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 (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.

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Alec Lynch
Alec Lynch

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.   (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops. Icon_minitimeMer 10 Juin 2015 - 0:46


my body is a cage we take what we're given
I'm living in an age that calls d a r k n e s s light. though my language is dead still the shapes fill my head. i'm living in an age whose name I don't know. though the fear keeps me moving, still my heart beats so slow. my body is a cage that k e e p s me from dancing with the one I love but my mind holds the key. w/alec lynch & seth koraha.

Une impasse – plutôt un cul de sac, des affres dont il ne voyait pas le fond. Impossible de décrire la situation dans laquelle il se trouvait – désespéré, sans doute, pour se retrouver ici. Ce n’était plus un sentiment auquel il était habitué : du moins, plus depuis treize longues années, ce jour-là où il avait laissé tout son passé derrière lui, s’accrochant à une vengeance qui lui avait permis de revoir la surface. Alec marchait en eaux troubles, des marécages d’inconnus qu’il n’avait jamais eu envie de parcourir : être un dégénéré ne pouvait pas faire partie du code génétique gravé en lui – c’était impossible. Et pourtant, c’était la réalité pure et dure qu’une nature vicieuse et trompeuse avait déposé sur ses épaules. Il pouvait dorénavant sentir toute sa vie s’effriter et ses assurances s’envoler pour retourner au néant qu’elles avaient été autrefois : il avait pourtant été si facile d’accepter la proposition, le sauvetage des Lecter comme une destinée à part entière, un but dans une vie réduite à néant par ceux qui se croyaient tout permis dans un monde où ils n’étaient rien d’autre que des dangers ambulants. Celui qui s’était cru ainsi, du moins. Aux paroles acides qu’il s’était inlassablement répétés des années durant, s’ajoutaient les mots de Calista, échangés dans l’intimité de quelques minutes de retrouvailles entre eux : avait-elle fait disparaître l’océan de questionnements qui le taraudaient ? Peut-être avait-elle simplement ajouté d’autres questions au lot, des hantises que le Lynch tenait à fuir plus que tout – il ne manquerait plus, après tout, qu’il regrette ce qu’il avait fait pendant les treize dernières années de sa vie, et voient une âme dans ceux qui avaient incarné des ennemis. La réponse à ses questions, il acceptait volontiers que ce soit supprimer cette part de lui, plutôt que d’y trouver quoique ce soit d’humain : Alec perdait foi en cette possibilité à chaque fois qu’il passait la lame froide d’un couteau sur sa peau, pour voir le sang à peine perler, et la plaie se refermer comme si de rien n’était, asphyxiant une douleur qu’il aurait jugée indispensable. Nécessaire. Et à nouveau, dans la solitude de son appartement, le chasseur avait décidé de chasser la blonde se ses songes : elle aussi, devait au fond comprendre la haine qui parcourait ses veines à chaque fois qu’il pensait à ce qu’il était devenu. Elle aussi, serait dans la même situation que lui, déchirée par un passé qu’elle avait, profondément incrusté dans sa ligne de vie, et ce que les circonstances lui balançaient en plein visage. Calista ne pouvait pas comprendre, toute déconnectée qu’elle était d’une réalité impitoyable, planquée derrière ses vieilles hantises et un écran d’ordinateur qui la rendait presque idéaliste. La solitude avait fait son œuvre : parcourant de A à Z les dossiers de la police, il avait relevé quelques noms, quelques bribes d’informations qu’il comptait bien exploiter – et habituellement, ç’aurait été des informations qu’il aurait apportées à la Wolstenholme elle-même. Il était préférable d’agir différemment, cependant.

Et il ne comptait pas laisser la moindre place à la chance ce soir – ni même à la bonne volonté de son interlocuteur : Alec avait pris l’habitude de forcer les choses lorsque cela s’avérait indispensable. Peut-être bien que le gibier y verrait un prédateur acculé et pourchassé par des hantises inavouables – qu’importe, ses rapports avec Seth avaient toujours été soigneusement calculés, tout comme chaque pique acerbe et parole qu’ils s’échangeaient. Le voleur n’en avait rien à foutre, de ce qui pouvait advenir de celui qui le faisait chanter – et l’inverse était on ne peut plus vrai : presque l’habituel partenariat forcé par le destin entre un flic et un voyou – ici, pourtant, les choses dépassaient le stade de l’humanité lambda, ignorante et vulnérable. L’hiver de Radcliff infligeait à Alec un rude retour à la réalité : à l’extérieur de la bulle de solitude qu’il s’était créé, le monde continuait de tourner. Les mutants continuaient d’exister, étendant leur emprise sur ce qu’il restait de la minuscule ville. De tout ça, il n’en avait vu que des petits morceaux, disparaissant aussitôt qu’il avait sauvé Calista, la laissant aux mains de personnes à même de la soigner, et fuyant volontiers les questionnements qui passaient les lèvres de la blonde, et trouvaient malgré lui, un chemin jusqu’à son esprit. Thaddeus Lancaster avait plongé la ville dans le chaos, piégeant ses habitants dans les profondeurs d’un cauchemar qui ne cesserait pas : maintenant, les dégénérés se mettaient en plus à faire exploser tous les bâtiments de la ville en balançant des affirmations à tout va. Des dégénérés qu’il retrouverait, peut-être bien son ultime chasse, un moyen de signer officiellement la promesse intérieure qu’il s’était faite au moment de sortir une Calista blessée des flammes provoquées par l’explosion. Définitivement, une visite chez Seth s’imposait, une vérité qui martelait son cerveau encore et encore à mesure que le jour s’assombrissait pour devenir une nuit épaisse. Une vraie nuit d’hiver, avec son arôme de gel et ses petites bises mordantes – et quelque part, au loin, une quelconque senteur d’approche de fêtes de fin d’année. Il y avait eu une époque où Alec en aurait profité pour organiser la fête la plus pourrie qui soit, en l’honneur de rien du tout, rien que parce qu’il avait été un gamin gâté par les circonstances. Dorénavant, Noël était simplement un moyen de sentir vibrer plus vivement la solitude qui l’englobait, l’importance de la seule présence de Felix à ses côtés depuis tant de temps. Peut-être devrait-il se prendre un chien, ou quelconque du genre, rien que pour combler le vide, et remplacer les ténèbres qui grignotaient son âme par autre chose. Il ne s’en sentait pas la foi du moins, et ce n’était certainement pas la perspective de trainer un toutou dans la rue pour le faire chier qui l’aurait fait sortir de chez lui ces derniers jours. L’avantage, c’était qu’il n’avait besoin de traverser que quelques rues, pour passer de son appartement à lui, à celui de l’homme qu’il recherchait – un fait que Seth lui-même n’ignorait pas, usant de ce fait pour grignoter encore un peu plus la patience du chasseur avec lequel il fricotait. Aucun des deux n’avait peur de l’autre, c’était sans doute ça, la base de leur accord : il planait là, la menace qu’un jour, l’un d’eux décide de faire débarrasser le plancher à l’envahisseur – l’épée de Damoclès n’était qu’un petit coutelas incapable d’impressionner ou d’effrayer. L’issu d’un quelconque face à face s’annonçait assez évidente pour qu’Alec n’estime guère avoir besoin d’user de stratégie, de finesse ou même de menace face à quelqu’un comme le petit bandit qu’était Koraha. Le caïd de Radcliff.

Le chemin jusqu’à la tanière du voleur semblait presque incrustée dans son esprit : Alec n’eut aucun mal à se présenter devant la porte, écoutant le silence qui s’allongeait et s’étendait partout autour de lui. Seth était un animal de nuit, qui se plaisait dans ses petites activités illégales et se délectait de chacune des entreprises foireuses qu’il organisait – en somme, une vermine, il était difficile de percevoir quelqu’un comme Seth différemment – il n’y avait qu’à voir son petit air narquois, sa facilité à sembler impossible à impressionner, en toute circonstance ; quitte même à flirter avec l’ennemi qui l’avait mis en joue. Ca le débectait presque, de savoir à ce point comment pouvait fonctionner quelqu’un comme ça. Quelques manipulations suffirent à Alec pour franchir l’obstacle du vulgaire verrou de la porte de chez Koraha : tout voleur qu’il était, il passait sans doute trop peu de temps chez lui pour se préoccuper du verrou sur sa porte, ou même de son appartement tout court. Pour le maniaque, impersonnel, précis et obsessionnel Alec, s’immiscer dans l’intimité perturbée et bordélique d’autrui était une expérience on ne peut plus déplaisante – indispensable, pourtant, à l’heure actuelle. Ses yeux s’adaptèrent facilement à la pénombre laissée dans l’appartement vide, ses prunelles vaquant d’un coin à l’autre de l’endroit – c’était une invasion pure et dure, mais c’était au moins le meilleur moyen pour savoir que tout voleur à la petite semelle qu’il était, Seth ne pourrait pas se dérober à l’invitation de son interlocuteur préféré. Alec ne daigna guère observer attentivement l’environnement qui l’entourait : ses iris trouvèrent bien souvent le chemin jusqu’à une babiole abandonnée ici ou là, sans doute des trucs volés, tout pour indiquer que le Lynch n’était pas dans son élément. Les quelques minutes devinrent de longues poignées, d’interminables temps d’attente, qui épuisaient déjà la patience du chasseur – il avait pourtant l’habitude, de devoir guetter une proie aussi longtemps qu’il le faille, avant qu’elle ne montre le bout de son nez : le rat qu’était Seth devait sans aucun doute revenir régulièrement dans sa petite tanière miteuse et la pièce transpirait bien trop l’omniprésence de son propriétaire pour que tout ceci ne soit qu’un endroit abandonné. Sur le voile du ciel à travers une fenêtre, le chasseur put voir la nuit s’épaissir, l’hiver faire son œuvre sur les ténèbres : l’interruption vint de quelques bruits dans le couloir. Et depuis déjà trop longtemps, Alec n’avait pas inspecté la montre à son poignet, balayant tout sentiment de lassitude ou de fatigue – sans doute encore une conséquence de l’apparition inexpliquée de son pouvoir : ses nuits se raccourcissaient en une poignée de quelques heures réparties ici et là. La motivation d’en finir avec tout cela, était la seule chose qui lui importait, si bien qu’il lui fut presque agréable de voir la silhouette de son interlocuteur tant attendu, se détacher dans la pénombre. La lumière fut, et en un rien de temps, les regards se croisèrent, tendant le silence, enclenchant la sempiternelle petite gué-guerre qui se jouait entre eux. « J’ai presque failli croire que tu avais fini en prison. » ça aurait été dommage, quelqu’un qui aurait récolté les lauriers d’une victoire accomplie par Alec depuis un certain temps déjà : tenir Seth par le col était un petit bonus qu’il s’était octroyé depuis un moment déjà – et ce soir, les conséquences de tout cela n’avaient pas d’importance. Il n’était plus question des banales chasses aux transmutants et autres poignards dans le dos qu’ils se plantaient l’un à l’autre. Honnêteté, aussi limitée soit-elle, serait le maître mot de leur face à face. Quittant le pan de mur d’où il avait observé les quelques rues visibles, Alec approcha de son interlocuteur, lui faisant face de quelques pas, avant de lancer une œillade entendue autour d’eux. « J’espère que t’as de quoi bien recevoir tes invités. J’crois bien que ça fait des heures que j’attends. » le ton était on ne peut plus banal, à croire qu’il venait de rendre visite à son meilleur ami, plutôt qu’à une vermine qu’il rêvait d’écraser du pied. Seth était adepte de ce genre de petites joutes verbales, jamais à perdre la face – peut-être même qu’aussi professionnel qu’il l’est, il avait remarqué l’intrusion chez lui avant même de franchir la porte. Qu’importe : Seth avait eu assez de couilles pour entrer, et c’était l’important. Et tous les deux savaient déjà de quoi allait être fait leur entretien, le chasseur ne faisait que lancer le prologue.
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Seth Koraha
Seth Koraha

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MessageSujet: Re: (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.   (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops. Icon_minitimeMar 4 Aoû 2015 - 3:20

I LIKE RIPPING OFF THIEVES BECAUSE THEY CAN’T GO TO THE COPS
Seth ∞ Alec

Il n’y avait pas à dire, l’ambiance était morose.
Depuis que la ville était en quarantaine, depuis que le couvre-feu avait été instauré, depuis que des hordes de chasseurs déguisés en policiers et en agents de sécurité s’étaient glissé partout dans Radcliff comme une invasion de rats armés jusqu’aux dents, l’ambiance s’était nettement dégradée. Certes, on ne pouvait pas dire qu’elle était habituellement très joyeuse, mais depuis les attentats de la fête des fondateurs, la tension était si palpable qu’on aurait pu la toucher. Tout le monde se jugeait d’un regard en coin, les passants tentant de déterminer si cet homme qu’ils venaient de croiser était un mutant en fuite, ou si cette femme au regard dur n’était pas l’une de ces impitoyables hunters capables de prendre la vie de ceux qu’ils jugeaient comme étant des dégénérés, des affronts vivants à l’espèce humaine. La délation parmi les humains pro-Thaddeus était devenue monnaie courante, et le nombre de morts depuis le début de l’hiver n’avait fait que croître à une vitesse alarmante. Chasseurs, mutants ou dommages collatéraux, aucun camp n’était épargné. Il était devenu terriblement difficile de rester neutre, et ceux qui ne voulaient prendre parti pour personne avaient vite vu leurs convictions suffisamment ébranlées pour rejoindre l’une des deux factions qui tentait de survivre face à l’autre.
Oui, les temps étaient durs dans cette petite cité du Kentucky. Et il y avait beaucoup de raisons à ça.

C’étaient les pensées noires que Seth tournait en boucle dans sa tête tandis qu’il finissait sa troisième bière de la soirée, assis seul au comptoir de l’un des rares bars où l’on pouvait encore parler librement sans avoir peur d’être espionné par une oreille indiscrète. Il était étonnamment morose et sérieux, lui qui d’ordinaire était du genre à sourire et charmer même dans les pires moments. Mais ce soir, il n’avait pas spécialement envie de rire. Avec le blocus, ses affaires ne se portaient pas incroyablement bien ; pire, il avait même dû refuser certains contrats, sachant que cette fois, ni son talent ni sa chance ne lui permettraient d’en honorer les termes. Ses revenus et sa réputation risquaient d’en pâtir, et ça l’agaçait prodigieusement. Lui qui était capable de tout trouver et de tout vendre à n’importe qui, il était pieds et poings liés à cause d’un humain un peu trop extrême et un peu trop soupe au lait. Certes, la destruction de l’hôtel de ville était une attaque personnelle contre lui, mais monsieur le maire allait sans aucun doute perdre des voix aux prochaines élections. Même les citoyens lambda commençaient à en avoir marre de ces décisions si radicales ; les innocents qui ne voulaient rien à avoir dans cette guerre intestine devaient subir comme les autres, voire être traités comme des mutants par des partisans un peu trop zélés de la cause humaine ; allez leur faire comprendre qu’ils se sont trompés. Autant dialoguer avec un sourd.
Autour du trafiquant, les occupants du bar commençaient à lever les voiles. L’heure tournait, et mieux valait être chez soi lorsque sonnaient les onze coups de vingt-trois heures. Sinon, le monstre venait chercher les retardataires, et il n’avait pas le visage hideux d’un quelconque boogeyman issu d’un conte d’enfant, mais plutôt celui, d’une banalité affligeante, de l’américain moyen. Quoique, de son point de vue, c’était probablement plus effrayant d’avoir une personne lambda armée d’un pistolet devant soi plutôt qu’un monstre. Au moins, avec les monstres, on savait à quoi s’en tenir.
En soupirant, le Calédonien paya ses consommations de la soirée. Il salua le barman qui le connaissait bien maintenant, puis ferma sa veste en cuir jusqu’en haut de son cou, enfonça son bonnet de laine noire sur sa tête et sortit de l’établissement. L’air froid de cette nuit hivernale lui donna l’impression d’une gifle violente. En ronchonnant, l’homme de sable remonta le col de sa veste, protégeant son cou et cachant le bas de son visage. Il n’aimait pas le froid. Même avant son séjour forcé en Norvège, il n’avait jamais été un grand amateur des températures en dessous de vingt degrés. Alors forcément, que le thermomètre approche du zéro degré celsius ne lui plaisait que modérément ; c’était le même cirque chaque année, lorsque le temps se faisait grisonnant et qu’il faisait noir à dix-huit heures tout juste. Il était comme ça : il n’avait jamais pu oublier la chaleur de son île natale qui plaisait tant à son organisme de lézard. Penser à quelque chose de chaud le détendit un peu et il se mit en route vers l’immeuble où il habitait, mains enfoncées dans les poches. Il espérait ne croiser personne avant de rentrer chez lui. Il avait hâte de pouvoir se poser dans son canapé et raconter n’importe quoi avec Pietra – oh bien sûr, il ne doutait pas que sa colocataire temporaire lui parlerait travail, mais il savait aussi qu’elle avait besoin de se détendre, et quoi de mieux pour ça que de se poser devant une série idiote avec une bouteille de bière et un ami avec qui bavarder ?

Le bruit de ses pas fut étouffé par l’espèce de tapis un peu miteux qui couvrait le sol de l’étage. Les propriétaires du building avaient voulu donner une fausse impression de confort avec cette moquette d’un rouge sombre qui avait vu des jours meilleurs, mais ça ne le dérangeait pas plus que ça – pour ne pas dire qu’il avait considéré ça comme une faute de goût redoutable et qu’il n’y avait plus pensé par la suite.
Les portes défilèrent autour de lui, la faible lumière des lampadaires à l’extérieur se reflétant sur les poignées rondes et métalliques, jusqu’à ce qu’il arrive à la sienne. Mais au moment où il allait plonger la main dans sa poche pour en sortir ses clés, il remarqua quelque chose d’anormal. Soudain aux aguets, il se pencha légèrement pour vérifier qu’il n’avait pas rêvé ; mais ce n’était ni une hallucination, ni un reflet mal placé : sa porte était bel et bien entrouverte. Seth plissa les yeux, perplexe : ce n’était pas son genre de mal fermer derrière lui, et ce n’était pas celui de Pietra non plus. Il se demanda tout à coup si la jeune femme n’avait pas eu un problème, et s’il n’allait pas la retrouver en sang au beau milieu de son salon. Posant la main sur sa porte, il la poussa doucement. Au moment où il s’apprêtait à appeler la jeune femme, son regard tomba sur une silhouette qui était définitivement trop grande et imposante pour être la sienne. Il s’agissait d’un homme, et s’il se tenait là, dans le noir, il n’était pas spécialement sûr qu’il s’agisse d’un invité de son amie. Il se trouvait donc face à un intrus, chose qui ne lui disait absolument rien qui vaille. Sa main se posa sur l’interrupteur et la lumière éclaira l’appartement.

- J’ai presque failli croire que tu avais fini en prison.

L’homme de sable connaissait cette voix ; il la connaissait même beaucoup trop bien.
Il ne lui fallut qu’une demi-seconde pour reconnaître les yeux bleus dans lesquels se posèrent les siens, et il se tendit de plus belle. Alec était bien la dernière personne qu’il s’attendait à voir chez lui, et il se serait très bien passé de ça jusqu’à la fin de son séjour à Radcliff. Dire qu’il n’aimait pas le policier était un euphémisme d’une douceur sans pareille ; les deux hommes se détestaient cordialement et avaient juré de faire tomber l’autre – le problème étant qu’ils se faisaient mutuellement chanter, et qu’il n’aurait pas suffi de grand’ chose pour qu’ils tombent tous les deux en même temps. C’était un jeu vicieux qui s’était installé entre eux, quelque chose de profondément dangereux qui ne pouvait que mal se terminer. Seth le dévisagea lorsqu’il le vit s’approcher, et il profita du bref moment où il tourna la tête pour jeter un rapide coup d’œil aux alentours. Il ne vit pas Pietra, ni son manteau ou son sac. De toute évidence, elle était sorti, ce qui rassura le trafiquant : il n’avait pas envie de la voir prise dans ce duel qui l’opposait au grand type debout à quelques mètres de lui. Il ne vit pas Roy non plus : de toute évidence, le chat s’était encore enfermé tout seul dans la salle de bain. Pour une fois, c’était tant mieux pour lui.

- J’espère que t’as de quoi bien recevoir tes invités. J’crois bien que ça fait des heures que j’attends.

Seth haussa les épaules et referma derrière lui avant de se débarrasser de son bonnet qu’il jeta en direction de la table au milieu de son salon. Ouvrant sa veste calmement, comme s’il se trouvait face à une personne qui ne souhaitait pas ardemment sa mort ou son arrestation, il se retrouva en t-shirt et beaucoup plus libre de ses mouvements. Il pendit son vêtement au crochet prévu à cet effet près de la porte. Il put ainsi vérifier une dernière fois que les affaires de Pietra n’étaient pas là. Visiblement, elle n’était pas partie en catastrophe : Alec était donc entré après son départ. Il ne saurait pas qui il hébergeait, et tant mieux. Pas la peine de rajouter un soucis supplémentaire à la demoiselle.

- T’avais qu’à te servir dans le frigo, c’est comme ça qu’on fait chez moi. Enfin, quand on est invité.

Et en parlant de frigo, Seth se dirigea vers le sien. Il l’ouvrit mais, plutôt que d’opter pour la quatrième bière de la soirée, il se rabattit sur un café glacé. C’était le seul moyen de lui faire avaler le breuvage amer, et il avait besoin de quelque chose qui le réveillerait.
Retournant dans son salon, il s’assit tranquillement et posa les pieds sur la table, jambes croisées. Il fixa le chasseur, et si  les regards pouvaient tuer, il ne faisait aucun doute qu’ils seraient déjà morts tous les deux.

- C’est bien, à force d’imiter les criminels, tu pourras passer pour l’un d’entre eux bientôt.

Il sourit, d’un sourire narquois qui se mariait bien avec la lueur féroce qui brillait dans ses yeux.

- Et sinon, qu’est-ce qui me vaut le déplaisir de te trouver dans mon salon ? T’as pas autre chose à faire, des mutants à emmerder, des poivrots à enfermer ?

Il but une gorgée de son café sans le quitter des yeux. Il sentait son revolver, caché entre sa ceinture et sa peau dans son dos, et il se demanda s’il serait suffisamment rapide pour dégainer le premier si jamais la conversation devait mal tourner.
Et il ne doutait pas qu’elle tournerait très vite très mal.




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Dernière édition par Seth Koraha le Lun 5 Oct 2015 - 2:39, édité 1 fois
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Alec Lynch
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MessageSujet: Re: (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.   (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops. Icon_minitimeMar 8 Sep 2015 - 18:58


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I'm living in an age that calls d a r k n e s s light. though my language is dead still the shapes fill my head. i'm living in an age whose name I don't know. though the fear keeps me moving, still my heart beats so slow. my body is a cage that k e e p s me from dancing with the one I love but my mind holds the key. w/alec lynch & seth koraha.

Accepter. Accepter qui il était. Ce qu’il était devenu. La fraction de seconde qui avait tout fait basculer : la vision du monde selon Alec Lynch était pourtant toujours aussi claire – les dégénérés devaient être éradiqués ; s’il fallait que ce soit par l’utilisation d’un vaccin illusoire développé à la va-vite et bourré de complications, qu’il en soit ainsi. S’il fallait que ce soit grâce à une balle entre les deux yeux, qu’il en soit ainsi, également. Il avait essayé les deux sur lui, pour découvrir que son corps avait éliminé les produits du vaccin encore plus vite qu’il n’avait chassé la balle de son crâne. Miracle, diraient certains. Combien seraient heureux, de porter une telle mutation, à même de guérir toutes les maladies, de sauver de tout et n’importe quoi, de résister au temps, aux blessures, aux poussées meurtrières des uns et des autres ? Cela ne pouvait faire de lui qu’un chasseur encore plus dangereux ; il avait cependant bien du mal à apprécier les arguments bonus – coupables, qui germaient dans son esprit. Y aurait-il eu une époque, durant laquelle le fils Lynch aurait été capable d’épouser cette mutation sans l’ombre d’un doute, sans un faisceau de haine transcendant son être ? Impossible à dire. Impossible de revenir en arrière ; là où les treize dernières années de son existence n’avaient pas été. Là où sa haine du dégénéré n’était pas encore née. L’insouciance d’une vie de riche gamin avait rythmé son quotidien en ce temps, et jamais cet Alec-là n’avait souhaité se pencher sur la réalité du monde, l’existence de quelques êtres exceptionnels, à même de détenir le sort des uns et des autres entre leurs mains. C’était pourtant cela, un dégénéré : quelqu’un qui pouvait tuer sans limite parfois, des psychopathes qui se découvraient la capacité de vivre au-dessus des lois, plus intensément que jamais. Quel tribunal serait à même de les condamner ? Quelle prison pourrait les retenir ? Les fondements de la pensée anti-mutants d’Alec étaient si profondément ancrés en lui, que le juste milieu n’existait pas. L’adaptation n’existait pas. Et l’option de faire avec ne lui plaisait pas. Entre la peste et le choléra - choisir de dépendre des services de Seth Koraha, ou épouser son identité de transmutant, le choix était rapidement fait. Malgré tout. Tout aussi essentiel qu’il lui semblait, ce tête à tête avec le trafiquant ne lui plaisait pas et avait plongé Alec dans une humeur encore plus exécrable que d’accoutumée : être coupé de son job de flic, devoir chasser en solitaire, choisir l’exil à tout mensonge quant à sa condition – tant de choix que le Lynch avait faits, mais qui le rendait plus irritable que jamais. Mine de rien, être flic, faire ce boulot minable de pourchasser des petits criminels dans les rues de Radcliff, lui avait bien souvent permis de se passer les nerfs, trier ses pensées, et ordonner sa vision du monde. La solitude, aussi reposante était-elle, commençait à peser sur ses nerfs, avec la même intensité que cette mutation moqueuse qui avait fait disparaître chaque cicatrice de la surface de son corps. Au moins n’était-il pas devenu dangereux ; la petite phrase de Calista s’avérait parfois être un certain réconfort  - d’autres fois, simplement une ironie à rajouter à la longue liste de celles qu’il se répétait en boucle, dans un coin de sa tête.

Définitivement, l’arrivée de Koraha dans l’appartement, était presque une distraction bienvenue ; de quoi raviver la flamme de haine qu’Alec pouvait ressentir à l’égard de quelqu’un. Ou de ce genre de personnes, tout simplement. Un trafiquant, voleur à la petite semaine, doublé d’un dégénéré. Le cocktail Molotov, pour enflammer la volonté du Lynch. Ouais, il n’avait pas été invité. Ouais, il ne faisait pas partie des amis du dealer (encore heureux). Il était pourtant bel et bien là, et quand bien même les fausses politesses n’étaient qu’une mise en jambe habituelle entre eux, prolonger cette visite ne  l’enchantait guère – tout comme le fait de reconnaître que plus que jamais, il avait besoin de soumettre Koraha au petit job qu’il allait lui proposer. Ici, il n’était pas question de chasse, de petit con de transmutant à ferrer ; il était question de sa putain de dégénérescence à lui, le sacrosaint des secrets, que Seth ne devrait surtout pas découvrir. Ne pas perdre le fil de la conversation, donc, ni même le contrôle. Il l’avait imposé à son hôte avant-même que celui-ci ne passe le pas de sa porte, s’imposant dans l’espace personnel du mutant comme une menace qui ne partirait jamais vraiment. « C’est bien, à force d’imiter les criminels, tu pourras passer pour l’un d’entre eux bientôt. » un éclair narquois naquit au fond des prunelles du chasseur, l’esprit aiguisé par les petites remarques de son vis-à-vis. Ces retrouvailles avaient quelque chose de revigorant, plus encore que sa courte discussion avec Calista. Certes, bien plus que Koraha, il considérait Calista comme une amie, une présence essentielle à sa vie, à sa cause, à l’équilibre de son monde. Mais l’ennemi avait quelque chose de bien plus palpitant que le réconfort que pouvait lui amener la blonde : Seth était l’ennemi, la tête d’un serpent qui s’allongeait peut-être plus loin encore que le Lynch ne s’était occupé à imaginer. Le trafiquant était-il lié, d’une quelconque manière, au nouveau groupe rebelle de la ville ? L’éventualité était là, tangible dans l’air, la méfiance visible du transmutant, les quelques regards analytiques qu’il laissait trainer autour d’eux : l’expérience avait amené le chasseur qu’il était à être un fin observateur, précis et dangereux. « Tu veux dire que t’aurais préféré que je trouve une raison pour avoir un mandat pour m’inviter chez toi ? » l’hésitation ne faisait pas vibrer sa voix : bien au contraire, il s’agissait surtout d’un accent moqueur, placé là pour souligner combien il en avait la possibilité. Un regard entendu autour d’eux, et sans un mot, Alec exprima le fond de sa pensée : oh, il y avait sans doute des choses compromettantes à trouver, ici, si on fouillait bien. Encore une fois, que Seth n’oublie pas, qu’il était encore libre au gré des caprices de l’homme qu’il en avait en face de lui. Ou presque, rétorquerait-il volontiers. Qu’importe. Ce soir il était question de montrer le droit de vie et de mort, de liberté et de captivité, qu’il avait sur ce minable. « Et sinon, qu’est-ce qui me vaut le déplaisir de te trouver dans mon salon ? T’as pas autre chose à faire, des mutants à emmerder, des poivrots à enfermer ? » Seth Koraha avait au moins ce petit quelque chose que d’autres ne possédaient pas : il était amusant. Les joutes verbales étaient sans fin avec lui, et c’était bien leur férocité en affaires qui amenait aujourd’hui le trafiquant et le chasseur à, si souvent, faire affaires – qu’ils le veuillent ou non.

Heureusement, dans cette ville, sous le joug de Thaddeus Lancaster, Alec restait celui qui avait le contrôle de la situation – il avait beau n’éprouver que peu d’attachement pour la classe politique de Radcliff, force était de reconnaître que c’était un sacré avantage, de ne pas être qualifié de terroriste par la pensée populaire ici.  « T’es un mutant, non ? » et, comme pour mieux tourner autour du pot, s’approprier l’environnement et marquer ses aises, Alec tira une chaise de la table voisine, pour venir s’asseoir à proximité du dégénéré, le dévisageant comme s’ils étaient en plein interrogatoire, au milieu d’un poste de police. « Et est-c’que tu te considères comme… un bon mutant ? » question toute bête, ou alors, complètement sortie du contexte, presque incompréhensible. Y avait-il de mauvais transmutants ? Peut-être ceux qui préféraient se planquer que de lutter activement pour leurs droits de pauvres petits opprimés dans la ville de Radcliff. Ceux qui vivaient dans l’ignorance plutôt que de connaître l’identité des grands protecteurs de la cause dégénérée. Laissant tout le loisir à Seth de rester dubitatif sur cette question, Alec tira d’une de ses poches, un petit bout de papier, presque un post-it roulé en boule, comme s’il avait pris des notes en toute hâte. Remonter la trace des amoureux des transmutants le saoulait plus qu’autre chose, autant refiler la sale besogne à son chien galeux. Le papier déplié, il ne payait toujours pas de mine, quelques noms gribouillés, qui réservaient peut-être d’autres informations ; Alec connaissait bien des choses sur les pauvres gens dont il avait cherché l’identité, mais restait à Seth le devoir de combler le reste du job. Du bout des doigts, il fit donc glisser le papier vers son interlocuteur, un fin sourire faussement poli pour ajouter de la bonne humeur au procédé. « Je suis sûr que t’as tous les moyens pour obtenir c’que je veux. Adresse, leur job, sur quoi ils bossent, leurs activités, plus ou moins assumées. Je sais que t’as déjà prouvé que t’étais capable de beaucoup t’investir pour ça. » il y avait sans doute un bon nombre de généticiens, à Radcliff ou dans les alentours, qui baignaient dans le bonheur à l’idée d’exploiter l’existence des transmutants dans ce monde. Un échange de bons procédés – ou presque ; voilà ce qu’Alec était prêt à proposer à celui qui serait à même de lui retirer cette tare. Ce simple songe suffit à faire passer une ombre fugace et traitresse, sur le visage du chasseur, qui se reprit bien vite. Il était curieux, tout autant que rageant, de constater que son contrôle de la situation dépendait de son ennemi ; de Seth. Une certaine capacité à faire un lien de cause à effet, perdre pied pour un instant : les circonstances de ce face à face étaient bancales, plus que le Lynch n’était prêt à le reconnaître à l’instant précis – ce n’était pourtant qu’un fin tissu de secrets qui protégeait Alec de la grande révélation qui briserait sa vie. Si sa mutation venait à s’ébruiter, ce serait sa fin. Mais avant de tomber, il s’assurerait d’emporter avec lui tous ceux qui auraient eu la folie d’ébruiter cette lourde vérité – il ne restait plus qu’à gager que l’instinct de survie de Seth – ou son désintérêt narquois – les protégerait tous les deux d’un faux pas tragique.
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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.   (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops. Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 2:38

I LIKE RIPPING OFF THIEVES BECAUSE THEY CAN’T GO TO THE COPS
Seth ∞ Alec

- Tu veux dire que t’aurais préféré que je trouve une raison pour avoir un mandat pour m’inviter chez toi ?

La remarque arracha à Seth un rictus moqueur et amusé. Lynch pouvait essayer d’obtenir tous les mandats qu’il voulait, il ne trouverait rien d’incriminant dans son appartement. Il n’y avait aucune trace de drogue, aucun objet volé qui ait été déclaré, aucune arme détenue illégalement, rien. Et il aurait suffi de quelques grains de sable glissés dans son ordinateur pour le ruiner définitivement et empêcher toute pêche aux données intempestives. En tant que trafiquant, il avait mis un point d’honneur à détacher le plus possible son chez-lui de son lieu de travail privilégié. Moins il laissait de traces dans ces quelques pièces où il vivait, moins un visiteur impromptu aurait pu tomber sur quelque chose de compromettant. Bien sûr, il ne doutait pas des talents de fouine du policier et se doutait bien qu’il aurait retourné chaque latte de plancher, renversé chaque tiroir et soulevé chaque meuble pour trouver le moindre indice qui aurait pu le mettre derrière les barreaux – encore. Seth, sans être un habitué des cellules de Radcliff, y avait fait un tour plus d’une fois. Heureusement, avoir des contacts était bien pratique, et c’était souvent Isolde qui le faisait sortir dès qu’elle savait qu’il était là. Comme quoi, être mutant n’avait pas que des désavantages quand on savait se faire apprécier des bonnes personnes.
Il ne releva pas cependant, toisant le flic depuis sa chaise, jambes croisées et pieds posés sur sa table. Il passerait un coup de chiffon plus tard, en espérant qu’il n’ait pas trop d’autres traces à nettoyer. Il voulait éviter à Pietra la vision d’un salon sans dessus-dessous et éclaboussé de sang. Intérieurement, il priait tous les dieux du monde qu’elle ne rentre pas dans l’heure qui viendrait.

- T’es un mutant, non ?

La question le prit au dépourvu, parce qu’elle était inattendue et aussi parfaitement ridicule. Alec n’avait pas besoin de la lui poser : s’il était là, c’était parce qu’il était tout à fait au courant de sa mutation. C’était une erreur que le Calédonien payait chèrement : il avait fait le malin une fois de trop, comme souvent, sauf que cette fois, il était tombé sur un chasseur qu’il n’avait pas réussi à abattre assez vite. Et maintenant, il se retrouvait coincé dans cette drôle de relation où l’un et l’autre se tenaient à la gorge, chacun disposant de preuves qui auraient pu faire s’écrouler la vie de leur adversaire. Il ne restait qu’à voir qui tirerait en premier, lassé de ce statu quo où le silence se payait par le chantage.

- J’sais pas, devine.

Il but une nouvelle gorgée de son café, ses yeux sombres fixés sur l’homme qui tirait une chaise à lui pour pouvoir s’asseoir à son tour, posé sur son siège comme s’il était en plein interrogatoire. Quelque part, c’était le cas, et l’idée qu’Alec soit venu le cuisiner jusque chez lui mettait Seth dans une colère noire. Il voulait le voir sortir, il voulait le voir disparaître de son existence et de celle de ses proches.

- Et est-c’que tu te considères comme… un bon mutant ?

Le trafiquant plissa les yeux et dévisagea le policier, perplexe. La phrase donnait l’impression étrange d’avoir été prononcée hors contexte. Il y avait tout un tas d’informations qu’il n’avait pas et ça l’énervait prodigieusement. D’ordinaire, il s’arrangeait pour avoir toujours un coup d’avance sur Alec. Mais là, c’était Alec qui avait un coup d’avance sur lui. Il se demandait bien ce qu’il savait que lui-même ignorait, quelle donnée vitale lui avait échappé. Il se demandait aussi s’il serait seulement possible de l’arracher de la bouche du flic qui le fixait toujours.

- Accouche, Lynch, tu veux quoi ?

L’homme de sable n’avait pas la patience de supporter ces petites manières – pas ce soir, pas alors que l’ennemi s’était faufilé dans son appartement, pas alors que l’une de ses meilleures amies aurait pu s’y trouver et faire les frais de la présence du hunter. Pas alors que ce tout petit sanctuaire, ce tout petit îlot de paix et de calme qu’il avait réussi à isoler et à ne pas considérer comme une bête planque venait d’être profané par ce sale petit merdeux de Lynch. Aussi regarda-t-il avec attention le petit papier froissé qui se retrouva sur la table devant lui. Dépliant les jambes et reposant les pieds sur le sol, Seth se pencha et l’attrapa rapidement, le ramenant à lui pour lire ce qui y était marqué. Il mit deux petites secondes avant d’arriver à déchiffrer les pattes de mouches sous ses yeux. C’était une liste de noms, dont certains ne lui étaient pas inconnus.

- Je suis sûr que t’as tous les moyens pour obtenir c’que je veux. Adresse, leur job, sur quoi ils bossent, leurs activités, plus ou moins assumées. Je sais que t’as déjà prouvé que t’étais capable de beaucoup t’investir pour ça.

Le mutant plongea son regard noir dans celui si clair de son vis-à-vis. Ce dernier devait probablement y lire le mépris sans nom et la haine farouche que lui vouait Seth. Il n’avait aucun respect pour cet homme, aucune sympathie, rien du tout ; la seule chose qu’il appréciait à peu près chez lui, c’était son sens de la répartie qui le forçait à rester à la hauteur, à rester sur ses gardes et à redoubler d’intelligence. Il n’était pas bête malgré son allure de brute des rues, mais il n’était pas le plus malin de la ville, il le savait bien. Le but du jeu, en cet instant, n’était pas d’être le plus rusé de tout Radcliff ; il fallait seulement qu’il le soit plus qu’Alec. Dans un haussement d’épaules, il replia le papier.

- J’ai les moyens, ouais, mais j’vois pas pourquoi j’te donnerai tout ça gratuitement. Tu m’en demandes pas autant d’habitude, alors j’vais devoir revoir mes prix à la hausse.

Il n’était clairement pas en position de force ce soir, mais il irait au bluff. Tant pis si ça ne prenait pas : au pire, il serait ridicule, au mieux il apprendrait des choses. Comme par exemple ce qu’Alec comptait faire des coordonnées d’une poignée de scientifiques locaux.

- Par exemple, tu vas me dire pourquoi tu veux ces données, et j’irai pas donner à tes p’tits copains pro-mutants la vidéo de surveillance où on te voit buter un pyurgiste.

Il lui adressa un fin sourire sans joie. Il ne vendait pas ses informations sans être payé. En temps normal, le fait qu’Alec ne cherche pas à le faire tomber était une récompense suffisante pour qu’il accepte. Mais là, il sentait que quelque chose clochait. Les questions du flic – être un bon mutant, tout ça – ça avait clairement piqué sa curiosité. Et c’était toujours très difficile de le faire lâcher prise lorsqu’il devenait curieux.




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MessageSujet: Re: (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.   (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops. Icon_minitimeVen 16 Oct 2015 - 2:09


my body is a cage we take what we're given
I'm living in an age that calls d a r k n e s s light. though my language is dead still the shapes fill my head. i'm living in an age whose name I don't know. though the fear keeps me moving, still my heart beats so slow. my body is a cage that k e e p s me from dancing with the one I love but my mind holds the key. w/alec lynch & seth koraha.

Y avait-il pire, pour un chasseur, que de faire affaire avec un dégénéré ? Lynch avait cru ne jamais avoir à s’abaisser à ça ; Radcliff remettait trop de choses en question, encore une fois. Et il détestait ça : de plus en plus, s’incrustait en le chasseur, une haine profonde pour cette ville et tout ce qu’elle constituait, tout ce qu’elle représentait. Son maire, tout autant que les transmutants qu’elle abritait – un foutu coin du Kentucky, d’une petite poignée d’habitants, qui remettait tant de choses en ordre. Et puis quoi encore ? Collaborer avec un dégénéré, ça revenait à nager dans la fange avec les cochons ; et Alec cherchait encore – vainement – tous les moyens possibles et imaginables pour se débarrasser de quelqu’un comme Koraha. L’homme qui l’avait en face de lui, faisait pourtant partie intégrante de Radcliff – d’une certaine mesure, du moins ; le neutraliser, ce serait se mettre toute une partie de la ville à dos. C’est dire, à quel point ce bled était perdu, profondément perdu dans le cercle vicieux qui faisait rythmer la vie ici-bas : quelqu’un comme Seth, indispensable à la marche des rues tout autour d’eux ? Pff, et puis quoi encore ? C’était pourtant une vérité, une réalité que le chasseur ne pouvait guère changer – pas encore, du moins. Toutes les petites informations que le dealer possédait sur de nombreuses personnes (lui compris), il avait probablement tous les moyens possibles et imaginables de les diffuser à grande échelle, histoire de faire de lui l’ennemi public numéro un. Chose qu’il ne voulait pas – pas encore du moins, pas alors qu’il avait cette putain de mutation qui palpitait dans ses veines au rythme de tout ce qui composait son corps. Ouais, beaucoup diraient avec un élan d’acceptation que cette dégénérescence était une partie de son corps ; chose que le Lynch était profondément incapable d’accepter. Quoiqu’on fasse, quoiqu’on dise : Calista pouvait prétendre autant qu’elle voulait, de ne rien remarquer, de ne pas se sentir différente face à lui – ça l’bouffait de l’intérieur, et il ne lâcherait pas l’affaire. Pas tant qu’il s’en serait débarrassé – il y avait des moyens pour lui permettre de reprendre sa vie normale, et c’n’était pas un petit connard de bas étage comme Koraha qui allait le faire reculer. Et celui-ci était bien placé pour le savoir : c’était là, la base de leur relation, quelle qu’elle soit. Ennemis, peut-être même Nemesis, deux êtres diamétralement opposés qui se balançaient des œillades haineuses à chaque fois que leurs paroles cessaient d’exprimer toute la haine qu’ils ressentaient à l’égard de l’autre. Rien d’autre ; rien d’autre qu’une collaboration forcée, qui se basait sur la menace, l’intimidation, quelques informations qu’ils possédaient et qui pouvaient ruiner la vie de l’autre. L’habituel échange forcé, de deux entités qui préféreraient largement graviter loin l’une de l’autre : il l’avait cherché, diraient certains également ; c’était le Lynch lui-même, qui avait établi le début de leur collaboration, en choisissant de coincer le Calédonien sans l’envoyer sous les barreaux (ou lui foutre une flèche entre les deux yeux), mais optant pour le chantage, l’option de lui arracher toutes les informations qu’il pouvait lui obtenir, avant de le réduire à néant. Un jour. Prochainement.

L’échéance avait été sans cesse repoussée, et le dealer avait fait sa dose de recherches : il avait fini par égaliser les choses – et tout n’était devenu que têtes à têtes plus houleux que jamais entre eux. Ce soir, en franchissant la porte de l’appartement de Seth Koraha, Alec avait franchi un énième pas sous le joug de son adversaire – il était tout à fait apte à s’en sortir, et ne craignait en rien l’homme qui lui faisait face. Treize ans d’expérience, toutes les armes possibles et imaginables sous la main ; le Lynch avait déjà dézingué des dégénérés bien plus agressifs et plus impressionnants que l’abruti qu’il avait en face de lui. C’n’était pas pour le tuer qu’il était venu là pourtant : l’idée, malgré tout, grandissait de plus en plus dans ses tripes, à chaque fois que l’homme ouvrait la bouche, pour lâcher son habituelle bile en quelques répliques cinglantes. Le pied d’égalité, c’n’était définitivement pas leur truc. Et les situations de faiblesse, quelles qu’elles soient, avaient rapidement tendance à exaspérer le chasseur : lui qui était tant habitué, désormais, à être sur le terrain, à tirer avant de parlementer, il en arrivait presque à se demander pourquoi il était là. Il aurait très bien pu espionner son adversaire pour quelques jours, ramasser n’importe quelle compagnie qu’il pouvait apprécier plus qu’une autre, prendre celle-ci en otage, et mener Seth à la baguette, d’une façon aussi vulgaire que dangereuse. Parlementer, de bien des manières, c’était toujours mieux ; sans doute. Probablement. Tant que Koraha faisait c’qu’on lui demandait, fermait sa gueule et se contentait d’acquiescer – ou au pire, s’il était totalement incapable de faire preuve d’une telle discrétion, qu’il s’arrête donc aux petites piques acerbes. Il avait un amusant talent pour ça – pas pour le reste, malheureusement. « J’ai les moyens, ouais, mais j’vois pas pourquoi j’te donnerai tout ça gratuitement. Tu m’en demandes pas autant d’habitude, alors j’vais devoir revoir mes prix à la hausse. (…) Par exemple, tu vas me dire pourquoi tu veux ces données, et j’irai pas donner à tes p’tits copains pro-mutants la vidéo de surveillance où on te voit buter un pyurgiste. » Les traits du visage de Lynch se durcirent, aussitôt que Seth eut le malheur d’ajouter quelques paroles narquoises aux instructions qu’Alec lui avait si volontiers données. C’n’était pourtant pas compliqué, d’investir quelques heures par jour à l’espionnage de quelques abrutis qui ne se rendraient même pas compte de sa présence. Les humains lambda avaient pris l’habitude, ici, de ne plus regarder plus loin que le bout de leur nez – question d’instinct de survie, au beau milieu d’une guerre froide comme celle qui se jouait, distraitement, une fois la nuit tombée sur Radcliff. De ses yeux clairs, Alec sembla observer pour un long moment, le petit bout de papier qu’il venait de confier au dealer : tant de choses reposaient sur les épaules de Seth Koraha. Et l’idiot ne le savait même pas ; c’était la chose la plus importante qui soit, la notion à laquelle le flic voulait se raccrocher, coûte que coûte. Le reste n’avait pas d’importance, le reste n’avait pas d’importance. Pour toute réponse claire, le Lynch lâcha un ricanement – plus un souffle sarcastique qu’autre chose, au moment de dévisager l’homme qui lui faisait face : était-il censé craindre des répercutions quelconques, de la part de quelques dégénérés courageux, pour avoir buté y’a des semaines de cela, un con de pyurgiste au détour d’une rue ? Etaient-ils tous solidaires à c’point ? Au point de vouloir attaquer le chasseur qui hantait les rues de Radcliff, au point d’accepter de crever pour la cause ? Pour l’idiot qui bouffait déjà les pissenlits par la racine ? Quelle cause vaine ; les dégénérés avaient un certain talent pour se faire passer pour les maltraités de la société, les victimes du monde qui les entourait – mais là, ça battait tous les records. Fallait-il les imaginer comme des petits insectes (des minuscules fourmis) organisés en une meute de gibiers amassés les uns avec les autres ? Dommage, beaucoup de ceux en qui Alec avait foutu une flèche, avaient été seuls, désespérément seuls.

Comme Seth lui-même, ici, maintenant. Plus encore que l’homme face à lui – ou les dégénérés en général ; y’avait une chose qu’Alec détestait. C’était être menacé, d’une quelconque manière : si habituellement, ça lui tapait sur le système, ce soir… Ce soir c’était pire que tout. Acculé plus que de mesure, hanté, pourchassé par sa mutation à lui – quoiqu’il fasse, quoiqu’il dise, elle était , en lui, Alec était une eau trouble, sereine pour quelques instants, mais regorgeant de ces dangers que Seth avait trop appris à sous-estimer. A force de parlementer, le Koraha avait oublié c’que ça faisait, de se retrouver face au chasseur qui lui avait mis la main dessus, un jour, et avait décidé d’enchainer sa vie à sa volonté. Quelle qu’elle soit. Il fut plus rapide que le dealer, au moment de bondir sur ses pieds, soumis à l’instinct qui était né à l’instant même où Seth avait franchi le seuil de son appartement : sa main aurait pu se refermer sur une poignée de sable, et tout aurait été perdu. Mais c’est pourtant la fermeté d’une gorge qu’il trouva, le contact de la peau de ce vis-à-vis bien agaçant ; ses doigts enserrés autour du coup de Seth, il aurait pu le tuer, rien que par la force d’une œillade, si seulement les regards pouvaient tuer – leur problème serait réglé depuis bien longtemps déjà. Dans le coin de son champ de vision, Alec crut voir la peau du transmutant se désintégrer, pour devenir ce petit amas de sable ridicule qu’il utilisait si souvent – la plupart du temps pour se planquer. Et dire qu’il aurait pu avoir n’importe quelle dégénérescence : ça aurait plus de sens, pour Koraha, de pouvoir se transformer en rat. « Oh je t’en prie. Fais donc. Et je prendrai un malin plaisir de te ramasser à la balayette pour te mettre dans des petits bocaux que j’m’amuserai à répartir aux quatre coins de la ville. » quel bon plan ; peut-être bien qu’il finira comme ça – une parole de travers, et son corps dispersé en des milliers de grains de sables, tous balancés au gré du vent ; advienne que pourra. Comme quoi, un rat, c’était presque plus difficile à buter, et c’était toujours plus impressionnant qu’un tas de poussière. Maintenant qu’il avait mis les choses au clair, Alec avait vraiment envie d’être écouté – et de voir Koraha acquiescer avec bonne volonté – du bout de ses doigts, il resserra la pression sur la trachée du dealer, juste au niveau de sa pomme d’Adam : il aurait pu lui compresser les couilles que ça aurait été moins douloureux, probablement. Il n’savait pas, il n’connaissait pas le sentiment que ça causait, l’un comme l’autre. « Je demande ces données, parce que je veux ces données. Ça devrait être largement suffisant, pour notre entente. Un échange de bons procédés, n’est-ce pas ? Tu devrais imaginer, combien de flics, combien de chasseurs seraient ravis de me voir te ramener. » en bocal ou sous forme humaine, c’était totalement au choix ; les deux options offraient des possibilités plutôt amusantes. « Mais j’t’en prie, envoie à qui tu veux cette fameuse vidéo. Sache juste que t’auras leur mort sur la conscience. Autant que celle de nombreuses personnes, tu devrais l’savoir maintenant. » depuis combien de temps collaboraient-ils, de gré ou de force ? Oui, Seth devait savoir, quelque part, dans un coin de son petit cerveau sablonneux, que bien des noms qu’il avait donnés au méchant Alec Lynch, avaient été ceux de cadavres en devenir. Au moment de croiser le regard du dealer, de croire y lire un quelconque entendement acceptable, Alec relâcha sa gorge – histoire qu’il ne meurt pas étouffé trop tôt. « Je vais avoir besoin de ces informations rapidement. Je te donne 72 heures, tu devrais réfléchir à ce que tu vas faire. » il était bien placé pour savoir que dans soixante-douze heures précises, Alec se tiendrait là, à ce même endroit, attendant toutes les informations qu’il avait à rapporter. Beaucoup de travail, en très peu de temps : et dire que si Seth n’s’était pas donné le genre en discutant ses instructions, il aurait pu être généreux au point de lui donner une semaine entière pour faire le job.
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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.   (seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops. Icon_minitimeSam 12 Déc 2015 - 16:13

I LIKE RIPPING OFF THIEVES BECAUSE THEY CAN’T GO TO THE COPS
Seth ∞ Alec

La relation entre Seth et Alec était basée sur une méfiance mutuelle ainsi qu’une haine sans borne, un mépris dégoulinant par tous les pores de leur peau dès qu’ils se trouvaient à portée de vue l’un de l’autre. A partir du moment où le policier avait tenu le mutant dans le creux de sa main, ce dernier n’avait eu de cesse de fouiller, fouiller et fouiller encore jusqu’à ce qu’enfin il trouve l’information qui pourrait le faire tomber. Quand on joue avec le feu, il faut s’attendre à tout moment à un retour de flammes, et l’homme de sable ferait en sorte d’être le dernier des deux à se brûler. L’espèce d’imitation ridicule de guerre froide qui s’était installée entre eux avait au moins le mérite de le ramener sur terre dès qu’il commençait à se perdre dans son orgueil : il n’était pas invincible ni intouchable, et cette épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête le lui rappelait constamment. Un jour, l’un des deux participants à ce petit jeu en aurait assez et abattrait toutes ses cartes d’un coup en s’assurant que l’autre soit sorti de la course avant d’avoir pu en faire autant. Un jour, l’un des deux craquerait en premier et n’aurait plus qu’à choisir entre la délation ou la balle dans la tête – parce que l’envie de meurtre qui envahissait l’homme de sable dès qu’il posait ses yeux sombre sur le blondinet en uniforme était sans aucun doute réciproque. A en juger par le regard assassin vrillé sur lui, il avait raison. Au moins, ils étaient parfaitement honnêtes l’un envers l’autre : il n’y aurait jamais de paix tant qu’ils seraient tous les deux debout. Il n’y avait plus qu’à voir lequel ferait tomber l’autre en premier et pour quoi.
A la réponse que le trafiquant fit au flic succédèrent quelques longues secondes d’un silence pesant, avant qu’un ricanement de la part du représentant des forces de l’ordre ne vienne troubler l’atmosphère déjà lourde. A n’en pas douter, ça ne lui avait pas plu. L’inverse aurait été particulièrement étonnant, et sans doute assez inquiétant. Mais au moins, les bonnes habitudes ne se perdaient pas.
Enfin, presque.
A force de parler, le Calédonien avait oublié quelque chose d’important : son adversaire était entraîné, très entraîné, et incroyablement rapide. Si lui-même s’en sortait bien dans tout ce qui était combat au corps-à-corps, il n’avait pas reçu la même formation que l’autre. Lui, il avait dû apprendre seul, et peut-être que s’il avait eu quelqu’un pour lui apprendre de véritables bases, il aurait pu réagir plus vite. Quoi qu’il en soit, il se retrouva collé contre le mur, son dos heurtant la surface froide tandis qu’une poigne redoutable se refermait sur sa gorge. Son corps n’avait pas pu se transformer assez vite, et dieu seul savait à quel point il aurait adoré filer entre les doigts d’Alec, littéralement. Il sentit ses chairs remuer et sa peau devenir granuleuse malgré tout. Il y avait toujours moyen de fuir.

- Oh je t’en prie. Fais donc. Et je prendrai un malin plaisir de te ramasser à la balayette pour te mettre dans des petits bocaux que j’m’amuserai à répartir aux quatre coins de la ville.


Les narines de Seth se dilatèrent sous la colère, ses mâchoires crispées par la haine et la douleur de la pression contre sa pomme d’Adam qui l’empêchait de déglutir et de respirer correctement. S’il avait pu lui arracher les yeux, il l’aurait fait sans l’ombre d’un regret. Il aurait enfoncé ses doigts dans les orbites du policier et aurait percé les sphères molles qui le fixaient avec hargne et dédain. Il l’avait déjà vécue, cette situation où il avait été éparpillé aux quatre vents, divisé par une brise trop forte, par un mauvais contrôle de son pouvoir, par des choses sur lesquelles il n’avait eu aucune emprise et qui avaient failli lui coûter très cher. Il ne voulait pas que ça se reproduise, surtout pas si ça le mettait à la merci de Lynch et de ses petits copains chasseurs. Il n’aurait plus manqué qu’un imbécile à la gâchette facile balance une partie de lui au feu, qu’il perde un membre à cause d’un fou furieux incapable d’accepter que les humains bien humains n’étaient plus seuls sur la planète.
Un grondement animal monta de sa gorge au moment où son vis-à-vis la comprimait un peu plus encore. Même s’il ne voulait pas l’admettre, Seth commençait à avoir mal et à ne plus avoir de souffle. Il aurait beau rester en apnée, le manque d’oxygène finirait par le faire craquer.

- Je demande ces données, parce que je veux ces données. Ça devrait être largement suffisant, pour notre entente. Un échange de bons procédés, n’est-ce pas ? Tu devrais imaginer, combien de flics, combien de chasseurs seraient ravis de me voir te ramener. Mais j’t’en prie, envoie à qui tu veux cette fameuse vidéo. Sache juste que t’auras leur mort sur la conscience. Autant que celle de nombreuses personnes, tu devrais l’savoir maintenant.

Le mutant aurait voulu lui cracher à la figure, bondir sur lui comme une bête sauvage pour lui planter ses dents dans la carotide, effacer ce sourire insupportable qui étirait ses lèvres en les lui éclatant contre le mur jusqu’à ce que son visage ne soit plus rien d’autre qu’une bouillie infâme. Alec faisait ressortir les plus violentes de ses pulsions, un instinct de mort qui ne s’exprimait pas souvent mais qui, en cet instant, rêvait de pouvoir laisser libre cours à toute sa démesure. S’il savait ? Bien sûr qu’il savait. Tous les noms qu’il avait donné au hunter, il les avait gravé dans un coin de sa tête et s’était assuré que les tombes sur lesquels ils étaient marqués soient toujours fleuries. Il n’aimait pas du tout l’idée d’être responsable de la mort d’autrui, de cette façon en tout cas. Les dommages collatéraux, il tentait de les éviter, mais parfois, il ne pouvait rien y faire. Là, il n’était pas question de gens tombés au combat ; c’était de la délation, une délation forcée, des aveux arrachés à coups de menace et de promesses, mais le résultat était le même. Et s’il voulait faire quelque chose, il allait devoir se calmer et réfléchir. Visiblement, son expression changea en même temps que son état d’esprit puisque la main sur sa trachée relâcha sa prise, lui permettant de recommencer à respirer. Il passa ses doigts sur sa peau, son regard noir ne quittant pas Alec une seule seconde.

- Je vais avoir besoin de ces informations rapidement. Je te donne 72 heures, tu devrais réfléchir à ce que tu vas faire.

L’homme de sable le fixa intensément, comme s’il pouvait le désintégrer sur place, comme s’il allait pouvoir être témoin de la foudre s’abattant sur lui et le tuant sur le coup. Quant à ce qu’il allait faire, il pensait déjà le savoir. Ces noms, il allait les chercher et, tout en récupérant les informations dont il avait besoin, en profiterait pour glisser un petit mot aux intéressés, leur suggérant de faire leurs valises et de se planquer dans leur cave, leur jardin, leur belle-mère, leur compagne ou compagnon, mais de se cacher et de faire profil bas en attendant de pouvoir fuir l’implacable hunter. Il ne laisserait pas ces gens mourir, même s’il était à peu près sûr qu’Alec ferait sûrement pire que les tuer bêtement. Il allait devoir faire vite cependant s’il voulait alerter tous ces gens, car c’était une sacrée masse de travail à abattre en trois jours. Trois jours, c’était beaucoup et peu à la fois. Il ne restait plus qu’à voir comment il s’en sortirait pour faire tout ce qu’il avait à faire.

- C’est tout réfléchi, siffla-t-il d’une voix encore un peu rauque.

Il se dirigea vers la table sans quitter le hunter des yeux et attrapa le petit papier froissé où étaient griffonnés les noms sur lesquels il devait investiguer. Il relu rapidement la liste, comme pour voir s’il y reconnaissait un patronyme, puis eut une moue concernée.

- Trois jours, hein ? C’est court. T’as un problème pour avoir des délais aussi serrés ?

Généralement, Alec lui laissait une semaine lorsqu’il venait lui réclamer quelque chose. Là, si ce n’était pas à cause d’une obligation quelconque, alors c’était un fichu caprice, et le chasseur devait bien se rendre compte que le presser de cette manière était le meilleur moyen pour en obtenir moins que ce qu’il aurait eu à la base. Seth regarda à nouveau la liste, certains noms lui étant vaguement familiers grâce au bouche à oreille et aux contacts dont lui avait parlé Pietra.

- Nimoy … il bosse pas pour les labos Holgersen, ç’ui-là ? Non parce que, à ce stade, la science peut plus rien pour toi, on sait greffer ni les cerveaux ni le bon sens. Les cœurs à la limite, mais ça t’servirait pas à grand’ chose d’en avoir un.

La provocation ne le mènerait à rien, mais avec Alec, c’était le langage qu’il parlait le mieux avec le sarcasme et les menaces. Il fit tourner le papier froissé entre ses doigts et arqua un sourcil, tout son corps tendu dans l’hypothèse où il aurait à subir un deuxième assaut.

- Tu butes des scientifiques maintenant ? Ou t’es devenu tellement jaloux des mutants que t’essayes de te faire planter une seringue de gène X dans le cul ?

Il en avait vu, des chasseurs qui tuaient les autres par pure jalousie. Il n’aurait plus manqué que le flic en fasse partie et il aurait un nouveau point sur lequel appuyer – jusqu’à ce que le canon d’un flingue se retrouve collé contre son front.




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(seth), i like ripping off thieves because they can’t go to the cops.

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