Sujet: heads will roll (charlie) Mar 16 Fév 2016 - 0:43
La première fois que ça t'est arrivé, t'étais encore à l'hôpital. Le jour de ta sortie, plus exactement. Ta main a repoussé la dernière porte donnant sur la sortie, sur l'extérieur, sur le vent frais dans les arbres et sur un soleil réchauffant l'atmosphère de Radcliff d'une impression d'être déjà en plein milieu de la pire saison qui puisse exister, trop chaude et trop oppressante, et t'as pas compris ce qui se passait. T'as eu le sentiment de plus être au même endroit, d'être déconnecté du reste, et t'as pas entendu le dernier au revoir de l'infirmier qui t'avait guidé jusque là parce que t'as eu le besoin de te barrer. Fallait que tu recules, que tu t'éloignes au plus vite, comme si cette porte que tu venais de toucher avait plus la peste que tous les dégénérés qui traînent dans le coin. T'as jeté un dernier coup d'oeil en arrière, t'as scruté ta main défigurée, puis le pansement que t'arbores un peu plus haut, au beau milieu de ton avant-bras. Evelyn t'a laissé un joli petit cadeau lors de votre rencontre – sur le coup, tu supposes que c'est ça qui t'a laissé une impression étrange lorsque t'as pu retrouver ton semblant de liberté en sortant de l'hôpital. T'as pas soupçonné plus, t'as pas songé à moins. T'as toujours eu dans l'idée que les mutants sont capables de beaucoup trop de choses, dangereuses ou meurtrières, aucunement normales ou douces, et t'es pas prêt de changer d'avis. Si tu t'es senti mal au moment où t'as enfin pu recouvrer ton autonomie et te débarrasser de l'attention mielleuse et constante des médecins, c'est parce qu'elle a mis à mal une partie de toi qui n'est pas encore remise. Inutile alors d'évoquer la plaisante confrontation avec son cher mari quelques jours plus tard, qui t'a encore plus abîmé le corps et l'âme que sa mutante.
Sauf qu'à présent, ça fait trop de temps que t'as cette sensation bizarre qui te tord l'estomac. Ça te l'a fait quatre fois en tout depuis que tu te trouves entre les quatre murs de cette maison que tu commences à détester au plus haut point - la tienne, pas celle d'un autre, celle que tu t'es atribué lorsque t'as mis les pieds à Radcliff après Charlie, mais elle te sort par les yeux, elle te semble plus si familière et rassurante qu'elle ne l'était au début : lorsque t'as déposé ta main sur la rambarde de l'escalier, lorsque tu t'es immobilisé devant le miroir mal éclairé de la salle de bain, quand t'as jeté un coup d'oeil dehors, mais surtout lorsque l'envie de sortir t'a pris et que t'as tenté d'aller te balader. Une routine, en théorie. Une activité banale, qui passe inaperçu, que tu pratiques – pratiquais – sans mal avant que ton problème de concentration (qu'est-ce que ça peut être d'autre à part une connerie du genre ?) ne prenne le dessus. T'as le sentiment qu'il y a un truc qui tourne pas rond depuis que t'es revenu de l'hôpital. Ton regard a changé. T'as du mal à reconnaître certaines choses, à assimiler parfois où tu trouves ou ce que tu fais. Au départ, tu t'es dit que c'était le passage obligé après tes petites rencontres nocturnes qui ne se sont pas terminées comme tu l'avais espéré – la seconde en particulier. Les coups échangés ont été plus durs à encaisser de ton côté, la lame de couteau s'étant enfoncée à plusieurs reprises dans ton thorax, non loin de ton pauvre coeur affaibli, n'ayant pas arrangé les choses. Du coup, t'as supposé être encore un peu sonné après ce traitement intensif aux anesthésiants et aux calmants que t'as subi à l'hôpital. Sauf qu'il y a quelque chose d'autre. En temps normal, ton corps se remet vite. Et t'as cette impression étrange qui te permet de te dire que, bientôt, tu pourras de nouveau sortir de cette baraque pour aller rendre visite à des proches. La quatrième fois, un pied dehors a suffi à te faire reculer de plusieurs pas à l'intérieur, alors que tu te maintenais la tête entre les mains. T'as- T'as des espèces de flash. C'est lumineux, tu crois y entendre une voix lointaine par moment, ou déceler un visage à travers la clarté. Ce gars t'a fait devenir complètement barge. Ou alors c'est ce que Seth t'a injecté dans le corps qui commence à faire effet. T'as aucune idée de ce que ça peut être. T'as essayé de savoir, lorsqu'il a retiré l'aiguille alors que t'avais que la possibilité ridicule de te dégager mollement de ce qu'il faisait, mais t'as juste récolté le stricte minimum de sa part et il s'est barré ensuite.
Tu te saisis de ton téléphone portable. Ton pouce tape sans réfléchir les premières initiales de son prénom, avant que tu ne vois ce dernier s'afficher en grand sur l'écran. C'est à ce moment-là que t'as un nouveau flash. Un truc qui t'aveugle, qui t'oblige à plisser les yeux sous la sauvagerie et la surprise du moment, comme si ça pouvait te protéger de cette chose, de ce moment si particulier que tu expérimentes depuis la visite du Calédonien à l'hôpital et de sa foutue seringue étrange. T'aperçois le visage de Charlie, elle semble... préoccupée. T'as aucune idée du pourquoi du comment, t'as juste la sensation de percevoir une infime parcelle de son ressenti, tant ce qui te frappe le plus ce sont les détails qui peuplent son visage et qui la rendent plus vraie que nature. Tu rouvres les yeux, et t'as le pas claudiquant. Tu cherches à prendre du recul sur la situation de façon encore plus concrète que tu ne le fais en temps normal, seulement dans tes pensées et pas physiquement. Là, tu sens que tu te laisses dépasser par une situation à laquelle tu parviens pas à trouver la moindre explication et ça te frustre. Au bout de ton bras, t'entends la voix de Charlie. Tu fronces les sourcils avant d'abaisser le regard en direction de ton téléphone. T'as dû l'appeler sans t'en rendre compte, pendant que tu la visualisée déjà auprès de toi. Approchant le téléphone de ton oreille avec une précaution que tu ne te reconnais pas, tu mets quelques instants à te reconnecter avec la réalité et à ouvrir la bouche. Tu ne sais pas combien de temps tu restes exactement sans décrocher un mot, mais t'as le regard fixe devant toi, dans un ailleurs que tu es le seul à ressentir, quand sa petite voix à l'autre bout te demande (sans doute pour la énième fois) ce qui se passe. « Charlie, j'ai besoin que tu viennes, y'a un truc qui déconne. » T'as la voix qui t'arrache la gorge. Pourtant, t'as pas crié, t'es hyper calme comme ça t'arrive jamais en temps normal, c'est juste que t'as pas adressé la parole à quiconque depuis une semaine et demi, voire deux, alors le tout est un peu rouillé. T'espères que Charlie va rappliquer au plus vite. Tu supportes plus cette soudaine solitude qui t'enserre la tête comme dans un étau, et tu as de plus en plus de mal surtout à endurer ces instants indéfinissables où le monde s'arrête autour de toi et où tu penses percevoir des choses qui ne sont pas réelles. Ce séjour à l'hôpital à cause de l'autre blond t'a rendu barge. Tu soupçonnes les infirmiers ou le personnel soignant d'avoir rajouté un traitement quelque chose pour te rendre fou. Ou, encore une fois, tu reviens à l'hypothèse où le sablé grandeur nature a injecté un truc qui a atteint ton cerveau lorsqu'il est venu te rendre une petite visite digne de lui. T'espères pour lui (t'es même pas crédible dans ta miséricorde, tu t'autorises un sourire amusé par ta propre connerie – espérer pour un mutant, quelle idée farfelue) que c'est pas le cas, parce que la prochaine fois que ta route croisera la sienne, ça risquera bien d'être la dernière fois que ça arrivera.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Mer 17 Fév 2016 - 13:13
What happened to your face ?
|►
Charlie était concentrée sur l’application de vernis sur ses orteils quand son portable se mit à vibrer furieusement. Elle avait décidé de mettre du corail, parce que ça allait bien avec la couleur de sa peau, c’était une jolie couleur qui ressortait bien quand elle se promenait pieds nus. C’était une activité demandant concentration et doigté, parce que si elle mettait du vernis sur la peau, elle devrait tout recommencer. L’avantage de la pédicure, c’était que c’était une activité qui lui laissait tout le loisir de réfléchir à des tas de trucs. En ce moment, plein de choses lui occupaient l’esprit, et prendre du temps pour les décortiquer, les analyser plus froidement, ça faisait du bien. Il y avait d’abord Roman, qui semblait avoir disparu de la surface de la planète depuis plusieurs semaines, peut être un mois. D’ordinaire, il ne restait pas sans lui laisser de nouvelles plus d’une semaine, dix jours tout au plus, quand il était sur une mission nécessitant d’être le plus discret possible. Depuis l’incident « Seth », elle n’avait presque plus entendu parlé de lui. Il n’était pas venu la voir à l’hôpital, elle avait demandé aux infirmières, personne n’avait pu lui dire si un grand homme taciturne et au visage un peu brûlé était venu la voir. Elle avait vu Margo et Ava, qui travaillaient à l’hopital, mais c’était tout. Elle avait craint dans un premier temps qu’il lui soit arrivé quelque chose, avec l’explosion qu’elle avait provoqué, tout ça, mais quand elle avait demandé à d’autres hunters, ils lui avaient assuré qu’il était toujours en activité, et productif, avec ça. Alors elle en avait déduit qu’il était faché contre lui, et qu’il valait mieux ne pas le déranger, jusqu’à qu’il ne lui tienne plus rigueur. Et seigneur, ce qu’elle trouvait le temps long. Ensuite, le cas de la nouvelle capacité de téléportation de son amie Ava : les mutants n’avaient donc pas mieux à faire que d’aller embêter une future légiste inoffensive ? Elle se demandait comment ils s’y prenaient, pour inoculer leur cochonnerie aux chasseurs, et surtout, comment ils pouvaient savoir qui était hunter et qui étaient en cheville avec eux. S’ils commençaient à lister tous les pro hunters et à leur chercher des noises, ça allait finir en guerre des tranchées cette histoire, sérieusement. Il y aurait des dégâts, des morts. Des dommages collatéraux. Elle n’était pas bien enthousiaste à cette idée pour tout dire, et elle espérait bien que la situation s’améliorerait vite, et sans heurt. Enfin, pas dans son camp en tout cas. Refermant le flacon, elle attrapa le téléphone pour décrocher, le calant entre son oreille et son épaule tout en agitant ses petits orteils peinturlurés :
- Oui Âllô Roman ?
Elle était contente qu’il l’appelle, enfin. Sauf qu’il n’y avait personne de l’autre bout du fil, comme dise les vieilles personnes.
- Allo ? Allo Roman ? ça va ? Qu’est ce qui se passe ?
Elle n’entendait qu’une respiration ténue, qui l’inquiéta : était il en danger ? en train de mourir ? Non, non Roman ne pouvait pas mourir, il était bien trop dégourdi pour ça. C’était elle qui manquait de crever constamment, pas lui. Elle soupira de soulagement en entendant sa voix résonner dans son oreille, avant d’imprimer ce qu’il venait de lui dire : un truc qui déconne, ça pouvait être tout et n’importe quoi, de l’anecdotique au vital. Mais si il lui demandait de venir, tout de suite, c’était surement urgent.
- Ok. J’arrive.
Elle raccrocha et attrapa sa veste, ses clés et ses chaussures. Elle n’avait surement pas besoin de plus pour aller chez Roman de toute façon, il n’habitait pas très très loin de son propre appartement. En dix minutes, elle fut sur le pas de sa porte, vérifiant qu’elle était bien apprêtée, songeant soudain que Roman ne la reconnaitrait peut être pas, avec sa nouvelle coupe de cheveux et tout. Elle les ramena sur un coté de son cou, en attendant qu’il lui ouvre. Elle espérait de tout cœur qu’il allait bien, et que ce qui clochait n’était pas grave, ou mieux, un prétexte pour la voir, après tant de temps sans prendre de nouvelles. C’est que ça lui manquait, leurs chasses ensemble, et la dernière s’était tellement mal passée que … elle avait vraiment peur qu’il l’abandonne, qu’il ne veuille plus jamais chasser avec elle. De toute la vie. Ce serait vraiment la fin du monde pour la petite mutante …
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Mar 23 Fév 2016 - 0:26
La voix de Charlie résonne dans ta tête. Ok, j'arrive. Juste deux mots qui ne devraient pas t'affecter autant. Pourtant, d'un coup, tu te sens moins seul. Elle est pas encore là sauf que tu sais que bientôt tu seras plus seulement en tête à tête avec toi-même et ça te comble d'un sentiment nouveau... Du- Du soulagement peut-être ? Tu te mets à tousser, alors que tes pas te font tourner en rond dans ta minuscule cuisine. Tu te sens tel un lion en cage. Tu peux pas sortir, tu peux pas voir du monde, tu peux pas cogner, ni rendre les coups, t'as plus d'autre choix que d'accuser les violents que le Norvégien t'as donné et qui t'ont valu un séjour à l'hôpital. Séjour dont t'es pas revenu indemne. Tu observes ta main gauche qui tremble du coin de l'oeil. T'aimerais pouvoir réussir à la faire s'arrêter, pour ne pas qu'on pense que tu commences à devenir un de ces nerveux qui sont angoissés à la moindre nouvelle aventure qui émerge dans leur vie, sauf que t'en es incapable. Un peu plus haut, il y a toujours le bandage. Tu l'as changé ce matin, parce que t'as refusé que l'hôpital t'envoie une pauvre infirmière pour t'aider à le faire, et t'attends avec impatience le jour où ta peau retrouvera un aspect normal. Parce que t'es normal. T'es banal, t'es qu'un simple être humain, un homme doué d'une empathie si grande qu'elle n'est pas comprise par tous. T'es un gars dévoué qui se retrouve affublé de la marque presque indélébile de plusieurs dégénérés à la fois – Johan dans le dos, sur le visage, ton cou, tes bras, Evelyn sur ton avant-bras plus que sur tes traits fatigués, Charlie ici et là, même s'il s'agit de blessures plus anciennes. Tu comptes que les rencontres les plus marquantes parce que si tu te mets à songer à toutes les autres, t'as pas fini. Et tu vas t'énerver. Tu vas t'agacer de pas avoir pris l'initiative de leur tirer une balle en pleine tronche dès la première fois qu'ils se sont mis sur ta route. Les médecins t'ont sermonné à ce sujet. Ne pas s'énerver, se mettre en colère, crier ou s'emporter – ton cœur pourrait en pâtir, tout comme ta tête. Le blond t'a fragilisé, mais il n'a pas réussi à t'abattre. C'est ce que t'arrêtes pas de te répéter depuis que t'as ouvert les yeux. C'est pas ta première épreuve dans la vie ; c'est pas ton premier aller-retour à l'hôpital en piteux état ; c'est pas ta première expérience face à un malade. Comme à chaque fois, t'en ressors plus fort, plus alerte aussi. Tu puises de nouvelles forces là où on ne s'y attend pas et c'est ce qui te garantie de rester en vie. Là où le mari fou de rage a frappé près du cœur pour tenter de t'achever, il n'a aidé qu'à te remettre sur pied pour la suite. Une suite que tu espères belle et trépidante. Du bruit se fait entendre derrière la porte d'entrée. Malgré le petit pas léger de Charlie, t'as à même de la repérer parce que t'as le privilège de pouvoir prétendre la connaître par cœur – tu l'as façonné à ton image, y'a rien de nouveau là-dedans. Tu mets une ou deux secondes à réactiver toutes les parties de ton corps pour le mouver jusqu'au hall d'entrée. A chaque pas, une petite grimace envahit ton visage. Même si tu l'espérais, tu pourrais pas cacher quoi que ce soit à la petite blonde. Bien que tu claironnes le contraire depuis que tu l'as retrouvée, tu sais que si toi t'es capable de deviner certaines choses à l'intérieur de sa tête, ou de précéder ses réactions, elle, elle sait aussi le faire. Ton séjour à l'hôpital est peut-être même déjà arrivé à ses oreilles. Du coup t'es sûr de pas trop l'effrayer alors que la porte s'ouvre sur elle, patientant sur le perron, et sur toi de son point de vue à elle, grand bonhomme au visage malmené et au corps maltraité que tu es désormais. Ton regard balaye son être brièvement, avant que tu ne te décales pour la laisser passer à tes côtés. « Rentre. » Tu t'appuies plus que de raison contre la poignée de la porte, que tu refermes une fois que Charlie s'est avancée à l'intérieur, parce que tu as déjà épuisé ton quota d'énergie qui te permet de tenir debout. Ton air fatigué se confronte à celui de la mutante, avant que tu ne fixes l'entrée de la cuisine pour te donner un objectif. Tu ne la quittes pas des yeux lorsque tu fais un premier pas dans cette direction. Au passage, tu frôles Charlie, juste un peu, et tu ne sens même pas le contact se faire entre vos deux peaux. Tu sens juste la morsure électrique. Tu perçois la détonation qui s'opère à l'intérieur de ton crâne, son visage, ses lèvres qui bougent, sa tête qui penche sur le côté, de façon aussi lointaine que proche. La seconde suivante, tu te recules dans un geste brusque. Un faible « Чёрт » s'évade de tes lèvres. Comme dans un sursaut, un réveil brutal et révélateur. Ton regard légèrement furibond – autant que tes maigres forces te le permettent – se plante dans celui de la mutante, avant qu'il ne dérive au niveau de ta main. Tu la relèves au milieu de ton champ de vision. Une fois qu'elle se trouve à quelques centimètres de ta tête, tu la tournes et la retournes, observateur, pour tenter de comprendre pourquoi est-ce que cette sensation qui te gâche la vie depuis que t'es revenu a pris soudain plus d'ampleur alors que t'as à peine approché Charlie. Comme si cette dernière s'était transmise grâce à ta main, avant de parcourir tout ton corps, de la tête aux pieds. Avec cet air ailleurs qui est tien depuis ton retour chez toi, tu parcours les derniers mètres qui te séparent de la cuisine. Les choses auraient été plus simples, confortables, dans le salon, mais ça t'a même pas effleuré l'esprit. Le truc c'est que t'es bien que sur l'une de ces chaises froides et rigides parce que tu t'imagines que t'écrouler sur le canapé te privera de toute envie de te relever ensuite ; résultat tu te feras plus de mal que de bien quand tu voudras te remettre sur pied. T'attends que Charlie prenne place face à toi. La dernière fois que vous vous êtes tous les deux retrouvés dans cette pièce, seuls, vos places étaient inversées, et tu lui rappelais ô combien générer la moindre déception chez toi équivalait à se souvenir de son erreur à vie. « Tu bosses plus ? », que tu souffles d'un air absent, alors que ta main gauche tremble encore, une fois déposée sur la table entre vous. Cette fois-ci, ce n'est pas que du mal infligé par Evelyn mais bel et bien à cause de ce frisson douloureux qui a parcouru ton échine. Et à cause de ces images, de ces impressions étranges, qui t'obligent à décortiquer la moindre de tes pensées avec une minutie qui t'épuise de l'intérieur. T'as remarqué que ses cheveux n'ont plus la même couleur. Ils sont redevenus plus communs, moins originaux, plus ternes et moins clinquants que lorsqu'elle reste fidèle à ce qu'elle est. Même si tu détestes cette part d'elle autant que tu la chéries.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Mer 24 Fév 2016 - 0:00
What happened to your face ?
|►
Le visage de la petite mutante s’assombrit à la seconde même où Roman entrouvrit la porte, découvrant son corps en miette, ses plaies, ses bandages, ses blessures. Il avait l’air en piteux état, et c’était un sacré euphémisme. Il avait l’air d’une de ces figurines de super héros qu’on a laissé sans surveillance dans le jardin, et que le chien a confondu avec un os à ronger. Elle tiqua un peu, le détaillant des pieds à la tête sans aucune discrétion, avant de passer le pas de la porte en se déchaussant : il pleuvait dehors, elle ne voulait pas ramener de la boue sur le parquet impeccable. Les lieux n’avaient pas changé, mais Roman… Elle le sentait presque distant. Ailleurs. Peut être qu’il lui en voulait encore, finalement ? Ou alors il devait être vraiment, vraiment fatigué, alors qu’elle le suivait sans un mot, ce mentor au pas trainant, terriblement lent, qu’elle ne lui connaissait pas. Il ne l’avait même pas touché, pas une main sur l’épaule, sur la joue, rien, c’était décevant. Enfin si, elle a vaguement senti sa main effleurer sa manche de chemise, mais elle était à peu près sure que le contact n’avait pas été volontaire : il avait sursauté, comme si elle lui avait donné le jus sans le faire exprès, jurant entre ses dents avant de lui tourner le dos, les poings serrés, le visage tout autant. Elle avait baissé les épaules comme un chiot aurait baissé les oreilles, confuse, un peu honteuse sans trop savoir pourquoi : elle sentait simplement que quelque chose clochait. Ça chauffait sous le petit crâne de la jeune femme, qui ne comprenait pas le but de sa venue, ni pourquoi il tanguait jusqu’à la cuisine alors que le canapé se tenait là, à quelques mètres. Elle ne dit rien, plus inquiète qu’autre chose, alors que Roman tirait l’une des chaises en la faisant racler sur le sol, avant de s’effondrer dessus. Elle s’assit a son tout, avec précaution, le dévisageant toujours avec son air un peu surpris et curieux, presque enfantin. Elle attendait : une parole, une explication, une engueulade, n’importe quoi qui pourrait sortir de la bouche du grand russe et qui l’éclairerait un peu sur cette entrevue étrange. Finalement, il lui fait une remarque, banale, sur ses cheveux. Enfin, non, pas vraiment sur ses cheveux directement, mais c’était plutôt implicite dans le commentaire, et instinctivement elle se mit à jouer avec l’une de ses mèches d’un joli blond cendré, bien plus doux que son blond platine. Elle avait une explication, bien sur, mais elle attendit bien dix secondes, au cas ou il veuille rajouter quelque chose d’autre, avant de répondre, les yeux toujours rivés sur la mèche entre ses doigts :
- Je travaille toujours. Je suis allée chasser plusieurs fois depuis ma sortie de l’hopital, seulement, les médecins m’ont dit d’y aller mollo avec mon don, le temps que ma peau cicatrise, et que je retrouve une, euh … radioactivité normale. Du coup j’ai fait ça façon old school, à l’arme à feu. Du coup … J’ai repris mes cheveux d’avant, enfin ils ont retrouvé leur couleur naturellement, mèche par mèche, depuis le mois dernier. Et puis, bah… voilà.
Elle ne voyait pas trop quoi dire d’autre. Oui elle avait mis le ola sur l’utilisation continuelle de son pouvoir, le temps de se refaire une santé, non elle n’avait pas arrêté de chasser, juste parce qu’il était pas là pour le lui dire. Elle n’avait pas douze ans non plus, elle était capable d’un peu d’autonomie quand même, surtout que la situation à Radcliff n’avait pas changé, qu’il soit là ou non : ça grouillait de mutants, il fallait nettoyer ça. Bon, elle s’était peut être accordée un peu plus de bon temps que d’ordinaire, avec ses brunch avec Ava, ses soirées cinés avec Ivo, mais en dehors de ça, elle s’était montrée irréprochables, comme toujours, promis, juré … Elle lacha sa mèche de cheveux pour poser les coudes sur la table, rapprochant un peu plus la tête de lui : il était vraiment tout cassé, c’était dingue … On aurait dit qu’un troupeau de gnous mutants l’avaient piétiné, façon roi lion … Elle pinça les lèvres, avant de reprendre d’une voix plus neutre :
- Je dois aller tuer quelqu’un pour tout « Ca» ? * elle le désigna d’un geste ample de la tête* Ou alors le quelqu’un a reçu le coup de grâce juste après avoir tout donné ? Je veux pas te vexer mais … C’est quand même pas très très joli…
Ça n’avait pas été dit méchamment, il y avait presque de la douceur même dans la voix de Charlie, malgré la promesse d’assassinat. Si un mutant était en effet le fautif de tant de blessures, elle se ferait un plaisir de l’atomiser, et qu’on ne retrouve pas ne serait ce qu’un seul orteil restant. On ne s’attaquait pas ainsi à Roman sans craindre les représailles terrible de sa petite créature …
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Sam 5 Mar 2016 - 20:31
T’as le regard un peu dans le vague. Ton souffle est court, et tu ne peux faire qu'une seule chose : la regarder. Tu observes Charlie coincer une mèche de cheveux entre ses doigts fins, la triturer dans un bref silence, tout sauf gênant entre eux, avant qu'elle ne prenne la parole. Au fur et à mesure que les mots passent ses lèvres, tu prends conscience que vous ne vous êtes pas vus depuis longtemps. Est-ce qu'elle te trouve changé ? Est-ce que tu la trouves changée ? Oui. Enfin tu as cette sensation qui te tord le ventre et qui te fait penser que tu dénotes un ou deux détails inédits chez elle – à commencer par sa couleur de cheveux. Peut-être est-ce le séjour à l'hôpital qu'elle vient d'évoquer qui te donne cette impression... Tu n'as pas besoin de lui demander pourquoi elle est allée là-bas, elle aussi, pourquoi elle a été contrainte de rester coincée entre les quatre murs étouffants d'une chambre aseptisée : c'est grâce (ou à cause de, chacun son point de vue sur la question) à toi. Lorsque tu as mis la main sur elle, une fois que ton trafic a éclaté en mille morceaux et que tu as décidé de retrouver les mutants qui pourraient te servir, tu savais que Charlie avait de grandes capacités. Parfois incontrôlables, certes, mais que tu as appris à apprivoiser au même moment où tu l'aidais à le faire pour elle-même. Du coup, tu sais ce dont elle est capable. Tu as conscience de la force, de la violence, qui peut se dégager d'un accès d'énergie au bout de ses doigts, lorsque ses mains commencent à virer de couleur, tu en as même fait les frais, autrefois. Seulement, aujourd'hui, elle se trouve en face de toi. Elle est là, son regard scrutant ta peau marquée par l'autre mutante, et tu ne lui en veux presque plus pour la dernière fois. Tu n'as pas oublié, non, parce que tu oublies peu de choses dans ta vie – les visages, les noms, les attaques menées à ton encontre, tu ne peux pas les omettre, les faire disparaître de ta mémoire – mais tu acceptes de passer un contrat tacite avec toi-même pour lui accorder un semi-pardon. C'est tout ce dont tu as eu besoin pour l'appeler elle et pas quelqu'un d'autre. Qui aurais-tu appelé, d'ailleurs ? Scarlett ? Elle te connaît à peine, tu n'as pas envie de lui faire peur dès à présent. Charlie est ta seule alliée dans ce monde rempli de dégénérés alors, quand tu t'es saisi de ton portable, t'avais qu'elle en tête. Charlie, ta mutante, Charlie, ton bras droit, Charlie, qui peut tout te pardonner en retour. Lorsqu'elle reprend la parole pour évoquer tes vilaines blessures, tu sembles sortir d'une certaine torpeur. Tu es si faible que ta concentration t'échappe dès que tu n'y fais pas attention. Inutile de baisser le regard sur tes bras amochés, ni d'essayer d'apercevoir cette blessure au niveau du cœur, car masquée par le tissu de ton t-shirt noir. Idem pour les bleus sur ton visage, les cicatrices toutes récentes qui se sont ajoutées à ta chouette collection. Tu es confronté à ton reflet dégueulasse et marqué par les attaques du grand blond et de sa stupide femme, depuis que tu t'es réveillé à l'hôpital, pas besoin d'en rajouter une couche. « Tu ne me vexes pas. » Grande première. Les souvenirs de ta rencontre avec l'inconnu dans la rue, de nuit, te reviennent : tu entends à nouveau les os qui craquent sous les assauts, les mots dans cette langue que tu ne connais que trop bien, cette soif sauvage de vengeance qu'il ne tournait que vers toi à chaque fois qu'il se relevait de tes répliques, aussi brutales avaient-elles pu être. T'as la bouche sèche rien qu'à l'idée de revivre l'instant au creux de ta mémoire. Tu as envie de comprendre – parce qu'il y a des choses qui t'échappent. Tu saisis pas comment c'est possible qu'il soit encore en vie, tu piges pas pourquoi c'est lui qui s'est relevé du sol et pas toi. Ces interrogations te bouffent de l'intérieur comme les douleurs te rongent à présent, depuis le lit d'hôpital jusqu'ici, dans chaque geste du quotidien, comme pour t'empêcher d'oublier ce qui s'est passé ce soir-là. « Il n'a pas reçu le coup de grâce. J'ai manqué le recevoir. » Ta voix est trop paisible pour avoir l'air normale. Tu murmures presque – peut-être par peur de te blesser de l'intérieur si tu t'emportes de trop. Le calme ne te va tellement pas au teint ; ça te rend stoïque, ça te ralenti même, te donne un air de paumé et de dépressif qui, en temps normal, t'aurait donné envie de te buter toi-même pour arrêter de t'infliger une telle vision dans le miroir. Sauf que tu essayes de faire bonne figure, histoire que Charlie ne « s'inquiète » pas. Tu sais d'avance que ta démarche pour venir jusqu'à la cuisine a dû lui paraître suspecte, moins vivante ou meneuse qu'à l'accoutumée, alors tu tentes de préserver les derniers brins de dignité qui te restent. « Une énième personne n'a pas supporté que je fasse mon travail, et voilà le résultat... Je n'ai que le prénom de sa femme : Evelyn. Une mutante », que tu craches de ta voix faible, en demi-teinte. Tu puises dans tes dernières ressources pour ne pas sembler encore aux prises de cette faiblesse constante qui t’épuise plus qu'autre chose. « Elle était dehors après le couvre-feu. Qui fait ça ? » Tu ricanes. Tu te ris de la stupidité encore affligeante, même avec du recul, de cette dégénérée et de son petit appareil photo. Ton regard gris se balade sur les traits de Charlie, à la recherche d'un point d’ancrage que tu trouves dans ses yeux à elle, pour ne pas avoir envie de te laisser retomber sur le dossier de ta chaise. Tu sais que tu dois devenir de plus en plus pâle au fur et à mesure que les secondes s'écoulent, mais tu tiens bon. T'as pas fini ton histoire, et tu veux pas être le seul à en « rire ». « Son... Son compagnon, je suppose, n'est pas comme elle. Il aurait utilisé sa mutation contre moi si ça avait été le cas, quelle qu'elle soit. Mais non. Il s'est contenté de... cogner. » Tu souffles le dernier mot. Chacun des coups qu'il t'a donné reste gravé à même ton épiderme. Ils se sont enfoncés dans tes os, ont brusqué tes muscles, ont confronté tes organes, le tout dans une violence égale à la tienne. Tu t'en souviens comme si c'était hier, alors que ça fait maintenant plus de trois semaines, bientôt un mois entier. « J'ai cogné en retour, mais nous savons tous les deux à quel point que ce genre de вредители, c'est tenace. » Un sourire triste barre ton visage. Au final, tu ne sais pas toi-même si c'en est un. T'as pas encore toutes les terminaisons nerveuses qui sont de nouveau fonctionnelles, alors il y a une partie de ton visage qui t'informe pas de ce qu'il décide de faire ou non. Sans doute donnes-tu juste le sentiment d'être au bord de la dépression, oscillant entre un état second et une envie d'ailleurs. « Pareil pour le Calédonien. Il est venu me voir à l'hôpital et- et il... » Tes mots se perdent dans l'instant. Tu fronces les sourcils, penches un peu la tête sur le côté, comme si Charlie allait être en mesure de te donner la réponse. Tu comprends toujours pas ce qu'il t'a fait, alors tu peux pas lui dire – tu sais pas comment.
Spoiler:
вредители = pourriture.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Mer 9 Mar 2016 - 21:47
What happened to your face ?
|►
Charlie s’en veut. De quoi ? elle ne sait pas trop : de ne pas avoir deviné que ce silence de Roman avait été trop long pour être normal, de ne pas avoir été là pour veiller sur lui à l’hopital, de ne pas avoir été là lorsqu’il s’était fait agressé ce soir là par un espèce de taré … ah ça, si elle avait été là, ça n’aurait pas été la même, elle en était certaine. Enfin, elle ne pouvait pas revenir en arrière, la seule chose qu’elle pouvait faire, c’est être présente pour lui, maintenant. Elle s’avance un peu par-dessus la table de la salle à manger pour prendre les mains de Roman dans les siennes, un geste qui paraissait toujours un peu ridicule tant les siennes semblaient minuscules par rapport à ses grandes paluches râpeuses. Elle le laissait ricaner et murmurer, s’égarer et digresser un peu, avant de reprendre doucement à sa suite :
- Il me suffit d’un mot Roman, un mot de ta part et tu sais que j’irais les chercher, jusqu’au fin fond des enfers s’il le faut. C’était quand même pas Ta faute si elle était dehors pendant le couvre feu, tu as pas fait Exprès de ne pas la laisser rentrer chez elle à l’heure … Elle méritait donc ce que tu lui as fait, et peut être même plus.
Elle n’arrivait même pas à envisager que quelqu’un puisse s’en prendre volontairement à Roman, comme ça, sans le connaitre. Elle pouvait comprendre que certains mutants d’une autre époque de la vie du russe puissent avoir la dent dure, mais des gens de Radcliff ? ça n’avait proprement aucun sens, il ne faisait que son travail. Est-ce qu’on tuait les policiers parce qu’ils avaient incarcéré un membre de votre famille en infraction ? non. Ben là, c’était pareil. Les gens étaient décidément plein de contradictions, ils chougnaient sur les méthodes musclées de certains chasseurs et en battaient d’autres comme du platre. C’était du grand n’importe quoi. La petite blonde sourit à Roman avec tendresse, alors que ses pouces caressent la peau bien endommagée de ses mains : il fallait bien que quelqu’un le réconforte, pauvre Roman, lui qui faisait tant pour tout le monde sans rien demander au retour, ça la chagrinait qu’il n’ait personne sur qui se reposer, et se sentait à nouveau coupable de ne pas avoir pris de ses nouvelles plus tôt.
- On les retrouvera. On les retrouvera et on leur fera la peau. Tenace ou pas, quand tu as un trou gros comme une boite de conserve dans la poitrine, tu crèves, point barre.
Ajouta t’elle comme si elle lui avait promis d’aller au cinéma samedi ou au supermarché. Parce que tuer pour Roman, c’était encore ce qu’elle savait faire de mieux, ce qui lui semblait être le plus … Normal ? C’était sa normalité, et elle ne tolérait pas que l’on puisse blesser Griske comme ça, jusqu’à l’envoyer à l’hôpital. C’était aller plus loin que la petite bastonnade, il n’était pas passé loin de l’exécution, et l’idée paniquait Charlie rien que d’y penser. Comment ferait elle, si Roman venait à passer l’arme à gauche ? Non, vraiment, elle ne voulait pas l’envisager, c’était tout simplement impossible. Il était fait dans un autre bois que tous ces chasseurs qui mourraient en ce moment, il était plus expérimenté, plus sage, plus intelligent. Il y avait aucune chance qu’il tombe dans un piège ou un traquenard et ne s’en sorte pas. Il s’en sortait toujours, et c’est en se le répétant plusieurs fois mentalement que Charlie réussit à calmer son cœur qui venait de s’emballer pour pas grand-chose.
- Seth ? Qu’est ce qu’il te voulait ?
Elle avait appris d’Ivory que le calédonien avait totalement pété un boulon à cause d’une récente vaccination. Que la folie soit l’effet secondaire de Seth, ça ne l’avait étonné qu’à moitié, en revanche elle avait pris grand soin de ne pas le croiser pendant cette période d’errance : non seulement parce qu’il était probablement super dangereux, mais en plus elle ne voulait pas le confronter à ce qui s’était passé ce soir là, dans sa planque, où elle avait failli mourir. Ou ils avaient tous failli mourir. Charlie fronça les sourcils, ouvertement contrarié :
- Il a essayé de te faire du mal ? Du chantage ? Il t’a menacé ? Il faut me le dire Roman, tu es pas obligé de me préserver, je peux tout entendre !
Absolument tout, et elle ne jugerait pas. Elle serra un peu plus ses mains dans les siennes, comme si ça pouvait leur donner du courage. Elle était là maintenant, et comme depuis toujours, elle ne le lacherait pas, jamais. Ils étaient soudés et unis dans l’épreuve, et peu importait ce que Seth avait pu lui faire, elle trouverait une solution à tout ça. Parole de Charlie.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Ven 18 Mar 2016 - 16:18
Charlie est devant l'hôpital. Tu remarques la grande enseigne derrière. Il n'y a personne autour d'elle, elle est seule au milieu de ce qui semble être le parking. Tu n'arrives pas à savoir si elle sourit, si elle pleure, si elle suffoque ou s'inquiète, elle reste à la fois stoïque et perturbée. Tu l'entends crier. C'est elle qui hurle comme ça, mais tu ne vois pas ses lèvres bouger au rythme du son strident. Tu reconnais sa voix. Tu te demandes si elle souffre. Elle s'approche soudain. En un pas, elle est juste devant toi, à quelques millimètres. Vos visages se frôlent presque. Et tu entends encore ce cri. L'instant suivant, elle est devant toi. Tu fronces les sourcils, une demi-seconde, et tu déposes le regard sur vos mains jointes. Ça a recommencé. Lorsque tu as parlé de ce qu'a fait Seth, tu as eu cet espèce de flash lumineux dans le regard, celui que toi seul semble capable de voir, et tu as perdu toute trace de la Charlie vivante devant toi pour te perdre dans un ailleurs qui... qui n'est pas réel. Tu réalises après une nouvelle seconde hors du temps que tu as eu un mouvement de recul en revenant à toi. Tes prunelles dérivent des mains de la mutante sur les tiennes à son visage préoccupé. « Il m'a menacé... », que tu souffles dans un murmure. Comme si on pouvait t'entendre. Tu ne sens pas la paranoïa s'installer depuis quelques temps, pourtant elle est bel et bien là : on te veut du mal. Tu ne sais pas ce que le mutant dans foutu dans les veines, mais ça fonctionne. Tu n'arrives plus à sortir de chez toi, tu entends des choses, tu vois des choses – des moments qui ne sont pas arrivés, qui n'arriveront même jamais parce qu'ils ne sont pas réels. Tout te paraît si flou depuis ta sortie de l'hôpital. Même tes paroles sont incompréhensibles – tu te sens comme coupé du monde, coupé de tout le reste, coupé de celui que tu étais avant de te faire massacrer sur ce trottoir par l'autre malade. Sauf que tu ne comprends pas ce qui se passe – et plus tu ne comprends pas, plus tu t'enfonces dans cette spirale étrange et infernale de la crainte de ton propre environnement. « Et-et je crois qu'il a mis sa menace à exécution. » Tu continues à murmurer. Doucement, tu fais glisser tes mains hors de celles de Charlie. Tu la fixes encore, comme si tu allais trouver la moindre petite réponse dans son regard rivé dans le tien, alors que tu remontes la manche courte de ton t-shirt. Tu as besoin de porter des choses larges depuis que tu es revenu. Le moindre tissu trop serré, trop chaud, te donne le sentiment d'étouffer. Et tu ne le supportes pas. Détachant enfin ton attention de la mutante, tu jettes un coup d'oeil à la marque de la piqûre qui décore le haut de ton bras, presque au niveau de ton épaule. Tu n'es pas sûr que la menace du Calédonien soit celle-ci. Peut-être qu'il y en aura une autre. Tu te souviens juste t'être débattu pour le tenir à distance avant de sentir la morsure de l'aiguille à même ta peau. Tu te souviens des battements de ton cœur puis tu... tu te rappelles avoir douté. Et tu doutes encore. Tu n'es pas certain que le mutant soit véritablement venu dans ta chambre d'hôpital pour faire ça, peut-être n'était-ce qu'une hallucination, à cause d'un mauvais coup porté à la tête à cause du blond qui t'a envoyé à l'hôpital à moitié mort... Puis il y a ces moments où tu es certain qu'il était là. Qu'il est même encore là. Qu'il va surgir d'un endroit sombre et que ce cauchemar que tu vis depuis que tu es sorti de ta chambre d'hôpital pour revenir jusqu'à chez toi va recommencer pour ne plus jamais s'arrêter. « Je-je sais pas ce que c'est mais depuis j'ai l'impression d'avoir des sortes de- de flash dans la tête. Je vois des images, des endroits, je vois des personnes aussi, mais c'est décousu, j'arrive pas à comprendre ce que ça signifie. » Tu gardes ta manche relevée, et tu recommences à avoir le regard dans le vide. Tu observes devant toi sans véritablement le faire parce que tu sens que t'as épuisé toutes tes forces à vouloir comprendre ce qui se passe. Ce salaud a rien voulu dire. Il a planté son aiguille et il est parti, te laissant seul face à une sentence que tu n'as jamais mérité de vivre. « Il m'a rendu fou... », que tu assènes d'un ton neutre. Une voix qui ne te ressemble pas. Tu viens redéposer tes mains sur la table devant toi lentement, avant de secouer la tête. Tu fixes un point dans le vide, de travers, sur le bas du mur de la cuisine plus loin, et tu te fiches désormais de parler trop fort ou non. Tant pis si on t'entend, tant pis si ils te repèrent, tu ne supportes pas de ne pas savoir ce qui se passe. C'est pour ça que tu as appelé Charlie, c'est pour ça qu'elle est là, pour t'aider, pour te dire quoi faire pour une fois puisque tu ne sembles plus être maître de la situation. Tu veux qu'elle arrête tout ça, tu veux qu'elle parvienne à te repérer, à soigner le truc qui cloche là-haut... « Quand tu as touché mes mains, je t'ai vu devant l'hôpital... Mais ça ne veut rien dire... » Tu as beau chercher la signification de ton espèce de vision, tu n'as pas plus d'indices qu'au départ. Tu peux rien expliquer ou exprimer de plus, parce que tu n'as aucune carte entre les mains. Et plus cette situation s'ancre, se consolide, plus ta colère rumine au plus profond de ton être – à présent, tu n'as plus qu'à attendre le jour où elle pourra enfin se libérer pour le faire payer.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Sam 19 Mar 2016 - 20:45
What happened to your face ?
|►
Elle vit le regard de Roman se perdre dans le sien, et elle trouvait ca très bizarre. Roman la regardait toujours dans les yeux, c’était comme ça, il y avait toujours ce rapport frontale entre eux, qui leur permettait d’être constamment et totalement honnêtes l’un envers l’autre. Là, c’était un peu comme s’il la fixait sans la voir vraiment : il y avait un espèce de voile devant ses paupières, comme lorsqu’on fixe les yeux de quelqu’un d’inconscient ou de mort. Elle tiqua un peu, retirant une main pour la passer devant les yeux du Russe :
- … Roman ? Youhou, Roman ?
La réaction se fit attendre une, deux, trois bonnes secondes avant qu’il ne semble revenir à lui, baissant les yeux sur leurs doigts entrelacés. Il avait eu un sursaut qui avait manqué de faire bondir la jeune femme, si elle n’avait pas été si longtemps entrainée à ne pas bouger d’une oreille devant ce genre de comportement. Qu’est ce qu’il lui était arrivé ? Charlie songea à un syndrôme post traumatique, qui pourrait expliquer ses droles d’absences : ça aurait été étonnant puisque c’était Roman, mais ça aurait été logique aussi, vu tout ce que ce type lui avait fait subir, et Seth … Pourquoi était il allait le voir à l’hopital, alors qu’il était en rémission et … Le fil de la pensée de la petite blonde se coupa instantanément en voyant Roman la quitter des yeux, et remonter lentement la manche de son tshirt pour découvrir une petite cicatrice sur le haut de son biceps. Charlie retint sa respiration, alors que le peu de couleur sur son visage de poupée disparaissait totalement. Ça. Ça, elle savait ce que c’était. Ça, elle l’avait déjà vu, ailleurs, sur quelqu’un d’autre.
- Oh, seigneur …
Ava. Elle avait déjà vu ça sur Ava. La gentille, douce, adorable jeune thanatho de l’hopital, qu’elle aimait beaucoup. Ça ne datait pas d’il y a longtemps, quelques semaines tout au plus, ce jeudi matin où elle avait retrouvé son amie dans un des tiroirs de la morgue. Elle n’était pas morte, mais dans son esprit, c’était tout comme : Elle avait expliqué à Charlie s’être faite piquée par un mutant, un truc bizarre, et que le lendemain, elle était en capacité de se téléporter. Les mutants donnaient des pouvoirs aux chasseurs, pour les pousser à les comprendre, ou alors à s’éliminer entre eux, à sa grande horreur. Elle tacha de reconnecter avec le discours de Roman, qui lui parlait de … Flashs. Dans sa tête. C’était donc ça, l’air absent, le silence radio interminable. Ok. Elle ne put s’empêcher de songer qu’à défaut, ce n’était pas si grave, comme pouvoir. Il aurait pu se retrouver en plein combustion spontanée dans son lit, ou avec des tentacules à la place des doigts. Bref. Des visions, donc, mais des visions de quoi ? Du passé ? du présent ? de L’avenir ? Parce que la voir à l’hopital, la belle affaire … Elle y allait au moins une fois par semaine voir Ava, et plus encore quand elle devait ramené des corps à la morgue. Elle soupira, posant sa joue sur son petit poing :
- Si ça peut te rassurer, Roman, il t’a pas rendu fou. T’as toujours les yeux en face des trous. C’est juste que …
Elle se mordit les lèvres : comment lui dire ? Après tout, elle ne savait pas grand-chose de toute cette histoire, elle n’avait pas tant de réponses que ça à offrir aux millions de questions que cette révélation risquait de provoquer. Mais bon, elle préférait ça à la détresse qu’elle voyait, enfin, qu’elle sentait en Roman :
- J’ai … j’ai déjà vu ça, chez d’autres hunters. Des apparitions brutales de pouvoir, alors qu’ils avaient été testés négatifs un milliard de fois. Tu as pas pu entendre les rumeurs, si tu étais à l’hopital, mais … ya des mutants qui ont créé un sérum bizarre, qu’ils inoculent à des humains, et ça leur provoque l’apparition d’un don … ya déjà des chercheurs sur le coup, mais on sait pas encore si c’est comme un virus, ou si c’est plus … Permanent.
Ava penchait pour le coté temporaire des effets, et Charlie ne pouvait que l’espérer. Elle sourit presque timidement à Roman, le fixant d’un air le plus encourageant possible : ce n’était pas grave, il n’était pas fou, c’est sur, et il allait s’en sortir. Et puis, elle était là, elle, et elle serait toujours là pour lui, même dans les pires moments de doutes et de perdition. C’était fait pour ça, une Charlie.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Ven 25 Mar 2016 - 17:28
Le petit air peiné – est-ce d'ailleurs de la peine que tu remarques ? du soulagement ? - de Charlie te fait froncer les sourcils. L'explication qu'elle vient de te donner met un moment à monter jusqu'à ton cerveau. Elle a déjà vu ça. Sur d'autres chasseurs. Alors il n'est pas le seul à qui Seth s'en est pris ? Mais à quoi peut bien penser cet idiot en faisant ça ? Ses paroles repassent au moins trois fois dans ton esprit avant que tu ne penses vraiment les comprendre. Il n'y a pas que Seth. Ce sont plus de mutants qu'un seul qui sèment le trouble dans la vie de personnes comme toi – des bonnes personnes. Quelque chose te fiche un coup dans le coeur et toute ta réflexion constante, au sujet des dégénérés qui peuplent cette planète, celle qui t'embrume le cerveau à longueur de temps pour que jamais tu ne perdes de vue tes objectifs ou idées, elle se remet en marche brusquement. C'est de la peur. De la peur et de l'angoisse, les deux, qui te traversent les veines à une vitesse folle et qui paralysent encore pour quelques secondes tes réactions. Des apparitions brutales de pouvoir... Ton poing droit se resserre sur lui-même alors que tu continues de fixer Charlie en face de toi. «* Ils ont créé quoi ? *» C'est le russe qui passe tes lèvres en premier. Un mécanisme d'auto-défense, une façon de reconnecter avec cette réalité qui te dépasse. Ce n'est pas articulé de façon nerveuse, mais on sent à l'utilisation de ce dialecte qui t'est si familier que ça ne va pas tarder. Même si tu es encore trop faible pour pouvoir laisser la moindre colère s'exprimer librement, tu ressens la fureur parcourir ton organisme avant de venir annihiler ton esprit pour l'empêcher de penser à autre chose. Ta question ne veut pas dire que tu n'as pas saisi l'énigme qu'a placé ta mutante sous ton nez – au contraire, ça prouve que tu la constates. Tu viens d'assimiler qu'une fois de plus, ils ont réussi à s'en prendre à toi. Et c'est au coeur de moments comme ça que tu sais que toutes les choses que tu as pu faire par le passé pour essayer de détruire ces malades, tous autant qu'ils sont, n'étaient pas vaines. Elles étaient motivées par ce besoin de libérer les innocents de cette emprise que les mutants peuvent avoir sur eux, et dont tu viens sans le vouloir de rejoindre les rangs... « Ces dégénérés sont tous bons à enfermer. Ce sont tous des malades, des fêlés... », que tu poursuis en ne te préoccupant plus de Charlie. Tu as l'impression de sentir le poison couler dans tes veines, soudain. Depuis que la mutante a mis des mots sur ton mal-être, tu le visualises : dérivant de ton épaule jusqu'au bout de tes doigts mal en point, au centre de chaque connexion nerveuse, te façonnant un imaginaire nouveau tout là-haut. « Je peux pas... Je peux pas garder ça dans les veines, dans la tête. C'est dans ma tête Charlotte... » Tu répètes des « non » en plusieurs murmures mauvais. Pour cesser de secouer la tête dans cette léthargie méprisable, tu tentes de freiner le mouvement de tes deux mains déposées avec virulence contre ton visage. Des morceaux de ton épiderme sont plus éveillés que d'autres, et ressentent le toucher de tes paumes et de tes doigts comme une brûlure supplémentaire, en plus de toutes celles que tu as éprouvées à cause du monde extérieur depuis la sortie de l'hôpital, mais tu n'en as rien à faire. « Je peux pas être comme eux, je peux pas être comme vous, je peux pas, mon corps le supportera pas, jamais, je vais crever à cause de... » Du Calédonien. De toutes ces visions étranges, de toutes ces images qui n'ont pas de sens. D'ailleurs, tu ne veux pas leur en donner. Tu as besoin de t'en défaire, au plus vite. Tu ne sais pas combien de temps tu vas pouvoir supporter cette pression constante que cela impose à tes pensées, la plus petite réflexion de ta part. Ça ne peut pas être permanent. C'est impossible. Si ça l'est, tu sais que tu ne t'y feras jamais. Jamais. C'est une malédiction qu'il t'a planté dans la peau, le Calédonien, un produit qui a déclenché une réaction démesurée pour ton organisme mais dont ce dernier va réussir à altérer à présent que tu sais de quoi il en retourne. Tu ne vois pas d'autres cas de figure. Rien d'autre n'est envisageable. « Comment on s'en débarrasse ? », que tu demandes, d'une voix absente, en relevant ton visage vers celui de Charlie. « Y a-t-il un autre moyen ? Un autre truc que d'attendre que les chercheurs trouvent une solution ? » Tu aimerais que ton esprit puisse bouillonner d'idées pour y remédier toi-même, sauf que rien ne te vient. Tu n'aurais jamais pensé que les mutants soient assez stupides pour s'en prendre directement à vous, et en vous offrant par-dessus le marché une mutation. En ce qui te concerne, une énième raison de les haïr et de les maudire. Tu saisis même pas pourquoi une telle initiative... Pour que vous deveniez comme eux pour de bon ? Pour vous faire réfléchir ? Pour le coup, tu dois reconnaître que ça fonctionne : tu vas pour sûr réfléchir à toutes les choses que tu vas mettre en oeuvre pour continuer à leur nuire, encore et encore, mais c'est tout. Tes mâchoires se contractent alors que les phalanges de ton poing droit sont de plus en plus marquées, d'une blancheur affolante, puisque tu n'as que ce moyen pour exulter la rage qui te ravage à cet instant précis. Vivement que tes forces te reviennent. « Je préférerais être encore à moitié crevé sur ce bout de trottoir plutôt qu'ça. » Un aveu que tu fais face à Charlie sans le vouloir. T'as pas envie qu'elle te pense vulnérable – parce si elle le pense, ça veut dire que les autres dégénérés peuvent le penser aussi, et c'est une chose que tu ne pourras tolérer. Elle sait bien qu'à tes yeux, elle est à la fois la personne dont tu ne peux te séparer mais celle que tu n'épargneras pas lorsque tu en auras terminé. Le point final n'est pas prêt de tomber, toutefois et gardes toujours cette idée en tête. Charlie n'est pas irremplaçable, elle est au rang de tous les autres sans l'être vraiment, elle l'est en tout cas tant qu'elle respecte les consignes. Peut-être est-ce pour ça que tu lui laisses voir cette période que tu traverses, difficile et incompréhensible quand on te connaît, peut-être est-ce pour ça que tu as concédé à l'appeler alors que tu lui en voulais encore. Parce que tu ne l'admets pas mais Charlie tu n'es pas prêt de la perdre, ni de la laisser filer. Ça aussi, c'est une possibilité que tu n'envisages pas – et ce depuis le jour où tu l'as retrouvée. « Le Calédonien est qu'un suicidaire. » Vous allez le retrouver, toi et Charlie, vous allez le retrouver et vous allez le saigner. Y'a que de cette façon que tu pourras être certain qu'il ne te nuira plus jamais, ni à personne. Et quand ça arrivera, Charlie pourra pas te décevoir une seconde fois.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Dim 27 Mar 2016 - 16:47
What happened to your face ?
|►
Charlie se retient de rentrer la tête entre ses petites épaules alors que le russe de Roman claque dans ses oreilles comme un fouet : elle a parfois un peu de mal avec certaines intonations. Des mauvais souvenirs remontent à la surface, certains qu’elle préférait largement laisser endormis dans un coin de sa tête. Elle ne lui en veut pas, parce qu’elle sait qu’il fait ça quand il est un peu faché, mais juste faché en général, pas forcément contre elle. Si il était vraiment faché contre elle, elle aurait déjà la joue plaqué contre le métal froid de la table, alors du coup, ça va. Elle reste silencieuse, secouant juste la tête et ses jolis mèches blondes alors que Roman feule, que Roman s’agite, que Roman comprend. Qu’il comprend qu’il s’est fait « avoir » par Seth, qu’il lui a joué un très, très mauvais tour. Charlie ne peut que compatir avec la détresse de son mentor, bien consciente de tout ce que cela pouvait représenter pour lui, la souillure, cette trahison, cette atteinte dégueulasse à son intégrité physique et intérieure. C’est vrai quoi, elle aussi elle trouvait ça vachement tordu, d’injecter des pouvoirs comme ça, de force, à des gens qui avaient rien demandé. Elle ne comprenait même pas le sens de la démarche, qu’est ce qu’ils voulaient transmettre comme message avec ce genre de délire ? Elle n’en avait pas la moindre idée, pour elle ça n’avait pas beaucoup de sens. Elle releva la tête en voyant Roman se prendre le visage dans les mains avec Virulence, lui attrapant les poignets d’autorité pour qu’il ne se griffent pas le visage de frustration : il cicatrisait encore à peine par endroit, ce n’était pas le moment de ruiner le travail admirable des docteurs. Elle frissonna à nouveau en l’entendant l’appeler par son nom, son vrai nom, qui sonnait étrangement avec les R roulés du russe et ce « O » si grave à la fin. Charlotte, elle avait l’impression que c’était son ancien nom, d’une autre vie, quand elle était enfant, alors c’était toujours étrange quand on l’interpelait ainsi. Et puis il y avait ses mots, ses phrases désordonnées et confuses, comme s’il était incapable de se décider sur la direction que devaient prendre ses pensées. Il n’y avait bien qu’elle pour comprendre ce qu’il voulait dire, même sans les mots. A nouveau, Elle serra les mains de Roman, suffisamment fort pour attirer son attention :
- Ca va aller Roman, on va trouver une solution, il y a Forcément une solution …
Elles en avaient parlé avec Ava, ce sérum n’était surement pas stabilisé, ça aurait demandé des mois, des années pour en faire un espèce d’Anté NH25. Et puis, ils se doutaient surement que de nouveaux pouvoirs allaient faire péter des câbles à certains chasseurs, qui s’en serviraient contre d’autres mutants. Rendre ce truc permanent, c’était la porte ouverte à n’importe quoi, c’était sur.
- Ya bien des théories bien sur, mais on est sur de rien … on sait pas comment ça fonctionne, si c’est juste un truc dans le sang, ou si ça modifie temporairement d’autres trucs dans le cerveau ou sur les cellules… Certains pensent qu’il vaudrait peut être le coup de se faire transfuser du sang neuf à grande dose, pour évacuer le sang vicié … d’autres ont fait des lavements intestinaux … D’autres s’en servent, à loisir, pour tuer des mutants, le temps que ça dure… Tout le monde gère comme il peut, en fait…
Elle fronça les sourcils alors qu’il répétait préférer mourir ou agoniser sur un trottoir qu’être un mutant. Déjà, elle ne voulait pas qu’il s’imagine dans une telle posture à nouveau, et ensuite … Audacieuse, elle tira sa chaise à coté de celle de Roman, leurs genoux se touchant presque, et elle prit le visage ravagé de Roman entre ses petites mains chaudes pour mettre son visage pile face du sien :
- Tu n’es PAS un dégénéré Roman, ça va partir, bientôt, j’en suis sure. Tu es toujours aussi pur, et rien ne pourra entacher ta génétique durablement, tu restes toi-même, quoi qu’on puisse essayer de te faire penser, d’accord ?
C’était assez exceptionnel qu’elle ose lui parler comme ça, qu’elle essaye de le persuader avec autant de ferveur, elle qui ne faisait qu’acquiescer à ses dires, la majorité du temps. Seulement, elle ne supportait pas qu’il se déprécie comme ça. Il restait Roman Griske, l’un des meilleurs chasseurs de tous les temps, et ce n’était pas une bête piqûre qui changerait ça. Elle se recula un peu, posant ses mains sur ses genoux sagement, alors qu’une ombre passait sur son visage pâle à la mention de Seth. Seth, Seth, Seth, pourquoi tu avais fais ça ? Comment se faisait il que tu puisses être parfois aussi bête ? Ses poings se refermèrent, alors qu’elle plantait un regard sombre dans celui acéré de son mentor, avant de lui répondre d’un ton atone, glaciale :
- Seth, on va lui faire la peau. Il aura moins de chance que la dernière fois, et si je peux entrainer un ou deux de ses copains tarés dans sa chute, je le ferai.
Parce qu’ils avaient une sorte de pacte, elle et lui, depuis qu’ils s’étaient revus : on ne parle pas de Roman, on ne touche pas à Roman. Tant que le russe n’était pas mis sur le tapis, ils pouvaient être bons amis. Mais au regard de l’état où il avait mis Son Roman… non, elle ne pouvait pas le tolérer. Il avait dépassé les limites, et il en payerait le prix…
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Mer 30 Mar 2016 - 18:45
Les explications de Charlie te donnent froid dans le dos. De façon fictive, tu imagines le poison filtrer par tes veines, remonter le long de ton bras, ton cou, jusqu'à venir engluer tes cellules, ton cerveau, tes neurones, d'une substance si paralysante, une présence si étouffante, que plus jamais ça ne pourra quitter ton organisme. Il n'y a qu'un mot qui te reste en tête : permanent. Les chercheurs n'ont aucune idée de combien de temps ce que t'a injecté le Calédonien dans le bras va durer, rester, faire les pires dégâts à ton corps et ton esprit, alors tu vas devoir vivre avec. Tu t'obliges à prendre une grande bouffée d'air – tu ne sais plus depuis combien de secondes tu n'as pas respiré. Sur tes épaules, le coup du sort continue à peser de plus en plus fort. Lorsque tu apprends que des confrères se servent de leur « mutation » pour tuer des mutants, tu réprimes un rire mauvais. Tes mâchoires se contractent juste brusquement, laissant à peine tes lèvres remonter le long de tes dents. C'est pas possible, ni imaginable. Comment peuvent-ils faire une chose pareille ? User, même à un escient aussi louable que celui de la cause anti-mutant, d'un pouvoir n'est-ce pas regrettable ? Terrible, répugnant ? Tu commences à secouer la tête, alors que Charlie fait le tour de la table pour venir à tes côtés. Toute ton attention se reporte sur elle, lorsque ses mains entrent en contact avec la peau de ton visage, que cela te donne le sentiment de brûler encore plus qu'auparavant, mais que tu ne dis rien. Tu la laisses faire, parce qu'au fond de toi, tu supposes que c'est un moyen comme un autre de voir ce qu'il reste de ce que tu as créé. Cela fait tellement longtemps que vous ne vous êtes pas vus que certaines choses ont peut-être déjà disparu, remplacées par les souvenirs et vécus de longues journées loin de toi. Et, malgré toi, ce qu'elle te dit te rassure. Le soulagement parcourt ton échine, doucement, jusqu'à te faire acquiescer, sans que tu ne dises rien de plus, lorsque Charlie termine. Une lueur d'espoir traversent ton regard lorsqu'elle poursuit sur le cas de Seth. Si tu savais sourire de façon correcte, normale, tu le ferais, juste pour rendre la situation presque banale. Malheureusement, les habitudes des êtres humains les plus basiques, en d'autres termes faibles selon toi, tu les méprises et n'arrives pas à les retenir. Alors tu te contentes de relever ta main droite, douloureuse, en direction de son visage. Ta paume fait presque la taille de sa joue entière, et c'est pour cette raison que tu viens la cueillir dans un geste tendre, trop doux pour être usuel, avant de laisser filer une dernière seconde de silence. « Je te reconnais bien là... », que tu murmures d'un air satisfait. Elle n'a pas changé. Charlie est toujours la même ; tu le comprends à son air déterminé lorsqu'elle évoque ce qu'elle est prête à faire pour le faire, ce ton dur qu'elle est capable d'employer pour prouver son allégeance. Observant alors ta main posée contre sa joue, tu recules avec prudence cette dernière jusqu'à ce qu'elle se trouve entre vos deux visages. Tu regardes ta paume abîmée, le dos de ta main, une première fois, une seconde. « Alors qu'est-ce que j'ai, d'après toi ? », que tu lui demandes en continuant ton manège. Lorsque ta peau est entrée en contact avec la sienne, tu n'as rien ressenti. Pas de coup au cœur, pas d'absence, pas de mal-être. Rien du tout. Alors tu en déduis que ce qui t'arrive n'arrive pas à chaque fois – est-ce toi qui le provoque ? Est-ce toi qui incite ce qui t'arrive à se produire ? Tu n'en as pas l'impression, même si tu ne peux être sûr de rien. Aucune indication supplémentaire n'est entre tes mains, si ce n'est ce que tu connais déjà du phénomène – de la mutation – qui peut te mener plus bas que terre. « Les... images que je vois sont accompagnées d'une espèce de lumière claire, presque blanche, tout autour. Ce n'est jamais précis, j'ai du mal à reconnaître les endroits, mais j'ai comme le pressen- oui, c'est ça, un pressentiment que c'est arrivé ou que ça va arriver. » Le terme que tu emploies pour décrire ce qui se passe en général te fait écarquiller les yeux, alors que tu continues de faire bouger ta main, comme si cela pouvait t'aider à y voir plus clair. « Des prémonitions ? », que tu t'interroges toi-même, dans un murmure à peine audible. Avant que tu ne saches ce qu'avait fait Seth, tu ne pouvais pas te douter de ce qui se passait pour toi. A présent que tu as connaissance qu'une mutation pourrit ton sang, pullule dans ta tête, tout devient bien plus clair : tout ce que tu as vu jusqu'à maintenant n'est autre que des sortes de visions, dématérialisées, incertaines, d'instants qui se sont passés ou qui vont se passer. Ce que tu vois est si peu clair que tu ne peux encore mettre le doigt dessus. « Je vais rester enfermé ici le temps que ça passe. J'ai pas envie que ça recommence. » Brusquement, tu recules ta chaise. Le calme apparent qui t'habitais encore il y a à peine deux secondes n'est plus, tu te lèves. Une fois sur tes deux jambes, tu tangues un peu, tu ne sais plus ce que tu cherches, mais tu as besoin de bouger un peu. Affaibli par une tête qui a eu du mal à suivre ces gestes trop précipités pour ton état actuel, tu prends appui sur la table de la cuisine pour ne pas t'écrouler au sol. Plissant les yeux un instant, tu te concentres pour poursuivre sur ton idée. Tu as envie de parler d'autre chose que de cette mutation qui te dénature de l'intérieur, qui va te ronger jusqu'à la moelle si tu ne trouves pas une solution pour y mettre un terme. Peut-être que l'idée de se saigner pour s'injecter un sang compatible n'est pas une si mauvaise idée, finalement... « Tu n'as pas idée d'où est passé le Calédonien après son départ précipité, je suppose ? Tu ne l'as pas revu ? », que tu questionnes, même si la seconde interrogation sonne comme une accusation. On sent dans le fond de ta voix que les reproches ne sont pas loin, mais ce n'est pas aujourd'hui que tu vas t'énerver. Tu n'as pas envie de voir Charlie contrariée par ce que tu peux bien dire, tu la retrouves à peine, elle est venue à toi de son plein gré, tu ne peux pas te permettre de tout gâcher. « Histoire qu'on ait une piste. » Lorsque tu auras assez de force pour marcher jusqu'à là-bas, tu iras peut-être chercher ton ordinateur dans la pièce à côté. En attendant, la tête te tourne encore, juste un peu, même si tu es toujours soutenu par cette table sous tes mains crispées, et tu préfères ne pas épuiser tes dernières forces maintenant.
Invité
Invité
Sujet: Re: heads will roll (charlie) Ven 1 Avr 2016 - 23:46
What happened to your face ?
|► Charlie restait auprès de Roman, docile, à l’écouter s’interroger, à l’interroger elle, sans qu’elle ne sache parfois si elle devait vraiment répondre ou laisser un silence suivre ses interrogations rhétoriques. Tout ce qui comptait pour elle à cet instant, c’était cette étincelle, furtive, qu’elle avait vu éclairer le regard sombre de son mentor : de la fierté. Il était fier d’elle, pour une raison qui lui échappait, et rien ne pouvait la rendre plus heureuse. Il ne lui en fallait pas plus, à Charlie, elle ne demandait rien de fou, simplement que Roman soit conscient qu’elle serait prête à tout pour lui, et surtout, que rien ne pourrait l’atteindre tant qu’elle serait là pour prendre les balles pour lui. C’était sa raison de vivre, il était sa raison de vivre, de se lever le matin, et elle en était à la fois consciente et pleinement satisfaite. Elle laissa sa joue se loger dans la main râpeuse de Roman comme un chat affectueux, malgré la dureté de leur regard respectif. Ils allaient retrouver leur lien d’antan, si fort et resserré qu’elle saurait la moindre de ses pensées, et lui les siennes. La récréation était finie, et il était temps qu’ils reprennent du service tous les deux, et elle surtout. Elle hocha la tête alors que Roman annonçait rester chez lui jusqu’à ce que ses effets secondaires se dissipent. C’était une sage décision, et pendant ce temps là, elle commencerait à enquêter sur la nouvelle planque de Seth : elle aurait probablement à retourner la moitié de la ville, mais étonnement, ça ne la dérangeait pas plus que ça. On en revenait toujours aux bons vieux classiques, et elle connaissait quelques personnes qui sauraient forcément où Koraha se trouvait, au moins temporairement. D’ailleurs, elle irait surement cramer toutes les planques qu’elle lui connaissait. Juste comme ça, comme un avertissement. Et puis elle le trouverait, et elle le servirait à Roman sur un plateau d’argent, histoire qu’il ait, enfin, le fin mot de cette drôle d’histoire. Charlie se leva en même temps que Roman, comme une ombre, et le suivit alors qu’il se trainait un peu plus loin dans la pièce. Il paraissait fatigué, tellement fatigué… Quand il s’appuya lourdement sur la table, Charlie prit les devants : elle glissa son petit corps sous l’un des bras de Roman, le soutenant comme une béquille, lui soufflant doucement :
- On l’aura Roman, mais d’abord, il faut que tu te reposes, t’es HS.
Il n’y avait pas une once de jugement dans cette déclaration, tout juste une constatation. Il n’aurait jamais les moyens de lever un flingue pour faire exploser le crane du moindre dégénéré dans cet état. De sa force impressionnante pour une si petite personne, Charlie le traina jusqu’à sa chambre, l’aidant à ôter sa chemise avec patience, le débarrassant de sa ceinture avant de l’accompagner pour se mettre au lit. Grand bien lui en avait pris, parce que Roman fut pris d’un espèce d’étourdissement, et elle dut même lui soulever les jambes pour le border correctement. Elle ne l’avait jamais vu comme ça, mais elle était confiante : il allait se retaper, elle l’aiderait à ça, et une fois le poison dissout dans ses veines, ils repartiraient en chasse, comme avant. Tout irait bien dans le meilleur des mondes.