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 brain shake (alfie)

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MessageSujet: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 0:00

It's a brain shake - Alfie & Zelda


CRACKLE BONES
Une nouvelle tentative ratée. Acquiesçant sans laisser ses pommettes s'affaisser une seule seconde devant son supérieur, Zelda retourna bien docilement du côté du comptoir réservé aux employés. C'était simplement qu'elle aurait bien aimé qu'on la laisse un peu servir, ce soir, histoire de se dégourdir quelque peu les jambes. La jeune femme avait abandonné l'idée de se voir un jour gravir les échelons de la structure pour décrocher un véritable poste en cuisines, où elle pourrait mettre la main à la pâte, et leur montrer que ses qualités ne se limitaient pas à ramasser les miettes de pain au chocolat oubliées sur les tables après le dernier client ou à frotter la vaisselle jusqu'à minuit passée. C'était ce qu'elle aimait, la blonde, concocter des plats et ravir les gens de sa cuisine qu'elle savait succulente, pour avoir régalé sa famille depuis son plus jeune âge, là bas, en... Son regard se bloqua l'espace de dix secondes, et son esprit se déconnecta. Cinq, quatre, trois, deux, un.... Ses pupilles se dilatèrent subitement tandis que sa vue se rétablissait. Secouant la tête frénétiquement le temps que ses idées se remettent en place, elle frotta brièvement son front contre son épaule comme si cela allait dissiper les derniers effets de son absence. Un regard à gauche, distinguant les cuistots restant derrière les installations, et un coup d'oeil à l'horloge centrale, lui indiquant la fermeture approchante. Et une pile de vaisselle faramineuse devant ses yeux, lui précisant qu'elle ne partirait pas bientôt pour autant. Ne pas se laisser démoraliser. Allez.

C'était donc avec un sourire fermement accroché aux lèvres que Zelda s'évertuait à frotter les restes de patates sautées et de bananes flambées sur l'émail des assiettes, maugréant après la sauce caramélisée du canard à l'orange qui restait collée aux couverts. Manquant de recevoir une éclaboussure de sauce piquante en récurant un peu trop fort une fourchette rebelle, la blonde jetait de temps à autre quelques regards à son comparse de la plonge, Alfie. Il n'était pas très loquace, Alfie, peut être un peu timide, c'est ce que c'était dit Zelda dès le premier jour où elle l'avait vu passer les portes battantes des cuisines. Restant sur sa première impression, qui n'était sans doute pas la bonne, la mutante s'était sentie investie d'une mission, celle de dérider un peu Alfie, de le sociabiliser. Et ainsi s'était activé le moulin à paroles, qui depuis un mois n'avait de cesse de faire la conversation - quasiment seule, il fallait l'avouer - au tatoué dont les pensées ne semblaient pas destinées à s'exposer au grand jour. Peut être l'agaçait-elle, à se répandre en paroles la plupart du temps futiles, essayant d'arracher quelques sourires à cet alien qui ne paraissait pas réceptif à ses facéties. Elle faisait rire Solal, pourtant, et il avait l'air au moins aussi terrible qu'Alfie, au premier abord. Mais son collègue semblait plus difficile à amadouer, sans doute pas le genre à se déhancher les vendredi soirs au restaurant, accueillant quelques airs d'accordéon et d'endiablées coucaracha lors des soirées aux plats mexicains du mercredi. Cependant, Zelda avait la ténacité dans le sang, et quitte à devoir travailler côte à côte devant ces bacs à eaux emplis de crasse, la blondinette aimait autant mettre à l'aise son binôme. Loin d'envisager la possibilité que son débit de parole puisse avoir l'effet inverse sur lui. « J'trouve qu'on pourrait mettre les restes de côté quand même, pour Joe. Tu penses pas ? A chaque fois, ça m'fait de la peine. Il est là, tout seul, ça doit être affreux. On pourrait au moins lui garder deux ou trois trucs à manger. Hein ? T'en penses quoi toi Alfie ? » Un nouveau coup de coude bourrant légèrement son acolyte de plonge, pour réveiller son attention à son égard. L'image de Joe le Clodo abonné au perron du resto faisant la manche toute la sainte journée l'attrista légèrement. Il était sympa pourtant, le patron ne l'aimait pas trop, pas bon pour les clients, apparemment. Le brouhaha ambiant du restaurant s'était légèrement apaisé, il ne restait plus qu'un tiers de la salle, tout au plus. La perspective de rentrer s'écrouler sur son lit se faisait de plus en plus sa place dans l'esprit de la blondinette qui continuait à nettoyer avec davantage de véhémence. Frottant deux ou trois fois ses mains entre elles. Prêtant de moins en moins attention à ses gestes qui pourraient devenir dangereux d'un instant à l'autre. « Tu vas faire quoi après, Alfie ? T'habites où d'ailleurs ? Près du resto ? Ou au centre ville ? » Et un sourire mignon collé aux lèvres, sans jamais perdre son souffle dans le monologue.



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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeJeu 14 Mai 2015 - 1:31

BRAIN SHAKE
Alfie ∞ Zelda

La soirée avait été longue et éreintante, c’était le moins qu’on puisse dire.
Le restaurant avait rapidement été pris d’assaut par des clients dont le flot ne semblait jamais devoir tarir. Il n’y avait pas forcément eu de grosses tables, mais une multitude de couples et d’amis venus par trois ou quatre s’étaient succédé dans l’établissement d’ordinaire plutôt calme passé une certaine heure. Ce soir semblait être une exception qui ne pourrait que faire du bien aux caisses du troquet qui, loin de fonctionner à pertes, aurait eu besoin de quelques petites améliorations ça et là.
Alfie écoutait d’une oreille distraite les bruits et les conversations du restaurant perdre en intensité au fur et à mesure que les minutes s’écoulaient et que la nuit avançait. L’ex-junkie avait pris son service sur les coups de 19 heures, et trois heures plus tard il avait encore les mains dans le lavabo rempli d’eau où il récurait sans relâche des plats, des couverts et des assiettes dont le nombre ne semblait pas vouloir diminuer malgré ses efforts combinés à ceux de sa camarade de plonge. Camarade relativement bavarde par ailleurs, mais son débit de paroles compensait le mutisme général d’Alfie. Le temps qu’il passait à rester silencieux, elle le passait à parler, parler et parler encore, avec un enthousiasme qui semblait ne jamais disparaître. Le contraste avec lui était plutôt flagrant : elle était aussi rayonnante et extravertie qu’il était discret et silencieux. Même physiquement, tout semblait les opposer : il était grand et sec, les cheveux courts et aussi sombres que ses yeux, et elle lui arrivait à peine à l’épaule, ses cheveux blonds comme les blés encadrant un visage doux où brillaient deux yeux verts pleins de gentillesse et d’entrain. L’ancien mutant se demandait parfois ce qu’elle pouvait bien vivre de si incroyable pour être toujours aussi vaillante et souriante, peu importe ce qui lui arrivait. Le refus qu’elle avait essuyé pour changer de poste en cuisine était parvenu jusqu’à ses oreilles, et vu les mots échangés, il se doutait que ça ne devait pas être la première fois qu’elle tentait sa chance. Il comprenait les gens qui s’acharnaient à se battre pour obtenir ce qu’ils voulaient, mais il avait plus de mal à saisir comment on pouvait prendre un « non » avec autant de calme. A chaque fois qu’on lui avait claqué la porte au nez lorsqu’il cherchait du travail, il avait éprouvé du dépit et, souvent, une pointe de désespoir – et il repartait rarement juste après la recherche d’un nouvel entretien d’embauche.
C’était un côté de Zelda qu’il ne saisissait pas, pas plus que son désir apparemment jamais satisfait de devoir parler. Elle aurait eu plus de succès à discuter avec les chefs cuistots ou les serveurs qui faisaient le chemin entre la cuisine et la salle principale.
Et pourtant, ça ne l’empêchait pas d’essayer.

- J'trouve qu'on pourrait mettre les restes de côté quand même, pour Joe. Tu penses pas ? A chaque fois, ça m'fait de la peine. Il est là, tout seul, ça doit être affreux. On pourrait au moins lui garder deux ou trois trucs à manger. Hein ? T'en penses quoi toi Alfie ?

Le jeune homme la laissa lui donner un petit coup de coude dans les côtes et haussa les épaules sans répondre. Ce fameux Joe, il l’avait déjà vu plus d’une fois, et pas seulement devant le perron du restaurant. Il ne se souvenait pas l’avoir vu s’adresser aux dealers qui lui avaient vendu les drogues les plus dures qu’il avait pu consommer, mais il l’avait aperçu une fois ou deux acheter de quoi se faire quelques joints, dans une petite rue à l’abri des caméras et des témoins.
Bien sûr, pour avoir été dans le même cas de figure que lui, il savait aussi que ce qu’il récoltait lui servirait à s’acheter de quoi manger, ou au moins un café ou un paquet de cigarettes qui le motiveraient à passer la nuit. L’hiver approchant à grands pas, il ferait peut-être bien d’investir dans une couverture chaude s’il ne voulait pas prendre le risque de tomber malade, car personne au monde ne s’occupait des sans-abris contaminés. On préférait encore les laisser mourir dans un coin pour ensuite blâmer l’économie, la société, le gouvernement, mais jamais le manque d’empathie dont pouvait faire preuve la race humaine.
Zelda recommença à parler, le tirant de ses pensées.

- Tu vas faire quoi après, Alfie ? T'habites où d'ailleurs ? Près du resto ? Ou au centre-ville ?

C’était une question qu’il n’allait pas pouvoir éluder d’un simple haussement d’épaules. Il n’aimait pas dire où il vivait, il aimait bien avoir sa part de secrets – et il n’aimait pas la lueur de pitié et de compassion qu’il voyait si souvent dans le regard de ceux à qui il voulait bien avouer où il logeait. Il ne savait pas vraiment quelle réaction aurait la jeune femme, mais cette fois, le silence ne le sauverait pas. Et comme il ne voyait pas l’intérêt de mentir, il décida d’opter pour le plus de concision possible.

- En bordure du quartier sud.

C’était le quartier le plus populaire de la ville, surtout lorsqu’on approchait de sa frontière officielle. Les immeubles étaient moins bien entretenus, moins bien côtés, moins bien considérés aussi. Beaucoup de gens venaient échouer là lorsqu’ils ne pouvaient plus se permettre les belles maisons pavillonnaires dont l’Amérique était truffée. Ce n’était pas pour autant le coin le plus mal famé de la ville, comme certains aimaient à le prétendre. Certes, il y avait bien des individus qu’on aurait aimé ne pas voir, mais les imbéciles et les méchants se trouvaient partout, pas seulement dans ces habitations.
Alfie se rendit compte qu’elle espérait probablement un dialogue un peu plus poussé, et s’il ne répondait pas davantage, alors elle le harcèlerait de questions dont il ne pourrait pas se défaire. Alors, en retenant un soupir, il finit par demander :

- … Et toi ?

Il attrapa une grosse louche en métal et la plongea dans le bac à rinçage dans lequel ils avaient tous les deux les mains, l’eau savonneuse cachant en partie les tatouages sur ses bras. Il espérait que Zelda aurait beaucoup de choses à faire après son service et qu’elle lui raconterait tout dans le détail. Il pourrait alors faire semblant d’écouter tout en se concentrant sur son travail.



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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeJeu 23 Juil 2015 - 21:35

It's a brain shake - Alfie & Zelda


CRACKLE BONES
Le haussement d'épaule d'Alfie à sa suggestion ne manqua pas de la renfrogner légèrement, ne la décourageant pas pour autant. Qu'à cela ne tienne, elle lui apporterait elle-même. La cuisine s'était doucement vidée de tous ses occupants, laissant bientôt seuls les deux plongeurs mal-assortis. La réponse d'Alfie à sa question attisa un sourire sur les lèvres de Zelda. Elle aimait bien le quartier sud. Il avait quelque chose de familier, avec ses vieilles maisons parsemant le bord de la ville. Elle imaginait assez Alfie dans ce quartier et ne manqua guère de le lui notifier. « J'aime bien, ça doit être plutôt cool de vivre dans le coin. En plus t'es tout près du boulot. » Ne quittant guère son sourire, ce ne fut qu'à la question de son collègue qu'il s'estompa un instant, balayé par la surprise. « Moi ? » Tiens, c'était bien la première fois qu'Alfie daignait s'intéresser à elle. Et au fil du temps, la blonde avait presque perdu l'espoir de lui arracher plus que quelques mots marmonnés dans sa barbe quasi inexistante. Son regard se fixa un instant sur le duvet parsemant son menton de poils indisciplinés, sans gêne aucune, avant de reporter ses yeux sur lui comme si elle ne venait pas de passer dix bonnes secondes à loucher sur sa pilosité. « C'est à l'opposé, au Nord ! » A lancer sa réponse ainsi, aussi joyeusement, n'importe qui l'aurait sûrement imaginée toute pimpante sur le perron d'une de ces sublimes résidences qui lui donnaient le vertige rien qu'à les regarder. C'était bien la première fois de sa vie qu'elle en voyait, elle qui n'avait pour ainsi dire connu que son petit village paumé au fin fond de la Georgie, et qui avait grandi entre deux fermes et les cinq rues le parcourant. Se mordillant un instant la lèvre dans une hésitation, la blondinette ne put s'empêcher d'étoffer sa réponse pour être sûre de ne pas perdre le peu d'intérêt qu'elle semblait avoir suscité chez le brun. « Tu vois le vieux motel à la sortie de la ville ? Ben, c'est là. » D'autres se seraient peut être abstenu de citer ce genre de détail peu glorieux, mais pas Zelda. Elle aimait bien le motel. L'odeur de moisissure fermement ancrée dans les rideaux mités, les parures de lits usées et démodées avec leurs gros carreaux, les ampoules grésillant derrière les abat-jours jaunis lorsqu'elle s'amusait à y faire courir ses doigts magiques. Et puis, les matelas qui s'enfonçaient de dix centimètres à chaque fois qu'elle y laissait reposer son poids plume, et le sommier qui grinçait dès que son compagnon de route se retournait dans son lit, rassurante berceuse lui assurant qu'elle n'était pas seule. Ce n'était pas un lieu de vie qu'elle tenait à garder secret, dans sa candeur habituelle. Ce fut d'ailleurs en toute naïveté qu'elle finit par renchérir à nouveau, ponctuant son explication d'un détail qui aurait sans doute eut le mérite de faire rugir Solal. « J'vis là depuis quelques mois avec Solal. Enfin, bien sûr, tu ne sais pas qui c'est. » Un léger rire s'échappa de ses lèvres pleines tandis qu'elle continuait nonchalamment à gratter une assiette sale. « Solal c'est l'homme qui m'a ramassée au bord de la route un de ces jours. J'suis sûre que tu t'entendrais bien avec. Il parlait pas trop au début, lui non plus. » Nouvelle bourrade dans les côtes d'Alfie avant de déposer la vaisselle propre sur l'égouttoir. C'est qu'elle n'avait clairement pas conscience de l'étrangeté de ses propos, et de leur portée bien plus importante qu'elle ne se l'imaginait. Son esprit divagua un instant sur l'image du visage de Solal tel qu'elle l'avait aperçu pour la première fois, dans la lueur des rayons d'un soleil déclinant. Elle se rejouait parfois la scène dans son esprit, esprit bien vide sans tous les souvenirs qu'on lui avait ôté. C'était avec une précision impeccable qu'elle mémorisait chaque nouvel événement de sa vie désormais, et qu'elle s'amusait à s'en souvenir de temps à autre. Dans le bac, ses paumes commençaient à la picoter à chaque nouveau frottement avec les couverts en métal, mais ses pensées la tiraient hors de la réalité. Il suffisait qu'elle tente de remonter le fil de sa mémoire un peu plus haut, juste quelques heures avant sa rencontre avec lui, pour qu'elle se retrouve pétrifiée dans les ténèbres. Une zone noire de son esprit. Un nouvel échauffement lui vrilla la pulpe des doigts tandis que l'absence menaçait à nouveau de l'emporter. Plus un mot ne s'échappait de sa bouche, et Alfie aurait tout aussi bien pu lui exposer sa vie sous toutes les coutures qu'elle n'en aurait rien percuté. Dans la poche de son tablier blanc, une lueur s'élevait par intermittence, son attention trop occupée pour la remarquer. La petite ampoule que lui avait donné Solal. L'astuce salvatrice lui indiquant à chaque instant si le contact de l'eau pouvait lui être dangereux.

Zelda n'eut pas le temps de sentir ses mèches blondes commencer à danser sur son front, s'élevant doucement sous la charge d'électricité statique qui commençait à parsemer chaque parcelle de son corps. Peut-être était-ce de s'enfoncer trop profondément dans les limbes de son cortex, peut-être était-ce de penser un peu trop à Solal, ou tout bêtement le frottement de ses mains sur l'acier des cuillères. Lorsqu'elle sortit de sa transe, elle n'eut le temps que de lâcher un « merde » plutôt inhabituel dans sa bouche en réalisant brutalement la contraction de chacun de ses muscles sous l'influx électrique qui se répandait dangereusement sur son épiderme. Pas le temps de se reculer. Pas le temps de retirer ses mains de sa nouvelle ennemie mortelle. Déjà, l'eau dégueulasse de la plonge s'illuminait d'une étincelante lumière et la blonde sentit son corps entier se raidir, ses cheveux bien hérissés sur sa tête et ses yeux écarquillés dans la douleur. Ses mâchoires s'étaient crispées, manquant de lui cisailler la langue, tandis que ses mains restaient fermement enfouies sous le liquide irradiant d'éclats aveuglants sous les décharges issues de ses paumes assassines. Son esprit s'était vidé à vitesse grand V, comme à chacune de ses électrocutions. C'était pourtant devenu rare, et elle avait songé être débarrassée de ce problème. Comme un film rouillé, des images qu'elle avait oublié passaient en flashs dans son esprit, et il fallut quelques poignées de secondes pour qu'enfin ses mains se libèrent de l'électricité produite par son corps,  laissant l'eau redevenir inoffensive et ses jambes se dérober sous son poids tandis qu'elle s'écroulait au sol sans plus de cérémonie.
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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeJeu 17 Sep 2015 - 19:12

BRAIN SHAKE
Alfie ∞ Zelda

Alfie n’était pas homme de beaucoup de mots. On pouvait même affirmer qu’il était particulièrement compliqué de lui arracher plus de quelques phrases, d’autant plus lorsqu’on cherchait à le questionner sur sa vie. Sa conversation n’était pas désagréable pourtant ; il fallait simplement réussir à passer au-delà de la carapace qu’il s’était construite durant ses années de solitude, se trouvant les défenses qu’il pouvait pour vivre aux jours qui s’écoulaient. Il ne se considérait pas assez intéressant et avait juste assez honte de son passé pour ne pas en parler spontanément, mais un travail patient finissait par venir à bout de ses réticences.
Zelda s’en sortait mieux qu’elle le croyait. Certes, il arrivait à l’ancien mutant de la trouver particulièrement agaçante parfois, mais elle lui était plus sympathique que beaucoup d’autres personnes. Elle était enjouée là où lui se montrait renfrogné, elle ne rechignait jamais devant la quantité de travail qui l’attendait et elle ne se démontait pas le moins du monde lorsque leur patron lui remontait les bretelles pour telle ou telle raison. Là où certains se seraient découragés ou auraient jeté l’éponge, elle continuait à avancer, toujours présente, toujours souriante, comme le rayon de soleil bavard et hyperactif qui donnait une ambiance particulière à l’arrière-salle du restaurant. Et elle avait visiblement décidé qu’elle arriverait à tirer un sourire à tous ses collègues, y compris le tatoué avec lequel elle faisait la plonge. Alfie perdait doucement cette guerre d’usure et avait fini par donner une petite information à la jeune femme, et même à lui poser une question en retour. Il ne doutait pas que la réponse serait bien plus détaillée qu’il ne l’aurait voulu, mais il se contenta d’écouter en silence tout en finissant de nettoyer une assiette qu’il finit par poser sur l’égouttoir. Il apprit qu’elle habitait dans le quartier Nord, et il l’imagina bien volontiers dans une jolie robe florale, un grand verre de thé glacé à la main et un chapeau de paille sur la tête à prendre le soleil sur le porche de l’une de ces jolies et riches maisons coloniales. Cette image vola cependant en éclats lorsqu’elle lui dit, avec toujours le même entrain :

- Tu vois le vieux motel à la sortie de la ville ? Ben, c'est là.

L’ex-junky haussa un sourcil, étonné et perplexe. C’était bien la dernière personne qu’il imaginait coincée dans le motel miteux à l’entrée de Radcliff. Qu’elle soit logée modestement était une chose, qu’elle loue une chambre au lit grinçant et aux rideaux tâchés en était une autre. La demoiselle ne manqua pas de lui faire part d’une nouvelle information concernant un certain Solal avec lequel elle vivait. Il ne se rappelait pas l’avoir déjà entendu prononcer ce nom, mais après tout, il avait écouté plutôt distraitement ses quasi monologues jusqu’à présent.

- Solal c'est l'homme qui m'a ramassée au bord de la route un de ces jours. J'suis sûre que tu t'entendrais bien avec. Il parlait pas trop au début, lui non plus.

Le tatoué plissa légèrement les yeux. Ce n’était pas tant le commentaire sur une hypothétique entente entre lui et un parfait inconnu que le « ramassée au bord de la route » qui le choqua un peu. Peut-être aurait-il dû écouter, finalement. Visiblement, malgré son enthousiasme débordant et sa bonne humeur presque enfantine, Zelda ne venait pas d’un endroit particulièrement sympathique. Ramassée au bord de la route, voilà qui était une formulation et une information bien curieuses. D’où venait-elle avant que Solal ne la trouve ? Que s’était-il passé dans son existence qui l’avait menée ici, dans cette ville du Kentucky, à dormir dans un motel minable avec un homme qu’elle ne connaissait pas depuis longtemps visiblement ?
Pour une fois, Alfie avait envie de parler. Pas beaucoup, juste un peu ; après tout, lui aussi était humain, et curieux il l’était également, quoique bien plus discrètement que d’autres. Mais aucun mot ne franchissait plus les lèvres de la jeune blonde. Son visage était devenu bizarrement neutre, son regard incroyablement distant. L’ancien mutant ne se rappelait pas l’avoir déjà vue comme ça. Il la fixa un moment, se demandant si elle allait recommencer à réagir, lorsque quelque chose capta son attention. Du coin de l’œil, il lui semblait avoir aperçu comme une étincelle, et ce ne fut que lorsqu’il baissa les yeux qu’il aperçut l’ampoule clignotante dans la poche du tablier blanc de la jeune femme. D’autant plus perplexe, et se demandant quelle anguille se cachait bien sous ce rocher, il redressa la tête et posa son regard sur le visage de sa collègue de travail … dont les mèches blondes commençaient à voler sur son crâne, comme animées par il ne savait quelle force.

- … Zelda ?

Il ne sut pas ce qui la ramena brutalement à elle. Il eut juste le temps de l’entendre jurer avant qu’une puissante décharge électrique ne le frappe de plein fouet, se propageant dans le bac d’eau où il avait encore les bras plongés presque jusqu’aux coudes. Ses mâchoires se crispèrent brutalement, jusqu’à lui faire mal, mais ce n’était rien en comparaison de la sensation de brûlure qui venait de saisir chacun de ses muscles. Pendant un instant, il eut même peut que son cœur s’arrête, foudroyé sans qu’il ne puisse rien faire. Et lorsque l’éclair passa, il s’écroula en même temps que Zelda.
Cependant il n’eut pas le temps de penser à ce qui venait se passer. Il n’eut pas le temps de se dire qu’elle venait de révéler sa propre mutation, celle dont il n’avait jamais eu connaissance, dont elle n’avait jamais parlé. Il n’eut pas le temps de s’inquiéter pour elle ou de se demander si elle ne s’était pas fait mal en tombant. Il ne sentit que ses muscles se tendre encore plus, à tel point qu’il les imagina semblables à quelques branches mortes qu’on aurait tordu presque jusqu’au point de rupture. Les tremblements vinrent rapidement, agitant ses membres et tordant ses doigts. Il se cambra violemment, si bien que son dos ne touchait plus le sol, trop arqué pour ça. Comme à chacune de ses crises d’épilepsie, Alfie ne savait plus ce qu’il se passait autour de lui. Tout ce dont il était certain, c’était qu’il avait mal et qu’il avait envie que ça s’arrête, que le sang arrête de bouillir dans ses veines et que son corps cesse de le faire souffrir.
Tout devint noir autour de lui et un sifflement strident lui vrilla les tympans, mais il n’avait aucun moyen de hurler sa douleur.



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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeDim 15 Nov 2015 - 20:31

It's a brain shake - Alfie & Zelda


CRACKLE BONES
Sa tête avait heurté le sol en l'assomant légèrement, les décharges sillonnant son corps de part en part, en électrisant chaque parcelle des pieds à la tête, chaque muscle se contractant brutalement avant de retomber en atonie totale. Ses yeux écarquillés, quant à eux, demeuraient bien ouverts, ayant tout l'air de fixer un point d'une importance cruciale. Les mains tordues et les doigts pliés de manière désordonnée, ses neurones déchargeaient les uns après les autres le surplus électrique qui peuplait son cortex. Son pouls battait crescendo à l'intérieur de ses tempes, martelant son cerveau au rythme d'une course menée devant ses yeux, et l'un de ses cauchemars reprenait vie sous ses iris écarquillés. Son coeur battait si vite, si fort. Des cris muets défiguraient son visage écrasé contre le carrelage de la cuisine. Elle sentait à peine le froid imprégner son épiderme, diffuser le long de sa joue et glacer sa nuque. Ses pupilles s'étaient dilatées, envahissant brutalement ses prunelles tandis que les images s'imposaient enfin clairement à elle. Trop clairement. Chaque étincelle réintégra sa place originelle, bouclée à double  tour à l'intérieur des cellules, rééquilibrant son organisme en vidant entièrement son esprit l'espace d'une vingtaine de secondes. Inerte, Zelda demeurait strictement immobile, ses tendons lâchant prise en laissant ses membres se ramolllir doucement. Et tout se reconnecta. Gommant les souvenirs pour les enfermer à nouveau derrière la précieuse barrière installée dans son crâne.

Clignant des yeux à plusieurs reprises, les laissant vagabonder tout autour d'elle pour réaliser doucement ce qui avait pu se produire, ce ne fut qu'en se tournant légèrement que la blondinette aperçut Alfie. « Oh non. » Se redressant tant bien que mal, pivotant vers lui en restant bouche bée face aux trémulations qui animaient son être tout entier, la blondinette demeura interdite. Et tout s'arrêta pour lui aussi. Tout du moins, en apparence. Brutalement, tous les tremblements s'étaient arrêtés sous le regard décomposé de Zelda qui peinait elle-même à émerger de son état second. Posant ses deux mains sur le bras d'Alfie qu'elle secoua doucement, puis plus vigoureusement, la mutante se hissa avec difficulté sur ses genoux avant de retomber mollement sur le côté. « Non, non, non, non... » Prenant appui sur son coude pour mieux le détailler, sa paume de main tomba mollement sur son torse. Mais celle-ci, totalement anesthésiée par le choc électrique, n'y sentait absolument aucun battement. Rien. Le néant. La bouche ouverte et le regard défait, la blondinette perdait pied. C'était impossible, ça ne pouvait pas être en train de se produire, certainement pas ! Cette simple idée ne daignait être acceptée par son cerveau malmené par l'amnésie, incapable d'enregistrer toute option négative, parce qu'il n'y avait pas de sombre issue envisageable, et elle ne comprenait pas Zelda, pourquoi le coeur d'Alfie ne battait pas sous sa main. « Alfie ? Alfie ! Alfiiiie ! Ouhou, Alfie ? » Répétant son prénom sans se lasser, parce qu'elle ne savait vraiment pas quoi faire d'autre, elle appuya un peu plus fermement ses doigts sur sa poitrine, avant de parvenir à se relever en position assise. Penchant la tête sur le côté, pour tenter de distinguer une quelconque présence retardataire dans l'embrasure de la porte donnant sur la salle du restaurant, en vain. Ils étaient bel et bien seuls, et il n'y avait personne pour l'aider. Personne pour porter secours à Alfie. Reportant toute son attention sur lui, tapotant sa joue du plat de sa main de manière bien trop délicate pour avoir un quelconque effet, Zelda sentait quelque chose de désagréable monter au fond de son ventre. « Alfie, allez, ouvre les yeux si tu m'entends. » Quelques émotions se battaient derrière ses côtes, inconnues et ingérables, perdant un peu plus son esprit et dissipant son calme. Percevant enfin les fines pulsations derrière ses côtes, réveillant ses paumes qui avaient enfin cessé de fourmiller, une illlumination traversa le visage de la mutante. « Je suis désolée, tellement désolée, j'aurais pas du te faire du mal, je voulais pas, vraiment... » Elle n'aurait pas fait de mal à une mouche, Zelda, pas elle. Persuadée d'être entièrement responsable des phénomènes étranges qui avaient animé le coprs d'Alfie quelques secondes plus tôt, une culpabilité inconnue s'emparait doucement de son coeur. « Pardon Alfie, pardon, ... » Plissant soudainement les yeux en portant une main à son estomac, Zelda interrompit son monologue avant de se relever avec précipitation pour trébucher au bout de deux pas. La jeune femme se rattrapa tant bien que mal au plan de travail le plus proche avant de sentir ses tripes se tordre à l'intérieur de son abdomen. Qu'est-ce-que c'était encore que ce truc.

Elle avait vomi dans l'un des éviers. Par chance, elle avait tout de même évité le bac de plonge. Abasourdie par ce qui venait de se produire, essuyant les commissures de ses lèvres dans le torchon le plus proche avant de nettoyer à grande eau ce que son estomac venait de rendre, tout s'embrouillait dans sa tête. Il faudrait sûrement qu'elle en parle à Solal. Jamais une telle chose ne lui était arrivée auparavant. Et lorsqu'au bout de quelques minutes, la blondinette sembla soudainement se rappeler de la présence d'Alfie, quelques trous noirs demeuraient présents dans son esprit. Elle mit quelques secondes avant que le fil des événements de la soirée ne lui reviennent en tête, dans le désordre tout d'abord, avant de s'arranger correctement. Osant à peine se retourner vers son collègue, elle lui jeta un oeil timide en espérant de tout son coeur qu'il était en train de se réveiller. « Alfie ? »

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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeJeu 24 Déc 2015 - 16:32

BRAIN SHAKE
Alfie ∞ Zelda

Lorsqu’il avait commencé la drogue, c’était un peu par défaut, par désespoir et par curiosité qu’Alfie s’était laissé tenter par ses premières doses. Peu à peu, il s’était complètement laissé aller à toutes ces substances qu’il ingérait d’une façon ou d’une autre, cherchant au mieux une sensation de bien-être, au pire l’oublie durant quelques heures, quelques minutes, quelques secondes – l’oublie de sa condition, l’oubli de l’odeur des poubelles en plein soleil pendant l’été, l’oubli du froid mordant lorsque le vent soufflait en hiver, l’oublie de la rue qui était sa maison depuis qu’il avait seize ans, l’oubli de sa mutation monstrueuse et incontrôlable qui l’avait conduit à vivre une vie de misère. Combien de gens étaient morts parce qu’ils avaient eu le malheur d’effleurer sa peau ? Combien avaient perdu un membre à cause de la gangrène dont il avait infecté leur corps ? Combien d’animaux, de plantes, d’êtres vivants avaient succombé à la pourriture qu’il exsudait par tous les pores de son épiderme ? Il ne voulait pas y penser, n’avait plus voulu y penser, et lorsque la culpabilité devenait trop forte, il lui suffisait de se perdre dans un peu de poudre blanche ou dans le liquide transparent au creux d’une seringue pour l’oublier un moment, oublier ce qu’il était, oublier ce qu’il avait fait même sans le vouloir.
Cependant, même ses pires bad trips ne l’avaient pas préparé à ce qui l’attendait à chacune de ses crises d’épilepsie. Depuis qu’il avait pris le vaccin et perdu sa mutation, il avait fini plusieurs fois à l’hôpital à cause de ces satanés épisodes. Certes, ils n’étaient pas toujours forcément violents, mais il avait perdu connaissance une paire de fois, se réveillant sans souvenir de ce qui l’avait conduit à se retrouver au sol ou perfusé dans un lit. C’était quelque chose d’effrayant, de ne pas se rappeler d’une partie de sa vie. Lorsqu’il se droguait, il choisissait volontairement d’effacer le temps et de tuer une partie de sa tête. Là, c’était une maladie qui ne lui laissait même pas l’occasion de se préparer à ce qui lui tombait sur le coin du nez. Et ne rien pouvoir contrôler lui rappelait de bien mauvaises choses, ce dont il se serait volontiers passé.
Lorsqu’il émergea enfin du noir dans lequel il avait été plongé, la première chose qu’il sentit, ce fut une douleur sourde dans tout son corps. Il avait dû se tendre et se faire mal, mais ça n’était rien de grave. Il avait vécu pire, il s’en remettrait. Clignant des yeux, il mit quelques secondes avant de se rappeler où il était. Il reconnut le plafond de la cuisine du restaurant, repéra vaguement l’étagère où étaient rangés les plats et les ustensiles propres, remarqua le coin de l’évier en inox dans lequel il avait les mains plongées encore une seconde auparavant. Il entendit une petite voix l’appeler et se rappela qu’il n’était pas seul.

- … Zelda ?

Sa voix était rauque et il dût se racler la gorge pour retrouver une tonalité à peu près normale. Se redressant en grimaçant, il prit un moment pour que l’équilibre lui revienne. Il n’osa pas se mettre debout tout de suite et préféra rester assis par terre, levant la tête vers la jeune femme.

- Il s’est passé quoi ? Comment je suis arrivé là ?

Il n’avait aucun souvenir des trente secondes qui avaient précédé le coup de jus qui l’avait fait s’effondrer. Il ne se rappelait pas de Zelda regardant dans le vide, ni de la lueur dans la poche de son tablier, ni de la décharge qui s’était répandue dans l’eau où ils lavaient les dernières louches de la soirée ; tout ce qu’il savait, c’était qu’ils étaient en train de parler, et ensuite, il s’était réveillé sur le sol froid de l’arrière-salle du restaurant, les muscles douloureux et un début de migraine lui vrillant le crâne.
S’il s’était souvenu de ce qu’avait fait la jeune femme, sa réaction aurait été différente. Il lui aurait demandé s’il avait rêvé ou si elle était bien mutante. Si elle avait été réticente à en parler, alors il lui aurait raconté ce dont il était capable tout juste quelques mois plus tôt, et qu’avec lui son secret serait bien gardé. Peut-être que cette fois, ils auraient eu un vrai dialogue tous les deux, à la condition qu’elle n’insiste pas trop sur certains détails. Elle aurait enfin réussi à en apprendre plus sur lui après tout ce temps à essayer. Ca ne lui aurait probablement pas fait de mal non plus de raconter un peu son histoire, en fin de compte, même s’il adorait se persuader du contraire.



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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeVen 29 Jan 2016 - 18:40

It's a brain shake - Alfie & Zelda


CRACKLE BONES
Sa petite main plaquée sur son coeur lui indiqua à quel point celui-ci pouvait battre vite et fort, plus que ça avait jamais été le cas auparavant. Son collègue venait de reprendre doucement connaissance, et la blondinette laissa un soupir de soulagement défaire le poids qui comprimait sa cage thoracique. C'est qu'elle en avait retenu son souffle durant près de quinze secondes, de l'instant où un premier frémissement avait attiré son regard dans le coin où reposait Alfie, à l'instant où ses paupières s'étaient enfin soulevées. Les doigts crispés sur l'évier qui se tenait dans son dos, la mutante laissa l'esquisse d'un éclat de rire filer entre ses lèvres tandis que les muscles se dénouaient dans son dos, affaissant son échine et détendant ses épaules. Jusqu'à la question fatidique. Celle qui chassa rapidement tout sourire de ses lèvres de mousse. « Oh. » Mordant l'intérieur de ses joues nerveusement, la jeune femme s'était saisie des bords de son tablier, triturant machinalement les liens de ce dernier en n'osant tout d'abord pas s'approcher. Tout cela la mettait très mal à l'aise, subitement. Elle n'avait pour ainsi dire pas réfléchi à ce qui allait se passer lorsqu'Alfie se réveillerait. Elle avait juste voulu qu'il revienne sur Terre, c'était tout. Le reste, elle n'avait pas anticipé. Il ne se rappelait de rien, ne savait pas que tout était de sa faute à elle. Il aurait été aisé de mentir, de lui dire qu'il s'était évanoui sans prévenir, qu'elle n'avait pas su quoi faire quand ça lui était arrivé et qu'il n'y avait plus personne dans le restaurant. Mais Zelda était une bien piètre menteuse, même après tous ces mois de leçons données par Solal, toutes ces réprimandes lorsque les mots lui échappaient aux moments innoportuns. Elle n'avait pas le coeur à mentir, elle n'avait pas les tripes pour, de toute évidence.

Penaude, la gamine s'était avancée à petits pas contrôlés, tordant de plus en plus le plastique de son tablier entre ses doigts abîmés par l'eau savonneuse. S'abaissant vers Alfie pour finir par s'agenouiller en face de lui, si sa nervosité n'avait pas encore suffisamment transparu à travers son agitation physique, son ton légèrement tremblant ne manqua pas de la marquer un peu plus encore. « Je suis désolée Alfie. Tout ça, c'est de ma faute. » Ses prunelles incapables de rester ancrées dans les siennes s'étaient abaissées vers le sol, avant de glisser jusqu'à sa poche, y trouvant l'ampoule, la sortant sans réfléchir pour la faire tourner entre ses doigts fins. Geste rassurant, geste répété depuis si longtemps pour calmer ses appréhensions. « J'ai pas fait exprès. Je fais jamais exprès, en fait. Je t'aurais pas fait de mal, jamais. » C'était la première fois qu'elle blessait quelqu'un, Zelda. Il y avait bien eu quelques coups de jus envoyés à Solal par mégarde, mais rien de bien grave. Rien qui ne l'avait mis dans cet état là. « Je... On a été électrocuté. » Elle entendait d'ici la voix de Solal lui dire de la boucler, et elle s'était rattrapée in extremis avant de tout bonnement lui balancer qu'elle les avait électrocuté. Avec ses mains. Dans l'eau. Elle l'avait mis dans un sale état, Alfie. Elle lui devait bien des explications, mais c'était compliqué de tourner autour du pot et de ne pas trop en dire. Un air contrit sur le visage, la blonde releva un oeil timide vers sa victime. « Si ça peut te rassurer, j'ai été électrocutée aussi, en même temps, et crois moi que c'était franchement pas voulu. » Un instant de flottement, le regard perdu entre deux eaux tandis que son esprit se faisait la malle un quart de minutes. « D'ailleurs, ça m'arrive assez souvent. » Secouant la tête comme pour s'arracher à ses dérives mentales, le feu lui montait aux joues comme à chaque fois qu'elle ne disait pas tout bonnement la vérité. « Faut croire que je suis vraiment trop maladroite. » Elle ne s'arrêtait pas, la belle, s'enfonçant un peu plus encore dans des explications troubles comme elle avait pu le faire avec Mikael ou encore avec Maiken dans les mois qui avaient suivi son arrivée en ville, en mars. C'était une leçon qu'elle n'avait pas retenu, que Solal ne lui avait pas suffisamment répété. Parce que l'homme était sûrement bien loin de se douter avec quelle facilité sa protégée continuait à laisser planer le doute sur sa potentielle mutation. Sûrement qu'elle avait eu une sacrée chance jusqu'ici, de ne pas tomber sur de mauvaises personnes. « Tu me pardonnes, dis ? » Quelques battements légèrement calculés - elle avait remarqué que ça fonctionnait plutôt bien sur les gens, en général - comme si ça allait aider à faire passer la pilule, alors qu'elle glissait précieusement l'ampoule dans la poche de son tablier. « C'est la première et dernière fois que ça arrive. La prochaine fois, je ferai attention à ne pas toucher à.. à des objets branchés pendant que j'ai une main dans l'eau. Promis. » Enfin, promettre elle pouvait toujours, mais s'en assurer c'était quand même autre chose. Glissant une mèche farouche derrière son oreille, jetant toutes les deux secondes un petit coup d'oeil à sa poche pour s'assurer que ça ne risquait pas de se reproduire, elle inclina légèrement la tête en reportant son regard sur lui. Plusieurs pensées se bousculaient derrière ses yeux songeurs, et toujours la voix réprobatrice de Solal dans sa tête. « Hm, merde. » Son coeur s'était remis à battre plus fort, subitement. Tapotant ses genoux avant de se remettre sur pieds d'un bond, reculant de quelques pas, Zelda ne quittait plus Alfie des yeux désormais. « Euh, il est quand même un peu tard en fait. » Un regard porté à son poignet malheureusement dépourvu de toute montre, et la blondinette reportait sa mine décomposée sur son acolyte. Si elle ne savait pas mentir, une chose était certaine. Elle savait tout de même parfaitement à quel point elle n'était pas crédible, là tout de suite, et à quel point les trous de son récit pourraient  amener de nombreuses questions auxquelles elle n'avait pas le droit de répondre.

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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 22:55

BRAIN SHAKE
Alfie ∞ Zelda

Alfie était encore très secoué par la crise qu’il venait de subir. Il sentait son t-shirt coller à sa peau, lié à son corps par la fine pellicule de sueur qui le recouvrait. Ses muscles s’étaient tendus et détendus trop vite, le laissant engourdi et courbaturé probablement pour les jours à venir. Et encore, il s’en était bien sorti : il avait déjà terminé à l’hôpital plus d’une fois à cause de ses crises. Depuis la prise du vaccin, elles commençaient à diminuer en fréquence et en intensité, mais elles pouvaient tout de même se révéler dangereuses. Il aurait eu l’air malin, à mourir dans sa bave au milieu du carrelage de la cuisine du restaurant, tout ça parce que … parce que quoi d’ailleurs ? Impossible de se souvenir des deux dernières minutes, ou en tout cas impossible de se rappeler ce qu’il était en train de faire avant de s’écrouler. Tout ce dont il était sûr, c’était qu’il écoutait parler Zelda en lui répondant vaguement pour entretenir un semblant de conversation mais après, c’était le noir. Un noir duquel il s’était réveillé étalé sur le sol, après avoir visiblement traumatisé la jeune femme. Il se demandait si son cœur s’était arrêté, si sa respiration avait cessé l’espace d’un instant. Ca n’aurait pas été si étonnant, quelque part, mais d’un côté, il n’était pas ravi à l’idée d’avoir été mort pendant un moment, aussi court eut-il été. Assis sur le dallage froid, il regardait la jeune blonde essayer de lui expliquer ce qu’il s’était passé. Il fronça les sourcils, perplexe et étonné.

- Attend, ralenti un peu. Comment ça, ta faute ?

Il regarda l’ampoule tourner et retourner entre ses doigts fins avant de relever les yeux vers son visage. Il essaya de capter son regard, mais il restait fermement baissé, comme pour l’éviter. Est-ce qu’elle avait été aussi maladroite que ça ? Ce n’était pas la première fois qu’ils faisaient la plonge ensemble pourtant, et ils n’avaient encore eu aucun accident de ce genre. Alors quoi ? Est-ce qu’ils avaient vraiment été électrocutés spontanément comme elle le laissait entendre ? Ou bien y avait-il eu autre chose. Lorsque la demoiselle osa enfin le regarder de nouveau, le tatoué lut une telle culpabilité sur son visage que, même s’il avait été vraiment fâché contre elle, il n’aurait pas eu le cœur de le lui dire. En soupirant, il hocha la tête.

- Je te pardonne. Tu l’as pas fait exprès.

Il la voyait mal aller blesser quelqu’un gratuitement. Il la voyait mal blesser quelqu’un tout court, même en cas de danger. Alors oui, il lui pardonnait. Ce n’était pas bien difficile après tout. Cependant, à sa remarque sur les objets électriques près de l’évier, il haussa un sourcil et leva la tête en direction des grands bacs de céramique. Autour d’eux, rien, pas une prise, pas un câble, pas une pile, rien qui ait pu provoquer un court-circuit. Il força sur sa mémoire, tentant de se rappeler, mais non, définitivement, il n’arrivait à rien. Rien qui innocente ou incrimine ouvertement Zelda, mais il fallait avouer qu’elle était bien hésitante et bien mal à l’aise. Il y avait bien une autre explication possible, et il espérait bien ne pas avoir à faire à une chasseuse, car sinon, il risquerait bien plus qu’une simple crise d’épilepsie. Regardant la jeune femme, se demandant s’il faisait vraiment le bon choix, il finit par se jeter à l’eau.

- Zelda … est-ce que tu es mutante ?

Il avait parlé à voix basse au cas où quelqu’un d’autre soit à portée d’oreille, mais les seules personnes qui restaient dans le restaurant à part eux se trouvaient dans la salle de réception en train de tout nettoyer. Avant que la demoiselle ne commence à paniquer, il leva la main.

- Flippe pas. J’en étais un, je te ferai rien.

Mieux valait préciser avec tout ce qui se passait en ville et qui portait préjudice aux mutants. Les chasses à l’homme, les exécutions plus ou moins discrètes, les discriminations : décidément, il ne faisait pas bon être dégénéré à Radcliff. Prenant appui où il le pue, Alfie prit une grande inspiration et se remit debout en tremblant. Il aurait aimé ne pas retomber lourdement sur le carrelage ; il avait eu la chance de ne pas se fracasser le crâne sur le coin d’un meuble en tombant, pas question de retenter l’expérience. Le karma ne serait probablement pas aussi tendre avec lui une deuxième fois.



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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeMer 20 Avr 2016 - 23:04

It's a brain shake - Alfie & Zelda


CRACKLE BONES
Son visage s'était tellement décomposé lorsqu'Alfie lui avait posé la question fatidique que n'importe qui aurait pu réaliser à quel point il avait fait mouche. Jouant nerveusement avec ses mèches blondes qu'elle s'était mise à enrouler les unes autour des autres en tentant de calmer les battements tambourinants de son coeur, la blondinette avait continué à reculer de quelques pas lents, comme s'il n'allait pas remarquer son petit manège. Jusqu'à ce que le rebord d'un plan de travail ne vienne bloquer son dos en lui arrachant une grimace, l'empêchant de continuer sa lente progression en arrière. La précision qu'il ne tarda pas à apporter sur sa propre nature l'ébéta un instant, parce qu'elle ne l'avait clairement pas vue venir celle-là, et que ça achevait de la perturber un peu plus encore. Haussant un sourcil d'un air incquisiteur tout en croisant ses bras sur sa poitrine, la blonde l'observa se relever en restant sur ses gardes. « Comment ça, étais ? T'en étais un, et tu l'es plus, comme ça, pouf ? » Son ton était clairement suspicieux, la confortant dans l'idée qu'elle aurait peut-être mieux fait de se taire au lieu de se vendre à moitié avec sa maladresse. « Tu faisais quoi, exactement ? » Malgré son esquisse d'air renfrogné, il fallait bien avouer que le prétendu-ancien-mutant avait le mérite de piquer sa curiosité. Et ç'avait toujours été quelque chose contre laquelle elle n'avait jamais été capable de lutter, Zelda, à fourrer son  nez dans les affaires des autres et à s'intéresser de trop près à ce qui ne la regardait pas. Certainement que ça lui avait causé du tort, par le passé, mais ça faisait partie des données effacées, des leçons oubliées depuis son amnésie. Encore une fois, elle jouait peut-être avec le feu, son collgue n'était peut-être qu'un chasseur en embuscade en train de tenter de l'amadouer, et elle avait envie de lui montrer qu'elle n'était pas stupide, pas du tout. Mais en même temps, c'était Alfie. Alfie n'avait rien de ce qu'elle imaginait des hunters comme on les appelait. Et puis, elle le connaissait, tout de même. C'était tout du moins l'impression qu'elle en avait, à force de le côtoyer depuis des semaines et des semaines dans l'arrière cuisine. Sûrement que c'était plutôt l'inverse, qu'il en savait plus sur elle à force de l'entendre déblatérer durant des heures, et qu'elle ne connaissait au final pas grand chose de sa vie.

Devoir remettre en question la bienveillance apparente d'Alfie était compliqué, parce que son instinct lui soufflait de baisser sa garde, qu'il ne lui arriverait rien. « Tu t'es réveillé un matin et... ce que tu savais faire était parti ? » Question timide s'échappant malencontreusement, trahissant malgré elle son intérêt pour la question. C'était plutôt étrange de s'imaginer que ça pouvait lui arriver, à elle-aussi. Se retrouver totalement humaine, oublier les actes ritualisés par les coups d'oeil jetés à la petite ampoule, pouvoir prendre une douche sans avoir à se dépêcher, faire la plonge sans craindre d'électrocuter de nouveau Alfie, pouvoir garder Sigrid sans que Maiken ne l'oblige à porter ces affreux gants isolants - ce qui n'était franchement pas pratique lorsqu'il s'agissait de coiffer la petite fille ou de l'aider à habiller ses poupées. Et puis, ne plus avoir peur de blesser Solal dès que leurs mains se frôlaient. Ce ne serait pas du luxe, de ne plus avoir cette bombe à retardement au fond d'elle-même en permanence. Ce qui lui manquerait peut-être, ce serait les entraînements avec Mikael, parce qu'elle l'aimait bien son mentor, même s'il passait sa vie à lui hurler dessus et à la bousculer. Et puis, peut-être aussi que ça serait moins rassurant de se réveiller dans l'obscurité totale suite aux mauvais rêves, sans pouvoir illuminer sa chambre d'un claquement de doigt dispersant les étincelles comme un millier d'étoiles dissipant les ténèbres. Et aussi que Solal la trouverait moins plutôt cool, comme il disait. Mordant nerveusement ses lèvres tandis que la balance du pour et du contre peinait à s'équilibrer dans son crâne, la mutante reporta son attention sur Alfie après avoir pris une profonde inspiration. « Pour ta question, c'est oui. Mais tu peux le dire à personne, d'accord ? » Mikael lui avait suffisamment rabaché ce que ces autres pourraient lui faire en la trouvant. Si ça n'avait pas eu l'air de l'ébranler plus que ça, la blonde réalisait doucement à quel point tout pouvait se compliquer rapidement. « J'ai de l'électricité au bout des doigts. Comme quand on se prend un coup de jus, sauf que moi, c'est tout le temps. Je sais jamais trop quand ça va sortir, je sais juste que j'en ai plein dans mon corps et que parfois, sans que je le veuille, ... il se passe des choses comme tout à l'heure. » Sondant Alfie du regard, guettant la moindre de ses réactions, le ton de la blondinette était neutre, pas aussi expansif que d'ordinaire. « Mais ça peut être dangereux, si je touche de l'eau. Et ça m'arrive tout le temps, ce genre de chose, sans que je le veuille. »

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MessageSujet: Re: brain shake (alfie)   brain shake (alfie) Icon_minitimeDim 15 Mai 2016 - 2:48

BRAIN SHAKE
Alfie ∞ Zelda

S’il y avait bien un sujet sur lequel Alfie était tatillon, c’était celui des mutations, et plus particulièrement de celle qui avait été la sienne. Il n’avait absolument rien contre les mutants et savait très bien que tous n’avaient pas hérité d’un pouvoir aussi monstrueux que le sien, mais il avait perdu à la grande loterie de la génétique et s’était retrouvé affublé d’une tare aussi dangereuse qu’incontrôlable. Tant qu’il pouvait éviter de ce qu’il avait pu faire et qu’on n’insistait pas sur ce point, il était heureux de pouvoir continuer la conversation sur un sujet qui ne réveillait pas tant de mauvais souvenirs pas si lointains que ça au final. Après tout, il n’était vacciné que depuis quelques mois, pas plus. Il avait sauté sur le vaccin aussi vite que possible après sa sortie, passant directement à la version définitive sans songer à se ruiner pour le sérum temporaire. De toute façon, avec ses consommations de l’époque, on l’aurait sûrement pris pour un bête junkie humain en quête d’une nouvelle came et on l’aurait fichu à la porte de toutes les pharmacies. Il n’avait pas vraiment craint non plus de se trouver face à un chasseur qui aurait préféré lui coller une balle en travers du crâne plutôt que de lui fournir la seringue salvatrice qui l’aurait délivré de tous ses tourments. De toute façon, il n’avait plus rien à perdre ; sans plus de famille pour le soutenir ni d’ami, il n’aurait manqué à personne et aurait fini au fond d’une tombe anonyme – une de plus, puisqu’il doutait que quiconque chez les Cochrane daigne venir authentifier son cadavre. Fort heureusement, il était toujours vivant, et il était maintenant libre de ce gène muté qui l’avait isolé du reste du monde pendant plus de quinze ans – quinze longues années à vivre seul et à prendre garde à s’isoler du reste du monde pour ne pas faire plus de mal qu’il n’en avait déjà fait. Aucune plante, aucun animal et certainement aucun être humain n’aurait pu entrer en contact avec son épiderme et échapper à une mort rapide mais incroyablement douloureuse. Alors il s’était coupé de tout et tout le monde, coulant tout seul dans cette vie de misère dans laquelle on l’avait forcé à plonger tête la première.
Et maintenant qu’il commençait à s’en sortir, maintenant qu’il n’avait plus autant de démons contre lesquels lutter, il fallait qu’il rouvre des plaies pas encore cicatrisées pour expliquer à Zelda pourquoi il n’avait plus de mutation. Son visage se ferma et son expression se fit sombre. Puisqu’ils étaient tous les deux seuls dans la cuisine, il en profita pour s’asseoir à moitié sur le plan de travail contre lequel il était appuyé, croisant ses bras et ses longues jambes. Il aurait donné cher pour changer de sujet, mais il n’avait plus le choix : pas moyen de reculer désormais, il fallait au moins donner quelques éléments de réponse à la jeune femme.

- Je … j’me suis débarrassé de ça. Le nouveau vaccin, y a une version définitive qui existe.

Et il avait été plus que ravi d’apprendre son existence et d’en profiter. Le tatoué se demandait combien de temps sa mutation aurait mis avant de devenir parfaitement hors de contrôle et de le faire pourrir à son tour. Encore quelques mois ou quelques années et c’est lui qui aurait fini, mort et décomposé sur le bas-côté de la route, et tant mieux pour le reste du monde puisqu’il aurait emporté dans la mort son affreuse malédiction.
Restant dans la même posture, il redevint silencieux et écouta Zelda recommencer à parler. Il hocha doucement la tête lorsqu’elle lui demanda de ne rien dire.

- Promis.

Si lui détestait sa mutation, il savait que c’était loin d’être le cas de tout le monde. Et puis il n’aurait pas voulu mettre la grande blonde en danger parce qu’il aurait été incapable de tenir sa langue dans sa poche. Il garderait le silence comme il savait si bien le faire, et personne n’aurait vent de ce secret. L’ancien junkie ne l’interrompit pas lorsqu’elle lui raconta ce dont elle était capable. Il comprenait mieux désormais d’où venait le coup de jus qui l’avait mis à terre avec autant de violence. Pas étonnant qu’il ait été sonné ainsi et qu’il ait eu à subir une énième crise d’épilepsie si le don de sa collègue de travail se déclenchait de manière aussi aléatoire. Il ne lui en voulait pas le moins du monde, cependant ; après tout, il était plus que bien placé pour savoir qu’un accident était vite arrivé et qu’on pouvait blesser quelqu’un sans le vouloir. Il hocha la tête une nouvelle fois et ne dit rien pendant de longues secondes, empli d’hésitation. Il se doutait qu’il serait jugé, comme il l’avait été depuis qu’il s’était révélé mutant, mais d’un autre côté, il trouvait injuste de ne pas lui donner de réponse détaillée alors qu’elle venait juste de lui révéler ses capacités à elle. Alors, prenant sur lui, il finit par confesser, d’une voix basse :

- Moi je tuais. Je faisais pourrir tout ce qui touchait ma peau.

Un air de dégoût passa sur son visage tandis qu’Alfie se remémorait bien malgré lui toutes ces morts qu’il avait causé, que ce soit involontairement ou bien par légitime défense. Il releva la tête vers Zelda et eut un très léger sourire aussi bien désolé que triste, comme pour s’excuser d’être un ancien monstre.

- C’est pour ça que j’aime pas qu’on me touche.

Quinze ans à se couvrir et à fuir tout contact, c’était long, en effet. Il se demandait s’il lui en faudrait autant pour oublier tous ces réflexes qu’il avait acquis durant ce temps où tout ce qu’il touchait mourrait sous ses doigts.




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