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 (isolde), no matter what.

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeVen 15 Juil 2016 - 1:24



LET ME COME HOME TO YOU            
     DON'T LET ME LOSE YOU TOO    
- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
i'm halfway gone. we fought long enough, we were holding ropes but untied to love. if we had a moment we could ignite. instead it seems we're trying hard to start a fight. along these streets you read my words in the night, you hear me call ⓒtopic| h o m e.

La trêve n’avait été que de courte durée ; Cesare n’aurait jamais pensé que le retour à Radcliff le lui prouverait aussi tôt. Déjà, le chasseur se sentait épuisé, tiraillé, torturé par des remords qu’il n’aurait pas cru avoir à porter. Pas de sitôt. Quinze jours, qu’est-c’que ça pouvait changer à ce point ? Si au départ, il s’était répété cette question comme un mantra pour se déculpabiliser, avec le temps, il avait fini par ne même plus y penser. Et Radcliff, ses conflits, sa guerre, ses dangers, ils avaient juste été à des milliers de kilomètres. Dans une autre vie. Un fardeau qu’il récupérerait bien assez tôt. Alors pourquoi ne pas profiter de sa tranquillité si rare et si durement acquise, pour le temps qu’il avait ? C’était devenu une évidence pour le brun, avec le temps, les plaies visibles et invisibles qui cicatrisaient ; qu’au moins, il aurait droit à ça. Quinze petits jours qui passeraient trop vite. Et pourtant. Paris lui semblait lointain désormais – pas géographiquement, mais pour tout le reste, surtout. A croire que le Cesare de là-bas était mort dès le moment où ils avaient passé la frontière de Radcliff. Il l’avait dit, pourtant, qu’il s’adapterait à toutes les décisions qu’elle prendrait, Isolde. Qu’il la suivrait coûte que coûte : viscéralement, une évidence indiscutable ; dans la pratique, le retour à des origines qu’il aurait si volontiers oblitérées de sa mémoire ou de son être. Mais une fuite de c’genre, c’n’était peut-être pas la meilleure solution qui soit. Ici, il avait de la famille – ou ce qu’il en restait. Son père, qu’il n’avait pas vu depuis des semaines, disparaissant de son radar sans crier gare, peu de temps après l’enlèvement de la Saddler et leur décision de partir. Un choix impulsif, il l’avait toujours su, mais n’en mesurait les conséquences que maintenant. Revenir de leur propre chef, alors, peut-être que ç’avait été la meilleure façon possible de faire les choses – au moins pour s’adapter aux impressions lourdes qui demeuraient dans leurs entrailles pour les ramener dans ce coin miséreux du Kentucky. Quels imbéciles ils étaient, quand même, d’écrire leur vie de la sorte, de dépendre d’une ville toute entière où ils n’existeraient jamais pleinement – pourquoi fallait-il qu’ils portent dans chaque fibre de leurs êtres, une responsabilité quelconque vis-à-vis de ce qu’il pouvait se passer ici ? Radcliff leur avait déjà tant coûté ; et si on devait s’mettre à soupeser les sacrifices de chacun pour évaluer les vacances auxquelles ils auraient droit pour reprendre leur souffle, à n’en pas douter, Isolde et lui auraient droit à toute une vie de plénitude à n’plus penser à quoique ce soit d’ici. Mais ils étaient de retour à Radcliff- un infime bout de monde, insignifiant quand on pensait à grande échelle, un bled dont personne n’connaissait le nom, au-delà des frontières alentours ; un trou infernal autour duquel gravitaient toutes leurs vies, comme s’ils n’avaient rien de mieux à faire, ou à attendre d’un futur imprévisible. Pourtant, ils étaient tous les deux. Et ils avaient Clara – Clara qui, clairement, méritait bien mieux que tout c’qu’ils avaient connu dans les années qui composaient leur mémoire. Mieux que tout ce que rester à Radcliff avait à offrir à un bébé. Cette responsabilité, elle s’était aussi rappelée à Cesare à peine avait-il posé ses bagages, les quelques échappées réminiscentes de son esprit mourant, aussitôt avait-il reçu des nouvelles de Gabriela. Il était un habitué des mauvaises nouvelles pourtant, depuis le temps. Plus encore, Cesare connaissait depuis longtemps maintenant, le poids percutant et destructeur de la réalité revenant se faire une digne place juste devant ses yeux, dès qu’il essayait de s’en évader un tant soit peu.

Et quelle réalité – toujours la même, celle où il devait penser à la menace de sa famille, à la menace des hunters, de ceux qui étaient contre Isolde et le pouvoir qu’elle avait obtenu en décrochant la place de maire. Quand il devait penser à tous les transmutants, aussi, susceptibles de le haïr tout autant et de vouloir sa peau aussi activement que n’importe qui d’autre. Surtout, il avait à penser désormais à son père ; qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire, vis-à-vis de ça ? Une hantise qui avait tourné, tourné, tourné dans son crâne, le poussant au silence, pour les dernières heures qui avaient composé le trajet jusqu’ici. La maison. Ou du moins, celle d’Isolde. Celle où elles vivaient, Clara et elle, sans pour autant qu’il n’y ait jamais trouvé une véritable place ; et pourtant, à l’hôpital quelques jours avant de partir, ils se l’étaient dits, que ça arriverait, qu’ils vivraient ensemble, peu importaient les conséquences et les circonstances. Ils rêvaient toujours si facilement, quand ils s’retrouvaient au bord du précipice ou à avoir juste manqué une chance de peu- toujours était-il que face aux sacs qu’il avait ramenés avec lui, Cesare demeurait l’indécis qui n’savait pas quoi faire de ses dix doigts. Leurs vies, elles n’étaient jamais aussi faciles que c’qu’ils disaient en mots, ce qu’ils se promettaient, ce qu’ils s’engageaient à faire. L’idéal de quelque chose qui semblait encore lointain, à perfectionner, c’était bien plus facile que le réel, qui tournait à toute allure et avait ses propres lois. A force de s’faire avoir par le temps, les prétextes pour repousser un peu plus à chaque fois, où allaient-ils se retrouver ? Et pourtant, pourtant, le choix semblait être à l’orée de l’avenir d’un Cesare qui n’savait pas quoi faire. N’pas savoir quoi faire, c’était bien nouveau pour lui, ça ; fallait dire que quand on lui laissait peu de libre-arbitre et qu’il se contentait d’exécuter des ordres comme un automate incapable d’avoir son propre cerveau, les choix, ils étaient relativement rares. Il s’en serait bien passé, des questions d’vie ou de mort qui planaient juste au-dessus de sa tête dès qu’il se réveillait le matin, et commençait sa vie d’une quelconque façon ; chaque pas à Radcliff était fait comme ça, et à Paris, loin d’ici, l’esprit porté par une aisance qu’il ne s’était jamais connue, ç’avait été facile de penser à tout ça avec assez de recul pour s’dire que ça n’avait pas été si terrible que ça. Et pourtant, être à Radcliff maintenant, ç’avait des allures de se retrouver en prison – ou alors au fond d’un précipice duquel il était impossible désormais de remonter. Mais qu’aurait-il pu faire d’autre ? Pousser Isolde à partir avec lui ? Ca n’les aurait jamais menés où que ce soit de bien constructif, puisqu’elle le lui aurait toujours reproché, ou se le serait reproché à elle-même- d’une façon ou d’une autre, ç’aurait enclenché une fin lente et douloureuse à tout ce qu’ils avaient de bon, logique et immuable entre eux. Partir tout seul ? Ca n’avait jamais été une option, pas même un songe passant la frontière de son esprit. Pourtant, c’était peut-être bien ce que les couples faisaient à un moment, quand ils avaient assez de recul et d’maturité pour se rendre compte qu’ils ne voulaient pas les mêmes choses- et qu’irrémédiablement, ces idées diamétralement opposées, ces appels de la destinée qui allaient l’un à l’encontre de l’autre, créaient une distance, comme un élastique qui menaçait de rompre à tout instant. Peut-être que si ce soir devait être une preuve de quoique ce soit, ce serait que Cesare aussi, il avait des responsabilités auxquelles il devrait penser désormais ; des promesses qui appartenaient à cette ville en particulier, et à nulle part ailleurs. Ici, il y avait quand même Skylar, dont il n’avait pas eu de nouvelle depuis des lustres. Il y avait toutes les histoires de Rayen, le fait qu’elle était en prison, et qu’il y aurait peut-être un jour besoin d’éléments à charge pour la condamner. Les histoires autour de Callahan également, alors même qu’il avait été celui qui avait rassemblé le peu de preuves nécessaires à le conduire vers une cellule et un procès futur. Et puis… il y avait Gabriela ; un soupir amer passa ses lèvres alors que ça faisait de longues minutes, maintenant, qu’il était assis sur le bord du lit. Il n’pouvait pas dire qu’il l’avait juste oubliée – elle avait été dans un coin de sa tête, à chaque fois qu’il avait été avec Clara, serrant sa fille dans ses bras ou passant un moment avec elle. Mais Gabriela, ç’appartenait à un choix qu’il n’avait eu de cesse de repousser.

Celui duquel dépendrait tout l’avenir qui s’étendait sous ses pieds, à Radcliff ou n’importe où ailleurs. Et quelle était la meilleure décision ? Inéluctablement, aucune de celles qui ne lui venaient en tête n’était bonne. Devait-il simplement laisser Isolde et Clara derrière, avec toutes les chances de se faire une vie simple et stable sans lui et son héritage pourri dedans, rejoignant son père pour apaiser sa méfiance et sa hargne ? Tous ses instincts sacrificiels et pessimistes le poussaient vers cette idée. Et pourtant, maintenant qu’il s’était pris au jeu de la vie toute simple où ils avaient été si bien tous les trois, si normaux, il n’arrivait pas à s’faire à l’idée de les laisser, d’abandonner tout ça au nom… Au nom de quoi, au juste ? Devait-il clairement tourner le dos à son père, au risque de s’attirer ses foudres, sa vengeance éternelle et tant de promesses hargneuses que ni lui, ni Isolde, ni Clara n’pourraient vivre normalement tant que Rafael DeMaggio serait vivant et apte à les retrouver ? Devait-il tuer son père, comme ça, comme si c’était la chose la plus facile à faire ? Construire sa vie, la vie de sa fille et tout leur avenir à eux trois, sur quelque chose comme ça ? C’était l’genre de situations inextricables auxquelles le chasseur avait été bien content d’échapper, en France, ignoré et oublié par le reste du monde. Ouais- l’évasion, ç’avait été facile. Mais maintenant, y’avait tout un tas de responsabilités qui courbaient son échine et affaissaient ses espoirs à un néant fumant. Il venait de dire à Gabriela qu’il allait la retrouver, qu’ils allaient en parler. Mais parler de quoi ? Dans le brouhaha de sa tête, il n’trouvait pas de réponse exacte et idéale. Alors peut-être mieux valait-il qu’il n’en cherche pas. Hagard, il se releva du lit, pour arpenter quelques pas vers la lumière, après avoir passé tant de temps dans la pénombre étouffante d’une solitude qu’il n’avait plus éprouvée depuis longtemps, aurait-il juré. Il s’arrêta pourtant au niveau de l’ouverture de la porte, ses yeux sombres trouvant l’autre porte, close, de la chambre de Clara. Depuis le temps, elle devait dormir profondément désormais, mais le jeune homme était bien tenté de la réveiller, rien que pour la serrer dans ses bras – quitte à devoir passer des heures à la rendormir. Au moins, ça repousserait le reste. Mais au lieu de ça, il repartit vers la chambre ; Isolde, en bas, était trop occupée il l’espérait, pour se rendre compte qu’il n’était pas redescendu depuis un moment. Dans un tiroir de la pièce, il retrouva cet objet qu’il n’avait plus eu l’impression de devoir porter comme si ça vie en dépendait, depuis ce qui lui semblait être une éternité ; une fois l’arme entre ses doigts, Cesare en analysa le chargeur, bien trop conscient de toute manière, que c’était surtout dans son appartement à lui qu’il trouverait ce dont il avait besoin. Son arme pourtant, il la garda avec lui, l’accrochant à sa ceinture avant de trouver sa veste : c’était ça, être revenu à Radcliff, et c’n’était pas comme s’il pouvait avoir un quelconque contrôle sur les événements. Combien d’fois est-c’que le reste des éléments leur avaient prouvé qu’ils n’avaient pas grand-chose à dire, hormis lorsqu’ils profitaient des trop rares échappées ? De toute manière, le plus dur allait probablement l’attendre en bas – le surplus de mauvaises nouvelles, ça n’marchait jamais assez bien, entre Isolde et lui. Il eut tout juste à faire un volte-face, pourtant, pour trouver Isolde, qui passait tout juste l’entrebâillement pour le retrouver. Et malgré la pénombre, il sut qu’elle le dévisageait, trop consciente qu’il y avait quelque chose qui lui échappait, déjà. « J’allais descendre. » qu’il marmonna simplement, les yeux déjà fuyards malgré ses efforts – parce que dès le moment où il avait vu le nom de Gabriela inscrit sur l’écran de son téléphone, il avait réalisé que c’était encore une part de sa vie dont Isolde ignorait l’existence. Encore quelque chose qui pesait sur ses pensées, ses choix, ses décisions, mais dont il n’avait pas eu l’courage de parler avec la mutante. Décidément. Peut-être que si elle devait être parano à se dire qu’il aurait pu tout aussi bien essayer de s’enfuir par une fenêtre plutôt que de la confronter, elle aurait eu raison.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:24, édité 2 fois
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Isolde Saddler
Isolde Saddler

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeVen 15 Juil 2016 - 14:57

— cesare demaggio & isolde saddler —
freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

Les vacances en France, Isolde en avait eu besoin pour se remettre en piste. Elle n’avait jamais envisagé de partir en vacances où que ce soit avant que les choses ne deviennent vraiment trop compliquées à Radcliff. Elle n’avait pas quitté la ville depuis tellement d’années que l’idée de partir ne lui avait pas effleuré l’esprit avant cette nuit-là, à l’hôpital. Maintenant, elle ne regrettait pas d’être partie, bien au contraire. Les vacances avaient été agréables, loin des problèmes quotidien et détachée des questions qui avaient hantées son esprit pendant les jours qui avaient suivi son attaque, Isolde avait pu en profiter pleinement et y avait probablement rien de mieux au monde que les moments comme ceux qu’ils avaient connu là-bas en France. Ils n’avaient été que tous les trois, loin du reste du monde, comme une vraie famille. Maintenant qu’ils étaient rentrés à Radcliff, ils retrouvaient les choses telles qu’ils les avaient laissés. Les problèmes étaient encore là, les trucs à gérer se multipliaient à la vitesse de la lumière. C’était son choix à elle pourtant, que de revenir à Radcliff. Elle l’avait fait et elle l’assumait. Elle savait qu’elle n’aurait jamais pu se détacher complètement de Radcliff quand bien même elle serait partie. Parce qu’elle avait des choses à accomplir dans cette ville et peut-être qu’elle était folle de vouloir essayer de régler les problèmes de cette ville, les atténuer en tout cas, mais elle était du genre à penser que ça valait encore le coup d’essayer. Tant qu’elle en avait encore la force et le courage, elle pouvait bien se donner la peine de continuer. Y avait cette idée au fond de son crâne, que beaucoup trouvaient complètement débile, mais elle se disait que si elle avait définitivement quitté cette ville pour aller faire sa vie ailleurs, y en aurait eu un au fond de sa cellule qui aurait pu se réjouir d’avoir réussi à l’abattre et c’était le genre d’idée qui la rassurait quant au fait qu’elle avait bien agit. Ce type allait avoir un procès auquel elle se pointerait juste pour lui prouver que ce qu’il avait cru faire, ça n’avait servi à rien. Y avait eu un moment où elle avait cru qu’elle allait baisser les bras, complètement épuisée et traumatisée par tout ça, mais ça allait mieux maintenant. L’étranger, ça l’avait ressourcée et comme on disait souvent, ce qui ne tue pas rend plus fort.

Elle ne savait pas si elle était plus forte qu’avant, mais au moins, elle savait qu’elle était encore en vie et qu’elle avait bien l’intention de le rester encore un moment, un long moment. Alors, elle allait vraiment les faire bouger les choses dans cette ville, pour que les hunters arrêtent de penser qu’ils pouvaient kidnapper les gens et les torturer comme si c’était la chose la plus naturelle qui soit. Ça avait peut-être été le cas à un moment, quand Lancaster avait été à la tête de la ville, mais ce n’était plus pareil aujourd’hui et Lancaster aussi, elle allait finir par le coincer pour ce qu’il avait fait. Elle avait eu Callahan, si en plus elle pouvait envoyer Lancaster à ses côtés, au moins, peut-être qu’on la prendrait un peu plus au sérieux. Enfin, à peine rentrée, à peine avait-elle dû laisser ce genre d’histoire de côté afin de gérer des trucs plus importants, ou en tout cas, plus urgent, parce qu’y avait des scientifiques timbrés qui relâchaient des monstres en ville maintenant. Ça n’en finissait jamais à Radcliff et chaque nouvel événement avant tendance à être tellement surprenant, qu’au moins, y aurait jamais aucun moment où elle pourrait se dire qu’elle avait tout vu. Radcliff avait au moins cet avantage de réserver des tonnes de surprises, quand bien même elles étaient de celles dont on se passerait bien. Heureusement qu’elle n’habitait plus dans le centre de Radcliff, au moins, elle pouvait se dire que ça lui éviterait une potentielle attaque de monstre bizarre. Il avait déjà détruit plusieurs routes, bloqués de nombreux accès et bâtiments et y avait personne qui semblaient capable de l’arrêter, même les hunters, fallait croire qu’ils avaient baissé les bras, eux qui pourtant pouvaient prétendre savoir comment arrêter tout et n’importe quoi, eux qui étaient si bien entrainés, prêts à faire face à tout, fallait croire qu’ils n’avaient pas réussi à faire quoi que ce soit contre ce truc. Ouais, fallait dire qu’y avait de fortes chances pour que ce truc, ce soit le résultat d’une grosse merde dans un laboratoire appartenant aux hunters, alors forcément, ils ne faisaient pas trop les malins. De toute façon, ceux-là, à part foutre la merde partout où ils passaient, c’était à se demander s’ils servaient vraiment à quelque chose. Elle allait pouvoir ajouter un nouveau truc à la liste des trucs qui faisaient qu’elle détestait les hunters. Maintenant, ils lâchaient des monstres en ville. C’était à se demander ce qu’ils comptaient faire la prochaine fois. Est-ce qu’ils étaient pas censés être stratégiques ou quelque chose dans ce gout-là ?

Elle soupira longuement devant son ordinateur alors qu’elle lisait et relisait l’étendue des dégâts actuels, les mesures de sécurité, l’estimation du fric qu’il allait falloir utiliser pour reconstruire ce qui avait été détruit. Les morts, les blessés à cause de ce truc. Ça n’en finissait pas et là face à son écran, elle avait beau être revenue à Radcliff particulièrement en forme, elle se demandait pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas pris quelques semaines de plus. Ou toute sa vie, loin de tout se merdier qui un jour ou l’autre, sans avoir raison de sa motivation, aurait au moins raison de sa santé mentale. Elle en avait assez vu pour ce soir, elle se concentrerait de nouveau là-dessus le lendemain quand elle serait à la mairie. Fallait qu’elle apprenne à ne pas se rajouter du boulot quand elle était chez elle, après tout est-ce que ça ne faisait pas partie des choses qu’elle avait voulu faire différemment ça aussi ? Mais il avait suffi qu’elle ouvre son ordinateur pour regarder ses mails et elle avait fini par partir là-dessus. La tentation était toujours trop forte. En, même temps c’était calme, Clara dormait déjà depuis un moment et Cesare, elle ne l’avait pas vu depuis plusieurs longues minutes. Elle n’était pas sa mère, il pouvait bien faire ce qu’il voulait sans qu’elle l’observe du coin de l’œil, mais quand même, elle ne l’avait pas entendu redescendre depuis un certain temps. Est-ce qu’il s’était endormi ? C’était pas son style pourtant, il était encore tôt après tout, malgré la nuit qui avait obscurci le ciel. Elle referma son ordinateur, le laissant trainer sur le canapé avant de monter les escaliers pour rejoindre l’étage. Elle s’était arrêtée quelques secondes devant la porte de la chambre de Clara, y avait pas le moindre bruit qui indiquait qu’elle était réveillée, tant mieux. Elle traversa le couloir pour rejoindre la chambre où elle trouva Cesare, avec sa veste sur le dos comme s’il allait sortir, parce qu’elle voulait bien que l’été touche à sa fin, mais quand même. Il faisait assez chaud à l’intérieur de la maison pour qu’une veste ce ne soit pas nécessaire. Elle alluma la lumière avant d’appuyer son épaule contre le chambranle de la porte, les bras croisés sur sa poitrine. « Tu vas quelque part ? » Loin d’elle l’envie de passer pour la petite amie possessive qui n’acceptait pas qu’il sorte, mais elle n’était pas non plus née de la dernière pluie, elle commençait à bien le connaitre Cesare. Il avait passé elle ne savait pas combien de temps tout seul à l’étage, il avait le regard fuyant alors, y avait quelque chose qui lui faisait pensé qu’il n’avait pas l’intention de sortir pour aller boire un verre entre potes ou quelque chose dans ce gout-là. Maintenant qu’elle attendait une réponse à sa question, s’il voulait quitter cette pièce, il allait devoir la lui fournir, parce qu’elle n’avait pas l’intention de bouger de là.


Dernière édition par Isolde Saddler le Lun 18 Juil 2016 - 15:33, édité 1 fois
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 1:56



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Les regrets, l’amertume, la réalité tout simplement : Cesare avait su qu’ils retrouveraient tout ça une fois qu’ils seraient à Radcliff à nouveau. Des ressentiments qui les quittaient pourtant si aisément, quand ils étaient seuls, loin de cette ville maudite. Cesare n’aurait jamais cru que les vacances pourraient être aussi reposantes, tranquilles à leur manière – et pourtant. Probablement que c’était parce qu’il n’en avait jamais pris au sens propre, avant : ça n’avait jamais été compatible avec l’existence qu’il avait menée. Ç’aurait été trop bon, au milieu d’un quotidien vide de toute distraction – des moments parasitaires qui auraient fini par amener le jeune homme à voir les choses différemment, bien plus tôt. Bien trop tôt. Les vacances, ç’avait été bon ouais – mais c’était fini maintenant. C’était un peu comme chaque moment qu’il passait en compagnie d’Isolde ; trop rapide, trop bref, un mince filin d’espoir suspendu dans le vide, sur lequel le poids de la réalité revenait s’poser sans aucune pitié, dès la première occasion. Tout est voué à une fin, qu’on disait bien souvent. Le chasseur avait découvert que c’était bien vrai, surtout pour les bonnes choses. La vie merdique propre aux DeMaggio, elle n’s’arrêtait jamais. Et elle avait déjà réclamé de lui plus de volonté, d’endurance, d’ardeur que n’importe quoi d’autre. Ca l’avait affuté, au moins – aiguisé à devenir de ces êtres humains aussi résistants que de l’acier, face à n’importe quelle péripétie s’présentant sur sa voie ; la seule chose positive, était-il prêt à jurer, la plupart du temps. Il avait été fier, malgré tout, à une époque, de l’héritage coulant dans ses veines et tout ce que ça incluait pour son avenir ou l’homme qu’on faisait de lui. Il avait été fier d’être fort, immuable, résistant, précis et organisé, déterminé : parfois, ç’avait été la seule chose qui avait importé au jour le jour. Pourquoi chercher plus loin ? C’avait dû devenir plus un instinct de survie qu’autre chose : rien que pour conserver les derniers grains de conscience qu’il avait dans la tête- au final, il s’était retrouvé à n’que trop rarement se demander pourquoi sa vie était faite ainsi. Pourquoi ses parents pensaient nécessaire de faire de lui quelqu’un qui risquait ses jours quotidiennement, quelqu’un qui sacrifiait toujours plus de sa morale et de son âme à une cause quelconque. Pourquoi on avait cru si aisé de le balancer tout entier, gibier à la mort et aux lois les plus impitoyables du monde, sans lui d’mander son avis, et sans jamais lui laisser entrevoir c’qui pouvait y avoir d’autre. Vingt-sept ans plus tard, il rentrait tout juste de ses premières vacances depuis le début d’son existence. Et il n’savait pas s’il était reposé, ou plutôt épuisé – usé jusqu’à la moelle par tant d’choses qu’il aurait bien voulu balancer dans l’oubli. Cesare aurait bien opté pour le déni, pour le coup ; définitivement, s’il s’était posé la question à de nombreuses reprises, maintenant il le savait : Paris, ç’avait été une fuite dans laquelle il s’était engagé tête la première, sans l’ombre d’un doute ou d’un remord. Il le méritait bien- ils l’avaient bien mérité, Isolde et lui tout à la fois. Et si Radcliff était encore debout, si la ville ne s’était pas effondrée juste parce qu’ils avaient décidé de prendre un peu d’temps pour eux dans l’ignorance la plus totale, les choses ne s’étaient pas amélioré pour autant. Y’avait toujours eu ces événements qui s’étaient alignés, cette réalité à laquelle il fallait s’adapter à nouveau, parce que la vie ici, elle filait à toute allure, si vite que c’en était déstabilisant et déplaisant au possible. Pourquoi cherchait-il encore à prétendre qu’y’avait quoique ce soit dans sa vie, d’autre que ce qui était partout autour de lui ici et maintenant ? Les responsabilités, Radcliff, la chasse et les mutants, des causes plus vastes que l’pauvre type qu’il était. C’n’était même pas un cercle vicieux ; c’était la vie telle qu’elle était- telle qu’elle s’rappelait si vite à lui.

Quoiqu’il en soit, il n’pouvait plus rien y changer, désormais. Il arrivait vingt ans trop tard pour lui-même, avec sa conscience, ses remords, et son envie de faire mieux. Son envie d’avenir meilleur qu’il n’avait que trop peu peaufiné dans sa tête, rien que parce que c’était trop douloureux et trop inatteignable à la fois. Le monde était déjà assez cruel en lui-même pour que Cesare n’s’impose d’autres douleurs, par ambition ou par caprice : fallait toujours que les choses dans sa vie, revêtent ces apparences trompeuses, baignées d’arômes qu’il n’savait pas correctement décrypter. Les vacances, ç’avait été bon ; mais comme prévu, ça rendait le retour à la réalité plus assommant qu’il n’aurait pu l’imaginer un jour. Quand cette vie-là était quotidienne, y’avait un genre d’anesthésie qui se faisait d’elle-même, une lassitude qui prenait le pas sur tout le reste, tant et si bien qu’endurer n’était pas si difficile, au fond. C’était toujours l’espoir d’y échapper un tant soit peu, pour mieux y revenir bien trop tôt, qui était l’plus chiant et le plus destructeur. Ils auraient dû retenir leur leçon, à force. Faire mieux, peut-être que c’était possible au moins pour Clara. Et pour le fils de Gabriela ; il voulait bien croire ça. Maintenant que toute cette histoire le travaillait et l’prenait aux tripes, il n’pouvait plus s’empêcher de la ressasser, dans ses moindres détails. Il s’était dit, aussi, à l’époque, que rejoindre son père, prétendre faire partie de la famille à nouveau, lui permettrait au moins de trouver des indices, quelque chose pour aider Gabriela également. Il n’lui avait rien dû, pourtant ; rien d’autre que d’respecter un minimum la promesse qu’il lui avait faite à demi-mot. Mais Cesare n’avait pas choisi de s’enfoncer dans un genre de déni qui chasserait la jeune femme de sa tête. Maintenant, il n’arrivait pas à croire qu’il avait si volontiers oublié sa cousine, toute cette histoire, fuyant ce devoir tout autant que le reste. Au fond, la trêve, ces simples vacances avaient vivement l’allure d’une course contre tout l’reste. D’Isolde et lui, il était le lâche qui aurait bien voulu n’plus jamais refaire ces pas en arrière vers la ville qu’ils avaient laissé derrière eux. Peut-être avait-il eu de bonnes raisons d’penser comme ça, d’agir de la sorte, de plier bagages et de disparaître comme un fantôme qui n’daignait laisser le moindre signe de vie où que ce soit : quinze jours plus tard, il n’arrivait même pas à se vendre à lui-même le moindre prétexte, pourtant. Tout c’qu’il pouvait faire, c’était observer rageusement le téléphone qui l’avait ramené sur la planète terre, dans c’coin de Kentucky, à Radcliff, la ville ingrate et dénuée de charme où il n’avait que trop longtemps vécu, il en était persuadé désormais. Rien que pour la forme, le DeMaggio aurait bien voulu, pouvoir refaire ses valises, embarquer Clara et Isolde sous son bras pour réinstaller un océan entre eux et leurs responsabilités. Mais c’était trop tard. Le coup de téléphone avait été passé, et toutes ces valeurs dont il avait été si fier fut un temps, imposaient au chasseur de rester cloué sur place- de réfléchir, réfléchir encore et encore à ce qu’il pouvait faire. Ses options étaient limitées, comme toujours ; mais sur le filin de sa propre existence, Cesare venait d’découvrir qu’y’avait plein d’autres gens qui s’accrochaient à ses choix et à ses actes tout autant. Il avait fui, et Gabriela l’avait presque payé au prix fort : qu’est-c’qu’il aurait fait, si ç’avait été le cas ? Trop souvent, c’genre de pensée le ramenait à Aria. Elle aussi, elle avait failli y échapper, à tout ça ; elle avait manqué d’peu de refaire sa vie ailleurs, d’trouver une seconde chance quelque part. Mais finalement, elle avait fini par crever dans les décombres fumantes d’une fête foraine à laquelle ils n’avaient jamais eu le droit d’aller dans leur jeunesse – quelle putain d’ironie. Cesare, subitement, il se sentait capable de lire toute sa destinée à lui : il finirait probablement aussi par crever d’la même manière, ou un truc y ressemblant. Et lui aussi, aurait presque eu une seconde chance, une autre opportunité, sans vraiment la saisir. Non, les vacances, ça n’lui avait pas permis de voir les choses différemment de c’côté-là : au contraire, ç’avait rendu tous les jours plus sévères et impitoyables qu’avant.

Comme quoi, il n’était vraiment pas un habitué des vacances, et de la gifle que celles-ci ramenaient dès lors qu’on en revenait. Ça, c’était en plus sans compter le décalage horaire qui pesait sur ses épaules comme du béton armé : s’il n’avait pas reçu ce coup de téléphone, peut-être bien qu’il se serait simplement endormi, rien qu’pour fuir un peu plus longtemps la réalité. C’était leur truc, après tout, de repousser celle-ci le temps d’une nuit, jusqu’à ce que l’aube ne vienne bien assez tôt avec ses propres conséquences. Il n’s’était pas attendu à ce que la lumière allumée lui brûle les yeux à ce point. Pourtant. Comme quoi, fallait croire qu’il était resté ici, dans son coin avec ses songes, pendant plus longtemps qu’il ne l’avait cru. Mais déjà le ton de la conversation était donné, tandis que la jeune femme ouvrait la bouche : pourquoi est-c’que sa voix semblait si accusatrice, subitement ? Probablement parce qu’il avait sa veste sur le dos, indicatrice qu’il aurait presque volontiers pris la fuite sans rendre de compte à qui que ce soit : l’automne arrivait, certes, mais pas au point qu’il ait besoin de s’emmitoufler à l’intérieur. Allait-il quelque part ? Le silence s’installa pour de longues secondes, alors qu’il cherchait une quelconque réponse digne de ce nom, dévisageant une Isolde qui revenait à lui avec tout le reste du monde. Ça ressemblait un peu à la vie à Radcliff – rien n’était idéal dans ce qu’il avait à dire, ou la conversation qui se profilait à l’horizon. Ouais, s’il avait été du genre lâche, Cesare aurait bien eu envie d’pouvoir éviter ce face à face pour directement se retrouver à l’extérieur de la maison. Indéniablement, après vingt-six ans d’existence seul avec lui-même, c’n’était pas toujours facile, de dire ce qu’il y avait à dire : il n’était pas doué avec les mots. « J’en sais rien. » admit-il donc, dans un haussement d’épaules, honnête malgré les apparences. C’était toujours le même débat, entre ce qu’il avait envie de faire et ce qui s’imposait de lui-même jusqu’à lui ; à croire que s’il en venait à suivre ses envies tout court, le brun serait bien plus lâche. « J’veux dire... » et sans s’en rendre compte – ou presque – le brun se retrouva assis au bord du lit. « ça faisait… un peu partie de l’idée de revenir, non ? » question rhétorique plus qu’autre chose. Combien de fois, quand il avait été avec Isolde, avec Clara, ou avec elles deux à la fois, avait-il songé aux jours où ils reviendraient ici ? Combien de fois s’était-il demandé, maintenant qu’il s’était laissé prendre au jeu, comment il ferait pour reprendre cette vie morne et pleine de responsabilités qu’il avait à Radcliff ? Pour Isolde, c’était indéniablement plus facile que pour lui : ses devoirs n’rimaient pas avec le fait de quitter cette maison, de les laisser tous les deux derrière sans savoir quand est-c’qu’elle aurait le temps, ou la possibilité de les revoir. Ouais, cruellement, Cesare s’retrouvait trop souvent dans ses détours de pensée, à jalouser une Isolde qui n’avait jamais eu les mêmes choix à faire que lui. « On est de retour dans les mêmes histoires. » et peut-être que son soupir laissa transparaître une rancœur qu’il n’avait pas vraiment. Pas contre elle, pas contre le choix qu’elle avait fait. Ils étaient revenus à Radcliff ensemble comme promis, il avait choisi de revenir avec elle – d’accepter, parce que rien d’autre n’comptait s’il n’était pas avec elle. « J’ai pas mal de trucs à régler ici, non ? » il la dévisagea sans pouvoir se retenir, sondant la blonde comme s’il la confrontait : elle avait bien dû savoir quand elle avait décidé de faire ce choix-là, qu’elle le foutrait aux pieds du mur. Alors pourquoi subitement l’accusait-elle ? « Deux semaines à Paris, ça n’a rien fait disparaître, j’suppose. » et peut-être même que ç’avait empiré ses problèmes d’ailleurs. Son père devait avoir plus de soupçons que jamais et le temps lui avait permis d’construire toutes les théories possibles et imaginables : il avait disparu, sans crier gare. Maintenant, il allait bien falloir qu’il fasse quelque chose à ce sujet. « Alors -… j’sais pas vraiment c’que je fais là. J’peux pas rester ici, comme si de rien n’était. Ça vous met toutes les deux en danger… comme- comme d’habitude. » pouvait-elle vraiment le nier ? Pouvait-elle vraiment le blâmer de retomber dans le même trajet de pensée, alors que rien n’était réglé ? Ils avaient su, que ce serait vers ça qu’ils reviendraient, qu’y’aurait pas de miracle. Et peu importait c’qu’elle pouvait penser, c’était plus dur pour lui que ça n’le serait jamais pour elle. Le soupir qu’il eut, laissa probablement sous-entendre des trucs qu’il n’avait pas nécessairement envie de dire à haute voix. Ces mêmes débats, qu’ils avaient eus ensemble, ou qu’il avait eus avec lui-même, depuis des lustres – Isolde devait être habituée, depuis le temps. « Peut-être qu’il est temps que j’rentre… faire c’que j’ai à faire. » et qu’est-c’que ça pouvait bien vouloir dire ? Lui-même ne savait pas, parce que c’était comme ça qu’était sa vie depuis trop longtemps ; des risques plus ou moins mesurés. Il n’savait pas et n’pouvait pas prévoir à quel Rafael il aurait affaire, ni c’qu’il allait lui-même choisir de faire. « On dirait que… pas mal de choses se sont passées quand j’étais pas là. » c’était bien ça, le problème : Radcliff n’avait pas arrêté de tourner. Et à quoi bon en parler ? Combien d’fois est-ce que les circonstances leur avaient prouvé que ça n’servait à rien ? Cesare se souvenait bien de ce qu’il avait dit à la mutante, que ce qu’il s’passerait à Radcliff en son absence n’serait pas de sa faute. Deux semaines plus tard, il avait bien du mal à suivre ses propres conseils : comment penser autrement, alors qu’il savait déjà que sa cousine s’était jetée seule dans la gueule du loup, tout simplement parce qu’il n’avait pas donné signe de vie, et n’avait pas décroché son téléphone lorsqu’elle l’avait appelé ? Alors avant de s’laisser happer par ses remords, Cesare les fuit, se redressant sur ses pieds pour revenir vers la jeune femme. « Tu sais que j’ai des trucs à régler. » qu’il lâcha dans un marmonnement, froid, bien conscient que ce n’serait pas assez- que ce n’serait jamais assez ; tout autant conscient, malgré tout, qu’il n’avait pas envie d’en parler. Que c’était un problème récurrent chez lui – il n’avait pas eu envie d’en parler jusque-là, de la chasse, de ses histoires, de son père, de sa famille : comme si ça n’faisait pas partie de sa vie, pas partie de lui. Et pour la millième fois probablement, ça revenait comme une gifle dans sa gueule.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:25, édité 1 fois
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeLun 18 Juil 2016 - 17:43

— cesare demaggio & isolde saddler —
freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

Les deux dernières semaines avaient probablement étaient les meilleures semaines de sa vie. Ce n’était pas la première fois qu’elle partait en vacances, elle l’avait déjà fait de nombreuses fois quand son père avait été encore en vie. Tous les deux, ils avaient toujours su profiter de l’été pour partir prendre l’air ailleurs. Mais y avait eu un été au cours duquel son père était mort, des vacances desquels il n’était jamais revenu. Depuis ce moment-là, la notion de vacances avait pris un aspect bien négatif aux yeux de la jeune femme. Isolde n’était plus partie depuis un moment, elle n’en avait jamais eue l’envie. Elle était devenue cette fille qui bossait trop, qui consacrait sa vie à un but qu’elle s’était fixé au milieu de son chagrin, de sa frustration et de sa rage. Ce n’était pas juste ce qui était arrivé à son père, ce n’était pas juste ce qui lui arrivait à elle, alors même qu’elle n’avait jamais rien fait de mal dans sa vie. Elle était née transmutante, c’était ce qu’on lui reprochait, comme si ça pouvait être un choix qu’elle avait pu faire, une erreur sur son passage. Ce n’était rien de tout ça. Ce n’était d’après elle, même pas une tare génétique, c’était juste quelque chose en elle qu’on n’aurait pas dû avoir le droit de lui reprocher d’avoir. Mais le monde était mal foutu et ce qu’elle ne voyait pas d’un mauvais œil, c’était ce qui avait fini par tuer son père, lui qui pourtant, n’avait pas porté cette anomalie génétique. Elle était revenue à Radcliff après ces vacances, avec la volonté de changer les choses, plus que ça sans doute, à l’époque, elle avait bien cru qu’elle pourrait changer le monde. Pourtant, y avait rien qui avait changé, au contraire, les choses étaient de pires et pires et elle, au milieu de tout ça, elle n’avait jamais voulu baisser les bras, alors elle en avait fait du chemin, depuis que son père était mort. Elle n’avait été qu’une adolescente à l’époque, puis elle était devenue flic, puis cette fille qui avait cru au moins pouvoir soutenir les autres à sa façon, en les poussant à s’entraider et puis elle était devenue une terroriste à la tête qu’un groupe de transmutants plein de rage. Maintenant, elle était devenue maire de la ville et entre tout ça, elle n’avait jamais pris le temps de se poser cinq minutes pour penser à elle-même et se reposer un peu. Les deux dernières semaines, ça avait été la première fois depuis une éternité où elle s’autorisait enfin à se reposer. Elle avait été avec Cesare, avec Clara, plongée dans l’impression, peut-être complètement fausse, que sa vie finalement, elle ressemblait à autre chose qu’une tonne de responsabilités qu’elle n’avait de cesse de s’imposer, parce qu’un jour, son père avait été tué par les hunters, à cause d’elle. Le fait que ce soit Rafael DeMaggio ou n’importe qui d’autre dans le fond, ça ne changeait pas grand-chose à ce qui s’était passé cet été là, des années plus tôt.

Les deux dernières semaines avaient été parfaites, loin de la vie qu’ils avaient ici Cesare et elle et peut-être bien que malgré la décision qu’elle avait pu prendre, celle qui les avait reconduits ici, elle n’avait pas totalement été prête à revenir. Y avait cette partie d’elle qui restait accrochée à toutes les choses qu’ils avaient pu se dire, leur volonté de faire les choses différemment et qui la laissait croire que c’était possible. Dans tout ce qu’ils avaient pu se dire à l’hôpital, y avait des choses qu’ils avaient faites après tout. Ils avaient quitté Radcliff tous les trois pendant deux semaines. Y avait d’autres choses qu’ils avaient pu raconter et qui semblaient déjà oubliées, balancées derrière eux comme si ça n’avait pas d’importance où que ce n’était pas possible. Des choses dont ils n’avaient pas reparlé depuis cette nuit-là à l’hôpital et peut-être bien que Cesare avait fini par se dire qu’avec la morphine qui avait coulé dans ses veines elle avait fini par en oublier la moitié et que c’était pas plus mal comme ça. Ou peut-être que ça faisait juste partie de ces nombreuses choses qu’il avait dites trop rapidement et qu’il avait fini par regretter, à l’image des promesses qu’ils avaient pu se faire et qui un beau matin étaient devenues des paroles en l’air. Ils avaient deux façons complètement différentes de fonctionner Cesare et elle et ça dépendant très certainement de la façon dont ils avaient grandi, lui dans une famille de hunters, où les épreuves s’étaient imposées à lui sans qu’il n’ait son mot à dire. Elle dans un univers ou on lui avait toujours laissé diriger sa vie comme elle en avait l’envie. Il avait eu une vie difficile au milieu de sa famille, là où elle son père n’avait toujours voulu que son bonheur. Alors aujourd’hui, c’était normal sans doute, qu’il soit celui qui ait du mal à croire en un avenir meilleur, comme s’il avait été formaté comme ça dès son plus jeune là, alors qu’elle, elle avait encore le courage de se dire que les choses pouvaient s’améliorer s’ils s’en donnaient la peine. Qui avait tort, qui avait raison, c’était un débat qu’ils ne pouvaient et qu’ils ne pourraient peut-être jamais résoudre. De son côté à elle, ces deux semaines, elles avaient suffi à ranimer bien des espoirs et elle avait fini par se dire que la vie à Radcliff elle pourrait aussi ressembler à ça, tant qu’ils étaient tous les deux. Mais les espoirs ici, c’était peut-être toujours voué à se transformer en déception tôt ou tard. Et ça finirait tôt ou tard par lui peser, d’avoir été celle chargée de prendre la décision de rentrer à Radcliff, comme si tout ce qui pourrait se mettre entre elle et Cesare, serait d’une façon ou d’une autre, toujours un peu de sa faute à elle. Il avait dit que non lui, quand ils en avaient parlé, mais tout autant qu’il semblait toujours promettre des choses trop rapidement, elle ne pouvait pas se retirer cette idée là d’une crâne, quoi qu’il en dise.

Alors ça aurait été plus simple, bien évidemment si leur retour à Radcliff aurait pu ressembler à tout ce dont ils avaient parlé, un ensemble qui marcherait. Elle ne savait plus si elle avait été naïve, optimiste ou juste complètement idiote d’y croire aussi longtemps, mais devant un Cesare avec sa veste sur les épaules qui semblait presque avoir été prêt à sauter par la fenêtre pour se barrer plutôt que d’avoir à se retrouver en face d’elle, elle se sentait tomber de haut. Elle se sentait plus complètement débile que naïve ou optimiste. Y avait rien de différent finalement. Elle y avait cru elle, au point de dégager plus qu’un placard dans son armoire, de faire de la place ailleurs dans cette baraque, de la place pour lui. Elle pouvait au moins se dire qu’elle était assez bordélique pour que la dite place qu’elle avait libéré, elle soit de nouveau vite comblée par le bordel qu’elle laissait facilement trainer derrière elle, effaçant les dernières traces d’une conversation qu’elle avait peut-être finalement bien imaginé à cause de la morphine. Ce serait toujours plus simple de contempler son bordel plutôt que des espaces qu’elle avait laissé libres, juste parce qu’elle était la fille la plus stupide au monde. Les paroles de Cesare, elles la lui ramenaient, la culpabilité d’avoir pris cette décision, pour eux deux. Il ne disait pas que c’était de sa faute, mais ça ne changeait pas grand-chose à ce qu’elle pensait et ressentait. C’était elle après tout qui avait choisi de les ramener dans les mêmes histoires. La façon dont il l’avait regardée, ça la poussait à se dire que peut-être bien que finalement y avait une partie de lui qui pensait que c’était de sa faute à elle s’ils étaient là aujourd’hui, de retour dans leurs histoires compliquées. « Désolée d’avoir ramené ces histoires à nous … » Si le choix avait été sien, il se serait barré de Radcliff, elle le savait très bien, elle l’avait toujours, c’était pas pour rien que dans cette chambre d’hôtel à Paris, elle avait voulu prendre en compte ce qu’il pensait et pas seulement ce qu’elle voulait, c’était lui, qui lui avait dit de pas le faire et pourtant, il n’avait pas plus envie d’être dans cette ville maintenant qu’il y a quelques semaines et qu’elle, elle y soit, qu’est-ce que ça pouvait bien changer s’ils n’étaient pas ensemble ? « J’pensais juste qu’y aurait des choses qui changeraient … » Son côté réaliste, il était quand même beaucoup moins ambitieux que les espoirs qu’elle avait nourri de jour en jour pendant deux semaines, elle n’avait pas non plus attendu un changement radical du jour au lendemain. Mais ils étaient vraiment dans les mêmes histoires de toute évidence. « J’veux dire, je pensais au moins qu’on aurait pu en parler … » Au moins qu’elle sache, ne serait-ce que pour qu’elle puisse envisager de passer sa journée autrement, leur dernière journée complètement ensemble, elle aurait bien mérité d’avoir plus d’allure que la journée qui venait de s’écouler. « Mais je suppose que t’avais pas besoin de moi pour ça. » Elle haussa les épaules. Il avait passé assez de temps tout seul dans cette pièce pour finalement finir avec sa veste sur les épaules, alors qu’il ne vienne pas dire qu’il ne savait pas, de toute évidence, il savait très bien. Elle aurait juré en le voyant comme ça qu’il avait été prêt à partir sans rien lui dire, elle aurait bien pu s’endormir sur le canapé qu’il en aurait profité. C’était lui pourtant qui quelques mois plus tôt était venu dans son appartement lui gueuler dessus pour les décisions qu’elle prenait sans lui et qui pourtant influençait leur couple. Alors que là de toute évidence, c’était lui qui ne lui laissait pas son mot à dire. A croire qu’ils n’apprenaient jamais de leurs erreurs. Elle, elle se sentait plus en sécurité quand il était là, il lui avait déjà sauvé la vie plusieurs fois et y avait encore tellement de peurs en elle depuis la dernière fois, alors nan, elle n’avait pas l’impression d’être en danger quand il était là bien au contraire, elle n’avait pas l’impression que Clara était en danger non plus, alors qu’elle savait qu’ils seraient plus efficace à deux pour la protéger. Mais elle se garda bien de le dire, après tout elle n’avait jamais voulu se mettre entre lui et les trucs qu’il avait à régler. Ce n’était pas ce qu’elle aurait fait s’il était venu lui parler. Alors s’il estimait qu’il fallait qu’il rentre, alors elle n’allait pas le retenir, quand bien même elle n’aimait pas non plus qu’il utilise le mot rentrer quand il partait d’ici pour retourner chez son père. Rentrer, c’était l’idée de revenir à la maison après tout. Elle avait cru qu’au moins cette baraque, Clara et elle, elles auraient plus une allure de maison pour lui que là où il habitait avec son père. Encore une idée qu’elle ferait mieux d’effacer de sa tête. « Ouais, je sais. » Qu’elle avait répondu en le fixant alors qu’il s’était approché d’elle. Elle décroisa les bras de sa poitrine, pour pouvoir déposer sa main contre son épaule, la faisant rapidement glisser le long de son bras, avant de reculer d’un pas dans le couloir. « Bonne chance alors, avec tes trucs. » Et elle se tourna pour traverser de nouveau le couloir, descendre les marches et rejoindre de nouveau le salon et l’ordinateur qu’elle avait délaissé quelques secondes plus tôt. Elle avait des trucs à faire elle aussi après tout. La vengeance, elle avait pu comprendre, elle en avait envie parfois elle aussi, pour son père, pour Anthea, alors elle comprenait. Mais des trucs, c’était déjà plus compliqué. Comme quoi niveau communication, ils n’avaient pas fait beaucoup de route et cette fois, ce n’était pas de sa faute à elle.  
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeMar 19 Juil 2016 - 5:09



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- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
i'm halfway gone. we fought long enough, we were holding ropes but untied to love. if we had a moment we could ignite. instead it seems we're trying hard to start a fight. along these streets you read my words in the night, you hear me call ⓒtopic| h o m e.

Et pourtant, peut-être bien que l’emplacement n’voulait rien dire : c’n’était pas parce qu’ils étaient à Radcliff, que tout ce qu’ils avaient vécu à Paris ne signifiait plus rien. Ça n’voulait pas dire qu’être en couple, signifiait uniquement avoir des emmerdes çà répétition – des problèmes qu’ils n’pourraient jamais résoudre. Juste parce qu’ils étaient dans un bled du Kentucky. Les mauvaises habitudes avaient la vie dure, sans doute. Et Cesare n’savait que trop bien que si les rôles avaient été inversés, il aurait partagé les mêmes ressentiments que ceux que la jeune femme éprouvait maintenant. Lui aussi, il lui aurait fait face avec l’envie de lui tirer les vers du nez, incapable de comprendre pourquoi les choses déraillaient aussi vite. Il le savait. Et pourtant, à Radcliff, étaient attachées toutes ces pensées, ces instincts qu’il n’pouvait pas contrôler : Radcliff, c’était la ville où tout tournait mal, la ville où les choses n’évoluaient jamais dans le bon sens – le trou à rat dans lequel ils s’étaient souvent retrouvés piégés, comme des proies tout juste bonnes à être jetées en pâture à des ennemis aussi redoutables que Rafael DeMaggio, Kingsley Moren, ou Thaddeus Lancaster. Non, s’il devait parler honnêtement, Cesare n’se voyait pas avoir une vie normale à Radcliff, il n’arrivait même pas à y penser, à baisser sa garde assez longtemps pour même l’envisager : il n’avait aucun bon souvenir normal et apaisant ici, des instants où, dans son esprit, ç’avait été dénué du moindre doute et de la moindre crainte vis-à-vis de tout ce qui se passait autour. Quand il était à Radcliff, il craignait la réalité sous chacun d’ses aspects : retourner chez lui, rester ici, aller s’égarer dans une chambre de motel ou dans son appartement à lui pour y être oublié – y’avait aucune réponse idéale, aucun endroit rassurant où tout lui échappait et où il pouvait juste être lui. Une révélation trop récente, qui laissait un goût amer depuis qu’ils étaient descendus de l’avion pour retrouver l’arôme amer de la vie quotidienne aux Etats-Unis. Un pays en ruines, où ils étaient des victimes avant d’être n’importe quoi d’autre ; il avait compris, depuis l’temps, qu’Isolde et lui n’partageaient pas la même vision de cette ville. Elle, elle y avait des bons souvenirs, elle y avait la mémoire de sa vie paisible, des moments passés avec son père, de ses petites habitudes de toujours – il savait, il comprenait l’instinct de sauver cet endroit pour en conserver les bonnes choses. Il savait pourquoi il était revenu, pourquoi ils étaient revenus ; c’n’était pas pour autant qu’y’avait pas une part du DeMaggio qui aspirait à être n’importe où ailleurs, ici et maintenant. L’sentiment d’être prisonnier d’ici, rattaché par des responsabilités plus que par une réelle envie, il l’avait toujours eu, et il l’aurait toujours, tant qu’ils resteraient là. Un instinct rancunier que ni Isolde, ni Clara, ni qui que ce soit n’pouvait oblitérer, au profit d’quoique ce soit de positif. Le truc, c’était qu’eux deux, ils n’avaient jamais eu leur longue séance de discussion désastreuse où ils se disaient tout ce qu’ils avaient à s’dire ; Cesare lui-même, il pensait que ça n’avait pas la moindre importance, d’parler de ce qu’il avait vécu à Radcliff depuis aussi loin qu’il s’en souvenait, de ce que ce coin de monde pouvait signifier pour lui : à quoi bon ? Pourtant, ça faisait partie de son passé autant que l’reste ; autant que ses parents, sa sœur, son endoctrinement, ses entrainements, ses victimes. Ça faisait partie de sa vie, comme ç’avait fait partie de la vie de la mutante également – mais pour ça comme pour le reste, ils semblaient surtout être diamétralement opposés dans cet héritage-là, également. Est-c’que ça en valait la peine, alors, d’être brutalement honnête ? Non, s’il avait eu le choix, il n’serait pas revenu. Si ç’avait tenu à lui, il n’serait pas revenu. S’il avait pu être un connard arbitraire qui décidait impunément, il les aurait embarquées, Clara et elle, pour mettre un maximum de distance entre eux trois et Radcliff. Non, ses voisins à lui n’avaient jamais été accueillants, synonymes d’appartenance. Ses années de lycée n’s’étaient pas faites entourées de copains, de moments d’fête et d’ces bons souvenirs que certains gardaient de leur jeunesse. Non, il n’pensait pas, qu’y’avait quoique ce soit de récupérable ici ; même sa sœur, au fond, elle n’était pas enterrée ici – elle était juste une tombe sans nom, dont il ignorait l’emplacement, et qu’il ne visiterait jamais d’toute manière.

Il était revenu pour elle, il était revenu avec elle, tout autant que dix mois plus tôt, il était resté à Radcliff pour elle. Pour eux deux. Pour ce il ne savait quoi d’excitant et effrayant à la fois, qu’ils avaient tout juste commencé à avoir, en tâtonnant ensemble vers un avenir indécis. Et le choix, il était aussi évident que l’fait d’avaler un brin d’air pour survivre ; Cesare n’regrettait pas d’être avec elle, d’être ici, et maintenant, avec Clara, avec Isolde, à envisager des choses qu’il n’aurait jamais même pensé possible dans son existence, un jour. Mais c’était comme tout l’reste – la leçon cruelle qu’on lui avait gravé dans la mémoire un an plus tôt, dans le feu brûlant de l’entrepôt qu’il avait lui-même dû réduire en cendres. C’n’était pas parce qu’il choisissait d’faire les choses comme ça, que ça traçait une ligne définitive entre lui et son autrefois – que ça le protégeait ou protégeait tous les gens autour de lui, de l’emprise des siens. Des ennemis, meurtriers insatiables – et Isolde, et Clara, elles étaient les derniers brins d’humanité et d’volonté qui lui restaient. Comme quoi, c’n’était pas si compliqué à expliquer, tout ce qu’il ressentait, tout ce qui le déchirait de l’intérieur ; ces songes qui avaient tourné, encore et encore dans sa tête sur le trajet du retour. Oh, il les avait si volontiers complètement oubliés pour ces dernières semaines : c’n’était que maintenant, que le DeMaggio s’rendait compte d’au combien son séjour à Paris avait été facile, léger. Il avait eu besoin de tout un temps d’adaptation, évidemment, pour faire taire les instincts qui tendaient ses muscles partout, au moindre geste suspect de la part de quelqu’un ; mais finalement, il s’était laissé prendre au jeu. Comment n’pas le faire, alors que tous les jours avaient été faits des moments les plus délicieux, les plus merveilleux d’toute sa vie ? Le regret le poussait à dire des choses qu’il n’voulait pas dire ; des phrases mal formulées qui eurent leur effet. Tout ce que le chasseur put faire, c’est serrer les dents, pincer les lèvres, parce qu’il n’savait que trop bien qu’il n’avait aucune verve idéale pour exprimer tout ce qu’il ressentait : c’était impossible, tout simplement impossible de dire clairement tout ce qui s’agitait en lui. Il avait envie d’être là, et personne n’pouvait savoir autant que lui, à quel point il avait envie, à quel point ce serait facile de juste continuer dans le déni, s’dire que ces murs seraient assez pour les protéger tous les trois. Qu’il n’avait alors pas besoin d’aller voir son père, d’avoir cette confrontation tant attendue. Mais le déni, ça n’marchait pas : et Anthea, et tous les autres, ils avaient payé cette leçon de leur vie – qui serait-il, s’il n’avait pas retenu ça, au moins ? Comme quoi, il faisait les choses différemment. « Isolde... » son marmonnement mourut trop tôt dans sa gorge pour qu’elle l’entende, sûrement. Ça ne la retint pas, alors qu’elle faisait volte-face pour repartir vers les escaliers. Peut-être n’avait-elle tout simplement pas voulu entendre, pas écouter ; peut-être qu’elle savait, à force, que tout c’qu’ils diraient, ce n’serait jamais assez, ce serait trop compliqué. Il soupira, donc, bien conscient que les choses avaient tourné trop vite dans la mauvaise direction : après tout, il avait prévu de lui en parler – elle était juste arrivée une poignée de secondes avant lui. En parler, pourtant, ça n’voulait pas dire qu’il pourrait y échapper, ou qu’il pourrait laisser Gabriela à son sort désormais. Plus maintenant. Pas alors que c’était son absence qui avait causé à la jeune femme d’aller elle-même prêter une visite à leur famille : avec la mort de sa mère, ça faisait combien d’gens, au juste, qui pesaient dans la balance pour que le brun retienne enfin qu’il n’échapperait jamais au sang qui battait dans ses veines ? Tout à coup, il se souvenait bien d’pourquoi il avait tant fui ce bébé grandissant dans les entrailles d’Isolde – pourquoi il avait fini par s’dire que c’n’était pas plus mal, peut-être, que leur enfant ne le connaisse jamais. Pour combien de secondes, ou de minutes, chercha-t-il sa contenance ? Le silence était retombé partout autour, lorsque le jeune homme observa le couloir vide, avant d’enfin s’engager dans celui-ci, d’un geste, éteignant la lumière dans la chambre. Il rejoignit bien assez vite le rez-de-chaussée, mû par une volonté qu’il savait trop rare, et trop prompte à lui échapper selon les circonstances : au moins, celle-ci le guida jusqu’à devant la Saddler, ce qui était déjà pas mal.

Et d’où il était, il la dévisagea, l’observant tandis qu’elle l’ignorait, elle, têtue, feignant d’être occupée avec son ordinateur, comme depuis le début de la soirée, au fond. « Tu sais très bien qu’ta façon de réagir est complètement disproportionnée là. J’te l’ai dit, que j’allais descendre. » un reproche plus pour la forme, avant qu’il ne soupire, décontenancé, alors que ses bras retombaient le long de son corps. « Je venais pour parler. Jusqu’à preuve du contraire, t’avais tes trucs à faire, toi aussi. » il s’enfonçait, probablement. Alors il haussa les épaules, abandonnant sa position debout, défensive, au profit de se laisser tomber sur le canapé, pour mieux observer la jeune femme. « Je veux en parler avec toi. Mais-… tu sais que ça fait partie d’ces sujets… compliqués. » et c’était un euphémisme. « Au moment où on devait partir, je-… j’ai hésité sur pas mal de choses. Comment faire, avec mon père, surtout. Au fond, ça aurait été une bonne façon d’s’en occuper, que j’lui dise tout c’que j’pense et qu’on se casse à des milliers de kilomètres, où il ne nous trouverait pas. » mais il avait su, d’toute manière, qu’Isolde aurait toujours voulu revenir ici – deux semaines, ç’aurait quand même laissé du temps pour se préparer, ou même pour laisser les choses retomber, au moins un peu. « Mais j’l’ai pas fait. » et pourtant, y’avait aucune raison logique pour contredire cette tactique – ç’avait juste été de la lâcheté, le résultat d’une fuite plutôt que quoique ce soit d’autre : Isolde devait l’savoir maintenant. Comme quoi, Cesare, il n’était pas aussi brave que c’qu’on avait voulu lui faire croire à l’époque, ou c’qu’il croyait avec un brin d’orgueil encore aujourd’hui. « J’ai juste... rien fait. » parce que d’toute manière, il n’savait pas ce qui était le plus dangereux ; jouer avec l’imprudence et la bonne volonté de son paternel de la sorte, ou se déclarer officiellement comme son ennemi, la dernière proie qui s’agitait devant lui et déshonorait le nom qu’il portait, rien qu’en existant. « Je peux pas-… juste être ici, avec toi, avec Clara sans savoir à quoi m’attendre. Si on doit-… sans cesse regarder par-dessus notre épaule parce qu’il sait qu’on est ensemble, que j’l’ai trahi, alors on l’fera. Mais-… » mais ils en revenaient toujours au même point : ils le savaient, tous les deux, que ne pas savoir, c’était pire que quoique ce soit d’autre. C’était ce qui avait amené bien de leurs proches vers la mort, et c’était ce qui les avait séparés pendant un moment. « Y’a quelque chose que j’dois faire-… avant d’penser à moi. Quelque chose dont j’t’ai pas parlé parce que… je savais pas quoi en faire, au fond. » il détourna le regard, fuyard, trop conscient que ces mêmes secrets, ces mêmes cachoteries venant d’Isolde, il les avait âprement critiquées, et présentées comme un problème se posant entre eux. Il n’avait pas retenu sa propre leçon : comme pour le reste, nier toute l’histoire de Gabriela avait été plus facile. « Quand je cherchais le tueur de ma sœur... y’a cette… fille qui est venue me voir. Apparemment, c’est ma cousine ; j’l’avais jamais vue, et j’la connaissais pas. Tout c’que j’sais, c’est qu’elle avait une sacrée quantité d’informations sur ma famille, sur moi. » alors que lui, même encore aujourd’hui, il n’savait pas grand-chose d’elle. « Elle m’a dit qu’elle avait un fils – James, et quand ses parents, des gens de ma famille, ont appris son existence... ils ont pris le bébé. Et ils sont venus à Radcliff. » et à une époque, tout c’qu’il avait su, c’était qu’cette histoire avait été une emmerde de plus sur sa route – maintenant, c’était une peine lancinante qui se réveillait en lui dès qu’il avait Clara dans ses bras. L’empathie, c’n’était pas dans ses habitudes, pourtant. « J’avais jamais entendu parler d’ça, avant. D’ma famille, qui kidnappe des bébés. Alors quand j’étais chez mes parents, j’cherchais des informations, j’essayais d’savoir. J’lui ai dit d’attendre que j’ai des infos. » il savait son agacement aussi légitime qu’illégitime, puisque pour les deux dernières semaines, il avait été celui qui avait failli à ce devoir plus qu’elle. « Ma mère est morte. Et la mère de Gabriela est morte aussi. Tout c’que j’sais, c’est que ça laisse mon père et un type au moins aussi con pour s’occuper de c’bébé. Je-… j’peux pas être avec Clara, en sachant que ma famille est capable d’faire ça, de lui faire ça à elle aussi. Et j’peux pas définitivement tourner le dos à ma famille sans avoir au moins essayé quelque chose. » et enfin, il osa relever le regard dans la direction de la jeune femme à côté de lui, incapable d’savoir ce qu’il lirait dans sa réaction. Peut-être de la déception, de l’incompréhension, d’la douleur parce que c’était une histoire qu’il s’trainait pour lui-même depuis si longtemps. « Je savais pas quoi faire avec tout ça. J’voulais pas te faire flipper, vis-à-vis de Clara… Je-… c’était pas mon histoire à raconter. Et-… et d’toute manière, au moment d’choisir, j’me suis retrouvé à préférer chercher Moren et avoir ma vengeance, plutôt que d’essayer quoique ce soit. » et maintenant, il n’avait que trop bien conscience des mois qui étaient passés, à toute vitesse, la honte au bord de l’esprit. A l’époque où il avait connu Gabriela, Clara n’était pas encore née, il n’l’avait jamais vue, jamais tenue dans ses bras : aujourd’hui, la petite avait quatre mois, presque, et sa cousine avait une nouvelle fois perdu son fils.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:26, édité 1 fois
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeMar 19 Juil 2016 - 16:33

— cesare demaggio & isolde saddler —
freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

Isolde avait de nombreux défauts, elle en avait conscience, mais elle était comme tout le monde dans le fond. Personne n’était parfait et elle n’avait jamais eu la prétention de prétendre l’être. Elle se savait particulièrement susceptible et colérique. Elle était ce genre de personne qui se retrouvait vexée en moins de trente secondes et qui avaient de grosses difficultés à calmer ses nerfs. Elle avait tendance à se mettre à gueule très facilement et ce n’était clairement pas un secret pour ceux qui avaient l’habitude de passer du temps avec elle. Après presque vingt-six ans passés sur cette Terre, elle avait tendance à se dire que c’était trop tard pour essayer de changer quoi que ce soit de ce côté-là. Elle pouvait faire des efforts dans de nombreux domaines mais son sale caractère, elle risquait de vivre avec ça jusqu’à sa mort. Comme on disait de toute façon, fallait bien accepter les gens avec leurs défauts et leurs qualités, alors si les gens autour d’elles n’arrivaient pas à la supporter à cause de ça, c’était leur problème pas le sien. Sans doute que ceux qui n’arrivaient vraiment pas à la supporter avaient déjà laissé tomber d’affaire depuis longtemps maintenant et c’était mieux comme ça. A côté de ça, tant qu’on ne prenait pas le risque de jouer un peu avec ses nerfs, elle pouvait se montrer tout à fait agréable. Mais ses nerfs ils étaient plus que fragiles. En ce moment, encore plus que d’habitude peut-être, parce que les vacances avaient beau l’avoir beaucoup aidée, dès qu’elle avait remis les pieds à Radcliff, elle avait ressenti le stress et les mauvais souvenir revenir à la surface plus vite qu’elle ne l’aurait voulu. Y avait probablement personne – surtout pas Cesare – qui méritait de faire les frais de ce qu’elle pouvait ressentir dernièrement, mais c’était compliqué à gérer et la moindre petite chose qui pouvait s’avérer vexante venait s’ajouter au torrent des émotions auxquelles elle était soumise en ce moment. Il fallait plus que deux semaines à France pour effacer complètement les traces de ce qu’elle avait vécu avant de partir. Elle n’était qu’humaine et de toute évidence, pas rôdée à résister à la torture ni à gérer le contrecoup qui suivait. Ça avait au moins quelque chose de rassurant, ça voulait dire que la vie qu’elle avait eue jusqu’à présent ne l’avait jamais préparée à ça. Nan, sa vie à Isolde, elle avait été simple dans les dix-huit premières années, peut-être trop simple pour qu’elle puisse savoir comment gérer les complications qui lui tombait sur le coin du nez, sa vie ne l’avait peut-être pas préparée à ça non plus, ni même aux histoires de couples, puisqu’elle avait fait de son mieux pour les fuir pendant une bonne partie de sa vie. Et puis, son histoire avec Cesare, elle était loin d’être conventionnelle, alors dans le fond, même si elle avait eue l’habitude d’être en couple, elle aurait probablement rencontré les mêmes difficultés, ou peut-être que ça aurait été pire même ; là au moins, elle ne s’y connaissait pas assez pour avoir trop d’exigences.

Elle n’avait pas l’impression d’en demander beaucoup à Cesare, alors même qu’après avoir porté son enfant pendant neuf mois et l’avoir mis au monde après de nombreuses heures de souffrance, elle aurait pu être en droit d’être exigence, dans n’importe quel autre couple, ça aurait été complètement justifié et même pour deux personnes qui se seraient séparés avant la naissance du bébé. Une autre femme aurait exigé de son conjoint qu’il soit présent pour s’occuper du petit et si ça n’avait pas été possible, elle aurait exigé une pension alimentaire, parce que c’était comme ça que ça marchait chez les gens normaux. Mais Isolde elle n’avait jamais rien exigé et elle n’avait jamais eu l’intention de le faire, même quand ils avaient été en froid, occupés à se disputer à tout va, elle se serait difficilement vue venir réclamer du fric pour pouvoir s’occuper de Clara plus facilement et maintenant qu’ils étaient ensemble, elle n’attendait rien de lui vis-à-vis de Clara, consciente qu’il faisait de son mieux. Alors les trois quarts du temps, elle s’en occupait toute seule, jonglant entre sa vie de mère et sa vie professionnelle, parce que mine de rien, fallait bien qu’elle bosse pour payer les factures et ce dont le bébé avait besoin puisqu’elle ne demandait rien à personne. Elle n’avait jamais eu l’impression d’être particulièrement exigeante et jamais elle n’aurait demandé qu’il laisse absolument tout tomber pour elle, ou qu’il se débarrasse de son père à la manière forte pour qu’ils puissent être ensemble. Non, elle n’avait pas l’impression de lui en demander plus à lui qu’il ne lui en demandait à elle. Alors sans doute que s’il avait le droit de venir chez elle pour l’engueuler et avec la ferme intention d’en finir avec leur histoire parce qu’elle ne lui avait pas parlé de ses plans, elle avait au moins le droit de se sentir vexée qu’il ne soit pas venu lui parler de ses plans à lui. Ils étaient après tout, tout autant risqués que les siens puisqu’ils mettaient en jeu son père, ce type qu’elle détestait probablement plus que n’importe quelle autre personne sur cette planète. Pour des raisons justifiées, après tout, il avait tué son père, il avait tué sa meilleure amie et il avait l’air d’être tellement soucieux vis-à-vis de sa famille, qu’elle était bien en droit de se demander s’il n’allait pas finir par tuer Cesare, son propre fils, juste pour lui prendre quelqu’un de plus, parce que pour une raison qui lui échappait, il avait décidé de bien lui pourrir la vie, alors même que ça aurait été tellement plus simple, pour lui et pour tout le monde, de juste la tuer. Ça ne semblait pas être dans ses plans pour le moment, raison de plus dans le fond, pour se méfier de ce type comme de la peste. Mais puisqu’elle n’avait pas son mot à dire, alors autant qu’elle retourne à ses occupations ; après tout elle avait un tas de trucs à gérer elle aussi. C’était avec cette idée en tête qu’elle était redescendue, l’entendant vaguement la rappeler sans y faire attention.

De retour sur le canapé, elle avait récupérer son ordinateur pour se replonger dans les problèmes de la ville de Radcliff et tout ce qu’elle avait à gérer maintenant qu’elle était de retour en ville. Au moins, elle pouvait se dire qu’Alana avait été parfaite en son absence et qu’elle ne se retrouvait pas avec le double de boulot parce qu’elle s’était barrée pendant deux semaines. C’était le point positif de la soirée, à garder en tête malgré tout le reste. Elle avait bien entendu Cesare descendre mais elle n’avait pas eu l’intention de lâcher son écran des yeux, quand bien même elle n’arrivait absolument plus à lire ce qu’elle avait sous le nez. Bien entendu, c’était elle qui exagérait, il avait eu l’intention de lui parler. Genre, à peine une demi-heure avant de se casser de toute évidence à moins que sa veste soit vraiment là pour le froid mais dans ce cas-là, faudrait qu’il se pose des questions sur sa santé, parce que clairement, y avait pas besoin d’une veste à l’intérieur là. Encore que, les gens n’ayant pas l’intention de se barrer dans les minutes à venir, quand ils avaient froid, ils mettaient un pull, pas une veste. Mais non, elle exagérait et il n’avait pas pu lui en parler avant parce qu’elle avait été occupée. Du coup fallait croire que ça faisait des jours qu’elle était trop occupée pour qu’il daigne la déranger avec ses histoires quand bien même ça aurait été le cas – mais clairement ça ne l’était pas – elle aurait, bien évidemment, laisser ce qu’elle était en train de faire pour l’écouter. M’enfin non, c’était de sa faute à elle, bien évidemment. Elle serra les mâchoires dans une volonté de retenir le flot de pensées qu’elle avait en elle, un effort qu’elle faisait bien parce que c’était lui. Alors, elle se contenta de garder les dents serrées en face de son écran qu’elle ne quittait pas des yeux, alors qu’elle écoutait ce qu’il racontait et que plus il parlait plus elle se disait qu’elle ferait mieux de reposer l’ordinateur et de l’oublier dans un coin, parce qu’elle avait beau maitriser son pouvoir au quotidien, quand elle s’énervait, ça devenait déjà plus compliqué. Il devait bien le savoir aussi bien qu’elle alors qu’il avait retiré les bouts de verre qu’elle avait eu sous la peau après avoir brisé un verre entre ses doigts lors de l’une de leurs conversations compliquées. Ou alors, elle risquait de le lui balancer en pleine tronche parce qu’elle était douée aussi pour balancer des objets sur les gens quand elle était énervée, pour le coup, c’était surtout son père qui pouvait en témoigner et le salon de sa baraque dans lequel elle avait rencontré le patriarche DeMaggio. Mais elle n’avait pas envie de relever les yeux, quand bien même elle n’avait pas lu ne serait-ce qu’un mot de la page en face d’elle et qu’elle n’avait pas l’intention de le faire. « Je suppose que ça prouve au moins qu’y a des choses qui changeront jamais. Quand il s’agit de ta famille, mieux vaut laisser Isolde sur la touche, après tout, y a pas moyen qu’elle comprenne ou qu’elle puisse aider. » Est-ce que ça n’avait pas été la même chose des mois plus tôt avec sa sœur ? Il avait tout gardé pour lui et ils l’avaient bien vu le résultat, mais clairement, ça n’avait pas changé grand-chose. Qu’il ne vienne pas lui dire qu’il n’avait pas envie de la mêler à tout ça, parce qu’elle, quand elle avait voulu le tenir écarté de ses histoires, ça avait menacé d’exploser entre eux si bien qu’elle avait pris sur elle, qu’elle avait laissé la confiance qu’elle avait en lui prendre le pas sur l’inquiétude qu’elle pouvait ressentir et qu’elle lui avait demandé de l’aide. Mais fallait vraiment croire que les choses marchaient à sens unique entre eux. « Ou peut-être que j’ai l’air d’une grosse connasse qui aurait pu vouloir t’empêcher d’agir, parce que bien évidemment, j’en ai rien à faire des bébés en danger. » C’était pas comme si elle avait déjà pris des millions de risques pour sauver des gens en danger, ou qu’elle avait pété un câble quand elle avait appris que des hunters avaient brûlé un couple et leur bébé. Peut-être que le bébé, c’était la principale raison pour laquelle elle avait fait exploser la mairie. Ça avait été ce bébé le coup de trop dans sa vie. Et aux dernières nouvelles elle avait elle-même un bébé alors elle était bien placée pour comprendre. Finalement, elle le referma l’ordinateur devant elle, ce serait mieux pour tout le monde, elle le déposa sur la table basse avant d’enfin reposer son regard sur Cesare. « Je comprends et j’approuve totalement que tu veuilles aider ta cousine. » Et pour qu’elle dise ça alors que ça voulait quand même dire retourner vers sa famille et risquer sa vie, c’était qu’elle était vraiment totalement avec lui pour le coup, que ça avait même plus de sens à ses yeux que ses histoires de vengeance. « Et j’ai pas l’intention de te retenir, peu importe combien je déteste l’idée de t’savoir avec ton père et tout c’que j’peux ressentir vis-à-vis de ça ou à la simple idée de me retrouver de nouveau toute seule. » Elle avait peur de tout ce qui pouvait lui arriver quand il était avec son père, elle n’aimait pas ne pas savoir ce qu’il faisait, ce qu’il vivait, elle n’aimait pas ne pas pouvoir être avec lui et ce serait mentir que de dire qu’elle n’était pas angoissée à l’idée de se retrouver de nouveau seule après ce qui lui était arrivée. Mais elle était une grande fille, et peut-être qu’elle en avait besoin d’être un peu seule pour reprendre le contrôle de sa vie sans avoir besoin de dépendre de quelqu’un. « Mais, ça fais des mois que tu sais tout ça et tu viens m’en parler genre dix minutes avant de partir ? A moins que la veste sur les épaules ce soit pour le froid, mais si t’as besoin de ça à peine en automne, rappelle moi de t’acheter une combinaison de ski pour l’hiver. » Finalement, ce qu’elle avait gardé pour elle plus tôt, ça finissait par sortir, en même temps, y avait bien que ça qui l’énervait dans cette histoire, parce qu’elle n’avait en rien l’intention de lui reprocher de vouloir aider sa cousine à sauver son fils. « Des mois Cesare. Est-ce que tu t’es demandé avant de venir me crier dessus combien de temps s’était écoulé depuis que j’avais pris ma décision sans t’en parler ? Figure toi que ça se comptait en jours. » Y avait quand même une sacrée différence entre combien de temps elle avait gardé ça pour elle et le temps que lui il avait pris avant de lui parler. Elle ne criait même pas elle, elle ne menaçait pas de tout arrêté, elle ne savait même pas si elle était clairement énervée ou juste complètement frustrée par la façon dont il venait lui reprocher des choses qu’il faisait lui-même. « Tu m’as demandé de pas te tenir à l’écart de mes décisions, je le fais. Tu m’as même demandé de t’inclure dans mes plans, je l’ai fait, parce que j’ai confiance en toi. Est-ce que je suis censée comprendre que la réciproque est pas vraie ? » Parce que c’était ce qu’elle ressentait là, peut-être que les erreurs qu’elle avait pu commettre faisait qu’il ne lui faisait plus confiance et que les efforts qu’elle faisait pour compenser n’était pas suffisant pour regagner sa confiance. Si ça devait être ça, c’était vraiment vexant, blessant même.
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeJeu 21 Juil 2016 - 3:49



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- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
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Cesare, il n’prenait pas toujours les meilleures décisions qui soient – parfois, il aimait quand même croire que c’était pour de bonnes raisons. Il n’essayait clairement pas d’être l’exemple le plus idéal qui soit, l’inaltérable type qui prenait les meilleures décisions possibles, et s’en sortait toujours indemne avec sa conscience. Pendant combien d’années, au juste, avait-il cru faire les choses bien, sans que ce ne soit pour autant le cas ? Comme quoi, peut-être bien que faire les choses bien était une question de point de vue : pour des types comme son père, c’était cinq ans plus tôt que le fils avait fait les choses bien, tandis que désormais, il n’était qu’un amas de déception gênant, qu’il n’attendait que d’éradiquer, uniquement ramené à la conscience par un instinct de préservation qui ne concernait ni l’amour, ni le regret. Si Cesare devait crever, officiellement, la lignée des DeMaggio mourrait avec lui – et à ça, s’ajoutait en plus le fait que maintenant, Isabela était six pieds sous terre, définitivement incapable d’amener le moindre nouvel enfant dans c’monde. Ouais, dans cette façon fortement pragmatique et froide de voir les choses, le chemin de pensée des parents Rivera était effroyablement compréhensible : à défaut d’avoir un héritier idéal, tout c’qu’ils avaient fait, c’était préserver à la source le bébé que leur mutante de fille avait eu la folie d’avoir. Peut-être avaient-ils déjà vacciné l’enfant, rien que pour être sûrs qu’aucun gène parasitaire ne se développerait chez lui ; ou peut-être attendaient-ils de voir ce que ça pouvait donner. Au pire, tant que le petit James était de leur côté, vendu à la cause des hunters dans chaque parcelle de ses convictions, pourquoi se retenir d’utiliser son potentiel gène mutant à bon escient ? Y’en avait, des dégénérés parmi les hunters- et des hunters qui faisaient ployer leur morale et leur sens éthique comme bon leur semblait. Y paraissait qu’un mutant au cerveau retourné, c’était un avantage sur lequel de nombreux groupes de chasseurs ne crachaient pas : n’était-ce pas de cette manip’ là, que Bonnie était devenue celle qu’elle était aujourd’hui ? La femme froide, impérieuse, dangereuse, qui avait potentiellement trahi Isolde, et vendu son père comme de la chair à canon ? Cesare n’en avait pas encore la confirmation, et très honnêtement, il ne la cherchait pas vraiment, trop indécis, trop effrayé à l’idée de c’qu’il pourrait découvrir. Mais au bout d’un certain degré, il était bien difficile d’savoir qui était la victime dans l’histoire, et qui était le coupable. Et là, dans cette situation, il était clairement bien plus coupable que victime ; vis-à-vis d’Isolde, et de Gabriela tout à la fois. Soudainement, ouais, il le savait bien, ça semblait avoir été parfaitement hypocrite, tout c’qu’ils s’étaient dit, tout c’qu’ils s’étaient promis, tout c’qu’ils s’étaient dit qu’ils changeraient. Tout comme les promesses que le brun avait fait à sa cousine – il n’avait pas été la plus avenante des personnes lorsqu’ils s’étaient rencontrés la première fois ; mais d’instinct, il avait eu envie de l’aider, rien que pour le bébé qu’il allait avoir avec Isolde, rien que parce qu’il avait compati comme il ne l’faisait que trop rarement, depuis toujours. Une parole qu’il n’avait pas non plus respectée. Lui, fallait croire que c’n’était pas une question d’honnêteté, d’oubli, plus une question de course contre le temps, d’fuite désespérée vers l’avant, quelque part de rassurant, apaisant, à défaut d’un quotidien qui filait à cent à l’heure, et où les mauvaises nouvelles succédaient aux épreuves, et inversement. Au moment d’ouvrir la bouche pour enfin tout dire à Isolde, Cesare savait bien qu’y’avait aucun prétexte qu’il pourrait offrir à la blonde pour excuser c’qu’il avait fait, c’qu’il avait dit, et surtout c’qu’il n’avait pas dit. Il savait qu’il s’emportait, reprochait des erreurs dont il n’avait que trop souvent répété le même schéma lui-même. A force de s’prendre au jeu de la fuite, ça devenait un cercle infernal duquel il n’relevait jamais la tête indemne.

Et pourtant, il pouvait en avoir, des bons prétextes : il avait cru, après tout, qu’il aurait plus de temps. Il n’avait certainement pas imaginé que dans le procédé, sa mère s’ferait tuée. Et surtout, il s’était imaginé que la fameuse solidarité filiale qui liait les siens protégerait le gamin assez longtemps pour qu’ils préparent quelque chose de concret, minutieux et patient. C’n’était que maintenant qu’il était parent, qu’il vivait si longtemps avec Clara au quotidien, qu’il s’rendait compte d’l’existence de cet instinct destructeur et impulsif : si c’était la vie de sa fille qui était en jeu, si c’était son père qui avait la main sur sa fille, il péterait littéralement un câble, et n’laissait pas la moindre place à la patience, à l’attente, ou à la minutie. Il le voyait bien, qu’Isolde, elle écoutait dans un silence têtu plus qu’autre chose, les mâchoires serrées dans un signe évident de sa patience et d’sa bonne volonté qui s’envolaient à toute vitesse. Il n’avait pourtant pas l’intention de s’arrêter, maintenant qu’il avait commencé à parler, Cesare livrait la vérité dans son intégralité, presque sans demi-mesure, quand bien même il était le premier conscient des conséquences qui pourraient s’ensuivre. Ça faisait si longtemps, pourtant, qu’ils n’s’étaient pas disputés ; et Paris, Paris ça lui avait donné l’impression que ça n’arriverait jamais plus- qu’ils avaient trouvé un moyen d’être en phase l’un avec l’autre, de bien fonctionner. Mais ils avaient bien fonctionné comme deux imbéciles qui n’avaient que l’un l’autre en tête, deux imbéciles complètement déconnectés de Radcliff et de toutes ses histoires : là-bas, ouais, y’avait eu aucun coup de fil de la part de Gabriela pour le ramener à cette réalité-là. Bon dieu, ça devenait de plus en plus difficile, de n’pas avoir simplement envie de remonter le temps pour revenir à c’temps où il aurait juré que tout était si évident et facile entre eux : bordel, ça ressemblait à s’y méprendre à cette période où il avait dû faire sauter un entrepôt plein de transmutants pour sauver la vie de la mutante, justement parce qu’il lui avait caché tant d’histoires à son sujet. Ils évoluaient, ouais, ils changeaient, mais la progression était lente et compliquée, rocailleuse et chaotique ; et Isolde n’en était pas la seule responsable, bien évidemment. A vrai dire, depuis cette histoire de campagne électorale, depuis cette nuit-là à son appartement, ils avaient bien fonctionné ; elle avait fait ces fameux efforts qu’il avait si brusquement et impitoyablement demandé d’elle. Lui aussi, souvent, il s’était dit qu’il le faisait ; parce que pendant tout un moment, il s’était concentré sur Callahan, et que dans cette histoire-là, il n’y avait eu aucun secret, aucun détour. Ils avaient travaillé en équipe, du début jusqu’à la fin- et aujourd’hui, Callahan croupissait dans une cellule en l’attente de son procès : une contre-attaque qu’il n’avait pas vu venir, et tout un tas d’emmerdes qui allaient au moins l’occuper pendant un temps. Ils en étaient même arrivés à atteindre Lancaster. Définitivement, ils étaient revenus à Radcliff pour rafler bien des victoires ; et c’était lui, qui venait d’tout saccager en quelques paroles consciencieuses, hésitantes, mais au moins, enfin pleines de l’honnêteté que la jeune femme aurait mérité depuis le début. Mais depuis le début quand ? C’était bien ça, l’truc. Quand est-c’qu’il aurait dû lui en parler ? Le lendemain de la mort d’Anthea, quand ils avaient rattrapé tout ce temps passé loin l’un de l’autre, en rajoutant une couche à tout le reste ? Le soir où ils avaient su que juste après, ils se sépareraient pour des semaines entières ? Ou juste après, quand ils s’étaient retrouvés ? Elle lui avait parlé de Callahan ce soir-là ; aurait-il dû enchainer là-dessus ? Probablement que ç’aurait été comme le reste, y’aurait jamais eu de moment idéal- et sûrement qu’il n’avait fait que s’mentir à lui-même en se disant qu’y’en aurait peut-être un, à un moment. Un moment idéal pour présenter de A à Z toute la menace que sa famille pouvait représenter pour leur fille, par exemple ; c’est clair, avec du recul, Cesare savait bien désormais qu’y’aurait jamais eu de discussion propice pour amener ça.

Il s’retrouva à ne rien pouvoir faire d’autre que soupirer dès qu’elle ouvrit la bouche, alors ; lourdement, courbant l’échine, ses coudes appuyés contre ses genoux, et ses mains glissant sur son visage. Ils étaient pourtant revenus de leurs vacances relativement reposés, et clairement, depuis peu de temps – mais maintenant, il semblait à Cesare que ça faisait des semaines qu’ils étaient revenus, et que Radcliff l’avait déjà lessivé. Et elle avait l’droit, Isolde ; droit de s’énerver contre lui et de balancer des répliques cinglantes- mais encore une fois, elle s’retrouvait à extrapoler ses propos, ou exprimer des pensées qu’il n’avait jamais eues. Pas sur elle en tout cas. Ou pas sur elle exclusivement. « C’est pas c’que j’ai dit. » c’est donc ce qu’il marmonna, amer, et bien trop conscient qu’il n’pouvait faire que ça, le marmonner plutôt que réclamer d’un quelconque réel argument. Il savait que ç’avait été un problème, toujours ; et Isolde s’retrouvait à nouveau à ramener cette histoire d’entrepôt, cette histoire de trahison, ces histoires avec sa sœur- même après qu’ils en aient parlé, tout ça, ça semblait récurrent, et récurrent. Il n’avait pas b’soin d’elle, après tout, pour l’alimenter, cette rage qu’il avait contre lui-même quand il pensait à tout ça : il avait évincé Isolde, il avait évincé Aria, prenant des décisions arbitraires tout du long, sans jamais les justifier pour qui que ce soit. Persuadé que ça les protégeait ; et ç’avait fini par poussé Aria à la fuite, jusqu’à ce qu’elle se retrouve au milieu d’cette putain de fête foraine où elle était morte. Morte ; à cause de lui. Y’avait aucune parole acerbe, alors, qu’Isolde pourrait ressasser, qu’il n’s’était pas déjà dit à lui-même ; et Cesare aurait pu s’emporter si facilement, la hargne au bord de ses tripes, rien que pour enflammer un peu plus les choses. Mais ce fut à son tour de serrer les dents, peut-être bien parce qu’il le devait au moins à Isolde, à la mémoire d’Aria ; et aussi parce que fallait croire que d’toute manière, à force de vouloir protéger les autres, il faisait tout l’inverse. Il foirait tout, peu importaient ses intentions, tout simplement. Son désarroi, pourtant, se transforma en un explicite lever des yeux au ciel, tandis qu’elle enchainait sur sa deuxième réplique ; okay, elle pouvait prétendre qu’il avait fait des erreurs, qu’il s’était trompé et qu’il avait tort de la tenir à l’écart. Mais le pire, ça restait quand elle mettait des pensées dans sa tête qu’il n’avait jamais eues, ou des mots sur sa bouche qu’il n’avait jamais prononcés. « Ouais, j’suis avec toi, on a une fille et j’te dis que j’t’aime tout en pensant que t’es une connasse qui s’en fout des autres, particulièrement des bébés. » il pouvait le faire lui aussi, jouer au sarcastique- un don qu’il développait un peu plus à mesure que les disputes avec Isolde se multipliaient ; parce qu’elle, elle avait clairement un don tout particulier pour empirer les choses et faire en sorte qu’un désaccord se transforme en le match des choses qui n’avaient jamais été dites, pensées, ou même envisagées. « Je sais, okay ? Je sais que c’est moi qui ai foiré sur le coup. » et l’agacement palpable dans sa voix n’était clairement pas dirigé vers Isolde, plus contre lui-même ; il était là, à parler d’ces choses auxquelles il aurait dû penser bien plus tôt, en train de perdre du temps et de manquer à la plupart de ses devoirs. Mais quoi ? Auraient-ils dû rester ici, ne pas aller à Paris, parce qu’il avait des responsabilités de c’genre ? Egoïstement, Cesare n’arrivait pas à penser comme ça ; peut-être bien que c’était lui le connard qui s’en foutait des autres et n’voulait pas particulièrement sauver les bébés des autres. C’n’était pas comme s’il n’avait pas déjà assez de problèmes en ne pensant qu’aux siens à lui ; et quand il serait temps d’inverser la tendance, est-ce que Gabriela la fameuse cousine sortie de nulle part aiderait, elle ? Quelque part, y’avait toujours l’instinct méfiant du brun qui lui disait que non, elle n’aiderait pas. Et que d’toute manière, il n’était pas du genre à demander de l’aide. A qui que ce soit. Même à Isolde. « Je sais que ça fait des mois, et j’sais pas combien d’fois qu’on s’voit. Je-… désolé, okay ? » il en arriva à crisper les mâchoires, dévisageant la Saddler. « Mais non, j’sais pas c’que j’fais. J’avais pas prévu de te l’cacher pour te l’dire juste dix minutes avant d’partir et t’mettre devant le fait accompli. C’est comme le reste… » comme sa vendetta si importante ; « Quand elle est venue m’voir, j’avais plus rien. J’avais personne. Ni toi, ni ma sœur, ni ma famille, ni ma vengeance. » et encore aujourd’hui, il aurait pu jurer que ça faisait non pas des mois mais des années qu’il avait été paumé de la sorte. « Peut-être que c’est moi, le connard. Parce que j’ai pas envie d’y aller. J’ai pas envie d’faire ça. J’ai pas envie d’continuer à sacrifier mon temps, notre vie – ma vie – pour la cause des autres. J’ai pas envie d’te laisser, et d’laisser Clara, pour retourner faire le larbin ou tuer des gens, juste parce que quelqu’un un jour m’a demandé quelque chose. » non, il n’était pas altruiste : combien d’fois allait-il devoir le dire ? Combien d’fois allait-on le pousser à le démontrer ? Il avait passé vingt-six ans, vingt-six putain d’années merdiques à sacrifier chaque jour de son existence à quelque chose. Il était fatigué, usé jusqu’à la corde- alors oui, lui il s’rait resté à Paris, il se serait enterré dans le trou le plus vide du monde si ç’avait permis à n’importe qui de l’oublier. Parce que qu’est-c’qu’il avait récolté de toutes ces années ? Des cicatrices, des traumatismes, des plaies invisibles et visibles- du temps perdu, sa sœur morte, sa mère morte, une âme déchiquetée et probablement irréparable. Et lorsque sa main repassa sur son visage, ce fut aussi pour chasser l’amertume qui s’était amassée au coin de ses paupières, le désarroi béant qui s’était emparé de lui depuis ce coup de téléphone. « Mais j’suis censé faire quoi ? Laisser tout ça s’passer en m’en foutant ? » alors il n’savait pas quelle qualité sacrificielle il avait en lui ; c’n’était pas de l’altruiste, peut-être de la stupidité ou de la loyauté, mais il n’pouvait pas simplement faire l’aveugle. « J’suis désolé, d’pas t’en avoir parlé. Je suis l’responsable, et je l’sais. Mais quand j’suis avec toi… j’ai juste envie, d’être avec toi. J’ai pas envie d’penser à tout ça, d’faire tout ça. De t’amener dans ces histoires, parce que-… j’ai pas envie d’y être, moi non plus. » et il n’arrivait pas, il n’arrivait plus maintenant, avec tout ce qu’ils avaient si difficilement acquis et construit, en quoi c’était une mauvaise chose. Ils essayaient de s’faire une vie, et ils avaient Clara – Clara qui avait besoin d’eux plus que n’importe qui d’autre. Et Isolde, elle pouvait encore en avoir besoin, elle ; elle pouvait avoir eu envie de revenir, il n’regrettait pas de l’avoir suivie, parce que c’était elle, parce que c’était eux deux. Mais lui, il voulait arrêter, à Radcliff ou n’importe où ailleurs : et il savait déjà que même- malgré ce souhait, ça n’arriverait jamais totalement.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:27, édité 1 fois
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeJeu 21 Juil 2016 - 16:17

— cesare demaggio & isolde saddler —
freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

Faire les choses différemment, au bout d’un moment, Isolde ne savait même plus ce que ça voulait dire. Ils l’avaient dit tellement fois qu’ils allaient faire les choses différemment sans que rien ne change vraiment entre eux. Ils en avaient fini des longs moments sans se voir parce que c’était mieux comme ça, parce qu’ils étaient plus en sécurité quand ils n’étaient pas ensemble ou parce qu’ils avaient l’impression que les décisions qu’ils prenaient leur imposait nécessairement de la distance. Ils s’étaient même permis de partir ensemble pendant quinze jours, de l’autre côté de l’océan pour prendre des vacances. Mais maintenant qu’ils étaient rentrés, qu’elle se retrouvait en face de Cesare à apprendre tout un tas de chose qu’elle n’avait pas su, elle se demandait ce qu’il y avait de vraiment différent. Il l’avait dit pourtant à un moment, qu’il n’avait plus l’intention de rien lui cacher et pourtant si elle devait évaluer les périodes, au moment même où il lui avait dit ça, il avait su qu’il avait une cousine dont le fils avait été injustement enlevé par ses parents, mais il ne lui avait pas dit pour autant. Alors, elle ne savait pas trop ce qui était différent Isolde. Elle savait qu’elle en faisait elle des efforts, qu’elle était prête à lui envoyer l’intégralité de son planning de la semaine si jamais ça pouvait le rassurer de savoir ce qu’elle avait de prévu, ce qu’elle avait l’intention de faire. Il connaissait ses plans, il en avait même fait partie avec l’histoire de Callahan. Elle a côté de ça, elle avait l’impression qu’elle ne serait jamais vraiment intégrée à sa vie, parce qu’il n’en avait pas envie, parce que sa vie, elle était trop compliquée ou trop composée de choses qu’elle ne supportait pas. Ouais, les hunters, ce qu’ils faisaient, ce en quoi ils croyaient, Cesare savait bien qu’Isolde ça avait juste tendance à l’énerver et la dégouter. Et oui, inéluctablement, l’idée que sa cousine ait pu se faire retirer son bébé comme ça, ça l’énervait et ça la dégoutait. Ce n’était qu’une preuve de plus que la folie des hunters n’avait vraiment pas de limite. Mais, malgré tout ça, elle se souvenait bien de le lui avoir dit qu’il pouvait lui parler et peut-être que ça avait été juste après la mort d’Anthea, à ce moment où un rien l’avait faite complètement pété un câble, mais ça n’empêchait pas que dans d’autres circonstances, elle aurait très bien pu écouter ce qu’il avait à dire. Peut-être qu’il était temps que dans la liste des choses qu’ils prévoyaient de faire différemment, ils se trouvent des moments pour vraiment parler, parce que de toute évidence, ils en avaient bien besoin. Sans doute qu’ils auraient dû s’y mettre après cette nuit dans son appartement, après cette dispute qu’il était venu chercher, lui reprochant de ne pas communiquer avec lui. Elle estimait qu’elle faisait des efforts à présent pour ne pas se retrouver dans une telle situation de nouveau, parce qu’elle ne voulait pas qu’il se sente écarté de sa vie, de ses décisions, parce que leurs vies, elles étaient liées maintenant qu’ils étaient ensemble. Mais fallait croire qu’il n’était pas décidé à faire ce qu’il avait pourtant exigé d’elle.

C’était le plus vexant dans cette histoire. La seule chose vraiment vexante sans doute, le reste c’était compliqué certes, mais elle n’allait pas lui en vouloir pour ça. Alors elle ne pouvait s’empêcher de se demander pourquoi il ne lui en avait pas parlé plus tôt ? Qu’il sache ce qu’il avait l’intention de faire de cette histoire ou non, au moment où il serait venu lui parler, ça n’avait pas vraiment d’importance. Elle aurait compris qu’il essaie d’aider sa cousine et s’il n’avait pas su quoi faire, elle l’aurait peut-être poussé dans cette direction, parce que clairement, elle n’était pas le genre de personne assez égoïste pour lui demander de laisser tomber cette histoire, de laisser sa cousine se démerder toute seule et de rester avec elle, parce que forcément, elle et Clara, elles avaient plus besoin de lui que n’importe qui d’autre. Non, elle ne pensait pas les choses comme ça et Cesare, il devait bien le savoir. Il était celui qui avait recousu sa plaie, lorsqu’elle avait été blessée après avoir aidé une parfaite inconnu à un moment où logiquement, elle aurait dû être avec Clara. Elle n’avait pourtant pas pu tracer sa route en laissant une inconnue se faire tuer pour retourner auprès de sa fille. Elle était celle qui s’était lancée dans une campagne électorale et qui était devenue maire de la ville le tout à peine deux mois après avoir mis un bébé au monde. Alors oui, elle avait conscience que Clara, elle avait besoin d’elle, elle avait besoin de Cesare, mais elle était de ceux qui ne pouvaient simplement se dire ça et ignorer le reste du monde. Alors elle ne savait pas ce qu’il y avait de vraiment compliqué dans cette histoire. Ce n’était pas le sujet qui l’aurait poussée à se mettre en colère normalement. C’était une histoire qui se mettait entre eux, une histoire de plus pour les séparer de la vie qu’ils voulaient et des promesses qu’ils avaient pu se faire, mais y avait un pauvre bébé qui n’avait rien demandé à personne au milieu de tout ça et il était clair qu’Isolde, elle ne pourrait jamais sacrifier un bébé pour son propre bonheur. Le fait qu’elle ait choisi de rentrer à Radcliff, ça prouvait que pour son propre bonheur, elle n’était même pas prête à sacrifier les habitants de cette ville, les espoirs qu’ils avaient pu placer en elle quand ils avaient voté pour elle et toutes les promesses qu’elle avait pu faire ici. Alors, elle ne voyait pas ce qu’il y avait de compliqué dans cette histoire, à part les choses qu’il avait lui-même décidé de rendre plus difficiles que prévu. Et s’ils devaient continuer à fonctionner comme ça, à se dire qu’ils ne se parler pas de telle ou telle chose parce que ça risquait d’être compliqué, il était clair que toutes les complications de leur couple, elles ne viendraient que d’eux même.

Alors, peut-être qu’elle exagérait dans ses propos, mais elle était bien en droit de se poser la question, d’essayer de comprendre pourquoi il avait cru que ce serait trop compliqué pour lui en parler. La question s’imposait à elle d’elle-même de toute façon, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Est-ce qu’il avait vraiment craint la réaction qu’elle aurait ? Parce que c’était la seule raison qu’elle trouvait pour expliquer le silence dont il avait fait preuve en se disant simplement que c’était compliqué. Si le problème venait de lui et des doutes qu’il pouvait avoir vis-à-vis de cette histoire, est-ce qu’il ne s’était vraiment pas dit une seule seconde qu’elle pourrait l’aider ? C’était pas aussi quelque chose qui était censé marcher en couple ? Il l’avait aidé à démêlé ce qui n’allait pas dans sa tête à elle peu de temps avant, alors pourquoi est-ce qu’elle n’aurait pas pu en faire de même avec lui ? Y avait rien qui se faisait différemment entre eux, c’était un fait qu’il ne pouvait pas nier. Elle parlait, il écoutait et quand elle ne disait rien, il venait pour l’engueuler et quand c’était de lui dont il était question, il ne disait rien ou il ne disait pas tout. Finalement, peut-être qu’il le pensait vraiment ce qu’il avait dit l’autre fois, qu’elle n’était capable de l’écouter qu’une fois tous les dix mois. « Je sais pas c’que tu peux penser de moi, mais je vois au moins que je suis pas celle vers qui tu aurais l’idée de te tourner quand t’as besoin d’aide. » Il pouvait bien penser qu’elle n’était pas une connasse qui s’en foutait des autres, ça ne changeait pas ça, il ne venait pas vers elle quand il avait besoin d’aide. « Peut-être que tu t’tournes juste vers personne. C’est pas de la jalousie. C’est que je voudrais pouvoir t’aider, mais je peux pas si tu m’parles pas. » Elle était pas en train de lui dire qu’elle voulait être la seule, l’unique personne vers qui il viendrait chercher de l’aider s’il en avait besoin, elle disait jute qu’elle voulait l’aider mais qu’elle avait cette impression qu’il ne la laissait pas faire. Et c’était toujours la même question qui s’imposait à elle, pourquoi est-ce qu’il ne voulait pas se tourner vers elle ? Elle le faisait elle, elle l’avait fait même avant leur dispute pour la campagne électorale, elle l’avait laissé la soigner et maintenant qu’elle s’était rendu compte qu’il voulait faire plus que soigner ses blessures, elle l’incluait dans sa vie, dans ses décision, dans ses plans et si elle devait avoir des doutes, même sur des trucs qui ne le concernait pas forcément, à la mairie et compagnie, elle savait qu’elle aurait tendance à venir lui en parler, et le sentiment n’était de toute évidence pas réciproque et c’était ironique sans doute, alors que c’était elle qui s’était bouffé les reproches quelques temps plus tôt. « Peut-être pas dix minutes mais on en est pas loin. T’as pas l’intention de passer la nuit ici. » Il ne savait pas ce qu’il faisait, il savait au moins qu’il avait mis sa veste sur ses épaules pour partir, pas pour faire joli, alors il avait prévu de partir et de lui parler juste avant. « Je suppose qu’on sacrifie tous un peu ce qu’on voudrait vraiment pour faire les choses bien. Les gens bien, ils font ça Cesare. » Alors, nan, c’était pas un connard parce qu’il préférait être ici plutôt que là-bas. Parce qu’elle elle préférait être loin de cette ville, elle voudrait pouvoir partir sans avoir de regrets, elle voudrait laisser tomber tout le monde et ne penser qu’à elle, mais y aurait toujours quelque chose qui l’en empêcherait, la même chose qui empêchait Cesare de juste rester avec elle et Clara et ça faisait de lui le type bien qu’elle voyait en lui alors même qu’il était incapable d’en faire autant. « Alors nan, t’es pas censé t’en foutre. » Il savait qu’elle aurait été plus en colère d’apprendre qu’il laissait tomber un bébé pour elle, plutôt que l’inverse. Ça avait été l’un des problèmes avec cet entrepôt des mois plus tôt après tout. « Mais t’es dedans Cesare et je voudrais être avec toi, parce que je pensais que ça voulait dire ça aussi être ensemble. Pas seulement toi avec moi mais l’inverse aussi. » S’ils revenaient à Radcliff, ils revenaient ensemble, c’était ce qu’il avait dit et pourtant, elle avait cette impression qu’il serait toujours avec elle mais qu’elle ne serait jamais avec lui, parce qu’il ne voulait pas la mêler à ses histoires, là de toute façon, c’était trop tard pour qu’elle soit incluse dans ses histoires de toute évidence, mais elle avait l’impression qu’elle serait toujours mise de côté.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeMer 27 Juil 2016 - 3:45



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- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
i'm halfway gone. we fought long enough, we were holding ropes but untied to love. if we had a moment we could ignite. instead it seems we're trying hard to start a fight. along these streets you read my words in the night, you hear me call ⓒtopic| h o m e.

Protéger Aria. Sauvegarder Aria de l’existence miséreuse qui s’offrait à elle à cause du nom qu’elle portait. Sauver Aria. Sauver Isolde. Les préserver de quelque danger que ce soit en réglant leurs problèmes, volant à leur secours, inspectant leurs faits et gestes, ou en sortant complètement de leurs vies. Repousser ces instincts incontrôlables, quand il avait vu Isolde, enceinte et seule. Fuir Clara pendant des mois, en pensant que c’était mieux comme ça. C’n’était pas des instincts égoïstes, des impulsions de conscience qui nuisaient plus aux autres que ça n’lui nuisait à lui : au contraire. Combien de fois avait-il affronté un choix qu’il aurait cru irréalisable, justement parce qu’il avait cru que c’était à lui d’endosser ces responsabilités, pour n’pousser personne d’autre à prendre une décision trop compliquée, trop imprévisible, trop dangereuse. Ç’avait commencé avec le poids de l’héritage de sa famille, chaque valeur qu’on lui avait inculquée : une froideur et une indépendance qui l’avaient transformé en un type qui avait toujours été solitaire, et qui n’avait jamais livré ses ressentis à qui que ce soit. Personne d’autre que Skylar. Ni sa sœur, ni sa mère, ni Isolde ; et encore, avec le temps et les efforts qu’ils faisaient, la Saddler pouvait aujourd’hui se targuer d’en connaître plus sur ce qui se passait à l’intérieur de la tête de Cesare DeMaggio que n’importe quelle personne qui avait pu le connaître pendant des années. C’était pour ça que son amitié avec Skylar avait toujours été aussi importante ; ils n’avaient jamais rendu la vie de l’autre plus belle, pleine de rêves et de croyances qu’ils auraient droit à mieux- mais ils s’étaient soutenus, et le brun avait toujours su que la moindre de ses hantises, le moindre de ses ressentiments, la moindre goutte de sang sur ses mains qui pesait sur sa conscience, elle les éprouverait aussi. Elle n’l’avait jamais jugé, elle avait souvent eu son sale caractère avec ses petites rixes ironiques comme pour détendre l’atmosphère ; mais ça n’avait jamais été blessant, ou orgueilleux. Vingt, dix ans plus tard, Cesare s’souvenait d’au combien cette relation avait été importante à sa vie, importante à son équilibre : et quand Skylar était morte, quand il s’était tenu debout, seul, devant sa tombe, ç’avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase. Et ni Aria, ni Ellie, ni ses amis, ni Slade, ni personne n’avait pu lire en lui comme Skylar l’avait fait – et personne n’l’avait jamais convaincu de pleinement le faire. Pas avant Isolde. Alors même si c’était encore compliqué, encore un travail en pleine progression, qui avait ses indéniables défauts bien souvent, il faisait des efforts – et parfois, c’était plus épuisant qu’aisé. Combien de fois est-c’que les choses qu’ils s’étaient dites, avaient risqué de dégénérer dans le mauvais sens ? Ils n’en étaient encore qu’à leurs débuts, de discussions à cœur ouvert qui retraçaient ces mois d’incompréhension, ou ces années de vie qu’ils avaient traversées l’un sans l’autre, mais continuaient d’influencer les personnes qu’ils étaient aujourd’hui. Et tout autant qu’Isolde portait encore le poids de la mort de son père, de la trahison de Bonnie, de plein d’choses sur son âme, lui, il endurait tout autant ce qui avait dicté ses instincts pendant des années. Ce qui lui avait permis de survivre. Ce qui lui avait permis de subsister sur cette planète – un privilège qui n’était pas offert à tout le monde ; pour les DeMaggio, plus une responsabilité qu’un droit quelconque. Il avait grandi dans une famille hantée par le deuil de certains de ses membres, les derniers relents d’humanité de son père annihilés par les cadavres qu’il avait vus- celui de son père, celui de son frère, manifestation évidente de tout c’que Cesare ne connaissait que trop bien, aujourd’hui. Le fait de n’pouvoir être que spectateur d’un carnage, le fait d’être impuissant, paralysé par l’horreur, ou d’autres ressentiments infiniment difficiles à décrypter : encore aujourd’hui, Cesare pouvait dire autant d’mots qu’il voulait, il avait bien du mal à croire qu’il parviendrait à totalement décrire le torrent d’émotions qui l’avait traversé quand il avait découvert le cadavre d’Aria.

Ils en avaient déjà parlé, Isolde et lui, au lendemain de la mort d’Anthea ; ils avaient déjà parlé de bien des choses, même si ça n’semblait pas être le cas – même si c’n’était pas assez, encore aujourd’hui. Parfois, c’était aisé d’croire que la Saddler et lui, ils étaient déjà allés jusqu’à la fin du monde, et qu’ils en étaient revenus intacts, persuadés d’être plus forts que jamais, plus liés que jamais. Et peut-être que c’était ça. Ou peut-être que c’était plus compliqué qu’il n’y paraissait. C’n’était pas qu’une histoire de deux personnes qui avaient été célibataires pour trop longtemps, deux âmes indépendantes qui se devaient de s’adapter l’une à l’autre. Dans leur passé, y’avait des morts à tous les recoins – certaines qu’ils avaient eux-mêmes provoquées, certaines auxquelles ils avaient assisté, impuissants. Certaines desquels ils se sentaient responsables, sans que ce n’soit pour autant vraiment le cas. Et encore aujourd’hui, même quand elle disait qu’elle pouvait tout écouter de lui, y’avait des côtés de son jadis, que Cesare n’voulait pas avoir à raconter à Isolde. Y’avait des cicatrices sur son corps, qui avaient une signification tout aussi douloureuse à Cesare que celles qui marbraient encore trop récemment les chairs de la jeune femme. Y’avait d’anciennes plaies qui lui rappelaient certains événements. Des jours particuliers, qui avaient une résonnance particulière à sa mémoire. Des cauchemars qui venaient, venaient et revenaient le persécuter où qu’il soit : à Radcliff ou à l’autre bout du monde, Cesare avait découvert pour ces deux dernières semaines que ça n’ferait jamais la moindre différence. C’n’était pas parce qu’il avait peur que ses crimes d’autrefois la fassent fuir, c’n’était pas parce qu’il n’avait pas confiance ; y’avait des pans d’sa vie qui étaient bien mieux endormis dans un coin, laissés derrière pour prendre la poussière, jusqu’à c’que le temps ait assez couru pour qu’ils ne soient plus que de vieilles images desquelles il n’parviendrait plus à faire sens. Ouais, Cesare avait encore cet espoir, parfois, pour se sortir la tête de l’eau ; d’toute manière, s’il devait se lancer dans un genre de thérapie pour régler tous ses problèmes, il en aurait pour des décennies entières. Et il doutait encore d’avoir un jour la possibilité d’pouvoir vivre aussi longtemps. C’était plus simple, le déni : et qui était-elle, Isolde, pour le contredire, quand ils s’étaient si souvent retrouvés dans les bras l’un de l’autre, à volontiers oublier le monde, parce qu’il était toujours compliqué, contre eux, impétueux et dangereux ? Parce qu’il n’changeait pas assez vite ? Peut-être que c’n’était qu’une question d’perception, de réflexe, de déformation professionnelle et traumatique, alors qu’il n’voyait en autrui que l’ennemi avant tout le reste. Les autres, ils étaient l’étranger, l’imprévisible, le danger. Et probablement qu’aussi longtemps qu’il verrait les choses comme ça, Cesare s’raccrocherait toujours aux instincts qui lui avaient permis de survivre depuis aussi longtemps qu’il s’en souvenait. Ces instincts qu’il partageait avec son père, avec tous les gens d’sa famille – ces instincts qui avaient fait de Rafael, d’Isabela, des êtres humains froids, distants, sanglants. Déconnectés de la moindre idée d’humanité, au point que l’empathie leur était impossible – même vis-à-vis de leur propre chair. Alors non, Isolde n’était pas celle vers laquelle il s’tournait ; parce qu’il avait toujours envie de la protéger, d’l’éloigner de ces histoires de malades où ses parents kidnappaient des enfants ou étaient complices d’actes comme ça. Encore plus, maintenant qu’ils avaient Clara. Et si ça venait à l’idée de Rafael de faire la même chose avec leur fille à eux ? Gabriela, ça faisait plus d’un an – plus d’un an – qu’elle cherchait désespérément son fils. Lui, si une telle chose devait arriver à Clara, si une telle chose devait arriver entre Isolde et lui, il exploserait, pour sûr. Ils exploseraient, peut-être bien. Parce que ce serait définitivement l’ultime attaque douloureuse que les DeMaggio pourraient balancer dans la vie de la Saddler : combien de drames dans sa vie étaient rattachés à l’existence de cette famille de hunter précisément ? Ouais, elle lui avait dit, Isolde, qu’elle l’aimait comme il était, pour ce qu’il était, même avec le nom qu’il portait. Mais jusqu’à quand ? Quand est-c’que les horreurs, rattachées au patronyme qu’il portait, contrebalanceraient ce à quoi elle se raccrochait encore aujourd’hui ? Peut-être qu’ils n’en étaient pas très loin ; et c’n’était pas un défaut de confiance, mais une évidence, infiniment humaine – il n’aurait rien à dire, si la mutante devait juste être fatiguée d’avoir des DeMaggio autour d’elle, brisant son cœur et froissant son âme, encore et encore.

« J’suis désolé. » c’est tout ce qu’il put dire alors, dans un premier temps, haussant les sourcils dans l’expression incontrôlée d’une incapacité à savoir quoi faire – qu’aurait-il dû faire ? Ils n’avaient certainement pas été en bons termes, à l’époque où il avait appris l’existence de Gabriela, et toute cette histoire. « Quand on a-… recommencé à s’parler. Clara était née et-… » et ouais, peut-être que ç’avait été une histoire de confiance, là, mais toujours aussi légitime que le reste : y aurait-il pu y avoir une mère quelconque, qui aurait eu l’instinct de rester auprès d’un type comme lui, en apprenant qu’il avait des gens dans sa famille qui kidnappaient les enfants parjures pour en faire des hunters dès le plus jeune âge ? « J’pensais juste que-… toute cette histoire, ce serait le meilleur moyen d’te persuader de surtout jamais refaire partie de ma vie. » avait-il été égoïste, alors, à choisir un genre de déni dans c’t’histoire ? A n’pas laisser à Isolde la possibilité de faire ces choix de s’retrouver l’un l’autre, sans avoir tous les éléments en mains ? « Je sais pas quoi te dire… j’essaye. De parler, de-… raconter des trucs. Peut-être que c’est pas… idéal, pour l’instant. Mais c’est à toi que j’me confie. Y’a-… y’a personne d’autre. » y’avait eu Skylar, à l’époque où Isolde n’avait pas été dans sa vie ; mais il remarquait aussi, depuis le coup de téléphone de Gabriela, que ça faisait des mois qu’il n’avait pas eu de nouvelles de la mutante. Parce qu’il avait eu Isolde, justement, et que ça lui avait suffi, et qu’il avait été égoïste, centré sur lui-même. Et voilà où il en était, maintenant. « Et-… et les fois où j’me disais que j’devrais en parler. Ca semblait juste… venir de nulle part, et s’poser entre nous, et n’pas être… j’en sais rien- logique. » ç’avait été une histoire à lui, plus qu’une histoire à eux deux- toute la lignée d’un blabla qu’on aurait presque pu croire inventé tellement c’était extravagant. L’histoire d’une cousine sortie de nulle part, qui parlait de son gamin kidnappé, et lui demandait de l’aide, à lui parmi n’importe qui d’autre. « Tu sais que-… c’était pas une question d’avoir peur de c’que tu ferais, ou comment tu réagirais. C’était pas une histoire de pas t’faire confiance. Y’a des choses dont j’t’ai parlé, qui étaient plus compliquées, plus intimes que ça… » il l’observa, manquant cruellement d’oxygène dans ses poumons ; « C’est pas toi… okay ? » et enfin, il put prendre une inspiration, repassant ses mains sur son visage – parce que c’qu’il lui disait, là, à Isolde, elle n’pouvait pas prétendre qu’il le raconterait à n’importe qui, ou que c’était facile d’en parler. Y’avait rien d’plus égoïste que d’admettre qu’après tout le sang qu’il avait versé, il n’avait même pas l’intention de réparer ses crimes ou au moins faire le moindre amendement ; tout ce à quoi il aspirait, c’était partir d’ici, tout laisser derrière, et enterrer cette vie-là sous une pile de terre composée de moments les plus inutiles et insignifiants qui soient. « J’avais rien prévu, j’avais pas commencé à monter des plans sur le chemin du retour pour savoir quand j’partirai, comme si j’étais impatient d’partir. » parfois, il avait l’impression que c’était ce qu’elle pensait, qu’elle le voyait volontiers avec des dédoublements de personnalité, si prompt à la repousser de sa vie parce qu’il pensait avoir mieux à faire. « Si j’voulais pas qu’on fasse ça ensemble, j’serai jamais revenu vers toi. » à l’hôpital, après la naissance de Clara, ça n’avait pas été qu’un caprice, que pour lui dire qu’il allait se lancer dans une mission totalement stupide et suicidaire, et que pour une raison ou une autre, elle devait le savoir. Il n’avait pas fait ces promesses en l’air. « Alors peut-être que j’en suis pas à te raconter ma journée comme si c’était la chose la plus normale à faire-… mais t’as aucune idée de c’que je sacrifie, à chaque fois que j’pars d’ici. A chaque fois que j’sais pas si j’vais revenir, ou si quand j’aurai le dos tourné, mon père va t’envoyer un autre doigt de quelqu’un que tu connais, ou s’il va carrément venir s’attaquer à toi. Ou si quelqu’un d’autre va le faire, et que j’vais mettre des heures à m’en rendre compte juste parce que c’est comme ça qu’on vit. » il soupira, parce qu’il ne savait pas pourquoi la hargne remontait si vivement en lui ; « Tu sais pas c’que ça fait-… d’compter les heures en sachant que tu vas devoir partir bien trop tôt, parce que t’as trop souvent l’impression que les deux personnes auxquelles tu tiens le plus au monde, sont plus sauves sans toi. Et que t’es juste égoïste à chaque fois que tu reviens, parce que ça peut basculer du jour au lendemain, comme ça l’a déjà fait, de trop nombreuses fois. » et ça sonnait comme une litanie, un cercle-vicieux qu’il répétait en des paroles qu’il avait déjà eues. D’manière plus ou moins similaires, en tout cas. « J’avais pas de plan pour quand on reviendrait dans cette ville pourrie, parce que j’essayais encore d’savoir c’que ça ferait, d’vous laisser toi, et Clara, après deux semaines passées ensemble non-stop. » et peut-être bien que sans le coup de téléphone de Gabriela, il aurait simplement vivoté dans un genre de déni, où il n’aurait pas quitté les murs de cette maison pendant des jours et des jours, pour s’occuper de Clara ou en s’donnant de nombreux prétextes qu’il aurait cru infiniment crédibles. « Si ça fait déjà un mal de chien, quand j’reste qu’une nuit-… qu’est-c’que ça va être, si j’m’en vais, là ? J’ai pas envie de n’pas passer la nuit ici, ou toutes les autres nuits d’ma vie sans toi. » il se surprenait, maintenant, de l’ardeur avec laquelle il l’avait dévisagée, presque sévère pour répondre à la sévérité de ses arguments à elle. « On est ensemble, Isolde, okay ? Peut-être pas encore d’la meilleure manière qui soit, parce que j’fais pas les choses assez bien-… Mais j’ai déjà assez choisi d’être avec toi pour endurer ça, encore et encore, peu importe c’qui se passe. » et au fond, c’était bien plus douloureux et compliqué, et intime et précieux, que d’se mettre à parler d’un plan qu’il n’avait même pas confectionné dans sa tête, une histoire de cousine qu’il n’avait même pas pris le temps de soupeser, de vraiment considérer, trop obnubilé par sa propre vengeance, sa propre fuite, ses propres illusions, ses propres envies. « Tout c’que j’sais… c’est que j’ai quitté la ville pendant deux semaines. Elle a essayé d’me joindre, encore et encore-… et elle a fini par essayer de sauver son fils seule. Et maintenant, tout c’que j’peux faire, c’est essayer d’réparer mes erreurs. Elle pense que son père pourrait décider de quitter la ville avec son fils-… c’est pas-… c’est pas un choix, Isolde. » il aurait voulu pouvoir avoir la force d’avancer sa main jusqu’à trouver celle d’Isolde, mais elle s’arrêta à mi-chemin, s’écrasant contre le canapé juste entre eux. « J’ai pas envie d’passer une autre nuit loin d’toi. » il soupira, encore, serrant les mâchoires. « Je sais pas c’que tu veux que j’fasse… c’que t’aurais voulu que j’fasse. Tout c’que j’sais, c’est que maintenant, j’ai envie de-… régler c’t’histoire, et de revenir vers toi. Vers Clara. A la maison. » même si, matériellement parlant, il avait bien du mal à appeler cet endroit maison ; dans un couple, ça voulait surtout dire une habitation de laquelle on s’occupait à deux, qu’on payait à deux, qu’on assurait à deux – clairement une tâche qu’il n’pourrait pas remplir : il n’avait pas d’argent, pas de travail, pas de formation particulière autre que le meurtre. Peut-être que ça, c’était plus l’impulsion machiste qu’on lui avait inculquée ; mais derrière cet instinct-là, il savait que ce n’serait toujours qu’avec Isolde, qu’avec Clara, qu’il se sentirait appartenir.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:28, édité 1 fois
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeVen 29 Juil 2016 - 0:19

— cesare demaggio & isolde saddler —
freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

Y avait énormément de choses qu’Isolde détestait, tout un tas de trucs qui avaient le don de l’agacer et ce n’était pas difficile, parce qu’il fallait bien l’admettre, elle était une personne qu’il n’était pas franchement compliqué d’énerver. Elle n’était certainement pas réputée pour sa patience et son calme, bien au contraire. Isolde c’était une fille qui s’énervait ou se vexait pour un oui ou pour un non. Alors ouais, peut-être qu’elle avait tendance à réagir au quart de tour parfois et qu’elle faisait toute une montagne d’un truc que quelqu’un aurait facilement pu trouver pas franchement très grave. Mais elle était comme ça elle n’y pouvait pas grand-chose. Dans la liste des choses qu’elle détestait et qui pouvaient facilement l’agacer, y avait tout un tas de trucs, les hunters occupant probablement la première position dans cette liste, mais au-delà de ça, y avait tout un  tas de truc et ce serait mentir que de prétendre que le fait d’entendre quelqu’un lui faire des reproches ne faisait pas partie de cette liste. Pourtant, y en avait plein qui le faisait et ça l’agaçait à chaque fois, mais en principe, elle était capable de prendre sur elle – quand elle estimait que les reproches étaient justifiés – et de ne pas trop s’énerver. C’était ce qu’elle avait fait la dernière fois que Cesare et elle s’étaient retrouvés face à face dans son appartement, ce soir là où il était venu lui reprocher de s’être présentée aux élections municipales sans lui en parler avant. Ce soir-là, elle avait haussé le ton, à un moment où à un autre, mais elle avait plutôt cherché à se faire pardonner et à lui faire comprendre qu’elle ne referait plus jamais ce genre de conneries. Elle s’en était vraiment voulu cette fois-là et depuis elle s’efforçait de faire les choses mieux qu’elle ne les avait faites dans le passé. Elle faisait des efforts parce qu’elle le voulait, parce qu’elle avait conscience qu’il fallait en faire pour qu’une histoire puisse marcher et que la leur elle était tellement compliquée qu’ils avaient plutôt intérêt d’en faire beaucoup des efforts. Dans la plupart des couple, la distance à laquelle ils étaient soumis, ça attirerait la jalousie, des questions du genre ‘il fait quoi et avec qui ?’. Elle ce n’était pas franchement ce qui l’inquiétait le plus dans leur histoire, à la limite, elle préférait encore qu’il la trompe plutôt qu’il se fasse tuer parce que pendant qu’il était loin d’elle, il était dans un endroit où il avait de toute évidence plus de chance de mourir que de la tromper et elle lui faisait confiance, c’était à ceux qui étaient autour de lui qu’elle n’avait pas confiance. C’était tellement compliqué leur histoire que s’ils ne communiquaient pas d’avantage ils en seraient toujours au même point et ce n’était pas facile parfois de communiquer, elle le savait très bien, mais elle faisait des efforts et elle aurait voulu qu’il en fasse de même. Parce qu’elle n’aimait clairement pas quand on venait lui reprocher des choses, mais c’était encore moins supportable quand elle remarquait que finalement, on faisait exactement la même chose que ce qu’on était venu lui reprocher et c’était exactement ce que Cesare faisait.

Elle avait pris des risques sans le tenir au courant en se présentant à la mairie et lui, il en faisait tout autant en choisissant de revenir vers son père dans le but d’aider sa cousine. Il l’avait dit à Paris, il aurait toujours du mal à accepter ce qu’elle faisait, parce qu’elle risquait sa vie pour les autres et qu’elle ne devait rien à personne alors dans le fond, elle avait presque plus de raison de ne rien lui avoir dit que l’inverse. Parce qu’il n’avait pas la même façon de fonctionner et ses volontés à elle, peut-être que Cesare serait à jamais incapable de les comprendre alors qu’elle, elle comprenait parfaitement celle qui le poussait à vouloir aider sa cousine. Jamais elle n’aurait eu l’idée d’essayer de le retenir ou de le pousser à faire autrement. Après tout, quand bien même elle n’aimait pas la position du jeune homme, dans cette famille complètement pourrie, auprès d’un père qui s’en fichait sans doute de la survie de son fils, elle était bien placée pour savoir que ça pouvait servir. Ça l’avait aidé elle à coincer Callahan, ça pouvait aider sa cousine à retrouver son fils, alors à part poussée par une élan d’égoïsme profond, elle n’aurait jamais essayé de le retenir, malgré les risques, malgré le fait qu’elle n’aimait pas le savoir auprès de son père, sauver un gamin, c’était, à ses yeux à elle, plus important que ce qu’elle pouvait ressentir. Elle avait indéniablement plus de mal avec les histoires de vengeance qu’avec le fait d’aller sauver un enfant. La vengeance, ça la dépassait complétement, alors même qu’elle avait été incapable d’aller au bout de la sienne, comme soudainement réveillée par les mêmes paroles que celles qu’elle avait livré à Cesare quelques mois plus tôt, dans sa chambre de motel. La vengeance ça ne changerait rien, ça ne ramenait personne à la vie et elle doutait que ça puisse réellement apaiser une âme. Alors dans le fond, la vengeance, c’était un truc qu’elle ne comprenait pas et pourtant, elle avait laissé Cesare courir après la sienne sans trop broncher. Le plan qu’il avait mis en place pour y parvenir, il le lui avait confié, tout comme il lui avait dit jusqu’où il avait été pour se venger. Alors pourquoi ça, il ne lui en avait pas parlé ?  Fallait croire que Cesare lui-même il n’en savait rien, mais ça n’aidait pas franchement à digérer la chose. C’était pas juste dans le fond, que ce soit elle qui se fasse engueuler quand elle ne parlait pas d’un truc et qu’à côté, il fasse pareil et qu’est-ce qu’elle pouvait faire elle ? Gueuler ? Dans le fond, ça ne règlerait rien et même elle, la fille qui gueulait à tout va, elle en avait conscience, alors elle n’avait pas haussé la voix, elle n’avait pas l’intention de le faire. Mais elle était vexée, alors elle estimait qu’elle avait au moins le droit de le montrer, alors y avait eue toute une partie d’elle qui aurait voulu rester sur le canapé, son ordinateur entre les mains, silencieuse, boudeuse, comme une gamine de quatre ans. Au moins pouvait-il s’estimer heureux d’avoir réussi à garder en face de lui une Isolde à peu près mature qui finalement avait décidé de lui parler.

Il était désolé. Elle l’avait été aussi l’autre soir chez elle et elle savait bien que c’était la seule défense qu’on pouvait avoir quand on savait pertinemment qu’on avait commis une erreur. Parce qu’elle n’avait pas su quoi dire d’autre elle, après cette histoire de candidature à la mairie. Elle pouvait comprendre ça et comme les rôles étaient inversés, il devrait aussi comprendre pourquoi elle était vexée. Ça ne menait à rien cette discussion de toute façon, ils n’allaient pas remonter le temps pour faire les choses différemment alors elle avait cette impression que de toute façon, y avait rien qu’elle puisse dire qui serve à quelque chose, comme quoi, l’idée de faire simplement la gueule et de ne rien dire aurait presque été mieux pour le coup. Ça ne faisait que la frustrée, si bien qu’elle laissa échapper un long soupire. « Juste après … Anthea, c’était le pire moment du monde pour parler et pourtant on l’a fait. » C’était lui en plus qui avait commencé à se lancer dans les sujets compliqués, à ce moment-là, quand elle avait eue envie de parler de tout, sauf de trucs compliqués, parce qu’elle venait juste de perdre sa meilleure amie. Les autres fois où ils s’étaient vus, ça allait mieux, elle aurait pu parler de choses importantes ; elle l’avait fait, elle. Elle lui avait parlé de Callahan, elle lui avait parlé de tout ce qui pouvait la tracasser quand ils avaient été à Paris, elle lui avait parlé de ce qui la poussait à revenir à Radcliff, est-ce que ça aurait pas été le bon moment pour qu’il lui parle de ça ? Non, c’était bien ce qu’elle disait, parler d’elle ouais, mais parler de lui non. « Après ça, toutes les fois où on s’est vu tu aurais pu m’en parler et on s’en fiche que ça sorte de nulle part. Si on part de c’principe, y avait pas non plus de bon moment pour que j’te dise que j’allais m’présenter contre Lancaster. »  Bha ouais après tout, si ça marchait dans un  sens, ça marchait aussi dans l’autre et elle n’avait pas maintenu Cesare loin de sa décision parce qu’y avait pas eu de bon moment pour en parler. Au pire, c’était lui qui lui avait dit qu’il ne lui avait pas donné son numéro de téléphone pour rien, alors qu’il applique ses propres conseils, ça lui ferait pas de mal. « On peut pas juste se dire ‘c’est pas le bon moment on verra ça plus tard’ on s’en sortira jamais sinon. » Ils se retrouveraient toujours dans cette situation, avec un qui avait omis de dire quelque chose d’important à l’autre et ce n’était pas comme ça qu’un couple devait fonctionner. « Et c’est trop tard pour cette fois, tout comme c’était trop tard quand t’es venu chez moi quand je me suis présentée à la mairie. Mais on peut pas continuer comme ça à attendre le dernier moment pour s’parler. » Elle disait bien on, elle, comme lui. Parce que l’un comme l’autre, ils se cachaient derrière des ‘c’est compliqué’ mais c’était sûr que s’ils ne faisaient rien pour simplifier les choses ça continuerait d’être compliqué. « J’en sais des choses Cesare. Mais on va pas commencer à comparer nos peines, parce que c’est pas le propos et ce serait complètement insensé. » Ouais c’était ce genre de peines qui n’étaient pas comparables de toute façon, il connaissait des trucs qu’elle n’était pas en mesure de connaitre, mais l’inverse était tout aussi vraie. Y avait aussi tout un tas de choses qu’elle ressentait qu’il ne connaitrait jamais alors ils n’allaient quand même pas commencer à essayer de déterminer qui était le plus malheureux des deux, sans quoi ils seraient vraiment tombés très bas, mais qu’il ne vienne pas prétendre qu’elle n’avait pas ses propres douleurs à elle, notamment à chaque fois qu’il passait cette fichue porte. Tout n’était qu’une histoire de point de vu de toute façon ; avait l’impression de la mettre en danger en étant là, elle se sentait plus en sécurité quand il était là, alors ils avaient leurs propres douleurs vis-à-vis de cette histoire. « J’ai jamais dit que t’étais impatient de partir. J’ai dit que j’aurai voulu être au courant de cette histoire avant que tu décides que c’était le moment d’aller t’en occuper. » Quand elle disait avant,  elle ne parlait pas du chemin du retour, de quand ils avaient quitté la France pour revenir ici, elle parlait d’avant, n’importe quand depuis qu’il était au courant de tout ça. Qu’il ait eu un plan précis ou pas, ça n’avait pas d’importance, ce qui comptait, c’était qu’il lui parle au lieu de la laisser toujours sur la touche. Elle pouvait être là pour lui, elle pouvait aider, si seulement il lui donnait cette chance. Elle n’avait pas envie qu’il ne parte non plus, ça lui faisait mal à elle aussi, quand bien même à en juger ses propos, c’était lui qui endurait tout. Une réplique qu’elle garda entre ses dents serrées parce qu’elle n’avait pas envie que ça parte en engueulade et qu’elle pensait vraiment que ça n’avait pas de sens à de se mettre à comparer leur peine, mais qu’il tâche quand même de ne pas oublier que ça lui faisait à elle aussi un mal de chien à chaque fois qu’il partait et que ce serait pire pour elle aussi maintenant qu’ils avaient passé quinze jours ensemble. C’était peut-être pour ça aussi qu’elle aurait eu envie qu’il lui parle avant, histoire de savoir qu’elle se voilait complètement la face en restant accrochée au propos qu’ils avaient échangés l’autre fois à l’hôpital. « J’aurai voulu qu’tu m’en parles. » Ça faisait au moins quinze fois qu’elle le disait ça. « J’veux qu’tu m’parles et pas juste quand ça semble être le bon moment, mais quand t’as quelque chose à dire. » Parce qu’à trop attendre le bon moment, fallait croire qu’ils attendraient toujours la dernière minute pour se parler. « Je suis pas en colère. Je suis vexée parce que j’aime pas qu’on vienne me reprocher un truc pour faire la même chose après. Je suis déçue parce que j’ai l’impression d’être tenue à distance d’une partie de ta vie. » Elle haussa légèrement les épaules. « Ça va vite passer. Mais s’il doit y avoir une prochaine fois, là je serais en colère et quand je suis en colère, ça passe pas vite. » D’expérience, il le savait, après tout elle avait déjà été en colère contre lui pendant quasiment dix mois et sans doute qu’elle serait jamais en colère aussi longtemps, s’il devait encore la tenir à l’écart, mais il le sentirait passer si elle finissait vraiment en colère. Elle laissa échapper un soupire. « Tu devrais peut-être y aller du coup. Plus vite tu seras parti, plus vite ce sera réglé et plus vite tu reviendras. » Elle n’avait pas envie qu’il parte, ni maintenant, ni jamais, elle en avait détourné le regard, histoire de pouvoir chasser cette partie d’elle qui voulait s’accrocher à sa jambe pour pas qu’il puisse quitter cette baraque. « Et reviens en vie et en un seul morceau. » C’était pas négociable ça, elle aurait presque pu menacer de le tuer si ce n’était pas le cas, mais ça n’aurait pas vraiment eu de sens de toute évidence. Le fait était qu’elle voulait qu’il revienne vite et en bonne santé et ça semblait presque déjà trop demandé. Elle aurait presque voulu être vraiment énervée histoire de pouvoir lui dire de se casser de là rapidement, sans avoir de problème à le voir partir, jusqu’au moment où la colère serait redescendue et où elle se serait sentie coupable. Mais elle était pas en colère, alors elle avait juste envie de se mettre à pleurer là, d’où la nécessité, de garder les yeux rivés en face d’elle, vers la télé qui semblait presque intéressante là, quand bien même elle était éteinte, clairement, elle non plus, elle n’avait pas envie de passer une nuit de plus sans lui.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeVen 29 Juil 2016 - 2:06



LET ME COME HOME TO YOU            
     DON'T LET ME LOSE YOU TOO    
- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
i'm halfway gone. we fought long enough, we were holding ropes but untied to love. if we had a moment we could ignite. instead it seems we're trying hard to start a fight. along these streets you read my words in the night, you hear me call ⓒtopic| h o m e.

Il n’était pas un expert en sociabilité, Cesare, ni même en relations tout court ; celles qu’il avait toujours eues, avec sa sœur, avec ses parents, avaient été sur la fin ou étaient encore aujourd’hui de tels désastres que ça devait en dire long, sur l’genre de personne qu’il avait toujours été. Le mensonge était ce qui l’avait maintenu en vie pendant quelque chose comme cinq longues années, juste sous le nez de ses parents, de sa sœur, de sa cousine, et d’n’importe quelle personne qu’il avait un jour côtoyée. Et au moment d’affronter une potentielle réalité, tout ce qu’il avait fait, c’était fuir, sous le couvert d’une mission qui l’avait mené jusqu’à Isolde. Isolde à qui il avait menti également, pour d’autres raisons, galvanisant d’autres motivations en lui – à cause d’autres sentiments que la peur, l’instinct d’survie et des choses du genre. Que pouvait-il dire, contre ça ? Que pouvait-il faire ? A la fin d’l’histoire, il avait déjà payé, encore et encore, le fait de ne rien avoir dit à qui que ce soit : Aria avait été prête à quitter Radcliff parce qu’elle n’avait plus confiance en lui, préférant s’tourner vers un parfait inconnu – transmutant de surcroît – pour quitter la ville. Isolde l’avait détesté pendant dix longs mois. Son père, encore aujourd’hui, avait probablement surtout l’instinct premier de le tuer, inspectant ses faits et gestes à la recherche de la moindre petite erreur qui pourrait le trahir, et donnerait donc au patriarche un bon prétexte pour pointer une arme chargée dans sa direction. Au bout d’un moment, il était bien difficile de voir dans la ville de Radcliff, ce qui était du mensonge, et ce qui était un genre d’instinct d’conservation – ou encore plus loin, ce qui pouvait ressembler à un genre de mode de vie qui faisait filer les jours trop vite et enterrait les secrets. Cesare lui-même, rien que pour lui-même et pour apaiser sa propre conscience, il avait repoussé l’histoire de Gabriela dans un coin à mi-chemin entre conscience et inconscience : ç’avait été plus facile de se plonger dans ses projets de vengeance alors, et d’se concentrer sur les morts plutôt que sur le potentiel bébé qui se trouvait ici, quelque part dans cette ville, et dont personne dans sa famille n’avait jamais parlé. C’était aussi un certain problème, ça – l’affaire James n’avait que trop souvent prouvé au brun qu’il n’avait jamais véritablement regagné la confiance de ses géniteurs, ou sa place originelle chez les siens. Jamais il n’avait vu le gamin, et jamais il n’en avait entendu parler – c’n’était pas faute, parfois, d’avoir patiemment observé, appliquant chacune des consignes de ses parents à la lettre, pour n’surtout pas les froisser. Et qu’est-ce qu’il avait fait, pendant tous ces mois, depuis qu’il avait rejoint ses parents ? Encore et encore, chaque moment qu’il avait passé auprès d’eux n’avait fait que participer à lui prouver que la chasse était maintenant dans son sang, et que c’était un instinct duquel il n’pouvait plus se défaire, vingt ans plus tard. Une pensée qui lui avait souvent filé la nausée, alors qu’il alignait les cadavres et les adversaires à torturer comme Isolde avait probablement aligné la paperasse. Aurait-elle vraiment voulu qu’il lui parle de ça ? Pouvait-il vraiment le faire ? Il n’avait jamais raconté ça à personne, et certainement pas aux femmes dont il était tombé amoureux, à un tournant de sa vie. Ellie, Isolde, toutes les autres, il avait toujours eu l’instinct de les préserver du monstre qui dormait en lui : ça incluait le fait de les laisser dans l’ignorance, et n’surtout jamais être sur le terrain avec elle, là où il était redoutable, impulsif et impitoyable. Isolde, elle n’sortait pas avec un type qui passait sa journée derrière un ordinateur ou dans une pile de paperasses à trier des trucs sans intérêt ; elle n’retrouvait pas un homme qui réparait des bagnoles et vivait en harmonie avec le monde, sociable et disponible à longueur de journée. Peut-être qu’elle disait qu’elle le sait ; mais peut-être qu’elle ne l’savait vraiment pas. Parce que comment est-c’que c’était possible de savoir c’qu’il était, savoir comment il vivait, et l’aimer, vouloir être avec lui quand même ? Un putain de casse-tête qu’il n’avait jamais réussi à résoudre lui-même : irrémédiablement, Ellie, Aria, d’autres, ils avaient tous déserté cette tâche impossible à accomplir.

Et maintenant, il ne pouvait que soupirer, ses deux mains revenant sur son visage pour l’enterrer complètement, alors qu’il écoutait les paroles d’Isolde, et qu’il n’savait pas quoi en tirer. Il n’savait pas quoi dire, pas quoi faire, pas quoi penser, pas quoi espérer. Même pas quoi vouloir. Oh, Radcliff était si brusquement revenue dans leurs vies, avec ses arômes dégueulasses et ses indélicates sensations d’échec, de ne jamais prendre la bonne décision, et de tourner en rond. Ils tournaient en rond, là, complètement, si bien qu’il aurait simplement pu passer cette porte, et laisser la blonde moisir dans sa vexation que ça n’aurait rien changé. Et après, elle disait qu’elle parlait, qu’elle se livrait, et qu’elle écoutait. Etait-ce vraiment comme ça qu’elle parlait ? En écrasant d’indifférence tout ce qu’il disait, incapable de le regarder, tournant et retournant ces vieilles histoires sur lesquelles ils étaient revenus des millions de fois déjà ? C’n’était pas comme s’ils n’avaient jamais parlé, comme si Cesare n’avait jamais fait le moindre effort pour l’inclure dans sa vie. C’était encore chaotique, encore compliqué, en effet, quel autre mot y avait-il ? Mais ça s’faisait, il le faisait tout autant qu’elle – des efforts réduits à néant, visiblement. « Qu’est-c’que tu veux dire par-là, hein ? » qu’il ne put retenir, d’ailleurs, à la mention du lendemain de la mort d’Anthea, relativement hargneux vis-à-vis de la réplique qu’elle avait eue. Parce qu’ils avaient parlé ce jour-là, et elle n’pouvait pas prétendre que ça n’avait pas été important, même décisif, et que ça n’leur avait pas fait du bien, d’parler de tous ces mois et de tout c’qu’ils avaient traversé, si près l’un de l’autre et pourtant si loin, car trop occupés à se hurler dessus et à se blâmer des choses inutiles plutôt qu’à se parler d’une quelconque manière constructive. Ils n’s’étaient pas échangés ces vérités dans le meilleur contexte qui soit, mais c’était venu comme ça, spontanément, comme une seconde-nature, une part d’un Cesare qui n’avait eu ni peur de l’impact de ses mots, ni peur de s’rapprocher d’elle avec les relents de doute et de douleur qu’il avait éprouvés pendant dix longs mois sans qu’elle ne fasse partie de son quotidien, ou de son futur d’une quelconque manière. « Ouais, je sais-… c’est ta façon d’faire ça. Ne pas vouloir parler sur le moment, et après des semaines plus tard, me ressortir ça comme un reproche. » dans sa tête, déjà, y’avait une vexation incontrôlable qui bourdonnait, remplaçant une quelconque raison au profit d’une impulsivité qui lui fit serrer les mâchoires. « Alors c’était pas le bon moment, là-bas, et tu me l’reproches encore aujourd’hui, mais… quelque part, si j’avais amené ma cousine sortie de nulle part au beau milieu de nos vacances, ou quand on parlait d’autres choses, ou à un autre drame, ç’aurait été plus… acceptable ? » franchement, il en arrivait presque à essayer de comprendre, c’n’était pas facile, au fond. Il soupira, ses épaules retombant : « J’suis désolé… mais à chaque fois, des semaines après, t’arrives à m’faire regretter tout c’que j’te dis, à un moment donné. » ils y étaient, et si Isolde elle ne voulait pas qu’ils se disputent, si elle préférait fixer l’autre bout de la pièce d’un air de gamine têtue, il n’était pas comme ça. On lui avait toujours appris à rendre les coups, dix fois plus puissants, et sans faire preuve de la moindre pitié. Maintenant, là, il n’savait même plus ce qui était bon : dire la vérité même quand c’n’était pas forcément le bon moment ou ne pas le faire parce que sinon, ce serait toujours une histoire qui ressortirait en vague pique à chaque fois qu’il ferait un faux pas ? Non, quelque part, il avait déjà l’sentiment que cette histoire ne passerait pas vite, parce que c’n’était pas dans la nature d’Isolde, de faire passer les choses vite – elle, elle semblait aimer remuer le couteau dans la plaie : quand est-c’qu’il lui avait ressorti son histoire de candidature ? Depuis le soir de leur dispute, le soir où ils s’étaient expliqués – aussi vigoureux ce face-à-face avait-il pu être – il était passé à autre chose. Il avait accepté ses excuses, et ils avaient avancé. En une poignée de minutes, il était passé du vexé qui voulait tout arrêter, à celui qui oubliait ses ressentis et ses rancœurs pour la faire passer, elle, en premier.

Ça, c’était sans compter les heures qu’il avait passées en sa compagnie après, tous les deux dans une harmonie qu’il avait crue retrouvée, comme un couple normal. Et depuis c’soir-là, ils n’étaient rien d’autre qu’un couple qui essayait ; il n’arrivait pas à accepter ce qu’elle vouait à cette ville, mais il en était même allé jusqu’à bosser plus profondément dans le réseau des hunters de la ville pour l’aider. Elle. Elle et ses plans de maire. « Je sais vraiment pas comment t’arrives à comparer les deux. Tu t’es engagée dans la mairie quand on était en couple. Ensemble. Avec Clara qui venait de naître. On venait tout juste de s’retrouver, t’avais mon numéro sous la main. Et trois jours plus tôt, j’étais venu dans ta chambre d’hôpital, me ramasser une baffe en pleine gueule parce que j’étais venu te parler de mes plans. » peut-être n’était-ce qu’une question de point de vue, hein, mais tout au plus, lui, il comparait la candidature d’Isolde à la mairie, avec son choix à lui de rejoindre ses parents- deux décisions qui influençaient leur avenir en lui-même, des choix qu’ils avaient eux-mêmes faits : la différence, elle était là. Lui, il lui en avait parlé. Elle, non. « J’avais rien, quand Gabriela est venue me parler. Pas d’famille, pas de toi, et Clara était encore qu’un bébé dans ton ventre, dont tu m’as caché l’existence pendant cinq mois. Un bébé qui ne m’connaîtrait jamais puisqu’aux dernières nouvelles, on s’détestait et on s’était dits qu’on en avait fini. Définitivement. Est-c’que tu m’as déjà parlé de toutes les missions pour Insurgency dans lesquelles tu t’es engagée quand on était en froid, et pour lesquelles t’es encore engagée ? » froidement, c’était plus à ça qu’il avait toujours rapproché sa mission avec Gabriela. Plusieurs fois, d’ailleurs, il s’était dit qu’il obtiendrait une piste pour le fils de la jeune femme, bien plus tôt qu’une piste sur la meilleure façon de tuer Moren sans être traqué par une troupe de hunters. Et s’ils devaient s’lancer dans le concours de qui avait caché le plus de choses pendant le plus de temps à l’autre quand ils avaient été séparés, tout en remontant graduellement dans les discussions qu’ils avaient déjà eues, devaient-ils parler de ça ? De toutes les fois où ils s’étaient vus, depuis qu’Isolde avait appris sa grossesse ? Il en eut d’ailleurs une légère grimace, se découvrant sardonique à souhait : « Au fait, puisqu’on en est là : combien d’fois on s’est vus avant que tu m’avoues que t’étais enceinte ? » ils visaient vraiment bas, là maintenant. C’est probablement en réalisant ça, que le brun détourna le regard, prenant une lente inspiration, espérant que l’oxygène calme le brouhaha hargneux qui était né dans ses neurones. « J’ai fait une erreur-… mais on dirait que comme tu réagis, que tu penses être la seule à avoir fait des efforts, depuis qu’on est ensemble. » c’était à son tour de regarder ailleurs, loin à l’autre bout de la pièce. « J’suis désolé, d’avoir oublié de t’raconter ce merdier- ou d’pas avoir pris le temps de l’faire, au milieu de tous les autres merdiers que j’ai partagés avec toi, déjà. » c’était probablement ça, le pire ; avoir l’impression d’affronter une Isolde qui se sentait trahie et remettait tout en question, alors même qu’il lui en avait dit, des choses. Plein de choses. Des choses tout aussi importantes, voire plus importantes encore. Il n’était pas, comme elle le présentait si volontiers, celui qui ne partageait rien pendant qu’elle, elle faisait des efforts. Les semaines précédentes n’avaient pas été un parcours de santé, pour l’un comme pour l’autre. Comment aurait-il été censé ruiner la fois où ils s’étaient retrouvés après des longues semaines sans se voir, ou le soir où elle avait organisé son anniversaire pour lui parler de ça ? Le soir où ils s’étaient déjà disputés une fois à cause de sa candidature à la mairie, en sachant qu’ils ne se verraient pas pendant des semaines entières ? Ou aurait-il dû le faire après la mort d’Anthea, pour se l’faire reprocher aussi ce soir ? « C’que j’sais… c’est que peu importe quand j’suis venu t’en parler. Ce soir ou un autre soir. J’ai quelque chose à t’dire et depuis que j’suis là, tout c’que tu fais, c’est regarder ailleurs, et remuer le couteau dans la plaie. » il espérait quand même que la fois où il était venu la confronter au sujet de ce qu’elle lui avait caché, leur dispute avait été plus constructive que ça. Sûrement qu’elle avait été bien contente, hein, qu’il ne soit pas vexé et qu’il ne traine pas ça sur autant de minutes qu’elle, sinon, il serait simplement parti. « De quelle partie de ma vie exactement, tu te sens exclue, franchement ? Du fait que j’ai une cousine de laquelle j’connais rien, qui s’appelle Gabriela ? Du fait que j’ai un cousin lointain sur lequel j’ai jamais posé les yeux ? » jusqu’à preuve du contraire, elle savait très bien ce qui concernait sa vie à lui et qui consistait en le fait qu’il reste encore chez son père, pour s’occuper de ça. « Ouais… j’suis sûr que ça remet tout en question. » qu’il se découvrit à ironiser à nouveau, haussant un sourcil perplexe. « J’ai jamais dit que t’avais pas le droit d’être vexée- que c’était pas normal ou que j’le méritais pas. Je dis même pas que… que c’que j’t’ai caché, c’est pour une bonne raison, ou que c’est moins que c’que tu m’as caché, toi. Mais m’écouter qu’à moitié, n’même pas m’regarder, ramener des vieux trucs pour m’reprocher ça, surtout ne même pas vraiment m’laisser une chance de m’expliquer, et m’dire de partir parce que ça va passer… ça, j’comprendrai jamais. » combien d’fois est-c’que les choses qu’ils avaient laissé passer étaient vraiment passées ? Il semblait bien qu’Isolde prouvait une nouvelle fois qu’elle ne laissait jamais vraiment les choses couler, mais restait accrochée à celles-ci pour toujours les ramener au moment où il le fallait. Il s’était donc relevé, jetant l’éponge, probablement pour la première fois- peut-être qu’essayer un nouveau truc pour leur dynamique de couple n’était pas si mal. Pour aussi longtemps qu’ils resteraient un couple, ou quelque chose. « T’auras qu’à… m’faire un signe quand ce sera passé, alors. » parce que bon, malgré le fait qu’il ne lui dise rien visiblement, il connaissait bien Isolde, malgré tout ; et il savait qu’il valait mieux qu’il ne reste pas dans les parages. Au moins, l’affaire du pincement au cœur était réglée- celui-ci fut plus impétueux, plein d’un regret vis-à-vis de tout c’qu’ils ne se disaient pas ici et maintenant, plutôt qu’une nostalgie amoureuse à quand ils se reverraient. Ils n’avaient jamais été très bons au moment de s’dire au revoir, de toute manière.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:29, édité 1 fois
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeVen 29 Juil 2016 - 18:14

— cesare demaggio & isolde saddler —
freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

Y en avait qui disaient qu’un couple, ça ne pouvait pas fonctionner sans disputes. Peut-être que c’était vrai, deux personnes capables de s’entendre sur absolument tout c’était sans aucun doute impossible, parce que tout le monde était différent, tout le monde avait sa façon de voir les choses, alors les accrochages, ça devait forcément arriver, en amour comme en amitié ou même en famille. Isolde n’avait eu ni frère, ni sœur, alors elle n’avait pas connu les disputes dont tous les frères et sœurs pouvaient témoigner. Mais y avait eu son père et quand bien même elle avait tendance à le décrire comme le père parfait, celui qui avait toujours été là pour elle, elle ne pouvait pas dire qu’ils ne s’étaient jamais disputés tous les deux. Son sale caractère, Isolde, elle se le trimbalait depuis toujours et elle le tenait bien de quelque part ; alors, elle s’était disputé avec lui, comme de nombreuses adolescents se disputaient avec leurs parents et jamais ça n’avait voulu dire qu’il y avait un véritable problème dans leur relation. Elle avait aimé son père de tout son cœur et il l’avait aimé au point de donner sa vie pour elle. Les meilleures relations devaient être faites de dispute, c’était inévitable et si entre Cesare, pendant dix mois, ça avait plus ressemblé à une façon de repousser l’autre, ils savaient aujourd’hui que ça n’avait pas eu d’incidence sur les sentiments qu’ils avaient eu l’un pour l’autre. C’était encore le cas depuis qu’ils s’étaient retrouvés, au moins, maintenant ils ne s’engueulaient pas à chaque fois qu’ils se retrouvaient l’un en face de l’autre, c’était déjà ça, mais les disputes continuaient. Peut-être que c’était parce qu’ils en avaient besoin histoire d’arriver à s’accorder sur tout un tas de choses, parce que l’un comme l’autre, ils n’avaient pas l’habitude d’être en couple et qu’ils avaient grillé pas mal d’étapes alors qu’ils se retrouvaient avec un bébé sans jamais l’avoir vraiment voulu et que leurs vies étaient compliquées. Là ce soir, elle s’agaçait, elle se vexait, mais ce n’était certainement pas parce que ses sentiments pour lui s’en trouvaient changés, elle l’aimait Cesare, y avait pas de doute à avoir là-dessus et elle ne voulait pas qu’il quitte cette maison, elle ne voulait même pas s’engueuler avec lui, mais ils avaient tous les deux ce caractère qui faisait que dès que les choses devenaient un peu trop compliquées, ils en venaient à hausser le ton plus vite qu’ils ne le devraient sans doute. Depuis le temps pourtant, ils auraient dû savoir, qu’à chaque fois qu’ils commençaient à s’engueuler, ça ne rimait plus à rien, parce que chaque propos prononcé, par l’un comme par l’autre était pris et interprété de la mauvaise façon. C’était ce qui était en train de se passer encore aujourd’hui, c’était clairement ce qui était arrivé après la mort d’Anthea, parce qu’elle était été dans cette état qui faisait qu’elle était incapable d’interpréter les choses autrement que de façon complètement négative. Ce matin-là, ça avait été pire que les jours où elle pouvait dire être tendue parce qu’elle s’était levée du pied gauche, ces jours où un rien finissait par agacer. Ça avait été une très mauvaise journée.

Perdre Anthea, ça avait été un coup dont elle n’avait pas su comment se relever et aujourd’hui encore, y avait des moments où elle était juste incapable d’oublier que sa meilleure amie était morte et y avait des moments où elle se sentait de nouveau sombrer dans cette tristesse douloureuse sous laquelle elle s’était laisser ensevelir le jour qui avait suivi sa mort. Elle avait été mal en point ce jour-là et elle ne l’avait jamais caché, elle avait essayé pendant un moment de laisser ça de côté aussi longtemps que Cesare serait dans son appartement, mais elle avait tenu quoi ? Cinq minutes tout au plus. Le déni, elle s’y était plongée le soir, lors de ces discussions innocentes qu’ils avaient eues, mais dès le matin, ça avait été trop dur et tout ce qu’elle avait fait, ça avait été teinté chaque parole de Cesare d’une négativité qui au final, venait certainement plus d’elle que de lui. Parce que ça n’allait pas ce jour-là et qu’elle le ressorte aujourd’hui, ce n’était pas pour lui dire qu’ils n’auraient pas dû parler ce matin-là ou qu’elle lui en voulait. Elle lui en avait voulu peut-être sur le coup, mais elle avait fini par prendre du recul vis-à-vis de cette histoire et se dire que cette discussion avait été importante et que c’était bien qu’ils l’aient eu, alors non, elle ne lui reprochait pas ça, aujourd’hui comme ça sortir de nulle part, après plusieurs mois comme si elle avait passé tout ce temps à ressasser sa rancœur. « Ce que je veux dire par là, c’est que si a réussi à avoir une discussion importante un jour où ça n’allait pas, on devrait réussir à le faire aussi quand tout va bien. » Ça semblait même plus logique qu’ils parlent quand tout allait bien non ? Et s’ils n’en étaient pas capables, c’était qu’y avait un problème quelque part et il était juste là, en face d’eux le problème en ce moment. C’était qu’ils ne parlaient des choses importantes qu’à des moments critiques. Le matin après la mort d’Anthea, le soir après qu’il ait appris qu’elle se présentait aux élections et encore là ce soir, parce qu’ils parlaient encore trop tard. « C’était pas un reproche Cesare ! C’était juste une façon de dire qu’on devrait pouvoir parler de n’importe quoi, n’importe quand. » Même au beau milieu de leurs vacances, ou quand tout allait bien, parce qu’y avait des moments où tout allait bien, y avait pas que des drames entre eux. « Peut-être que c’est plus ton interprétation de ce que je dis qui te fais regretter tes propos, parce que c’était vraiment pas un reproche. » Après tout s’il fallait qu’elle lui fasse regretter ce qu’il lui disait, elle se serait servie de cette histoire avec Moira Kovalainen pour se défendre quand il était venu l’engueuler chez elle, mais elle l’avait pas fait. Elle le ferait jamais, parce que c’était pas son but, ni maintenant ni jamais de le faire regretter ce qu’il pouvait bien lui dire. « Et je sais, j’interprète souvent mal les choses aussi. » Pas la peine de le lui rappeler ou de prétendre qu’elle l’accusait d’être le seul à le faire. Non, elle le faisait aussi et si fallait reparler d’Anthea, alors elle pouvait bien l’admettre aujourd’hui qu’elle s’était entêtée dans sa façon de voir les choses et que c’était sans doute à cause de ça que ça avait fini en dispute.

Peut-être que l’un comme l’autre, s’ils voulaient faire des efforts quelque part ça devrait être dans leur façon de comprendre les choses ou dans celle dont ils avaient de s’exprimer, elle n’en savait rien, peut-être que c’était les mots qu’elle utilisait qui faisaient sonner l’évocation de ce matin-là comme un reproche alors même que ce n’était qu’un exemple pour démontrer qu’ils pouvaient parler n’importe quand, qu’elle voulait qu’ils puissent parler n’importe quand. « Je suis pas en train de te dire que tu aurais dû m’en parler à la seconde où cette histoire est arrivée dans ta vie non plus ! Je suis désolée si je m’exprime mal. Ce que je veux dire c’est que tu as cette histoire en tête depuis des mois et que je comprends pas pourquoi tu m’en parles juste maintenant. » Peut-être parce qu’il jugeait juste que ce n’était pas important parce qu’il n’avait pas su quoi en faire, mais cinq minutes plus tôt il avait bien dit qu’il devait rentrer chez lui pour régler des trucs, alors c’était de toute évidence assez important pour potentiellement les éloigner l’un de l’autre. C’était risqué aussi. Tout comme l’avait été la mairie pour elle. Ça les avait éloignés, ça avait été risqué. Alors est-ce que c’était vraiment impossible de comparer les deux ? « Ça fait un moment que j’fais plus grand-chose pour Insurgency de toute façon. » Plus de missions sur le terrain en tout cas, parce qu’elle avait été enceinte jusqu’au cou pendant un moment et maintenant elle avait la mairie, tant de choses à gérer qu’Insurgency, ça passait après, ça se retrouvait plus souvent entre les mains d’Aldrich ces derniers temps qu’entre les siennes à elle. Elle demandait des services aux autres, comme elle l’avait fait avec Cesare avec cette histoire pour Callahan, mais au moins, il pouvait se dire que les risques qu’elle prenait elle personnellement ces derniers jours, ils ne concernaient plus Insurgency. Elle s’occupait de la paperasse, de superviser, mais logiquement, y aurait pas de trucs vieux de plusieurs mois qui viendraient lui tomber dessus, la forçant à s’éloigner de Cesare en allant trainer auprès de la personne qu’il détestait le plus au monde. Sa question à propos de sa grossesse l’avait presque paralysée sur place et les efforts qu’elle faisait pour retenir ses larmes semblaient ne plus être bien loin d’être réduits à néant. « Trois moi. Ça faisait trois mois quand je te l’ai dit. » A deux mois près peut-être que ça n’avait pas d’importance à ses yeux, mais ça en avait beaucoup pour elle, parce qu’à deux mois près, son avis sur cette grossesse avait beaucoup changé. « Y a que dans la base militaire que j’ai rien dit alors que je le savais et ça avait pas d’importance parce qu’à ce moment, j’avais déjà pris rendez-vous pour … » Elle avait pas envie de la finir cette phrase, mais cette fois-là dans la base militaire, elle avait cru qu’elle allait avorter et que ce bébé ne verrait jamais le jour, alors qu’elle lui dise ou non, ça n’aurait pas changer grand-chose, il n’avait de toute façon, pas eu son mot à dire sur son choix à cette époque-là. « Mais j’ai changé d’avis, alors je te l’ai dit, juste après. » Elle l’avait peut-être pas dit dans les meilleures conditions possibles, mais elle lui avait dit quand même, parce qu’il était le père de ce bébé et que si elle le mettait au monde, ça semblait normal qu’il le sache. « Nan, c’est pas c’que je pense. » Elle savait qu’il faisait des efforts, mais ça n’empêchait pas qu’elle avait l’impression qu’il la maintenant à distance de certains trucs et il l’avait dit lui-même quelque chose comme deux minutes plus tôt qu’il n’avait pas envie de l’emmener dans ses histoires, qu’il ne voulait pas penser à ça quand il était avec elle. Est-ce que ça ne faisait pas d’elle la fille qu’on maintenait en dehors des histoires pour pouvoir oublier le reste avec elle ? Est-ce qu’elle n’était bonne qu’à ça, l’aider à oublier le reste ? Elle voulait l’aider à gérer le reste, elle voulait être là pour lui, n’importe où, n’importe quand et pas juste comme une scission avec le reste de sa vie. « Je suis pas en train de te reprocher les conversations qu’on a eu avant. » Elle lui reprochait celles qu’ils n’avaient pas eues, mais de toute évidence, il avait vraiment décidé de le prendre comme ça, alors elle savait même plus à quoi bon ça servait qu’elle répète encore et encore la même phrase. « C’est pas ça Cesare ! J’m’en fiche que t’aies une cousine dont tu m’as jamais parlé ! Je me sens exclue de la partie de ta vie qui fait que tu t’en vas pour retourner vers ton père. Moi je reste là, et j’ai aucune idée de ce qui passe là-bas. Tu pourrais bien être blessé ou six pieds sous terre qu’y aurait personne pour me tenir au courant. Alors je suis désolée que t’entendre me dire que tu dois partir pour aller faire des trucs ce soit pas suffisant ! Et je suis désolée d’être exigeante au point de penser que j’ai le droit de savoir à l’avance à quoi m’attendre au moment de laisser passer cette putain de porte ! Au moins savoir que tu as une cousine qui s’appelle Gabriela ça m’aidera à savoir par où chercher si un jour tu pars faire des trucs et que tu reviens pas ! » Elle savait absolument pas ce qui se passait chez son père et elle vivait avec la peur au ventre qui puisse lui arriver quelque chose alors ouais, en savoir plus ça pouvait aider. Il pouvait dire ce qu’il voulait, au moins, s’il lui arrivait quelque chose à elle, elle savait qu’y aurait du monde pour venir voir Cesare. Léda et Aldrich l’avaient fait quand elle s’était faire kidnapper. Elle y avait personne pour la tenir au courant alors si Cesare lui-même ne le faisait pas elle était juste condamnée à le laisser partir sans rien savoir et s’il voulait qu’ils parlent de ce qui leur faisait mal, elle pourrait mettre ça dans sa liste à elle. Elle pouvait lui envoyer son planning jour après jour s’il voulait savoir ce qu’elle, elle faisait, si elle prenait des risques ou non, si elle était en sécurité et y aurait forcément quelqu’un qui viendrait lui dire si quelque chose se passait mal ; c’était différent pour elle. Elle s’était levé du canapé à sa suite, il avait pas le droit de fuir cette dispute alors qu’il ne l’avait pas laissée faire ça quelques minutes plus tôt. « Je t’écoute et la seule raison pour laquelle j’te regarde pas c’est parce que si je le fais j’vais juste me mettre à pleurer et te supplier de rester, parce que j’veux pas que tu partes. J’te dis pas de partir parce que ça va passer, j’te dis de le faire parce qu’il le faut, parce que c’est important et que ce serait pas juste de te retenir. C’est un bébé et si quelque chose devait arriver à Clara, je serais bien contente que quelqu’un m’aide. » Et elle n’allait pas lui dire une millième fois qu’elle ne lui reprochait pas des vieux trucs, comme il semblait si bien le croire. Y avait peut-être pas qu’elle qui n’écoutait pas de toute évidence. « J’veux pas que tu partes moi. Mais tu l’as dit, c’est pas un choix alors … » Elle haussa les épaules. De toute façon, qu’est-ce qu’elle pouvait lui dire d’autre ? Même si elle lui disait de rester, peut-être bien que lui il ne la verrait pas comme une connasse s’en fichait des bébés, mais elle, elle le ferait. Elle sentait ses pulsions égoïstes dans ces veines, des pensées qui venaient au fond de son crâne pour la pousser à le retenir, mais elle n’était pas comme ça Isolde, elle pouvait pas l’être, alors ouais, peut-être qu’il fallait mieux qu’il parte maintenant, avant qu’elle craque complètement et qu’elle devienne cette fille qu’elle n’avait pas envie d’être, celle qui jugerait volontiers qu’elle avait plus besoin de Cesare que n’importe qui d’autre, après tout, il était le père de son bébé à elle, alors est-ce que Clara elle ne devrait pas être celle qu’il devrait protégé, plutôt que le fils d’une cousine venue de nulle part ? C’était ce genre de pensées qui petit à petit faisaient leur chemin jusqu’à ses songes et elle ne pouvait pas les laisser gagner. Alors s’il avait vraiment envie de fuir ce conflit qu’il le fasse, à moins que soit elle qui en avait de nouveau l’envie, elle n’en savait rien. « Je t’aime et je veux pas que tu t’en ailles, encore moins en pensant que je t’écoute pas, ou que tu peux rien me dire sans que je finisse par m’en servir pour te faire des reproches. Parce que c’est pas vrai, je te l’jure. J’veux pas non plus m’engueuler avec toi, plus que ça alors, je vais monter me coucher … » Elle ne l’avait pas quitté des yeux depuis qu’elle s’était levée du canapé, puisqu’il lui avait reprocher de pas le regarder, elle l’avait fait cette fois, mais elle détourna le regard pour se tourner vers les escaliers. « On peut pas s’engueuler dans la chambre, sans risquer de réveiller Clara et je pense pas m’endormir rapidement, du coup … si tu veux m’expliquer, tu peux me rejoindre … » Il avait dit qu’elle ne lui laissait même pas de chance de s’expliquer, alors elle la lui laissait sa chance mais elle ne voulait pas parler avec lui pour que ça menace d’exploser encore, à lui de voir ce qu’il voulait. Elle avait déjà commencé à monter quelques marches quand elle s’arrêta pour se retourner vers lui. « Mais, sérieusement, tu vas penser que j’fais une fixette sur ta veste, mais si t’as pas l’intention de sortir tout de suite, retire là, garder ça à l’intérieur c’est le meilleur moyen de tomber malade, si tu finis par sortir. » C’était un conseil ça, certainement pas un reproche, ça faisait déjà un moment qu’il l’avait sur le dos, s’il devait sortir dehors, il allait vite remarquer la différence de température. Elle avait continué de monter les marches pour rejoindre la chambre, se débarrassant rapidement de ses vêtements pour se glisser dans lit juste en débardeur, tournant le dos à cette place vide à côté d’elle. Elle avait laissé la lumière allumée, dans l’espoir qu’il vienne sans doute et de toute façon, c’était clair qu’elle n’allait pas s’endormir rapidement, pas avec ce qui venait de se passer entre eux deux.
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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeSam 30 Juil 2016 - 5:45



LET ME COME HOME TO YOU            
     DON'T LET ME LOSE YOU TOO    
- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
i'm halfway gone. we fought long enough, we were holding ropes but untied to love. if we had a moment we could ignite. instead it seems we're trying hard to start a fight. along these streets you read my words in the night, you hear me call ⓒtopic| h o m e.

A Paris, il avait touché le rêve du bout des doigts – franchement, qu’y avait-il à dire sur ce qu’ils avaient vécu là-bas, rien que tous les trois ? Des moments qui n’semblaient pas écrire l’histoire, ni déterminer le sort d’une ville toute entière ou de leurs proches ; des moments qui ressemblaient à ceux que tous les autres couples connaissaient dans leur quotidien, presque sans même y penser, sans doute. Comme le simple fait de pouvoir glisser sa main dans les cheveux d’une Isolde lovée contre lui, ses songes à des milliers de kilomètres de quand il devrait arrêter, parce que l’heure tournait, et qu’il fallait qu’il retourne dans le merdier qu’était sa vie. Irrémédiablement, plus les jours s’étaient alignés, plus l’appréhension avait grandie en lui- d’un murmure au départ, à un cri de désespoir, alors que les heures tournaient, et que chaque kilomètre les rapprochait du Kentucky. C’était un sentiment bien familier pour Cesare,  puisqu’il l’avait souvent éprouvé lorsqu’il était parti en chasse, profitant d’une trêve loin de sa famille, de l’ambiance oppressante et scrutatrice de sa famille, pour avaler un souffle d’air qui en valait la peine. Une illusion vite exterminée au-dessus d’un énième cadavre qu’il laissait dans son sillage ; quelques gouttes de sang en plus sur sa conscience, tandis qu’il se mettait bien trop tôt en route pour retourner vers Radcliff. Evidemment, pourtant, cette fois-ci, ç’avait été pire encore que tout l’abandon déchu qu’il avait connu dans ses temps solitaires : le dur retour à la réalité avait une façon d’transformer tous les souvenirs en une mer acide baignant l’esprit et les tripes. Et Cesare, comme il n’faisait pas partie d’ces gens totalement capables de maîtriser ces hauts et ces bas, d’faire avec et de positiver, il subissait tout ça avec l’intensité d’un fer rouge, gravant une histoire douloureuse dans ses chairs et dans son esprit. Tous les deux, ils s’étaient apprivoisés et découverts dans un quotidien qu’il n’aurait jamais cru pouvoir connaître. Pas avant des mois, ou des années, dussent-ils remplir toutes ces promesses qu’ils s’étaient faites des mois plus tôt. Et elles avaient semblé si faciles à atteindre, à remplir, à honorer, quelques jours plus tôt, quand leurs seules préoccupations avaient navigué bien loin des devoirs divers qui aujourd’hui, les avaient ramenés ici. Radcliff contre Paris – le parallèle s’était fait inlassablement dans sa tête sur le chemin du retour, alimentant une frustration qui avait mué en culpabilité, dès qu’il avait reçu ces fameuses nouvelles de la part de Gabriela. Et pourtant, hein, comment la blâmer ? Si ç’avait été Clara à place du fils de la jeune femme, il aurait forcé dans le tas au moins mille fois, avant de se résoudre à faire preuve d’un tant soit peu de stratégie. Il n’aurait pas attendu après qui que ce soit, pris dans sa mécanique sacrificielle habituelle, qui lui hurlerait que donner sa vie pour sauver celle de sa fille, ce n’serait jamais quelque chose qui demanderait une quelconque réflexion. C’était Clara- la chair de sa chair, le sang de son sang ; et les instincts qui coulaient dans ses veines vis-à-vis de ce minuscule bébé qu’il avait trop longtemps fui, avaient été si naturels, qu’il n’arrivait pas à comprendre tous ceux qui pouvaient être de mauvais parents. Ca incluait majoritairement ses parents à lui, desquels il n’gardait pour souvenir, aucun geste tendre ou affectueux. Ça incluait également son oncle et sa tante, d’après le bref portrait qu’en avait fait sa cousine quand il l’avait rencontrée la seule fois où ils s’étaient adressé la parole. Ceux-ci, Rafael et Isabela semblaient être au même niveau abyssal d’instinct parental, de capacités à éprouver de l’amour et de le montrer, ou même d’avoir une affection même distraite et discrète pour leurs progénitures. Quel genre de parent, n’avait aucun mal à prendre l’enfant de son fils ou de sa fille, pour le transformer en machine à tuer, d’ici dix ans ? Quel genre de parent, enchainait sa fille dans un sous-sol miteux et humide, pour faire des expériences sur elle, prétendant vouloir la guérir de sa mutation ?

Encore, et encore, et encore, quand il dévisageait son père d’un bout à l’autre de la pièce, cette pensée hargneuse brûlait les lèvres et l’esprit de Cesare, alors que l’instinct primal qui le traversait quotidiennement, c’était l’envie de sauter à la gorge de son père et de l’étrangler pendant une bonne heure, hurlant sa rage et écrasant ses poings dans sa figure, rien que pour Aria. A ce rythme-là, la vengeance pour sa sœur serait éternelle, évidemment ; mais elle n’était pas si difficile à imaginer ou à planifier, dès lors que père et fils se retrouvaient à une distance de moins de dix mètres l’un de l’autre. Avec du recul, pour avoir tenu de longs mois sous la coupe de Rafael, Cesare avait fait preuve d’une patience extraordinaire, probablement galvanisée par ces devoirs bien précis qui avaient toujours rythmé chaque parcelle de sa raison. Protéger Isolde. Protéger Clara. Protéger les derniers bastions d’espoir et de bonheur qu’il avait dans sa vie actuelle, ou pour son avenir. C’était honnêtement un miracle, qu’alors que la petite avait déjà cinq mois bientôt, ni Rafael ni personne chez les DeMaggio n’connaisse quoique ce soit de son existence : comme quoi, peut-être devraient-ils y penser plus souvent, Isolde et Cesare, pour relativiser sur tous les efforts qu’ils avaient faits depuis le début. Ils n’avaient pas été vains : Clara était sauve, et peu à peu, juste sous leurs yeux, elle grandissait pour devenir un rayon de soleil, exempt de tout ce malheur qui voilait si souvent leurs prunelles à eux deux. Ils avaient traversé beaucoup d’choses pour en arriver là : entre eux deux, et dans leurs vies respectives. Parfois, ça ressemblait à un rêve, des illusions parsemées ici et là, alors même qu’il sentait la peau de la blonde bel et bien réelle sous ses doigts, son regard transcendant son âme avec une intensité qu’il n’aurait jamais cru pouvoir observer, sa voix réconfortant son cœur comme aucun autre repère dans le noir. L’évidence était là, indiscutable, douloureuse tout autant que salvatrice : des pieds à la tête, jusqu’au bout de ses doigts, jusqu’à l’intérieur même de son être, Cesare avait besoin d’Isolde dans sa vie. Il voulait d’Isolde dans sa vie. A Radcliff ou n’importe où ailleurs ; encore et encore, ils franchissaient des frontières, des gouffres, des difficultés qu’ils auraient si facilement pu croire insurmontables. C’était compliqué- oui, oui, ils le savaient, pour si souvent se l’répéter ; mais dans ces moments où ils défiaient le monde entier, ces moments où ils n’étaient qu’Isolde, que Cesare, ils étaient infinis. Et simples. Et évidents. Une rêverie trop belle, trop enivrante, cette échappée au monde qui faisait virevolter chaque relent d’humanité qui sommeillait en un DeMaggio, qui avait quand même bien changé depuis qu’il la connaissait. Elle n’pouvait pas dire le contraire, pas prétendre le contraire ; ce serait totalement hypocrite, que d’réduire à néant chacun des efforts qu’il avait fait, chacun des changements qu’ils avaient peu à peu découverts l’un en l’autre, pour en arriver à s’dire que c’était compliqué et que c’n’était que ça. y’avait des fois, des fois où ils étaient l’opposé parfait de compliqué – si faciles, qu’eux deux, c’était la seule chose qui faisait sens partout où il regardait dans les miettes de sa vie aujourd’hui. Le revirement avait été brusque, depuis la France ; bien plus brusque qu’il ne l’aurait cru, ou ne l’aurait voulu. Parce que non, contrairement à ce qu’Isolde semblait penser, et disait déjà de lui, il n’était pas rentré ici, pour poser ses bagages et embarquer ses autres affaires et froidement retourner chez son père. Comme si c’était si facile d’tourner la page, de dire adieu à leurs vacances aussi imprudentes et impétueuses avaient-elles été, pour revenir dans une vie merdique qui ne faisait que les ruiner. Force de l’habitude ; en une poignée d’heures, ils en étaient déjà à se disputer comme ils n’auraient jamais cru qu’ils se disputeraient, à des milliers de kilomètres de là, en profitant d’une plage ou d’un coin paisible. Quelle vague, quelle vague de réalité et d’problèmes venait soudainement d’se déverser sur eux.

Elle l’en laissa pantois, incapable de savoir quoi dire pour répondre à Isolde ; ils parlaient. Ils parlaient, encore et encore. Alors qu’est-ce qu’elle attendait ? L’impuissance grandit en lui comme une bête insatiable, se nourrissant de sa rage, de sa frustration, de son désespoir. Ils parlaient, ils avaient parlé- mais à quoi elle s’attendait, Isolde, hein ? Qu’il soit à l’aise avec le concept, alors que ça n’avait jamais été comme ça dans sa vie ? Qu’ils parlent de trucs comme de la pluie et du beau temps, des oiseaux qui chantaient et d’au combien la vie était belle ? C’n’était pas comme ça qu’il voyait le monde, lui. Le monde, partout autour, il était froid, dangereux, et gris, et insensible et violent- l’évidence, la lumière, le réconfort, c’était elle, et personne d’autre. Et rien d’autre. Il n’trouvait pas son réconfort dans une bonne série télévisée, ou un bon film qu’il aimait regarder, ou un bon livre qu’il aimait lire. Il n’trouvait pas de réconfort dans un lieu spécifique, une boisson quelconque, une compagnie autre que la sienne. C’était probablement pitoyable, désolant, synonyme de la vie misérable qu’il avait toujours menée, jusqu’au moment où il l’avait rencontrée elle. Et Skylar, et Ellie, et d’autres, ils pensaient tous que c’était facile d’faire tendrement comme autrefois, refaire le monde, refaire les années qui avaient filé. Mais ça n’l’était pas. A chaque fois, son réflexe pour parler, c’était elle, Isolde et personne d’autre. C’n’était pas comme s’il avait parlé de Gabriela à qui que ce soit, une quelconque personne en qui il aurait eu plus confiance qu’en elle, Isolde. C’n’était pas vrai, ça n’existait pas. Alors quoi ? Il soupira à nouveau, plaquant une main sur son front, comme s’il se sentait tourner de l’œil, ce qui était probablement le cas, considérant l’allure à laquelle le sang battait à ses tempes. « J’avais pas cette histoire en tête depuis des mois ! Je l’ai vue qu’une fois, quelque chose comme une semaine après la fête foraine, alors que j’étais encore à moitié drogué aux médicaments, parce que j’m’étais ramassé une brûlure à la jambe à cause de cette stupide fête foraine, et que j’étais obnubilé par l’idée de trouver le tueur de ma sœur. Qu’est-c’que tu veux que j’dise ? J’vais le dire-… j’m’en foutais complètement d’son histoire ! J’voulais pas l’aider, et tout c’que j’ai fait, quand j’suis allé chez mes parents, ça n’a jamais été influencé par ça. J’ai pensé à elle, deux trois fois en m’baladant dans la maison de mes parents, parce que-… » parce qu’il ne savait pas. Et puis, plus tard, parce qu’il avait commencé à voir Clara, à la prendre dans ses bras, à l’aimer avec chaque fibre de son corps ; irrémédiablement, un sentiment qu’il avait retranscrit dans la volonté de Gabriela à retrouver son fils. « Ouais, j’étais dix fois plus occupé à tuer des gens comme Moira Kovalainen ou traquer des timbrés comme Kingsley Moren pour venger ma sœur, que d’essayer d’sauver ce bébé que j’avais jamais vu, pour quelqu’un que j’connaissais pas. » et voilà, comme Isolde l’avait dit, si elle avait dû être la connasse qui n’en avait rien à faire des bébés parce qu’elle avait cru qu’il l’imaginerait avoir des pensées de c’genre, qu’est-c’que ça faisait de lui, hein ? Froidement, il la défia du regard, comme s’il attendait de voir passer dans ses yeux tous ces relents de hargne qu’il avait à l’égard de lui-même : peut-être que cette histoire aurait tourné d’manière bien différente, s’il avait fait passer le fils de Gabriela, un bébé innocent, avant le cadavre six pieds sous terre de sa petite sœur. Clairement, il n’était pas un exemple d’altruisme, il l’avait déjà dit et redit ; alors peut-être bien qu’Isolde, elle aurait mieux fait de n’jamais l’écouter vis-à-vis d’Insurgency, et de tout le reste. Il en eut un ricanement amer, juste un souffle, quand elle évoqua l’organisation d’ailleurs – peut-être bien l’avait-il contaminée avec son égoïsme naturel, alors. Mais au moins, peut-être que c’était mieux pour Clara… fallait toujours penser à elle, à un moment donné.

Mais si elle avait encore eu un doute au sujet de l’égoïsme impulsif du chasseur, probablement que ce maigre espoir s’envola dès qu’il commença à parler de cette grossesse ; ça n’avait jamais été un problème, jamais quelque chose dont ils avaient ouvertement parlé. Mais déjà, il savait qu’il l’avait blessée, et qu’il venait de lâcher une rancœur sévère qu’il n’avait jamais envisagé de retenir contre elle, à un moment ou un autre. La question, elle avait largement été plus rhétorique qu’autre chose. Mais la réponse le laissa pantois : pas besoin d’être un expert en socialisation, pour connaître la fin de la phrase qu’elle n’acheva pas. Et dans son poitrail, son cœur manqua un battement, ou explosa, ou s’effondra jusqu’à ses pieds – ou tout à la fois – alors que son incrédulité coulait d’elle-même sur tout son faciès. Ça, c’était encore quelque chose dont ils n’avaient pas parlé. Quelque chose que lui, personnellement, il jugeait bien plus important qu’une histoire de cousine, ou même quoique ce soit concernant l’extérieur de cette maison. C’était Clara, c’était Isolde ; tous ces mois d’errance et de doute qu’elle avait connus sans lui. A cause de lui. Les mots lui manquèrent, tout comme la capacité de faire le tri parmi les mille émotions qui s’étaient déferlées à travers son être à une vitesse ahurissante. Pendant combien de temps resta-t-il muet, incapable même d’avaler un souffle d’air ? Elle avait changé d’avis, oui, heureusement. Mais elle y avait pensé. Et elle y avait pensé parce qu’elle avait été seule. Et avec l’impression d’avoir été trahie. Et pleine de hargne et de rage. Mais elle y avait pensé – à éteindre dans l’œuf la dernière survivance de ce qui les avait liés. Mais elle avait renoncé, après. Mais, mais, et mais encore. Il encaissa bravement la suite, au moins, même si dans sa tête, ses songes étaient déjà partis à mille endroits différents, ses entrailles explosant dans un amalgame de ressentis qui n’avait tout simplement pas de nom. Ni d’identité propre. Ni quoique ce soit à retirer. « J’suis désolé. J’croyais que ça faisait partie du deal quand j’t’en ai parlé. » qu’il ne put que répliquer, dans un ton relativement insensible et distant, à sa diatribe sur au combien elle n’pouvait ni savoir, ni maîtriser ce qui lui arrivait quand il était chez ses parents. Lui non plus, il n’pouvait rien savoir, rien maîtriser quand il était là-bas, et qu’elle, elle était ici. La preuve étant probablement la mort d’Anthea, ou l’enlèvement d’Isolde- il avait fallu des heures entières avant qu’il ne soit contacté par qui que ce soit. Pour l’histoire d’Anthea, elle avait foncé tête baissée défoncer Rafael sans qu’il n’en sache rien, alors même qu’il avait probablement été dans le secteur sur le moment. Que pouvait-il faire ? Il n’avait pas d’allié, pas de personne particulièrement proche de lui ici ou ailleurs – certainement pas au sein de la maison vers laquelle il était retourné – qui pourrait prévenir Isolde. Il était seul et il l’avait toujours été, et si au bout d’presque deux ans à s’connaître c’n’était pas déjà clair, qu’y avait-il d’autre à dire ?! S’il avait dû mourir plus tôt, avant de la connaître, ses parents n’s’en seraient inquiétés qu’après des semaines, probablement, s’faisant très vite à l’idée. C’était comme ça… insensible et froid, et indifférent, et tout pour la cause. Ç’avait été sa vie à lui, pendant vingt-six ans. Difficile de s’faire encore à l’idée, que quelqu’un puisse enfin se préoccuper de lui comme elle disait le faire, elle. Le temps sembla s’envoler en un soupir, alors qu’il n’avait plus rien à dire, fondant dans un silence pantois, oppressant comme l’enclume invisible qui pesait sur ses poumons. C’était difficile, d’plonger dans sa mémoire et avoir des souvenirs aussi récents de moments heureux et évidents, alors que tout semblait déjà si chaotique entre eux à nouveau. Comment c’était possible ? Il était seul, maintenant- une conclusion qu’il n’atteignit probablement que de longues secondes après qu’Isolde ait grimpé les marches vers la chambre. Et qu’était-il censé faire ? Il en arrivait à n’même plus avoir envie de parler, à n’même plus avoir envie de ressasser, ressasser  tout ça ; c’était trop dur, trop pesant, trop prescient. Passer cette porte, ce serait irrémédiablement une façon de fuir tout ça, d’passer à autre chose en s’disant que ça ira mieux à un moment donné comme elle l’avait dit. Mais alors qu’il n’arrivait même pas à rassembler ses pensées en un ordre logique, à quoi est-c’qu’il servirait ? Où est-ce qu’il irait ? Il savait bien où il devait aller, mais sa concentration était à des kilomètres, des années-lumière même, de Gabriela et d’toutes ces histoires. Il en plaqua ses deux paumes contre ses paupières closes, soupirant lourdement, courbant l’échine, ses coudes appuyés contre ses genoux alors qu’il était retombé sur le canapé. Etait-ce ce genre de disputes trop oppressantes que les couples interrompaient par l’un d’eux allant dormir sur le canapé ? Parce qu’il en avait bien envie là, de s’endormir ici ; ni d’bouger pour partir, ni d’monter à l’étage. Et pendant combien d’temps exactement, est-ce que le brouhaha dans sa tête dura ? Cesare en perdit le compte, probablement – quelque part au milieu, il avait brusquement enlevé sa veste, l’envoyant à l’autre bout du canapé sans le moindre égard pour celle-ci. Et maintenant quoi ? Après tout un marathon de pensées qui n’avaient aucun sens, le DeMaggio arriva à la fin de la ligne. Lorsqu’il détacha enfin ses paumes de ses yeux, tout autour était flou, entrecoupé de flash qui signifiaient que sans conteste, il était resté un long moment, seul avec lui-même. Il était encore dans cet état de mi-conscience, mi-doute, lorsqu’il grimpa les marches, pour rejoindre la fameuse chambre. La lumière était allumée, et il soupira pinçant les lèvres, incapable d’savoir si c’était une bonne idée, ou la pire qui soit. Et si ça servirait à quelque chose, parce qu’il avait juste l’impression de s’enfoncer. Et les abysses l’attiraient avec de plus en plus de force. Il s’assit quand même sur le bord du lit, juste devant le corps allongé d’Isolde. Tendrement, il déposa une caresse du bout des doigts sur sa joue, tous les mots pour expliquer quoique ce soit, coincés dans sa gorge. Parce qu’il n’savait pas ce qu’il y avait à expliquer, à refaire, à changer, à adapter. Il avait fait une erreur, ils en étaient là ; est-c’que ça voulait dire qu’il n’y avait donc… rien à faire ? Cette simple pensée lui fit avaler une gorgée d’air qui crispa un peu plus sa trachée. « Je t’aime... » et ces mots, parfois, avaient le don de faire un mal de chien, comme ça, une sensation sortie de nulle part, comme si c’était dit dans un contexte trop imprévisible, ou il n’savait quoi. « Et j’suis désolé. Okay ? » combien d’fois allait-il devoir le répéter ? Il était désolé, que la moindre histoire prenne un tournant si drastique, si important entre eux. Il était désolé que les merdes continuent de venir, sorties d’ici ou de là. Il était désolé, pour lui-même, pour eux deux, d’être déjà à Radcliff à nouveau. Et il était désolé aussi, de n’même pas savoir quoi dire d’autre, las, si brutalement épuisé par une dispute qui n’avait pas duré si longtemps, et n’avait certainement pas été plus violente que d’autres. C’était juste la première-… la première depuis si longtemps. Et le début de la longue route de misère qui aurait tôt fait d’effacer tout ce qu’ils avaient vécu de si bon, à l’autre bout du monde. Tout ce qu’il fit donc, c’est se laisser tomber, plonger doucement contre Isolde pour venir s’enlacer contre elle, enfouissant son visage au creux de son cou, pour enfin laisser tomber les derniers masques. Ceux qui gardaient une ultime contenance, laissant tous ses traits se décomposer, fermant les yeux pour ravaler des larmes traitresses d’un épuisement bien plus vieux que juste ce soir, juste cette dispute, juste ici et maintenant.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:29, édité 1 fois
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Isolde Saddler
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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeSam 30 Juil 2016 - 19:33

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freeze time Before it turns cold
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Where do we go when we walk on light Who do we call at the edge of night. Carry me close like the tear drops in your eyes. All I can give you is memories, Carry them with you and I'll never leave. I'll lay my head down But when I lay my head down, Don't let me go. Hold me in your beating heart. I won't let go, Forever is not enough. Let me lay my head down on the shadow by your side. Don't let me go, Hold me in your beating heart. — don't let me go.

C’était compliqué. Y avait toujours ces quelques mots pour venir se placer dans chaque moment de la vie qu’ils pouvaient avoir Cesare et Isolde. Qu’ils soient ensemble ou chacun de leur côté, c’était compliqué. Il était difficile de nier que ce qui compliquait les choses, c’était Radcliff. Quelques jours plus tôt en France, ça avait été tellement simple, tellement beau, tellement mieux et dès lors qu’ils avaient remis les pieds à Radcliff, les choses avaient commencées à se compliquer plus vite qu’Isolde n’avait bien voulu l’imaginer. Elle s’était habituée bien trop vite à tout ce qu’ils avaient eu en France et y avait toute une partie d’elle qui refusait catégoriquement de sortir de cette bulle dans laquelle elle avait vécu pour deux semaines. Elle n’avait pas envie de remettre les pieds sur terre et de recommencer sa vie ici comme elle l’avait fait avant de partir. C’était son choix à elle pourtant de revenir à Radcliff, une décision qu’elle avait cru prendre en connaissance de cause et peut-être que ça avait été vraiment le cas, ce jour-là dans leur chambre d’hôtel à Paris, mais tout ce qui avait suivi, les nombreux jours qui s’étaient enchainés en les laissant tous les trois ensemble, loin des problèmes et de tout ce qui pouvait être compliqué, ça avait bien entendu changé beaucoup de choses. Maintenant, ils étaient là à Radcliff et peut-être le principal problème dans cette histoire qui venait de se glisser entre eux deux, c’était que ça avait percé la bulle d’illusion dans laquelle Isolde avait voulu rester enfermée et que la chute avait été vraiment violente. Alors ouais, peut-être que si elle avait été au courant plus tôt de cette histoire, elle aurait eu le temps de se préparer à redescendre lentement pas sûrement sur terre et voir Cesare avec sa veste sur le dos, prêt à partir, ça n’aurait pas eu cet effet de lui renvoyer en pleine figure tout ce qui était compliqué ici à Radcliff. Peut-être que s’il n’avait pas eu l’air à deux doigts de partir, ça aurait été plus simple aussi. Quand elle disait qu’elle aurait voulu qu’il lui en parle avant, elle ne parlait même pas de mois ou de semaines, juste de quelques jours, ça aurait été suffisant. Mais là, elle avait juste l’impression de se retrouver devant le fait accompli sans rien pouvoir faire d’autre que de se prendre une grosse baffe dans la figure. Mais c’était compliqué, alors peut-être que ça faisait d’elle une fille particulièrement exigeante, ou pas assez forte, pour avoir besoin de quelques jours avant d’affronter de nouveau le monde. Elle ne savait pas trop, tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle avait l’impression d’être complètement ensevelie par tout un tas d’émotions qu’elle n’arrivait pas à gérer, alors peut-être que c’était de sa faute si les choses étaient parties dans cette direction, peut-être que c’était de la leur à eux deux, mais au moins, elle pouvait admettre que Cesare n’était pas l’unique responsable de cette nouvelle crise qu’ils étaient en train de traverser. C’était déjà en grande partie de sa faute à elle, puisqu’elle était celle qui avait décidé de revenir à Radcliff. Sans Radcliff, c’était certain qu’ils n’en seraient pas là à l’heure actuelle. Mais quitter cette ville, ça avait été impossible pour elle, alors il aurait sans doute fallu qu’elle soit capable d’assumer ses choix, mais ouais, ça faisait partie de ces choses qui étaient compliquées à faire, une de plus dans la liste déjà bien conséquentes qu’ils pourraient dresser s’ils en prenaient le temps.

Au milieu de ça, les choses les plus simples s’achevaient trop vites, ensevelie sous la montagne des choses compliquées et déjà la France, elle semblait loin, plus qu’à des milliers de kilomètres, elle avait déjà l’impression qu’elle était loin dans ses souvenirs. Quelque part avec les soirées tranquilles qu’ils avaient pu partager ensemble ici à Radcliff, ces soirées qui semblaient bien rares, maintenant qu’ils avaient pu passer deux semaines ensemble. Isolde se souvenait du soir de l’anniversaire de Cesare, quand ils avaient dit qu’ils passeraient trois jours rien que tous les trois, pour le sien à elle, ça semblait presque risibles maintenant qu’ils avaient passé une quinzaine de jours tous les trois ensemble. Trois jours, ce serait pas assez. Deux semaines, ça n’avait pas été assez et pourtant, ce n’était pas comme s’ils avaient le choix, les voilà en un rien de temps qui se retrouvaient bouffés par une putain de réalité qui lui donnait envie de péter un câble. Peut-être que c’était déjà ce qu’elle faisait, péter un câble, parce qu’elle n’en pouvait plus de toute ces choses qui revenaient d’un coup pour gâcher deux semaines qui avaient été absolument parfaites. Peut-être bien qu’elle était en colère contre Cesare, contre cette cousine sortie de nulle part, contre le temps qui était une problème beaucoup trop récurrente entre eux deux, contre le monde entier, parce qu’elle aurait voulu que pour une fois, rien que pour une fois, il aille dans son sens, parce qu’elle y avait bien le droit non ? Mais une petite récompense pour la remercier pour sa dévotion ça n’avait pas l’air d’être en option. Heureusement, que tout ce qu’elle faisait depuis des années, elle ne le faisait pas dans le seul et unique but qu’on vienne la remercier, sans quoi, elle aurait pu l’admettre des millions de fois que ça servait à rien de continuer à attendre des remerciements qui ne viendraient jamais. Y avait même pas un petit truc qui venait rendre sa vie plus simple histoire de contrebalancer ce qui était compliqué, non, elle n’aurait jamais ça à Radcliff, bien entendu. Pourtant, elle ne demandait pas la lune. Elle aurait voulu qu’il reste avec elle Cesare, bien entendu, mais ce n’était même pas son départ qui la poussait à s’énerver. Ce n’était certainement pas non plus ce qu’il pouvait ressentir vis-à-vis de cette histoire non plus alors, s’il avait pensé qu’elle allait lui reprocher ça, ou s’en offusquer comme s’il venait de lui dire la pire chose du monde, ce n’était pas ce qu’il aurait, ni dans son regard, ni dans ses mots. Parce qu’elle connaissait Cesare et qu’elle avait été presque aux premières loges quand sa sœur était morte, alors non, elle n’allait pas le juger sur ses choix, ou sur ce qu’il avait pu faire pour venger sa sœur, ils en avaient déjà parlé et son avis sur la question n’avait pas changé depuis le temps. Elle aurait presque pu lui dire dans le fond, que c’était bien qu’il ait changé d’avis sur cette histoire, qu’il décide de s’en mêler et d’aider sa cousine. Parce que c’était ce qu’elle en pensait au final, que c’était bien d’aider une mère à retrouver son gamin. Mais c’était définitivement pas le fond de l’histoire qu’elle critiquait, mais la forme. La tournure des événements ce soir. « Je suppose que t’as juste pris ta décision y a cinq minutes alors. » Elle en lâcha un soupire, peut-être bien qu’il l’avait prise à la seconde où elle était entrée dans cette chambre et qu’elle était juste l’hystérique du coin qui avait l’impression que la décision avait été prise, ou avait commencé à mûrir plus tôt que ça ; où qu’au moins, elle aurait mérité d’être discuté plus que quelques minutes avant qu’il ne prenne la porte. Est-ce qu’il n’aurait pas pu lui en parler ce soir et partir le lendemain ? Ou bien est-ce qu’elle était vraiment du genre à tirer des conclusions hâtives et que s’il avait été prêt à sortir ça n’avait été que pour aller faire un petit jogging ? Ou peut-être bien qu’elle imaginait des trucs et qu’il n’avait pas du tout été à deux doigts de partir. Peut-être qu’elle devrait aller enfiler une veste et des chaussures, juste pour voir ce qu’il pouvait en penser.

Elle exagérait peut-être un peu la situation, se braquant plus qu’elle ne l’aurait dit et entrainant une dispute dont ils se seraient bien passé tous les deux et l’évocation de sa grossesse l’amena à penser que ouais, elle se serait bien passée de ça. Non, elle ne lui avait pas dit qu’elle était enceinte la première fois qu’elle l’avait vu après tout ça et dans un premier temps, sa première réaction n’avait pas été de penser qu’elle se devait de le lui dire, sinon, elle se serait débrouiller pour le joindre dès qu’elle avait appris la bonne nouvelle. Ça faisait peut-être partie des histoires dont elle, elle ne parlait pas, mais au moins elle pouvait dire que tout ce qui était passé dans sa tête à ce moment-là, ça n’avait plus d’importance dans leurs vies. Parce qu’elle avait gardé le bébé finalement, parce qu’elle avait dit à Cesare qu’elle était enceinte et que maintenant, ils essayaient de trouver un équilibre dans leur vie de famille qu’ils essayaient de construire. Ça faisait partie de ce genre de trucs dont elle n’avait pas envie de parler, c’était trop tard de toute façon, c’est au moins un an plus tôt qu’elle aurait eu besoin de parler de tout ça et y avait pas eu grand monde pour l’écouter à ce moment-là. Elle n’avait pas envie d’en parler parce qu’elle avait honte aujourd’hui de toutes les choses qu’elle avait pu penser à l’époque et au moins, tant qu’elle ne disait rien, y avait qu’elle pour avoir honte d’elle-même, personne d’autre. Au moins, elle avait répondu à sa question, même si elle n’était pas sûre qu’il attendait vraiment une réponse et ce n’était certainement pas le pire de l’histoire qu’elle ait eue envie d’avorter au début de sa grossesse. Elle avait été toute seule et certainement pas prête à avoir un enfant, elle n’en voulait pas d’enfant, elle n’en avait jamais voulu, alors c’était presque logique qu’à un moment elle se soit tourné vers ce choix, mais aujourd’hui, c’était déjà douloureux d’y repenser, mais toujours était-il que cette volonté n’avait pas été la pire qu’elle avait pu avoir au début de cette grossesse. Elle n’alla pas plus loin, se contenter de vaguement lever les yeux au ciel à sa réplique. Peut-être bien que ça avait fait partie du deal ouais, mais ça n’aidait pas à accepter les choses plus facilement, elle l’avait jamais vraiment voulu ce deal elle de toute façon, c’était pas pour rien qu’elle lui avait envoyé une baffe en pleine figure quand il lui avait parlé de son plan. M’enfin, si c’était le deal, alors peut-être bien qu’elle devait juste accepter et fermer sa gueule. Mais elle s’inquiétait pour lui, alors être laissée dans le flou, ça n’aidait clairement pas. Elle avait besoin de savoir au moins ce qu’il faisait, histoire de pas être complétement dans le noir. Elle aurait voulu savoir ce qu’il avait prévu de faire, un peu à l’avance, parce qu’elle avait l’impression que ça aurait facilité beaucoup de choses et au lieu de ça, elle les avait replongés en plein dans le compliqué, alors c’était probablement mieux qu’elle batte en retraite. Remontée dans la chambre, enfouie sous les couvertures dans le lit, au moins, c’était plus calme, assez pour qu’elle essaie de remettre de l’ordre dans ses pensées, qu’elle fasse le tri sur ce qu’elle ressentait, qu’elle éloigne les angoisses qu’elle pouvait avoir pour Cesare du stress qu’elle ressentait maintenant qu’ils étaient de nouveau à Radcliff, parce que les deux mélangés, ça n’aidait clairement pas. Mais dans toutes les choses qui venaient de lui exploser à la figure, y avait aussi ça, les peurs nées de ce qui lui était arrivé encore trop récemment et dont elle s’était défaite en quittant Radcliff. Ça n’avait clairement pas aidé. Elle releva les yeux vers Cesare alors qu’il passait la porte de la chambre pour la rejoindre. Elle esquissa un léger sourire à sa réplique avant d’hocher la tête. Il était désolé et elle acceptait ses excuses, ce qu’elle aurait probablement dû faire plusieurs minutes plus tôt en bas. Elle passa sa main dans son dos alors qu’il était venu contre elle, y laissant des lentes caresses. « Je suis désolée aussi, j’aurai pas dû m’énerver comme ça, c’était idiot. » Démesuré aussi, alors que c’était pas non plus un drame, juste une histoire à laquelle elle aurait dû s’attendre, si seulement elle n’avait pas été complètement à l’ouest. « Je crois que j’étais juste … Pas vraiment encore rentrée à Radcliff et d’un coup tout est revenu et j’ai eu besoin de m’en prendre à quelqu’un et t’étais là alors … J’te demande pardon. » Et elle aurait presque aimé promettre que ça ne se reproduirait plus, mais elle se connaissait trop bien et il la connaissait aussi, alors l’un comme l’autre, ils auraient su que c’était une promesse qu’elle n’était pas sûre de pouvoir tenir, toujours trop prête à exploser, pour un oui ou pour un non.
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: (isolde), no matter what.   (isolde), no matter what. Icon_minitimeDim 7 Aoû 2016 - 3:32



LET ME COME HOME TO YOU            
     DON'T LET ME LOSE YOU TOO    
- ISOLDE SADDLER & CESARE DEMAGGIO -
i'm halfway gone. we fought long enough, we were holding ropes but untied to love. if we had a moment we could ignite. instead it seems we're trying hard to start a fight. along these streets you read my words in the night, you hear me call ⓒtopic| h o m e.

Il n’savait pas comment expliquer, Cesare ; comment exprimer clairement le sentiment d’indécision qui le traversait de part en part, depuis qu’il avait reçu les dernières nouvelles de Gabriela. C’était si facile, au fond, de faire comme si de rien n’était, d’se vendre des prétextes qui marchaient si bien avec sa conscience, quand il était loin de Radcliff ; c’n’était pas ses affaires et au fond, s’il pouvait éviter de mettre Isolde ou sa propre fille en danger, pourquoi est-ce qu’il agirait de telle façon à officiellement se positionner contre son père ? Il la connaissait, l’ampleur de la rage de Rafael, et son patriarche n’était pas un ennemi contre lequel le jeune homme avait envie de se retrouver. Et au moment venu, est-ce que sa cousine sortie de nulle part l’aiderait, dans cette histoire ? Quelque part, l’infinie trahison qu’il avait eue à subir de la part des êtres humains à vaste échelle, ou même des membres de sa famille, murmurait au brun la conviction que non, elle n’serait pas là : une fois son fils récupéré, y’avait de grandes chances que Gabriela l’embarque vers une destination inconnue, sous couvert de bons prétextes – elle devait le protéger, éviter qu’il ne retombe entre les mains de ses fous de parents et ainsi de suite. A la fin de l’histoire, Cesare serait celui qui resterait à Radcliff, cible directe de la hargne du père qu’il allait trahir, et de tous ses potentiels alliés à la recherche d’une vengeance quelconque. Ouais, s’il devait s’mettre à penser froidement à tout ça, Cesare était infiniment capable de s’trouver des bonnes raisons de ne pas avoir confiance en cette femme, en ses chances de survie, ou en sa capacité à ressortir même indemne de cette histoire. Et si, pour aider sa cousine, il perdait Isolde ? S’ils perdaient Clara tous les deux, de la même façon que Gabriela avait perdu son fils, ou dans des circonstances pires encore ? C’n’était même pas des justifications qu’il cherchait avec effort : elles effleuraient l’esprit du DeMaggio d’elles-mêmes – largement, des préoccupations qu’il n’avait pas eues à l’époque où sa seule promesse d’avenir avait été la solitude. Et l’amertume laissée par sa traque au meurtrier de sa sœur. C’était un peu comme le reste : déjà, trop de paramètres avaient changé dans sa vie. Maintenant, il faisait partie de la vie de la Saddler, il faisait partie de la vie de Clara, et toutes les deux étaient plus intimement liées à lui que jamais – des cibles idéales pour toute personne comme Rafael, à qui il prendrait l’envie de lui faire payer quelque faux pas. Il savait, pourtant, qu’il en avait déjà commis, des faux pas ; des bonnes grosses erreurs qui lui garantissaient déjà un aller simple dans la tombe, si son père ou qui que ce soit devait les découvrir. Alors un d’plus, un d’moins, qu’est-ce que ça pouvait changer ? Et il était un chasseur, après tout, entrainé par toute la volonté de ses parents depuis qu’il était gosse, totalement capable de se défendre, de tuer, et de survivre. Le tout, doublé d’une transmutation qui le transformait en monstre capable de faire trembler toute la plomberie de la maison dans laquelle il avait grandi, si son père devait à nouveau croiser son chemin d’une funeste manière. Des deux côtés de la balance, y’avait des arguments qui se valaient : pour sûr, on aurait jamais rien demandé à Cesare s’il n’était même pas capable de tenir un couteau pour se couper une tranche de pizza. Mais non, il était surentrainé, et plutôt doué dans son domaine de prédilection… et à la fin d’l’histoire, il semblait bien que cette malédiction ayant bouffé chacun de ses souvenirs, continuait d’prendre le pas sur tous les espoirs qu’il osait construire. Et dire qu’il aurait pu jurer, quelques semaines plus tôt, que c’n’était pas son truc – l’espoir. Il s’était laissé prendre au jeu : et encore et encore à Radcliff, on lui prouvait que c’n’était pas une bonne chose, d’alimenter des volontés trop ambitieuses, un bonheur qui faisait tâche, alors même que son nom était DeMaggio, et que ses mains étaient déjà couvertes de sang.

Tout ce qu’il pouvait faire, à la fin de l’histoire, c’était essuyer les catastrophes, absorber les déceptions, et faire avec. Avec la pratique, c’en devenait presque redondant, tandis qu’à nouveau, il s’retrouvait à n’pas savoir quoi faire. Quoi dire. Quoi décider. Peut-être qu’il aurait dû laisser Isolde grimper dans la chambre, s’enfoncer dans les draps, peut-être s’endormir avec le temps, et s’disant que ‘ça allait aller’ de soi-même, comme elle lui avait dit. Peut-être qu’y’avait des couples qui géraient les choses comme ça : irrémédiablement, tout finissait par aller. Ç’avait fini par aller, hein, quand ses parents avaient commencé à faire de lui un bon petit soldat – le cerveau avait fini par prendre le dessus, faisant sa magie pour que ça aille, et Cesare était entré dans les rangs. L’idée de tuer aussi, ç’avait fini par aller pour lui – littéralement, comme ça, du jour au lendemain, trop jeune, il était devenu un tueur, et son esprit, sa conscience, ses tripes, son intérieur tout entier avaient réussi à gérer ça, d’une certaine façon. Ç’arrivait aussi avec les ‘bonnes’ choses, comme Clara ; au début, ç’avait été la panique pour l’un comme pour l’autre – dix mois plus tard, ça allait, ou quelque chose dans ces eaux-là, du moins. La petite avait une vie presque normale, loin des troubles qu’il lui aurait imaginé dans ses pires cauchemars, comme si l’empreinte des meurtres qu’il avait lui-même commis aurait pu se retranscrire sur un simple bébé – comme une marque sur son front, un aspect monstrueux, sa peau se désagrégeant sous ses doigts quand il la touchait. Au fond, le DeMaggio n’avait jamais su à quoi s’attendre, à quoi s’préparer, quand il avait été question de ce petit bébé qui grandissait dans les entrailles d’Isolde – il aurait voulu, parfois, juste découvrir qu’elle l’avait trompé, et que c’était l’enfant d’un autre. Il aurait voulu aussi, peut-être à un moment, que cette chose disparaisse de sa vie, de ses plans futurs, des égarements de son esprit. Et encore, il n’avait pas été celui des deux qui portait cet enfant quotidiennement, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec tous les aléas que ça pouvait amener. Il n’avait pas été Isolde. Il n’avait pas été à sa place. Il n’avait pas tenu le test de grossesse entre ses doigts, découvrant le résultat désastreux de celui-ci tout seul, comme un idiot, abandonné et l’arôme de la trahison encore frais à sa mémoire. Elle pouvait dire c’qu’elle voulait, hein, Isolde, penser c’qu’elle voulait de lui – mais encore et encore, il s’était projeté en avant, vers elle, vers c’qu’elle pouvait ressentir, vers les maux qu’il ne lisait que trop facilement dans ses prunelles. Il savait qu’il n’avait pas été là pour elle. Il savait qu’y’avait des choses qu’il n’pourrait jamais endurer de la même façon qu’elle l’avait fait. Et il savait même, qu’y’avait un lien tacite, immuable et invisible entre Isolde et Clara – quelque chose qu’il n’pourrait jamais supplanter, et des mois entiers qu’il n’pourrait jamais récupérer. Tous ces rendez-vous où elle était allée seule. Cette chambre qu’elle avait peinte toute seule. Les meubles qu’elle avait choisis toute seule. Même le prénom de leur fille, n’était que le résultat d’un choix que la mutante avait faite toute seule. Et il n’la blâmait pas pour ça, évidemment ; à côté, lui, il avait été trop occupé à perdre la boule, encore et encore et encore, à chaque désastre qui s’pointait dans sa vie, le monde redoublant d’imagination pour lui balancer chaque fois un peu plus d’épreuves à la figure. Alors peut-être que c’n’était que pour ce soir, que Cesare était trop épuisé pour juger quoique ce soit des révélations qui filtraient dans les paroles d’Isolde par rapport à sa grossesse. Ou peut-être avait-ce été un savoir qui s’était cultivé de lui-même dans son inconscient, avec les confessions qu’elle lui avait faites, prises par la panique dans sa chambre de motel. Des fruits de pensée qu’il n’avait pas voulu endurer plus avant en se penchant vraiment dessus. Ou peut-être qu’il savait qu’il n’avait pas grand-chose à dire ; c’était d’sa faute, à un certain degré. Et qu’est-c’qu’il pouvait dire ? Selon les va et vient de ses propres ressentiments, y’avait pas à douter que s’il avait été la femme de leur couple, il aurait eu les mêmes trajets de pensée.

Comme quoi, fallait croire que même sans essayer, même sans le paysage autour, juste avec eux-mêmes, ils arrivaient à faire d’la vie de Clara, quelque chose de compliqué, de douloureux et de dysfonctionnel. Qu’est-ce qui se passerait, si Clara devait grandir en sachant tout ça ? En sachant qu’à un moment, peut-être en même temps, peut-être chacun de leur côté, et pendant des mois entiers, ses parents avaient maudit sa simple potentielle existence, et sa future naissance ? Evidemment que c’n’était plus le cas, maintenant- et ça n’le serait plus jamais, quoiqu’il advienne… mais ç’avait été un songe, frôlant leurs pensées et leurs cœurs, pendant trop longtemps. Rien qu’une fraction de seconde, ç’aurait été trop long. C’n’était pas pour rien, après tout, que Cesare n’s’était jamais imaginé devenir père : il se savait tristement incapable de faire les choses bien. Et même dans le couple, c’était encore galère : la preuve était là, vivante et palpable partout autour de lui, dans le silence qui s’installait et glissait sous sa peau, le vide qui était sa seule compagnie. Isolde était partie dans la chambre, et il s’demandait bien à quoi ça pouvait servir de la suivre – surtout s’il n’avait rien à dire. Aucune bonne justification, aucune bonne parole, aucun argument. Et il n’en avait pas besoin, en plus, puisque comme elle le lui avait fait remarquer, elle ne serait pas celle qui se tiendrait entre lui et sa tentative de sauver un bébé de l’emprise d’enflures comme Rafael DeMaggio et compagnie. Pourtant, il savait qu’c’était ça, être en couple ; et jusque-là, ç’avait plutôt bien marché. Dans une certaine mesure. Ils avaient enduré les séparations difficiles, les hauts vertigineux auxquels suivaient forcément des bas aussi glacés que des abysses. Les désillusions, les tortures, la tristesse, la culpabilité- ils enduraient, plus que beaucoup d’couples qui se séparaient pour un oui ou pour un non. Allaient-ils par devenir ça ? Peut-être que ç’aurait été un bon syndrome de leur propre destruction, qu’il quitte la pièce lui aussi, embarque dans sa voiture en s’disant que ça irait mieux, parce que l’temps ferait de lui-même comme par magie, ce que le brun était incapable d’faire, avec des mots, des bonnes intentions, ou d’bonnes raisons. Il eut le courage, au moins, d’rejoindre la chambre, quand bien même une part traitresse de son esprit aspirait à fuir cette pièce, fuir l’énième confrontation qu’il pouvait y avoir entre ces quatre murs. Il semblait bien qu’à la fin d’l’histoire, c’n’était pas le décor qui avait la moindre importance, mais bien tout le reste. Les réponses d’Isolde, au moins, parvinrent à le faire soupirer, respirer à nouveau – d’un vague soulagement, qui fit glisser un sourire distrait sur ses lèvres, alors qu’il daignait enfin la regarder. Pour le coup, s’il avait le droit d’exprimer ce qu’il voulait, ce serait infiniment simple : rester contre la jeune femme, comme ça, sans se poser de question, sans laisser le temps reprendre cette place de frontière entre eux et le bonheur réel et durable. Ils avaient été si bien à Paris, loin de toutes ces préoccupations qui leur bouffaient si aisément la vie, quand ils stagnaient à Radcliff. En se redressant sur lui-même, assis au bord du lit, Cesare hocha vaguement la tête, glissant ses doigts dans les cheveux blonds d’Isolde – c’n’était pas au risque de réveiller Clara, qu’il préférait les contacts apaisants et affectueux avec la jeune femme. Il n’avait pas voulu s’disputer avec elle, il n’avait pas eu envie que les choses s’enveniment, ou que la situation leur échappe si vite. Lui, tout c’qu’il aurait voulu, c’était que ses deux semaines soient plus longues, ou que la réalité n’revienne pas si efficacement et rapidement jusqu’à eux. « A quoi tu t’attendais, quand même ? » qu’il lâcha, avec une expression contrite, « Est-c’que t’as réagi comme ça parce que tu croyais que j’allais juste partir sans rien dire ? » parce que clairement, il se l’demandait, alors que du pouce, du dos de ses doigts, il dessina le contour de sa joue. « Je-… je sais pas c’que j’aurais dit. C’que j’aurais fait en descendant. Mais j’vais nulle part, et j’ferai rien tant que tu seras pas okay avec tout ça. » et certes, ça semblait être beaucoup demander, pour l’heure. Peut-être bien que rien qu’en mettant sa veste, il avait grillé trop d’étapes : mais ça n’avait été qu’une veste, à la fin d’l’histoire. « Et j’vais pas chez mon père, Isolde-… pas ce soir. Peut-être… jamais, selon comment les choses se font. Mais j’dois aller la voir-… Gabriela. J’ai-… j’ai foiré, j’suis parti comme ça sans rien dire, et-… et les choses ont mal tourné. J’dois-… j’lui dois au moins d’lui expliquer. Ou j’sais pas. » fallait croire qu’à ça non plus, il n’était pas doué – à la fin d’l’histoire, c’était plus simple de dire qu’il n’était pas doué pour parler aux gens tout court, simplement pour alimenter en eux d’faux espoirs. Parce qu’il se les alimentait pour lui-même aussi, hein. Les désillusions d’Isolde, il les comprenait- c’était les mêmes que celles qui grondaient si amèrement en lui, et avaient instillé l’amertume de ses propres paroles.  


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 11 Sep 2016 - 3:31, édité 1 fois
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