( edward & emma )

Guessing I just don't know where to find them But I hope they all come out tonight. Where do the good boys go to hide away ? I'm a good - good girl who needs a little company. Looking high and low, someone let me know.

Je ne sais pas trop pourquoi j'ai décidé de me pointer comme ça au bar ce soir. C'est pas mon genre d'habitude. Un livre pour seule compagnie. Ou bien un bon café et quelques études. Pourtant, j'suis là, assise au bar, à siroter une boisson colorée et très alcoolisée. Faut croire que j'ai plus rien à perdre de toute façon. Qui sait, peut-être que demain je ne réveillerai pas. Je préfère autant que ce soit en ayant passé une soirée ailleurs qu'enfermée chez moi. Mon regard plane sur la salle, perdue, ne sachant pas trop ce que je veux. Ou je vais. Je me contente de boire tranquillement mon verre. Mon deuxième en réalité. Pendant un instant, j'ai envie de m'en aller. Je jette un coup d’oeil à mon cellulaire sur lequel s’affiche l’heure. Une heure avant le couvre-feu… Je peux bien attendre un peu, voir ce que la soirée peut me réserver. J’avoue ne pas vouloir retourner à l’appartement finalement. Et puis à quoi bon, je n'arriverai pas à me concentrer sur mes bouquins de médecine de toute façon. Pas avec l'alcool qui glisse doucement dans mes veines. C'est bien la seule chose qui réussit à me changer les idées, apaiser la douleur et les tourments. J'ai beau prendre tous les médicaments que je veux, rien n'y fait. Je continue à saigner du nez, avoir des vertiges et des maux de tête. Sans parler des nausées ou la difficulté à respirer. Ma famille s'en fiche, simplement heureux que je ne porte plus cette tare comme ils aimaient appeler ma mutation. Et si je ne me réveillais pas demain... à part ma soeur, est-ce qu'on me pleurerait ? Devant ma tombe, y'aurait des fleurs à chaque semaine pour honorer ma mémoire ou on m'oublierait bien vite ? Juste une autre mutante morte aux mains des chasseurs même si ce fut un processus long et douloureux plutôt qu'une simple balle entre les deux yeux. J'avais cru que le chasseur m'avait épargnée, qu'au fond c'était probablement un type bien mais au final, son vaccin est une torture. Parfois j'aurais préféré qu'il en ait fini avec moi plutôt que me laisser agoniser ainsi, seule l'alcool pour apaiser mes maux. Non... pas les apaiser. M'aider à ne plus y penser pendant quelques heures. L'alcool et le bar, la musique qui me donne envie de danser alors qu'en temps normal, il faudrait me tirer pour aller sur la piste de danse. Pourtant, mes épaules ondulent au rythme de la basse et des quelques solos de guitare. Je termine mon verre et le rend au barman qui en glisse un autre dans ma direction, comme s'il avait compris avant même que je ne prononce un mot. Je n'ai pas vraiment réalisé que le bar s'est rempli, probablement de retardataires profitant de la dernière heure avant de devoir rentrer à cause du gênant couvre-feu. Un nouveau regard dans la salle à imaginer si je ne suis pas la seule à noyer l'ennui et la solitude dans un verre de vodka lorsque je remarque le grand blond. Lui et ses pilules anti-douleurs que je lui prescris depuis peu. Un "patient" si on peut dire. Ça fait quelques fois que je le croise, chaque fois plus différentes et inattendues que les autres. Je m'approche même si je ne sais pas quoi dire. J'en ai seulement assez d'être affalée seule au comptoir. Je me faufile donc parmi les nombreux clients pour lui tapoter l'épaule alors qu'il me tourne le dos. C'est à ce moment que j'espère que c'est bien lui et que je ne me suis pas trompée avec quelqu'un qui lui ressemble.

- Tu ne devrais pas boire d'alcool avec tes pilules, tu sais.

Impossible de chasser le naturel, il revient toujours au galop. Je suis incapable de relaxer un moment, tout de suite, l'altruiste, la jeune interne de l'hôpital refait surface. La fille coincée aussi qui ne pense jamais à s'amuser. Ou du moins qui s'amusait dans les livres et les heures à étudier. J'ai lancé cette remarque pourtant avec moquerie pour attirer son attention. Je ne veux pas passer pour sa mère non plus, ce que je ne suis clairement pas. Malgré tout, on remarque un petit brin de remontrance dans ma voix puisque c'est vrai. Ce que je lui prescris ne fait pas bon ménage avec trop de verres dans le nez. Mon propre verre en main, j'avale une gorgée sans le quitter des yeux alors qu'il se retourne et que je pris que je l'ai pas mélangé avec une autre personne.

Things on your chest you need to confess

Être dehors, sortir, bouger, c’était presque déjà redevenu une habitude. La seule différence entre son ancienne vie et la nouvelle, elle résidait dans le nombre d’ennuis qu’il avait accumulé. À Radcliff, Edward n’avait pas d’ennuis, pas encore du moins. En dehors de la voisine pas tout à fait voisine qui lui donnait l’impression de se prendre un coup de point dans le bide à chaque fois qu’elle traversait le mur, tout allait plutôt bien. C’était même relativement gérable tant qu’il ne croisait pas trop de mutants actifs de trop près et il n’en était pas à se détruire le foie à coup de pilules antidouleur. Il s’en sortait pas mal quand sa tête ne lui jouait pas des tours finalement. Il était persuadé que les ennuis le trouveraient bien tranquillement mais, pour le moment, il était plutôt tranquille et la cohabitation avec Theo se passait on ne peut mieux, y compris quand elle le tartait derrière la tête. Il n’y avait rien à faire, parfois, les choses sortaient de sa bouche un peu trop rapidement pour qu’il ne puisse s’empêcher de les prononcer. Disons qu’auparavant, il aurait retenu ses commentaires, ce qu’il faisait difficilement aujourd’hui.
Petit à petit, il faisait la tournée des bars, les essayait tous et ce soir, c’était précisément ce qu’il comptait faire. Ça n’était pas comme s’il avait encore à se soucier du couvre-feu, tout vacciné qu’il était désormais et sa mutation ne semblant pas revenir, il se faisait aux effets secondaires autant que possible en évitant d’abuser des cachetons. On ne pouvait pas la vacciner deux fois et maintenant qu’il n’était plus un mutant à part entière, il avait la paix. Restait à tenter de se tenir éloigner des emmerdes mutantes de tout poil et ce serait parfait. Qui disait pas de mutants disait pas de hunters, c’était logique. Un verre de bière scandaleusement moyenne à la main, il se retourna alors qu’on l’apostropha. Il aurait reconnu cette voix entre mille. Sa fournisseuse de pilule était là, un verre à la main. Il sourit, de ce sourire en coin un aussi charmant qu’énervant.

- « Ah bon ? J’ai dû oublier de lire cette partie de la notice. » Il n’avait pas oublié du tout mais, à vrai dire, il s’en moquait un peu. « Je n’en prends pas tout le temps » Ce qui n’était techniquement pas une mauvaise chose si ça ne mettait pas ses nerfs à si rude épreuve. « Cela dit, quand on est étudiante en médecine, sortir picoler le soir, ce n’est pas une bonne idée, aussi, je vais te rendre un service. » Il se saisit donc du verre d’Emma, sortit une pilule de sa poche et la goba avec le contenu du verre avant de le lui rendre. « Voilà, c’est mieux comme ça. Ne me remercie pas. »

C’était une façon de boire à l’œil comme une autre après tout. Technique à mettre à l’épreuve mais qui semblait faire ses preuves cette fois au moins. Edward était un crétin notoire, un indécrottable dragueur, un charmeur même mais aussi un profiteur quand les occasions se présentaient. On avait apprécié ses traits, on les avait détestés, son visage pouvait partager mais, il intriguait. Il en jouait honteusement d’ailleurs. Pourtant, il avait mal vécu son changement de vie même s’il prétendait le contraire. Sortir comme il le faisait, profiter, c’était sa façon de palier.

- « Qu’est-ce qui t’amène dans un bar ? Ce n’est pourtant pas ton genre, miss-j’ai-le-nez-dans-les-bouquins. »

Les gens changeaient rarement leurs habitudes sans raison. Il n’était pas l’exemple à prendre étant donné ce qui lui était arrivé. Tout avait changé chez lui et ne cessait de changer encore et encore, comme un disque dur défaillant incapable de récupérer la totalité de ses données. Tout se mettait à la suite et il avait la surprise de voir ce que la chose donnerait quand il agirait. C’était pénible et même s’il s’en rendait compte, c’était naturel, comme si ça avait toujours été comme ça. Il pouvait largement comprendre qu’on ait cherché à l’interné. Loué soit la non communication médicale entre les pays.

- « Bon, allez, je suis bon prince, je te paie un verre. Je suis même d’accord pour te payer la même chose malgré le fait que ça contienne plus de jus de fruits que d’alcool. »

Il n’était pas contre les cocktails mais, pour ses papilles, ça n’était clairement pas satisfaisant et suffisant.

( edward & emma )

Guessing I just don't know where to find them But I hope they all come out tonight. Where do the good boys go to hide away ? I'm a good - good girl who needs a little company. Looking high and low, someone let me know.

Quelques verres réussissent souvent à délier ma langue, chasser cette fille posée que j'ai toujours été. Avant le vaccin, je ne buvais pas. Je n'ai jamais fumé non plus et encore moins touché à l'alcool. Ma vie suivait son cours, banale, normale. Une vie bien rangée que seule ma mutation venait chambouler. Tout ce que je voulais c'était réussir mes études, plaire à mes parents. Mais même aujourd'hui, alors que le vaccin me tue à petit feu, je ne suis que l'anomalie de la famille à leurs yeux. Je leur en veux, et je préfère me tenir loin d'eux désormais. Et bien que je continue mes études et que je travaille fort, j'ai cessé d'être très regardante sur mes fréquentations. Tout comme mes activités en général. Je n'ai personne, mon fiancé m'a abandonné et ça me fait toujours aussi mal que lorsqu'il est parti. Je le sens que ma fin approche. Edward, lui, même s'il souffre a encore toute une vie devant lui. Bon, il est plus vieux que moi mais quand même. Prendre des verres avec ses pilules ce n'était pas une bonne idée et j'étais un peu exaspérée de le voir aller. Surprise également quand il ajoute qu'il n'avait pas lu la notice, en profitant au passage pour me piquer ma boisson et en avaler le contenu avec une petite pilule. Faire absolument le contraire de ce que je viens de lui dire. Par contre, sa remarque comme quoi une étudiante comme moi ne devrait pas picoler me pique un peu. Je le sais très bien ça, pas besoin de personne pour me le rappeler. J'en ai juste assez de toujours suivre les règles, ne jamais déloger de la bienséance. Vu comment on m'en remercie, à quoi ça sert de continuer ? Je reste donc plantée là, impuissante et déconfite alors qu'il boit mon verre avant de me demander ce que je fais là. Probablement comme toutes les âmes seules et désabusées, de la place, je veux juste échapper à mon existence qui dégringole dangereusement vers sa fin. Ça me fait peur, et pour ne pas le montrer, je préfère me changer les idées sur les tabourets d'un bar. C'est pathétique mais c'est tout ce que j'ai trouvé. Bien sûr, je me vois mal lui dire ça alors, j'ose simplement les épaules de façon nonchalante, à l'imiter d'une certaine manière tout en répondant à son sourire charmeur. Je peux jouer à ce petit jeu aussi même si aux premiers abords on ne s'y en attendrait pas.

- Je viens espionner mes patients pour être certaine qu'ils ne boient pas en prenant leurs pilules, bien sûr. L'ironie dans la voix, j'affiche un petit sourire moqueur avant de reprendre mon sérieux. Non, en vrai... Je sais pas, j'ai juste besoin de me détendre un peu. Et c'est pas le nez dans un bouquin que je veux y arriver.

Il me propose ensuite de me payer un verre et j'acquiesce d'un signe de tête pour ensuite le suivre vers le barman.

- Et toi, qu'est-ce qui t'amènes ici, ce soir ?

Une question stupide parce qu'il est clairement le genre à faire la tournée des bars. Bien plus qu'elle. Tout de même, elle demande parce qu'elle a l'impression qu'il est un peu comme elle sur ce point. Le vaccin les a détruit et maintenant, le comptoir auquel on vient s'asseoir ensemble est notre seule échappatoire.

- T'as pas peur de croiser des mutants et d'souffrir le martyr ? À moins que l'alcool c'est le seul remède que t'as trouvé...

Un peu comme moi en fait. Les bars, l'alcool, la compagnie de bras d'inconnus. J'en oublie la peur de mourir, la solitude aussi qui se rappelle à moi depuis que mon fiancé m'a quitté. La honte aussi que me suscitait ma mutation. Tout ça, ça reste à l'extérieur du moment que j'entre dans l'établissement. C'est peut-être une mauvaise idée. Une spirale auto-destruction... Un psy aurait bien des choses à dire là-dessus, je le sais parfaitement mais je ne veux plus penser à rien. Pas ce soir en tout cas...

- J'vais prendre la même chose, je connais pas trop d'autres boissons de toute façon.

C'est bien vrai, je m'y connais pas trop en mixologie et j'ai jamais osé toutes ses boissons fortes qui s'étalent devant nos yeux.

Things on your chest you need to confess

Edward s’interrogeait vraiment sur la présence d’Emma ici. Ce n’était ni dans ses habitudes, ni dans ce qu’elle semblait être. Et il se trompait rarement. Il se serait attendu à la voir dans une bibliothèque, à l’hôpital, aux urgences, n’importe où, sauf ici en train de boire un pseudo cocktail. Il n’avait jamais vraiment respecté les règles et n’allait pas commencer. Qu’elle soit dictée par elle ou quelqu’un d’autre n’y changeait rien, il ne changerait plus. Il était déjà suffisamment changeant comme ça. Aussi, il ne pouvait que la taquiner, l’ennuyer, c’était un sport à part entière qu’il pratiquait avec à peu près tout le monde. Et, à voir la tête d’Emma, il avait visé juste, comme souvent quand il s’agissait d’agacer son monde. Ce n’était jamais méchant mais, la façon dont réagissaient les gens, il ne pouvait pas l’anticiper.

- « Je fais tout ce qu’il ne faut pas faire, tu vas être ravie. » Il lui offrit un autre sourire tout en l’écoutant. « Les bars sont de bons endroits où se distraire. Tu découvriras bien assez vite les méfaits de la gueule de bois. Non pas que ça m’ait empêché un jour de recommencer. »

Il n’était jamais dit qu’il ne remettrait pas ça, qu’il avait assez vu pour un siècle. Au contraire, il avait enfoncé le clou encore et toujours tout en prenant garde à ne pas tomber dans l’alcoolisme, il n’aurait plus manqué que ça. Ça ce serait déjà vu chez les escorts. Il avait juste développé des stratégies. Stratégies qu’il n’avait plus aucun besoin d’appliquer.
Il s’amusa de la demande d’Emma. Que faisait-il ici ? Il s’amusait, c’était assez évident. Quoi qu’en réalité, là, il sortait plus par dépit que par envie. C’était un moyen de se tenir occupé comme un autre. Parfois, il sortait juste pour dire de ne pas rester enfermer le soir. La transition entre une vie débridée et instable était compliquée quand on commençait à avoir une vie plus posée.

- « L’alcool, quoi d’autre ? Non pas qu’il soit particulièrement remarquable mais, on fait avec ce qu’on a. »

Il haussa les épaules à la question suivante, s’il devait s’inquiéter pour ça, il ne sortirait plus un instant. Quand bien même, sa voisine passe-muraille ne l’éloignait pas des réalités de sa vaccination qui ne semblait toujours pas disparaître.

- « Alcool ou pas, j’aurai toujours mal quand une mutation se déclenchera. Ça ne diminue pas avec le temps. Alors ici ou ailleurs, je ne vais pas arrêter de vivre. Des cachets antidouleur et l’alcool suffiront bien à mettre ça en sourdine. »

Cependant, Eddie évitait de boire pour boire ou encore pour atténuer la douleur. Il savait que ça n’avait rien d’une bonne idée et il refusait de tomber là-dedans. Theo ne l’aurait de toute façon pas laissé faire. Il avait un orgueil presque démesuré, il ne s’abaisserait pas à ça.
Il commanda un nouveau verre pour elle et reprit une bière pour lui, terminant les restants de la sienne. Il lui donna son verre et se planta devant elle.

- « Ce n’est pas forcément plus mal. Si tu prenais plus fort que ça, je ne suis pas sûre que tu tiendrais bien longtemps sur tes deux pieds. Blague à part, tu tires une sacrée tronche pour quelqu’un qui veut juste se changer les idées hors des bouquins. J’veux bien te former à la tournée des bars mais, faut pas te plaindre de l’état de ton estomac le lendemain, sans parler de ce lui de ta tête. Faut souffrir pour se changer les idées. Donc... »

Il l’entraîna un peu plus loin, là où ils seraient un rien plus tranquilles et se plaça devant elle. Ne sachant que trop bien ce que des gens comme elle prenait très certainement l’alcool comme un moyen d’oublier. Il avait vu ça avec Emily. Il ne l’empêcherait pas de le faire mais, il en voulait les raisons, contrairement à Blake. C’était l’âge qui le poussait à s’interroger pour elle. Une sorte de curiosité mal placée qui le renvoyait à l’époque où il avait lui aussi péter les plombs pour devenir ce qu’il avait envie d’être ou du moins, se découvrir.

- « De quoi faut-il te détourner. Autant être efficace. Chacun à ses manies. »

Personne ne s’enterrer dans les bars de la même façon.

( edward & emma )

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Ça fait des semaines que je commence à boire. Avant je n’avais jamais touché une goutte. Je peine encore à m’habituer au goût. C’est frustrant d’être dans une telle situation. Je n’ai personne à qui parler et j’essaie de me convaincre que j’ai besoin de personne. Un verre c’est bien suffisant. Ou deux. Je m’en fiche. Je ne fais plus trop attention. C’est bien la seule chose qui me permet d’oublier les effets secondaires qui me tuent à petit feu. C’est pas mon genre, c’est peut-être une très mauvaise idée aussi mais c’est la seule chose que j’ai trouvé. Je pris seulement pour que je ne mette pas à saigner du nez ou de la bouche en plein instant où j’essaie de prendre un bon temps. Ou de tomber dans les pommes. Ou encore de me mettre à trembler comme une enragée. Je sais que les bars ne sont pas la solution et pourtant je suis là. Dans ce bar. À aborder Edward… Un patient qui plus est, qui n’écoute rien de ce que je lui dis. Mais bon, je n’y peux rien. Déjà, il est pas mal plus vieux que moi alors peu importe ce que je raconte, il n’en fera qu’à sa tête. Ça ne m’empêche pas de lui demander ce qu’il fiche ici par contre et avec ironie, il affirme que c’est pour l’alcool. Ouais, l’alcool… ils ne seraient tous pas dans ce bar autrement. Qu’il ne va pas s’arrêter de vivre à cause des effets secondaires. Pendant un instant, je suis jalouse. J’aimerais pouvoir penser comme ça. Si seulement mes effets secondaires n’étaient pas en train de me tuer. Littéralement. Il a de la chance. Il ne le réalise même pas. Mais bon, il fait ce qu’il veut… Et il me commande un verre, le remercient d’un signe de tête.

- Ouais je suis pas habituée aux bars. Qu'est-ce qui m'a vendu ?

Je souris de façon ironique... J’avale une première gorgée aussitôt et je le suis dans un endroit plus tranquille. Il a presque lu dans mes pensées. La salle bondée commençait à m’agacer, me donner mal à la tête. Je m’installe à une table, ne supportant pas d’être debout plus longtemps. À cause des effets de l’alcool ou ceux du vaccin, je l’ignore et je ne veux pas vraiment le savoir. Je ne quitte pas Edward des yeux quand il me demande de quoi j’essaie moi-même de me détourner. J’allais prendre une autre gorgée mais je me coupe dans mon mouvement. Ce que j’essaie de fuir en buvant ? J’en ai parlé à personne. Et c’est certainement pas à Edward que je vais commencer à me vider le cœur. Je dois me montrer forte. Ne pas laisser paraître mes malaises. Cependant, je sais aussi que je suis très médiocre menteuse. J’aurais beau dire que tout va bien, je suis certaine que même un pur inconnu arriverait à voir à travers mes mensonges. C’est à mon tour alors d’hausser les épaules et je le regarde avec un petit sourire.

- Disons seulement que tu n’es pas le seul qui subit les effets secondaires du vaccin…

J’ai jamais dit à personne que j’avais été vaccinée. Que j’étais mutante autrefois. J’en avais toujours eu honte quand j’avais encore mes pouvoirs. Maintenant je les regrettais. Apparemment, j’arrive pas à me décider. Ma phrase pleine de sous-entendus. J'ai été vaccinée aussi. J'ai été une mutante aussi. Sans parler de mon fiancé qui m'a laissé mais j'ai pas l'intention de me plaindre sur ça non plus. Pourtant, je fais une petite moue et j'ajoute :

- Quand mon fiancé a appris que j'étais mutante m'a planqué aussi alors tout va pour le mieux, tu vois.

Peut-être que l'alcool me délit la langue et je me tais aussitôt, me rendant compte que j'ai en trop dit. Je porte donc mon verre à mes lèvres et détourne le regard pour arrêter de raconter ma vie.

Things on your chest you need to confess

Habitué, un peu trop, des sorties en bar, Edward avait l’œil pour repérer les gens qui étaient là pour changer d’environnement ou se changer les idées, voire même en enfouir certaines. C’était comme ça avec lui et après tout, cette façon de fonctionner lui avait souvent été utile par le passé. Aujourd’hui, ça lui était nettement moins vital et il pouvait juste en profiter pour déceler quelques infos ça et là.
Si Emma était ennuyée de tomber sur lui en particulier, il ne le savait pas et à vrai dire, ça l’indifférait totalement. Ce qu’elle pouvait bien penser de lui aussi du reste. Il lui tendit son verre avant de l’emmener à l’écart en souriant.

- « Ton attitude, ta façon d’être entre l’hôpital et ici. Personne ne fait ce que tu fais sans raison. Quoi que tu fasses d’ailleurs. Disons que je sais reconnaître quelqu’un qui fuit quand je le vois. »

Après tout, il avait fuit l’Angleterre, Theo aussi avait fuit d’une certaine manière. Il était facile de reconnaître quelqu’un qui fuyait quelque chose même si au fond, tout le monde le faisait à des niveaux différents. Ce qui est amusant, c’est de voir à quel point Emma essayait de dissimuler les choses tout en voulant en parler et en laissant les informations s’éparpiller au compte goûte. Par exemple, quand elle annonça qu’elle subissait elle aussi les effets du vaccin. Pour vouloir l’oublier à ce point, les effets devaient être désastreux.

- « Je ne vais pas te dire que je suis navré, c’est pas mon genre et si je devais agir comme ça avec chaque personne que je croise que sa mutation ou le vaccin ont foutu en l’air, j’aurais pas fini. Cette ville est pleine de gens dont la vie a été foutue en l’air par les hunters, d’une façon ou d’une autre, tu ne fais juste pas exception. Désolé de te le dire mais, ton histoire est banale dans cette ville. »

Il n’était pas d’un grand réconfort et il n’était d’ailleurs même pas là pour ça. Il n’était à l’écoute qu’avec une seule personne mais c’était différent et d’ailleurs, ils avaient tendance à souvent minimiser voire ne pas prendre en compte ce qui leur était arrivé. En attendant, il en savait plus qu’elle ne l’avait visiblement voulu. Elle avait l’air passablement gênée d’avoir dit tout ça et lui était amusé, d’une certaine façon.

- « Bon... ton chéri t’a largué, c’est triste et quoi que le vaccin te fasse, tu n’as pas envie d’y penser. Qu’il te fasse souffrir, te tue, te rende psychotique ou que sais-je encore, t’as envie d’avancer ou de ne pas faire avec. Soit... Pourquoi donc tu n’en profites pas ? T’es assise là à te morfondre le nez dans un verre pour un truc sur lequel t’as aucune influence, aucun impact. Tu veux franchement passer ton temps libre comme ça ? »

S’il y avait une chose qu’Edward détestait, c’était ça, se morfondre. Quoi qu’il se passe, il en profitait toujours, d’une façon ou d’une autre. Il ne laissait jamais rien l’abattre, jamais rien l’arrêter. Il avait peur de bien peu de choses et son audace blaisait autant que le reste. La mort l’importait peu et certaines situations dangereuses avaient été démêlées ainsi. Il n’allait pas pour autant lui raconter tout ça, il n’en voyait pas la nécessité et en avait encore moins besoin. Certaines choses devaient rester là où elles étaient, il n’aurait pas survécu aussi longtemps sinon.

- « Je vais donc poser ma question autrement. Qu’est-ce que tu veux faire ? C’est bien joli de boire mais, tu peux faire ça toute seule chez toi, pas besoin de sortir pour ça. Qu’est-ce qui t’amène à vouloir boire en... société ? »

Parce que ça, c’était la bonne question au fond. Pourquoi boire à l’extérieur, pourquoi pas chez elle, au calme alors que visiblement elle ne supportait pas les gens plus que ça. Elle cherchait autre chose que la simple beuverie, le tout était de trouver ce qu’elle cherchait vraiment au milieu des bars. C’était un petit jeu qu’il adorait, c’était même assez ignoble de sa part de s’en divertir mais, il était comme ça. Il n’allait certainement pas s’en excuser.