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 what's left if we're only stealing time + lovelson

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Priam Mikaelson
Priam Mikaelson

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MessageSujet: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeSam 13 Fév 2016 - 11:21



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Il s’était vu mourir l’espace d’une seconde. Dans une gerbe d’étincelles et sans personne pour le rattraper. Il avait senti l’étau se resserrer autour de sa gorge, l’air lui échapper alors que la fumée brouillait sa vue. Néanmoins, il arriva à fuir ce tombeau de flammes prêt à l’avaler.  Crachant ses poumons en quintes de toux desséchées, il était incapable de trouver l’air venu à lui manquer. Allongé à même le sol, son thorax se contractait de douleur en cherchant à chasser la fumée logée dans ses poumons. Priam avait cru voir la lumière s’éteindre au bout du tunnel alors que Charon lui demandait la monnaie de son dernier voyage. Pourtant, sa chair toujours nouée au bitume glacé, l’air s’était frayé un chemin jusqu’à ses bronches désespérées alors que le sang nappait son regard d’un éclat carmin. Le Mikaelson s’était accroché à la vie comme il ne l’avait jamais fait, comme on ne lui avait jamais donné l’opportunité de le faire. Avec la force du désespoir, les entrailles nouées par ce qui venait de se produire, il avait pris une première goulée d’air pur, puis une deuxième. Vidant ses poumons de la fumée qui s’y était logée, locatrice indésirable pourtant naturellement à sa place dans les bronches du mutant, il n’aurait su dire combien de temps il resta allongé à même le sol la glace venant éteindre les restes de l’incendie en son buste. Le pyrurgiste n’était rien de plus qu’une épave recrachée par les flammes. Un rescapé rejeté par le feu qui n’avait vu en cet être morcelé par les coups une offrande digne de ce nom. Quelque chose s’était éteint chez lui, entre les murs calcinés de ce bâtiment tombant en ruine dans son dos. Il avait abandonné quelques choses là-bas, dans les restes fumants du chaos de sa démesure et Priam savait qu’il ne pourrait le récupérer. Délaissant les ruines de sa monstruosité, il se fit violence pour détourner le regard et trouver la force d’avancer. Sa chair hurlait à la mort sans que personne ne l’entende. Ses muscles glacés, après s’être consumés sous les flammes, ne lui répondaient plus. Mû par une force qu’il ne se connaissait pas, il se releva, esquisse rouge et noir gravée sur cette toile nocturne. S’écorchant les os à chaque centimètre en avant qu’il s’arrachait, le Mikaelson s’était décollé du sol alors que la violence de sa souffrance le rendait nauséeux. La tête lui tournait, ses entrailles étaient douloureusement nouées et son sang n’avait de cesse de couler. Il ne sentait que ça, ne voyait plus qu’en rouge et noir. Le brun n’arriva à retenir la bile lui montant aux lèvres qu’à grande peine. Sa jambe droite menaçait de céder sous son poids à tout instant alors que son sang s’échappait du trou de balle que le hunter lui avait laissé. Malgré tout, poussé par cette adrénaline qui continuait à faire battre ses veines, il arriva à faire un mètre en avant pareil à un enfant incapable de tenir sur ses jambes. Priam aurait aimé que la douleur s’apaise avec l’effort, que ses muscles endoloris finissent par s’habituer à cette sensation de déchirure lui nouant les entrailles à chaque nouveau mouvement. Il n’en fut rien. Chaque centimètre arraché à la force du bout de ses ongles, le mutant sentait ses entrailles se tordre sous le poids de cette douleur que les fragments de son être envoyaient à son cerveau. Il s’étonna de ne pas s’effondrer là. De ne pas céder à la souffrance et s’épargner tant de douleur. Tout serait si simple pour lui s’il daignait courber l’échine, fermer les yeux et lâcher prise. Mais il savait que s’il s’arrêtait, il n’était rien de plus qu’un mort en devenir. Cible aisée attendant qu’un hunter ne vienne le faucher pour finir le travail. Longeant les murs, évitant les tâches de lumières parsemant les ruelles qu’il empruntait, le brun traversa la nuit, traversa le froid ankylosant ses membres à la recherche d’un abri. Glacé au plus profond de sa chair meurtrie, il s’évertuait à avancer sans savoir où aller. Recouverte d’un filtre ensanglanté, Radcliff n’avait jamais parue plus inconnue à l’allochtone qu’à cet instant. Les rues se ressemblaient toutes, les maisons n’étaient qu’une même copie d’un bâtiment s’étant imprimé sur la rétine du Mikaelson dans ses premiers mètres. Pourtant, ce dernier s’évertuait à continuer, aller de l’avant, repoussant la douleur et la fatigue qui l’enjoignaient de s’arrêter depuis les abimes de sa conscience. Peut-être s’était-il mis à tourner en rond au bout d’un moment. Peut-être qu’il allait finir par s’éteindre pour de bon dans cette obscurité à couper au couteau. Son énergie l’avait quitté, sa foi s’en était allée tout comme sa chance. Il ne restait rien au jeune homme qu’un arrière-goût de cendre et l’impression que c’était perdu d’avance. Incapable de faire un pas de plus, sa jambe cédant sous son poids, l’Icare en infamie s’écrasa dans le silence feutré de la nuit, sous le regard désintéressé de la voie lacté. Marionnette sans fils,  il se traina jusqu’au mur le plus proche, s’abritant comme il pouvait en se cachant derrière une benne à ordure. Si un hunter ne venait pas à le trouver, l’ancien gamin des rues se demandait s’il n’allait pas finir par se vider de son sang. Une mort digne de ses origines. Seul, blessé et sans personne pour venir à sa rescousse. Il était voué à crever la gueule ouverte baignant dans ses regrets vermeils. Pareil à une petite fille aux allumettes modernes, Priam frotta vivement ses mains cherchant à ranimer le feu nourrissant ses veines. Le froid s’était installée dans la chair du brun. Il pouvait sentir la glace poindre sous la surface de sa peau violacée. Le torse de ce dernier n’était plus qu’un ciel peint couleur lilas, parsemé de tons pastels rendu saillant par les éclaboussures vermeilles dégoulinant le long de sa peau boursouflée par endroit. Le chasseur lui avait laissé un souvenir, il lui avait tatoué entre les côtes des auréoles violacés à la mesure de ses poings, celles-ci à peine cachés par les haillons calcinés s’accrochant encore à sa peau. L’énergie manquait au jeune homme, tout comme le sang allait inévitablement finir par le faire s’il continuait à se répandre sur la chaussée. A se vider sur le bitume, en torrents alanguis par lesquels sa vie lui échappait, il allait finir exsangue et s’éteindre au milieu de la nuit. Agitant plus vivement encore ses mains glacées l’une contre l’autre, il arriva à en arracher une flamme vacillante.  Peinant à rester concentré, il n’eut pas le temps de se préparer au choc de la brûlure venue ronger la chair de sa cuisse lorsqu’il posa sa paume sur la plaie causée par la balle. Sous ses doigts, il tatouait l’œuvre du hunter à même sa chair. Gravant dans sa peau un rappel immuable de cette rencontre avec la mort si cette dernière ne se décidait pas à venir le chercher maintenant. Incapable de réfréner le hurlement d’agonie s’échappant de ses lèvres dessoudée par la douleur, un soubresaut d’effroi s’échappa de la jambe blessée du Mikaelson venant renverser une poubelle à proximité. Les yeux grands ouverts, imprimant la voie lactée sur sa rétine une dernière fois, les filaments désunis de sa conscience quittèrent le mutant alors que ce dernier se demandait si c’était vraiment maintenant que s’achevait son histoire. Le brun ne sentait plus rien. Rien qu’une boule de douleur s’échappant de ses avants bras brulés, de son corps mutilés. Les filaments mordorés de sa lucidité s’évaporaient devant ses yeux, rejoignant la lune alors que ses pensées s’écrasaient sous son crâne.  Après tout ça. Le bon, le mauvais. Les départs, les retrouvailles. Des tâches d’encre imbibèrent sa vision alors que ses pensées se faisaient discordantes. Il allait mourir là, entre une benne à ordure et les déchets répandus d’une poubelle ouverte à deux mètres de lui. Il l’avait perdu. Pour de bon cette fois-ci. Plus de chimères après laquelle courir, plus de souvenirs auquels se raccrocher. C’était fini. Ses yeux se firent aveugles et son souffle froid. Priam faisait face à une mort à sa hauteur. La hauteur d’un mec sorti de prison pour venir s’éteindre au creux de la nuit. La flamme mourante au bout de sa main s’éteignit finalement alors que l’obscurité tombait sous ses paupières. Peut-être que c’était mieux ainsi. Sans douleur, sans bruit. Peut-être qu’il fallait parfois savoir prendre sa dernière révérence et admettre que la partie était perdue. L’inconscience le faucha en douceur, l’arrachant au monde et à sa souffrance. Le  pyrurgiste venait de s'éteindre à cause d’un chasseur qui avait su l’écraser entre ses doigts.
Dans cette parenthèse de non vie, cet entre-deux délictueux, il trouva la paix. Son esprit embrumé remontait parfois jusqu’aux portes de la conscience, mais le cœur en jachère de Priam repoussait toujours plus loin ces dernières. Lorsque ses paupières lourdes arrivèrent enfin à s’entrouvrir, il se croyait mort. Perdu entre ciel et terre, âme en passage affrontant une dernière fois la seule vision d’infinie que ce monde lui avait offert. Malgré son désir de graver cette image à sa mémoire, emmener avec lui ce visage vers l’absolu néant de l’après, la force lui manquait déjà. Ses paupières appesanties se refermèrent alors que les mains posées contre ses joues s’ancraient un peu plus dans sa chair. Il entendait les plaintes de la jeune femme, mais n’arrivait pourtant pas à faire sens de ses mots. Sens de la chaleur des mains contre sa peau irradiant son visage. Octavia le tirait vers la conscience, arrachant son esprit meurtri à l’océan de glace dans lequel il se noyait le cœur serein. Elle ne savait pas le monde de douleur vers lequel elle le trainait. Elle ne savait pas la souffrance qu’elle lui causait à lutter contre la glace prête à éteindre les flammes de sa douleur. Il aurait voulu qu’elle le laisse se noyer. Ca aurait été mieux ainsi, plus simple surtout. Il ne sut pourtant lutter contre la jeune femme. Il n’avait jamais su. C’est ainsi qu’il ouvrit ses paupières et posa son regard azuré sur cette dernière. Ses yeux étaient vitreux, recouvert d’un voile dont il chercha à se défaire en repoussant la brume troublant sa vision. Battant plusieurs fois des paupières, il arriva à étirer ses lèvres en un sourire éreinté alors que les mots refusaient de sortir de sa gorge. « Tu peux pas t’en empêcher… » Arriva-t-il à articuler dans un murmure douloureux. Non, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Non, elle ne pouvait pas le laisser s’éteindre comme ça, perdu au milieu de l’obscurité anonyme d’une ruelle sans nom. Elle venait inlassablement à sa rescousse. Elle l’avait toujours fait. Elle avait toujours su comment le sauver. Même de lui-même.
 

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Octavia Lovecraft
Octavia Lovecraft

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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 23:29

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.

Un hurlement trancha la nuit. Proche. Trop proche. Droite comme un piquet, la brune s'était redressée subitement sur le sommier grinçant, en parfaite réponse à la plainte qui lui avait saisi le coeur. Les bruits métalliques qui suivirent crispèrent son dos tandis qu'elle tendait l'oreille. Cela venait de l'extérieur, de la rue, plus personne ne circulait à cette heure et cela ne présageait rien de bon. Si la chasse s'était ouverte sous son appartement, elle ne pouvait demeurer passive. Pas si l'occasion de se salir les mains se présentait, si belle, si facile à saisir. Et puis, il y avait quelque chose d'autre. Une sensation étrange, une appréhension qui résonnait encore dans sa poitrine en écho au mugissement de douleur. Quelque chose qui étouffa les insultes qu'elle s'apprêtait déjà à proférer, achevant de se lever de son lit de fortune en étirant son dos, tirant sur le short qui lui servait de pyjama pour couvrir ses fesses avant de s'approcher de la fenêtre. L'ouvrant d'un geste machinal, presque blasée à l'idée de ce qu'elle allait trouver en bas, elle se pencha en scrutant l'allée. Un instant de suspens, de quiétude avant la tempête. « Putain. » Une seconde se distordit tandis que le temps semblait s'arrêter. Impossible de soutenir cette vision d'horreur, impossible pour son cortex d'intégrer l'information. Ses phalanges avaient blanchi sur le cadran de la fenêtre, s'y enfonçant avec brutalité tandis que la voleuse sentait ses tripes se nouer. Ses réflexes semblaient tout bonnement s'être faits la malle durant cet instant à fixer la ruelle, la laissant là, immobile, les muscles tétanisés refusant de bouger. Un cri sourd restait confiné au fond de sa gorge, alourdissant ses cordes vocales à en empêcher l'air de passer, suffocation silencieuse meurtrissant sa poitrine. Lorsqu'enfin ses pieds daignèrent se détacher du sol, elle tituba. Loin de s'élancer vers la porte sans ne plus attendre, son genou flancha dangereusement au premier pas alors qu'elle se rattrapait au mur in extremis, jurant d'une voix qui se brisa au passage, ce qui l'entraîna à vociférer un peu plus encore. Sa vue s'était troublée avant qu'elle n'atteigne la sortie, bien loin d'être aussi rapide et efficace que d'habitude, pas quand son coeur semblait soudain peser une tonne et s'être écrasé près de la fenêtre une minute plus tôt. Ses jambes s'emmêlaient l'une devant l'autre, une furieuse envie de vomir lui comprimait l'estomac et chaque mètre parcouru à l'aveuglette embrouillait un peu plus son esprit. Priam. Ce morceau de viande sanguinolent au pied de son appartement n'était pas un type lambda, ce connard qui l'avait arrachée à la recherche du sommeil n'était pas un type lambda, c'était Priam, son Priam, et les ratés de son myocarde ne cessaient de s'accentuer tandis que l'atroce réalité se frayait chemin dans son esprit. Se jetant littéralement contre la porte d'entrée qu'elle repoussa de toutes ses forces, s'y écrasant l'épaule en grognant, la brune perdit l'équilibre sur quelques premiers pas dans la rue. L'air était affreusement silencieux, dépourvu du moindre gémissement, aucune plainte ne résonnant entre les murs, rien. Son échine se glaça alors que son regard se posait enfin sur lui, la laissant avaler les mètres sans réfléchir, ses oreilles commençant à bourdonner à mesure qu'elle s'approchait. Ses jambes flageolaient sous son poids, ses paumes étaient moites, et pour la première fois en vingt-six ans la voleuse se trouvait véritablement au bord du malaise, l'estomac prêt à se retourner et la conscience à se faire la belle. L'heure n'était plus aux faux-semblants. Elle n'avait plus la moindre retenue, plus les forces de soutenir la façade, et quand bien même quelqu'un serait là pour l'apercevoir, elle n'en avait plus rien à foutre. Ses genoux heurtèrent le bitume alors que ses muscles refusaient de la soutenir davantage, la laissant s'écraser à côté de lui, sa cage thoracique s'emplissant de sanglots incapables de sortir, contraints de s'y amasser un à un en écrasant son coeur qui peinait à expulser ses battements. A l'en faire devenir aussi livide que lui, le sang coincé dans ses veines semblant cheminer à reculons, refusant d'oxygéner son cerveau pour la laisser réfléchir. C'était douloureux. Beaucoup trop, impossible à supporter. Elle ne pouvait plus bouger, dépassée par la situation, incapable de prendre la moindre initiative durant les quelques secondes qui suivirent. C'était sa vie qui s'arrêtait, un cauchemar qui l'engloutissait vivante en refusant de la laisser intervenir. « Priam. » La plainte à mi-voix, déchirant ses lèvres alors qu'un frisson martelait sa nuque, lui assénant un coup suffisamment brutal pour la sortir de son état de léthargie. « Priam, putain, ouvre les yeux. » Elle avait saisi ses épaules à deux mains, le secouant alors que la panique envahissait tout son corps. « Réveille-toi Priam, putain, bouge, ouvre tes yeux putain, t'as pas l'droit, OUVRE LES YEUX ! » Les secousses s'étaient arrêtées alors que son cri déchirait sa gorge et brisait la nuit, résonnant à ses propres oreilles en lui dilacérant les tympans. Les doigts avaient glissé à l'aveuglette pour venir se nicher dans son cou, avant de remonter jusqu'aux joues qu'elle caressa doucement en reniflant bruyamment. « T'as pas l'droit d'faire ça, tu peux pas crever là, en bas d'chez moi, t'es trop con putain, t'es un sale con. » Elle rugissait après lui, abattant une main contre le mur à défaut de pouvoir le frapper lui, de peur de le casser un peu plus, lui qui avait déjà perdu toutes ses couleurs et qui semblait s'éteindre doucement.  « J'te déteste putain, j'te déteste Priam, t'as intérêt à pas crever là parce que j'vais salement te botter le cul quand t'iras mieux et... et... » Essuyant brutalement son visage d'un revers de main pour libérer sa vue des larmes incontrôlables, sa voix devint murmure sans qu'elle ne s'en aperçoive, privée d'air par sa respiration saccadée par la panique, cherchant à inspirer sans que l'air ne semble franchir son thorax. Ça lui faisait mal dans la poitrine, terriblement, à s'demander si elle faisait pas une crise cardiaque. C'était sûrement à ça que ça devait ressembler, quand le myocarde se retrouvait nécrosé, incapable de pulser. Ou peut-être juste que c'était son coeur défaillait qui se brisait, qui restait en apnée en attendant de le voir ouvrir les yeux. Parce qu'il ne pouvait pas les avoir fermé pour de bon, jamais. Collant subitement sa tempe à son torse, plaquant son oreille à ses côtes en guettant les battements, la brune sursauta en en décelant un, timide, résonner à son tympan. Et lorsqu'elle se redressa, lorsque ses yeux écarquillés se reposèrent sur lui, ses paupières commencèrent à se soulever.

Retenant son souffle, bouche bée, captive du sourire qui s'étirait doucement sur les lèvres de son ami de toujours, les mots éveillèrent tout un tas d'émotions contraires en son sein. Le soulagement, d'abord, de l'entendre parler, de pouvoir s'accrocher à sa voix en sentant l'espoir gonfler ses veines. L'agacement, la colère de l'entendre plaisanter, parce que non, elle pouvait pas s'en empêcher, personne ne l'en empêcherait jamais, c'était lui et elle, jusqu'à la fin, le reste pouvait aller se faire foutre. Fébrile, des milliers de paroles prêtes à jaillir de sa bouche, seul un mot s'en extirpa, comme une évidence. « Jamais. » Jamais elle ne le quitterait, jamais elle ne l'abandonnerait. Jamais elle ne vivrait sans lui, sans le savoir en vie. Sans prévenir, sa main se précipita sur la plaie la plus importante, s'y plaquant dans une douceur surprenante malgré le geste vif, serrant les dents pour lui en y imprimant une pression de plus en plus importante, noyant le sang sous sa paume, interdisant à la plaie de continuer à le vider de son essence vitale. « Accroche toi. » Glissant le bras du pyrurgiste autour de son cou, serrant sa main dans la sienne sans arrêter de comprimer sa blessure, la brune prit une profonde inspiration. Tentant vainement de calmer son propre coeur, de ne pas céder à l'agitation.  « 'Faut pas rester là, j'ai même pas d'arme je.. » Grognant en sentant sa voix vaciller, empreinte d'une terreur qu'elle ne put s'empêcher de maudire, parce qu'elle était censée être forte, forte pour lui. Prenant appui sur ses jambes tout en s'accrochant au mur, elle tenta naïvement de le relever à la seule force de son bras, ne se redressant que sur un mètre, forçant sur ses muscles en mobilisant toute son énergie. « Faut vraiment que tu m'aides, y'en a pas pour longtemps, mais faut que t'avances, et après tu pourras te reposer, j'te le promets. » Ancrant son regard dans ses prunelles azurées, un frémissement hérissa ses bras en notant une fois de plus son teint livide, ses yeux cernés, sa peau couverte de cendres qui ne cessaient de s'envoler doucement vers elle, portées par la brise nocturne. « J'voudrais te porter mais j'peux pas, j'avais tort, tu vois. Faut croire que c'est toi le plus costaud des deux, finalement. Et putain, tu sais que ça m'fait chier de le dire. Mais j'peux pas te porter, parce que t'es le plus fort des deux, qu'c'est toi qui m'a toujours portée. Et si t'avances pas, Priam, si t'arrives pas à le faire,... » Les mots rendus confus par la peur se bloquèrent dans sa gorge, l'étranglèrent tant et si bien qu'elle put à peine reprendre son souffle. Elle agonisait face à sa souffrance, mais bientôt, quelque chose de plus fort s'immisça dans ses os, décharges d'adrénalines inondant ses veines tandis qu'elle se faisait violence pour avancer d'un premier pas, ignorant les vacillements de son acolyte. Il n'y avait que ça à faire. Rendre ses oreilles sourdes à la douleur. Fermer ses yeux au désespoir, empêcher la mort de les rattraper. Avancer, toujours avancer. C'était ce qu'ils avaient toujours fait. ce qu'ils feraient ce soir, parce que s'il trébuchait, elle le rattraperait. Qu'il ne tomberait pas définitivement. Pas sans qu'elle ne le talonne de près.
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Priam Mikaelson
Priam Mikaelson

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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeMar 8 Mar 2016 - 1:04



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Charon avait refusé l’argent de son dernier voyage, abandonnant l’homme blessé sur le bord du Styx en refusant son offrande. Rejeté sur la rive comme un échoué ayant bu la tasse, Priam ne pouvait se défaire du givre ankylosant ses membres. Mort en devenir, vivant en sursis, tout paraissait si loin au mutant, comme si une pélicule de glace le séparait du reste du monde. Les filaments désunis de sa conscience cherchaient tant bien que mal à former un fil continu de pensées sans arriver à faire sens de ce qui était en train de se produire. Des souvenirs pleins les poches, aux lèvres les mots défaits d’un abandon qu’il ne pouvait admettre, le corps sanguinolent ne demandait qu’à pousser son dernier soupire. Une bonne fois pour toute rendre les armes et partir à la dérive en suivant la faucheuse. Cependant, cette dernière ne fit pas son office, laissant le brun derrière elle comme un moins que rien. Il semblait ne tenir qu’à lui d’ouvrir les yeux, d’écouter les suppliques brisées de son amie et de serrer les poings quelques instants de plus. Perdu au cœur de sa propre douleur, aveugle et sourd volontaire, il n’avait pas conscience de trainer avec lui la jeune femme vers une tombe précoce. Il ne se doutait pas qu’à s’éteindre là, sans plus de cérémonie, il allait entrainer la belle avec lui dans l’obscur de l’après. Peu importait ce qui se passait, ils n’avaient eu de cesse de se courir l’un après l’autre. Ces deux perdant de la loterie de la vie n’avaient jamais arrêtés de se suivre à la trace jusqu’aux confins de leur univers afin de ne jamais rester derrière. Ne jamais être celui qui devra affronter ce monde seul. Ne pas être le dernier artéfact d’une relation gravée à jamais au plus profond de leur chair. Et, voilà que le Mikaelson s’apprêtait à abandonner sa moitié de toujours, laisser le navire couler sans se soucier d’entrainer la brune dans sa noyade. Il s’agissait presque d’une évidence, pour le jeune homme, que les talents d’Octavia seraient ceux qui finiraient par le sauver. Qu’elle était celle qui finirait irrémédiablement par le sauver. Il n’aurait pas dû douter que si une personne était capable de dérober son dû à la mort c’était la voleuse lui ayant arraché le myocarde sans qu'il ne s'en rende compte. Néanmoins, lorsque ses yeux usés s’ouvrirent sur un monde en noir et blanc, douleur et glace tatouées sur ses rétines, il eut l’impression de sentir le vide en sa poitrine se resserrer alors que l’ange aux ailes suturées lui répondait pleine d’une assurance qu’il ne pouvait remettre en question. Possédant une confiance aveugle en Octavia, trop las que pour continuer à se battre contre ce corps brisé jusque dans ses fondations, le pyrurgiste senti ses paupières se faire lourde alors que l’envie de les reposer rien qu’un instant se faisait de plus en plus pressante. Sur le point de s’abandonner à l’inconscience salvatrice qui l’avait fauché plus tôt, la main d’Octavia se pressant contre sa cuisse lui arracha un râle d’agonie qu’il tenta tant bien que mal de réprimer. Les dents serrées, une grimace de douleur étirant le faciès livide du mutant, ce dernier hocha lentement la tête le ciel ombragé de son regard planté dans les pupilles sans fond de la jeune femme. Il s’accrochait à elle. Envers et contre tout, il s’accrochait à ses prunelles et l’espoir infime qu’elle avait toujours réussi à faire subsister dans son existence. Il s’accrochait car il ne pouvait en être autrement, car s’il cédait il allait s’écraser pour de bon cette fois. Il aurait aimé trouver les mots, aimé avoir la force d’arracher aux filaments distendus de sa conscience toutes les choses qu’il souhaitait lui dire.  Les mots qu’il brûlait de prononcer lorsqu’aux portes de l’enfer il s’était senti s’éteindre. Au lieu de quoi, Priam n’avait entre les doigts que le silence de ses regrets et le trouble de ses plaintes intelligibles. Respirant douloureusement, sa cage thoracique menaçant de céder sous le poids lui comprimant le torse, il faisait de son mieux pour lutter contre l’impression qu’il avait de suffoquer ainsi que contre les flots carmin lui échappant. Luttant difficilement pour garder les yeux ouverts, il se retrouvait perdu dans la contemplation de la voleuse à qui rien ne pouvait résister. Pas même la mort. Pantin sans fils, il se laissait entièrement faire entre les doigts de la brune luttant contre la douleur qui menaçait de l’emporter à nouveau vers les rivages inconscients d’un repos sans pareil. Un bras enroulé autour du cou de la belle, l’appréhension de l’effort à produire lui nouant les entrailles, Priam sentait les miasmes craintifs s’échapper des mots d’Octavia. Il sentait l’impuissance de la brune qui aurait tout donnée pour lui, se serait jetée tête la première au milieu de la fosse aux lions si ça signifiait le sauver, mais qui ne savait que faire à cet instant. Poids mort, marionnette aux rouages brisés, le soldat de plomb blessé n’était rien de plus qu’un fardeau pour la Lovecraft. Cette dernière faisait face à l’océan de ses erreurs à lui, forcée de trouver un moyen de le faire traverser sans savoir par où commencer. La sentant le tirer vers le haut, le Mikaelson ne put s’empêcher de gémir péniblement alors que la gravité nouait de plus en plus douloureusement sa chair au sol glacé. « Je saurais pas.. » Avoua-t-il, honteux, en regardant avec haine ses jambes qui refusaient de soutenir sa carcasse affaiblie. Priam ne voulait pas faire ça à la brune. Il refusait de la laisser tomber à cet instant. Elle était là, prête à tout pour lui. Prête à l’arracher à cette nuit menaçant de l’avaler et lui n’avait pas même la force de se tenir sur ses jambes flageolantes. Une fresque de sentiment s’étala sur les traits du brun, ceux-ci rehaussés par le sang et la cendre recouvrant son faciès, alors qu’Octavia le contemplait. Il ne voulait pas la décevoir, elle qui avait réussi à l’arracher aux tréfonds de son désespoir. Elle qui n’avait eu de cesse d’éclairer ses nuits et les recoins les plus sombres de son encéphale.  Il ne se sentait pourtant pas capable, malgré les mots de la brune, de lutter contre lui-même.  A bout de force, animal blessé attendant d’hurler à la lune sa dernière supplique, les prunelles sans fond de la belle le happèrent sans qu’il ne puisse résister à celles-ci. Nonobstant ses pensées confuses, il n’eut aucun mal à lire la terreur ancrée dans les traits de la brune. Elle avait peur pour lui. Comme ça avait toujours été le cas. De la même manière qu’il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle en permanence. Le Mikaelson se détestait d’être la cause de l’effroi dans le regard d’Octavia. Il se détestait d’être un éternel Icare des temps modernes trop prompt à se bruler les ailes afin de suivre les rayons mordorés de sa folie, ne se souciant jamais de l’endroit où il allait s’écraser. Surement trop habitué à s’écraser dans les bras de la jeune femme, prison de chair et de sang dans laquelle il pouvait s’oublier.  Elle était terrifiée et, pourtant, elle s’échinait à le remettre sur ses pieds pour le protéger du monde et de son jugement implacable envers les êtres de son acabit. La belle se battait inlassablement contre l’univers et rendait coups pour coups sans même se rendre compte que son adversaire  ici n’était autre que l’homme brisé dans ses bras. L’homme qui n’avait plus la force d’avancer et qui pourtant ne savait comment s’éteindre. Baissant les yeux suite aux mots d’Octavia, Priam ne savait comment admettre ce qui se passait sous son crâne. Il ne savait comment lui avouer qu’il était las de se battre et qu’il n’avait plus la force de tendre l’autre joue. Même pour elle. « J’ai juste envie que ça s’arrête. » Souffla-t-il dans un murmure désemparé, incapable de supporter le regard déterminé et accablé de son amie. Il avait mal. Mal jusqu’au plus profond de ses fondations. Plus que de ses blessures, il souffrait de voir Octavia lutter contre le vent. Lutter contre le monde pour arriver à l’arracher au charnier où ses os ne demandaient qu’à se reposer. Priam savait que pour seul linceul il emporterait dans sa tombe le regret de toutes les choses qu’il n’avait su dire ainsi que l’image de celle qu’il avait gravée sous ses paupières. Octavia avait tort, d’eux deux, elle était la plus forte. Elle était le roc auquel il se raccrochait lorsque la marée se faisait violence et que le vent devenait mauvais. Elle était celle qui s’échinait à déplacer des montagnes même si ça ne devrait être que d’un millimètre. Celle qui s’évertuait à l’arracher à l’oubli dans lequel il menaçait trop souvent de se noyer, celle qui avait toujours tendu les poings, rendu les coups, sauvé la mise. Même dans ses absences, elle avait toujours été la bousolle indiquant le nord au brun, le sauvant de lui-même. Des embruns aux paupières, le fantôme d’un sourire défait au visage, il planta ses prunelles translucides dans celles de la jeune femme alors qu’il forçait sur ses jambes pour se redresser. Tenant tant bien que mal sur ses guibolles flageolantes, il se reposa sur la belle devenue son Atlas le temps d’une nuit. Se laissant guider par le titan portant le monde sur ses épaules, il traina sa jambe blessée derrière lui jusqu’à la porte du building. Arrivé à l’intérieur, le mutant se retrouva à lutter contre la nausée lui nouant les entrailles, contre l’inconscient menaçant de l’avaler à tout instant. Dans cette lutte contre lui-même, Priam s’oubliait dans la chaleur de la jeune femme et les effluves de cette dernière. S’il pressait assez fort ses paupières, s’il se laissait bercer par le chaos grondant sous son crâne, il aurait presque pu se croire à la maison. Presque pu se croire de retour dans la chambre de la gamine de Lexington, le monde à ses pieds et des rêves pleins la tête. Titubant tant bien que mal, les mains d’Octavia devinrent pareil à des ancres auxquels le naufragé se raccrochait avec la force du désespoir. La tête du brun dodelinait dangereusement alors que les deux se retrouvaient à faire face aux marches de l’escalier promettant de les mener à l’appartement de la voleuse. Les yeux mi-clos, une fine pellicule de sueur recouvrant le front du Mikaelson, ce dernier grimaça avant de gronder faiblement, un rire sec s’échappant de sa gorge nouée: « Il fallait que ça soit des putains d’escaliers. » Contemplant l’énième embuche que la vie avait placée sur son chemin, il sentait la tête lui tourner rien qu’à imaginer l’effort qu’il lui faudrait produire. Ses yeux posés sur la jeune femme, faisant de son mieux pour lui offrir un sourire rassurant, il savait que ses efforts furent vains dès lors qu’ils commencèrent leur ascension et que ses traits se déchirèrent sous l’effort et la douleur. Agrippé à la jeune femme comme à une bouée de sauvetage, recrachant des bouffées d’air salée, il s’accrochait à son issue de secours, le joker toujours caché dans sa manche parce que sa vie en dépendait. La varappe lui parut insurmontable alors que ses mains se crispaient de plus en plus fortement dans la chair de son amie. Plus ils s’approchaient de l’appartement de la brune et moins Priam était capable de lutter contre la souffrance menaçant de l’engloutir. Le regard trouble, ombre voguant entre conscience et inconscience, il s’embourbait dans les profondeurs de son esprit embrouillé sans se rendre compte qu’il était en train de s’y perdre. Allongé sur le divan de la pièce principale, le Mikaelson ne savait comment il était arrivé là, ni quand Octavia avait eu le temps de ramener une trousse de secours jusqu’à lui. La tête tournée vers la jeune femme, l’observant s’affairer dans un ballet désordonné de mouvements précautionneux, les mots se coincèrent au fond de sa gorge malgré tout ce qu’il souhaitait lui dire. Il pouvait les sentir s’enfoncer dans sa trachée tout en cherchant à se défaire de leur geôle. Prisonnier de cette carcasse brisée, le pyrurgiste regrettait de ne pouvoir cracher tout ce qu’il avait sur le cœur. Laisser s’échapper par sa bouche le poison coulant dans ses veines, cette dévotion suffocante qui menaçait de l’asphyxier. Tendant la main vers la brune, l’esprit embrumé par les évènements de la soirée, il noua ses doigts autour du poignet de cette dernière alors que les yeux de celles-ci se posaient sur son visage. Des yeux trop grands, trop expressifs, dans lesquels la douleur était trop palpable, la colère aussi. « Faut qu'on arrête de se la jouer à la Bonnie et Clyde, toi et moi. Je me dis que ça aurait pu être pire, mais je sais  que si les rôles avaient été inversés je serais en train de péter un plomb. » Un sourire aux lèvres n’en portant que le nom, des regrets liquides menaçant de déborder de l’azur de ses yeux, Priam pouvait sentir sa gorge se nouer alors que les mots lui échappaient de plus en plus. Il voulait tant les arracher à ses lèvres, remuer le couteau dans la plaie tant que le sang coulait à flot sans même se rendre compte que rien de tout cela ne faisait sens. Ça n’avait, de toute manière, jamais fait sens dans la tête du brun lorsqu’il était question d’Octavia. Depuis toujours celle-ci était une équation insoluble que le Mikaelson s'échinait à résoudre et tant pis si ça lui prenait tout une vie, il ne pouvait détourner les yeux de la belle. Elle avait toujours été là, un fragment de lui-même, une pièce de sa vie sans laquelle il ne savait comment fonctionner. Aujourd'hui encore il n'y avait que dans ses yeux qu'il trouvait la force de respirer. « Je sais pas ce que je ferais sans toi. »
 

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeSam 16 Avr 2016 - 20:45

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.

Les doigts de Priam s'ancraient de plus en plus profondément dans sa chair, broyant ses muscles avec de plus en plus de ferveur tandis que sous ses paumes s'éveillait les flots tumultueux du sang d'Octavia, battant les veines violemment sous chaque parcelle qu'il noyait de ses mains. C'en était douloureux, certainement, pourtant jamais l'adrénaline n'avait tant déployé les ailes de la brune qu'à ce moment-là, traînant avec peine la carcasse abîmée de son ami, murmurant quelques encouragements comme autant d'invocations suppliantes. Gravir marche après marche en vacillant sous ce poids qu'elle portait pour deux, cet espoir auquel elle s'accrochait de toutes ses forces en tentant d'oublier à quel point elle pouvait se sentir petite et impuissante dès que ses yeux se reposaient sur ses traits livides. Elle avait fini par ne plus le regarder durant les derniers mètres de la longue ascension, craignant que ses propres jambes ne se mettent à flancher pour de bon au prochain coup d'oeil. Elle l'avait déjà vu mal en point, suite aux colères paternelles, aux mauvaises arnaques dans la ruelle, les ecchymoses pour seconde peau qui lui rappelaient celles qui parsemaient son épiderme à elle, celles qu'elle finissait toujours par oublier, par négliger, mais qui sur le corps de Priam se gravaient dans sa rétine sans qu'elle ne puisse contrôler sa colère.  C'était viscéral, lui nouant les tripes à la simple évocation de ce qui pouvait lui tomber sur la gueule, ces craintes qui lui avaient déchiré le crâne chaque nuit durant ces six dernières années à ne pas savoir ce qui pouvait lui arriver, si la prison ne le détruisait pas à petit feu, ce condensé d'émotions merdiques qu'elle avait tenté d'enterrer au plus profond de son esprit pour ne plus sentir son coeur s'emballer, ses nerfs s'emmêler. Les premières avaient été les pires, à se retourner dans la canicule d'un été qu'elle n'oublierait jamais, le regard ancré sur le ciel nocturne en se laissant bouillonner, la colère pour seule compagne parce que si ce n'était pas ça, c'était quelque chose d'autre qui envahissait ses veines pour venir empoisonner son myocarde, quelque chose d'acide qui courait la désintégrer de l'intérieur, lui rongeant les sangs en menaçant de la rendre complètement cinglée. La vie sans Priam, ça n'avait jamais été une vie, juste un entre-deux la laissant osciller entre deux eaux sans vraiment valoir la peine de se raccrocher à autre chose qu'à son souvenir, incapable de rejoindre la rive, de retrouver ce souffle qu'elle avait perdu cette après-midi là, douloureuse exsufflation laissant résonner son prénom pour la dernière fois alors qu'il disparaissait. C'était la terreur de se retrouver seule, elle qui s'était toujours crue l'âme d'une solitaire, tant que Priam se greffait à sa solitude, le seul qu'elle avait toujours toléré dans cette bulle dans laquelle elle évoluait, envoyant le monde se faire foutre sans se préoccuper de personne d'autre. Lorsque la semelle de sa chaussure s'abattit sur le battant de la porte qu'elle n'avait pas pris la peine de refermer, leur libérant le passage tandis qu'ils s'engouffraient à l'intérieur, que son regard enfin se reposa sur lui, c'était toutes ces craintes qui lui revenaient, la soupape qui s'ouvrait avec violence dans sa tête en libérant toutes les appréhensions d'une vie sans lui, toutes ces incertitudes, les battements désordonnés d'un coeur qui n'avait plus la force de tenir le rythme.

Le silence était de mise, aucun mot capable de vibrer dans sa gorge nouée, pas même lorsqu'ils atteignirent enfin le vieux canapé et qu'elle put enfin l'y déposer, reprendre sa respiration égarée entre la rue et les escaliers. S'emparant machinalement de sa main pour la déposer sur sa blessure, là d'où ses doigts à elle s'étaient envolés, elle avait disparu pour gagner la salle de bain minuscule, déblayant le lino craquelé du bordel qui y reposait, recherche frénétique la menant à retrouver cette trousse d'urgence que Malachi l'avait plus ou moins contrainte à accepter. Elle le remercierait, plus tard, si cela pouvait sauver Priam, elle irait dévaliser tous les Manoirs du monde pour lui ramener les plus beaux des services à thé en guise de remerciement, parce qu'elle tremblait la belle, à la seule idée de ne pas être capable de venir en aide à celui sans qui elle ne serait plus rien, rien d'autre qu'une petite voleuse que l'on oublierait bien vite, qui se laisserait disparaître sans chercher à se débattre pour sa maigre existence.  Dans son cortex, ça bouillonnait, les idées se battaient les unes avec les autres sans lui laisser le temps de se focaliser. Juste l'impulsion de déambuler comme une automate jusqu'au salon, fébrile et incapable de calmer ses nerfs. Une furieuse envie de vomir collée à l'estomac, réunissant ses forces en puisant au plus profond de ses ressources, elle commença à s'affairer auprès de lui, à retourner le contenu de la trousse au sol avant d'en éparpiller les compresses, les ciseaux, le désinfectant, furieuse à l'idée de ne pas y trouver de quoi recoudre sa plaie avant d'enfin s'emparer d'un maigre nécessaire à suture qui ferait bien l'affaire. Ce serait toujours mieux que ces points que pouvait lui faire le voisin du dessous à Lex, ce type qui s'occupait tant de soigner les plaies par balle que la première égratignure des mômes du quartier. Cette faible victoire lui arracha une nouvelle poussée d'adrénaline, rapidement exacerbée par la voix de Priam sur sa droite qui attira immédiatement son regard, une vague grimace de douleur lui échappant tandis que se rappelait à sa vue sa mine décomposée noyée par les cendres. Pinçant ses lèvres en mordant férocement l'intérieur de ses joues, tentant de rester de marbre, tiraillée entre l'envie de gueuler et celle de se mettre à chialer, la brune sentit son souffle s'éteindre derrière ses côtes durant quelques secondes, figée là, à se perdre au fond de ses iris qui lui semblaient encore plus clairs que d'ordinaire alors que l'ombre de ses prunelles se retrouvait malmenée par le tumulte d'émotions que ces simples mots éveillaient en elle. Elle voulait lui demander s'il était fier de son coup, parce qu'il lui avait bien montré ce que ça faisait de voir l'autre mis à mal, plus que bien même, c'était trop, bien trop, au-delà du supportable pour elle qui se targuait pourtant de pouvoir tout supporter. Et puis elle voulait lui dire - lui hurler - que si c'était l'oeuvre de ce fils de pute qui le tenait en laisse, elle espérait bien qu'il l'avait buté dans le même temps, parce qu'il n'était pas humain, définitivement pas, et qu'elle irait lui arracher les yeux et les lui faire bouffer dès qu'elle aurait fini de le soigner. Elle voulait le frapper, toujours un  peu, ses doigts fourmillant d'envie de s'abattre sur lui encore et encore pour le mal que ça lui faisait au fond du ventre, pour éveiller la douleur comme lors de son premier départ, et puis lui dire que cette fois, cette fois... « Cette fois j'te laisserai pas partir t'entends ? Pense même pas UNE SEULE SECONDE à fermer les yeux ou à m'dire que t'as froid ou que t'as plus mal, parce que tu vas nulle part, tu t'en vas plus, et sûrement pas comme ça, compris ?! » ça s'était mis à ruisseler sur ses joues, brûlant ses pommettes alors que sa voix se brisait. C'était pas une professionnelle en matière de santé, de réanimation, il y avait deux trois choses qu'elle connaissait pour les avoir entendues à la télévision chez les Porter mais c'était bien tout, sûrement qu'elle savait mieux s'y prendre pour voler les vies que pour les préserver, et elle ne pouvait souffrir l'idée de le voir partir sans pouvoir le retenir, c'était inconcevable, à tel point que cette seule pensée suffisait à injecter ses yeux d'une dizaine de larmes supplémentaires. Ses gestes automatiques avaient repris alors qu'elle arrachait d'un coup de dent le bouchon de l'antiseptique, le recrachant plus loin dans une grâce naturelle dont elle seule semblait détenir le secret, interrompue en plein vol par quelques mots, un doux murmure qui lui hérissa la nuque et anima son coeur d'une pulsation étrange qui sembla résonner à travers chaque parcelle de son corps. Pressée par l'urgence, par la crainte de le voir s'éteindre, une main maladroite regagna en assurance alors qu'elle épousait la joue du mutant dans une étrange douceur. Le genre de geste tendre qui avait toujours contrasté avec sa tendance à s'époumoner pour un rien, et qui ce soir semblait arborer une toute autre dimension, piquetant ses doigts au contact de sa peau tandis qu'elle se penchait légèrement dans sa direction pour être certaine de capter son regard sans qu'il ne se détache. « Alors reste avec moi. Reste avec moi parce que j'serai jamais bien loin de toi, de toute façon. J'sais pas faire sans toi Priam. J'ai jamais prétendu savoir et ça a jamais été aussi clair que pendant ces putains d'années sans toi. » Agenouillée devant lui, son visage à hauteur du sien, sa main glissa le long de sa joue pour venir se déposer sur ses lèvres avec délicatesse. Son regard demandait pardon d'avance alors que la pression de sa paume se raffermissait insidieusement,  la seconde main s'employant à renverser le flacon d'antiseptique sur les plaies, luttant pour ne pas fermer les yeux face au visage de Priam, maintenant sa main férocement plaquée à ses lèvres. S'il n'avait pourtant jamais été du genre à se plaindre, elle ne pouvait pas prendre le risque que ses hurlements n'ameutent tout le quartier. Les gens se posaient déjà suffisamment de questions à son propos, dans le coin. Alors, elle empêcherait toute plainte de sortir trop fort, même si la simple idée de lui faire mal menaçait d'arrêter son petit manège. S'emparant rapidement d'un tas de compresse qu'elle vint immédiatement enfoncer contre sa cuisse pour tarir le saignement ravivé par le désinfectant, ses yeux rougis se reposèrent enfin dans les siens, tentant de faire abstraction de ce qu'elle pouvait y voir, ravagée de se savoir alors principale maîtresse de cette douleur-là. Et son front vint se coller au sien, ses grands yeux se fermant juste quelques secondes, le temps aux sanglots trop lourds de s'étrangler dans sa gorge tandis que sa prise se faisait moins ferme sur son visage. Glissant sa joue contre la sienne sans rompre le contact, l'y appuyant comme pour s'y fondre tandis que sa peau glacée venait à la rencontre de la brûlure de sa chair à elle, un frisson martela son échine sans qu'elle ne daigne se détacher. « Pardon. » Glissant sa joue contre la sienne dans une caresse, murmurant à son oreille, tant pour le rassurer lui que se rassurer elle-même, elle ne libéra sa bouche de l'emprise de ses doigts qu'une fois certaine qu'il ne crierait pas, les laissant retomber mollement sur le canapé. « C'est pas ce soir que ça va s'arrêter. T'as encore plein de choses à faire, plein de trucs bien à vivre, bordel, et ça sera bien, j'te jure que ce sera bien, mieux que tout c'qu'on a eu jusque là. » Reniflant en réprimant le flot vrombissant de paroles paniquées qui menaçaient de s'échapper encore et encore, elle se retrouvait comme une gosse en train de négocier en s'imaginant suffisamment farouche pour contrer la mort. La brune finit par s'écarter légèrement, lui adressant un regard qui se voulait sûr, ferme et implacable. Elle ne pouvait pas pleurnicher, se laisser emporter de la sorte comme si elle s'apprêtait à baisser les bras elle aussi, à le bercer contre elle en laissant le temps se suspendre. Parce que les secondes ne s'arrêteraient jamais de défiler, pas dans la vraie vie. Écartant d'un geste vague les mèches qui s'emmêlaient sur le front de Priam, caressant sa joue du bout des doigts, le ton se voulait assuré, inébranlable. « J'ai pas d'alcool à t'proposer, alors va falloir que tu t'accroches, à n'importe quoi, mais accroche toi parce que ça va faire mal, sûrement assez pour que t'ais envie de m'fracasser. » Clignant des yeux en sentant sa pulsation cardiaque s'accélérer sous les poussées de tension, ses lèvres vinrent s'écraser contre sa tempe dans un baiser qui avait un goût d'excuses anticipées, comme pour lui rappeler qu'elle n'avait pas envie de le faire, mais qu'il fallait bien qu'elle s'en occupe quand même, comme pour l'enjoindre à ne pas la haïr lorsqu'elle fouillerait la plaie pour en extraire les fragments du projectile, lorsque l'aiguille viendrait mordre sa chair dans ses mains inexpertes, lorsqu'il aurait sûrement envie que ça s'arrête de nouveau et qu'elle en viendrait peut-être à le gifler pour le maintenir éveillé. Et en une seconde, elle s'était envolée, les âcres poussières de feu s'éteignant sur ses lèvres tandis que déjà sa précipitation la ramenait près de sa cuisse. Une inspiration. Une seconde de flottement. Et une pince récupérée dans les outils éparpillés au sol s'enfonçait dans la plaie à la recherche de l'acier meurtrier, initiant le ballet des gestes improvisés.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeSam 23 Avr 2016 - 9:57



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Priam sentait ses propos flotter dans l’air, courant électrostatique hérissant les poils de son échine, lorsque les prunelles d’Octavia s’arrêtèrent sur lui. Le poids de ses iris ombragées était trop lourd à porter pour celui dont les os peinaient à soutenir sa chair meurtrie. Il lisait dans ses yeux comme dans en livre ouvert, retrouvant la connivence de ses émotions là où elle portait ses mots comme un étendard censé faire reculer la mort et ses mains glacées déjà agrippées au pyrurgiste. Il ne pouvait pas la rassurer, pas lui confirmer qu’il ne céderait pas aux assauts répétés de la faucheuse l’observant, prédatrice prête à dévorer son dernier souffle. Il se refusait à avouer que sa vie à lui n’était composé que de fragments d’elle, la voleuse de ses nuits sans sommeil, du premier chapitre jusqu’à son épilogue. Alors qu’il ne faisait peut-être, contre toutes attentes, qu’une apparition au détour des lignes de la sienne. A la place, comblant le silence par d’autres mots, d’autres maux, il lui souffla les choses qu’il désirait prononcer depuis son retour. Il lui offrit cette vérité inhérente à sa personne comme un flambeau à porter. Comme un souffle auquel se raccrocher afin de ne pas être emportée par les larmes coulant de ses yeux comme l’orage. Contemplant les embruns dégoulinant le long des joues d’Octavia, il avait envie de faire tarir la douleur à sa source. Envie de porter le poids de ses maux pour qu’elle ne connaisse plus l’amertume de ces choses-là. Au lieu de quoi, prisonnier de ce corps brisé par les coups, il détourna le regard du champ de bataille dessiné sur les traits de la jeune femme. Ses pensées se dissolvant au gré d’un fil qu’il ne comprenait pas, le Mikaelson se demandait si ce n’était pas elle qui avait besoin d’être réparée. Besoin d’un bon coup de main entre les côtes histoire de remettre les pendules à l’heure, de rapiécer la mécanique de son cœur pour ne plus qu’elle se déverse en torrents amer sur les corps défaits d’hommes s’étant oublié au détour de ténèbres trop épaisses. Les paupières lourdes, la gorge nouée, Priam tentait de sourire tant bien que mal en contemplant ce qu’il avait fait à la ballerine de ses jours sans soleil. Elle portait la rosée dans ses yeux et la cendre sur son visage tel un masque mortuaire, feu et eau. Dans cette lutte entre vague et flamme, il ne savait pas s’il était l’étincelle ayant démarré le brasier ou l’alizé ayant mené l’orage à ses traits. Dans les deux cas, il savait qu’il était l’unique cause de sa chute, rompant ses ailes pour qu’elle reste à ses côtés. Lui, l’amoureux du ciel, trop jaloux que pour le partager, clouant la belle au sol en lui volant sa liberté. Guerrier perdu dans sa lutte, funambule contemplant sa chute, il leva les yeux au plafond, cherchant dans les fêlures de ce dernier des choses auxquelles se raccrocher. Une image oubliée, une pensée s’envolant sans qu’il ne sache la rattraper. La main d’Octavia vint le faucher en douceur, bouée de sauvetage lancée en sa direction avec la dévotion d’un cœur en ayant trop vu. Posant l’Atlantique de son regard sur la belle, il l’écoutait avec la ferveur d’un instant de grâce.  Les mots lui brûlaient les lèvres, déchirant ses lippes alors qu’il retenait tant bien que mal au fond de sa gorge. Et s’ils n’avaient pas le choix ? Si le monde décidait une fois pour toute de les séparer, les arrachant à cette lutte qu’ils s’esquintaient à réaliser dans l’espoir d’être à deux. Envers et contre tout. Dans ce cas, quand est-ce que ses iris allaient s’assécher, se vidant de leur contenu jusqu’à ce que ne reste à son regard que le fantôme d’une chaleur que le Mikaelson avait toujours secrètement aimé ? La main de son amie recouvrant ses lèvres fébrilement, elle n’avait pas besoin de mots pour qu’il comprenne la suite, pas besoin de sanglots à ses yeux pour qu’il entende les plaintes s’échappant de son thorax, les regrets menaçant de l’avaler. Des gémissements plein la bouche, ses traits crispés sous le poids d’une souffrance qu’il ne se sentait pas capable de porter seul, Priam la regardait. Les yeux humides, les traits défaits, il sentait ses cordes vocales menacer de céder à tout instant. Il sentait coincé au fond de sa gorge, pareil à une gêne dont il ne pouvait se défaire, le cri fébrile et brulant d’un corps cherchant à exprimer sa souffrance, à exprimer son existence aussi douloureuse fut-elle. Les traits tirés, l’air refusait d’entrer dans ses poumons alors que son corps se contractait sous la douleur. Perdu dans le regard d’Octavia, navigateur cherchant à s’oublier dans la marée inquiète de ses yeux, il y lisait la souffrance refusant de s’échapper de ses lèvres à lui. Il sentait les remords poindre dans son regard alors qu’elle s’échinait à le garder contre elle, s’assurer qu’il ne lui file pas entre les doigts cette fois. Le feu de sa chair sembla s’éteindre un instant, l’antiseptique ayant fait son effet alors que Priam retrouvait son souffle. Se laissant aller à clore ses paupières un instant, il senti son amie s’approcher de lui, le front de celle-ci rentrant en contact avec le sien alors que la chaleur de sa peau rappelait à sa mémoire la glace s’étant installée dans sa chair. Ravivait à sa mémoire le manque que son absence avait laissé à ses os découvrant la solitude durant leurs années de séparation. Pourtant, à cet instant, il n’y avait qu’elle. Sa présence, son odeur. Elle et l’impression d’être pendu à ses lèvres,  perdu dans la contemplation d’un précipice. Et, dès qu’elle libéra ses lèvres de leur geôle, il ne put s’empêcher de la rassurer, retirer ce fardeau qu’elle imposait à ses épaules comme si elle l’avait mérité. « Ne t’excuse pas, pas pour ça. Pas quand t’essaye de m'sauver la peau. » Peut-être que c’était ça, dans le fond, aimer. Peut-être que ça consistait simplement à avoir la force de faire souffrir l’autre quand on sait plus comment l’épargner. Lui faire mal à en crever sans détourner le regard parce que ça tue de l’intérieur ces choses-là, insidieusement, sans un bruit.  Ses prunelles couleur d’océan délavé s’ouvrant sur l’image de la brune écartant une des mèches plaquée à son front avec une tendresse insupportable, Priam essayait de lui faire comprendre cela. Il essayait qu’elle voit en dessous de la douleur, en dessous des larmes ayant coulées, essayait qu’elle sache qu’il comprenait. Même s’il souffrait le martyr sous ses doigts, il savait qu’elle faisait tout ça pour lui. Il savait que dans le fond c’était à elle-même qu’elle faisait violence et ça le tuait à petit feu. Aux mots de la brune, le pyrurgiste n’avait envie que d’une chose : s’accrocher à ses yeux. S’accrocher à ses prunelles dans lesquelles la passion s’enflammait avant d’être bercée par la tendresse. Ses prunelles dans lesquelles il voyait danser les flammes de sa colère avant que l’océan de ses regrets ne l’éteigne. « Tu sais parfaitement bien que je ne souhaiterais jamais ça. J’aurais trop peur que tu me bottes les fesses si j’essaye de te fracasser. » Répondit-il un rire étranglé se coinçant dans le fond de sa gorge alors qu’il pensait aux cicatrices témoignant de tout ce qu’il avait fait pour sa belle. Ses peintures de guerre tatouées à même sa peau pour prouver qu’il n’était et n’avait jamais été que le chevalier de la voleuse, se faisant chasseur de dragon, dompteur de lion, tout ce qu’il pouvait pour la protéger d’une vie refusant de leur laisser un instant de répit. Se décomposant sous les lèvres d’Octavia, Priam n’avait su tenir son regard quelques instants à peine, plein d’une assurance qu’il ne ressentait pas alors qu’il sentait son myocarde partir à la dérive en son buste. Le contact des lèvres de la jeune femme pressait contre sa peau des relents de regrets, de peur et d’excuse que les mots n’auraient su porter. Priam détourna le regard, refusant à son amie le spectacle de son enfer personnel, même si son assurance s’effrita dès lors que la pince s’enfonça dans la plaie, inquisitrice indésirable s’affairant dans les couches de sa chair en ne laissant rien au hasard. La douleur enflammant ses nerfs, il ne désirait qu’hurler, déchirer ses cordes vocales en s’époumonant tellement fort qu’il trouverait le goût d’une seconde naissance, la douleur d’une entrée non désirée dans cette vie qui prend plus qu’elle ne donne. La mâchoire crispée jusqu’à l’éclatement, le sang coulait dans sa bouche depuis le moment où il s’était mordu la langue lorsqu’Octavia avait arraché à sa chair le poids de ses erreurs sous forme d’acier. Ses poings s’agrippaient à tout et rien, ses phalanges blanchissant jusqu’à l’usure alors qu’il luttait contre la douleur. Luttait contre cette souffrance refusant de s’éteindre sous sa peau. Il pouvait sentir les icebergs s’écraser contre les parois de ses veines, sentir le feu consumer ses muscles alors que ses nerfs étaient rongés par la morsure acide de la haine du chasseur lui ayant fait ça. Les embruns s’étaient mis à s’écouler de ses yeux vidant son regard de l’océan ayant l’habitude de vivre dans ses pupilles. Pressant son facies dans le dossier du divan usé d’Octavia, il refusait à la belle le ballet de ses souffrances dansant sur ses traits en un théâtre fait d’ombres chinoises qu’il ne pouvait réprimer. Il refusait de lui imposer ce poids-là. Le poids du mal, le poids de ses maux. Le poids d’être celle arrivant à l’arracher à l’océan d’ébène dans lequel il menaçait de sombrer tout en se reprochant les souffrances qu’elle lui infligeait en le ramenant au rivage. L’aiguille entama alors son office, recousant l’étoffe dont il était fait avec un soin religieux. Il sentait les doigts de la belle le rapiécer, recoudre les déchirures dans l’espoir d’effacer ses écorchures. Il sentait la chair à vif bouger sous ses doigts, son cœur se retournant à chaque nouveau mouvement de l’aiguille, celle-ci menant à ses yeux les torrents d’un ciel d’orage. Et les mots s’étaient mis à ruisseler plus désespérément le long de ses joues. Sans un bruit. Sans prévenir. L’océan dégoulinait de ses yeux sans qu’il ne puisse interrompre la marée ayant décidé de s’échapper de son cœur en perles de pluie et gémissements saccadés. Même l’esprit embrumé par la douleur, par cette inconscience ne demandant qu’à le faucher, il ne pouvait le dire. Ne pouvait se risquer à laisser s’élever entre eux tout ce qui s’échappait pourtant de son cœur meurtri. Il lui dira. Un jour. Ses poings s’agrippant au divan comme si sa vie en dépendait, il se tourna vers Octavia comme pour lui prouver qu’il était toujours là. Même s’il souhaitait de tout son cœur interrompre ses souffrances, sentir l’inconscience l’embraser rien qu’un instant, il était bien là, le cœur s’échappant par ses yeux. Ses prunelles incapables de se poser sur autre chose que sur la voleuse s’accrochant à lui comme s’il n’y avait pas d’après, comme s’il n’y avait pas d’avant, il se promettait de lui dire. Plus tard, toujours plus tard. Lorsque les cicatrices ne seront que des images à leur mémoire. Lorsque la chair meurtrie ne sera plus qu’un cauchemar qu’il revivra seul dans le noir, il lui dira. Il lui dira tout ce qu’il avait besoin de lui dire. Loin des gémissements, loin des cris étouffés au plus profond de sa gorge. Lui jurera de ne plus jamais s’enfuir. Ne plus s’enfuir qu’avec elle, où elle voudra. Jusqu’à ce qu’ils puissent se faire la belle, connaître un doux épilogue en oubliant l’odeur de cendre, en oubliant la douleur de cette ruelle. En oubliant son nom,  gémissant celui d’Octavia tel une prière capable de l’arracher à ses misères à chaque nouvelle souffrance que ses doigts lui infligeaient, il oubliera tout ça. Puis, il lui offrira tous les poèmes, les mots d’amour s’échappant de ses prunelles en embruns salés. Il lui offrira son cœur même si elle l’avait déjà prisonnier de ses doigts, recousant ce dernier avec une ferveur sans pareille. Même s’il n’appartenait qu’à elle depuis l’aube de sa vie. Il lui offrira les mots nécessaires pour sceller ce pacte, pour effacer le souvenir de cette nuit. Plus tard. Loin du bruit saccadé de sa respiration trouble. Quand son cœur se remettra à battre correctement et que leur combat s’éteindra sous un ciel diffèrent. Plus tard. Une fois que la sueur et le sang auront cessés de couler. Luttant contre la marée, luttant contre l’envie de céder, il se faisait cette promesse. Gravait sous son crâne ce serment-là, gravait dans son cœur l’envie de se noyer, l’envie de n’être qu’à elle, de n’être que pour elle. Parce qu’exister faisait mal, parce que s’éteindre semblait si serein. Puisqu’il ne pouvait que s’éteindre dans ses yeux, s’oublier dans les cieux obscurs qu’il retrouvait dans son regard. Il l’aimait. Il l’avait toujours fait. Et elle l’aimait peut-être. Peut-être pas comme il le souhaitait, mais elle serait toujours là et c’était suffisant. Suffisant pour faire battre le sang dans ses veines, suffisant pour avoir envie de se faire du mal encore un peu, juste le temps de retrouver la force d’aller de l’avant. Il se le promettait. Et cette promesse-là avait un goût d’infini au milieu de cette nuit ne demandant qu’à leur dérober leur unique chance d’avancer. « Tu crois qu’on est maudit ? » Un souffle fébrile s’échappant de ses lèvres interrompit les gestes précautionneux de celle bandant sa cuisse, un drapeau blanc dressé au milieu d’une nuit dont le carmin recouvrait leurs paupières. L’esprit embrumé, l’ingénuité et la peur dans la voix, le pyrurgiste était en train de lutter contre la nausée et l’impression que les ténèbres allaient finir par le rattraper, que l’inconscience allait le faucher. Octavia semblait réticente à l’idée de ne pas faire son office, l’idée de ne pas soigner chacune de ses plaies avant d’oser poser ses yeux sur lui et le regarder comme s’il était plus qu’un homme exsangue et blessé. Les couleurs avaient quittés son faciès délavé, ses pensées se baladant le long de ses traits comme les lignes d’un poème qu’il ne savait comment partager : « D’abord à Lexington, les chasseurs, puis mon emprisonnement et les années passées chacun de son côté, Graham et maintenant ça. A croire que l’univers essaye de nous envoyer un message. » Des éclats de rire sans chaleur s’échappèrent de sa gorge sèche, papier de verre glissant le long de sa trachée alors qu’il sentait entre ses côtes son myocarde s’écraser contre les parois de sa prison à cause de la peur qu’il ressentait à cette idée. « Mais pourtant je… j’ai jamais… » Peut-être que c’était le bon moment finalement. Avant que tout ne devienne noir. Avant que le sang ne s’efface pour laisser place à l’obscurité s’étalant sur ses prunelles aveuglées. Peut-être que c’était le moment ou jamais avant qu’il ne perdre espoir. Peut-être qu’en définitive rien d’autre ne comptait que la pression sur son thorax et les mots ne demandant qu’à s’échapper de ses lèvres. Pourtant, il n’était que silence là où elle était musique. Il restait obscurité là où elle était une lumière cosmique, doux facies d’un univers bien trop grand pour les épaules de Priam.
 

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeMer 4 Mai 2016 - 1:13

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.

S'armant de patience, qui n'avait jamais fait partie de ses vertues, les gestes se faisaient méticuleux, l'oreille rendue sourde aux gémissements et le champ de vision amputé pour ne plus rien voir d'autre que ce trou béant, ces chairs désordonnées qu'elle devait tenter de rafistoler. Elle se souvenait des gestes à exécuter, pour avoir répété cette leçon sur sa propre peau à de trop nombreuses reprises, mais jamais sur ce genre de plaie. Et mille fois, elle aurait préféré que ce soit ses muscles à elle qui se fassent déchirer de la sorte. Sa douleur à lui était impossible à encaisser, lui laissant entrevoir une vie dont elle ne voulait pas, qu'elle ne pourrait jamais supporter. D'abord, la jambe, et puis quoi ? Que se passerait-il le jour où il ne reviendrait pas ? L'armure de concentration se rompit dès qu'elle entendit son prénom dans la voix éteinte de Priam, dès qu'elle vit ses mains s'aggriper une nouvelle fois au néant, la figeant dans ses mouvements bien ordonnés. Elle devait lutter, la belle, pour ne pas tout lâcher, pour ne pas simplement glisser ses doigts sous sa paume en le sommant de s'y accrocher, de lui broyer les os s'il en avait besoin, parce que peut-être qu'en même temps ça ferait migrer cette douleur qui lui écrasait le thorax et l'empêchait de réfléchir. Les lèvres tremblantes, se mordant à sang pour cesser de le regarder, l'aiguille acheva son travail en essayant de coordonner ses gestes, comptant mentalement chaque étape de manière quasi-obsessionnelle. Encore un point, et il ne saignerait plus. Encore un dernier, et ça ne craquerait pas au premier mouvement. Encore un dernier, et il resterait en vie. Elle s'appliqua d'autant plus pour celui-ci, comme si son sort en dépendait réellement, comme si tout se jouait avec ce petit morceau de fil noué dans sa chair. Elle était encore concentrée sur son travail lorsque Priam rompit le silence, mots cinglant la voleuse qui se retrouva tétanisée. Incapable de se tourner vers lui, dans un premier temps, comme s'il venait tout juste de lui rappeler sa présence, reconnectant son esprit en y arrachant toutes les barrières de sécurité qu'elle avait pu y placer. Il lui fallut quelques secondes, le temps d'encaisser cette question presque rhétorique, qui sonnait presque comme une fatalité dans le souffle court de Priam. Et puis, son regard lourd se posa sur lui, lui arrachant le coeur lorsqu'il se jumela au sien, bien trop expressif, bien trop difficile à soutenir. Mordant ses lèvres de plus belle comme si cela allait l'empêcher de pleurer, elle le fixait avec toute la ténacité dont elle était capable. Ses cheveux en bataille se retrouvaient plaqués à ses joues bien trop humides, ses cils ayant cessé de relâcher les larmes les unes après les autres, les laissant s'écouler sans filtre, se répandre de manière anarchique en lui ravageant la gueule. Suspendue à ses lèvres, buvant ses paroles autant qu'elle les maudissait, en apnée tout le temps où Priam énuméra ces trop nombreux exemples de ce que la vie avait pu placer sur leur chemin pour les séparer. Sa bouche s'entrouvrit pour protester, sans qu'aucun son n'en sorte, la gorge bien trop serrée de l'entendre prononcer de telles suppositions, sentence impossible à entendre pour la voleuse. Et puis, il y eut les derniers mots, perdus dans l'air sans aboutir, la percutant pourtant avec force, achevant d'effriter sa retenue.

« Je - j'emmerde l'univers, et - et ses putains de messages à la con ! » Elle avait envie d'hurler, la poitrine prête à exploser sous l'emprise de la panique et de la terreur, le souffle court tandis que ses artères saturées d'adrénaline égrénaient leur pulsation avec violence. « J'en ai rien à foutre, c'est pas l'univers qui devrait nous passer des messages, nous dire que... » Que quoi ? Que c'était pas possible, tout ça ? Que ce qui avait fonctionné ne fonctionnerait pas, pas maintenant que tout s'éclaircissait doucement ? « Et j'en ai rien à foutre qu'on soit maudit, tout ça, ça veut rien dire ! J'préfère crever maudite avec toi que de vivre sans toi, ça m'fait pas peur, c'est tout - tout le reste qui me fait peur putain de merde ! » Frappant la première chose qui lui tombait sous la main en envoyant voler ce qui se trouvait sur la table basse, son poing s'y abattit à plat, puis sa paume, avant que son bras ne retombe le long de son corps. « T'as jamais quoi, Priam ?!  Jamais voulu que ça se passe comme ça ? Pitié de putain de bordel vas-y, dis-le ?! » Elle était loin, bien loin de cette vérité que son ami de toujours peinait à lâcher, s'imaginant d'autres scénarios, celui où il lui dirait peut-être qu'ils seraient plus en sécurité l'un sans l'autre, pour ne pas trop provoquer l'univers, toutes ces conneries. A cette dernière pensée, sa tension nerveuse avait atteint son paroxysme, la laissant reprendre sa respiration quelques secondes en appuyant son front sur le divan, ses mains lâchant les bandages et venant se crisper sur le canapé. Là se trouvaient ses limites, les bornes à ne pas dépasser, ou elle allait devenir complètement folle. Le supplice infernal de se retrouver face à ses plus grandes craintes, ces terreurs qui avaient pris naissance dans l'enfance, dès que son coeur s'était attaché à ce gamin d'en face, ce gosse aux yeux qui lui rappelaient le ciel en été et aux cheveux si doux qu'elle n'avait de cesse de jouer avec lorsqu'ils se retrouvaient couchés sur le toit, à regarder les étoiles par toutes les saisons qui avaient pu défiler. Le rayon de soleil dans la grisaille de la ruelle, celui qui n'estimerait jamais assez à quel point il avait pu illuminer sa vie. Rompre par sa présence le fil inéluctable d'une vie que l'on songeait tracer pour elle, repousser la noirceur avec ses mots et ses sourires, animer son être d'une affection qui n'avait cessé de s'intensifier à mesure qu'ils grandissaient. Priam, c'était la merveille de sa vie, la plus belle chose qui lui avait été donné d'approcher, tout ce dont elle était fière dans son existence la ramenait inévitablement à lui, lui qui lui avait tant - tout- apporté. Elle ne lui avait jamais dit, à quel point il pouvait éveiller des tas de choses tout au fond d'elle-même, tellement d'émotions et de sentiments que ça lui faisait mal parfois quand elle pensait un peu trop à lui. Elle ne l'avait pas dit, parce qu'elle ne savait pas comment se le dire à elle-même, déjà, avec des termes précis. C'était pas possible de composer des phrases à ce propos, il n'y avait sûrement pas assez de mots pour en poser sur ce qui se bousculait derrière ses côtes, ou peut-être qu'il faudrait en inventer, des mots rien qu'à eux pour se dire les choses et se comprendre sans pouvoir se dérober, sans que personne d'autre ne puisse saisir, parce que c'était incompréhensible, beaucoup trop violent et nécessaire à la fois, rythmant chaque respiration vitale, chaque battement de coeur. Mais elle avait eu beau disséquer ses songes, creuser au fond de sa cage thoracique pour tenter d'y dénicher ce qui s'y cachait, passer des nuits à se retourner dans ses draps en cherchant à élucider le mystère de ce que Priam avait fait germé dans son coeur sans qu'elle n'en prenne conscience avant son départ, que ça n'avait jamais été aussi clair qu'en cet instant précis. Noyant ses sanglots dans le canapé, la tête enfoncée dans le tissu pour étouffer les cris de rage et de terreur qui tentaient de s'exorciser, tout cherchait à prendre son sens, de plus en plus lourd à porter pour son corps qui n'en pouvait plus de tout encaisser. Elle aurait eu envie de le gifler, de le frapper de toutes les forces qui lui restaient pour avoir osé entrer dans sa vie. S'égosiller à plein poumons en lui crachant que c'était injuste, putain d'injuste même, d'avoir tout retourné sur son passage et de l'avoir conduite à construire toute son existence autour de lui, incapable de trouver un autre centre de gravité, à jamais rattachée à lui, pour toujours, jusqu'à ce qu'elle se retrouve fauchée par une balle elle-aussi. Que c'était tellement malhonnête de sa part de ne pas l'avoir prévenue qu'elle allait tomber amoureuse sans même s'en rendre compte, que ça allait rester là, dans son coeur, sans qu'elle ne puisse jamais s'en détacher. Et puis qu'elle allait l'aimer, l'aimer presque trop, beaucoup trop, à en avoir envie de crever lorsqu'il partirait. Mais qu'encore une fois, ça se ferait insidieusement, distillant doucement ses sentiments dans ses veines, à dose croissante, parce qu'ils étaient bien trop vifs pour être supportables, qu'il fallait que ça soit progressif, sûrement, sinon son corps ne tiendrait pas. Certainement la raison pour laquelle elle ne s'en rendrait pas vraiment compte. Vivant avec la sérénité de le savoir tout près, de coller son petit corps d'adolescente au sien pour parvenir à trouver le sommeil, de faucher les toits de son pas audacieux en l'entraînant à sa suite. Avec la colère de savoir qu'on pouvait le blesser, lors des premiers retours contusionnés, mais la douceur d'être là pour le soigner. Elle voulait lui demander s'il était fier de lui, de ce qu'il avait fait sans même s'en rendre compte lui non plus. Que c'était pas le tout d'emplir son coeur de dévotion, et de le piétiner en s'en allant, parce qu'il l'avait laissée toute seule avec tout ce bordel sentimental qu'elle ne comprenait pas, qu'elle n'avait jamais pu comprendre seule, parce qu'on ne lui avait jamais appris ce que c'était, et que peut-être que si on le lui avait dit ç'aurait été plus simple, moins terrifiant de se retrouver aussi annihilée par son absence sans mesurer l'importance de ce qu'elle ressentait pour lui. Elle s'était perdue pendant six années, à se poser des questions auxquelles elle n'avait aucune réponse. Et à son retour, ç'avait encore été plus difficile de continuer à marcher avec ce poids qui pesait de plus en plus lourd dans sa poitrine. C'en était devenu insupportable, jusqu'au point de rupture, jusqu'à ce soir. Alors, c'était peut-être ça la plus grande de leurs malédictions. D'avoir tant de chose à dire en en étant incapable. D'avoir tant de sentiments sans cesser de se débattre avec, sans pouvoir les comprendre. « T'avais pas le droit de me faire ça. Pas sans me prévenir d'à quel point ça faisait mal. » Détachant ses lèvres du canapé, continuant d'y appuyer son front, ses mots sortirent dans un souffle brûlant. « C'est sûrement le pire que t'ais pu me faire, de toute ta vie et de toute la mienne. Et je te parle pas de Lexington. J'te parle pas de la taule. J'te parle pas de l'autre ordure. A côté, c'est rien, parce que ça, ça peut s'arranger, ça s'arrangera toujours. Mais c'que tu m'as fait Priam, ça partira jamais. » Comment fallait-il faire ? Comment accepter et comment se rendre compte ensuite que ça avait toujours été là, que ça faisait juste peur de le dire parce que quoi, elle n'savait pas trop si c'était pas un peu dangereux de le dire avec des mots ? Sûrement pour ça, que tout sortait dans le désordre, restant coincé dans son coeur de gosse terrorisée, avec des allures de reproches qui sonnaient faux, qui sonnaient comme une excuse facile pour essayer d'expliquer quel feu battait sa poitrine à sa proximité. Reniflant en achevant de se redresser, plaquant ses mains à son visage en tentant de se focaliser, pour les faire glisser jusqu'à ses cheveux et dégager sa figure. Tu m'as fait t'aimer, et ça, c'est le plus grand bien et le plus grand mal que tu pouvais me faire. Parce que même quand c'est douloureux, j'peux pas fuir la douleur, j'y retourne encore plus fort et je m'y brûle deux fois plus, mais j'y reviendrai toujours. Ça partira jamais, et je veux pas que ça parte un jour, parce que j'y survivrai pas.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeDim 8 Mai 2016 - 15:21



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Peut-être était-ce ce qu’avait ressenti Icare en posant ses yeux sur la terre en contrebas, l’océan à perte de vue si loin que le ciel en était devenu son port d’attache. Le cœur en émois, le soleil à portée des doigts, pourtant les yeux irrémédiablement posé sur la chute l’attendant, sur le néant prêt à  l’avaler. Lui aussi en avait certainement eu l’estomac retourné, le cœur au bord des lèvres devant cette image. Pourtant, l’océan n’était pas ce qu’il devait craindre, l’ivresse des hauteurs tant désirées le rendant insouciant du danger le toisant de son immensité incandescente. L’’ardeur du soleil au-dessus de sa tête menaçant de l’avaler lui était inconnu, l’astre envieux lui avait brulé les ailes sans qu’il ne réagisse, ce phoenix sanctifié par le soleil consumant ses ailes et le fracas d’une mer l’accueillant à bras ouverts. Priam contemplait sa chute, les prunelles pour lesquelles il avait passé sa vie à se damner, se brûlant les ailes dans le but d’exister dans ce regard-là, de n’exister que pour elle, envers et contre-tout. Il se souciait peu de l’océan menaçant de devenir sa tombe, se souciait peu de la chute et la lourdeur qu’elle incombe. Cela faisait longtemps qu’il s’était mis à tomber, chute libre permanente durant laquelle il gardait l’estomac dans les chaussettes et le cœur au bord des lèvres. Il savait que d’autres appelaient ça aimer, mais ce mot était bien trop doux pour exprimer la terreur et l’effervescence que cette dégringolade pouvait lui faire ressentir. Bien qu’Octavia avait fait de son mieux pour recoudre les déchirures, le brun avait l’impression qu’il continuait à se vider par tous les trous de ce trop-plein de sentiments lui écrasant le thorax. Il avait besoin que la couturière s’affaire à nouveau le long de l’ourlet de son cœur, qu’elle s’assure que ce dernier soit assez solide pour résister aux vagues incessantes battant sa rive. Il savait que l’étoffe dont il était fait n’était pas assez résistante, qu’au moindre battement un peu trop violent du myocarde il allait sentir ses sutures se déchirer, dévoilant des kilomètres de cicatrices ne demandant qu’à s’ouvrir. Le pyrurgiste avait presque envie de les ouvrir lui-même, tirer sur les ficelles le tenant en un morceau afin de montrer ce que le temps avait tatoué sous sa peau. Il voulait dévoiler toutes ces choses qu’il avait passé des années à camoufler, il voulait montrer à sa belle les écorchures qu’elle avait gravée là, le bout de ses doigts ayant laissés à la mémoire du Mikaelson des marques d’un carmin inimitable qu’il chérissait en silence. Peut-être qu’elle comprendrait s’il lui montrait, s’il lui disait. Peut-être que les mots se cachaient le long des écorchures ancrées dans sa chair, à l’abri d’une cicatrice pourpre ou du ciel violacé que le chasseur avait tatoué le long de son torse à la force des poings. Cherchant dans la mer des teintes bleutées recouvrant sa peau diaphane, Priam ne trouva rien. Pas un mot, rien de plus qu’un silence dont la lourdeur lui donna l’impression de s’étouffer sur toutes ces choses coincées en sa gorge. Octavia aussi semblait en avoir perdu les mots. Juste un instant, rien que le temps que le calme laisse place à la tempête. Le temps que le ciel se déchire sous la violence de l’ire de sa belle et qu’il se prépare à l’orage dans les mots de cette dernière. La brune crachait des éclairs, le grondement du tonnerre s’échappant de ses lèvres sans que Priam ne trouve la force d’échapper à l’averse s’étant installée au-dessus d’eux. Il aurait aimé joindre la belle dans sa rage. Serrer les poings, montrer les dents en luttant contre une destinée leur ayant été imposée.  Il aurait souhaité avoir le courage de ne pas courber l’échine, montrer les crocs contre le vent pour que ce dernier cesse de chercher à les séparer.  Au cœur il portait cette lutte, cette bataille sans fronts qu’ils avaient passé l’entièreté de leur vie à mener. Certaines personnes n’étaient pas faites pour être ensemble. Certaines personnes passaient leur temps à lutter contre le monde afin de continuer à avancer. Pire encore, certaines personnes n’avaient pas même la chance de se toucher comme ils avaient pu le faire. A pleines mains, le cœur au bord des lèvres et dans le regard une fureur de vivre que personne ne pouvait expliquer. La rage de vivre envers et contre tout, avancer ensemble, tomber ensemble.  Rage de lutter contre la marée et les courants mauvais tentant de les déchirer. L’océan de ses yeux aux teintes céruléennes n’était plus ce qu’il était, ciel délavé ne demandant qu’à se vider le long des courbes de son visage, les traits blafards et le sourire éteint, Priam mordait l’amertume à pleine dents de n’avoir la force de serrer les poings avec elle. Pour eux. C’était ironique, elle avait toujours été brasier ardent alors qu’il n’était que brise nordique. Pourtant, c’était lui le garçon en train de s’éteindre et elle la fille n’ayant eu de cesse d’attiser les flammes de son souffle. Le poing de la belle s’abattant sur la table basse sonnait comme le marteau d’un juge s’apprêtant à annoncer la sentence. Etaient-ils condamnés ? Pourquoi Octavia possédait-elle toujours toutes les réponses alors qu’il ne cessait de poser les mauvaises questions ? Souffrant l’ire de sa moitié des nuits passées à contempler les étoiles, tisser des rêves au creux de la voie lactée dans l’espoir de s’enfuir, quitter Radcliff et cette ville sans avenir, le silence scella ses lèvres couvertes de sang séché. Il n’avait pas les mots, ne les avait jamais eu en la présence d’Octavia, souffrant de n’être que silence dans cet univers en musique. Souffrant d’être manque lorsqu’elle était tout. Tout ce qu’il aimait, tout ce qu’il voulait, tout ce qui l’avait toujours poussé à avancer. Sans elle, sans les nuits obscures passées à contempler le grabuge de la ruelle et les étoiles dans le ciel à ses côtés, il aurait fini par s’éteindre là. Dans l’appartement de son père, le fantôme de sa mère hantant les lieux longeant les murs tel un souvenir qu’il ne pouvait effacer, il aurait fini par se noyer dans cette obscurité si épaisse qu’il avait encore parfois l’impression qu’elle était collée à sa peau. La ballerine riant aux éclats l’avait arraché à l’obscurité lui étant destiné, décidant de peindre des constellations sans noms le long de la voute de ses rêves, tatouant sous ses paupières l’étoile polaire afin qu’il retrouve toujours son chemin, qu’il revienne toujours à elle. Si la fille de l’autre bout du pallier ne lui avait pas montrée les étoiles, offert un monde dépassant le bitume et les poings serrés, il se serrait éteint avant de vivre, n'aurait jamais atteint l'autre rive. Contemplant la jeune femme qu’était devenu l’enfant espiègle c’est sans étonnement qu’il remarqua que les étoiles avaient finir pas déteindre dans ses prunelles, poussant l’adulte qu’il était devenu à se noyer dans le regard de sa belle où existait des constellations portant leur nom. Elle portait en elle l’univers, la voie lactée pour limite, son cœur pour unique foyer. Même s’il avait envie d’hurler à la mort, donner des coups de crocs et faire taire les maux d’Octavia, Priam savait que le feu battant en ses veines n’était pas sien. Savait qu’elle était la source du feu se consumant au milieu de son buste et qu’elle n’avait eu de cesse d’attiser les flammes dans l’espoir de l’arracher à la faucheuse, se brulant les doigts au passage. « Non, j’ai jamais voulu de ça. Tout ça ! » Sa voix n’était qu’un souffle, un râle pénible ne demandant qu’à s’éteindre sous le silence de l’appartement. La belle avait baissé les yeux, détournée le regard de l’épave qu’il était, certainement peu désireuse de le voir couler pour de bon cette fois. A porté de doigts, la tête posée sur le canapé pour museler les maux menaçant de s’échapper de ses lèvres, Octavia n’avait pourtant jamais paru aussi éloignée au Mikaelson. Tendant la main, myocarde fébrile au bout des doigts, il la posa sur la tête de cette dernière, sa main passant avec une douceur douloureuse dans la crinière indomptable de la lune de ses nuits, astre inatteignable qu’il ne cessait de désirer. A cet instant, les mots ne demandaient qu’à sortir, qu’à s’échapper de ses lèvres dessoudées, qu’à sortir de son thorax par les écorchures, abandonner ce corps brisé dans l’espoir de prospérer dans la voie lactée humide du regard de la voleuse. « Je t’abandonnerai pas, Octavia. Jamais. Quand bien même ça serait la chose à faire, je saurais pas. » Priam pouvait presque voir les marques que le bout de ses doigts avaient laissées dans la chair d’Octavia, s’insinuant dans ses os de manière indélébile. Il voyait les cicatrices que son contact avait laissé à la belle, gravant à même sa peau le poids que ses maux avaient pressé sur les épaules encore trop frêles de la personne qu’il aimait le plus. Il était un dieu des enfers contemporains gardant prisonniere sa Perséphone des temps modernes. Dans cette fable, pas de grenade, pas de mère surprotectrice, rien de plus que deux êtres élevés dans les ténèbres en ayant jamais rien connu que l’autre. Otages d’une vie n’étant pas taillée à la hauteur de leurs attentes, ils refusaient de prospérer le long d’un Styx rougie par le poids de leurs erreurs. Il avait les doigts froids, la peau glacée, un hiver éternel se déchainant dans les veines alors qu’elle n’était que brasier ardent, déesse d’un été sempiternel refusant de s’achever sur un dernier couché de soleil. « Je suis désolé, j’ai toujours cru agir pour ton bien. J’ai jamais cru que te protéger. J’ai jamais voulu que ça. » Peut-être était-ce sa principale erreur. Celle qui l’avait menée sur le mauvais chemin, l’avait toujours mené à faire le mauvais choix, aller contre Octavia au lieu d’aller en son sens. Peut-être qu’elle n’avait pas besoin de protection, juste de quelqu’un pour la soutenir. Était-ce sa faute s’il s’était laissé avoir à ses propres dépends ? Tombant sous le charme de la princesse de son histoire, se noyant dans les prunelles de celle-ci, seul endroit qu’il considérait comme un foyer. C’était bien connu, les princesses finissent avec les princes charmants, pas les chevaliers aux traits burinés par le temps. Priam savait qu’il n’était rien d’autre que le garde de ses nuits, que le gardien de sa vie, veilleur de l’ombre s’assurant que le ciel ne s’effondre pas sur les épaules trop frêle à son goût de la belle. L aissant son bras retomber mollement sur le canapé le long de son corps allongé, il sentait le froid mordre la pointe de ses doigts, la fièvre de la brune quittant douloureusement sa chair. Le silence était implacable, chape de béton armée venu écraser son thorax sans qu’il ne puisse lutter contre son inéluctabilité. Il avait toujours préféré les cris, les larmes, ces bruits qui couvraient de leur vacarme un silence trop imposant. Observant la silhouette recroquevillée de son amie, le prince de pacotille faisait marche arrière, peut-être que certaines choses ne devaient pas être verbalisées. Peut-être que certains mots devaient être passés sous silence sous peine de briser la chose qu’il chérissait le plus. Peut-être qu’il était mieux de continuer à s’étouffer sur l’amertume de cette ignorance plutôt que de voir Octavia écrasée par le poids de ces vérités qu’il ne savait comment exprimer. La brune ne lui avait jamais parue si frêle, ses mots s’élevant avec une chaleur insupportable alors qu’elle ne contemplait pas même le champ de ruine qu’elle abandonnait le long du visage du pyrurgiste. Le regard trop plein, le cœur vidé, Priam n’avait que le silence de ces maux qu’elle venait de lui renvoyer en pleine face. Les années de doutes, les erreurs, toutes ces promesses brisées au nom d’un meilleur qu’il n’avait jamais su lui offrir. Le brun avait fait trop de choses, causé trop de mal pour ne pas se sentir abattu par les mots d’Octavia. Il avait trop de choses à se reprocher, trop d’erreurs à expier pour comprendre les maux de la belle. Alors que cette dernière se détachait du divan, ses prunelles ombragées par une douleur qu’il ne savait pas avoir posé là, Priam fit de son mieux pour remettre en marche la mécanique défectueuse de ses muscles. Se redressant malgré le cri plaintif s’étant échappé de la gorge d’Octavia, de la sienne aussi, malgré la douleur exponentielle se répandant dans sa cuisse et son thorax, il n’en avait rien à faire de déchirer ses sutures. Rien à faire d’élargir les écorchures à même sa chair. Il voulait juste combler le trou dans son buste, faire taire le vide le rongeant de l’intérieur, alors que les mains de son infirmière personnelle tentaient tant bien que mal de le garder allongé sans presser sur les palettes de violet tatoué le long de sa peau. Une grimace de douleur tira les traits du brun alors que ce dernier refermait ses mains sur les poignets de sa belle, l’empêchant de lutter contre lui. Il avait dans les yeux les regrets de toute une vie, les actes manqués, les sentiments étouffés, les promesses faites sans jamais tenir. Il avait dans les prunelles une douleur qu’aucun mots ne pouvaient porter, la bile remontant le long de sa gorge alors que son estomac se nouait douloureusement.  Ses yeux glissant le long des traits d’Octavia, le cœur au bord des lèvres à cause du capharnaüm s’étant installé dans son thorax, il la regardait la dévotion d’un pécheur plein les yeux. Il s’était brûlé les doigts à tomber sous son charme, brûlé les ailes à désirer ce bout de femme que personne ne pouvait dompter. Ses prunelles dansant au contact de celles de la belle, il laissa ses yeux glisser le long des traits de son faciès, parcourant l’histoire de leur vie gravé à même ses joues rebondies, ses iris s’écrasant le long de ses lèvres dans un soubresaut cardiaque déchirant. Les mains toujours enroulées autour des poignets d’Octavia, le souffle coupé par cette vision de grâce lui étant refusée, inconscient au cœur trop lourd que pour le partager, il se pencha en avant avec une lenteur lancinante. Son regard perdu dans celui de la jeune femme, les yeux pleins de sentiments qu’il n’avait jamais eu la force de partager, il posa ses lèvres en douceur sur le front de la belle, ses paupières se fermant un instant alors que son cœur battait la chamade. La douleur dans sa cuisse était déchirante, son buste s’enflammant à la position maladroite dans laquelle il s’était mis alors qu’il lâchait les poignets de la belle pour passer une main sur sa joue, son pouce traçant des formes complexes le long de celle-ci, incantation muette destinée à adoucir la peine palpable entre eux. « Je sais pas ce que je dois faire Octavia. Je sais même pas ce que je peux faire. J’essaye, mais ça sert à rien. Comme à l’époque où j’nous achetais du temps, je repoussais l’inéluctable. Je sais pas ce que je peux faire d’autre à part repousser tout ça en espérant que ça revienne pas. En espérant que ça fasse moins mal… » Un éclat de rire brisé s’échappa des lèvres du brun alors qu’il inspirait une dernière fois la fragrance de la jeune femme avant de reculer assez que pour planter ses prunelles dans celles de la belle. La contemplant, un sourire humide aux lèvres, il serra son bras libre contre son torse, constatant en grimaçant que ses côtes étaient plus mal au point qu'il ne le pensait. « J’ai toujours fait le fier, le fort. Je suis parti la tête haute, mais c’était que du pipeau.  J’ai toujours agit comme si je savais ce que je faisais, mais j’en ai aucune idée. Je suis une putain d’imposture ! » Se mit-il à gronder de peur qu'à cause de la quiétude de ses mots il soit incapable de continuer. « J’ai peur qu’un jour que quelque chose foire. Que Graham te tombe dessus, qu’une de ces enflures de chasseur te perce à jour, que tu changes d’avis sur moi. C’est ce que toi tu m’as fait. Tu m’as donnée l’impression d’être important, d’être fort. Sauf que c’est pas le cas. Et ça m’tue de savoir que pour toi je suis prêt à tout, mais que ça ne veut rien dire. Je suis même pas foutu de rester en un morceau. »

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeSam 14 Mai 2016 - 23:45

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.

Elle ne savait plus où poser ses mains, où imprégner sa force pour le maintenir immobile sans causer plus de dégâts que son corps n'en comptait déjà. Tâtonnant les quelques pans de chair qui émergeaient encore de sous les hématomes, osant à peine appuyer de peur de lui infliger plus de douleurs, la brune maîtrisait avec violence les pulsions qui l'auraient incitée à le replaquer au canapé sans discussions. Mais ses doigts étaient doux sur sa peau, l'effleurant à peine, dispersant ses forces dans les réprimandes prononcées à haute voix, les jurons marmonnés dans sa gorge nouée, qui ne semblaient servir à rien. « T'es vraiment con, tu t'fais plus de mal qu'autre chose. » Néant de réaction chez le mutant qui n'était pas décidé à se laisser faire, contraignant la brune à se décider à agir face à une grimace plus déchirante encore que les précédentes. Les mains se virent entravées aussitôt, poignets bloqués dans l'étau de celles de Priam, l'interrompant instantanément. Elle n'avait pas envie de lutter, pas envie de se débattre dans ce combat qui n'avait pas la moindre valeur. Alors elle s'était immobilisée docilement, le scrutant d'un regard qui voulait dire, vas-y, j't'écoute, d'un air renfrogné probablement un peu injuste, qu'elle regretterait plus tard. Qu'elle regretterait même dans les secondes qui suivraient, ses muscles fondant le long de ses bras en ne laissant derrière eux aucune résistance. Parce que la source de leur tension venait de se faire frapper de plein fouet par les prunelles de Priam. Par tout ce que ces écrins d'azur pouvaient renfermer, se déversant dans la tempête de celles d'Octavia, grondant encore plus fort que ses reproches et que ces foudres qui se dessinaient au loin, repoussant l'obscurité qui tendait à l'engloutir. Happée par ce regard-là, ces yeux qui n'avaient jamais été si expressifs  qu'à ce moment précis, la brune se savait prise au piège. Elle aurait dû se détourner avant, décrocher leurs iris pour ne surtout pas qu'il l'atteigne, qu'elle se mette à écouter ce qu'il lui dirait en se sentant coupable à son tour, en sentant son coeur vriller de plus en plus fort et ses poignets trembler sous ses paumes. C'était toujours aussi dingue ce truc-là, cette aisance avec laquelle il avait toujours effondré toutes ses défenses en captant son attention de la sorte, en lui faisant entendre raison depuis qu'elle était en âge de comprendre, d'écouter, au moins pour quelques secondes. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, il n'y avait toujours eu que lui pour venir à bout de ses nerfs emmêlés, là où sa propre mère avait rapidement jeté l'éponge, trop occupée, trop amère. Ça l'avait fait rire un moment, Octa, ces remarques censées la piquer à vif, qui parlaient de lui comme s'il lui avait jeté un sort, parce qu'il n'y avait visiblement pas d'autre manière de l'apprivoiser. Ces remarques qui n'avaient jamais eu la moindre importance avant qu'il ne s'en aille, crachées par la mère qui croyait comprendre, qui ne comprenait rien. Qui comprenait peut-être plus que ce sa gosse, finalement. Il t'a fait quoi, l'fils Mikaelson.  Il t'a promis quoi. T'viendras pas chialer. Ça l'avait fait rire, ouais, des années durant. Et elle avait chialé, beaucoup, lorsqu'il était parti. Elle avait manqué de regretter, comme ce soir, ces secondes passées armes baissées, coeur offert sans résistance. Mais même à cet instant, même après s'être presque convaincue de le détester pour tout ce qu'il avait pu  lui faire, ce n'était rien, rien du tout en comparaison à ce qu'elle pouvait ressentir en se perdant dans son regard. Parce que ce que lui avait fait Priam, c'était donner un sens à une vie qui n'en valait pas vraiment la peine. Animer des étincelles au fond de ce grand vide derrière ses côtes, qui n'avaient rien à voir avec la rage qu'elle portait en permanence, inhérente à ce monde qui lui avait donné naissance. C'était bien le seul qui pouvait se targuer de lui insuffler suffisamment  de dévouement pour qu'elle accepte de l'écouter sans que les protestations ne fassent barrage dès les premières secondes. Le seul capable de calmer la furie lorsqu'elle était lancée, lorsqu'il finissait par ne plus y avoir suffisamment de pavés à arpenter le long des quais pour se calmer, que la colère finissait par se déverser sur le premier passant qui traînait. L'intouchable dont elle ne voulait pas entendre prononcer le nom sans venir se mêler aux conversations, sortant les crocs dès qu'un mauvais mot pouvait filer à son propos, et ce encore bien après son départ. Rien n'avait plus d'importance que de sentir ses yeux se poser sur elle, de croiser son regard et de s'y égarer en oubliant le courroux qui lui brûlait les veines, la terreur qui enserrait son estomac après les mauvais mots de sa mère, tout ce qui pouvait injecter la douleur au fond de ses entrailles. Ce regard, c'était sûrement ce qui l'avait sauvée à de nombreuses reprises, ce qui lui transmettait suffisamment de force pour tenir. Comme si la Terre s'arrêtait de tourner le temps que l'océan se jumelle à la voute nocturne, y ranimant les étoiles en balayant doucement la pénombre. Ç'avait toujours été dingue, ce soir d'autant plus, parce qu'elle n'avait jamais été percutée si fort par ce qu'elle pouvait y trouver, ce qu'il pouvait lui transmettre. Ça la retournait totalement, assez une fois de plus pour décrisper son corps, ne persistant à l'intérieur que ce bordel sans nom qui ronronnait tranquillement, loin des grondements précédents. La laissant là, silencieuse, aucune gueulante ne menaçant de partir s'éclater contre lui, aucune phalange ne s'agitant pour s'extraire à sa poigne. A croire que rien n'avait changé, pas même lorsque le fond des sentiments se faisait si clair qu'en cet instant. Que même malgré ses feulements d'animal blessé, il y revenait encore, et la brune avait envie de les croire ces mots qu'il avait pu lui dire, qu'il n'avait jamais voulu de tout ça, jamais. Qu'il ne l'abandonnerait pas. C'était tout ce qu'elle lisait dans ses yeux, tout ce qui tordait son ventre de manière étrange, troublant son regard l'espace d'un instant. Il l'avait jamais regardée comme ça, elle en était certaine, elle s'en serait souvenue, de cette impression bizarre qui hérissait ses cheveux dans sa nuque et manquait de lui donner des palpitations. Parce que d'habitude, même s'il l'apaisait, elle ne restait jamais calme aussi longtemps, et là c'était comme si tous ses os étaient juste en train de se dissoudre sous sa peau en coton. Un peu plus encore lorsqu'il détacha son regard du sien pour regarder sa bouche, et que son coeur commença réellement à s'affoler, envoyant maladroitement des signaux de détresse à son corps tout entier. Ce qui ne s'arrêta pas lorsqu'il s'approcha, non plus, tandis qu'elle retenait son souffle sans s'en apercevoir, cherchant dans son regard des réponses à ses questionnements muets, prête à lui demander ce qu'il était en train de faire. Parce qu'un instant, à le voir s'avancer de la sorte, elle crut.. elle crut vraiment que.. Mais c'était impossible, pas Priam, Priam ne le ferait pas, c'était tellement inimaginable qu'elle aurait presque eu envie d'en rire, s'il n'y avait pas eu cette pointe d'amertume perchée au bord de ses lèvres, en le sentant déposer les siennes sur son front. Fermant les yeux en sentant la chaleur envahir ses joues, la voleuse s'autorisa enfin à déglutir lorsqu'il s'éloigna doucement, replantant ses yeux dans les siens.

Pinçant légèrement ses lèvres pour que celles-ci ne se mettent pas à trembler à l'évocation du passé, Octavia hocha mollement la tête, incapable de respirer, de réfléchir correctement sans que les larmes ne recommencent à danser devant ses yeux. Il n'y avait toujours eu que lui, au milieu de tous ces autres dont elle finirait par oublier l'identité. Dont elle s'évertuait à gommer les traits, pour effacer le décor et ne garder dans les souvenirs que le visage de Priam, chaque minute passée à ses côtés. Probablement qu'elle ne pourrait jamais vraiment se défaire de la ruelle, qui avait placé sur le pas de sa porte ce garçon sans qui rien n'aurait été pareil. Mais elle s'était libérée de ce point d'ancrage, de ce taudis que les fantômes avaient fini par prendre d'assaut en ne laissant plus de place pour les vivants, pour le souvenir des vivants. Elle ne se sentait chez elle que dans son sillage à lui, et Lex un jour n'existerait plus. C'était ce fol espoir de trouver un ailleurs meilleur, cette lubie qui avait rythmé son envol, la laissant déblayer le terrain en attendant son retour, avant de réaliser que rien n'allait mieux, là-bas ou ailleurs. Alors peut-être qu'il ne s'agissait que de repousser le tout en bloc, d'espérer qu'ils auraient assez de temps pour enfin commencer à vivre, une vie en suspens menaçant de s'effondrer comme c'était arrivé à de trop nombreuses reprises. Elle acquiesçait doucement, parce qu'elle entrevoyait son point de vue, mais qu'elle ne parvenait à s'y accrocher, malgré tous ses efforts. Il lui fallait du concret, et c'était toujours cette même solution qui lui revenait à l'esprit, ce sang qu'elle imaginait courir le long de ses doigts, cette mort qui décrocherait enfin cette putain d'épée de Damoclès qui n'avait de cesse de se rappeler à eux, comme ce soir. Blesser, elle en était capable, blesser à mort sans un regard, se détourner le plus naturellement du monde, se dire qu'elle n'en gardait aucune séquelle, parce qu'elle avait déjà tant vécu - trop vécu - que plus rien ne pouvait l'arrêter, ni lui faire peur. La terreur, elle en avait accumulé suffisamment pour toute une vie, s'imaginant incapable d'en ressentir la moindre once à nouveau, le nerf si endurci que ce serait la vie qui se briserait contre elle, plus jamais l'inverse. Il n'y avait que le sort de Priam qui pouvait faire basculer ses convictions, parce que toutes ses émotions, toutes ses terreurs les plus viscérales faisaient ressurgir son nom dans son crâne et ça lui faisait un mal de chien. Si mal qu'en voyant la douleur tordre ses traits alors qu'il reculait, elle ne put s'empêcher de s'approcher, posant sa main sur son flanc avec une infinie douceur, bien loin de ses idées noires à l'égard des hunters, de ces plans qu'elle tissait seule lorsqu'elle ne trouvait pas le sommeil. « Arrête, dis pas ça. » Sa voix s'était éteinte alors qu'elle serrait les dents, peinant  à le laisser poursuivre alors qu'elle ne pouvait accepter de le voir s'affliger de telles paroles, des mots qu'elle aurait aimé effacer avant même qu'ils ne passent la barrière de ses lèvres. La suite l'ébranla un peu plus encore, sans qu'elle ne soit tout d'abord capable de l'interrompre, pas alors qu'il prenait ce ton et que de telles paroles s'élevaient dans sa voix. Secouant négativement la tête en sentant les mots venir se bousculer un à un dans sa gorge, ses doigts quittèrent son abdomen pour venir attraper sa main, les autres partant se perdre dans ses cheveux, caressant son front avec douceur sans parvenir à trancher entre le chagrin et la colère qui l'assaillaient de toute part. Ce furent sans doute un peu les deux qui finirent par vibrer dans sa voix. « Redis jamais ça, Priam. » S'humectant les lèvres en essayant de prendre son temps, pour ne pas simplement s'emporter en oubliant potentiellement l'état dans lequel il se trouvait. « Sans toi, j'serais pas là. » Appuyant son coude sur le canapé, son regard se détacha du sien à ses mots, se concentrant sur ses doigts qui continuaient à effleurer ses tempes. « Tout ce que t'as fait pour moi, depuis tout ce temps, c'était important pour moi, ça l'est toujours, et ça ne voulait pas rien dire. » Sûrement le moment d'approfondir, de se livrer un peu plus, le plus difficile aussi après les reproches assénés précédemment. « T'es fort parce que sans toi pour me raisonner j'aurais sûrement fini en tôle aussi, avec mes conneries. Parce que t'as réussi à m'faire voir que la vie c'était pas que d'faire le coup de la chatière et récupérer même pas la moitié de la thune qu'on ramenait. Qu'c'était pas juste attendre qu'on m'foute sur le trottoir pour vendre mon cul, et putain, surtout, surtout que j'étais pas bonne qu'à vendre mon cul, que c'était pas parce que... » Mordant ses lèvres en laissant quelques secondes s'écouler avant de renifler, sa voix se fit plus rauque, tentant de se faire plus dure aussi, même si sa carapace s'était effritée depuis trop longtemps déjà. « ... parce que ma mère le faisait que j'étais qu'une pute moi aussi. Tu m'as montré que j'pouvais être autre chose si j'voulais, qu'on pouvait sortir de la ruelle et avoir presque l'impression d'être normaux des fois. Et puis, même si on restait dans le quartier, que ça valait le coup, parce que même à Lex, même sur les quais, j'en aurais rien eu à foutre d'y finir ma vie tant que t'étais avec moi. » Déliant leurs mains pour venir s'essuyer les yeux d'un geste rageux,  son coeur s'était remis à tambouriner dans sa poitrine à mesure que les mots s'emballaient. « Et t'étais si important qu'même quand t'es parti, j'ai pas lâché. Tu crois qu'c'est moi qui suis forte d'avoir tenu ? J'ai tenu parce que c'est toi qui m'a rendue aussi forte, Priam, c'est certainement pas que la rue, c'est toi, et j'crois que rien que pour ça tu mérites le trophée du mec le plus tenace et le plus courageux du monde. » Un rictus perça au milieu des larmes, se remémorant les conneries qu'elle pouvait entendre à ce propos suite à son départ, plus personne dans la ruelle ne pouvait apaiser et supporter les fureurs de l'Octavia. « Et puis, j'suis restée en un seul morceau parce que j'pensais qu'à toi tout le temps, et que j'voulais pas que tu m'engueules quand tu reviendrais. J't'apprendrai comment on fait si tu veux, c'est pas donné à tout le monde. » Le sarcasme ne sonnait pas agressif, presque ridiculement doux même, alors qu'elle reposait enfin son regard dans le sien. « Parce que t'es si important que j'pourrai pas moi, si tu reviens encore dans un sale état comme ça. Et j'te pardonne pour cette fois, mais t'as pas intérêt à me refaire le coup, parce que moi aussi j'ai peur putain, faut que tu te l'ancres dans le crâne, j'ai peur de me retrouver sans toi pour de vrai et... » Son débit de parole se calma alors qu'elle reprenait enfin son souffle, ses doigts glissant sur sa joue alors qu'elle brûlait d'envie de le prendre dans ses bras, de le serrer contre elle et de sentir son coeur résonner à travers ses côtes. Mais elle ne pouvait pas, pas avec ces ecchymoses dispersées sur chaque parcelle de son thorax, alors elle se contenta de laisser sa main glisser sur son torse pour venir se poser à l'endroit où son coeur frappait le plus fort. « ... et tu m'rends dingue, et j'préfère quand c'est moi qui rend les gens dingues, c'est plus facile. » Laissant sa main retomber sur le canapé, les battements s'évaporant au bout de ses doigts, la brune finit par se redresser, incapable de rester à distance plus longtemps. Tirant sur son short avant de venir se glisser à ses côtés, se faisant toute petite sur l'espace de divan qui restait. Prenant appui sur son coude en appuyant sa joue dans la paume de sa main, le gouffre qui creusait son ventre sembla s'apaiser légèrement alors qu'elle reprenait la danse de ses doigts sur son front, sa joue, soutenant son regard sans se dérober, s'évertuant à rentrer son ventre déjà trop fin pour ne surtout pas effleurer la moindre parcelle de peau bleutée, gardant ses jambes presque droite pour ne pas entrechoquer ses jambes et cette plaie qu'elle venait à peine de réparer. « J'ai rien d'autre que toi, Priam. T'es tout ce qui compte, tout ce que j'ai. Je changerai jamais d'avis sur toi. T'es la seule chose qui reste à peu près constante, même si t'as pu faire des erreurs. » Un mince sourire aux lèvres, parce qu'elle était loin d'admettre qu'elle pouvait se tromper elle-aussi, sans se départir de la tendresse démesurée qu'elle lui portait. « Tout c'qui compte, c'est qu'on soit ensemble. Pour toute la vie. Putain je sais, c'est con dis comme ça. Mais vraiment. Toute la vie, merde. »
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeMer 18 Mai 2016 - 23:20



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Elle avait raison. Il se faisait du mal. Il n’avait jamais cessé de s’en faire. De se faire plus de mal que de bien, choisir les coups plutôt que la quiétude des soirées sans emmerdes. Depuis l’enfance et les carrées de bitumes avalés à même les dents éclatées. Depuis les courses poursuites entre les ruelles et les coups de savates dans la gueule, il n’avait jamais arrêté de se faire du mal. Jamais pu s’empêcher de se frotter contre la vie d’un peu trop près, raser les murs, s’user les os contre les briques amochées de leur quartier. Il avait toujours choisi les lèvres fendues et les bras cassés. Les rires éclatés et les yeux embrumés alors qu’elle le rapiéçait comme elle pouvait, tirant sur les pans de son être dans l’espoir qu’il ne finisse pas par se vider à même les pavés. Dès leur première rencontre Priam avait offert la mer à perte de vue à l’enfant, un ciel d’azur dans lequel se noyer. Dans deux prunelles il lui avait bâti un foyer rien que pour elle, l’immensité d’une étendue d’eau dans laquelle la belle n’aurait jamais à boire la tasse. Il avait fait de son mieux, pour endiguer les marées d’écumes, afin de garder hors de portée les orages secouant les marins aguerris. A même ses poings brisés, forçant sur ses os usés à force de se presser dans des ruelles trop étroites, il avait continué. Le brun lui avait offert le ciel, les teints céruléens d’un firmament prêt à s’enrouler autour de ses doigts,  à tatouer la cime de ses rêves. Il avait veillé sur elle, simplement. Veillé sur la gamine, la princesse échouée dans cette vie où on apprend jamais à nager à contre-courant. Pendant ce temps-là, les mains toujours tendues, prêtes à ramasser les coups, essuyer les peines,  il les avait toujours accueilli comme de vieilles amies. Les compagnes, parfois un peu aigries, des mauvais jours dont la régularité dans sa vie était devenue la norme. Octavia avait raison. Il était complètement con. Parfaitement stupide à faire toujours ce choix-là. Encore et encore. Complètement stupide s’il croyait pouvoir inlassablement danser au bord du précipice sans finir par sombrer dans la noirceur en contrebas. Sauf qu’elle était celle lui ayant donné l’impression de pouvoir voler.  Elle lui avait donné des ailes, lui offrant par la même occasion la folie des grandeurs et au cœur la force d’espérer. Tout ce qu’il souhaitait, c’était la protéger elle. Cela faisait longtemps qu’il avait oublié ce que ça faisait de veiller sur cette carcasse brisée par la vie. Tellement longtemps que la vision de la chair boursoufflée et des cicatrices menaçant de se rouvrir ne lui faisait plus rien. Il n’y avait que la douleur capable de l’arrêter et même ça n’avait pas le don de le tenir immobile alors que la prison de ses lèvres s’était fendue sous le poids des maux cherchant à lui échapper. Pour lui, c’était la mise à nue métaphorique, la tombée du voile qu’il ne savait même pas reposer entre eux jusqu’alors. Les mots s’échappaient de sa bouche en bouillons inconstants, en une fièvre dont il ne savait souffrir. Le Mikaelson exhibait ses cicatrices, les boursoufflures parcourant ses souvenirs sans qu’il ne puisse adoucir les plis. Il les sentait les bosses, les crevasses le long desquelles il se perdait à chacun de ses couplets. Maintenant, Octavia pouvait les voir aussi, elle pouvait sentir la contrefaçon dont il était fait, l’étoffe bon marché avec laquelle il avait tenté tant bien que mal de rapiécer cette vie volant en éclat sans elle. Elle pouvait contempler l’immensité de ses iris trop pleines. Observer le ciel d’orage grondant entre ses oreilles alors que ses yeux ouvraient une porte vers son âme qu’il n’avait jamais osé dévoiler. A croire qu’il avait planté un panneau devant l’entrée - attention, danger droit devant - pour que personne ne s’égare au milieu des tourments oubliés de son passé. A croire qu’il y avait enfermé tout le mauvais, la honte, la peur, les erreurs. Toutes ces choses que le brun n’arrivait à porter, n’arrivait à exhiber, s’étouffant sur le fiel s’échappant seulement maintenant de ses lèvres avant que le silence ne vienne à nouveau les sceller un instant. Les doigts d’Octavia se posant le long de son flanc endoloris, Priam en aurait presque rit tant le geste était ironique. Une fois de plus, elle était l’unique chose le gardant en un seul morceau. L’unique barrage empêchant qu’il ne se déverse à même le sol et ne finisse pour de bon par se vider juste là, à même la carpette défraichie. Elle le retenait sans un bruit, sans même un mot, Atlas forcée de porter le poids du corps de son ami sans jamais broncher. Le brun n’avait aucune idée de ce qu’il avait bien pu faire pour mériter cela. Quel contrat il avait pu signer, quel dieu il avait pu prier pour se retrouver avec la belle à portée de doigts. La torture la plus douce. La savoir juste là, si proche que ses lèvres pouvaient imaginer le goût de ce mirage faisant battre erratiquement son cœur, pourtant tellement hors de portée qu’il n’osait tendre ses mains vers elle afin de l’attraper. La belle ne se doutait pas qu’en lui offrant cette liberté sous forme de chaines il prendrait goût à sa captivité, cessant d’exister loin de l’emprise de sa moitié. C’était de sa faute, elle et sa douceur. Elle et cette tendresse brusquée par la vie qu’elle lui offrait entre les coups d’épaules donnés en riant. Elle et les courses-poursuites dans la ruelle, dépassant toujours les autres enfants. Elle et cette habitude inconsciente qu’elle avait de rediriger toutes les lumières de la pièce dès son entrée à croire qu’elle était un trou noir festoyant des éclats d’étoiles dansant dans ses cheveux. Elle était l’unique responsable. Elle lui avait fait cela. Pourtant, il ne pouvait se résoudre à jeter la première pierre. Ne pouvait admettre avoir vécu l’enfer sur terre tant les souvenirs qu’il en avait pouvait être doux. Malgré la douleur, malgré la peur, tout ce qui se rapportait à la belle n’était que baume pour apaiser ses plaies. Et il avait la sale habitude de tomber en morceaux. Malgré les plus beaux efforts d’Octavia, malgré ce feu consumant les veines de cette dernière, elle se contentait de lutter contre du vent, se raccrocher à de la poussière, elle ne le savait juste pas encore. Au regard les embruns salés qu’il repoussait tant bien que mal depuis de trop longues minutes déjà, il ferma les yeux un instant se laissant faire par les caresses de la brune. A son contact il pouvait tout croire, la douceur de ses doigts arrivant à rallumer l’obscurité se cachant derrière ses côtes. Néanmoins, son scepticisme avait toujours eu la dent dure. « Mais c’est la vérité. » La sienne en tout cas. Celle qui avait toujours fait sens pour lui. Celle qui avait réussi à définir sa vie jusque-là, comblant les trous, recouvrant les ratures. Portant l’océan presque effacé de ses yeux à nouveau sur la jeune femme, il n’était pas prêt au choc des mots, au poids de ses propos. Le cœur au bord des lèvres, se laissant bercer par les doigts d’Octavia, il pouvait voir la brune s’affairer au niveau de son buste. Avec ses outils, l’orfèvre travaillaitn tant bien que mal à régler la mécanique de son cœur, il sentait l’huile couler le long de ses rouages érodés. Il sentait les clés resserrer les maillons, les doigts venir arracher les pièces usées alors qu’elle continuait à parler. Perdu dans sa contemplation, son myocarde tressautant à chaque nouvelle réparation, il sentait ses yeux déborder du trop-plein s’échappant de sa cage thoracique. Elle avait les mots et lui l’avait elle. Il avait envie d’interagir, envie de lui hurler qu’elle ne ressemblait pas à sa mère. Qu’elle ne ressemblait en rien à toutes ces âmes égarées le long des quais. Se déchirer les cordes vocales à force de lui dire qu’elle était ce que Lex avait fait de mieux et qu’elle avait pas besoin de lui. Même si elle ne s’en rendait pas compte. Il avait envie de lui dire qu’elle était magnifique, même si le monde ne pouvait pas le voir. Lui, la voyait. Lui, le savait. Il voulait tellement lui dire que les mots se remirent à couler le long de ses joues alors qu’Octavia ne s’arrêtait plus de parler, étouffant de ses propos le juron qu’il lança contre lui-même avant de lui arracher un éclat de rire se brisant dans le fond de sa gorge à l’idée qu’elle puisse lui enseigner comment rester en un seul morceau. Elle qui lui avait déjà appris comment vivre. De ses doigts douloureusement délicats, elle traçait des torrents de feu le long de sa peau. Il pouvait sentir la main de la belle creuser des sillons enflammés à même la chair de son torse, dansant avec grâce entre les ecchymoses tatouées là. Frissonnant à ce contact si intime, à cette caresse inespérée, il n’arrivait plus à se perdre dans les prunelles de son amie, conscient que son myocarde avait été étalé à même ses opales fébriles. Qu’aurait-elle pu découvrir dans ses iris qu’elle ne savait pas déjà ? Pourrait-elle lire les déclarations muettes qu’il avait psalmodié à la lune tant de fois ? Elle s’amusait de lui en affirmant qu’il la rendait dingue, ne se rendait elle pas compte qu’elle l’avait rendu complètement cinglé. Il n’avait d’yeux que pour elle et pourtant la belle semblait aveugle à ce qui s’échappait de ses prunelles. Il avait peur. Peur qu’elle finisse par comprendre ce secret pourtant exhibé en permanence sur ses traits. Peur qu’elle apprenne la vérité de son existence et ne puisse supporter le poids d’une dévotion aussi écrasante. Il l’aimait, mais ces choses-là se font en silence, à l’abri des regards. Le cœur en jachère, la conscience ankylosée se pâmant d’amour pour la belle l’apaisant de ses doigts brulant le long de son visage, contact doucereux dont il ne voulait plus jamais avoir à connaître l’absence, il la contemplait comme on contemple une œuvre d’art : à la fois subjugué et envieux. Au myocarde le désir consumant ceux souffrant de ne jamais pouvoir posséder, il se sentait perdre contenance face à la belle. Ses caresses rendaient les battements de son cœur violents, faisant de cet organe palpitant un moteur inconstant et tressautant après des années à battre dans le vide. Elle avait beau parler, le brun n’entendait rien. Rien que des promesses d’éternité. Rien que des aveux qu’il ne pouvait supporter. Des erreurs, il en referait des milliers si ça signifiait la protéger. Si ça signifiait se retrouver sur ce canapé à fondre sous ses caresses, à goûter l’infini de son contact. Priam était prêt à le faire encore et encore, se lançant tête la première au charnier dans l’espoir fou qu’elle le rattraperait, toujours. Dans le besoin inconscient de vivre à ses côtés, sous ses doigts. Il sentait les vagues de promesses qu’Octavia laissait s’incruster le long de sa peau. Il sentait les mots glisser dans sa chair à la base de sa chevelure, venir longer le tour de sa mâchoire avant de remonter en douceur le long de sa joue afin d’éviter sa pommette boursoufflée. Il le sentait et ça le brisait de l’intérieur, le feu en son être incapable de résister à cet appel à la damnation. « J’saurais même pas par où commencer sans toi. » La quiétude des mots mâchés par la réticence à l’admettre, la douceur d’une vérité inhérente à sa personne. Rien de plus, déjà tout ça. « P’tain on est pathétique. » Un rire étranglé s’échappa de ses lèvres alors qu’il la regardait avec une tendresse l’écrasant de l’intérieur. Se mordillant la lèvre inférieur, récupérant la main libre de la belle pour jouer avec celle-ci entre ses doigts, il contempla leurs doigts désunis quelques instants avant de rajouter un sourire malicieux aux lèvres : « Rien pourra jamais nous séparer, t’sais bien on est les deux personnes les plus têtues de cette planète. » Autant l’un que l’autre, pauvres fous si prompt à garder leurs positions malgré la tempête rageant autour. Ils n’avaient eu de cesse de se dérober au destin, luttant contre cette pression cherchant à faire bouger leurs mains, les empêcher de se retrouver envers et malgré tout. Rien de plus qu’un murmure, à peine plus qu’une pensée s’échappant de ses lèvres de manière audible, Priam souffla presque imperceptiblement : « Tu me rends complètement dingue, c’est pas nouveau… » Ce n’était surement pas le bon moment, entre les ecchymoses et les plaies à vifs. Il pouvait sentir son cœur ne demander qu’à s’échapper par sa gorge alors que les lambeaux de son courage s’évaporaient en douceur. Dans le fond, ça ne serait jamais le bon moment, entre les peut-être et les jamais. Entre les embrassades et les adieux. Il le comprenait maintenant. Après une vie passée à ses côtés. Une éternité passée à la manquer de peu, rater le coche, perdre les jeux. Une vie passée à la chasser comme d’autres chasses les étoiles filantes, les chimères dans l’espoir qu’elles exaucent leurs vœux. Son souhait à lui c’était elle. Elle qui lui était apparue tel un accident de voiture de l’autre côté du pallier, coincée dans le même bout de leur ruelle. Elle, qui était arrivée dans sa vie comme une voiture vous prend en pleine face : ne laissant derrière elle rien de plus qu’un cœur écrasé et un corps fracassé. Entre une vie insipide menant au charnier comme ses parents avant lui et  l’espoir de goûter un peu de sa lumière, il avait choisi le carambolage. Profité de son éclat en espérant qu’elle finirait par rallumer le sien. Les mains fébriles, le myocarde peinant à tenir le rythme dans cette échappée imprévue, le Mikaelson le sentait s’écraser rageusement le long des os de sa cage thoracique dans l’espoir de filer à l’anglaise. Retrouver la liberté lui qui était prisonnier d’une fille aux prunelles sans fond et au rire capable de rallumer les cœurs s’étant trop battus. Pareil à un funambule sans filet de sécurité, il se jeta tête la première au bord du précipice. Ne laissant pas à Octavia le temps de récupérer son souffle ou de battre des paupières que déjà il s’éteignait sur les lèvres de cette dernière. Le cœur coincé profondément dans la gorge, les yeux clos de peur d’affronter l’incompréhension, la colère aussi, c’était comme si le temps s’était arrêté. Ses côtes hurlaient à la mort alors qu’il pouvait sentir la pression douloureuse exercée sur ses sutures due à son échappée vers l’avant. Penchée au-dessus de la frêle silhouette de son amie, cette dernière prisonnière de l’espace étroit délimité par la chair du brun et le tissu limé du dossier du canapé il se préparait à la déchirure, aux mains incertaines repoussant son corps cabossé. Ses propres doigts refusaient de ne pas trembler, s’agrippant au visage de la brune comme si elle était la seule chose le séparant d’une noyade assurée. Il s’en foutait de boire la tasse, les poumons déjà en feu à cause du ballet de ses lèvres contre celles de son amie. Peut-être même que ça l’aiderait à contrôler les flammes, apaiser la brûlure au niveau de son cœur, celle qui refusait de cicatriser. La caresse ingénue de deux myocardes refusant de s’arrêter, le frôlement innocent de lèvres ayant passées une vie à ne chérir que l’autre. Ca faisait mal. En toute simplicité. Comme un coup de poing dans les dents. Comme un accident de voiture. Ce baiser faisait mal. Aussi mal que d’avoir contemplé Octavia l’entièreté de sa vie sans jamais avoir compris la fébrilité de son cœur découvrant l’émoi. Aussi mal que de sentir sa cage thoracique céder sous la violence des coups. L’embrasser faisait mal et peut-être que c’était normal. Peut-être que c’était ce qui arrivait aux Icares de pacotilles volant trop prêt du soleil dans l’espoir de l’attraper entre leurs bras. Peut-être que c’était ça le prix de l’inconscience et de l’intrépidité l’ayant poussé à presser ses lèvres contre le cœur d’une supernova. Ca faisait mal, pourtant il ne voulait pas lâcher prise, détendre ses doigts crispées autour de son ancre pour repartir à la dérive. Malgré tout, avec la lenteur inquiète d’un homme ayant commise une erreur, le pyrurgiste se réfugia de son côté du canapé, ouvrant les yeux avec réticence pour contempler le chaos qu’il avait créé. La distance entre leurs corps, la distance entre leurs lèvres étaient un poids bien dur à supporter pour le brun retrouvant dans sa chair le givre qu’Octavia avait naturellement chassée. De ses iris terrifiés, le visage dévasté par la peur liée à son geste, il contemplait la jeune femme sans savoir ce qui clochait le long de ses traits défaits. Le souffle coincé dans la gorge, les mots absents comme trop souvent face à la voleuse, il la regardait sans savoir que dire. Le souvenir de ses lèvres était une brûlure à sa mémoire qu’il ne pourrait jamais apaiser. Leur manque un fardeau qu’il était bien incapable de porter. Ce n’était pourtant rien de plus qu’une caresse, un baiser timide ne demandant qu’à être, n’offrant qu’à rêver. Le frôlement inquisiteur d’un cœur prêt à se rompre sur la carapace de l’autre. Un instant d’infini caché à même les fractions de seconde passée à la gouter. Il avait déjà rencontré d’autres lèvres, connus d’autres cœurs et pourtant jamais il ne s’était ainsi perdu dans ce dédale étriqué fait de désir et de nécessité. Comme toujours, le brun ne savait pas à quoi s’attendre. Depuis le temps, il aurait dû savoir qu’il n’était pas prêt pour Octavia, il n’était jamais prêt face à la belle. « Je... j'aurais pas dû... je sais pas ce qui m'a... » Menteur.

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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeMar 28 Juin 2016 - 18:16

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.

Une fois de plus, Octavia se perdait dans la contemplation de Priam. A laisser son regard scruter la moindre parcelle de son visage, redécouvrant ces lignes apprises encore et encore depuis toujours, les ayant vu se métamorphoser doucement au fil du temps, des traits juvéniles aux mâchoires forgées dans l'adolescence, ceux qu'elle n'avait cessé de redessiner sous ses paupières closes pour qu'il ne disparaisse jamais, pas même lors de cette longue absence. Elle n'avait jamais pu oublier, à se remémorer sans cesse, à laisser ses yeux s'assécher à force de se griller la rétine à se l'imaginer dans la pénombre des nuits sans sommeil. Elle avait réappris, ensuite, lorsqu'elle l'avait trouvé changé ce soir-là chez Malachi. Et elle recommençait ce soir, son regard s'imprégnant de ce visage qu'elle s'imaginait sous les hématomes et les contusions, ses doigts vagabondant entre les reliefs et les étendues violacées pour ne laisser apparaître dans son esprit qu'un Priam intact, dépourvu de la moindre égratignure. Ses mots à lui semblaient lui lacérer la poitrine, écorchant son coeur qui peinait à envoyer ses pulsations, se perdant entre deux battements avant de reprendre sa course de plus belle, son sang brûlant de ces paroles qu'elle n'était pas prête à entendre, qu'elle recevait pourtant sans se détourner. Tout avait toujours semblé si évident, avant.  Elle se souvenait de la simplicité des choses, de ces années à grandir sans que le moindre questionnement n'entrave sa route aux côtés du gamin d'en face. Ce qui se bousculait à l'intérieur, ça n'avait jamais tant ébranlé la voleuse qu'à cet instant, se contentant de couver en silence au fond de sa poitrine avant d'exploser dans la brutalité sans qu'elle ne l'ait vu venir. Perdue, seul le contact de sa peau sous ses doigts semblait la rattacher à cette réalité qui filait hors de son contrôle, et les mots qui suivirent arrivaient à point nommé, la laissant reprendre son souffle après ces longues secondes d'apnée. Un ricanement lui échappa en écho à celui de Priam, parce que pathétique ne serait sûrement pas assez fort pour les décrire, et que pourtant la brune n'aurait rien voulu retirer de cet instant. Tressaillant en sentant ses doigts se mêler aux siens, l'échine raidie par ce contact pourtant anodin, la torpille creusa un peu plus profondément sa cage thoracique, éprouvée par les hurlements muets de son épiderme. Elle s'accrochait à ses mots lui exposant des vérités dont elle avait pleinement conscience, pour ne pas se laisser submerger par les réactions démesurées de son être, effrayantes et incontrôlées. Elle le sentait presque, son coeur battant à quelques centimètres du sien, réalisant que la réciproque devait être vrai, se demandant s'il avait les oreilles pleines des tambours qui lui ruinaient les tympans, un peu plus fort à chaque fois que sa voix venait se perdre à ses oreilles. Comme si elle les avait attendues, ces confessions qui trouvaient naturellement leur chemin dans son esprit, malgré ces soubresauts erratiques qui s'écrasaient derrière ses côtes. Elle n'avait pas été forgée pour ça, pour cette douce violence qui répandait son feu le long de ses os, cette tendresse à laquelle lui seul l'avait habituée, celle qui semblait pourtant se démasquer de cette manière pour la première fois, à lui en faire mal dans son être tout entier. Glissant ses doigts le long de sa nuque, réceptionnant les battements plus vigoureux qui résonnait au creux de son cou, elle ne bougea plus d'un centimètre, les laissant marteler sa chair et imposer le rythme au magma qui parcourait ses veines. Il lui semblait qu'ils n'avaient jamais cessé de respirer à l'unisson, que subitement il n'y avait plus ces trop longues années de séparation, et que le monde ne portait que leur deux vies entrelacées. Le reste disparaissait de son esprit fugacement, la laissant obnubilée par ses mots, absorbée par cette douleur qui la retournait de part en part. Jusqu'à ce qu'il ne reste plus d'elle qu'un tas d'émotions trop brutales, de sentiments trop  féroces la morcelant lentement, l'empêchant de réfléchir plus longtemps. Impossible de regagner du terrain sur ces adversaires auxquelles elle ne savait pas faire face, cette brûlure qui gagnait de plus en plus de terrain sous ses muscles, qui incendiait son palpitant qui n'avait jamais tant saigné que pour lui, lui qui semblait maître de ce métronome qui déraillait dans sa poitrine, aux aiguilles détraquées qui la déchirait encore et encore.

Les mouvements de Priam ne se déroulèrent pas au ralenti, il n'y eut pas d'instant de flottement, de longues secondes à réfléchir, à se demander ce qui lui passait par la tête, ce qui était en train de se produire. Il y avait seulement cette amertume le long de ses lèvres de ce baiser reçu sur le front, cette terreur coincée dans la gorge mêlée à l'envie certaine de ce qui ne viendrait pas, de ce qu'elle n'avait finalement jamais voulu, ou peut-être de manière furtive, trop éphémère pour qu'elle n'y repense trop souvent.  Parce que Priam avait toujours eu cette place de choix dans son coeur, celle qui ne s'effacerait jamais, pas même si elle l'avait voulu - et elle était pourtant sacrément tenace quand elle le voulait - mais que jamais Priam n'était censé agir de la sorte. Jamais. Surtout pas alors que le piège achevait de se refermer sur son coeur et qu'elle ne parvenait plus à maîtriser la moindre pensée. Son corps strictement immobile, l'appréhension nouant chaque parcelle de son corps, la brune était incapable d'esquisser le moindre geste. C'était qu'elle ne s'était jamais laissée approcher, la voleuse, que c'était à elle que l'on avait parfois volé quelques baisers, qu'elle n'avait laissé faire qu'en s'attachant à l'idée du sang qu'elle finirait par déverser des lèvres de ceux qui s'égaraient. C'était l'inconnu, la peur qui lui nouait les tripes, mêlée aux suffocations du myocarde qui lui broyait la poitrine, parce qu'elle ne voulait pas le briser, pas lui, mais que c'était bien tout ce qu'elle savait faire lorsqu'on l'approchait de trop près. Et s'il avait été le premier, le seul à apprivoiser les complexités de la môme devenue femme, elle ne parvenait à autoriser cette initiative, à assimiler que c'était bien réel, et qu'elle attendait docilement sans parvenir à sortir les griffes comme avec ceux qui s'y étaient osés avant lui. Aucun homme n'aurait d'emprise sur elle, c'était ce qu'elle s'était promis, en parfaite témoin de leurs plus bas instincts, rangeant chaque individu dans cette catégorie méprisable. Son père le premier, puis chacun de ceux qui avait pu défiler chez elle, et chaque hunter dont elle avait pu se jouer. Les contacts physiques la répugnaient, n'ayant été tactile qu'avec lui, lui dont la chaleur rassurante avait toujours été le plus sûr des refuges, repoussant les autres sans relâche. Et les baisers, les baisers étaient insupportables, vrillant son estomac d'un dégoût insurmontable, ne supportant ces secondes interminables qu'en gardant en tête la douce saveur de la vengeance qui viendrait certainement dans les jours suivants, inéluctable. Elle n'aimait pas ça, elle n'était pas faite pour ça. Elle était plus intelligente que ça, n'en avait pas besoin, pas l'envie, jamais, et elle se croyait forte, Octavia, à se savoir maîtresse de son corps et de ses pensées. Parce qu'aucun désir ne l'animait, que ç'aurait peut-être pu être triste si elle ne s'en était pas contrefoutue depuis toujours. Jamais aucun plaisir, aucun pincement au creux du ventre, seulement cette colère sourde qui semblait seule maîtresse de son existence. Jamais jusqu'à ce que soudainement, Priam ne la surplombe sans qu'elle n'ait eu le temps de se dégager, d'anticiper quoique ce soit, de s'extirper loin de cette effrayante proximité. A peine le temps d'appréhender la collision avec plus de crainte encore qu'avant de recevoir un mauvais coup, d'être jetée à terre et maîtrisée par l'un de ces connards de la ruelle. Et ces certitudes qui s'effilochaient, ces principes si durement défendus qui perdaient leur sens alors qu'elle abandonnait tout repère. C'était la première fois que la seule personne qu'elle ait jamais aimé achevait de briser toutes ces barrières qu'elle avait pu ériger pour se protéger. Un baiser qu'elle semblait avoir attendu toute sa vie alors que son coeur s'arrêtait une seconde pour repartir de plus belle lorsque la chaleur de ses lèvres rencontra la glace de celles de Priam. Craquelant sa peau, ses vaisseaux, ses muscles et ses os, choquant son corps alors que la fusion s'imprimait dans une brutale douceur. Abandonnant son visage aux grandes mains de Priam qu'elle ne put repousser, pas quand son être entier se retrouvait tétanisé avant de s'embraser sous ses lèvres auxquelles elle se livrait les poings liés, aucun geste, aucune protestation ne venant entraver cet instant qui consuma ses pensées, la laissant presque incapable d'y répondre, de comprendre comment on faisait que déjà la fin s'annonçait.

Une larme brûlante roula sous la barrière de ses cils fermement pressés entre ses paupières closes, l'éloignement de Priam marquant la reprise de ce souffle qu'elle semblait avoir égaré, cette respiration qu'elle ne savait plus sur quel rythme initier alors que ses poumons s'embrasaient. Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour se redresser en position assise, pivoter sur elle même alors que ses pieds retrouvaient le sol et qu'elle lui tournait ostensiblement le dos. Elle ne pouvait pas le regarder, pas après ce qu'il avait fait, pas avec ce tumulte d'émotions qui battait ses tempes de manière trop douloureuse. Elle avait peur, peur de ce qu'elle verrait en le regardant, et ce fut pourtant sa voix qui frappa la première, ses mots qui lui coupèrent le souffle à nouveau. Les phalanges blanchies à trop serrer le tissu, son dos s'était raidi un peu plus encore, crispant chaque parcelle de peau sous ses vêtements, un frisson hérissant son épiderme alors qu'elle détournait plus farouchement la tête, mordant ses lèvres comme pour en extraire l'empreinte que Priam y avait laissé. Parce que c'était trop compliqué, toutes ces choses qui ne cessaient de se mélanger, toutes ces choses qu'elle avait toujours tant repoussé, dont elle ne voulait pas, dont elle voulait pourtant bien trop désormais. Non, il n'aurait pas dû, et pourtant, l'entendre le dire était pire encore que le souvenir de ses lèvres contre les siennes. « T'aurais pas dû. » Répétant d'un ton monocorde, sans que la moindre nuance ne vienne aiguiller la potentielle ironie de ses paroles.  « Tu sais pas ce qui t'as pris. » Quelques mouvements de nuque pour détendre ses épaules, alors qu'elle terminait cette phrase inachevée, gagnant du temps, suffisamment pour ne pas se retourner et lui coller une gifle, celle qui fourmillait le long de sa paume sans qu'elle ne sache bien si ce n'était pas à elle-même qu'elle mourait d'envie de se l'asséner. Le baiser l'avait bouleversée, profondément, jusqu'aux fondements même de cette personne qu'elle pensait être, de cet idéal qui n'en était plus un, parce qu'elle avait aimé ça, qu'elle en avait besoin maintenant qu'il le lui avait montré, malgré ces tremblements le long de ses mains, ses sens endoloris et exaltés à la fois, ce bordel qu'il avait éparpillé sans en mesurer les conséquences. Parce que ça, c'était ce premier baiser dont personne ne lui avait jamais parlé, celui qui faisait dérailler de manière insoupçonnée. Qu'elle savait pas comment gérer tout ça, parce qu'elle n'avait jamais eu envie de le savoir. Qu'il avait fallu que Priam s'en mêle à nouveau, laissant un chaos sans nom sur son passage, et qu'elle aurait voulu le détester pour ça, lui hurler quelques vacheries et le traiter de tous les noms. « Tu m'emmerdes. » Ce fut un marmonnement rompant ce silence pesant qu'elle avait laissé s'installer. Ce brin de familiarité qui lui était nécessaire, alors qu'elle finissait par se lever trop vite, esquisser quelques pas tremblants. « Pourquoi faut toujours que.. » Que ce soit le bordel. Que rien ne tourne rond quand t'es là. Car rien ne tournait rond dans sa tête. Cessant de s'agiter frénétiquement pour s'immobiliser en inspirant profondément, sans que cela n'ait pour autre effet que de resserrer un peu plus sa gorge déjà bien trop nouée. « Pourquoi, putain. » Les poings s'étaient fermés, prêts à s'abattre sur n'importe quoi, venant finalement appuyer sur son ventre comme si ça allait calmer le gouffre qui s'y était réinstallé. Elle ne pouvait pas le repousser, elle n'avait jamais pu, pas sans que ça lui fasse un mal de chien et qu'elle ne finisse par revenir. A cet instant plus encore que d'habitude. « Pourquoi t'aurais pas dû ? » Pinçant ses lèvres en réalisant que tout sortait dans le désordre, la brune finit par renifler alors que son regard brillant refusait encore de se poser sur lui. « Parce que t'allais tout foutre en l'air ? » C'était pas ce qu'elle s'était dit, quand les mots avaient commencé à voler entre eux de manière encore trop innocente, s'intensifiant jusqu'à ce qu'il ne finisse par l'embrasser. « Pourquoi tu l'as fait, alors ? » La colère au bord des lèvres. Peut-être ne mesurait-il pas ce que ça avait pu lui faire, à Octavia, bien au-delà de cette fébrilité qui encadrait chaque nouvelle parole, alors qu'elle finissait par se retourner, par venir s'asseoir sur le bord de la table basse, le regard baissé. « Personne me fait ça, personne n'a le droit, toi, t'avais... » Pas le droit non plus ? Même ses lèvres taisaient les mensonges destinés à redorer sa fierté, à raffermir son regard qui se perdait sur les fils étirés du canapé. Elle bouillonnait intérieurement de ne pas savoir maîtriser ces sentiments, de se révéler incapable de le regarder, parce qu'elle savait que ses prunelles ne seraient pas aussi sombres qu'elle le désirait. Et après quelques instants, les yeux avaient achevé de rougir, asséchés et incapable de laisser la moindre larme s'écouler à nouveau, s'élevant avec appréhension vers lui. Alors qu'ils se plantaient dans ses iris trop clairs, sûrement qu'il pourrait enfin le voir, le lire le plus clairement du monde dans son regard, ce qu'il lui avait fait, cette adoration qui frôlait la déraison et qui avait le don de la foutre dans des états pas possibles, des états dont il lui était difficile de se sortir seule, quitte à hausser le ton de manière injustifiée, de râler après lui sans être capable de se remettre en question, avant de réaliser que cette fureur sourde n'avait pas le moindre sens. Ce n'était pas qu'elle n'en voulait pas, de ces frissons qui dévoraient sa chair et de toutes ces sensations qui voyagaient de son coeur à son ventre en oubliant de passer par son cerveau. Elle ne savait pas, c'était tout, comment faire pour se laisser ressentir, se laisser vivre. Elle commençait à peine à comprendre que c'était trop intense pour ne pas en être un peu douloureux, sans que ça ne soit nécesseraiment une mauvaise chose. De recevoir un baiser sans le marteler de ses poings serrés dans la seconde, de ne pas avoir la moindre envie de le repousser. De clarifier dans un geste le fracas des mots et des pensées. Pour ne laisser qu'un soulagement sans nom s'immiscer sous la tension nerveuse, détendant à peine ses traits, allégeant lentement sa poitrine. Un calme qui n'avait jamais eu sa place dans le désastre de leurs existences, inhabituel, effrayant, auquel elle laissait tout de même une place, pour la première fois en vingt-six années. Taisant la fureur et les effusions de jurons qui se battaient dans sa gorge à l'en étouffer de colère. Les mains posées sur le canapé, se redressant en se penchant vers lui sans ne laisser présager d'une possible impulsion à sortir les crocs à nouveau. Parce que cela ne pouvait qu'être imprévisible tant cela l'était pour elle, incertaine et pourtant spontanée, son coeur épuisé se tordant une nouvelle fois en y retournant de plus belle, ses lèvres venant s'imprégner des siennes en comblant doucement le précipice menaçant de s'ouvrir sous ses pieds.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeMer 6 Juil 2016 - 18:44



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Il ne gardait au bord des lèvres que le gout de la violence. Que l’amertume de cette virulence s’étant échappée de son être pareil à une bombonne de gaz avalant une flamme. Les mots s’étaient échappés de ses lèvres après coup comme une supplique jetée aux dieux dans l’espoir qu’ils effacent son ardoise. Dans l’espoir que le plaisir planté à même la chair tendre de ses lippes lui soit arraché en punition. Le brun avait l’impression de toujours avoir un train de retard. Les regrets consumaient ses paupières alors que le silence écrasait sa gorge. De l’autre côté du canapé, il n’osait contempler la carcasse de son amie, pantin aux fils désunis qui tentait tant bien que mal de se mouvoir. La réalité l’avait frappé comme un mur de brique à plus de cent à l’heure, pareil à un uppercut en pleine mâchoire, un ko sans arbitre. La réalité était ailleurs. Loin des réveils innocents d’un adolescent et de sa plus proche amie. Loin des journées passés à courir dans la ruelle, écumant les allées plus noires les unes que les autres à la recherche d’un nouveau larcin à accomplir. La réalité n’avait plus la saveur acre de Lexington et l’odeur nauséabonde de son paternel ayant encore trop forcé sur la bouteille. La réalité était ailleurs, loin des regards dansant sur la chair de la fillette comme s’il ne s’agissait que du jouet de leur désir. La réalité ne tenait plus enfermée au creux de son poing. Ce dernier se faisant salvateur en cognant encore et encore les jeunes qui osaient cracher des mots qui auraient dû porter le nom de vitriol et qui possédaient la dangerosité du gaz sarin. Catin, salope, pute. Il leur avait fait ravaler tous leurs mots, tous ces maux qu’ils cherchaient à tatouer à même la chair encore trop tendre de son étoile. Il s’était fait dresseur de lion, juge et juré, vengeur et bourreau. Il avait porté le poids d’une tâche ne lui revenant pas de droit, adoptant la petite comme une extension de lui-même, finissant par en oublier qu’ils n’étaient pas une seule et même personne. C’était seulement maintenant que Priam se rendait compte que la réalité était ailleurs. Uniquement maintenant qu’il prenait conscience que dans le fond il n’était pas le sauveur qu’il s’imaginait. Et ça, ça faisait mal.  Les yeux posés sur le sol, il ne savait plus trop bien ce qui le différenciait de son père. Lui aussi avait eu le don unique de briser les personnes à sa portée. L’ineffable pouvoir de laisser ses empreintes marquer la chair de ses proches en leur imposant ses souhaits. Ses propres mots dans la bouche d’Octavia sonnaient comme une sentence. S’il pressait assez fort ses paupières il aurait presque pu s’imaginer les murs lambrissés du tribunal et le visage tanné du juge crachant son jugement. Le silence était aussi lourd qu’en isolement, cette punition-là lui étant plus insupportable que celle qu’on lui avait donnée le jour du jugement. Il aurait voulu le rompre, le briser et le faire fuir à jamais ce foutu silence qui semblait contaminer tout ce qu’il touchait. Le Mikaelson en retrouvait son rôle de prisonnier, cantiné à son coin du canapé, perdu derrière ses liens. Il sentait son cœur se soulever alors que le souvenir des barreaux et des chaines se faisait brûlant à sa mémoire. Il pouvait les sentir, mordre sa chair, tourmenter son esprit alors que la distance entre lui et Octavia s’apparentait à celle l’ayant séparé si longuement de la liberté. Les barreaux étaient dans sa tête. La sentence gravée à même sa chair. Il le savait, pourtant il n’arrivait à se défaire de ce besoin d’amnistier ses torts. Priam n’avait plus rien d’un enfant. Les traits poupons encore grossiers ayant laissés place à une mâchoire carrée, la voix craquelant sous l’émotion devenant aussi grave qu’un roulement de tambour. Il n’en était pas moins un gamin devant la jeune femme. Il n’en resterait pas moins toujours le même garçon vivant de l’autre côté du pallier pour la belle, ce chevalier de pacotille aux vêtements effilés et à la dévotion débordante. Le murmure à peine perceptible de son amie arriva à faire trembler sa chair, comme s’il n’était rien de plus qu’un enfant redoutant la correction. Animal mal éduqué attendant d’être rossé, l’ancien détenu ne pouvait renier les apprentissages que les gardes avaient ancrés dans sa chair, l’échine qui s’hérissait alors que l’adrénaline s’invitait insidieusement dans les veines. Il ne pouvait ignorer les coups qu’il avait donnés pour moins que ça. La douleur il savait comment la gérer. Le mal avait fini par s’installer au creux de ses poumons, eaux vaseuses l’empêchant parfois de respirer correctement, lui coupant le souffle lorsqu’une pièce se faisait trop étroite, une ruelle trop hostile. Néanmoins, la honte était nouvelle. Une brulure dont la caresse n’avait rien de tendre. Un poids qui ne cessait de s’alourdir alors qu’il osait pudiquement poser ses prunelles sur la silhouette de la belle. Elle ne lui faisait pas face, les mots s’échappant de ses lèvres avec une fébrilité ne leur étant pas propre. Ils n’étaient pas comme ça. Ni elle, ni lui. Ils n’étaient pas des personnes incertaines, fébriles dans les mots, hésitants dans les actes. Ils étaient des gamins de la rue, les enfants perdus s’étant élevés eux-mêmes à coup de cris et d’actes défiants les limites de l’univers leur ayant été imposés. Leur origines ne les avaient pas réduits à l’état de moins que rien, elles les avaient encensés, exerçant une pression telle qu’on percevait à peine les cicatrices. L’absence d’actes, de coups était une torture plus infâme pour le brun que le cœur à cœur impotent et les phalanges caressant ses traits pour dire ce que leurs lèvres n’osaient laisser leur échapper. Les plaies ne s’étaient jamais refermée, pas entièrement. Sous la peau rosée, les marques diaphanes laissant deviner d’anciennes plaies que le temps avait refermé, les blessures étaient toujours là, purulentes et pourtant cachées. Priam l’entendait dans les vibrations faisant trembler la voix de la brune. Il le percevait dans ce dos trop tendus au point d’en craquer, falaise abrupte de laquelle il semblait tomber en chute libre. Ils n’avaient pas été réduits aux choses leur étant arrivées, à cette vie les ayant baisée à de trop nombreuses reprises. Pourtant, le poids du passé ne s’était jamais entièrement soulevé de leurs épaules parfois trop frêles. Les poings crispés sur le tissu du canapé, le mutant esquissa un mouvement vers l’avant, une tentative désespérée de se remettre sur ses pieds, être son égale. Si ce n’était en mots, au moins lui faire face. Il voulait la confronter, voulait être à sa hauteur, affronter sa fureur la tête haute afin d’essuyer les tourments qui finiraient par dégouliner le long de ses traits. Rappel cuisant, la douleur mis instantanément fin à sa tentative alors que le brun essuyait la violence mal digérée des mots d’Octavia en peinant à contenir la réponse gutturale souhaitant s’échapper de ses lèvres. S’enfonçant lourdement dans le canapé, la plaie récemment recousue hurlant à la mort dans un silence de plomb, elle s’installa devant lui et il avait un mal de chien à la regarder en face. Les mots semblaient de trop entre eux. Pareil à des couleurs superflues déconcentrant un enfant, ceux-ci peinaient à mettre le doigt sur ce qui n’allait pas. Les prunelles trop pleines, le cœur exsangue, Priam eu l’impression de s’éteindre un peu plus alors que les paroles de la belle moururent au bord de ses lèvres. Elle était belle. Pleine de cette tragédie grecque ayant ciselé ses traits, ayant buriné sa silhouette. A la voir là, le dos vouté, les yeux posés sur le divan avec un soin méticuleux afin d’éviter son image, le Mikaelson pouvait aisément s’imaginer Myron ou Léocharès laissant leurs outils danser le long de la peau de la jeune femme afin de lui insuffler leur passion. Elle était belle et elle ne lui appartenait pas. Il n’était qu’un spectateur muet, pas un de ces gars aux yeux vicieux et aux paroles acres. Il n’était pas comme eux et refusait de le devenir. Faisant écho aux mots d’Octavia, c’était avec bien plus de virulence que celle-ci qu’il lui répondit, vociférant plus contre lui-même que contre elle : « J’avais pas le droit de faire ça. D’agir comme… ces gars à Lexington. » Arracher ces mots sembla impossible au jeune homme, ce dernier ayant à se faire violence afin de cracher la fin de sa phrase. Les poings crispés, ses ongles s’enfonçant dans sa chair afin de graver à même le journal de sa vie cette faute-là, il n’arrivait à repousser les images consumant son esprit. Il avait encore en mémoire l’écho d’un cri l’ayant arraché à sa lecture, la vision d’un inconnu dans l’appartement que l’enfant partageait avec sa mère et le regard que ce dernier jetait à l’enfant, la trop jeune enfant. Les iris posées sur Octavia, le temps ayant gravé à même son visage des histoires que ses yeux de gamine n’auraient jamais pu imaginer, il sentait son myocarde battre à tout rompre dans sa cage thoracique. Il sentait cette même urgence n’ayant faite qu’un tour dans ses veines alors que les ruisseaux carmins de son être se consumaient sous l’ire qu’il ne pouvait contrôler l’homme lui ayant fait face rendant son dernier soupire. « J’aurais pas dû parce que j’ai jamais voulu t’arracher ça… » Pendant une seconde, le Mikaelson se demanda s’il ne venait pas de tirer la gâchette d’un flingue, le claquement inconnu de ses propres mots fracassa le silence dans un bruit de verre brisé. Il n’avait jamais souhaité lui prendre son innocence, arracher de force à ses lèvres entrouvertes les secrets d’une vie, l’ingénuité d’une âme. Il l’avait néanmoins fait, sans même y penser, sans songer à ce que ça pouvait signifier. Il l’avait arraché de force, s’intronisant tout puissant, à croire qu’il avait le droit de lui faire ça. De lui arracher son libre arbitre, de lui arracher la pureté des souvenirs de leur jeunesse. Il avait l’impression d’avoir dérobé à la belle le choix. Celui de l’aimer de loin ou de se laisser aller à cette chaleur qu’il rêvait de faire naître entre ses reins. Au final, il ne lui restait aux lèvres que la douloureuse impression d’être un imposteur. « Je suis comme mon père… » Les yeux plus vides qu’à l’accoutumé, la fatigue s’étant invitée dans sa chair se faisant de plus en plus pesante, Priam arriva à peine à prononcer ses paroles en la fixant dans les yeux. Dans sa voix, quelque chose semblait manquer, une étincelle sur le point de s’enflammer, une chaleur que rien ne pouvait éteindre, pas même les élans glacés de sa colère. Le Mikaelson comprenait finalement ce que ça signifiait de s’éteindre sur les lèvres d’autrui. Il pouvait imaginer la cendre accrochée à ses lippes là où le feu était mort au contact de la belle, là où la glace avait repris ses droits. Il sentait le givre réclamer son dû, former des glaciers sous sa chair alors que l’image de son géniteur se superposait à la sienne. Il ne voulait pas être comme son père. Ne souhaitait pas de ce cœur froid, de cet amour tordu ne s’exprimant jamais comme il le fallait. Il ne voulait pas maudire tout ce qu’il touchait, briser tout ce qu’il aimait. A sa mémoire restait à jamais gravée l’image de sa mère et l’aisance avec laquelle son géniteur avait réussi à l’éteindre. Rien de plus qu’un souffle de vent et puis aucune étincelle n’éclaira jamais les yeux de l’épave lui ayant servi de génitrice. Les poings crispés à s’en faire violence, il n’arrivait pas à lutter contre la déferlante étourdissante d’émotions prisonnières de sa chair, ne demandant qu’à s’échapper. Déité trop magnanime, lorsqu’elle se pencha vers lui une seconde durant il accueilli le coup à venir avec soulagement, tel un condamné accueillant le bourreau comme un vieil ami. Ce n’est néanmoins que la tendresse de la belle qui se déversa sur lui depuis les prunelles débordantes de cette dernière, lui coupant le souffle alors qu’il s’apparentait à un lapin pris dans des phares. Dans les iris sombres de sa moitié, c’était son reflet qu’il pouvait observer. L’adoration déraisonnable, la folie à peine dissimulée sous l’amour ne cherchant qu’à s’échapper, qu’à se dire pour exister. Il se voyait dans les yeux de la brune et c’était dur à porter comme poids. C’était si dur et le brun était à bout de force. Surement pour apaiser ses tourments, bander ces blessures si dur à atteindre avec les doigts, ce sont les lèvres d’Octavia qui vinrent sceller la plaie. Tout allait trop vite, tout se déroulait bien trop lentement. L’azur délavé de ses prunelles venaient seulement de se perdre dans la contemplation des miroirs de l’âme de la belle que cette dernière esquissait déjà un mouvement. Camé en manque de l’autre, drogué en mal de voir les paradis artificiels qu’il s’était créé, Priam se sentait déchirer entre le besoin de la retenir et le devoir de la laisser partir. Il avait encore tant de choses à dire, tant de maux à expliquer. Il voulait lui montrer les cicatrices cachées sous l’épiderme, le prix de l’isolement, tout ce qu’il avait dû faire pour lui revenir. Il avait besoin qu’elle reste, qu’elle trifouille encore un peu en son buste afin de ranger le bordel qu’elle avait réussi à foutre là. Il avait besoin d’elle. Depuis le premier jour. Et ce besoin-là, il ne partait pas. Il n’avait pas besoin de ça. Pas besoin de ce bouleversement infinitésimale balayant de son souffle les fondations déjà mise à mal de son être. Pas besoin de cette fièvre qu’elle lui insufflait entre les lèvres, apaisant les ténèbres coincées au fond de sa gorge, amadouant la marée grondant en son thorax. Le Mikaelson pouvait sentir le givre quitter ses veines alors qu’Octavia arrivait à faire naître en lui les premiers rayons d’un soleil de printemps. Le brun ne demandait qu’à s’éteindre sur les lèvres de la jeune femme, laisser à son cœur usé battre à contretemps, rimer de travers un dernier instant. Répondant à ces caresses impies, cet appel à la dépravation faisant naître en lui un manque qu’il n’aurait imaginé avant de gouter à ses baisers, il pouvait presque sentir Octavia s’infiltrer sous ses ongles, s’insinuer dans ses vaisseaux. Elle était déjà partout, noyée dans ses bronches, étalées le long des parois de son cœur et maintenant tatouée à mêmes ses lèvres fendues. Encore un peu de la belle perdue au coin de la bouche, les yeux embrumés par ces choses qui ne s’exprimaient pas, c’est à contrecœur qu’il fit marche arrière. Se faisant violence, résistant à cet appel à la noyade, cet oubli offert le long des récifs, il avait du mal à reprendre pieds. Les poumons pleins de la jeune femme, les bronches saturées par la tasse qu’il avait bue à mainte reprise, il se contentait de la regarder en silence. L’air hagard, les lèvres enflées par cette lutte dont il ne souhaitait pas finir vainqueur, le mutant avait l’air perdu. Penseur, coi, la bouche entrouverte sous le poids des mots qu’il avait besoin de prononcer, sous la violence du silence qui ne cessait de lui échapper, il devait ressembler à une carpe avec cet air penaud plastronné sur son visage. Les yeux perdus le long des traits de la belle, se perdant sur les lèvres rougies de celle-ci, ne luttant même pas contre les songes le traversant, il leur offrit une issue de secours. « On ne devrait pas. » Les mots peinaient à sortir de la bouche du brun, les mains de ce dernier cherchant fébrilement à rester immobile malgré les tremblements semblant les prendre le long du tissu émincé du canapé. Le souffle creux, sonnant faux, Priam contemplait Octavia avec cette impression douloureuse que quelqu’un gonflait un ballon de baudruche au niveau de son ventricule droit. Ca gonflait, gonflait, gonflait et le mutant n’attendait qu’une chose, que ça finisse enfin par claquer. Craquer en ne laissant derrière qu’un cœur endommagé que rien ne pourrait rapiécer. Au lieu de quoi, il affrontait les prunelles intransigeantes de la brune, cette dévotion trop lourde à porter pour lui qui n’était rien de plus que la somme des erreurs de son père. « Je sais même pas si je vais en sortir ou juste choper une sale infection avant de claquer. J’suis même pas sur de comprendre tout ce qui s’est passé cette nuit, je pense que toi non plus tu sais pas. » Les traits livides à cause du sang lui ayant échappé, à cause de ce corps refusant de tenir en un seul morceau, il lui offrit l’ombre d’un sourire triste. Dans le fond, il savait ce qui s’était passé. Dans le fond, il connaissait par cœur la dévotion arrivant à faire rugir son cœur étalé à même les parois de son thorax. Il ne voulait plus mettre de mots sur ses sentiments, sur ces choses qu’il ressentait. Ces mots qui étaient de trop. Ces mots qui sonnaient faux. Il était fou d’elle. Complètement éperdu de ses prunelles et de cette personnalité explosive lui ayant laissée des cicatrices jusqu’à l’envers de ses paupières. Il l’aimait comme on aime le soleil, brûlant à son contact jours après jours tout en regrettant ses absences nuits après nuits. Il était fou d’elle et ne pensait pas qu’il méritait qu’elle soit folle de lui. Tendant une main hésitante vers le faciès d'Octavia, il posa ses doigts glacés le long de la peau brûlante de la jeune femme trouvant dans ses prunelles la force de dire ce qu'il fallait. « On est tous les deux sous le choc. Ca change rien. Tu es la personne la plus importante à mes yeux . » Ses yeux se baissèrent progressivement, la pudeur l'empêchant de contempler l'impact de ses mots.

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeSam 23 Juil 2016 - 14:44

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.

Il y en avait eu quelques uns, qui avaient jugé divertissant de l'approcher après le départ de Priam. Le départ de celui qui les tenait à distance lorsqu'elle se songeait entièrement capable d'en faire de même, là où il l'avait sauvée bien des fois, sans qu'aucune ne puisse être oubliée. Elle se souvenait la peur, face à ceux qu'elle ne pouvait contrer, l'un d'entre eux en particulier, n'ayant ressenti qu'une gratitude intense en le voyant s'embraser sous ses yeux, ce jour où Priam était allé trop loin, pour éviter à ce type de la toucher. Alors, quand il était parti, l'on avait fanfaronné dans son sillage. A se dire que ça pourrait la calmer, la faire taire deux secondes, mais elle ne s'était jamais arrêtée de gueuler Octa, elle s'était mise à hurler encore plus fort, et à battre des poings comme jamais. Ce n'était pas les ordures qui grignotaient petit à petit ce territoire qui poseraient la main sur elle, elle se l'était juré. Ils auraient bien pu reprendre ce qu'ils voulaient, s'approprier les trafics, instaurer un nouveau règne de terreur, sectoriser les quartiers pour ne plus que l'on pille sur leurs zones de prédilection, ou que l'on s'attaque à leurs contacts. Il pouvaient venir foutre le feu dans les immeubles, faire voler les vitres sous leurs balles, qu'ils ne l'approcheraient pas. Elle était tenace, la voleuse, et si elle n'avait pu sauver ce en quoi elle avait cru depuis son plus jeune âge, ce pour quoi Priam avait travaillé, elle aurait disparu à l'aube sans qu'ils n'aient eu le loisir de se décider à son sujet. Elle ne ferait pas partie de la décoration de leur nouveau fief, et s'ils s'étaient appropriés leur réseau, tout ce qu'ils avaient pu construire, jamais ils ne l'auraient elle. Jamais ils n'auraient Priam. Lexington s'était éteinte et avec elle le souvenir de ces hommes-là, la laissant filer à la rencontre de ces autres, ceux qui n'étaient que des pions volant sous ses talons volés et sa poigne revancharde. De nouveau des mâles dans toute cette splendeur émétisante que la brune avait toujours haï sans distinction. De nouveau des êtres toisés d'un regard aux étincelles assassines,  celles qui ne manquaient jamais de revenir envahir ses prunelles depuis qu'elle était gamine. Celles qui se dispersaient sur le passage de Priam. Celles qui ne s'étaient jamais animées à son égard. Parce que malgré ce qu'il pouvait dire, les échos de ces mots qui comprimaient sa poitrine, il n'était pas comme les saloperies de Lexington. Il ne ressemblait en rien à cette vision déformée qu'elle pouvait avoir de la gent masculine toute entière, et de leurs sales intentions. C'était Priam, celui qui ne serait jamais l'un de ceux qu'elle pouvait maudire, qui pour lui avoir volé un baiser ne se retrouverait jamais catalogué avec ceux-ci. Celui qui à ses yeux, ne serait jamais affilié à ce père qu'il ramenait en scène d'une évocation qui tordit les lèvres de la brune. Elle savait la douleur de se débattre avec ces craintes-là, de porter les erreurs d'un passé gravé à même les gènes, de ne pas savoir s'en détacher. A l'entendre se qualifier d'une manière qu'elle ne pouvait approuver, les images fugaces de ce père traversèrent son esprit, serrant ses mâchoires et nouant sa nuque. Cet homme, jamais elle n'avait pu l'y rattacher, ne cessant de se demander comment une telle union pouvait aboutir à un être aussi épatant que Priam. Et jamais, elle ne pourrait le laisser s'égarer à ce sujet, pas plus qu'elle n'accepterait jamais d'être comparée à sa génitrice, parce qu'ils n'avaient rien à voir avec cette génération de Lexington, ils s'étaient défaits de la crasse et de l'abjection qui pouvait ruiner les êtres peuplant les rues, s'éparpillant sur les quais. Ce n'était pas eux, ça. Jamais, ça ne serait eux. Et en quelques secondes, le coeur battant à tout rompre et les mains moites sur le canapé, elle l'avait fait taire. Scellant ses lèvres en prenant le soin d'y calfeutrer les évenutelles paroles qui auraient pu suivre, d'éteindre ce ton qu'elle ne souffrait d'entendre résonner, de lui faire oublier ce qu'il venait de dire. De lui prouver dans un baiser qu'il ne serait jamais comme ces types qui ne l'avait pas traitée avec plus d'égard que sa mère, qu'il ne serait jamais ce père auquel il avait toujours craint de ressembler. Le ballet timide se ponctua rapidement d'une fougue qui lui était propre, contredisant ses murmures précédents avec un peu plus d'intensité, répandant les mots silencieux sur ses lèvres alors qu'elle se perdait durant de longues secondes. Pour qu'il ne reste plus que la simple envie de poursuivre le baiser, celui qui propageait son feu le long de ses nerfs avec de plus en plus de virulence, sans qu'elle ne sache vraiment comment arrêter, comment rebrousser chemin pour s'éloigner de lui alors que tout son être brûlait de se rapprocher encore, de ne jamais briser l'harmonie violente qui faisait taire sa colère et bousculait ses sentiments. Ce fut presque plus simple, que Priam s'emploie à instaurer à nouveau une certaine distance, la voleuse le sentant lui échapper à regret, à bout de souffle parce qu'elle en avait sûrement oublié de respirer à nouveau, laissant ses bronches s'incendier et son coeur protester sans qu'aucune inspiration ne vienne les apaiser. La tête lui tournait légèrement, lorsque ses yeux s'ouvrirent sur Priam, le silence s'installant au bord de ses lèvres brûlantes, comme incapable de s'exprimer à nouveau à haute-voix, comme si elle ne savait plus comment assembler les mots entre eux après cette communion qui dépassait toutes les paroles qu'elle aurait pu formuler autrement que par l'intermédiaire de ces baisers. Durant quelques instants, la brune eut le sentiment que jamais plus elle ne parviendrait à parler, chaque remarque lui semblant si dérisoire face à l'osmose puissante qui l'avait submergée, comme elle ne l'avait jamais ressenti de sa vie, pas même lorsqu'elle se perdait dans son regard ou que ses bras se refermaient sur elle. Immobile, strictement immobile, terrorisée à l'idée de provoquer une hécatombe au moindre mouvement, de laisser le temps reprendre son cours en emportant avec lui le germe de bravoure qui avait pris naissance au creux de son estomac. Qu'il balaye la clarté sublime de ce moment où tout aurait pu sembler si simple, pour la première fois en vingt-six ans. Qu'il ne reste dans son sillage qu'un peu de nostalgie et les paupières closes sur ce qui ne demeurerait qu'un souvenir noyé dans la pudeur. Elle ne pouvait pas être courageuse sur ce terrain, Octavia, pas s'il ne l'était pas également, parce que seule elle ne retrouverait pas ce soupçon d'intrépidité l'ayant poussée à accepter d'ouvrir enfin les yeux. Elle les refermerait, s'il le lui demandait, parce que ça faisait moins peur d'évoluer dans cette pénombre rassurante, si finement apprivoisée, que de partir à nouveau s'écorcher à la lumière. Malgré ces minutes de silence où Priam la tint au supplice, ce ne fut pas le soulagement qui glissa sur ses traits crispés, alors que le couperet tombait en achevant de rompre les fils emmêlés derrière ses côtes. Si elle n'avait jamais eu cure des ordres, des conseils allant à l'encontre de ses désirs, celui-ci la ramena brutalement dans cette réalité qu'elle n'avait jamais tant voulu fuir que cette nuit. Un battement de cil arracha son regard au sien une seconde, avant de se braquer de nouveau sur ses prunelles trop expressives, parce qu'elle encaissait sans se détourner, même si les mots étaient douloureux, s'immisçant sous sa chair en malmenant le bordel d'émotions qu'elle avait naïvement laissé s'évader. A l'entendre, elle regrettait presque d'avoir laissé ce déluge jaillir hors de ses cellules, elle qui avait toujours si bien cloisonné le tout, craignant le déchirement, se rappelant subitement pourquoi.  « C'est pas nouveau. » La langue claqua en ravivant l'amertume, le vrombissement de ses nerfs qui s'étaient toujours hérissés trop facilement, trop rapidement. « C'est pas dans nos cordes, ça. » Non, ça ne l'était pas, et sûrement que le sarcasme reflétait à lui-seul la douleur de l'avoir oublié durant quelques minutes. D'avoir eu le malheur d'effleurer l'accalmie du bout des doigts, d'apprécier cette quiétude emplie d'une béatitude qu'elle avait toujours moqué avant de s'y retrouver confrontée. De s'être risquée à libérer les torrents d'affection qui débordaient de sa poitrine à son égard, d'avoir songé enfin frôler cette mince part de repos auquel elle devait sûrement avoir droit, après ces années à courir. Courir les toits, courir les rues, courir les demeures et les villes. Elle ne lui en voulait pas, d'ainsi exprimer cet avertissement. Elle s'en voulait du plus profond de son être, d'avoir été si conne, si imprudente. Elle qui s'était toujours si bien préservée de ces maux-là, se laissant égratigner par le monde en sachant ce morceau de muscle à l'abris derrière la barrière de ses côtes. Ce n'était pas dans leurs cordes, de se laisser vivre, et la voleuse se le répétait silencieusement, en tirant nerveusement sur les fils du canapé, pour ne plus l'oublier, pour ne plus se laisser aller à y croire pour mieux se briser.  La lame tournait et retournait l'intérieur de sa poitrine, agrandissant à chaque remarque de Priam le trou béant qui s'y était ouvert à nouveau, la saignant en silence, sans qu'elle n'esquisse la moindre protestation. L'hypothèse qu'il n'y survive pas noua sa gorge d'un désespoir muet, parce qu'elle n'était pas certaine de survivre non plus à cette nuit, à ces instants volés qui s'éteignaient déjà, brusqués par les paroles de Priam. Figeant chaque parcelle de son corps alors que ses muscles tendus se faisaient douloureux, la belle se fit violence pour ne pas vaciller au contact de ses doigts glissant le long de sa joue, abîmant l'impassibilité factice de ses traits. « Je croyais le savoir. » Les mots s'étranglèrent dans sa gorge alors qu'elle retenait l'impulsion de pivoter sur elle-même pour s'asseoir à-même le sol, voûtant son dos contre le canapé. Dans les iris de Priam, le regard de la voleuse s'évadait, derniers instants à se laisser perdre pied dans une faiblesse qui lui broyait le coeur, à laisser les mots griffer sa fierté. Elle avait cru le savoir, entre ces deux baisers. Entrevoir l'embellie, de quoi s'accrocher pour s'extirper de cette grisaille qu'elle avait traîné derrière elle depuis Lexington. Mais ils ne devaient pas, il ne savait pas, et elle se crispa un peu plus en assemblant ses efforts pour taire les sanglots accumulés au fond de sa gorge. Elle attendait le coup de grâce, celui qu'elle entrevoyait dans le regard de Priam, celui qu'elle n'était pas certaine de pouvoir encaisser. Malgré tous ses efforts, elle reçut la sentence comme un coup sec et précis, s'affaissant sur ses genoux sous le poids de ces mots qu'elle aurait aimé ne jamais entendre. «  T'as sûrement raison. Ça changera rien. Comme tout le reste. Ça ne changera jamais. Ça n'a jamais changé. Ici ou à Lexington, rien ne change. » Elle se mordait les lèvres, à se révéler incapable de la boucler, d'achever ce semblant de discussion en approuvant ses paroles auxquelles elle peinait à croire, pas même alors qu'elle le voulait. Et le sujet s'égarait, parce qu'à fermer les yeux sur lui, à cloisonner de nouveau les rugissements qui dévastaient sa poitrine, que restait-il ? Elle cherchait, Octa, ce qui restait d'exhaltant dans cette vie qui n'avait jamais été tranquille, sans s'avérer agréable pour autant. Elle n'avait pas voulu de cette soirée, elle n'avait rien attendu de tel. Elle ne pouvait pourtant prétendre en ressortir indemne, après y avoir goûté pour mieux s'en éloigner. Que restait-il, son regard perdu cherchait la réponse dans les traits livides de son ami de toujours, implorant une réponse qui ne viendrait sûrement pas. « Bonne nuit, Priam. » Les lèvres tremblantes laissèrent les mots glisser, épuisés et incapables de se débattre lorsque tout s'effondrait, instable et effrayant. Pas même les paroles rassurantes ne parvenaient à l'apaiser, parce qu'elle ne pourrait pas oublier, qu'elle se haïssait d'avance de poursuivre sur cette faiblesse qu'elle avait évitée toute sa vie. D'un mouvement, elle se retournait déjà, rassemblant de quelques gestes incertains les compresses ensanglantées, s'éloignant à contre-coeur pour tout débarasser, s'occupant les mains pour ne pas s'emporter, le coeur imprévisible ne daignant suivre aucune logique. Il lui fallut quelques minutes pour tarir le flux salé qui dévalait ses joues, réfugiée dans la salle de bain en s'employant à reposer tant bien que mal chaque chose à sa place, s'éloignant loin du chaos sans que celui-ci ne cesse de résonner dans son crâne. Elle agonisait, incapable de se ressaisir, pas quand la douleur emportait tout, renversait tout à l'intérieur, ravivant les souvenirs de son départ, la ramenant au point de rupture de sa raison et de son habilité à surpasser les embûches plantées sur son chemin. Aucun juron, aucun grognement, juste ce silence scellant ses lèvres alors qu'elle retrouvait le chemin du salon. Qu'elle venait s'allonger mécaniquement à côté de lui, sans un regard, lui tournant le dos sans pourtant parvenir à regagner son lit. Parce qu'elle ne comptait pas le laisser en profiter pour s'en aller dans la nuit, qu'elle n'oublierait pas de retenir son souffle pour ne manquer aucune de ses inspirations, s'assurer que son coeur battait encore à côté d'elle alors que le sien s'effritait doucement. Il n'y eut pas un mot alors qu'elle s'installait, les yeux grands ouverts fixant le mur en appréhendant autant ses paroles que son silence. Parce qu'elle ne parvenait à oublier ses mots, la colère et la peine qui manquaient de la submerger en resongeant à ce qu'elle aurait pu dire, juste après. Ce qu'elle n'avait pas réussi à dire, en entrevoyant le rejet.

Que si ça ne changeait rien, ça changeait pourtant tout. Que si elle était la plus importante, il était le seul qui importait.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeMer 27 Juil 2016 - 21:45



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


Priam faisait partie de ces êtres nés sous la mauvaise étoile. Ceux qui, malgré tous leurs efforts, étaient incapables de marcher droit, incapables de ne pas trébucher et d’éviter les gencives en sang. Il faisait partie de ces orphelins possédant des parents. Ceux auxquels le ciel ne portait aucune attention, les laissant monter au front d’une guerre sans oripeaux. Il était de ces gamins des rues que le temps avait forgé en tatouant entre leurs omoplates le rappel amer d’une paternité divine, leur laissant le souvenir des ailes qu’on leur avait arraché. Descendance d’un Hadès que tous haïssaient, le pyrurgiste avait toujours eu le fiel aux lèvres, le néant fermement coincé au fond de ses entrailles. Prince des enfers, héritier d’un trône fait de poussière d’étoile et de rêves brisés, il savait que son royaume serait composé des mêmes pantins désarticulés que son père aidait à se camer. C’était pour ça que sa mère était partie en fumée, pour ça que les prunelles sans fond de son géniteur n’avaient jamais réussies à lui renvoyer le reflet de son âme. Le jeune homme n’était autre que Cerbère, le feu dans ses veines provenant du Styx, les miasmes de celui-ci pourrissant son système. Il ne pouvait s’empêcher de montrer les crocs, serrer les dents et cogner jusqu’à ne plus en sentir l’Achéron consumer son buste. Ses racines étaient rongées par l’ichor consumant son être au point que l’étoffe du destin semblait avoir été sectionnée au-dessus de sa tête. Il n’y avait pas de futur pour les gens comme lui. Rien de plus que les ruines d’un passé vendu aux enchères et la froideur des barreaux les séparant des nues. Le Mikaelson  n’avait jamais eu d’autre pouvoir que celui de détruire. Le feu faisant vibrer ses entrailles reflétant sa nature profonde. Rien ne se construisait à partir des flammes, des nations tombaient sous leur joug, mais aucune ne s’en relevait intacte. Le gamin n’avait eu de cesse de se consumer, en silence, à distance. Les poings tendus, l’écume aux lèvres, jamais le regard baissé. Mais Octavia avait su lui donner envie de rêver. Envie de croire que le feu pouvait créer et que malgré la noirceur de ses origines il pouvait dépasser ces dernières. Il s’était pris à espérer être le héros de son histoire, pris à croire qu’il finirait par faire taire le vacarme de ses idées noires. Priam ne connaissait que la lutte, que ce combat incessant qu’était celui d’exister, celui d’être au milieu des escrocs, des pourritures et des égarés prêts à tout pour quelques secondes de gloire. Il avait défié vents et marées pour défendre son fief à Lexington, afin d’assurer sa dominance sur quelques pavés dans le but de lui offrir un royaume sur lequel régner. C’était leurs pavés, leur domaine à Octavia et lui, une maison avec des murs en papiers et rien de plus que le firmament comme toiture. De toits en toits, de ruelles en ruelles, le vagabond n’avait jamais cessé de défendre leur foyer, ce petit bout d’ailleurs coincé sous la saleté et la fange recouvrant leur quotidien. La rage aux poings, la fureur aux lèvres, il les avait fait taire ces crapules osant parler de son ombre, cette meilleure moitié de lui-même qui lui donnait la force d’avancer. Il se prenait pour un prince charmant à l’époque, ses converses trouées aux pieds et ses clopes toujours dans la poche droite de son jean. Certaines choses ne changeaient pas, à l’image de ses cheveux jamais coiffés et la gourmette qu’il portait tel un talisman. Néanmoins, il n’avait fallu qu’un contact des lippes entrouvertes de la belle pour que le vacarme sous son crâne ne cesse, même rien que pour une seconde. Pour inverser cette tendance en son être le clouant au sol et lui rompant les ailes. Octavia avait toujours eu ce don-là, arrachant le brun à la réalité d’un monde qui ne voulait pas d’eux. Sauf qu’aujourd’hui c’était lui qui ne voulait pas d’elle et pour la première fois il se rendait compte à quel point ils n’avaient jamais véritablement quittés leur ruelle. Ils s’accrochaient respectivement à ce qu’ils avaient été, se trouvant incapable de détourner le regard de ce passé plus aisé à revivre qu’à balayer. Malgré lui, le Mikaelson était persuadé d’avoir gardé un peu de son foyer dans les veines, un peu de cet enfer dont ils étaient prisonniers restant logé dans les méandres de son être. Ça lui arrivait de sentir ses poings lui démanger, de se remémorer les cris déchirant ses nuits et le bruit des alarmes de voiture que tous les gosses cherchaient à voler. Il avait emporté sous ses prunelles les souvenirs de cette ville ne dormant jamais, les réminiscences amères d’une faim ne quittant pas ses entrailles une fois l’heure du diner passé. Même s’il s’en était sorti, même si les poings de son père n’étaient plus à portée, l’urgence ne l’avait jamais véritablement quitté. Cette urgence qui l’avait poussé à regarder devant lui alors qu’il abandonnait la gamine derrière lui dans l’espoir de lui offrir un avenir meilleur. Cette urgence qui l’avait empêché de fermer l’œil de la nuit alors qu’il observait les murs décrépis d’une prison tombant en ruine de l’intérieur. Celle-ci même qui arriva à lui faire tenir le coup, montrer les dents, serrer poings, leur rentrer dedans jusqu’à ce qu’ils cessent tous de tester ses limites. Priam savait qu’il garderait toujours des fragments de Lexington dans les veines et se refusait à partager ce poids. S’il était prisonnier de leur passé, le mutant se refusait à faire de sa belle sa prisonnière. Pourtant, Octavia avait tout d’une Perséphone des temps modernes, la terre se pâmant à ses pieds alors qu’elle gardait précieusement le soleil coincé entre ses lèvres. Cette nuit le soleil était éteint et pour la première fois de leur vie, il se demandait s’il serait jamais capable de le rallumer. Des lippes pincées de la jeune femme ne s’échappait que l’amertume de ce cœur à cœur avorté. Priam sentait encore le carambolage qu’elle avait réussi à faire naître entre ses côtes, il sentait les ruines que la belle avait laissées là après l’avoir soufflée tel un ouragan tout ce sur quoi il reposait. Malgré tout, il était celui arrivant à faire s’effondrer l’autre d’un claquement de doigts. Les prunelles baissées, incapable de contempler sa damnation alors que cette dernière semblait enfiler ses peintures de guerre, le pyrurgiste se perdait dans la contemplation des tâches violacées recouvrant sa peau dénudée. Il aurait préféré sa colère à ses mots, la violence des coups à la fièvre de ces maux jetés à son visage sans qu’il ne puisse se boucher les oreilles. Le brun avait besoin de continuer, combler le vide de ce silence par le poids des mots qui pourraient les aider, les sortir de cette impasse. Les phalanges blanchies par la virulence avec laquelle il s’accrochait au tissu du canapé, il pressait les mots hors de ses lèvres sans se rendre compte qu’il les menait au charnier. C’était rare de pouvoir mettre le doigt sur l’exact moment où le bateau commence à prendre l’eau. Rare de pouvoir certifier avec assurance qu’un instant le monde tournait parfaitement rond et que l’instant d’après la terre semblait partir à la dérive dans un vide cosmique écrasant. A son plus grand désespoir, le temps ne sembla pas s’arrêter pour Priam, dehors la terre tournait encore alors que la lune contemplait le ballet élégiaque de deux êtres incapables de se prendre à pleines mains. Il ne vit pas le monde cesser sa course folle le temps d’une seconde. Il ne vit rien. Rien d’autres que les prunelles d’Octavia et cette sentence qu’il ne pourrait jamais assumer logée au fond de son regard. Elle croyait savoir. Elle lui glissait entre les doigts, comme toujours et peut-être qu’il avait perdu sa meilleure amie cette fois. Peut-être qu’il avait gâché sa seule chance de trouver l’amour, le vrai. Il l’avait perdu, il s’était perdu. Au final, ça revenait au même. Réessayant encore de récupérer les morceaux voguant à la dérive de leur relation, se raccrochant du bout des doigts à tout ce qu’ils avaient été, tout ce qu’ils pouvaient encore être, le Mikaelson ne pouvait arrêter d’essayer. Cependant, essayer ne menait pas à la perfection. Répéter la même erreur en boucle ne faisait que rendre permanente la cicatrice. A force de répétition il ne s’approchait pas du résultat escompté, il voyait juste sa meilleure amie disparaître sous ses prunelles. Elle était translucide, le visage pale, les traits tirés et il aurait pu jurer qu’à battre des cils une fois de trop il allait l’effacer de ses rétines. C’était peut-être un peu trop hagard qu’il répondit machinalement : « Bonne nuit. » A croire qu’elle venait de lui enfoncer un poing dans le creux de l’estomac, le laissant haletant pour un souffle de vie qui ne viendrait pas. Une fois encore, il avait l’impression d’être un spectateur de sa propre vie alors que sa meilleure amie s’agitait pour ignorer le bruit que faisait leur histoire qui buvait la tasse. C’était un râle d’agonie, un soupire déchirant, rien de plus que le silence entrecoupé du raclement des mains de la belle s’arrêtant sur les compresses usagées et les ustensiles qu’elle avait utilisée pour le rapiécer. Leur histoire s’éteignait sans un bruit, laissant à Priam l’envie de se péter les cordes vocales et de sortir de sa léthargie. Après des années à sauter dans les flaques, voilà que pour la première fois de sa vie le brun goûtait au frisson que procurait un saut dans le vide, un plongeon dans l’océan. Sauf que maintenant rien n’aurait plus jamais la même saveur qu’avant et elle lui tournait le dos, échappant à sa gravité alors que la porte de la salle de bain claquait dans son dos. Seul, l’animal blessé contempla l’appartement mal éclairé d’Octavia une minute de trop. Le tic-tac grinçant de l’horloge murale agissait comme un métronome offrant au cœur du mutant le rythme lui faisant défaut. La ligne de l’électrocardiogramme devait être plate à l’heure qu’il est, laissant Priam se demander pourquoi est-ce que son cœur continuait à battre dans ces conditions. Terrassé par la vie, fracassée par cette nuit dont le rythme effrénée menaçait de rompre ses os, il laissa sa tête retomber contre l’accoudoir du canapé avant de se contorsionner afin de trouver une position agréable dans laquelle s’allonger. Etendu au milieu de l’appartement, il avait l’impression désagréable d’être un élément troublant le décor, tel un géant se mouvant au cœur d’une maison miniature. Il récupéra le plaid étendu sur le dossier du canapé, l’étendant autour de sa silhouette tremblante, incapable de faire partir cette impression de froid s’agrippant à sa chair. Pareil à l’enfant se cachant sous les couvertures en entendant ses parents crier dans le couloir, il attendit immobile que la jeune femme revienne à lui ou le laisse là pour la nuit. Sans un mot, sans un bruit, la brune s’allongea devant le Mikaelson, laissant à ce dernier la douloureuse impression qu’un océan d’erreurs les séparait. « Tu devrais dormir dans ton lit. » Arriva-t-il à murmurer malgré les non-dits coincés dans sa gorge l’empêchant de respirer correctement. L’absence de mouvement de la part d’Octavia n’étonna pas Priam qui s’imaginait la belle assurer son rôle de chien de garde avec le zèle d’une porte de prison. Elle le connaissait trop bien, il ne pouvait le nier, restant à distance de bras afin qu’il ne soit pas assez fou pour tenter une quelconque évasion. Ses prunelles contemplant la silhouette mal dégrossie de la belle dans la pénombre, il la contemplait elle et ne doutait pas qu’elle devait contempler la pièce devant elle incapable de trouver le repos. Elle n’était pas faite de métaphores, ni de songes, encore moins d’excuses ou de lamentations. Elle était faite de chair et de sang, le genre de mirage qu’on attrape à pleine main, qu’on aime en se brulant les doigts. Peut-être était-il temps que sa ferveur se transforme en tendresse, son adoration en amour et qu’il cesse de la vénérer à distance. Peut-être était-il temps que Priam grandisse un peu et  que le vide laissé entre ses côtes par les barreaux de sa cage finisse par se remplir. Il était temps qu’ils laissent Lexington derrière eux, peu importait à quel point ça pouvait les terrifier. Les yeux posés sur la silhouette d’Octavia allongée à peine à un mètre de lui, il savait qu’il avait passé des années à chercher dans son image les fragments d’une vie qu’on leur avait volé. Il savait qu’il était injuste dans la manière dont il l’avait toujours aimé, incapable de porter le poids de ses propres sentiments. Il n’arriverait jamais à avancer dans ces conditions, mais s’il se retrouvait figé dans cet état d’entre-deux désagréable, jamais entièrement libre de sa fièvre et pourtant jamais pleinement consumé par celle-ci, que lui restait-il à faire afin ne pas perdre la seule personne lui donnant une raison d’exister ?
La fatigue dans sa chair semblait avoir pesée sur ses paupières jusqu’à ce qu’il se retrouve incapable de soulever celles-ci. Porté par le poids d’un sommeil exempt de rêve, lorsque des fragments de sa conscience l’arrachèrent à Morphée, il s’étonna de voir les premiers rayons du soleil traverser les vitres du salon. Retrouvant ses esprits, le brun se rendit compte de l’élément l’ayant arraché à son sommeil, la position dans laquelle il se trouvait pressant douloureusement sur la blessure perçant sa jambe droite. Il se rendit compte aussi que la couverture avait été étendue plus correctement autour de sa forme recroquevillée dans le courant de la nuit. A ses pieds, la coupable semblait toujours prisonnière d’un sommeil possessif, le contenu de ses rêves arrivant à troubler la quiétude se trouvant généralement sur ses traits à la nuit tombée. Se défaisant de la couverture, malgré la fraicheur de l’appartement face à sa peau dénudée, il fit de son mieux pour recouvrir la jeune femme du plaid sans l’éveiller. Lorsqu’il se redressa sur ses deux jambes, étouffant un juron à la vague de douleur s’échappant de sa cuisse lorsque son poids incomba son membre blessé, il s’agrippa aux objets à portée afin de ne pas s’écrouler en plein milieu du salon. Habitué à la disposition des choses dans la vie d’Octavia, c’est avec assurance qu’il se dirigea vers la chambre de celle-ci afin de trouver de quoi se vêtir. Il s’attendait à entendre la brune se réveiller à tout instant, le craquement du parquet n’aidant pas l’ancien vagabond à se faire discret. Une fois dans la chambre de la jeune femme, il referma la porte dans son dos, longeant les murs jusqu’à la commode de cette dernière. Un brin d’impudence dans l’assurance qu’il affichait en ouvrant le second tiroir en partant du haut, la débandade fut totale en son myocarde alors qu’il ne découvrait pas les vêtements qu’elle avait pu lui chiper au fil des années à la place qu’ils avaient toujours eu dans sa mémoire. Avec plus de véhémence qu’il ne le souhaitait, il continua ses recherches jusqu’à trouver un de ses vieux henley roulé en boule au fond de la commode. L’enfilant malgré les années séparant la dernière fois qu’il avait pu porter le vêtement, celui-ci trop étroit pour sa carrure plus imposante, il trouva un vieux short lui appartenant, Octavia lui ayant volé à l’époque pour dormir avec, avant de quitter la pièce qui lui passait plus étrangère qu’elle n’aurait dû l’être. Trainant sa mauvaise jambe comme le membre inutile qu’elle était devenue, c’est le plus silencieusement possible qu’il se dirigea vers la porte d’entrée. Les souvenirs flous de la nuit précédente animèrent le mutant alors qu’il se souvenait des marches qu’il lui faudrait descendre pour atteindre la chaussée. Une main sur la poignée de son issue de secours, les yeux irrémédiablement attiré par la silhouette allongée au cœur du salon, il savait que le choix devant lui était crucial. S’il espérait sauver quoique ce soit, rattraper les pots cassés et recoller les morceaux, il ne pouvait filer à l’anglaise de la sorte. D’un autre côté, il n’était même pas sur qu’il reste quoique ce soit à sauver des ruines de ce qu’ils avaient été. Priam avait toujours été prompt à être l’architecte de sa propre destruction, volant l’opportunité aux autres de lui faire poser un genou à terre. D’une certaine manière, il lui était plus aisé de s’acclimater à ce malheur qu’il pensait agripper à ses veines plutôt que de s’ouvrir à un changement bénéfique. Détournant le regard, serrant le poingil déplaça un peu plus son poids sur sa jambe valide alors qu’il tournait la clinche de la porte.  


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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeLun 8 Aoû 2016 - 14:45

I will find you in a burning sky
where the ashes rain in your mind.
Son sommeil était léger. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, il l'avait toujours été. Ce qui n'était franchement pas une mince affaire, à vivre dans la promiscuité, à ne pas avoir de secret pour ses voisins et inversement, à travers les fines palissades. Il n'y avait que dans les draps de Priam, à s'imprégner de son odeur, de sa chaleur, que ses paupières devenaient suffisamment lourdes pour effleurer quelques heures de liberté. De néant rassurant, de silence apaisant. C'était une chose qui n'avait pas changé, qu'elle avait cru ne pas avoir perdu, lorsqu'ils s'étaient endormis chez Malachi, malgré ce foutu noeud au fond de son estomac, cette pulsation effrénée à ses tempes. Bien malgré elle, cela se confirma de nouveau cette nuit. Elle avait pourtant fait des efforts, à garder les yeux grands ouverts durant des heures entières, à calquer son souffle sur le sien et à laisser la panique exploser dans sa cage thoracique lorsque celui de Priam se suspendait plus de dix secondes. Mais sans s'en apercevoir, elle s'était endormie. Sans l'entendre se lever. Sans l'entendre se déplacer dans son appartement. Il y avait bien ces quelques bruits, qui lui parvenaient, qui franchissaient les barrières de son sommeil paradoxal et modulaient ses rêves, menaçant ses paupières de s'ouvrir, de le voir sur le point de s'enfuir. Le grincement du plancher. Les pas qui se dessinaient de plus en plus clairement, lui indiquant qu'il revenait dans sa direction, d'une démarche hésitante, sans nul doute douloureuse. Elle s'était attendue à ce qu'il s'arrête, à sentir son poids s'installer à nouveau sur le canapé, affaisser légèrement son propre corps sur le tissu. Rien. Rien d'autre que ce bruit familier qui recommençait à s'éloigner. Un peu trop. Beaucoup trop. Il s'en allait, elle en était presque certaine, pourtant ses yeux refusèrent de s'ouvrir durant quelques secondes, incapable d'observer la réalité se dessiner sous son regard apeuré. Y'avait cette angoisse montante au fond de son ventre, qui lui hurlait de se boucher les oreilles, de ne pas écouter, de ne jamais l'entendre partir à nouveau, parce qu'elle ne pourrait pas le supporter. Y'avait les larmes qui lui brûlaient déjà les yeux, étouffant ses paupières closes, jusqu'à ce qu'elle ne finisse par les ouvrir, que tout se mélange alors qu'elle se levait dans la précipitation, percutant la table basse de son genou en ignorant la douleur cuisante qui s'y logeait. « Non, pars pas. » Les mots dans un murmure, suspendue à sa silhouette, en apnée, interceptant in extremis ce départ qui effaçait toute chose, qui gommait doucement la rancoeur en ne laissant que cette peur de le voir filer s'établir au fond de ses entrailles. « J't'en prie, Priam. » La gorge nouée des sanglots refoulés, les pas hésitants, comme s'il allait se volatiliser, lui échapper encore une fois. « Pas encore. T'as pas le droit. Recommence pas. » Elle suffoquait, chaque pas tendant un peu plus ses muscles, l'urgence se propageant le long de ses nerfs sans qu'elle ne parvienne à avancer plus vite, à décoller ses pieds du sol, la distance semblant s'allonger à chaque nouveau mètre parcouru. « Me laisse pas, m'laisse plus, t'avais promis. » Aucun mot ne résonnant à ses oreilles, juste la déchirure de ses cordes vocales dans sa gorge, incapables de formuler le moindre mot, de vibrer pour lui à nouveau. Et ses pas qui n'allaient jamais assez vite pour le rattraper, alors que la poignée tournait, que le déclic familier se faisait entendre. Celui auquel elle ne manquait jamais de réagir au quart de tour, trop alerte à l'idée que l'on puisse essayer de pénétrer chez elle. Ce bruit qui ne manquait jamais de la faire bondir, même s'il ne s'agissait en général que de Celeste, et de personne d'autre.

Ce bruit qui ne manqua pas de la réveiller, de l'extirper avec violence à ce cauchemar qui se matérialisa pourtant devant ses yeux perdus. La brune demeura un instant bouche bée, incapable d'émerger, pas quand son rêve se redessinait à l'identique dans la réalité, que son coeur manquait un battement et que sa poitrine se serrait en le voyant près de la porte. Le sol s'ouvrait sous ses pieds. Menaçait de l'engloutir sans un aurevoir. Sans un adieu ? A ce stade, elle ne savait pas vraiment ce qu'il était le plus convenable d'envisager, tant sa poitrine la tiraillait douloureusement. Si elle n'inspirait pas profondément, elle était à peu près certaine que tout ce qui sortirait ne conviendrait pas à la situation. Pas tant qu'il y avait ce grand vide au fond de sa cage thoracique, incapable de formuler la moindre parole, d'aller puiser au fond de ses sentiments pour s'exprimer clairement. Elle ne voulait pas y toucher, à ses émotions, trop certaine de ne rien maîtriser. Pourtant, à le voir se tenir de la sorte près de la sortie, elle ne parvenait à rester de marbre. A le fixer sans un mot, comme elle aurait dû le faire, en attendant de le laisser se démerder avec ses explications. Mais elle n'y arrivait pas, elle n'y arrivait jamais. Se taire, laisser le temps à son sang de faire quelques tours avant de déverser ce qu'elle avait sur le coeur. « T'avais raison. Rien n'a changé. » Les lèvres ensommeillées laissèrent filer les mots sans qu'elle ne mesure immédiatement leur impact, le poids de la rancune que ceux-ci traînaient derrière eux alors que ses grands yeux capturaient sa silhouette. « C'que tu continues à faire de mieux sera toujours de te tirer. » De me laisser toute seule. C'est facile, ça, hein, de m'abandonner à nouveau. L'étincelle éclata dans ses iris, propagea son feu jusqu'à ses pupilles qui achevaient de rétrécir à la lumière, de ne laisser qu'un peu plus de place encore à ce déluge émotionnel qui cheminait lentement sur les traits de son visage. « Qu'est-ce-que t'attend, au juste ? » Lui jetant un regard qui n'avait de cesse de s'assombrir, un geste de menton désignant cette porte qu'il semblait si pressé d'emprunter, cette issue de secours à cette nuit qu'il ne devait toujours pas comprendre, comme il le lui avait dit la veille. Parce qu'elle avait bien compris, au petit matin, Octavia. C'était ce qu'elle croyait, ce dont ses mots l'avaient persuadée alors qu'elle l'observait dormir, qu'elle le recouvrait d'une couverture élimée en peinant à détacher son regard de son visage. « On sait tous les deux que j'ai jamais su te retenir. » T'es déjà parti la première fois. T'as déjà pas eu les couilles de rester avec moi, de vivre dangereusement avec moi, de vivre tout court. Ça brûlait, ça faisait mal au fond de la gorge de laisser le feu se disperser lentement, d'exprimer le bordel qui se promenait en elle depuis la veille, depuis qu'il l'avait rejetée sans mesurer l'impact de son geste de recul, des mots qui avaient suivi. Elle avait mal, la voleuse, comme elle n'avait jamais eu mal dans sa vie. Elle aurait aimé ne jamais l'entendre en bas de sa fenêtre, ne jamais sortir, et pourtant cette seule pensée la révoltait, lui donnait envie de s'arracher les yeux pour ne serait-ce que l'évoquer. Parce que malgré tout, la perspective de le trouver mort au petit matin, c'était bien pire que de sentir sa poitrine se disloquer à l'intérieur, de sentir son coeur se briser pour de bon. La colère vibrait le long de ses os, alors qu'elle se redressait avec difficulté, les membres endoloris de cette nuit passée crispée, à ne jamais détendre ses muscles. C'était plus facile, de s'énerver. De laisser les plombs sauter bien comme il fallait. C'était plus simple que de le laisser partir sans un mot. Que de le retenir. Elle en avait assez, d'essayer de refermer ses doigts sur lui, pour se retrouver malgré tout ses efforts avec des mains désespérément vides. C'était ce qui la frappait, sous les rayons timides du soleil qui perçaient, creusaient la distance les séparant, dessinait le fossé à même le plancher. Comme si elle allait se désintégrer sur place, en essayant de le traverser. Elle qui ne tenait déjà plus ensemble, qui ne savait plus se mouvoir sans avoir l'air un peu cassée. Assise, les pieds se posant timidement sur le sol, ses mains rabattirent sa tignasse en arrière, avant de relever la tête vers lui. De lui offrir une dernière fois ce visage que la nuit avait achevé de ravager, ses yeux bouffis et son nez qui ne daignait retrouver sa couleur normale, pointe rouge perçant entre la lividité de ses traits. Regarde-moi bien, cette fois, avant de partir. Il n'y avait pas besoin de mots, alors qu'elle tendait vers lui ce faciès que les secondes achevaient de délabrer, de délaver. Toutes ses couleurs s'étaient évaporées dans la nuit, avec la chaleur qu'il avait laissée quelques secondes encore à ses côtés, qui la quittait elle aussi. Elle avait envie de lui dire de filer avant qu'il ne soit trop tard, avant qu'elle ne lui en veuille plus suffisamment pour le laisser partir, avant que son coeur ne se remettre à battre pour lui, trop fort. Que s'il restait encore un peu, elle ne s'en remettrait pas, que chaque seconde rendait les choses plus difficiles encore, et que la chute n'en serait que plus rude, lorsqu'il aurait fermé la porte. Pourtant elle savait dans le fond, que c'était de son départ tout court dont elle ne se remettrait jamais. Cette fichue terreur d'un nouvel abandon qui se concrètisait dangereusement, à l'avoir pris sur le fait.

Avant qu'elle n'ait eu le temps de réfléchir, à se laisser bouillonner en silence sans esquisser un mouvement depuis quelques secondes, son corps prit le pas sur la raison. Et la première chose qui lui passa sous la main - une chaussure - traversa la pièce avec violence, venant percuter le mur, juste à côté de lui, s'y écrasant dans un bruit sourd alors qu'elle bondissait sur ses pieds. « L'jour où t'auras retrouvé tes couilles, fais moi signe. » Moi, j'aurai peut-être retrouvé ma dignité, et j'serai peut-être plus là. Les non-dits toujours, se dessinant le long de ses mâchoires serrées, sans s'exprimer à haute-voix. Et la seconde chaussure venant rejoindre la première, visant toujours à côté, ne tenant pas à l'abimer davantage, laissant le doute planer pourtant. « Dégage. Dégage, Priam, parce que la prochaine fois j'te louperai pas. » Les lèvres tremblantes, se saisissant de la couverture d'un geste menaçant - c'était que n'importe quel objet pouvait devenir dangereux, entre la frénésie de ses mains - Octa le fixait de toutes ses forces, comme si avec un petit effort, elle allait lui faire aussi mal que ce qu'il avait pu lui faire. Comme s'il allait pouvoir se sentir aussi transpercé qu'elle l'avait été par ses mots qui l'avaient déchirée de part en part. Comme s'il allait finir par imploser à son tour, sortir de ses gonds en silence, incapable d'extérioriser la brûlure de ses veines. C'était tout ce qu'elle lui souhaitait. De comprendre. De réaliser l'ampleur des dégâts. Parce que le dire, elle n'y arriverait pas. Pas avec l'étau de sa fierté qui lui comprimait la gorge, filtrant chaque parole, tentant de revigorer cet égo qui n'avait jamais tant été mis à mal. « Dégage. » Une supplication. A court d'oxygène, incapable de gonfler ses poumons, ses bras s'abaissèrent, résignés. Incapable de se battre davantage. Elle jetait les armes à ses pieds. Prête à le laisser l'achever.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: what's left if we're only stealing time + lovelson   what's left if we're only stealing time + lovelson Icon_minitimeJeu 11 Aoû 2016 - 0:17



You look at him like the story of Icarus is a lesson you’re never gonna learn.
Oh, but maybe some things were just meant to burn.


La main crispée sur la poignée de la porte d’entrée, s’accrochant à cette dernière comme si elle était une bouée de sauvetage,  ses yeux perçant des trous d’obus à même le chêne intact de cette dernière, il faisait face à son pire ennemi. Le regard perdu sur cette ombre informe le dévisageant, ses mouvements précautionneux n’empêchèrent pas le bois de craquer alors que les rouages de la serrure claquaient sèchement. Il avait beau ne pas avoir entendu la brune, il savait que cette dernière était réveillée. Il n’avait pas besoin de sentir le poids de ses prunelles déçues pour sentir le tourment s’étant abattu sur leurs épaules. Il n’avait pas besoin d’affronter ses prunelles pour mesurer pleinement la honte qu’il ressentait à cet instant. Lâchant la poignée en un geste de reddition, le Mikaelson laissa son front reposer contre le bois de la porte d’entrée alors qu’Octavia ouvrait la bouche dans son dos. Ils se connaissaient par cœur. Ils se connaissaient trop biens et rien ne changeait jamais. Rien n’avait changé, pourtant tout était tellement différent. Peu importait la question, la réponse était la même. Comme l’inconnue d’une équation que le brun ne pouvait appréhender, Priam savait qu’il n’y avait qu’une seule issue à cette situation. Pourtant il ne pouvait résoudre ce problème. Au final, partir, rester, ça revenait à la même chose. Qu’il cède ou tienne bon la fin était inéluctable. Il était voué à se planter, comme toujours. Voué à n’avoir que du vide entre les doigts, l’illusion mal soignée que la brune puisse l’empêcher de sombrer cette fois. Mais, dans le fond, il partait de peur de la voir disparaître. Lui échappait avant qu’elle ne lui glisse entre les doigts. Dans le fond, il détruisait tout ce qu’il désirait dans l’espoir fou qu’elle ne le détruise pas. Il agissait comme tant d’autres égarés incapable de protéger cette lueur dans leur vie, ces éperdus se brulant volontairement les doigts avant de blâmer la flamme de les avoir consumée. Le Mikaelson était incapable d’avancer sans se briser les os, se rompre la nuque à porter le poids d’une histoire qu’il n’avait pas le cœur de vivre. Il n’avait pas été éduqué comme ça. On ne lui avait jamais appris comment entretenir quelque chose de beau, quelque chose de divin. Il comprenait pourquoi Eve avait amené le fruit défendu au milieu du jardin, amenant une arme dans ce cœur à cœur incertain qu’elle partageait avec Adam. Lui aussi savait ce que ça faisait voir l’obscurité avaler la beauté de l’autre sans arriver à sauver cette étincelle. Il comprenait comment elle avait pu vendre son âme au serpent, à quel point elle avait pu aimer au point de se noyer. Comme elle, il se faisait artisan de son propre malheur car il était incapable de les sauver de lui-même. Tel un prisonnier faisant face au couloir de la mort, l’impression amer de retrouver ces barreaux familiers consumant sa chair, il se retourna pour contempler Octavia encore à moitié allongée par terre. De son côté, la brune crachait ses mots car ils étaient devenus incapable de parler. Se parler. Incapable de se regarder dans le blanc des yeux sans que le sol sous leurs pieds ne menace de les avaler. Elle retournait le couteau dans la plaie, gravant dans sa chair le poids de ses faiblesses qu’il était incapable d’assumer sous la froideur du brasier de son regard. Rien de plus que du silence entre les doigts, pas même un son à arracher à ses cordes vocales ne demandant qu’à se rompre le jour précédant, il était muet face à l’horizon dévasté d’un big bang que rien n’aurait pu prédire. Il voulait lui dire à quel point c’était compliqué de la laisser derrière. A quel point ça le déchirait de faire un pas après l’autre en espérant que ses jambes le tiennent là où son cœur avait cessé de battre. Il voulait qu’elle voie cette souffrance qui arrivait à le briser de l’intérieur, sans un bruit, sans que le monde ne puisse contempler les tréfonds de sa douleur. Il voulait qu’elle le voit véritablement, sous le mascara, sous l’attire de cet océan lessivé dans ses prunelles, parce qu’il ne pouvait pas l’exprimer. Il était incapable de mettre des mots sur cette atrophie du cœur, ce court-circuit l’empêchant de respirer. Il ne pouvait pas lui dire ça. Il ne pouvait pas l’admettre Priam. Il n’avait jamais eu le courage de s’arrêter, lancer un regard en arrière. Il n’avait jamais eu la force d’aller à contrecourant, lutter contre les vagues le ramenant inlassablement vers le rivage au lieu de le pousser vers l’horizon de ses bras à elle. Il n’avait jamais été capable de le faire parce qu’il savait que l’horizon de son faciès ravagé par les embruns le clouerait sur place. Il savait qu’il perdrait toute contenance à égarer ses prunelles dans les tréfonds de l’âme d’Octavia. Il y perdrait le goût de la lutte, perdrait l’urgence l’ayant toujours trainé vers l’avant lorsqu’il ne rêvait que de retomber dans ses bras. Il se croyait bon prince, il pensait que le sacrifice était père de tous les amours. On ne lui avait jamais appris que c’était plus dur de rester, plus dur d’éviter les balles que de se laisser percer par celles-ci. Il n’avait jamais appris à aimer correctement, se faisant violence pour l’autre afin de rester en un seul morceau. Pour lui le verbe aimer ne pouvait être conjugué au présent et, sous toutes ses formes, l’amour rimait avec souffrance car celui-ci ne pouvait être que violence. Il ne connaissait que les coups donnés car les mots manquaient. Il ne connaissait que l’absence car les paroles avaient étés de trop. Il ne connaissait que la fuite parce que rien ne pouvait le retenir. Rien ne devait avoir cette emprise là sur lui, cette force mystique de le clouer sur place, l’empêcher d’aller vers l’avant quand derrière ne restait que les ruines de ce qu’il n’avait pu chérir. « Qu’est-ce que j’attends ? » La question sonnait creux dans les tréfonds de sa gorge. Il pouvait sentir l’interrogation se répercuter en un écho troublé alors que ses yeux observaient le geste vif de la belle et la fureur dans ses prunelles. « Parce que toi t’attends quoi de moi, Octavia ? » Le souffle était insipide, les prunelles sans vie. A force de lutter contre lui-même, Priam avait fini par rendre les armes une seconde trop tôt, devenant incapable de recevoir les coups. Lui il ne savait pas quoi faire. Quoi dire. Il n’avait jamais eu une seule fichue idée quant à la marche à suivre avec la brune. Funambule pendu à un fil, il n’avait eu de cesse de contempler le précipice en contrebas sans se rendre compte que le câble était rongé par l’amertume. Sans se rendre compte que la chute n’était plus à portée des doigts, qu’il ne lui restait qu’à gouter le bitume. Et les mots de la brune qui s’infiltraient dans sa chair, se frayant un passage à même l’envers de ses paupières pour qu’il ne puisse oublier l’amertume de ses propos et la brulure de ses reproches. Entre ses lippes closes ses mots tournaient à l’orage, l’océan de son regard se déversant de ses lèvres en une écume acide. Il crachait ses propos parce qu’il ne savait faire que ça : gueuler. Quand ça partait de travers, quand il en oubliait comment respirer, il ne lui restait que l’orage dans les poumons et les éclairs craquant sur sa langue. La rage le faisait avancer, mais seule Octavia lui donnait envie de vivre et cette dernière ne semblait pas le comprendre. « T’es pas foutue de me retenir et tu penses que c’est à cause de quoi ? Putain, tu crois qu’il se passe quoi dans mon crâne-là ? Sérieusement, tu penses que je vais me barrer où? Est-ce que t’as seulement idée de… » Ce que je pourrais faire pour toi ? Ce que j’ai fait ? Ravalant rageusement les mots qu’il n’arrivait à prononcer, il laissa son poids retomber contre la porte dans son dos, son crâne rencontrant brusquement le bois alors qu’un grognement s’échappait de ses lèvres fendues par ces demi-vérités jetée à la mer dans l’espoir d’arriver à bon port. La rage battait à ses tempes, ses pulsations asynchrones incapables de retenir le flux amer d’une ire qu’il était incapable de réfréner. Les yeux posés sur la brune, la seule chose l’empêchant de déverser les flots de sa colère était la douleur qu’il ressentait à lui faire mal, blessant la seule partie de lui qu’il avait jamais tenté de protéger. Il préférait tomber en morceaux à ses pieds plutôt que de la sentir s’éloigner. Il préférait n’être l’ombre que de lui-même plutôt que de savoir que cette histoire s’achevait entre deux râles d’agonies. Entre deux cris du cœur que rien ne pourrait plus jamais accorder. La brune balança une chaussure dans un geste aussi désorganisé qu’impromptu. Les pieds cimentés au sol, Priam ne tenta même pas d’éviter le projectile qui s’écrasa à quelques centimètres de son visage déchiré par l’incompréhension et la colère. Octavia le poussait dans ses retranchements. Elle appuyait là où ça faisait mal dans l’espoir de voir couler les premières gerbes de sang, de lui arracher ses premiers cris. Par le passé, le Mikaelson se serait contenté d’ignorer ses répliques, ignorer cette colère menaçant de lui faire perdre la tête plutôt que de s’oublier à cette rage sans nation, cette violence sans destinataire. Sauf que les choses avaient changées, le brun aussi. Les poings serrés, le cœur au bord des lèvres, il se mit à rugir sans réfléchir, crachant des balles au lieu de faire taire ses maux.  « Mais vas te faire foutre putain ! » La seconde chaussure vint s’écraser juste à côté de son oreille droite, le claquement sec qu’elle fit en rencontrant le chambranle de la porte arrivant à arracher le brun à ce tumulte l’agitant de l’intérieur. Il était enragé, pareil à un animal blessé que plus rien ne pouvait contenir, que plus rien ne saurait contrôler. Le regard agité, les poings serrés jusqu’à leur paroxysme, il s’imaginait la douleur rongeant la chair de ses mains, s’imaginait ce feu liquide s’échappant de ses doigts lui rappelant le démon qu’il était devenu la nuit précédente. Il ne voulait pas qu’elle le loupe. Il ne voulait pas qu’elle le rate cette fois-ci. Il ne désirait rien de plus que de recevoir une droite en pleine gueule, qu’elle l’attrape à pleine main pour lui faire oublier ce vide au fond de son estomac, cette blessure ne demandant qu’à se rouvrir sous ses mains expertes. Son impuissance était insupportable. Le mutant forcé de s’aider de la pièce de chêne dans son dos pour tenir droit, il détestait cette faiblesse installée insidieusement dans sa chair, détestait voir la voleuse retenir les élans de sa colère car il n’était rien de plus qu’un jouet défectueux. Il sentait ses rouages grincer alors que la fabrique élimée de son être menaçait de se rompre pour de bon. Il avait besoin qu’elle l’attrape à pleine main. Il avait besoin qu’elle le frappe de plein fouet sans retenir ses coups, sans retenir ses larmes. Sans ça il n’était rien. Pas même l’ombre de lui-même. Il préférait qu’Octavia le brise un peu plus plutôt que de la perdre pour de bon. Parce que sinon il allait tomber en miettes. Il pouvait pas se mettre à la conjuguer au passé. C’était une douleur qu’il ne pourrait pas supporter. Un poids que même des Dieux vindicatifs n’oseraient placer sur les épaules du pire des hommes. « Vas-y.  J’t’en prie, casse moi la gueule, t’en meurs d’envie. » Les mots étaient crachés avec amertume alors que le brun ignorait la brûlure le consumant à l’envers. Le feu n’était plus dans ses veines, il était sur la peau et à s’exhorter comme un possédé il en oubliait tout contrôle. « T’attends quoi bordel ? Envoie, j’attends que ça. » Le regard rongé par le tumulte qu’il était incapable de retenir, c’était la première fois qu’il était incapable de se contrôler devant Octavia. La première fois que la brune n’était pas son port d’attache, mais bien l’orage qu’il devait repousser en espérant que le feu dansant au bout de ses poings n’arriverait pas à le transformer pour de bon. En espérant qu’il n’était pas véritablement le fils de l’Achéron et que le fleuve coulant dans ses veines n’était pas qu’ébène et souffrance.  « Fais le putain. Fais le ! » Cracha-t-il en usant ses dernières ressources. Déjà les braises s’éteignaient dans ses yeux, se dissipaient à ses poings alors que sa voix craquait sèchement sur cette dernière supplique lancée à la force du désespoir. Ses prunelles ciselant la belle à même les glaciers placés là, il contemplait l’épave qu’il avait aimé, qu’il aimait, qu’il n’arriverait jamais à oublier. Les mots peinaient à sortir de sa bouche, le brun serrant les dents comme dans l’attente d’un coup qui ne voulait pas partir. « Tu veux quoi Octavia ? Tu veux quoi, bordel…Parce que j’essaye de savoir, mais je sais pas. Je sais vraiment pas. » Il laissa son crâne se reposer lourdement contre la porte alors que ses yeux se fermaient d’eux-mêmes sous la lassitude. Priam ne savait pas comment se battre contre Octavia, il n’avait jamais su. C’était pourquoi ses mots ressemblaient à des murmures, ses traits défaits rappelaient ceux d’un vaincu. Il ne pouvait pas gagner cette guerre. Il était perdu dès l’instant où elle commençait à s’effondrer et la brune n’était que ruines. Dévoilant ses prunelles trop pleines à la belle suite à sa supplique. Il la contempla un instant rien que du silence aux lèvres et rien de plus que l’amertume au bout de ses doigts. Sans un mot, sans un bruit, il récupéra ce vide qu’elle avait laissé au fond de son thorax et pris la porte sans savoir ce qui venait de se briser lorsque la porte d’entrée se ferma dans son dos. Son cœur ou leur avenir ? 


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