You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte]
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Seth Koraha
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Sujet: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Dim 31 Jan 2016 - 16:48
Seth & Hippolyte
Pour un 2 Juin, le temps n’était pas spécialement estival. On pouvait même affirmer sans se tromper qu’il avait tout de la lourdeur de ces jours pluvieux d’automne, sauf que la pluie qui tombait des nuages noirs pendus dans le ciel était tiède et que l’atmosphère était rendue étouffante par la chaleur venue du sol. C’était exactement le genre de climat que Seth adorait ; en temps normal, il aurait paradé dans la rue en fin t-shirt ou débardeur coloré, profitant des températures pour se requinquer, pas gêné le moins du monde par la chaleur qui aurait assommé le reste du monde. Sauf que ce n’était pas un temps normal. A dire vrai, il n’était pas certain que ce genre de moment se reproduise un jour. Pas alors qu’il était debout, sous la pluie, les cheveux plaqués sur la tête à cause de l’eau, habillé dans son costume le plus noir alors qu’il regardait le cercueil de Moira descendre en terre. II ne prêtait pas attention une seule seconde à ce que disait le prêtre, sachant d’avance qu’il s’agissait d’un ramassis de conneries dont la rouquine se serait moqué sans gêne. Il aurait adoré entendre ce qu’elle aurait trouvé comme commentaires cyniques et blagues plus ou moins bonnes. Il aurait adoré l’entendre se retenir de pouffer de rire et plus ou moins échouer. Ceci dit, il se demandait bien dans quel contexte ils auraient pu se trouver tous les deux devant une tombe qui n’était pas la leur. Peut-être que l’ambiance aurait été un peu plus morose. Mais au moins, elle aurait été là. Elle aurait été là, au lieu d’être enfermée dans cette boîte de bois que les vers auraient rongé d’ici quelques mois. L’homme de sable ne voulait pas imaginer l’Irlandaise enveloppée dans un linceul, immobile alors que ses chairs se faisaient dévorer par une myriade de petits insectes, la Nature reprenant ses droits sur ce cadavre qu’elle avait laissé derrière elle. Il n’avait pas regardé la foule autour de lui et n’était pas certain de le vouloir. Il ne voulait pas croiser le regard défait de Malachi, ou voir l’air ravagé d’Andreas – il ne voulait pas non plus poser les yeux sur Artur et prendre le risque de laisser la colère l’envahir. Il avait des choses plus intéressantes à faire que de faire payer à un pauvre petit con le sort de sa sœur. D’autant qu’il savait très bien que le cadet Kovalainen, aussi stupide et embrigadé soit-il, n’aurait pas pu tuer son aînée. S’il retrouvait son meurtrier, Seth s’était juré de le dépecer très, très lentement, de le découper morceau par morceau et de le laisser se vider de son sang dans la solitude d’une pièce obscure et froide. Il ne savait pas s’il était plus enragé que malheureux, mais ce dont il était certain, c’était que le monde était étonnamment vide ce jour-là. Et lorsqu’il vit les dates inscrites sur la stèle de marbre noir, il ne put s’empêcher de penser qu’il n’aurait pas l’occasion de faire cette fête surprise qu’il avait prévu pour le trentenaire de la jeune femme.
Quelques heures après la cérémonie, Seth attendait, en plein cœur de la ville, devant l’immeuble des industries pharmaceutiques Caesar. Ils avaient discuté un peu avec Marius et avaient convenu de se retrouver là, histoire de ne pas passer la soirée seuls dans leur coin et, surtout, de boire comme des puits sans fond pour oublier un peu. Ils n’avaient même pas pris la peine de se changer, tous les deux encore dans leurs costumes qui avaient l’air bien étrange sur eux quand on les connaissait un peu. Tant pis, ils auraient largement le temps de sauter dans des vêtements plus confortables plus tard. Et s’il n’était pas trop fait, peut-être que le mutant irait voir Bob. Quoi qu’il n’était pas certain d’avoir envie d’imposer sa mauvaise humeur à l’homme grenouille. Il verrait bien en fonction de son état à la fin de la soirée. Il serait toujours temps de prendre ces décisions-là plus tard. Ceci était dit, les minutes passaient et Seth était toujours seul planté au pied de la tour Caesar. Il se demandait bien où l’héritier de cette colossale entreprise avait bien pu passer. Il lui avait simplement donné le lieu et l’heure du rendez-vous, mais il ne fallait pas demander à Marius d’être ponctuel du jour au lendemain. Et ce n’était certainement pas un jour comme aujourd’hui qu’il ferait des efforts. Au moins, il était venu à l’heure à l’enterrement de Moira, c’était déjà ça. Au bout de quarante-cinq minutes à attendre dehors, le Calédonien sentit les premières gouttes d’une nouvelle averse s’écraser sur sa tête. En soupirant, il sortit son téléphone et envoya un message au Français avant de tourner les talons et de se diriger vers l’entrée du bâtiment. Le temps qu’il passe les deux grandes portes automatique, l’averse s’était transformée en seaux d’eau tombant du ciel et il était de nouveau trempé. Secouant la tête, il essora comme il put la bande de cheveux noirs et bouclés qu’il n’avait pas eu le temps de coiffer en crête – ceci dit, vu l’état dans lequel ils étaient, il était content de ne pas s’être donné cet effort pour rien. Une fois fait, il se redressa et jeta enfin un coup d’œil autour de lui. C’était la première fois qu’il mettait les pieds ici et il fallait dire qu’il était particulièrement impressionné par le luxe et la classe de l’endroit. Certes, il y avait un petit quelque chose d’étrangement impersonnel, mais ça n’était pas plus surprenant que ça quand on connaissait le maître des lieux. Marius lui avait beaucoup parlé de son père, rarement en bien, l’avait beaucoup insulté aussi – d’autant plus maintenant qu’ils se reparlaient – et le trafiquant en avait conclu qu’il n’avait absolument pas envie de rencontrer Hippolyte Caesar. Debout dans l’entrée, il fit quelques pas vers le hall, se rapprochant des confortables fauteuils sans pourtant s’y asseoir, espérant que Marius arriverait avant que le paternel ne descende – s’il descendait seulement. Avec un peu de chance, il resterait cloîtré dans son bureau et il n’aurait pas le « plaisir » de le voir. Et puis, se retrouver en tête à tête avec lui ne le tentait pas des masses, bizarrement.
Spoiler:
Je mettrai en page quand je serai chez moi, dans le bus, c'est galère
Hippolyte Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Lun 1 Fév 2016 - 0:55
You feel your sins crawling down your back
"Ft. Seth Koraha"
Ce deuxième jour du mois de juin cumulait la pluie et la grisaille d'un mois de novembre avec la chaleur étouffante d'un mois d'août. La moiteur ambiante était pesante à supporter, à tel point que tous les employés de Caesar Pharmaceutics semblaient travailler au ralentit, assommés par la chaleur, et ce malgré la climatisation qui rafraîchissait considérablement l'air. Installé dans son bureau, le directeur se fichait pas mal de cette chaleur ambiante et était concentré sur un épais dossier dont les pages étaient couvertes de tableaux, formules, chiffres et autres résultats de tests. Probablement les dernières données en date pour un nouveau médicament mis au point dans ses laboratoires. Le français annotait, rayait certaines données, en corrigeait d'autres, puis passait à la page suivante. Malgré son visage impassible, c'était une véritable usine qui travaillait dans son esprit, analysant chaque information bien mieux que l'aurait fait n'importe quel ordinateur. C'était là tout le paradoxe d'Hippolyte Caesar : Un esprit brillant au service de la médecine, dans le corps d'un parfait connard, malhonnête et injuste au possible.
Au loin, une église sonna les dix sept heures, sans qu'Hippolyte ne relève les yeux de son dossier. Ainsi concentré, il pouvait parfaitement éplucher la centaine de pages qu'il contenait et ne quitter son bureau qu'à vingt deux heures passées sans que ça ne le dérange. Dix minutes, puis quinze s'écoulèrent, jusqu'à ce que son téléphone ne sonne. Soupirant, il regarda le numéro et appuya sur le combiné pour répondre.
- Je vous avais dis de ne pas me déranger cet après midi... Dois-je vous le dire en français pour que vous compreniez ? - Je sais bien, monsieur mais... Le standard vient d'appeler, il y a apparemment un individu étrange qui rôde autour du bâtiment depuis près d'une heure. - Et ? J'ai une tête à m'occuper de la sécurité, peut-être ? - Le fait est qu'il vient de s'installer dans le hall, il a l'air d'attendre quelque chose... Habillé comme il est, je me suis dis que c'était peut-être un client qui ne se serait pas présenté ?
Hippolyte leva au ciel face à la bêtise et l'ingénuité de son assistante. Décidément, il avait un don pour recruter des cruches à ce poste. Jetant un regard à son dossier, il voulu le refermer, mais en l'absence de concentration, ses doigts passèrent au travers. Pestant, il parvint au bout de quelques essais à le refermer.
- Monsieur ? Dois-je le faire sortir ? - Non... Faites-le monter...
Sans attendre de réponse, le chasseur raccrocha et se passa une main sur le visage. Il avait souhaité avoir une journée calme et tranquille pour travailler, craignant sans arrête que l'immondice qui coulait à présent dans ses veines ne le trahisse. Il lui fallait des efforts de concentration considérables pour ne pas lamentablement passer au travers de son siège, ou de manquer de passer au travers de son stylo. Il aurait pu demander à la sécurité de mettre l'intrus dehors, tout comme il aurait pu n'en avoir rien à faire... Mais il était intrigué par ce type, probablement en costume, qui attendait patiemment en bas. Et puis quitte à se passer les nerfs sur quelqu'un, autant que ça ne soit pas sur Marius.
La secrétaire de direction informa alors le standard que l'individu pouvait monter, et on lui indiqua un ascenseur puis la direction à prendre. Arrivé au dernier étage, c'était la secrétaire d'Hippolyte qui prendrait le relais pour lui indiquer le bureau de son patron. Ce dernier avait rouvert son dossier et s'était à nouveau penché sur l'étude de statistiques et molécules. Lorsque l'on frappa à la porte, il ne daigna pas relever la tête et se content d'un « entrez » sec et autoritaire. Sans plus relever les yeux de son dossier, comme si celui qui venait d'entrée dans la pièce avait aussi peu d'intérêt qu'un pot de fleurs, il attaqua.
- Dites-moi... Mon bâtiment vous plaît à ce point ? D'après ma secrétaire, vous rôdez en bas depuis près d'une heure... Aussi, à moins que vous n'ayez une bonne raison de venir ici, je vous prierai de ne pas remettre les pieds dans le coin. Si c'est un laboratoire concurrent qui vous envoie, sachez que mes clauses de confidentialité sont extrêmement claires, et que vous risquez plus qu'une petite tape sur la main si vous diffusez des informations qui ne vous appartiennent pas... Je me suis bien fais comprendre ?
Enfin, il daigna relever la tête et observa son interlocuteur. A l'autre bout de la pièce, Duchesse regardait déjà le nouveau venu de ses yeux bleus, battant de la queue d'un air mécontent. C'était un grand type au teint hâlé et à l'élégant costume noir encore humide de pluie. Il aurait pu avoir l'air de quelqu'un d'important s'il n'avait pas eu un costume digne d'une sépulture et cet air complètement abattu. A vrai dire, il avait même les yeux si rouges qu'Hippolyte se demandait s'il avait pleuré ou s'il était sous l'influence de certaines drogues.
- Et bien, et bien... Vous avez mauvaise mine... Vous avez l'air de quelqu'un qui se rend à un enterrement... Asseyez-vous.
Oh non il n'allait pas faire dans le social ! En revanche, il voulait absolument savoir ce que faisait un type aussi étrange dans ses locaux.
crackle bones
Seth Koraha
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Lun 1 Fév 2016 - 4:42
Seth & Hippolyte
Dix minutes. Ce fut le temps qu’il fallut à Seth pour craquer et s’installer dans l’un des confortables canapés de cuir qui accueillaient les visiteurs et les personnes qui avaient rendez-vous avec le grand patron des entreprises Caesar. Il se demandait si les gros bonnets qui venaient s’asseoir ici jugeaient le standing du bâtiment, s’ils critiquaient en silence le propriétaire des lieux ou bien s’ils le jalousaient secrètement, lui et la formidable intelligence qui l’avait conduit à être maître d’un tel empire et d’une telle fortune. C’était quelque chose qu’on ne pouvait pas enlever aux Caesar : ils étaient intelligents, bien plus que la moyenne. En tout cas, il savait que Marius était loin, très loin d’être aussi bête qu’il en avait l’air, et à la manière dont il avait parlé de son père, il imaginait très bien à quel point le cerveau de cet homme était une arme redoutable et un organe digne de rivaliser avec les machines. Le Calédonien n’eut pas le temps de se poser plus de questions cependant. La standardiste dans son tailleur impeccable était sortie de derrière son comptoir et s’approchait de lui. Il se demandait bien ce qu’elle allait lui dire, et il était prêt à négocier le droit de rester au sec lorsque la demoiselle s’adressa à lui.
- Monsieur Caesar est prêt à voir recevoir, monsieur … ?
Seth cligna des yeux et haussa les sourcils. S’il s’était attendu à ça, il aurait changé de rue et se serait abrité dans le premier café du coin. Il lui fallut presque deux secondes pour réaliser qu’il venait d’être pris pour un client du patron et qu’il n’allait pas pouvoir s’en sortir par une pirouette cette fois. Pas alors que les molosses de la sécurité, présents dans la périphérie de son champ de vision, le regardaient de travers. A la moindre erreur, il allait déguster, et il n’avait absolument pas envie de ça aujourd’hui. Il réfléchit rapidement avant de donner un nom.
- Baxter, Seth Baxter.
Pour une raison qui lui échappait totalement, c’était le nom de famille de Bob qui lui était venu spontanément. A croire qu’il l’avait déjà dans la peau plus qu’il ne le croyait. Il se leva et referma sa veste de costume qu’il avait ouverte en s’asseyant. La réceptionniste lui donna les indications nécessaires pour pouvoir monter directement au bureau de monsieur Caesar et il la remercia d’un signe de la tête, essayant de se mettre dans la peau d’un potentiel client ; au moins il avait déjà la mine morne et l’ensemble anthracite qui lui donnait l’air d’un croque-mort – de son avis à lui. Il garda une expression de circonstance, neutre avec un côté vaguement lugubre, puis monta dans l’ascenseur et appuya sur le bouton du dernier étage. Ce ne fut que lorsque les portes se furent refermées qu’il se détendit, et encore, la petite caméra dans un coin le dissuada de jurer et secouer la tête comme il aurait souhaité le faire. Il pesta intérieurement contre Marius et son don quasi divin pour arriver en retard, espérant que cette fois, il ne tarderait plus. Il n’avait aucune envie de faire durer le face à face avec son paternel plus que nécessaire. Lorsque les portes de l’ascenseur se rouvrirent, il posa le pied sur un sol si bien ciré qu’il voyait tout le décor se refléter comme à la surface d’un lac. Décidément, la maniaquerie du maître des lieux se voyait absolument partout. Et il n’allait d’ailleurs pas tarder à le rencontrer puisqu’il se retrouva devant la grande porte de son bureau après être passé devant sa secrétaire personnelle. Posant la main sur la poignée, il l’ouvrit et s’engouffra dans la pièce avant de refermer derrière lui. Ses yeux rencontrèrent ceux d’un chat qui le dévisagea avec un mépris très félin, à tel point que Seth haussa un sourcil et articula un silencieux « ben quoi ? » à l’attention de l’animal. Ce ne fut que lorsqu’il entendit qu’on s’adressait à lui qu’il tourna la tête vers le bureau – et surtout, l’homme qui y était assis, le regard baissé vers le dossier sur lequel il était en train de travailler.
- Dites-moi... Mon bâtiment vous plaît à ce point ? D'après ma secrétaire, vous rôdez en bas depuis près d'une heure... Aussi, à moins que vous n'ayez une bonne raison de venir ici, je vous prierai de ne pas remettre les pieds dans le coin. Si c'est un laboratoire concurrent qui vous envoie, sachez que mes clauses de confidentialité sont extrêmement claires, et que vous risquez plus qu'une petite tape sur la main si vous diffusez des informations qui ne vous appartiennent pas... Je me suis bien fais comprendre ?
Il le voyait enfin. Hippolyte Caesar dans toute sa splendeur. Si la conversation commençait comme ça, la suite n’allait certainement pas être des plus cordiales. Tout au plus parviendraient-ils à rester calmes et civilisés. Sincèrement, il avait juste envie de voir Marius et oublier qu’ils avaient dit adieu à l’une de leur meilleures amies quelques heures plus tôt à peine.
- Tout à fait, dit-il aussi calmement que possible, faisant des efforts surhumains pour ne pas répliquer avec son cynisme habituel – c’est dire à quel point il voulait éviter les conflits aujourd’hui.
Le grand ponte des industries pharmaceutiques made in France consentit finalement à le regarder et l’homme de sable se sentit observé sous toutes les coutures. Il était curieux de savoir ce que devait se dire Hippolyte en le voyant lui, debout dans son office et encore trempé de cette pluie qui tombait en trombe de l’autre côté des gigantesques vitres de l’immeuble.
- Et bien, et bien... Vous avez mauvaise mine... Vous avez l'air de quelqu'un qui se rend à un enterrement... Asseyez-vous.
Seth arqua un sourcil et ne put s’empêcher de répondre.
- En fait, j’ai enterré ma meilleure amie ce matin.
C’était toujours aussi difficile à dire à voix haute, et il ne donnerait pas plus de détails que nécessaire si monsieur Caesar lui posait la question. Ne pouvant plus reculer, il s’approcha et s’assit dans l’une des chaises face à lui, rouvrant sa veste pour que le vêtement ne se plie pas. C’était un geste que Pietra avait fini par lui faire adopter après moult répétitions et insistance, et il devait admettre qu’elle avait bien fait. Au moins, s’il pouvait passer pour un peu plus professionnel et rangé qu’il ne l’était réellement, ça lui servirait à quelque chose. Sauf qu’il n’avait aucune idée de ce dont il allait bien pouvoir parler avec le quinquagénaire à l’air sévère qui le dévisageait. Il avait beau ne pas être croyant, il récitait mentalement une petite prière à qui voudrait bien l’entendre et faire venir Marius plus vite.
Hippolyte Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Lun 1 Fév 2016 - 11:27
You feel your sins crawling down your back
"Ft. Seth Koraha"
Il avait sous les yeux la formule pratiquement au point d'un remède susceptible de grandement améliorer le confort de vie de milliers de malade, à la fois un trésor pour la science et un véritable lingot d'or pour son entreprise. Ce dossier, ces quelques feuilles de papier avaient probablement plus de valeur que bien des coûteux objets qui ornaient sobrement son bureau. Et pourtant, il avait consentit à faire une pause dans son étude pour recevoir un inconnu, un intrus, un rôdeur. S'il y avait bien une chose qu'Hippolyte ne supportait pas, c'était bien que l'on vienne fouiner dans ses affaires. Pendant le scandale lié au vaccin contre la malaria, il n'avait même plus cherché à compter le nombre d'espion qui avaient tenté de s'introduire dans ses laboratoires pour lui subtiliser quelques données compromettantes. Et le monde des affaires était ainsi fait : C'était un monde de requins, de vicieux, de gens malhonnêtes qui se tiraient dans les pattes pour augmenter quelques profits personnels. Il n'aurait donc pas été étonné d'apprendre que le grand homme qui lui faisait face était l'un de ces espions. Un bien piètre espion, s'il s'était laisser faire aussi facilement. Seulement, il y avait quelque chose sur le visage de cet homme qui laissait Hippolyte perplexe. Une blessure, une morosité et une lassitude qui n'avait rien à voir avec le comportement nerveux de quelqu'un qui se sent coupable et cherche à le dissimuler. Après tout, Hippolyte commençait à avoir l'habitude, avec les menteurs... Il en avait élevé un de compétition.
Après avoir demandé à l'inconnu de s'asseoir, le chasseur tira une cigarette de son paquet et l'alluma, fixant toujours l'autre à travers le nuage de fumée. Il s'était contenté d'une brève réponse, sans chercher à se justifier d'une quelconque manière... Que venait-il chercher ici, à la fin ? Tirant sur sa cigarette, Hippolyte arqua un sourcil en apprenant que l'individu avait enterré sa meilleure amie plus tôt dans la journée. S'il était difficile d'attendrir le chasseur au point qu'il tende un mouchoir à son vis à vis, il était tout de même capable de compatir. Lui-même n'aurait pas eu l'air plus enjoué à l'idée d'enterrer l'un de ses proches... Et il ne pouvait s'empêcher de se dire que Marius serait sûrement le prochain s'il refusait de faire quoi que ce soit pour son cœur. Vingt-sept ans et déjà un pied dans la tombe par bêtise, si ce n'était pas ironique.
- Vous m'en voyez navré. Toutes mes condoléances pour votre amie, répondit-il d'une voix neutre.
Ce type devait avoir... Quoi... Trente-cinq ans, tout au plus ? Quel âge pouvait avoir celle qu'il avait mis en terre quelques heures plus tôt ? Il fallait dire que Radcliff avait un taux de mortalité relativement élevé, et ce n'était certainement pas à cause d'une épidémie ou d'une population majoritairement âgée. Le combat entre les mutants et les hunters faisait rage, et le chasseur ne put s'empêcher de se demander si celui qu'il avait en face de lui faisait partie de l'un ou l'autre des deux camps.
- Cet événement, aussi tragique soit-il, ne m'explique pas pourquoi vous vous trouvez ici... A moins que votre amie ne soit décédée d'une maladie quelconque, je ne vois pas ce que je peux faire pour vous..., dit-il en chassant de ses poumons ce qui restait de fumée.
Ecrasant sa cigarette consumée dans un cendrier, Hippolyte posa ses coudes sur le plateau du bureau et se pencha vers l'autre individu.
- Je vais vous poser la question plus clairement : Pourquoi rôdiez-vous autour du bâtiment tout à l'heure, et que faites-vous ici ?
On ne pouvait être plus clair, et Hippolyte espérait bien que sa voix teintée de menace serait suffisamment explicite pour que l'autre réponde rapidement à sa question. Une fois qu'il aurait sa réponse, il n'aurait plus qu'à demander à la sécurité de le mettre dehors sans plus de cérémonie. Ce n'est pas parce que l'autre était en deuil qu'Hippolyte devait lui offrir le thé et l'inviter à se confier à lui. Après tout, il ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, et il peinait déjà suffisamment à garder une concentration optimale pour ne pas voir ses coudes passer à travers le bureau pour ne pas s'encombrer plus longtemps d'un intrus.
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Seth Koraha
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Lun 1 Fév 2016 - 17:09
Seth & Hippolyte
Parfois, lorsqu’il discutait avec Marius, Seth était surpris de l’intelligence redoutable dont il pouvait faire preuve. Le Français était loin d’être aussi bête que ce qu’il voulait faire croire, aux autres comme à lui-même, et le Calédonien se demandait parfois la véritable teneur des capacités intellectuelles de son ami. Ce dont il était certain, en revanche, c’était que ce cerveau, il l’avait hérité de son père. C’était l’un des rares compliments que le blondinet avait jamais fait au sujet de son père : cet homme était une machine. Et si l’homme de sable ne se considérait pas comme quelqu’un de stupide, il savait aussi qu’il n’avait pas l’intelligence des Caesar. Alors, si jamais il voulait tromper Hippolyte sur la véritable nature de sa présence dans son bâtiment, il allait devoir jouer ça au bagou et au culot, en espérant qu’il était toujours un aussi bon menteur malgré la fatigue, le deuil et la colère sourde qui grondait dans son cœur et qui ne l’avait jamais vraiment quitté depuis sa rencontre malheureuse avec Roman et Charlie deux mois plus tôt. Il accueillit ses condoléances d’un bref signe de tête, ne voulant pas s’étaler sur le sujet davantage. Il imaginait bien Moira le regarder se débattre avec cet homme qu’elle avait connu plus jeune et le pousser à partir au plus vite, quitte à passer pour un imbécile fini. Et à ce rythme, c’était probablement ce qu’il allait finir par faire pour ne pas affronter le Français aux yeux noirs qui le dévisageait avec une neutralité presque mécanique. Il se demandait sincèrement ce qu’il pouvait lire et comprendre d’un simple coup d’œil comme il le faisait. Probablement beaucoup de choses, et si en temps normal la performance l’aurait impressionnée, aujourd’hui, Seth avait surtout envie qu’on le laisse en paix. Malheureusement, la journée n’avait pas l’air d’aller dans ce sens.
- Cet événement, aussi tragique soit-il, ne m'explique pas pourquoi vous vous trouvez ici... A moins que votre amie ne soit décédée d'une maladie quelconque, je ne vois pas ce que je peux faire pour vous...
Les volutes de fumée blanche passant devant le visage du grand patron ne masquèrent pas la lueur qui brillait dans ses prunelles sombres. Il se méfiait, c’était bien normal. A sa place, Seth n’aurait pas été particulièrement détendu non plus, de savoir qu’un inconnu rôdait autour de sa propriété. Il se demandait combien de menteurs, de voleurs et d’espions il avait déjà reconduit à la porte manu militari, combien de détracteurs il avait dû combattre et faire tomber pour rester à la tête d’un empire comme le sien.
- De toute façon, à ce stade, personne ne peut plus rien pour elle, dit-il malgré tout.
L’homme de sable se redressa à peine dans son siège lorsque monsieur Caesar posa les coudes sur son bureau et se pencha vers lui comme pour donner plus de poids à ses propos.
- Je vais vous poser la question plus clairement : pourquoi rôdiez-vous autour du bâtiment tout à l'heure, et que faites-vous ici ?
Voilà, l’heure était venue de mentir. Heureusement qu’il était plutôt doué et convaincant, bien qu’il fut assez persuadé qu’il était loin d’être le premier menteur qu’Hippolyte rencontrait. Il avait au moins eu son fils, et ça n’était pas rien. Tant pis, il n’allait certainement pas lui dire la vérité. Marius n’avait probablement pas envie de croiser son père aujourd’hui et le trafiquant pouvait tout à fait le comprendre.
- En toute honnêteté ? J’attendais un ami, et c’était plus simple de s’abriter de la pluie chez vous que de traverser la route à moitié inondée.
Voilà, l’explication claire et précise qui, en soit, n’était pas un mensonge. Il se contentait simplement de donner le moins de détails possible. Il s’apprêtait déjà à se lever pour prendre congé d’Hippolyte, préférant sortir tout seul plutôt qu’accompagné par la sécurité, lorsque son téléphone sonna. Sous le regard noir du Français, il sortit l’appareil et décrocha sans prendre le temps de regarder le nom s’affichant sur l’écran.
- Désolé, j'suis à la bourre, ça m'a foutu le cafard c'te merde et j'voulais voir Sam. J'ai pris un taxi mais j'suis sûr qu'en pédalant, j'irais plus vite. Bref, du coup, j'arrive d'ici ... putain de merde, d'ici dix minutes.
Seth ferma les yeux en grimaçant et baissa lentement le téléphone lorsqu’il entendit la tonalité de l’autre côté du combiné. De toutes les personnes qui pouvaient l’appeler maintenant, il avait fallu que ce soit Marius. Marius dont la voix si reconnaissable avait dû s’entendre très nettement – surtout qu’ils avaient l’habitude de se parler en français tous les deux, et ils n’étaient pas nombreux à parler cette langue en ville. Pas sans un fond d’accent, chose qu’ils n’avaient ni l’un, ni l’autre. Et puis, la mention de Samuel ne laissa aucune place au doute. Finissant par rouvrir les yeux, il put voir l’expression nouvelle sur le visage d’Hippolyte et il ne put s’empêcher de laisser échapper un soupir fatigué.
- Et merde.
Hippolyte Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Mar 2 Fév 2016 - 20:12
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"Ft. Seth Koraha"
On avait souvent répété à Hippolyte que ses longs silences et ses regards froids et calculateurs avaient quelque chose de profondément déstabilisant. C'est pourtant il en jouait si souvent, s'amusant presque à mettre ses interlocuteurs mal à l'aise pour mieux saper leur confiance et leur passer l'envie de se moquer de lui. Marius détestait cela depuis son plus jeune âge. Il ne supportait pas de voir son père le regarder fixement sans pouvoir lire quoi que ce soit dans son esprit, et Hippolyte prenait un malin plaisir à toujours le faire mariner avant de lui donner le fond de ses pensées. On ne les changerait pas si facilement, après tout. Ils avaient accepté de se parler et se toléraient à peu près une fois par mois, ce qui était en soi un exploit. En revanche, aucune de leur rencontre ne s'était réellement bien passée. Elles avaient toutes conduit à une dispute, à des sortes de règlements de compte si vieux qu'ils avaient pris une ampleur dantesque.
Avec l'inconnu qui lui faisait face, les choses seraient différentes. Parce qu'ils ne se connaissaient pas et n'avaient pas le passif houleux des Caesar. Seulement, rien que de tout cela n'empêchait Hippolyte de fixer son interlocuteur d'un regard glacial en le détaillant minutieusement. Peut-être était-ce lui qui hallucinait, mais il avait clairement l'impression de lire le mot « coupable » sur le front de ce type, et il entendait bien lui arracher des aveux avant de le laisser partir. Alors il lui reposa la question, plus clairement, cette fois, et attendit la réponse. Celle-ci ne tarda pas à venir, et Hippolyte plissa simplement les yeux. Mauvaise réponse. Toute personne honnête n'avait pas besoin de préciser « en toute honnêteté » pour avoir l'air crédible. Un menteur, en revanche, prenait toujours la peine de préciser qu'il était blanc comme neige avant de se lancer. Restait à savoir où était la part de vrai et où était la part de faux dans son discours. Car il avait tout de même l'air très sûr de lui et convaincant. Hippolyte ouvrit la bouche, prêt à répliquer quelque chose, mais la sonnerie du téléphone de son interlocuteur l'interrompit avant.
S'il y avait bien une chose qui piquait l'orgueil de ce grand patron un brin orgueilleux, c'était bien qu'on ne l'écoute pas ou que l'on réponde au téléphone en sa présence. Ça avait le don de l'agacer prodigieusement, et l'autre marque un mauvais point supplémentaire. Seulement, la discussion qui avait suivre était finalement bien plus intéressante que tout ce que l'inconnu pouvait bien lui dire. Car à cette distance, Hippolyte reconnu très nettement la voix de Marius. Après tout, il n'y avait pas cent cinquante habitants de Radcliff qui parlaient français, avec ce timbre là et surtout avec autant de d'injures par phrase. C'était du Marius tout craché. Incapable de construire une phrase avec un sujet, un verbe et un complément sans ajouter un « putain » ou un « merde ». Pauvre Sam... « Papa » ne serait certainement pas son premier mot, à ce rythme.
Toujours silencieux, le chasseur laissa à son interlocuteur le temps de raccrocher et de se rendre compte de son erreur. Un fin sourire se dessina sur les lèvres d'Hippolyte, l'un de ces rictus mauvais et chargés d'animosité dont il avait le secret. Alors il reprit en français, puisque l'autre semblait parfaitement comprendre cette langue.
- Et merde, c'est le mot, oui... J'ignorais que mon fils fréquentait des gens comme vous, dit-il d'un ton suffisant. Quoi que je ne m'étonne plus de rien, avec Marius. C'est lui l'ami que vous attendez ? Soit il vous a donné rendez-vous ici pour vous montrer à quel point son père est un raté, soit... Il est totalement idiot. Et j'opterais davantage pour la seconde option.
Il ne prenait même pas la peine d'avoir l'air un tant soit peu conciliant avec Marius. Connaissant son fils, Hippolyte savait que ce dernier avait probablement du dresser le portrait d'une monstre de cauchemars à ses amis.
- J'en déduis que c'était une amie commune, également... Bah... Qu'importe. Puisque vous ne m'avez pas l'air plus dangereux que ça, on va vous raccompagner jusqu'à la sortie.
Sa main glissa jusqu'au téléphone posé sur le bureau. Une première tentative, son doigt passa au travers, et il espéra que l'autre n'avait rien remarqué. Lorsqu'il fini par réussir à lancer l'appel, la standardiste répondit immédiatement.
- Dites à la sécurité de venir récupérer l'individu qui s'est introduit dans les locaux. Et mettez-le dehors. De ? Je m'en fiche qu'il pleuve des cordes !
Car oui, il se foutait royalement de savoir que dehors, c'était le déluge. Reportant son attention sur son vis à vis, il ajouta d'une voix cynique.
- Je vous dirais bien de passer le bonjour à Marius, mais je sais d'avance qu'il prendra cela pour une agression de ma part.
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Seth Koraha
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Mer 3 Fév 2016 - 1:06
Seth & Hippolyte
Si Seth n’avait jamais vu Hippolyte jusqu’à ce jour, Marius l’avait dissuadé de l’envie de le rencontrer un jour. Le jeune homme avait dressé de son père un portrait particulièrement élogieux dans tout ce qu’il avait de méchant, de vicieux et de pédant. Il lui donnait presque un air de méchant de fiction tant il avait l’air exagéré dans ses défauts. Intelligent à faire peur et calculateur à souhait, le Français l’avait décrit comme une machine sans cœur et sans âme qui ne s’occupait que d’un seul de ses fils, préférant ignorer l’autre ou le rabaisser au rang de sous-homme pour lui faire comprendre à quel point il l’avait déçu. La relation entre Marius et son père était houleuse comme la mer un jour de tempête, et le Calédonien s’était parfois demandé s’il n’exagérait pas un peu, si tous les griefs qu’il avait contre lui ne lui étaient pas monté à la tête. Mais maintenant qu’il se retrouvait face au patriarche Caesar, il pouvait l’affirmer sans crainte : c’était un immonde connard. Il avait l’air méprisant, hautain et plein de jugement, et il ne doutait pas une seconde que dans son cerveau de surdoué devaient défiler toutes les critiques possibles et imaginables. Leur dialogue avait quelque chose d’inégal, comme si l’homme de sable avait déjà perdu la bataille contre le PDG. Et encore, ça n’aurait pu rester qu’une conversation très froide dont il aurait pu s’échapper par une pirouette, d’une façon ou d’une autre. Seulement, son téléphone avait sonné, et il avait eu le réflexe malheureux de décrocher ; seulement, la voix de Marius s’était faite entendre, et il avait pris trois secondes pour raccrocher et se dire qu’il venait de faire une erreur redoutable. Ses yeux sombres rencontrèrent ceux d’Hippolyte, et le fin sourire mauvais qu’il vit sur son visage ne présageait rien de bon.
- Et merde, c'est le mot, oui... J'ignorais que mon fils fréquentait des gens comme vous. Quoi que je ne m'étonne plus de rien, avec Marius. C'est lui l'ami que vous attendez ? Soit il vous a donné rendez-vous ici pour vous montrer à quel point son père est un raté, soit... Il est totalement idiot. Et j'opterais davantage pour la seconde option.
Seth fixa le quinquagénaire et haussa un sourcil, toute trace d’amabilité et de politesse disparue de ses traits. Il n’y avait plus lieu de maintenir les apparences désormais, alors s’il se faisait traiter comme un chien, il n’allait pas se gêner pour répliquer comme un chien.
- Oh ben, entre les voleurs honnêtes et les bureaucrates corrompus, il a vite fait son choix. Faut croire que vous avez pas les mêmes valeurs, hein. Et puis pas besoin de me montrer que son père est un raté, j’ai toutes les preuves qu’il faut sous les yeux.
Le trafiquant avait beau être voleur, menteur, charmeur, beau parleur, il avait également un côté particulièrement sincère, et lorsqu’il décidait d’accorder sa confiance à quelqu’un, ou même lorsqu’il donnait sa parole, il ne revenait jamais sur ce qu’il avait dit. Un deal était un deal, point. Les gens de la trempe d’Hippolyte étaient trompeurs, vicieux, jouaient sur les mots et savaient se montrer traîtres. Tout ce que Seth détestait.
- J'en déduis que c'était une amie commune, également... Bah... Qu'importe. Puisque vous ne m'avez pas l'air plus dangereux que ça, on va vous raccompagner jusqu'à la sortie.
L’homme de sable ne se donnerait même pas la peine de prononcer le nom de Moira devant lui. Il n’allait certainement pas parler d’elle en sa présence. Si Marius voulait le faire, qu’il le fasse. Mais lui ne salirait pas la mémoire de la jeune femme en la citant dans une telle conversation. Il laissa Hippolyte appeler sa secrétaire en bon patron pédant, plissant légèrement les yeux en ayant l’impression de voir son doigt passer à travers l’interphone l’espace d’une seconde. Il le laissa passer son appel en silence, se contentant de le regarder avec une certaine animosité.
- Je vous dirais bien de passer le bonjour à Marius, mais je sais d'avance qu'il prendra cela pour une agression de ma part.
Le trafiquant hocha la tête.
- Votre respiration est une agression – en toute honnêteté, hein.
Il se leva en entendant la porte s’ouvrir derrière lui et ne prit pas la peine de refermer son costume – il se sentait à l’étroit dedans de toute façon. Même Moira l’avait taquiné à ce sujet.
- J’comprends mieux pourquoi il parle de vous comme ça. Vous êtes à la hauteur de ce qu’il m’a dit. J’pensais qu’il exagérait, parce que ça lui arrive souvent, mais là … là, il a raison.
Il tourna les talons et prit à peine le temps de jeter un œil au garde qui venait d’entrer et le regardait de travers. Lorsqu’il passa à sa portée, l’homme lui saisit le bras, comme pour l’amener plus vite à la sortie. Seth planta son regard dans le sien et se dégagea sèchement.
- J’sais où est la sortie, pas besoin de tripoter, mec.
La remarque n’eut pas l’air de plaire, pas plus que son geste, et l’agent de sécurité saisit Seth plus brusquement que plus tôt. Le trafiquant se dégagea à nouveau, la colère lui montant au nez plus rapidement qu’il ne le croyait. Ce n’était définitivement pas le bon jour pour venir l’emmerder, et s’il devait assommer ce type, il le ferait sans hésiter. Il eut cependant le temps de voir le poing serré foncer vers son visage et se changea en sable. Ce ne fut pas une joue mais un tas de grains dorés que rencontrèrent les phalanges du gardien dont le visage se décomposa en voyant qu’il venait de frapper un mutant – mutant qui reprit forme physique et le dévisagea, l’air particulièrement énervé. La main du Calédonien se glissa dans la nuque de l’homme et, prenant son élan, il propulsa sa tête en avant avec violence, écrasant son front contre son nez. L’effet fut radical et l’agent s’écroula, mis hors de course, le visage plein du sang coulant de son nez cassé. Seth essuya rapidement les quelques gouttes rougeâtres qui avaient éclaboussé sa tête et remit sa veste en place d’un geste sec. Il en avait presque oublié Hippolyte de l’autre côté de son bureau. Et il aurait mieux valu pour lui qu’il garde un œil sur lui.
Hippolyte Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Jeu 4 Fév 2016 - 0:03
You feel your sins crawling down your back
"Ft. Seth Koraha"
Hippolyte ne plaisantait pas. Rarement... Ou même disons plutôt jamais. Il avait le sens de l'humour d'une huître séchée au soleil, la capacité à rire d'un varan et le potentiel comique d'un dépressif sous Xanax. C'est pourquoi les remarques de l'individu en face de lui ne le faisait absolument pas rire. Pas même sourire, à vrai dire.
- Marius et moi n'avons jamais eu la même notion de ce qu'est la réussite et l'échec...
Inutile d'en rajouter une couche, cette simplement phrase parlant d'elle-même. Cet échange n'aurait pas duré longtemps, mais il aurait été intense. Hippolyte savait à présent que Marius fréquentait vraiment n'importe qui, et si possible des gens aussi peu respectueux que lui. Se réinstallant confortablement dans son fauteuil, le chasseur jaugeait son interlocuteur avec un regard à la fois hautain et dégoûté. Il ne supportait pas qu'on lui parle sur ce ton, surtout lorsqu'il s'agissait d'un petit con arriviste et sans cervelle. Si l'autre voulait une agression, il en aurait, et Hippolyte n'était pas certain qu'il l'apprécie. Ses vigiles auraient tôt fait de remettre cet individu à sa place, il leur faisait confiance ! Il se retint de faire la moindre remarque supplémentaire alors que l'autre se levait, mais il ne pu se contenir lorsqu'il lui parla de la façon dont Marius le présentait. Rien à faire, à chaque fois qu'il apprenait que son fils dressait de lui le portrait le plus effroyable qui soit, Hippolyte ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Quelque part, il aurait aimé être ce père parfait dont il aurait pu être fier, et pas seulement cette machine tout juste bonne à exécuter des fonctions pré-établies et dépourvues d'humanité.
- .Arrêtez de me flatter, vous allez me faire rougir..., railla-t-il, cynique.
Il avait raté quelque chose avec Marius, il le savait depuis longtemps, mais jamais ils ne parviendraient à recoller entièrement les morceaux. Car jamais ils n'oublieraient leurs conflits, leur rancœur et le profond ressentiment qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre dès qu'un sujet sensible refaisait surface. Il y avait quelque chose de profondément triste et pathétique dans leur relation, quelque chose que ni les années ni les efforts ne parviendrait à guérir totalement. Hippolyte éprouvait presque de l'animosité à l'égard de ce type dont lui ne savait rien, mais qui semblait tout savoir de lui parce que Marius lui en avait parlé. Il avait presque comme le sentiment d'avoir piétiné le rôle de confident privilégié qu'il aurait du avoir. Et il n'avait pas tort... Ce n'était pas seulement un sentiment mais bien une réalité.
Lorsque le vigile entra dans le bureau pour faire sortir l'intrus, Hippolyte était déjà replongé dans son dossier, oubliant jusqu'à la présence de celui qui lui avait si mal parlé. Seulement, il releva la tête en poussant un sifflement agacé lorsqu'ils commencèrent à se battre... Et quelle ne fut pas sa surprise de voir la joue de l'inconnu se changer en sable fin ! Immédiatement, le chasseur reposa son stylo et ouvrit le tiroir de son bureau, dans lequel il gardait précieusement un 9mm chargé. Un mutant, voilà ce qu'il était. En plus d'être un abruti, c'était un dégénéré. Décidément, ce type n'avait vraiment rien pour lui ! Hippolyte aurait pu réagir rapidement, habitué qu'il était à se battre contre des transmutants, mais c'était sans compter son propre gêne défaillant, qui l'empêchait de saisir des objets lorsqu'il le souhaitait. A deux reprises, sa main passa au travers de l'arme, et il lui fallut une concentration optimale pour parvenir à s'en saisir et la pointer sur le dégénéré. Le vigile était déjà à terre, assommé, et Hippolyte compris qu'il n'avait pas affaire à un débutant mais à quelqu'un qui savait se battre et qu'il valait mieux prendre au sérieux.
- Tu vas lever les mains gentiment et reposer gentiment tes fesses sur cette chaise, c'est bien compris ? Dit-il d'une voix froide.
Tandis que l'autre avait le regard rivé sur le canon de l'arme, Hippolyte en profita pour se saisir de l'unique seringue de vaccin qui restait dans le tiroir. Temporaire ou définitif, il s'en fichait royalement, puisqu'il comptait tuer le dégénéré. Seulement, tirer dans un tas de sable, c'était aussi peu efficace que dans un édredon. Alors autant utiliser les grands moyens...
- Ainsi donc, en plus de fréquenter des idiots, Marius fait ami-ami avec des mutants. De mieux en mieux... J'ai du mal à croire que tu sois encore en vie, discret comme tu es...
Il fit le tour du bureau, le doigt toujours appuyé sur la gâchette de son revolver. Gardant l'attention de son vis à vis concentrée sur son discours et l'arme, il camouflait très bien la seringue, dissimulée dans son autre main. Arrive à la hauteur de l'autre, tout se passa si vite que l'on ne saurait dire quel geste vint en premier. Hippolyte réenclencha le cran de sûreté de son arme, la lâcha, et alors qu'elle allait s'écraser avec un bruit sourd sur le parquet, il attrapa le mutant par ce qu'il lui restait de cheveux et planta la seringue dans son cou, y injectant l'entièreté du produit. Puis il resta là, l'aiguille enfoncée dans la jugulaire de l'individu pour l'empêcher de trop gesticuler.
- Tu feras sûrement moins le malin avec tes petits pouvoirs en moins, crois-moi...
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Sam 6 Fév 2016 - 17:59
Seth & Hippolyte
Seth était quelqu’un de chanceux. Ou plutôt, les mauvais évènements de sa vie étaient contrebalancés par une capacité d’adaptation étonnante, à tel point qu’on pouvait se demander s’il ne lui arrivait pas de tricher à ce grand jeu de cartes qu’était son existence – et celle des autres en général. Il avait eu une enfance et une adolescence fort sympathiques jusqu’au jour où il s’était retrouvé embarqué dans le trafic de Roman Griske. Quand il avait fini par en être libéré, il avait réussi à retomber sur ses pattes comme un chat, traçant sa route en Amérique jusqu’à réussir à monter son propre réseau et à vivre grâce à sa grande gueule et ses talents de négociateurs. Et puis, il s’était retrouvé à Radcliff. Son chemin avait croisé celui d’anciennes connaissances et celui de nouvelles, étoffant son carnet d’adresse au rythme des gens qui entraient ou sortaient de sa vie. Les mois, puis les années s’étaient écoulés, et il n’avait pas encore pensé à déménager loin de cette ville où il s’était installé. Enfin, ça, c’était avant la guerre civile entre les mutants et les hunters ; c’était avant la quarantaine, avant la Gunpowder Squad, avant de voir ses amis et ses employés tomber comme des mouches. C’était avant que la mentalité étriquée de Thaddeus Lancaster et ses partisans ne fassent de ce coin du Kentucky un cauchemar pour tout le monde sauf pour les chasseurs qui, eux, s’en donnaient à cœur joie. Il avait naïvement espéré que la plupart des personnes qu’il connaissait arriveraient à passer entre les mailles du filet. Malheureusement, il avait eu tort, plus d’une fois. Et le canon de l’arme braqué sur lui ne lui donnerait pas raison non plus.
- Tu vas lever les mains gentiment et reposer gentiment tes fesses sur cette chaise, c'est bien compris ?
Le trafiquant haussa un sourcil. Il savait qu’Hippolyte l’avait vu se changer en sable. Il savait qu’il pourrait le refaire à tout moment et que le menacer d’un pistolet ne changerait rien au fait qu’il pourrait se transformer et devenir une cible particulièrement volatile.
- Ou sinon quoi, tu vas me tirer dessus ?
Lui aussi était passé au tutoiement. Quitte à être apostrophé comme un chien et regardé comme un moins que rien, autant qu’il rende la politesse – ou son absence. Il ne retourna pas s’asseoir et resta debout, là où il était, son regard passant de la main du Français à son visage. Avec un peu de chance, il ne savait pas manier les armes à feu et ne faisait ça que pour l’impressionner.
- Ainsi donc, en plus de fréquenter des idiots, Marius fait ami-ami avec des mutants. De mieux en mieux... J'ai du mal à croire que tu sois encore en vie, discret comme tu es...
Perdu. Le père Caesar avait visiblement l’habitude de manier ce genre de chose, et vu sa dernière remarque, il avait aussi l’habitude de les pointer sur des mutants. Le trafiquant mit une seconde avant que la gravité de la situation ne le frappe de plein fouet. Hippolyte Caesar était un hunter. Le père de Marius, mutant de son état, était un tueur de mutants. Le jeune homme était-il au courant des pratiques de son père ? Etait-il au courant qu’au-delà d’être un salaud, son géniteur était surtout dangereux ? Il allait vraiment falloir qu’il sorte d’ici, et vite, qu’il intercepte le blondin au vol et qu’il le tienne loin d’Hippolyte.
- On a pas tous la même notion de l’idiotie.
Aux yeux de Seth, l’imbécile, c’était clairement ce père qui avait tant rabaissé son enfant qu’il n’était plus capable de croire en lui ou en son propre géniteur. C’était cet homme qui avait laissé tomber son fils et qui n’avait pas l’air de faire des efforts pour améliorer leur relation. L’homme de sable se trompait, bien sûr, mais ça, il ne pouvait pas le savoir, et il n’aurait pas le temps de demander des détails. Tout à coup, le Français lâcha son arme, sans raison aucune, et Seth eut tout juste le temps de suivre sa chute des yeux et d’esquisser un geste de recul qu’une main vint agripper ses cheveux et le tira en avant. Il s’attendit à se prendre un coup de genou dans le menton. Pas à sentir quelque chose s’enfoncer dans son cou et un liquide glacial filer dans ses veines. Le mutant écarquilla les yeux. Ce n’était pas tant sa peur des aiguilles qui le fit paniquer, mais plutôt la teneur de ce que Caesar venait de lui injecter.
- Tu feras sûrement moins le malin avec tes petits pouvoirs en moins, crois-moi...
Le poing de Seth fila à toute vitesse dans l’estomac du chasseur. Il se dégagea de sa prise mais c’était trop tard. Le poison n’allait pas tarder à faire effet. Il arracha la seringue et la jeta contre le sol d’un geste rageur, portant la main à l’endroit où l’aiguille était encore plantée, du sang perlant de sa peau déchirée. Il regarda son autre main et essaya de la changer en sable. Pendant quelques secondes, les grains jaunâtres s’agitèrent sur son épiderme, mais bien vite, ils ne redevinrent que de la chair tout ce qu’il y avait de plus normale. Il força et força encore, mais non. Sa mutation était partie. Il n’y avait plus rien.
- Bordel …
La dernière fois qu’il avait eu aussi peur, c’était lorsqu’il avait revu Roman quelques mois plus tôt. Cette peur panique qui l’avait saisi, cette impression de ne plus pouvoir bouger tellement elle le paralysait, cette sensation d’être à la merci de son bourreau, tout ça, il avait fini par passer au-dessus. Sauf que Roman était un ennemi de chair et de sang. Ce qui l’attaquait cette fois, c’était quelque chose qui se retrouvait dans son corps, qui altérait son code génétique, qui le changeait en quelque chose qu’il n’était pas. Il n’était pas né humain, il était né mutant, et ce foutu vaccin avait balayé de son ADN ce qui faisait de lui le Seth Koraha que tout le monde connaissait. Il mordilla sa lèvre inférieure, la bouche bizarrement sèche tout à coup. Il se rendit compte aussi qu’il avait chaud et qu’il tremblait bien malgré lui. Il leva les yeux vers Hippolyte et eut l’impression que le monde s’étalait comme une flaque autour de lui. Il n’avait aucune idée du temps qui s’était écoulé depuis qu’il s’était éloigné de l’homme, si ça faisait deux secondes ou deux minutes qu’il le fixait comme ça, la douleur dans son cou pulsant au rythme de son cœur qui semblait ne pas réussir à se fixer sur un rythme. Il avait mal dans tout son corps, il se sentait lourd, la fièvre était monté à une vitesse folle, et ce fut dans ce drôle d’était second qu’il dit, persuadé de le penser seulement :
- Pour un type qui a un fils mutant, tu les aimes pas beaucoup.
Il fronça les sourcils et secoua la tête, réalisant tout juste ce qu’il venait de dire. Mais déjà, son cerveau malmené enchaînait sur autre chose et il plaqua à nouveau sa main dans sa nuque, cherchant à enlever la petite tige de métal qui y était toujours fichée comme une minuscule lance empoisonnée.
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Sam 6 Fév 2016 - 20:54
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"Ft. Seth Koraha"
Son revolver dans une main, la seringue dans l'autre, Hippolyte fixait son vis à vis sans ciller. Il y avait une froideur et un détachement déroutant chez cet homme, comme si le fait de brandir une arme mortelle contre un autre être humain ne lui faisait ni chaud ni froid. Et ce n'était pas qu'une impression : Hippolyte n'avait jamais éprouvé le moindre plaisir ni la moindre aversion à tuer. Il le faisait, méthodiquement, sans acharnement ni tremblements. Il le faisait parce que ça devait être fait, proprement et sans bavure. Et c'était probablement ce qu'il y avait de plus terrifiant chez lui : Cette capacité à n'éprouver ni pitié ni sadisme à l'égard de sa victime, à ne pas sentir son cœur s'emballer dans sa poitrine lorsqu'il prenait une vie... Il n'avait pas de passif particulier avec les mutants. Pas de traumatisme dû à l'assassinat de toute sa famille par un mutant, pas d'amour de jeunesse enlevé par un mutant... Rien ! Rien que son esprit cartésien et scientifique qui ne pouvait tolérer l'existence de créature que la science elle-même n'expliquait pas.
- Ou sinon quoi, tu vas me tirer dessus ?
Le chasseur se contenta de hausser un sourcil, toujours aussi impassible.
- Avec un revolver, c'est l'idée, oui... Je ne l'ai pas sorti pour faire joli...
Les autres provocations du mutant lui passèrent au dessus. Hippolyte s'était depuis longtemps fait à l'idée que jamais Marius ne dresserait un portrait positif de son père à l'un de ses amis, et ça ne l'empêchait pas de dormir la nuit. Pour le bien de son fils et des générations à venir, ce mutant devait mourir. Pas besoin d'explication supplémentaire, et le chasseur se fichait bien de passer pour le grand méchant de l'histoire. Il en fallait de toute manière plus que cela pour réveiller sa conscience et sa morale.
Et alors, tout se passa très vite. Le revolver qui chuta, la seringue brandie, l'aiguille plantée méthodiquement dans la jugulaire du mutant. Il pouvait s'estimer heureux que ce ne soit qu'une dose de vaccin... S'il avait eu l'attirail de seringue de poisons divers et variés de Victoire, le mutant serait déjà en train de convulser au sol, la bave aux lèvres. Au milieu de petits flacons de cyanure et d'arsenic,elle conservait quelques petits trésors autrement plus rares et exotiques. Le chasseur ne souhaitait à personne de finir avec de la Cantarella dans les veines. Tenant toujours la seringue enfoncée dans la gorge du mutant, Hippolyte n'eut pas le temps de faire jouer sa nouvelle mutation en sa faveur. Le poing du mutant le percuta dans l'estomac, et il dû reculer, le souffle court. Le tube de la seringue se brisa au sol, tandis que l'aiguille restait plantée dans le cou du calédonien. D'un calme religieux, le chasseur profita que le mutant soit en train de réaliser ce qui lui arrivait pour ramasser son arme et la pointer à nouveau vers lui. Il était patient... Très patient. Il pouvait bien attendre que la panique monte jusqu'à la cervelle de moineau de son vis-à-vis, que l'idée fasse son chemin dans son esprit et qu'il réalise ce qui était en train de lui arriver. Plus son cœur s’accélérerait sous l'effet de la panique, plus son sang circulerait vite et transporterait le poison jusqu'à chaque cellule. En cédant ainsi à l'angoisse, il ne faisait que précipiter un peu plus sa chute.
- Plus tu t'exciteras, plus le vaccin agira vite... A ta place je me calmerais...
Seulement, l'apparent calme d'Hippolyte n'allait pas durer. S'il semblait mener la danse, la dernière remarque son adversaire fit mouche et le déstabilisa. Il écarquilla les yeux, incrédule. Un fils mutant ? Qu'est ce que c'était encore que ces histoires ? Hippolyte n'avait aucun mutant dans sa famille, il l'aurait su, autrement ! Ce ne pouvait être Martial... Il ne voyait pas son fils aîné traîner avec ce genre d'énergumène... Marius, alors ? Impossible... Pendant quelques secondes qui lui parurent durer une éternité, Hippolyte parvint à se convaincre que si Marius avait été un mutant, il l'aurait su, il l'aurait... Que savait-il de lui, au fond ? Qu'avait-il pour lui qui justifie que son cadet lui confie ce genre de chose ? Il l'avait rabaissé des années durant, avait méprisé ses efforts, n'avait eu d'yeux que pour ses résultats scolaires et sa conduite... Et s'il avait eu sous le nez un mutant depuis toutes ces années ? Après tout, Hippolyte et Marius était des étrangers l'un pour l'autre au point de savoir à peine ce que faisait l'autre ou ce qu'il était. Ce n'était peut-être pas si étonnant qu'il ignore que Marius soit un mutant, finalement. Tremblant de rage, Hippolyte appuya sur la détente, visant l'épaule gauche du dégénéré, dans laquelle la balle alla se loger.
- Je vais te le demander une fois. Une seule, ou ton épaule ne sera pas la seule à te chatouiller dans deux minutes. Répète ce que tu viens de dire, et regarde-moi dans les yeux quand je te parle !
Il frémissait de rage, se rendant compte qu'il avait probablement été aveugle au point de ne pas voir l'évidence. Et si l'autre mentait ? Pourtant, il avait lui-même surpris d'avoir prononcé à voix haute une information aussi capitale. Se fichant que le mutant soit en train de faire une attaque, en proie à une forte fièvre, Hippolyte le saisit à nouveau par les cheveux et planta le canon de son revolver sous son menton.
- Je te donne dix secondes pour me répondre... Après je repeindrai les murs avec ta cervelle et tu n'auras même pas la chance de tenter de refaire ta vie sans ta précieuse petite mutation, grogna-t-il, les dents serrées.
Il sentait petit à petit le sol se dérober sous ses pas, et peinait à garder une emprise sur la tignasse du mutant : Ses doigts passaient au travers, sans qu'il puisse faire quoi que ce soit contre. Plus il cédait à ses émotions, moins il maîtrisait cette mutation déjà fortement instable.
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Marius Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Lun 8 Fév 2016 - 22:13
You feel your sins crawling down your back
Hippolyte & Seth & Marius
Ça fait six ans maintenant que je sais que j’ai une espérance de vie relativement réduite. Ça fait un peu moins longtemps, aussi, que je sais qu’atteindre la trentaine relèvera de l’exploit, que fêter mes trente-cinq ans relèvera du miracle. Et je me suis fait à l’idée, douloureusement, mais avec cette désinvolture irresponsable qui est depuis un petit bout de temps ma marque de fabrique. Ça fait un bail, donc, que j’ai assimilé le concept que j’allais mourir. Mais j’étais à des années lumières d’envisager enterrer une amie. Ma meilleure amie, même. Et pourtant, elle est là, Moira. Et elle n’est pas là. Je déteste ce costume que je me suis forcé à enfiler, je déteste le regard que Martial pose sur la tombe, je déteste encore plus cette pluie de merde qui intensifie l’atmosphère déprimante de la cérémonie. Je n’entends rien, je n’écoute rien, la seule chose que je vois, c’est que Moira n’est pas là. Et qu’elle est morte. Avant moi.
Ce monde est con, bordel. Et cette larme qui dégringole ma joue est conne aussi, putain. Je n’ai jamais été très poli, surtout en pensées, mais je sens que je vais atteindre un sommet jusque là hors de portée. Et je meurs d’envie de faire volteface, de me casser, de me réfugier devant un punching-ball et de me défouler à en crever, pour que les choses redeviennent normales et que je puisse me taper des barres avec ma meilleure amie sans avoir à me soucier d’autre chose. Je veux frapper quelqu’un, je veux hurler, je veux pleurer, je veux trouver un responsable. Et je reste planté là, comme un con, à fixer son frère. Qui pleure, l’enfoiré. Le petit con, ce petit coincé qui nous a tant fait chier. Il pleure, et moi je pleure aussi parce que je ne peux pas m’imaginer perdre Martial. Et que lui, de toute évidence, perdre Moira n’était pas dans ses options. J’en ai rien à foutre qu’il soit sincère, ce petit con, parce qu’au final, le résultat et le même. Et je cherche auprès de Martial un instant de réconfort en le serrant dans mes bras pour qu’il ne m’échappe pas. « T’as pas intérêt à me lâcher, Marty, t’as pas intérêt » je le menace dans un soupir, comme un secret que je souffle à son oreille. On a beau être jumeaux, je reste le petit frère. Et même si je suis obligé de le laisser respirer, mon angoisse ne s’éteint pas. Il faut que je voie mon fils. C’est une nécessité. C’est un besoin. C’est indispensable. Je délaisse le cimetière, je me précipite chez Crescentia pour récupérer mon fils et le voir s’agiter dans mes bras.
Quelques heures qui passent en un éclair, quelques heures et du retard. Seth. Lorsque je sors de la bâtisse, je suis en retard. Lorsque je reçois ses sms, je suis en retard. Yo Marius, il recommence à pleuvoir, j’suis rentré dans… J’ouvre grand les yeux. Bordel, non. Non mais non. Mais quel con, bordel. Non. C’est pas possible d’être aussi con… Mes doigts pianotent sur le téléphone. Ca fait longtemps qu’il est dans ce merdier ? Beaucoup trop longtemps. J’efface mon message, j’appelle précipitamment. Papa et Maman sont des Hunters. Putain, non. Ta mère et moi sommes des hunters, en effet. Allez, Seth, réponds ! Il faut que je le fasse sortir du bâtiment, et rapidement. Je suis peut être stupide, je ne le suis pas au point d’ignorer que laisser un ami mutant dans le même bâtiment que mon père n'est pas une bonne idée. Dès que le taxi ralentit, je lui balance des billets et je sors à toute vitesse, comme pour éviter la pluie. Si seulement… Je m’engouffre dans le bâtiment. Un coup d’œil, j’avise les vigiles qui se dirigent automatiquement vers moi et je leur fais un doigt d’honneur. Pitié, je n’ai pas envie de me prendre le chou avec eux, il faut juste que je retrouve Seth. Seth qui n’est pas là. Un pas, deux, j’esquive une armoire à glace pour me planter à l’accueil. « Dites, vous n’auriez pas vu un crétin à crête ? Un imbécile, bronzé, paumé dans un costard comme un pingouin ? » Oui, je sais, la description n’est pas très recherchée et encore moins flatteuse, mais je fais ce que je peux. Et visiblement, à défaut d’être sympa pour Seth, elle est suffisamment explicite pour que j’arrache une réponse. Monsieur Caesar vient de le recevoir. Un frisson glacé dégringole ma colonne vertébrale, comme un cauchemar qui n’en finit pas. Ta mère et moi sommes des hunters, en effet. Non, non… J’essaye de garder mon calme, de reprendre ma respiration. « Je suis en retard, j’étais supposé venir avec lui. » Pas besoin de décliner mon identité, je crois qu’ils commencent à suffisamment bien me reconnaître. Une minute, pas plus, et me voilà dans l’ascenseur, à trépigner. Putain, que la sécurité de cette baraque est mal foutue pour qu’on fasse monter des imbéciles comme dans un moulin. La boite de conserve met une éternité à se déplacer, et lorsqu’elle s’ouvre enfin sur le bon étage, c’est pour me voir en sortir comme un diable de sa boite. Comme d’habitude. Mais plus rapidement encore. Je franchis en courant les mètres qui me séparent du bureau de mon père, je ne salue même pas de mon majeur sa secrétaire, comme ma politesse coutumière l’exigerait. Sauf que… je pile. A quelques mètres. Deux grands maximum. Un agent de sécurité, à terre. Et la porte du bureau, ouverte.
- Pour un type qui a un fils mutant, tu les aimes pas beaucoup. Je suis incapable de bouger. Je suis juste capable de faire un pas en arrière, juste un. « Oh le bâtard… » Ma voix n’est qu’un murmure. Etranglé. « Seth… » Réponds-moi, Marius ! Tu me l'avais caché, c'est ça ? Cette journée est un cauchemar. Un cauchemar qui continue, un cauchemar qui refuse de s’arrêter. Je fais un pas en arrière, un nouveau. Et je me sens même capable de partir en courant. Sauf que… non. Forcément. Le cauchemar ne peut pas s’arrêter là. Un coup de feu, un seul. - Je vais te le demander une fois. Une seule, ou ton épaule ne sera pas la seule à te chatouiller dans deux minutes. Répète ce que tu viens de dire, et regarde-moi dans les yeux quand je te parle ! Je te donne dix secondes pour me répondre... Après je repeindrai les murs avec ta cervelle et tu n'auras même pas la chance de tenter de refaire ta vie sans ta précieuse petite mutation Nous traquons et arrêtons les transmutants déviants. J’ai du mal à respirer, trop choqué pour faire autre chose que fixer mon père qui vient de tirer sur l’un de mes meilleurs amis. Je repeindrai les murs avec ta cervelle. Moira est morte ce matin. « LAISSE LE TOUT DE SUITE ! » Moira est morte ce matin, il est hors de question que je perde Seth aussi. Il est hors de question que mon père tue quelqu’un. Il est hors de question que ce cauchemar se poursuive plus longtemps. Ma densité réduite au minimum, je bouge plus vite que jamais pour m’interposer entre Seth et mon père, dos au premier, face au deuxième. « LAISSE-LE ! MAIS T’ES TOTALEMENT TARE ! » Je ne suis qu’à quelques centimètres de lui, mais je hurle. Je hurle parce qu’il a un flingue, parce qu’il n’a aucun état d’âme à tirer sur Seth, parce que c’est un monstre. Mon père est un monstre. Je suis désolé Martial. Je t’ai promis de ne jamais montrer à quiconque ma mutation et encore moins à mon père. Je serre le poing, ma densité augmente d’un cran, redevient normale. Je serre un peu plus le poing, elle augmente davantage encore. Je sens presque mon sang battre à mes veines, plus lourd, plus dense, que mon cœur pompe malgré sa malformation. Je l’entends tonner à mes oreilles, comme une machine de guerre. « Recule. » Ma voix est menaçante. Froide. Je suis hors de moi, je suis panique, je suis bien au-delà des cris. J’inspire. Je pèse combien, là ? Cent ? Cent trente kilos ? Malgré mon apparence malingre ? « Papa, je ne plaisante pas, tu recules tout de suite. » Je suis dense, plus dense que jamais, plus lourd aussi. J’inspire, ma densité augmente encore, mon cœur peine à tenir le rythme. J’expire, je chute à quelques dizaines de kilos et mon sang repart à la vitesse de l’éclair. J’inspire, ma peau redevient aussi dense que du granite. J’expire, ma densité chute. Et vif comme je l’ai toujours su être, je prends une décision, mon poings part se fracasser sur mon père. Epaule légère comme l’air, poing plus dense que l’iridium. Je suis désolé Papa, mais tu ne tueras pas quelqu’un devant moi. Sauf que mon père n’est pas seulement un Hunter. C’est aussi un mutant. Que je traverse, emporté par mon poing, alors que je relâche la pression et que ma densité revient à la normale, même un peu moindre. Je roule à terre pour me relever aussitôt, mes cours avec Jia commençant à porter leurs fruits. « VOUS ÊTES DEUX PUTAIN D’ENCULES ! » Et deux lâches, aussi. Deux traîtres.
Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Mar 9 Fév 2016 - 1:10
Seth & Hippolyte
Seth avait mal. La douleur était violente, s’insinuait dans tous les recoins de son corps, imprégnait ses muscles, souillait ses organes, filait dans ses veines à la vitesse des pulsations de son cœur paniqué qui ne faisait que diffuser plus vite encore l’immonde poison qu’on venait de lui injecter. C’était comme s’il le sentait tordre ses gènes et dévorer celui qui lui conférait sa mutation. Sa mutation, son pouvoir, cette chose avec laquelle il n’avait jamais demandé à naître et qui faisait partie intégrante de lui. Ce sable qui le construisait, il s’était envolé, changé en chair banale et humaine, désespérément humaine. Il sentait encore l’aiguille brisée plantée dans son cou, et pourtant, ce n’était pas ça qui lui faisait le plus mal. Soudainement, il se sentait honteux, et en même temps très en colère. Il avait chaud aussi, très chaud, une fièvre violente secouant son organisme, malmenant son cerveau, faisant se confondre ce qu’il disait et ce qu’il pensait. La remarque sur la mutation de Marius, il aurait mis sa main à couper qu’il n’avait fait que l’imaginer. Et pourtant, elle était bel et bien sortit de sa bouche, dans un râle rauque et presque moqueur, revanchard. Cette révélation qu’il faisait, c’était une trahison pour l’un de ses meilleurs amis. Il venait de vendre la mèche au pire monstre de la vie du Français, de le mettre en danger, de ruiner sa vie – voire de la finir prématurément. Qui sait ce qu’Hippolyte était capable de faire à sa propre engeance maintenant qu’il connaissait sa véritable nature ? Ce dernier n’avait d’ailleurs pas l’air très heureux de la nouvelle – de manière tout à fait surprenante bien entendu. Le trafiquant ne broncha pas en voyant le canon de l’arme se lever vers lui. En revanche, il se retrouva propulsé contre le mur dans une gerbe de sang et un grognement hargneux et douloureux, l’épaule traversée par une balle. Délaissant sa carotide blessée pour poser la main sur cette nouvelle plaie, il eut le réflexe de regarder derrière lui et de voir, fiché dans le plâtre, le projectile qui venait de le transpercer. Au moins, il n’aurait pas à aller la chercher, c’était déjà ça. Il se demanda s’il venait de se faire cette réflexion à voix haute ou si celle-là, il l’avait seulement pensée. Il n’en avait aucune idée. Les sons lui parvenaient tour à tour trop bruyants puis étouffés, comme si quelqu’un s’amusait à boucher et déboucher ses oreilles à intervalles irréguliers. Il reporta son attention vers son bourreau, ses yeux noirs rivés dans les siens.
- Je vais te le demander une fois. Une seule, ou ton épaule ne sera pas la seule à te chatouiller dans deux minutes. Répète ce que tu viens de dire, et regarde-moi dans les yeux quand je te parle ! Je te donne dix secondes pour me répondre... Après je repeindrai les murs avec ta cervelle et tu n'auras même pas la chance de tenter de refaire ta vie sans ta précieuse petite mutation.
Il sentit la poigne de l’homme d’affaires dans ses cheveux, tirant sa tête alors que la migraine cognait déjà comme un tambour à l’intérieur de son crâne. L’ancien homme de sable déglutit et … sourit. D’un sourire tordu, mauvais, un sourire qui n’était pas le sien et ne l’avait jamais été, même dans ses pires colères. Celui-là, difficile de savoir s’il était déformé par la douleur ou si c’était autre chose qui le rendait si bizarrement inquiétant. Son regard fiévreux se planta dans celui d’Hippolyte et il souffla :
- Ben vas-y, tire. Qu’est-ce que t’attend ?
La provocation était gratuite, amer et amusée. Il aurait bien voulu le voir faire, lui tirer une balle dans la tête, l’abattre comme un chien ou une vache envoyée à l’abattoir. Sauf qu’il tenait plus du chien enragé et du taureau que du cabot malade ou de la génisse tremblotante. Il avait l’impression que ses forces s’étaient décuplées avec son désir ardent de faire payer à Caesar ce qu’il venait de lui faire. Qu’il essaye donc, qu’il vienne le blesser. Ce serait la dernière chose qu’il ferait jamais. Mais avant que l’un des deux ne puisse bouger, une voix s’éleva dans la pièce, forte, si forte qu’elle arriva à tirer Seth de l’étrange transe dans laquelle il avait plongé tête la première.
- LAISSE-LE TOUT DE SUITE ! LAISSE-LE ! MAIS T’ES TOTALEMENT TARE !
Un premier cri, puis un deuxième, hurlé par une seule et même personne : Marius. Seth se plaqua contre le mur, regardant son ami se dresser entre lui et son géniteur. Marius se mettait en danger, sciemment, pour le protéger. Le souvenir du cercueil de Moira descendant en terre le frappa comme un coup de poignard alors qu’il fixait le dos du jeune homme. Il refusait que ce soit la dernière image qu’il ait de lui. Il refusait d’enterrer un autre de ses amis, de faire un autre deuil. Il préférait encore être celui qu’on mettait en bière plutôt que d’avoir à entendre l’éloge funèbre de quelqu’un qu’il avait connu et aimé. Parce qu’il l’aimait, Marius, comme un petit frère, comme un ami, mais il y tenait énormément. Et ce qu’il lui avait fait, en le vendant auprès de son chasseur de père, c’était impardonnable.
- Rius … parvint-il à articuler de sa voix rauque.
La fièvre ne diminuait pas, au contraire. Elle semblait même augmenter de seconde en seconde, venait tutoyer une température quasiment mortelle pour l’être humain. Le Calédonien avait beau préférer la chaleur, il aurait trouvé particulièrement ironique que ce soit ça qui le tue – pas une balle, pas un couteau, pas un accident, non, une bête et violente poussée de fièvre. Sa vision commençait à se brouiller mais il lutta de toutes ses forces pour rester lucide. Si jamais le grand blond avait besoin d’aide, il n’avait pas le droit de le laisser se débattre avec les problèmes dans lesquels il l’avait plongé. C’était sa faute s’il était là, sa faute si c’était lui qui se trouvait maintenant tenu en joue, sa faute s’il risquait de le voir souffrir et mourir à son tour.
- Papa, je ne plaisante pas, tu recules tout de suite.
Il se demanda s’il avait déjà été aussi vindicatif, aussi décidé face à son père. Il s’était toujours dit que le paternel Caesar avait suffisamment terrorisé son fils pour gagner par forfait toutes leurs confrontations. Il se demanda à quel point Marius devait être en colère, et à quel point il devait avoir peur aussi. Et lorsqu’il le vit serrer le poing, il se dit qu’il s’agirait du coup de trop. Pourtant, il ne bougea pas. Il lui prit soudainement l’envie de voir ce qui allait se passer lorsque les phalanges du mutant rentreraient en contact avec la mâchoire de son géniteur. Seth le regarda tendre le bras, foncer vers le Français et … lui passer à travers. Ca, c’était quelque chose qui n’était absolument pas prévu. Apparemment, ils étaient trois à être « dégénérés » dans la pièce, pas deux. Le trafiquant passant la langue sur ses lèvres sèches et tourna la tête vers Hippolyte.
- T’es comme nous … et t’oses nous chasser ? Ben mon vieux, t’as un putain de problème d’ego.
Le tatoué secoua la tête, se forçant à se taire, s’exhortant au calme même s’il était bien trop tard pour ça. Le mal était fait, les mots étaient sortis et rien ne pourrait les faire disparaître. La fièvre le rendait délirant, mais il avait l’impression que le vaccin faisait quelque chose à son cerveau, qu’il s’amusait à le tordre et à le façonner d’une toute autre façon, faisant s’alterner son véritable lui et quelque chose de bien plus méchant, plus bestial et plus brute que ce qu’il était réellement. Encore une fois, ce fut la voix de Marius qui le tira de ses pensées embrumées.
- VOUS ÊTES DEUX PUTAIN D’ENCULES !
Seth déglutit à nouveau. C’était le cas de le dire, ils étaient bons à jeter, lui comme Hippolyte. Quel mauvais ami il devait être pour le jeter ainsi au loup le plus féroce de son existence. Il avait peur pour l’ancien handballer, se demandant ce que lui ferait son père maintenant qu’il l’avait vu à l’œuvre et qu’il avait la preuve qu’il était bien transmutant. Sa haine des mutants le pousserait-il à commettre le pire des crimes et à mettre fin à la vie de la chair de sa chair ? Ou bien aurait-il finalement une once de conscience et lui laisserait-il le temps de fuir ? Se décollant finalement du mur, il se déplaça dans quitter Hippolyte des yeux, essayant de se rapprocher de Marius.
- Faut qu’on … faut qu’on parte d’ici … Soit il te tue, soit il te vaccine.
Levant la main, il la posa sur l’aiguille brisée et tira dessus, grognant de douleur, parvenant enfin à la sortir de ses chairs meurtries. Il laissa l’objet glisser de ses doigts et le laissa atterrir mollement sur le sol, tintant contre le parquet avant de s’immobiliser pour de bon.
- Et là, tout de suite, j’sais pas lequel des deux est le pire.
Il aurait presque préféré mourir pour mettre fin à la douleur. Au moins, une fois six pieds sous terre, il n’aurait plus à s’occuper de toutes ces histoires. Il n’aurait plus à enterrer ses proches. Il n’aurait plus à subir une guerre civile pitoyable dans laquelle il avait été embarqué tout ça parce qu’il avait eu le malheur de naître avec un gène en plus. Ce gène dont il avait usé et abusé tant de fois, sa mutation, son sable. Et désormais, il ne lui restait plus rien. Rien d’autre que la fièvre.
Hippolyte Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Mar 9 Fév 2016 - 2:31
You feel your sins crawling down your back
"Ft. Seth Koraha"
Le dégoût et le dédain se lisaient sur son visage. Il aurait pu cracher à la face du dégénéré que ça ne l'aurait pas rendu plus laid et méprisable à ses yeux. Il aurait voulu l'écraser comme un insecte car à présent, il ne valait plus rien. Ce n'était plus qu'une moitié de mutant, à peine plus estimable qu'un vulgaire cabot rongé par les tiques. Il aurait pu le laisser ça, se débattre avec quelque chose qui le dépassait, le sérum empoisonnant ses veines et détruisant au passage l'immondice qui faisait de lui un monstre. Et pourtant, Hippolyte ne voyait toujours pas ce qu'il y avait d'attrayant et d'amusant à ce tout cela. Il était à des années lumière de ces hunters sadiques, grisé par le besoin de faire souffrir, l'appel du sang et de la chair... Lui restait incroyablement détaché vis à vis de tout cela... Presque trop calme pour que ce ne soit pas effrayant. Sans ciller, il avait brandit son arme sur le dégénéré. Sans plus d'émotion il l'avait regardé se débattre avec la fièvre qui l'envahissait... Mais lorsqu'il avait mentionné la soit disant mutation de l'un de ses enfants, il avait vu rouge.
Et tout le calme accumulé depuis l'apparition de sa mutation, tout le contrôle qu'il s'était efforcé d'avoir, venait de brutalement volet en éclats, s'éparpillant en de minuscules particules invisibles. Et alors seulement, il la sentit gronder. La colère, sourde, écrasante, remuant comme un hideux serpent dans ses entrailles. Cette colère, cette rage remonta en flèche et vint perforer son esprit de ses crocs mortelles. Toute la colère accumulée depuis une semaine, toute l'incompréhension, le dégoût de sa propre personne depuis qu'il était intangible, tout se mélangeait dans son esprit, tout concordait avec cette révélation. Marius était un mutant. Marius lui avait mentit, une fois de plus. Marius lui avait juré qu'il n'en était pas un, assuré qu'il était humain et bien humain... Marius avait mentit.
Le doigt sur la détente, le chasseur fixait le dégénéré dans les yeux sans ciller. Et ce sourire qui fendit sa figure lui arracha un frisson : Ce n'était plus le même homme, clairement. C'était son reflet, déformé par les effets secondaires du vaccin, une image transformée et pervertie que renvoyait un miroir qu'Hippolyte avait brisé en lui enfonçant cette seringue dans la gorge. Quoi qu'il ait pu être auparavant, ce n'était plus qu'un souvenir. Une transformation s'opérait en lui, mais le chasseur ne se dégonfla pas pour autant. Sans le moindre état d'âme, il allait tirer. Parce que c'était son devoir, et qu'il se devait d'achever cette mission. Alors il allait tirer... Mais la voix de Marius l'interrompit. Elle lui semblait lointaine, si lointaine, si effacée, qu'il lui fallut un moment pour émerger. Les hurlements du jeune homme de lui firent ni chaud ni froid. Il le toisa simplement avec un dédain et un dégoût évident, une moue écœurée faisant tressaillir ses lèvres. Le père qui tentait depuis des mois de se racheter avait brusquement disparu, étouffé par la puissance du chasseur entraîné et impitoyable qu'il était. Tout au fond de lui, le peu d'instinct paternel qu'il possédait lui hurlait d'écarter Marius du dégénéré derrière lui, de le protéger... Mais il restait sourd à tout cela. Tout ce qu'Hippolyte voyait en face de lui, c'était un dégénéré de plus, une engeance démoniaque qu'il se devait d'éliminer comme toutes les autres. Marius était passé du fils cadet au numéro froid et impersonnelle sur une liste de chasse. La répugnance se lisait sur les traits d'Hippolyte au même titre que la trahison. Marius le lui avait caché... Et à raison, finalement.
- Alors comme ça... Toi aussi... Toi aussi tu es l'une de ces... Choses...
Un murmure, chargé de mépris et d'indifférence. Et il ne bougea pas. Lorsque Marius lui hurla qu'il était taré, il ne cilla pas. Pas plus que lorsqu'il lui demanda de reculer. C'est un sourire mouvais qui s'étira sur ses lèvres.
- Essaye donc de me faire reculer et tu finiras comme ton ami, Marius...
Il ne plaisantait pas. Il était prêt à tirer sur son fils s'il le fallait. Car toute logique et tout sentimentalisme l'avait quitté pour de bon, car ne subsistait plus désormais que son devoir, ce qui lui semblait être juste. D'ailleurs... Son fils... La chair de sa chair... Comment son enfant pouvait-il être... Un monstre ? Il ferma les yeux un instant, chassant de son esprit l'image d'un enfant hilare aux joues rondes, courant dans un grand appartement en tentant d'échapper à un père dépassé qui tentait de le mettre au lit. Il chassa tout de son esprit. Les disputes, les tensions, la dureté de certains mots... Et puis surtout, il chassa ces quelques rares bons moments passés ensembles, ces souvenirs qu'il chérissait auparavant comme de petits trésors qu'il refusait de partager avec qui que ce soit d'autre que Marius. Il choisi d'oublier tout ça pour ne plus se concentrer que sur l'essentiel. Marius était un mutant, Marius devait mourir. La conclusion lui arracha le cœur, lui fit bien plus mal qu'il n'aurait pu l'imaginer, mais il ne pouvait se permettre de laisser un monstre rampant dans le corps de son enfant. Pour son propre bien, il ne voyait pas quoi faire d'autre. Plongé dans ses pensées, il n'eut pas le temps d'esquiver ou même de songer à esquiver l'attaque de Marius. Il écarquilla les yeux, voyant s'approcher à une vitesse vertigineuse un poing qui semblait bien trop lourd et dense pour être normal. Il y avait quelque chose d'anormal dans ce coup, quelque chose de... Surnaturel. Sans y réfléchir, comme si son corps réagissait instinctivement, Hippolyte sentit simplement le poing lui traverser le visage. Alors, soudainement, un ricanement secoua ses épaules. L'un de ces rires incontrôlables et désagréable à vous en filer des frissons d'angoisse.
- Et bien et bien, Marius... Tu ne sais plus viser ? Tu veux peut-être que je t'apprenne à frapper ? Alors c'est quoi, ta petite monstruosité personnelle... ? Vélocité accrue ? Non...
Alors qu'il réfléchissait à ce que pouvait bien être la mutation du jeune homme, l'autre dégénéré qui n'en était plus vraiment un leur rappela – avec une impolitesse qui donnait véritablement envie à Hippolyte de repeindre les murs avec sa cervelle – qu'il était toujours présent. Le chasseur baissa les vers lui, lui accordant un regard froid.
- Je n'ai rien à voir avec ce que tu es... Ce que vous êtes... J'aurais tôt fait de me débarrasser de ça, tandis que vous vivez au quotidien avec une horreur qui nous souille l'organisme... Vous accepte sciemment d'être des monstres, des erreurs de la génétique que la science ne saurait accepter, et tu oses me dire que nous sommes pareil ? Laisse-moi rire... Nous disions donc...
Marius était hors de lui. Il continuait à hurler, cherchant à séparer les deux belligérants, mais il occupait probablement la pire place qui soit : Entre les deux assaillants. Et il avait malheureusement oublié une chose dans l'équation : Son père semblait avoir totalement mis de côté le fait qu'il était son fils avant d'être un mutant.
- Tu n'as peut-être fait que me traverser, mais ton poing m'avait l'air étrangement lourd... Tu peux changer la consistance de ton corps ? Hum... Non... Trop évident...
Le calédonien supplia alors Marius de partir, comme s'il nourrissait l'infime espoir qu'Hippolyte les laisserait partir.
- Le vacciner ? Pour qu'il finisse fiévreux et souille mon parquet ? Non merci, un seul malade à moitié crevé me suffit amplement... Alors, Marius... Qu'est ce que c'est, ton super pouvoir ?
D'un geste vif et d'une rare violence, Hippolyte attrapa le poignet de Marius et le retourna brutalement dans un craquement sinistre. Sans lui laisser le moindre répit, il garda son poignet fracturé dans une main, tandis que le canon de son revolver allait se nicher contre le flanc du jeune homme.
- Je suis désolé, Marius... C'est le seul moyen de sauver mon fils.
Puis il tira. Une seule et unique fois. La détonation retentit avec une violence inouïe, mais personne ne serait là pour l'entendre. A cette heure avancée de la journée, il n'y avait plus d'employés que dans les premiers étages du bâtiment. Alors la balle fusa, perfora l'abdomen de Marius et alla terminer sa course dans le ventre de son cher ami qui agonisait déjà sous l'effet de la fièvre.
Hippolyte lâcha Marius, le laissa tomber à ses pieds et secoua la tête. Comme si la détonation et l'odeur de la poudre l'avaient brutalement ramenés à la raison. Alors seulement, il compris qu'il avait laissé son instinct de chasseur prendre le dessus, qu'il venait de commettre l'irréparable... Il regarda simplement ses deux vis à vis gisant au sol, lâcha son arme et fut incapable de penser davantage.
crackle bones
Marius Caesar
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Mar 9 Fév 2016 - 15:43
You feel your sins crawling down your back
Hippolyte & Seth & Marius
Les gens pensent souvent que mon pire cauchemar, c’est mon père. Ils ont presque raison. Car ce n’est pas que de mon père dont j’ai peur, il n’y a pas que lui dans mes cauchemars : il y a aussi son regard, cette moue pleine de mépris et de dégoût, de déception et d’indifférence, qui l’accompagnent à chaque fois qu’il pose son regard sur moi. Les gens pensent souvent que mon pire cauchemar, c’est mon père. Moi, si j’étais sincère et si j’avais envie de les rectifier, je leur dirai que c’est d’Hippolyte Caesar dont j’ai peur, et c’est à l’idée qu’il voit à quel point je suis une déception et à des lumières de ce qu’il aurait souhaité avoir comme fils, c’est cette idée-là qui me terrifie. Recule. Ma voix est posée, glacée, indifférente à cette tempête de terreur qui me broie les tripes et presse sur ma vessie. Recule, Papa. Ça sonne comme un ordre mais en réalité, c’est presque une supplique. J’ai enterré ma meilleure amie ce matin, et même si je sais que tu n’en aurais rien à faire si tu le savais, ne sois pas totalement fou, ne sois pas totalement taré, baisse ton flingue, putain. - Rius … Je ne me tourne pas une seule seconde en direction de Seth. Je me contente de cracher un bref « Ta gueule » agacé, alors que mon regard reste planté dans celui de mon père. D’ailleurs… est-ce toujours mon père qui se tient devant moi ? Je ne plaisante pas, recule tout de suite, Papa. Comme si je pouvais plaisanter. Il lui a tiré dessus. De sang-froid. Nous traquons et arrêtons les transmutants déviants. Il lui a tiré dessus de sang-froid sous le seul prétexte que c’est un mutant. Comme moi. Ce n’est pas mon père qui se tient devant moi, il faut être lucide deux secondes. Ce dégoût est évident, cette moue écœurée est mon pire cauchemar. J’ai envie de pleurer. Parce que c’est évident, juste évident, que je ne suis pas son fils. Et que ces cinq, six ?, derniers mois viennent de partir en fumée. - Alors comme ça... Toi aussi... Toi aussi tu es l'une de ces... Choses... C’est un coup de poing dans la rate. L’une de ces choses Je viens de passer de parasite à chose. « J’suis ton fils, aux dernières nouvelles. Pas un objet, pas un animal. » Je crache, je lutte, je tente de conserver un peu de calme et surtout un minuscule espoir. S’il te plaît, Papa. - Essaye donc de me faire reculer et tu finiras comme ton ami, Marius... C’est une menace. Une menace que je n’ai pas de peine à prendre au sérieux. Tu finiras comme ton ami. Vacciné ? Blessé ? Avec mon peu de cervelle qui repeint le papier peint ? Ma densité enfle, augmente, passe le seuil du supportable lorsque j’inspire. Et elle dégringole la normale à mon expiration. Tu ne veux pas reculer ?
Je prends une décision. Mon père est dangereux, Seth est blessé. Mon père est un monstre, Seth est un ami. Mon père est un Hunter, Seth est un mutant. Et moi je suis quoi ? Je suis le pauvre mec qui s’est mis entre les deux en espérant… en espérant quoi ? Depuis six mois, mon père me dit qu’il ne me déteste pas. Et j’avais commencé à le croire. Insidieusement, j’avais commencé à être un peu touché par ce qu’il pouvait me répéter. Et c’est con, mais je persiste à croire qu’il n’osera pas me tirer dessus. Même si c’est un connard. Alors je prends une décision, en oubliant comme un con que mon père n’est pas seulement un Hunter, c’est aussi un menteur. Et un mutant. Emporté par mon élan, je roule à terre, je le traverse, je me relève d’un bond, avec une densité à 75% de celle qu’elle devrait être. Plus réactif, je suis surtout plus rapide et plus léger. - Et bien et bien, Marius... Tu ne sais plus viser ? Tu veux peut-être que je t'apprenne à frapper ? Alors c'est quoi, ta petite monstruosité personnelle... ? Vélocité accrue ? Non... Le rire de mon père me fait mal autant que les mots qu’il utilise. Ta petite monstruosité personnelle. Un frisson de détresse me traverse, envenimé par la colère. « Va te faire foutre » C’est tout ce que je trouve à souffler alors que je remets debout. T’es comme nous … et t’oses nous chasser ? Ben mon vieux, t’as un putain de problème d’ego. Ta gueule, Seth, putain ta gueule ! - Je n'ai rien à voir avec ce que tu es... Ce que vous êtes... J'aurais tôt fait de me débarrasser de ça, tandis que vous vivez au quotidien avec une horreur qui nous souille l'organisme... vous acceptez sciemment d'être des monstres, des erreurs de la génétique que la science ne saurait accepter, et tu oses me dire que nous sommes pareil ? Laisse-moi rire... Nous disions donc... Je tremble. De fureur. De colère. De détresse. J’en tremble, putain. Mon père face à Seth, mon père face à un ami, mon père face à ma nature. Vous acceptez ? On accepte ? Seth peut être, mais moi… Moi je n’ai pas le choix, bordel ! Le vaccin me tue, je n’ai pas le droit de ne pas être un mutant ! J’ai envie de le lui hurler, de le lui cracher, j’ai envie de lui faire rentrer cette vérité dans le crâne à coup de poing, mais je ne peux pas le toucher. Et Seth… Seth qui ne peut pas comprendre que la seule solution, là, pour lui, c’est de se barrer et de nous laisser entre père et fils. Mon père ne me tuera pas, non. Il a tenu Samuel dans ses bras. Il veut que je me fasse opérer. Mon père ne me tuera pas. En revanche, il va tuer Seth. Mon hurlement ne dit pas tout à fait ça, mais l’idée y est. Vous êtes deux putains d’enculés. Vous. Autant Seth que mon père. Parce que ma journée est un cauchemar et que rien, strictement rien, ne va en s’améliorant.
Je suis du regard Seth qui se décale, Seth qui se rapproche et instantanément je me glisse à nouveau entre lui et mon père. - Faut qu’on … faut qu’on parte d’ici … Soit il te tue, soit il te vaccine. Je secoue la tête. J’en ai rien à foutre qu’il me vaccine. Vraiment. Le vaccin, je l’ai déjà eu deux fois, la troisième fois me tuera à petit feu mais ce sera tout. Ma mutation est une plaie, de plus en plus. Inutile, inefficace, elle n’est qu’une preuve supplémentaire que je ne suis qu’un putain de raté chez les Caesar. - Et là, tout de suite, j’sais pas lequel des deux est le pire. Je siffle entre mes dents un « Ferme-la, Seth. Tout de suite. » - Le vacciner ? Pour qu'il finisse fiévreux et souille mon parquet ? Non merci, un seul malade à moitié crevé me suffit amplement... Alors, Marius... Qu'est-ce que c'est, ton super pouvoir ? Je lève les poings, comme pour me mettre en garde, comme pour me protéger. « Papa ! » Arrête d’être con, bordel. J’aimerais bien rajouter autre chose mais il ne me laisse pas le temps de parler, pas le temps de tenter de le résonner.
Mon poignet craque dans un bruit sonore. Je hurle. De surprise, de douleur, de stupeur. Je hurle, et je hurle encore plus lorsqu’il le maintient et qu’il presse contre mon flanc son flingue à la chaleur glacée d’un tir récent. Ça brûle, à travers ma chemise. Ça glace mon sang, aussi. Je rentre le ventre par réflexe, la terreur aux tripes. Non. Non. - Je suis désolé, Marius... C'est le seul moyen de sauver mon fils. J’ouvre grand les yeux. « C’est moi ton… » Je ne hurle pas, cette fois. Pourtant la douleur est bien pire que celle de mon poignet qu’il libère. Je n’ai pas le temps de réfléchir, j’ai juste le temps de vouloir augmenter ma densité pour rendre ma peau aussi dense et solide que de l’acier. Trop tard. La balle ne ressort juste pas, embourbée dans un sang plus dense que de la poix. La douleur est là, la douleur est sourde, la douleur est brûlante. Et mon hurlement est totalement silencieux. Mon cœur bat à mes tempes comme un compte-à-rebours. Et mes jambes refusent de me porter plus longtemps, écrasées par une densité générale bien trop supérieure à celle que supporte mon organisme en temps normal. Je serre les dents, les larmes aux yeux, lorsque ma main va à mon côté, revient brûlante et rouge.
Mince, ma chemise est foutue. Mon père m’a tué. Il m’a tiré dessus. Il a voulu me tuer. « Papa… » Ma voix tremble, bercée par le choc de la compréhension. J’ai du mal à réfléchir, j’ai du mal à aligner deux pensées. Mon père m’a tiré dessus. Il m’a déjà frappé. Plusieurs fois. Humilié, rabaissé, méprisé, giflé, frappé. Mais il m’a tiré dessus. Avec un flingue. Je ne suis peut être pas très au fait des blessures par balle, mais dans un film, le héros court un marathon avec trois balles dans le corps. Dans un film. Moi… ma densité diminue lentement, au fur et à mesure que ma concentration, noyée en sueur sur mon front, s’étiole. « Tu pouvais pas attendre quelques mois que je crève naturellement, hein ? Je te pensais pas si impatient... » Ta gueule Marius. « Seth, quand tu m’as proposé qu’on aille se mettre minable, je pensais pas que tu parlais de ça. Un bon vieux shoot de tequila ça m’allait, hein, pas besoin de... » Ta gueule Marius. Ma densité diminue encore, et ma main plaquée sur mon torse me brûle de plus en plus, de mon sang qui s’échappe. Moira est enterrée. Journée de merde. Mon père a tiré sur Seth. Monde de merde. Mon père m’a tiré dessus en me regardant droit dans les yeux. Famille de merde. J’en ai rien à faire d’être une lavette qui pleure parce qu’elle a mal. Dans un monde normal, les gens se font pas tirer dessus par leur père, ils n’enterrent pas leur meilleure amie parce qu’elle a été assassinée, ils ne sont pas trahis à ce point par leur pote, ils ne voient pas leur pote se faire tirer dessus par leur père. « Seth, je veux rentrer chez moi. »
Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte] Mar 9 Fév 2016 - 17:47
Seth & Hippolyte
Cette fois, c’était la fin. De quoi, Seth ne savait pas vraiment s’il aurait pu le dire, mais il savait que quelque chose s’était achevé ce soir. Entre sa mutation disparue, la phrase de trop qu’il avait prononcé devant Hippolyte et Marius qui témoignait de tout ça, quelque part, il se demandait s’il n’enviait pas Moira. Au moins, de là où elle était, elle n’avait plus à subir tous ces drames et toutes ces horreurs. Elle n’aurait plus jamais à se faire manipuler par son frère ni à porter le deuil de son fiancé, pas plus qu’elle n’aurait à souffrir aux mains des hunters. Elle était enfin tranquille, et les seuls malheureux dans l’histoire, c’était ceux qui restaient derrière. Ceux qui l’avaient enterré ce matin et qui devraient vivre le reste de leur existence sans sa présence à leurs côtés. Quoiqu’à ce rythme, sa vie et celle de Marius risquaient de finir très brusquement elles aussi. Tout ça parce que le père du Français était un chasseur, un foutu tueur de mutants, un assassin de la différence. « Vous acceptez sciemment d’être des erreurs de la génétique » ; c’était faux, absolument faux : aucun mutant n’avait choisi de naître ainsi, pas plus que l’on ne choisissait de naître blanc ou noir, handicapé ou sain. Les mutants existaient, tout simplement. Mais la différence appelle la haine, et Hippolyte était un parfait exemple de personnage plein de mépris et de dédain pour ces êtres qu’il ne pouvait pas comprendre – qu’il refusait de comprendre. Car pour en arriver à traiter son propre enfant de chose, de monstre, il fallait être suffisamment plein de fiel pour renier à la chair de sa chair son statut d’être humain. Seth avait cru pendant un moment qu’il n’en resterait qu’aux insultes, qu’il ne lèverait pas la main sur son fils. Quelle erreur de sa part. Il aurait vraiment dû sortir de ce bureau avec le jeune homme tant qu’il en était encore temps. Car il n’eut pas le temps de réagir lorsqu’il vit l’homme saisir le poignet de son enfant et le tordre jusqu’à le briser, arrachant un cri à l’ancien handballer qui se retrouva avec le canon encore chaud du pistolet coincé contre son flanc.
- Je suis désolé, Marius... C'est le seul moyen de sauver mon fils.
Quelle affreuse chose à dire à son fils au moment où l’on s’apprêtait à lui tirer dessus. Marius essaya de protester d’ailleurs, de lui rappeler qu’il était tout autant son fils que l’était son frère jumeau. Seulement, la balle partit avant qu’il n’ait pu finir sa phrase. Le sang bouillant du trafiquant ne fit qu’un tour en voyant le Français s’écrouler comme au ralenti, la bouche ouverte en un cri qui restait bloqué au fond de sa gorge. Il le vit tomber et ne fit rien pour le rattraper, ne sachant plus vraiment s’il était trop choqué, trop fiévreux ou trop curieux de ce qui allait se passer pour esquisser le moindre geste dans sa direction. Il se contenta de le regarder de ses yeux noirs qu’il peinait à garder ouvert. Seigneur qu’il se sentait mal.
- Tu pouvais pas attendre quelques mois que je crève naturellement, hein ? Je te pensais pas si impatient...
L’information eut du mal à remonter jusqu’au cerveau noyé de douleur du Calédonien. D’ici quelques mois, Marius serait mort. Mais de quoi ? Qu’est-ce qui aurait pu tuer un jeune homme dans la fleur de l’âge ? A l’exception de cette balle logée dans ses chairs, il ne voyait rien – rien dont il ait été mis au courant, en tout cas. Le jeune avait-il un secret qu’il aurait gardé pour lui et lui seul ? Sans doute. Mais il ne pourrait pas lui poser la question ; pas tout de suite en tout cas.
- Seth, quand tu m’as proposé qu’on aille se mettre minable, je pensais pas que tu parlais de ça. Un bon vieux shoot de tequila ça m’allait, hein, pas besoin de...
Cette remarque parvint, par miracle, à arracher un léger rire rauque et douloureux à l’ancien mutant qui finit par tousser, la gorge aussi sèche que sa bouche. Marius ne pouvait pas s’empêcher de plaisanter, peu importe la situation, aussi dramatique soit-elle. Seth, en revanche, n’aurait pas été du genre à rire d’ordinaire. Mais là … là, il trouvait que cette petite pique tombait à point nommé.
- La prochaine fois, on fera autre chose que se faire tirer comme des lapins …
La prochaine fois ? Quelle prochaine fois ? Après ce qui s’était passé ce soir, il doutait que son ami ait envie de le revoir. Et puis, ils auraient sûrement beaucoup à faire pour échapper à Hippolyte. Le patriarche Caesar serait sûrement très fâché d’avoir laissé deux cibles s’enfuir. Pire encore, son fils, son propre sang, était souillé par l’immonde gène muté qu’il pourchassait ardemment ; il ne pourrait définitivement pas le laisser vivre. Mais ça, Seth s’y opposerait farouchement. Et s’il devait sacrifier sa vie pour que Marius ne perde pas la sienne, il le ferait sans hésiter. Après tout, il lui avait fait suffisamment de mal comme ça ce soir.
- Seth, je veux rentrer chez moi.
L’ancien homme de sable sentit son cœur se serrer. Pauvre Marius, il ne méritait pas ça. Il ne méritait pas d’être si peu aux yeux de son père qu’il finisse ainsi le flanc troué d’une balle. Pas après avoir enterré sa meilleure amie le matin même.
- On rentre, Marius. J’te ramène chez toi …
S’approchant du jeune homme, il mit un genou à terre et glissa un bras sous ses épaules, l’aidant à se remettre debout. Leur différence de taille n’était pas suffisante pour qu’il soit encombré par le blondin qui pesait bien plus lourd que d’ordinaire. Tant pis : ils seraient dehors moins vite, mais au moins, ils seraient sortis d’ici. Le trafiquant jeta au père Caesar un regard aussi bien mauvais que particulièrement amusé, voire impressionné.
- Infanticide en plus. T’as tout pour toi, dis donc.
Déglutissant à nouveau, il secoua la tête pour se remettre les idées en place et partit vers la porte, soutenant toujours Marius, se fichant royalement de tourner le dos à Hippolyte. Qu’il lui tire dans le dos si ça lui chantait ; il prouverait qu’en plus d’être un assassin, c’était un couard. Mais aucune balle ne vint le faucher en chemin. Rien, pas même un tir de sommation. Lorsqu’il entra dans l’ascenseur, il s’attendit à voir arriver le chasseur en trombe, mais non. Les portes se refermèrent et la cage d’acier se mit à descendre, lentement, trop lentement. A ce rythme, Marius aurait le temps de se vider de son sang avant qu’ils n’arrivent au rez-de-chaussée. De sa main libre, Seth fouilla à l’intérieur de sa veste, priant pour que son téléphone soit toujours opérationnel. Finissant par trouver l’objet, il composa les trois chiffres des urgences et attendit qu’on veuille bien prendre son appel.
- Y a deux blessés par balle au … à la tour Caesar Pharmaceutics, à Radcliff … c’est urgent …
Il attendit d’avoir confirmation et raccrocha, peinant à ranger son portable. Le simple fait de respirer était une torture, et son épaule blessée était loin d’être la pire douleur qui noyait ses pensées. Enfin, après ce qui lui sembla être une éternité, l’ascenseur arriva à destination. Difficilement, le Calédonien sortit de la cage de fer, filant aussi vite que possible vers la sortie. Le monde était flou autour de lui et les contours de son champ de vision se teintaient de noir. Il frissonnait de froid alors qu’il avait l’impression d’avoir été jeté dans les feux de l’Enfer tellement il avait chaud. Trop chaud. Trop pour ne pas avoir l’impression qu’il allait faire un malaise dans les prochaines minutes. Trop pour arriver à les faire sortir. Même ça, il en était devenu incapable. Incapable de sauver son ami, incapable de le mettre à l’abri, incapable de tout. Il était mort de honte tout en fulminant de rage. Et il était malheureux aussi, terriblement malheureux. Il finit par faire s’asseoir Marius dans le canapé de la réception. De toute façon, dehors, tout était fermé. Il n’y aurait eu que la pluie pour les accueillir. Le vacciné se laissa lourdement tomber à côté du jeune homme.
- J’suis désolé Marius, j’voulais pas … putain, j’voulais pas, j’sais pas pourquoi j’ai dit ça à ton père. J’suis désolé, j’voulais pas ruiner ta vie … J’suis un putain de traître, c’est tout c’que je suis …
Il le pensait vraiment : il venait de réduire en cendres la vie de l’un de ses meilleurs amis. Comme si en enterrer une le matin n’avait pas été suffisant. Seulement voilà, il ne savait plus vraiment ce qu’il disait, ni dans quel sens penser. Il avait déjà du mal à rester debout, ou simplement conscient. Il aurait voulu s’excuser encore, mais au moment où il ouvrit la bouche, une douleur sourde le saisit dans la poitrine. Une seconde, puis deux s’écoulèrent avant que son cœur ne se remette à battre. Le temps d’inspirer trois fois, et son palpitant s’arrêta à nouveau, mettant plus de temps à repartir. Le trafiquant se demanda ce qui était en train de se passer, et puis il sut. Alors, il se tourna vers Marius une nouvelle fois.
- Tu prends soin de toi, ok ? Tes gamins … ils ont besoin de toi. Ils ont besoin de leur père. Tu vas être un père super Rius, ok ? Laisse jamais personne te dire le contraire. T’es un mec incroyable, et t’emmerde les gens qui sont pas d’accord.
C’était les encouragements les plus sincères qu’il pouvait lui donner, les mots les plus purs auxquels il pouvait penser. Il fixa le jeune homme et lui sourit. C’était un vrai sourire, amical, honnête, gentil. Il lui souhaitait tellement de bonnes choses, à ce garçon, toutes les bonnes choses du monde. Il espérait qu’il pourrait refaire sa vie et qu’il saurait être le père exemplaire et aimant que le sien n’avait jamais été. Il le savait : Marius était quelqu’un de bien. Et l’amour de ses enfants, il le leur rendrait au centuple. La douleur dans sa poitrine revint, dévorant toutes les autres. Seth essaya de respirer, mais rien n’y fit. Sa tête retomba mollement contre son torse et, entraîné par son poids, il s’écroula au sol, couché sur le flanc. Il lui sembla entendre quelque chose, comme des mots lointains, mais déjà, le monde n’existait plus, avalé par le noir. Et puis ce fut le silence.
/RP CLOS/
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Sujet: Re: You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte]
You feel your sins crawling down your back [ft. Hippolyte]