Cause all of my kindness, is taken for weakness...
   

Aspen écoutait Lorcan avec attention, lui laissant l’occasion de lui expliquer, plus ou moins, de chercher ses mots, de lever les yeux au ciel pour y trouver les termes adéquats. Ils avaient le temps, pour une fois, alors autant en profiter alors qu’aucun d’entre eux n’était au pied du mur, ce qui était quand même assez reposant. Elle acquiesça doucement quand il lui expliqua avoir une seringue dans son sac, qu’il devait prendre ce soir. Coup du sort ou de la chance, mais en tout cas ce soir là les jumeaux seraient ensemble pour affronter ça. Malgré toute son appréhension, elle préférait mille fois être avec lui dans ces moments-là que de se l’imaginer, seul, à devoir gérer tout ça. Quel intérêt d’avoir un jumeau si c’est pas pour être deux à porter le même fardeau. A nouveau, elle lui tapa l’épaule de son petit poing, mais de manière presque douce, tendre :

- Y a pas de souci, tu peux dormir à la casa. Je pense que Rhaena y sera pas, elle était chez un de ses mâles ce soir. Comme ça, tu verras le chat ! et surtout, si jamais ça devient trop dur, tu auras quelqu’un pour t’assommer proprement. Et ça, c’est du luxe.

Elle espérait ne pas avoir en arriver à là quand même, mais elle savait que si elle-même devait subir ça, elle serait bien contente d’avoir quelqu’un pour l’endormir jusqu’au lendemain. Si elle pouvait, elle essayerait tout de même la manière douce avant tout même, et en matière d’ « apaisage » de Lorcan, elle était surement la plus rodée. Alors ça valait toujours le coup d’essayer.A la remarque sur son sang-froid, elle ne trouva pas grand-chose à dire, d’abord, se contentant de hausser les épaules en continuant de jouer avec les mains de son frère dans les siennes : détendue, elle ne l’était pas vraiment. Rassurée sur le fait que son frère renonçait à l’idée de la rayer totalement de sa vie, ça oui. Quant à la mutation… ça faisait des mois qu’elle gambergeait là-dessus, elle avait dépassé le stade de la frayeur, de la colère, du déni. Un peu comme un deuil, elle en était plus ou moins à la phase d’acceptation, l’acceptation du deuil de l’humanité de son frère. Pour autant, était ce si grave ? Avait il vraiment changé ? A l’entendre parler comme il le faisait, avec ses intonations, ses expressions bien à lui, elle avait du mal à le voir autrement que comme celui avec qui elle avait passé le plus de temps dans toute sa vie.

- J’sais pas Lo’. J’suis pas sure qu’on puisse dire que je suis hyper détendue, mais bon, à défaut tu craches pas du feu et t’as pas une queue qui te pousse dans le bas du dos… Alors je me dis qu’on aurait pu tomber sur pire…

Elle ne se faisait pas d’illusion sur la catégorisation du « don » de Lorcan par ses camarades chasseurs : une capacité dangereuse qui devait être neutralisé définitivement, soit par la mort, soit par le NH-25. Cependant, il avait au moins l’avantage de ne pas porter son gène déviant sur sa peau : si ils se débrouillaient bien, ils pourraient réussir à cacher ça pendant pas mal de temps…

Elle éclata franchement de rire en voyant l’air défait de Lorcan alors qu’il comprenait lentement qu’elle se payait sa tête : oh, ça va quoi, elle pouvait bien l’embêter un peu, ça faisait des mois qu’elle n’avait pas pu le faire. Elle le laissa s’effondrer dramatiquement sur la moquette, puis se redresser, alors qu’elle s’étranglait dans un fou rire presque nerveux, comme si elle relâchait toute la tension de ces derniers mois dans des éclats euphoriques et bruyants. Bon sang, ce que ça pouvait faire du bien de rigoler autant, alors qu’elle écrasait des larmes de rire du revers de la main. Elle devait être à deux doigts du burn out, pour passer des larmes de détresse à celles de rire en quelques minutes

- Cette tête, mais cette tête … Pourquoi je t’ai pas pris en photo sérieusement … ohlalalala… non mais moi, femme au foyer … C’est mort, une carrière bien trop brillante m’attend pour que je sabote ça avec des mômes… Pis au dernière nouvelle, je ne suis pas l’immaculée conception…

Elle reprit lentement son souffle, encore secoué de rire, alors que Lorcan lui glissait un remarque sur Noeh. En temps normal, elle aurait rué dans les brancards, probablement nié ou joué la mauvaise foi, mais … Mais elle considéra que c’était de bonne guerre : il était vrai qu’au final, ils n’avaient jamais eu l’occasion d’en reparler calmement de tout ça. Et même d’en reparler tout court, d’ailleurs. Et tendit la main pour gratouiller les cheveux de Lorcan, comme elle aurait flatté un chat, avant de répondre d’une voix presque calme :

- C’était il y a presque huit ans, on était des gamins et on était débile, avec nos délires de relation cachée. Et puis après, à quoi bon ? J’avais pas envie que vous ne soyez plus amis juste parce qu’il m’avait largué. J’suis partie à la fac, et j’ai eu d’autres copains, et voilà. Et d’ailleurs, puisque je dois faire mes preuves …

Elle inspira profondément, avant de reprendre :

-Je ne l'ai plus vu depuis la fête des fondateurs, comme Sam d'ailleurs. Je pensais qu'à défaut, on était au moins redevenu amis, avec le temps, et puis c'était pas comme si il était obligé de me parlé, on était quatre ce soir là ... Mais depuis que vous vous êtes mis sur la tronche, plus de son, plus d'image. J'ai plus eu de nouvelles de personne... Et ça fait long.

Hop, ça c’était son tacle à elle, c’était cadeau. Néanmoins, si Lorcan pouvait éclairer sa modeste lanterne, elle ne serait pas tout à fait contre…

I've forgotten how it felt before the world fell at our feet
   

Il y avait une sacrée amélioration, pour Lorcan, entre refuser tout net l’aide d’Aspen, et accepter l’idée qu’elle puisse être là quand il prendrait sa prochaine injection. C’était une étape supplémentaire, mais pas la plus évidente à franchir, sans doute. Il avait assez honte comme ça d’être un mutant, il ne voulait pas en plus qu’on assiste à ces moments où il prenait le NH24 et où il était totalement à la merci de ses effets secondaires, sans jamais parvenir à passer outre. Il se disait à chaque fois que ça irait mieux, il se disait qu’il était habitué, que les effets s’atténueraient … Mais il s’effondrait à chaque fois, sans exception. Pas assez fort pour y faire face, peut-être. Il ne voulait pas montrer ça à Aspen, vraiment pas, mais peut-être qu’avec elle, ça irait mieux. Ils étaient toujours bien plus forts à deux. Capables de défaire les monstres sous leurs lits sans trembler, alors pourquoi pas défaire les monstres dans sa tête ? « Y a pas de souci, tu peux dormir à la casa. Je pense que Rhaena y sera pas, elle était chez un de ses mâles ce soir. Comme ça, tu verras le chat ! et surtout, si jamais ça devient trop dur, tu auras quelqu’un pour t’assommer proprement. Et ça, c’est du luxe. » Lorcan eut un petit rire. « Un chat et un coup de massue … Tu me fais rêver avec tes propositions, sérieux. J’ai trop de chance de t’avoir. » Il n’était pas contre l’assommage en bonne et due forme s’il fallait en arriver là, néanmoins. Et effectivement, il avait de la chance de l’avoir, il pouvait bien plaisanter là-dessus autant qu’il voulait. Elle était à lui, comme il était à elle, et c’était tout ce qui comptait en ce bas monde. Il n’allait pas se plaindre, même s’il n’aimait pas les chats plus que ça, et qu’il aurait préféré qu’elle vive seule plutôt qu’avec une coloc’ qu’il ne connaissait ni d’Eve ni D’Adam et qu’il n’avait pas du tout envie de croiser. Au moins il avait Aspen, qui ne le regardait plus comme s’il était un parfait étranger. « J’sais pas Lo’. J’suis pas sure qu’on puisse dire que je suis hyper détendue, mais bon, à défaut tu craches pas du feu et t’as pas une queue qui te pousse dans le bas du dos… Alors je me dis qu’on aurait pu tomber sur pire… » A nouveau il eut un petit rire, un peu plus forcé cette fois. « Une queue, rien que ça ? J’savais pas que c’était possible. Finalement je suis pas si mal loti, c’est ça que tu veux dire ? Un jour faudra vraiment que tu me racontes les trucs sur lesquels tu tombes quand tu chasses. » Il était partagé entre l’envie de savoir tout ce qu’elle pouvait faire et voir quand elle était avec d’autres hunters, et l’envie de se boucher les oreilles et de faire comme si elle n’était pas une chasseuse. Il restait passionné par cet univers, ce serait mentir que de le nier, mais il était mutant lui aussi … Et une part de lui-même n’était plus aussi à l’aise qu’avant avec l’idée de l’existence même des chasseurs, ce qui était bien normal. Même s’il n’avait pas été mutant il n’était pas sûr qu’il aurait pu mener sa formation à son terme pour devenir un vrai tueur, ce n’était pas dans sa nature, mais il y avait des côtés du métier qui lui manquaient quand même, un peu.

Quand Aspen simula une grossesse déjà bien avancé, Lorcan ne put faire autrement que de plonger tête la première dans son jeu, et pas une seconde il s’imagina qu’elle le menait en bateau. Et franchement, le soulagement qui l’envahi quand il comprit qu’elle se fichait de lui fut énorme. La savoir enceinte, alors qu’il ne savait même pas si elle voyait quelqu’un, ça l’aurait miné. Ils étaient trop jeunes pour ça ! Elle avait encore sa vie devant elle avant de tout foutre en l’air avec un môme ! « Cette tête, mais cette tête … Pourquoi je t’ai pas pris en photo sérieusement … ohlalalala… non mais moi, femme au foyer … C’est mort, une carrière bien trop brillante m’attend pour que je sabote ça avec des mômes… Pis aux dernières nouvelles, je ne suis pas l’immaculée conception… » Il soupira largement, même si sa dernière référence n’était pas pour plaire au frère protecteur qu’il avait toujours essayé d’être. Il ne voulait pas l’imaginer en train de coucher avec un mec … Mais bon, il aurait été con d’imaginer qu’elle resterait pure et chaste, même s’il voulait ignorer quand est-ce qu’elle avait cessé de l’être. Bon sang, si c’était Noeh qui … Il ne fallait pas y penser. « Ouais ouais, continue avec ta carrière brillante et oublie les bébés, je suis trop jeune pour devenir tonton, pense à moi aussi un peu. » Fit-il avec un air exagérément effaré sur le visage. « Mais t’as un mec, actuellement ? Faut quand même que je le connaisse avant qu’il te fasse des gosses. Si je le valide pas, tu peux l’oublier. » Ajouta-t-il. C’était peut-être lancé sur le ton de la plaisanterie, mais dans le fond c’était très sérieux. Comme Aspen qui avait toujours donné son avis sur les filles avec qui il était sorti, même quand il ne voulait pas de son avis, il avait bien l’intention de juger sans aucune pitié le gars qu’elle choisirait pour finir sa vie. Même si elle ne comptait pas finir sa vie avec, d’ailleurs. Pas question qu’elle se prenne un connard fini. Ou un Noeh Callahan, par exemple … Parce que oui, celui-là, Lorcan ne l’avait toujours pas digéré. Et cette rancœur tenace ne justifiait pas du tout qu’elle ne lui en ait jamais parlé. « C’était il y a presque huit ans, on était des gamins et on était débile, avec nos délires de relation cachée. Et puis après, à quoi bon ? J’avais pas envie que vous ne soyez plus amis juste parce qu’il m’avait largué. J’suis partie à la fac, et j’ai eu d’autres copains, et voilà. Et d’ailleurs, puisque je dois faire mes preuves … » Débile, c’est aussi le mot que Lorcan aurait utilisé pour qualifier tout ça. Il ne comprenait pas pourquoi ils avaient tenu à faire un secret de tout ça, alors qu’il aurait pu accepter leur relation sans en faire tout un foin. Ou s’il avait fait une scène, ça n’aurait jamais pris l’ampleur de ce qui s’était passé à la fête des fondateurs, et tout aurait été résolu bien plus vite, ça, c’était certain. Mais il n’eut pas l’occasion de dire tout ça qu’elle poursuivant. « Je ne l'ai plus vu depuis la fête des fondateurs, comme Sam d'ailleurs. Je pensais qu'à défaut, on était au moins redevenu amis, avec le temps, et puis c'était pas comme si il était obligé de me parlé, on était quatre ce soir là ... Mais depuis que vous vous êtes mis sur la tronche, plus de son, plus d'image. J'ai plus eu de nouvelles de personne... Et ça fait long. » Lorcan baissa les yeux. Il savait parfaitement pourquoi Salomé n’avait plus reparlé à Aspen, et pour Noeh … C’était Noeh. « Je sais pas, j’ai pas trop revu Salomé non plus, elle m’a fait la gueule pendant des mois, ça fait pas longtemps qu’on se reparle, et franchement, je parle pas de son frère avec elle, c’est déjà assez compliqué comme ça. » Il ne savait pas comment Aspen pourrait interpréter le fait qu’il parle encore à Salomé alors qu’il l’avait évitée, elle, pendant si longtemps. Il aurait du éviter la jeune Callahan avec encore plus de ferveur, vu qu’elle était une chasseuse convaincue … Et sa mutation devait rester un secret pour Aspen, mais il n’avait pas envie de faire semblant d’éviter Salomé. Il ne voulait plus rajouter de mensonges les uns sur les autres, du moins il voulait éviter autant que possible. « Mais peut-être qu’elle t’en veut autant que j’en veux à Noeh pour nous voir caché votre petite histoire. C’est pas très compliqué hein, quand vous vous êtes vus tous les deux à la fête, on aurait franchement dit qu’il venait de te larguer une semaine plus tôt. J’en ai tiré mes conclusions, j’imagine que Salomé aussi, et comme personne n’a discuté calmement pour tirer tout ça au clair, on a tous gardé nos idées. » Et il avait tabassé Noeh en croyant que leur histoire était toute récente et qu’Aspen en souffrait encore, que son ancien meilleur ami se foutait encore d’elle et de sa peine. Mais il avait encore du mal à croire que leur histoire datait d’aussi longtemps. « Tu devrais peut-être essayer de lui parler. Dis-lui que c’était qu’une histoire du lycée et que t’es désolée d’avoir gardé ça secret. Insiste bien sur le fait que t’es désolée, hein. » La taquina-t-il. « J’suis sûr qu’elle veut aussi que vous vous reparliez. » Pas si sûr que ça, en fait. Le flirt avec Noeh, c’était bien loin du réel problème, et Salomé préférait sans doute rester loin d’Aspen pour l’instant, mais il ne pouvait pas dire ça à sa jumelle, n’est-ce pas ? Il avait envie lui aussi, qu’ils redeviennent la bande inséparable de leur adolescence … Tout en sachant que beaucoup d’eau devrait couler sous les ponts avant que ça se produise.

Cause all of my kindness, is taken for weakness...
   

Aspen songea que, finalement, elle avait vraiment bien fait de rester tard au bureau ce soir là, et de ne pas aller bosser chez elle, en pyjama en pilou en mangeant du sorbet à la fraise à coté. C’était un peu étrange d’avoir Lorcan là, soudainement si proche, presque détendu, à ses côtés. Il lui était revenu comme ça, presque par magie, si elle y avait jamais cru un jour. A l’entendre rire comme ça à ses propositions farfelues, elle avait l’impression qu’ils seraient capables de rattraper tout ce temps perdu en un temps record, qu’elle réussirait à le trainer au cinéma, comme avant, à se ballader en forêt, comme avant, ou même juste tout simplement à aller boire un verre en terrasse, maintenant que les beaux jours arrivaient … L’idée fit naitre un nouveau sourire sur les lèvres de la demoiselle, alors qu’il l’interrogeait sur les énergumènes qu’elle avait pu croiser pendant ses chasses.

- Ouais, une queue, genre une queue de serpent ou de lézard. C’était franchement dégueu, et la je peux te dire, même avec toute l’ouverture d’esprit de la terre, ce truc là était plus animal qu’humain, pack griffes et langue fourchue all inclusive.

Elle lui aurait bien dit de venir les accompagner, Isobel et elle, une prochaine fois, mais elle doutait sérieusement que cela soit une bonne idée. Pas que Lorcan soit mauvais, ils étaient même un sacré bon binome, mais … Il avait surement d’autre priorité, maintenant. Elle secoua la tête de droite à gauche, avant de prendre sa petite moue outrée de sainte nitouche devant la question ouvertement indiscrètement de Lorcan :

- Non mais c’est quoi cette possessivité Jaime Lannister ? On se détend hein, tu crois vraiment que j’ai le temps pour ce genre de choses en ce moment ?

Ni le temps, ni l’envie, à vrai dire. Entre les chasses familiales et le boulot, elle n’avait pas le cœur à batifoler. Et quand bien même elle avait besoin de se faire remonter le moral, elle avait toujours Sacha, Priam et Marius pour lui dire qu’elle était belle, drole et intelligente, et que tous les mecs devraient se battre en duel pour un sourire de sa part. Ca, c’était des potes, des vrais. Et elle en avait bien eu besoin, ces derniers temps. Elle écouta Lorcan lui annoncer qu’il avait revu Sam, parfois, et que ça ne la surprenait pas plus que ça : après tout, ce n’était pas eux les fautifs de cette histoire, et son frère n’avait pas grand-chose à reprocher à la grande brune. Quand à Sam… Elle avait probablement eu moins de mal à pardonner à Lorcan la rouste qu’il avait mise à Noeh qu’à sa meilleure amie d’avoir couché avec son frère. Ça avait du sens, même si Aspen avait du mal à s’imaginer qu’elles pourraient définitivement se brouiller « juste » pour ça. Elle se passa la main dans les cheveux en soupirant:

- Si seulement c’était aussi simple … Bon, déjà, j’avoue que je commence à en avoir marre de m’excuser pour des trucs que j’ai fait quand j’avais 16ans. Parce que vous étiez guère plus malin que moi, à l’époque. Bref. Et surtout … Elle répond pas à mes messages… Ni à mes appels. Ni à mes mails. Encore pire que toi. Toi à défaut, t’avais la décence de me sortir des excuses, aussi pourries soient elles. Sam … Elle me répond juste pas. Comme si elle avait changé de numéro, ou je sais pas. J’ai été tentée plusieurs fois d’aller la voir au bar, mais j’ose pas. Si je rayais quelqu’un définitivement de ma vie, j’aurai pas envie qu’elle vienne me suivre jusqu’à mon lieu de travail, je suppose.

Enfin bon, elle n’allait pas se mettre à chougner sur la perte de sa meilleure amie, alors qu’elle venait tout juste de retrouver son frangin. Une chose après l’autre, c’était déjà pas mal. Elle se redressa, non sans lui faire un dernier bisou – le manque la rendait décidément bien affectueuse- avant de lisser machinalement les plis sur son jean :

- Bon, c’est pas tout ça, mais je crois que c’est mort pour que je travaille plus ce soir. On rentre ?

Sans attendre de réponse, elle dégaina son portable pour appeler le chasseur en service ce soir la dans le quartier : Parrish était un bon gars, très poli, mais il avait quand même la gâchette facile, alors elle préférait éviter de se prendre un coup de semonce préventif dans les fesses. Le hunter lui assura qu’il préviendrait les autres équipes du centre ville, et qu’il pouvait même lui appeler un taxi, si elle voulait. Elle le remercia vivement, songeant qu’un retour en voiture ne serait peut être pas un luxe : elle n’habitait pas non plus juste à coté. Elle raccrocha dans un sourire, avant de tendre la main à son frère encore assis :

- Allez frangin, on rentre à la maison… On a surement encore des tas de trucs à se raconter …