû en voir des choses et en traversé des épreuves – les traits d’un type qui n’avait aucune pitié à avoir pour quelqu’un qui appartenait à la caste de ses bourreaux, sans honte aucune. « Les premières années qui ont suivi ma mort officielle, je me tranchais les poignets tous les matins pour regarder le sang coaguler, la plaie disparaître, pour ressentir la douleur qui me faisait me sentir vivant. Il y a quelque chose de fascinant dans la mutilation lorsqu’on sait que dans les minutes qui suivent, plus rien ne paraîtra. Il y a quelque chose de malsain, aussi. La mutation que vous me décrivez est celle d’une personne que je plains autant que je la comprends. C’est aussi celle d’une personne qui va avoir besoin de soutien. De beaucoup de soutien. Et d’un équilibre psychologique à toute épreuve pour les quatre premières décennies qui seront, je parle d’expérience, relativement pénibles. » Et aucune physique, aucune chimie, aucune fierté possible et imaginable n’aurait pu empêcher Alec de ciller à ce moment-là, guère enivré, profondément terrifié par la perspective de ces quarante années, encore au stade de l’imaginaire et de l’avenir. Quarante années qu’il n’avait pas encore vécues, mais qui semblèrent pour une seconde, marquer chacune de ses chairs d’une expérience répugnante.

Il avait toujours été de ces humains qui vivaient au jour le jour, sans se préoccuper des conséquences ou du lendemain ; l’expérience se propagea en un éclair à travers lui, vertigineuse – dégueulasse au point d’amener une bile acide au bord de ses lèvres. S’il avait dû ouvrir la bouche pour répondre quelque chose, probablement qu’il aurait fini par dégobiller ses intestins au sol ; le mutisme, fut donc l’option préférable, éloignant la réalité tout autant que la pitié qui ne put que poindre dans ses entrailles. C’n’était pas son genre pourtant ; c’n’était pas son genre de s’encombrer de quelque sentiment pour autrui – certainement pas pour un dégénéré, vacciné ou non. Y’avait définitivement trop de choses en lui qui se mettaient en branle, trop de choses qui changeaient à cause d’un code génétique qui s’était subitement réveillé dans ses chairs : il n’savait plus, là maintenant, s’il respirait encore ou s’il s’était plongé dans une apnée abyssale, si l’arôme ferreux sur sa langue était bel et bien du sang, une hémorragie provoquée par un rien et sortie de nulle part, ou si c’n’était qu’une illusion. Malheureusement pour lui, seule la prescience trop étouffante des déclarations de son vis-à-vis, semblait avoir le moindre sens. « Vous connaissez une personne atteinte de ce maux, monsieur Lynch. Voulez-vous la vacciner, ce qui serait somme toute bénéfique pour elle si on oublie qu’elle subira un certain nombre d’effets secondaires, ou voulez-vous l’aider d’une autre manière ? » la tentation de répondre franchement, honnêtement et sans aucun détour lui enserra la gorge, pour de longues secondes de silence : s’il avait toujours accepté que le chemin inévitable de la vie le mènerait à une mort certaine, c’n’était pas pour autant qu’il avait une quelconque envie de mourir à trente-trois ans, s’il avait le choix. Par réflexe, par besoin, Alec vint croiser les bras, comme si enserrer son poitrail dans un étau plus palpable que jamais lui permettrait de reprendre contenance ; « Si j’peux me permettre-… on sait tous les deux que le vaccin n’est pas sans conséquence. Vous avez eu des effets secondaires, n’est-ce pas ? » tout chasseur qu’il était, il n’avait jamais trop opté pour le vaccin, hormis lorsqu’il le lui était ordonné – ici, les transmutants prenaient de plus en plus le droit de se défendre et de se battre pour leurs vies ; une réalité que le Lynch ne pouvait s’empêcher d’apprécier et d’admirer- ça donnait toujours plus de légitimité d’abattre un dégénéré qui essayait de vous tuer qu’un père de famille modèle qui cherchait juste à faire sa vie. Et Alec aurait pu se contenter de ça, cette question sans détour, tandis qu’il avait déjà prouvé qu’il ne manquait pas de ressources dans un endroit pareil, pour soumettre le Miribel à ses volontés, peu importait la verve avec laquelle il était prêt à répondre aux provocations. Mais il ne put s’empêcher d’ajouter : « La personne que je connais. Elle veut juste n’pas avoir à affronter les quatre premières décennies relativement pénibles- peu importe le reste. » et si le médecin pouvait toujours se méfier des chasseurs, il pouvait au moins ne pas douter de ça : le faciès fermé de son vis-à-vis n’était pas celui d’un prédateur qui calculait son coup, mais bel et bien de quelqu’un qui parlait avec une vérité brute. S’il devait mourir ici et maintenant plutôt que d’être éternel, son choix était vite fait. « Je ne connais nulle autre personne douée d’une mutation semblable à la mienne. En revanche, il doit rester d’inévitables traces de mon gène mutant dans mes veines, et à l’aide d’experts en génétique, on pourrait étudier les traces de ce gène et celles du vaccin pour mettre au point un certain nombre d’inhibiteurs que l’organisme du mutant ne saura reconnaître comme une menace. Ma propre mutation fonctionne… » dans le temps de pause, il se prit à analyser son vis-à-vis, inapte à comprendre l’affection que celui-ci avait pu avoir pour cette mutation toute particulière ; celle qu’il saisit là, dans sa façon de déglutir, la tension qui plana dans l’air pour une seconde – « fonctionnait comme je vous l’ai expliqué. Une accélération du métabolisme qui entretient un statu quo dans les cellules et à plus grande échelle dans l’organisme le figeant à un instant du temps dans un équilibre pérenne. » était-ce comme ça que fonctionnait la sienne ? Alec n’était pas scientifique, loin de là, et il était désespérément en manque d’alliés à ce niveau-là ; les chasseurs, les transmutants, il n’était plus qu’un spectre naviguant entre les deux sans leur appartenir. Une évidence qui étendit la tension à tout son corps, ses yeux fuyant le contact de ceux de l’homme de l’autre côté du bureau, tout juste lorsque le dossier revint prendre sa place entre eux. « On me dit souvent que je suis quelque peu stupide dans ma tendance à croire en l’homme et même en ses représentants les plus perdus, mais c’est ainsi que je vis depuis cent soixante-deux ans. Si vous souhaitez aider un de vos proches et qu’il a émis l’envie d’être vacciné ou de trouver une solution pour ne pas finir comme moi, je vous aiderai, quitte à faire ce que je sais faire de mieux, être un cobaye qui n’a rien à perdre. » et la question qui lui vint en premier lieu, avait tout pour sembler ingrate, mais elle passa ses lèvres avant qu’il ne la retienne « Pourquoi vous voulez faire ça, hein ? » à Radcliff comme ailleurs, y’avait toujours ceux qui avaient une motivation de plus, une monnaie d’échange à proposer, un chantage à faire. Il lui était difficile, de croire que son vis-à-vis puisse être simplement altruiste alors même que l’monde, la société, n’avaient jamais été faits comme ça. « Qu’est-c’que vous voulez en échange ? J’suis pas vraiment du genre à me laisser avoir par les beaux discours et à m’prendre les conséquences de mes choix après coup. Alors si vous attendez quelque chose en retour, autant l’dire maintenant. » et peut-être bien qu’il avait été plus agressif dans sa voix que ce que l’autre ne méritait, mais à quoi bon attendre mieux d’un hunter ?
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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeSam 19 Mar 2016 - 21:07



C’est plus fort que lui. Un enfant, dans sa situation, ne manquerait d’ailleurs pas de faire remarquer que ce n’est pas de sa faute mais Aloys a une conscience aiguë aussi bien de ses qualités que de ses travers et là, c’est plus fort que lui. Chaque minute qui passe confirme cette conclusion, chaque seconde égrenée dans un battement de cœur comme tout autant de grains de sable chutant du sablier mène vers cette conclusion : cet homme est désespéré. Et ce serait contraire à toutes les convictions, les certitudes et la nature même d’Aloys que de refuser de lui tendre la main. C’est peut être pour cette raison qu’il s’entend ainsi parler de lui. De ce qu’il est. Réfléchir à l’origine et au fonctionnement de sa propre anormalité ne lui a jamais semblé vital. Aloys en a une compréhension plus intuitive que scientifique, vestige d’années et décennie de cohabitation forcée. Les limites de son immortalité, il les a effleurées une paire de fois en plus de cent soixante deux ans, sentant au creux de ses veines fourmiller une survie brutale, violente, presque animale. Qu’il est délicat, au final, de poser des mots sur l’indescriptible. Qu’il est maladroit de formaliser ce qui est, ce qui a presque toujours été, ce qui n’est plus. Entendre cet homme décrire assez finement ce qu’Aloys a vécu est angoissant. Brillant. Eclairant. Il le fixe, il comprend, il suit son instinct qui lui a toujours permis de comprendre les hommes dans une certaine mesure. Elevé pour reprendre à la suite de son père les rênes des De Miribel, Aloys a un contact facile, une expérience en social qui le place certainement en marge de la société actuelle sur de nombreux points mais qui lui confère aussi un instinct sans pareil. Et c’est son instinct qui lui chuchote des pistes et des certitudes. Il est médecin, Aloys. Tant des corps que des cœurs, tant des blessés que des désespérés. Il y est sensible, Aloys, presque hypersensible. Lentement, le voilà qui referme le dossier, qui regarde le Lynch, qui choisit un autre angle d’attaque. Tous les matins, il se tranchait les poignets. Cette confession n’a certes pas lieu d’être dans une telle conversation, mais elle s’inscrit rapidement dans une logique tandis qu’Aloys poursuit. Alec Lynch connait une personne vivant avec la même mutation que le chirurgien, ce fait est là, entre eux, indubitable. Il en est proche, même, cela se sent dans son attitude, dans son ton, dans sa voix, dans le choix de ses mots et l’exactitude de son approche de l’immortalité. Cette personne va avoir besoin de soutien : Aloys ne cherche pas à rassurer, la violence passée de l’homme à son égard a été suffisamment explicite pour qu’il ne veuille pas biaiser la réalité et adoucir ses mots. Il parle de lui, le chirurgien, pour parler à Lynch avec toute la sincérité qui le caractérise. Aloys ne quitte pas un seul instant son interlocuteur des yeux. Tranquille, doux, on pourrait presque le comparer à un grand père bienveillant qui a appris à ne pas se laisser malmener par la vie. Un roc, un chêne, un roseau qui plie sous le vent et qui sait désormais plier le temps à sa convenance pour prendre son temps. Accepter les changements, accepter les revers. Pas d’impulsivité, chez Aloys, pas d’impatience, pas de fougue, pas sang chaud : juste une attente et une douceur que l’on pourrait mépriser. Il ne le quitte pas des yeux, Aloys, et c’est sûrement pour cela qu’il le voit ciller. Forcément. Une première affirmation, Aloys se contente d’énoncer à voix haute ce qu’il a compris. Vous connaissez une personne. Il ne s’y attarde pas, il enchaîne sans attendre par une question : primordiale. Finalement, l’important n’est plus, n’est pas ce que cet homme désespéré est venu faire ici, dans son bureau, avec ces documents douloureux, son impatience, sa colère et sa violence. L’important, pour le médecin, c’est ce que cet homme veut. Vacciner l’immortel ou l’aider, de quelque manière qu’il soit ? « Si j’peux me permettre-… on sait tous les deux que le vaccin n’est pas sans conséquence. Vous avez eu des effets secondaires, n’est-ce pas ? » Un frisson, Aloys ne s’attendait presque plus à entendre la voix d’un Lynch plongé dans le mutisme depuis bien trop de temps. Effets secondaires ? « J’ai subi quelques dommages, oui. Mais parfois, j’ose imaginer que si le désir le plus profond de la personne est de se défaire d’une mutation pénible, les déficiences du vaccin peuvent devenir tout autant une libération que le vaccin lui-même. » Pourquoi ne pas parler de son hémophilie ? Aloys n’est pas stupide, il n’a trop bien compris que l’homme face à lui est un chasseur, un de ceux qui traquaient les mutants, et s’il ne donne pas l’impression de vouloir s’en prendre à un ancien inhumain, toujours est il que le belge ne donnera pas non plus de lui-même des pistes pour l’éliminer. N’est-il pas, après tout, suffisamment facile de le tuer actuellement ? S’il pouvait éviter de mourir d’hémorragie, cela ne le dérangerait pas. « La personne que je connais. Elle veut juste n’pas avoir à affronter les quatre premières décennies relativement pénibles- peu importe le reste. » Un petit haussement de sourcil : il ne faut pas chercher bien loin pour sentir la désapprobation du comte. « Votre ami choisit la vie et non la survie, j’imagine… c’est une personne sage, mais une personne craintive. Ce qu’on ne peut lui reprocher : c’est un sentiment extrêmement humain que de considérer avec effroi une vie de solitude qui s’annonce. » Une personne sage, oui. Lui-même, ses vingt premières années, n’effleurait que du doigt les conséquences désastreuses et inévitables qu’allait avoir sa mutation sur lui-même et sur le reste de sa famille. Il avait beau être calme, posé et réfléchi, il n’avait pas encore le recul pour envisager l’avenir avec une telle lucidité. La connaissance des mutations est un atout, certes, mais la personne dont ils parlent actuellement semble si consciente de son avenir qu’Aloys la considère déjà avec une certaine bienveillance et affection. Un patient, voilà ce qu’est cette personne, au même titre qu’Alec Lynch. Des patients qu’Aloys fera tout pour aider. C’est peut être pour cela qu’il déglutit, qu’il inspire, qu’il reprend : sa mutation, qu’est-t-elle, que peut elle faire à présent et surtout comment peut elle les aider ? Aloys ferme un instant les yeux, repose son regard clair sur le Lynch qui fuit désormais les contacts visuels. Les doigts du chirurgien ramènent le dossier entre eux, comme pour reconcentrer la conversation sur les marques de sa torture, les marques de sa propre vaccination.

Cobaye. C’est ce qu’il lui propose, finalement, de devenir. Des marques génétiques persistent forcément dans ses veines, des traces de ce qu’il était, de ce qu’il est, de ce qu’il transmet. Si tous ses gènes sont détériorés, si tous ses gènes sont brisés, rendus muets, ils n’ont pas été détruits dans leur intégralité et l’on trouvera forcément des indices pour mettre au point un vaccin pour les gens comme lui qui ne nécessitera pas de torture préalable pour être efficient. « Pourquoi vous voulez faire ça, hein ? » Si Aloys s’attendait à une réaction, ce n’était certes pas à celle là. Pendant un instant, il observe Lynch, ouvertement déconcerté par ce qu’il vient d’être dit. Pourquoi ? « Qu’est-c’que vous voulez en échange ? J’suis pas vraiment du genre à me laisser avoir par les beaux discours et à m’prendre les conséquences de mes choix après coup. Alors si vous attendez quelque chose en retour, autant l’dire maintenant. » Une certaine déception éclot dans ses pensées, vestige d’une incompréhension qu’il ne parvient pas à surmonter. « Pourquoi faudrait-il nécessairement que je vous offre quelque chose en retour, monsieur ? » Un soupçon de colère, ou plutôt d’agacement, naît au coin de ses lèvres. Ses doigts se crispent sur le document, s’impatientent. « Vous êtes venu non pas demander, mais imposer. Avec violence, vous avez exigé de moi des réponses. Ne puis-je à mon tour pas donner simplement ce que je souhaite, sans rien exiger ? L’exigence n’est elle selon vous que l’apanage des violents et des brutes ? » Aloys est âgé, Aloys tolère et concède de nombreuse chose mais pas ce genre d’accusation. Ou plutôt : sa fatigue et l’attitude de Lynch ne font pas bon ménage et même un homme comme le chirurgien en vient à ne plus être doux et gentil. Oh, doux et gentil, il l’est toujours : il donnerait sans une ombre de doute sa vie pour sauver et aider d’autres personnes quelle qu’elles soient mais… mais il a conscience que, de toute évidence, Lynch ne comprendra pas l’altruisme gratuit qui fait le fondement même du caractère du Miribel. « Gardez votre agressivité pour vous, monsieur Lynch, et prenez ce que l’on vous offre sans exiger, encore, que votre vis-à-vis soit comme toutes les personnes que vous côtoyez. C’est un conseil, bien évidemment, pas une obligation. Je peux comprendre que votre société », votre, pas la sienne. Il ne fait pas partie de cette époque, Aloys, et ce serait un mensonge que de le prétendre. « ne mette plus au devant de la scène la générosité gratuite mais ne me faites pas croire que cela vous est totalement étranger. » Il ne s’énerve pas, Aloys, il explique juste et en bon aïeul, il tient à se faire comprendre et à transmettre quelque chose. « Avez-vous lu ce document, monsieur ? » Sa main effleure le dossier qu’il ne peut se résoudre à ouvrir à nouveau. « Je ne souhaiterais à aucun immortel ce que j’ai subi pour que le vaccin puisse fonctionner. Mais je ne souhaiterais non plus à personne des décennies d’errance et de solitude. Pourtant, votre ami est actuellement condamné soit à l’un, soit à l’autre. Qui serais-je donc si je ne mettais pas mes souffrances et mon expérience aux services d’infortunés. Quel genre de médecin serais-je si je plaçais comme prioritaire mon propre confort au détriment des plus démunis ? J’ai juré, j’ai promis, j’ai voué ma propre existence à la vie et à soin de l’Humanité. L’immortel ne vit pas, il survit, il décline, il traverse le temps sans trouver d’attache durable. Tout ce qu’il peut tenter de faire, ce n’est que se fondre dans la masse et espérer qu’on ne le remarquera pas. Il n’y a pas de vie sans mort, il n’y a pas d’espérance sans désespoir, il n’y a pas de lumière sans ombre : et si on ôte à une personne la perspective d’une fin, alors elle n’a plus rien. La perspective de notre mort est notre propre moteur naturel. Marquer le temps, ne pas gâcher, ne pas dilapider sans raison les secondes qui nous sont offertes en cadeau par le plus grand miracle qu’il soit… Quel médecin serais-je si je refusais d’offrir à une personne visiblement en grande détresse une vie qu’une anomalie génétique lui a ôtée en voulant la faire évoluer ? » Il s’interrompt, conscient que quelque part, pour une fois, il s’est laissé emporté par sa colère si particulière. Pas de haussement de ton, pas de tension, pas de larmoyant, juste une mise au point aussi dure et implacable que toutes les décisions qu’il a pu prendre en tant que comte les rares années où il a été à la tête de Miribel.

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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 12 Juin 2016 - 0:45


better not to breathe than to breathe a lie
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moon's rising and my blood is growing cold. preacher man can't save a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. ain't gonna drown in the water, cause the good lord ain't bringing me home. i'm bound for the broken promise land, to meet my demons and get back my upper hand. long man can't catch a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. w/aloys de miribel & alec lynch.

Il n’faisait pas partie de ces gens qui pratiquaient le sarcasme comme seconde nature, Alec ; en réalité, si une réputation de lui devait venir jusqu’aux oreilles du Miribel, on le dirait direct, franc, tranchant – comme la balle glacée qui avait explosé le crâne de Johan Lachlan sans que le policier qu’il était n’s’encombre de plus de pensée à l’égard du dégénéré qu’il venait d’abattre sur la place publique. Il n’aimait pas les faux-semblants, Alec, ceux qui rendaient les gens manipulateurs, menteurs, superbement faux : c’était c’qu’il détestait chez les politiques et Lancaster n’était pas différent. Il avait dit un peu plus tôt, travailler pour Thaddeus Lancaster ; une certaine dose de vérité, là où les convictions du Lynch étaient déjà parties ailleurs, vagabondant dans une errance qu’il ne se connaissait pas. On lui avait toujours dit que c’était important d’avoir ses convictions et de s’y tenir : et si pendant toute sa jeunesse, Alec avait surtout semblé être le genre de type qui se fichait de tout et de tous, jonglait avec insouciance entre tous les éléments d’une vie immature et imprudente, il avait toujours eu ses croyances bien fondées et incrustées dans ses chairs. L’héritage de son père avocat réputé, sans doute : contrairement à ce qu’il avait laissé s’installer comme croyance commune, allant avec les clichés du bad boy riche à millions qu’il avait été plus jeune, Alec n’avait jamais été stupide, déconnecté de la réalité au point de n’pas croire en la justice, en l’équité, en tout ce qu’on pouvait obtenir au prix de nombreux efforts. Alors aujourd’hui, près de quatorze ans plus tard, Alec Lynch n’vivait pas très bien l’ironie complète qu’était devenue la vie : le putain de sarcasme que le destin ou la génétique – pour les plus pragmatiques – lui balançait en pleine tronche. Encore, hein, s’il avait été capable de balancer des éclairs, de lire les pensées, une injection du vaccin aurait suffi à effacer la tare comme si de rien n’était. Mais non, sa nature monstrueuse et traitresse courait plus profondément que ça : elle le condamnait à subir sa dégénérescence sans pouvoir y échapper, et avec la ferme croyance que sa vie n’aurait jamais de fin. Pouvait-il y avoir pire justice sardonique que celle qu’on lui imposait, là maintenant ? Plus il cherchait dans sa tête un moyen de positiver, de s’dire que sa condition pourrait être pire, moins il ne trouvait de réponse à ces débats intérieurs et à la haine viscérale qui grandissait au fond de ses tripes. Parce qu’au fond, dans le portrait qu’on dépeindrait de lui à Aloys de Miribel, on dirait aussi sûrement qu’Alec Lynch avait un certain amour-propre, un orgueil courant dans ses veines avec la ferveur de son sang ; une arrogance, qui pouvait s’avérer être une faiblesse selon les circonstances. Beaucoup diraient même du Lynch qu’il était un beau parleur, un de ces prétentieux qui s’aimaient un peu trop et n’avaient pas peur de le montrer ; encore une fois, il espérait au moins, le chasseur, que c’était une image de lui qu’il avait abandonnée à Elizabethtown, treize années plus tôt, en décidant de devenir quelqu’un d’autre. La froideur, le retrait, ce silence de plomb, il était aussi ça, Alec, un faciès qui se voulait indescriptible et insondable, alors que ses silences ne se devaient pas être traitres, mais juste la latence d’une énigme qu’il laissait planer dans l’air, rien que pour ne pas trop trahir de sa condition si désastreuse. Rat de laboratoire, c’est donc en ça qu’il terminerait, si ses collègues devaient découvrir sa nature ; encore une fois, tout ce qu’il pouvait faire en premier lieu, c’était se fustiger intérieurement d’avoir entrainé Calista dans cette histoire – un acte inconsidéré, résultant du même désespoir qui le poussait à dévisager aussi honnêtement son interlocuteur ce soir, le désarroi au bord des lèvres.

Parce que sans elle, il n’serait pas là ; sans elle, il continuerait de tourner et tourner dans la fange de son impuissance, enragé par celle-ci, prisonnier du cercle vicieux qui se faisait de lui-même, entre sa colère et la prescience d’un réel qui ne changeait pas. Chaque jour, il se réveillait avec cette même mutation au creux de ses chairs. Chaque jour, elle était aussi impitoyable, inchangée, soignant toutes ses blessures, éloignant tous ses maux, chassant la fatigue et limitant la fin, rallongeant son endurance – il était loin, l’espoir que ce n’soit qu’un mauvais rêve, le résultat d’une manipulation perverse imposée par un dégénéré quelconque. Ça ferait longtemps que celui-ci aurait atteint son but de toute manière : combien de fois au juste, Alec Lynch, le type plein de convictions et direct, si fort et si important pour lui-même, avait-il préféré le salut d’une balle dans son crâne à l’idée d’accepter sa nouvelle nature de monstre ? Et qu’est-ce qu’il lui restait ? L’option d’un potentiel vaccin, inexistant pour l’heure et, d’après Maiken Holst, quasiment impossible à créer ? Pourtant, y’avait la réponse là, juste en face de lui- un élément de réponse du moins, que le Lynch aurait voulu pouvoir décortiquer avec l’espérance que ça l’aide- si seulement il avait été un scientifique. Si seulement il avait été comme ses soi-disant collègues, apte à passer le cran au-dessus : ouais, tuer de sang-froid, c’n’était franchement pas la nature humaine dans toute sa splendeur. Torturer et disséquer un autre être humain pendant des jours, des semaines, jusqu’à littéralement le briser de l’intérieur- ça dépassait l’entendement, même pour quelqu’un d’aussi froid, direct et impulsif que l’Alec Lynch qu’on portait dans les on dit qui pouvaient graviter à son sujet. Johan Lachlan n’avait pas souffert, au moment de sa mort – guère plus qu’une fraction de seconde, le temps que le métal froid lancé à toute vitesse glisse sous son crâne et lui explose la cervelle. Un mal qu’il s’était lui-même imposé, Alec- encore et encore, jusqu’à en avoir gravé le souvenir de toutes les sensations dans sa mémoire : mais il n’était miraculeusement pas mort, et il détestait ça. S’il devait y avoir une quelconque justice pour le dégénéré qu’avait été Lachlan, c’était celle-ci : une pénitence silencieuse, murmurée par les chairs mêmes du chasseur. Une punition descendue d’il ne savait où, si ironique, qu’Alec serait presque prêt à croire au Bon Dieu, et au fait qu’il n’soit rien d’autre qu’un véritable connard avec un sens de l’humour bien particulier. « J’ai subi quelques dommages, oui. Mais parfois, j’ose imaginer que si le désir le plus profond de la personne est de se défaire d’une mutation pénible, les déficiences du vaccin peuvent devenir tout autant une libération que le vaccin lui-même. » et dans les yeux du Lynch, brilla pendant un instant, peut-être imperceptiblement, le fait qu’il savait – il savait qu’il se retrouvait face à son propre reflet, dans x années, x décennies, x siècles à en croire les registres et l’âge que son interlocuteur se donnait. La part d’acceptation de son vis-à-vis, la part qui se disait que le vaccin n’était pas si terrible, en comparaison, c’était celle qui avait vécu trop longtemps avec cette horreur contre-nature dans les chairs. Quelque chose qu’Alec, lui, il ressentait déjà : après- quoi, combien de mois ? Certainement pas plus d’une poignée, et ça le rendait fou. Ca le rendrait fou plus efficacement encore si y’avait pas Calista à ses côtés, bien évidemment ; mais quelque part, le chasseur savait déjà que même la présence de la blonde n’suffirait pas, à la longue. Au contraire, si les choses devaient n’pas changer, elle ne deviendrait rien d’autre que la source de nouveaux maux, de nouvelles hésitations, d’ces tortures internes qu’il se répétait si souvent déjà. Il avait manqué de peu, de si peu, Alec, d’ouvrir la bouche pour lâcher un ‘c’est c’que j’pensais aussi’ : c’était ce qu’il avait pensé aussi, au moment de s’injecter ce vaccin sous la peau. Encore et encore, et encore. Beaucoup auraient fait une overdose à force, lui, comme pour la balle dans le crâne, le saut dans le vide, le poignard, le reste, il avait survécu. Et aucune quantité de vaccin n’avait changé quoique ce soit : Maiken n’avait pas mâché ses mots pour lui expliquer comment, pourquoi – le fait était, qu’elle le détestait assez pour n’pas prendre de gants au moment de lui annoncer les mauvaises nouvelles. Il savait, que le vaccin n’marcherait pas. Qu’il ne marcherait jamais, tel qu’il était. Avec la lassitude, l’abandon, il en était à penser que n’importe quoi était préférable à cette situation, vivre chaque instant de chaque jour en se sentant toujours ça – un monstre inaltérable. « C’est quoi, ces dommages ? » qu’il ne se gêna pas de demander, franc, malgré l’indéniable retenue dont le chirurgien avait fait preuve : évidemment, c’n’était pas parce qu’ils parlaient, qu’ils étaient dans un quelconque même camp. « Je sais que c’est plutôt difficile à croire vu les circonstances en ville-… mais y’a des gens – comme moi – qui font c’que je fais pour d’autres raisons que juste le pouvoir. Ou juste tuer des gens. » tout autant que, réalistement, il savait qu’il y en avait, qui n’étaient motivés que par ça. « J’ai déjà vu le vaccin rendre des transmutants encore moins… humains qu’ils n’l’étaient déjà. » admit-il, franc, comme le dirait sa réputation ; direct, imperméable au jugement que l’ancien et altruiste sage en face de lui pourrait avoir vis-à-vis de cette déclaration. « J’ai vu le vaccin, non pas effacer les pouvoirs, mais les transformer, voire les rendre plus forts ou incontrôlables. » ç’avait été le cas avec Lachlan, et la mort avait été son unique salut, la seule échappée qu’on aurait pu lui offrir à cette chose explosant de toute part. Sauf que lui, si une balle ne l’tuait pas, qu’est-ce qui pouvait bien rester comme option ?

« J’ai mieux à faire que d’tuer quelqu’un qui a déjà été vacciné. Y’a des menaces beaucoup plus importantes et présentes à Radcliff, vous devez vous en douter. » c’était peut-être une vague tentative de le persuader – et peut-être était-ce surtout une tentative inutile : y’avait peu à parier que sous prétexte qu’ils avaient une mutation similaire, le vaccin quel qu’il soit aurait les mêmes effets sur Alec que sur son vis-à-vis. Une pensée de fou. Une pensée de désespéré, tel qu’il était. C’est ce qui le fit soupirer, ce qui lui fit détourner le regard, sur la défensive, lorsque l’autre ouvrit la bouche à nouveau : « Votre ami choisit la vie et non la survie, j’imagine… c’est une personne sage, mais une personne craintive. Ce qu’on ne peut lui reprocher : c’est un sentiment extrêmement humain que de considérer avec effroi une vie de solitude qui s’annonce. » il en avait crispé les mâchoires, comme si une énergie invisible était venue paralyser tout son visage ; il n’savait pas ce qu’il choisissait, Alec, dans tout ça. Il choisissait de n’pas être un putain de monstre condamné à vivre avec sa condition pour au moins 160 ans, encore. C’que ça pouvait vouloir dire de lui ? Il n’savait pas. C’qu’il savait, c’était que la vie, pendant au moins deux cents ans, ça devait être épuisant. N’était-il pas épuisé, le vieil homme en face de lui ? N’avait-il pas assez perdu de gens, assez enduré de souffrances ? A voir c’dossier, à voir le tatouage à son bras, à écouter ses récits, c’était trop. Trop pour une seule existence. Encore plus, une existence solitaire. Sage, craintif- il s’en foutait bien de c’qu’on pensait de lui. Maiken l’imaginait comme un monstre sanglant. Calista voyait des choses en lui qui relevaient presque de l’espoir niais. Aloys de Miribel devait voir en Alec quelqu’un d’assez pragmatique pour qu’il s’exprime sans détour avec lui, une rage latente, une certaine hostilité tendant l’air depuis le début de leur rencontre, qui n’faiblissait pas, même alors que le ton changeait et que l’offre du chirurgien avait tout pour être surprenante et innovante, pour un monde tel que le leur. « Pourquoi faudrait-il nécessairement que je vous offre quelque chose en retour, monsieur ? (…) Vous êtes venu non pas demander, mais imposer. Avec violence, vous avez exigé de moi des réponses. Ne puis-je à mon tour pas donner simplement ce que je souhaite, sans rien exiger ? L’exigence n’est-elle selon vous que l’apanage des violents et des brutes ? » l’altruisme n’était bon qu’à mourir dans c’monde. L’altruisme n’était bon qu’à être brûlé vif et enterré six pieds sous terre, comme l’avait été le père d’Alec treize ans plus tôt. L’altruisme n’était bon qu’à servir de rat de laboratoire, à force de voir du bon dans un monde pourri jusqu’à la moelle. Au fond, qui était le plus problématique d’eux deux ? Celui qui voyait Radcliff pour ce qu’elle était, ou le mortel, trop vieux, qui espérait d’un monde, des choses qu’il n’donnerait jamais ? « Gardez votre agressivité pour vous, monsieur Lynch, et prenez ce que l’on vous offre sans exiger, encore, que votre vis-à-vis soit comme toutes les personnes que vous côtoyez. C’est un conseil, bien évidemment, pas une obligation. Je peux comprendre que votre société ne mette plus au devant de la scène la générosité gratuite mais ne me faites pas croire que cela vous est totalement étranger. » insidieusement, le visage d’Alec s’était assombri, probablement ; non, pour perdre l’espoir en quelque chose, fallait bel et bien en avoir été accoutumé, pendant un temps, avant de se l’faire arracher brusquement – comme quand la mort arrivait, brusque et déloyale. La générosité gratuite, elle était récompensée par des types comme Lewis Duncan et Thaddeus Lancaster. « Avez-vous lu ce document, monsieur ? (…) Je ne souhaiterais à aucun immortel ce que j’ai subi pour que le vaccin puisse fonctionner. Mais je ne souhaiterais non plus à personne des décennies d’errance et de solitude. Pourtant, votre ami est actuellement condamné soit à l’un, soit à l’autre. Qui serais-je donc si je ne mettais pas mes souffrances et mon expérience aux services d’infortunés. Quel genre de médecin serais-je si je plaçais comme prioritaire mon propre confort au détriment des plus démunis ? J’ai juré, j’ai promis, j’ai voué ma propre existence à la vie et à soin de l’Humanité. L’immortel ne vit pas, il survit, il décline, il traverse le temps sans trouver d’attache durable. Tout ce qu’il peut tenter de faire, ce n’est que se fondre dans la masse et espérer qu’on ne le remarquera pas. Il n’y a pas de vie sans mort, il n’y a pas d’espérance sans désespoir, il n’y a pas de lumière sans ombre : et si on ôte à une personne la perspective d’une fin, alors elle n’a plus rien. La perspective de notre mort est notre propre moteur naturel. Marquer le temps, ne pas gâcher, ne pas dilapider sans raison les secondes qui nous sont offertes en cadeau par le plus grand miracle qu’il soit… Quel médecin serais-je si je refusais d’offrir à une personne visiblement en grande détresse une vie qu’une anomalie génétique lui a ôtée en voulant la faire évoluer ? » il avait eu un regard rapide vers le dossier, avant de fixer son interlocuteur tout le long de sa diatribe. Jusqu’à ce qu’il s’en lève, de son regard observant pleinement l’homme en face de lui, comme si, pour la première fois, il le sondait et l’analysait. « Vous devriez essayer d’appartenir à cette époque, alors. » qu’il releva, dans une sentence à interpréter dans n’importe quel sens, dans un premier temps : « Si vous apparteniez à c’temps, à cette vie, à cette ville, vous sauriez que ça-… » son doigt tapota le dossier ; « C’est tout ce qui attend les gens comme vous. » et un rapide coup d’œil dans toute la pièce suffisait à faire un bilan de tout ce qu’il ne voulait pas : « Peut-être qu’y’a cent-soixante ans, c’était différent. Mais c’est plutôt clair que vous n’avez pas essayé d’appartenir à quelque autre époque que celle où vous êtes . » encore une fois, l’œillade éloquente autour de lui suffit à appuyer son argument- merde, rien que sa façon de parler l’indiquait : et Aloys de Miribel était la matérialisation de tout ce qu’Alec Lynch craignait et dessinait dans son avenir, s’il restait tel qu’il était. Prisonnier, au-delà de ce que n’importe quel laboratoire ou armée de nazis pourrait lui imposer. « Vous êtes à Radcliff, et dehors, c’est le chaos-… et y’a aucun geste gratuitement généreux- » c’était dit avec tant de véhémence que c’était comme s’il détestait la générosité en elle-même – quelle fausse image d’une humanité qui se faisait exploser et se cramait les uns les autres, même dans un minuscule bled du Kentucky « qui pourra vous donner raison. Vous pouvez être aussi altruiste que vous voulez, le monde le sera jamais pour vous. Vous devriez vous faire une faveur et rattraper l’temps qui est passé, si vous voulez vivre assez longtemps pour enfin vieillir. » il en avait aussi, des leçons sévères à donner, lui, le craintif d’un avenir tout tracé dans l’immortalité. Il aurait cru, Alec, que l’âge rendait plus sage, pas plus excentrique.


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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeDim 26 Juin 2016 - 23:50



Aloys est un homme étrange, il le conçoit sans le moindre problème. Déjà, il se sait suffisamment marqué par le temps et les décennies pour que son comportement entre en dissonance complète avec ce qui l’entoure mais en plus, sa manière d’être, sa nature même, sa façon de penser et d’envisager les autres sont si naïvement dénuées d’ambition qu’il doit vraiment paraître comme un phénomène de foire aux yeux de ses pairs et de tous ceux qui croisent sa route. Aloys est un homme étrange, donc. Et il le sait, il l’assume, il ne cherche plus réellement à le cacher tant qu’on ne lui fait pas une remarque comme quoi c’est dérangeant. Sa voix est tranquille, lorsqu’il s’entend confirmer qu’en effet, sa vaccination n’a pas été sans conséquences autres que la simple perte de ses pouvoirs. S’il ne mentionne pour autant pas son hémophilie, il se refuse à mentir. Oui, il a subi plusieurs dommages, mais comme son optimisme le pousse à le voir, peut-être n’est-ce qu’un mal pour un bien. Peut être que ces dommages ne sont rien, une fois mis en perspective avec cette vie qu’on lui a redonné, en lui ôtant son immortalité. Oh, bien évidemment que ses capacités lui manquent, mais elles ne lui manquent, au juste, que parce qu’il a trop longtemps vécu avec pour pouvoir à nouveau se mouvoir sans, survivre sans. On lui a redonné la vie, mais on la lui a redonnée un peu trop tard pour qu’il puisse la savourer pleinement. Et il ne refusera à personne la possibilité d’y avoir droit bien plus tôt que lui.

Aloys est un homme bon. Intègre. Droit. Juste. Gentil. En des décennies de vie, il n’a jamais vu le moindre argument en faveur de tous ces travers que l’homme se traîne malgré tout depuis la nuit des temps. Et n’a donc jamais vu le moindre intérêt à se plier lui aussi à tout cela. Et pourtant… « C’est quoi, ces dommages ? » Et pourtant, il ne veut pas répondre à cette question et malgré toutes ses qualités, ne flanchera pas sans raison valable. Quels sont ses dommages, ses cicatrices internes qu’il couvre avec une pudeur bien plus appuyée que ses cicatrices physiques ? Il ne veut pas en parler. Laissez-lui un peu d’intimité, laissez-lui un peu de silence, épargnez le encore un peu, ce vieillard centenaire. « Je sais que c’est plutôt difficile à croire vu les circonstances en ville-… mais y’a des gens – comme moi – qui font c’que je fais pour d’autres raisons que juste le pouvoir. Ou juste tuer des gens. J’ai déjà vu le vaccin rendre des transmutants encore moins… humains qu’ils n’l’étaient déjà. J’ai vu le vaccin, non pas effacer les pouvoirs, mais les transformer, voire les rendre plus forts ou incontrôlables. » Un frisson, Aloys ferme un instant les yeux. Un vaccin encore plus destructeur que ces mutations qui transforment les êtres en profondeur ? Il ne l’a pas vu comme ça, il n’a même pas envisagé cette possibilité, le chirurgien, trop concentré à en subir les conséquences et à se reconstruire après son traumatisme. Sur ce plan-là, il doit bien avouer être… dépassé. Vraiment. Et s’être comporté égoïstement en n’envisageant pas que d’autres aient eu moins de… chances à la loterie qu’est le vaccin définitif. « J’ai mieux à faire que d’tuer quelqu’un qui a déjà été vacciné. Y’a des menaces beaucoup plus importantes et présentes à Radcliff, vous devez vous en douter. » Les arguments de Lynch se tiennent, en somme, s’articulent intelligemment et avec sincérité autour d’une vérité mais la conscience d’Aloys ne peut que batailler entre foules d’hésitations. Il se rend compte qu’il ne sait rien, au final, de ce vaccin qu’on lui a injecté de force, ce vaccin asséné avec patience et violence, ce vaccin qui a violé sa mutation au point qu’elle ne puisse même plus lui résister. Epuisement physique, épuisement moral, épuisement psychologique, on a poussé l’organisme du belge dans ses derniers retranchements pour le forcer à accepter une reconfiguration de son ADN, mais il ne sait toujours rien de ce qu’on lui a fait exactement et replié sur lui-même à panser des plaies dont il n’avait jusque-là que peu conscience, Aloys ne s’en était pas aperçu. Jusqu’à présent.

Muet, Aloys en est muet. Et toujours aussi hésitant. Parce qu’il se rend compte qu’il était dans le faux jusque là, qu’il s’était égaré dans une illusion potentiellement dangereuse. Ses pensées tourbillonnent, ses convictions, sans pour autant s’effondrer comme un château de cartes, se réajustent, se réassemblent, s’interrogent et font naître de nouvelles interrogations. Et son mutisme, enfin, se brise tandis qu’il reprend. Il ne réfléchit pas, dans ces moments là, lorsqu’il parle. Il ne réfléchit pas, Aloys, il laisse son éternité parler, il laisse ses sentiments s’exprimer, il laisse sa spontanéité et son expérience d’immortel aux commandes. Sa voix est douce, posée, comme toujours. Il parle de vie, de survie, de crainte et de courage. Ses doigts glissent sur le dossier, sa proposition coule de source, il se pose finalement comme cobaye, n’ayant plus rien à perdre, tout à offrir, tout à gagner. Sa vie n’a plus de sens depuis bien des décennies. Depuis que son fils aîné est mort, depuis que sa deuxième épouse est morte, depuis que sa troisième femme a préféré l’éjecter de sa vie plutôt que de supporter sa présence d’immortel. Le ton d’Aloys reste doux mais sa voix se raffermit dans un désaccord éloquent face aux doutes et aux réactions de Lynch. Aloys reste calme, il ne s’énerve pas, mais toute sa posture clame des convictions et une ligne de conduite qui l suivent depuis une éternité et que rien n’a jamais réussi à faire flancher jusque là. Quel médecin, oui, quel médecin finalement serait-il s’il refusait pour son confort personnel d’accompagner des personnes dans le besoin, des personnes malades dans leur corps et dans leur âme, s’il détournait le regard juste pour ne rien risquer lui ? La voix d’Aloys claque, dans une mise au point qu’il voudrait posée mais qui s’avère plus dure que prévue. Et Lynch se lève.

En miroir, doigts posés sur la table, Aloys se lève lui aussi. Ses yeux se dressent jusqu’à ceux du chasseur, concédant leur différence de taille toute naturelle. « Vous devriez essayer d’appartenir à cette époque, alors. Si vous apparteniez à c’temps, à cette vie, à cette ville, vous sauriez que ça-… C’est tout ce qui attend les gens comme vous.[/color] » Aloys frissonne, bien contre son gré. C’est un homme fort, que le chirurgien, mais toutes les blessures ne guérissent pas aussi rapidement que sa mutation le lui permettait et toute la force du monde ne peut apaiser les chairs et les esprits meurtris par la torture. D’une voix qu’il aurait certainement aimé plus ferme, Aloys articule à mi-voix un « Est-ce une menace ? » qui n’appelle pour autant pas de réponse. « Peut-être qu’y’a cent-soixante ans, c’était différent. Mais c’est plutôt clair que vous n’avez pas essayé d’appartenir à quelque autre époque que celle où vous êtes . » Aloys serre les dents, se redresse un peu plus. Son accent belge teinte d’agacement le « plaît-il ? » qui lui échappe dans sa langue maternelle. « Vous êtes à Radcliff, et dehors, c’est le chaos-… et y’a aucun geste gratuitement généreux- qui pourra vous donner raison. Vous pouvez être aussi altruiste que vous voulez, le monde le sera jamais pour vous. Vous devriez vous faire une faveur et rattraper l’temps qui est passé, si vous voulez vivre assez longtemps pour enfin vieillir. » La véhémence avec laquelle parle son vis-à-vis coupe la respiration d’Aloys pendant un instant. Sa respiration et ses pensées. Cette obstination à ne voir en l’altruisme qu’une cause vouée à l’échec le laisse aussi perplexe que triste. Triste, c’est le mot et il ne saurait en trouver plus adapté. « Je suis persuadé que vous faites erreur » commence-t-il à articuler d’une voix lasse. Il ne peut pas, le belge, il ne peut tout simplement pas imaginer que l’altruisme et la générosité soient à ce point stérile et disparus. « Et… » Vous devriez vous faire une faveur. Il s’accroche, Aloys, il s’accroche dans son refus de voir les choses de cette manière. Parce que sinon, il risque de se libérer des dernières entraves qui le maintiennent en vie et arrimé à cette époque, cette existence, cette ville, cette décennie. « J’ai essayé vous savez. Les premières années, je me suis fondu dans les vies, les us et coutumes. J’ai essayé jusqu’à me recomposer en tant qu’homme, en tant qu’artiste, en tant que père, grand-père, milliardaire, médecin, chirurgien, urgentiste, pédiatre, dentiste, ophtalmo, médecin militaire,… Mais je suis fatigué de devoir me forcer à appartenir à une époque qui ne me correspond pas, je suis fatigué de me recomposer sans cesse pour me plier à des névroses qui agitent cette société atteinte d’une maladie dont le chaos que vous me décrivez n’est qu’un symptôme de plus. Et… » Il se passe une main sur le visage, les yeux fatigués d’un épuisement qui ne le quitte pas. « Pardonnez moi, je me laisse aller à un emportement que vous ne méritez pas. » Est-ce un emportement ou une confession ? Il ne sait pas vraiment. Il sait simplement que… « Acceptez-vous donc cette solution que je vous propose ? C’est cela qui est le plus important. Vieillir, je l’ai déjà fait, je suis déjà vieux. Et je ne réclame rien au moment, j’offre, simplement. Que vous puissiez le comprendre ou non. » Il prend son inspiration. Repousse le dossier. Définitivement, comme pour mettre un terme à la conversation qui n’a que trop duré, éprouvante pour les nerfs du chirurgien. Epuisement physique, épuisement moral, épuisement psychologie, son corps et son esprit sont malmenés. Déjà en temps normal, il tire la corde jusqu’au point de rupture mais Alec Lynch vient de lui aussi poser la main sur le chanvre rêche pour exercer une pression supplémentaire. Lentement, Aloys contourne le bureau pour se poser face à l’homme, les yeux levés pour les planter dans ceux du chasseur. Sa petite taille le rend encore plus inoffensif. « Laissez moi vous aider, s’il vous plait. Comprendre ce dont votre ami souffre, comprendre ce qui est dans mes gênes, est dans ses siens, comprendre ce que ceux qui ont charcuté ma chair au point de réussir là où tant d’autres ont échoué des années auparavant… » Ses doigts frottent machinalement ce tatouage dans le creux de son poignet, « … ce qu’ils m’ont injecté et fait. Ces dommages que l’on m’a infligés sont directement liés à ma mutation, je suis persuadé que le vaccin que l’on injecte peut avoir des conséquences prédictibles. Et qu’elles peuvent être amoindries. Et puis… celles dont je souffre ne sont rien en comparaison à la douleur de voir femmes et enfants vieillir et décéder sans que l’on ne puisse rien faire pour les rejoindre. » Il réajuste ses manches, prend son inspiration. Et tend une main amicale, comme pour sceller un contrat. « On ne peut plus rien faire pour moi, malheureusement, et ma vie n’a d’importance à mes yeux qu’en son caractère sacré. Vous êtes venu me voir pour quérir de l’aide et des réponses, je vous propose les deux. Et que ce soit sans contrepartie… ne devrait pas vous déranger. Soyez juste assuré de ma bonne foi. »

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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (aloys), slay your demons while you're awake.   (aloys), slay your demons while you're awake. Icon_minitimeSam 30 Juil 2016 - 1:59


better not to breathe than to breathe a lie
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moon's rising and my blood is growing cold. preacher man can't save a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. ain't gonna drown in the water, cause the good lord ain't bringing me home. i'm bound for the broken promise land, to meet my demons and get back my upper hand. long man can't catch a soul like mine, miracles are just too damn hard to find. w/aloys de miribel & alec lynch.

Le monde en général, la vie qui l’entourait, avaient réussi à faire d’Alec Lynch un être relativement cynique : difficile à imaginer, si on prenait la peine de se souvenir du jeune homme qu’il avait été. Bien souvent, quand il s’plongeait dans une introspection stérile, il se souvenait d’ces moments-là de sa vie, sans être capable d’en éprouver quoique ce soit : ces images, elles appartenaient à l’Alec Lynch qui avait eu ses parents, une vie d’insouciance, d’impétuosité et d’indifférence. Tout ce qu’il n’était plus désormais, par la force des choses et un concours de circonstances qui étaient toutes lourdement tombées sur lui du jour au lendemain. Comme ça, sans crier gare, il avait eu l’herbe coupée sous le pied, perdant l’équilibre jusqu’à s’retrouver là, treize ans plus tard, à dévisager avec une critique acerbe la moindre lueur d’espoir qu’on voulait bien lui profiler à l’horizon. Pourquoi est-c’que quelqu’un s’donnait encore la peine de faire ça, dans l’monde dans lequel ils vivaient ? La Radcliff dans laquelle ils évoluaient ? Cette ville pourrie jusqu’à la moelle, dirigée par un type qui méritait d’pourrir six pieds sous terre, et des chasseurs plus corrompus que voués à la cause sacrée qui avait toujours tant importé à la morale du Lynch. Cette ville où les hunters, ou peut-être même des types qui portaient l’uniforme de flic pour faire bonne mesure, mettaient le feu à des maisons pleines de gens innocents et d’leurs enfants, juste en les considérant comme des dommages collatéraux, oubliant volontiers leur nom ou leur simple existence au moment de déplacer froidement des pièces d’échec, ici ou là, sur le grand plateau de la vie : les Hodgins l’avaient payé de leur vie, et d’autres l’avaient fait également, plus tard encore. Des masses et des masses de population qui n’avaient pas vraiment de visage, ni vraiment de noms : l’explosion à la fête des Fondateurs, l’explosion à la fête de l’Hiver-… tous les instincts du hunter lui disaient que c’n’était que le début, et qu’il n’tomberait pas du ciel une quelconque épiphanie dégoulinante de clémence pour remettre les uns et les autres sur le droit chemin. Après avoir passé les vingt premières années d’sa vie à graviter dans le monde en le pensant totalement acquis, presque courbé à ses pieds en signe de révérence, Alec avait découvert tous les aspects cruels et impitoyables de celle-ci : à trente-trois ans, il en était celui qui haïssait autrui presque autant qu’il se haïssait lui-même, maintenant qu’il s’était découvert ce gêne au creux des veines. Clairement, le face à face était intéressant, entre lui et Aloys de Miribel ; et en 2015, les optimistes et les altruistes appartenaient à une caste de population considérée comme timbrée, ou illusionnée par des espérances qui n’seraient jamais récompensées. Après tout, l’altruisme du chirurgien ne l’avait-il pas amené à devenir un rat de laboratoire ? Ou à se retrouver avec un hunter dans son bureau, prêt à lui tirer les vers du nez d’une quelconque manière ? Certes, Alec pouvait bien l’reconnaître : l’entreprise avait été bien plus facile que c’qu’il aurait cru, en se préparant à affronter un type vieux de quelque chose comme cent-soixante-dix ans. Mais ils en étaient là, à discuter social, s’observant dans l’blanc des yeux, alors que manifestement, ils n’seraient jamais habités de la même sagesse – ce duel d’idées, il n’mènerait nulle part. S’il devait moisir pour l’éternité dans cette vie, Alec le ferait incontestablement selon ses propres croyances, sa propre façon d’voir les choses – en espérant n’pas finir désespéré et mielleux, gâteux au point d’lire dans les autres ce qui n’existait certainement pas en eux.

Evidemment, il n’était pas noir et désespéré au point d’penser que c’était le cas de tout le monde- simplement de la majorité de la population, avec quelques rares apparitions qui marquaient l’esprit au fer rouge. Comme Calista. Et certains auraient pu dire, pourtant, que l’ardeur mielleuse avec laquelle le jeune homme se rappelait incessamment la blonde pour pouvoir galvaniser sa motivation, avait quelque-chose de trop… niaiseux pour ce monde également. Il le savait bien, il l’avait bien su, dès le moment où il s’était laissé prendre dans le tourbillon de ses sentiments. C’était incontrôlable, physique, en une inflexion que son cœur faisait de lui-même dans son poitrail, quand il ouvrait les yeux, s’pensait seul dans sa vie, seul face à ces démons d’avenir qui se profilaient dans sa tête, avant de s’rappeler qu’y’avait aussi Calista. Calista qui, elle, au mieux, mourrait entre ses quatre-vingts et quatre-vingt-dix ans, avec la peau fripée, des maladies, des douleurs à travers tout le corps. Il n’aimait pas l’imaginer comme ça, évidemment, pas alors qu’elle n’avait qu’à peine plus que vingt-six ans, qu’elle était encore pimpante, pleine de vie, pleine d’espoir et de volonté. Combien d’fois par jour, exactement, est-ce qu’Aloys de Miribel se repassait ces images très lointaines, de la femme ou des femmes qu’il avait pu aimer, en s’demandant c’qu’il avait bien pu faire pour n’pas avoir le privilège de connaître ça, lui aussi ? Et pourtant, à l’époque où il avait été vénal et prétentieux, Alec aurait bien eu envie d’avoir un remède contre la vieillesse ou la fatigue – rien qu’pour toujours être sexy, toujours pour avoir appâter des nanas dans son lit, et toujours pouvoir leur faire plaisir toute la nuit durant, aurait-il volontiers dit. C’était curieux, hein, la façon dont les choses pouvaient vite s’retourner, et s’transformer en un cauchemar abyssal dans lequel on avait l’impression d’être avalé des pieds à la tête. A la question sur le vaccin, le transmutant face à lui demeura silencieux, borné probablement ; méfiant, malgré ce qu’il voulait bien dire aux yeux de tous. Parce que quel autre mot pouvait justifier le mutisme du médecin face à une question qui n’payait pas de mine, au premier abord ? Ça faisait longtemps, déjà, qu’Alec avait abandonné l’approche par la force, la menace, la persuasion, ou la prescience d’une mort certaine. Au contraire, ça faisait déjà de longues minutes qu’ils parlaient presque posément, s’affrontant bien plus par l’ardeur de leurs mots que la fureur de leurs poings : le match aurait été gagné d’avance pour le chasseur- ici au moins, ça semblait plus compliqué. Alec d’ailleurs, ne manqua pas de retirer une quelconque fierté à s’voir avoir désarçonné son vis-à-vis en quelques tournures de phrases et répliques baignées d’une maturité sardonique qu’on ne lui aurait jamais prêtée, treize ans plus tôt. « Est-ce une menace ? » et dans le silence d’une œillade, le Lynch répondit à cette question, probablement, sans s’donner la peine d’y mettre les formes ; y’avait des hunters qui étaient comme ça, et faisaient des rondes-jambes pour décliner leurs intentions et les offrir aux autres – clairement, l’homme que Miribel avait en face de lui n’agissait pas de la sorte. N’avait-il pas retenu, que quand Alec menaçait, c’était avec ses doigts agrippés autour de son col, un agacement évident vibrant dans sa voix, bien plus qu’une lassitude sévère à l’égard de tout ce qui les entourait. « Je suis persuadé que vous faites erreur » la verve sans argument n’éveilla pas particulièrement l’intérêt du Lynch ; y avait-il vraiment place à l’erreur ? C’n’était pas comme s’ils étaient dans une ville où les gens mouraient quotidiennement, parce qu’ils étaient des dégénérés, parce qu’ils se retrouvaient au mauvais endroit au mauvais moment, ou même parce qu’ils étaient des chasseurs à plus ou moins fort degré. Irrémédiablement, le seul qui semblait intouchable, c’était Lancaster, avec son statut de célébrité, d’autorité, d’influence. « Et… » dans les longues minutes depuis lesquelles ils étaient face à face, debout, Aloys de Miribel n’avait jamais paru être menaçant d’une quelconque manière ; maintenant, c’était encore autre chose, comme s’il flanchait mais à un autre niveau encore. Orgueilleusement, le brun se retrouvait bien content, d’un peu équilibrer la balance des confessions.

« J’ai essayé vous savez. Les premières années, je me suis fondu dans les vies, les us et coutumes. J’ai essayé jusqu’à me recomposer en tant qu’homme, en tant qu’artiste, en tant que père, grand-père, milliardaire, médecin, chirurgien, urgentiste, pédiatre, dentiste, ophtalmo, médecin militaire,… Mais je suis fatigué de devoir me forcer à appartenir à une époque qui ne me correspond pas, je suis fatigué de me recomposer sans cesse pour me plier à des névroses qui agitent cette société atteinte d’une maladie dont le chaos que vous me décrivez n’est qu’un symptôme de plus. Et… » pour avoir essayé de soigner ce symptôme tout particulier pour les treize dernières années de sa vie, avant de s’découvrir au beau milieu de celui-ci, acteur actif de cette mascarade, Alec n’eut pas grand-chose à dire, croisant les bras sur son poitrail, serrant les mâchoires. « Pardonnez-moi, je me laisse aller à un emportement que vous ne méritez pas. » et l’œil - déjà critique en général - du chasseur, était trop occupé à scruter son vis-à-vis pour qu’il ne s’mette à juger quoique ce soit. C’était plus fort que lui, encore et encore, le Lynch sentait l’horreur grimper en lui en s’imaginant, cent-soixante ans dans le futur, ressemblant à l’homme qu’il avait en face de lui. Seul. Voué à un travail, voué au monde, parce qu’au fond, y’avait bien que ça qui restait. Que ça qui était immuable : là où tous les gens à qui il pouvait tenir mouraient, encore et encore, y’avait le reste qui demeurait toujours présent, et auquel il fallait bien s’raccrocher pour n’pas perdre la raison, sans doute. Le geste inconscient – probablement – du médecin vers son poignet n’échappa pas à Alec, et il dut retenir ses mots avec ardeur, pour n’pas froidement lui demander comment on pouvait espérer encore quoique ce soit d’une humanité qui avait tué quelque chose comme trois millions de ses semblables dans une guerre longue de cinq ans, dans des camps comme celui duquel il était ressorti vivant ; bien plus grâce à sa tare maudite que grâce à l’indulgence du reste du monde. Happé avec ses propres pensées, le Lynch ne reconnecta avec la réalité que lorsque le médecin ouvrit à nouveau la bouche ; l’œil dans le vide pour de longues secondes, il ne releva le regard vers lui rien que pour le dévisager, l’incrédulité toujours accrochée à son facies. « Acceptez-vous donc cette solution que je vous propose ? C’est cela qui est le plus important. Vieillir, je l’ai déjà fait, je suis déjà vieux. Et je ne réclame rien au moment, j’offre, simplement. Que vous puissiez le comprendre ou non. » il ne put que laisser s’étendre sa perplexité, tendant l’air dans un silence de plomb, têtu et empli de questions auxquelles il n’avait pas eu les réponses, jusque-là. Probablement que s’il avait dû continuer à utiliser la manière d’approche musclée, il aurait eu ces fameuses réponses, et n’se retrouveraient pas aux abords d’un gouffre de doutes d’où sortaient des murmures de plus en plus assourdissants d’interrogations irrésolues. Le plus frustrant, c’était que de tous les transmutants qu’il avait cherchés, seul l’homme face à lui se rapprochait un tant soit peu de c’qu’il éprouvait, lui. « Laissez-moi vous aider, s’il vous plait. Comprendre ce dont votre ami souffre, comprendre ce qui est dans mes gênes, est dans ses siens, comprendre ce que ceux qui ont charcuté ma chair au point de réussir là où tant d’autres ont échoué des années auparavant… ce qu’ils m’ont injecté et fait. Ces dommages que l’on m’a infligés sont directement liés à ma mutation, je suis persuadé que le vaccin que l’on injecte peut avoir des conséquences prédictibles. Et qu’elles peuvent être amoindries. Et puis… celles dont je souffre ne sont rien en comparaison à la douleur de voir femmes et enfants vieillir et décéder sans que l’on ne puisse rien faire pour les rejoindre. » réaction épidermique, il ravala son frisson, serrant les dents, alors que toute une foule d’images déjà ressassées et bien imaginées dans sa tête, repassait juste devant ses yeux. La main tendue, Alec l’observa de longues secondes. « On ne peut plus rien faire pour moi, malheureusement, et ma vie n’a d’importance à mes yeux qu’en son caractère sacré. Vous êtes venu me voir pour quérir de l’aide et des réponses, je vous propose les deux. Et que ce soit sans contrepartie… ne devrait pas vous déranger. Soyez juste assuré de ma bonne foi. » « J’dirais pas vraiment que j’ai eu des réponses. » qu’il ne put s’empêcher d’ironiser, le visage assombri, une frustration plus évidente que jamais glissant sur ses traits. Il soupira, juste après avoir regardé l’autre dans les yeux, retrouvant la main tendue avec ses iris, incapable de faire le geste altruiste et amical qui s’offrait à lui. « On verra c’qu’on pourra faire… » lâcha-t-il finalement, presque sans grande conviction, malgré le fait tout simple que les choses se soient passées en douceur ; elles ne s’étaient pas passées comme il s’y était préparé, et ça le frustrait probablement plus que tout le reste. L’incompréhension, le flou autour de c’personnage, repoussait Alec plus que ça n’l’attirait dans une curiosité quelconque ; lui, il n’aimait pas n’pas contrôler, et sentir que la chose pouvait s’retourner contre lui à tout moment, juste parce qu’il y avait trop d’éléments inconnus. « si vous vous faites pas tuer avant. » en dardant le dossier des yeux, il décida de n’pas faire le moindre geste pour le récupérer, tout autant qu’il ne fit aucun geste vers la main tendue ; encore et encore, sa nature distante, froide, l’instinct du chasseur prévalant sur le reste. « J’vous tiendrai au courant. » il marmonna enfin, ses azurs vrillant une dernière fois la main tendue, avant qu’il ne s’éloigne, trop précieusement accroché aux dernières miettes de contrôle sur sa vie, pour céder à un désespoir qui avait si souvent menacé de le submerger, en quelques poignées de minutes à peine.
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(aloys), slay your demons while you're awake.

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