Marius | Sometimes I feel like I don't have the words...
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Hippolyte Caesar
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Sujet: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Mer 27 Jan 2016 - 17:27
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Une odeur d'urine et de moisi vint lui chatouiller les narines, alors même que l'écho répétitif d'une goutte d'eau sur le plancher attirait l'attention de ses oreilles. Avant même que la torpeur et l'inconscience ne le quitte, le chasseur avait saisi quelque chose n'allait pas, qu'il n'était pas là où il aurait du se trouver. La saveur âpre et ferreuse du sang sur sa langue le fit grimacer, et il parvint au prix d'un effort surhumain à bouger la tête. Son corps lui semblait peser une tonne, chacun de ses organes comprimés à l'intérieur d'une cage thoracique qui peinait à s'ouvrir suffisamment pour alimenter ses poumons en air. Chaque cellule de son être n'était qu'une douleur de plus pour son cerveau malmené par la migraine, et il aurait cent fois préféré pouvoir sombrer à nouveau dans l'inconscience pour ne pas avoir à endurer ça. Combien de minutes s'écoulèrent avant qu'il puisse ouvrir les yeux sur un monde flou et plongé dans l'obscurité ? Il n'en savait rien. A vrai dire, il ne se souvenait pas de quoi que ce soit. Ni de la raison pour laquelle il se trouvait là, ni pourquoi il semblait avoir été roué de coups, pour se sentir aussi mal.
Après de longues minutes qui lui semblèrent durer une éternité, ses yeux finir par s'habituer à l'obscurité, et il put alors contempler son environnement dans l'espoir de comprendre où il était. Un vieux parquet poussiéreux et abîmé par les années, des canalisations apparentes, fuyantes et couvertes de mousses et autres lichens, un air glacial qui pénétrait par les vitres brisées... Aucun doute, il ne devait pas y avoir grand monde à résider ici à l'année. L'endroit ressemblait fortement à un appartement abandonné, et étant donné l'absence total de bruits alentours, l'immeuble devait l'être tout autant. Au prix d'un effort surhumain, le chasseur parvint à se hisser sur ses jambes chancelantes et à poser un pied devant l'autre dans l'espoir de rejoindre la fenêtre la plus proche. Il se sentait nauséeux, hagard et passablement agacé, aussi ne prêta-t-il aucun attention au léger « crac » qui retentit lorsqu'il marcha sur une seringue non identifiée et abandonnée là. Bah... Surtout un idiot défoncé à l'héroïne qui l'avait laissée traîner là... Mais bon sang ! Que faisait-il ici en pleine nuit ? Arrivé devant la fenêtre, il se rendit compte qu'il était bel et bien dans un immeuble désaffecté, à quelques centaines de mètres des premiers réverbères qui marquaient l'entrée de Radcliff.
Remettant ses idées en ordre, il se souvint alors être parti chasser à la nuit tombée et être tombé sur un dégénéré... Et puis plus rien. Le trou noir. Soudain, son cœur manqua un battement. Victoire ? Où était-elle ? Avait-elle été enlevée ou... Pire ? Un rapide coup d'oeil à son téléphone le rassura. Elle était en voyage d'affaire et n'avait pu l'accompagne, Dieu merci ! Un soupir de soulagement franchit ses lèvres, puis il se passa une main dans le cou en grimaçant. Sa nuque était raide et douloureuse, et s'il avait pu la voir, il aurait immédiatement remarqué le léger hématome qu'avait formé l'aiguille d'une seringue hypodermique lorsqu'on la lui avait planté dans le cou. Agacé de ne pas savoir ce qu'il lui était arrivé mais épuisé et perdu, le chasseur choisi de ne pas s'éterniser dans un lieu qui lui faisait froid dans le dos tant il était sale. A des années lumière de son propre appartement, où pas un grain de poussière n'échappait à l'oeil vigilant de la femme de ménage.
Après avoir descendu l'escalier branlant et instable de l'immeuble, il sortit dans le froid et l'humidité nocturnes. La forêt bordait le vieil immeuble, mais respirer un air frais et pur lui fit bien plus de bien que la plus efficace des aspirines. Sur le chemin qui le ramenait à Radcliff, il réfléchissait. De quoi se souvenait-il, au juste ? Il était Hippolyte Caesar, le redoutable et impitoyable directeur des laboratoires Caesar, il allait fêter ses cinquante six à peine un mois plus tard, à son grand regret, il avait deux enf... Non... Pas deux. Trois enfants. Il était marié, chassait les transmutants depuis trente ans, et avait pourtant l'impression d'avoir été la proie, cette nuit. Il savait qui il était, aurait pu citer la totalité des molécules présentes dans chacun des médicaments qu'il commercialisait, pu dire avec précision de quelle malformation souffrait son fils cadet... Mais il était tout simplement incapable de dire ce qui lui était arrivé cette nuit-là.
D'une humeur de chien, Hippolyte passa le quartier résidentiel où il vivait pour se diriger vers les locaux de son entreprise. Un coup d'oeil à sa montre lui confirma qu'à trois heures trente du matin, il ne devait pas y avoir grand monde. Il entra alors dans l'immense bâtiment vitré, écrasa avec lassitude son poing sur le bouton de l'ascenseur, et jeta un œil son reflet dans le miroir de la cabine tandis qu'il montait au dernier étage. Il était pâle comme un mort, de grosses cernes marbraient ses yeux, et il avait l'air plus malade encore que la plupart des gens que ses médicaments soignaient tous les jours. Il avait à tout casser quatre heures pour être présentable et dormir un peu, afin qu'on ne lui demande pas pourquoi il avait une telle tête de déterré.
Une fois arrivé dans son bureau, il jeta sa veste sur un fauteuil et se dirigea immédiatement vers la petite salle de bain attenante. Vivant pour son travail, il n'était pas rare de voir Hippolyte rester si tard dans les locaux qu'il en dormait sur place. Une douche froide lui remettrait peut-être les idées en place, mais alors qu'il laisse l'eau couleur sur son dos meurtrie, il avait la désagréable impression qu'elle lui traversait le corps sans le toucher. Il avait vraiment besoin d'une bonne nuit de sommeil. Il troqua ensuite sa tenue de chasse pour un élégant costume gris taillé sur mesure, une cravate ajustée et un coup de peigne qui lui donnait un air tout de suite bien plus important et respectable.
Il fini par se laisser tomber dans le fauteuil de son bureau, alluma l'ordinateur ainsi qu'une cigarette, et entrepris de reprendre son travail là où il s'était arrêté. Seulement, il avait sur estimé ses forces et sous estimé sa fatigue. Après l'écran s'était-il allumé qu'il avait sentit sa tête pencher en avant, jusqu'à ce qu'il sombre dans un sommeil aussi profond que dépourvu de rêves. La cigarette entre ses doigts eut le temps de se consumer entièrement sans qu'il y touche, et son téléphone sonna. En boucle. Posé sur le bureau, le cellulaire ne cessait de cessa de vibrer entre huit heures et neuf heures, comme si celui qui cherchait à le joindre s'impatientait.
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Dim 31 Jan 2016 - 0:25
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Mon poing se fracasse contre le punching-ball et j’imagine que sans les bandes qui enserrent mes phalanges, j’aurais déjà de jolis bleus à chaque doigt. Parce que je me défoule. Vraiment. Une demi-heure que je me défoule, une demi-heure de cardio, une demi-heure que je m’énerve sur ce sac de sable et que même mon cœur a compris qu’il ne fallait pas m’embêter pour le moment. Pas maintenant. Pas tout de suite. Demain, tout à l’heure, bientôt, je vais voir mon père. Et mettre cette affaire de sœur, de demi-sœur, de quart de sœur, de rien-du-tout de sœur au clair. Demain, tout à l’heure, bientôt, je vais voir mon père. Et ce direct que j’inflige au pauvre sac qui n’a rien demandé, dans un grincement de chaîne qui commence à m’irriter les oreilles, c’est mon père qui va bientôt se le prendre.
Que je suis con, bordel, que je suis con. J’ai passé mon enfance à le détester, à me convaincre de le détester. J’ai passé ma vie à le voir comme un père dont je n’étais pas digne, un foutu connard, un putain de connard, mais un héros, un homme inatteignable, un roc, un génie hors d’atteinte, un exemple même dans certaines situations. Papa et Maman sont des Hunters. Martial a fissuré mon père, lui a planté un poignard dans le dos, a sapé les fondations de cette statue sur laquelle je crache, de cette statue que je salis, que je tague, de cette statue qui subsiste malgré moi dans ma tête. Et cette petite conne, et cette putain de photo à la con. Je hurle dans mon appartement en évacuant ce qu’il me reste de force avant de me laisser tomber en arrière, là où se trouve mon lit qui me réceptionne. Je hais mon père. Je le hais vraiment. Et je me hais presque, presque davantage. Comment ai-je pu croire un jour que j’aurai la fierté de mon père, comment ai-je pu croire un jour qu’il m’aimait même un peu ? J’ai beau le revoir à l’hôpital, tenant Samuel dans ses bras et le comparant à moi, je ne le vois désormais que faire ce sourire niais au possible devant le gâteau d’anniversaire de sa fille. Sa fille. Je ne sais pas pourquoi je ne l’ai toujours pas dit à ma mère, pourquoi je n’ai pas tout de suite envoyé l’information à la presse avec un hashtag Malaria suffisamment explicite pour que tout le monde s’en empare et que mon père soit dans la merde. Je ne sais pas pourquoi je n’ai pas fait ça, pourquoi je me suis contenté de l’insulter par SMS et d’en informer mon frère.
Si je le regrette ? J’en sais foutre rien non plus. Et le pire, le pire dans tout ça, c’est que j’ai beau savoir que mon père est un connard, et le savoir depuis plus longtemps que le reste du monde, je ne peux pas m’empêcher de me sentir une fois de plus trahi. Papa et Maman sont des Hunters. Je serre les poings sur Chester que je regarde dans les yeux. Très mature le Marius, à vingt-sept ans. Et moi aussi. Et toi, petite garce qui vient détruire un peu plus cette fragile relation que je parvenais à reconstruire avec mon père, tu en es une aussi, derrière tes yeux bridés et ton hypocrisie à la con ? Je n’arrivais pas à me sortir la voix de mon frère de la tête, maintenant je n’arrive plus à en sortir non plus cette photo de famille si surréaliste qu’on pourrait la prendre pour un photomontage. Je serre les poings sur les pattes de mon lapin et je résiste à cette envie brutale de le dépecer en le balançant de l’autre côté de la pièce, lui montrant un manque de respect pour la première fois depuis au moins… depuis au moins six ans. Un regard sur l’horloge m’apprend qu’il est deux heures du mat’. Et que je ne dors pas. Et que je n’ai pas envie de dormir. J’angoisse, je m’énerve, j’appréhende, je m’impatiente. Je veux des explications, et je les veux tout de suite. Ce qui me retient d’aller tirer mon père du lit en me pointant dans chez mes parents ? Je ne sais pas vraiment. Peut être ma mère, qui sera inévitablement là bas, peut être cette crainte que j’ai d’eux que je suis incapable de surmonter lorsque le soleil n’est pas là. Deux heures du matin. Je vais le tuer. Dans quatre, cinq, six, sept heures je vais le tuer. Vraiment.
Et les heures s’écoulent lentement. J’ai beau prendre une douche, me planter devant mon tableau d’équation, j’ai beau avoir une nuit blanche dans les pattes et je ne sais pas combien d’heures de sport derrière moi, je ne suis qu’une boule de nerfs qui a besoin de se dépenser. C’est peut être pour cette raison que pour la première fois de ma vie, je suis en avance. En terrain neutre, qu’on avait dit. Je piétine devant l’entrée du parc, notre point de rendez-vous, depuis une demi-heure. On a dit quelle heure déjà ? Dix heures. Et je suis là deux bonnes heures en avant. Mon sweat ne me couvre pas plus que ça, je sautille pour me réchauffer, pour m’occuper, pour évacuer un petit peu de ma nervosité. Et je l’appelle, bien sûr. Marius, l’éternel retardataire, Marius, celui qui arrive systématiquement une demi-heure en retard, Marius ne supporte pas attendre. Et je l’appelle, je l’appelle encore. Si je commence par un presque poli J’suis déjà là, ramène toi, l’absence de réponse épuise en quelques secondes ma misérable patience. Et je file rapidement dans des menaces aussi originales que ridicules. Papa, je te jure, si tu te pointes pas dans les minutes qui suivent, je me pointe à ton bureau et j’écrase ton putain de chat ; Papa ramène ton cul ou je fais un communiqué de presse et j’attaque ton entreprise. Finalement, il est presque neuf heures lorsque je cède définitivement et en quelques minutes, je rejoins ce building que j’abhorre. Mes pas claquent dans le hall. Sweat, jean, barbe de quelques jours, cheveux aussi décoiffés que ponctués d’épis, je ne suis pas vraiment aux normes du bâtiment déjà actif. Et vous savez quoi ? Je n’en ai rien à faire. Je ne suis pas là pour me réconcilier avec ce connard, je ne suis pas là pour faire des efforts. Je me dirige d’un pas sûr vers les ascenseurs lorsqu’un larbin se plante devant moi. « Dégage, j’ai rendez-vous avec mon père » Ma main se pose sur sa poitrine pour le décaler, mais il tient ses appuis. Et vu le bulldozer que c’est, j’ai aucune chance de le pousser. Je suis même obligé de lever la tête. « Vous êtes ? » « Celui qui a baisé ta mère. Maintenant dégage, bordel. » Je tente de l’esquiver, sa poigne s’impose sur mon épaule. « T’as pas compris ? T’es sourd ou juste con ? Tu me lâches, t’ouvres même la porte de l’ascenseur et tu me laisses passer ! » Je sais que mon discours tient plus de celui d’un gosse que de celui d’un père, mais je n’en ai rien à faire non plus. Et si désormais toute l’attention du hall est sur nous, et si d’autres agents de sécurité rappliquent en vitesse, ma main file dans ma poche et exhibe ma carte d’identité. « Marius Alexandre CAESAR » J’articule avec exagération, en hurlant mon prénom. « J’te l’lis si jamais tu sais à peine épeler ton prénom. » Je ne sais pas vraiment si c’est ma colère, ma voix glaciale, cette acidité qui suinte de mes lèvres ou ma carte d’identité et mon nom de famille, mais je vois les autres se jeter un petit coup d’œil. J’en profite immédiatement. « Vous voulez déranger mon père, ma mère peut être ? Ou vous allez vous décider à arrêter de me faire chier ? C’est quoi ton nom, à toi ? » Il ne bouge pas, toujours indécis, lorsque ma main file récupérer son badge. « Morris ? Ben t’es viré si tu me lâches pas dans la seconde, pauv’ con ! »
Du coin de l’œil, je vois à l’accueil des vigiles passer un coup de téléphone et faire signe, réglant le problème. Mon père a du les prévenir qu’il devait me voir, ou je leur ai fait bonne impression – lol – mais dans tous les cas, on m’emmène rapidement vers les ascenseurs. Enfin. Je trépigne le temps qu’il nous hisse à l’étage, je le trace lorsque les portes s’ouvrent sur de la moquette, je prends le temps de faire un doigt d’honneur à la secrétaire qui s’est à peine levée que déjà la porte s’ouvre en grand sur…
Mon père. Endormi. Il se fout de ma gueule. Il se fout vraiment de ma gueule. Je ne vois pas d’autre solution. Je claque la porte et fais disparaître la distance entre mon père et moi. Pendant une fraction de seconde, j’envisage de le secouer voire de le réveiller avec mon poing dans la gueule, histoire qu’il soit d’aussi bonne humeur que moi. Une seconde. Avant que cette angoisse, avant que cette peur qu’il fait naître chez moi ne retienne mon bras. Je me rabats sur son bureau, avise son cendrier, le délaisse pour poser mon regard sur un vase. Parfait. Je l’attrape et le jette à terre. Le fracas qu’il fait en se brisant n’est qu’un support pour que ma voix explose. « PAPA ! » Je pointe mon index dans sa direction, histoire qu’il se sente bien concerné. « TU ME DOIS DES EXPLICATIONS ESPECE D’ENFOIRE ! » J’ai mes poings qui me démangent. Patience, mes mignons, vous allez bientôt manger de la chair fraiche. Il faut juste qu’il parle et ça justifiera qu’il se prenne mon poing dans la tronche.
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Dim 31 Jan 2016 - 0:30
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Depuis son plus jeune âge, Hippolyte dormait peu. Pour ne pas dire que le sommeil était un élément optionnel et dénigré de sa vie. A vrai dire, son esprit tournait à 100 km/h du matin au soir, et son amour pour son travail était tel que s'il passait quatre heures au lit, c'était un exploit. Combien de fois Victoire avait-elle eu envie de l'assommer et de le ligoter au matelas ? Plus les années passaient, et plus il se disait avec ironie que ce n'est pas un dégénéré qui viendrait à bout de lui, mais plutôt le manque de sommeil et la cigarette. Seulement cette fois, il dormait. Profondément, sans un rêve, sans une pensée pour venir troubler un repos bien mérité.
Bien sûr que ça ne pouvait pas durer. Bien sûr qu'il fallait qu'on vienne l'arracher à ses quelques heures de relâchement... Hippolyte dormait si bien qu'il n'avait pas sentit Duchesse sauter sur ses genoux pour venir s'y lover et laisser au passage quelques poils immaculés sur son costume, pas plus qu'il n'avait entendu le téléphone de son bureau sonner pour lui annoncer l'arrivée imminente d'un boulet de canon. Ou plutôt d'une ogive nucléaire couplée à une arme bactériologique quelconque et hautement destructrice. Quelque chose dont il se serait bien passé, car avec la nuit abominable qu'il venait de passer, Hippolyte était d'une humeur exécrable. Tant et si bien qu'il aurait bien gardé les yeux fermés, se contentant de sortir le revolver qu'il gardait dans un tiroir de son bureau pour mettre une balle dans le crâne de l'idiot qui venait hurler dans son bureau. Toujours plongé dans un demi sommeil, il rêvait de pouvoir scotcher les lèvres de l'importun... D'autant qu'il connaissait cette voix, il la connaissait même très bien... Trop bien...
« Crac ! »
Le bruit du vase s'écrasant au sol dans un millier d'éclats de porcelaine le fit si brutalement se réveiller qu'il manqua de tomber de son fauteuil. Duchesse feula et alla se réfugier en vitesse sous une armoire, non sans avoir planté ses griffes dans les genoux de son propriétaire sous l'effet de la peur. D'une humeur à mettre Marius en pièces, Hippolyte ouvrit les yeux, se passa une main sur le visage mais n'accorda même pas un regard à son fils. Sa voix se fit calme mais chargée de tant de tensions et de menaces qu'elle semblait électrifier la pièce.
- Petit un, je ne te dois strictement rien si ce n'est une note qui inclut une table basse en acajou verni, une vitre, un ordinateur à plusieurs milliers de dollars, une toile inestimable et maintenant un vase Ming. Tes dettes s'allongent, tu n'auras bientôt plus de quoi me rembourser...
Enfin Hippolyte consentit à lever la tête et à regarder son fils, dont l'accoutrement et la mine colérique lui firent lever les yeux au ciel.
- Deuxièmement, tu vas arrêter de venir m'emmerder à chaque fois que tu es un peu énervé... Voilà ton dossier, dépêche-toi de le prendre et d'aller voir ailleurs si j'y suis...
Il lui tendit un épais document dans lequel figurait toutes les données que Marius lui avait demandé au sujet de la malformation cardiaque de son enfant.
- Troisièmement... Tu vas foutre le camp d'ici, et en vitesse... Maintenant...
Le regard glacial qu'il lui lança était on ne peut plus équivoque. Voyant que Marius ne bougeait pas, Hippolyte soupira, se leva et lui fourra le dossier entre les mains d'un geste brusque. Il voulu alors lui prendre l'épaule pour l'accompagner vers la sortie, mais sa main passa au travers. Croyant avoir halluciné, il tenta à nouveau de saisir l'épaule de Marius, mais cette dernière lui passa à nouveau au travers... Comme cette fois, aux laboratoires Holgersen... Comme face à cette mutante qui avait le don d'intangibilité. Choqué, décontenancé, Hippolyte ne savait pas comment réagir. Son regard empli d'incompréhension se plongea dans les yeux bleus de son fils, tandis que se partageait en lui un étrange sentiment de trahison, de devoir à accomplir et d'effroi.
- Tu... Co... Comment... Non... Comment as-tu fais ça... Réponds-moi, Marius ! Tu me l'avais caché, c'est ça ?
Et si c'était vrai... Si Marius était bel et bien un mutant, ce n'était pas très compliqué de comprendre pourquoi il l'avait caché à son père. Même s'il ignorait qu'il était un hunter, leur relation était si catastrophique que ce n'était pas étonnant qu'il ne se soit pas confié à lui à ce sujet. L'instinct de chasseur d'Hippolyte lui hurlait de mettre un terme aux agissements de ce dégénéré... Seulement, il n'arrivait pas à voir un transmutant en face de lui.
Il ne voyait que son fils, son enfant, la chair de sa chair... Un enfant, qu'il aimait plus qu'il ne voulait l'admettre, qui était sa force et sa faiblesse... Qu'il ne pouvait se résoudre à tuer, et encore moins à vacciner. C'était impossible. Impossible que son sang ne soit souillé par le gène mutant, impossible que Marius lui ait caché ça. Alors il recula vers le bureau, le regard perdu et les gestes fébriles. Il était toujours ça, ce foutu flingue, dans le tiroir de son bureau... Mais comment irait-il expliquer ça ? Une balle perdue, un mot de trop ? Allons... Les forces de police de Radcliff étaient peut-être franchement limitées, mais on ne ferait pas avaler à tout le monde une telle histoire. De toute manière l'idée n'arrivait pas à faire son chemin jusqu'à l'esprit déjà bien malmené d'Hippolyte.
Chancelant, il voulu alors prendre appui sur le bureau, mais alors qu'il laissait aller le poids de son corps contre ce dernier, sa main passa à travers, et il n'eut rien pour se rattraper. Il tomba à terre sans comprendre comment une telle chose avait pu arriver, comment... Comment il pouvait être celui qui avait maintenant autant de tangibilité qu'un fantôme. C'était absurde ! Les fantômes n'existaient pas, voyons ! Il voulu se relever mais à nouveau, sa main passa à travers le bureau. C'est seulement au prix d'un effort de concentration et d'une volonté qui le poussait à saisir le rebord du meuble qu'il parvint enfin à le saisir. C'était à n'y rien comprendre. Rien de tout cela n'avait de sens... Il n'avait jamais été un mutant, jamais ! Il s'était fait dépister quelques années auparavant, et son génome était aussi humain que le commun des mortels.
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Sam 6 Fév 2016 - 23:12
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
J’entre en gueulant, je casse un vase : le ton est clairement donné. On va bientôt se tomber dans les bras, manger une barbapapa et discuter des dernières conneries qu’on a regardées à la télé en bouffant du pop corn. C’est clair. Ma colère est palpable, j’ose émettre l’hypothèse que ça s’entend légèrement dans mes mots hurlés à ses oreilles. La seule chose qui explique le sourire qui a fait son apparition sur mes lèvres ? Son sursaut, le feulement de son connard de chat et la surprise qu’il affiche clairement lorsqu’il manque de tomber de son fauteuil. Oui, ça m’arrache une certaine satisfaction. Une satisfaction qui disparait bien vite lorsqu’il ouvre la bouche.
Parce que forcément faut qu’il ouvre sa putain de gueule, et qu’il ne l’ouvre pas pour dire ce que je veux entendre. Qu’est ce que j’attends, d’ailleurs ? Je n’en sais rien. Des excuses, un peu de culpabilité, quelque chose qui fasse de lui un humain et non cet espèce de robot qui se tient devant moi. - Petit un, je ne te dois strictement rien si ce n'est une note qui inclut une table basse en acajou verni, une vitre, un ordinateur à plusieurs milliers de dollars, une toile inestimable et maintenant un vase Ming. Tes dettes s'allongent, tu n'auras bientôt plus de quoi me rembourser... Je serre les poings. Pas question de lui laisser une seule seconde de répit, pas question de lui concéder une seule seconde de silence. « Tes dollars, tu peux te les foutre dans le cul » Aucune tentative de diplomatie, je ne suis pas là pour m’écraser ni pour ramper et lécher ses bottes, non. Je suis là pour avoir des explications qu’il me doit, quoiqu’il puisse en penser, et qu’il va me donner. Il daigne relever la tête, je fais un pas en avant. Pas d’efforts, pas de concession, pas de tentative pour le caresser dans le sens du poil. - Deuxièmement, tu vas arrêter de venir m'emmerder à chaque fois que tu es un peu énervé... Voilà ton dossier, dépêche-toi de le prendre et d'aller voir ailleurs si j'y suis... Je regarde le dossier qu’il me tend, sans faire mine de comprendre de quoi il s’agit alors qu’il ne me faut pas plus de quelques fractions de seconde pour additionner les noms et les conséquences. « J’en ai rien à foutre pour le moment de ton putain de dossier. » - Troisièmement... Tu vas foutre le camp d'ici, et en vitesse... Maintenant... Je repousse le dossier d’une main agacée, comme pour chasser un parasite. C’est ce que je suis pour lui d’ailleurs, non ? Un parasite qui vient lui pomper l’air et l’emmerder constamment. C’est ce que je suis pour lui, non ? Et bien, autant le satisfaire, je compte l’emmerder jusqu’à ce qu’il cède. Je croise les bras sur ma poitrine, dans la ferme intention de ne pas bouger d’ici. Seulement… dès qu’il se lève, je décroise les bras, sur la défensive.
Son indifférence, son attitude, sa voix, tout en lui me donne l’impression qu’on est au même point qu’il y a six ans. Et ce connard a trompé ma mère. Et nous l’a caché. Et n’était pas là lorsque j’ai failli clamser juste parce qu’il allait assister à la naissance de sa bâtarde. Mon regard est chargé de colère et de mépris, est chargé à en crever de déception et de dégoût. Et il ne le voit pas, parce qu’il est tellement tourné vers lui-même qu’il serait incapable de… Le dossier atterrit dans mes mains et malgré mon envie de le lui balancer à la figure, je tiens trop à ma future fille pour le lâcher. Mais ce n’est pas ça le pire. Sa main vient de traverser mon épaule.
Sa main, sa putain de main, vient de traverser mon épaule, ma putain d’épaule. Je suis un mutant, je le sais depuis quelques temps maintenant, et je m’y suis fait. Un peu. Mais je connais ma mutation et… je me suis téléporté librement pendant quelques semaines. Ouais, aussi. J’ai l’impression que mon cœur vient brutalement d’accélérer et je fais tout aussi brusquement un pas en arrière. Papa et Maman sont des Hunters. Ca fait des mois, mais la voix de Martial résonne toujours autant dans mon esprit. Et j’ai le malheur de croiser le regard de mon père. J’ai la gorge sèche, je cache ma panique avec difficulté. Mon père me déteste, j’en suis persuadé depuis des années. Et même s’il tente depuis quelques mois de me prouver le contraire, du moins… je crois, là… j’en ai la certitude.
Ce n’est même plus une certitude à ce niveau là, c’est une conviction. Douloureuse. Mon père me déteste. Mon père me tuera. Mon père va me tuer. Depuis toujours, je crains mon père. Je crains ses sarcasmes, je crains son jugement, je crains son ombre et son ascendance, je crains son chantage, son mépris, son dégoût, sa déception, sa colère, son indifférence. Mais jusqu’à maintenant, malgré tout ce que je pouvais dire et arguer, je ne le pensais pas capable de me tuer. Papa et Maman sont des Hunters. Et ça prend tout son sens. Je suis trop tétanisé pour faire autre chose qu’un pas en arrière. - Tu... Co... Comment... Non... Comment as-tu fais ça... Réponds-moi, Marius ! Tu me l'avais caché, c'est ça ? Je tente de contrôler ma respiration, de rester calme et détaché. Mais j’ai du mal. Il ne faut pas le dire aux parents, il ne faut jamais qu’ils l’apprennent, tu comprends ? C’est notre secret, notre secret à tous les deux. Tu es un super héros, Marius, mais il ne faut pas que les autres l’apprennent. On avait vingt-et-un ans à l’époque, mais je comprends mieux ce que mon frère voulait dire. Je sais mentir. J’ai toujours su mentir, même si je ne veux pas souvent qu’on me croie. En général, l’intérêt du jeu, c’est de sortir des conneries plus grosses que moi mais de les rendre tellement convaincantes que la personne en face se mette à douter un peu. Mais là… de mon mensonge dépend ma survie. « J’ai rien fait ! J’te jure Papa, c’est pas moi, c’est… » Aïe. Si ce n’est pas moi, c’est lui. Et… même si l’une des solutions est nettement mieux pour moi que l’autre, c’est également la moins probable. Et ça fait bien chier. Je fais à nouveau un pas en arrière, sur la défensive. Qu’est ce que Jia m’a remis en mémoire la semaine dernière ? Tes mains sont ta première défense, quand on t’agresse, tu les lèves en signe de paix mais aussi en garde, pour protéger ta ligne de vie. Je déglutis, suis les conseils de ma coach. Je lève les mains, même celle encombrée du dossier. « Papa, je te jure que je ne sais pas ce qu’il se passe. » Ce n’est pas totalement un mensonge. C’est peut être ce qui me permet de garder mon sérieux, de garder une certaine maîtrise de ma poitrine. Je ne sais pas ce qu’il se passe, vraiment. Mais je sais que je suis un mutant. Et que ce dégoût dans son regard n’est pas feint. S’il apprend un jour ce que je suis, il me tuera. Mon propre père me tuera. Papa et Maman sont des Hunters. Putain, Martial. Depuis six ans, tu me protèges, tu es un rempart entre lui et moi, tu me couvres, tu me défends, tu me tiens loin de ces Hunters. Et moi…
Et moi, je vois mon père reculer de son côté. « Papa, j’te jure… » Ma voix s’étrangle dans ma gorge. Je suis en train de le perdre, totalement. Il me hait, il me méprise, je ne suis qu’un parasite dont il se serait bien passé. Je suis une déception, je suis un raté jusqu’au dernier de mes gênes. Et cette prise de conscience me fait presque oublier ma demi-sœur. Parce qu’au moment où il atteint son bureau, je m’aperçois que je veux le convaincre, vraiment, que je ne suis pas un mutant. Parce que je ne veux pas le perdre, parce que je ne veux pas détruire la minuscule chance qui subsistait d’un jour mériter d’être son fils, le mériter autant à ses yeux qu’aux miens. Je fais un pas en avant, un minuscule pas, un pas timide. « Papa… » Je rajouterais bien un énième je te jure que je ne suis pas un mutant lorsqu’il chancelle, lorsqu’il prend appui sur son bureau, lorsqu’il… Je crois que je vais faire une syncope. « Pa… Papa ? » Je dois être aussi pâle qu’un cadavre. Et tétanisé par la terreur inspirée par la seule idée que mon père découvre ma mutation, je suis incapable de bouger lorsque je l’observe passer au travers du bureau une seconde fois et tomber à terre. - Que... Qu'est ce qui m'arrive, Marius ?
Je ne sais pas quoi faire. Je suis tiraillé entre l’envie de me précipiter aux côtés de mon père pour l’aider à se relever, et une terreur absolue. Et la colère. L’incompréhension. Le rire, aussi, un peu. Sauf que non… si, en d’autres circonstances, j’aurais pu éclater de rire devant ce tableau, c’est la peur qui prime à cet instant et qui me fait reculer, me tenir à distance de mon père. « T’es… t’es un mutant ? » Mon regard fuit vers la porte. Mon père, un mutant. Moi, mutant. Mon père, un mutant. La mutation est génétique, il y a forcément un de mes deux parents qui me l’a transmis. Sauf qu’il ne me l’a pas dit. Sauf qu’il n’était pas au courant me hurle mon instinct. J’ai envie de lui hurler que je suis un mutant moi aussi, mais la voix de mon frère résonne comme un avertissement à mes oreilles. Mon frère, justement. Si la terreur est là, la colère s’accapare de ma voix. « C’est impossible. Martial m’a dit que tu étais un Hunter. Tu… » Mes yeux filent en direction du bureau. Et une idée germe dans mon esprit, plus douloureuse que tous les regards méprisants et écœurés de mon père. Plus douloureuse que l’indifférence de ma mère. « Il m’a menti ? » Je déglutis. Péniblement. Et je fais un nouveau pas en arrière. « Papa, est ce que Martial m’a menti ? »
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Lun 8 Fév 2016 - 18:21
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Aussi loin que remontaient ses souvenirs, Hippolyte ne se souvenait pas avoir passé une seule journée sans se disputer avec Marius. Dès ses sept ou huit, c'était devenu un petit monstre hyperactif, toujours prêt à faire le plus d'âneries possible. Leur quotidien s'était alors résumé à deux choses : Une ignorance pure et simple des deux partis, ou des confrontations toujours plus tendues et agressives. Il s'était tut pendant six ans, sans chercher à se voir si à entamer la conversation. Et maintenant qu'ils se reparlaient... C'était comme si ces six années n'avaient pas existé. Ils recommençaient à s'engueuler à chaque rencontre, et même lorsque tous deux tentaient d'être poli avec l'autre, les choses dégénéraient. Il jeta alors un regard glacial à Marius.
- Ah oui ? Tu n'en as rien à foutre ? C'était bien la peine que je me fatigue, alors ! A croire qu'il n'y a que moi qui fais du souci pour ton enfant... Arrête d'être aussi égoïste, bon sang !
Qu'il prenne son dossier et s'en aille, c'est tout ce qu'Hippolyte voulait. Il n'avait clairement pas la patience ni l'énergie suffisante pour supporter les plaintes et injures de Marius, et s'apprêtait à le mettre à la porte sans plus de cérémonie lorsque sa main était passée au travers de l'épaule de son fils. Et tout avait basculé. C'était comme si son propre corps n'avait plus de consistance, plus d'existence matérielle. Il était comme un mirage, une illusion bien visible mais consistance réelle. C'était... C'était impossible. Impensable. Jamais il n'avait développé de mutation, il avait même été dépisté et ne portait pas le gêne responsable de la transmutance. Seulement... En bon généticien qu'il était, Hippolyte savait que certains tests pouvait être faussés pour une raison ou une autre, et il savait que le génome humain pouvait muter à n'importe quel moment. Après tout, les tumeurs n'étaient-elles pas souvent favorisée par des mutations génétiques ? Et si... Et s'il était devenu ce qu'il chassait depuis trente ans ? Si le prédateur était devenu le traqué ? Comment irait-il expliquer cela à Victoire ? Comment pourrait-il alors lui en vouloir, si elle décidait d'en finir avec lui comme avec tous les autres ? A cet instant, Hippolyte se sentait désemparé et trahit par son propre organisme. N'ayant aucun souvenir de la nuit précédente, il était bien loin de se douter que cette mutation était artificielle et non dûe à une véritable évolution de son ADN. Marius lui répétait qu'il n'y était pour rien, que ce n'était pas lui le responsable de tout cela... Et sa franchise, sa panique, ne pouvaient que convaincre que son père : Il était aussi désemparé que lui.
Après s'être relevé, Hippolyte inspira profondément et tenta de se calmer. Céder à la panique, c'était bien la dernière chose dont il avait besoin. Sa détresse était palpable, son incompréhension tout autant. Il avait l'impression de chuter dans un puits sans fond et de s'enfoncer toujours plus loin dans le noir. Un instant, Hippolyte chassa Marius, sa colère, le dossier, son bureau, de son esprit. Il n'y avait plus que lui et ses réflexions. Il était donc intangible, comme cette gamine qu'il avait croisé dans les laboratoires Holgersen. Il pouvait sûrement passer à travers les murs, qui sait ? Certains auraient trouvé cela fascinant, lui en retenait une moue pleine de dégoût. Machinalement, il essaya d'attraper le lourd presse papier sur son bureau, mais sa main passe au travers à chaque fois. Comme s'il tentait de saisir un hologramme. Il était un mutant... Et cette idée le révulsait plus qu'elle ne l'effrayait, maintenant qu'il y pensait. Il ne pouvait pas expliquer mathématiquement et scientifiquement pourquoi il pouvait passer à travers les objets qui l'entouraient, il avait l'impression de transgresser toutes les règles de la physique, et pour un adepte du contrôle et de la rigueur, c'était une insulte. Il avait véritablement l'impression de copieusement injurier la réalité en la défiant ainsi, c'était intolérable ! Qu'on lui retire ça des gênes, là, maintenant ! Mais oui ! Elle était peut-être là, sa solution ! Le vaccin ! Un instant, il se souvint de ces seringues qu'il gardait toujours dans un tiroir de son bureau, au cas où... Et à l'euphorie se succéda la méfiance. Il savait le NH25 extrêmement instable et vicieux, et ne voulait certainement pas se retrouver avec une pathologie incurable supplémentaire. Perdre l'usage d'un membre ou développer une autre saloperie, non merci très peu pour lui. Malheureusement, toutes ses réflexions n'amenaient qu'à un résultat : Le même qu'avec tous les autres mutants. Et la chose ne le réjouissait pas plus que tout le reste.
Marius fini par le tirer de ses pensées lorsqu'il lui demanda s'il était un mutant. Il y avait à la fois de la stupeur et de la peur, dans sa voix, ainsi qu'une petite note de... Déception ? Relevant la tête, Hippolyte regarda Marius sans répondre. Il n'avait pas la réponse à cette question, car il ignorait ce qu'il était réellement. Un mutant ? Autre chose ? Plongé au cœur du pire cauchemar de son existence ? Et avant qu'il n'ait pu répondre quoi que ce soit, Marius lui porta le coup fatal. Les yeux du père s'écarquillèrent de surprise, il avait le souffle coupé comme si on venait de lui asséner un violent coup dans l'estomac, et ses mains tremblaient. Martial avait tout raconté à Marius. Martial, son fils parfait, le fils prodigue, calme, obéissant, en qui Hippolyte avait placé tous ses espoirs... Martial avait trahit sa confiance. Toutes ces années, son regard empli de mépris et de déception s'était tourné vers Marius, tandis qu'il réservait à Martial ses rares sourires et expressions emplies de fierté. Pour la première fois, son aîné le décevait réellement et, quelque part, les rôles s'inversaient. Personne d'autre ne pouvait avoir dit à Marius que ses parents étaient des hunters, personne qu'il puisse croire... A part Martial. Et la déception dans le regard de Marius était suffisamment crédible pour qu'Hippolyte ne doute pas un seul instant de la véracité de ses propos. Alors il fut tenté de lui mentir, de lui dire que Martial avait du vouloir lui faire une mauvaise blague... Mais il était fini, le temps des cachotteries et autres mensonges. Il lui avait promis d'être honnête, alors autant le rassurer au sujet de son frère et achever de lui prouver qu'il était bel et bien un connard.
- Assieds-toi... S'il te plaît... Je n'ai plus la force de répondre non en bloc à tout ce que tu me demandes, alors je vais te donner les réponses que tu veux.
C'était de la lassitude, qu'il y avait dans sa voix. Une intense et douloureuse fatigue qu'il peinait à camoufler. Au prix d'un effort incroyable, Hippolyte parvint à poser la main sur le dossier de son fauteuil et s'y installa, priant tous les dieux possibles et imaginables pour ne pas passer au travers. Il poussa un profond soupir en se passant une main sur le visage et pris le temps de mettre en ordre ses idées.
- Ta première question, je vais avoir du mal à y répondre. Pour la simple et bonne raison que... Hier, j'aurais pu t'affirmer que non, je ne suis pas un mutant. J'ai subi le même dépistage que tous les habitants de cette ville, et je ne suis pas un mutant. Seulement, aujourd'hui... Je ne sais plus quoi penser. Je n'ai jamais eu la capacité à traverser les objets, je... Je ne sais pas ce qui m'arrive, Marius. Tout ça n'a pas le moindre sens pour moi.
Comprendre, savoir, chercher... Il avait besoin de tout cela, il avait besoin d'être certain de se connaître lui-même, or il avait plus l'impression d'être dans le corps d'un étranger pour le moment.
- Quant à ta deuxième question, ton frère ne t'a pas mentit. Je suis d'ailleurs très déçu qu'il n'ait pas tenu sa parole et t'en ait parlé, mais au fond j'aurais du me douter qu'il ne serait pas capable de te cacher une chose pareil. Ta mère et moi sommes des hunters, en effet. Nous... Traquons et arrêtons les transmutants déviants.
Il préférait ne pas ajouter qu'en réalité, il les tuait, et ne faisait pas vraiment de distinction entre ceux qui utilisaient leurs pouvoirs à mauvais escient, et ceux qui se fondaient dans la population.
- Ton frère ne t'a pas mentit, c'est moi qui aies menti. Je chassais déjà avant ta naissance, et ta mère depuis l'adolescence. Si je t'ai tenu à l'écart de tout ça c'est... Parce que tu était trop dissipé. Tu était incontrôlable, tu ne tenais pas en place et n'arrivais pas à obéir à une consigne simple.
Un reproche, à nouveau, des réprimandes, pour changer... Mais elles cachaient autre chose de plus profond.
- J'avais peur qu'en te mêlant à tout cela, tu n'en ferais qu'à ta tête et te ferais tuer au premier mutant venu. Alors je préféré t'en tenir à l'écart plutôt que d'avoir à garder sans cesse un œil sur toi. Maintenant tu peux me traiter de tous les noms si tu veux, je ne regrette pas mon choix.
Il se doutait que ce ne serait pas la seule question... Que ces révélations soulevaient des choses plus graves et plus sombres encore. Qu'ils en étaient à une tape charnière de leur relation, qui conduirait probablement à un rejet pur et simple de la part de Marius, et Hippolyte n'aurait pas été étonné de le voir se lever pour quitter la pièce en le traitant de cinglé. Surtout s'il apprenait que son père était un meurtrier. Et ce dernier s'attachait aux dernières bribes de sentiments qui les liaient, il y tenait tant qu'il était prêt à s'y accrocher comme si sa vie en dépendait.
- Tu sais ce que les hunters font aux mutants. Mais je ne me vaccinerai pas. C'est un poison, une engeance pernicieuse qui sabote plus encore le génome humain. Seulement je ne sais pas trop quoi faire avec cette... Chose. Aussi, je préfère davantage m'intéresser à ce que tu as dans les mains.
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Sam 27 Fév 2016 - 14:51
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Aussi loin que je puisse m’en souvenir, j’ai toujours eu un comportement totalement illogique mais en même temps parfaitement cohérent face à mon père. Un mélange de crainte et de provocation, de colère et de détresse, un cocktail explosif d’émotions contraires. Et une constante : un besoin ineffaçable d’apercevoir dans son regard un soupçon de fierté. Aussi loin que je puisse m’en souvenir, ça n’a toujours été entre mon père et moi qu’un conflit plus ou moins ouvert, plus ou moins violent, plus ou moins justifié et surtout plus ou moins agressif. Et si ces derniers mois on a essayé malgré nous d’arrondir les angles et de faire des pas l’un vers l’autre, là… là, non, ce n’est plus possible. La colère a toujours été mon moteur le plus efficace, elle me pousse à frapper, hurler, briser des objets et l’insulter. Je ne suis pas là pour m’excuser, je ne suis pas là pour m’aplatir, je ne suis même pas là pour le remercier pour ce dossier qu’il me met dans les mains d’un mouvement fatigué. Je suis là pour des explications sur cette demi-sœur qu’il nous a foutus dans les pattes sans nous prévenir. Son regard glacial, il peut se le mettre là où sont déjà rangées ses menaces de remboursements. - Ah oui ? Tu n'en as rien à foutre ? C'était bien la peine que je me fatigue, alors ! A croire qu'il n'y a que moi qui fais du souci pour ton enfant... Arrête d'être aussi égoïste, bon sang ! Son insinuation trace un chemin de colère dans mes veines. Papa, tu n’arranges pas ton cas. Il ose me dire qu’il se fait du souci pour ma fille ? Mais il ne comprend pas que même si je récupère les documents, ce n’est pas ça qui m’intéresse pour le moment ? Que la seule chose qu’il m’importe, c’est cette bâtarde qu’il nous a toujours cachées, celle dont il fêtait les anniversaires, celle qui avait ses sourires sans pour autant correspondre au moule dans lequel il nous a foutus, Martial et moi ? Mais c’est quoi son problème, bordel ? Tu vas foutre le camp d’ici et en vitesse Il en est hors de question, pas tant que mes phalanges n’auront pas chatouillé son menton.
Pas tant que je n’aurais pas eu des aveux en bonne et due forme, pas tant qu’il… Sa main vient de traverser mon épaule. Et tout bascule. La panique, d’abord, prend ses aises. Puis la terreur. Et les avertissements de mon frère se mêlent d’incompréhension… Je tente de contrôler ma respiration, mais son dégoût, cette haine, cette déception, tout ce que je peux lire sur son visage m’étranglent et m’étouffent. Je comprends mieux les avertissements de Martial, je les comprends bien mieux. La seule réaction que je puisse avoir ? Je recule, je m’éloigne, j’essaye de cacher ma panique et de mentir mieux que jamais. Je te promets Papa, je te le jure, je te jure que ce n’est pas moi, que je ne suis pas un mutant. Des mensonges, des mensonges, encore des mensonges. Je prends conscience à chaque itération que mon père est ce que je dois redouter le plus.
Mais il n’osera pas me tuer, hein ? Il… Je n’arrive pas à savoir jusqu’où il pourrait aller. Papa et Maman sont des Hunters. Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir. De mon mensonge dépend ma survie, ma survie dépend aussi des conseils que Jia m’a glissés à l’oreille. Je lève les mains, comme un coupable pris en faute et cerné par la police. Papa, je te jure que ce n’est pas moi, que c’est… L’évidence pointe le bout de son nez lorsque lui aussi recule, lorsqu’il traverse le bureau, la chaise, lorsqu’il s’écroule au sol. Je suis incapable du moindre mouvement lorsque je le regarde se relever. Mon père est un Hunter. Mon père est un mutant. Mon père est ce que je dois craindre mais il est comme moi. Comme moi. Je ne sais pas quoi, pas quoi penser, fatal error system. Avec une certaine fascination, je le regarde tenter de saisir un presse-papier. Une certaine fascination mais aussi un certain… dégoût ? Non. Une certaine déception ? Oh que oui… mon père est comme moi. Sauf qu’il est aussi un hunter. C’est impossible. Ma voix se fait incrédule lorsque je me sens obligé de rompre le silence. Tu es un mutant ? Non, non, c’est impossible. La phrase elle-même sonne faux. C’est moi le raté de la famille, aux dernières nouvelles. Moi et uniquement moi. Mon père, ses gènes sont supposés être aussi parfaits que ceux de Martial. Il n’est pas supposé se traîner les mêmes tares que moi, il est supposé être le Chasseur et moi la proie. Pas les deux. La colère se confond avec la terreur dans ma voix. Martial m’a dit que tu étais un Hunter. Martial m’a menti ? Ce n’est pas mon monde qui s’écroule – il faudrait quand même davantage qu’un mensonge, même de mon frère pour ça – mais un nouveau pas en arrière affirme la détresse qui menace de pointer le bout de son nez à la seule idée que Martial ait pu me mentir sur ce point. - Assieds-toi... S'il te plaît... Je n'ai plus la force de répondre non en bloc à tout ce que tu me demandes, alors je vais te donner les réponses que tu veux.
Hors de question que je m’asseye. Hors de question que… je crois les bras pour camoufler ma nervosité, certainement avec autant d’habileté que lui pour cacher sa fatigue. Je n’ai jamais vu mon père aussi vulnérable, ça a quelque chose de dérangeant. Son soupir est presque aussi éloquent que le reste. S’il te plaît. Depuis quand mon père me fait il ce genre de politesse ? Il peut toujours courir pour qu’un simple s’il te plait me fasse lui obéir. Mon père est un mutant. Non. Papa et Maman sont des Hunters. Je reste silencieux mais je n’arrive pas à ne plus penser. Mutant, Hunter, tout devient de plus en plus concret depuis quelques mois, mettant en avant une certitude : quelque chose ne tourne vraiment pas rond dans notre famille. - Ta première question, je vais avoir du mal à y répondre. Pour la simple et bonne raison que... Hier, j'aurais pu t'affirmer que non, je ne suis pas un mutant. J'ai subi le même dépistage que tous les habitants de cette ville, et je ne suis pas un mutant. Seulement, aujourd'hui... Je ne sais plus quoi penser. Je n'ai jamais eu la capacité à traverser les objets, je... Je ne sais pas ce qui m'arrive, Marius. Tout ça n'a pas le moindre sens pour moi. Je croise les bras. Quelque chose me pousse à compatir, à le rassurer, à faire une connerie dans le genre. Mais… mais une petite voix injuste me souffle que c’est bien fait pour lui et que c’est le moment d’en profiter. Il y a six ans, j’ai été à sa place. Sauf qu’il venait de me virer de sa vie, je venais de le virer de la mienne. Sauf que sans Martial, j’aurai été seul pour accuser le coup. Sauf que sans Martial… je joue le rôle de Martial aujourd’hui. Excellente blague. Dommage pour toi, Papa, ce n’est pas le bon fils qui se trouve face à toi. « C’est sacrément con, ça doit te faire bizarre de ne pas tout contrôler pour une fois. » Pour un maniaque du contrôle comme il l’a toujours été, je trouve ça assez ironique de le voir s’effondrer comme ça devant moi, d’une certaine manière. Les bras toujours croisés dans une posture de défi qui m’interdit toute sympathie, compassion ou geste de paix, j’oppose à son je ne suis pas un mutant un sarcastique, « Aux dernières nouvelles, on ne traverse pas la matière aussi facilement. Tu es un mutant, les tests de dépistage ont juste foiré leur coup sur toi, ce ne serait pas la première fois que les instituts pharmaceutiques font de la merde. » J’attaque, j’attaque directement.
Ma mutation reste cachée, ma mutation reste hors de tout soupçon. Et la sienne sonne comme une trahison, comme une ressemblance de plus entre lui et moi, comme un argument de plus en faveur de cette pseudo-demi-sœur qu’il nous impose. - Quant à ta deuxième question, ton frère ne t'a pas menti. Je suis d'ailleurs très déçu qu'il n'ait pas tenu sa parole et t'en ait parlé, mais au fond j'aurais du me douter qu'il ne serait pas capable de te cacher une chose pareil. Ta mère et moi sommes des hunters, en effet. Nous... Traquons et arrêtons les transmutants déviants. Mes yeux s’ouvrent grands lorsqu’il parle de déception et de Martial dans la même phrase, mes bras se décroisent et je fais un pas en avant. Ça m’empêcherait presque de noter qu’il parle de traquer et d’arrestation de mutants comme il parlerait de pistage de chiens errants. - Ton frère ne t'a pas menti, c'est moi qui ai menti. Je chassais déjà avant ta naissance, et ta mère depuis l'adolescence. Si je t'ai tenu à l'écart de tout ça c'est... Parce que tu étais trop dissipé. Tu étais incontrôlable, tu ne tenais pas en place et n'arrivais pas à obéir à une consigne simple. J'avais peur qu'en te mêlant à tout cela, tu n'en ferais qu'à ta tête et te ferais tuer au premier mutant venu. Alors je préféré t'en tenir à l'écart plutôt que d'avoir à garder sans cesse un œil sur toi. Maintenant tu peux me traiter de tous les noms si tu veux, je ne regrette pas mon choix.
Maintenant tu peux me traiter de tous les noms. Depuis quand, exactement, est-ce que j’ai besoin de son autorisation ? Il me coupe dans mon élan, alors que j’avais en tête des hurlements bien argumentés. Il me coupe dans mon élan en m’autorisant à faire ce que je comptais faire de moi-même. « T’es vraiment qu’un bel enfoiré. Je rêve où t’es encore en train de tout me mettre sur le dos ? Trop turbulent, incontrôlable… c’est ça ton excuse ? » Incapable de rester immobile plus longtemps, mes jambes se mettent en action et commencent à me faire errer dans le bureau dans un chemin complètement aléatoire et imprévisible, m’amenant à lui tourner le dos, à lui faire face, à visiter ses étagères. « Tu ne regrettes pas ton choix ? De quoi, de te foutre de ma gueule, de m’avoir menti, de n’être qu’un pauvre con ? Tu te rends compte que tu viens de me dire calmement que tu arrêtes des mutants et que ça ne te pose genre aucun problème ? » Je m’arrête un instant de marcher. « Pire, tranquillement, hop, tu es déçu de Martial qui n’a rien demandé à personne, qui est juste le seul Caesar à avoir un peu d’honneur, et tu me dis que la seule personne à laquelle j’ai le droit d’en vouloir c’est moi-même parce que j’étais incontrôlable ? Mais qu’est ce qui ne tourne pas rond chez toi, Papa ? » Il faut que je me calme, vraiment. Parce que dans deux minutes, la pression va monter et je vais vraiment hurler.
Mon père est un mutant. Mon père est un gros con, surtout. Je ne comprends pas les hunters parce que leur connerie me dépasse. Mais j’ai beau savoir depuis trop de mois maintenant que mon père et ma mère, et Martial, en font partie, j’avais jusque là réussi à les dissocier des psychopathes totalement tarés du genre de Moren. Et mon père vient de m’interdire toute fuite. Merci Papa, tu viens de signer ton arrêt de mort dans mon esprit, l’arrêt de mort de l’homme intelligent et génialement connard que j’ai toujours vu derrière ta façade de père détesté. - Tu sais ce que les hunters font aux mutants. Mais je ne me vaccinerai pas. C'est un poison, une engeance pernicieuse qui sabote plus encore le génome humain. Seulement je ne sais pas trop quoi faire avec cette... Chose. Aussi, je préfère davantage m'intéresser à ce que tu as dans les mains. Ce que j’ai dans les mains ? Je pose le dossier sur l’étagère la plus proche. « Non. » Ah, ça non : il ne va pas s’en tirer aussi facilement.
« On ne va pas parler de ma fille maintenant. Non. Parce que, surprise !, ce n’est pas pour elle que je suis venu aujourd’hui. A la base, d’ailleurs, j’étais venu pour parler de ta connasse de fille. Mais j’ai un nouveau sujet de discussion à te soumettre : ta lâcheté » Parce qu’à mes yeux, c’est bien de lâcheté dont il est question. « Tu me sors que tu traques, tu tues, tu traites les mutants comme… comme je ne sais pas quoi, d’ailleurs, des animaux ? Et ça ne te pose aucun problème de conscience de découvrir que, tada, tu es comme eux ? Tu fais quoi, là ? Tu comptes faire quoi surtout ? Parce que c’est bien mignon de me dire que tu es un gros taré depuis avant ma naissance, et ne parlons même pas de ce que tu as forcé Martial à faire ou encore du cerveau complètement grillé de ma mère, c’est bien mignon tout ça, mais tu vas faire quoi, hein ? Faire comme pour l’autre garce, ranger le dossier dans un coin et faire l’autruche ? » Je ricane. Sûr de moi. La colère est un tel moteur qu’elle ne m’a jamais tétanisé, elle m’a toujours poussée en avant vers une assurance redoutable. « Tu préfères peut être t’intéresser à ma fille, mais je suis désolé, tu ne te serviras pas d’elle pour être encore plus lâche. Regarde moi dans les yeux, Papa. Et dis moi ce que te dicte ta conscience. »
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Dim 28 Fév 2016 - 12:04
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Marius et son père, c'était depuis toujours une relation tendue, conflictuelle, qui ne tenait qu'à un fil... Deux caractères bien trop similaires tout en étant diamétralement opposés. Quelque part, il y avait une forme de constante, dans leur relation : Toujours mieux chercher la petite bête pour provoquer ces disputes tout aussi inutile que nécessaires, finalement. Dès qu'ils tentaient un pas vers l'autre, la chose semblait si étrange qu'au final ils reculaient pour mieux s'aboyer dessus. Et si habituellement Hippolyte savait parfaitement se maîtriser et remettre Marius à sa place, cette fois un autre critère entrait en jeu : Sa nouvelle et détestable mutation. C'était illogique, incohérent, ça n'avait aucun sens... Il s'était fait dépister depuis longtemps pour savoir s'il était ou non porteur du gène mutant. On lui avait rendu un résultat parfaitement satisfaisant, il n'était pas plus mutant que le commun des mortels. Alors ça n'avait aucun sens, il ne pouvait, et ne voulait pas passer à travers les éléments, il ne voulait pas se retrouver à faire comme cette gamine insupportable qu'il avait croisé aux laboratoires Holgersen... Il n'écoutait pas vraiment Marius lui baver quelques réflexions aussi profondes qu'inutiles, il réfléchissait... Il fallait qu'il se débarrasse de ça, et au plus vite. Mais le vaccin n'était pas une option. Il ne l'avait jamais été. Hippolyte jeta alors un regard glacial à son fils. Il avait beau jouer les idiots, il connaissait son père aussi bien que Victoire. Hippolyte ne supportait pas que quoi que ce soit échappe à son contrôle, il avait besoin de tout maîtriser, de tout prévoir... L'aléatoire n'avait finalement pas sa place dans un esprit aussi rationnel et bien rangé que le sien. « Aux dernières nouvelles, on ne traverse pas la matière aussi facilement. Tu es un mutant, les tests de dépistage ont juste foiré leur coup sur toi, ce ne serait pas la première fois que les instituts pharmaceutiques font de la merde. » La remarque le fit frissonner de dégoût. Car Marius avait raison... Plus que raison, même, il pointait le doigt sur toutes les faiblesses de la médecine, et probablement sur un mensonge vieux de plusieurs années. Si les tests avaient été faussement négatifs ? Bien trop confiant, Hippolyte ne s'était fait dépister qu'une seule fois, et s'il mourait d'envie d'y retourner aujourd'hui, il ne pouvait courir le risque de se retrouver sur la liste des mutants répertoriés de la ville. S'il faisait cela, il signait son arrêt de mort, et tous ses collègues hunters viendraient sonner à sa porte en sa battant pour savoir lequel lui mettrait une balle dans la tête le premier. Au moins, l'affaire serait réglée, quelque part...
- Tu crois peut-être que c'est aussi simple, Marius ? C'est probablement un mauvais coup d'un mutant, ça ne serait pas la première fois que l'on entend parler de ce genre de chose... Je te le répète : Je ne suis pas un mutant...
Il se le répétait davantage pour lui-même, finalement... Pour se convaincre que tout ceci n'était qu'un cauchemar et qu'il finirait par se réveiller. Lassé d'entendre Marius hurler et le traiter de tous les noms, il répondit à ses questions avec un calme religieux, s'étonnant lui-même d'être capable de faire preuve d'autant de détachement. Et peu importe que Marius prenne mal les choses ou se sente lésé, Hippolyte s'en fichait royalement. Il ne voulait qu'une chose : Que son fils fiche le camp pour le laisser en parler avec Victoire. Elle saurait quoi faire, il en était certain... Une trahison de plus, il n'était plus à ça près, finalement. Le fait de pouvoir traverser la matière avait tant anesthésié son esprit que Marius aurait put chanter un hymne à sa méchanceté, le tout en tenue de vahiné qu'il n'aurait pas réagi davantage. Il se contenta d'ailleurs d'un soupir las lorsque le jeune homme commença à se plaindre, lui jetant un regard agacé, comme s'il était le plus gêné dans l'histoire.
- Ce n'est ni ma faute, ni mon problème si tu es incapable de tenir en place... Si tu as la maturité d'un enfant de quatre ans, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même, Marius...
La gratuité et la méchanceté à l'état pur, distillées avec calme et retrait. Tout ce que Marius haïssait chez son père, finalement. Que pouvait-il donc faire ou comprendre d'autre ? Que son fils se sentait mis à l'écart ? Qu'il cherchait une nouvelle fois à clamer qu'on ne lui laissait jamais sa place au sein de cette famille ? C'était pathétique... Hippolyte retint difficile ce sourire moqueur qui lui chatouillait les lèvres. Marius clamait haut et fort qu'il était indépendant et n'avait pas besoin de son père pour s'en sortir, qu'il le haïssait, et tout un blabla réchauffé qu'il crachait pour se protéger... A s'en prendre ainsi à son père, il ne lui pouvait qu'une chose : Qu'il cherchait à se faire une place, à être reconnu et à ne plus être simplement vu comme le gamin hyperactif qu'il était. Quelque part, Hippolyte se demandait même si Marius n'était pas plus blessé d'être mis à l'écart que de savoir que son père était un hunter.
- Ce qui ne tourne pas rond chez moi, je n'en sais rien, mais ce dont je suis certain, c'est que tu me tapes sur le système, Marius. Tu passes ton temps à venir contester tout et n'importe quoi ici, à m'emmerder avec tes états d'âme, à manifester parce que tu es un pauvre gamin dénigré par ses parents... Que c'est triste... Tu me fatigues à sans arrêt te plaindre... Arrêter des mutants ne me pose aucun problème de conscience, non. Tout comme ça ne m'en posera pas d'appeler les vigiles pour qu'ils te mettent à la porte si tu ne fiches pas le camp dans les minutes qui viennent.
L'acidité de ses paroles était masquée par une voix calme et posée, chargée de lassitude. Il avait bien mieux à faire que chercher à s'excuser devant Marius... S'excuser de quoi, de toute manière ? Il n'avait ni remords ni regrets, traquer les transmutants était une cause juste à ses yeux. Depuis quand Marius défendait-il autre chose que sa petite personne, auprès de son père ?
- En réalité, tu peux aussi m'en vouloir si tu veux, ça ne m'empêchera pas de dormir cette nuit. Tes reproches me passent au-dessus, Marius, je n'ai pas besoin de culpabiliser pour quelque chose que tu es censé ignorer. Il va te falloir des arguments bien plus solides si tu espères m'entendre un jour m'excuser de quoi que ce soit auprès de toi...
Avait-il conscience que ses paroles sonnaient comme un glas pour les événements à venir ? Que c'était probablement la dernière fois qu'il parlait à Marius de cette manière pour un long moment ? Certainement pas. Aussi, conscient que son fils refuserait de quitter son bureau tant qu'il n'aurait pas répondu à ses questions ou détourné la conversation, Hippolyte se pinça l'arrête du nez et lui demanda de reporter son attention sur le dossier qu'il avait dans les mains. Il ouvrit un tiroir de son bureau, en sortit un paquet de cigarette et un briquet, et entreprit d'entretenir son futur cancer pour se calmer les nerfs. Il avait bien besoin de ça, et se fichait royalement de ce que Marius pourrait lui dire à ce sujet. Seulement, le « non » catégorique qui l'accueillit lui fit immédiatement redresser la tête. On ne disait pas non à Hippolyte Caesar. Jamais sans le regretter amèrement par la suite, en tout cas. Le visage en partie masqué par la fumée qui lui sortait des narines, il fixait Marius en se retenant de l'attraper par le col pour le mettre à la porte. Le jeune homme n'accepterait pas si facilement, et l'effet serait tout de suite bien plus ridicule et comique si son père se retrouvait incapable de le saisir. Crispant le poing, Hippolyte se leva très calmement, son visage se faisant plus menaçant à mesure que Marius déblatérait son discours ridicule.
- Je te préviens, Marius... Tu peux m'insulter autant que tu veux, mais ne commets pas l'erreur de parler ainsi d'Ileana... C'est ma fille, et par conséquent ta sœur... Et si tu n'as aucun respect pour moi, aies en au moins elle, qui ne t'a rien fait et ne t'a rien demandé. Je regrette qu'elle ait eu à supporter ta détestable présence, ce n'est pas pour rien que je voulais la tenir à l'écart...
Hippolyte avait reçu des menaces et des insultes de bien des gens, pendant sa carrière. Marius était simplement le plus productif en la matière, mais il savait tolérer et supporter cela. En revanche, il ne supportait pas que son fils insulte sa mère ou sa sœur. Et puis finalement, faisant face à Marius, il se tut, le laissant achever son discours de justicier qui lui donnait plus envie de partir en claquant la porte qu'autre chose. A mesure qu'il parlait, Hippolyte prenait conscience de certaines choses et fini par écarquiller les yeux, stupéfait. C'était ça... C'était là, ce qu'il pointait du doigt sans arriver à me nommer depuis des années... Marius lui demandait des comptes. Il réclamait des explications parce qu'il se sentait concerné, impliqué dans cette histoire, quelque part. Parce qu'au final, le sort de cette famille ne le laissait pas si indifférent... Parce que s'il traitait ainsi sa sœur, c'est parce qu'il était... Jaloux ? Le cheminement d'idées semblait si ridicule qu'Hippolyte ne pu retenir plus longtemps le rire qui lui secoua l'échine. Il failli même s'en étouffer avec la fumée de sa cigarette, mais il peinait à s'arrêter de rire.
- C'est magnifique, vraiment... Jamais je n'aurais cru ça possible, Marius ! Tu te rends compte d'à quel point tu es jaloux ? Que tu me parles de lâcheté pour t'avoir caché l'existence d'Ileana, et mes activités de hunter ? Que maintenant tu viens me demander des comptes comme si je te devais quoi que ce soit ? On nage en plein délire, là !
Et parce que Marius le lui avait demandé, il plongea son regard dans le sien, le fixant sans ciller un instant avec ce sourire de requin qui le rendait terrifiant.
- Tu veux savoir ce que me dicte ma conscience ? De te mettre dehors avec un bon coup de pied aux fesses... Je ne vais rien faire de plus ou de moins qu'avant, parce que tu es censé ignorer cette histoire. Je n'ai aucun compte à te rendre, je ne vais pas me repentir en pleurant simplement parce que Saint Marius a décidé de protéger les mutants. Le gros taré, comme tu dis, se contrefiche totalement de ce que le singe écervelé que tu es peut bien penser de tout ça.
En réalité, sa conscience lui dictait une chose : Se débarrasser au plus vite de sa mutation. Et il ne connaissait qu'un seul moyen de le faire, c'est pour ça qu'il avait besoin de Victoire. Elle était la seule en qui il avait confiance, la seule capable de le raisonner ou d'approuver son choix... La seule capable de l'accompagner s'il décidait de traquer le mutant qu'il était devenu malgré lui. Il connaissait l'issue de cette ultime chasse, savait comment tout cela se terminerait... Alors il n'avait plus aucun scrupule à cracher des horreurs au visage de Marius.
- Tu ignores tellement de choses que c'en est presque risible... C'était là, sous ton nez depuis des années, mais tu était tellement occupé à inventer les pires âneries qui soit que tu n'as jamais rien vu... C'est tellement facile de te cacher des choses, Marius... Tellement facile qu'il faut te les hurler et te les mettre sous le nez pour que tu commences à les voir...
Si la colère participait à son discours, il était aussi mené par le besoin qu'Hippolyte avait de tenir son fils éloigné le plus longtemps et le plus rapidement possible. S'il avait su que toutes ses tentatives pour mettre fin à son calvaire de mutant seraient vouées à l'échec, il aurait peut-être fait preuve d'un peu plus de retenue... D'autant qu'avec leurs dernières conversations, Marius comprendrait peut-être que le discours de son père sonnait faux, quelque part... Il pouvait tout prendre en bloc sans chercher à comprendre les doubles sens, tout comme il pouvait se mettre à réfléchir. Et s'il choisissait la deuxième option, son père serait véritablement pris au piège.
- Pour la énième fois, sors de ce bureau, et n'oublies pas ton fichu dossier. Je ne veux plus te voir ici, c'est bien clair ?
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Sam 5 Mar 2016 - 18:42
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Voir mon père perdre le contrôle, c’est quasi aussi jouissif que de le voir être foutu en procès parce qu’il a merdé. Voir mon père perdre le contrôle, c’est tellement rare que j’en exploserai de rire. S’il n’était pas aussi con. Je croise les bras. Et je ne lui épargne rien. Quelque chose me pousse, sincèrement, à compatir, à l’aider, à tenter de le rassurer. Mais… Non. Ça, à la rigueur, c’est dans les attributions de Martial, c’est dans les qualifications du fils parfait. Devant mon père, c’est le raté qui se trouve. C’est le raté qui est resté sur la touche alors que son père se tapait un petit voyage au Japon pour applaudir sa fille illégitime qui venait de naître. Aucune patience, aucune compassion au final : j’ai juste envie de l’étrangler, je refuse de lui épargner quoique ce soit. Il perd le contrôle ? Et bien très bien : qu’il l’imprègne, le con. - Tu crois peut-être que c'est aussi simple, Marius ? C'est probablement un mauvais coup d'un mutant, ça ne serait pas la première fois que l'on entend parler de ce genre de chose... Je te le répète : Je ne suis pas un mutant... Je ricane devant son déni. « C’est ça, c’est toujours plus simple de remettre la faute sur le dos d’un autre. C’est marrant d’ailleurs, c’est pas encore de ma faute à moi, cette affaire. Il faut croire que chez toi, les mutants ont encore moins la côte que ton fils raté. J’suis presque flatté de ne pas être en bas de l’échelle. » La bonne blague… je me demande où se situera son fils raté et mutant lorsqu’il le découvrira. S’il le découvre. Quand il le découvrira. Parce qu’il va forcément le découvrir un jour. La colère monte, la tension s’impose et se cristallise dans mes mouvements qui parlent pour moi. Brusques, incisifs, envahissants. Il parle de Martial, il parle de déception…
J’imagine que notre relation est illogique de masochisme. Je ne peux pas m’empêcher devenir lui demander des comptes, l’insulter, le confronter alors qu’il ne lui suffit au final que de me regarder pour me mettre hors de moi, et de quelques phrases bien placées pour me détruire, me rabaisser et me faire bondir. Et pour me faire bondir, il ne m’épargne pas. Mutant. Il est mutant. Lui aussi. Et Hunter. Et apparemment c’est encore de ma faute si je suis le dernier à l’apprendre, si je suis le seul à avoir été épargné dans la famille. Parce que je suis insupportable, parce que je suis ci, parce que je suis ça… « Mais va te faire foutre avec ma maturité ! Je préfère être comme ça plutôt que d’être complètement taré ! » J’explose. Incapable de rester immobile, je fais des allers-retours dans la pièce, luttant pour ne pas hurler. Ce qui me fait le plus suer dans l’ensemble ? C’est qu’il me remette la faute sur le dos, comme si j’avais à m’excuser d’être ce que je suis. Ce qui est le pire dans tout ce qu’il vient de me dire ? C’est que pas un seul instant, il ne semble se rendre compte que ce n’est pas moi le problème, que c’est lui qui est totalement taré, qu’on ne chasse pas les gens juste parce qu’ils ont une séquence génétique totalement chelou. Je fais les cent pas dans le bureau, me concentrant un peu pour ne pas hurler. Plus facile à dire qu’à faire. Mais qu’est ce qui ne tourne pas rond chez lui, bon sang ? - Ce qui ne tourne pas rond chez moi, je n'en sais rien, mais ce dont je suis certain, c'est que tu me tapes sur le système, Marius. Tu passes ton temps à venir contester tout et n'importe quoi ici, à m'emmerder avec tes états d'âme, à manifester parce que tu es un pauvre gamin dénigré par ses parents... Que c'est triste... Tu me fatigues à sans arrêt te plaindre... Arrêter des mutants ne me pose aucun problème de conscience, non. Tout comme ça ne m'en posera pas d'appeler les vigiles pour qu'ils te mettent à la porte si tu ne fiches pas le camp dans les minutes qui viennent. Je me fige. Pardon ? « Mais… mais t’es totalement con ma parole. Complètement névrosé ! » Je n’arrive vraiment pas à additionner un plus un, là. Mon père se découvre mutant, mais il ne voit toujours aucun problème à… à quoi ? Arrêter des mutants ? « Mais ouvre les yeux, putain ! Mes états d’âme, on n’en a juste rien à carrer là ! On parle que tu es un putain de mutant et un putain de hunter et un putain d’enfoiré, et que ça ne te pose aucune de putain de problème de conscience ! » Ca commence à faire beaucoup de putain, je ne sais pas pourquoi, je sens que le sujet de ma demi-sœur n’est pas très loin dans mon esprit. « Non mais dans quel monde tu vis mon pauvre ami ? » J’enrage, mon impatience et ma colère sont en contraste complet avec l’acidité et le calme de mon père. Mes bras s’agitent, mouvements corrélés à mes propos, proportionnels à mon énervement. Ma main percute même la vitrine d’une bibliothèque, me coupant dans mon élan, mais je n’en ai rien à faire. Je me tourne vers mon père. - En réalité, tu peux aussi m'en vouloir si tu veux, ça ne m'empêchera pas de dormir cette nuit. Tes reproches me passent au-dessus, Marius, je n'ai pas besoin de culpabiliser pour quelque chose que tu es censé ignorer. Il va te falloir des arguments bien plus solides si tu espères m'entendre un jour m'excuser de quoi que ce soit auprès de toi... Je retiens du bout des lèvres une flopée d’injures, reportant mon impulsivité et mes répliques dans un regard noir destiné à son stupide chat. Prenant mon inspiration, j’articule comme si je parlais à un débile. Ce qui ne doit pas être loin d’être le cas, j’ai envie de dire. « Je ne veux pas que tu t’excuses, je veux que tu arrêtes d’être con, bordel ! Et tiens, si t’es si malin, pourquoi je suis censé l’ignorer, hein ? J’ai vingt-sept ans, merde ! Et je suis père aussi, re-merde ! Tu crois quoi ? Que tu vas pouvoir foutre tes conneries dans la tête de Sam ? Et bien c’est mort ! Tu l’approcheras plus, enfoiré ! » Je n’arrive pas à temporiser ma colère, qui est stimulée par mon incompréhension de tout ce merdier.
Mais qu’est ce qu’il va faire, maintenant, hein ? Parce que c’est bien mignon de culpabiliser, c’est bien mignon de vouloir changer de sujet de conversation en claquant des doigts mais… Non. Juste, non. Aucune chance qu’il utilise ma fille comme excuse. Strictement aucune. Je suis toujours en train de tourner en rond, ou en huit, de marcher dans tous les cas, lorsqu’il se lève lentement. Tiens, c’est marrant, il n’a pas l’air fan de mon vocabulaire pour désigner l’autre petite pouffiasse. Un petit sourire insolent et sarcastique aux lèvres. - Je te préviens, Marius... Tu peux m'insulter autant que tu veux, mais ne commets pas l'erreur de parler ainsi d'Ileana... C'est ma fille, et par conséquent ta sœur... Et si tu n'as aucun respect pour moi, aies en au moins elle, qui ne t'a rien fait et ne t'a rien demandé. Je regrette qu'elle ait eu à supporter ta détestable présence, ce n'est pas pour rien que je voulais la tenir à l'écart... Un sourire qui se transforme rapidement en grimace, un sarcasme qui se cristallise en crachat. « Ce n’est pas ma sœur, putain. C’est juste une erreur, c’est juste ton erreur, c’est juste une petite garce. » J’imagine que dans un autre monde, ou même en d’autres circonstances… j’aurais pu l’apprécier, la petite. Seulement là… là c’est juste non, c’est juste pas possible.
Je ne comprends pas mon père. Pas que je l’aie compris un jour, non plus, mais là… c’est l’un des personnes les plus brillantes que je connaisse, les plus intelligentes, les plus perspicaces mais tout son comportement est illogique. Complètement illogique. Il n’en a rien à faire de moi, ou du moins je ne sais pas ce qu’il pense de moi en dehors de la partie déception que j’ai bien assimilée depuis le temps, mais le voilà qui défend sa bâtarde comme s’il tenait plus à sa gosse qu’à moi et… en fin de compte, ça doit être simple : c’est qu’un lâche. Il va faire quoi, maintenant ?
Rire. Ah. Ça, je dois dire que niveau imprévisibilité, il en tient une sacrée couche. « Tu te fous de ma gueule, là. » Ce n’est même pas une question, c’est un constat. J’ai beau tenté de me souvenir de ce que je viens de dire, pas facile étant donné que je ne réfléchis pas avant de parler et que j’ai tendance à parler beaucoup, mais je ne vois rien de drôle dans ma colère. - C'est magnifique, vraiment... Jamais je n'aurais cru ça possible, Marius ! Tu te rends compte d'à quel point tu es jaloux ? Que tu me parles de lâcheté pour t'avoir caché l'existence d'Ileana, et mes activités de hunter ? Que maintenant tu viens me demander des comptes comme si je te devais quoi que ce soit ? On nage en plein délire, là ! J’ouvre grand les yeux. Moi ? Jaloux ? Jaloux de qui, jaloux de quoi ? Il a fumé ? Bon d’accord, il est en train de fumer mais… putain, je veux les mêmes cigarettes que lui vu leurs capacités hallucinogènes ! Son sourire est dérangeant mais il est hors de question que je baisse les yeux. « Tu délires complètement… » - Tu veux savoir ce que me dicte ma conscience ? De te mettre dehors avec un bon coup de pied aux fesses... Je ne vais rien faire de plus ou de moins qu'avant, parce que tu es censé ignorer cette histoire. Je n'ai aucun compte à te rendre, je ne vais pas me repentir en pleurant simplement parce que Saint Marius a décidé de protéger les mut… » « Mais putain va te faire foutre, c’est pas une… » « … singe écervelé que tu es peut bien penser de tout ça. Tu ignores tellement de choses que c'en est presque risible... C'était là, sous ton nez depuis des années, mais tu étais tellement occupé à inventer les pires âneries qu’il soit que tu n'as jamais rien vu... » « Mais ta gueule, mais… » « …te cacher des choses, Marius... Tellement facile… » « Mais ferme là ! » « … te les mettre sous le nez pour que tu commences à les voir... « TA GUEULE ! » J’attrape la première chose qui me passe sous la main, un bouquin, pour mieux la lui balancer à la figure. Forcément, ça le traverse. Ce qui me met encore plus hors de moi. Chaque phrase de mon père est une claque, chaque sarcasme un coup, chaque mot une goutte d’acide. Parce en soi, je sais qu’il n’a pas tort. Que si j’avais été un tant soit peu intelligent, j’aurais compris plutôt, j’aurais compris tout seul, j’aurais découvert ça tout seul. Si Martial ne me l’avait pas dit… Je serre le poing. Bon sang que je suis nul. Et c’est encore plus douloureux que d’habitude de m’en rendre compte dans de telles circonstances… Pas étonnant que mon père préfère Martial, pas étonnant, même, qu’il préfère l’autre grognasse. Mais hors de question qu’il s’en rende compte. Hors de question qu’il… - Pour la énième fois, sors de ce bureau, et n'oublies pas ton fichu dossier. Je ne veux plus te voir ici, c'est bien clair ?
Hors de question qu’il se rende compte d’à quel point je sais qu’il a raison. « Et pour la énième fois, non. » Je rétorque, avec une voix pire qu’insolente et provocante. Je croise les bras, m’appuie à la bibliothèque. « Alors je dois bien te concéder un truc : je te demande bien des comptes. Parce qu’aux dernières nouvelles : de un, je n’ignore plus ça, donc ton excuse tu es censé l’ignorer tu peux te la foutre dans le cul. Ensuite, le singe écervelé c’est ton fils et il t’emmerde. Enfin, c’est même pas une question de protéger les mutants, en soi j’en ai rien à faire d’eux,… et ça, ce n’est même pas un mensonge, … mais c’est juste pas possible d’être paumé à ce point ! Ce sont des êtres humains comme toi et moi ! Et comme toi tout particulière, d'ailleurs ! » J’essaye de faire le point, justement. Je décroise les bras pour compter avec application sur mes doigts. « Si je résume, tout de même : t’en as rien à foutre d’avoir trompé ma mère. T’en as encore plus rien à foutre de nous mettre une bâtarde dans les pattes. D’ailleurs, au passage, quand elle est née, t’as du sacrément être dégoûté que je crève pas dans la foulée, ça t’aurait fait deux bonnes nouvelles. » Là-dessus, je sais que c’est faux, je ne pense même pas ce que je dis parce que mon réveil à l’hôpital et la discussion que j’ai pu avoir avec lui sont juste les meilleurs souvenirs que j’ai de mon père. « Mais en plus de tout ça… tu n’en as rien à carrer de tout ça alors que tu es toi-même un mutant ? Tu n’as aucun cas de conscience qui se fait ? Est-ce que tu en as même une, de conscience ? Est-ce que tu sais même ce que ça veut dire avoir une conscience ? Putain que j’ai honte d’être ton fils, sérieux. Et je sais que t’en as rien à battre. » Je me dirige vers la porte avant de me reprendre de justesse. Non, ce n’est pas à moi de partir. « Et s’il s’avère que… » Une hésitation. « Et s’il s’avère un jour que ta bâtarde est une mutante, qu’est ce que tu feras, hein ? Tu l’arrêteras ? Un petit head shot et tout ira bien ? Ta conscience sera toujours tranquille ? »
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Dim 13 Mar 2016 - 19:37
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
S'il y avait bien une constante dans l'attitude de Marius, c'était cette incapacité notoire à se taire. Il fallait qu'il hurle, qu'il montre sa présence, son désaccord, sa colère... Et c'était probablement ce qui énervait le plus son père. Ne pouvait-il donc pas comprendre qu'Hippolyte avait besoin de calme pour réfléchir ? Que l'acculer au mur en lui hurlant des injures ne l'aiderait certainement pas à avoir des réflexions censées ? Non, bien sûr... C'était trop compliqué à comprendre pour cette cervelle de moineau... C'était toujours moi, moi, moi, regarde-moi, occupe-toi de moi, fais attention à moi... Comportement qu'on aurait pu assimiler à de l'égocentrisme si ce n'était pas en réalité un manque cruel d'attention et d'affection de la part de ses parents. Hippolyte avait envie de l'ignorer... De chasser de son esprit ce brouhaha incessant qui parasitait ses réflexions pour se concentrer sur son travail ou encore sur cette mutation qui n'avait rien à faire là. Finalement, il leva les yeux au ciel en faisant claquer sa langue.
- Le monde ne tourne pas autour de toi, Marius... A t'entendre, on pourrait croire que tout ce que je fais n'est destiné qu'à te nuire... Tu n'as pas l'air de comprendre que... Que tu sois là ou non, la Terre continue de tourner et je n'ai pas besoin de ta présence pour m'occuper.
Quelque part, le minuscule éclat de conscience qu'il lui restait lui hurlait de cesser d'être aussi acide et virulent avec Marius. Après tout, ce n'était qu'un gosse, un enfant perdu, qui avait besoin qu'on lui prenne la main, qu'on lui apprenne les choses... Seulement, c'était plus facile de le rejeter pour le faire taire, pour avoir un moment de silence pour réfléchir, que de chercher à lui expliquer des choses qui lui passaient au dessus.
- C'est ça... Je suis taré, tu es un ange, c'est terminé ? Je peux retourner travailler ?
Mais rien de tout ce qu'il pouvait dire ne ferait taire Marius. Au contraire, il renchérit, à grands renfort de putain et de merde qui donnait à son père l'envie de lui arracher la langue. Parfois, il se demandait même pourquoi la nature ne l'avait pas fait muet, pour le bien de la communauté.
- Qu'est ce que tu veux que je te dise, Marius ? Si je te dis qu'être un hunter me pèse sur la conscience, tu ne me croiras pas et me traiteras de menteur. Si je te dis que non, je n'ai pas de remords, tu vas me traiter de cinglé et chercher à me faire dire quelque chose que, de toute manière, tu ne croiras pas. Cette conversation est stérile, car quoi que je dise, soit je suis un menteur, soit un monstre. Alors fais ton choix entre les deux une bonne fois pour toutes...
L'ennui, c'est qu'il n'en éprouvait pas, des remords. Marius pourrait hurler autant qu'il le voudrait, son père n'avait aucun problème de conscience en ce qui concernait la chasse aux mutants. Pour autant, il n'en était pas fier. C'était simplement une chose qui devait être faite, un élément de son quotidien, pas une corvée ni un loisir. Marius n'était pas en mesure de comprendre cela, car il n'avait jamais réellement compris la complexité du caractère de son père. D'un autre côté... C'était réciproque. Hippolyte n'avait jamais eu le manuel niveau débutant de la compréhension mariusienne. Dans ce domaine, c'était Martial qui excellait, et probablement certains de ses amis, mais Hippolyte n'était pas assez fou pour se poser face à Marius en lui demandant de lui expliquer calmement son comportement. Il allait retourner vaquer à ses occupations en ignorant royalement la présence de son fils, quand celui-ci mentionna Samuel. Hippolyte pouvait faire preuve de toute l'insensibilité du monde, il ne pouvait décemment cacher son affection pour son petit fils. D'autant qu'il savait que ce n'était pas une menace en l'air. Oui, Marius avait 27 ans... En théorie, sur ses papiers, selon la loi... Pour son père, c'était un gamin incontrôlable à qui on n'avait pas appris à marcher avant qu'il ne se mette à courir. Tôt ou tard, il se casserait la figure et serait dans l'incapacité de se relever... A ce moment-là il aurait besoin de son père... A ce moment-là il comprendrait que lui non plus n'était pas en mesure de l'aider. Parce que c'était un meurtrier, pas un bon samaritain, un monstre, pas un allié, un immonde connard à défaut d'être simplement un bon père. Serrant les poings, il garda le silence, ruminant le fait que les confidences de Martial et la découverte de sa propre mutation venaient de gâcher plusieurs mois de progrès lents et difficiles. Sans parler de la réapparition de Lily... Trois éléments sans rapport qui venaient de les renvoyer à la case départ. Il aurait pu garder le silence longtemps, si Marius ne s'était pas mis à insulter sa sœur...
- C'est ta sœur, Marius... Soit tu l'acceptes, soit tu considères que je ne suis pas ton père, mais je suis certain que cette deuxième option te ravirait... Elle ne t'a rien fait, fais au moins l'effort de la respecter... Même si je persiste à me demander si tu connais le sens de ce mot...
Il prenait clairement la défense de Lily, une enfant illégitime, qu'il leur avait cachée à tous, tout en sachant pertinemment que Marius n'apprécierait pas. Puis il renchérit, encore, raillant la soit disant bêtise de son fils qui peinait à l'interrompre... C'était tout de même risible. Hippolyte connaissait par cœur les failles de Marius, savait comment viser juste pour le blesser et le faire taire... Mais lorsqu'il s'agissait de le rassurer ou mieux, de s'excuser, il n'y avait plus personne. Il se retrouvait bêtement à garder le silence plutôt que de tenter de trouver les mots justes, et c'était bien dommage, quelque part. Il avait à peine fini de parler qu'un livre traversait la pièce. Instinctivement, Hippolyte recula et ferma les yeux... Mais l'épais volume le traversa comme s'il n'avait été qu'une illusion. S'il était soulagé de ne pas avoir été assommé par une encyclopédie médicale, il était en revanche bien plus contrarié d'être un mutant. L'idée lui retournait l'estomac, et la sensation du livre lui traversant la figure était aussi déstabilisante que désagréable.
- Tu as l'intention de me lancer toute la bibliothèque à la figure en espérant qu'un des livres m'assomme, peut-être ? Bon courage...
Avec une lenteur exagérée et une concentration qui lui donnait mal au crâne, Hippolyte parvint à se rasseoir dans son fauteuil sans passer au travers. Écrasant le mégot dans sa cigarette dans un cendrier, il reporta son attention sur l'écran de son ordinateur, n'écoutant que d'une oreille distraite le baratin imbuvable de Marius. Finalement, il aurait aimé que son fils soit un mutant... Doté d'un don merveilleux pour fermer sa grande gueule. Si les choses avaient été aussi simples, ils n'en seraient pas là. Un sourire moqueur s'étira sur ses lèvres. Depuis quand devait-il rendre des comptes à qui que ce soit d'autres que ses clients ? Pire, depuis quand Marius était-il en mesure de juger les agissements de son père ? Feignant parfaitement l'indifférence, il tapa quelques indications supplémentaires sur le fichier qu'il était en train de traiter, fouilla dans un tiroir pour en sortir un dossier dans lequel il fit mine de vérifier une information... Tôt ou tard, les remarques de Marius ne seraient plus qu'un fond sonore qu'il parviendrait à supporter sans trop d'efforts... Pourtant, il ne pouvait nier que les remarques de son fils le touchaient bien plus qu'il ne l'aurait cru. Bien sûr qu'il avait des remords pour avoir trompé Victoire, et bien sûr que son cœur se serra douloureusement lorsque Marius avoua avoir honte de son père... Mais il se dirigeait déjà vers la porte, et dans quelques secondes il serait dehors... Hippolyte n'aurait pas à répondre quoi que ce soit. Et puis Marius se retourna... Croisa le regard de son père, et brisa sa concentration. Après un bref silence, Hippolyte consentit à répondre, d'une voix posée et presque chuchotée, dans laquelle planait une menace autrement plus inquiétante.
- Pour commencer, je n'ai pas de comptes à te rendre, Marius, je ne te dois strictement rien. Ensuite, tu ne me laisses le temps de rien... D'assimiler une mutation dont je ne veux pas, de m'expliquer... Tu es parti du principe que je n'avais aucune conscience ni aucun remords. Pour quelqu'un qui me demandait il n'y a pas si longtemps d'avoir confiance en lui, je trouve ça quelque peu ironique. Tu émets des conclusions sans même chercher à comprendre... De quel droit te permets-tu de dire que j'éprouve aucun remord vis à vis de ta mère ? Qui te dit que je ne m'en veux pas quotidiennement à chaque fois que je la regarde ? Tu es vraiment un petit con ingrat, c'est incroyable... Tu as décrété que j'étais simplement un connard sans sentiments, parce que ça a l'air plus simple pour toi...
Il se leva à nouveau, s'approchant de Marius comme un prédateur d'une proie.
- Je ne vous ai pas mis Ileana dans les pattes, comme tu dis... Au contraire, j'ai refusé de vous l'imposer pour éviter ce genre de problèmes. T'es-tu seulement demandé ce qu'elle ressentait ? Depuis qu'elle est enfant, elle rêve de rencontrer ses frères... Et combien de fois lui ai-je dis que vous pourriez vous entendre parce que vous aviez des caractères similaires ? Sa mère est décédée dans un accident de voiture, mais ça tu t'en fiches probablement... Seulement je suis sa seule famille, il est donc normal qu'elle vive à Radcliff désormais. Mais rassure-toi, je vais pouvoir réviser le portrait que je lui ai fais de toi... Il était visiblement bien trop élogieux, la pauvre a dû être bien déçue...
Car aussi curieux que cela puisse paraître, Hippolyte n'avait pas décrit Marius comme un individu insupportable et vulgaire... Plutôt comme un gamin hyperactif, jovial et vif d'esprit... Lily avait toujours eu de ses frères une image très positive, surtout de Martial, mais sa rencontre avec Marius avait dû lui donner une tout autre idée du phénomène.
- Pourquoi persistes-tu à penser que je préférerais te savoir mort depuis vingt ans ? Tu penses réellement que je me serais fatigué à tenter de te convaincre de faire soigner ton cœur, si c'était le cas ? Arrête de penser que j'aurais souhaité une autre issue, il y a vingt et un ans... La discussion que nous avons eu ce jour-là, tu l'as donc déjà oubliée ? C'était si peu important pour toi ?
Il se souvenait de chaque mot prononcé ce jour-là... Tout comme il savait que la plupart des promesses qu'il avait faite n'avaient pas été tenues.
- Non je n'en ai pas rien à faire que tu aies honte... Je suis fatigué de me battre avec toi, Marius, car quoi que je dise, tu ne m'écoutes pas ou comprends simplement ce que tu veux. Peut-être est ce moi qui m'exprime mal, mais ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dis. Je regrette chaque jour d'avoir trompé ta mè... Et puis merde ! Je n'ai pas à me justifier, ça ne te concerne pas !
Se détournant de Marius, il se remit à faire les cent pas, luttant contre l'envie d'appeler la sécurité pour mettre son fils dehors.
- Tu me crois assez fou pour aller tuer l'un de mes enfants ? Tu penses vraiment que j'irais vous tirer dessus sans sommation ? Je t'en prie, Marius, ne sois pas idiot ! Et la question ne se pose même pas, il n'y a pas de mutant dans cette famille... Il n'y avait...
Ça en revanche... Pouvait-il véritablement être honnête à ce sujet ? Pouvait-il affirmer qu'il ne tirerait pas sur Lily, sur Marius, ou sur Martial s'il s'avérait que l'un d'eux était un mutant ? Sa propre hésitation l’écœurait, car il savait que si la situation devait se présenter, il n'en serait pas le maître.
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Sam 19 Mar 2016 - 21:03
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
Rien ne me permet de me calmer et je ne cherche pas non plus à le faire. Chaque minute qui passe m’énerve, chaque seconde qui s’égrène n’est qu’une colère en plus. Je ricane, je m’agace, je raille et je me blesse tout seul, comme un grand. S’il n’est pas mutant ? Mais qu’est ce qu’il croit, bon sang ? Qu’en le niant, il va cesser brusquement de l’être ? Parce que sinon, merde alors, j’ai été bien con de ne pas trouver la solution dès que ma propre mutation a commencé à être un calvaire. Je me mords la lèvre, je serre le poing et la tension monte. Encore. - Le monde ne tourne pas autour de toi, Marius... A t'entendre, on pourrait croire que tout ce que je fais n'est destiné qu'à te nuire... Tu n'as pas l'air de comprendre que... Que tu sois là ou non, la Terre continue de tourner et je n'ai pas besoin de ta présence pour m'occuper. Je ne prends même pas deux secondes pour réfléchir avant de crier. « MAIS PARCE QUE TOUT CE QUE TU FAIS ME NUI ! » Je sais que je suis illogique, je sais que je me la joue victime. Je sais aussi qu’il va me le faire remarquer mais mes pensées sont un maelstrom douloureux qui broie et massacre mon esprit et m’empêche de me poser deux secondes. Et ça ne va pas en s’arrangeant. La colère, la tension, la fatigue : je dois être maso pour venir de mon plein gré me confronter à mon père, je dois l’être encore pour rester dans la même pièce que lui. Il parle de déception, il parle de Martial, il parle de Hunter. Où qu’elle aille, cette conversation va laisser des traces et des cicatrices. Surtout que nous tournons autour du pot, obnubilés par son déni et sa mauvaise foi, obnubilés par ce qu’il affirme et tout ce qu’il me met encore sur le dos. N’arrive-t-il vraiment pas à comprendre que je ne lui reproche pas de ne pas avoir fait de moi un meurtrier mais d’en être un lui-même ? Est-ce que c’est vraiment cela que je lui reproche ? Je ne sais pas. Je ne sais rien. Et c’est bien ça le problème. Et il ose me parler de maturité ? Je le sais bien que je suis un gamin, que j’ai la maturité d’un leprechaun, que je ne vaux guère plus qu’un parasite, qu’un chiot abandonné dont on s’occupe par pitié plus que par affection. Qu’il aille se faire foutre, c’est tout ce que je veux. Enragé, je cours le marathon dans son bureau pour me calmer sans que ça n’ait le moindre effet. - C'est ça... Je suis taré, tu es un ange, c'est terminé ? Je peux retourner travailler ? Je m’immobilise une fraction de seconde avant de reprendre mes allers-retours à un rythme rapide. « Mais va te faire foutre avec ton boulot à la con, merde ! » Je n’ai jamais été très poli. Vulgaire, je me réfugie dans les jurons et dans un langage de charretier comme rébellion contre le carcan qu’ils m’imposaient au début, c’est à présent autant une part de moi qu’un mot de ponctuation voué à insister sur le reste. Rapidement les putain s’enchaînent en réponse à ses inepties. Ce qui ne tourne pas rond chez lui, il n’en sait rien ? Mais il ne se rend pas compte qu’il parle de traquer des personnes ? Et que ce comportement n’a rien de normal en dehors d’un jeu vidéo ? Je n’arrive pas à concevoir qu’on puisse être aussi borné dans la connerie, et pourtant j’en connais un rayon sur le sujet. Mais qu’il ouvre les yeux, merde, c’est tout ce que je lui demande ! Dans quel monde il vit, comment est ce qu’il peut se leurrer à ce point ? C’est incompréhensible, c’est… - Qu'est ce que tu veux que je te dise, Marius ? Si je te dis qu'être un hunter me pèse sur la conscience, tu ne me croiras pas et me traiteras de menteur. Si je te dis que non, je n'ai pas de remords, tu vas me traiter de cinglé et chercher à me faire dire quelque chose que, de toute manière, tu ne croiras pas. Cette conversation est stérile, car quoi que je dise, soit je suis un menteur, soit un monstre. Alors fais ton choix entre les deux une bonne fois pour toutes... Je m’arrête, encore. Mes bras cessent de balayer l’air pour illustrer mes propos, je reste les bras ballants à le regarder. Soit je suis un menteur, soit je suis un monstre. Il n’a pas tort. Jamais je n’arriverai à le voir autrement parce que je n’ai pas confiance en lui. Vraiment pas. Je le vois prendre Samuel dans ses bras. Je le vois devant moi. Soit un monstre, soit un menteur. Faire mon choix entre les deux ? Je veux le voir comme un père mais je doute sérieusement en être un jour capable. Pas après ces années, pas en regardant en face ce qu’il est. C’est peut être ça qui me fait hurler, c’est peut être ça qui me fait enrager, c’est peut être ça, enfin, qui me fait taire alors même qu’il me pose une question. Faire mon choix ? Je ne peux pas.
Parce qu’il est un monstre, parce qu’il est un menteur. Parce que j’aurais aimé qu’il soit mon père. Parce qu’il m’affirme qu’il ne culpabilisera pas pour ce qu’il fait. Que je cesse de lui reprocher des choses que je suis supposé ignorer ? Aussitôt, je manque de violer mon mutisme dans une flopée d’injures alors qu’il parle d’excuses. J’imagine que ses excuses, je ne les aurais jamais. Mais qu’il se rassure, j’ai fait une croix dessus il y a des années, et malgré les mois qui viennent de s’écouler, même si j’ai par deux ou trois fois été suffisamment stupide pour espérer quelque chose, je ne le suis pas suffisamment pour mourir de détresse en l’entendant me dire ça. Et c’est pour ça que je repars au quart de tour, après une brève inspiration. Les mots s’entrechoquent, je me force à articuler. Je ne veux pas qu’il s’excuse, je veux juste qu’il ouvre les yeux une fois pour tout. Et ma maturité, même si elle n’est pas assumée, même si elle est brinquebalante, je la pose entre nous. Je veux qu’il soit mon père : et bien qu’il me regarde. Moi je suis père, moi je l’assume, moi je le revendique pour une fois. Et il ne verra pas Samuel, il ne verra plus Samuel.
Il garde le silence. Et ça me douche, brutalement. Je ne comprends pas mon père. Qu’est ce que j’espérais en mentionnant mon fils, au final ? Je tourne en rond, j’essaye de disperser un peu de ma colère, un peu de ma déception, un peu de ma frustration, un peu de ma vexation. Sans succès. Qu’est ce que j’espérais, putain ? Qu’il allait brutalement perdre les pédales en m’entendant lui affirmer qu’il ne verrait plus son petit-fils ? Qu’est ce que je pouvais penser, en même temps ? Mon fils, c’est ma chair, c’est mon sang : il ne peut pas l’aimer, il ne peut pas l’apprécier. Il ne doit même pas être blessé à l’idée que je lui refuse désormais tout droit de visite. Qu’est ce que j’espérais, hein ? Cette rancœur qui se loge dans mes veines envenime la conversation et ne retient pas mes mots lorsque j’essaye de reporter la conversation sur cette sœur qu’il m’impose pour qu’il évite de faire semblant de s’intéresser à mon deuxième enfant. - C'est ta sœur, Marius... Soit tu l'acceptes, soit tu considères que je ne suis pas ton père, mais je suis certain que cette deuxième option te ravirait... Elle ne t'a rien fait, fais au moins l'effort de la respecter... Même si je persiste à me demander si tu connais le sens de ce mot... Non ce n’est pas ma sœur. « Alors tu n’es pas mon père. Remarque, c’était déjà un peu le cas, je ne vois même pas pourquoi ça m’étonne. » Je persifle sans même en penser un mot. Je n’ai qu’en tête, pour ma défense, la photo qu’elle m’a imposée pour me prouver qu’avec son sourire de constipé, l’homme face à moi était là pour ses anniversaires. Les miens ? Je préfère même pas y penser. De la rancœur. Violente. De la jalousie. Plus violente encore.
Un lâche, mon père n’est qu’un lâche, et son rire est un écho de mes pensées, un boomerang plus douloureux que tout le reste. Moi, jaloux ? J’ouvre les yeux, je m’offusque, je n’arrive même pas à hurler parce que je n’arrive pas à être suffisamment de mauvaise foi pour ça. Jaloux, oui. Je le suis, je le sais. Une jalousie brûlante, du magma en fusion. J’ai envie de hurler, j’ai envie de le faire taire, j’ai envie d’avoir un jour le dessus dans nos conversations. Mais tout ce que je parviens à faire, au final, c’est lui balancer un livre dans la figure avec la précision d’un handballeur. Un livre qui le traverse pour s’échouer derrière dans un fracas directement corrélé à la violence de mon geste. - Tu as l'intention de me lancer toute la bibliothèque à la figure en espérant qu'un des livres m'assomme, peut-être ? Bon courage... Ses mots me parviennent avec un temps de latence, et je lutte contre l’envie de me jeter sur lui en le regardant s’asseoir avec la plus grande minutie. Comme pour m’exaspérer. Une lenteur exagérée, un sourire moqueur aux lèvres, je refuse de me laisser faire et je refuse plus encore de quitter la pièce. Oui, je lui demande des comptes. Parce que je suis son fils, malgré ce que j’ai pu affirmer un peu plus tôt. Je suis son fils, je ne peux plus hier qu’il est un Hunter, je ne peux plus ignorer ce qu’il fait aux Hunters, je… Je décroise les bras, je m’agite, je finis par me diriger vers la porte sans savoir quoi rajouter de plus. Ça me fatigue, tout me fatigue, il me fatigue. Sa fierté me semble tellement hors de portée que je me demande encore pourquoi je l’attends avec autant de désespoir. Finalement, ouais, je suis bien un chiot abandonné qui réclame en jappant des coups de pied parce qu’il sait qu’il n’aura que ça comme marque d’affection. Et vu la considération qu’il a pour les mutants et qu’il ne cesse de confirmer… Il ne doit jamais apprendre ce que je suis. Ce n’est plus une conviction, c’est une nécessité. Je m’apprête à partir, je ne m’arrête finalement que parce que j’ai besoin de poser une question. J’ai besoin de savoir. Si jamais il apprend… si jamais il apprend que son propre fils est un mutant… - Pour commencer, je n'ai pas de comptes à te rendre, Marius, je ne te dois strictement rien. Ensuite, tu ne me laisses le temps de rien... » Je le fixe. Je ne lui laisse pas le temps ? Et lui, il m’a donné une chance de lui prouver que je valais quelque chose même en refusant de suivre son petit planning de fils parfait ? « D'assimiler une mutation dont je ne veux pas, de m'expliquer... Tu es parti du principe que je n'avais aucune conscience ni aucun remords. Pour quelqu'un qui me demandait il n'y a pas si longtemps d'avoir confiance en lui, je trouve ça quelque peu ironique. Tu émets des conclusions sans même chercher à comprendre... De quel droit te permets-tu de dire que j'éprouve aucun remord vis à vis de ta mère ? Qui te dit que je ne m'en veux pas quotidiennement à chaque fois que je la regarde ? Tu es vraiment un petit con ingrat, c'est incroyable... Tu as décrété que j'étais simplement un connard sans sentiments, parce que ça a l'air plus simple pour toi... Je reste muet. Comme à chaque fois qu’il me coupe l’herbe sous le pied en énonçant de telles évidences que je ne sais même plus comment le démentir. Petit con ingrat… Ingrat. « Je te déteste, je te déteste juste tellement, je ne sais même pas pourquoi je continue à te croire… » A le croire quoi ? Excusable ? Pardonnable ? Admirable ? « Si tu t’en veux, pourquoi t’as pas juste dégagé la gamine, hein ? Si tu t’en veux, pourquoi est ce que tu t’en fous de moi ? Je suis ton fils autant qu’elle, même plus ! Pourquoi est ce que tu me détestes, hein, pourquoi est ce que tu me méprises ? Je peux pas te voir autrement qu’en tant que connard sans sentiments, tu ne m’as jamais montré un autre visage ! » Mes cris, voilà qu’ils reprennent. Tout l’étage doit assister à notre conversation, mais je n’en ai rien à faire. Petit con ingrat. Ingrat. Le mot me reste en travers de la gorge parce que je ne vois vraiment pas ce que je lui dois. Je me mords la lèvre pour me forcer à me taire, je me mords la lèvre pour ne pas fondre en larmes. Ingrat. Qu’est ce que je lui dois, putain ?
Il se lève, il s’approche, je relève le menton pour le mettre au défi de me déstabiliser. Vingt-sept ans, terrifié et intimidé par son père. On ne fait pas plus pitoyable. - Je ne vous ai pas mis Ileana dans les pattes, comme tu dis... Au contraire, j'ai refusé de vous l'imposer pour éviter ce genre de problèmes. T'es-tu seulement demandé ce qu'elle ressentait ? Depuis qu'elle est enfant, elle rêve de rencontrer ses frères... Et combien de fois lui ai-je dis que vous pourriez vous entendre parce que vous aviez des caractères similaires ? Sa mère est décédée dans un accident de voiture, mais ça tu t'en fiches probablement... Seulement je suis sa seule famille, il est donc normal qu'elle vive à Radcliff désormais. Mais rassure-toi, je vais pouvoir réviser le portrait que je lui ai fais de toi... Il était visiblement bien trop élogieux, la pauvre a dû être bien déçue... Pourquoi persistes-tu à penser que je préférerais te savoir mort depuis vingt ans ? Tu penses réellement que je me serais fatigué à tenter de te convaincre de faire soigner ton cœur, si c'était le cas ? Arrête de penser que j'aurais souhaité une autre issue, il y a vingt et un ans... La discussion que nous avons eu ce jour-là, tu l'as donc déjà oubliée ? C'était si peu important pour toi ? Je frémis, je veux reculer. La conversation qu’on a eue ? Bien sûr que je m’en souviens. Si c’était si peu important pour moi ? Cette discussion est le socle de ma vie, est le socle de mon acharnement, est le socle de cette relation conflictuelle que j’ai avec mon père. De ma relation avec ma mère il n’y a rien à sauver. Mais avec mon père… avec cet homme qui m’observe, cet homme que je dégoûte, cet homme que je déçois, cet homme auquel je ne ressemblerai jamais, cet homme qui est mon antithèse, cet homme qui est un roc, un monstre, un meurtrier, cet homme qui est mon héros autant que mon cauchemar ? Je serre les dents, crispe mon visage. Je reste muet. Je veux rester muet. Je lutte pour rester muet. Parce que j’ai peu de ne pas dire ce que je veux mais de dire ce que je pense. Si cette discussion était si peu importante pour moi ? A ton avis, Papa, pourquoi est ce que je dors avec Chester depuis vingt-et-un ans ? - Non je n'en ai pas rien à faire que tu aies honte... Je suis fatigué de me battre avec toi, Marius, car quoi que je dise, tu ne m'écoutes pas ou comprends simplement ce que tu veux. Peut-être est ce moi qui m'exprime mal, mais ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dis. Je regrette chaque jour d'avoir trompé ta mè... Et puis merde ! Je n'ai pas à me justifier, ça ne te concerne pas ! Je le regarde faire les cent pas à l’endroit même où je les faisais un peu plus tôt. Je meurs d’envie de bouger, d’ailleurs, mais puisqu’il occupe l’espace, je me borne à rester immobile, les bras croisés, à enfoncer mes ongles dans mes avant-bras. « C’est ma mère, ça me concerne » C’est tout ce que je lui concède, c’est tout ce que je finis par m’autoriser à lui dire, comme pour lui prouver que je suis encore là. Il n’a pas fini en même temps. Tout ce que je veux, c’est qu’il réponde à ma question. Tout ce que j’attends, c’est qu’il en vienne à me répondre. S’il découvre un jour que je suis mutant… - Tu me crois assez fou pour aller tuer l'un de mes enfants ? Tu penses vraiment que j'irais vous tirer dessus sans sommation ? Je t'en prie, Marius, ne sois pas idiot ! Et la question ne se pose même pas, il n'y a pas de mutant dans cette famille... Il n'y avait...
Je reste stoïque. Je me demande même comment je fais pour rester moi-même. Je n’arrive pas à savoir où je puise un tel contrôle de mon esprit, mais je garde les dents serrées, je me retiens de parler je me retiens de réagir, je me retiens de me trahir. Tu penses vraiment que j’irais vous tirer dessus sans sommation ? Mon soulagement, loin de me détendre, me crispe davantage encore. Il n’y a pas de mutant dans cette famille… Si tu savais, Papa, si tu savais… « Il y a au moins un mutant, Papa, c’est toi. C’est toi, putain. N’oublie pas que toi, tu es un mutant, merde ! Et tu dois l’accepter, et tu dois changer et tu dois… » Je me tais. Pour une fois, je finis par me taire parce que je m’aperçois tout seul, comme un grand, du caractère complètement superflu de mes propos. Il ne me tirera pas dessus, c’est tout ce que je retiens. Tu vois, Papa, tu n’es pas un monstre et tu n’es pas un menteur pour une fois. Pour une fois, parce que tu me dis ce que j’ai envie d’entendre, j’accepte de te croire, j’accepte de te faire confiance. Parce que tu es un monstre, parce que tu es un menteur, parce que tu es mon père. Tu me crois assez fou pour aller tuer l’un de mes enfants. Je le regarde dans les yeux, les lèvres toujours pincées. Les poings toujours vrillés à mes avant-bras, plantant mes ongles dans ma peau pour dissiper ma colère. - Que veux-tu que je te dise, Marius ? Tu veux que j'arrête d'être con, comme tu dis ? Mais tu as une idée tellement arrêtée de mes faits et gestes que je ne peux rien dire pour me défendre. Tu te fais juge et bourreau sans me demander mon avis, parce qu'on dirait que c'est plus simple pour toi de garder en tête l'idée que je suis un monstre sur toute la ligne. Alors vas-y. Brime-moi autant que tu veux, de toute manière tu fais la sourde oreille lorsque j'essaye de répliquer. Et j'en ai assez de gaspiller ma salive avec quelqu'un qui s'en fiche royalement.
Honnêtement ? Honnêtement je ne sais pas. Le trou noir, le vide totalement, je sais qu’il attend quelque chose de ma part. Un mot. Une phrase. Un cri. Il est fatigué ? Moi aussi. « T’en as assez de gaspiller ta salive ? Putain mais… tu croies que je crierais comme ça si je m’en fichais ? Non mais regarde toi, avec ton calme, avec ton indifférence, avec… entre toi qui articules des conneries et moi qui cries, c’est moi qui m’en fiche ? » Tu te fais juge et bourreau. Je n’arrive pas à comprendre, je n’arrive même plus à savoir… non pas ce que j’en pense mais ce qu’il pense, lui. Petit con ingrat. La colère est toujours là, il ne faut pas croire. Elle est juste, Je suis juste épuisé. Comme un con. Fatigué de me battre, fatigué de hurler. Petit con ingrat. Je me demande ce que j’ai loupé. Ingrat. Je sais que je suis con, je sais que je suis jaloux, je sais que je suis insupportable, décevant, raté, pitoyable risible, puéril, médiocre, déplorable, imbécile, con, impulsif, je sais que je suis le catalogue complet des tares. Mais ingrat ? « Moi, juge et bourreau ? Ingrat ? Mais tu te prends pour qui, une victime ? Tu t’entends parler ? Je ne te laisse pas de temps, je suis ingrat, je suis agressif, je ne te laisse pas de quoi te défendre ? » J’arrive enfin à mettre le doigt sur ce qui me dérange depuis plusieurs minutes. Mon père est dépassé. Depuis quand ne l’ai-je pas vu comme ça ? Depuis Malaria. Depuis la dernière fois qu’il a perdu le contrôle. Sur son entreprise, maintenant sur lui-même. Et c’est peut être ça qui me fait faire un pas en arrière. C’est ça qui me dérange, c’est ça qui m’empêche de répondre. « Je rêve où tu es totalement paumé, en fait ? » Je n’ai jamais eu le dessus sur mon père, aussi loin que je m’en souvienne. « Tu es dépassé, Papa, c’est ça ? Entre l’autre garce, là, Ileana. Ta mutation,… c’est quoi ton problème, en fait ? » Brutalement… je perds toute énergie. Je suis fatigué. Mon père est épuisé. « Qu’est ce qu’il t’arrive, Papa ? » La question part toute seule. J’ai envie de me mettre une claque pour faire taire cette inquiétude qui débarque de nulle part. J’ouvre la bouche, je la referme. Une fois, deux fois, je recommence le même manège. Parce que je ne sais pas quoi dire, quoi rajouter. J’ai envie de partir, j’ai envie de me casser pour le laisser seul. En quelques pas, je vais récupérer le dossier pour ma fille. Ça me laisse le temps de penser. Un peu. « Tu me gonfles, je peux jamais discuter avec toi. » J’essaye d’être agressif, ma voix me semble totalement ridicule. Mais je suis suffisamment obstiné pour ne pas me laisser abattre. « Si jamais ta mutation te saoule, t’as qu’à te faire vacciner, t’sais, comme le commun des mortels. » Je me dirige vers la porte. Je ne peux pas avoir pitié de lui, je ne peux pas avoir envie d’être sympa avec lui juste pour qu’il cesse d’être… d’être fatigué. Alors pourquoi est ce que je fuis ? Il faut que je me trouve une raison, une bonne raison, sinon ça va me rendre dingue. « On en reparlera dans tous les cas ! Je te jure qu’on en reparlera. Quand tu seras plus enclin à comprendre que traquer des mutants, c’est mal, et que si tu continues à me regarder droit dans les yeux en me disant que tu culpabilises pas, bah… » Je me sens ridicule. C’est excessivement frustrant. Parce que je ne sais pas comment formuler ça autrement. « Bah c’est mal aussi. » J’ouvre la porte, les mains moites. « J’suis sûr que t’es qu’un menteur lorsque tu dis ça. Pas un monstre juste un menteur. » Que je fasse un choix entre les deux ? C’est plus fort que moi. Je préfère qu’il soit un menteur plutôt qu’un monstre. C’est tout ce que j’ai à dire. Parce que s’il apprend un jour que je suis un mutant, le monstre me détestera et me méprisera. Le menteur, lui, ne fera que me tuer.
Sujet: Re: Marius | Sometimes I feel like I don't have the words... Dim 17 Avr 2016 - 17:24
And then I fear I'm feeling nothing more...
Hippolyte & Marius
« MAIS PARCE QUE TOUT CE QUE TU FAIS ME NUI ! »
Si Hippolyte avait été en mesure de saisir l'ampleur de ses erreurs, de l'influence néfaste qu'il avait pu avoir sur Marius, s'il avait su à quel point ce cri ressemblait plus à du désespoir et un appel à l'aide que du caprice, peut-être aurait-il compris ce que son fils voulait réellement. Hippolyte avait tenté d'être impartial avec ses enfants, mais il ne pouvait nier avoir favorisé Ileana par culpabilité... Il avait été plus patient avec elle, moins sévère... Lui avait laissé davantage de liberté, sans prendre en compte le fait que si un jour elle devait croiser Marius, la jalousie du jeune homme ferait des ravages. Et en l'état actuel des choses, son père avait plus envie d'enfoncer le clou pour le faire taire que de temporiser les choses. Seulement, Hippolyte n'avait pas envie de regarder son fils et de lui demander d'excuser quoi que ce soit. Il n'avait pas envie de chercher à le comprendre, pas envie de le ménager... Il voulait juste qu'il fiche le camp et le laisse se débrouiller seul avec sa nouvelle et abominable mutation. Et il était finalement satisfait d'avoir réussi à faire taire le jeune homme. Difficile de choisir entre le menteur et le monstre, n'est ce pas ? Alors... Que voyait-il en premier lorsqu'il regardait son père ? Le monstre ou le menteur ?
« Alors tu n’es pas mon père. Remarque, c’était déjà un peu le cas, je ne vois même pas pourquoi ça m’étonne. »
Un sourire de requin se peignit sur les lèvres d'Hippolyte tandis qu'il croisait les bras.
« Dans ce cas, qu'est ce que tu fais encore ici ? Si je ne suis pas ton père, j'ai encore moins de comptes à te rendre et aucun scrupule à te mettre dehors sans sommation... Ileana a le mérite de faire preuve d'ouverture d'elle, elle... Vas donc clamer dans la rue que tu es un fier orphelin qui se débrouille très bien tout seul et fiche-moi la paix... »
Hippolyte en était à un stade où l'idée que Marius ne le considère plus comme son fils lui passait au dessus. Il avait tant d'autres choses en tête que finalement, c'était un détail, une futilité, quelque chose dont il se serait bien passé... S'il avait su que tout serait réduit à néant entre eux quelques semaines plus tard, peut-être aurait-il davantage réfléchi à ce qu'il disait. Et finalement, Hippolyte avait trouvé une excellente solution pour faire taire Marius et l'éloigner. La solution qu'il lui fallait pour qu'il lui tourne le dos, pour qu'il ne cherche plus à le convaincre de quoi que ce soit concernant sa mutation... Lui cracher des horreurs au visage et attendre que Marius baisse les bras par lassitude. Plissant les yeux, Hippolyte continua sur sa lancée, avec une conviction factice qui lui allait si bien qu'on n'aurait pas soupçonné qu'il en faisait trop.
« La dégager ? Tu estimes qu'il n'y a pas assez de place pour vous trois ? Et pourquoi ce n'est pas toi, que je dégagerais ? Pourquoi ne choisirais-je pas de renier le gamin insupportable et insubordonné que tu es... Ca serait plus simple, tu ne crois pas ? Je ne m'en fous pas de toi, c'est toi qui es trop égoïste et jaloux pour voir ce que tu as sous le nez... Tu peux continuer de hurler autant que tu veux, ça ne changera rien, si ce n'est que tu finiras pas ne plus avoir de voix... Et au moins tu me ficheras la paix à ce moment-là ! »
Ingratitude, injustice, acidité... Un savant dosage de méchanceté qu'Hippolyte maîtrisait bien plus que la compréhension à l'égard de Marius. Un ricanement lui secoua les épaules lorsque le jeune homme cracha que puisqu'il s'agissait de sa mère, ça le regardait... Quelle ironie !
« Tiens donc ? Maintenant c'est ta mère ? Finalement, elle ne l'est que quand ça t'arrange, on dirait... »
Et son sourire perdura, insolent, provocateur, tandis que Marius se battait bec et ongle pour faire valoir son avis. Ne pas craquer, ne pas lui dire qu'au contraire, il se préoccupait bien plus de son fils que ce dernier ne semblait le voir... Persister à se faire passer pour le monstre de l'histoire, c'était finalement la meilleure des solutions. Les bras croisés et le poing crispé sur sa veste de costume, Hippolyte continuait de fixer Marius. Chaque réflexion aurait pu être contrée, mais ç'aurait été prouver à Marius que son père se moquait de lui. Seulement, ce dernier avait sous estimé l'intelligence de son fils, négligé ses efforts de déduction... Lorsque Marius parvint à mettre le doigt sur ce qui n'allait pas chez son père, son visage se décomposa. Le sourire se fana, le regard se durcit et la mâchoire se crispa. C'était là tout le problème... Hippolyte était bel et bien perdu, dépassé et totalement pris au piège. Alors il resta silencieux, incapable de dire à Marius ce qu'il avait sur le cœur, incapable de pousser ce cri de détresse qui restait coincé dans sa gorge, incapable d'admettre qu'il avait besoin d'aide et perdait pied.
Bien sûr que je suis perdu, Marius, bien sûr que je suis dépassé... Je voudrais pouvoir hurler à ta manière, avoir ta spontanéité pour te montrer à quel point j'ai l'impression de m'enfoncer... Je voudrais pouvoir te dire que la seule chose que j'envisage de faire pour me débarrasser de cette mutation, ce n'est certainement pas de me vacciner. Je voudrais pouvoir te dire tout ça et pourtant je vais rester muet et te laisser te faire une idée totalement faussée de ce que je pense. Parce que c'est mieux ainsi et que personne ne peut m'aider, toi y compris.
Le voilà, le joli petit discours qu'il aurait voulu être capable de prononcer... Les voilà, les mots qui restaient coincés dans sa gorge... Et avant même qu'Hippolyte n'ait pu envisager de dire peu ou prou ce qu'il venait de penser, Marius avait déjà perdu patience et envisageait de quitter le bureau. Poussant un imperceptible soupir de soulagement, Hippolyte grimaça en retournant à son bureau.
« Non Marius... Nous n'en reparlerons pas. Le sujet est clos, et je doute que nous ayons d'autre occasion d'en parler. »
Il avait déjà remis le nez dans son dossier, lorsque la dernière remarque de Marius le fit tiquer. Il releva la tête juste à temps pour le voir quitter la pièce et soupira à nouveau.
« Tu te trompes, Marius... Je pensais n'être qu'un menteur, tu sais maintenant que je suis les deux. »