Assise sur le rebord de sa baignoire, Theo finissait de se préparer pour la soirée. Elle avait choisi sa tenue avec le même soin que d’ordinaire, s’était lavée, maquillée, coiffée, et elle réfléchissait à quelle paire de chaussures enfiler pour aller avec sa robe. C’était son côté un peu vain qui ressortait lorsqu’elle s’habillait pour sortir, ce côté superficiel qu’elle entretenait pourtant avec attention. Après tout, on obtenait rarement ce qu’on voulait à la force des mots si le physique ne suivait pas. En tout cas, c’était ainsi que les choses allaient dans les milieux où elle évoluait en général ; elle qui avait toujours côtoyé des hommes et des femmes soucieux de leurs apparences et prompts à juger celles de leurs pairs, elle avait rapidement appris qu’il fallait savoir afficher une façade aussi soignée que possible s’il l’on cherchait à se mettre ces braves gens dans la poche ; et puisque ses anciens clients faisaient tous partie de ces hautes sphères de la société qui ne juraient que par l’allure de leurs membres plutôt que sur leur véritable valeur, elle s’était pliée au jeu sans trop d’efforts. Après tout, elle restait humaine, et l’idée de pouvoir montrer qu’elle n’était pas à la portée de tout le monde avait un petit côté grisant dont elle ne s’était jamais lassée. Et puis, avec un meilleur ami comme Eddie, elle était bien mal partie pour se débarrasser de cette habitude. Se levant de son siège de céramique, elle se dirigea vers son dressing pour choisir ce qu’elle allait se mettre aux pieds lorsque son téléphone se mit à vibrer. Elle sourit un peu, prête à parier que c’était son rendez-vous de ce soir qui tentait encore une fois de se désister. Attrapant son portable au vol, elle lut rapidement le sms qui s’y était affiché et sourit de plus belle en constatant qu’elle avait raison. Prenant le temps de s’arrêter pour répondre, elle envoya un petit mot à Orin en lui précisant qu’elle était déjà en route vers le lieu de rendez-vous qu’elle lui avait donné et qu’elle aurait été bien malheureuse de se retrouver seule dans ce bar très chic où elle l’avait invité … plus ou moins de force, à dire vrai ; hors de question qu’ils passent la nuit dans un troquet classique. Elle voulait passer une soirée tranquille et parler à l’Irlandais sans prendre le risque qu’on vienne les interrompre toutes les cinq minutes. Elle le savait suffisamment fortuné pour se permettre cette sortie ; quant à elle, son compte en banque était absolument scandaleux, et puisqu’elle avait encore accès à la fortune que James avait laissé derrière lui, elle savait qu’elle serait probablement à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours, et peut-être même pour les deux ou trois vies qui suivraient. Reposant son portable, elle entra dans la pièce aménagée où son colocataire et elle rangeaient soigneusement la quantité affolante de vêtements et d’accessoires qu’ils possédaient, et jeta son dévolu sur une paire d’escarpins tout simples mais qui iraient parfaitement avec sa jolie robe d’un bleu sombre. Le temps qu’elle arrive sur les lieux, Orin serait probablement déjà là. Tant mieux : ce serait plus facile de le convaincre de rester. Elle ne comptait par arriver avec énormément de retard non plus – hors de question qu’il pense qu’elle lui avait posé un lapin. Mais disons que cinq ou dix petites minutes suffiraient amplement à le faire aller s’asseoir dans un coin en attendant que madame Atkins daigne se montrer. Elle se promit de lui offrir les deux premiers verres qu’il consommerait pour se rattraper. Finalement, ayant récupéré tout ce qu’il lui fallait, elle attrapa ses clés, déposa un baiser sur la joue d’Eddie lorsqu’il passa lui souhaiter une bonne soirée, et sortit dans l’air tiède de cette nuit d’été.
Sa veste laissée au vestiaire, l’ancienne escort se faufila parmi les fêtards – enfin, s’il l’on pouvait réellement appeler ça des fêtards. Ca n’avait rien de l’animation qu’il pouvait y avoir dans un bar plus normal, et si l’ambiance n’était pas morose pour autant, elle était en tout cas bien plus posée et calme – exactement ce que la jeune femme recherchait. Elle n’était pas spécialement du genre à se jeter à corps perdu sur une piste de dance, pas plus qu’elle n’appréciait le bruit à outrance et la proximité gênante d’inconnus qu’elle aurait, de toute façon, envoyé promener sans aucun remords. Elle n’aimait pas qu’on l’accoste si elle ne se mettait pas dans une position qui y invitait ; et si elle appréciait faire le premier pas en direction de quelqu’un, c’était aussi pour lui permettre de jauger la personne en question et de se faire une première idée de la marche à suivre pour en obtenir ce qu’elle voulait. C’était une autre de ses facettes, bien plus manipulatrice celle-là, qui l’avait affublée de réflexes qui auraient probablement déplu à beaucoup de gens s’ils avaient pu savoir ce qui se tramait dans la tête de l’Anglaise. Mais ce soir, pas question de manipuler qui que ce soit – du moins, pas trop. Ses yeux bleus scrutèrent la petite foule, passant d’une table à l’autre avant de se diriger vers l’extrémité du bar. Un fin sourire étira ses lèvres lorsqu’elle repéra enfin la personne qu’elle cherchait. Ses talons claquèrent contre le sol alors qu’elle s’approchait d’Orin ; arrivant dans son dos, elle y passa doucement la main pour attirer son attention et déposa un baiser sur sa joue lorsqu’il se tourna vers elle.
- Eh bien, tu es arrivé avant moi, finalement.
Elle lui sourit et s’assit à côté de lui. Même si lui et Eddie ne partageaient plus grand’ chose désormais, elle s’était attaché à l’ancien mutant et prenait toujours plaisir à le voir ou à l’inviter. Et puis, il avait bien besoin qu’on lui change les idées ces derniers temps. Si elle le taquinait bien volontiers, elle savait aussi être là lorsqu’il en avait besoin ; après tout, il faisait partie des rares amis qu’elle possédait, et elle se voyait mal le perdre parce qu’elle n’aurait pas répondu présent dans les moments où il avait besoin de quelqu’un.
- Comment vas-tu ?
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Sujet: Re: Take this to heart [ft. Orin] Sam 2 Avr 2016 - 19:27
take this to heart
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orin ✧ theodora
Comme à chaque fois qu’Orin recevait un sms de Theodora lui intimant qu’ils sortiraient ce soir, il avait été sceptique. Depuis le temps qu’il connaissait la jeune femme, il avait suffisamment appris à la connaître pour savoir qu’elle était à la fois très perspicace et légèrement sadique sur les bords. C’était sûrement pour cela qu’elle s’évertuait à le trainer dans les bars et boites de la ville alors qu’elle savait très bien qu’il n’était pas de ce monde-là. Quoiqu’au moins, ce soir, elle avait choisi le meilleur du lot. Radciff avait très peu de bars chics, d’ailleurs c’était sans doute le seul qui méritait ce titre. De ce fait, il était connu de la majorité des gens de leur milieu – enfin, de son milieu, la brune prenant un malin plaisir à lui rappeler qu’elle n’était qu’une escort girl qui s’invitait dans cet univers à la demande de ses clients. C’était d’ailleurs là le plus grand risque de sortir avec elle dans un lieu où ils seraient aussi facilement reconnaissables : il suffirait qu’une seule mauvaise langue les remarque, et soudain Orin serait accusé de vouloir cacher son homosexualité en payant une certaine jeune femme pour s’afficher à son bras. Déjà qu’il avait eu assez de mal à imposer sa sexualité, il n’était pas très enjoué à l’idée de se retrouver l’objet de tels commérages. Cela dit, il n’allait pas arrêter de côtoyer une personne qui lui était aussi chère simplement parce leur entourage avait l’esprit mal tourné. Alors il lui avait répondu de façon à exprimer son manque d’enthousiasme en même temps que son accord, parfaitement conscient que s’il tentait de se trouver un prétexte il se retrouverait avec Theo au pied de son lit à onze heures du soir, prête à le tirer dehors en pyjama s’il le fallait. Il ne finirait jamais de regretter de lui avoir donné les codes de sécurité de son chez-soi.
Au même moment où Theodora finissait de se décider sur une paire de chaussures, Orin enfilait ses chaussures de cuir italien, faites spécialement pour lui, et jetait un dernier coup d’œil dans le miroir de son hall d’entrée. Une des raisons pour lesquelles il appréciait réellement Theodora – même s’il n’en était pas très fier – c’était qu’avec elle, il n’avait pas à s’inquiéter de ce qu’on pouvait penser de ses dépenses. La jeune femme avait suffisamment d’argent dans son compte en banque pour pouvoir s’offrir tout ce qu’elle voulait, et ne venait donc pas l’embêter lui sur son propre budget. C’était bas, et il en avait honte, mais Orin n’aimait pas qu’on lui critique ses plaisirs, vestimentaires ou autres. Il avait dévouées les vingt premières années de sa vie à aider ses prochains, riches comme pauvres, et continuait aujourd’hui encore à alimenter les revenus d’un bon nombre d’associations caritatives, qu’elles soient fondées par sa famille ou non. Il ne pensait pas que cela lui donnait le ‘droit’ d’être ridiculement riche, mais il n’appréciait pas non plus qu’on ignore toutes ses tentatives de bien faire simplement parce qu’il aimait les costumes de luxe. Ce genre de censure, il l’accepterait de la part de son prêtre ou de sa famille, mais personne d’autre. Et puis, de façon assez vaine, bien s’habiller était l’une des rares choses qui lui donnait un tant soit peu confiance en lui – surtout maintenant qu’il ne s’inquiétait plus de paraître ‘trop gay’ ou pas assez viril, un commentaire que son ex-femme lui faisait très souvent, même en plaisantant. Ce soir, sans doute sa veste serait ‘trop’ cintrée, le col de sa chemise ‘trop’ révélateur, et son apparence générale ‘trop’ efféminée, mais pour la première fois depuis longtemps, il s’en fichait royalement. Réglant les boutons de manchette qui dépassaient de son costume en lin couleur ardoise, Orin attrapa les clés de chez lui et s’engouffra rapidement dans le taxi qui l’attendait.
Lorsqu’il arriva au bar, Theo n’était pas encore là. Orin se mordit la lèvre avant de se diriger vers un tabouret libre, soudain mal à l’aise : il détestait se retrouver dans ce genre de lieux seul, ne sachant jamais comment il était censé se comporter. Vu sa très basse tolérance pour l’alcool, il n’avait pas intérêt à commencer à boire seul, et il n’était pas très à l’aise à l’idée de faire la conversation avec le barman où les autres occupants des lieux. Heureusement, dans les bars chics, les gens trouvaient cela mal élevé d’entamer la conversation sans raison, et il put se terrer dans un coin avec une limonade pendant cinq ou six minutes. Une main dans son dos le fit bientôt sursauter, mais le parfum familier qui l’enroba lorsqu’on se pencha pour l’embrasser sur la joue lui confirma qu’il s’agissait bien de Theo. « Eh bien, tu es arrivé avant moi, finalement. » dit-elle, se glissant à ses côtés. « J’ai pris moins de temps à choisir ma robe. » répondit-il avec un sourire, vérifiant tout de même que la jeune femme ne lui avait pas intentionnellement laissée une trace de rouge à lèvres sur le visage. C’était tout à fait son genre, et il préférait éviter les petits regards pleins de sous-entendus d’inconnus lorsqu’il irait aux toilettes. « Comment vas-tu ? » demanda-t-elle, mais l’irlandais lui répondit totalement à côté. « Viens, je nous ai réservée une table au fond. » dit-il, se levant et lui offrant galamment son bras. Il les guida jusqu’à la table ‘VIP’ – il était à peu près sûr qu’il n’existait pas de réels VIPs à Radcliff, mais c’était beau de rêver – et l’installa sur la banquette avec un manège pompeux qui les fit rire.
Une fois Theodora assise confortablement il se glissa à ses côtés et attrapa le menu des cocktails, cherchant à y deviner la boisson qui le rendrait pompette le moins rapidement. « Ça aurait été beaucoup mieux si tu avais choisi de nous laisser regarder un film tranquillement chez moi. » se plaint-il sans grande conviction. Son amie savait aussi bien que lui qu’il rechignait souvent pour la forme, et que sans elle il risquerait de ne jamais mettre les pieds en dehors de chez lui. « Et toi ? Je suis sûr que tu ne m’as trainé ici que pour me raconter tes dernières aventures… palpitantes. » Un mot plus approprié aurait été ‘salace’, mais il ne comptait pas non plus se mettre à l’encourager.
Dans le genre reclus, il y avait bien plus représentatif que Theo. A dire vrai, elle était même du genre à sortir très souvent, et si elle appréciait tout autant une soirée calme chez elle, en compagnie ou non de son colocataire et meilleur ami, elle n’appréciait pas rester perpétuellement enfermée entre quatre murs. Hors, depuis qu’elle était arrivée à Radcliff, cette impression la saisissait régulièrement. A croire qu’elle avait l’impression d’étouffer dans cette ville minuscule, elle qui avait connu la grandeur de Londres et du grand appartement qu’elle avait pu se payer ; elle qui n’aimait pourtant pas être loin de l’action, elle s’était définitivement exilée dans la ville la plus perdue à laquelle elle avait pu penser. Mais son ancien compagnon y avait un pied-à-terre et elle savait qu’on ne viendrait pas l’y chercher. Elle n’avait pas réfléchi plus avant, préférant lever le pied et ralentir son rythme de vie après la mort de James plutôt que de risquer le suivre un peu trop tôt dans la tombe. Quant à ses hallucinations et sa dépression galopante, elle mettait ça sur le compte du choc et du deuil, ne voulant pas y penser davantage que nécessaire – c’est-à-dire jamais. Le problème, c’était qu’elle n’avait plus de travail, ou en tout cas n’était pas particulièrement motivée à reprendre ses activités d’antan, et à rester seule chez elle, elle se mettait à penser, trop, beaucoup trop à son goût. Alors elle sortait, surtout lorsqu’Eddie n’était pas là, préférant se concentrer sur le bruit d’une fête, aussi pompeuse et ennuyeuse soit-elle, plutôt que sur les échos de ses propres pensées. Ce soir, c’était en partie parce qu’elle n’avait pas mis le nez dehors pour autre chose que des futilités depuis quelques jours qu’elle s’était décidée à aller faire un tour en ville. Et puisque son meilleur ami avait eu une journée suffisamment longue pour être à moitié en train de s’écrouler de sommeil, elle avait appelé Orin, avec qui elle s’entendait toujours aussi bien malgré les petites taquineries qu’elle pouvait lui faire de temps à autres. De plus, elle n’avait pas eu de nouvelles de lui depuis un petit moment – pas de vraies nouvelles en tout cas. La jeune femme savait pourtant qu’il avait eu une histoire un peu malheureuse avec un autre homme et elle savait à quel point rester enfermé chez lui ne l’aiderait pas plus que ça ne l’aidait elle. Et puis, quitte à ne pas être de bonne humeur, autant l’être à deux et se distraire autant que possible. Aussi, elle n’avait pas hésité bien longtemps avant d’envoyer un message à Orin pour l’inviter avec insistance, lui donnant rendez-vous dans un coin de la ville suffisamment animé pour qu’ils n’aient pas l’impression de perdre leur temps, et en même temps suffisamment tranquille pour qu’ils s’entendent parler sans avoir à hausser le ton.
Si d’ordinaire elle était d’une ponctualité tout à fait appréciable, ce soir, elle avait volontairement pris quelques minutes de retard. Pas trop, juste assez pour être certaine que son ami soit arrivé avant elle et soit déjà entré dans le bâtiment. Elle le connaissait : s’ils étaient restés dehors, il aurait cherché tous les arguments possibles pour faire demi-tour. Quoique … il avait eu l’air de céder, en fin de compte. Peut-être bien que lui aussi avait réellement besoin de se changer les idées. Le retrouvant enfin au bar, elle lui sourit et l’embrassa doucement sur la joue, ne lui laissant pas de marque de rouge à lèvres malgré l’envie de le faire. Elle fit une petite remarque sur son propre retard, et la réponse de l’Irlandais le fit sourire.
- J’ai pris moins de temps à choisir ma robe.
L’ancienne escort le détailla, le trouvant très élégant dans son beau costume sombre, avec ses boutons de manchette assortis. Orin avait beaucoup de classe et un goût certain pour les belles choses, et depuis quelques temps, il lui semblait qu’il assumait de plus en plus ces préférences.
- Je suis certaine que tu aurais été encore plus beau dans une jolie robe noire.
La question sur son état d’esprit, elle, demeura sans réponse, et la jeune femme suivit son ami en haussant légèrement un sourcil l’espace d’un instant. S’il comptait s’en tirer comme ça, il se trompait lourdement. Elle slaloma avec lui entre les tables et les serveurs avant de s’installer à l’endroit qu’il avait réservé pour eux et s’assit en répondant avec plaisir aux manières exagérées qu’il déploya pour l’inviter à prendre place.
- Ça aurait été beaucoup mieux si tu avais choisi de nous laisser regarder un film tranquillement chez moi. - Penses-tu, nous aurions mis deux heures à nous décider sur le film et sur la boisson pour en accompagner le visionnage.
Certaines soirées chez l’un ou chez l’autre avaient mis très longtemps à démarrer parce qu’ils avaient été incapables de se mettre rapidement d’accord. Theo faisait quelques concessions de temps à autres malgré tout, ne voulant pas non plus donner l’impression à Orin qu’il n’avait jamais son mot à dire. Seulement, ils n’avaient pas toujours les mêmes goûts, et les compromis pouvaient prendre un peu de temps à se trouver.
- Et toi ? Je suis sûr que tu ne m’as trainé ici que pour me raconter tes dernières aventures… palpitantes.
Elle sourit et pencha légèrement la tête sur le côté, ses longs cheveux sombres cascadant sur son épaule. Elle doutait en effet que l’Irlandais ait très envie d’entendre sa routine, d’apprendre la marque de son dernier tailleur ou bien ses dernières aventures avec le si séduisant psychiatre qu’elle fréquentait depuis quelques temps – elle aurait probablement réussi à le traumatiser en trois phrases, deux si elle y mettait la ponctuation nécessaire.
- Je sais que tu meurs d’envie de les connaître, mais non. Ce soir, mon cher, on parle de toi.
Elle se cala un peu mieux dans la banquette et vrilla son regard perçant dans le sien. Elle se doutait bien qu’il n’avait pas forcément envie de parler, mais elle savait aussi que ça ne faisait jamais de mal. Ironique quand on savait qu’elle était la première à refuser de décrocher le moindre mot lorsqu’on l’interrogeait sur son état d’esprit.
- Tu ne m’as pas répondu tout à l’heure : comment vas-tu ?
Spoiler:
J'suis tellement désolée, j'espère que t'auras assez pour répondre
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Sujet: Re: Take this to heart [ft. Orin] Lun 30 Mai 2016 - 20:46
take this to heart
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orin ✧ theodora
« Je suis certaine que tu aurais été encore plus beau dans une jolie robe noire. » Orin vira légèrement au rouge à l’idée de s’habiller d’une robe comme celles que portait Theo – ou d’une robe tout court. Il commençait tout juste à assumer des choix vestimentaires un peu plus… révélateur quant à sa sexualité, alors mieux fallait ne pas lui parler de travestissements ou de rejet des normes de genres en général. Un jour, peut-être le retrouverait-on en corset à chanter ‘Sweet Tranvestite’ sans la moindre gêne, mais ce jour était encore loin. Il resta donc muet sur le sujet, préférant à la place l’emmener jusqu’à la table réservée pour eux. Pour la forme, il pesta un peu contre le choix de sortie de la jeune femme, sachant pertinemment qu’elle ne s’excuserait pas. Elle se doutait sûrement que, si elle n’avait pas imposée cette soirée dans un bar, Orin n’aurait pas mis les pieds plus loin que l’église ou l’hôpital de la semaine. D’une certaine façon, il lui en était presque reconnaissant de l’empêcher de tomber dans une routine trop bien établie, qui réduirait son cercle de connaissances à un nombre limité, au point qu’il finirait sans doute par suffoquer. Non pas qu’il irait lui admettre, car elle était bien assez fière d’elle comme cela. Il n’y avait qu’à voir son petit sourire insolent et adorable à la fois, qu’il ne pouvait s’empêcher de lui rendre.
« Penses-tu, nous aurions mis deux heures à nous décider sur le film et sur la boisson pour en accompagner le visionnage. » lui rétorqua-t-elle, lui tirant un léger rire. « Dépendant de combien de temps je prendrai pour te laisser gagner… » souffla-t-il sans la moindre rancune. Malgré sa réputation de bonne pâte timide et faible, Orin savait très bien résister quand il le voulait. Seulement, à moins qu’il ne s’agisse d’un acte qu’il jugeait moralement répréhensible, il ne voyait pas l’intérêt de se brouiller avec quelqu’un pour choisir un DVD ou une pizza. Que Theodora sache ce qu’elle veuille et n’hésite pas à le dire l’arrangeait d’ailleurs plutôt bien ; c’était toujours moins difficile que de se retrouver avec quelqu’un d’indifférent, ou une personne aussi polie que lui avec qui il jouerait à ‘non j’insiste, choisis’ pendant deux heures ou plus. Ils n’étaient pas meilleurs amis pour rien, et si le duo pouvait paraître improbable – une ancienne escort girl et un enfant de chœur fraichement divorcé, c’était plutôt cocasse – la vérité était qu’ils se complétaient. Lui supportait le fort caractère de la brune sans trop rechigner, tandis qu’elle le poussait à sortir de sa coquille et affronter le monde, qu’il le veuille ou non. Il fallait dire qu’elle avait l’air de trouver les histoires les plus salaces à lui raconter, sûrement pour le plaisir de le voir rougir et balbutier, pris entre le désir de ne pas juger son prochain et son inexpérience complète du monde qui ne se rencontrait pas dans une parable religieuse. Sauf qu’il ne vivait plus dans un monde hermétique, faisant l’autruche pour ne pas admettre combien certaines tentations lui semblaient douces, surtout lorsqu’elles prenaient une forme masculine… Ce fut sans doute pour cela qu’il tenta d’orienter la conversation vers les dernières aventures de la jeune femme, en vain. « Je sais que tu meurs d’envie de les connaître, mais non. Ce soir, mon cher, on parle de toi. » « Oh, mais dis-moi, tu as vu l’heure ? » s’exclama Orin, faisant mine de vouloir s’enfuir. Il ne put s’empêcher de rire devant la mine faussement sévère de son amie et se rassit tranquillement à ses côtés, conscient que, de toute façon, il n’y échapperait pas. Ce que Theo voulait, généralement, elle l’avait. Et ce soir, lui-même avait bien envie de lui parler des évènements de ces derniers jours, et ce même si cela signifiait devoir l’écouter vociférer contre tous ceux qui osaient faire du mal à ‘son Riri’.
« Tu ne m’as pas répondu tout à l’heure : comment vas-tu ? » Le vacciné soupira, s’affaissant un peu contre la banquette. « Je survis, » répondit-il. « Ma rééducation est presque terminée, d’ici trois jours je pourrais probablement marcher sans canne – même si je serais toujours plus lent que ton arrière-grand-père, » rajouta-t-il avec un sourire, se souvenant du nombre de fois où elle l’avait accusé de trainer les pieds au point de ressembler à son aïeul. Le sourire s’effaça cependant bien vite de son visage, qui prit une expression un peu plus perplexe. « Et puis, j’ai recroisé Jekyll. Ce fut… intéressant. » Douloureux, merveilleux, insupportable et frustrant à la fois ; sans parler d’une myriade d’autres adjectifs qui ne réussiraient jamais à décrire ce que la réapparition du brun dans sa vie avait eu comme effet sur lui. Theo avait passé suffisamment de temps à le ramasser à la petite cuillère après sa dernière interaction avec l’homme pour se douter de l’intensité de ses émotions. Ce qu’il n’arriverait sans doute pas à lui expliquer, c’était qu’il avait été heureux d’échanger ces quelques mots avec le psychologue, heureux comme un idiot alors que leur dialogue n’avait pas foncièrement été amical, sans parler d’affectueux. D’un autre côté, il était à peu près sûr que si un ancien amant parlait à Theo de la sorte, il se retrouverait dans le fond du coffre de sa voiture, et l’on n’en entendrait plus jamais parler.
Orin faisait partie de ces rares personnes avec lesquelles Theo avait réussi à nouer une amitié durable. En plus de son caractère qu’elle savait difficile, elle était aussi quelqu’un de très méfiant et elle ne laissait personne l’approcher de trop près si elle jugeait que sa sécurité et son confort pourraient en être menacés. C’était d’autant plus flagrant depuis qu’elle avait quitté l’Angleterre en laissant tout derrière elle, sans un regard sur ce qu’elle abandonnait – de toute façon, il ne lui restait plus grand’ chose après la mort de James. Qu’elle ait retrouvé Eddie par hasard était un formidable coup du sort, qu’elle ait rencontré Moira était une agréable surprise, et Orin en avait été une également. Elle ne l’avait pas fréquenté longtemps, mais ils s’étaient découvert nombre d’atomes crochus et elle n’avait eu aucune envie de le chasser. Au contraire : il était une petite bulle d’oxygène bienvenue dans son existence. Elle appréciait de sortir avec lui, de quitter son chez-elle pour autre chose que d’arpenter les soirées seule pour toujours glaner plus d’informations, plus de détails, plus de divertissements en attendant que le temps passe. Ces derniers temps, elle lui avait bien volontiers prêté son épaule pour pleurer sa peine de cœur et lui expliquer – avec plus ou moins de cohérence – ce qu’il en était de son histoire avec Jekyll. Elle n’était pas tout à fait sûre d’avoir compris comment il s’était retrouvé embarqué dans cette affaire, mais en tout cas, ça avait laissé de jolies marques qui auraient du mal à cicatriser. Tout ce qu’elle pouvait faire, c’était tenter de lui changer les idées et de l’aider à passer à autre chose avant que ce qu’il ressentait pour son ancien amant ne se change en obsession ou en dépression. Et quelques heures avec un ou deux – ou plusieurs – cocktails à discuter d’autre chose arriveraient peut-être à le lui sortir de la tête.
- Je survis. Ma rééducation est presque terminée, d’ici trois jours je pourrais probablement marcher sans canne – même si je serais toujours plus lent que ton arrière-grand-père.
L’ancienne escort girl sourit et pencha légèrement la tête sur le côté. Elle ne se souvenait pas avoir connu Orin sans sa canne, et elle était ravie de savoir qu’il allait pouvoir s’en débarrasser. Elle ne doutait pas qu’il serait plus qu’heureux de la mettre au placard une bonne fois pour toutes.
- Penses-tu, je suis sûre que tu arriverais à le battre à la course – quoique sans ta canne, tu ne pourrais plus lui mettre de coups dans les jambes pour le ralentir.
Elle imaginait parfaitement la confrontation entre un vieillard imaginaire et un Orin boitillant pour gagner une compétition à qui irait le moins lentement.
- Et puis, j’ai recroisé Jekyll. Ce fut… intéressant.
L’Anglaise plissa les yeux et soupira doucement. Ca, c’était une chose qu’elle avait redouté. Elle ne savait absolument pas ce qui avait pu se passer entre les deux, ni ce que Jekyll pouvait bien penser d’Orin, mais elle doutait que tout se soit bien déroulé. A dire vrai, elle avait même un peu peur que ça n’ait fait que raviver de mauvaises choses qui avaient tout juste commencé à se tasser. Il n’y avait rien de pire que de jeter du sel sur une plaie ouverte, et elle ne considérait pas cette rencontre fortuite comme quoi que ce soit d’autre. A voir si l’Irlandais confirmait ses doutes ou bien si leur discussion s’était mieux passée qu’elle ne le croyait.
- Eh bien … quel timing impeccable.
Comme en écho à ses paroles, le serveur arriva à ce moment-là pour leur demander ce qu’ils voulaient boire. Theo donna le nom du cocktail sur lequel elle avait jeté son dévolu, laissa Orin commander, puis attendit que l’homme soit suffisamment loin pour se tourner vers son ami.
- Qu’est-ce que vous avez bien pu vous dire ? A voir ta tête, ça n’avait pas l’air particulièrement agréable.
Spoiler:
C'est très court, très en retard et très pourri, je suis désolée