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 old memories (elisan)

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Astrid Blake
Astrid Blake

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MESSAGES : 232
SUR TH DEPUIS : 29/05/2016
MessageSujet: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeLun 30 Mai 2016 - 21:34



Old memories

Tu te souviens de la maison. Seulement vaguement, vu le temps qui est passé, mais quand même. Tu te souviens t'être dit que tu aimais l'odeur. Cette odeur de sagesse, de vieilles choses. Les souvenirs gardés précieusement avec le temps. Tu aimes l'odeur d'un vieux livre dont les pages ont jaunis, et t'as l'impression que dans cette maison, c'est un peu ce que ça sentait. Tu te souviens être venue à quelques reprises, lorsque tu avais commencé à travailler avec Mr. Williams, il y a tellement longtemps de cela il te semble. Il avait été un des premiers mutants à se porter volontaire pour tes recherches lorsque tu étais arrivée à Radcliff, il y a six ans de cela. Quand tu es arrivée, tu n'avais pas beaucoup de repères et accompagnée seulement de ton fils, tu tentais encore de trouver ta place. Mr Williams, il t'avait fait une place dans sa vie sans trop se poser de questions. À l'époque, la maladie ne prenait pas encore toute la place dans sa vie. Tu remarquais ici et là que la mémoire commençait tranquillement à lui faire défaut, mais tu n'en tenais pas compte, écoutant sagement et attentivement chacune des histoires, chacun des souvenirs qu'il se plaisait à partager avec toi alors que de ton côté, tu lui en apprenais plus sur les mutations, mais surtout sur la sienne, sur son fonctionnement, sa raison d'être, ce code génétique que tu t'appliquais à comprendre et à analyser au mieux de tes connaissances. Tu aimais cette façon qu'il avait de dire que c'était en quelque sorte une échange de service. Ta connaissance contre sa sagesse. Et puis le temps avait filé, la maladie emportant ainsi peu à peu ce qu'il était comme homme, prenant toute la place. Malgré tout, tu continuais de la voir, une fois par semaine. Assurant ainsi le suivi de tes recherches, mais prenant à coeur de t'occuper de l'homme derrière la maladie. Prenant le temps de lui offrir de la compagnie et un peu de sourire, même si plus le temps filait, plus il avait de la difficulté à te replacer, à te faire une idée de qui tu étais et de ce que tu lui voulais. Mais tu ne perdais pas espoir qu'un jour cela lui revienne. Tu ne perdais pas espoir qu'un jour, quelqu'un quelque part trouve un remède, une solution miracle contre cet Alzheimer qui lui pourrissait la vie. Il est décédé seulement quelques jours après ta dernière visite, et tu te souviens encore avoir ressenti un pincement au coeur lorsque la nouvelle te fut annoncé. Parce qu'après quatre ans à côtoyer l'homme, apprendre à le connaître et l'apprécier, tu t'étais attachée. Et une fois de plus, la mort venait t'arracher une personne importante dans ton quotidien.

La maison, elle t'évoque tous pleins de souvenirs et d'images et tu en viens à te demander pourquoi tu pensais que ce serait une bonne idée, de venir ici. Tu n'étais pas censée venir, Elias et toi, vous aviez convenu de vous revoir à ton bureau à la clinique où tu travailles, comme d'habitude. Et pourtant, l'image de la maison t'était passée en tête et tu n'avais pas été en mesure de la chasser de ton esprit. Alors tu étais partie plus tôt, une bonne heure avant l'heure prévue de ta rencontre avec le jeune Åkerfeldt et tu t'étais rendue jusqu'à la demeure que tu savais être la maison d'Elias dorénavant. Tu te sentais soudainement mal de d'embarquer ainsi à l'improviste, sans avoir même tenter de le rejoindre. Comme si d'une façon ou d'une autre, tu faisais intrusion dans sa vie privée ou quelque chose du genre. Alors c'est hésitante que tu franchis les quelques mètres qui te séparaient désormais de la porte d'entrée. Tu frappas trois petits coups, retenant presque ta respiration. Tu attendis une minute, et puis une autre et lorsque tu compris que personne ne venait répondre, tu te demandais soudainement s'il était à la maison. Tu échappes un soupire, mais tu vois toutefois que son camion est dans l'entrée. Tu n'oses pas cogner à nouveau, de peur de déranger, mais tu remarques finalement un bruit qui semble provenir de l'arrière de la maison. Toi qui avait peur de faire quelques pas du trottoir jusqu'à la porte d'entrée, tu laisses toutefois ta curiosité prendre le dessus alors que tu te diriges vers l'arrière de la maison, où tu aperçois le jeune Åkerfeldt s'attarder sur le balcon qu'il semble en train de réparer ou de reconstruire, tu ne pourrais être véritablement certaine. Tu te contentes de l'observer quelques secondes, alors qu'il semble complètement déconnecté de la réalité, sa concentration dirigée totalement sur la tâche qu'il est en train d'exécuter. Tu n'oses pas le déranger, mais ton regard se lève soudainement et il semble surpris lorsqu'il te voit là. Tu figes sur place lorsque ses yeux croisent les siens et tu mets quelques secondes avant de lui offrir un sourire et quelques mots d'explications. « Hey. Désolée, je uhm, je voulais pas t'effrayer. » Tu bégayes et soudainement, tu as quinze ans à nouveau. Mais qu'est-ce qui se passe avec toi? Tu tentes de te ressaisir alors que tu t'approches un peu plus, histoire de réduire la distance entre vous deux. Tu es tellement petite debout à côté de lui, tu dois toujours lever la tête pour pouvoir le regarder dans les yeux, et ça t'arrache toujours un petit sourire un coin. « Je sais qu'on s'était donné rendez-vous à la clinique, mais j'avais envie de voir la maison. Ça faisait longtemps que je n'avais pas eu la chance de venir. » Ton regard devient nostalgique alors que tu regardes cette maison qui est toujours la même, mais qui te semble tout de même bien différente depuis que Mr. Williams n'est plus là. Tu passes une main dans tes cheveux, échappe un petit rire nerveux. Sérieusement, qu'est-ce que tu fais ici? « J'espère que je ne te dérange pas. »
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeMar 31 Mai 2016 - 16:22

Quand Elias n'est pas au travail, quand il ne doit pas faire un truc en ville ou dès qu'il a un peu de temps, il est dehors. Il passe des heures à marcher sur le toit de la vieille maison de son grand-père, pour réparer les deux ou trois tuiles sombres qui n'ont pas supporté la dernière intempérie survenue à Radcliff. Il tourne autour de l'habitacle pour vérifier que les volets de bois ne grincent plus. Il s'appuie de tout son poids sur les marches qui mènent à la terrasse faite main de l'avant de la maison ; juste pour constater qu'enfin, après des jours à les remettre en état, elles tiennent le coup. Le Suédois répare les bobos de la petite bâtisse perdue au fond des bois à son rythme, pour toujours faire les choses bien, et pour faire honneur à cet ancêtre qui est parti il y a deux ans. Sa minutie ne peut alors que favoriser une reconstruction de qualité depuis ces deux dernières années. Derrière ce temps qui file, cette maison qui prend forme à son image, il y a en vérité le désir d'Elias de s'établir pour longtemps, et bien. Après avoir passé des années sur la route, le géant a trouvé un endroit où il se sent chez lui. Dans cette forêt, auprès des personnes qui lui tiennent à cœur. Loin de sa famille, de sa Suède natale, mais proche de ses valeurs et dans la lignée de ce qu'il avait imaginé, petit, pour sa vie future. Aujourd'hui, il ne travaille pas, a un seul rendez-vous dans peu de temps, mais il avait assez de temps devant lui pour se lancer dans la remise en forme des rambardes extérieures de l'étage de la maison. Une aventure fastidieuse et longue, qu'il a repoussé au maximum depuis son arrivée car sonnant comme l'un de ses plus gros chantiers – pas par flemme, plus par envie de s'y consacrer justement pleinement.

Et quand Åkerfeldt entreprend la moindre chose, il le fait avec cœur. Que ce soit pour lui ou pour les autres. Il se lance corps et surtout âme dans l'entreprise, sans plus réussir à penser au reste. Tant, que quelques fois il oublie le monde autour. Toutes ses pensées convergent vers l'objectif de réussir sans se tromper, sans avoir à trop recommencer, pour ensuite pouvoir contempler un travail bien fait. Une tendance à s'oublier et à méprendre le reste qui pourrait lui porter tord. Ou qui lui a porté tord, aujourd'hui. La chevelure de feu qui apparaît dans son champ de vision (ou qui s'y trouvait depuis déjà longtemps ?) l'oblige à détourner le regard de ce qu'il fait. D'habitude, il aurait sans doute continué tout en parlant. Sauf qu'il s'agit de Susan. Elle a le pouvoir de l'empêcher de faire ça, de lui faire poser son marteau et de le faire descendre de l'étage par l'échelle qu'il a installé juste devant, plutôt que de passer par l'intérieur de la maison. Une fois les deux pieds au sol, Elias secoue la tête à sa réflexion. Peu de choses peuvent effrayer le Suédois – elle n'en fait pas partie. Jetant un bref coup d'oeil à sa tenue, Åkerfeldt se souvient soudain qu'il renvoie l'image de l'homme qui a passé une éternité à travailler. Son t-shirt blanc est tâché, ici et là, et ne laisse plus aucun doute quant aux travaux qu'il a enchaînés depuis le début de la journée. D'habitude, il n'arrive pas comme ça à leurs rendez-vous ; il préfère avoir l'air un peu plus civilisé. Ce qu'il aurait été s'il l'avait rejointe à son bureau comme prévu en temps normal.

Oui, dans une heure...”, qu'Elias rappelle, pour prouver qu'il n'a pas oublié. Il jette un regard discret à l'horloge de la cuisine, qu'il aperçoit à travers les grandes baies vitrées, pour s'assurer qu'il n'est pas dans l'erreur. Il garde toujours un réveil non loin de lui, quand il fait des travaux ou qu'il bosse au garage, aujourd'hui n'a pas été une exception... Et non, il n'a pas manqué le rendez-vous. Un léger soulagement se diffuse dans tout son être. La motivation de Susan à venir jusqu'ici fait naître un bref sourire sur ses lèvres. C'est si rare qu'il faut vraiment le regarder pour avoir le temps de l'apercevoir. Seul son regard garde plus longtemps la marque de sa réaction positive. Ce dernier vient se redéposer sur les traits de la jeune femme, l'observant le temps que son attention à elle soit portée sur la maison de son grand-père maternel. “Non.” Il est vrai qu'Elias ne lui a pas proposé de revenir, malgré le temps qui a passé. Inconsciemment, il souhaitait peut-être attendre d'avoir mieux avancé pour le faire. Cependant, les visites imprévues ne le dérangent pas. Le Suédois accepte volontiers les remarques, alors la présent de Susan ne peut être que bénéfique. Et, même s'il ne lui dira pas, le géant sent que cette visite lui fait plaisir. L'intérêt qu'elle peut porter à cette maison, l'amitié qu'elle a portée à son grand-père, ce sont les gages d'une bonté et d'une gentillesse qui ne peuvent que parler à Elias. Il ne sait pas s'il s'y retrouve, mais il le ressent. Depuis qu'il côtoie Susan toutes les semaines depuis deux ans, il n'a pu qu'être confronté à toute la douceur dont ce petit bout de femme est capable. Il s'y est habitué, comme il s'est peu à peu habitué à sa présence. “Du coup, maintenant que t'es là... Tu veux voir ce que j'ai fait ?”, qu'il propose finalement, en désignant d'une main la maison. Il n'a pas non plus qu'elle prenne un coup de soleil, à rester plantée là le temps qu'il sache enfin comment agir.

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Astrid Blake
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeMar 31 Mai 2016 - 17:49



Old memories

Tu le regardes descendre et soudainement, tu te sens mal. Tu te sens mal de t'imposer ainsi alors que vous n'étiez pas censé vous voir pour encore une heure. Mais la vision de la maison avait été si forte dans ton esprit toute la matinée que tu n'avais pas été en mesure de faire autrement. Tu voulais voir. Voir si le tout avait changé, voir si la maison représentait encore tout ce que tu imaginais de l'homme qui y résidait auparavant, voir comment celui qui y résidait maintenant trouvait cela. Tu ne pourrais expliquer pourquoi, mais tu ressentais un certain attachement envers cette famille. Tu avais entendu tellement d'histoires et tu aurais aimé avoir la chance d'en entendre plus de la part du jeune Elias, non pas que tu oserais lui demander un jour. Même si tu t'entendais bien avec ce dernier, tu avais l'impression de ne pas encore avoir été en mesure de percer cette carapace de mystère qui l'entourait. Et tu ne voulais pas forcer les choses. Bien que cela faisait deux ans que tu le voyais à toutes les semaines dans le cadre de tes recherches, jamais auparavant tu n'avais osé faire ta curieuse au point de venir chez lui sans t'annoncer, ne serait-ce que pour répondre à un de tes nombreux élans de curiosité. Tu ne voulais pas l'admettre, mais tu redoutais un peu sa réaction, même si jusqu'à présent, il semblait bien calme, cet air neutre qui le représentait si bien encore en place sur son visage. Tu te sens petite lorsqu'il s'approche, si petite lorsque tu dois lever la tête pour garder un contact visuel, un sourire en coin sur ton visage qui rougit, plus par gêne que par le soleil qui plombe au dessus de vos têtes. « Oui, dans une heure.. » Tu échappes un petit rire nerveux, passe une main dans tes cheveux. C'est une chose de se retrouver face à ce grand homme dans ton bureau pour lui faire passer des tonnes et des tonnes de tests encore et encore, ça en est une complètement différente de te retrouver face à lui, chez lui, alors que clairement, il est occupé. « J'aurais dû t'appeler. J'suis désolée. » Mais il y a un sourire qui se fait paraître, subtile et bref mais présent quand même, et tu sens un peu de ton stress et de ta nervosité redescendre. Vous êtes là, plantés l'un devant l'autre, à garder une distance qui est censée être polie, et tu te demandes parfois pourquoi tu ne réfléchis pas plus longtemps avant d'agir. Mais tu n'as qu'à jeter un coup d'oeil à cette maison pour comprendre pourquoi tu es venue. Un sourire sincère apparaît sur ton visage alors que tu admires chacun des détails, malgré l'état qui peut sembler un peu chantier vu les travaux encore en cours du jeune homme.

« Du coup, maintenant que t'es là.. Tu veux voir ce que j'ai fait? » Tu es encore perdue dans tes pensées lorsque la voix du jeune homme te ramène sur terre, et tu hoches un peu trop vigoureusement de la tête lorsqu'il te propose de t'en montrer encore plus. « J'adorerais. » Tu sonnes peut-être un peu trop excitée à l'idée, mais tu es curieuse de voir comment Elias a pu s'approprier l'intérieur. Pour toi, cette maison, c'est plus que quelques réparations par-ci et par-là. C'est les souvenirs d'un homme que tu as bien connu, que tu as su apprécier. Mais c'est surtout d'en apprendre plus sur le jeune homme qui se place devant toi. Parce que tu connais pratiquement tout d'Elias le mutant. Tu connais tout de sa mutation, de comment elle se place dans les gênes du jeune homme pour faire de lui ce qu'il est aujourd'hui. Tu comprends comment sa mutation se déclenche, comment elle agit dans son corps, comment elle se manifeste. Tu comprends ses forces et ses limitations. Mais du jeune Åkerfeldt, l'homme derrière la mutation, tu ne connais pas grand-chose. Alors tu t'imagines déjà que de voir la maison, ce qu'il a pu en faire, ça peut peut-être parler de lui. T'en faire savoir plus de ce qu'il garde bien caché derrière son visage stoïque et cet allure mystérieuse. « J'suis contente de voir que la maison n'a pas vraiment changé. Je sais combien ton grand-père était fou de cette maison. » Il y a un sourire nostalgique qui s'installe sur ton visage alors que tu suis le jeune homme à l'intérieur. Une fois dans la maison, tu as l'impression que rien n'a changé, même si tout semble différent. Tu ne pourrais faire la différence entre ce qui était là avant et ce qui appartient seulement à Elias tellement tout semble s'unir parfaitement. Tu attardes ton regard un peu partout, un sourire qui ne quitte pas tes lèvres. Et parfois, tu t'oses même à toucher, sans véritablement t'en rendre compte. Ça n'a jamais été une règle facile à comprendre lorsqu'on te disait de regarder seulement avec tes yeux. Tu trouves qu'il y a un quelque chose de plus qui se rajoute avec le toucher, comme si cela te permettait de voir encore mieux les choses qui t'entourent. Tu sens le regard du jeune homme sur ton dos après quelques minutes et soudainement, tu t'arrêtes. « Tu penses qu'il peut voir, ton grand-père? Tout ce que tu as fais? » La question est terriblement sérieuse et tu te demandes pourquoi tu te décides à aller sur ce terrain-là. Sauf que c'était devenue si fort dans ta tête que tu ne pouvais t'en empêcher. Tu te demandes ce qu'il y a après la mort. Tu te demandes où il est, le grand-père d'Elias. S'il a croisé ta mère quelque part. Si Adam peut te voir ici, à agir comme une complète idiote devant un homme que tu connais, sans rien savoir de lui..
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeJeu 2 Juin 2016 - 2:07

L'approbation de Susan, enthousiaste semble-t-il, encourage Elias à faire un premier pas vers la maison. Il ne sait pas ce qu'il va montrer d'abord, s'il doit faire la présentation lui-même ou la laisser deviner ce qui a bien pu changer depuis la dernière fois où la chercheuse est venue ici. Toutefois, cette soudaine préoccupation disparaît bien vite quand le naturel reprend le dessus : après avoir passé l'une des portes vitrées menant au grand salon, non sans avoir baissé la tête au passage pour éviter une blessure malheureuse, le Suédois garde le silence. Il s'avance vers le centre de la pièce, les mains le long du corps, puis les bras croisés, observant la moindre réaction de Susan face à son travail. Aurait-il peur du jugement ? C'est la question qu'il se pose quand il se retrouve incapable de reprendre la parole, véritablement obnubilé par l'idée de ne pas manquer ou empêcher la jeune femme de s'exprimer au sujet de ce qu'elle voit. Aurait-il peur d'avoir mal fait ? Les goûts d'Elias sont simples, la plupart du temps, à son image calme et posée, sans remous et sans prise de tête, ce qui signifie des tons clairs et discrets pour les murs de la maison auxquels il a apporté sa touche personnelle, ainsi qu'aux meubles qu'il a retapé en priorité, toutefois ces fameux goûts peuvent ne pas être les mêmes pour tout le monde. Susan peut ne pas apprécier le fait de ne pas avoir tout changé ; elle peut considérer que l'âme de son grand-père William est encore trop présente entre les murs de cette maison perdue dans la forêt pour déclarer qu'elle appartient dorénavant à Elias.

Ce dernier comprendrait parfaitement. Il n'a pas manqué de se faire la réflexion, bien avant aujourd'hui. L'esprit d'Åkerfeldt est en constant mouvement. Petit, on disait déjà de lui qu'il pensait à tout, à trop de choses. Elias aime maîtriser tout ce qu'il fait, et si ce n'est pas le cas, poursuivre l'aventure jusqu'à parvenir à ce qui lui semble être le mieux. Alors quand est venu le moment de savoir quoi faire de cette maison qui n'était pas la sienne, le géant s'est assis. Il a fait une légère pause sur tout ce qui venait de lui tomber dessus, il a repoussé tout le reste loin de lui et il a commencé à se poser une première question. Que faire ? Puis une seconde, une troisième, une énième, toutes plus ou moins semblables, toutes supposées l'aider à faire un choix. Et ce choix, Elias a fini par le faire. Quand il s'était relevé pour coucher sur le papier blanc d'une nouvelle lettre son désir de perdurer dans cette ville, dans un premier temps pour une durée indéterminée, l'envie de faire de cet hybride entre cabane et habitat son premier chez-lui stable et officiel s'était faite plus forte que lui. Pour l'homme mobile qu'il était alors, une nouvelle expérience s'ouvrait à lui, car désireux de révolutionner un peu ce monde devenu, à force de voyages et de rencontres, routinier à ses yeux.

Aujourd'hui plus de deux ans après son arrivée, après cette décision, Elias ose se demander pour la première fois s'il a bien fait. La présence de Susan à quelques pas de lui, son regard qui ne peut se détacher de son dos, qui ne veut manquer le moindre mouvement de cette dernière, cela le pousse à se remettre en question. Quand il aperçoit son sourire, il pense être sur la bonne voie. Certes, ce dernier semble quelque peu nostalgique, mais qui ne le serait pas après s'être lié d'amitié avec l'ancien propriétaire des lieux ? Peut-être qu'Elias n'a passé que peu de temps auprès de son grand-père avant que ce dernier ne soit emporté par la maladie, mais ses souvenirs à son sujet en restent inchangés : un homme drôle, téméraire, souriant. Les gestes discrets de la chercheuse sont aventureux. La voir frôler du bout des doigts les nouvelles teintes, les nouveaux matériaux, c'est une vision particulière mais rassurante. Et pendant tout ce temps, le Suédois ne bouge pas. Il décroise seulement les bras, pour éviter de se donner l'air encore plus sévère qu'il ne peut le renvoyer déjà, sans savoir quoi faire de ses grandes menottes non-occupées par des travaux, une moto ou un stylo à l'encre sombre. La question de Susan l'arrache brusquement à ses pensées.

La tête du propriétaire des lieux penche petit à petit sur le côté. Il sonde cette interrogation durant de longues secondes, dans l'espoir de pouvoir y apporter la réponse exacte. Ou du moins l'une des réponses correctes acceptées et tolérées. “Je n'sais pas.” A vrai dire, il n'y a jamais pensé. Pas une seule fois. Elias a débuté les travaux sans se préoccuper de ce que son grand-père aurait pu en penser s'il avait encore été là pour lui donner son avis. Le géant n'a juste pas réussi à se dire qu'il pouvait se projeter dans cet endroit sans rien en modifier. Un oubli, une méprise. Un détail auquel il n'a pas prêté attention jusqu'ici. “J'espère ?”, qu'il ajoute, avec un léger froncement de sourcils à la clé. Enfin, son regard se détourne de Susan. Il part se perdre dans le mur le plus proche, pour éviter que son trouble ne se devine encore plus au cœur de ses prunelles. Il n'est pourtant pas immense. Elias n'a pas été le plus affecté par la mort de son grand-père, bien la nouvelle fut un choc pour lui comme pour les autres membres de sa famille. Le cadet Åkerfeldt sait qu'il n'a sans doute pas réagi comme d'autres l'ont fait – ses parents, ses frères avant tout – mais il est ainsi. Elias ne réagit pas comme les autres, ce qui donne cette impression de détachement et d'indifférence dont on peut l'accuser sans être dans l'erreur. Son degré de ressenti n'est juste pas le même. Sa capacité à encaisser le reste du monde, tout ce qui peut lui arriver ou les échanges avec les autres, elle n'est pas égale aux autres non plus. Ça ne le perturbe pas. Il est possible que ça étonne, ou que cela choque, mais ça ne peut l'inquiéter. D'où son léger ton interrogatif lorsqu'il a repris la parole. “Je pense qu'il doit pas trop être dépaysé, si c'est le cas.” Un léger sourire, qui se veut rassurant, passe ses lèvres. Si Elias ne ressent pas la même peine, il sait la reconnaître chez les autres. Et le Suédois est bien meilleur quand il s'agit de faire parler ou d'écouter. “Tu le crois toi ?” Son regard cherche celui de Susan. Dans le temps de sa réponse, le trentenaire prend la liberté de s'avancer vers le coin cuisine pour désigner le frigo de l'index. Se retrouver confrontée à autant de petits changements d'un coup va peut-être demander à Susan de prendre un peu de recul, de s'asseoir et de vouloir avaler quelque chose. “Donc, pas de rendez-vous aujourd'hui ?”, que le mutant relance. C'est la première fois qu'ils dérogent à leur rituel – sa curiosité s'en retrouve en conséquence touchée en plein cœur. Derrière Susan, sur la table au centre de la grande pièce à vivre, Elias s'aperçoit qu'il a laissé certaines de ses dernières lettres traîner.
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Astrid Blake
Astrid Blake

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SUR TH DEPUIS : 29/05/2016
MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeJeu 2 Juin 2016 - 3:27



Old memories

Ton esprit vagabonde. Tes yeux ne savent plus où regarder, tu es obnubilée par toute l'information qui défilent sous tes yeux. Tu vas même jusqu'à en oublier Elias qui est toujours là, derrière toi. Tu peux sentir son regard dans ton dos, mais tu ne réagis pas. Car tu as l'impression que pour un moment, ne serait-ce que quelques minutes. Mr. Williams est encore là, avec vous deux, et ça te fait du bien de le penser ainsi, même si tu sais que c'est complètement ridicule et impossible. Mais tu ne peux t'empêcher de trouver cette pensée réconfortante. Chaque année, lorsque tu retournes à Boston pour l'anniversaire de décès d'Adam, tu aimes emmené Eli dans les différents endroits où tu aimais allée avec son père lorsque vous avez commencé à vous fréquentez. Et chaque fois que tu vas dans ce petit bistro et que tu commandes le même repas, tu as l'impression qu'Adam est là, qu'il t'observe et qu'il te réconforte, du mieux qu'il peut de là où il est. Alors tu ne peux t'empêcher de te demander si c'est la même chose pour Elias. Parce que tu te trouves étrange parfois, de penser que les morts puissent toujours être là, pas loin, à errer comme des esprits qui veillent sur ceux qui doivent continuer de vivre. Peut-être est-ce seulement ta manière de vivre avec les lourdes pertes auxquelles tu as dû faire face dans les dernières années, entre Adam et ta mère. Ta façon propre de vivre ton deuil et de continuer d'avancer, un sourire aux lèvres et la main au coeur, toujours prête à mettre le bien-être des autres avant le tien. « Je n'sais pas. » Tu ne sais pas à quoi tu t'attendais, mais tu ne peux t'empêcher de ressentir ton coeur se serrer contre ta poitrine, comme si tu étais ne serait-ce qu'un peu déçue qu'il ne pense pas comme toi, qu'il ne comprenne pas. Mais tu ne lui en veux pas. Parce que malgré ce que tu es normalement, tu sais que cette manière de penser, que cette croyance que tu sembles avoir depuis quelques temps, elle n'a rien de logique. Tu te retournes, évitant soudainement son regard, pour ne pas le laisser voir cette pointe de déception qui parsème ton regard. Tu n'as jamais été très douée pour masquer les différentes émotions qui te traversent ici et là. « J'espère? » Et puis comme ça, tu te sens un peu mieux. Comme ça, tu te sens un peu moins seule. Tu te retournes un peu à nouveau, et tu aperçois que son regard est perdu derrière toi, mais tu n'insistes pas. Tu sais trop bien que ce n'est pas le genre de discussion qui génèrent le plus de discussions, surtout que tu connais assez Elias pour savoir qu'il n'est pas le jeune homme à parler pour rien dire. Alors tu te contentes de sourire, encore et toujours. « J'espère aussi. »

Tu continues de tourner dans la grande pièce, le salon te laissant découvrir un paysage similaire mais différent à la fois. « Je pense qu'il doit pas être dépaysé, si c'est le cas. » Tu échappes un petit rire, tu sais qu'il n'a pas tort. Et tu es certaine au fond de toi que ça lui ferait plaisir, à Mr. Williams, de savoir qu'un de ses petits-fils à pris la décision de venir s'établir ici. Tu aimerais te souvenir de ce que l'homme a pu te dire sur Elias, mais ça te semble flou, trop flou. Tu te souviens seulement qu'il t'ait parlé d'un ses des petits-fils qui voyageait énormément, mais tu n'as jamais eu l'audace de demander à Elias s'il s'agissait de lui. « Tu le crois toi? » Tu hésites un instant, à savoir ou non si tu as réellement envie de répondre à cette question. Parce que ça implique de dire des détails sur ta vie, sur ton passé que tu n'as jamais eu à partager avec le jeune homme. Et tu le sais qu'une fois que vous aurez franchi le pas sur des informations personnelles, votre relation ne sera plus strictement professionnelle, comme elle l'a pu être dans les deux dernières années. Mais vraiment, n'avais-tu pas déjà brisé cette barrière en arrivant ici, chez lui, comme une amie plutôt qu'une chercheuse? Tu échappes un petit soupir, l'image d'Adam et de ta mère encore trop fortes dans ton esprit. Mais tu tentes autant que tu peux de contrôler l'émotion dans ta vie alors que tu ouvres de nouveau la bouche, le regard à moitié sur le jeune Suédois, et à moitié dans le vide. « Quand même oui. J'trouve que le vide est moins vide, comme ça. » Tu ne sais pas si ça fait du sens ainsi. Tu hésites avant de parler à nouveau, mais tu te dis qu'après tout, c'est toi qui a soulevé le sujet, tu devrais au moins te forcer à être moindrement claire. « Quand le père de mon fils est mort, ça me faisait du bien d'imaginer qu'il nous voyait encore, malgré tout. Et puis quand j'ai perdu ma mère, l'image était encore plus réconfortante. » Tu échappes encore un petit rire nerveux. Parce que c'est la première fois que tu parles d'Adam, et pire encore, la première fois que tu mentionnes le fait que tu as un fils. Quand il se dirige vers le frigo et qu'il te fait un signe, tu en profites pour changer le sujet. « J'prendrais bien un verre d'eau, s'il te plaît. » Tu t’assois autour de la table alors qu'il te sert un verre, et tu ne peux t'empêcher d'être légèrement curieuse au sujet des lettres qui traînent sur la table. Tu essayes de regarder subtilement, mais tu es tellement concentrée sur ce que tu veux voir que tu entends à peine la question du jeune homme. « Donc, pas de rendez-vous aujourd'hui? » « Quoi? » Ton regard fuit les lettres pour se retourner vers le jeune homme qui pose ton verre devant toi. « Uh, c'est comme tu veux vraiment. On peut le remettre, ou l'annuler. Ou on peut le faire quand même. » Tu offres toutes les options parce que franchement, tu n'avais pas réellement pensé à ton affaire avant de venir. Et tu réalises que ça brise un peu votre routine, cette visite surprise. « Qu'est-ce que c'est? » que tu demandes en pointant les lettres du regard. Tu ne devrais pas être si curieuse, tu entends même la voix de ta mère dans ta tête te faire des reproches à ce sujet, mais il est trop tard pour faire demi-tour. « Si c'est pas trop indiscret. » Tu rajoutes un petit sourire sincère, prenant une gorgée de ton verre d'eau. L'art de paraître cool et décontractée alors que tu n'es pas certaine à cent pour cent d'être à l'aise ici, devant lui.
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeSam 4 Juin 2016 - 0:03

Elias ne sait pas si sa réponse est la plus adéquate. Il se doute que ce n'est pas le cas, mais il n'a aucune idée de ce qui se dit en temps normal. Le géant marche à l'instinct. Depuis toujours, il suit une ligne de conduite particulière, aussi étrange que son caractère calme et inébranlable peut l'être parfois, sans jamais avoir eu à se poser la moindre question. Mais aujourd'hui, la présence de Susan le pousse à s'interroger. Lorsqu'il se retrouve face au frigo, qu'il en sort une bouteille d'eau et qu'il attrape un verre en haut d'un placard à sa droite pour l'en remplir du liquide transparent, le Suédois a les sourcils froncés. Il médite sur les mots de la chercheuse, ses réactions. Puis il se met à écouter ce qu'elle lui explique. La surprise doit passer un instant dans son regard quand il se retourne vers elle. Qu'il a l'air idiot, d'ailleurs, avec son pauvre verre dans la main. Elias assimile l'idée qu'elle a vécu assez longtemps avec un homme pour avoir un enfant avec ce dernier. Elle ne l'a pas présenté comme son « mari », alors il ne préfère pas s'avancer sur ce sujet. Ce qui l'intrigue, c'est d'apprendre que Susan a un enfant, aussi. Elle n'en a jamais parlé. Elle n'a fait mention de cette vie de mère à aucun moment, durant ces deux dernières années passées ensemble dans son bureau, entre les questionnaires et les tests physiques, pas une seule fois. Certes, leurs rendez-vous étaient strictement professionnels et peu favorables à une telle discussion mais... Elias réalise qu'il n'a pas demandé non plus. Même, l'idée ne lui est jamais venue à l'esprit. Enfin, il assimile cette nouvelle d'une Susan Anderson mère à celle d'une Susan Anderson veuve.

Et c'est encore plus étrange. Si le mécanicien ne sourit pas beaucoup, si on ne peut comprendre sans lui demander ce qu'il pense vraiment, la jeune femme est tout son contraire. Souvent, son sourire fait rayonner ses traits. Souvent, sa présence illumine son bureau terne où ils ont rendez-vous en temps normal. Elias ne l'a de ce fait jamais associée au deuil, à la perte, à la tristesse. Non pas que le Suédois soit le mieux placer pour stipuler d'une réaction « correcte » face à la perte d'un proche, il s'agit juste là d'une première impression qui s'est dégagée de Susan lors de leur première rencontre. Un sentiment que rien ne pouvait l'atteindre, rien ne pouvait lui arriver. Malgré sa curiosité parfois déplacée, trop directe, Elias n'a pas engagé la conversation sur ce terrain. Jusqu'à maintenant, grâce à Susan. Il ne sait pas si ça le soulage, il ne sait pas si ça l'aide. Mais en parler provoque assurément quelque chose chez lui : il cogite, l'ostéokinésiste, et c'est la chose la plus rassurante quand on le connaît bien. S'approchant de la grand pièce à vivre, où la chercheuse a pris place, le propriétaire des lieux s'installe sur la chaise d'en face. Il dépose le verre sur le bois ciré, avant de le faire glisser vers Susan du bout des doigts.

Je sais pas ce que t'avais besoin que je fasse aujourd'hui, alors disons qu'il est reporté.” Il regrette un peu d'avoir fait dériver la conversation sur leur rendez-vous. Ça n'est pas important, au final. C'est si peu comparé à l'épreuve qu'a traversé Susan avant lui. Si Elias n'éprouve pas le besoin d'en parler, est-ce que... est-ce que c'est le cas pour elle ? C'est en tout cas ce que cherche à savoir son regard clair qui sonde ses traits graciles, lumineux. Le mécanicien veut pouvoir comprendre sans forcément l'obliger à se confronter à ses questions qui peuvent parfois être trop abruptes, sans qu'il ne le désire. Néanmoins, Elias peut comprendre que la curiosité de la chercheuse soit touchée en plein cœur. Lorsqu'elle demande des explications au sujet des lettres éparpillés sur une majeure partie de la table, les prunelles du mécanicien se détachent des siennes pour balayer ces dernières. Il est vrai qu'il aurait pu ranger tout ça avant de se mettre à bosser à l'extérieur. Cependant, il n'a pas de bureau dans cette maison ; il n'a pas encore décidé si cela fera partie des futures modifications apportées à l'une des pièces de la petite maison. En attendant, c'est ici qu'il vient s'asseoir pour coucher sur le papier immaculé toutes les choses qui comptent pour lui. Quant à savoir si c'est indiscret de se voir poser la question, Elias répond négativement d'un petit mouvement de la tête, son regard soudain rieur ne gagnant pas si aisément ses traits. “Le seul truc que je voulais faire à ma majorité, c'était voyager. Quand j'ai commencé, j'envoyais juste des cartes à ma famille en Suède. Mais plus je voyageais, plus il fallait que j'écrive quelque part tout ce qui s'était passé dans les différents endroits que j'ai parcourus.” D'un geste calme, l'ostéokinésiste se saisit de la lettre la plus proche de lui. Dedans, il remarque qu'il a parlé de Susan. Il aperçoit son prénom vers le centre de la page, toujours de cette écriture bâton et appliquée qui n'appartient qu'à lui. Si la chercheuse s'en rend compte, elle s'offusquera peut-être de ne pas avoir été mise au courant avant. Mais Elias n'a pas honte de ce qu'il écrit dans ses lettres ; ce sont les siennes, son espèce de journal de bord propre à sa façon de fonctionner. “Les cartes sont devenues des lettres.” Son dos vient toucher le dossier en bois de sa chaise, alors que la lettre dont il s'est saisi retrouve la table. “Maintenant j'écris... tout ce dont je veux me souvenir.” Un rictus passe sur ses lèvres. C'est infime et bref, c'est destiné à Susan et à cette curiosité qui fait écho à la sienne. Ils ont au moins ce point en commun. “Je ne savais pas pour le père de ton fils”, qu'il reprend, de son fameux ton posé et bienveillant. “Ni pour ton fils.” Elle n'a évoqué aucun des deux en sa présence. Qu'est-ce qui a changé aujourd'hui ? Est-ce que la confiance qu'il a en elle est (enfin ?) réciproque ? “Quel âge a-t-il ?
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeSam 4 Juin 2016 - 1:34



Old memories

Tu ne sais pas pourquoi tu t'avances autant sur le sujet. Tu ne sais pas non plus si ça l'intéresse vraiment, de savoir tout ça. Il t'a toujours été plus difficile de mettre un nom sur cette relation que existe entre vous deux. Même si le tout demeurait professionnel, tu avais toujours eu l'impression qu'un lien de plus s'était placé, sans que vous n'aillez à dire le moindre mot. Par Mr. Williams peut-être. Ou pour une autre raison, tu ne saurais dire. Mais une chose était certaine, tu ne savais plus du tout où la limite se posait entre lui et toi. Et même, tu ne savais pas où elle avait pu s'arrêter par le passé. Tu échappes un petit soupir à l'idée de votre rencontre manqué, mais tu sais que c'est un peu de ta faute avec cette visite improvisée. « Je sais pas ce que t'avais besoin que je fasse aujourd'hui, alors disons qu'il est reporté. » Tu essayes de te souvenir ce que tu avais de prévu, et tu réalises que ce n'était qu'un léger follow-up de tests que tu lui avais fait passé la semaine d'avant, rien d'extravagant. « C'est les résultats des tests physiques de la semaine dernière. Ça m'a permis de découvrir une nouvelle manifestation de ta mutation. » Tes yeux s'illuminent alors que le sujet de ton travail se retrouve de nouveau entre vous. C'est une conversation qui est plus familière, quelque chose que vous connaissez bien tous les deux. Il y a toujours cette passion dans ta voix lorsque tu parles des mutations, de leurs fonctionnements, de leurs manifestations. Et Elias le sait, tu es du genre perfectionniste lorsqu'il s'agit de ton travail. Combien de fois lui as-tu fais endurer le même tests à de nombreuses reprises seulement pour valider le résultat d'une dite hypothèse? Combien de fois a-t-il dû te répondre à des questions basiques sur l'utilisation qu'il peut faire de son pouvoir au quotidien? Par dessus-tout, Elias était patient. Et curieux, et compréhensif face aux différentes approches que tu avais de faire tes recherches. Jamais qu'il ne se plaignait. Jamais qu'il ne te demandait d'aller plus vite ou de tourner les coins rond. Et ça rendait tes rendez-vous hebdomadaire avec le jeune Suédois tout ce qu'il y a de plus plaisant. « Tu passes me voir au bureau quand tu veux. » Tu ne réalises qu'après l'avoir dit que ça ne sonne pas très spécifique, pas très professionnel. Un peu comme si tu essayais un peu maladroitement de flirter ou quelque chose du genre. « J'suis là toute la semaine », que tu rajoutes, tentant de paraître un peu plus à tes affaires. Définitivement, tu ne sais pas ce que tu fais aujourd'hui.

Tu te détends un peu lorsqu'il hoche négativement la tête face à ta curiosité un peu envahissante, alors que fidèle à lui-même, il se contente de te regarder, amusé et calme. « Le seul truc que je voulais faire à ma majorité, c'était voyager. Quand j'ai commencé, j'envoyais juste des cartes à ma famille en Suède. Mais plus je voyageais, plus il fallait que j'écrive quelque part tout ce qui s'était passé dans les différents endroits que j'ai parcourus. » L'envie se lit dans tes yeux alors que tu es fascinée par cette façon de vivre qu'à pu être celle du jeune homme auparavant. Tu passes une main sur le papier, complètement fascinée par tous ses souvenirs couchés sur le papier. Tu ne le savais pas, mais vous aviez plus en commun lui et toi que vous ne le laissiez paraître. « Les cartes sont devenues des lettres. » « Tu m'étonnes. J'crois que je serais incapable de me contenter de lettres. J'serais du genre à envoyer des romans à ma sœur si j'devais partir découvrir le monde. » Un sourire amusé habite tes lèvres alors que tu imagines ce qu'aurait pu être ta vie si tu étais partie à l'aventure, comme Elias a pu le faire. C'est quelque chose que tu aurais aimé faire, mais que tu n'as jamais osé, mettant d'abord et avant tout les besoins et les envies des autres avant les tiennes. Ça prend une certaine dose d'égoïsme, pour faire ce que le jeune Suédois a pu faire, et tu sais au plus profond de toi que tu en aurais été incapable. Ça ne t'empêche pas cependant d'être légèrement jalouse de l'homme qui prend place devant toi. « Est-ce que tu comptes repartir? » À voir tous les souvenirs qui traînent sur la table, tu as du mal à comprendre comment il a pu rester dans cette petite ville qu'est Radcliff depuis deux ans déjà, mais ça, c'est une question que tu tournes dans ta tête plutôt que de la dire à voix haute. Une partie de toi comprendrait qu'il veuille repartir, qu'il doit lui rester pleins de choses à voir, mais l'autre dit égoïstement que tu aimes bien l'avoir, pas trop loin. « Maintenant j'écris.. tout ce dont je veux me souvenir. » Tu penses à ton journal intime à la maison. Cette habitude d'écrire le moindre petit détail de ton quotidien, au cas où tu oublierais justement. « Je comprends tout à fait. » Tu prends une autre gorgée de ton verre d'eau alors que tu sens que la discussion retourne sur un sujet qui est plus délicat pour toi. « Je ne savais pas pour le père de ton fils. » Un sourire triste habite ton visage alors que l'image d'Adam te frappe en plein visage, quelque chose que tu n'arrives toujours pas à contrôler malgré les années qui passent. « Ni pour ton fils. Quel âge a-t-il? » « Il a onze ans. » Tu te lèves légèrement, suffisamment pour sortir ton porte-feuille de la poche arrière de ton jeans. Tu en sors une petite photo cachée entre deux cartes. Sur la photo, on peut y voir Eli avec son sourire loufoque, ses yeux foncés comme ceux de son père et ses petits cheveux bruns et bouclés. La seule preuve qu'il est bien ton fils est ses tâches de rousseurs qui recouvrent ses joues, comme les tiennes. Tu la tend à Elias, qui l'a prend et l'observe. « Eli n'avait que trois ans lorsque son père est décédé. Adam était dans l'armée. » Tu évites de croiser le regard d'Elias, de peur de ce que tu pourrais lire dans les yeux du jeune Suédois. Tu détestes que les gens aient pitié de toi. « Depuis, c'est que lui et moi. C'est mon homme. » que tu dis en échappant un petit rire. Tu prends une grande respiration, tentant tant bien que mal de paraître à l'aise malgré cette discussion qui ne devient pas plus facile avec le temps. « C'est pas le genre de choses qui se glissent bien entre deux discussions sur ta mutation. » Tu essayes de tourner le tout à la blague, mais la tristesse s'entend trop facilement dans ta voix, malgré tout.
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeLun 6 Juin 2016 - 2:08

A la base, Elias s'était dit qu'il ne ferait jamais rien autour de sa mutation. Aider à s'en débarrasser, à créer un vaccin, à comprendre le gêne ; tout ça, il s'était promis de ne jamais le faire. Mais son grand-père, quand il avait écrit de faire attention à Susan, dans son testament, il pouvait pas l'avoir fait à la légère. En tout cas, lire ces quelques mots symboliques, ça n'avait rien eu de léger aux yeux du trentenaire. Voir écrire ce prénom noir sur blanc, ça donnait à son arrivée en ville un nouveau but à atteindre, un nouvelle relation à faire perdurer. C'est pour cette raison qu'il n'avait pas hésité à se rendre au bureau de Susan. Pour comprendre ce qui avait poussé son grand-père à lui donner autant d'importance, il avait eu besoin de la voir. En vrai, face à lui, d'entendre sa voix, de saisir son discours. De découvrir ce lien qui la rattachait à Andrew. Et Susan, Elias a vite compris la place qu'elle avait prise dans la vie de cet homme. Susan, elle lui avait présenté ses travaux, ses recherches, avec une simplicité effarante avant d'expliquer le rôle qu'avait eu le grand-père maternel de l'Åkerfeldt dans tout ça. Pour la première fois de sa vie, le Suédois, il était bêtement resté assis sur sa chaise sans bouger. Cette femme n'avait pas laissé son grand-père seul. Elle l'avait accompagné, jusqu'au bout, lui donnant même l'occasion de se sentir utile malgré la maladie, et tout ce qui pouvait compliquer le quotidien d'Andrew à cause de cette dernière. Pour le géant, ça mettait en évidence une force si différente de la sienne, une façon d'être éloignée mais intrigante.

Cette intrigue, elle a poussé le Suédois à prendre la relève de son grand-père. En dépit de sa réticence,  Elias a pris cette place qu'il a réussi à considérer à sa juste valeur ; un exploit le concernant. Depuis deux ans, les rendez-vous se sont succédés sans que jamais il n'en ressent le moindre agacement. Parfois, il a pu émettre des doutes quant à certains exercices ou une question étrangement formulée, mais rien que ne ressemble pas à un Elias Åkerfeldt en pleine découverte d'un monde qu'il ne connaît pas. “D'accord”, qu'il souffle à sa réponse. Il ne saisit pas la nuance qui peut se comprendre dans ce que Susan vient de proposer. Pour ça, il faudrait que des flèches lumineuses soient dirigées vers le visage de la jeune femme. Et il faudrait surtout qu'une chose différente, comme l'empressement ou la gêne, puisse être entendue par un Elias qui n'y est pas sensible au premier abord. De fait, il laisse couler, reposant un bref regard sur les lettres sous leurs yeux. Jusqu'à ce qu'une photographie n'attire son attention. Elle est coincée entre les doigts fins de la chercheuse, qui lui tend sans détour. Elias s'en saisit doucement. Comme s'il pouvait se brûler. Il n'a pas l'habitude qu'on lui montre spontanément les choses, mais il sent que c'est important pour Susan. Rapidement, son regard passe dans le sien, avant qu'il ne se concentre de surcroît. La question de la confiance revient de loger dans son esprit qui ne cesse de cogiter depuis qu'elle est arrivée. Si elle lui montre cette photo, si elle n'a crainte de lui montre le visage de son fils, de sa chair et de son sang, c'est qu'elle a confiance en lui. Elle ne ferait pas ça avec n'importe qui... si ? Il reconnaît ses tâches de rousseurs, sur le visage de l'enfant. Il lui semble avoir déjà vu cet air rieur quelque part. Néanmoins, la chose qui le marque le plus, c'est ce regard. Ce brin de malice qu'il pense y saisir, et qui lui assure que sur le papier glacé se trouve bel et bien le fils de Susan. “J'ai demandé”, qu'il rétorque, d'un ton doux, apaisant. Ce n'est pas la faute de Susan si elle vient d'aborder le sujet de son ami défunt et de son fils méconnu jusqu'ici, c'est juste qu'il l'a aiguillée dessus. Sa légère curiosité a pris le dessus, son envie de comprendre surtout, Elias n'a juste pas gardé la bouche fermée. Souvent, les choses viennent avec tellement de naturel que le Suédois n'a pas le réflexe mesurer l'impact qu'elles peuvent avoir avant de les prononcer. Tout le monde n'a pas son détachement, tout le monde n'a pas son calme, sa résistance, sa capacité à prendre peu de mots au premier degré, sans aucune pensée derrière pour les alourdir de sens. Elias, il questionne pour obtenir les réponses dont il a besoin. Même si ça fait mal, même si c'est trop direct. Aujourd'hui, avec Susan, il l'a été. Il n'a pas tourné la langue dans sa bouche avant d'intervenir, parce qu'il ne le fait jamais en temps normal. Mais là... là, il se demande s'il n'aurait pas mieux fait de le faire. Et cette minuscule remise en questions, elle sonne bizarre pour lui. Il ne sait pas si c'est positif ou négatif, son instinct lui souffle juste qu'il est à présent trop tard pour faire marche-arrière.

Tendant la photographie à Susan, Elias n'ose pas relever la tête pour croiser son regard. “J'espère qu'il te protège bien.” Un sourire tente de se frayer un chemin jusqu'à ses lèvres... avec plus ou moins de succès. Il a toujours cet air trop sévère sur les traits, pas agressif mais à part, un brin déstabilisant quand il est trop constant. “Je pense que je suis ici pour un bon moment”, qu'il reprend finalement, préférant s'étaler sur un sujet qu'il maîtrise plutôt que sur le reste. “J'aime bien cette maison.” Son regard s'élève vers le plafond, avant de dériver sur la grande pièce tout autour d'eux. C'est calme, c'est reposant. C'est idéal pour une personne comme lui qui n'a pas arrêté de bouger durant plusieurs longues années. Elias, il prend un peu une retraite sur tout ce qu'il a déjà vécu de grandiose en s'installant de façon permanente dans cette forêt, en réaménageant cette maison à son image. “J'ai un boulot, des gens qui comptent sur moi.” Ses épaules se haussent doucement, quand son regard s'autorise enfin à replonger dans celui de Susan en face de lui. “Pour l'instant, j'ai pas prévu de bouger.” L'expression de son visage est presque indescriptible, mais on peut y déceller certaines comme petite chose comme l'excitation, sa curiosité légendaire, une mimique plus enjouée qu'en temps normal. Parler de voyage, c'est éveiller chez l'Åkerfeldt cette soif d'évasion et de découvertes qu'il n'aura pas une vie pour être repu. “Puis il me reste un bon bout des États-Unis à faire. L'Amérique du Sud m'attend, aussi. Je peux pas partir avant d'avoir vu tout ça.” Elias ne sait pas si Susan peut comprendre ce qu'il peut ressentir rien qu'à l'évocation de ses nombreux voyages, passés comme futurs.  “Des voyages, de ton côté ?”, qu'il quémande, avant de jeter un coup d'oeil en direction du couloir qui mène aux chambres de l'habitacle. La sienne, principalement, puisque les autres sont rarement occupées, si ce n'est pas des visiteurs imprévus ou invités par ses soins. “J'ai dans ma chambre un mur qui retrace un peu tout ce que j'ai visité”, qu'il lâche finalement. Alors qu'il prononce ces mots, la soudaine peur de mal faire ou de regretter dans la seconde le guette. D'où son regard qui ne retrouve pas celui de la chercheuse dans la seconde. Il... il a juste envie de lui montrer. Là, maintenant. Elias sent juste que c'est le bon moment et il hésite peu comme il en a la grande habitude. “Je peux te le montrer si tu veux”, qu'il insiste finalement, en désignant le couloir d'un pouce levé vers l'arrière.
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeLun 6 Juin 2016 - 4:14



Old memories

Il t'écoute et ça te fait du bien de savoir que tu peux parler d'Adam sans avoir à te sentir mal. Ça te fait du bien de pouvoir parler d'Eli et de pouvoir montrer combien tu es fière de ton fils. Tu es une personne plutôt privée lorsque ça concerne ta vie privée, il est plutôt rare que tu t’emmène à parler de tel sujet avec des gens qui n'ont pas eu la chance de connaître Adam. Mais avec Elias, c'est venu presque naturellement. Comme si ce n'était pas trop lourd, comme si ce n'était pas trop triste, même si tu sens quand même cette tristesse qui te suit te prendre à la gorge, bien que tu tentes de ne pas trop le laisser paraître. Alors tu gardes un sourire sur tes lèvres, et puis tu penses à ton fils que tu as laissé à ta sœur pour une bonne partie de la journée. Ça te facilite tellement la vie de savoir que tu peux compter sur ta petite sœur, même si tu sais que la situation n'est pas éternelle. Tu aimes avoir Evelyn et Aurora sous ton toit, pouvoir t'occuper d'elles et savoir qu'elles veillent sur toi et Eli, elles aussi. Tu redoutes amèrement le moment où ta devra partir, laissant un vide immense dans la maison. Ta sœur ne cesse de te harceler en te demandant quand est-ce que tu allais finalement laisser un homme entrer dans ta vie, mais tu ne cesses de repousser le moment. Ce n'est pas faute d'avoir rencontré des hommes ici et là au fil des années, mais ça ne semblait jamais être le bon homme au bon moment. Ou du moins, c'est ce que tu t'entêtais à dire à ta cadette qui te regardait l'air suspicieux. Peut-être que tu faisais exprès. Peut-être que tu ne savais tout simplement pas ce que tu voulais, ce que tu attendais des hommes. Après tout, tu ne pensais plus que pour toi-même. Tout ce que tu décides a un impact sur Eli, que tu sois prête à l'accepter ou non. Alors tu fais de l'évitement, parce que c'est plus simple ainsi. Même si tu te dois de l'avouer, c'est plutôt solitaire et froid aussi. « J'ai demandé. » La voix du jeune Suédois te ramène sur terre alors que tu offres un léger sourire à Elias avant de replacer la photo dans ton porte-feuille. « J'espère qu'il te protège bien. » Tu hoches positivement de la tête alors que tu repenses à toutes ces petites choses qu'Eli peut connaît si bien pour te faire plaisir. Cette façon qu'il a de venir te réveiller le matin en se blottissant contre toi, même s'il devient grand et que tu sais que bientôt, il ne le fera plus. Tu profites de chaque câlin, même si souvent ils sont suivis d'un mamaaaaan trop long qui témoigne trop bien du temps qui passe trop vite Tu penses aussi à toutes ses fois où aidé d'Evie, il t' apporté un petit déjeuner au lit, parfois sans raison, juste pour te voir sourire à ton réveil. Ton fils, c'est un peu ta fierté. Tu aimes voir le monde à travers ses yeux innocents. Ses yeux qui connaissent la perte mais qui vivent au jour le jour sans trop se poser de question. Ton fils, il est fort, drôlement fort. Et gentil. Le coeur sur la main. On dit souvent qu'il est comme toi, et rien ne peut te faire sourire plus que ça.

« Je pense que je suis ici pour un bon moment. » Tu ne pourrais t'expliquer pourquoi, mais ça te rassure de savoir qu'il n'est pas prêt de partir. Tu ne sais pas si c'est parce que tu aimes cette relation que vous avez développer au fil des ans, si c'est lui ou simplement ce sentiment de constance qu'il t'apporte, quelque chose et quelqu'un sur qui tu peux dépendre, mais tu as une difficulté folle à imaginer ton quotidien sans la présence du grand Suédois dans ta vie. « J'aime bien cette maison. » « Ça se voit. » Plus tu en apprends sur le jeune homme, plus tu comprends un peu plus le genre de personne qu'il est. Fidèle à lui-même. Constant, direct et franc. Passionné, et en contrôle. Tu as l'impression que peu importe où il se trouve, peu importe ce qu'il fait, il est toujours en possession de ses moyens, fiable et tu lui admires ce sang froid qui le caractérise si bien. « J'ai un boulot, des gens qui comptent sur moi. » Et comme ça, tu te demandes s'il a une femme dans sa vie. S'il y a une fille qui habite ici, avec lui. Ou bien même sans habiter ensemble, s'il y a une fille quelque part qui l'attend et qui admire chez lui les mêmes choses que tu lui trouves. Et sans même que tu n'aies le temps d'y réfléchir plus longuement, tu t'entends poser la question. « Une fille peut-être? » Tu espères qu'avec ce que tu viens de lui partager, ça te donne le droit de faire encore un peu plus ta fouineuse. « Pour l'instant, j'ai pas prévu de bouger. » Tu fais semblant de regarder les lettres qui habitent la table de la cuisine, mais tu ne peux empêcher un sourire drôlement sincère de se placer sur tes lèvres alors que tu es rassurée à l'idée de savoir que vos rencontres hebdomadaires ne sont pas sur le point de s'arrêter. Sans même le réaliser, tu en étais venue à comprendre que le grand Suédois était devenu une de tes parties préférées de tes longues semaines de travail. Et que sans lui, tout ça, ce serait peut-être un peu moins fascinant soudainement. « Puis il me reste un bon bout des États-Unis à faire. L'Amérique du Sud m'attend, aussi. Je peux pas partir avant d'avoir vu tout ça. » « Tant mieux alors, ça va me donner un peu plus de temps pour en apprendre plus sur toi et tous tes voyages. » Tu sens la gêne qui te monte aux joues et tu ne comprends pas ce qui te prend de laisser de tels commentaires sortir de ta bouche. Mais tout ce que tu vois sur le visage du jeune Suédois, c'est un peu d'excitation à l'idée de ses voyages à venir. C'est subtil, mais tu commences à connaître son visage et ses expressions plus que tu ne veux te l'admettre. « Des voyages de ton côté? » Tu hausses les épaules, hochant négativement de la tête. Ce n'est pas que tu n'aimerais pas partir, au contraire. Depuis que tu es toute petite que tu rêves de voyager et de découvrir le monde comme Elias a pu le faire. Vous en parliez souvent Adam et toi, de partir, après vos études. Mais il y a eu Eli, et puis l'armée, et puis la mort. Depuis, tu consacres tout ton temps à ton fils, à ta sœur. Oubliant même au passage tes propres rêves et envies, les laissant de côté au risque de les perdre. « Pas vraiment. Avec Eli et Evie, ma sœur ainsi que ma nièce à la maison, j'ose pas trop imaginer partir pour le moment. » Tu prends une pause, essayant de te remémorer tous les plans de voyage que tu as pu faire avec Adam par le passé. « Mais j'adorerais visiter l'Europe. On parlait de faire un voyage backpack avec Adam, avant que je ne tombe enceinte d'Eli. Mais la vie a mis autre chose sur mon chemin faut croire. » Non pas que tu regrettes, au contraire. Tu aimes la vie que tu mènes, sans aucun doute. Mais tu ne peux t'empêcher de te demander ce que ça aurait pu être si Adam n'était pas mort, si tu étais tombée enceinte quelques années plus tard. « J'ai dans ma chambre un mur qui retrace un peu tout ce que j'ai visité. » Tu ne dis rien, te contentant de le regarder, de la curiosité pleins les yeux. « Je peux te montrer si tu veux. » Tu fais un signe que oui de la tête, toujours trop enthousiaste face aux réactions du jeune homme qui se veulent plus réservés, plus conservatrices. Tu le suis jusqu'à sa chambre et tu ne peux t'empêcher d'observer tout ce qui t'entoure au lieu de te concentrer sur la grande carte, l'élément qu'il voulait d'abord te montrer. Tu fais le tour de la chambre, qui est simple, mais tellement à l'image du jeune homme avant de te perdre sur la carte pleines des souvenirs et des endroits que le Suédois a eu la chance de visiter pendant ses jeunes années. « Wow. » Tes doigts passent sur la carte et tu te perds sur les pays, les régions et les provinces, tous ces endroits où Elias a pu mettre les pieds, où il a pu se perdre dans une nouvelle culture, avec une nouvelle langue et des nouvelles rencontres à tous les coins de rue. « Est-ce qu'il y a une destination qui t'a plus marqué qu'une autre? Un voyage que tu referais là, tout de suite, si tu pouvais? » Tu veux en savoir, toujours tellement plus. L'homme devant toi, il te fascine. Complètement.
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeJeu 9 Juin 2016 - 14:45

Elias ne sait pas ce qu'il lui prend quand il propose ça. Il n'a pas l'habitude de le faire, avec personne, parce que le tracé de son périple est une chose qu'il garde précieusement dans un coin de sa tête et sur ce mur dans sa chambre. Et comme il vit tout seul dans cette grande maison, avec peu de visiteurs pour combler l'espace ou le silence, il n'a jamais eu l'occasion de penser à partager un peu son vécu. C'est une première. Une grande première au niveau de son audace et de son ouverture aux autres, lui qui a tant l'habitude de ne rien partager sauf si on lui demander explicitement. Le Suédois a du mal à changer à ce niveau-là : Elias, il écoute plutôt que d'être écouté. Il s'efface doucement au profit de l'autre dans une conversation, il pose les bonnes questions pour ne jamais en recevoir. Sa façon à lui d'apprendre à connaître les autres, pas de se faire connaître en retour. Il ne paraît pas froid au premier abord rien que par sa taille impressionnante, mais surtout à cause de ce visage fermé abritant cet esprit si vif ; une chose que l'on ne peut deviner, effectivement, en plongeant juste son regard dans le sien. Toutefois, cette proposition ne représente par rien pour le mécanicien. Elle confirme la place spéciale qu'a Susan dans son esprit, celle qu'elle a mis du temps à gagner sans démériter. La famille d'Elias a toujours compris que ce dernier n'avait pas le même affect aux autres. Une fois un certain âge arrivé, ses parents et ses frères ont découvert l'affirmation de son véritable caractère, une manie à observer le monde et les personnes qui l'entourent qui change un peu de celle des autres. Puis, au bout d'un moment, quand le géant pense avoir bien appréhendé les choses, il s'attache. Sans forcément le réalise sur le coup, mais il s'attache. Après deux ans à parler avec Susan, c'était inévitable.

Sauf qu'avec la jolie Anderson, il y a ce plus qu'Elias est incapable d'identifier. Ce plus qui le fait se lever de sa chaise, s'avancer dans le couloir, lui avouer de ne pas trop regarder au fond du couloir car les travaux n'y sont pas encore achevés, avant de tourner dans sa chambre. Ce petit plus, il lui a donné assez de confiance en lui et en ce qu'il a fait dans sa vie pour le montrer à Susan, alors qu'il n'a pas de genre d'initiatives en temps normal. Alors est-ce que ça n'en est pas un ? La voir s'avancer vers l'immense carte au mur, ça a le don de le faire respirer un peu plus fort, un peu plus profondément, peut-être à cause de la légère appréhension qui le guette. Appréhension minime mais présente, qui le rend muet le temps des observations de la chercheuse. Il ne dit rien quand elle passe ses doigts sur le papiers usés par les voyages. Il ne dit rien quand elle est impressionnée par ce qu'elle a sous les yeux. Elias attend juste la suite. Montrer ce mur rempli de souvenirs, il ne sait pas ce que ça peut générer comme réaction annexe. Lui, il passe parfois de longues minutes à le regarder, une fois même durant une heure entière, pour se rappeler tel ou tel instant. Dans le placard de sa chambre se cachent les centaines de lettres-souvenirs qu'il a écrites durant toutes ces années. Le Suédois en relit dès qu'il le peut. C'est une partie de sa vie qui se trouve sur cette carte, transcrites sur ses lettres. Et permettre à Susan de s'y confronter, c'est s'ouvrir un peu. D'une certaine façon, à la Elias Åkerfeldt.

Mon premier voyage”, qu'il répond à sa question en s'avançant à ses côtés. Sans la regarder, il avance un doigt sur un pays non loin du centre de la grande mappemonde. “La Grèce.” Ça remonte à loin. Très loin. Elias n'a même pas de lettre pour illustrer tout ce qu'il a pu faire là-bas ; seulement la carte en noir en blanc qu'il a piqué juste en-dessous du pays sur la carte devant eux. Remontant son index sur son pays d'origine, la Suède, le mécanicien se met à tracer son premier chemin tout doucement. “J'ai traversé tous ces pays pour l'atteindre, du coup sur la route j'ai noté tous les endroits qui m'attendaient après ce pays. Même si j'ai toujours fonctionné à l'instinct et aux rencontres.” Un léger sourire le gagne car le souvenir est encore si vivace dans son esprit, malgré les années qui ont passé, qu'en parler éveille toujours quelque chose de particulier chez lui – son âme d'aventurier, son besoin d'évasion, peut-être. “C'était l'un des pays les plus éloignés de la Suède au début de mon périple. Ça m'intriguait.” Haussant les épaules, il jette un regard en direction de Susan avant de se saisir de la carte épinglée sous la Grèce. Elle représente le Théâtre d'Epidaure, un des premiers monuments que l'esprit vagabond et encore jeune à l'époque du grand Elias a visité. La montrant à la chercheuse, il se remet à sourire, un petit peu. “A 19 ans, je me sentais pour la première fois minuscule quelque part.” C'est vrai que c'était immense. C'est vrai que c'était impressionnant. Une étendue de pierre et les explications qui lui avaient été données pour réaliser l'importance de cet endroit stratégique avant. Une première découverte marquante, qui avait eu pour effet de motiver encore plus le jeune voyageur à poursuivre son périple un peu partout en Europe, avant d'attaquer le monde entier s'il le pouvait. “Je ne le referais pas maintenant mais en tout dernier”, qu'il indique, alors qu'il pique à nouveau la carte, au même endroit, d'une punaise discrète. “Pour boucler la boucle.” S'il ne termine pas comme son grand-père. S'il n'oublie pas ce premier voyage initiatique dans le processus de la vie, dans une future maladie. Un jour, peut-être qu'Elias aura oublié tout ce que cette carte représente. Quand ses yeux se poseront sur un bout du papier amoché et vieillissant, comme lui, plus aucun souvenir ne refera surface dans sa mémoire. Il n'aura plus rien. Une partie de sa vie s'envolera comme celle de son grand-père a pu s'envoler. Et malgré cette pensée qui pourrait s'avérer terrifiante, le Suédois ne sait toujours pas comment réagir. “Il est jamais trop tard pour se lancer, Susan”, qu'Elias reprend, en tournant la tête vers elle.  “Les enfants aiment découvrir de nouvelles choses, non ?” Son fils aimerait peut-être découvrir d'autres horizons ? Et surtout se dire que son père avant lui en avait eu l'idée, avec sa mère. Elias ne sait pas comment ça marche, un enfant, il ne sait pas comment ça réfléchit. Il évite même ces derniers à cause de sa mutation qui les rend bien trop vulnérables à ses yeux. Face à un enfant, le géant n'est plus qu'un animal craintif mais... mais ça l'intrigue de se dire qu'un jour peut-être Susan et son fils, ainsi que sa sœur et sa nièce, fouleront les terres et paysages qu'il a foulé auparavant. “Si Evie et toi voulez réfléchir à un itinéraire un jour, avant de franchir le cap, venez me voir. Ici ou au garage, ça me dérange pas.
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Astrid Blake
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeMar 21 Juin 2016 - 19:30



Old memories

Il y a quelque chose de particulier à cette rencontre. Quelque chose de plus qui s'ajoute entre le jeune Suédois et toi, quelque chose qui ne s'était jamais réellement manifesté par le passé. Peut-être que c'est le changement de décor, cette impression soudaine que tu as de passer du cadre d'une relation professionnelle jusqu'au cadre d'une relation plus amicale. Peut-être que c'est tout simplement la manière dont les yeux du jeune s'illumine devant cette gigantesque carte du monde qui prend presque un mur de la pièce. Peut-être aussi que c'est l'impression de découvrir une nouvelle partie de lui, une partie que tu sais trop bien qu'il garde entre les quatre murs de cette chambre, ou du moins, dans cette grande maison qui te rappelait des choses bien différentes désormais. Tu es fasciné par son regard qui ne quitte pas la carte des yeux, et tu te surprends à le regarder lui attentivement plutôt que de faire attention aux différentes choses qu'il t'explique, qu'il te montre avec la plus grande ouverture. Et ça te fait particulièrement plaisir, mais étrange à la fois, de savoir qu'il se sent assez à l'aise avec toi pour te montrer tout ça. « Mon premier voyage. » Ses doigts se placent vers le centre de la mappemonde, et tu rêvasses déjà de toutes ces destinations épinglés sur le mur, tous ces moments, toutes ces rencontres. Tu essayes d'imaginer Elias partout, se frayant son chemin bien à lui. L'homme que l'on remarque automatiquement par sa grandeur et sa carrure impressionnante, mais qui sait se faire si facilement discret, silencieux, mais toujours à l'écoute. « La Grèce. » Tu suis le doigt du jeune homme qui part du pays de son premier voyage, remontant jusqu'à son pays d'origine, la Suède et le monde te paraît si petit sur cette carte, mais tu sais que ce n'est qu'une illusion. « J'ai traversé tous ces pays pour l'atteindre, du coup sur la route j'ai noté tous les endroits qui m'attendaient après ce pays. Même si j'ai toujours fonctionné à l'instinct et aux rencontres. » Tu aimes voir le sourire d'Elias sur ses lèvres, ce sourire empreint de souvenirs et de nostalgie. C'est quelque chose de nouveau que tu remarques chez le jeune homme. Celui qui est toujours si sérieux et serein, tu te demandes comment il est devient, dans ses terres nouvelles, un terrain inconnu. Tu te demandes quel genre de voyageur il est, celui qui sait ce qu'il veut faire une fois qu'il est dans un nouveau pays, dans une nouvelle ville. Ou plutôt celui qui se laisse guider par les beautés de ce qu'un nouveau monde a à lui offrir. Tu penches plutôt pour la deuxième option, mais tu ne poses pas la question à voix haute, n'ayant pas envie de couper le jeune homme dans son élan. « C'était l'un des pays les plus éloignés de mon périple. Ça m'intriguait. » Vos regards se croisent alors que ses doigts s'attardent à prendre une carte se trouvant sous la Grèce. Tu regardes attentivement l'image, transportée dans ce souvenir qu'évoque la voix grave de l'homme à tes côtés. « À 19 ans, je me sentais pour la première fois minuscule quelque part. » Tu échappes un petit rire, imaginant la sensation que ce serait de te retrouver à cet endroit. « Alors tu as une petite idée de comment j'me sens à côté de toi. » Après tout, il avait facilement une tête de plus que toi, et tu devais t'étirer le cou pour pouvoir le regarder directement dans les yeux. Soudainement, tu te sens plus consciente de la proximité qu'il y a entre vous. Les quelques mètres seulement qui vous séparent semblent si minimes soudainement que tu te vois reculer, alors qu'il remet la carte à son endroit d'origine.

« Je ne le referais pas maintenant, mais en tout dernier. » Tes doigts sont désormais occupés à passer sur chacune des petites épingles des différents pays, des différentes villes. Tellement d'endroits différents. Il y a tellement de questions que tu aimerais posé, tellement de choses que tu aimerais savoir. Combien de temps il est resté dans chacun de ses endroits? Comment il faisait pour choisir sa première destination? Tu te demandes aussi s'il s'ennuyait de sa maison ou de sa famille, même si tu devines assez facilement qu'il doit bien gérer la distance puisqu'il demeure ici alors que sa famille est encore en Suède, du moins, c'est ce que tu en comprends. Il y a tellement d'indépendance chez Elias là où chez toi demeure un besoin de constance, de repères et d'une routine dans laquelle tu es probablement trop encrée. Tu sais que depuis plusieurs années déjà, tu ne te permets plus de rêver, tu ne te permets plus d'être complètement spontanée, de faire tes valises et de partir comme tu as si souvent voulu la faire lorsque tu étais encore jeune et sans grande responsabilité. Tu aimerais pouvoir te sentir libre, comme tu t'imagines qu'Elias l'est. Et tu l'envies, terriblement pour cela. « Pour boucler la boucle. » « Le voyage de toute une vie. », que tu murmures, la voix empreinte de désir et d'envie face à cette vie que tu ne vivras pas de ton côté. Tu n'es pas toute seule et tu sais que rien au monde ne pourrait remplacer ce qu'Eli est pour toi, la place que ta sœur et Aurora ont dans ton coeur, le souvenir d'Adam aussi. Mais tu ne peux t'empêcher de te demander ce qu'aurait pu être ta vie si tu n'avais penser qu'à toi, qu'à tes envies. « Il est jamais trop tard pour se lancer, Susan. » Tu échappes un petit rire, suivi d'un soupir. Tu sais qu'il n'est jamais trop tard, mais tu as une difficulté folle à t'imaginer partir, concrètement. Parce que tu es tellement attachée à ce que tu connais, à toutes tes petites habitudes desquelles tu es incapable de te détacher. « Les enfants aiment découvrir des nouvelles choses, non? » Tu penses à Eli, ce petit curieux, ce petit fouineux. Et tu sais déjà que les voyages lui plairaient beaucoup. Tu t'imagines déjà quel serait sa réaction si tu lui annonçais que vous partiez dans un pays comme la Grèce, il serait complètement fou de joie et sûrement impatient de partir. Mais c'est toi, toi qui te freine à l'idée de tout ce qui pourrait se passer, tout ce qui pourrait mal virer loin de ce que tu connais par coeur. « Eli adorerait partir. C'est plutôt sa mère qui veut le garder en sécurité de l'immensité du monde. » Tu essayes de tourner le tout à la blague, même si tu sais que tu sonnes un peu contradictoire, à vouloir découvrir le monde mais en être effrayée en même temps. « Si Evie et toi voulez réfléchir à un itinéraire un jour, avant de franchir le cap, venez me voir. Ici ou au garage, ça me dérange pas. » Tu lui offres un sourire sincère. Et alors que vos regards se croisent, tu comprends de mieux en mieux ce malaise qui naît tranquillement au fond de toi. Le sourire qui se place sur tes lèvres devant son regard illuminé, ce petit nœud dans le fond de ton ventre lorsque tu penses à votre proximité. Cette impression d'être finalement rentrée dans l'esprit et l'univers du jeune homme et appréciée tout ce que tu y vois. Et soudainement, tu te sens mal à l'aise. Des pensées qui se forment dans ton esprit lorsque tu l'observes. « C'est vraiment apprécié Elias. Merci beaucoup. » Tu passes à côté de lui, te dirigeant vers la porte, ressentant soudainement le besoin de sortir un peu de l'univers trop privé du jeune suédois. Pas parce que tu n'as pas apprécié, au contraire. Parce qu'il y a tellement de choses que tu voudrais dire, tellement de choses que tu voudrais savoir encore et tu as peur de cet intérêt grandissant. « Merci de m'avoir montré tout ça. Et de ne pas avoir été dérangé par ma petite visite surprise. Ça m'a fait du bien, de revoir la maison. » Tu penses à son grand-père et tu es contente que malgré les circonstances, la perte d'un être cher est fait apparaître le grand Suédois dans ton quotidien. Une fois dans la cuisine, tu te retournes de nouveau vers Elias, jouant dans tes cheveux, un tic qui fait voir un peu trop bien ce nouvel élan de nervosité. « Je crois que um.. J'crois que j'vais y aller. Je t'ai déjà assez dérangé comme ça. » Tu fais quelques pas vers la porte, évitant le regard du jeune homme, la gorge soudainement sèche et la tête pleines de pensées qui te surprennent les unes après les autres. « Tu passes me voir quand tu veux. Au bureau j'veux dire, ou ailleurs, si tu en as envie. » Tu es contente de lui faire dos alors que tu te maudits d'avoir l'air soudainement si idiote. Tu te retournes toutefois, lui offrant un sourire que tu espères le plus naturel possible. « Ça m'a fait plaisir de te voir, Elias. » Et tu le penses. Sûrement un peu trop fort.
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MessageSujet: Re: old memories (elisan)   old memories (elisan) Icon_minitimeSam 25 Juin 2016 - 0:32

Je comprends”, qu'Elias acquiesce en jetant un bref regard la maman à ses côtés. Lui qui a toujours eu le besoin de découvrir toujours plus de choses, de personnes, de pays, d'endroits, il ne peut que s'apercevoir du sentiment d'insécurité qui a peut-être étreint sa propre mère quand il a pris le large. Il est vrai que le monde est immense ; il est vrai qu'il peut effrayer, surtout lorsqu'un être cher le foule sans moyen de vous joindre ou de vous tenir au courant de toutes les aventures incroyables qu'il est en train de vivre. Mais c'est ça l'aventure, c'est toutes ces émotions que le jeune Elias d'il y a une quinzaine d'années voulait vivre. La réaction de Susan n'en est que plus naturelle pour lui, d'où ce sourire timoré mais bel et bien présent qui tord un peu ses traits. Il n'a pas eu le temps d'être confronté à l'inquiétude de sa mère, ou de ses frères, ayant fait le choix de partir au plus vite de chez lui pour ne pas se voir changer d'avis. L'Åkerfeldt n'est pas de ce style, ses décisions étant souvent prises seules, sans consultation d'un quelconque autre avis que le sien, mais la famille a toujours beaucoup compté à ses yeux. Une seconde de trop auprès de sa fratrie et de ses parents aurait peut-être suffi à tout remettre en question dans son esprit, ce qui aurait conduit à ne pas avoir cette immense carte sur son mur, aucune lettre retraçant ses nombreux voyages, pas de Susan à la fois contemplative et intimidante à ses côtés. Plus rien n'aurait été pareil alors Elias comprend la réserve de la jeune femme sans pour autant l'appuyer. Néanmoins, le mécanicien sent qu'Eli fera partie de ces gamins chanceux à pouvoir réaliser ses rêves s'il le désire, car sa mère, malgré l'appréhension, le soutiendra. Ça n'est qu'une impression, sauf qu'elle ne date pas d'aujourd'hui : elle s'est forgée au fil du temps, depuis leur première rencontre, et le géant n'arrive pas à voir les choses autrement.

Une fois la proposition du Suéois faite, le sourire que lui offre Susan pour réponse a une saveur inexplicable. Il n'a aucune idée de comment l'interpréter, ni même s'il y a une façon particulière de l'interpréter. Pourtant, il se pose la question et c'est ce qui s'avère être le plus troublant. Il appuie son remerciement d'un signe de la tête, sans un mot, par crainte de réduire l'instant à néant. Elias se replonge dans ce qu'il connaît le mieux, un comportement un peu à part, une impression de devoir toujours comprendre tout ce qui se passe autour et devant lui pour pouvoir être lui, alors que l'impression d'avoir plus de mal à le faire aujourd'hui, maintenant, que les autres jours se fraye un chemin jusqu'à ses pensées. Ce n'est que lorsque Susan passe à côté de lui pour quitter la chambre que le géant s'efforce d'arrêter de cogiter pour la suivre. Il s'abaisse légèrement lorsqu'il doit passer la porte de sa chambre, réitère le mouvement en arrivant à l'entrée du salon, toujours trop petite pour la montagne qu'il est. Enfin, c'est au tour d'Elias d'offrir un nouveau sourire à Susan. La deuxième fois en peu de temps ; elle doit détenir un secret dont lui-même méconnaît la source. Cette fois-ci, c'est pour la bienveillance qu'il dénote à nouveau dans ses mots à propos de la maison et de son grand-père. Ça l'étonnera toujours, à l'Åkerfeldt, cette gentillesse qui se dégage de tout ce que fait la chercheuse. Mieux que de l’étonnement, même, c'est de l'admiration qui se devine dans les prunelles si souvent inexpressives du grand Elias, ou bien encore quelque chose d'indescriptible quand elle est là. Une chose qu'il n'arrive pas à expliquer, ni à s'expliquer.

Au final, il l'observe un instant embêter une mèche de ses cheveux enflammés sans bouger. Incapable de nier, puisqu'elle a tout de même interrompu des travaux annexes, Elias ne trouve pas d'autre moyen de réfuter ce qu'elle dit à propos de l'avoir dérangé ou non que de secouer doucement la tête. Ce n'est pas le cas, elle ne l'a pas dérangé. Elle ne le dérange jamais, même, puisqu'il fait plus souvent le chemin lui jusqu'à son bureau que l'inverse. Ça change. Toutefois, de là à ce que le géant comprenne que cette visite imprévu lui a réellement fait plaisir... “D'accord...”, qu'il répond simplement, alors qu'elle s'avance vers la porte d'entrée. Le mécanicien ne sait même pas si elle est restée longtemps – un peu comme si le temps s'était arrêté dès qu'il l'a aperçue dehors, derrière la maison. Il ne peut que constater son chemin qui se poursuit jusqu'à l'extérieur, alors qu'il se stoppe avant de lui-même sortir. Ce n'est qu'une fois qu'il ne peut plus apercevoir son visage, lorsqu'elle lui tourne le dos pour de bon, qu'il hésite. Un nouveau pas en avant le mène dehors, à sa suite, avant qu'il ne la regarde s'affairer à ouvrir sa voiture puis grimper à l'intérieur. Un “Moi aussi Susan !” passe enfin ses lèvres, juste avant qu'elle ne claque sa portière. Trois petits mots qu'Elias ne pensait pas éprouver réellement, mais qui paraissent aussi sincères que toutes les choses qu'ils viennent de se dire et de partager tous les deux.
(fin)
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