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 (emma), lost it all.

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MessageSujet: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeMar 26 Jan 2016 - 0:18


now i'm broken and bleeding stranger in this land
NEVER PUT MY HEART TOGETHER AGAIN.
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i can feel you far away, something has changed. fire will you cover me. will it be too late if we catch the wind? hey you’re not alone, go where you are free. alone i saw, i fall in alone. love where will you lead? when we’re alone. w/emma kayle & dax oswald.
■■■


Y’avait ce truc dans sa main ; la cicatrice encore rosée d’une plaie dont il n’avait aucun souvenir. Souvent, Dax se retrouvait à l’observer, comme happé hors du monde – à croire que c’était la seule chose qui avait de l’importance, parfois, lorsqu’il s’égarait dans ses songes. Pourquoi était-elle encore là ? Ca ne faisait pas si longtemps, qu’il était sorti de l’hôpital, laissant derrière lui sa chambre glacée de blanc mais il avait eu l’illusion qu’au moins, ça changerait quelque chose. Qu’il guérirait, de manière plus significative, ou que la vie poursuivant son cours, l’entrainerait avec elle, et ferait disparaître ce trou béant en lui. Mais elle était toujours là, cette profonde estafilade dans ses chairs ; guère douloureuse, juste un rappel visuel de tout ce qu’il avait traversé. C’n’était rien, franchement rien comparé à la cicatrice dégoûtante qui divisait son torse d’une ligne virtuelle à jamais inscrite à la surface de ses muscles – là, juste sur sa peau. Mais c’était quelque chose pour lui. Ce quelque chose qui lui tapait presque sur les nerfs, l’inquiétait plus que de mesure, le préoccupait et focalisait toute son attention : il en tapotait nerveusement du pied, contre le sol carrelé de la salle de consultation dans laquelle il se trouvait. Seul. Et la solitude avait une façon toute particulière de résonner à ses tympans ; une saveur inhabituelle – non, d’aussi loin qu’il s’en souvienne, le Oswald n’avait pas souvenir d’avoir un jour dû affronter une consultation à l’hôpital en solitaire : il y avait toujours eu une de ses sœurs pour l’accompagner. Ou ses parents. Ou quelqu’un. Et dans un réflexe incontrôlable, ses yeux sombres observèrent à nouveau la ligne rougeâtre dans le creux de sa paume gauche. La coupure, la plaie béante – elle allait bien plus loin que juste dans sa main. Ce n’était que peu à peu, que le transmutant daignait s’en rendre compte – c’n’était pas comme s’il pouvait y faire quelque chose. Comme s’il y avait quoique ce soit à faire. Non, lui, tout ce qu’il faisait, tout ce qu’il avait toujours fait, c’était être spectateur. Spectateur de la prise de pouvoir des hunters dans cette ville. Spectateur de la mort de sa sœur. Spectateur de la lente agonie de sa famille. Autant s’y faire, autant s’y acclimater ; peut-être est-ce cette pensée-là, qui fit glisser son pouce droit sur la surface fragile de son épiderme tout juste reconsolidé. Que pouvait-il faire contre tout ça ? Désespérément, il cherchait des réponses – il creusait, creusait dans ses souvenirs, retournait son esprit dans tous les sens. Et tout ce qui lui revenait, c’était toujours des réminiscences du passé… des bouts de sa vie qui n’auraient plus jamais la même saveur, la même teneur. La même douceur. Y’avait, maintenant, une cicatrice qui traversait son cœur, l’estafilade de sa vie, qui remettait tout en question. Chez lui, chez les autres. Chez ses parents, ses proches, tous ceux qui avaient préféré esquiver cette consultation médicale remplie de trop de douleur. Et pourtant, c’n’était qu’une visite médicale, un contrôle de routine duquel il sortirait d’ici une vingtaine de minutes, tout au plus. Tout juste pour reprendre son boulot, d’ici quelques heures, presque comme si de rien n’était.

Feindre d’ignorer les regards qui s’attardaient sur lui, là-bas, c’était plutôt facile. Tôt un tard, un nouvel événement inattendu sévirait en ville, et Dax retomberait parmi les noms de tous ceux qui avaient perdu quelqu’un dans toute cette histoire. Toute cette histoire – il n’savait pas vraiment quoi, ni quand est-ce qu’elle s’arrêterait. Il soupira, donc, l’impuissance courant dans ses veines sans qu’il ne puisse la contrôler ou la maintenir d’une quelconque manière ; sa vie, elle avait clairement été bien plus simple lorsqu’il n’avait été qu’un simple livreur de pizza. Sans ambition, sans avenir, sans histoire. Heureusement pour lui, pour ses pensées et son faciès qui menaçait d’être submergé par le désarroi, la porte s’ouvrit, plus brusquement qu’il ne s’y était attendu ; il s’en retrouva debout, sur ses jambes, les pieds ancrés dans le sol, tous les signes de sa nervosité affichés à qui pouvait les saisir. Et c’n’était pas… le médecin qu’il avait attendu. Quel avait été son nom ? Impossible de s’en souvenir, au moment de dévisager la jeune femme qui venait de passer la porte de la salle de consultation. « Oh-ehm… ehm. J’croyais que j’étais censé voir… le Docteur- » le Docteur qui ? Il eut une main gênée, qui passa dans sa nuque, alors que sur son visage, s’imprimait déjà une moue contrite. Balbutier, buter sur ses mots, au moins, ça lui donnait assez de temps pour chercher dans sa mémoire. Mais impossible de retrouver quoique ce soit à même de l’aider ; et pourtant, il se souvenait bien de la tête de l’homme qui l’avait suivi tout au long de sa rééducation et de sa guérison, ces dernières semaines. Grand, les cheveux poivre et sel, une attitude un peu distante que tout le monde jugerait professionnelle. Mais Emma… Emma c’était mieux. Oui, mieux… si on pouvait dire les choses comme ça ; la douce jeune femme qui s’était toujours glissée dans le sillage du fameux Docteur Sans-Nom. Plus encore que la paire de mains qui avait recousu ses plaies dans une salle d’opération ; un genre de baume, de paix qui se diffusait déjà dans la pièce, sans qu’ils n’puissent rien y faire, l’un comme l’autre. Et le mutant se retrouvait déjà à lâcher un souffle, histoire de se défendre, empêchant ses mots et ses idées de s’emmêler les uns avec les autres à nouveau. Parler clairement – oui, c’était important. Normal, dans toute conversation entre des personnes civilisées. « Alors… quoi de neuf ? » venait-il vraiment de dire ça ? Un juron manqua de peu de passer la frontière de sa bouche, incontrôlable au beau milieu du miel doucereux, soudainement devenu âcre au creux de sa gorge. Aurait-il pu dire quelque chose de pire ?! Probablement ‘alors pas trop de morts ces derniers temps ?, mais les quelques mots qu’il avait lâchés, participaient définitivement à enterrer son capital sympathie dans les méandres de l’histoire sociale pour les nuls. Les nuls, oui, c’était sa catégorie, ça. « Euh-euh, quoi d’neuf… je me sens, bien. Vraiment bien. J'veux dire, quelques douleurs, comme ça mais sinon... » voilà qu'il faisait les questions/réponses maintenant. Il hocha la tête, dans une vaine tentative de rattrapage : à tâtons, dans son dos, il retrouva le rebord de la table d’auscultation qu’il avait quittée il y a peu, s’y rasseyant comme si on l’avait subitement vidé de toute son énergie. Parler, sympathiser, sembler à l’aise, ça lui demandait des efforts incommensurables que d’autres ne pouvaient pas soupçonner, sans doute. Voilà qu’il se retrouvait désormais avec la langue pâteuse, l’œil fuyant – devait-il dire autre chose ? Histoire de prétendre avoir des choses à dire. Ou cela ne serait-il que signer son arrêt de mort sociale ? Le mutisme s’imposa de lui-même, tandis qu’il se retrouvait à croiser ses deux mains ensemble, le bout de ses doigts se triturant les uns les autres – et cette simple consultation sans intérêt tournait à la comédie pitoyable, comme ça, en une seconde à peine… s’il ne ressortait pas de cette entrevue avec un entretien psychiatrique à la clé, peut-être que ça voudrait dire qu’elle l’aimait bien. Bien, dans une certaine mesure… évidemment.
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeJeu 28 Jan 2016 - 17:38

dax oswald & emma kayle.
I STARED UP JUST TO SEE WITH ALL OF THE FACES, YOU WERE THE ONE NEXT TO ME.
AND IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT’LL BE BY YOUR SIDE.

Je suis arrivée bien tôt ce matin à l'hôpital. Faut croire que le silence oppressant qui se fait roi dans mon petit appartement depuis le départ du fiancé est bien dur à supporter. Surtout depuis qu'il est venu chercher ses affaires dans un silence de mort. Ouais, le silence c'était vraiment tout ce que semblait avoir laissé le vaccin dans ma vie. Et le vide aussi. Je devrais en être heureuse, je devrais me réjouir que je n'ai plus cette souillure dans les veines et que du même coup, je n'ai plus besoin de faire sans cesse attention à mes faits et gestes aux risques de laisser les chocs s'échapper de mon épiderme. Je n'ai plus cet omniprésent besoin de me contrôler, et cette omniprésente sensation de me sentir sale. Souillée. Composer cette abomination dans mes gènes en faisant du reste de ma vie le tableau parfait d'une vie parfaite. Maintenant je suis normale. Maladivement normale parce que j'ai beau dormir des heures, de longues nuits sans rêves ni cauchemars. Un sommeil qui serait censé être réparateur. Pourtant, à chaque fois que je me réveille, comme ce matin, j'ai l'impression de ne pas avoir fermé l'oeil. J'ai l'impression que peu importe le nombre d'heures, le nombre de jours à m'enfouir la tête sur l'oreiller, j'ai un poids toujours plus lourd sur les épaules qui draine toute mon énergie. Je cache les cernes sous des couches de maquillage. L'épuisement par des sourires et je me présente au travail en faisant comme si de rien n'était. Je cache mon mal en soulageant celui des autres. C'est bien la seule chose qui me permet d'avancer.

Y'a une ironie quand même, quand je reçois l'appel de mon tuteur qui m'annonce qu'il est malade. Une vilaine grippe ou bien un truc du genre. Un petit bobo du quotidien qui le cloue au lit. Alors que moi, je dépéris à vue d'oeil... qu'est-ce que je fais ici au juste ? Ne devrais-je pas rentrer aussi à la maison plutôt que traîner les pieds, la tête haute. Plutôt que visiter les toilettes de plus en plus souvent et m'y enfermer un instant au risque de perdre conscience parce que les vertiges se font de plus en plus insistants. Pourtant, je reste, j'endurs et je continue à avancer. Je souris, j'hoche la tête et je salue les patients. J'ai promis au tuteur de prendre en charge ses rendez-vous de la journées. D'abord, y'a Madame Pennington et ses douleurs au dos qui lui ont fait débouler les escaliers quelques semaines plus tôt. Ensuite, j'ouvre le carnet de santé du suivant. Monsieur Campbell et sa douleureuse brûlure dont je soupçonne qui lui vient d'une attaque de mutant. Un mtuant qui se défendait peut-être, c'qui ferait de Monsieur Campbell un hunter. Des soupçons. Rien de plus alors, je me tais. Je fais les tests habituels et je lui dis au revoir avec ce même sourire rassurant que je voudrais apercevoir chez quelqu'un d'autre pour me rassurer un peu. Que tout va bien aller et que je vais survivre. Les symptômes du vaccin qui ravagent mon corps ne dureront pas éternellement. Un sourire pour me rassurer et me dire que j'vais survivre. Que je ne suis pas en train de mourir. En attendant, je ne peux compter que sur moi-même. Infiniment seule, ça, je le suis.

Après un troisème rendez-vous, j'attrape le dossier suivant et mon coeur fait un bond irrégulier dans ma poitrine au moment où je lis le nom du patient. Dax Oswald. Je me rappelle bien de Dax, de ce sang vermeille qui tâchait mes mains alors qu'il s'en vidait sur le pavé. Puis de ce regard reconnaissant toutes les fois où j'ai pu me faufiler jusqu'à ses consultations pour m'assurer qu'il se remettait de cette grave blessure. Il n'est pas le premier à qui je sauve la vie, certainement pas le dernier. Pourtant, il a cette façon de me regarder - remerciement silencieux - que je n'ai jamais apercu chez personne d'autre. J'ai besoin de ce regard-là, même si j'me l'avouerai jamais. À tel point que je suis déjà en route jusqu'à la salle de consultation sans avoir jeté de coup d'oeil au dossier et aux notes du docteur. Chose que je faisais dans tous les autres cas de patients. Peut-être parce que je connaissais trop bien ce dossier, ou peut-être par empressement, je l'ignore. Y a-t-il une bonne réponse dans tout cela ? Probablement pas. Sans raison, je m'arrête devant la porte de la salle, je replace ma tenue un peu frippée dans l'but  d'avoir l'air un peu plus présentable... alors qu'il y a pas grand chose de plus présentable qu'un professionnel de la santé vêtu de son sarreau blanc comme celui que je porte. J'entre alors en tentant d'avoir l'air la plus naturelle possible alors qu'un sourire doux plane déjà sur mes lèvres sans vraiment que je m'en rende compte. Aussitôt, le jeune homme saute en bas de la planche d'examens pour rencontrer le sol de ses deux pieds et semble légèrement décontenancé de trouver une jeune stagiaire sans son vétéran. Ou de la trouver simplement elle, la sauveuse. Oh-ehm… ehm. J’croyais que j’étais censé voir… le Docteur-  Je peux pas lui en vouloir d'être incapable d'ajouter quoi que ce soit, moi-même, je peine à prononcer le nom de mon propre tuteur. Un patronyme bien trop compliqué et qui témoigne de ses origines lointaines. C'était à se demander ce que l'homme faisait à Radcliff en réalité.

En réalité, je voudrais ajouter quelque chose, n'importe quoi mais j'me contente d'ouvrir la bouche sans aucun son pour s'en échapper. Alors, je fais aussitôt mine d'étudier son dossier, une excuse pour cacher le sourire qui étire un peu plus mes lèvres. Je ne reporte mon regard clair sur lui que lorsqu'il  ajoute... Alors… quoi de neuf ? Euh-euh, quoi d’neuf… je me sens, bien. Vraiment bien. J'veux dire, quelques douleurs, comme ça mais sinon... Je n'ai même pas eu le temps de répondre qu'il s'empêtre dans ses mots de nouveau. En réalité, je sais pas trop ce que j'aurais pu dire. Quoi de neuf... Quoi de neuf... Qu'est-ce que je peux dire à part que j'suis bien heureuse de ne pas avoir encore craché de sang aujourd'hui. Une première depuis des semaines. Pour une fois, j'ai pris mon déjeuner sans cet arrière-goût métallique sur les lèvres. Mais bon, c'est lui le patient. Pas moi. Au moment de répondre, je me rends compte que je me suis figée et que je le dévisage un peu nerveusement. Parce que je n'ai pas pris le temps de lire son dossier, je sais pas par où commencer. Alors je replonge les yeux une millième fois sur le papier que je tiens encore dans les mains. Des mains qui tremblent un peu. Par nervosité, à cause d'un effet du vaccin ? Va savoir. J'essaie de me reprendre aussitôt, reprenant un air calme. Avoir l'air professionnelle. Douce et rassurante comme je l'ai toujours été. Intègre. Être moi-même, en réalité, parce que je n'ai jamais eu à jouer un rôle, sauf pour cacher aujourd'hui le mal qui me ronge depuis ce fatidique vaccin. Il retrouve alors sa place sur la table d'examen et je m'approche comme je le ferais avec n'importe quel autre patient. Sauf que c'est pas n'importe quel autre patient...

- Oh ça va, ça va. Je m'interromps, ne sachant pas trop quoi ajouter parce que j'ai pas trop envie de m'attarder sur cette question " quoi de neuf " qui ne fait que me rappeler qu'en réalité - non, ça va pas. Désolée, Le Docteur est malade, va falloir se contenter d'moi aujourd'hui.

Je m'efforce de lui sourire doucement alors que cette tentative d'humour maladroite me donne surtout envie de me frapper le front violemment. Je dépose le dossier sur la petite table d'outils médicaux qui trône à nos côtés parce que je réalise alors que le papier gigotait beaucoup trop au rythme de mes propres tremblements.

- Si tu as encore quelques douleurs, c'est peut-être un problème avec le processus de cicatrisation. Je vais devoir y jeter un coup d'oeil.

Je m'étire pour attraper les fameux gants bleus dont on abuse à la tonne dans cet hôpital qui ne dort jamais avant d'ajouter d'un ton détaché, bien que ce n'était pas du tout le cas.

- Tu peux retirer ton chandail, s'il te plait.

Ni une demande, ni un ordre. Seulement un fait. Parce que bon, ça serait difficile d'examiner la plaie avec ce bout de tissu dans le chemin. Puis, bon... ce n'est pas la première fois que je le vois ainsi. Pourtant, je n'ai pas l'impression de m'y habituer. Pas avec lui... je comprends pas trop pourquoi et ça me rend folle. Je déteste perdre le contrôle. Ce qui semble être le cas avec toute ma vie en ce moment faut le dire, pas seulement ici, dans cette salle d'examen...


Dernière édition par Emma Kayle le Lun 18 Avr 2016 - 3:14, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeLun 1 Fév 2016 - 12:38


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Emma, Emma, Emma. Sa voix, son sourire, ses mains, sa présence étaient associés à trop de souvenirs à l’esprit du transmutant. Pas comme un parasite qu’il n’aurait pas voulu connaître – plus comme un toucher doucereux sur son âme : presque, malgré les apparences, quelque chose de bien qui pouvait ressortir de tout ça. Toute cette histoire lugubre qui le menait là, plus brisé qu’il n’y laissait paraître, à devoir affronter le quotidien avec encore plus de retenue qu’auparavant. Combien de temps, avant que l’homme qui leur avait tiré dessus, à sa sœur et lui, au beau milieu de cette rue, n’revienne pour finir le boulot ? Combien de temps avant que ce soit un autre qui se charge de tout ça ? Lui, et tous les autres membres de sa famille, décimés pour une raison ou une autre – derrière la maladresse, la candeur qu’il portait encore à bout de bras dans la vie de tous les jours, il y avait les cauchemars, les ténébreux abysses dans lesquels il sombrait une fois la nuit tombée. L’existence de survivant, c’était quelque chose de bien compliqué et solitaire… Et sans la voix de la jeune médecin pour le ramener à la surface, les mots qu’elle avait pu dire dans cette rue pour le faire s’accrocher à la conscience, où est-c’qu’il en serait ? Inlassablement, il l’entendait dans ses cauchemars, le raccorder avec c’qu’y pouvait encore en valoir la peine – inspirer, expirer afin de ne pas s’étouffer dans son sommeil à force de faire de l’apnée. Quel est votre nom ? Si vous m’entendez, serrez ma main. Avait-il répondu ? Avait-il seulement serré sa main dans un ultime effort qui aurait signifié qu’il n’baissait pas les bras ? Au fond, combien d’temps était-il resté dans cette ruelle-là, à mourir à petit feu juste à côté du corps de sa sœur, déjà partie loin ? Y’avait tant de choses, tant de choses désormais qui étaient confuses pour lui, un brouillard avait fini par encercler tous les souvenirs de cette nuit-là – la plupart d’entre eux, du moins. Et Dax se plaisait à s’dire que c’était quelque chose comme de l’instinct de survie, un besoin d’avancer, une quelconque conscience qu’un jour, un jour il ne serait pas plus que ça. Plus que le type qui avait survécu à l’agression qui avait coûté la vie de sa sœur, celle-là même qui s’était faite attaquer alors qu’il rampait au sol – bien loin de l’image des transmutants qui choisissaient de se défendre avec toute leur énergie et leurs convictions. Mais il allait bien. C’était du moins c’qu’il avait pris l’habitude de dire ; il ressemblait à un disque rayé, ou à un abruti au cerveau retourné par une litanie qui avait tourné en boucle dans sa tête. Occulter, c’était bien son truc ça. Et dernièrement, heureusement pour lui, c’était presque devenu plus facile – Isolde plaçait bien trop de confiance en lui, sous prétexte qu’il était le frère cadet de Daria, le petit imbécile qui avait fait son chemin jusqu’aux abords du groupe rebelle qu’elle dirigeait, sous prétexte de… Sous prétexte de rien du tout. Il n’pourrait jamais comprendre, n’pourrait jamais partager cette façon de concevoir le monde : d’enchainer, enchainer le cercle vicieux de la hargne et de la violence. Qu’avaient-ils faits, tous les gens qui avaient été blessés par les bombes que la Saddler avait posées ? Combien de frères, combien de sœurs avaient manqué de peu de perdre leur moitié ? Et il savait, au fond, c’que ça faisait… et il savait, qu’s’il devait vivre vingt-quatre ans à peine sur cette planète, ce n’serait pas pour infliger de telles peines à qui que ce soit.

Mais la conviction de la mutante était galvanisante, et le Oswald n’avait qu’à peine vu le cercle vicieux se refermer derrière lui : et maintenant quoi ? Il se posait cette question bien souvent, ravalant ses protestations lorsque la blonde lui apposait de nouvelles responsabilités, ou lui posait des questions qui étaient à des années-lumière de ses préoccupations habituelles. Insurgency… ouais, il avait vu des dossiers de sa sœur, des familles entières de transmutants qui avaient besoin d’aide pour échapper aux chasseurs – il avait vu le réseau, s’mettre en place dans l’ombre, pour venir en secours aux transmutants. Les transmutants, ouais. Et les autres, peu importait. Peut-être qu’c’était ça le cœur du problème pour lui ; sa mère était une transmutante, ouais – mais pas son père, et y avait-il une quelconque distinction à faire à partir de là ? Il n’savait pas, n’savait plus… et au final, à chaque fois qu’il s’penchait sur ses pensées par rapport au groupe rebelles qu’il avait plus ou moins rejoint, Dax n’savait plus où il en était. Si sa sœur en avait fait partie, c’était bien pour une raison – et il n’pouvait imaginer, il n’pouvait pas envisager Daria comme étant d’ces personnes qui ne se préoccupaient pas du nombre de cadavres, de blessés qui s’feraient tôt ou tard. Parce que c’était nécessaire ; combien d’fois déjà avait-il entendu cette phrase ? Et n’était-ce peut-être pas c’que c’était dit le hunter qui lui avait tiré dessus, à quelques centimètres à peine du cœur ? Alors ouais, avec toutes ces histoires, une énième visite chez le médecin, coutumière et faite des mêmes gestes et des mêmes mots, n’avait rien de bien inquiétant. Même s’il y était seul, même si ça ne faisait que matérialiser aux yeux de tous, combien sa famille se déchirait lentement et insidieusement : au premier rendez-vous, y’avait eu une de ses sœurs, et sa mère. Leur père était même venu les récupérer à la sortie de la consultation, et ils étaient tous allés dans un petit restaurant du coin, probablement avec l’effort de recommencer. S’reconstruire après tout ça. S’il avait été fait différemment, sûrement que Dax aurait pu dévisager tous les membres de sa famille, et haïr profondément l’homme sans visage, l’ombre qu’il n’avait qu’à peine eu le temps de voir, et qui avait tant brisé leur vie. Il aurait crié à la vengeance, se serait lancé à corps perdu dans des projets de revanche arrachée à la destinée, ou des mains du meurtrier de sa sœur. Mais… mais fallait croire qu’il était un trouillard, ou quelque chose dans c’genre-là. On en revenait toujours au même point : Dax, en plein rendez-vous chez le médecin, avec la croyance que tôt ou tard, son esprit et son cœur cicatriseraient de la même manière que le faisait, lentement mais sûrement son corps. Il les avait vues, les larges entailles de son opération ne devenir que des traces rosées et boursouflées, peu à peu – c’n’était pas fini, toute cette histoire. On lui avait annoncé qu’il en garderait des séquelles pour toute sa vie sûrement, rien que par les traces qui continueraient de marquer son épiderme, ou les dommages internes qu’ils avaient tant bien que mal contrôlé. « Désolée, Le Docteur est malade, va falloir se contenter d'moi aujourd'hui. » et comme un abruti, il ne put retenir un vague ricanement à cette phrase – surtout parce qu’il était plutôt évident que la jeune femme avait bel et bien compris, que malgré les semaines, et même si Le Docteur avait participé à sauver sa vie, Dax était de ces patients ingrats qui n’se donnaient même pas la peine de retenir le nom de leur sauveur. Quoique. « C’est pas grave... » se contenta-t-il de marmonner : il aurait espéré pouvoir dire ça avec un certain professionnalisme, plutôt que de crache ces mots avec maladresse et un rictus au coin des lèvres. Et il était si occupé à regarder ailleurs, à n’surtout pas aggraver son cas de misérable crétin posé au beau milieu d’une pièce où toutes ses tares et tous ses défauts d’imbécile ne pouvaient que sauter aux yeux, qu’il ne remarquait même pas la nervosité de la jeune femme.

« Si tu as encore quelques douleurs, c'est peut-être un problème avec le processus de cicatrisation. Je vais devoir y jeter un coup d'œil. (…) Tu peux retirer ton chandail, s'il te plait. » et au moins, cette phrase, eut pour effet de le ramener brusquement à la réalité. La dévisageant, le jeune homme sentit son cœur tambouriner contre son poitrail, en un coup sec, comme si ses nerfs fondaient juste au creux de son ventre, pour au moins lui prouver qu’il était encore vivant. « Wow, sérieusement ? » c’n’était pas vraiment c’qu’il aurait pu prévoir ou espérer, des problèmes dans le processus de cicatrisation – et s’il n’avait pas bougé jusqu’alors, analysant le visage de sa vis-à-vis avec l’espoir d’y lire quelque chose de rassurant, Dax se leva enfin, pour enlever le tee-shirt qu’il avait eu sous sa veste. « J’veux dire… quoi, ça peut être grave, ou quelque chose dans c’genre ? » jour après jour, à chaque fois qu’il se déshabillait, se douchait, subsistait avec ces stigmates des épreuves qu’il avait eues à traverser, Dax s’était arrangé pour ne pas avoir à trop les observer, fuyant son reflet dans le miroir à chaque fois qu’il en avait eu l’occasion. Peut-être que c’était ça son truc, il était juste un lâche, qui détournait bien plus facilement le regard qu’autre chose – ça lui avait déjà coûté pas mal, mais les habitudes avaient la vie dure. Et combien d’gens allait-on lui prendre, la prochaine fois ? Mâchoires crispées, il serrait sans doute les lèvres afin de ne pas lâcher ces paroles pleines de vérité, qui tournaient si souvent aux frontières de son esprit. Les mettre en mots, comme ça, fermes et définitifs, ça rendrait le tout encore plus palpable qu’il ne l’était déjà. Inspirer. Expirer. « Désolé. Ehm. » il s’excusait beaucoup ces temps-ci, m’enfin. « J’crois que… que j’suis pas vraiment prêt à m’adapter à tout le jargon médical. » ouais, il comprenait cicatrisation, c’était déjà ça. Mais l’empressement, l’inquiétude, il n’savait que trop bien que ça pouvait faire des ravages. Et si ç’avait été Le Docteur – pourquoi pas, parce qu’au fond, il n’se donnait même pas la peine de retenir son nom, malgré tous les blablas scientifiques qu’il lui avait envoyé en pleine tronche. Mais Emma… Emma, il avait retenu son nom à elle, même si ça n’pouvait pas signifier grand-chose, au premier regard, comme ça.
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeVen 5 Fév 2016 - 2:53

dax oswald & emma kayle.
I STARED UP JUST TO SEE WITH ALL OF THE FACES, YOU WERE THE ONE NEXT TO ME.
AND IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT’LL BE BY YOUR SIDE.

Je ne sais pas trop ce qui m'arrive mais dès que je suis entrée dans la petite pièce si hermétique à toute impression chaleureuse, j'ai l'impression d'être encore cette étudiante qui rencontre un patient pour la première fois. Je suis bien loin d'être une médecin à proprement parlé mais je me débrouillais bien selon mes différents collègues et responsables de pavillon. Mieux que la plupart des autres élèves en fait. Il faut dire qu'étant très studieuse, voir même coincée aux yeux de certains, j'ai beaucoup de temps pour retenir toutes ses procédures que mes amis abandonnent pour aller faire la fête. Amis... Je ne sais pas si j'en ai vraiment pour être honnête. Je n'ai jamais été des plus extravertie même si j'adore m'entourer, aider les gens. Alors, ouais, j'suis censée être plus à l'aise que je ne le suis en ce moment et je retombe à ses premières heures, aux premiers faux pas d'une débutante. Parce que je ne voulais pas l'inquiéter le jeune homme qui paraît tout de suite inquiet dès que je termine ma phrase. Wow, sérieusement ? Je suis un peu surprise et je dresse les sourcils. J'ai laissé tomber les mots sans réaliser que ça pouvait paraître inquiétant. Bien sûr, parler de problèmes et de cicatrisation dans la même phrase ça n'augure rien de bon et je réalise que j'ai été complètement empotée de dire une chose pareille. N'aurais-je pas pu trouver une meilleure formulation. Être plus professionnelle et ne pas induire à la crainte d'une quelconque complication d'son état de santé. Je me mords la lèvre devant ma maladresse alors qu'il se redresse pour retirer son t-shirt comme je lui ai demandé. J’veux dire… quoi, ça peut être grave, ou quelque chose dans c’genre ? Bien sûr que non ! Il ne faut pas s'inquiéter, c'est pas c'que je voulais dire. Je ne ne sais pas trop comment réparer ce que j'viens de dire, terminant de mettre les petits gants de plastique. Désolé. Ehm. J’crois que… que j’suis pas vraiment prêt à m’adapter à tout le jargon médical. En fait, c'est à moi de m'excuser... de l'avoir alarmé pour rien. Peut-être qu'il est préférable de lui trouver un autre médecin. D'envoyer quelqu'un d'autre à ma place puisque je semble avoir tout oublié de ces derniers mois de stage. Si je veux pas finir par lui trancher les veines sans l'avoir fait exprès après un mouvement maladroit d'ma part. Cependant, je reste là, j'essaie de remettre de l'ordre dans mes pensées et de trouver les mots pour le rassurer.

- Non, non. Rien de grave. Je me suis mal exprimée. Le pire qui peut arriver c'est que la cicatrice reste apparente alors qu'en général, elles finissent toujours par pratiquement disparaître.

Je réalise que c'que je viens de dire peut être accablant. Avoir une cicatrice qui déforme sa peau ainsi pour toujours rappeler l'horreur de cette nuit où j'ai réussi à le sauver des bras de la Mort alors qu'il était déjà trop tard pour la jeune femme à ses côtés. Sa soeur, de ce que j'ai pu comprendre. Je m'empresse donc d'ajouter.

- Mais hé, moi je trouve que ça te donne un petit look dangereux. Suivit d'un petit rire nerveux.

Je l'observe doucement, alors que sur mes lèvres flotte un sourire rassurant puis, je détourne aussitôt les yeux pour me pencher sur la blessure, trop embarrassée pour supporter son regard plus longtemps. M'occuper de cette cicatrice plutôt que de continuer à dire des bêtises aussi ridicules. Me taire, oui. C'est mieux. Me replonger dans le jargon médical pour éviter l'embarras et retrouver mes sens. Mon regard glisse sur la blessure en processus de guérison pour y déceler quoique ce soit hors de l'ordinaire mais comme je m'y attendais, tout semble cicatriser pour le mieux. L'esprit d'altruiste stagiaire reprend un instant le dessus car je ne voudrais pour rien au monde rater quelque chose qui pourrait lui causer un inconfort. Je passe doucement la main, méticuleusement à la surface de sa peau et appuie légèrement pour m'assurer que la plaie est bien refermée. Encore une fois, tout semble aller pour le mieux. Le silence s'installe mais cette fois, ça ne me gêne pas, au contraire, je suis concentrée, dédiée entièrement à examiner le jeune homme.

- Voilà, fausse alerte. Tout semble dans l'ordre. Je vais juste te prescrire une crème si jamais les douleurs persistent, tu n'as qu'à l'appliquer à toutes les 24 heures.

Je me redresse enfin pour croiser son regard et lui sourire. J'espère de tout coeur avoir apaisé l'angoisse que j'ai pu lui causer en balbutiant plus tôt parce que je déteste voir la détresse dans le regard des gens. Dans son regard à lui. Le souvenir du jeune homme sanglant dans la ruelle me revient et je ne peux que frissonner. J'ai eu la chance de croiser sur ma route un chasseur qui a préféré me vacciner - pour tout l'bien que ça peut me faire maintenant - plutôt que ceux qui préfère le doux son d'une arme à feu. Dax n'a pas eu cette même chance. Ou même que ce n'était pas une histoire de chasseur et de mutants mais simplement un crime ayant mal tourné. Qui suis-je pour sauter aussitôt aux conclusions... Je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de savoir ce qui s'était vraiment passé cette nuit où je l'ai trouvé agonisant et je sais que parfois, parler de ses choses-là c'est le premier pas vers la guérison. Je ne suis peut-être pas psychiatre, mais je finis par ajouter en me débarrassant de mes gants.

- Je... Excuse-moi si je parais déplacée, et ne te gêne pas à me remballer, mais... Que s'est-il passé le soir où je t'ai trouvé dans la ruelle ? Est-ce qu'ils ont trouvé celui qui t'as fait ça ?

Je me détourne vers la table de travail et attrape un carnet puis un crayon pour écrire la fameuse prescription. Mon regard finit glisser de nouveau vers lui, m'attardant un instant sur son poitrail, jusqu'à finir par retrouver son visage. J'suis peut-être un peu trop curieuse. Peut-être que j'essaie d'avoir l'air professionnelle mais en réalité, je m'inquiète réellement pour lui. Plus que je ne le devrais pour n'importe lequel patient. Et je ne comprends pas exactement pourquoi... Mais s'il décide de se taire, je ne lui en voudrais pas, après tout, ce n'est pas de mes affaires.


Dernière édition par Emma Kayle le Lun 18 Avr 2016 - 3:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeMar 9 Fév 2016 - 1:17


now i'm broken and bleeding stranger in this land
NEVER PUT MY HEART TOGETHER AGAIN.
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i can feel you far away, something has changed. fire will you cover me. will it be too late if we catch the wind? hey you’re not alone, go where you are free. alone i saw, i fall in alone. love where will you lead? when we’re alone. w/emma kayle & dax oswald.
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Les histoires des autres, les malheurs des autres – curieusement, Dax s’y intéressait toujours bien plus aisément que des siens. Pour certains, c’n’était rien de plus compliqué que de l’altruisme pur et dur, la capacité d’observer l’attitude et le faciès des autres pour y lire les failles que d’autres s’escrimaient à éviter. Au fond, se concentrer sur les soucis des autres, réussir à les résoudre, ça l’occupait au moins – l’occupait, et l’éloignait lui-même des démons pernicieux qui s’étaient faits un chemin jusqu’à son âme. Le doute, les questionnements, la culpabilité : combien allait-il en devoir porter, comme ça, sur ses épaules déjà voutées par le simple devoir de survivre ? Survivre à sa sœur, survivre alors que Radcliff perdait peu à peu de ses couleurs doucereuses d’autrefois. Continuer au quotidien, il n’pouvait que témoigner d’à quel point ça pouvait être compliqué – surtout ces derniers temps ; était-ce alors la simple présence d’un visage familier, rassurant, mais totalement déconnecté de toute cette histoire, qui le rassura ? Ou était-ce Emma, juste Emma, son allure, son regard généreux – les sourires, qu’il réussit à réveiller bien assez tôt pour éclairer le visage de la jeune femme ? Il n’aurait aucun mal, de toute manière, de la considérer comme un ange, ou un cadeau précieux envoyé par le Destin sur son chemin à lui – Dax n’avait jamais été croyant, d’ces pieuses personnes qui croyaient que la Terre et l’humanité avaient été créées en sept jours par un pauvre barbu qui n’avait rien de mieux à faire. Mais l’arrivée impromptue de la jeune médecin dans sa vie – la façon dont les secondes respectives de leurs vies s’étaient égrenées pour qu’ils se rencontrent pile au moment où sa vie avait été suspendue à un fil ? C’avait presque de quoi faire de lui un convaincu absolu. Emma… était-elle encore ce baume à son cœur, qui venait de passer le pas de la porte pour chasser les traitres ressentiments qui avaient fait fléchir son palpitant et chacune de ses convictions ? Le sourire niais accroché à ses lèvres, l’aisance avec laquelle le réel lui échappait – elle avait tout un d’un médicament, un baume pour soigner ces plaies invisibles que tout l’monde voyait, pourtant. Ces gens qui avaient connu Dax avant, en tout cas ; certes, aujourd’hui encore, il faisait tous les efforts du monde pour maintenir les apparences, ne pas laisser l’empreinte du deuil déborder sur chacun des traits de son visage. Ca ne voulait pas dire qu’il n’avait pas changé – d’une manière presque perverse, discrète et distraite – un toucher glacé sur celui qu’il avait été, vers celui qu’il était, maintenant. Il suffisait sûrement de juste le regarder assez longtemps, de plonger dans les abysses noirs de ses prunelles pour se rendre compte, qu’au fond de celles-ci, tout au fond, quelque chose s’était brisé. Emma était étrangère à tout ça – et pourtant, Emma semblait porteuse de cette aura, infiniment ancrée dans l’histoire du jeune Oswald. Répondait-elle, répondait-elle à un appel silencieux qu’il avait lancé, sans s’en rendre compte ? Désespéré, seul ici pour se confronter aux cicatrices encore fraiches de son attaque ; et une fois qu’il passerait chez ses parents pour leur annoncer les conclusions des médecins, sa mère lui dirait sûrement que son père n’était pas là, mais au cimetière. Toujours le cimetière, la Mort, et le baiser, l’immuable baiser qu’elle avait déposé sur toute leur vie. Ca n’avait pas été faute, pourtant, d’vouloir faire les choses bien, d’vouloir vivre en restant optimistes malgré Radcliff qui s’effondrait sous leurs pieds : au fond, c’était injuste, tout c’que les Oswald avait récolté pour juste détourner le regard.

On disait bien que c’était ça, qui faisait le pire dans les guerres – ceux qui demeuraient inactifs, et n’faisaient qu’observer ailleurs en attendant que l’orage passe. Partout, partout y’avait toujours eu ces citations, ces morales à deux balles sur comment les gens pouvaient choisir leur propre destinée, et au combien ceux qui n’avaient rien fait pendant les faits historiques les plus lugubres de l’histoire de l’humanité, étaient tout aussi coupables que les coupables eux-mêmes. Alors ouais, peut-être bien qu’une balle à quelques centimètres du cœur, et la mort et ses conséquences en punition, c’était c’qu’ils méritaient tous. Ils se laissaient si facilement faire, par celle-ci, par les hunters, par les circonstances : ugh, c’était à croire que les bons prétextes d’Insurgency commençaient à faire un chemin tout logique à travers les tripes du jeune homme, quitte à balayer toute sa raison, et chacun des traits de caractère qui le constituaient. A Insurgency, ils se réclamaient meilleurs que les hunters, alors même qu’aucun d’eux n’semblait être dérangé par l’idée de foutre une balle dans la tête d’un chasseur pour faire passer un message. Est-ce que Daria avait tué des gens ? Est-ce qu’Isolde l’avait fait ? A chaque fois qu’il dévisageait l’amie de sa sœur, Dax se posait la question, sans jamais qu’elle ne passe la frontière de ses lèvres en des mots fermes et définitifs. Il n’voulait pas savoir, voilà où était la vérité – il fuyait, fuyait tout ce qui avait trait à une responsabilité quelconque ; peut-être était-ce lâche. Juste lâche bien plus que diplomate ou altruiste. Il portant pourtant les stigmates de la guerre, comme en témoigna son reflet dans le miroir qu’il tenta d’ignorer – et plus il se projetait dans l’avenir, quelques jours, quelques mois, quelques années vers le futur, moins il parvenait à envisager vivre comme ça, avec ces marques indélébiles à jamais inscrites sur sa peau. Radcliff, et tous les souvenirs qui siégeaient ici, pervertis à jamais – une blanche cicatrice traversant le sommet de son torse pour matérialiser le tout. « Non, non. Rien de grave. Je me suis mal exprimée. Le pire qui peut arriver c'est que la cicatrice reste apparente alors qu'en général, elles finissent toujours par pratiquement disparaître. » que la cicatrice reste apparente, y eut-il le passage d’une ombre, d’un doute sur son visage ? Car très vite, elle s’empressa d’ajouter, un fin sourire allongeant ses lèvres graciles : « Mais hé, moi je trouve que ça te donne un petit look dangereux. » et les sourcils du transmutant se haussèrent dans l’expression on ne peut plus spontanée d’une surprise qu’il aurait été incapable de contenir quoiqu’il en soit. « Oh-oh okay- » et s’il n’avait pas eu le teint mat, sûrement que ç’aurait été encore plus évident que quelques rougeurs gênées venaient d’illuminer ses pommettes tandis que, ses jambes comme du coton, il dût se rasseoir sur la table d’auscultation qu’il avait quittée il y a peu. Un air dangereux – avec la voix de la Kayle, ça semblait flatteur, c’était flatteur, de quoi faire germer à la commissure de ses lèvres un rictus qui aurait pu être moqueur, mais était surtout l’expression d’une flatterie incontrôlée. Et pourtant, en revenant là-dessus d’ici quelques heures, Dax serait malgré tout capable d’y voir un mauvais côté : il n’avait jamais voulu, avoir cette vie-là, ou l’empreinte permanente de ses erreurs inscrite sur sa peau. Heureusement pour l’heure, il y avait ce petit cocktail doucement explosif au creux de son ventre, qui ramenait inlassablement ses yeux sur le visage de la jeune médecin qui s’escrimait à être la plus professionnelle possible. Et rien qu’à la regarder, à l’observer faire si concentrée, il en oubliait bêtement tout le reste : enfin, elle avait affaire à un patient calme et exemplaire, qui attendait nerveusement – malgré tout – le verdict.

« Voilà, fausse alerte. Tout semble dans l'ordre. Je vais juste te prescrire une crème si jamais les douleurs persistent, tu n'as qu'à l'appliquer à toutes les 24 heures. » comme l’élève discipliné qu’il n’avait jamais été, il hocha la tête – hésitant, n’osant pas bouger pour quelques instants avant d’enfin attraper le tee-shirt qu’il avait enlevé un peu plus tôt. Le temps de l’enfiler, dans ce silence tendu qui avait tout pour être professionnel au premier abord, Dax entendit Emma rouvrir la bouche - « Je... Excuse-moi si je parais déplacée, et ne te gêne pas à me remballer, mais... Que s'est-il passé le soir où je t'ai trouvé dans la ruelle ? Est-ce qu'ils ont trouvé celui qui t'as fait ça ? » parler de tout ça… imperceptiblement, ses doigts s’étaient resserrés sur le pan du tee-shirt qu’il venait tout juste de remettre, ses mâchoires s’enserrant jusqu’à en faire grincer ses doigts. Si ç’avait été un de ses collègues, son patron, ou même un de ses nouveaux camarades d’Insurgency, il aurait remballé la personne, avec un petit éclair de politesse afin de ne pas froisser la personne. Mais là, il resta plutôt silencieux, ses deux pieds bien ancrés dans le sol – et la réalité, qui était bien celle-ci, son cœur meurtris s’emportant contre sa cage thoracique. Le besoin d’en parler, la crainte d’en parler : tout à la fois qui bourdonnait au rythme de son sang à travers tout son corps. « C’est… c’est pas grave. » qu’il marmonna, la voix pourtant empreinte d’une retenue, d’un sentimentalisme froid qu’elle ne lui avait sûrement encore jamais entendu. Dax, ç’avait été celui qui avait bien souvent encaissé ; les conséquences de ses actes, le fait que ses parents sans le dire, le blâmaient d’être vivant alors même que sa sœur était morte, à quelques centimètres à peine de lui. Le fait que pour une raison ou une autre, ils se soient retrouvés dans cette rue-là, trop imprudents. Le fait que… plein de faits, qui lui pesaient plus qu’il n’voulait l’imaginer. Les médecins, ils lui avaient prescris des antidépresseurs pour gérer la chose ainsi que quelques consultations chez un psychiatre histoire de… Mais le Oswald avait esquivé l’un comme l’autre tout autant : que dire ? Que sa sœur et lui avaient été attaqués parce qu’ils avaient été mutants ? Au fond, c’était impossible de dire ça à qui que ce soit dans cette ville désormais : qui était hunter, qui n’l’était pas ? Les autres, leur visage, leur allure, Dax était incapable de les sonder et d’s’y fier à cent pour cent. C’était triste, venant de quelqu’un qui avait été si ouvert, si prompt à rencontrer les autres. Avant. Fallait croire que c’était une des choses qui avaient changé chez lui sans qu’il n’s’en rende compte. Mais Emma… comment pourrait-il imaginer la jeune femme à quelques pas de lui faire partie de ces tueurs qu’étaient les hunters ? Elle sauvait des vies, elle – elle lui avait sauvé la vie. Et il lui avait dit que c’n’était pas grave – alors pourquoi est-c’que depuis cette simple phrase, il n’avait pas laissé le moindre son passer la barrière de ses lèvres ? « Ehm… » une main massant l’arrière de sa nuque, il s’éclaircit la gorge, avant de hausser les épaules, contrit. « Je-je… j’crois pas qu’ils l’arrêteront, la personne qui a fait ça… J’me… j’me souviens pas de grand-chose, au sujet de l’attaque. » et c’était aussi une chose qu’il se reprochait, qu’on lui reprochait. Si seulement il pouvait se souvenir du visage de l’agresseur, de quelque chose, un signe particulier. Mais d’toute manière, à Radcliff, il n’y avait plus de justice – pour personne, mais encore moins pour les gens comme lui, ou Daria. « J’étais avec ma sœur. Elle- elle avait dit qu’elle voulait me parler d’un truc… » un truc et ç’avait sûrement été Insurgency d’ailleurs – les mots n’avaient pu être prononcés, et toute cette histoire se serait terminée en dispute. « On devait aller boire un verre… pour, pour fêter quelque chose, par rapport à son travail. Et- » la dernière fois qu’il avait raconté cette histoire, ç’avait sûrement été à ses parents. Nerveux tic, il haussa à nouveau les épaules, l’œil dans le vide. « Y’a-y’a cette… personne, j’me souviens même plus si c’est une femme, ou un homme – mais bref, j’me souviens, des coups de feu et-et… et l’ambulance. » et son réveil à l’hôpital. Et la voix d’Emma, quelque part dans ses songes, comme une rêverie qui l’avait accompagné, une caresse entre conscience et inconscience ; presque un chant, une curiosité égrenée en lui pour le maintenir à la vie. Pouvait-il seulement le lui dire ? Il n’avait pas osé, jusque-là : aussi, il la sonda, de la tête aux pieds, guère critique ou rancunier vis-à-vis de toutes les confessions qu’elle venait de si facilement lui arracher, comme ça, sans méfiance aucune. Plutôt par curiosité, parce qu’il n’voulait pas la blesser. La faire fuir. Ou même dire des mots maladroits qui traduiraient ses délires de pauvre garçon entre la vie et la mort. « Je-je… j’sais pas si j’me souviens bien… » si, il s’en souvenait bien, étonnamment bien. « T’étais là, non ? » l’interrogation, comme un velours hésitant, le voile qui tombait sans crier gare – et pourtant tout doucement, sur une vérité qui s’avérait, pour une fois, plus rassurante que blessante. Plus encourageante que désolante.
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeDim 14 Fév 2016 - 3:42

dax oswald & emma kayle.
I STARED UP JUST TO SEE WITH ALL OF THE FACES, YOU WERE THE ONE NEXT TO ME.
AND IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT’LL BE BY YOUR SIDE.

Je ne sais pas pourquoi je lui pose cette douloureuse question. C'est comme si on me demandait de replonger dans le souvenir de ma rupture, le jour de ma vaccination par ce grand géant blond qui m'avait terrorisé à mort. Ou bien toutes les fois où mon père me répétait quand il me surprenait avec la petite soeur à user de mon pouvoir. Plus que des souvenirs et pourtant, ils continuent à me faire souffrir. Pendant quelques secondes, je regrette déjà d'avoir été si curieuse. Si inconsidérée. C'est juste que Dax, il me fait perdre mes moyens. Je regrette aussitôt que je vois son air tendu même s'il essaie de m'assurer que ce n'est pas grave. Son chandail remplacé sur ses épaules et je ne cesse de l'observer. Je me secoue alors un peu car j'ai encore quelques tests à faire. Je me redresse pour aller prendre mes outils médicaux quand j'entend finalement sa voix s'élever. Je ne peux m'empêcher d'afficher une moue déçu quand il avoue qu'il est peu probable qu'ils attrapent le responsable puisqu'il ne se rappelait pas de grand chose. Il me raconte ce qu'il s'était passé du mieux qu'il le pouvait, je vois bien qu'il peine à trouver de l'ordre dans ses pensées mais je ne le presse pas. Je ne manque aucune de ses paroles, attentionnée jusqu'au bout. Tout ce que j'ai vu de cette nuit-là, est les deux corps blessés dans la ruelle. Les respirations obstruées qui remplissaient le silence lugubre. Le sang sur mes mains et l'odeur du fer dans l'air. La vie qui fuyait Dax alors un simple inconnu et l'urgence de la situation qui a avait emballé mon coeur. Pourtant, j'avais été en contrôle, j'avais réussi à le stabiliser assez avant que l'ambulance n'arrive. Restez avec moi. Ouvres les yeux. Vous ne devez pas dormir. Je suis là. Toutes des paroles que j'ignore si elles ont uniquement été perçues. T’étais là, non ? Se souvient-il de moi ? C'est presque irréel. Je n'aurais pas cru qu'il avait été conscient. J'avais laissé tomber les mots par habitude. Presque que pour me rassurer moi-même et combler le silence oppressant de la mort qui avait envahi la ruelle. Parce qu'elle avait aperçu la jeune femme à ses côtés. Il ne lui avait fallu qu'un coup d'oeil pour comprendre qu'il était trop tard.

- Hum... oui c'est moi qui a appelé l'ambulance. J'ai... J'ai réussi à arrêter ton hémorragie mais...

Oui, trop tard. Il avait été trop tard pour son amie. Sa soeur apparemment. Je reviens vers lui avec les instruments pour observer un instant ses pupilles. Un, puis deux éclats de lumière pour constater que ses pupilles réagissent normalement. C'est presque un moyen qu'il ne puisse pas voir le malaise qui flotte sur les traits de mon visage. Parce que je sens la honte qui m'envahit. J'voudrais pouvoir lui dire que j'ai fait mon possible pour lui. Pour elle. Mais la mort avait gagné malgré tout. Je devrais pourtant m'habituer, je sais bien que je ne pourrai jamais sauver tous les patients qui passent devant moi. Alors pourquoi ça me dérange tant que la soeur du jeune homme n'est pas survécu. Pourquoi je me sens si coupable ?

- J'ai... J'ai rien pu faire pour ta soeur. Je suis profondément navrée. J'aurais... J'aurais voulu pouvoir faire quelque chose. Mais il était trop tard. Désolée.

Je m'excuse probablement beaucoup trop mais aucun mots ne pourraient exprimer à quel point je déteste voir la détresse des gens et ne rien pouvoir faire. Je déteste ne pas avoir contrôle sur cette destinée qui nous glisse tous entre les doigts. Je ne me rend même pas compte des tremblements qui s'emparent de mes membres alors que je repose l'instrument sur la table. Tremblements qu'on pourrait mettre sur la faute de la honte mais surtout d'ses effets secondaires qui m'alarment de plus en plus. De jours en jours. Ce sera quoi en suite ? Un évanouissement devant le prochain patient ? Devant lui ? Non, cette simple idée me donne des frissons.

- J'ai à peine réussi à te sauver... T'as une idée pourquoi on vous a attaqué toi et ta soeur ? C'était... un vo- ?

Je m'interromps, sentant un malaise me prendre. Ah non... pas maintenant. Je me retourne et attrape quelques serviettes propres pour les porter à mes lèvres. Je tousse quelques coups. Quatre, comme si j'étais en train de m'étouffer. C'qui est le cas en réalité. Du sang avait remonté dans ma gorge et teint maintenant le tissu blanc. J'essaie bien sûr de ne pas laisser Dax me voir dans cet état, dissimulant au mieux les serviettes dans un bocal médical. C'est lui le patient. Pas moi.

- Désolée... Qu'est-ce que je disais ?

Je lui souris avec assurance. Enfin, ce que je crois être de l'assurance. Je ne veux pas de la pitié des gens. Je ne veux pas qu'on s'inquiète. Pas pour moi. Je retiens une nouvelle toux au même moment, n'arrivant pas à croire que ça puisse arriver maintenant. Oui, parce que ça arrive de plus en plus souvent. Des étourdissements, vertiges, maux de tête. Mes cheveux qui tombent, le sang qui me sort par le nez et maintenant j'en crache mes poumons. Je lui souris avec assurance oui, même si au fond, j'ai seulement envie de m'enfuir de cette petite salle qui me semble soudain oppressante. Salle que je visite pourtant dix, vingt fois par jour. Les yeux posés sur le jeune homme, même si je voudrais le fuir. Fuir le monde entier en réalité...


Dernière édition par Emma Kayle le Lun 18 Avr 2016 - 3:15, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeLun 4 Avr 2016 - 4:05


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Grandir à Radcliff n’avait jamais été horrible, ou pesant ou compliqué. Avant Lancaster, Radcliff ç’avait été un endroit comme les autres, un petit bled anodin paumé au beau milieu du Kentucky. Et Dax n’avait jamais aspiré à beaucoup plus ; il n’avait jamais voulu quitter ici, sa famille et ses amis pour d’autres horizons. Clairement, le jeune homme avait toujours fait partie des âmes sédentaires- les exceptions parmi une jeunesse qui rêvait de découvrir le monde. Daria lui avait souvent dit qu’il n’voyait pas assez grand, qu’il n’avait pas assez d’ambition et qu’il finirait par le regretter un jour, quand il se retournerait sur sa vie. Mais qu’y avait-il à découvrir à l’autre bout du globe, qu’il n’avait pas ici ? Ici, il était confortable, il avait ses proches, les personnes auxquelles il tenait ; et comment pouvait-il se résoudre à tout laisser tomber pour des aventures périlleuses et potentiellement compliquées ? On s’était toujours surpris, probablement, de l’instinct peu aventureux dont il était doté : mais quand on avait passé comme lui, toute sa jeunesse à apprendre à brimer un pouvoir qui pouvait faire des merveilles, on finissait irrémédiablement par voir les choses en p’tit. Il aurait littéralement pu faire sortir une ville de terre, s’créer une petite île déserte au beau milieu d’un océan rien qu’en la dessinant sur des papiers blancs – il aurait pu dessiner des monstres surnaturels et les envoyer dans l’monde qui l’entourait. Un pas de travers, et il aurait pu faire sombrer le monde dans un aspect fantastique qui n’lui appartenait pas : non, à défaut, Dax avait appris à apprécier sa vie pour ce qu’elle était- les petits éléments qui la composaient, les habitudes, les amusements simples, les visages familiers. Il avait aimé Radcliff, avant tous ses drames, d’un amour simpliste mais véritable tout à la fois : le Oswald aurait bien pu envisager d’y voir ses enfants grandir, d’se marier ici dans l’église du coin, de travailler dans un des coins de sa ville natale ou même à proximité s’il le fallait. Rêver en grand, ç’avait été plus pour ses sœurs que pour lui : et Daria avait payé ses ambitions de sa vie- quelque chose qu’il savait désormais, pour avoir foutu les pieds en plein dans les actions menées par sa sœur ainée. Est-c’que c’était sa vie à lui, qui était désormais en danger pour avoir rejoint Insurgency ? Il n’pouvait même pas dire qu’il les avait pleinement rejoints, tant il faisait encore preuve de la plus grande retenue face à chacune des motivations des autres membres du groupe- la façon qu’ils avaient agir, avec rage et hargne, en prétextant que c’était normal. Est-c’que ce visage hideux, qu’il voyait chez les autres membres du groupe, avait été un de ceux qu’il avait totalement ignorés à sa sœur ? Lui qui l’avait toujours vue douce, impétueuse certes, mais juste ; volontaire et énergique pour porter du changement positif dans un Radcliff qui avait été déjà assez agonisant sans qu’on n’se décide à faire exploser des bombes à chaque coin de rue. Il n’avait jamais imaginé Isolde comme ça non plus- et pourtant, il n’avait pu que tomber de haut en découvrant que l’amie de Daria faisait non seulement partie du groupe, mais en était la fondatrice et la figure de proue.

Il avait aimé Radcliff, ouais, et pourtant c’était dans ces rues si connues, si familières et autrefois si rassurantes, qu’il s’était fait tirer dessus comme un vulgaire animal ; ç’avait été dans ces mêmes rues qu’il avait été abandonné agonisant sur le pavé. Et aujourd’hui, il n’savait plus vraiment s’il appartenait à quoique ce soit ici-bas, ou s’il en avait seulement l’envie : tout ce que le Oswald pouvait dire, c’était qu’il n’était pas mû ni motivé par la haine et la rage- il était vide, tout simplement, un trou béant duquel continuaient de sortir des substances vitales qui lui manquaient de plus en plus. Alors ouais, on l’avait sauvé cette nuit-là : mais est-c’qu’il n’était pas mort, au moins en partie, avec Daria au beau milieu de cette rue baignée de noir ? C’était terriblement pessimiste de penser comme ça ; il n’pouvait s’en empêcher, la plupart du temps, plus particulièrement lorsqu’il était confronté à ces souvenirs trop douloureux, ces peines trop lancinantes. Là maintenant, il avait l’impression que sa cicatrice le lançait dans une douleur fantôme – il avait l’impression d’être acculé, de retour sous les projecteurs des ennemis ; le transmutant qui avait survécu à une attaque à la volée dans une rue. Et tout ça, à cause d’Emma. Ou grâce- à Emma. Parce qu’il était toujours en vie, finalement, et qu’à vingt-quatre ans à peine, ça n’pouvait être qu’une bonne chose : l’ordre naturel du monde disait qu’il avait encore au moins quelque chose comme soixante ans à vivre. Il comptait bien en profiter. Ou essayer. Ou s’persuader de l’faire à un moment donné. Avec sa famille éparpillée, le deuil latent à travers les regards de chacun des siens, la culpabilité lovée dans ses entrailles, c’était compliqué. Mais… un jour, peut-être ? « Hum... oui c'est moi qui a appelé l'ambulance. J'ai... J'ai réussi à arrêter ton hémorragie mais... » il avait détourné le regard, fuyant la prescience d’une réalité aussi glacée que ses tripes, dès lors que la Kayle avait ouvert la bouche ; il se souvenait que c’était elle- oui, et quelque part, c’était le seul souvenir rassurant auquel il parvenait à se raccrocher, dans le néant du reste. Il n’pourrait jamais prononcer de telles paroles, mais c’était comme ça qu’il se sentait, le cœur doucement enserré dans une étreinte invisible, trop vite rattrapé par les conséquences de sa survie à lui. « J'ai... J'ai rien pu faire pour ta sœur. Je suis profondément navrée. J'aurais... J'aurais voulu pouvoir faire quelque chose. Mais il était trop tard. Désolée. » et tous les instincts si naturels de Dax lui murmuraient de répondre, de dire quelque chose, d’alléger la peine et la culpabilité de la jeune médecin en lui disant que c’n’était pas grave. Ou que c’n’était pas de sa faute. Parce que ça ne l’était pas, parce qu’elle n’avait pas été celle qui leur avait tiré dessus pour les abandonner à moitié mort sur le sol, au bon soin de l’hémorragie pour achever le travail. C’n’était pas elle, qui causait en lui cette douleur tambourinant à travers toutes ses veines, et venant enserrer sa gorge au point de le rendre muet. Muet et presque incapable de respirer. Dax avait péniblement commencé à triturer ses doigts, semblant fasciné par ceux-ci dès lors qu’elle enchaina plus vite que lui. « J'ai à peine réussi à te sauver... T'as une idée pourquoi on vous a attaqué toi et ta sœur ? C'était... un vo- ? » oui il savait, et soudainement le Dax Oswald sympathique et avenant sembla avoir fondu- avant qu’elle ne se mette à cracher ses poumons du moins, comme ça, son malaise sorti de nulle part. Et Dax avait été tant occupé à se préoccuper de ses propres problèmes, qu’il n’avait même pas remarqué que la brune avait pâli.

Il s’en retrouva à culpabiliser à son tour, les traits de son faciès tassés dans une inquiétude qu’il ne put maîtriser, ni même comprendre pleinement : ouais, Emma avait été gentille et douce avec lui. Elle lui avait sauvé la vie et lui avait réparé l’âme de par ses attentions généreuses- mais on pouvait facilement mettre tout ça sur le dos de l’empathie, et d’son travail de médecin. Alors pourquoi est-c’que les entrailles du brun semblèrent fondre, lorsqu’il se retrouva sur ses jambes, levant une main inquiète en direction de la jeune femme, avant de la ramener vers lui tandis qu’elle semblait vouloir gérer le problème d’elle-même. Mais il crut voir du sang, saisir un éclat carmin sur les serviettes blanches qu’elle avait passées devant ses lèvres, et il n’y avait probablement plus aucun moyen pour elle de détourner la conversation désormais- aussi, il ignora son « Désolée... Qu'est-ce que je disais ? » pour de longues secondes, perplexe et circonspect, pour mieux la dévisager. Attentif, soucieux, il n’s’était pas approché, mais maintenant son cerveau tournait à plein régime, tant et si bien qu’il ne remarquait qu’à peine, son cœur qui martelait, martelait dans la tempête de ses soucis. Non, il n’pouvait pas s’faire à l’idée de perdre Emma ; et pourquoi ? Parce qu’elle était sa sauveuse, évidemment. Et parce que-… parce qu’il avait déjà donné assez, quand bien même y’avait aucune loi tacite qui le liait particulièrement à la jeune femme : il n’supporterait pas qu’il lui arrive quelque chose. « Ehm… non- non je sais pas pourquoi on a été attaqués… » qu’il admit, une semi-vérité, mais c’était plus prudent pour n’importe qui de n’pas livrer sa nature de transmutant- non pas qu’il se méfiait d’elle, mais les locaux de l’hôpital pouvaient être aussi dangereux que le poste de police aujourd’hui. « Mais-… mais est-c’que ça va ? J’ai cru-… j’ai cru voir du sang. » oui il insistait peut-être un peu trop, déjà, les pieds dans le plat, direct, c’n’était pas comme si elle avait fait les choses différemment, elle. Il s’était finalement redressé sur ses pieds, incapable de savoir ce qu’il était poli de faire ou non, mais mû par l’inquiétude. Y’avait assez de morts à Radcliff, et Emma, selon son échelle à lui, était bien la dernière personne à mériter quelque malheur que ce soit – elle lui avait sauvé la vie alors… alors il pouvait bien lui rendre la pareille, hein ?! « Ecoute- c’est… c’est pas ta faute, ce qu’il s’est passé, ou je sais pas quoi… C’est- juste arrivé j’suppose. Et- et désolé, si j’ai pas répondu ou si j’ai eu l’air… bizarre. » et c’n’était probablement pas le cœur du problème là : elle ne se mettait pas à cracher du sang parce qu’il n’avait pas répondu ‘c’est pas grave’ à ses excuses. Non, y’avait autre chose, et déjà son palpitant à lui semblait être remonté dans sa gorge, le sang tambourinant à ses tempes. « Est-c’que… est-c’que tu veux t’asseoir ? Ou boire un verre d’eau ? Ou-… n’importe quoi ? » non il ne savait pas du tout ce qu’il faisait – c’n’était pas lui le médecin des deux, et il n’pouvait clairement pas diagnostiquer ce qu’elle pouvait avoir, encore plus alors qu’elle semblait fuir son regard, fuir sa prescience et sa présence tout à la fois. Il tendit une main amicale, pour la poser sur son épaule, sentant les chairs et les muscles de la jeune femme être silencieusement crispés sous son contact- mais… mais peut-être bien qu’elle n’était pas juste sa sauveuse ; mais des semaines après, des confessions après, des gestes de douceur après, elle pouvait aussi, être son amie, non ? Et lui parler comme s’il en était un ? C’était bizarre, pour lui, Dax le sociable, de tâtonner, de peur d’être repoussé, là où ça ne lui était jamais arrivé.
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MessageSujet: Re: (emma), lost it all.   (emma), lost it all. Icon_minitimeMar 19 Avr 2016 - 18:00

dax oswald & emma kayle.
I STARED UP JUST TO SEE WITH ALL OF THE FACES, YOU WERE THE ONE NEXT TO ME.
AND IF I LOSE MYSELF TONIGHT, IT’LL BE BY YOUR SIDE.

Pourquoi ça m'arrive maintenant au juste ? Je voudrais trouver un moyen de m'sentir mieux, de ne plus être malade. Ne plus être seule. Malgré ça, j'essaie de revenir vers lui. Sa blessure. Sa tragédie. Sa guérison. C'est tellement mieux que de toujours revenir à mes problèmes. Prendre soin de mes patients, de Dax, ça me change les idées. Par contre, je remarque bien vite l'air inquiet du jeune homme. Il avoue ne pas savoir pourquoi ils se sont fait attaqués, lui et sa soeur. Alors, je ne cherche pas à le questionner davantage. Je ne voudrais pas non plus paraître ingrate ou impolie. J'ai de toute façon j'ai encore cette étrange impression que je pourrais m'étouffer dans mon propre sang d'une seconde à l'autre une seconde fois. Je préfère me taire, garder mes lèvres fermées pour ne pas inviter le malheur. Du sang... Que Dax avoue avoir avoir remarqué et je blanchis davantage. Même si j'ai tenté de le dissimuler, il a capté quelques éclats vermeille sur la serviette d'un blanc beaucoup trop pur dont je me suis déjà débarassée. Je me souviens alors la façon dont mon fiancé m'a laissée après m'avoir vue, couverte de mon propre carmin. Quand j'ai eu besoin de me confier enfin seulement pour me faire abandonner sur place. Je ne comprends pourquoi tout cela m'arrive à moi. Je n'ai jamais fait de mal à personne, au contraire, j'essaie d'aider mes proches et même les parfaits inconnus que je recontre dans la rue comme ça avait été le cas pour Dax et sa soeur. Dax... Il me regarde avec inquiétude toujours et j'évite son regard. J'ai peur de me retrouver devant un déjà vu. J'ai peur que si je me laisse enfin aller, le jeune homme va s'éclipser. J'aime bien nos petites séances de ce genre. J'aime sa présence, ses petits sourires, son naturel frappant alors que moi, j'ai l'impression d'être coincée dès qu'il est dans les parages. Je ne voudrais pas perdre une des seules personnes dans ma vie qui arrive à m'rendre le sourire.

S'excusant ensuite pour une raison que j'ignore, je reporte mon attention sur lui. Il n'a pas à s'excuser, c'est absurde. S'il ne veut pas se replonger dans ses souvenirs, c'est tout à fait normal. En parler peut parfois faire du bien, mais s'il n'en a pas le courage, je ne vois pas pourquoi il devrait pardonner son silence. Je secoue la tête doucement, montrant qu'il n'y a pas de mal. Et encore une fois, il revient à moi, à mon mal. Si je désire un verre d'eau ? Peut-être... Je n'sais pas. Je me sens mal, j'ai la nausée mais je sais qu'il n'y a rien à faire. Son offre est touchante. Son inquiétude aussi mais je lui indique non de la tête en faisant une petite moue gênée. Il s'approche et pose ses doigts sur mon épaule... c'est trop. J'ai pratiquement l'impression qu'il brûle à travers le tissu de mon sarreau pour en effleurer ma peau. Et dans un réflexe que ma famille a su imprégner à mon esprit après des années à me répéter que mon pouvoir, c'était mal, c'était étrange et monstrueux, je me crispe et recule doucement.

Oui, dans un réflexe, je me défile, m'éloigne du jeune homme pour mieux éviter de laisser paraître mon malaise. Je n'arrive pas à croire à quel point je peux être soudain si loin de mon profesionnalisme habituel. Ça ne me ressemble pas de me défiler ainsi, de paraître confuse par un patient. Au fond, j'aimerais tellement me laisser aller. Ne plus avoir à me fermer autant mais après tant d'années, c'est devenu une partie d'moi. Me cacher, me voiler la face. Je ne veux pas montrer tout le mal qui me ronge... mais une partie de moi, cette petite voix que j'essaie de taire, a besoin d'un peu de réconfort. Un peu de chaleur humaine pour me dérober aux doigts glacés de la mort, de la solitude qui m'entoure depuis plusieurs semaines déjà. Au fond, j'aimerais bien me confier au jeune homme. J'aimerais bien éclater, arrêter d'être forte.

- Non, non, ça va.

Bien sûr, je n'en fais rien. Et au moment où j'croyais pouvoir m'en sortir sans trop paraître étrange, je sens une nouvelle nausée s'emparer d'moi. Je sens la saveur métallique du sang remonter dans ma gorge et ne demander qu'à s'évader par mes lèvres. Je fais quelques pas vers l'évier sur le plan de travail et je crache cette fois une bonne quantité de sang tout en essayant de retenir mes cheveux pour ne pas qu'ils se mélangent au liquide rouge. Du revers de ma main, j'essuie mes lèvres et réussit à articuler quelques mots destinés à Dax toujours présent à mes côtés.

- Il... Ne t'inquiètes pas, c'est normal. Tout... tout va bien. Ça va passer, pas besoin de demander de l'aide.

J'espère. Je reste auprès du l'évier tout de même, inquiète que ce n'est pas la dernière fois qu'une nausée sanglante me prenne. Je me sens malade, je tremble, je reste accrochée désespérement au bord du plan de travail pour m'assurer de ne pas perdre pied et malgré tout cela, je me permets d'essayer d'assurer le Oswald que tout va bien. C'est ridicule, pas très crédible mais j'espère qu'il n'ira pas chercher de l'aide. Qu'il restera là, simplement, et qu'il ne fuira pas comme mon fiancé a pu le faire. Je doute qu'il désire probablement plus d'explications, que de simples assurances ne sont pas suffisantes si bien que j'hésite un instant, crache un nouveau filet de sang et soupire longuement.

- C'est... Ça m'arrive de plus en plus souvent ses temps-ci. J'croyais que ça m'empêcherait pas de travailler... Je suis désolée. Je marque une pause, incertaine si j'dois continuer mais cette fois j'en peux plus. J'en peux plus d'être seule. C'est... c'est le vaccin.
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