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 it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)

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MessageSujet: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 23:36


– edge of the earth –


C’est décidé. Ce soir, il y allait.

Habillé, prêt à partir, à une heure encore raisonnable du couvre-feu. Il aurait le temps d’y aller, le temps de faire ce qu’il avait à faire. Le temps de revenir, avant que le couperet ne tombe, et qu’il ne risque d’avoir de gros ennuis. Du moins, il l’espérait. Tout dépendrait du temps qu’on lui demanderait ; du temps qu’on lui prendrait. Sa gorge est nouée, et il tente d’en faire abstraction, s’engouffrant rapidement dans le couloir de l’immeuble, après avoir verrouillé l’appartement. Il descend les marches rapidement, refusant de s’enfermer dans la cage d’ascenseur ; trop étroit, trop froid. Trop clos.

Arrivé dehors, il sent le vent lui arracher un frisson. Il jette un coup d’œil autour de lui, par pur réflexe. Personne n’a l’air de s’intéresser à lui. Il ne sent pas de regards sur son dos, et son instinct lui murmure que tout va bien. Alors, enfonçant sa tête dans ses épaules, il se laisse glisser à la suite d’un passant, lui emboîtant le pas comme une ombre. Il appréhende, mais il est bien incapable de se l’avouer. Pourtant, il était venu ce moment où il ne pouvait plus repousser. Les choses allaient trop mal en ville pour qu’il soit tranquille avec l’idée de rester caché, terré dans son coin, sans donner de nouvelles à Eremon. Sans lui dire qu’il était revenu, lui expliquer qu’il était là pour lui. Qu’il avait vraisemblablement toutes les chances au monde de finir sa chienne de vie ici, vu comment c’était parti. Et tout ça, grâce à lui. Mais l’amertume n’était pas prédominante ; bien avant elle venait l’inquiétude. Petite bête pernicieuse qui avait élu domicile au fond de son crâne plusieurs mois auparavant. Il avait longuement hésité, avant de revenir à Radcliff. Il avait pesé le pour et le contre. Les arguments s’étaient accumulé dans la balance qui lui hurlait de ne pas y aller, de prendre le plus de distance possible avec cette ville, devenue l’antichambre de l’Enfer. Tout lui criait de mettre les voiles, de partir en Amérique du Sud, ou de retourner en Europe. De s’éloigner de cette garce qui voulait sa peau — et à cause de qui ils étaient d’ailleurs partis, la première fois. Tout, absolument tout était contre son retour ici. Et pourtant, il était là. Il était là, et il n’arrivait pas à le regretter. Son instinct continuait de lui hurler, jour après jour, que c’était la pire des idées qu’il avait eues, de toute sa vie. Que c’était certainement celle qui lui coûterait la vie, au bout du compte. Mais ça n’avait pas d’importance. Car le seul et unique poids, de l’autre côté de la balance, valait bien tous ceux qui lui marquaient l’opposition. Une famille, ça ne s’abandonne pas. Une famille, ça ne se laisse pas. Pas alors que tout va mal. Pas comme ça.

Alors ce soir, il y va. Il a décidé qu’il ne rebrousserait pas chemin ; pas cette fois. Rien n’ira pour l’en empêcher, à moins qu’un connard ayant décidé de jouer à Dieu décide qu’il n’avait pas sa place sur cette foutue Terre. Mais pour le moment, les choses semblaient bien parties. Il n’y avait pas à crier. Juste à frissonner, sous la brise froide qui s’immisçait sous ses couches de vêtements.

Il arriva au bar où il savait qu’Eremon travaillait. Il avait demandé à le voir et on l’avait regardé d’un œil un peu suspicieux. Un peu noir. Jaugeant peut-être les traits communs entre eux, ou se bornant à de la simple méfiance. D’un air de se demander ce qu’il pouvait bien lui vouloir, au Dickens. Et puis on l’avait informé qu’il ne bossait pas ce soir. Sans précisions supplémentaires, sans rien ajouter que l’inconnu n’aurait demandé. Bredouille, celui-ci était ressorti de l’établissement. Une minute d’hésitation, un temps à ne plus savoir quoi faire. Se promener un peu ? Rentrer ? Opal ne serait pas là de la soirée, elle l’avait prévenu. S’enfermer à double tour aurait été l’option de la sécurité. Mais il n’en pouvait plus, d’être enfermé. À bout de nerfs. Passé trop de temps dans le noir et le silence, quand il était au plus bas. Alors il opta pour la marche. Une brève promenade, un simple rallongement de chemin pour rentrer chez lui. Il attraperait de quoi manger au passage, et il rentrerait finir la soirée devant un film. Secrètement, discrètement, il avait à nouveau emboîté le pas aux passants, grande carcasse tentant de se faire oublier.

Il se glissa dans une rue un peu plus esseulée, modulant son itinéraire au gré de ses envies. Ce fut alors qu’il les aperçut ; les deux hommes, un peu plus loin. Visiblement au beau milieu d’une altercation. Son premier réflexe fut de vouloir tourner les talons ; foutre le camp d’ici, ne pas se mêler de ce qui ne le regardait pas, ne pas se retrouver crucifié avant la fin de la soirée au nom de la plus aberrante des mentalités. Mais quelque chose le retint ; quelque chose de plus que son instinct. Son regard ne se détachait pas de l’une des deux silhouettes ; la plus violente des deux, celle dont les poings semblaient en proie à une insatiable furie. Comme mû par un sixième sens, il fit quelques pas rapides en direction de l’agressif duo. Et l’étrange impression qui avait forcé son cœur à s’acharner contre ses côtes se renforça à mesure qu’il s’approchait, pour finalement se confirmer. Il n’hésita pas plus longtemps, et les mots franchirent ses lèvres sans qu’il ne les retienne. Instinctivement. Vieille habitude. « Arrête ça ! » Et ses bras se referment autour du corps aussi puissant que le sien. L’écarter. Le forcer à lâcher ce pauvre bougre qui, visiblement, même débarrassé de son assaillant, n’ira pas bien loin. « Tu vas l’tuer putain, arrête. » Le coude se libère brièvement, et il le prend en plein visage. La douleur lui fend la lèvre, le goût du sang envahit sa bouche ; mais il ne cède pas. Il le force à lâcher prise, d’un coup d’épaule puissant. Se tourner pour le lâcher, le repousser. Se mettre entre lui et sa putain de proie. Porter sa main à sa lève en sang, fendue par ses dents sous l’impact violent du coup. « Fuck. » Il garde un temps sa bouche cachée par sa main, avant de se redresser. C’était d’l’auto-défense. Il lui r’prochera pas, il dira rien d’autre. Mais putain, c’que ça fait mal.


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Daisy Moriarty
Daisy Moriarty

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SUR TH DEPUIS : 16/03/2015
MessageSujet: Re: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeDim 18 Oct 2015 - 20:26

We've learned to brace for the worst.
— loeven dickens & eremon dickens—
You carved our initials Into these family trees. But when the branches are bare and broken, Love is so hard to reach. We've learned to brace for the worst And to read the last pages first, Surrender feels safe. Maybe the soul is the soil that holds the fallen seed, Or the light pouring down in between the rain clouds, Daring life to reach; Or maybe it's the rings in the trunk of the tree, A birthmark time will leave To measure the past.— Slow & Steady.

Les jours passaient, les semaines même et il n’avait plus la moindre nouvelle d’Astoria. Elle avait disparu. A une époque, il aurait presque pu être satisfait qu’elle ait arrêté de lui envoyé plein de message pour le voir, pour lui proposer son aide ou simplement dans une tentative désespérée de renouer le contact avec lui. Mais ce silence, c’était oppressant. Parce qu’il ne s’arrêtait pas à un téléphone qui ne sonnait pas assez à son gout. C’était plus que ça. C’était qu’elle ne venait même plus au bar alors que c’était là qu’elle travaillait et puis, ce n’était pas juste lui qui n’avait plus de nouvelles. C’était tout le monde. Astoria avait simplement disparu de la surface de la planète. C’était ce qui l’inquiétait le plus. Il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui avait bien pu arriver à la jeune femme. Il savait trop bien ce que les hunters pouvaient faire et il imaginer déjà le pire. Peut-être qu’elle était morte et qu’on avait jeté son corps dans un fossé comme si ça n’avait pas d’importance. Ce n’était qu’une transmutante après tout, qui oserait se soucier de son sort ? Lui il s’en souciait. Qu’elle soit morte ou non, il avait l’intention de retourner toute la ville s’il le fallait, pour apprendre la vérité. Il n’avait plus rien à perdre de toute façon, alors, de quoi est-ce qu’il pouvait se soucier. Il voulait retrouver Astoria et, si elle était encore en vie, il voulait pouvoir la sauver. Il avait trop souvent raté cette chance. D’abord avec Lyanna, puis avec Talisa. Mais pas Astoria, il ne pourrait pas le supporter. Il avait cette rage en lui qu’il s’était donné trop de mal à essayer de contrôler, mais c’était idiot. Ce qu’il devait faire, c’était essayer de l’apprivoiser pour mieux s’en servir. Il n’avait plus son pouvoir et pourtant, c’était de lui dont il se servait quand il avait besoin de se défendre. Mais c’était fini à présent, on le lui avait prit pour ne le laisser qu’avec cette fureur qui coulait dans ses veines comme un poison. Elle finirait par s’emparer de lui, c’était certain mais ça n’avait pas d’importance. Ça le rendait plus fort et il avait besoin de cette force s’il voulait retrouver Astoria avant qu’il ne soit trop tard. Sa faiblesse, ça avait toujours été son plus gros problème. Il n’avait pas été assez fort pour sauver Lyanna, il ne l’avait même pas été assez pour la venger alors qu’il avait eu Oswin à portée de main. Il n’avait pas été assez fort pour sauver Talisa. Tout ce qu’il faisait lui, c’était retrouver les cadavres et il n’en pouvait plus. Il fallait qu’elle soit encore en vie et il fallait qu’il la retrouve sans perdre bêtement son temps, parce que du temps, il n’en avait pas. Alors, il n’était pas question pour lui de demander gentiment où est-ce qu’il pouvait retrouver la jeune femme. Il avait trop longtemps agit comme ça, et ça ne lui avait jamais apporté rien de bon. L’avantage, c’était peut-être que des mecs qui devaient bien savoir où Astoria était, il y en avait plein la ville. Des putains de hunters qui se baladaient ouvertement dans la ville et qui avaient tous les droits. Des enfoirés de première d’après Eremon. Il  pouvait mettre sa main à couper qu’il y avait bien un type dans ce gunpodwer squad qui savait où était Astoria et même qui était responsable de ce qui avait pu lui arriver.

Il semblait qu’il était prêt à tout pour la retrouver, alors, puisqu’il ne travaillait pas ce soir, il était grand temps de commencer son enquête quelque part. Il était dans les rues de la ville alors que le couvre feu n’était pas encore tombé en train de chercher le premier type à qui il poserait ses questions. Couvre feu ou pas, il considérait qu’il avait toute la nuit devant lui. De toute façon, le couvre feu, il considérait ça comme une grosse connerie, il estimait que tout le monde avait le droit de se balader en ville à l’heure qu’il voulait. Mais bon, à Radcliff les autorités faisaient bien ce qu’elles voulaient en se fichant complètement du reste. Cette ville, c’état devenue une véritable dictature. Une ville de fou d’après lui. Il avait fini par trouver un type, avec son uniforme qu’on ne pouvait pas louper, il n’était pas difficile de savoir qui faisait ou non parti de ce nouveau groupe d’intervention. Ils n’étaient pas discrets, bien au contraire. Mais c’était sans doute ce que Thaddeus voulait, un groupe qu’on reconnaitrait et qui ferait peur à tous ceux n’entrant pas parfaitement dans les règles de la ville. Ceux qui ne voulaient pas obéir aux lois débiles que le maire avait mis en place, ou ceux qui avaient eu le malheur de naitre avec un gène muté. Eremon n’était pas franchement très doué en génétique, mais il trouvait ça bidon de décider que des personnes pouvaient être dangereuses à cause de leurs gènes. Il l’avait toujours dit : c’était de la folie. Il l’avait crié au et fort en face d’une Talisa qui refusait de le croire. Il lui avait dit que son père était un malade mental, un fou qui répétait les erreurs du passé, il l’avait même comparé à Hitler et plus les choses avançaient, plus cette comparaison semblait sonner vraie. Talisa ne pourrait plus le nier si elle était encore vivante aujourd’hui. Mais la stupidité de son père l’avait tuée. Ses décisions pourries avaient des répercussions sur tout le monde, même sur sa fille. Il pouvait blâmer qui il voulait pour la mort de sa fille, le seul responsable, c’était lui. Ce serait aussi de sa faute si Astoria devait mourir. Il ne laisserait pas une telle chose arriver. Il avait tourné à l’angle d’une ruelle, suivant l’homme qui serait sa victime ce soir. Ils étaient coincés tous les deux dans cette ruelle. Il avait commencé par montrer une photo, demandant gentiment s’il savait où cette fille était passée. Le type avait rigolé, comme s’il s’en fichait complètement. Alors il avait dû insister, expliquant que s’il était arrivé quelque chose à cette fille, c’était forcément à cause de type comme lui. Il avait répliqué en insultant les transmutants et en signalant que s’il lui était arrivé quelque chose, c’était uniquement parce qu’elle était un monstre et ça avait été la goutte d’eau faisant déborder le vase. Les coups avaient commencés à partir en un rien de temps et il avait décidé de le plus rien essayer de contrôler, alors il frappait avec force et détermination, sans réfléchir aux conséquences. Il s’en fichait. Il n’avait pas de temps à perdre et ce type, il méritait bien qu’on lui refasse le portrait. Dans la lutte, il s’était pris quelques coups dans la face, mais tant pis, il avait l’habitude. Il avait déjà des tonnes de bleus et de plaies, un peu plus ça n’allait pas poser problème. Il avait le gout du sang dans la bouche, l’arcade ensanglantée, mais il s’en fichait. Il frappait. Et ses phalanges s’éclataient contre la tronche du type. Il avait entendu une voix dans son dos, mais il n’y faisait pas attention, mais après il avait senti qu’on cherchait à le retenir. Il s’était débattu sans chercher à comprendre et son coude avait heurté quelque chose. Ça ne l’arrêtait pas, il était devenu fou. Enfin, l’autre type l’avait forcé à lâcher. Il était là en face de lui, sa lèvre en sang et il ne fallu pas beaucoup de temps à Eremon pour le reconnaitre. « Loeven. Qu’est-ce que tu fous là bordel ? » Pourquoi est-ce qu’il était revenu dans cet enfer ? Il n’aurait jamais dû faire ça. Loin d’ici, il avait été plus en sécurité, alors ça avait été mieux pour lui. Eremon préférait le savoir loin du chaos qui régnait dans cette ville. Loin de lui aussi. Il reprenait doucement son souffle, essayant de se calmer. Les poings encore serrés et tremblait, les mains en sang, le sang de ce type, le sien aussi, les têtes de ses métacarpes étant complément éraflés. Il desserra le point pour passer sa main sous son nez pour essuyer le sang qui pouvait en couler. Il avait les mâchoires serrées, le souffle court et une question qui lui trottait dans la tête, celle qui desserra ses dents rougies par le sang qu’il avait dans la bouche. « Combien de type il a dû tuer ce type à ton avis ? » Beaucoup trop, qu’il crève, il ne méritait pas mieux. Il avait envie d’attraper cet enfoiré et de lui fracasser le crâne contre le sol histoire qu’il ne se relève jamais. Qu’il ne blesse personne d’autre. D’un geste du menton, il désigna la lèvre de son frère. « Faut que tu mettes de la glace là-dessus, ça va gonfler sinon. » Il savait de quoi il parlait, vu la tronche que lui il se tapait en cet instant sans pour autant sourciller de douleur, on pouvait deviner qu’il commençait à avoir l’habitude de se faire défoncer la tronche. « Puis tu devrais aussi repartir d’ici. Tu aurais jamais dû revenir. » Et il pouvait lui faire une liste des raisons pour lesquelles il n’aurait pas dû revenir, il y en avait plein. La plus importante sans doute, c’était qu’il aurait préféré que son frère ne le voit jamais dans cet état.

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MessageSujet: Re: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 2:37

– there's nothing in this world i wouldn't do –


Il s’était représenté ce dont ces retrouvailles pourraient bien avoir l’air au moins une centaine de fois, si ce n’était plus. À chaque fois, un petit détail de la version différait. L’esprit trop imaginatif, le perpétuel besoin de réfléchir à quelque chose, et cette rencontre qui le travaillait. Des heures passées enfermé dans le noir et le silence complet, seul avec ses pensées. Et cette idée d’être revenu pour Eremon qui le hantait. Alors oui, il s’était déjà à peu près tout figuré. Comme chaque fois qu’il prévoyait un pas important, il avait émis tous les cas de figure. Du moins le pensait-il. Et comme à chaque fois, il se retrouvait le bec dans l’eau. Dans une situation qu’il n’aurait jamais pensé pour exister. Dans un merdier où il n’aurait jamais pensé pouvoir se retrouver.

Le sang coule de sa lèvre, fendue sous la pression brutale entre le coude de l’aîné Dickens et les dents qu’elle recouvrait habituellement. Et le mutant a porté un instant sa main à la plaie, pour ramener sous ses yeux ses doigts rouges. Et merde. Il a juré, mais au bout du compte, c’est le cadet de ses soucis. S’occuper d’Eremon, c’est plus urgent. Être prêt à le calmer pour de bon s’il le faut, dusse-t-il pour cela utiliser son don, c’était ce à quoi il fallait qu’il se concentre en priorité. Il pensait que ce serait difficile. Que son frère s’opposerait encore à lui, tenterait de retourner massacrer son adversaire. Mais contre toute attente, la surprise sembla l’en empêcher.

Loeven. Ouais, c’est moi. Il ne dit rien, et son regard affronte un instant celui de son aîné. Encore une fois, le cadet s’occupe des problèmes que le grand cause. Et le grand s’en fout. Il voudrait juste qu’on lui foute la paix, qu’on le laisse régler ses affaires. Il n’imagine pas un seul instant que la merde qu’il traîne derrière lui puisse sérieusement en coûter à d’autres. Il ne se préoccupe qu’à moitié des conséquences. Rien ne compte que le moment présent. Et c’était pour ça que le cadet Borthwick avait foutu le camp une première fois. Les idées de vengeance, très peu pour lui. Retrouver une psychopathe qui voulait leur peau, c’était pas son délire. Surtout si Eremon n’était pas capable d’appuyer sur la gâchette et de venger Lyanna une bonne fois pour toute. Qu’après, on n’en parle plus. Non. Le Dickens n’aurait pas fait ça, et il s’était contenté de suivre la psycho à Radcliff pour faire joli, disait insolemment le cadet. Se mettre au plus près du danger pour y échapper ? Bullshits. Lui, en revenant pour essayer de lui faire entendre raison et de le tirer des griffes de cette ville, il l’avait mangé de plein fouet, ce foutu danger. Le risque était devenu réel, et il aurait pu y rester. Il ne devait sa survie qu’à la décision d’Oswin de le vacciner. Ni plus, ni moins. Et cette simple idée lui laissait un goût amer dans la bouche. Sûrement aurait-il préféré mourir que de se voir contraint à perdre son don, cette partie intégrante de lui-même, des mains de cette salope.

« J’essaie de t’éviter de faire une énième connerie. T'as déjà de la chance d'avoir été libéré, tu crois vraiment qu’ils vont t’épargner si tu butes un de leurs gars ? Rien que pour ce que tu lui as fait, j’espère que tu cours toujours aussi vite, putain. » Mais Eremon a raison. Ce type en a probablement tué des dizaines, comme eux. Ou peut-être moins. Mais il en a certainement déjà tué. Et cette remarque arrache un rictus douloureux au cadet Dickens. Un regard levé vers le ciel, une expression d’exaspération sur les traits. « J’en sais rien, et j’m’en fous. J’crois qu’il a sa dose pour ce soir. Et pour les trois prochains mois, vu c’que tu lui as mis. » C’était stupide, de chercher à lui faire épargner ce gars. Ça n’aurait fait qu’un enfoiré de moins sur la surface de la Terre — et plus particulièrement dans l’enceinte de ce traquenard géant qu’était devenu Radcliff. Mais il ne pouvait pas s’en empêcher. Le calme de l’histoire. Celui qui avait du sang-froid pour deux, au bout du compte. « Ouais, je sais. » Il porte à nouveau ses doigts à sa lèvre et grimace. La dernière remarque achève de le faire soupirer. Son regard balaie le sol à ses pieds, un instant, avant qu’il ne relève les yeux vers son vis-à-vis. « T’en as, d’bons conseils. J’te rappelle que personne peut sortir d’ici. » Il allait enchaîner, mais il entend du mouvement, derrière lui. Il se retourne assez vivement pour voir le chasseur avec une main sur son arme et l’autre appuyée sur le mur, en train d’essayer de reprendre suffisamment de forces pour se relever et dégainer. Et il ne réfléchit pas davantage, le Dickens. Pas envie qu’Eremon retourne s’agripper au collet de ce morceau de viande ensanglanté. Pas envie de se faire buter alors qu’il a le dos tourné, non plus. Sa main se tend légèrement vers le chasseur ; les doigts se détachent de l’arme et s’en éloigne, en même temps que le bras appuyé au mur le quitte subitement. Privé de tout appui, le corps se jette naturellement vers la surface de brique, et le crâne la heurte avec un bruit sourd. L’assaillant s’affaisse, assommé. Couché, connard. Laisse les gens civilisés parler entre eux. Il ne réalise ce qu’il a fait que quelques secondes après. La culpabilité s’évade bien vite, gommée par l’irritation dirigée tout droit contre Eremon. Et par le soulagement d’avoir probablement empêché son frère de terminer entre quatre planches s’il avait eu le malheur de tourner une seconde le dos à son adversaire.

Un soupir bref, alors qu’il reporte son attention vers l’aîné Dickens. Il en aurait, des choses à lui dire. Les mots se bousculent entre ses lèvres, mais rien ne vient. Il a été coupé dans son élan de lui expliquer ô combien il était ravi d’être bloqué dans cette ville de fous, et l’inspiration pour poursuivre ne lui venait plus. Il se contenta de renifler un coup, balayant ces pensées pour le moment, décidant de passer à autre chose. Et la gueule cassée de son frangin lui faisait de la peine à voir, tandis qu’il la scrutait de son habituel œil calme. « T’as l’air d’avoir pris le pli, question douleur. Mais ça va pas t’empêcher d’avoir besoin de glace, toi aussi. » Il laisse un léger silence flotter. L’irritation semble peiner à se maintenir, et il finit par la laisser filer. Nul doute qu’elle reviendra plus tard ; en temps voulu, comme toujours. Mais pour le moment, il a besoin d’autre chose. Besoin de s’inquiéter, besoin de prendre des nouvelles de cet être brisé qui ne prive pas d’afficher physiquement l’état déplorable dans lequel son esprit semblait aussi se trouver. « Bon sang, Eremon, il t’avait fait quoi, ce gars ? Est-ce que tu l’as tabassé rien qu’à l’idée qu’il ait pu tuer des gens, ou est-ce que t’avais une raison un peu plus valable ? Qu’est-ce qui t’a pris, à la fin ? … » Les mots ne s’emballent pas. Le ton ne se fait pas dur. Il est calme. Il veut l’aider. Et ça se sent, autant que ça s’entend. Il n’est pas là pour faire la guerre. S’il ne s’était pas un tant soit peu intéressé à l’état de la vie de son frère, il serait resté en cavale aux quatre coins du monde. Mais il était là. Et s’il était là, ce soir et maintenant, et dans cette putain de ville de manière plus générale, c’était qu’il ne s’en foutait pas. Et il espérait seulement que ça traverserait l’esprit de son frère, avant qu’il ne se mette pour de bon en colère.


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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeJeu 12 Nov 2015 - 20:40

We've learned to brace for the worst.
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Des conneries, il en avait déjà fait tellement que Loeven arrivait irrémédiablement trop tard. Eremon ne voulait pas de son aide, il ne voulait même pas que son frère revienne dans ce semblant de vie qui lui restait. Ça n’en valait pas la peine. Il était mieux loin de lui, il fallait croire qu’il portait malheur à ceux qui osaient s’approcher un peu trop prés de lui. Ses parents étaient morts, sa sœur était morte, sa petite amie aussi. Astoria était portée disparue. Il fallait bien qu’il soit le dénominateur commun entre ces cadavres qui s’entassaient. C’était mieux pour Loeven s’il gardait ses distances. Il ne pouvait plus rien pour lui de toute façon. C’était déjà trop tard, il avait laissé la rage gagner et il semblait qu’il n’y avait plus de retours en arrière à présent. Il était coincé dans cette situation et il n’avait même plus envie de lutter. Ça lui demandait trop d’efforts et ça se soldait avec trop d’échecs. Alors, puisqu’il était en proie avec une violente colère qu’il ne maitrisait plus, autant essayer de s’en servir pour faire quelque chose de bien. Taper sur un type au beau milieu d’une rue, ce n’était évidemment pas une bonne chose, mais sauver la vie d’Astoria, il savait que ça c’était bien. Elle le méritait. Astoria était une femme bien, au même titre que Talisa ou Lyanna. Il n’avait pas pu sauver les deux autres, mais peut-être que ce n’était pas encore trop tard pour Astoria, peut-être qu’il avait encore une chance de la sauver et il s’en fichait des tronches qu’il devait cogner pour y parvenir. Il voulait avoir une chance de la sauver et ce n’était pas en restant les bras croisés dans son appartement qu’il y parviendrait. Loeven ne pouvait pas vraiment savoir, il était comme les autres, il ne savait que ce que les médias avaient bien voulu dire. Mais derrière toutes ces histoires débiles, il y avait eu Astoria pour le soutenir. Il y avait eu Astoria pour le guider. Maintenant, elle n’était plus là, elle avait disparu et Eremon était bien placé pour savoir qu’il n’arrivait jamais rien de bon aux gens qui disparaissait dans cette ville.

L’empêcher de faire une énième connerie hein ? Il avait du pain sur la planche. Pire que ça sans doute. Eremon ne raisonnait plus normalement, la folie avait prit le pas dur tout le reste. La fureur qui coulait dans ses veines comme un poison avait gagné maintenant. Il ne répondait plus de rien. Il n’avait pas envie qu’on lui dise quoi faire ou qu’on essaie de lui prouver que ses actions étaient mauvaises, parce qu’il n’y croyait pas. C’était ce que les hunters faisaient qui était mal et quoi qu’il fasse, leurs actions seraient toujours pires que les siennes. Ce n’était pas un concours sans doute, mais sa justifiait qu’il ne soit pas désolé. Ni pour la tronche en sang du hunter, ni pour la lèvre de Loeven. Il n’aurait pas dû être là de toute façon, alors il ne pouvait s’en vouloir qu’à lui-même dans cette affaire. « D’la chance hein ? Tu parles d’une chance ! » Cette chance, clairement il s’en serait bien passé. Ils auraient dû le tuer, ça aurait été beaucoup plus simple. Mais non, ils l’avaient libéré, quelle chance c’était de pouvoir continuer cette vie de merde en effet. « J’cours plus maintenant. J’vois plus l’intérêt. » Il n’avait plus rien à perdre de toute façon. Si ce hunter devait se relever et lui tirer une balle entre les deux yeux alors tant pis. Tant mieux peut-être, ça mettrait fin au calvaire qu’était devenue sa vie. Il leva les yeux au ciel. Non, ce type n’avait pas eu sa dose. Il allait recommencer à faire ce qu’il faisait. De nouveau, il s’en prendrait à des innocents. Il tuerait des gens comme Lyanna, Talisa ou Astoria, parce que c’était ce qu’ils faisaient ces gens là. Il ne méritait pas qu’on le défende. « Alors t’aurais juste pas dû revenir, c’était carrément débile comme décision. » Lui, avant cette quarantaine, il s’était dit de nombreuses fois qu’il ferait mieux de partir. Mais il n’avait même pas su voir en quoi ça changerait les choses. Ici ou ailleurs, sa vie serait toujours aussi pourrie. Alors il n’avait pas eu le courage de faire de nouveau ses bagages pour s’en aller. Il était fatigué aussi de cette vie passée à fuir. Il était fatigué de tout. Le hunter au sol bougea et avant qu’Eremon n’ait le temps de s’occuper de nouveau de son cas, Loeven s’en était chargé, utilisant ce don, dont lui il était privé à présent.

Il soupira. Qu’est-ce qui allait se passer maintenant ? Loeven avait-il la volonté de lui faire la morale ? Si tel était le cas, franchement, il s’en passait volontiers. Il n’avait pas envie d’écouter les reproches que son frère pouvait avoir en stock. Il n’avait pas envie de l’écouter tout court. Il voulait juste qu’on lui foute la paix et qu’on le laisse faire ce qu’il voulait de ses soirées, même si ça se résumait à aller casser des gueules dans les ruelles sombres de la ville. Il laissa échapper un petit rire ironique. Loeven n’avait aucune idée d’à quel point il pouvait voir juste. Parce que les coups qu’il n’avait de cesse de se prendre en pleine face, ce n’était rien comparé à la torture qu’il avait pu subir quand il avait été entre les mains des hunters. « Yep, maman, j’vais aller le coller de la glace sur la tronche, t’en fais pas. » Il le faisait souvent ça aussi, il n’avait pas besoin qu’on lui dise de le faire et sans doute que le contraire était vrai. Il soupira avant de hausser les épaules. Alors quoi maintenant ? C’était le moment où il fallait qu’il vienne se confier à son frère ? Franchement, il n’en avait pas la moindre envie, il n’avait envie de se confier ni à lui, ni à personne d’autre. « Je cherche quelqu’un et ce type il avait des choses à me dire à ce propos. » Si jamais Loeven n’était pas arrivé pour tout foutre en l’air en tout cas. Maintenant, il allait falloir qu’il trouve quelqu’un d’autre à qui poser ses questions. Ça le retardait et ça ne lui plaisait pas, le temps qu’il perdait, c’était peut-être les derniers instants de vie d’Astoria. « Mais grâce à toi, y a peu de chance qu’il cause. » Il leva les yeux au ciel avant de se baisser pour aller faire les poches de ce type. Peut-être qu’il aurait sur lui quelque chose, n’importe quoi qui puisse l’aider à remonter jusqu’à Astoria. Il commença par retirer les quelques billets du portefeuille du type pour les glisser dans sa poche, ça, ça pouvait toujours être utile, c’est qu’il avait beaucoup appris aux côtés de Jeane. Il jeta ensuite un coup d’œil à son téléphone portable, les derniers messages, les derniers appels, mais rien d’intéressant. Il fallait croire que ce soir il n’obtiendrait rien pour sauver Astoria. Mais il n’abandonnerait pas, même s’il devait en crever, il continuerait de chercher.
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MessageSujet: Re: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeSam 30 Jan 2016 - 22:25


fury oh fury
don’t you misguide me


Il s’était attendu à ce qu’Eremon n’apprécie pas de le revoir traîner dans le coin. Il s’y était attendu, oui ; mais il n’avait pas réellement réussi à envisager que son frère pût faire preuve d’autant d’hostilité. À la manière dont il le traitait, on aurait pu croire que l’aîné des Dickens tenait son cadet pour responsable de toutes les misères qui leur étaient arrivées. Une attitude de repli extrême semblait s’être emparée de lui, pernicieuse, obscurcissant son champ de vision, jusqu’à l’empêcher de voir lorsqu’on voulait l’aider. Le poussant, par là même, à refuser toute idée de soutien. Eremon nageait seul en eaux troubles, feignant n’avoir besoin de personne. Il se voilait de toute évidence la face, mais le lui faire comprendre serait une toute autre paire de manches que de l’empêcher de continuer de marteler le pauvre hère qui gisait désormais contre le mur.

C’était carrément débile comme décision. Eremon avait raison, et il devait au moins lui reconnaître ça. Pourtant, malgré le danger, malgré les incidents qui s’étaient déjà produits depuis son retour, et malgré tous les rebondissements qui ne manquaient pas de le pousser un peu plus dans ses retranchements à chaque jour passant, il ne parvenait pas à regretter cette décision. Pas même lorsqu’il regardait Eremon dans les yeux pour n’y lire que de la colère et du rejet, ou qu’il voyait son frère s’autodétruire lentement et sûrement malgré ses tentatives à lui de le sauver. Une part de lui sentait que la clémence ne durerait peut-être pas éternellement, et qu’une fois qu’elle se serait envolée, il faudrait trouver comment gérer la situation. Son aîné semblait être devenu une véritable bombe, raz de marée de nitroglycérine impossible à endiguer. Une bombe sans retardement, en perpétuelle explosion, à la manière d’un volcan ne pouvant cesser les éruptions. À ces maux, Loeven n’avait aucune solution. Il se savait nappe de gazoline, répandue au sol, attendant sagement le moment où une simple étincelle ferait tout flamber. Eremon était d’une autre trempe, et il en avait conscience. Une trempe qu’il ne parvenait que très difficilement à canaliser, et qu’il n’était plus certain de saisir. La différence avait toujours été de mise entre eux. Mais depuis leur séparation un an auparavant, trop de choses semblaient avoir changées pour qu’ils se reconnaissent. L’aîné était devenu une chose impossible à cerner, une ombre au milieu du brouillard d’incertitudes et de dangers qu’était Radcliff. Et le cadet, lui, poursuivait l’ombre comme un forcené, désireux de la rattraper. De la sortir de là. De la sauver. Restait-il seulement quelque chose à sauver ? Il l’ignorait, à la vérité. Mais il refusait de baisser les bras et d’abandonner. Refusait de le laisser là, à prendre des décisions plus irresponsables les unes que les autres, condamné à se perdre dans les méandres de sa colère et de sa haine, probablement jusqu’à ce que mort s’en suive. Après tout, nulle cause n’était perdue tant qu’il restait encore un pauvre fou prêt à se battre pour elle.

Il ne put s’empêcher de secouer la tête, agité d’un désespoir peu commun. L’envie de se battre contre Eremon n’était pas là. Les piques de son aîné ne faisaient que lui faire grincer des dents, sans pour autant lui donner envie de répliquer. Il savait qu’il n’aurait fait qu’envenimer les choses, et ce n’était dans les intérêts d’aucun d’eux. Il en fallait un pour garder les pieds sur terre, voir les choses avec calme et mesure. Un pour être raisonnable quand le bon sens de l’autre semblait s’être littéralement envolé. Un pour tempérer, équilibrer la balance, et permettre à ce qui restait de leur famille déchiqueter de continuer à survivre. Et ce un, c’était lui. Chez les Borthwick, depuis bien longtemps déjà, l’âge ne faisait plus la responsabilité.

Il se retint de répondre à son petit affront, à sa petite pique. Un simple arrête ça aurait pu être suffisant et ne causer aucun dégât supplémentaire, comme il aurait pu déclencher un tsunami qui aurait soudainement emporté tout espoir de faire passer la discussion du côté civilisé de la barrière. Et à ce titre, mieux valait certainement ne rien dire. Il se contenta d’observer Eremon, ses doigts toujours sous sa lèvre, essuyant le sang qui perlait sur son menton. L’hémoglobine se prenait dans sa barbe, et il tentait de faire fi de la douleur pour empêcher qu’elle ne vienne trop tâcher ses vêtements. L’accusation revint le frapper alors que son aîné se penchait vers le corps inanimé. Le cadet Dickens échappa un soupir, fermant brièvement les paupières sous le coup de l’exaspération. « Parce que le cogner jusqu’à ce qu’il puisse plus articuler deux mots, c’était sûrement une meilleure idée. » Il secoua la tête, reportant son attention sur Eremon. Et il le vit, sans scrupules, faire les poches à ce type. Vider son portefeuille, s’emparer de son téléphone. Une légère surprise passa sur les traits de l’écossais, se muant bien vite en une déception renfrognée. « Tu fais les poches des gens maintenant ? T’es vraiment tombé plus bas que c’que j’pensais. » Il jeta un coup d’œil à l’autre bout de la ruelle, vérifiant par réflexe que personne ne les observait. « Pourquoi t’attends pas juste qu’il soit réveillé ? Si tu veux lui soutirer des infos, emmène-le dans un coin tranquille puis fais-le parler. Ça évitera que quelqu’un d’autre se mêle de votre petite… Discussion musclée. » Il parlait sans se rendre réellement compte de la portée de ses mots. Lentement, la conscience d’encourager Eremon dans sa folie le prit. Il ne la refoula pas, ni ne tenta de changer d’attitude. S’il ne pouvait se résoudre à complètement cautionner ce que son frère était en train de faire, il ne parvenait pas non plus à le condamner. Eremon agissait parfois de manière irréfléchie, mais il devait avoir ses raisons pour s’emporter de la sorte. Dans une situation telle que celle de Radcliff, chercher quelqu’un pouvait vouloir tout dire. Surtout lorsqu’on s’en prenait à un chasseur pour avoir des réponses. Et rester sans rien faire ne serait pas possible au cadet Dickens si quelqu’un comme eux, ou tout simplement quelqu’un de cher à son frère, était dans le besoin. Rester les bras croisés à évaluer les situations et les sages options était une attitude qu’il fallait parfois savoir abandonner.
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Daisy Moriarty
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MessageSujet: Re: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeDim 28 Fév 2016 - 14:46

We've learned to brace for the worst.
— loeven dickens & eremon dickens—
You carved our initials Into these family trees. But when the branches are bare and broken, Love is so hard to reach. We've learned to brace for the worst And to read the last pages first, Surrender feels safe. Maybe the soul is the soil that holds the fallen seed, Or the light pouring down in between the rain clouds, Daring life to reach; Or maybe it's the rings in the trunk of the tree, A birthmark time will leave To measure the past.— Slow & Steady.

Loeven n’aurait pas dû revenir à Radcliff, ça aurait été une décision tellement plus censée, tellement plus logique. Tout comme, quitter la ville dans un premier temps l’avait été. Eremon savait qu’il aurait dû partir avec lui, quitter cette ville de malheur et aller faire sa vie ailleurs. Tout aurait été tellement plus simple s’il avait eu l’intelligence d’agir ainsi. Mais il avait été stupide, coincée dans une envie de vengeance qu’il n’avait jamais trouvé le courage de pousser jusqu’au bout, alors elle était toujours là Oswin, fidèle à son poste, stupide petite chasseuse parmi la masse de hunters de cette ville. Il n’avait rien fait. Il n’aurait rien fait, sans doute si on ne l’avait pas poussé à cette folie dans laquelle il était en train de sombrer petit à petit. Il devenait cinglé à cause de ce qu’on lui avait fait, complètement impulsif, incontrôlable, alors s’il devait croiser la route de son ancienne fiancée aujourd’hui, sans doute que ce serait différent. Y aurait rien pour le retenir, même pas l’ombre d’anciens sentiments, ceux qui avaient fait battre son cœur pendant des années, pour mieux le briser à la fin. C’était de sa faute si Lyanna était morte, de sa faute si Loeven et lui avaient été poussés à la fuite. Elle avait gâché leur vie, alors même qu’à une époque, il s’était imaginé un avenir avec elle. Un mariage qui était en préparation, une envie d’aller plus loin, une belle maison, des enfants, une vie simple et normale loin du chaos qu’il connaissait à Radcliff. Elle avait tout foutu en l’air, elle avait tout ruiné et elle méritait bien que quelqu’un lui fasse payer tout ça et tout le reste aussi. Devenue hunter, y en avait combien d’autres des vies qu’elle avait pu détruire ? Des familles qu’elle avait pu briser ? La faire payer tout ça, ça restait un de ses objectifs, parce qu’il était fou sans doute et que la folie pouvait pousser à commettre le pire. Mais tout était de leur faute à ces hunters, ils avaient fait de lui ce qu’il était aujourd’hui. Il avait passé trop de temps au fond d’un laboratoire à servir de cobaye pour pouvoir garder la tête sur les épaules. Trop de temps dans un laboratoire, pendant que le reste d’un monde le pensait en prison pour le meurtre de la fille du maire. Talisa. Sa petite-amie. D’une façon ou d’une autre, son sang était vraiment sur ses mains, mais il ne l’avait pas tuée, il ne lui aurait jamais fait de mal. Il n’aurait jamais fait de mal à personne sans doute, si on avait pas brisé son esprit.

Oswin était un nom qui revenait trop souvent dans l’équation et qui faisait bouillir son sang dans ses veines. Mais il n’était pas question d’elle ce soir. Il n’était plus question d’elle depuis un petit moment maintenant. Parce qu’y avait Astoria. Elle qui avait disparu depuis quelques trop longues semaines. Disparaitre, c’était mauvais signe à Radcliff. Souvent signe de mort. Mais il voulait en avoir le cœur net et il avait encore espoir que la jeune femme soit encore en vie quelque part. Il avait encore espoir qu’il pouvait la sauver elle, quand bien même il n’avait rien pu faire pour Lyanna ou pour Talisa. S’il fallait frapper la moitié des hunters de la ville pour avoir une chance de la revoir en vie, alors il le ferait. Astoria faisait partie de ses personnes biens qui ne méritaient pas de se faire tuer pour des prétextes débiles. C’était le genre de fille qui n’aurait jamais fait de mal à une mouche. Les hunters pouvaient bien la qualifier de monstre autant qu’ils le voulaient, elle vaudrait toujours mieux qu’eux. Ce n’était pas compliqué en même temps. Les monstres c’était eux. Ce type à terre, il méritait bien les coups qu’il s’était pris dans le nez, combien de transmutants est-ce qu’il avait pu tuer au cours de sa vie ? Combien d’innocents ? Combien de Lyanna ou de Talisa ? C’était pas cette ville sans doute qui était complètement pourrie, mais, le monde entier. Y avait plus de loi, plus de justice, juste des malades qui prétendaient vouloir protéger le monde mais qui ne faisaient que le pousser peu à peu dans une guerre qui n’avait pas de sens. Sans doute que, venant de l’espèce humaine, ça n’avait pas grand-chose de vraiment surprenant. Ils trouvaient toujours une bonne raison de s’entretuer. Cette fois c’était ça, une mutation que personne n’avait choisie. Une mutation qu’ils avaient le moyen d’éliminer sans utiliser la manière forte, maintenant qu’ils avaient leur précieux vaccin, créé aux dépends de mutants comme lui. Mais fallait croire qu’ils s’en fichaient et qu’ils préféraient continuer à tuer. Est-ce que c’était ce qui était arrivée à Astoria ? Peut-être qu’elle était morte et que son corps avait été balancé au fond d’un fossé ou enterré dans une fosse commune avec tellement d’autres transmutants. Des monstres ces hunters, et ils continuaient de prétendre le contraire.

Ça l’agaçait au plus haut point Eremon, quand bien même il n’avait jamais eu la prétention de se proclamer défenseur de quoi que ce soit. C’était un conflit qui, pendant longtemps ne l’avait pas regardé, un conflit auquel il n’avait pas eu l’envie de prendre part. Il avait passé de nombreuses années à simplement fuir sans se mêler de quoi que ce soit et, il n’en avait pas plus envie aujourd’hui qu’à l’époque dans le fond. Tout ce qu’il voulait, c’était retrouver Astoria, le reste n’avait pas d’importance. Et Loeven, qui venait de se pointer comme une fleur après tout ce temps, il commençait déjà à lui foutre des bâtons dans les roues. Il n’avait rien à faire ici son cadet. C’était débile d’être revenu, alors même qu’il avait certainement été plus en sécurité ailleurs. Il soupira à la réplique de son frère, qu’il se mêle de ses affaires à lui, ce serait mieux pour tout le monde. « Bha, au moins, ça m’aide à passer mes nerfs. » Et il en avait besoin. Plus que jamais, alors que c’était devenu incontrôlable, une colère qui bouillonnait en lui et qu’il était absolument incapable de contrôler. Loeven devrait peut-être partir avant d’être le témoin de cette folie qui hantait son frère aîné. Il n’avait pas envie de lui faire du mal, alors, qu’il parte, ce serait mieux pour tout le monde. Qu’il trace son chemin au lieu de commenter ses actions. « J’ai appris ça de quelqu’un … » Jeane, celle qui lui faisait les poches à lui sans le moindre scrupule. Elle n’avait pas tort sans doute d’agir comme ça. Puis sérieusement, qu’est-ce que ça pouvait lui faire à Loeven que son frère pique quelques dollars à un putain de hunter ? Lui, il ne demandait qu’une chose, qu’il lui foute la paix. « Parce que quitter cette ruelle sans être repéré, ça s’annonce déjà compliqué, alors en trainant un gars avec moi, impossible. » Une fois le couvre-feu tombé, y avait des hunters absolument partout, les esquiver ce n’était pas toujours facile, mais avec un cas sur l’épaule, il savait d’avance qu’il ne ferait pas trois mètres avant de se faire arrêter par un autre hunter, l’avantage de l’interrogation au beau milieu de la rue, c’était bien qu’il n’avait pas besoin de se trainer un gars avec lui.

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MessageSujet: Re: it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens)   it's not a matter of luck, it's juste a matter of time. (dickens) Icon_minitimeSam 26 Mar 2016 - 5:50

Intervenir avait sûrement été la décision la plus stupide qu’il eût pu prendre pour entamer des retrouvailles. Pourtant, impossible de s’en empêcher. Impossible d’assister à la fureur de son frère, à la maltraitance telle d’un homme — aussi cruel en d’autres lieux puisse-t-il être. La foutue justice qui dévorait corps et âme du cadet Dickens depuis trop longtemps déjà ne pouvait supporter ce genre de violences. Pour autant, pas une seconde il n’aurait songé à réclamer de la pitié pour le type qui gisait à terre, inconscient. Il l’avait, d’ailleurs, assommé lui-même, et ce sans hésiter un seul instant. Mais c’était la vision d’Eremon, ainsi paré de ses atours sanglants, qui l’effrayait. Le cœur serré par ce que le monde avait fait de son frère, il ne pouvait s’empêcher de ressentir la culpabilité poindre : il l’avait laissé. Abandonné, une année durant, au milieu de cette ville de fous furieux, qui ne connaissait ni limites ni pitié. L’humanité elle-même semblait avoir déserté le cœur d’une bonne moitié des habitants ; c’était la seule explication plausible, pouvant justifier l’élection de Lancaster à la tête de la mairie de Radcliff. La seule chose qui pouvait justifier que les gens s’étaient, jusqu’à lors, laissé marcher sur les pieds à s’en retrouver opprimés par un couvre-feu, enfermés par une quarantaine. Où était passé leur indépendance et leur désir de vivre en paix ? La peur était-elle si puissante que même leur liberté était un sacrifice envisagé ? Il y avait quelque chose, dans cette situation, qui échappait au plus jeune des Dickens. Quelque chose qui lui flanquait la chair de poule en même temps qu’elle lui faisait grincer des dents et serrer des poings. L’aveuglement des habitants de Radcliff lui faisait peine à voir. Le mal-être s’était niché dans son cœur, lui qui souffrait d’un besoin existentiel de liberté, tant de mouvement que de pensée. Depuis qu’il était revenu dans les parages, il se sentait contraint, diminué. Handicapé par la nécessité de rester cloîtré entre ces quatre murs — des murs qui avaient été plus rapprochés encore que ce qu’il n’aurait pu imaginer, lorsque le NH24 lui avait fait l’affront de couler dans ses veines. Aujourd’hui, il pouvait au moins se permettre de respirer l’air putride qui circulait entre les maisons de la ville. Aujourd’hui, il pouvait mettre le nez dehors et vaquer à quelque occupation. Aujourd’hui, il avait pu se permettre de retrouver Eremon.

Tous dans la même cage, tous dans le même panier. Tous confrontés à une violence qui ne leur ressemblait pas, et qu’ils pouvaient tant épouser que rejeter. Néanmoins, le temps passant, les possibilités se réduisaient ; et même les pacifistes se retrouvaient parfois contraints à user de la force, de méthodes qui ne leur ressemblaient pas et qu’ils s’étaient toujours interdit d’employer. Le mutant n’en avait pas encore été rendu à ce point, et il espérait que cela n’arrivât jamais. Pour autant, il savait qu’enfermé entre des murs aussi tachés de rouge, rien n’était moins sûr. On se faisait à cet environnement, et la folie avait de plus en plus de chances de nous gagner, elle aussi. Eremon semblait en être la preuve vivante. Une preuve qui lui serrait le cœur et le conduisait à réfléchir à sa propre position, ses propres décisions — à son propre avenir. Jusqu’où serait-il, lui aussi, contraint à aller ?

Il lisait l’agacement sur le visage de son frère. Il avait l’impression qu’à tout instant, celui-ci allait lui demander de partir. De foutre le camp, de le laisser régler ses problèmes en paix. Un ordre que tout son langage corporel criait déjà, mais auquel le cadet Dickens se refusait à se soumettre. Il se demandait où étaient passés les principes de son frère. Où était passé son humanité. Faire les poches, ça lui ressemblait pas. S’énerver jusqu’à plus soif comme il l’avait fait, non plus. Mais c’était à croire qu’Eremon avait changé. Et que le nouvel Eremon, lui, en était parfaitement capable. Un homme foncièrement différent, que Loeven ne connaissait pas, construit sur les ruines de celui qui avait été son frère.

Et ils s’arrachaient la raison, les frangins Borthwick. Le plus jeune avait raison sur la méthode, le plus vieux avait raison sur la très faible probabilité de sa réalisation. Ils se retrouvaient pris au piège, à confronter leurs principes et leur intégrité. Incapables de s’accorder comme ils avaient pu le faire autrefois, lorsque leur survie commune était interpellée. Incapables de s’entendre ou de se supporter. « T’aurais dû y penser avant de te mettre à l’cogner. T’es loin d’être stupide. T’aurais pu lui tendre un piège, l’appâter là où t’aurais pu l’enlever sans te faire repérer. Au lieu d’te laisser emporter par ton impulsivité. » Au lieu d’te laisser gouverner par ta folie et ta furie. Il n’a pu s’empêcher de laisser les mots couler, l’amertume dans la bouche et la lassitude expirée par chacun de ses mouvements. Sa lèvre le faisait souffrir. La frustration de se retrouver face à un Eremon qu’il ne connaissait plus lui pesait. Il n’avait pas la patience de se faire traiter comme un abruti alors qu’il tentait de penser à un moyen d’aider son frère à s’en sortir et avoir ce qu’il voulait. Il ne supportait pas l’idée de se faire éconduire de la sorte alors qu’il était là pour rattraper des pots cassés, et tenter de freiner l’ampleur des dégâts tant qu’il en était encore temps. Son aîné avait l’air de penser qu’il était trop tard pour ça, mais le mutant était persuadé du contraire. Et on l’dirait idéaliste, sûrement.

Alors qu’il allait ouvrir les lèvres pour enchaîner, l’esprit fonctionnant à vive allure et la raison cherchant des solutions, il perçut des présences au bout de la ruelle. Ses yeux furent immédiatement attirés par les deux silhouettes qui s’y dressaient, menaçantes, doigt pointé dans leur direction. Il aurait presque pu imaginer les babines retroussées et les poings armés — mais pas besoin de s’attarder ici pour vérifier. « Merde. » Sa main retomba de sa lèvre alors qu’il voyait les deux chasseurs faire quelques pas vers eux. « Restons pas là. » C’était grommelé rapidement, et presque inutile. Leurs deux paires de jambes s’étaient déjà activées, et ils étaient partis en courant dans la direction opposée. Loeven en premier, sentant Eremon sur ses talons. Fallait pas rester là. Fallait pas courir le risque de se faire attraper — être repéré c’était déjà bien suffisant, et il n’y avait plus qu’à espérer qu’ils ne fussent pas identifiés.

Selon toute vraisemblance, son aîné lui ferait porter la faute. Il l’accuserait d’avoir gâché ses plans, lui reprocherait d’avoir empêché les informations de lui parvenir. Lui dirait que sans son intervention, il aurait eu le temps de tirer quelque chose de ce type. Peut-être aurait-il raison — peut-être pas. La dispute se poursuivrait, mais ils seraient au moins en sécurité. Ou, à tout le moins, il fallait l’espérer.

Pourtant, lorsqu’après une course effrénée pour échapper à ces types, le marionnettiste fit halte, caché dans l’ombre d’une petite ruelle, il se rendit compte qu’il était seul. « … Eremon ? » Quelques regards autour de lui. Il sort de son recoin. Les chasseurs ne sont pas là. Il les a semés. Il ne les entend même pas, malgré son ouïe affinée par les effets secondaires du vaccin. Mais il ne perçoit pas non plus la présence de son aîné. « Et merde. » Il est seul. Les pensées s’agitent au fond de son crâne — impossible que son frère se soit fait prendre. Il avait la certitude que c’était autre chose. Quelque chose de plus personnel, à tous les coups. Bien au-delà d’un plan pour ne pas se faire prendre, Eremon avait dû en profiter pour se faire la belle et se débarrasser de sa présence jugée indésirable. À cette pensée, les dents du Borthwick se serrèrent. Il fourra ses mains dans ses poches, voûta les épaules et baissa la tête. Le couvre-feu approchait. Trop tard pour le poursuivre, trop tard pour le courser.

Un goût amer accroché au palais, il se glissa le long des murs inquiétants, en direction de chez lui. Bien décidé à se dire que ce contretemps n’était que partie remise. Pas question de le laisser s’en tirer, encore une fois. Pas question de le laisser se débrouiller. Pas question de l’abandonner.
Pas cette fois.


the end.
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