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 Sons of plunder [ft. Cesare]

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MessageSujet: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeDim 14 Fév 2016 - 21:03

Grayman & Cesare
   
Quatre mois. Ca faisait quatre mois que Grayman aurait dû partir de Radcliff. Quatre mois de plus dans cette fichue ville, trois mois depuis sa vaccination, un mois depuis qu’il s’était à peu près adapté à sa nouvelle condition. La perte de son don avait été rude, lui qui était habitué à l’utiliser depuis ses quinze ans. Seize ans d’apprentissage et de maîtrise, seize ans à voir les ombres comme une maison et des alliées, tout ça avait disparu, effacé par une chimie mortelle qui l’avait laissé vulnérable à la lumière du jour. Il partageait avec les vampires de fiction leurs sorties au crépuscule et leur aversion pour toute lampe un peu trop forte. Bien entendu, il fallait plus qu’une lampe-torche pour le mettre à terre, mais il était devenu suffisamment photosensible pour avoir à réviser son quotidien. Plus possible de faire des petits boulots de jour désormais. Il avait dû se rabattre sur des tâches de nuit, plus discrètes mais qui payaient tout aussi bien, voire mieux. Quant à son stress et la colère grondante d’avoir été piégé par un hunter comme un débutant, il les déchargeait en participant à des combats illégaux où chaque victoire lui rapportait une petite prime. Ca n’avait rien d’affriolant, mais il ne cracherait certainement pas dessus. Le tatoué ne courrait pas après l’argent, loin de là, mais il avait aussi conscience de son importance dans le monde qui était le sien et il savait bien qu’il ne pourrait pas s’en passer s’il voulait vivre à peu près décemment. Et puis, ce n’était pas comme si la violence le dérangeait. Après tout, depuis le temps, il avait fini par s’y habituer.
Ce dont il n’avait plus l’habitude, en revanche, c’était le silence auquel il était confronté lorsqu’il envoyait des messages à une certaine personne. Il aurait dû partir avec Aria le jour de la fête foraine qui avait tant marqué les esprits – et pas pour les bonnes raisons. Sauf qu’il avait attendu jusqu’au petit jour, et personne n’était venu. La jeune femme ne l’avait jamais rejoint et il n’avait plus entendu parler d’elle depuis. En temps normal, il aurait tourné les talons et serait parti sans chercher à en savoir plus, mais il avait fini, à son grand désarroi, par s’attacher à la demoiselle. Ce n’était pas exactement l’amour fou, mais il avait malgré tout une certaine tendresse pour elle ; suffisamment en tout cas pour s’inquiéter de n’avoir plus aucune nouvelles. Alors il était revenu sur ses pas et il avait retourné une bonne partie de la ville pour la retrouver, jusqu’à ce qu’une seringue de NH25 ne finisse dans sa jugulaire. Il avait mis un moment, un long moment à s’en remettre. Tout géant, toute montagne qu’il était, cette toute petite injection l’avait fait s’écrouler avec une brutalité rare. Il avait dû faire beaucoup d’efforts pour retrouver un rythme à peu près correct, malgré les insomnies, malgré la lumière, et maintenant qu’il arrivait à vivre à nouveau, il avait repris ses recherches. Il avait été plus lent sans sa mutation, mais il avait tout de même réussi à faire le grand tour de Radcliff et à visiter tous les endroits qu’Aria avait l’habitude de fréquenter. Sauf que d’Aria, il n’en avait pas vu ne serait-ce qu’une mèche de ses cheveux bruns. Elle avait disparu, tout simplement disparu, et il n’aimait pas ça. Et après avoir tourné et viré dans la ville, il ne lui resta plus qu’un endroit à visiter, celui qu’il aurait espéré ne jamais avoir à approcher : la maison des DeMaggio. Il n’avait pas vraiment peur d’eux, mais il n’était pas spécialement pressé de se jeter dans la gueule du loup. Il ne comptait pas rester là-bas longtemps néanmoins : un coup d’œil rapide et s’il ne trouvait aucun indice de la présence récente de la jeune femme, il s’en irait pour de bon. Il avait envoyé un dernier sms en désespoir de cause, n’attendant aucune réponse. Cependant, quelle ne fut pas sa surprise en voyant apparaître le numéro de son téléphone portable annonçant l’arrivée d’une réponse. Elle était concise, courte, et elle ne lui disait rien qui vaille. « Viens ce soir ». Eh bien soit, il viendrait. Et advienne que pourra.

Le couvre-feu était tombé depuis deux heures déjà lorsque Grayman se décida à sortir de sa petite cachette non loin de la demeure des hunters, profitant de la pénombre et de ses habits noirs pour se faufiler parmi les ombres. Les DeMaggio – un nom qui avait sonné le glas de bien des vies mutantes. Aria n’avait pas beaucoup parlé des sévices qu’elle avait subi aux mains de ses parents. Il avait eu quelques confessions, quelques explications morcelées, mais sans plus. Il l’avait rassurée lorsqu’elle faisait des cauchemars, l’avait laissée se calmer et donner des détails si elle le voulait, mais il ne l’avait jamais forcée. Après tout, quel intérêt aurait-il eu à la pousser à ressasser de mauvais souvenirs ? Il l’aurait fâchée, à n’en pas douter, et ce n’était ni son intention ni dans son intérêt. Il en avait suffisamment appris pour savoir que les DeMaggio étaient dangereux pour les gens comme eux et que plus loin il se tiendrait de cette dynastie meurtrière, mieux il se porterait.
Et pourtant, il était là, à crocheter la porte de derrière, s’appliquant pour ne pas faire un bruit, se jetant tête la première face au danger. Il y avait quelque chose de particulièrement idiot dans la manœuvre, et fallait-il qu’il ait de l’affection pour Aria pour s’exposer ainsi à de possibles souffrances et une mort hypothétique.
A pas de loups, il entra dans la maison, refermant derrière lui. L’endroit était plongé dans la pénombre, mais les ténèbres n’étaient pas assez épaisses pour l’empêcher de voir où il allait. Doucement, calmement, il se mit à avancer une fois qu’il fut certain de ne rien entendre d’autre que sa respiration. Il sentait le poids du long couteau qu’il avait caché à l’intérieur de la manche de son manteau, à défaut de pouvoir utiliser une arme à feu dans un espace si restreint – et puis, de toute façon, il détestait tout ce qui s’apparentait de près ou de loin à un pistolet. C’était une solution de facilité, une arme de lâche pour ceux qui n’étaient pas capable d’aller au devant de leur adversaire.
Le géant passa une pièce, puis une autre, et finalement se retrouva dans le salon. A peine eut-il le temps de franchir le pas de la porte qu’un cliquetis caractéristique retentit sur sa gauche. Tournant la tête, son regard se baissa automatiquement pour croiser les yeux noirs d’un jeune homme qui le regardait avec une férocité remarquable. Et dans sa main, une arme. Grayman laissa glisser le manche de la sienne dans sa main, ne la sortant pas tout de suite de sa manche. Il se contenta de la serrer entre ses doigts, pas certain de pouvoir éviter une balle à cette distance. Tant pis : au mieux, ça lui ferait une cicatrice de plus. Il se contenta de fixer l’inconnu et finit par dire :

- Eh bien, bonsoir je suppose.
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 2:20


the world has been trying to turn me into a monster
I WAS SURRONDED BY DARKNESS, SO THE DARKNESS I BECAME.
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when your dreams all fail and the ones we hail are the worst of all and the blood's run stale. i wanna hide the truth, but with the beast inside there's nowhere we can hide. no matter what we breed, we still are made of greed. w/cesare demaggio & david grayman.
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Viens ce soir. Cesare aurait voulu détailler ces trois mots d’un air impérieux, imperméable à toute sensation parasite. Mais il fallait qu’il soit vivant, humain dans une certaine mesure, son faciès empreint des sentiments qui le traversaient, le fracturaient de part en part. Et c’était une succession de nombres qui le perturbait, et venait si brusquement de rappeler Aria à la mémoire du grand-frère. Aria qui avait souvent disparu des heures et des heures, pour revenir indemne, bien peu prompte à rendre des comptes à celui qui l’avait abandonnée pendant tant de temps. Un an, peut-être même plus : une succession de jours interminables que le DeMaggio n’avait pas osé compter. Lâche, presque pour la première fois de sa vie. Le sentimentalisme tout autant que les remords avaient poussé le transmutant à se raccrocher à chacune des possessions passées de sa sœur : sa veste avait trainé dans un coin de la chambre de motel, intouchée et sacrée, pendant près de quatre mois. Quatre mois qui ressemblaient aujourd’hui à une tornade de sens, de questionnements et de malheur ; d’ces ressentiments qui s’étaient ancrés à l’âme du chasseur, et n’partiraient pas de sitôt. Il le savait, il ne l’savait que trop bien, conscient du mal qui s’était logé dans ses tripes, et sommeillait à présent comme le monstre assassin qui réclamait son dû de sang. De victimes, de vengeance – au bout d’un moment, il avait aussi perdu l’compte de ça ; Moira Kovalainen n’avait rien fait à Aria, après tout. Rien d’autre que compatir, rien d’autre que partager le sang de la mauvaise personne ; et la perdition de son bourreau l’avait amenée aux bords du gouffre de la mort – avant de disparaître par la fenêtre, la hargne enserrant chacun de ses muscles, Cesare avait jeté une ultime œillade vers le corps de sa victime. Il avait cru voir qu’elle n’respirait plus et ça avait fait naître en lui le plus malsain et dégueulasse sentiment de toute puissance. Un éclair d’orgueil, qui aujourd’hui n’laissait place qu’à de la glace, un souffle gelé qui annihilait peu à peu ses convictions, son âme et son humanité. Cesare n’était plus l’Cesare qu’Aria avait connu, aimé, et détesté. Une évidence qui s’rappelait à lui de jour en jour, et que ces trois petits mots lui crachaient à la gueule, sans vergogne aucune : on n’récolte que ce que l’on sème, disait un putain de dicton, celui qui passait et repassait aux frontières de l’esprit du DeMaggio. On n’récolte que ce que l’on sème. La mort, la rancœur et la hargne : des cavaliers apocalyptiques que le chasseur avait personnifié lui-même, et qui lui collaient à la peau désormais. Il était incapable d’s’accrocher à une quelconque idée de rédemption – incapable de s’dire qu’y’avait la moindre lumière au bout du tunnel : pour le peu d’espoir qu’il avait, cette lumière à la con n’cessait de s’éloigner chaque fois un peu plus, peu importait s’il courait vers elle à en perdre haleine, ou renonçait. S'il renonçait, pire encore, elle venait s’foutre juste devant lui, avec le visage et la voix d’Isolde – ce bébé sans défense dont la vie et l’avenir, lui incombait en partie désormais. Clara, Aria. Et Cesare n’savait pas encore si, quand son cœur avait tambouriné avec force contre son torse en lisant ça, ç’avait été à cause de la culpabilité ou d’une reconnaissance qu’il n’saurait mettre en mots. Rien n’avait forcé la Saddler à reconnaître en lui une quelconque légitimité sur leur fille qu’il avait tant ignorée, pendant les neuf mois qu’avait duré la grossesse de la jeune femme. Mais elle l’avait fait, sans qu’il n’puisse comprendre pourquoi – y’avait aucune raison, aucune raison valable pour ça ; certainement pas lui. Viens ce soir... en trois mots à peine, Cesare avait noué la destinée d’il n’savait qui, refermant un piège dangereux et mortel, autour d’un inconnu complet.

Et sa seule compagnie, résidait dans les ténèbres ; le silence de la solitude. Il avait réussi à trouver un prétexte, pour laisser partir son père et toute la maisonnée à la recherche d’un dégénéré, pendant qu’il attardait sa présence ici, dans la maison familiale. Un endroit qu’il détestait de plus en plus à chaque souffle d’air qu’il avalait ici-bas, bien trop conscient d’sa condition ; s’il avait toujours haï la maison de ses parents, l’atmosphère qui y régnait, c’était pire encore maintenant. Pire, parce qu’il n’y avait plus l’infime rayon de soleil qui avait rendu tout ça vivable. Pire, parce que sans cesse il passait devant la porte close de la chambre de sa sœur, et n’osait ni s’arrêter, ni laisser ses yeux sombres s’aventurer plus avant. C’était sans compter tous les souvenirs, les réminiscences d’un autre temps qui s’jouaient d’elles-mêmes, juste devant ses yeux, en des illusions tortionnaires qui n’faisaient qu’affaiblir sa volonté. L’affaiblir – plutôt que la rendre plus farouche et plus glaciale encore ; c’était pourtant pour Aria, pour Isolde, pour un bien infiniment plus vaste que lui, que Cesare s’retrouvait là, sans concession aucune. Pas à demi-mesure, pas du bout de ses volontés, tâtonnant à la recherche de ses démons profondément enfouis : il s’y était jeté tête la première, dans les abysses de ses bonnes vieilles habitudes de fils digne et fier. Hunter, jusqu’au bout de ses doigts, déjà trop sali par le sang des victimes désignées par son père – c’était qu’il fallait le convaincre, Rafael DeMaggio, et qu’il n’était pas un homme facile à satisfaire quand il s’agissait d’amasser les cadavres. Vingt-six ans, c’était largement assez d’temps pour connaître le personnage, en souligner tous les contours et savoir à quoi s’attendre : malgré les jours, Cesare n’s’était encore confronté à aucune surprise, naviguant en eaux familières. Il n’oubliait pour autant pas, que les apparences paisibles de son patriarche pouvaient receler des monstres bien pires que ceux qu’il avait cru traquer pendant toute sa vie. Etre seul, finalement, là maintenant, c’n’était certainement pas une mauvaise chose pour le fils : la solitude avait toujours été un ultime repli pour Cesare – ce dont il avait eu besoin, à chaque fois, pour faire le tri dans ses pensées et s’adapter aux circonstances de la meilleure façon qui soit. Mais ce soir, alors que la pénombre du crépuscule s’était faite nuit noire, le DeMaggio comptait les secondes et les minutes qui le séparaient d’une arrivée impromptue. Viens ce soir, l’indication avait été limpide ; et si cette personne était dévouée à Aria au point que le laissait entendre le dernier message affiché à l’écran du téléphone, y’avait pas de doute sur l’fait que celle-ci s’pointerait. Et fricoter avec une famille de hunters, c’n’était pas la meilleure chose qui soit – pour les dégénérés, ou l’commun des mortels ; une leçon bien cruelle que les parents DeMaggio s’étaient toujours appliqués à faire entendre à tous ceux qui s’approchaient trop près. Les petits-amis qu’Aria n’avait jamais essayé de cacher, quitte à les soumettre au courroux de leur père. Ou Isolde. Trop souvent, trop souvent les songes de Cesare s’perdaient jusqu’à elle, ses sens tout entiers rappelés dans sa petite planque au cœur de la ville ; le minuscule appartement, et l’arôme des poignées d’heures clandestines qu’il avait passées avec la jeune femme. Si ses parents ou qui que ce soit dans c’te famille devait le savoir… - une phrase que le chasseur se répétait inlassablement, quand bien même il n’en avait pas besoin : c’était comme une litanie, indépendante de sa volonté – pour faire justice à son imprudence démesurée, y’avait toujours ce nœud au creux de ses tripes, les fameuses conséquences de ses actes avec lesquelles il devait palier. C’était lui après tout, qui participait à prolonger ce cercle vicieux, de danger et d’inquiétude : on n’récolte que ce que l’on sème. Et dans la nuit noire, ses prunelles s’étant adaptées aux ténèbres qui l’avaient peu à peu englobé, Cesare se fit ramener à la surface par un cliquetis métallique dans le coin de son oreille. L’indication, que quelqu’un venait d’interrompre la bonne marche de ses pensées tortionnaires – une distraction plus bienvenue que malvenue, contre toute attente.

Parce que ça faisait des heures et des heures, que le transmutant avait l’sentiment de baigner dans la fange de ses propres hésitations et de ses sempiternels remords – ça lui fit un bien fou, de dépendre de ses sens, ses instincts ramenés sur terre. L’intrus était silencieux, discret comme la caresse d’un tissu léger sur le sol ; pourtant, pas assez discret pour échapper aux sens aiguisés d’un tueur qui avait pris pour habitude de se lover dans le noir. Tout terroristes qu’ils avaient été, les chasseurs avaient plus souvent traqué leurs proies de nuit qu’en plein jour ; et le statu quo mis en place par Lancaster n’changeait pas cet état de fait. Des réflexes comme ceux d’un animal, qui avaient très vite refait écho chez le fils, qui avait déjà enserré la crosse de son arme entre ses doigts. Le flingue, quand bien même il n’savait pas s’il comptait s’en servir, était bien souvent une arme dissuasive à souhait, à l’effet indéniable, d’une froideur incontestée – et ça n’le dérangeait pas, dernièrement, le DeMaggio, de n’paraître être qu’un lâche pressant une détente pour délivrer la mort. Tous ses muscles éveillés, la silhouette gigantesque qui se détacha des lueurs blanchâtres ramenées par les lampadaires de la rue, n’impressionna en rien le prédateur aux aguets – certes, il n’avait pas su à quoi s’attendre, et n’aurait jamais pensé à ça. Mais en plus de quinze ans d’expérience, y’avait pas à douter pour Cesare, qu’il avait déjà affronté pire ennemi : tout aussi grands et imposant qu’il pouvait être, c’type inconnu n’avait pas une force qui égalait ou dépassait celle d’Isolde – par exemple, loin de là. A force, fallait apprendre à n’pas se fier aux apparences. Alors c’est sans hésitation aucune qu’il quitta son pan de noir complet, calquant quelques pas sur ceux que l’ennemi avait franchi dans la maison même – le cliquetis du cran de sécurité, en plus d’être une mise en garde, fut un bon indicateur de sa présence. A lui, le chasseur fiché dans le dos de celui qui avait si impunément bafoué les règles élémentaires de sympathie. Bonsoir ; sans ciller et sans se départir de la hargne qu’il éprouvait, Cesare en vint à arquer un sourcil, muet pour de longues secondes. Pourtant, il était déjà évident pour son vis-à-vis que le DeMaggio n’le dévisageait pas juste comme un type qui venait de surprendre un cambrioleur dans sa maison. C’était plus que ça, pire que ça – plus destructeur que ça encore ; la rage qui se lisait dans ses prunelles noires comme la nuit, c’était celle qu’il vouait à tout c’qui était inconnu, à chaque fois qu’Aria l’avait repoussé si brusquement pour garder ses secrets à elle. Lui, il était un secret d’sa sœur, un point d’ombre qui rappelait au frère délaissé et abandonné, toute l’ampleur de son échec. « Eh bah c’est nouveau ça- un type qui s’introduit chez les gens pour mieux les saluer. » et au diable la politesse, ses doigts serrant son arme, il leva son bras, pointant instinctivement la direction de l’estomac de son adversaire ; là où la balle serait aussi efficace que si elle était logée dans le crâne, avec une mort bien plus lente et douloureuse. « Tu vas m’dire qui t’es- et c’que tu fous là. J’parie que t’es poli, tu mentiras pas. » une vague ironie, qui n’était pas faite pour être sympathique – bien au contraire – l’éclair changeant qui glissa sur le faciès du DeMaggio, fut celui d’une détermination froide plutôt que d’l’envie de lui offrir un verre pour fêter sa visite, à l’inconnu. Qu’il ouvre donc la bouche pour parler, et vite – un ordre que Cesare n’avait pas besoin de mettre à haute voix, si le géant avait un quelconque instinct de survie ; car y semblait presque que le transmutant haïssait c’parfait inconnu comme il haïssait Kingsley Moren et Artur Kovalainen. Trop de connards, pour rappeler à son cœur meurtris à quel point il avait failli, failli dans son devoir le plus élémentaire.
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MessageSujet: Re: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeLun 15 Fév 2016 - 16:13

Grayman & Cesare
   
En allant chercher Aria ce soir, Grayman ne savait pas à quoi s’attendre. Il s’était préparé à toute éventualité, s’était même résigné à mourir s’il le fallait, mais il y était allé malgré tout, dans l’antre des DeMaggio, dans cette demeure que tout mutant sain d’esprit évitait à tout prix. Ceci dit, tout être humain doté d’un peu de bon sens serait resté loin de cette famille maudite. La jeune femme ne lui avait pas raconté beaucoup de choses sur eux, mais elle en avait parlé avec colère et une certaine peur aussi. La peur, c’était une émotion qu’il n’avait jamais vu chez elle, ou bien seulement durant ses cauchemars, quand elle ne pouvait rien faire pour se cacher. Pour qu’elle ait peur, il avait fallu qu’elle en ait subi, des horreurs, et qu’elle en ait vu aussi. Il n’avait jamais eu de détails, seulement quelques révélations avouées à demi mots, rien de plus. Il n’avait jamais voulu la pousser à lui parler de tout ça non plus : pas la peine de ressasser de mauvais souvenirs alors qu’elle venait le voir pour échapper l’espace de quelques minutes ou quelques heures à cette vie qu’elle détestait tant.
Les DeMaggio, c’était ce nom qu’on chuchotait à voix basse chez les résistants d’Uprising ou Insurgency, un nom qu’on murmurait avec une crainte certaine et une haine farouche. Fallait-il qu’il y tienne, à cette fille, fallait-il qu’il ait ne serait-ce qu’une once d’affection, une once de tendresse pour elle pour aller comme ça au devant du danger, jusque dans le fief de ses parents – ces parents qui la voyaient comme l’un de ces monstres qu’ils avaient toujours pourchassé.
Il ne pouvait plus compter sur son pouvoir pour s’infiltrer dans la maison et en faire le tour. Il ne pouvait plus utiliser les ombres comme il l’avait fait depuis ces quinze dernières années. Il ne pouvait plus s’y fondre et y voyager, il ne pouvait plus les modeler à sa guise ; tout ce qu’il pouvait faire, c’était avancer dans le noir, caché sous son long manteau de cuir, devenu ombre à son tour depuis que le vaccin l’avait forcé à se tenir loin de la lumière. Quelle ironie remarquable que celle du destin qui avait, en fin de compte, retourné son pouvoir contre lui avant de le lui arracher. Il devrait faire sans, désormais, et peut-être qu’un jour, quelqu’un trouverait un antidote au NH25 qu’on lui avait injecté. Mais pour l’instant, point de roi des ombres pour retourner en son sombre royaume ; il n’était plus qu’un homme désormais, un humain comme les autres, et il allait devoir déployer des merveilles d’ingéniosité pour s’adapter à sa nouvelle existence nocturne et ne pas finir en terre trop vite – si tant est que quelqu’un se donne la peine de lui creuser une tombe.

Infiltré dans la demeure des DeMaggio, il avançait sans bruit, ou du moins tentait-il de n’en faire aucun. Sa haute taille tout comme son poids risquaient de le désavantager et d’entamer un peu sa discrétion. Il n’aurait plus manqué qu’il pose le pied sur une latte de bois qui aurait tôt fait de grincer au moment où ses cent trente kilos s’y seraient appuyés. Il était très lourd, et très grand, et pour ses infiltrations précédentes, son don avait toujours été un atout de taille pour pallier à ces handicaps particuliers. Cette fois, il ne pourrait plus s’en servir. Il ne pourrait plus jamais s’en servir, tout ça parce qu’il avait fait demi tour pour retrouver une personne, une seule. Si elle n’était pas ici, eh bien, il reprendrait sa route, seul. Mais si elle ne se trouvait pas dans cette maison, pourquoi aurait-elle répondu à son message – le seul auquel elle ait daigné répondre depuis ces derniers mois d’ailleurs. Viens ce soir. Ces quelques petits mots l’avaient fait venir entre ces murs maudits, en dépit de toute logique, de tout bon sens, de tout instinct de survie. Sur quel membre de cette immonde famille risquait-il de tomber ce soir ?
La réponse à cette question, le grand tatoué l’eut quelques secondes à peine après avoir franchi la porte du salon, au moment où son regard croisa celui d’un jeune homme aux cheveux d’un noir aussi profond que celui de ses iris. Il avait l’air aussi glacé que le métal du pistolet avec lequel il le tenait en joue, aussi froid et mortel que la balle qui pouvait quitter le canon de l’arme et se loger dans son cœur à tout instant. La prise du vacciné se resserra autour du manche de ce long couteau qu’il gardait toujours dans son manteau. L’avantage d’avoir des bras suffisamment long pour pouvoir cacher des dagues sans que ses vêtements ne se déforment. Cependant, tout confiant qu’il fut en ses capacités, il doutait de pouvoir attaquer plus vite qu’une balle ne pouvait être tirée. Et malgré tout ce qu’il pouvait penser, il refusait de mourir ici, dans ce salon, dans cette maison dans laquelle il n’aurait même pas dû se trouver. Et tout ce qu’il trouva à faire face à cette arme de mort devant lui, pointée vers son estomac, ce fut d’en saluer le porteur. Porteur qui lui répondit d’un haussement de sourcil tout à fait mérité avant d’enchaîner d’une voix calme mais diablement autoritaire.

- Tu vas m’dire qui t’es- et c’que tu fous là. J’parie que t’es poli, tu mentiras pas.

A l’ironie de sa réplique, Grayman répliqua d’un discret sourire en coin tout aussi cynique. Cette conversation ne commençait pas bien du tout, et quelque chose lui dit qu’elle n’irait pas en s’arrangeant, loin de là. Mais puisqu’il devait se présenter, il le ferait – à sa façon. Puisque lui était poli et ne tutoyais pas immédiatement les inconnus qui se présentaient chez lui.

- Je m’en voudrais de vous décevoir. Je ne suis qu’un visiteur qui ne compte pas rester bien longtemps.

Ca allait déplaire au garçon qui le fixait avec toute la haine du monde, ça, il en était certain. Mais il n’avait pas envie de donner son nom, pas envie de donner sa condition. Un visiteur, un inconnu, il ne serait et ne voulait pas être plus. Il ne resterait pas ici suffisamment longtemps pour avoir à présenter un patronyme. Et de toute façon, il ne le ferait certainement pas pour quelqu’un qui ne lui donnerait pas le sien en retour.

- Je suis venu ici parce que je cherche quelqu’un.

Sa poigne se referma une nouvelle fois sur le manche de cuir qu’il faisait tourner entre ses doigts. La tension était plus que palpable, à couper au couteau même, et il se demandait bien ce qui pouvait se passer dans la tête de son vis-à-vis pour qu’il ait tant envie de le tuer. Il acheva tout espoir de paix en prononçant une dernière phrase.

- Je cherche Aria.
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeJeu 18 Fév 2016 - 11:48


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Elle avait toujours été volatile, Aria. Comme un air toujours libre. Comme du sang qui s’échappait irrémédiablement d’une plaie ; il l’avait sentie, lui échapper, s’éloigner en des zones où il n’pouvait pas l’atteindre. Où elle ne voulait pas qu’il l’atteigne. Et pourtant, combien de fois s’était-il levé sans hésitation aucune, au beau milieu de la nuit pour aller la cueillir dans un coin dégueulasse de la ville ? Bien trop souvent, il l’avait vue fuir un type qu’il avait dévisagé, qui lui avait retourné un ‘c’est qui c’ui-là ?’ – et quand il avait été bien luné, Cesare s’était toujours contenté de suivre la main que sa sœur glissait dans la sienne, pour rentrer sans faire demi-tour. Quand il avait été mal luné, les choses avaient toujours eu tendance à dégénérer bien trop vite : un mec un peu trop insistant, une réplique mal avisée, le geste de trop – le DeMaggio avait toujours ressemblé à ces eaux troubles, insondables, lointaines. Pourtant, ses montres à lui relevaient bien souvent d’une mythologie sanglante et dégueulasse ; ceux d’une vie qu’il avait accepté sans concession aucune pendant des années et des années d’sa vie. Aujourd’hui encore, il la sentait lui échapper. Et il cherchait désespérément à s’y accrocher ; sa petite sœur, qui s’enfuyait pernicieusement de son esprit, d’sa mémoire, d’sa tête. Le mal était lové dans ses tripes, mais ça n’empêchait pas l’temps de faire son travail – se souvenait-il encore du rire de sa sœur, d’la voix de sa sœur ? Il l’avait écoutée parler pendant vingt-et-un ans d’son existence, il avait été là à chacun de ses trop rares rires ; et pourtant, quatre mois suffisaient à éroder sa mémoire, malgré tous ses efforts. Elle fuyait, fuyait vers un autre monde où il n’pouvait pas la suivre : parce qu’il n’croyait pas en un au-delà où ils se retrouveraient. Parce qu’il avait encore des choses à faire dans c’monde-là ; des promesses démesurées et folles, qu’il avait faites à Isolde – y paraissait qu’il fallait vivre pour les vivants, et non pas poursuivre les morts. Cesare peinait trop souvent dans un équilibre précaire entre les deux : jamais il n’pourrait continuer sa vie, en imaginant Kingsley Moren et Artur Kovalainen poursuivre la leur, respirer l’air putride de Radcliff alors qu’ils avaient privé sa sœur de ce droit fondamental. Encore une fois, y’avait de l’ironie dans l’équation – lui, le frère qui avait pris tant de sœurs à tant de frères, qui réclamait une vengeance sans faillir et sans s’détourner une seule seconde, juste pour un seul être humain. Une dégénérée, qu’il disait leur père : et d’plus en plus, à chaque fois que ce mot passait les lèvres du géniteur, associé à la mémoire d’Aria, Cesare s’devait de ravaler l’instinct primaire, sauvage, qui lui dictait de lui envoyer un poing dans la gueule. Mais c’type-là, il n’ressemblait pas à tous les clodos desquels Aria s’était acoquinée pendant des années et des années, baignée par l’insouciance et le désir de provoquer : il n’en avait pas l’allure, il n’en avait pas l’imprudence. Et pour Cesare, c’était comme observer le spectre de tout c’qui faisait qu’Aria n’avait plus été Aria dans les derniers mois qu’ils avaient partagés ; qui était-il cet intrus qui se pointait si impunément au beau milieu de la maison familiale ? Au fond, c’n’était certainement pas pour protéger chacune des précieuses armes ou des belles possessions de ses parents, qu’il s’retrouvait là à pointer le canon glacé d’une arme de lâche en direction d’un inconnu parfait. D’une certaine manière, c’type n’était pas inconnu : sans même qu’ils n’aient eu à se parler, à se regarder, à s’voir ou à graviter dans le même pan de monde, il avait déjà pris le visage de l’ennemi. Le visage des fautes du frère ainé, répétées en boucle et en boucle ; parce qu’Aria n’avait plus été Aria dans ses derniers mois de vie. C’était une réalité qu’il avait senti s’faire, peu à peu, au fil des jours, impuissant et sans cesse repoussé par sa cadette. Une réalité insoutenable, matérialisée par un connard qui s’pensait assez bien bâti ou assez fort, ou assez important pour venir jusqu’ici.

Il était devenu rare, pour le transmutant, de maîtriser ainsi ses émotions : sous sa peau, contre sa cage thoracique, il sentait son palpitant se faire mesuré, tel un prédateur patient qui attendait son heure. Le sang n’bourdonnait pas à ses oreilles, la folie ne s’infiltrait pas dans ses entrailles pour noyer sa raison. Pas encore. Pas alors qu’il l’avait côtoyée de si près, prompt à s’y jeter tête la première, lorsqu’il avait affronté Artur Kovalainen – tuer sa sœur à lui, amasser tout un tas d’innocents sur l’chemin, c’n’était pas le chemin le plus aisé, le plus humain qui soit ; ce s’rait la route grande ouverte vers sa perdition à lui. Il le savait, le DeMaggio, et il aurait été prêt à l’accepter sans concession s’il n’y avait eu que lui. Que lui et Aria, le vide béant qu’elle avait laissé derrière elle ; ce silence, assourdissant, qui remplaçait sa présence. Qu’elle revienne donc, d’une quelconque façon – dussent-ils passer l’éternité à se disputer, à se haïr, à s’repousser ; qu’elle vive, c’était tout ce qui importait. Combien d’fois avait-il pensé à toutes les échappées possibles et imaginables pour sa sœur, sans oser les mettre en pratique ? Il s’était vu défier tous les hunters, toutes les autorités de la ville qui avaient décidé de foutre cette quarantaine autour de Radcliff, rien que pour atteindre les frontières, et abandonner sa sœur à un arrêt de bus, avec la promesse d’une vie meilleure. Il s’était vu tout lâcher pour elle, parfois, dans ces moments où elle s’était mise à hurler à pleins poumons au milieu de la nuit, pour évacuer des cauchemars sur lesquels il était impossible de mettre des mots. Il s’était vu rattraper ses crimes, rattraper son inconscience, les mois et les mois de batifolage et d’amour inconsidéré avec Isolde – recoller les morceaux, avec celle qu’il avait tant délaissée ; Aria, à défaut d’pouvoir retrouver ce qui était parti dans les flammes d’un entrepôt rempli d’innocents qu’il avait lui-même fait exploser. Tout c’qu’il avait sacrifié pour Aria, et tout c’qu’il avait été prêt à sacrifier encore… ça en faisait des choses, si promptes à faire germer le martyr, une douleur incandescente en lui, alors même que face à l’étranger, sa tête, son cœur n’pouvaient s’empêcher de faire des calculs démesurés. Un plus un, Aria et un homme. Aria et ses secrets. Aria moins lui. Je cherche Aria. La voix de l’interlocuteur avait beau être mesurée, soigneusement pesée, presque veloutée en de telles circonstances, c’était comme une attaque fichée droit dans les chairs du DeMaggio : là, maintenant, l’type aurait pu sortir un couteau et le lui planter dans la gorge avec l’assurance de procurer à son adversaire moins de douleur qu’il ne venait de le faire. Aria plus cette montagne, c’mec dont elle n’avait jamais parlé, ces secrets desquels elle l’avait exilé, lui, le frère qui avait voué sa vie, chaque souffle d’existence à elle. Combien d’temps allait-il devoir payer, toujours payer ses torts ? La punition de la jeune femme ressemblait à une tempête incessante, qui le décharnait peu à peu, et le laisserait pour mort, vidé de son énergie bien assez tôt. Et pourtant, elle était morte – enterrée, six pieds sous terre, dans une tombe anonyme, et jamais plus elle n’reviendrait ; alors quoi ? C’était à croire que malgré les souvenirs ténus, malgré sa voix qui se mourait dans l’esprit de Cesare, Aria avait encore cette prescience douloureuse sur sa vie. Et même d’outre-tombe, elle lui faisait payer. « Je sais. » qu’il signifia sans détour à son vis-à-vis, l’océan rageur de ses ressentiments grondant avec plus d’hardiesse que jamais ; si Aria était inaccessible à sa rage à l’instant précis, c’n’était pas le cas de l’homme à quelques pas de là, désigné par son arme à feu. Au fond, au fond – ils d’vaient bien tous apprendre que la justice n’existait nulle part.

Et pour illustrer son propos, ces deux petits mots désuets, délivrés avec une froideur qui n’appartenait qu’au fils DeMaggio, Cesare plongea une main dans la poche de son pantalon, en tirant le téléphone d’Aria. Difficile à reconnaître, dans la pénombre ; mais au fond, c’simple état de fait suffisait à n’importe quel abruti de s’lancer dans tout un tas de calculs, également. Un plus un. Connard plus téléphone. Et un message, pour sortir du silence. Aria n’était pas là. Aria n’serait plus nulle part, plus jamais. Une évidence qui hurlait comme le silence, sur un voile de réalité. C’était cruel ; c’était la vie. « Ca répond pas à mes questions. Qui t’es, et qu’est-c’que tu veux à ma sœur ? » il n’avait pu s’empêcher de s’montrer protecteur, non plus comme le bétail qui suivait aveuglément et stupidement les indications de ses géniteurs ; mais comme le prédateur, qui avait sans cesse rôdé dans la vie de la jeune femme, celui qui avait chassé tous les autres, celui qui avait léché ses plaies d’âme et de corps. « Qu’est-c’qu’y te fait croire que tu peux entrer ici, et venir la chercher, hein ?! » et la tentation de le presser, tout autant que d’appuyer sur cette détente devenait oppressante, oppressante comme une flamme qui aurait commencé à consumer l’oxygène dans son corps. Insidieusement, le cœur du transmutant avait lentement accéléré, jusqu’à devenir un tambour, un chant de guerre tout contre ses côtes – c’était à croire qu’il prenait de la vitesse, pour mieux s’fracasser en route. Encore une fois. Combien d’fois, avant qu’il n’y ait plus le moindre morceau à récupérer ? « Tu sais qu’y suffit d’pas grand-chose pour que mes charmants parents débarquent. » c’n’était pas c’qu’il voulait, c’n’était pas c’qu’il souhaitait – immiscer des êtres comme Rafael et Isabela dans la vie d’sa sœur. Les faire revenir dans celle-ci, comme s’ils la possédaient d’une quelconque façon comme ils le possédaient lui. C’n’était pas pour rien, qu’Aria était anonyme dans la mort ; il le regrettait, quelque part, passerait le restant d’ses jours à regretter une tombe à aller visiter. Mais Aria n’était pas une DeMaggio, Aria ici-bas, éternelle contre leur gré, il s’était appliqué à la rendre libre comme elle n’l’avait jamais été. Défaite de cette identité répugnante, d’leurs tortionnaires de parents – c’n’était certainement pas pour les laisser reprendre le contrôle, peu importaient les apparences. C’était la dernière chose qu’il avait pu faire – l’seul choix qu’on lui avait laissé, au milieu des décombres de la fête foraine, au milieu des cendres et des flammes.
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MessageSujet: Re: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 15:45

Grayman & Cesare
   
Grayman n’était pas le genre d’homme à s’attacher facilement. Pour avoir son attention, il fallait déjà se montrer digne de l’obtenir. C’était un côté plutôt orgueilleux qu’il avait, un côté qui lui faisait souvent juger autrui à la qualité de la conversation qu’il pouvait tenir. Si les paroles échangées semblaient tout à fait inintéressantes, il passait son chemin et s’occupait bien vite de choses plus passionnantes. Si au contraire son intérêt était capté par un étranger ou une étrangère, il devenait curieux d’en apprendre plus à son sujet, de tirer le plus d’informations possible et de dialoguer de sorte à satisfaire sa curiosité jusqu’à ce qu’il juge en avoir assez et continue son chemin. Rares étaient ceux pour lesquels il s’était arrêté plus longtemps que nécessaire, et ces gens-là, il ne les avait jamais oubliés. Au fil de ses voyages, il avait rencontré bien du monde, et au final, seule une petite poignée avait pris une certaine place dans son existence. Que ce soit des alliés ou des adversaires, chacun lui avait apporté beaucoup, et les quelques amis qu’il avait pu se faire garderaient toujours une place bien à eux quelque part dans un coin de sa tête et de son cœur. Mais il fallait beaucoup pour en arriver là, pour passer au-delà de son caractère bien à lui et le toucher suffisamment pour qu’il daigne se laisser approcher.
Alors qu’il finisse par ressentir quelque chose qui ressemble à de l’amour, ça ne lui avait jamais traversé l’esprit. Des aventures, il en avait eu, bien entendu, mais ça n’avait pas été grand’ chose de plus que deux corps en quête de chaleur le temps de quelques heures. Avec Aria, ça aurait pu n’être que ça. Leur rencontre avait été mouvementée, c’était le moins qu’on puisse dire, et les chasseurs qui avaient essayé de s’en prendre à eux ce soir-là pourrissaient maintenant six pieds sous terre. Radcliff étant une bien petite ville, le grand homme avait recroisé la jeune femme, puis une deuxième fois, puis une troisième, jusqu’à ce qu’ils échangent plus de trois phrases l’un avec l’autre. Une chose en entraînant une autre, ils avaient fini par se revoir, volontairement cette fois, et au fil des mois s’était créé un lien bien particulier entre eux, une relation qu’il n’avait pas eu la chance d’avoir auparavant. Il s’était attaché à la cadette DeMaggio, ne se formalisait plus des cauchemars qui la secouaient la nuit, se contentant de la rassurer dans la pénombre de la chambre qu’ils partageaient plutôt que de la harceler de questions auxquelles elle n’aurait de toute manière pas répondu. Il appréciait sa présence, plus qu’il l’aurait cru, et lui qui était tant attaché à son indépendance et sa solitude avait fini par lui proposer de partir voir du pays avec lui. Il avait fait son temps dans le Kentucky et le monde était bien assez vaste comme ça pour qu’il ne cherche pas à s’attarder plus longtemps que ça dans cette ville où les extrêmes faisaient la loi. Alors il avait donné une date, un point de rendez-vous, il avait préparé son départ et le jour où ils auraient dû s’en aller, Aria n’était pas venue.
Elle n’était pas venue, et elle ne l’avait plus jamais recontacté. Ce n’était pas son genre, vraiment pas son genre, et le géant basané avait fini par se dire que quelque chose n’allait vraiment pas. Il était retourné sur ses pas, se faisant vacciner dans l’opération, mettant un bon mois à se remettre des effets secondaires et à s’habituer à sa nouvelle vie dans les ténèbres, lui qui devenait une ombre après en avoir été le roi pendant si longtemps. Il avait fouillé Radcliff de fond en combles, visitant chaque bâtiment, chaque ruine, chaque cachette probable, jusqu’à ce que finalement ne reste que le seul endroit duquel il ne s’était pas approché : la maison de la famille DeMaggio. Cette maison, c’était un sanctuaire de mort, la promesse de tortures sans fin et d’une agonie douloureuse pour tout porteur du gène mutant qui s’en approchait. Autrefois, il ne lui aurait pas fallu beaucoup de temps pour la visiter, voyageant au cœur des ombres jusqu’à trouver ce qu’il cherchait. Mais il n’était plus qu’un homme désormais, plus qu’un humain particulièrement obstiné qui se jetait tête la première dans la gueule du loup. Et s’il s’était attendu à tomber sur quelqu’un, ce n’était sûrement pas sur ce jeune homme au regard noir comme la nuit qui braquait un pistolet en direction de son ventre, vers les organes plus sensibles et plus dangereux. Il avait planté ses yeux dans les siens, conservant son calme ; après tout, s’énerver ou chercher à se battre maintenant n’aurait servi à rien. Plus tard, peut-être. Mais pas maintenant. Il se contentait de presser dans sa main le manche de la dague qu’il gardait cachée à l’intérieur de son manteau, prêt à la faire jaillir entre ses doigts s’il le fallait. En attendant, il avait répondu à la question de l’inconnu. Je cherche Aria. Plus qu’à attendre la réaction de l’autre, qui ne tarda pas à venir.

- Je sais.

Grayman suivit son geste du regard et observa le téléphone qu’il sortit de sa poche pour mieux le lui montrer. Ce téléphone, c’était celui d’Aria. Il l’avait suffisamment vu pour le reconnaître, et le fait qu’il se trouve là, dans la main de quelqu’un qui n’était pas sa propriétaire, ça n’annonçait rien de bon. Rien de bon du tout. Petit à petit, une possibilité, une évidence que le tatoué avait volontairement occultée refaisait surface, mise en lumière par ce simple portable qui avait émis un message, un seul – et ce sms n’avait certainement pas été envoyé par la jeune femme. Elle aurait été là, sinon.
Et elle était désespérément absente.

- Ca répond pas à mes questions. Qui t’es, et qu’est-c’que tu veux à ma sœur ?

L’ancien mutant détailla mieux le garçon face à lui. C’était donc lui, le fameux frère aîné, le fameux Cesare. Il ne connaissait presque rien de lui, sa cadette ayant été très secrète à son sujet. La relation qu’ils entretenaient tous les deux était quelque chose de bien spécial, de très exclusif, une relation à laquelle il n’aurait pas voulu se mêler de toute façon. Tout le monde avait son lot de secrets, lui le premier, et si la demoiselle ne voulait pas révéler ceux qui l’unissaient à son aîné, alors soit. Ca avait été son choix et il l’avait respecté. Et pourtant, c’était face à lui qu’il se tenait maintenant, baissant la tête comme il devait le faire avec presque tous les gens qui croisaient sa route juste pour pouvoir le regarder dans les yeux. Il l’écouta parler, ses questions flottant jusqu’à lui dans cette atmosphère si tendue qu’elle en était presque palpable. Comme si l’air était devenu plus lourd, la pression plus forte rien que parce qu’ils se trouvaient dans la même pièce à avoir cette conversation.

- Nous avions rendez-vous, il y a quelques mois. Je l’ai attendue, et elle n’est pas venue, alors je suis revenu la chercher.


Le géant tatoué se demandait s’il y avait encore quelqu’un à venir chercher. Si la jeune femme était vraiment dans cette maison, dans cette ville ou dans ce monde-là. La possibilité qu’elle n’existe plus, il l’avait refusée, ne voulant pas l’accepter tant qu’il n’aurait pas eu les preuves pour le lui montrer. Or, il n’avait jamais trouvé de tombe, de rapport d’autopsie, quoi que ce soit qui puisse lui indiquer qu’Aria n’était plus. Alors il l’avait cherchée, chaque jour réduisant les possibilités, jusqu’à ce soir où tout se déciderait.
Il pencha la tête sur le côté, le col de son long manteau de cuir frottant doucement contre son cou de bœuf.

- Qu’ils viennent donc, si ça te chante. Je suis certain qu’ils seraient ravis de me voir vivant debout au milieu de leur salon.

Il détailla le jeune homme, pas plus impressionné que ça par la possibilité de se retrouver face aux parents DeMaggio. Ils n’étaient pas des dieux, ils n’étaient pas des monstres non plus ; ils n’étaient que des hommes, et tous retournaient à la poussière un jour ou l’autre. S’il devait mourir ce soir, peut-être aurait-il le temps d’entraîner le père ou la mère avec lui dans le néant. Sinon, tant pis. Ils le rejoindraient bien assez tôt.

- Cesare …

C’était probablement impoli de l’appeler par son prénom alors que lui-même n’avait pas pris la peine de se présenter. Cela dit, s’il lui avait envoyé un message avec le téléphone de sa sœur, nul doute qu’il aurait lui son nom sur l’appareil. Et puis, la politesse n’était plus vraiment de rigueur entre eux, malgré le calme qu’il s’exhortait à conserver.

- Où est Aria ?

Qu’il lui donne une adresse ou un numéro de concession, peu importe. Mais qu’il lui réponde.
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeLun 14 Mar 2016 - 3:56


the world has been trying to turn me into a monster
I WAS SURRONDED BY DARKNESS, SO THE DARKNESS I BECAME.
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Des mois plus tard, la fête foraine de Radcliff n’était plus qu’un vaste brouillard sombre. Un abysse, où ses souvenirs avaient été dévorés par l’ombre, où chaque moment de cette soirée-là n’avait été rien d’autre qu’une pièce de puzzle. Un assemblage de circonstances qui avaient, tous ensembles, amenés à la mort d’Aria. Peu importait qui avait survécu, quelles vies il avait participé à sauver dans un élan altruiste – tout ce qu’il avait retenu, c’était qu’il n’avait pas sauvé sa sœur. Et chaque fois, ce songe faisait glisser dans ses veines le poison du regret. De la culpabilité. Et de la rage. Il avait beau détester, haïr Artur Kovalainen et Kingsley Moren avec toute son énergie désespérée, c’n’était rien, en comparaison de la véhémence qu’il éprouvait contre lui-même. Et peut-être était-ce pour ça, qu’il avait été si prompt à jeter au feu ses dernières énergies et ses derniers petits souffles d’espoir, pour s’lancer lui-même à la poursuite d’une vengeance qui ne mènerait nulle part, concrètement. Nulle part ailleurs que dans la concrétisation d’une promesse qu’il se sentait le devoir d’accomplir, alors même qu’il avait déjà failli de toutes les manières possibles et imaginables. C’était paradoxal, de savoir qu’il avait failli sans l’accepter pleinement : mais Aria était aujourd’hui enterrée six pieds sous terre, son corps lentement bouffé par les insectes, son âme vouée à un autre monde où il n’pourrait jamais la rejoindre à nouveau. C’était son propre père qui lui avait fait comprendre cette évidence- il la lui avait glissée dans la gorge comme un nœud étouffant- ç’avait manqué de le submerger, mais Cesare parvenait encore à rester sur ses pieds, et à s’débattre avec ses propres démons. Quelle justice, pourtant, pouvait-il désormais amener à un cadavre ? Bien souvent, le DeMaggio songeait à Isolde, à Clara, et il s’disait qu’il aurait probablement moins à perdre à essayer de faire quelque chose pour elles plutôt que pour sa sœur déjà partie loin- mais comment s’résoudre à jeter l’éponge ? Comment s’résoudre à renoncer, alors même qu’il avait passé les vingt-et-une dernières années de son existence à n’faire que ça ? Aria- Aria, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, elle avait toujours fait partie de sa vie, elle avait toujours insufflé en lui une survivance qui n’avait existé avec personne d’autre- comment était-il supposé renoncer à tout ça, et accepter l’idée qu’il n’avait été qu’un échec ambulant, un indigne frère qui avait laissé sa cadette mourir entre les mains de bourreaux sadiques ? Dans tout ça, Cesare, sa vie, sa conscience, sa raison, son âme- il n’valait plus rien. Plus rien d’autre que ces rares promesses qu’il avait faites à quelques parcelles d’humanité : et pourtant, tenir ses promesses à Aria, est-c’que ce n’serait pas manquer à celles qu’il avait faites à Isolde ? Il nageait dans un océan qui changeait avec les jours, et menaçait de l’engloutir à chaque détour- au moins avait-il conscience de ça, de la dangerosité de son trajet et du chemin de vie qu’il avait choisi. C’n’était pas pour rien qu’il calculait et sous-pesait chacun de ses gestes et chacun des mots qu’il prononçait entre les murs de cette maison : ici, il n’parlait presque que d’Aria, comme si son fantôme planait dans chaque pièce de la baraque. Peut-être que c’était l’cas, d’une façon bien spirituelle et dégueulasse : partout où il posait le regard, Cesare voyait défiler sur le voile de ses paupières un souvenir bien particulier, et toujours avec sa sœur. Il haïssait cette maison, il l’avait toujours haïe- et pourtant, maintenant, c’était d’une nostalgie trop rare et trop bonne que le cœur du chasseur s’enserrait ici-bas. Quitter cette maison, déserter son père, ses promesses et abandonner sa vengeance, ce serait déserter Aria- et il pouvait vouer tout l’amour du monde à Isolde ou à Clara, il n’parvenait pas à se résoudre à faire ça. Etait-ce guérir, était-ce plonger plus avant dans le mal pernicieux du deuil sans fin ? Jamais le grand-frère ne pourrait trouver de réponse idéale. Il n’en cherchait pas. Il oscillait, luttait, étouffait- comme une flamme aspirée par les ténèbres, qui continuait de vaciller à la recherche d’oxygène.

Mais même son oxygène, là maintenant, n’avait plus le moindre sens- plus la même saveur. Y’avait un arôme âcre qui planait dans l’air désormais, toujours plus pressant à mesure qu’il dévisageait le faciès baigné de pénombre qui s’était dessiné devant lui. Il avait été surpris, presque au point de sursauter lorsque le téléphone d’Aria avait sonné, après des semaines à demeurer silencieux. Oublié. Abandonné. Comme si le monde entier avait su qu’elle était morte, et n’répondrait plus jamais aux messages qu’ils enverraient : qu’ils n’se fatiguent donc pas. Mais y’avait eu une bouteille lancée à la mer, et juste le chasseur pour la récolter à l’autre bout de la ligne- et c’était donc ça, les circonstances de leurs rencontres ? Déjà, brûlaient aux lèvres de Cesare des questions qu’il avait besoin de poser, sans même avoir la force de le faire. Poser des questions sur sa sœur, ce serait admettre qu’il n’connaissait pas tout d’elle, qu’il n’avait jamais pleinement fait partie de sa vie, et qu’elle avait fini par s’enfuir de lui dans les derniers mois de son existence. Mais qui était-il, c’type ?! L’évidence était là- Aria n’lui avait jamais parlé de qui que ce soit, certainement pas d’un géant qui entrait chez les gens en crochetant les portes au milieu de la nuit. Alors… alors. « Nous avions rendez-vous, il y a quelques mois. Je l’ai attendue, et elle n’est pas venue, alors je suis revenu la chercher. » et l’autre ne remarqua certainement pas la si nette caresse de dégoût qui glissa tout le long des traits du visage de Cesare- elle était pourtant là, désagréable, et elle courut plus loin encore que les apparences elles-mêmes. Tout le long de son dos, une sensation nauséeuse et électrisante à la fois- elle éveillait sa rage, tout comme son envie de vomir jusqu’à s’en vider complètement. Pas parce qu’il détestait particulièrement l’homme en face de lui- au fond, comment pouvait-il prétendre détester quelqu’un dont il n’connaissait rien hormis l’apparence et la voix ? Encore- peu importait la hargne qu’il vouait à son vis-à-vis, à ceux qui le dévisageaient et qu’il dévisageait d’un air si incandescent ; c’n’était rien, en comparaison de ce qu’il éprouvait pour lui-même, et lui tordait littéralement les tripes. Il en ignora la petite remarque sur ses parents, ses mâchoires se crispant imperceptiblement toujours, dans le noir qui englobait totalement leur rencontre- quel drôle de décor, définitivement, pour s’retrouver à menacer quelqu’un du canon de son arme. Et pourtant, Cesare n’avait toujours pas baissé son bras, et n’avait pas l’intention de le faire. Ses parents n’auraient rien contre le fait qu’il n’ait pas tué l’type qui se trouvait là : au contraire, il aurait été moins surpris que ceux-ci piquent une crise à l’idée que leur fils ait été imprudent au point d’alerter tous les voisins avec un coup de feu envoyé dans la tête d’un parfait inconnu. Les DeMaggio, ils étaient franchement mieux que ça, évidemment. « Cesare… » et s’il avait détourné le regard pour quelques poignées de seconde, le temps de se recomposer- la mention de son nom eut l’effet escompté : tout le long de son bras, ses muscles se tendirent, dans une animosité qui aurait presque pu le faire feuler comme un chat sauvage s’il n’avait pas eu la décence de se retenir. L’intention et la tension étaient là malgré tout, palpable dans l’air- Cesare, peu importait si c’était Aria qui avait elle-même murmuré le nom de son frère dans l’oreille de c’type, ça n’lui donnait pour autant pas le droit de franchir des frontières qui n’avaient pu être percées que par une poignée de personnes. Non- il n’avait pas l’droit. Pas l’droit d’utiliser Aria pour lui faire soupeser cette balance morale qui s’était définitivement brisée en mille morceaux par-dessus le cadavre de sa sœur. « Où est Aria ? »

Et les mots lui brûlèrent la langue, et glissèrent hors de ses lèvres avant qu’il n’puisse les retenir : « Va t’faire foutre. » comme un poison trop mortel pour qu’il le retienne plus longtemps- Cesare enchaina rapidement dans l’hostilité, la montée de son agacement ; l’air subitement devenu palpable à cause de tant de tension si longuement retenue dans ses muscles. « T’es pas trop celui en position d’poser les questions, là maintenant. » et il n’avait pas nécessairement besoin de la menace de ses parents pour appuyer ses arguments. « Tu veux trouver Aria ? T’es pas prêt de l’faire par toi-même, alors soit t’arrêtes de t’foutre de ma gueule, soit tu peux repartir- » et optionnellement se prendre une balle dans le genou pour claudiquer jusqu’à la sortie. L’éventualité était toujours là, sous-entendue par l’arme que Cesare tenait si aisément dans les mains, pointée en direction d’un parfait inconnu sans que ça n’semble réveiller le moindre de ses remords : au fond, fallait avouer que les trahisons d’Aria qui semblaient se révéler à mesure que les secondes s’épaississaient, aidaient Cesare à chasser son chagrin et sa culpabilité au profit d’une hargne toute nouvelle. Inattendue. Et vouée à un cadavre inaccessible. Au moins, y’avait toujours ce type comme bouc-émissaire. « Quel genre de rendez-vous ? Et quand est-c’que c’était ? Pourquoi ? » et au moins, ses inquiétudes obsessives, ses craintes viscérales concrétisées en des mots, avaient le ton d’une attaque franche et directe, dénuée de tout remord ou de toute préoccupation. Pourtant, il craignait les réponses plus qu’il n’daignait bien l’admettre- qu’est-ce qu’il pouvait bien y avoir chez ce type pour qu’Aria n’ait jamais parlé de lui ? Pour qu’Aria ait planifié un rendez-vous sans même en parler à son frère ?! Alors même qu’ils avaient été obligés de s’planquer pendant des mois, sans cesse sous la menace d’ennemis dont ils n’connaissaient ni le visage ni le nombre ?! « Et alors elle t’a posé un lapin, et quatre mois plus tard – au moins – tu décides d’te pointer là ? » y’avait une certaine ironie dans l’air, assez importante pour qu’elle se déverse comme un venin dans la moquerie de Cesare. « Comment tu sais mon nom ? Et qu’est-c’que tu sais sur ma famille ? » fallait bien en venir aux choses concrètes : comment était-il supposé imaginer sa propre sœur, livrer des informations capitales comme son nom à lui, leur nom de famille, des éléments sur sa vie passée et sur les activités de leur famille, à un parfait inconnu ?! Non, c’était déjà évident que c’mec n’était pas un parfait inconnu, ni même juste un rencard, ni même un des hommes desquels Aria avait eu l’habitude de s’acoquiner. Il était différent- dérangeant, et ça faisait un putain de mal de chien.
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MessageSujet: Re: Sons of plunder [ft. Cesare]   Sons of plunder [ft. Cesare] Icon_minitimeMer 20 Avr 2016 - 1:28

Grayman & Cesare
   
Lorsqu’il était arrivé à Radcliff, Grayman n’avait pas prévu d’y rester plus que nécessaire. Il s’y était installé par curiosité, comme une pause dans ses voyages, pour mieux reprendre la route plus tard. Il connaissait la réputation de la ville, savait très bien que les mutants n’y étaient pas bien vus, pourtant, par orgueil ou par jeu, il avait quand même trouvé un petit appartement à louer où il avait tranquillement commencé une nouvelle vie temporaire, une qui s’arrêterait dès qu’il aurait décidé qu’il serait temps pour lui de partir. Il avait trouvé un petit travail discret et payé au noir, avait erré le soir venu et avait appris les dédales de rues et de ruelles pour mieux se fondre dans les ombres qu’il maîtrisait alors, s’amusant de ces batailles intestines qui rongeaient le cœur de ce petit coin du Kentucky. Et puis, Lancaster était devenu un tyran. Les portes de la ville avaient été fermées, plus personne ne pouvait en sortir ni y venir sans autorisation, et surtout, les chasseurs rôdaient en ville comme des requins en eau peu profonde, à la recherche de leurs proies. Le maire ne cachait pas sa haine des mutants et ne l’avait jamais fait ; il n’y eut rien d’étonnant à le voir donner de plus en plus de pouvoirs et de droits à ses chiens de chasse. Ces hommes et ces femmes ne laissaient rien passer, jouant sur la délation, les soupçons, l’espionnage, bref : tous les moyens étaient bons pour débusquer ceux qui avaient le malheur d’être né avec un pouvoir extraordinaire, tout ça pour mieux les abattre et les jeter dans dieu seul savait quelle fosse commune quelque part dans la forêt. Plus un jour ne passait sans un mort ou un disparu – à croire que même les pires villes du monde n’atteignaient pas le taux de mortalité affolant de Radcliff. Le géant basané avait toujours réussi à s’en tirer ; se fondant dans l’obscurité comme s’il en faisait partie, il allait et venait à sa guise, se riant des chasseurs et les laissant se heurter contre son don et les ténèbres qui finissaient toujours par les engloutir.
C’était lors d’une soirée à narguer les tueurs de mutants qu’il avait rencontré Aria. A trois contre une, il aurait pensé que la jeune femme se fasse avoir par le nombre, mais elle avait prouvé en quelques instants à peine qu’elle était bien plus forte que sa carrure le laissait entendre. Ca avait intrigué le tatoué, bien entendu, et il n’avait pas manqué d’aller la voir avec toute la curiosité qui lui était propre. Si la demoiselle l’avait tout d’abord envoyé sur les roses, la situation avait ensuite changé ; de rencontre fortuite en rencontre fortuite, ils avaient fini par se donner un vrai rendez-vous. Puis un autre. Puis un autre encore. Et finalement, ils avaient fini par se fréquenter régulièrement, sans que ni l’un ni l’autre ne l’ait prévu, sans qu’aucun d’entre eux ne l’ait vu venir. Et ça n’avait pas dérangé le roi des ombres le moins du monde. De nature solitaire et avec sa vie de vagabond, il n’avait jamais eu l’occasion de s’attacher à quelqu’un suffisamment longtemps pour vouloir l’inclure dans ses errances à venir. Pourtant, c’était ce qu’il avait voulu faire avec Aria. Ils avaient parlé des endroits qu’il avait vu depuis qu’il avait quitté sa lointaine Albion, et il avait bien sentit l’envie qui l’avait saisie lorsqu’il parlait de partir ; il n’avait pas hésité bien longtemps à lui proposer de l’accompagner lorsqu’il avait décidé que son temps à Radcliff était révolu. Il n’avait pas hésité non plus à faire demi-tour lorsqu’elle n’était pas venue à leur point de rencontre à la sortie de la ville. Retournant dans son appartement, le mutant l’avait cherchée, longtemps – si longtemps qu’il avait fini par y laisser sa mutation dans la bataille. Mais tant pis ; il apprendrait à vivre sans, tout comme il avait appris à vivre avec il y avait bien des années de cela. Il avait des choses plus importantes à faire que de pleurer un pouvoir qu’il avait chéri mais qui ne reviendrait jamais.

Et maintenant, il était là, debout dans le salon de l’illustre demeure de la redoutable famille DeMaggio, le seul endroit de cette satanée ville où il n’avait pas encore mis les pieds. Il était là, debout face à Cesare, le frère aîné dont il avait entendu parler par petites bribes de phrases seulement, comme si sa cadette avait voulu protéger son existence, la garder secrète autant que possible malgré l’intimité qui avait commencé à naître entre elle et lui. Grayman savait très peu de choses sur le jeune homme ; à dire vrai, il était bien heureux de connaître son nom. Et il ne se gêna pas pour le prononcer, achevant par là même d’alourdir l’atmosphère déjà bien trop pesante, comme si la tension presque palpable entre eux devenait soudainement lourde comme du plomb.
Il ne fut pas étonné que ces quelques syllabes et une dernière question ne finissent de mettre le fils DeMaggio en colère. Le géant resserra doucement ses doigts sur le manche de la lame qu’il gardait toujours cachée à l’intérieur de sa manche. La sensation du cuir rêche contre sa peau l’aida à conserver son calme. Même sa patience avait des limites, et plus les secondes s’écoulaient, plus il avait l’impression qu’il finirait par les dépasser avant la fin de la conversation.

- Tu veux trouver Aria ? T’es pas prêt de l’faire par toi-même, alors soit t’arrêtes de t’foutre de ma gueule, soit tu peux repartir.

Grayman inspira calmement, mais il commençait doucement à se sentir moins conciliant, moins apte à attendre que Cesare s’énerve contre lui. Pourtant, il avait toutes les raisons de se mettre en colère contre cet intrus surgi de nulle part pour trouver sa petite sœur. Et pourtant, il ne comptait pas repartir de là sans elle ou sans réponses.

- Alors pose-les donc, tes questions, siffla-t-il entre ses dents serrées, sa voix chaude et grave semblant gronder depuis les tréfonds de sa gorge.

Raide comme la justice et dressé de toute sa haute taille, ses yeux ambrés restèrent vrillés dans ceux du jeune homme. Il se tût et l’écouta, sans broncher, enchainer question après question, le canon de son pistolet toujours tourné vers son estomac. Le vacciné se demandait s’il n’allait pas se prendre une balle dans le ventre malgré tout ; car plus Cesare parlait, plus il savait déjà que les réponses qu’il lui donnerait ne lui plairaient pas le moins du monde. Et puisqu’il n’y avait personne d’autre que lui dans la pièce, il serait la cible toute désignée s’il devait décharger sa colère et sa frustration sur quelqu’un – puisque visiblement, Aria ne viendrait pas.
Silencieux, le géant attendit quelques instants, ses souvenirs se rappelant à lui tandis qu’il les arrangeait dans le bon ordre pour pouvoir les restituer – en partie – en guise de réponses.

- Nous devions nous retrouver le premier février, hors de la ville, pour la quitter. Je ne comptais pas rester, elle voulait voyager, je lui ai proposé de m’accompagner et elle a dit oui.

Il se souvenait très bien de la façon dont il lui avait annoncé son départ et demandé de le suivre ; il l’avait taquinée, à sa façon, et il s’était attendu à ce qu’elle lui dise non, juste pour se venger de sa petite plaisanterie. Mais elle était d’accord, elle lui avait affirmé qu’elle viendrait, et trois semaines plus tard, elle ne s’était jamais montrée, n’avait plus jamais répondu à ses messages ou aux appels qu’il avait pu passer pour tenter de la joindre. Alors, en désespoir de cause, il était allé la chercher.

- C’est le seul endroit que je n’ai pas encore fouillé. Quant à votre nom, c’est elle qui me l’a donné.

Ses yeux dorés semblaient presque briller dans le noir, ses prunelles animées d’une flamme monstrueuse qui contrastait furieusement avec son ton posé et son attitude presque détendue.

- Je sais que vous chassez, et je sais qu’elle a vécu un certain nombre de choses aux mains de vos parents. Elle ne m’a jamais donné de détails, mais elle s’est réveillée en hurlant suffisamment de fois pour daigner m’en donner quelques uns.

Grayman se souvenait des cauchemars qui avaient agité Aria et qui l’impressionnaient toujours par leur virulence et la facilité avec laquelle ils terrorisaient la jeune femme qui n’était pourtant pas du genre à s’effrayer de quoi que ce soit. Parce qu’il avait fini par insister, elle lui avait donné les grandes lignes de ces souvenirs qui la hantaient une fois la nuit venue. Maintenant qu’il se trouvait dans cette demeure qui l’avait vue souffrir, se rappeler de ces nuits interrompues par les terreurs nocturnes de la cadette DeMaggio effritait un peu plus encore sa patience.

- Tu as tes réponses. Maintenant donne-moi la mienne.

Que ce soit une bonne ou une mauvaise nouvelle, il s’en fichait royalement. Mais il ne voulait pas repartir de là sans savoir, en se demandant ce qui avait bien pu arriver à Aria.

- Qu’est-il arrivé à ma compagne ?

Le mot lui avait échappé, comme un lapsus qu’il ne chercha pas le moins du monde à corriger. Aria avait été sa compagne, durant quelques mois, certes, mais elle l’avait été. Et s’il voulait poursuivre son histoire, avec ou sans elle, il aurait besoin de cette réponse. Même s’il devait l’arracher à Cesare de force.


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