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 (jeane) ›› you sneak back up.

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Daisy Moriarty
Daisy Moriarty

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 1344
SUR TH DEPUIS : 16/03/2015
MessageSujet: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeLun 29 Juin 2015 - 19:59

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

Un soupire passa le seuil des lèvres d’Eremon alors qu’il jetait un coup d’œil à sa montre. Le couvre feu était passé, il avait plutôt intérêt à se dépêcher de rentrer chez lui, sinon il allait avoir des problèmes et pour l’heure, il s’en passerait bien. Il avait déjà largement assez de problèmes au quotidien pour ne pas venir s’en rajouter en trainant dans les rues de Radcliff après le couvre feu. C’était d’ailleurs une idée particulièrement absurde que d’instauré un couvre feu d’après lui. Tout à Radcliff semblait complètement absurde. Il aurait dû écouter Loeven et quitter cette ville avant qu’il ne soit trop tard, pour lui comme pour Talisa. Tout était plus simple pour elle avant qu’elle ne croise sa route, si elle avait continué à détester les mutants comme elle l’avait toujours fait, si elle était restée derrière son père au lieu de le fuir, sans doute qu’elle serait encore en vie. Talisa était la raison qui l’avait poussé à rester en ville et il était celle qui l’avait poussée à la mort. Il y avait déjà trop de morts dans son histoire si bien qu’il lui arrivait parfois de se demander pourquoi lui, il était encore en vie. Ce n’était pas faute d’être resté plusieurs mois entre les griffes des hunters. Ils s’étaient servis de lui et d’autres mutants comme cobayes pour mettre au point un vaccin contre la mutation. Ils avaient fait des tests sur eux, ils les avaient torturé, mais dans leur infinie bonté, ils avaient décidé de ne pas les tuer. Quelle chance, on l’avait même laissé partir pour qu’il puisse refaire sa vie en tant qu’humain. Il ne savait même pas comment s’y prendre pour la refaire sa vie. Il avait tout perdu, si bien qu’il n’avait même pas trouver d’intérêt dans le fait de quitter Radcliff malgré toute la merde qui avait pu lui tomber dessus dans cette maudite ville. Où est-ce qu’il pourrait aller de toute façon ? Il n’y avait plus rien qui ne l’attendait nulle part. Il était resté et maintenant tout ce qu’il pouvait constater c’était que c’était de pire en pire dans cette ville. Au final, il aurait certainement été mieux n’importe où ailleurs, mais c’était de toute façon trop tard pour partir, il semblait que le maire ne voulait pas laisser quoi que ce soit quitter cette maudite ville avant d’avoir trouvé qui avait fait exploser sa précieuse mairie. Si seulement il avait pu mourir dans les flammes celui là. Il méritait la mort bien plus que sa fille et pourtant c’était Talisa qui avait fini par payer pour toutes les conneries que son père avait pu faire. C’était toujours les personnes les plus innocentes qui devaient payer le prix des erreurs des autres. Ça avait été la même chose pour Lyanna, elle était morte alors qu’elle n’avait jamais fait de mal à une mouche, tuée par les hunters alors qu’elle était probablement l’une des personnes les moins dangereuses au monde. Elle n’avait rien demandé à personne et on l’avait tuée. C’était lui qui avait mené les hunters jusqu’à elle, en pensant que jamais sa fiancée ne pourrait faire partie de ceux voulant les transmutants morts. Il s’était trompé et Lyanna était morte à cause de lui. Talisa également. Il fallait croire que les personnes qui l’approchaient de trop près finissaient toutes par se faire assassinées. Raison de plus pour garder des distances auprès des autres. Astoria était indéniablement mieux loin de lui, même si elle n’avait pas l’air de partager cet avis. C’était pareil pour Abbie, elle avait beau mal le prendre, il trouvait que c’était mieux comme ça. Au moins, tant qu’il restait seul dans son coin, il ne risquait pas de péter un câble et de ne plus maitriser cette rage qu’il sentait constamment en lui et puis, puisque tous ces proches finissaient par mourir, c’était vraiment mieux pour tout me monde.

« Tu ne devrais pas être là. » La voix le sorti de ses pensées, il releva la tête en direction de l’homme qui venait de lui adresser la parole. Il avait raison, à cause de ce stupide couvre feu, il n’était pas censé être dans la rue à une heure pareille. Depuis l’explosion de la mairie, on était encore plus vigilant à Radcliff alors, sans doute qu’on avait dû renforcer la sécurité dans les rues de la ville, surtout passé le couvre feu, il faudrait éviter que cette nana aille poser une autre bombe Dieu seul savait où dans la ville. Du point de vu d’Eremon, elle avait raison de faire ce qu’elle faisait. C’était son groupe qui avait également revendiqué la prise du laboratoire Holgersen qui avait permis de libéré des transmutants servant de cobayes, tout comme lui à une époque. Sans doute qu’il aurait pu avoir envie de se battre à ses côtés, puisqu’il comprenait la cause qu’elle défendait. Mais, il était bien trop résigné pour se battre et sans ses pouvoirs, il n’était qu’un type normal, quoi que plus instable que la plupart des type normaux. Il en fallait peu pour l’énerver et lui qui pourtant n’avait jamais été particulièrement colérique et agressif, il avait tendance à rapidement craquer. Si bien qu’au moment où l’homme en face de lui le poussa comme pour le faire réagir, c’en était déjà plus qu’il ne pouvait en supporter, surtout après une longue journée de boulot. « Je t’ai posé une question ! » Il avait entendu et il n’avait pas envie de répondre, pourtant, la réponse était simple, il avait terminé le boulot tard, il était sur le chemin pour rentrer chez lui, point final. Mais la seule chose qu’il fut capable de répondre, ce fut un poing en pleine figure de ce type. Une erreur sans doute, puisque le type était bien plus entrainé que lui, un hunter sans doute, c’était surtout des hunters qui trainaient dans les rues de la ville après le couvre feu, puisque c’était les mutants qu’n cherchait à arrêter. L’homme répliqua et s’en suivit un duel dans lequel Eremon n’avait clairement pas le dessus. Malgré la rage et la folie qui sommeillait en lui, il n’avait absolument aucune notion en combat, contrairement à ce type. Il ne s’était jamais particulièrement entrainé et même plus jeune, il n’avait pas été le genre de gamin qu’on retrouvait souvent mêlé à des bagarres. Il n’était même pas sportif, clairement plus du genre à préférer rester devant la télé à jouer aux jeux vidéo, c’était clairement moins fatiguant. Il pouvait bien le regretter à présent, puisqu’il se fit littéralement casser la gueule au beau milieu d’une ruelle de la ville. Il ne tarda pas à se retrouver à terre, le nez et les lèvres en sang, des douleurs un peu partout, persuadé qu’il aurait rapidement des bleus un peu partout sur le corps. « Maintenant, tu ferais mieux de rentrer chez toi. » L’homme s’éloigna. C’était plus facile à dire qu’à faire. Rentrer chez lui dans cet état, ça semblait complément impossible. Allongé sur le dos il laissa échapper un long soupire avant de prendre son courage à deux mains pour se relever, grimaçant suite aux douleurs qu’il ressentait à chaque mouvement qu’il faisait. Il s’adossa contre le mur le plus proche histoire de ne pas s’écraser de nouveau par terre. Superbe soirée. Il attrapa son paquet de clopes dans sa poche pour s’en allumer une. Il releva la tête pour apercevoir une silhouette familière à quelques pas de lui. « Jeane. »  Il tenta de se redresser, pour faire genre tout allait bien, même si ce n’était pas vrai et même pas crédible. « Qu’est-ce que tu fais là, le couvre feu est dépassé. » Et de toute évidence, ça ne plaisait pas aux gens chargés de la sécurité à Radcliff quand on dépassait le couvre feu, il en était la preuve. Ou peut-être que ça se serait mieux passé s’il n’avait pas frappé ce type en premier. « Si c’est pour me voler mon portefeuille, c’est pas la peine, y a que dalle dedans. » C’est qu’elle était douée pour voler les portefeuilles celle là, mais dans la mesure du possible, il préférait autant le garder. Bien qu’il soit vraiment vide, ce n’était pas en faisant la gueule qu’il pouvait obtenir beaucoup de pourboires. Il ne savait pas ce qu’elle faisait là, mais il était clair qu’elle aurait été mieux chez elle, Radcliff n’était pas la ville idéale pour les balade au clair de lune, bien au contraire.


Dernière édition par Eremon Dickens le Dim 20 Sep 2015 - 19:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeMar 30 Juin 2015 - 19:37


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

La musique glissait de ses écouteurs jusque dans ses oreilles : le refuge parfait pour quelqu’un comme elle, prise au piège dans un endroit pareil. Sous ses pieds, le monde tournait encore, quelques malchanceux errant ici et là, se pressant à rentrer chez eux avant de s’attirer les foudres de quelqu’un. Des policiers soit disant : elle avait du mal à y croire, ces types qui faisaient des rondes inlassablement en ville en scrutant tout le monde, n’étaient pas des flics. A Radcliff, il se passait plus de choses qu’on le soupçonnait – et tout ceci échappait complètement à l’esprit de la jeune femme. Elle s’en foutait littéralement : des dizaines de mètres là en-bas, les autres avaient des préoccupations qui ne lui effleuraient même pas l’esprit. Tout ce qui comptait, c’était la voix suave de Nina Simone, ses chansons, ses doigts glissant sur un piano avec souplesse : des paroles qui lui échappaient désormais, tant c’était la seule mélodie qui lui permettait de s’évader, ne pas se laisser submerger par des inquiétudes viscérales qui ne la quittaient jamais. Ses cauchemars la poursuivaient encore, à des milliers de kilomètres de Los Angeles, dans un bled bien moins exotique que tout ce qu’elle avait connu jusque-là, au milieu de gens qui n’éveillaient pas le moindre intérêt en elle. Au bord du toit, Jeane n’était plus traversée par des songes suicidaires : elle n’hésitait plus désormais à sauter pour s’écraser contre l’asphalte, ne laissant derrière elle qu’une marée de sang. Parfois, ça lui arrivait encore. Pas ce soir : ce soir, elle se contentait de laisser ses yeux sombres divaguer, ici et là, vaquer sur une étoile accrochée au firmament, puis sur autre chose. Il n’y avait pas de lune ce soir, elle avait préféré baigner une autre zone du monde de sa lumière réconfortante : plus aucun projecteur extérieur ne semblait concentrer son énergie sur Radcliff. On était mieux à ignorer l’existence d’un pareil endroit : il avait pourtant fallu que son chemin de vie à elle, la fasse s’égarer jusqu’ici. Pile au bon moment pour finir littéralement prisonnière de cet endroit. Partout autour de la ville, il y avait des barrières, des flics et autres symboles d’autorité tyrannique qui la retenaient ici : elle avait beau être une humaine parfaitement humaine, on lui avait passé des chaines aux poignets comme aux autres. Au moins y avait-il encore ici une simili liberté, tout le monde sur un pied d’égalité – c’était pas faute de vouloir fuir loin d’ici, mettre le maximum de distance entre cet endroit et sa destination suivante. Entre elle et son père. Mais dans les mois qu’elle avait passés ici, ils avaient fini par avoir un commun accord silencieux, celui de ne plus jamais se croiser, de s’oublier l’un l’autre – ils avaient vécu l’un sans l’autre pendant près de quatorze ans, ils pouvaient bien continuer ainsi, ce n’était pas si dur au final. La blonde avait fini par se faire à l’idée qu’en perdant sa mère, elle avait perdu tous ses repères, toute sa famille, tous ceux qui avaient un jour demeuré dans son cœur : les mensonges, la tromperie, l’abandon – tous les ressentiments qu’éveillait la simple idée de son père à ses entrailles, suffisait à n’éveiller aucun regret à la raison de la jeune Merlyn. Il ne lui avait pas coupé les vivres, c’était tout ce qui lui importait, aujourd’hui. Un soupir enfumé passa le seuil de ses lèvres : il faisait froid ici, bien plus froid que le climat qu’elle avait connu en Californie – et ce soir, seule la petite lueur incandescente de sa cigarette lui offrait réconfort et chaleur. La nicotine la calmait, dans une certaine mesure : de son séjour à l’hôpital, Jeane conservait des dépendances insidieuses à des produits auxquels elle n’avait plus accès désormais – irrémédiablement, même tout un paquet de cigarettes ne suffirait pas à chasser les démons qui la scrutaient, dans les ténèbres.

Les éclats de voix furent sans doute les premiers à surgir dans la nuit, pour venir briser sa solitude : mais c’est toujours avec la musique plein les oreilles, distraite par le vieux jazz relaxant qu’elle écoutait en boucle, que la blonde assista à la scène qui se déroula quelques mètres plus bas. Nina Simone réduite au silence, elle put entendre quelques échanges. Un type qui balance son poing dans la tronche d’un autre, et automatiquement l’échange de testostérone qui se met en place : le plus grand, plus musclé et plus rôdé au combat se retrouva à avoir l’avantage sur l’autre bien vite, et c’est même un rictus sarcastique qui vint étirer les lèvres de la Merlyn alors que la situation partait en vrille. Tout s’arrêta aussi vite que ça avait commencé : ici, personne ne semblait plaisanter sur cette histoire de couvre-feu, mais l’instinct de défiance de la jeune femme la poussait tout le temps à rester dehors plus tard que la limite autorisée. Elle venait de Los Angeles, des Etats-Unis, la zone libre et non pas soumise aux caprices d’un maire qui se croyait tout permis – peut-être n’était-ce qu’une illusion que de se croire intouchable, inatteignable : les idéaux des uns et des autres lui avaient déjà tout arraché. Son père, avant même qu’elle n’ait l’âge de comprendre tout ce qui se passait dans ce monde. Sa mère, son enfance, ses illusions de jeunesse. La réalité avait été apposée à son esprit par tous ces gens : qu’ils soient transmutants, chasseurs de transmutants, élus politiques d’une ville en perdition, ou simples idiots persuadés de changer le monde. Ici, on faisait exploser des bâtiments sans vergogne, brisant plus de vies que cela n’était permis – mais tout le monde semblait s’en foutre, il n’y avait que ces histoires de plus grand bien qui dominaient le reste. Le temps que le type au sol se relève, Jeane avait déjà rejoint l’échelle de secours par laquelle elle avait grimpé sur le toit du bâtiment : elle toucha la terre ferme au bout de quelques secondes, sans prendre le temps de scruter les alentours pour voir si personne n’allait lui tomber dessus à elle aussi. Elle savait déjà qu’elle ne bénéficierait pas d’un meilleur traitement parce qu’elle était une fille – même la courtoisie habituelle accordée à une demoiselle ne semblait plus exister ici. Le vent qui planait sur la ville était moins mordant ici, mais la réalité s’avérait plus oppressante que les rêveries qu’elle retrouvait là-haut, sur un toit, dans un coin de nature, où que ce soit, là où son esprit pouvait s’évader. Jeane savait déjà que si elle retournait à sa chambre d’hôtel pour faire comme si de rien n’était, son cerveau allait péter un câble, enfermé de la sorte – ce n’était pas son fort, la captivité. Plus depuis longtemps : quatre murs l’effrayaient, tout comme la simple idée de retrouver un semblant de vie normale. Vie perdue. Scrutant l’attitude du type à quelques pas de là, Merlyn le reconnut enfin, sous la lumière blanchâtre d’un lampadaire qui éclairait faiblement la rue. Eremon – ou presque la seule âme qu’elle connaissait ici : forcément, à chaque fois qu’elle allait se bourrer la gueule au seul bar des alentours, il était là, à travailler, avec sa mine morose. Son mauvais accueil lui avait valu de perdre son portefeuille à de nombreuses reprises – leurs esprits électriques semblaient s’entrechoquer avec force à chacun de leurs tête à tête. Un soupir, et ses épaules se relâchèrent, au moment de franchir les pas qui le séparaient du barman : elle ne pouvait pas dire qu’elle le connaissait, ni qu’elle était guidée par l’instinct bienveillant de l’aider ; pourtant, elle était là, à le dévisager clairement, ses prunelles sombres soulignant les blessures qu’il affichait au visage. C’était pourtant une vraie inquiétude – tout à fait légitime – qu’elle tenta de masquer par le ricanement qui la prit à ses paroles. « Je vole pas aux types qui viennent de se prendre une raclée. » remarqua-t-elle du tac au tac, son regard trouvant le sol, où il y avait quelques gouttelettes de sang, l’empreinte du chaos qui s’emparait de ce bled.

Sa main plongea dans sa poche, d’où elle tira son paquet de cigarettes : et à nouveau, elle se retrouva à en allumer une, l’énième de la soirée – encore du poison à ses veines, qui ne servirait à rien. « Dans le monde où j’vis, y’a pas de couvre-feu. » le reste du monde, somme toute. Ou tout ce qu’elle avait connu, jusque-là : la vie dans laquelle où elle était née, et où elle n’aurait jamais cru que des types puissent entrer chez elle, massacrer sa mère et s’en sortir indemnes. Visiblement, elle n’était plus tout à fait au point sur ce à quoi il fallait se fier, maintenant. Elle demeurait défiante, toujours à contre-courant, et qu’advienne que pourra – Eremon semblait être du même sang revanchard et colérique qu’elle. Dans le silence de la nuit, Jeane l’observa un instant, avant de faire un signe. « Tu saignes du nez hein, ça dégouline de partout. » dans le sac en bandoulière qu’elle avait avec elle, la blonde chercha des mouchoirs, avant de se stopper dans son geste. « J’peux t’aider ou tu vas continuer à faire semblant d’aller bien ? » appuyé contre le mur, à réprimer ses grimaces pour ne rien laisser transparaître des séquelles qu’il gardait de la grosse raclée qu’il s’était prise – typiquement masculin. Elle aurait pu trouver ça drôle, voire même se complaire tout à fait dans ce manège ; avec Eremon, c’était différent : elle savait d’instinct qu’il avait connu des douleurs plus mordantes, plus lancinantes que celles qui le tiraillaient là maintenant, sous les coups de l’autre. Les blessés de ce genre, elle ne pouvait s’empêcher de les aider. Sans remarque acerbe ni autre pique moqueuse, elle lui tendit son paquet de mouchoirs, détournant assez tôt le regard : ce n’était pas son genre de se faire les poches pour les autres, généralement, elle agissait pour son propre intérêt – quitte à dépouiller les autres. Il fallait bien s’adapter au reste du monde : ici, s’adapter à ce qui l’entourait revenait à se faire quelques alliés, ou même aider ceux qui ne faisaient pas partie de ces fanatiques prêts à faire exploser les uns et les autres pour prouver une vérité, quelle qu’elle soit. Elle ne saurait dire pourquoi c’était tombé sur lui précisément – quelques rues plus loin et elle ne l’aurait pas vu. Quelques kilomètres de moins et elle ne serait jamais arrivée dans cette ville pourrie.


Dernière édition par Jeane Merlyn le Lun 14 Sep 2015 - 20:20, édité 1 fois
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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeVen 17 Juil 2015 - 12:15

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

Radcliff était loin d’être un havre de paix. Eremon l’avait toujours su, après tout, il était venu jusque dans cette ville pour retrouver son ex-fiancée, ayant rejoint les hunters. Il était venu là pour se venger, mais il n’en avait jamais rien fait. Les choses s’étaient bien vite compliquées dans la petite ville du Kentucky, si bien qu’aujourd’hui, tout ce qui se passait à Radcliff était presque surréaliste. Quitter la ville et partir loin d’ici, comme l’avait fait son frère aîné, ça aurait probablement été la meilleure chose à faire. Maintenant, il était pris au piège dans une ville dans laquelle plus rien ne semblait avoir de sens. Il avait tendance à penser qu’ici où ailleurs, pour lui ça n’avait plus vraiment d’importance, il n’était même plus un transmutant après tout.  Mais c’était vrai à condition de rester sagement dans son coin – ce qu’il faisait en général – et de respecter le couvre-feu, ce qui était déjà beaucoup moins facile. Il travaillait dans un bar, il finissait à l’heure où le couvre-feu tombait et comme il n’était pas du genre à se presser pour rentrer chez lui, ce n’était pas rare qu’il soit encore dans les rues de la ville alors qu’il n’était pas censé avoir le droit. Habituellement, il faisait au moins en sorte d’éviter les hunters qui trainaient aux quatre coins de la ville. Ce soir, il n’avait pas fait attention et provoquer ce type lui avait semblé inévitable. Idiot, certes, mais il n’avait pas pu résister à l’envie de le frapper. Depuis un moment maintenant, il semblait qu’il était incapable de résister à l’envie de frapper sur n’importe qui, sans raison apparente. Lui, c’était un hunter, il avait forcément mérité un coup de poing dans le nez, mais pour Astoria, c’était différent. Elle n’avait rien fait de mal au contraire, elle l’avait toujours aidé et épaulé, elle avait risqué sa vie pour l’aider à retrouver Talisa et même s’ils étaient arrivés trop tard, il aurait certainement pu trouver une meilleure solution pour la remercier qu’un coup en plein visage. Il devenait fou, c’était l’impression qu’il avait au quotidien, une impression qui lui donnait envie de rester cloitré chez lui pour croiser le moins de monde possible. Il fallait pourtant qu’il sorte de chez lui, au moins pour aller au boulot, mais au delà de ça, il préférait se couper de tout contact humain. Ça ne plaisait pas forcément à ceux qui avaient pu le fréquenter avant tout ça, mais il était persuadé que c’était mieux comme ça. Il se sentait incontrôlable, dangereux et il n’avait pas envie de faire du mal à quelqu’un d’autre, Astoria avait été la preuve qu’il était mieux tout seul dans son coin. Jamais il n’avait voulu que les choses se passent comme ça entre eux deux et il regrettait amèrement son geste, mais il n’y avait rien qu’il puisse faire qui puisse défaire ce qu’il avait. Astoria était sans doute trop clémente avec lui, prête à le pardonner presque comme si ça n’avait pas d’importance, mais lui, il ne pouvait pas se pardonner cette erreur. Il préférait fuir la blonde ainsi que le reste du monde de la même façon qu’il aurait pu fuir une épidémie de peste.

Il avait toujours les nerfs à vifs, quoi qu’il fasse, il semblait qu’il n’y avait rien qui puisse faire pour se calmer. La seule chose qui marchait c’était de garder son esprit occupé, c’était plutôt facile dès qu’il était au boulot où dès qu’il se perdait dans un jeu vidéo tranquillement au fond de son canapé, mais le reste du temps c’était compliqué. Là au beau milieu de cette rue, il n’avait eu que ses pensées les plus sombres pour s’insinuer dans son esprit et ça ce n’était jamais bon. Frapper sur ce type, ça lui avait fait du bien, ça lui avait permit d’évacuer cette rage qu’il avait en lui et qui semblait être un véritable poison. Elle reviendrait c’était certain, mais en cet instant, même s’il s’était pris une véritable raclée, il se sentait mieux. La douleur physique semblait plus supportable que tous les maux psychique dont il était victime en ce moment. Il s’en remettrait bien vite de toute façon. Voyant Jeane débarquer, il pu conclure qu’au moins, il n’était pas le seul à avoir du mal avec cette histoire de couvre-feu, il avait depuis longtemps maintenant, perdu l’habitude qu’on lui dise à quelle heure il devait rentrer chez lui. Sans doute que c’était pareil pour Jeane et pour tous les habitants de Radcliff qui avaient dépassés les dix-huit ans. Au moins, cette fois, la blonde n’avait pas l’intention de lui voler son portefeuille, heureusement parce qu’il n’était pas sûr d’être capable de lui courir après dans cet état. Au pire, elle n’en aurait pas fait grand-chose de son portefeuille, ce n’était pas comme s’il recevait des tonnes de pourboires dans la journée, au contraire. Il était le barman bougon qui n’adressait qu’à peine la parole aux clients, ce n’était de toute évidence pas le genre de comportement qui sonnait aux gens l’envie de lui laisser un pourboire avant de partir, mais il s’en fichait. « Cool alors. Je devrais me faire exploser la gueule plus souvent du coup. » Il adressa un léger sourire à la jeune femme. Certes ce pseudo combat avait eu quelque chose de libérateur pour lui, mais il n’avait pas pour autant envie de se prendre une dérouillée tous les jours et il fallait bien avouer que s’il s’amusait à provoquer des hunters, il n’avait aucune chance de ne pas finir dans un état pitoyable. Eremon n’avait jamais rien eu d’un grand combattant, avant de mettre les pieds à Radcliff de toute façon, savoir se battre ne lui aurait pas été très utile. Avant que sa fiancée ne le trahisse, il avait eu une vie plutôt simple dans laquelle maitriser l’art du combat au corps à corps n’avait pas sa place. Suite à la réplique de la jeune femme, il haussa légèrement les sourcils d’un air presque blasé, comme si c’était une évidence que partout ailleurs aux États-Unis et sans doute dans une grande majorité des pays du monde, il n’y avait pas de couvre feu. « Bienvenue à Radcliff, la ville la plus pourrie du monde. » Il ne savait pas ce qui avait pu attirer la jeune femme ici si elle ne venait pas de cette ville, mais, tout comme lui, elle n’avait pas l’air d’être particulièrement ravie de s’y trouver. Il tenta d’essuyer son nez du revers de la main, mais il pouvait encore sentir le saignement. Il attrapa le paquet de mouchoir qu’elle lui tendait pour en attraper un. « Merci. » Le mouchoir pressé contre le nez, il pencha légèrement la tête en arrière dans l’espoir de stopper le saignement. Quelques seconde plus tard, il rebaissa la tête, ça semblait allait un peu mieux, au moins au niveau du nez. « J’espère qu’au moins c’est pas cassé. » Si c’était le cas, sans doute qu’il devrait aller à l’hôpital et il n’en avait pas la moindre envie. « On devrait pas rester ici, ils vont finir par repasser. » Ils patrouillaient dans les rues de la ville toute la nuit alors forcément, ils finiraient par revenir, la ville on en faisant rapidement le tour. « J’sais pas toi, mais je prendrai bien un verre. » Et de la glace probablement. Il sortit les clés du bar de sa poche, il n’était pas loin d’ici et tant qu’ils étaient à l’intérieur d’un bâtiment on avait rien à leur dire logiquement. La règle, c’était de ne pas trainer dans les rues après tout. Son patron aurait peut-être quelque chose à lui dire, s’il apprenait qu’il squattait le bar après la fermeture, mais il s’en fichait complètement.


Dernière édition par Eremon Dickens le Dim 20 Sep 2015 - 19:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeSam 15 Aoû 2015 - 1:31


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

Si faire preuve de bonne volonté n’avait jamais été une habitude chez la blonde, c’était aujourd’hui devenu pire encore : la ville de Radcliff et ses habitants n’éveillaient pas le meilleur de la jeune Merlyn, tant et si bien que sa bonne humeur semblait l’avoir quittée aussitôt avait-elle approché les alentours. Après tout, c’était bien pour retrouver son père, le connard qui l’avait abandonnée depuis plus de seize ans, et avait laissé sa mère crever, qu’elle était venue jusqu’ici : pas de quoi se réjouir, avait-elle pensé depuis le début, et plus vivement encore alors qu’elle faisait face au visage presque oublié de son paternel. Eremon était-il la seule compagnie qu’elle pouvait décemment accepter dans ce coin de monde ? Peut-être bien ; l’indomptable sauvage capricieuse qu’elle était, semblait saisir au vol des bribes d’informations sur lui, quelques similitudes entre eux deux, qui les rapprochaient irrémédiablement. Certes, il ne pouvait pas avoir vécu la même chose qu'elle, l’injustice d’une guerre d’espèces, qui était venue s’introduire dans sa vie jusque dans l’intimité de sa maison, sa vie si tranquilles. Jamais ils n’avaient parlé de leur autrefois, ce jadis qui constituait ce qu’ils étaient, l’un autant que l’autre, mais sans doute que malgré le silence, ils avaient déjà dû comprendre certaines choses : comme elle, le jeune homme était de ceux qui se coupaient du reste du monde sans sembler le regretter. Comme elle, il détestait cet endroit. Comme elle, il défiait encore et encore les autorités quelles qu’elles soient, sans même songer un instant aux conséquences. Comme elle, il s’en foutait de ce que les autres pouvaient penser de lui. Probablement était-ce pour toutes ces raisons, qu’elle était venue à lui ce soir, sous la lumière blafarde d’un lampadaire qui trahissait leur présence, malgré le couvre-feu. Que pouvaient-ils leur faire de pire ? Jeane ne pouvait guère songer à quoique ce soit, qui pourrait être pire que ce qui hantait déjà ses rêves aussitôt qu’elle fermait les yeux. Radcliff avait beau transpirer la pourriture, vivre d’une guerre constante, la blonde n’avait plus rien à perdre ici – certainement pas un quelconque pouvoir hors du commun auquel elle tiendrait d’une quelconque manière. Non, elle était on ne peut plus normale – car si seulement elle avait pu être atteinte d’une mutation, quelle qu’elle soit, jamais elle n’aurait laissé sa mère mourir de la sorte, juste sous ses yeux. C’était donc un plaisir tout particulier, pour elle, de défier tout ce qui faisait les lois et les règles en vigueur dans cette ville : qu’ils essayent donc, de venir l’arrêter sous prétexte qu’elle se baladait dans la rue aux heures qu’elle voulait. Après tout, s’ils ne voulaient pas d’elle ici, qu’ils lèvent leur putain de quarantaine autour de la ville, la Merlyn se ferait un plaisir de quitter les lieux sans se retourner, ni même ressentir la moindre pointe de regret. Pas même à l’égard de l’homme en face d’elle, quand bien même sa petite pique vint faire naître un sourire goguenard au coin de ses lèvres : pendant trop longtemps, elle avait vécu sa vie en chassant les gens de celle-ci, pour même accepter l’éventualité de considérer Eremon comme un ami. Ou même une connaissance, essentielle à son paysage de Radcliff. Lui, le barman qui lui avait souvent servi des verres sans lui poser de question, celui qui n’avait jamais essayé de lui taper la discut’ avec excès – c’était tellement rare, que forcément, il avait marqué sa mémoire. « J’peux toujours te vider les poches, parce que te planquer derrière trois bleus et un nez en sang pour te protéger d’une fille, ça craint un peu. » malgré le sarcasme de ses mots, sa façon de taquiner, elle cherchait aussi à réveiller la fierté d’un Eremon qui pensait qu’il n’y avait rien de mieux à foutre que de se faire péter chaque os de son corps par un gros mec baraqué.

Sa clémence vint enfin s’ajouter aux autres sentiments, lorsqu’elle tira un paquet de mouchoirs de son sac, observant avec défiance et moquerie le pseudo-machisme avec lequel l’homme tentait de convaincre qui pouvait le voir qu’il s’en était sorti un tant soit peu bien : au final, il n’avait fait que lancer le premier coup qui avait débuté le combat, avant de vite le regretter. Sans doute qu’au-delà du nez, c’était tout un flot de catastrophes qui allait marquer au fil des jours le visage et le corps de son vis-à-vis : devait-elle pour autant ressentir la moindre compassion pour le jeune homme ? Bien malgré elle, alors qu’elle aurait vraiment apprécié l’éventualité de simplement se moquer, Jeane se retrouva à rouler des yeux, s’approchant de lui pour lui prendre le mouchoir des mains. « T’es vraiment fini au pipi, mec. » marmonna-t-elle pour elle-même, et aussi pour lui, si tant est qu’il connaisse un tant soit peu l’expression – avec le temps, et les gens qui ne la connaissaient pas, la Merlyn avait commencé à s’attribuer la gloire d’avoir inventé une telle phrase lourde de sens. Oui, Eremon était un débile pour bien des raisons ; vivre dans cette ville par exemple, ou faire partie des opprimés, comme elle. Ils n’étaient que des victimes dans ce monde : ceux qui se faisaient tuer les uns après les autres, ceux qui se faisaient tabasser dans la rue sans aucune raison. Ceux qui finiraient explosés sous les bombes de ces transmutants qui croyaient libérer le monde en agissant ainsi : combien de cons y avait-il dans ce coin du Kentucky, franchement ?! Pas étonnant, que son paternel s’y trouve. Et dire qu’il essayait de se racheter en la collant avec un garde du corps : celui-ci faisait si mal son job qu’elle était seule ce soir, malgré ces histoires de couvre-feu. « La règle élémentaire quand on se fait exploser le nez par un con, c’est de pas pencher la tête en arrière, ça sert à rien. Si tu penches ta tête en avant- » elle l’incita à le faire, comme pour marquer ses paroles. « Le saignement s’arrêtera plus vite, et au moins tu risqueras pas d’avaler ton sang. » et ce n’était pas parce qu’elle s’était souvent faite taper, qu’elle savait ça : simplement le résultat criant de ce qu’elle connaissait en matière de physique – comme les lois de la gravité, qui, irrémédiablement, allaient tôt ou tard, refaire couler son nez à partir du moment où il allait baisser la tête. Le mieux restait d’expulser le tout au plus vite ; conseil de pompier, si tant est qu’elle ait encore un quelconque souvenir de tout ce que les pompiers lui avaient recommandé de faire pour survivre – comme avaler des tonnes de médicaments pour ne pas laisser ses plaies s’infecter, ou même ses organes internes se détruire littéralement. L’initiative d’Eremon, de s’éloigner – tout autant qu’elle était juste de sens – fit soupirer Jeane, elle détestait se faire dicter une action, quelle qu’elle soit : et elle savait que se planquer quelque part, était abdiquer à cette foutue règle du couvre-feu. Mais que faire, après tout ? Elle était assez têtue pour le faire, certes, mais rester debout toute la nuit à errer sur les toits de la ville n’était sans doute pas la solution idéale. Céder son sentiment de liberté, sa soif d’indépendance, à Radcliff et à son maire stupide, était cependant un choix qu’elle détestait prendre. M’enfin. « Pourquoi pas, si t’as du whisky, ça devrait pouvoir se négocier. » il lui arrivait, en effet, de boire de l’alcool fort comme ça, malgré son si jeune âge : au moins, ce liquide ambré avait la qualité de la rendre beaucoup plus sympathique. « J’dois te trainer là-bas ou tu peux marcher ? » triste mais véridique, elle connaissait déjà parfaitement tous les chemins qui menaient au bar où Eremon bossait – c’était un peu comme l’expression ‘tous les chemins mènent à Rome’ : pour elle, tous les chemins menaient au petit bar tranquille où elle aimait tant se poser, pour ne parler à personne. « L’homme est né libre et partout il est dans les fers ; j’suppose. » qu’elle soupira à nouveau, au moment de ranger son casque et sa musique dans son sac, pour finalement faire preuve de bonne volonté, et passer un bras sous les épaules de son compagnon de soirée pour l’aider à marcher – quelle générosité. Heureusement pour eux, le bar n’était pas bien loin – le pauvre, il s’était vraiment fait alpaguer à quelques pas de son lieu de travail, c’est dire. « Tu sais, cette ville craint vraiment. J’aurais jamais dû venir ici. » remarqua-t-elle après quelques minutes, alors qu’ils arrivaient à hauteur du bar ; une confession, presque sur le ton de la conversation – avant qu’elle ne se fasse rattraper par les circonstances. « J’espère que t’as pas fait tomber les clés, j’meurs de soif maintenant. » certes, l’alcool n’hydratait pas aux yeux du commun des mortels ; mais pour Jeane, il n’y avait pas meilleur breuvage. « Et si t’as une trousse de secours, j’pourrai même t’aider. » quand bien même elle ne montrait pas le plus grand enthousiasme du monde pour cela ; elle l’avait aidé jusque-là, et puis hein : « Ce s’ra ma façon de payer c’que je bois. » elle sourit d’un air pincé, haussant les sourcils tout à fait charmante ; comme pour le pousser à accepter un tel deal – il était vrai, qu’elle n’avait pas énormément d’argent sur elle (sachant qu’elle n’avait pas eu la volonté de le détrousser lui) donc autant trouver un arrangement à l’amiable.


Dernière édition par Jeane Merlyn le Lun 14 Sep 2015 - 20:19, édité 1 fois
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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeMer 2 Sep 2015 - 19:38

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

La vie à Radcliff n’avait rien d’un long fleuve tranquille. Cette ville était particulière. Eremon avait beaucoup voyagé au cours de sa vie et c’était bien la première fois où il se retrouvait dans une ville pareille. Plus rien avait de sens ici, c’était à se demander pourquoi les habitants restaient ici. S’il n’avait eu aucun problème dans sa vie, s’il n’avait été qu’un humain parmi tant d’autre, un pauvre type vivant à Radcliff, il aurait mit les voiles depuis longtemps maintenant. Mais il ne pouvait pas. il y avait toujours eu quelque chose pour le retenir à Radcliff. Oswin, Talisa et maintenant, il ne savait plus trop. Le désespoir peut-être, cette impression que de toute façon, il avait touché le fond, alors ici ou ailleurs à présent, ça ne faisait plus la moindre différence. Ou bien, c’était son envie de vengeance qui continuait de le motiver un tant soit peu à rester dans les rues pourries de Radcliff. Il y avait toujours Oswin, quelque part dans cette maudite ville. Il y avait toujours une partie de lui qui voulait la voir payer pour ce qu’elle avait fait. Il l’avait aimée de tout son cœur et elle l’avait trahie. Elle n’avait pas simplement brisé son cœur, ça il aurait su s’en remettre tôt ou tard. Non, elle était responsable de la mort de sa sœur cadette et ça, il était bien incapable de lui pardonner. Peut-être que c’était pour avoir une chance un jour de venger sa petite sœur qu’il restait encore à Radcliff malgré les problèmes qu’il pouvait rencontrer ici. Jusqu’à présent, il n’avait jamais été capable de faire du mal à une mouche, mais ce que les hunters lui avaient fait l’avait changé. Il y avait en lui toute une partie folle de rage qui ne demandait qu’à s’exprimer. Cette folie qui s’emparait de lui trop souvent pouvait aisément le pousser au pire. C’était toute une partie de lui qu’il ne contrôlait qu’à peine qui le poussait à agir n’importe comment. S’il pouvait s’en prendre au premier hunter qu’il croisait au fond d’une rue de Radcliff, il n’y avait aucune raison pour qu’il soit incapable de s’en prendre à Oswin. Leur histoire d’amour appartenait au passé. Ils avaient beau avoir été fiancés à une époque, c’était terminé maintenant. Elle avait mit un terme à tout ça, le jour où elle avait livré Lyanna aux hunters. Elle n’avait peut-être pas tué la jeune femme de ses propres mains, mais c’était tout comme. Elle l’avait livrée à une mort certaine et à présent, Eremon ne pouvait pas s’empêcher de penser qu’Oswin méritait de finir elle aussi six pieds sous terre. Peut-être que s’il lui tombait vraiment dessus un beau jour, ce serait lui qui se ferait tuer. Mais dans le fond, il s’en fichait un peu. Ce n’était pas comme s’il tenait tant que ça à la vie. Il n’avait plus rien de toute façon et les hunters l’avaient brisé, il n’était déjà plus qu’une coquille vide, tout juste bonne à essuyer des coups après avoir bêtement provoquer le premier hunter qu’il croisait.

Il se fichait bien du sang qui coulait sur son visage et de la douleur qu’il ressentait un peu partout sur son corps. Tout ça ce n’était rien à côté de ce qu’il avait pu ressentir quand il avait retrouvé le corps sans vie de sa sœur cadette, puis quelques années plus tard, celui de la fille dont il était amoureux. Ce n’était rien non plus, comparé à la torture qu’on avait pu lui faire subir pendant des mois, alors qu’il servait de cobaye aux chercheurs pour la mise au point de leur fichu vaccin. Ce n’était rien. Il s’en remettrait. Ce n’était pas grand-chose, même si ça suffisait à lui couper l’envie de courir après Jeane s’il lui prenait encore l’envie de lui voler son portefeuille. « Pas n’importe quelle fille, juste celle qui a la fâcheuse manie de me voler mon fric, si difficilement obtenu. » Juste Jeane. Parce que pour l’heure, il n’avait aucune raison de se planquer de n’importe quelle fille qui passerait dans les rues de la ville, du moment, en tout cas, qu’il ne s’agisse pas d’une psychopathe sanguinaire comme on en croisait un peu trop à R adcliff. Fierté masculine ou pas, il y avait des filles dans la ville face auxquelles, il ne valait mieux pas faire le malin. Malheureusement, des femmes hunters, il y en avait autant que des hommes. Et dire qu’elles étaient censées être plus intelligentes que la gente masculines. Qu’importait, pour l’instant, ce n’était que Jeane qu’il avait en face de lui. Jeane la voleuse professionnelle, à ce niveau là, c’était presque un don qu’elle avait. Peut-être que c’était vraiment le cas. Qu’elle était une mutante elle aussi. Il ne lui avait jamais posé la question. Il ne lui avait de toute façon jamais posé de questions particulièrement personnelles et elle n’en posait pas non plus. C’était très bien comme ça. C’était peut-être pour ça qu’il l’aimait bien, même si elle lui avait piqué pas mal de fric. Il arqua un sourcil suite à la réplique de la jeune femme. C’était une façon bien personnelle qu’elle avait de lui dire qu’il était un peu débile. Mais il ne releva pas, trop occupé à essayer de faire quelque chose avec son nez qui pissait le sang. C’était en tout cas le genre de phrase qu’il avait plutôt l’habitude d’entendre dans la bouche de son cadet si bien qu’avec le temps, il n’y faisait même plus attention. Il l’avait laissée prendre le mouchoir pour lui expliquer comment faire, il fallait croire qu’elle était plus douée que lui avait ce genre de problèmes. Il ne savait pas grand-chose de la vie de la jeune femme, peut-être qu’elle se faisait casser la gueule plus souvent que lui, il fallait bien que ça arrive à force de faire les poches des gens. Il pencha la tête en arrière, comme elle l’incita à le faire. « J’ai pas franchement l’habitude de me faire péter le nez. » Répliqua-t-il comme pour justifier son manque de connaissance sur le sujet. Il n’avait jamais été très doué pour s’occuper de lui-même de toute façon. Il n’avait même pas été assez doué pour s’occuper de ses cadets quand leurs parents étaient morts et qu’il était devenu leur tuteur légal. Jeane avait probablement raison , il était fini au pipi.

Trainer dans les rues de Radcliff après le couvre-feu n’était certainement pas une bonne idée et, la gueule ensanglantée d’Eremon en était une excellente preuve. Il fallait qu’ils aillent quelque part. Le bar n’était pas loin et il avait les clés, alors ils pouvaient bien aller se planquer là-bas. Quand il n’y avait plus personne, c’était l’un des endroits les plus agréables de la ville. Des bouteilles d’alcool, une table de billard. La seule chose qui manquait, c’était probablement une bonne pizza. « Si tu considère la pisse que vous autres américains servaient comme whisky, alors oui, je dois bien avoir ça quelque part. » Lui il était écossais, du genre à penser que le whisky écossais valait mieux que tous les whiskies du monde. C’était une fierté écossaise le whisky après tout. A moins qu’elle soit irlandaise, puisque les deux pays s’arrachaient le mérite d’être à l’origine de cette boisson. Enfin, du point de vu d’Eremon, c’était l’écosse, point final. « J’peux encore marcher, t’inquiètes pas pour moi. » Il pouvait largement marcher jusqu’au bar, même si sans doute, qu’il se poserait bien rapidement sur le premier tabouret qu’il trouverait une fois arrivé à bon port. Il arqua de nouveau un sourcil suite à la réflexion de la jeune femme. « Si tu le dis. » Puis il entama la route jusqu’au bar, situé non loin de là. « C’est clair, on doit être complètement malades pour être venus s’enterrer ici. » Elle ne venait pas non plus d’ici apparemment, il ne savait pas ce qui l’avait poussée à rejoindre la ville, mais c’était ans doute une mauvaise raison, il n’y avait rien de valable pour justifier le choix de s’installer ici. Une fois au bar, il sorti ses clefs de la poche de sa veste, qu’il agita devant le nez de la blonde quelques secondes, comme pour répondre à sa répliquer, avant de déverrouiller la porte qu’il avait fermé quelques minutes plus tôt. « On doit bien avoir ça quelque part. » Machinalement, il entra dans le bar avant de passer derrière le comptoir, même dans le noir, il savait très bien où il allait, il connaissait les lieux par cœur à force d’y bosser, il trouva rapidement les interrupteurs pour allumer les lieux. « C’est trop aimable de ta part, fais comme chez toi alors. » C’était son invitation pour qu’elle se serve elle-même ce qu’elle voulait boire. Son service était terminé, il n’était plus question pour lui de jouer les barmen, il avait plus envie de se servir quelques bons verres et d’oublier à quel point sa vie était devenu un véritable cauchemar depuis quelque temps maintenant.


Dernière édition par Eremon Dickens le Dim 20 Sep 2015 - 19:55, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeSam 19 Sep 2015 - 1:55


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

Ils n’faisaient pas partie de ces êtres faciles à comprendre, Eremon et elle. Leur destinée, leur passé, leurs secrets : impossible de ne pas naviguer dans l’inconnu avec eux, avec le voile de silence qu’ils gardaient sur leur existence – où seraient-ils, dans dix ans ? Jamais la question n’avait traversé l’esprit de la rousse : sa vie n’était qu’errance, petites occasions saisies au vol, connaissances à peine grattées à la surface. Puis oubliées. Oubliées, parce que c’était mieux comme ça. Mieux que de s’acoquiner, d’une certaine manière, d’un homme ou d’une femme qui finirait par crever, lui imposer l’empreinte de cauchemars qui perdurerait pour le restant de ses jours. La perte de sa mère avait laissé des marques indélébiles sur tout son être : des cicatrices à ses poignets, ce jour-là où elle avait tenté de se trancher les veines – aux troubles mentaux qui avaient suivi ses longues semaines à l’hôpital. Jeane avait peur du noir, Jeane faisait son lit deux fois, Jeane ne mangeait pas ce qu’elle ne connaissait pas. Jeane n’parlait pas aux types qui lui semblaient trop louches, jugeant sans vergogne chaque âme qui l’entourait. Pourquoi, sous cette nuit sans lune, avait-elle été saisie d’une quelconque bienveillance à l’égard du barman bougon duquel elle ne connaissait rien ? Ouais, elle connaissait son prénom, son nom pour l’avoir saisi au vol dans le bar où il bossait. Mais quoi d’autre, au fond ? Etaient-ils deux êtres blessés, qui se reconnaissaient sans même se le dire, et sans même s’en rendre compte ? La rousse n’était pas de ces mielleuses nostalgiques, se penchant sur la philosophie de la vie : l’existence n’était pas philosophie – elle était causes et conséquences. Responsabilités et irresponsabilités. C’était le fait qu’elle avait grandi sans rien demander à personne, sans faire de différence entre qui que ce soit. Qu’elle aurait volontiers passé sa vie sans s’poser de question sur les transmutants ou ceux qui les traquaient. Mais qu’on était quand même venu chez elle, un soir, comme ça, sans crier gare. Qu’on l’avait attachée, interrogée comme une terroriste. Et qu’on avait tué sa mère, après de longues heures de supplice. Et qu’elle avait eu dix-sept ans à cette époque-là, et plus rien à quoi se rattacher pour investir ses dernières pointes d’énergie dans une volonté de survivre. Survivre ; à quoi bon, hein ? Pour atterrir ici, à Radcliff, sous le joug de ceux qui avaient pourri sa vie ? Bien souvent, de jour ou de nuit, elle observait la brûlure rosée qui ornait son poignet – blessure de guerre, pourrait-elle dire presque fièrement. La trace laissée par  l’autre tarée aux cheveux blancs qui avait manqué de peu de la faire exploser en morceaux. De nouveaux cauchemars, ajoutés à ceux qui lui collaient déjà à la peau. Radcliff, putain de Radcliff – et sa foire aux monstres. Pas forcément que des êtres humains dotés de pouvoirs incroyables : des monstres dans les tréfonds de leurs âmes, un tout autre genre de créature cauchemardesque. Eremon n’était pourtant pas une adolescente en détresse, laissée orpheline par des connards de chasseurs qui avaient frappé à sa porte par hasard : quelles estafilades portait-il sur l’âme ? Son aura était lourde, pesante, entachée par le sang ; les victimes se reconnaissaient, quelque part, au milieu du champ de bataille. Cette même lueur au fond des yeux.

Et il arrivait même à la faire sourire d’un air malicieux : pas n’importe quelle fille. Ouais, Jeane Merlyn n’était pas comme les autres filles. Pas comme celles qu’il croiserait dans les rues de ce bled, en tout cas : affublée de son accent californien, sa longue tignasse rousse, ses expressions de bûcheron, son sale caractère. Il n’avait jamais vu le côté sombre du personnage : les crises de panique totalement imprévisibles, les mains moites en toute circonstance – cette façon dont elle dévisageait l’inconnu à l’autre bout d’une pièce. Un peu plus, et elle finirait psychopathe sur les bords. « J’parie que tout le monde dit ça, mon argent durement gagné. » répondit-elle, imitant l’expression blasée du personnage en face d’elle : son père, sans doute, avait estimé durement construire son empire. L’empire Merlyn, poudre aux yeux par excellence : juste le résultat d’arnaques empilées les unes sur les autres, avec un joli nœud en papier sur le tout pour faire durer l’illusion. Son père était un arnaqueur, quelqu’un dénué d’âme : elle l’avait compris au moment de dévisager ce facies du passé. Jeane était seule. Seule, et qu’advienne que pourra : faire les poches des cons autour d’elle lui permettait de vivre. Non pas vivre par nécessité, vivre d’adrénaline, d’émotions qui lui manquaient en temps normal. Une coquille vide : elle aurait pu aimer la rage qu’éveillait cette ville au fond d’elle, si seulement ce n’était pas ici, le bassin dans lequel elle se noyait, au milieu de putains de dégénérés et de leurs ennemis chasseurs. Toujours les mêmes. Et les gens comme elle au milieu, qui se prenaient des bâtiments sur la tronche, s’étouffaient avec le feu censé tuer les autres. Ceux qui se faisaient marteler l’esprit par les bonnes paroles du type qu’on appelait maire. Elle détestait les petites villes – et cette petite ville plus encore. Le seul avantage qu’elle y trouvait, c’était que seulement des petites distances, séparaient les quatre coins utiles de la ville. Le bar, l’hôtel, de quoi se trouver à manger, l’errance invisible. La rousse était une créature des grandes agglomérations pourtant : que donnerait-elle, à l’instant précis, pour être paumée au milieu d’une grande New York ? Personne ne la remarquerait, pas même les barmen déprimés. Personne. « Tu sais, p’tètre que si tu faisais plus attention à tes affaires, ton argent si important n’disparaitrait pas aussi souvent. » guère un jugement, surtout une petite pique amusée. Au moins, il y avait lui, ici. Maigre consolation, ou quelque chose s’en approchant : aussi souvent qu’elle fuyait la compagnie, Jeane se déplaisait dans la solitude. Elle changeait d’avis au gré des jours, et ne savait jamais sur quel pied danser. La solitude l’effrayait, la réconfortait – ça dépendait du moment. Peut-être que ces paroles avec Eremon, ce soir, étaient les premiers mots qu’elle prononçait de la journée – à un être humain, en tout cas, puisqu’elle avait déjà offert toutes les attentions possibles et imaginables à sa chienne. C’était toujours plus facile, de donner une chance à l’animal plutôt qu’à la nature humaine. Elle pouvait pourtant se montrer douce, malgré ses gestes faussement agacés et son air goguenard, la Merlyn essuyant le sang avec le bout du mouchoir, une main tendue, peut-être inutile et non désirée : elle était bien placée pour comprendre. Sûrement. « J’ai pas non plus l’habitude de m’faire péter le nez. » relevant le menton, peut-être bien que la lumière du lampadaire à quelques pas de là, souligna au combien celui-ci était toujours impeccable : même encore aujourd’hui, après tout ça, elle avait passé la plupart de sa vie à ne pas chercher les emmerdes.

« J’avais vu une fois à la télé. Un truc scientifique, et y’avait un pompier qui disait ça. J’aime les trucs scientifiques. » peut-être bien une révélation, venant de la pickpocket du coin qui s’abreuvait de whisky sans adresser la parole à personne. Une part de Jeane, offerte comme ça, sur le ton de la conversation, alors que le blanc du mouchoir se tâchait de rouge et que l’avancée de la nuit faisait presque d’eux des criminels. C’était curieux, et presque décevant, de voir que personne ici, à part eux, ne semblait prêt à protester contre l’existence de ce couvre-feu, cette loi totalement arbitraire sur la vie de chacun. Deux péquenauds paumés, des cibles idéales forcées d’abdiquer : aux abords du bar, Jeane sentit même le besoin d’observer par-dessus son épaule, histoire de vérifier que personne ne les suive, ou les voie. Une fois, deux fois, trois fois, quatre fois : l’habituel réflexe incrusté dans ses muscles, de tout faire en double, encore et encore. Quelle toquée elle était. Les ténèbres du bar la poussèrent à rester à la faible lueur de la rue, préférant l’œillade du firmament au noir complet : heureusement pour elle, Eremon trouva vite les lumières et, une fois la clarté présente, elle claqua la porte derrière eux ; abandonnant la rue, le froid, et tous les cons de chasseurs qui y étaient. Pour un instant, elle sembla toute vulnérable, ses bras s’enroulant autour de ses épaules, ses yeux pâles observant le silence autour d’eux. Un bar vide, quelle tristesse. Au niveau du comptoir si familier, elle reprit ses aises, glissant agile, derrière celui-ci pour observer tous les étals de bouteilles qui s’étalaient ici et là. « J’parie que tu veux pas de whisky-pisse. » elle opta pour une bouteille au liquide transparent – non pas de la vodka, presque trop vulgaire, mais du rhum. Celui-ci aussi, devait pâtir de l’inculture américaine, distillé dans du répugnant : mais s’il s’y connaissait en whisky plus qu’autre chose, c’était qu’Eremon ne venait pas de ces îles exotiques d’où le rhum était originaire. Alors voilà, pas de quoi chipoter. Attrapant deux petits verres, Jeane les fit glisser sur la table, pour les remplir allègrement, l’odeur fruitée gagnant déjà ses narines, lorsque le rouge de la trousse de secours la rappela à ses responsabilités. « J’ai une question pour toi. Et tu d’vrais répondre honnêtement. » et à nouveau, elle passa de l’autre côté du comptoir, attrapant la trousse rouge devant elle. Elle l’ouvrit une première fois, pour mieux la refermer. Et l’ouvrir une nouvelle fois – d’habitude, elle ne remarquait presque plus ça, s’agaçant que rarement de son côté timbrée. Ce soir, pourtant, elle se sentait déjà honteuse de ces tics, ces parts d’ombre qui ressurgissaient malgré elle. Autant détourner l’attention de son interlocuteur. « Est-c’que ça marche moins, le business du bar, maintenant qu’y’a un couvre-feu ? » ouais, elle n’avait rien de mieux à demander, en de telles circonstances, à un type comme Eremon. Le présent, toujours le présent – jamais le passé ou l’avenir. Déjà, ses mains fouillaient la trousse de secours on ne peut plus élémentaire du bar, trouvant ici et là de quoi panser les vilaines plaies, un médicament dont elle connaissait bien le nom. Si familier. En ouvrant la boite, elle lui donna deux petites gélules, presque comme un ordre. « Tu devrais les prendre maintenant, si tu veux pas que ta tronche double de volume. » et comme pour couper toute mauvaise action, encore un réflexe, elle attrapa un autre verre, le remplissant d’eau, pour l’imposer entre Eremon et les cachets. Elle était consciencieuse comme ça, Jeane. Une bonne fille, dans le fond.
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeDim 20 Sep 2015 - 19:57

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— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

Eremon aurait peut-être dû éviter de trop jouer aux cons, il y avait un jour où ça lui retomberait sur le coin du nez, autrement que par le biais de quelques coups. Il n’était pas sûr de vraiment s’en soucier. Dans le fond, il ne se souciait plus de grand-chose de toute façon. Sa vie avait prit une tournure telle que la seule chose qui l’intéressait à peu près, c’était de rester loin des gens qu’il pourrait blesser par accident. Des gens comme Astoria. Peut-être qu’il aurait dû essayer de rester loin de Jeane également, mais tout semblait considérablement différent avec elle. C’était peut-être parce qu’elle s’en fichait de ses problèmes et qu’elle n’avait clairement pas l’air de se soucier de ce qui avait bien pu lui arriver pour qu’il affiche toujours cet air blasé et fatigué. Elle s’en fichait parce qu’elle ne connaissait pas le Eremon d’avant alors, c’était très bien comme ça. Sans les questions qui fâchent, les choses étaient beaucoup plus simples. Jeane, elle avait quelque chose de différent des autres filles qu’il connaissait. C’était une teigne, une sale fille qui n’en faisait qu’à sa tête, elle était forte et indépendante et puis il semblait qu’elle se fichait complètement du reste du monde. C’était peut-être ça qui faisait que Jeane était la personne avec qui il préférait trainer en ce moment, même si elle repartait un peu trop souvent avec son fric, mais ça dans le fond, il s’en remettait à chaque fois. C’était agaçant sur le coup, mais après, il finissait par oublier les quinze à vingt dollars avec lesquelles elle s’était barrée. Ce qu’était bien avec elle, c’est qu’elle ne posait pas de questions chiantes et il n’en posait pas non plus. Ce qu’elle faisait à Radcliff alors qu’elle n’était clairement pas d’ici, qu’est-ce qu’il faisait qu’elle était comme ça aujourd’hui, les questions, il se les était déjà posées à lui-même, mais jamais à elle et il n’avait pas l’intention de le faire. Parce qu’entre eux, c’était des détails qui appartenaient au passé et qui ne comptaient plus aujourd’hui. Entre eux, il ne saurait vraiment dire ce qu’il y avait. S’ils étaient des amis ou juste de vagues connaissances. Il y avait quelque chose, c’était certain, mais il s’agissait d’un lien sur lequel il n’avait pas encore réussi à mettre de nom et ça faisait aussi partie des choses qui rendaient leur connexion plus faciles que celles qu’il avait les autres. Si elle n’était pas vraiment son amie, il n’avait pas de compte à lui rendre si un jour il décidait de rester enfermer dans son appartement et d’ignorer ses messages. Mais s’ils étaient plus que de vagues connaissances, c’était que dans le fond, ils pouvaient compter l’un sur l’autre. C’était un lien particulier qu’il y avait entre eux, un lien qui n’était pas vraiment définissable, mais ça lui convenait comme ça. Ce qu’il savait pour le moment, c’était qu’elle était l’une des rares personne de Radcliff dont il supportait la présence, sans avoir peur d’être tôt ou tard sujet à une crise de colère incontrôlable, alors il était bien content que ce soit elle qui soit sortie de nulle part ce soir, après qu’il ait eu le droit à quelques coups dans la tronche.

Un léger sourire se dessine sur ses lèvres suite à la réplique du jeune homme. L’argent, c’était un sujet dont tout le monde parlait, d’autant plus qu’il était de plus en plus difficile d’en gagner, alors que tout devenait de plus en plus cher. Alors oui, la plupart des gens devaient parler d’argent durement gagné, à part peut-être ceux qui avaient le boulot de leur rêve. Ce n’était clairement pas le cas d’Eremon. Servir des verres aux alcooliques de la petite ville de Radcliff, ça n’avait jamais fait partie de ses ambitions. « Ça dépend du boulot je suppose. Perso j’ai un diplôme en informatique et j’me retrouve barman, alors c’est même plus que durement gagné, c’est presque de la torture. » Il haussa légèrement les épaules, il avait un diplôme d’informatique au nom de Ciaràn Borthwick, mais il n’était plus ce type aujourd’hui, maintenant, il était Eremon Dickens, l’écossais qui était venu sans rien jusqu’aux Etats-Unis. S’il avait trafiqué sa carte d’identité pour pas qu’on l’éjecte au bout de deux mois, il n’en avait pas fait de même pour ses diplômes, parce que barman, c’était bien. C’était discret et instable, ça voulait dire qu’il pouvait entrer dans un bar, bosser deux semaines et se casser facilement pour aller dans une autre ville. C’était le genre de job qui s’était imposé à lui quand il avait changé de mode de vie. Il avait quitté tout ce qu’il avait pu avoir à Aberdeen pour passer de ville en ville sans jamais s’arrêter bien longtemps. C’était pour la survie, parce que lui et son frère se retrouvaient traqués par les hunters. La belle vie quoi. Il haussa les épaules. Ouais, s’il faisait plus attention à ses affaires, peut-être qu’il ne se ferait pas voler si facilement son portefeuille, mais il n’était pas du genre paranoïaque du fric, au point de l’enfermer dans un coffre fort ou de e planquer sous une latte de parquet. Son portefeuille était sans sa poche, comme c’était le cas de la plupart des gens, mais Jeane était très douée pour le lui dérober. Elle était la seule à avoir fait ça jusqu’à présent. Un coup de maitre, à chaque fois. « P’t’être que je devrais le cacher dans mon caleçon la prochaine fois, avec un peu de chance, t’iras pas fouiller là-dedans. » Dans le fond, il ne savait pas de quoi elle était capable, si ça se trouve ça na la gênerait même pas d’aller fouiller là-dedans, enfin là, il y avait quand même de fortes chances qu’il s’en aperçoive. Qu’importait, de toute façon c’était de l’humour, il ne le ferait pas. Il la laissa s’occuper de son nez puisqu’elle semblait plus à l’aise que lui avec l’état dans lequel il se trouvait. Se faire frapper c’était pas forcément très courant chez lui, il n’avait jamais été amateur de la baston et en cas de problème, il avait pris l’habitude de fuir. Fuir, encore et toujours, c’était sa vie depuis plusieurs années maintenant. « C’est rassurant, j’ai quand même du mal à t’imaginer en plein combat de boxe. » Elle était grande, presque aussi grande que lui, mais elle était plus mince, elle avait l’air plus fragile en tout cas. Peut-être qu’il ne fallait pas juger un bouquin sur sa couverture et que ce n’était qu’une impression après tout. Mais, elle avait vu ça dans une émission. « Vive la télévision alors. » Lui qui y passait presque ses nuits sur la télé, il avait parfois l’impression qu’ils ne passaient pas grand-chose d’intéressant, mais si Jeane avait trouvé un programme intéressant, c’était tout à son honneur. Lui, à force, c’était devenu un pro du zapping.

Il avait laissée s’occupée de son nez, sa technique était de toute évidence, plus efficace que la sienne, il pouvait vraiment la remercier elle, ainsi que les programmes qui passaient à la télé. Puis, ils s’étaient rendus jusqu’au bar qu’il avait quitté quelques instant plus tôt. Ce bar qu’il connaissait si bien à force d’y travailler. Ce bar qu’il maudissait parfois. Mais pas là. Là il était tranquille, sans pauvre type à servir, sans clients relouds qui trouvaient toujours une bonne raison de râler. Sans les types complètements saouls qui commençaient à se taper dessus comme des gamins manquant cruellement d’équilibres. Et puis là, il n’y avait personne pour se poser en face de lui, un verre à la main en lui causant comme s’il avait été le psy du coin. Les thérapies de bar, les gens avaient tendance à y croire, comme si le barman n’avait vraiment que ça à faire d’écouter leurs déboires et de les conseiller. L’ancien Eremon, c’était ce qu’il aurait fait. Mais aujourd’hui, il s’en fichait complètement de ce qu’on pouvait lui raconter et il n’avait aucun conseil à donner si ce n’était celui d’aller consulter un psy et d’arrêter de boire, puisque de toute façon, l’alcool n’était forcément pas la solution. Il le savait, il lui arrivait parfois – souvent – de trop boire pour oublier, mais de toute façon, les problèmes finissaient toujours par revenir. Les lumières allumées, il pu voir Jeane entrer dans le bar, puis elle se glissa derrière le comptoir. « Non merci, cette boisson m’donne l’impression de trahir mes origines. » Pourtant, il en buvait, ce serait mentir que de le nier. De toute façon, quand on buvait pour se taper une bonne cuite, le gout de liqueur n’avait pas vraiment d’intérêt, c’était plutôt le genre de moment où on attrapait tout ce qui nous passait sous la main. Mais il n’en démordrait pas. Le whisky de chez lui, le vrai whisky était bien meilleur. La jeune femme opta finalement pour le rhum. Ce serait très bien. Elle servit deux verres, pour une fois que ce n’était pas lui, ça changeait. Il observa la jeune femme, attendant la question qu’elle voulait lui poser et qu’elle voulait qu’il réponde avec honnêteté, il observa aussi ses mouvements de mains, sans vraiment y prêter attention, avant de rigoler suite à la question. « Et moi qui m’attendait à une question de la plus haute importance. » Une question personnelle peut-être, le genre de trucs qui l’aurait gavé, parce que jusqu’à présent, Jeane, elle n’avait jamais posé de questions vraiment personnelle et c’était bien comme ça. « Un peu moins. Mais je suppose que les gens viennent juste se bourrer la gueule plus tôt qu’avant, c’pour ça que les chiffres restent bons. » Il haussa légèrement les épaules. Y avait toujours autant de monde, ils restaient juste moins longtemps et consommaient souvent plus vite, comme s’ils avaient un quota de verre à avaler. Mais évidemment, le couvre feu avait des conséquences sur le chiffre d’affaire du bar. « Okay, Docteur Merlyn. » Il s’exécuta, attrapant le verre deux et les gélules qu’il avala rapidement. Elle aurait pu lui donner n’importe quoi, qu’il l’aurait avalé, il lui faisait confiance. « Merci pour ton aide. » Il le pensait sincèrement. Heureusement qu’elle avait été là. Sans elle, il ne serait sans doute pas mort de ses blessures, mais il ne savait pas ce qu’il aurait fait si elle ne s’était pas pointait comme ça. Peut-être qu’il serait allé faire encore plus le con et sans doute que ça se serait très mal terminé. Mais elle avait été là, l’empêchant de faire des conneries et sans doute qu’elle n’en avait même pas conscience. Lui il le savait et il lui en était reconnaissant.
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeMer 30 Sep 2015 - 1:38


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

Jeane Merlyn faisait son bonhomme de chemin. Sans se retourner, sans emporter avec elle les regrets de ce qui, irrémédiablement, allait devenir le passé. Elle n’voulait plus ça – elle fuyait ça, le poids des démons qui revenaient inlassablement hanter une vie : quelque part, sans doute, savait-elle qu’elle en avait déjà assez, pour une fille de son âge. Qui pouvait prétendre avoir été abandonnée par son père sans crier gare, puis avoir vu sa mère se faire torturer et tuer par des hunters ? De plus en plus de gens, sans doute, tant le monde commençait à tourner à l’envers. Elle ne savait pas ; et ne voulait pas savoir. Elle n’voulait pas compatir avec les autres, et s’attirer leur sympathie en leur racontant sa petite histoire triste d’enfant née dans la belle Californie, simplement pour mieux voir son rêve devenir cendres. Son allure, sa façon de parler et d’agir avec les autres, donnaient presque le sentiment qu’elle naviguait au-dessus des autres, sans se préoccuper d’eux ni s’arrêter sur leurs états d’âme : une illusion qu’elle se plaisait toujours à renforcer, soit en faisant les poches des uns et des autres, soit en provoquant une bagarre au beau milieu d’une foule de gens qui n’avaient rien demandé. Elle était comme ça, aussi imprévisible qu’un ouragan, fuyant à toutes jambes les moments mielleux d’une vieille histoire qui revenait hanter les frontières de son esprit : Jeane n’voulait pas parler de son passé. Elle n’voulait pas que les autres s’y intéressent. A quoi bon, hein ? Sa mère était morte, et rien ne pourrait la ramener – plus maintenant, cinq ans plus tard et son corps devenu os six pieds sous terre. La vengeance ? Ouais, c’était peut-être la seule chose qui continuait de nourrir la rousse – mais la force du monde s’opposait toujours à elle. Où chercher ? Que faire ? Que deviendrait-elle dans tout ça ? Aujourd’hui, elle n’était qu’une pickpocket, petite arnaqueuse qui sautait sur les occasions comme une pie qui piquait quelques joyaux avant de disparaître hors d’atteinte. Etait-elle apte à devenir un vrai monstre ? De ceux qui avaient tué sa mère sans remord ? De ceux comme son géniteur, qui vivaient et brillaient du malheur des autres. Y’avait déjà assez de malheurs comme ça, dans le monde ; elle préférait graviter loin des protagonistes de cette bataille. Loin des dégénérés. Loin des chasseurs. Eremon était-il l’un ou l’autre ? Elle préférait ne pas y penser, ne pas y croire – ne pas gratter la surface des illusions qui alimentaient si bien leur lien. Il était juste un barman, et c’était la seule vérité qu’elle était prête à accepter venant de lui. A vingt-deux ans à peine, elle avait encore de quoi grignoter quelques années d’ignorance – sans doute. « T’es bien naïf de croire que ça suffirait à m’empêcher de chercher. Mais c’est sûr que tu l’remarquerais sans doute plus facilement. » ses petites piques ironiques envoyées en plein dans le visage du jeune homme, de manière totalement inappropriée en de telles circonstances – c’était un bon moyen de faire comme si de rien n’était. Comme s’il ne venait pas de se faire péter la gueule, au beau milieu de la rue, sans que personne ne fasse rien, ne dise rien, ou ne remarque rien. Et demain, personne n’enquêterait sur cette histoire, tout simplement parce que c’était comme ça que les choses marchaient maintenant.

Ce type avait été un chasseur, et les chasseurs avaient tous les droits ici-bas. Peu importaient les autres. Les autres, comme elle, ils devaient se contenter de se planquer (pour peu que cela soit suffisant, comme elle l’avait déjà vu récemment), fermer la porte presque sécurisante d’un bar derrière eux, et faire comme si de rien n’était. Combien de temps encore, avant que l’Enfer ne grandisse plus encore sous leurs pieds, pour tout dévorer ? Combien de temps encore, avant qu’ils ne soient obligés d’épingler sur leur poitrail un signe quelconque les désignant comme humain. Ou transmutant. Ou peu importe quoi d’autre. Elle n’avait jamais été très attentive en cours d’histoire, préférant largement les sciences complexes mais prévisibles des mathématiques – mais ça sonnait vaguement familier. Familier comme ces époques qui donneraient à n’importe qui, la haine de l’humanité toute entière. Eremon et elle, ils étaient plutôt doués pour ces histoires d’illusion – maintenir l’impression qu’ils se connaissaient, qu’ils étaient même amis, alors que tout cela n’était qu’un tissu de mensonge. Elle ne connaissait rien de lui, ne savait rien de sa vie, de son passé, de ses véritables opinions sur ce qu’il se passait à Radcliff. Certes, il avait été prêt à tabasser un chasseur qui faisait sa ronde suite au couvre-feu ce soir, mais qu’est-ce que ça pouvait vouloir dire, hein ? Qu’il était violent sur les bords, un peu comme elle. Mais pour quelles raisons ? Elle n’cherchait pas à savoir, à lire entre les lignes ou sur le visage d’Eremon. Mieux valait ne pas savoir, lui dictait une conviction profonde, fichée droit dans le creux de ses entrailles. Mieux valait ne pas savoir, de quelles couches d’existence était composé un être humain : ce n’était que cauchemardesque quoiqu’il en soit. Parce que l’humanité était cauchemardesque – et même dans cela, les transmutants ne représentaient pas le futur, l’évolution ou une quelconque race humaine plus évoluée. Ils n’étaient pas plus aptes à faire la paix, à comprendre leur semblable : ils se retrouvaient juste doués de pouvoirs pour mieux s’faire la guerre. Mieux tuer, mieux blesser, mieux détruire la société – si l’envie leur en prenait. Sauver le monde ? Ça ne servait plus à rien – personne ici ne sauvait Radcliff. Elle était donc reine dans la maîtrise des questions stupides, des questions sans intérêt, voire même curieuses et marrantes. La réaction de son vis-à-vis à la fameuse interrogation qu’elle avait osé soulever, ne la surprit pas tant que cela : au contraire, d’un regard en biais, elle le dévisagea, un petit sourire amusé au coin des lèvres. Non, elle ne posait pas les questions de la plus haute importance – ce n’était pas son rôle à elle. Elle, elle errait juste, sans jamais se retourner. Ni apte à faire le bien, ni apte à faire le mal. Pas même pour rendre une quelconque justice à sa mère. Pas même pour mater ses propres démons, qui venaient l’assaillir, ou dans le noir ou même ici, sous la lumière jaunâtre du bar, juste devant le regard d’Eremon. Il ne releva pas cependant, ne remarqua sans doute rien, et c’est avec une dose de soulagement qu’elle accueillit la suite de la conversation – vivement qu’ils enchainent les verres, et passent à autre chose.

« Merci pour ton aide. » elle le dévisagea, prise de court, happée par un silence tendu. C’était bien la première fois, depuis longtemps, qu’elle entendait de telles paroles. Merci pour ton aide. Depuis quand n’avait-elle pas aidé quelqu’un ? Y’a pas si longtemps que ça, elle avait été prête à pousser un type entre les pattes d’une dégénérée complètement folle, pour se sortir elle-même de la mouise. Jeane n’était pas une bonne personne – plus depuis longtemps, plus depuis qu’elle avait été gagnée par le devoir de survivre, elle avant tous les autres. Peut-être ? Elle n’savait plus – elle avait bien traversé la rue ce soir, sans tenir compte du danger, pour aller voir Eremon, au beau milieu du couvre-feu. Il s’en serait sorti sans elle, sans doute ; mais il s’en sortirait mieux avec elle. Etait-ce ça qui comptait ? Et depuis combien de temps était-elle restée muette, à observer le jeune homme face à elle ? La réalité revint, justicière grandiose, pour s’apposer entre eux, faire cligner des yeux la rousse – ne pas perdre la face. Pas maintenant. Pas ici. Jeane n’voulait plus être fragile, la Jeane détruite, elle l’avait laissée à Los Angeles. Oui. Oui, peut-être. Elle haussa donc les épaules, se raclant la gorge avant de lâcher un petit rire moqueur : « Me remercie pas maintenant. Si ça s’trouve je t’ai donné de la drogue pour t’endormir et te piquer ton argent. Ou alors tu vas faire une horrible allergie et gonfler de partout. » au fond, elle n’était pas médecin, hein ? Et cette simple idée, lui faisant lâcher un rire amusé, suffit à chasser ces monstres de la nuit qui avaient menacé de lui faire tout perdre. Ici, et là. Et, pour faire passer l’horrible arôme acide au creux de sa gorge, la Merlyn se pencha, pour prendre le petit verre rempli d’alcool qui lui était destiné. Ni une ni deux, elle le vida d’un cul sec, avant de se tourner à nouveau vers son compagnon d’infortune. « Où est-c’que tu as mal alors ? J’te préviens, il va me falloir un autre verre si j’dois faire des points. » et encore ! Elle n’avait jamais reçu de formation quelle qu’elle soit à ce sujet ; il lui faudrait au moins trente verres de rhum, pour être saisie par la folie de croire qu’elle pouvait recoudre quelqu’un. En fouillant dans la trousse de secours, Jeane en sortit de quoi désinfecter, ainsi que des bandages, de la gaze, une crème destinée à limiter les bleus – et donc, limiter la casse. Qu’est-ce qu’il deviendrait, demain, s’il devait se promener avec le visage tuméfié, recroquevillé par la douleur ? Allait-il devenir le souffre-douleur de tous les chasseurs de la ville pour ce qu’il avait fait ? Et voilà qu’elle ne put s’en empêcher, sans même savoir pourquoi. « Hey. T’es pas obligé de répondre mais… pourquoi t’as fait ça ? » elle le dévisagea, soucieuse et inquiète – non pas pour lui, plutôt pour elle – allait-il péter les plombs et l’envoyer chier ? C’est ce qu’elle ferait, elle dans cette situation. « J’veux dire, pas que tu recommences demain et détruise tout mon beau travail. » enchaina-t-elle donc rapidement, haussant les sourcils d’un air innocent – son premier réflexe pourtant pour fuir, fut de se rabattre sur la bouteille de rhum, et remplir à nouveau son verre. Elle allait devoir boire encore un coup, si elle voulait arrêter de se soucier d’Eremon.
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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeLun 12 Oct 2015 - 21:36

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
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Depuis qu’il était arrivé à Radcliff, Eremon en avait vu de toutes les couleurs. Entre les émeutes, les incendies qui tuaient des familles complètes et les explosions diverses et variées, cette ville était loin d’être la petite ville calme et paisible qu’on aurait pu vendre dans les brochures. Il avait vu des gens mourir, dont la fille qu’il avait aimée, il avait été torturé pour aider à mettre au point un vaccin. Il avait connu plus de malheur en un an dans cette ville qu’el vingt-neuf autres ailleurs. Se faire voler son portefeuille par Jeane dans le fond, ce n’était rien après tout ce qu’il avait pu connaitre d’autre à Radcliff. Ce n’était qu’un détail sans importance, quelque chose qu’il pouvait rapidement oublier pour passer à autre chose. Elle pouvait bien lui voler ce qu’elle voulait, ce n’était pas comme s’il possédait grand-chose de toute façon. Il avait passé sa vie à voyager de ville en ville, il savait bien qu’il ne devait pas trop s’encombrer, parce que tôt ou tard il devrait de nouveau remplir ses sacs pour partir ailleurs. Rester à Radcliff, ça n’avait jamais fait partie du plan, Loeven lui, il l’avait bien compris, il était parti et Eremon espérait vivement qu’il allait bien, ailleurs, loin d’ici. Lui, il n’avait pas réussi à partir, parce qu’il y avait eu Talisa et qu’il n’avait pas eu envie de quitter la ville en la laissant derrière lui. Mais elle était morte et il restait quand même, sans vraiment être capable de dire pourquoi. Il restait parce qu’il n’y avait peut-être pas de ville qui valait mieux que Radcliff. Ou juste parce qu’il était trop paumé avec sa vie pour savoir quoi faire. Il n’avait plus aucun but à présent. Se venger d’Oswin ? Peut-être. Mais dans le fond, ça n’avait pas d’importance. Ce n’était pas ça qui allait ramener Lyanna de toute façon. Sa sœur était morte et il n’y avait rien au monde qui changerait ça. Rien au monde qui pourrait ramener Talisa non plus. Plus rien n’avait d’importance maintenant, même sa propre survie, il s’en fichait assez pour aller se battre avec le premier hunter qui passait dans le coin. Alors franchement, son portefeuille, elle pouvait le prendre et en faire absolument ce qu’elle voulait, de toute façon, ce n’était pas ça qui allait la rendre particulièrement riche. Tout au plus, elle gagnerait avec sa carte d’identité falsifiée et une vieille photo de famille, sur laquelle il apparaissait en compagnie de son frère et de sa sœur. C’était peut-être la chose qu’il y avait de plus précieuse là-dedans. Un léger sourire sur les lèvres, le jeune homme haussa légèrement les épaules suite à la réplique de la rouquine. « Tu devrais pas mettre tes mains n’importe où comme ça. Fouiller dans les caleçons des gens, c’est pas terrible. » Après, elle faisait bien ce qu’elle voulait, ça ne le regardait pas. Tant que ce n’était pas son caleçon à lui qui était visé en tout cas et comme il n’y avait aucune chance pour qu’il décide de planquer son portefeuille là-dedans, ça devrait aller.

De retour dans le bar, il suivit les conseils de Jeane sans chercher à comprendre. C’était peut-être bizarre de faire aveuglément confiance à la fille qui lui avait déjà volé à plusieurs reprises son portefeuille. Mais il savait que c’était une fille bien dans le fond. Il ne connaissait pourtant pas grand-chose d’elle. Juste des brides de ce qu’elle voulait bien raconter. Mais c’était peut-être parce qu’elle ne passait pas son temps à parler d’elle et qu’elle n’avait pas franchement l’air d’en savoir plus sur lui, qu’il arrivait à lui faire confiance aussi facilement. Parce que ce qu’il y avait entre eux, c’était simple, ce n’était pas prise de tête. Elle était probablement la seule de son entourage qui ne voulait pas le pousser à se confier sur les problèmes de son existence. Elle n’avait pas l’intention de s’improviser psychologue avec lui et franchement, c’était agréable. Ça changeait du reste des personnes qu’il connaissait, celles qui le trouvaient changé et qui avaient ce besoin fou de comprendre pourquoi, soit disant qu’en parler ça pourrait l’aider. D’après lui, il aurait beau raconter sa vie en long en large et en travers, ça ne changerait absolument rien à la situation. Au moins Jeane, elle comprenait ça, ou simplement, elle s’en fichait, l’un comme l’autre, ça convenait parfaitement à Eremon. « C’est vrai, j’avais oublié que tu étais prête à tout pour le voler mes quelques malheureux dollars qui trainent au fond de mon portefeuille. » Leur discussion de ce soir tournait un peu trop autour de cet argent, alors qu’il n’y avait vraiment pas grand-chose là-dedans, juste les quelques pourboires qu’il avait pu récolter au cours de la soirée et ça ne représentait pas grand-chose. Il n’était pas assez aimable pour ça. Il se fichait complètement des personnes qui rentraient dans ce bar, il servait ses verres et au-delà de ça, il n’en avait rien à faire. Il y avait une autre époque où il n’aurait pas hésité à sourire à parler avec les gens, mais plus aujourd’hui. Cet Eremon là était probablement mort entre les mains des hunters quelques mois plus tôt. Maintenant il ne restait plus que celui qui se fichait du reste du monde comme de sa première chemise. Il n’allait pas faire l’effort de parler aux gens juste pour qu’on lui donne cinq dollars de plus. Du moment qu’il avait sa paie à la fin du mois de toute façon, c’était tout ce qui comptait. « Et puis si je gonfle, je t’autorise à prendre une photo pour pouvoir te foutre de ma tronche à volonté. » Comme si elle avait besoin de ça de toute façon. Enfin, il n’avait souvenir d’avoir déjà fait une réaction allergique à un quelconque médicament, ou une quelconque allergie tout court. Une chance pour lui sans doute. Il attrapa son verre de rhum pour en avaler rapidement le contenu. « Encore un comme ça et je ne devrais plus avoir mal nulle part. » Il adressa un léger sourire à la jeune femme. Il avait bien la lèvre qui commençait à gonfler, la paupière qui n’allait pas tarder à en faire autant et l’arcade qui saignait même s’il avait prit le temps de l’essuyer du revers de la main, mais ça irait, il avait connu pire.

Pourquoi est-ce qu’il avait fait ça ? C’était une bonne question. Il n’était pas sûr de vraiment savoir. Il n’avait pourtant jamais été particulièrement bagarreur. Au contraire, avant tout ça, ça avait été un type plutôt doué pour éviter les conflits. Au moins, ses parents n’avaient jamais eu à se plaindre d’un quelconque comportement agressif, mais ses petites amies n’avaient jamais eu le droit au chevalier servant qui vient frapper le premier gars cherchant à les emmerder. Ça n’avait jamais été son style et pourtant en ce moment, il semblait qu’il avait constamment ce besoin fou de venir taper sur tout le monde et n’importe qui. Même les personnes à qui il tenait. Astoria par exemple, il l’aimait bien, elle était son amie, celle qui avait risqué sa vie pour lui venir en aide et pourtant, il l’avait frappée sans raison. Il se détestait pour ça et il était incapable d’expliquer ce geste, ça avait été une folie incontrôlable, comme ce soir avec ce hunter. Il avait su pourtant que c’était lui qui finirait par se faire refaire le portrait, mais malgré ça, ça ne l’avait absolument pas arrêté. Il s’en fichait complètement de se prendre une dérouillée. C’était même peut-être ça qu’il avait cherché, il n’en savait absolument rien. » Pourquoi est-ce que tu fais les poches des gens ? » Chacun ses questions. Elle n’avait pas l’air dans le besoin pourtant. Dans le fond, il ne voulait même pas de réponse à cette question, c’était juste histoire de changer de sujet. Mais il soupira légèrement, tout en fixant son verre vide. « J’sais même pas pourquoi j’ai fais ça. J’ai jamais été particulièrement agressif, j’ai rien d’un champion de boxe. » Au contraire, c’était le genre de sport qu’il n’avait jamais pratiqué et qu’il n’avait jamais eu envie d’essayer. Il n’était pas très sport de toute façon. Il était plus du genre à finir vautré sur le canapé devant les jeux vidéos qu’en plein entrainement de sport. Plus jeune, sa seule activité extrascolaire, ça avait été la musique, il avait apprit à jouer de la guitare, mais le sport, ça jamais. « C’pas la première fois que ça m’arrive, c’est juste comme si je n’arrivais plus à me contrôler. » C’était un peu comme s’il devenait fou, quelques minutes pendant lesquelles il pétait un plomb, parfois sans raison particulière. Là encore, il avait une raison au moins, ce type était un con qui était venu le faire chier tout ça parce qu’il était un peu en retard sur le couvre-feu, mais pour Astoria, ça n’avait peut-être été qu’un seul coup, mais il n’y avait eu aucune raison pour venir justifier son geste, si ce n’était un coup de folie qu’il ne comprenait pas. « Je peux pas promettre que je ne vais pas détruire ton travail d’ici demain, mais je vais essayer. J’essaie toujours. » Mais il ne réussissait jamais. C’était plus fort que lui cette impulsion qui lui venait de nulle part et qui le faisait sombrer dans une rage incontrôlable. Il avait beau essayer de lutter contre ça, il n’y arrivait pas, alors, il se contentait d’espérer que ça veuille bien s’arrêter un jour, pour qu’il puisse retrouver au moins un semblant de tranquilité.
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeMer 21 Oct 2015 - 22:35


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

C’n’était sûrement pas pour rien, que beaucoup de gens se réfugiaient dans l’alcool. Le précieux liquide aux forts arômes parvenait la plupart du temps à chasser tous les doutes, tous les questionnements, toutes les inhibitions qui pouvaient ralentir quelqu’un. Tuer l’espoir, l’attente fébrile face à la vie, l’envie de continuer, de quelque manière que ce soit. Et quand venait la gueule de bois, au final, être penché par-dessus la cuvette des toilettes était toujours une meilleure solution que de ressasser les chagrins passés pour tout remettre sens dessus-dessous. Du haut de ses vingt-deux ans à peine, la Merlyn faisait déjà partie de ces paysages emplis d’ivresse, là à Radcliff, ou dans quelque autre coin du pays par lequel elle était déjà passée précédemment : furieuse fuyarde de l’existence, impétueuse provocatrice, la rousse s’était fondu désormais avec une attitude désinvolte qui lui allait bien. Et qui repoussait les gens plus que de mesure – un avantage non négligeable, pour une jeune fille comme elle, qui n’avait certainement pas l’intention de laisser qui que ce soit entrer dans sa vie. Elle le savait – inconsciemment sans doute – Jeane serait prête à tout détruire entre elle et Eremon si les choses devaient aller trop loin. Si elle finissait par devenir trop impliquée dans leurs rencontres, leurs têtes à têtes, ou ses préoccupations vis-à-vis de ce qu’il faisait la nuit, lorsque le couvre-feu aurait dû le retenir chez lui. Radcliff était une prison, et les frontières de la ville étaient dessinaient désormais les barreaux qui les retenaient captifs : en compagnie du Dickens à ses côtés, elle semblait presque être une captive à même d’accepter sa condition – de s’adapter, et de trouver même une quelconque joie dans cette misère. Mais peu importaient leurs sourires, leurs échanges complices, tout c’qu’elle voulait, c’était partir. Partir loin de ce coin de Kentucky et des fantômes aux visages trop familiers qui erraient ici : la vérité était, que quoiqu’elle fasse, quoiqu’elle veuille, être à Radcliff la rapprochait du paternel qu’elle détestait avec tant d’ardeur. Il était là, lui aussi, piégé dans les quelques kilomètres carrés de ce misérable petit bled, et la simple rage qu’elle ressentait à l’égard de son géniteur, suffisait à motiver la rousse sauvage à rêver d’autres endroits. N’importe quelle autre ville que celle où elle se trouvait à l’heure actuelle : peu importait Eremon, peu importaient tous les visages qu’elle avait côtoyés jusque-là, furieuse et solitaire, elle était fermement accrochée à ce qui avait toujours dicté ses instincts. Sa survie – son errance. Le rhum enjolivait la conversation, le rhum les rendait de bonne humeur et les faisaient rire plus aisément – mais ça n’changeait sûrement rien aux problèmes qui vibraient profondément en eux, derrière les apparences qu’ils s’affichaient l’un l’autre. Et aucun des deux n’avait l’intention de baisser les masques, se défaire de l’assurance qui les grimait, et masquait des démons plus hideux que ceux que d’autres pouvaient porter, sans doute. Elle, à vingt-deux ans à peine, happée, piégée par les traitrises les plus perfides de son esprit, de sa mémoire toute entière ; c’n’était sûrement pas normal, c’n’était pas comme ça que les gamines comme elles étaient vouées à naître, à grandir. Loin d’elle pourtant, le désir qu’on la plaigne, qu’on la prenne en pitié – Eremon avant tous les autres ; quelque part, l’indifférence avec laquelle ils échangeaient, l’humour sans conséquence planant dans l’air autour d’eux – c’était tout ce qu’elle avait pour s’échapper.

Combien de temps encore, pouvaient-ils défier toutes les lois étouffantes du monde ? La gravitation qui les collait au sol, à la réalité de ce qu’ils étaient ? Elle, nulle autre qu’une orpheline, ayant parcouru des centaines de kilomètres dans l’espoir désespéré d’y retrouver son père. Un père qui l’avait abandonnée seize ans plus tôt, et l’avait simplement rejetée en plein cœur de Radcliff. Et lui… lui. Elle n’savait pas ce qu’il était, ce qui le motivait, quel était son passé, quelles étaient ses intentions. Elle savait juste qu’il lui servait des verres sans poser la moindre question, sans l’emmerder parce qu’elle se saoulait un peu trop, sans rechigner. Elle savait aussi qu’il sautait à la gorge des hunters trois fois plus larges et plus forts que lui – quitte à s’pendre une raclée monumentale. Elle savait aussi qu’il n’savait pas comment faire pour stopper efficacement un saignement de nez. Et qu’il avalait n’importe quelle pilule qu’on lui filait. Qu’est-c’que ça pouvait résumer tout ça, hein ? Qu’est-c’que ça pouvait indiquer de concret ? Ils n’cherchaient pas du concret, dans les moments qu’ils passaient tous les deux – le commun accord était là, palpable dans chaque mot qu’ils échangeaient. Chaque question stupide et sans intérêt qui franchissait leurs lèvres. Jamais elle ne foutrait sa main dans le slibard du type en face d’elle juste pour lui piquer son portefeuille – mais c’était toujours cool de se prétendre capable de le faire. Dénuée de toute retenue, de toute crainte, de toute politesse quelle qu’elle soit. Désinhibée, comme si elle nageait dans l’alcool doucereux à longueur de journée, pour toute sa vie à venir – ce serait tellement bien, tellement facile. Pourquoi devraient-ils se blâmer d’agir comme s’ils n’étaient connectés à rien ? N’avaient-ils pas droit à un break, avec tout ce qu’ils avaient traversé ? Car quand bien même elle n’savait pas grand-chose du barman bougon, il était aisé de lire à travers les apparences – il était si facile de dénicher ici et là, les traces des épreuves qui avaient forgé Eremon tout autant qu’elles l’avaient forgée elle. Ils étaient bien plus similaires que c’qu’ils étaient aptes à reconnaître à haute voix, et c’était probablement ça qui les rendait si bien l’un pour l’autre – pour ces temps du moins, ces temps frivoles à vider une bouteille de rhum comme si ça avait été de l’eau minérale. « Que les choses soient claires. Si tu t’mets à gonfler, j’irai jusqu’à me créer un compte twitter pour poster la photo à travers toutes les strates possibles et imaginables d’internet. » sourire narquois au bord des lèvres, petit éclair joueur dans les yeux, Jeane parlait presque sérieusement pourtant – ce serait terriblement amusant de faire un truc complètement con et immature comme ça, pour une fois. Depuis combien d’années avait-elle abandonné le projet, la possibilité d’avoir une vie sociale comme ce que les autres filles de son âge avait ? Jeane n’parlait plus à ses amies d’autrefois, ses amies d’avant tout ça, elle avait oublié volontiers ses ex et les pitoyables histoires guimauves qu’elle avait connues jusque-là. Elle avait oublié tout ce qui avait fait la vie de Valeria Merlyn, gosse de Los Angeles, pourrie, gâtée, riche, maligne. Heureuse à en pleurer. Il avait besoin d’un verre, et elle en avait bien besoin elle aussi, sans rechigner, elle lui remplit son petit verre à nouveau, arquant un sourcil comme si elle s’attendait à ce qu’il l’avale cul sec, pour voir ses plaies se refermer spontanément, en un clin d’œil. Tout ceci n’arriva pas bien évidemment, et Jeane lâcha un soupir ; il fallait quand même qu’elle fasse les choses bien.

Par-dessus le comptoir, elle attrapa un torchon propre qui trainait là ; d’un pas léger, elle contourna le bar pour se retrouver du côté qu’il occupait habituellement, trouvant des glaçons qu’elle plaça dans le bout de tissu. La question avait passé sa bouche sans qu’elle ne se donne la peine de la retenir – presque imprudente, au moment de revenir s’asseoir devant son verre, tendant à Eremon ce qu’elle lui avait préparé. Qu’il l’applique où il voulait, ou qu’il ne le fasse pas, au fond, elle s’était au moins donné la peine de faire les choses complètement – une faveur qu’il lui retourna. A s’y frotter, la rousse venait de s’y piquer, en un vague sourire nostalgique glissant sur ses lèvres à la question qu’il lui retourna. Pourquoi faisait-elle les poches des gens ? Combien de réponses vénéneuses et sarcastiques avait-elle déjà servies, à ce propos ? Elle avait un véritable répertoire de piques toutes faites pour répliquer à l’attaque d’Eremon ; pourtant, elle conserva le silence de longues secondes, le temps qu’il réponde. Réponde, au-delà de ses espérances, avec une sincérité qu’elle ne connaissait plus vraiment, aujourd’hui dans l’existence qu’elle menait. A défaut de détourner le regard, faiblir une seconde, Jeane attrapa son verre pour en boire une gorgée, plaçant son coude sur le comptoir, appuyant sa tête sur sa main comme le ferait une sirène captivée par les mots qu’il disait. Se moquait-elle de lui ? Sûrement un petit peu, le seul moyen presque subtil qu’elle avait trouvé d’ôter du sérieux à ce qu’il disait. Mais les confessions du Dickens attiraient les siennes (elle lui devait bien ça désormais). « Tu f’rais mieux d’essayer vraiment très fort. Parce que j’vais pas rester perchée sur mon toit d’immeuble tous les soirs rien qu’au cas où. Et puis même, au bout d’un moment tu finiras carrément par épuiser ma bonne volonté. » une main passant sur son cœur, elle était prête à se présenter comme la plus sainte des créatures, tout ça parce qu’elle avait ramassé un pauvre samaritain dans la rue pour lui donner un cachet et de quoi mettre de la glace sur ses plaies ; le tout, en piochant dans les réserves du bar où il bossait lui-même. Finalement, peut-être qu’elle n’était pas une si grande sauveuse que ça. « Moi j’aime bien rencontrer des gens. C’est pour ça que j’fais les poches des gens. T’as pas idée du nombre de relations qu’on se fait comme ça. » combien de personnes l’avaient poursuivie parfois, à toute allure ? Combien d’entre eux l’avaient surprise en plein milieu de son vol ? L’expérience désormais, rendait la rousse aussi discrète, agile que rapide, mais y’avait eu un temps où tout n’avait été que chaos, complications, et brefs séjours dans un bureau de police. C’était là qu’elle avait développé le talent de se mettre à pleurer à chaudes larmes en s’excusant de toutes les manières possibles et imaginables. C’n’était pourtant pas la réponse qu’Eremon méritait – sans doute celle de laquelle ils seraient tous les deux, bien contents de garder, histoire d’alléger à nouveau l’humeur. Mais le visage de la jeune femme s’assombrit, alors qu’elle pinçait les lèvres. « Je-j’ai pas particulièrement besoin de l’argent... » lâcha-t-elle finalement, ne pouvant retenir l’expression de l’évidence, par ses sourcils arqués avec une certaine ironie : non, elle ne manquait pas de thunes, c’était une évidence. Bien avant elle, son père avait été un voleur aussi – un voleur à une autre échelle, et d’autres façons. Un gros arnaqueur, qui avait construit tout l’empire Merlyn en Californie, grâce à des magouilles diverses et répugnantes. « J’suppose que c’est… fun, la vie – tu sais – la vie… chiante des gens modèles, c’est pas mon genre. » ça l’avait été, et puis des connards étaient venus tout détruire ; littéralement. Jeane attrapa son verre finalement, fuyant le regard d’Eremon tout autant que la tentation de dire autre chose, comme si elle était lancée, bien contre son gré. L’acidité de l’alcool lui fit avoir une grimace : mais définitivement, ça rendait les choses bien légères – dans sa grimace, les creux inquiets dans son visage avait disparu, et elle se lançait déjà à la conquête d’un autre instant sans importance. D’une autre question débile. « J’suppose que je n’serais qu’un pilier de bar parmi les autres si j’t’avais pas piqué ton portefeuille, un jour, comme ça. » et à nouveau, elle lâcha un vague ricanement, observant Eremon à ses côtés ; où serait-il lui, à l’heure actuelle, s’ils ne s’étaient pas croisés, apprivoisés d’une certaine manière ? Serait-il tombé dans les pommes au milieu de la rue ? N’aurait-il jamais fait ça ? « Et j’pourrais même pas avoir des consommations gratuites après les heures de fermeture. » pour marquer ses paroles, elle leva son verre, comme pour trinquer avec l’homme en face d’elle. Définitivement, à l’échelle pourrie de cette ville pourrie, cette soirée avec Eremon était loin d’être déplaisante.
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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeVen 6 Nov 2015 - 11:45

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

Eremon ne savait pas vraiment pourquoi, mais il avait l'impression qu'il pouvait faire confiance à Jeane. Il ne la connaissait pas beaucoup, il ne la connaissait même pas du tout dans le fond. Elle était juste cette fille qui lui avait volé son portefeuille, cette fille qu'il devrait détester pour ça peut-être. Mais, ce n'était pas le cas. Parce qu'à chaque fois qu'ils avaient eu l'occasion de parler ensemble, il avait eu l'impression qu'ils étaient sur la même longueur d'onde. Ils étaient deux personnes avec leur histoire, leurs déceptions et leurs malheurs, tant de problèmes dont aucun d'eux ne parlait, parce qu'ils n'avaient pas besoin d'une énième personne dans leur entourage pour venir leur poser mille et une question sur leur ressenti. S'ils avaient eu besoin de ça, ils auraient probablement pris rendez-vous chez le psychologue depuis un moment. Mais franchement, se confier sur sa vie, c'était la dernière chose dont il avait envie. Il ne voulait pas parler de la mort de Lyanna ou de celle de Talisa. Il ne voulait pas non plus parler de ce qui avait pu lui arriver quand il avait été fait prisonnier par les hunters. Dans le fond, qui est-ce que ça intéressait ? Il ne comprenait pas pourquoi on voulait absolument l'entendre parler de tout ça. Ça n'avait rien de franchement passionnant, c'était juste particulièrement déprimant. Il ne croyait pas qu'en en parlant ça irait mieux, parce qu'il n'y avait rien qui puisse changer tout ce qui avait pu se passer dans sa vie. Au point où il était, la seule chose qu'on pouvait faire pour lui, ce serait probablement de lui effacer une partie de la mémoire, histoire qu'il n'ait pu à repenser à toute la merde qu'il avait connue jusque là. Raconter sa vie par contre, ça n'allait pas l'aider. Peut-être que Jeane avait compris ça, ou qu'elle n'avait simplement pas envie de l'aider, qu'importait. Elle n'insistait pas et c'était très bien comme ça. Il avait l'impression qu'ils se comprenaient mieux que tout le monde,  alors il lui faisait confiance. Alors peut-être qu'elle lui avait filé un truc qui allait lui causer des réactions bizarres, tant pis. Dans le pire des cas, il finirait probablement par s'en remettre. A part si c'était du poison qu'elle lui avait filé, mais dans ce cas là, il allait mourir et tant pis aussi. Mort, il ne pourrait pas lui en vouloir de toute façon. Et puis, ce n'était pas comme s'il tenait particulièrement à la vie. Après tout, il fallait bien ne pas avoir grand chose à faire de sa vie pour aller se battre avec un type au beau milieu de la rue comme il venait de le faire. Il avait su qu'il ne faisait pas le poids et pourtant, il avait frappé, là où quelqu'un d'à peu près censé aurait baissé la tête pour tracer son chemin. Ce n'était pas parce qu'il s'opposait ouvertement aux hunters et à leur façon de diriger la ville, il n'aimait pas ça, mais il n'allait pas entrer dans un mouvement rebelle pour montrer son mécontentement. C'était juste parce qu'il avait eu besoin de taper sur quelqu'un. Pas de raison précise, pas de crainte des risques qu'il prenait, peut-être qu'il devenait fou dans le fond.

Il ne pu s'empêcher de sourire suite à la réflexion de la jeune femme. Qu'elle se mette sur twitter pour montrer au monde entier sa face complètement gonflée si ça l'amusait. Il s'en fichait complètement dans le fond. Ce serait probablement le cadet de ses soucis si maintenant on se foutait de lui quand il passait dans la rue. Il préférait même ça, aux gens qui le regardaient avec un air suspect dans la rue. Ceux qui n'arrivaient pas à oublier à qu'il avait été accusé de meurtre. Même si on l'avait libéré et innocenté, il y aurait toujours des gens pour penser qu'on atterrissait pas en prison par hasard. Même si, lui, techniquement, il n'avait jamais mit les pieds en prison. Mais ça, il n'y avait bien que lui et les scientifiques qui s'étaient occupés de son cas qui étaient au courant de tout ça. « Si ça peut t'amuser, tu peux bien faire ce que tu veux. » Il haussa légèrement les épaules. Il n'allait pas s'opposer à cette idée, puisque de toute façon, il s'en fichait complètement. Et puis, de toute façon pour l'instant, il ne gonflait pas, il n'y avait aucune raison pour que ça commence. Aux dernières nouvelles, il n'avait pas beaucoup d'allergies. Il n'avait pas souvenir d'avoir déjà fait une réaction allergique suite à la prise de médicaments alors sans doute que Jeane pouvait ranger son téléphone portable et rester en dehors du grand réseau de twitter, car ce ne serait pas aujourd'hui qu'elle aurait ses photos compromettantes. Peut-être demain. Là il aura gonflé, mais plus à cause des ecchymoses qu'à cause des médicaments. A moins peut-être de mettre de suite la tête dans un saut de glace, mais franchement l'idée de ne tentait pas du tout. En parlant de glace, Jeane lui avait passé un torchon avec de la glace, qu'il attrapa pour appliquer sur sa lèvre enflée, c'était froid et ça faisait presque plus de mal que de bien, mais peut-être que ça allait limiter les dégâts. Elle lui avait demandé pourquoi il avait fait ça, cette question à laquelle il n'avait même pas de réponse. Il ne savait pas vraiment qu'est-ce qu'il l'avait poussé à agir de la sorte. Un sorte de comportement qu'il s'était senti incapable de contrôler. Il avait détourné la question, la lui renvoyant. C'était légitime dans le fond, elle voulait savoir ce qui n'allait pas chez lui, alors peut-être que c'était normal de dire aussi ce qui n'allait pas chez elle. Lui il se battait avec des types clairement plus forts que lui dans la rue, elle, elle faisait les poches des gens, chacun son truc. Il esquissa un léger sourire avant de reposer le torchon contre le comptoir. «  Dommage, et dire que j'ai toujours rêvé d'avoir une héroïne veillant sur moi depuis les toits de la ville. Voilà que tu brises tous les espoirs. » Il n'attendait pas d'elle qu'elle veille sur lui. Il n'attendait ça de personne. Il vivait sa vie comme il le pouvait, seul et c'était très bien comme ça. Sans doute que si ça avait été quelqu'un d'autre que Jeane ce soir, il aurait refusé son aide, préférant se démerder tout seul plutôt que d'accepter l'aide de quelqu'un. Mais Jeane, c'était l'exception qui venait confirmer la règle apparemment. C'était probablement la première fois qu'ils entraient vraiment dans les confidences depuis qu'ils s'étaient rencontrés et puis toujours avec cette légèreté qui les définissait. « J'suis pas sûr que toutes les relations que tu te construits en volant le fric des gens soient positives. » Il haussa les épaules, c'était peut-être le seul à ne pas lui en vouloir pour ce qu'elle avait fait. Lui il s'en fichait, mais y en avait qui étaient tellement attachés à leur argent qu'ils devaient la maudire. « Les gens comme nous sont pas faits pour la vie chiante des gens modèles je crois. » Elle donnait cette impression en tout cas et lui, il l'avait voulue cette vie chiante des gens modèles, il l'avait presque eue à une époque, puis, tout s'était envolé en fumée et maintenant, il n'envisageait même plus de pouvoir retrouver tout ça. Il avait loupé sa chance sans doute. Un sourire sur les lèvres, il imita le geste de la jeune femme, levant son verre avant de le porter à ses lèvres pour en avaler une longue gorgée. « Heureusement que tu as décidé de me voler mon portefeuille alors. Ça aurait été triste de ne pas pouvoir boire après la fermeture du bar. » Puis, il était plutôt content de l'avoir rencontrée, alors, heureusement qu'elle lui avait volé son portefeuille cette fois là. Sinon, elle avait raison, elle ne serait qu'un pilier de bar parmi les autres, une autre personne à qui il ne ferait simplement pas attention et le contraire serait vrai aussi. Ce vol, ça avait sans doute été un mal pour un bien.  
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeLun 23 Nov 2015 - 0:28


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

Papillonner, c’était c’qu’elle faisait de mieux ; un talent qui lui collait à la peau désormais, plus un réflexe, un instinct de survie indispensable à la bonne marche de son existence toute entière. Comment pouvait-elle aspirer à quoique ce soit d’autre ? Dans toute sa vie, il n’y avait toujours eu qu’une seule personne ; un centre de gravité à ses jours entiers, ses ambitions et ses choix de vie – sa mère. Petite fille à maman, gamine rousse lovée dans les bras de la matriarche, protégée et couvée par celle-ci, échappant au reste du monde, Jeane avait bien souvent laissé le reste du monde courir sans avoir la moindre importance. Et la seule personne en laquelle elle avait pu avoir foi, le seul être humain d’cette vaste planète auquel elle avait accordé tout son attachement, lui avait été brutalement arraché. Pas à cause d’un putain d’accident, comme ça, sans crier gare. Pas à cause d’une maladie pernicieuse et assassine. Pas à cause de la nature qui exigeait des vies comme ça, au gré de ses caprices. Mais à cause d’autres gens, d’ces êtres sans foi ni loi qui gravitaient sur cette planète, uniquement avec l’ambition de semer le chaos, la mort et la désolation partout où ils allaient. Etait-elle devenue un peu comme eux ? Partout où la Merlyn passait, c’n’était pas la foi en l’humanité qui survivait, plutôt la rancœur, la haine, la rage pure et dure – bien plus de gens s’prenaient à détester l’humaine lambda plutôt qu’à l’apprécier pour une raison ou une autre. Mordante, critique, sardonique, voleuse et moqueuse, peu décidée à vouer son âme à qui que ce soit, la gamine de Los Angeles avait parcouru bien du chemin depuis l’insouciance d’la petite fille dans les bras de sa mère. On lui avait pris son repère, tout son monde – elle s’vengeait sur tous ceux qui passaient sous sa main, trop consciente qu’elle n’pourrait jamais retrouver les tueurs de celle qui avait fait tout son monde. Que jamais, son avenir n’pourrait rimer à quoique ce soit. C’n’était pas son père qui allait l’aider en quoique ce soit ; ça, la rousse l’avait appris à la dure, affrontant de face le peu d’intérêt que celui-ci avait pour son existence à elle, sa survie, ou même son futur quel qu’il soit. Parfois, elle s’retrouvait collée par un type qui ressemblait plus ou moins à un garde du corps collé par son patriarche sur ses talons, pour s’donner bonne conscience probablement – mais c’n’était pas comme si ça irait plus loin un jour. C’n’était pas comme si elle pouvait encore alimenter une quelconque foi à l’égard de l’homme qui avait un jour sauté sa mère pour faire une naître une gamine, neuf mois plus tard. Il avait choisi une destinée bien loin d’sa famille, le jour où il s’était cassé pour poursuivre ses business lucratifs bien loin de Los Angeles – de Valeria, de la femme qu’il avait épousée, de toute chance d’avoir une quelconque histoire simple. Simple ça rimait presque avec ennui désormais à l’esprit de la jeune Merlyn, c’n’était pas pour rien qu’elle se retrouvait là, à pas d’heure, après le couvre-feu lui promettant sécurité, à panser les plaies d’un type qu’elle n’connaissait pas vraiment. Mais avec qui elle trainait malgré tout, autour de quelques verres d’alcool fort, comme si elle n’avait rien à perdre.

Eremon n’était pourtant pas un type modèle : plus que jamais ce soir elle en avait la preuve. Elle aurait pu s’prétendre idiote jusqu’au bout, hypnotisée par son regard profond, ses bouclettes et ce charmant accent – ils n’en étaient pourtant pas là. C’n’était pas ça. C’était… plus complexe encore qu’une stupide attirance physique, frivole et passagère. Ephémère, comme tout l’reste de son jadis, d’son présent. D’son avenir, sûrement. Nan, dans cette putain de ville pourrie, l’agonie lente et douloureuse de sa vie toute entière, Eremon était c’type qui la distrayait – l’aidait à éloigner ses pensées de tout c’qui était douloureux, lourd, pénible. Tout ce qui revenait inlassablement la torturer aussitôt était-elle seule, baissant sa garde sur tout ce qui l’entourait. Elle n’savait déjà plus ce qui l’avait fait sortir du lot, c’qui l’avait poussée, toute nouvelle en ville, à retenir sa tête à lui en particulier – sûrement n’était-ce vraiment que ça, le fait qu’il n’lui ait jamais posé de question emmerdante, n’lui ai jamais lancé de regard plein de jugement. Deux âmes en peine qui s’évitaient tout autant qu’elles s’étaient irrémédiablement amenées sur le chemin l’une de l’autre : pourquoi seraient-ils là, sinon ? « Tu peux jamais savoir. C’est sûr que ça pourrait m’amuser… mais en même temps, j’suis pas sûre que t’aies grand-chose de la célébrité. Et quoiqu’il en soit, ceux qui t’connaissent doivent déjà avoir une certaine opinion de toi. » guère un jugement, plus un constat : Eremon Dickens n’était pas connu pour être le barman le plus jovial et accueillant de tout Radcliff – c’était à s’demander comment il pouvait encore avoir un job. Sûrement que les clients, eux, étaient contents de n’pas avoir à claquer trop de billets verts pour le pourboire : c’n’était pas comme s’il en méritait un. Elle, ça lui suffisait amplement comme ça – en règle générale, du moins. Si elle devait lui réparer les plaies ce soir, elle était malgré tout bien contente que le jeune homme daigne lui adresser quelques paroles : sa bonne volonté et sa bienveillance avaient des limites facilement atteintes et les types comme ce barman n’avaient aucun mal à les atteindre. C’n’était pas pour rien qu’elle se retrouvait si souvent dans de mauvaises postures : Jeane et les autres, ça n’faisait pas bon ménage non plus. Encore un truc sur lequel ils s’entendaient – c’était à croire qu’il n’y avait qu’avec l’un et l’autre qu’ils parvenaient à lâcher un quelconque sourire, une appréciation quelle qu’elle soit sur le caractère d’autrui. A vrai dire, dans c’bled pourri, Eremon était l’seul qui n’avait pas encore attenté à sa vie d’une quelconque manière. C’n’était pas pour autant qu’elle le voyait comme un héros, comme quelqu’un digne d’une once de confiance. Comme quelqu’un à qui elle pourrait s’accrocher plus avidement que n’importe qui – c’n’était plus comme ça qu’elle fonctionnait depuis longtemps désormais. Trop longtemps, sûrement, pour une fille aussi jeune : n’importe quelle demoiselle de son âge s’jetait volontiers au cou de n’importe quel type, si volontiers amoureuses de tous ceux qui passaient par là. La déraison avait rythmé ses jours, à une époque ; cette mielleuse adolescence à des milliers de kilomètres de là où elle se trouvait, désormais. Elle n’était plus qu’une ombre, hissée sur les toits de la ville sous ses pieds ; rien d’autre – et si ç’avait été quelqu’un d’autre qu’Eremon pour s’prendre une branlée ce soir juste sous son nez, sûrement qu’elle n’aurait pas bougé de son emplacement, préférant sa sécurité à celle de n’importe qui d’autre. Peut-être. Probablement. Elle devait croire qu’les choses ne pouvaient pas changer à c’point – pas dans une ville aussi pourrie que Radcliff : qu’y avait-il encore de bon, de bienveillant à éveiller en elle ? Tout ça était mort, consumé par les monstres qui hantaient ses cauchemars – pas b’soin de chercher plus loin. Pas b’soin de gratter plus avant que les apparences – c’était bien les apparences, et fort heureusement, son interlocuteur se contentait volontiers de ça. « Ouais, j’ai une confidence à t’faire. Si tu comptes sur moi pour te sauver quand tu t’fais taper par les armoires à glace dans la rue… » elle eut une moue, désolée tout autant qu’amusée, théâtrale à souhait comme ça lui allait si bien : « tu risques d’être déçu. J’suis probablement plus du genre demoiselle en détresse de toute manière. » l’histoire – son histoire – l’avait prouvé. Elle n’avait rien pu faire pour sa mère ; rien d’autre que r’garder et être hantée par ça à jamais. L’expérience qu’elle n’comptait pas répéter.

« J’pense qu’on peut… simplement s’contenter du fait que tu m’détestes pas parce que j’t’ai vidé les poches. Un jour. » comme si ça lui suffisait, minaudant au moment de dévisager Eremon comme pour lui prouver que si, il y avait bien des gens qu’elle avait rencontrés dans ces circonstances-là, et qui supportaient plutôt bien l’fait de s’faire embarquer leur portefeuille. Des gens – ou lui uniquement, à vrai dire. Encore une fois, est-c’que ça prouvait qu’ils faisaient partie d’une quelconque équipe ? Un duo similaire qui défiait tous les autres, toutes les lois qui gouvernaient les existences de tous ceux autour d’eux ? Jeane n’croyait pas au destin, Jeane n’croyait certainement pas en Dieu – y’avait pourtant quelque chose qui lui avait fait piocher dans les poches d’Eremon plutôt que dans celles de n’importe qui d’autre. Quelqu’chose qui faisait qu’elle l’avait aidé ; qu’il l’avait acceptée. Que les verres de rhum n’avaient plus beaucoup d’importance à l’heure actuelle. « T’en fais pas, j’suis sure que mon charme magnétique m’aurait attiré la sympathie d’un autre barman bougon. Et que j’aurais quand même eu mes verres gratuits. » elle sourit, papillonna des paupières avant d’ajouter : « Toi en revanche, j’suis sure qu’y’a que moi pour défier le sacro-saint couvre-feu pour venir soigner ton p’tit nez en sang. » son coude sur le bar, une de ses mains supportant sa tête, elle l’observa, pinçant les lèvres : « Tu te doutes qu’y’a pas beaucoup de clients qui t’apprécient dans c’bar. Beaucoup trop de gens viennent ici avec l’ambition d’raconter leur vie. Faut croire qu’ils aiment pas qu’tu leur montres que tu t’en fous. » elle, ça lui allait très bien comme ça. Ça lui était allé très bien comme ça, jusqu’alors : mais briser la glace avec Eremon, ici, maintenant, avait des allures de faux pas. D’avancée trop importante, dans des liens qui n’devraient pas exister.
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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeSam 12 Déc 2015 - 22:28

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

Jeane pouvait bien s'amuser à le ridiculiser en direct des réseaux sociaux, il était clair qu'il s'agissait du cadet de ses soucis. Il avait un tas de trucs qui l’intéressait plus que sa réputation sur le net. C'était pas comme s'il passait beaucoup de temps sur internet, pas qu'il soit allergique à la technologie, après tout, il était informaticien de formation. C'était juste qu'au final, il avait apprit à rester loin des réseaux sociaux pour se protéger. Il avait fuit pendant tellement longtemps, qu'il avait bien été obligé de faire preuve de beaucoup de prudence pour ne pas se faire attraper. Tout faire pour ne pas se faire prendre, ça avait été un objectif pendant un moment, jusqu'au jour où il avait décidé de se poser dans la ville où il savait très bien qu'il allait pouvoir trouver la fille qui voulait le tuer. Ça avait été imprudent et son frère le lui avait bien fait comprendre, mais il s'en fichait. Il avait cru que ce serait le moment d'en finir. Ça aurait été si simple. Tuer Oswin et en finir avec cette fuite sans fin, venger Lyanna au passage. C'était le bon plan à première vue. Mais il n'avait pas pu s'en prendre à Oswin, parce que ce n'était pas son genre. Parce qu'au final, il était incapable de s'en prendre à quelqu'un d'autre. Et quand bien même il aurait tué Oswin, qu'est-ce que ça aurait pu changer hein ? Pas grand chose, il aurait pu se dire qu'au moins y avait eu un minimum de justice pour sa petite sœur, mais au delà de ça, ça n'aurait rien changé. Lyanna serait toujours morte et lui, il aurait toujours des hunters à ses trousses. C'était vain tout ça de toute façon. Il était résigné à présent, assez pour se foutre de tout. Pas seulement de sa réputation sur le web. De tout en général. Sa réputation, elle était déjà pourrie, alors il n'était plus à ça près. Puis le reste, il lui semblait bien que plus rien n'avait d'importance. Son frère était parti Dieu seul savait où, sa sœur était morte. Talisa aussi elle était morte. Et lui, il avait l'impression de perdre la raison un peu plus chaque jour. Il n'avait plus rien à perdre, alors il pouvait bien frapper un type au beau milieu de la rue, il pouvait bien se prendre une grosse raclée dans le nez, ça n'avait pas la moindre importance. Il pouvait bien mourir au beau milieu de la rue, tant pis, il s'en fichait.

Il haussa les épaules avant d'adresser un léger sourire à la jeune femme. « J'ai quand même une petite réputation dans le coin. Tu sais, Eremon Dickens, le type qui a été foutu en taule pour avoir tué sa petite amie. Ça colle à la peau ce genre de réputation. » Quand bien même il avait été relâché après avoir été innocenté, y avait encore des gens qui le regardait comme s'il était un dangereux psychopathe. Pourtant, il n'avait jamais mis les pieds en prison. Ça n'avait été qu'une excuse qu'on avait trouvé pour le faire disparaître de la planète le temps de se servir de lui comme cobaye dans le but de mettre au point un vaccin contre la mutation. Un poison qui coulait encore dans ses veines à l'heure actuelle. Une grosse merde qui l'avait privé de son pouvoir et qui le rendait complètement cinglé et blasé. Sans ce truc dans ses veines, il n'aurait jamais eu l'idée d'aller provoquer un type au beau milieu de la rue. C'était depuis qu'il avait été torturé par les hunters que plus rien n'allait dans sa vie et qu'il semblait se foutre de tout. Presque tout. Y avait encore des gens qui comptaient pour lui, même s'il était doué pour tout foirer. Comme avec Astoria. Y aurait peut-être un jour où il merderait aussi avec Jeane, quand bien même il lui semblait que c'était la seule personne à Radcliff qui le comprenait sans qu'il n'ait besoin de lui raconter sa vie en long en large et en travers. C'était que les autres, ils avaient ce besoin fou de s'improviser psychologues et de le voir s'allonger sur un divan pour venir causer de ses nombreux problèmes. Ils disaient que c'était ce dont il avait besoin. Il fallait qu'il en parle pour aller mieux. Mais, de son point de vue à lui, ce n'était pas comme ça que les choses fonctionnaient. C'était qu'il n'avait pas envie de se confier, qu'il n'avait pas envie de raconter sa vie et de revenir sur tout ce qui pouvait craindre pour lui. Jeane, elle ne le lui demandait pas elle. Elle le retrouvait au beau milieu d'une rue avec le nez cassé et la gueule amochée et elle ne posait pas mille et une question, elle ne cherchait pas non plus à lui faire la morale pour qu'il comprenne que son comportement craignait grave. Cette relation qu'il avait avec Jeane, elle était unique et elle valait probablement mieux que toutes celles qu'il pouvait avoir avec les autres. « Dommage. Je suis certain que le costume de super-héros ça t’irait bien. Tu sais, le cuir et tout ça. » Il lui adressa un nouveau sourire. C'était une blague bien évidemment. Dans le fond, ni lui ni elle n'avait rien du super-héros, alors ils étaient bien là, tous les deux dans ce bar complètement vide à picoler. Fallait mieux laisser les autres jouer les héros.

Sans doute que ça aurait été logique de sa part de la détester parce qu'elle lui avait volé un jour quelques précieux billets. C'est peut-être ce que n'importe qui aurait fait à sa place. Mais lui, comme il se fichait de tout, il pouvait largement passer outre le fait que leur rencontre s'était faite parce qu'elle avait eu l'idée de lui faire les poches. « T'as trop de chance, d'avoir un pauvre type capable de te pardonner ce crime pourtant si horrible. » C'était ironique et pourtant dans la société actuelle, perdre une vingtaine de dollars à cause d'une rouquine légèrement kleptomane, c'était affreux. Lui il s'en fichait. C'était peut-être une partie de son salaire, mais ça n'allait pas le tuer. Il avait vu trop de cadavres dans sa vie pour venir pleurer sur vingt dollars qu'on lui avait volés. « C'est sûr, t'aurais forcément moins de mal que moi à t'attirer la sympathie de quelqu'un. » Surtout auprès d'un barman. Parce que déjà elle était une fille, qu'elle était plutôt jolie et que malgré ses défauts, elle restait plus agréable que lui. Lui il était aussi agréable qu'un gardien de prison. Parce qu'il s'en fichait bien des gens. Il était barman, pas psychologue, alors il n'avait pas envie de se taper la discussion avec tous les alcooliques du coin. « Ils ont qu'à prendre rendez-vous chez le psy s'ils ont envie de raconter leurs vies. » Il haussa les épaules avant de remplir de nouveau son verre qu'il avait vidé quelques minutes plus tôt. « Moi je suis payé à remplir des verres pas à faire la conversation. » Mais il entendait bien ce qu'on lui racontait malheureusement. Il était blasé mais pas encore sourd, alors il entendait. Il n'écoutait pas, mais il entendait. « Et puis franchement, qu'est-ce que j'en ai à foutre que le mari de Machine ait couché avec la voisine ? Ou que Bidule ait volé la promotion de Truc ? » Il avait ses problèmes à lui, alors il n'avait pas le temps de se pencher sur ceux de personnes qu'il ne connaissait même pas ? Et puis qu'est-ce qu'il pouvait dire ? Franchement, d'un point de vu sentimental, il était le mec qui avait été fiancé à la nana responsable de la mort de sa sœur cadette, celui qui avait été accusé du meurtre de sa petite amie. D'un point de vu professionnel, il n'avait plus aucune ambition, il était juste un mec qui servait des verres au fond d'un bar et qui n'était intéressé que par son chèque à la fin du mois. Alors, il était probablement la personne la moins bien placée pour donner des conseils alors dans le fond, c'était mieux qu'il ferme sa gueule et qu'il les laisse parler dans le vent.
 
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeLun 25 Jan 2016 - 14:48


when you break it's too late for you to fall apart
i wish that i had known in that f i r s t minute we met, the unpayable debt that i owed you. 'cause you'd been abused by the bone that refused you. you said you hated my tone, it made you feel so alone so you told me i had to be leaving. but something kept me standing. i should have quit but instead, i took care of you. you made me sleep and u n e v e n and i didn't believe them when they told me that there was no saving you. w/jeane merlyn & eremon dickens.

Radcliff, c’n’était synonyme de rien pour elle – pas d’un passé avec lequel elle venait renouer. Ni une échappée particulièrement romantique, elle, et un type sur la route, désignant cette ville au hasard pour savoir où ils iraient, pour faire table-rase du passé. C’n’était même pas l’endroit où elle pouvait prétendre retrouver c’qui n’avait jamais vraiment été à elle ; son père n’voulait pas la voir, s’occuper d’elle ou même se préoccuper d’elle : il n’avait pas eu besoin de mettre ça en mots clairs et définis pour qu’elle ne le comprenne, le lise au fond de ses yeux. Et il pouvait essayer de se déculpabiliser autant qu’il le voulait, s’voiler la face et fausser les pistes en envoyant un garde du corps transmutant aux bottes de la rousse, elle savait la vérité. Ici, là-bas, sur chaque parcelle de route qu’elle avait parcourue depuis ses dix-huit ans, elle était seule. Y’avait Nina, ouais, c’était déjà ça ; un clébard pouilleux ramassé dans la rue, blessé, qu’elle avait mis tant de temps et de volonté à réparer – et juste comme ça, la chienne était devenue l’être le plus loyal à l’existence de la rousse. Simple humaine, naviguant, errant comme un fantôme parmi les vivants : et dire qu’elle avait été à deux doigts de décrocher la couronne de Reine de la Promo, à une époque pas si lointaine que cela, avant qu’on n’la force à grandir beaucoup trop vite. Etait-ce ce même désespoir, profondément ancré dans ses jours, qui la poussait à être si prompte à s’accrocher à cette discussion qui n’payait pas de mine ? Pour personne, se serait-elle dit, elle n’aurait quitté son perchoir invisible pour jouer à l’héroïne infirmière capable de soigner tous les maux, et de guérir toutes les plaies. Ouais, force était de constater qu’à force d’avaler des cachets tous plus divers et variés les uns que les autres – notamment des antidouleurs afin que rien ne réveille les douleurs passées causées par les stigmates et les cicatrices laissées par les coups de couteau de ses assaillants – elle s’y connaissait plutôt bien dans ce domaine et y’avait des fois, rares fois, où elle ne paniquait pas excessivement à la vue d’une flaque de sang. Sur ce point-là, cette ville, les gens partout autour d’elle, ils la soumettaient à de rigoureux tests, toujours prompts à mettre ses nerfs à l’épreuve – combien de fois avait-elle eu le sentiment de frôler l’arrêt cardiaque, tant son cœur avait tambouriné avec une hargne désespérée, contre sa cage thoracique ? Et dire qu’elle avait imaginé qu’une petite ville, ça n’pouvait pas lui faire du mal – un genre de retraite, bien différente de tout ce qu’elle avait connu en grandissant à Los Angeles, en côtoyant ces endroits clinquants et propres où la vie battait son plein, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Ici, ç’avait le don d’avoir son ambiance, sa propre inertie, sa façon de fonctionner qu’elle ne comprenait même pas : contrairement à ce qu’elle pouvait s’imaginer, beaucoup trop de gens la connaissaient désormais, la repéraient à des kilomètres à la ronde. Est-c’que Jeane Merlyn avait sa propre réputation, désormais, dans tous les recoins du minuscule bled du Kentucky où elle avait espéré trouver refuge ? C’n’était pas c’qu’elle avait voulu – mais elle imaginait facilement les ragots, les on-dit qui devaient tourner à son sujet, ici ou là, rien qu’à ce comptoir de bar. Combien d’regards, au juste, se tournaient dans sa direction dès qu’elle passait la porte de l’établissement ? Bien trop jeune pour se retrouver, quatre soirs par semaine, dans un endroit comme celui-ci. Bien trop jeune pour aligner les verres d’alcool fort sans avoir la tête qui tourne. Bien trop jeune pour être seule, si prompte à répondre acerbement à ceux qui l’emmerdaient. Bien trop provocatrice, féminine et engageante pour pouvoir dire à un connard la draguant d’aller voir ailleurs si l’herbe était plus verte.

Et Eremon avait aussi sa p’tite réputation ; personne n’y échappait vraiment, fallait croire. Personne, sauf ceux qui colportaient les rumeurs et faisaient sans cesse tourner les histoires qui n’les concernaient pas – ceux-là même dont personne n’avait cure, et qui avaient désespérément besoin de l’attention des autres. A croire que Radcliff était comme une gigantesque cour de récréation ; alors Jeane savait, forcément, elle savait c’qu’il se disait sur Eremon, cette histoire selon laquelle il avait été engagé dans une relation avec la fille du maire, et que quelques temps au milieu d’l’histoire, la fameuse fille avait été retrouvée morte. Tuée. Probablement. Que pouvait-elle y faire ? Devait-elle y croire ? Devait-on croire tout c’qui se disait sur elle, la rousse sauvage et impertinente qui naviguait dans les ruelles d’une ville qui n’était pas la sienne ? Sans le vouloir, sûrement, Jeane détourna le regard face aux mots de son interlocuteur ; il lui livrait là quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru entendre de lui, comme ça, de but en blanc. Et dire qu’elle s’imaginait qu’ils n’étaient pas comme ça, à en arriver à c’point là où les gorges se serraient, les esprits s’échauffaient dans une vague de compassion qu’elle préférait n’pas ressentir. Pas à l’égard de c’monde pourri dans lequel elle était obligée de subsister, tant bien que mal, parce qu’y’avait rien de mieux à faire. Elle n’était pas une héroïne, et elle ne le serait jamais, quand bien même tous les costumes possibles et imaginables lui iraient bien ; non Jeane n’était pas cette personne qui s’ouvrait aux autres, échangeait des œillades sincères en disant qu’elle était désolée pour ce qui était arrivé à telle ou telle personne. Ouais, tout l’monde avait sa croix à porter, tout le monde avait sa façon d’faire, de réagir ; elle, elle avait choisi de fuir, courir au point d’vouloir se réfugier dans les bras de son père et d’voir le monde disparaître sans que ça en ait la moindre importance. Le problème, c’était qu’elle s’était bouffé un mur froid d’indifférence en pleine tronche, au moment de rencontrer son géniteur – le reste ne changeait pas. La Merlyn était la même créature, blessée, meurtrie ; si prompte à être insensible au sort des autres. De ses yeux clairs, elle observait son verre plus que le jeune homme à ses côtés désormais, une ombre pernicieuse ayant glissé sur son visage pour accompagner les doutes, les questionnements. L’irrépressible envie de disparaître – n’pas s’impliquer, n’surtout pas le faire, ou même feindre de le faire, là où elle avait l’âpre sentiment d’en être juste… incapable. Incapable, vidée de ses émotions, celles qu’elle repoussait depuis si longtemps. La voilà subitement devenue distante, ses doigts tournant et retournant nerveusement le verre d’alcool vide contre la surface de bois : trois tours dans un sens, trois tours dans l’autre – une façon de combattre, de ravaler le nœud qui se serrait, serrait étroitement dans sa gorge jusqu’à lui en couper le souffle. « J’veux dire… t’es de ceux avec qui j’suis sympa, crois-moi. » lâcha-t-elle enfin, après une éternité de silence, tentant de feindre le naturel, ces mêmes sourires hypocrites et moqueurs qu’elle lui avait adressés au cours de la soirée tandis qu’ils se dévisageaient, s’apprivoisaient lentement mais sûrement. « Faut dire, que t’es aussi le moins taré que j’ai croisé. Même si t’as soi-disant tué ta petite amie ou peu importe… Entre la nana qui fait des éclairs avec ses mains pour s’attaquer à des gamins dans un appartement, - et l’type capable de s’transformer en sable… ton capital sympathie est plutôt en sécurité. » et c’n’était sûrement que le début ; la petite pique au sommet de l’iceberg, y’en avait encore, des monstres en tout genre, à l’âme pourrie de l’intérieur, qu’elle n’avait pas encore croisé dans c’coin-là de monde.

« C’est l’truc, j’suppose… avec les rumeurs. Qu’est-c’qu’ils peuvent bien dire de moi, hein ? » elle n’put retenir un ricanement, plus nerveux qu’autre chose – ouais, sarcastique aussi, comme si elle se foutait ouvertement de la gueule de tous les crétins qui pouvaient la juger, alors même que son histoire était de ces secrets d’état qui appartenaient à un autre monde. Qu’ils la prennent donc pour une débauchée, une fille provocante qui agissait simplement avec l’imprudence de la jeunesse. « Là d’où j’viens – Los Angeles, tu peux t’dire que c’est une grande ville. Que t’es plus tranquille… Mais même là-bas, quand il t’arrive un truc. C’est surtout les gens qu’tu voudrais garder loin de l’histoire, qu’ils le savent. » une façon dont les murmures se répandaient ; « Y peut y avoir des millions d’habitants à L.A, j’étais quand même la fille dont on avait assassiné la mère, du jour au lendemain, sans aucune raison. » ajoutée à la tarée remplie de tocs qui ouvrait trois fois son casier avant d’en sortir les livres. Celle avec des traces encore rougeâtres partout sur le corps – les fameuses marques impossibles à manquer, de quand elle avait tenté de se tailler les veines au beau milieu de sa chambre d’hôpital, force du désespoir. Et pourquoi est-c’qu’elle lui racontait ça, hein ?! Pourquoi est-c’qu’elle se forçait à dire des choses pareilles, l’illusion omniprésente que ç’avait été plus facile qu’elle ne l’aurait imaginé ?! Y’avait qu’elle et Eremon, et le silence et la nuit – mais elle n’avait plus la volonté de l’observer, de tourner les yeux vers lui pour y saisir une quelconque réaction. Jeane était à mi-chemin, désormais, entre son passé de jeune californienne, et le présent désastreux qu’elle partageait, autour de quelques verres de rhum, avec un type dont elle n’connaissait pas grand-chose. Et sous prétexte qu’il lui avait livré quelque chose de lui, elle en faisait de même. Baissant sa garde, détruisant les masques de froideur imperturbable qu’elle avait toujours portés collés à sa peau jusque-là ; Jeane Merlyn, non pas forcément une klepto qui se complaisait dans le fait d’arnaquer les autres. Une trop jeune fille, trop paumée et esseulée. C’n’était certainement pas comme ça qu’elle voulait être vue – par lui, par personne. Alors elle inspira profondément, un de ces longues bouffées d’air avant de tenter un maigre sourire, dénué de toutes ces illusions d’y’a quelques secondes. « Tu sais, j’pense que cette fois, tu peux remplir les verres. » dit-elle, une vague tentative d’indifférence et de complaisante brillant au fond de ses yeux. Elle était loin, la discussion sans intérêt qu’ils avaient eue jusqu’alors. Peut-être devrait-elle prendre la fuite, comme elle savait si bien le faire ; mais c’était comme si toute son énergie l’avait quittée, soudainement, comme si elle n’pouvait faire que ça. Etre clouée sur ce tabouret à un comptoir de bar, et se noyer.
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MessageSujet: Re: (jeane) ›› you sneak back up.   (jeane) ›› you sneak back up. Icon_minitimeMar 23 Fév 2016 - 18:51

You're more than a mess.
— jeane merlyn & eremon dickens —
We fall behind But we're not doomed And you're alone Inside your heart tomb. We never tried Out of love for none You're up and down But you were never loved. You're on the ground You sneak back up You're more than a mess But you speak of love And now you're here You were never here. Though we hate lies Collect them ourselves And we despise Everything we've said In that heat Things are broken. — mess.

Y avait des moments, fréquents, récurrents même, pendant lesquels Eremon se disait qu'il aurait mieux fait de quitter Radcliff depuis longtemps. Peut-être même qu'il aurait mieux fait de ne jamais y mettre les pieds. Il aurait dû continuer sa route avec Loeven, passer de ville en ville sans jamais trouver d'attache nulle part, juste eux deux qui n'avaient de cesse de fuir afin de sauver leurs vies. Venir à Radcliff pour se venger, ça avait été l'idée la plus stupide qu'il avait eue de toute sa vie. Il ne s'était même pas venger, il n'en avait pas eu la force. Et il avait toujours su au fond de lui que même si Oswin venait à mourir, ça ne lui ramènerait pas Lyanna. Sa sœur était morte et y avait rien qui pourrait changer ça. Pas même la culpabilité qui lui bouffait les veines depuis qu'il avait retrouvé son corps sans vie, tuée à cause de la fille qu'il avait été à deux doigts d'épouser. Les histoires d'amour dans la vie d'Eremon, c'était voué à mal se terminer. Oswin qui l'avait trahie de la pire des façons possible et Talisa qui avait été tuée par la folie de son père. Elle était probablement une raison de plus pour justifier le fait qu'il n'aurait jamais dû mettre les pieds à Radcliff. Peut-être que s'il ne l'avait pas rencontrée, elle serait restée accrochée aux idées de son père, jamais l'idée que les transmutants puissent ne pas être si mauvais que ça, ne se serait glissée dans les esprits, jamais elle n'aurait cherché à fuir son père et peut-être qu'elle serait encore en vie, droite derrière elle, fidèle à ses idées, en sécurité, en vie. Radcliff était une malédiction dont il aurait dû se protéger en évitant cette ville ou au moins en la fuyant en compagnie de son frère quand ce dernier avait pris la décision de s'enfuir. Pourquoi est-ce qu'il était resté ? Talisa ? Et son cœur qui s'était bêtement attaché à la jeune femme. Même pour elle, ça aurait été mieux qu'il parte. Il avait été stupide et maintenant, il ne pouvait plus espérer la fuir cette fichue ville. Il y était coincé, comme le restant de la ville, pris au piège par cette fichue quarantaine. Ils étaient probablement tous coincés en enfer à présent. Dans cette ville dans laquelle plus rien n'avait de sens. Dans cette ville dans laquelle il était un supposé criminel que tout le monde regardait de travers parce qu'on l'avait accusé du meurtre de la fille du maire, la fille qu'il avait aimé. Cette ville, il la détestait de ton son être et pourtant, y avait rien qu'il puisse faire pour la quitter et puis cette haine qu'il avait en lui, est-ce qu'il ne finirait pas par la retrouver partout ? Où qu'il aille, sans doute que ce serait pareil dans le fond.

Mais à Radcliff, sa réputation, elle lui collait à la peau. Quand bien même il n'avait tué personne et y en avait plein en ville qui ne pouvait pas en dire autant. Mais on s'en prenait à ceux qui ne le méritaient pas. C'était toujours les innocents qui payer pour la folie des autres. Des personnes comme Lyanna ou Talisa, qui n'avaient rien demandé à personne, jamais rien fait de mal. Mais, dans le cas de Lyanna, ça avait été normal sans doute, puisqu'elle était une transmutante et qu'importe que qu'ils pouvaient faire, les transmutants étaient forcément plus dangereux que des mecs armés jusqu'aux dents qui n'hésitaient à tirer sur n'importe qui, sans raison vraiment justifiables. Sans doute qu'y avait aussi des barges du côté des transmutants à en juger les paroles de Jeane. Elle lui arracha un sourire, fallait croire qu'elle, elle avait le chic pour tomber sur les transmutants un peu limite. Lui, il en avait été un aussi à une époque, pas du genre cinglé, son seul problème avait été que copier des pouvoirs inconnus ça entraînait des pertes de contrôle, c'était une raison suffisante pour ne pas abuser de son pouvoir et au final, celui qu'il copiait le plus souvent, ça avait été celui de son frère, les autres, il avait toujours préféré éviter. Maintenant, il ne pouvait plus rien faire. Il n'était plus un transmutant et si à une époque ça aurait été un soulagement pour lui, d'être débarrasser de cette tare qui lui avait déjà tant coûté, cette chose en lui qui faisait de lui une cible à abattre, quand bien même il n'avait jamais demandé à en hériter. Maintenant, peut-être que ça lui manquait, qu'il avait l'impression qu'on lui avait arraché une partie de lui sans lui demander son avis. On lui avait imposé ça en se servant de lui comme d'un rat de laboratoire, alors, il avait toutes les raisons du monde de regretter ce pouvoir à présent. « J'ai de la chance alors, d'avoir le droit à ta sympathie. » Qu'est-ce que ça faisait une Jeane pas sympa du coup ? Peut-être qu'il fallait mieux pour lui qu'il l'ignore sans doute. « Bha, si tu m'avais rencontré y a quelques mois, j'aurais été capable de faire des trucs zarbes aussi. Mais définitivement pas pour attaquer un gamin. » Il n'avait jamais été un type dangereux, à part peut-être depuis qu'on avait foutu le bordel dans son esprit et qu'il avait tendance à péter des câbles de temps en temps, mais avant ça, il n'aurait pas fait de mal à une mouche, même pas à la femme qui avait foutu sa vie en l'air, qu'importait ses envies de vengeance.

Qu'est-ce qu'on pouvait dire sur Jeane hein ? Très bonne question, il n'en savait rien, ce n'était pas comme s'il en avait quelque chose à cirer des rumeurs qui couraient dans les rues de Radcliff. Il n'en savait rien et il s'en fichait, il préférait se faire son avis à lui plutôt que d'écouter les abrutis du coin et tout ce qu'ils pouvaient bien raconter. C'était sans doute la première fois qu'il entendait Jeane parler d'elle comme ça. De sa réputation à Los Angeles, la fille qui avait perdu sa mère. C'était une confidence sincère, qu'il n'avait pas demandée, qu'elle n'avait pas été obligée de lui faire. Parce qu'il n'attendait rien d'elle et qu'elle n'attendait rien de lui. Mais il savait ce que c'était aussi, ce genre de réputation. A Aberdeen, il avait été le gars qui avait perdu ses parents dans un accident de la route, doublé de celui qui avait trouvé le corps de sa sœur gisant sur le sol de son appartement. « Je connais ça aussi. De là d'où je viens j'étais le gars qu'la poisse suivait partout. Celui dont les parents s'sont foutus en l'air dans un accident de la route et dont la sœur a été assassinée. » Encore heureux que personne à par lui et son frère n'ait su que sa sœur avait été tuée à cause de la femme qu'il était censé assassiné. « Qu'importe d'où on vient, dès qu'y a des cadavres sur notre chemin, on devient sujet aux ragots. » La mort semblait intéresser beaucoup de gens, sans doute ceux qui le l'avait affrontée aussi violemment que des gens comme Jeane et lui. Il laissa échapper un soupire avant d'attraper la bouteille pour remplir de nouveau leurs verres. « Admire donc cette dextérité de barman. » Il lui adressa un sourire, même si y avait pas de dextérité particulière, juste un type qui remplissait des verres, comme il le faisait à longueur de journée dans ce bar. Il attrapa son verre de nouveau plein pour le lever en direction d la rouquine. « Buvons, à nos vies de merde. » Parce que c'était bien tout ce qu'ils avaient eux deux. Une sacrée vie de merde.
 
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