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 je veux pas te voir (pv Hippolyte)

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Marius Caesar
Marius Caesar

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MessageSujet: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeVen 10 Juil 2015 - 13:49

je veux pas te voir  
Aussi étonnant que cela puisse paraître, je ne me suis jamais shooté, et je n’ai jamais fumé non plus. Pourtant, lorsqu’on me connait un peu, c’est pas franchement prévisible. Il faut croire que ce sont mes années dans le handball qui font ça, ou alors un neurone qui s’est mis à fonctionner sans prévenir le reste de ce que l’on appelle cerveau. Aussi étonnant que cela puisse paraître, lorsque je plane, c’est juste que je suis bourré d’antidouleurs. Comme là. Lorsque j’ouvre les yeux, un magnifique grognement à moitié gémissement s’échappe de mes lèvres et s’écrase dans ma gorge sèche. Génial. Le blanc aseptisé de l’hôpital heurte mes rétines. Je déteste les hôpitaux. Je les déteste tant et si bien que mon premier réflexe est de fermer les yeux, de me concentrer pour transplanner dans une autre pièce, sur mon lit par exemple, entouré de mes posters et de mes ballons de hand. C’est un échec, un échec critique, parce que le seul résultat que j’obtiens, c’est d’avoir encore plus soif. J’ouvre à nouveau les yeux, les muscles endoloris, totalement dans le pâté. Je plane. J’ai encore plus de mal à réfléchir que d’habitude, et je vous le donne en mille : ce n’est pas peu dire. Et là, sans prévenir, les récents événements se fracassent contre mes poumons. Astrid. Kingsley. La douleur. Martial. La douleur. J’ai du mal à respirer, j’essaye de me redresser en m’appuyant sur ma main qui explose. Je retombe lamentablement sur l’oreiller et me tortille du mieux que je peux.

Mes yeux tombent rapidement sur la table de chevet où une photo de Martial et de moi m’attend et me regarde d’un air goguenard. Juste à côté, mon portable. Et ma psp. Et une pile de jeux. Et mon ballon de hand. Et trois playmobiles qui se foutent de ma tronche. J’ai envie d’éclater de rire mais je parviens juste à m’étrangler. Martial est forcément passé par là, c’est bien le seul à savoir que les fleurs, je n’en ai rien à faire, mais qu’il me faut le kit de survie en milieu hostile. Je me redresse lentement, tente d’attraper un verre d’eau rempli et bois encore plus lentement le temps d’émerger totalement. Echec : une fois le verre reposé, je me rendors dans la foulée. Lorsque je me réveille une nouvelle fois, il fait bien plus sombre et je plane un peu moins. En revanche, j’ai toujours mal. J’avise les perfusions qui me ficellent au lit mais je n’ai même pas le temps de songer à les enlever que déjà une infirmière débarque, achevant au moins de me réveiller. C’est pas juste : elle est vieille et grincheuse. « Vous pouvez pas échanger avec une fille de mon âge ? Ce serait quand même plus agréable pour les yeux, et ça soigne nettement mieux que… aïe putain ! » Son sourire en coin me fait bouder. Elle n’y est pas allée de main morte, la vieille, pour la prise de sang. J’suis sûre qu’elle l’a fait exprès et en plus… bref, je boude. Un quart d’heure plus tard, elle m’a expliqué le principal, comme quoi ce n’était pas malin de faire de la moto sans casque et que j’aurai pu me faire bien plus mal, et que blablabla, j’ai arrêté d’écouter lorsqu’elle a commencé à me dire que mon cœur supportait le coup et qu’ils s’excusaient de ne pas pouvoir me donner plus d’antidouleurs mais que blablabla. « Je peux voir mon frère ? » Je la coupe sans aucun état d’âme. Et si elle fait mine de s’en offusquer au départ, la fin de ma question adoucit immédiatement son visage. « On lui a dit d’aller se reposer il y a quelques heures, il n’a pas cessé de vous veiller… Mais ne vous inquiétez pas Marius, le reste de votre famille est là et attendait votre réveil avec impatience. » J’éclate de rire. C’est un réflexe : lorsque les gens disent des conneries, moi, je ris. Parce que le reste de ma famille, c’est au mieux mon père et ma mère. Et ça m’étonnerait qu’ils se soient bougés le derrière pour venir me voir. Ca m’étonnerait grandement et… L’infirmière sort, attirant mon attention sur la porte où une silhouette reconnaissable entre mille me tourne le dos de l’autre côté de la vitre. Qu’est ce qu’il fout là, lui ? Je cesse immédiatement de rire. Non. Non, non, non, non, non. Il n’en est pas question.

Il doit être en train de discuter avec un médecin. Tain, le con. On a du lui dire que M. Caesar était à l’hôpital et il a rappliqué en pensant y trouver son fils fétiche. Le con. C’est dommage, hein ? C’est pas le bon qui est au fond du lit, et en plus il a la mauvaise idée d’être en vie et pas à la morgue ! Je foudroie le dos de mon père, comme si j’avais le super pouvoir de le super tuer. Ce serait bien. J’attrape mon ballon que je commence à faire tourner dans ma main en le surveillant du coin de l’œil. Si ça se trouve, il va faire demi-tour. Ce serait chouette. Si ça se trouve, aussi, il est juste en train de taper la causette. Le médecin va lui dire que je suis adorable, en parfaite santé, que je n’ai absolument aucune tare, aucun vice autre que l’alcool – et encore, qu’en soirée – et qu’il peut être fier d’avoir un fils comme moi. LOL. Si ça se trouve, il lui dit aussi que… Mon ballon s’échappe des mains. Non, je vais trop loin dans mes suppositions. Et jamais mon père ne s’intéresserait à la composition des médocs qu’on me donne et encore moins à mon carnet de santé et… Moi qui allais envoyer un sms à mon frère pour le supplier de venir me sauver du Padre, j’étrangle immédiatement cette idée : pas question que mon père se retrouve face à Martial s’il apprend que j’ai une malformation cardiaque – ce qui me semble inévitable. C’est déjà un miracle si mon frère l’ignore encore, d’ailleurs. Je suis dans la merde.

Dans la bouse de dragon, jusqu’au cou. Parce que mon père vient de se retourner et qu’il est trop tard pour faire genre je dors encore, il ne faut pas me déranger, je suis un grand malade et… je prends mon ballon et lui balance dessus avec toute la puissance qu’un handballeur fatigué peut mettre dans son bras au moment où il franchit la porte : « Dégage ! » Je suis mort de trouille et en colère, comme à chaque fois que je suis supposé lui faire face. Surtout que je ne peux pas me barrer.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeSam 11 Juil 2015 - 12:55

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar


« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
C'était une journée banale dans le quotidien d'Hippolyte Caesar. Il avait passé une partie de la nuit à traquer un mutant dans les rues de Radcliff, avait au ses quatre heures se sommeil, et s'était levé frais comme un gardon. Comme tous les jours, il avait enfilé un élégant et coûteux costume, arboré une coiffure impeccable, puis s'était rendu sur son lieu de travail pour faire ce qui lui plaisait tant dans son métier : Administrer, négocier de juteux contrats, magouiller pour toujours gagner plus... Et surtout se moquer totalement des vies qu'il pouvait ruiner à chaque fois qu'il signait le moindre papier. Hippolyte, c'était un homme qui n'avait pas besoin de s'embarrasser du moindre scrupule. D'ailleurs, sa conscience avait fichu le camp depuis longtemps, probablement trop désespérée par la froideur du bonhomme.

Et cette journée aurait pu se terminer ainsi, s'enchaînant aux autres avec une banalité affligeante... Si le téléphone ne s'était pas mis à sonner. La nuit venait de tomber, mais Hippolyte était toujours dans son bureau, étudiant un nouveau projet de médicament, quand il avait reçu le dit appel. C'était l'hôpital de la ville... Qui lui annonçait que son fils avait été admis en urgence pour de nombreux coups et blessures... Le sang du père Caesar ne fit qu'un tour. Sans rien répondre, il raccrocha au nez du médecin qui l'avait appelé, attrapa son manteau et, sans prendre la peine de ranger ses papiers, se précipita vers l'ascenseur. Une fois en bas, il congédia son chauffeur, pris le volant de sa spacieuse berline noire et fila vers l'hôpital.

La dernière fois qu'il avait roulé aussi vite dans les rues d'une ville, c'était pour la naissance des jumeaux... Et fort heureusement pour lui, la circulation à Radcliffe était autrement plus fluide et simple que celle de Paris. Il en oublia les feux, les sens interdits... Mais se fichait bien de se faire traiter de tous les noms par les autres conducteurs ou de découvrir une contravention dans sa boîte aux lettres dans les jours à venir... Si Martial était à l'hôpital, il se devait de le rejoindre au plus vite. Attrapant son téléphone, Hippolyte contacta rapidement son épouse pour l'avertir, la priant de ne passer que le lendemain matin. C'était égoïste, mais le père préférait passer un peu de temps seul avec son fils.

Arrivé à l'hôpital, il se gara rapidement et se dirigea vers l'entrée de l'hôpital. Un simple regard sur son expression suffisait pour comprendre qu'il n'était absolument pas disposé à attendre qu'on s'occupe de lui. D'une voix très calme, il informa la standardiste de l'objet de sa venue, et si celle-ci tenta un instant de lui faire comprendre qu'il y avait du monde avant lui, elle n'insista pas longtemps devant le regard glacial de l'homme. Le médecin fut avertit, et il ne lui fallu pas cinq minutes pour se précipiter, haletant, à la rencontre d'Hippolyte. Intérieurement, celui-ci se disait qu'être le PDG de l'une des plus grosses entreprises pharmaceutique du pays avait du bon... Surtout face au personnel de santé. Immédiatement, Hippolyte attaqua avec sa délicatesse légendaire.

"Où est-il ? Où est Martial ?"

"Je... Martial ? Il va bien ! Nous lui avons dit de rentrer se reposer. Il s'agit de Marius, monsieur. Il a subit de nombreuses fractures et contusions, nous allons le garder quelques jours ici... Il faut surtout surveiller son cœur."

Immédiatement, Hippolyte réalisa qu'il n'avait pas pensé un seul instant à son second fils. Depuis cinq ans, il ne voyait plus Marius, ils ne s'adressaient plus la parole, ne se voyaient même pas pour l'anniversaire des jumeaux... Et Hippolyte avait été tellement déçu par son fils cadet, avait tellement haït ce caractère belliqueux et insolent qu'il avait fait une croix dessus le jour où il l'avait mis à la porte. Et pourtant... Il avait régulièrement de ses nouvelles par l'intermédiaire de ses hommes de main, qui le suivaient de temps en temps... Et malgré tout, Hippolyte n'avait pas pensé un seul instant à lui. Il était partagé entre le soulagement de savoir Martial en bonne santé et une pointe de culpabilité inhérente à son statut de père. Il avait beau ne pas le montrer, Marius restait son fils et il l'aimait... Pas autant que Martial, c'était certain, mais il était difficile de faire changer une bourrique comme Hippolyte en seulement quelques années.

Une fois qu'il eut réalisé que Marius était bien mal en point, les dernières paroles du médecin le frappèrent avec la force d'un train lancé à pleine vitesse.

"Son cœur ? Quel rapport ?"

Le médecin le regarda un instant avec des yeux ronds, déconcerté qu'Hippolyte ne soit pas plus au courant que ça de l'état de santé de son propre fils. Le médecin lui parla alors de la malformation cardiaque de Marius, détectée cinq ans plus tôt alors qu'il tentait de rejoindre une équipe de handball professionnelle... Il ne lui en fallait pas plus pour comprendre le raisonnement anarchique de son crétin de fils. Là où Hippolyte n'avait vu qu'une forme de provocation de plus, Marius n'avait fait que chercher à se protéger et à éviter les emmerdes supplémentaires... D'un autre côté, il n'avait pas tort. Si son père avait apprit plus tôt qu'il était malade, disputes ou non, il lui aurait passé plusieurs mois à l'hôpital pour arranger les choses. Son avis, il n'en avait pas grand chose à faire. Mais pour le moment, il hésitait entre l'envie de tarter violemment son imbécile de gamin, ou de tenter la discussion.

Quand le médecin eut terminé son petit exposé, Hippolyte le remercia sèchement et ouvrit la port de la chambre. Marius aurait pu l'accueillir de bien des manières, ou avec un simple bonsoir... Mais le « dégage » suivi d'un lancer de ballon lui ressemblait beaucoup plus. Son père reçu le ballon dans le ventre, avec une force qui l'étonnait, étant donné son état.

"Bonsoir, Marius... Je vois que ton vocabulaire est toujours aussi fleurit...", Se contenta-t-il de répondre froidement.

Hippolyte posa le ballon sur la table de chevet, détaillant au passage le petit bazar qui y était entreposé. Il fronça les sourcils en voyant la console et les jeux. Il doutait que Marius se soit promené avec ça sur lui, et cela ne pouvait venir que de Martial. Une charmante attention qui ne lui plaisait guère... Et des playmobil ? Bon sang, mais quel âge avaient-ils ? 5 ans ?

"On dirait que ton frère a pensé à toi...", dit-il en attrapant un jeu pour en lire la jaquette. "Charmant..."

L'attaque n'était peut-être pas la meilleure des stratégie, et Hippolyte se retint de faire d'autres commentaires au sujet de ce qu'il considérait comme des passe temps inutiles et abrutissants. Il rapprocha un fauteuil du lit et observa un long moment son fils cadet.

"Tu m'as l'air bien mal en point... Tu veux bien me raconter ce qui s'est passé ?"

Hippolyte ne se souvenait pas avoir parlé si calmement avec son fils depuis des années... Mais ce n'était que le calme avant la tempête, car il était évident que la suite de la conversation allait se terminer en dispute ou en désaccord... Surtout lorsqu'Hippolyte aborderait la question de la malformation cardiaque de Marius... La seule chose qui le rassurait, c'est qu'il y avait dans cet hôpital largement de quoi calmer le gamin s'il se mettait à vouloir refaire le portrait de son père.

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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeLun 13 Juil 2015 - 9:43

je veux pas te voir  
Quand j’étais petit, j’avais peur de mon père. En même temps, qui n’avait pas les chocottes devant Hippolyte Caesar ? Ma mère, et encore. Quand j’étais petit donc, j’avais peur de mon père, de ses réactions, de son attitude face à moi et plus encore de cet éclat de déception dans ces yeux. Puis j’ai eu dix ans, je m’y suis habitué et j’ai continué à avoir peur sans le montrer, ou du moins en le cachant derrière de l’insolence et du répondant certainement malvenu mais totalement protecteur. Comment se protéger d’un homme intimidant ? En ne lui montrant aucun respect, voilà la solution que j’ai rapidement trouvée. Et des années plus tard, j’ai toujours autant peur de mon père et de sa déception sans pouvoir rien n’y faire. Mon ballon vole, percute son abdomen et je ressens un petite satisfaction en le voyant accuser le coup. Qu’est ce que tu croyais, connard, que j’étais une lopette même dans un lit d’hôpital ? Je ne crache qu’un seul mot : un dégage qui retranscrit parfaitement mon état d’esprit. Papa, tu n’as rien à faire ici, tu ne veux pas me voir, moi non plus, n’essaye même pas de faire genre tu t’intéresses à moi. Dégage avant de me pourrir la vie. Et comme par hasard, il ne cille même pas. S’amuse juste à réagir comme d’habitude : avec ce détachement glacial qui m’a toujours terrifié. "Bonsoir, Marius... Je vois que ton vocabulaire est toujours aussi fleuri..." J’arque un sourcil. J’avais sept ou huit ans la dernière fois que je l’ai laissé avoir le dernier mot sans me battre, ce n’est pas à vingt six ans que ça va recommencer : « J’aurai pu te dire d’aller te faire foutre, tu sais… » Je le foudroie du regard lorsqu’il s’approche pour reposer le ballon sur la table de chevet et observer mon kit-de-survie-en-milieu-hostile. J’entends déjà les remarques qu’il va faire. Et tu sais quoi, connard ? Et bien j’en ai rien à faire. "On dirait que ton frère a pensé à toi... Charmant..." Qu’est ce qu’il lui prend de parler de Marty ? « J’suis désolé si ça t’emmerde mais Martial pense à moi, ouais. Ca me change des autres Caesar. Pas que ça me dérange d’ailleurs. » Je me doute bien qu’il n’apprécie pas des masses de nous voir aussi complices malgré nos différences. Je ne sais pas trop ce qu’il a dans le crâne, le padre, mais voir son fils indigne délurer son fils prodige, j’imagine qu’il doit en faire des cauchemars. Ouais j’offre à Martial des montres volées, des jeux vidéos, des consoles, des dvds (volés eux aussi), et je suis encore plus heureux si ça te fait déprimer. Lorsqu’il approche un fauteuil, je ne peux pas m’empêcher d’attaquer, encore : « Je rêve ou tu n’as pas compris le sens du mot dégage ? Je veux pas te voir, t’as pas à t’asseoir en mode yolo, c’est pas ta chambre à ce que je sache. » Il ne m’écoutera pas, je le sais. Et je suis encore plus mal à l’aise à l’idée que la fuite m’est totalement impossible. Son silence me fait flipper.

J’attrape mon ballon pour mieux le faire tourner entre mes doigts, comme pour lui faire comprendre qu’il ne me touche pas, ne me dérange pas, que j’en ai rien à faire de lui alors que… ce n’est absolument pas le cas. Je suis crispé en sa présence. Tendu. Mal à l’aise. Mort de trouille. Mais qu’est ce que j’ai fait pour hériter d’un père pareil, hein ? Rien, c’est la vie, elle est injuste la garce ? Ouais, je crois que c’est ça. Mais ça fait chier quand même. "Tu m'as l'air bien mal en point... Tu veux bien me raconter ce qui s'est passé ?" Je sursaute, pris au dépourvu. Il se fout de ma gueule ? Il est où le piège, là ? Parce qu’il y a forcément un piège. La dernière fois qu’il m’a demandé ça, je revenais le visage en sang et le nez explosé du collège, exclus trois jours pour m’être battu avec un élève de seconde. J’envisage de réagir comme à l’époque : en me la fermant, buté et braqué comme je sais si bien l’être lorsque quelque chose me déplaît. Mais il faut croire que j’ai changé, et il faut croire aussi qu’en plus de me dérouter, le ton calme de mon père me déstabilise au plus haut point. Allez, te fais pas d’illusion Marius, il n’en a rien à faire de toi. « Depuis quand exactement ma vie t’intéresse ? Si je me souviens bien, on s’était mis d’accord sur le fait qu’on a plus rien à voir l’un avec l’autre. N’essaye même pas de me faire croire que mon état de santé t’empêche de dormir. Je suis même sûr que tu pensais trouver ton Martial adoré. Honnêtement, tu te souvenais de mon existence ? Non ? Et bien c’était parfait comme ça. Alors dégage. » J’ai envie de m’applaudir. Parce que je n’ai pas encore crié alors que je meurs d’envie de lui hurler à quel point j’ai mal, à quel point j’ai eu peur, à quel point j’aimerais qu’il s’inquiète un jour un peu pour moi. Ce qui n’arrivera jamais, faut que je me mette ça dans le crâne. Je ne sais même pas pourquoi je continue à espérer les miracles : j’aurais plutôt intérêt à l’ignorer, en fait. « De toute façon, j’ai rien de grave. » Alleeeeeez dégage.


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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeMar 14 Juil 2015 - 17:22

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar


« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
« J’aurai pu te dire d’aller te faire foutre, tu sais… », voilà je genre de réflexions qui ponctuaient régulièrement le discours de Marius lorsqu'il s'adressait à son père. Hippolyte avait fini par s'y habituer, mais il ne l'avait jamais accepté. Sa mâchoire se crispa sous l'effet de la colère qui commençait déjà à monter, mais il ne releva pas. Inutile, avec Marius. Hippolyte savait depuis longtemps qu'essayer d'avoir le dernier mot avec son fils, c'était comme tenter de faire revivre un mort : Ca relevait purement de la fiction. Aussi resta-t-il silencieux à ce moment-là, fixant Marius de ce même regard froid et détaché qu'autrefois... Un regard où malheureusement, on ne lisait pas d'inquiétude. Combien de fois avait-il tenté d'aller vers Marius, d'essayer de le comprendre, avant d'être repoussé ? A ses yeux, Hippolyte avait agit comme un père exemplaire... Seulement, il avait une vision quelque peu obsolète de la chose : Le père de l'année aurait emmené ses gamins à Disneyland pour leur anniversaire, au lieu de ne voir en eux qu'une extension de sa propre réussite ou de son propre échec.

"Arrête-moi si je me trompe, mais... C'est quelque peu paradoxal. Tu voudrais que ta mère et moi fassions plus attention à toi tout en ne mettant pas le nez dans ta vie ? Et bien... Ta logique m'étonnera toujours... Je pensais pourtant avoir résolu notre problème commun, il y a cinq ans..."

La question qui lui brûlait les lèvres était la suivante : Qu'est ce que tu veux réellement ? Marius et Hippolyte étaient à la fois si différents et si semblables qu'ils n'avaient jamais été capables de se comprendre. Quand l'un disait gauche, l'autre rétorquait droite pour lui donner tort...

En prenant un siège, Hippolyte affirmait son intention de rester au chevet de son fils et, comme ils s'y attendait, celui-ci n'était pas vraiment ravi... Le père aurait été bien naïf d'attendre un peu de souplesse de sa part... Aussi lui jeta-t-il ce regard si sévère dont il avait le secret, son ton se faisant plus abrupt.

"Je suis encre ton père, et je veux rester, je reste. Ne crois pas être le plus têtu ici, Marius."

Les mots claquèrent, sèchement, comme un fouet. Hippolyte n'avait pas besoin de rappeler à Marius qu'il n'abandonnait jamais quand il avait une idée en tête. Retrouvant son calme, il demanda à son fils de lui raconter ce qui s'était passé. Officiellement, on lui avait parlé d'un accident de voiture, mais Hippolyte tenait à entendre l'histoire de la bouche de Marius. Après tout, il lui avait suffisamment reproché étant petit de ne pas avoir son mot à dire. Aujourd'hui, il en avait l'occasion, qu'il en profite !

Mais il était bien sot d'avoir cru que Marius baisserait les bras et se contenterait de lui raconter sa mésaventure... Bien sûr qu'habituellement, Hippolyte ne demandait jamais à Marius ce qui lui était arrivé... Dans son esprit, si le gamin revenait avec des bleus et des contusions, c'est qu'il s'était battu et l'avait mérité. En quoi les choses étaient-elles différentes aujourd'hui ? Marius lui avait délibérément mentit, causant une rupture nette entre eux cinq ans plus tôt... Hippolyte ne concevait pas une telle absence de logique. Son fils était-il dégénéré à ce point ou le faisait-il simplement exprès ? Les mots jaillissaient de la bouche de Marius en un flot de reproches, peut-être légitime d'un point de vue extérieur, totalement inutile de celui d'Hippolyte. Lorsqu'il eut fini, le père resta un long moment silencieux, se contentant à nouveau de fixer son fils. Dans son regard passent l'incompréhension, la fatigue, l'agacement... Mais surtout cette lueur de déception qui l'avait quitté depuis cinq ans. Ce sentiment était devenu presque inconscient chez lui, à force.
Au bout de quelques minutes, Hippolyte se décida à rompre le silence, qui devenait pesant.

"Nous ne sommes jamais mis d'accord. C'est toi qui a décrété que nous n'avions plus rien à voir l'un avec l'autre, mais jusqu'à preuve du contraire, il y a ton frère. Ce qui te touche le touche, et par conséquent me touche également. Aussi je vais t'avouer une chose. Tu as raison. J'ai cru que c'était Martial qui avait été blessé, et j'ai accouru en étant persuadé de cela. Je suis soulagé de le savoir en parfaite santé, mais ne me crois aussi monstrueux que tu le dis. Si c'était le cas, je n'aurais pas attendu 21 ans pour te mettre dehors."

Des mots durs, lancés avec une indifférence totale et presque vexante, une honnêteté radicale qui lui avait valu la réputation d'un mufle et d'un requin. Seulement, Hippolyte n'avait pas envisagé un seul instant de mentir à Marius. A quoi bon lui dire qu'il s'était précipité à l'hôpital pour lui et lui faire de faux espoirs ? Quand bien même l'aurait-il cru, ça n'aurait rien changé à leurs relations.

"Maintenant que les choses sont claires, revenons-en à ton état."

Hippolyte n'avait pas spécialement l'intention de s'attarder davantage sur son désintérêt vis à vis de son fils cadet. De quoi se serait-il justifié, de toute manière ? C'était triste à dire, mais avec les années, il avait fini par voir en Kingsley, l'associer et meilleur ami de Martial, le fils qu'il aurait aimé avoir à la place de Marius. S'il avait su ce qui était réellement arrivé à son fils, peut-être aurait-il reconsidéré son estime envers Kingsley.

"Ton état est grave, Marius. Tu as toujours été un casse-cou, et même lorsque tu te cassais quelque chose, tu ressortais de l'hôpital dans la soirée comme s'il ne s'était rien passé... Cette fois c'est grave. On t'a retrouvé avec la main transpercée, ce n'est pas rien ! Qui t'a trouvé ? Où étais-tu ? Qu'est ce que tu as à perdre à me le dire, de toute manière ?"

Hippolyte se faisait violence pour rester le plus calme possible afin de ne pas envenimer la situation. Si joute verbale il devait y avoir, il préférait que ce soit après avoir obtenu des réponses. Pour l'heure, il voulait simplement savoir ce qui était arrivé à Marius... Ensuite viendrait le sujet plus délicat encore de son cœur. Marquant un nouveau silence, Hippolyte resta là à regarder Marius, dans l'attente d'une réponse qu'il espérait un peu moins agressive que la précédente... Mais c'était bien mal connaître le gamin que de croire qu'il se contenterait d'un récit sans le traiter au passage de père indigne... Voire pire.


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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeMar 14 Juil 2015 - 23:50

je veux pas te voir  
Mais qu’il dégage, bon sang ! Qu’il dégage, qu’il me laisse tranquille, qu’il disparaisse de ma vie avant que je me surprenne à trouver dans son attitude et sa simple présence les graines d’un espoir illusoire qui va encore me faire mal lorsqu’il l’aura piétiné d’un coup de talon. Mon père. Putain, si on m’avait dit qu’il se pointerait me voir à l’hôpital… j’aurais foutu mon poing dans la tronche du connard qui l’aurait prévenu. Avant d’exploser de rire devant le surréalisme de la situation. Et pourtant le cauchemar est bien réel : mon père est là, tranquille, avec son charisme habituel et son calme glacial qui me donne envie de gerber et de pisser. Je le foudroie du regard, je crache ce que je peux dans un vocabulaire fleuri comme il le dit si bien. Et ne retiens pas mon agressivité lorsque je passe à l’attaque en réponse à ses remarques sur ce que Martial m’a apporté. Ca te dérange connard ? Et bien c’est dommage, parce que oui, ton fils préféré se soucie de ton autre fils et ça ne risque pas de changer. Pas que ça me dérange que Martial soit le seul Caesar à se soucier de moi, mais voilà, faut voir les choses en face. Et je ne me prive pas de le faire remarquer à mon connard de père qui n’en manque jamais une pour me faire chier. "Arrête-moi si je me trompe, mais... C'est quelque peu paradoxal. Tu voudrais que ta mère et moi fassions plus attention à toi tout en ne mettant pas le nez dans ta vie ? Et bien... Ta logique m'étonnera toujours... Je pensais pourtant avoir résolu notre problème commun, il y a cinq ans..." Je serre les dents. « Ta gueule. » Je le déteste. Je le déteste tellement. Comment ose-t-il me parler logique, paradoxe ? Ma logique l’étonne ? Et la sienne alors ? Un père, c’est pas censé aimer son fils tel qu’il s’avère être, hein ? Une mère, c’est pas supposé s’intéresser à son fils même s’il est hyperactif et cleptomane et qu’il n’a pas les mêmes centres d’intérêt qu’elle ? Elle est où sa putain de logique, à mon père ? D’où il trouve ça malin de me rappeler que justement, il a décidé de ne plus être mon père il y a cinq ans et qu’il a encore moins le droit d’être ici ? Je serre les dents parce que même si j’ai envie de lui hurler ça, de lui cracher ça, de lui faire intégrer ça à coup de poing dans la tronche pour mieux faire exploser son nez, il a enchaîné son wtf verbal par un mouvement pire encore : celui de s’asseoir. Hého, mec, tu t’es cru où ? Je bondis verbalement sur mon siège. Mais dégage, dégage, dégage ! Ce mot est trop compliqué pour toi ? Son regard sévère me donne envie de disparaître mais en digne Caesar têtu, je garde la tête haute et je refuse de lui offrir la moindre victoire, ne serait ce qu’en détournant le regard. "Je suis encore ton père, et je veux rester, je reste. Ne crois pas être le plus têtu ici, Marius." Je le déteste. Je le déteste tellement. « Elle est où ta logique ? Je croyais qu’on avait mis les choses au clair il y a cinq ans sur le fait que tu n’étais pas mon père ? C’est toi qui es paradoxal, connard, t’es mon père quand ça t’arrange en fait. » Je ne sais plus vraiment de quand date la dernière fois que je l’ai appelé connard autrement qu’en pensées ou face à quelqu’un d’autre. Mais son ton, son attitude, tout en lui me met hors de moi. Et sa manière de me rappeler que mon obstination je la tiens de lui… Je le déteste.

Et depuis quand, exactement, ma vie l’intéresse au point qu’il prenne du temps pour me parler ? Je croyais que c’était plus simple de m’ignorer ? De me jeter de la maison, de me couper les vivre ? Il y a un piège quelque part, un piège que je ne vois peut être pas encore mais un piège quand même. Putain que je le déteste pour être aussi lui, putain que je me déteste d’être aussi… moi face à lui. Il est chiant, aussi. Pourquoi est ce qu’il est venu, hein ? Je suis même sûr qu’il pensait trouver Martial : si on lui avait directement dit que j’étais à l’hôpital, il aurait raccroché au nez. J’en suis sûr tout en espérant me tromper. Je suis encore ton père. Je le déteste pour me sortir des phrases comme ça. J’ai envie de lui hurler que s’il est encore mon père, alors pourquoi il ne se comporte pas comme tel en me prenant dans ses bras, en me disant que je suis son fils, qu’il est un peu fier de moi, un peu heureux pour moi, qu’il m’accepte comme je suis et que… "Nous ne sommes jamais mis d'accord. C'est toi qui as décrété que nous n'avions plus rien à voir l'un avec l'autre, mais jusqu'à preuve du contraire, il y a ton frère. Ce qui te touche le touche, et par conséquent me touche également. Aussi je vais t'avouer une chose. Tu as raison. J'ai cru que c'était Martial qui avait été blessé, et j'ai accouru en étant persuadé de cela. Je suis soulagé de le savoir en parfaite santé, mais ne me crois aussi monstrueux que tu le dis. Si c'était le cas, je n'aurais pas attendu 21 ans pour te mettre dehors." J’ouvre la bouche mais pour la première fois depuis trop longtemps, je ne trouve rien à dire. Tu as raison. Il était là le piège. Il était là le foutu piège. Je ferme les yeux pour mieux encaisser. « Je te déteste. Je te déteste juste tellement, t’as pas idée. Alors si tu veux bien dégager, ça m’arrangerait. » Forcément, il ne m’écoutera pas. J’ai mal, sérieux. Parce que même si je sais depuis le début que j’ai raison… je le déteste d’être aussi franc. Une seconde, une seule fois, il ne peut pas une fois me mentir et me dire ce que je veux entendre ? Non. Pourquoi ? Parce que c’est mon père et que c’est un putain de connard. « Tu sais quoi ? T’es pas un monstre. T’es qu’une lopette, qu’un connard, et j’en ai rien à faire de toi. » Ce n’est que du vent, juste du vent, et je sais qu’il ne va pas être dupe une seule seconde. Mais je suis comme ça : si j’ai commencé à dire que le ciel est jaune, je vais maintenir mon affirmation pendant des jours sans me démonter. Têtu ? Peut être. Beaucoup. "Maintenant que les choses sont claires, revenons-en à ton état." J’écarquille les sourcils. « Quoi ? » Alors c’est plié comme ça ? A la Padre Caesar. Pourquoi ça continue de m’étonner d’ailleurs ? Quand Hippolyte dit quelque chose, ce quelque chose est du passé, acté, vérifié, figé. Il dit que l’affaire est classée alors elle l’est. Et il n’en a rien à faire que les autres – et surtout moi – ne soient pas de son avis. Je me demande où ça va nous mener tout ça. Et j’envisage pendant une seconde la solution de l’ignorer et de ne plus lui prêter une once d’attention. Une seconde. Parce que c’est tout bonnement impossible, je le connais aussi bien que je me connais, ou presque.

"Ton état est grave, Marius. Tu as toujours été un casse-cou, et même lorsque tu te cassais quelque chose, tu ressortais de l'hôpital dans la soirée comme s'il ne s'était rien passé... Cette fois c'est grave. On t'a retrouvé avec la main transpercée, ce n'est pas rien ! Qui t'a trouvé ? Où étais-tu ? Qu'est ce que tu as à perdre à me le dire, de toute manière ?" Putain. J’aime bien l’idée de me la boucler au final, même si je ne vais pas y arriver. Je marmonne un vague « Accident de moto. Et j’ai rien à t’expliquer. ». J’attrape ostensiblement mon téléphone et je commence à envoyer un SMS à mon premier contact. Juste pour l’ignorer. De toute manière, qu’est ce que je pourrais lui dire ? Oh, mon papa adoré, je suis un mutant et un méchant pas beau a voulu me tuer parce qu’il trouvait ça anormal. Et c’est mon ex qui m’a vendu et qui m’a piégé. Ah, ah, ah. Je préfère encore lui faire la liste des filles avec qui j’ai couché. Déjà ça prendra du temps, mais en plus, il n’en aura rien à faire et il s’endormira avant la fin. Avec un peu de chance.

J’envoie le sms, je sélectionne un autre contact. Envoie un deuxième sms. Ca va durer longtemps avant qu’il comprenne que je ne veux vraiment pas lui parler ? Troisième sms. J’actualise mes mails. Et je craque. Je marmonne en français un « Sérieusement, en quoi ça te concerne, hein ? C’est Martial qui m’a trouvé, on était censé se voir. J’avais pas mon casque, j’ai pas fait gaffe, j’ai perdu le contrôle de la moto et je me suis empalé sur un… » Mentir est une deuxième nature chez moi. Et comme je n’ai aucune estime de moi-même, j’en ai rien à faire de lui dire que j’ai eu un accident bête : de toute manière, je suis déjà une déception, un peu plus, un peu moins… ça ne va pas changer grand-chose. Je cherche donc ce qui aura pu se planter dans ma main. Je ne trouve rien, merci les antidouleurs ! « sur un truc. Voilà. Maintenant, si tu pouvais te casser. Et non, mon état n’est pas grave. » Je suis buté : je ne sais pas pourquoi mais je ne veux plus qu’il s’inquiète pour moi. De toute manière, de base, il ne s’inquiète pas pour moi. Alors voilà. Je vais très bien, mon cœur va très bien. Je pousse l’effronterie à le regarder dans les yeux, un sourire au coin des lèvres, même. « Tu peux vraiment me laisser ? je suis un peu fatigué. » Mon cul. Je veux juste qu’il se casse.

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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeMer 15 Juil 2015 - 17:42

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar


« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
On pourrait croire qu'avec le temps, Hippolyte Caesar se serait habitué à ce que son fils cadet le traite de tous les noms ou lui manque de respect... Extérieurement, il ne réagit pas, se contente d'un regard glacial et d'un visage fermé. Intérieurement, le simple fait d'entendre « ta gueule » prononcé à son encontre le fait bouillonner de colère. Jamais il n'a laissé qui que ce soit lui parler de la sorte, tous ceux qui ont essayé, il les a détruit d'une manière ou d'une autre. Mais pas ce gamin. Il est de son sang, et c'est probablement la seule raison pour laquelle Hippolyte n'a pas encore tout fait pour le faire taire. Parce qu'au fond de lui, et ça il ne l'avouerait jamais, il ne pouvait que se faire du soucis pour ce gamin qu'il avait vu naître, faire ses premiers pas, prononcer ses premiers mots... Ce gamin qui avait commencé à lui résister à l'âge de sept ans et qui n'avait pas cessé depuis, qui était probablement le mystère le plus insoluble qui soit dans la vie d'Hippolyte Caesar. C'était un génie scientifique, capable de résoudre les équations les plus tordues qui soit sans se fatiguer, un homme redoutable qui menait à lui seul un empire colossal, qui était parti de rien pour atteindre un sommet inimaginable... Et malgré toutes ses connaissances, toute son intelligence, il était incapable de comprendre son fils. C'était un fait d'une tristesse presque pathétique, mais Hippolyte n'avait jamais eu la patience de tolérer l'hyperactivité de son fils, il avait toujours préféré lui tourner le dos que de chercher à comprendre pourquoi il se comportait ainsi... Il faisait l'autruche depuis vingt ans, ou bien cherchait toujours à impressionner et effrayer son fils pour le faire taire.

Jamais ils n'y avait eu de vrai dialogue entre eux. Jamais Hippolyte n'avait demandé à Marius pourquoi il s'était battu dans la cour de récréation, jamais il ne lui avait demandé quel était son livre préféré ou s'il préféré Batman, Spider-man ou Magneto... Toutes ces petites choses simples, évidentes pour les autres pères, le père Caesar les avait balayé d'un geste dédaigneux de la main, pour ne plus porter sur son fils qu'un regard profondément déçu. Combien de gens avaient eu envie de le secouer pour lui faire comprendre que Marius était un être humain, avec des qualités et des défauts, et non un robot qu'Hippolyte pouvait façonner comme il le voulait ? Seulement, même s'il avait décidé de changer du jour au lendemain... Quand bien même se serait-il excusé d'une faute qu'il ne comprenait pas... Comment rattraper vingt ans de silence borné ?

Aux yeux d'Hippolyte, Marius était un ingrat, un sale gosse qui n'avait jamais vu sa chance, qui ne comprenait pas à quel point il était privilégié... Lui même avait grandit au sein d'une famille nombreuse, avec peu de moyen, il n'avait jamais eu l'éducation dont Marius avait pu bénéficier et, malheureusement, Hippolyte avait tant manqué de cela qu'il apportait un intérêt démesurée aux biens matériels. A ses yeux, il était un bien meilleur père parce qu'il avait su mettre ses enfants à l'abri du besoin... Seulement, il ne s'était jamais posé une question évidente : Ses fils n'auraient-ils pas préféré un père plus présent et une maison plus modeste ? Non. C'était impensable pour lui.

Quand l'insulte fusa, la mâchoire du père se crispa à nouveau, son regard se teintant de colère. Jamais encore Marius n'avait osé le traiter de connard... Et s'ils n'avaient pas été dans un hôpital, il lui aurait mit la plus grosse raclée de son existence.

"Fais attention, Marius. Ce n'est pas parce que tu es alité ici que tu peux te permettre de me parler sur ce ton... Si tu as besoin d'apprendre le respect, je peux encore m'en charger !"

Hippolyte n'avait jamais eu besoin d'aller très loin en terme de menace, avec Marius... Il l'impressionnait suffisamment, seulement ça c'était avant. Est ce qu'en cinq il n'avait pas suffisamment grandit pour ne plus craindre quoi que ce soit venant de son père ? De son côté, Hippolyte peinait à garder son calme. Marius était le seul à réussir à le faire sortir de ses gonds à ce point, personne ne pouvait se vanter de réussir à si bien l'énerver. Et avec cinq ans de silence total, il avait vraiment perdu l'habitude de devoir batailler pour obtenir une simple réponse.

En revanche, il ne s'attendait pas à ce que Marius lui dise, avec une telle fatigue dans la voix, qu'il le détestait à ce point. Les mots sont-ils à ce point difficiles à entendre ? Il était là, le soucis ! Peu de choses pouvaient blesser Hippolyte, et encore moins les mots. Combien de fois sa femme lui avait-elle dit qu'il était tellement allergique aux sentiments qu'on aurait pu le confondre avec une huître ? Probablement trois fois par semaine. Seulement cette fois, les mots de Marius résonnèrent dans son esprit. Hippolyte commençait tout juste à comprendre ce qui se passait dans sa tête... Ce n'était pas ça, cette honnêteté froide et calculée, qu'il voulait... Mais à quoi bon lui mentir ? Qu'avait-il à gagner à entendre son père qu'il l'aimait ? Même à Martial il ne l'avait jamais dit. A Jeanne non plus. A personne, d'ailleurs. Il savait dire « je suis fier de toi mon fils » ou encore « tu es ma plus grande déception », mais je t'aime ? Jamais. Etait-ce la peur de le dire, de passer pour un faible ou de montrer une faille, qui l'en empêchait ? C'était plus que probable... Seulement Marius n'attendrait certainement pas toute sa vie que son père se décide à lui dire autre chose que des vacheries.

Lorsque Marius le traita à nouveau de connard, Hippolyte prit une grande inspiration et ferma un instant les yeux, pour se retenir de lui en mettre une. Ce n'était pas le moment ni l'endroit. Il resta donc silencieux et ne releva pas, enchaînant immédiatement sur l'état de santé de Marius. Aller à l'essentiel, voilà ce qu'il voulait. Et cet essentiel il l'eut. Accident de moto et c'est tout. Patient, Hippolyte attendait que Marius poursuive, car un silence gênant ne pouvait que l'amener à parler. Il préféra attraper son portable, sûrement pour faire mine de s'intéresser à autre chose. De quoi agacer encore plus son père, qui s'étonnait de ne pas s'être encore emporté. Il fini par poser doucement la main sur le téléphone pour le prendre et le reposer.

"Laisse ce téléphone, s'il te plaît... Ça ne sert à rien de t'acharner dessus..."

Un s'il te plaît ce n'était pas grand chose, mais c'était mieux que rien pour calmer un peu la fébrilité de Marius. Alors que ce dernier poursuivait en adoptant sa langue maternelle, Hippolyte se décida enfin à répondre, dans la même langue.

"Le pare brise, peut-être ? C'est drôle... Ces choses là sont censées se briser en petits éclats justement pour éviter ce genre d'incidents. Tu n'as pas eu de chance..."

Que Marius mente ou non, Hippolyte n'avait pas d'autre choix que d'accepter cette excuse peut-être totalement bidon. C'était peut-être la vérité, ou bien Marius ne voulait simplement pas admettre qu'il s'était pris la main dans un objet tout bête... Mais quand bien même Hippolyte aurait-il insisté, son fils n'aurait pas été plus précis. Voilà ce qui arrive quand on a un fils plus têtu qu'une mule...

La dernière réflexion de Marius arracha un demi sourire à son père. Mais lorsqu'il Hippolyte Caesar se met à sourire, c'est rarement bon signe. En général, c'était tout simplement parce qu'il avait une idée derrière la tête, ou qu'il n'était pas près d'obtempérer.

"Bien sûr... Je suppose que c'est ton cœur qui te fatigue ?"

Il avait gardé cette carte dans sa manche pour l'abattre maintenant, et il n'en était pas peu fier. Si Marius avait suffisamment d'énergie pour l'insulter, il en avait assez pour supporter dix minutes de conversation civilisée.

"Ton médecin m'a tout expliqué. Il m'a aussi dit que tu lui avais interdit d'en parler à Martial... Pourquoi ? Que tu ne veuilles pas m'en parler, je comprendrais. Tu n'as jamais rien voulu me dire. Mais ton frère ? Je croyais que tu lui disais tout ?"

Là aussi, Hippolyte était dans le faux. Ce n'était pas seulement Marius qui n'avait jamais rien voulu lui dire, c'était aussi lui qui n'avait jamais voulu écouter.

"C'est pour ça que tu as renoncé au handball, il y a cinq ans ? Si tu m'en avais parlé, nous aurions peut-être pu faire quelque chose..."

Hippolyte entendait déjà Marius lui répliquer « depuis quand tu t'intéresses à moi ? »... Et il ne savait absolument pas quoi répondre à ça sans passer pour un idiot. Enfin, il marqua une pause, puis lui posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis si longtemps.

"Qu'est ce que tu attends réellement, Marius... ?"

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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeVen 17 Juil 2015 - 18:50

je veux pas te voir  
On pourrait croire qu’avec le temps, j’aurais appris à gérer mes face à face avec mon père. Mais voilà : non. Déjà parce que je n’aime pas être trop prévisible, ensuite parce que ça fait cinq ans que je ne me suis pas retrouvé face à lui. Et cinq ans, c’est long. A croire que j’ai perdu tous mes réflexes, à croire aussi qu’on a changé tous les deux. Et que j’ai laissé ma bêtise croire qu’en fait, je le diabolisais un peu et qu’il n’était pas aussi… lui que dans mes souvenirs. Foutaises. Conneries. Sa franchise me fait comprendre que loin d’exagérer, mes souvenirs avaient plutôt eux tendance à atténuer l’amère réalité d’un père qui déteste et méprise son fils cadet. Putain. Je le hais, je le déteste tellement que ma voix semble blasée et fatiguée lorsque je lui dis les yeux dans les yeux. Il s’installe, ne m’épargne rien. Et la colère prend le relai : acide, violente, déçue. En fait, il n’y a pas que le père qui est déçu du fils, il y a aussi le fils qui est déçu du père. Je le déteste, putain, je le déteste de me ressembler autant, de refuser de me mentir, même un peu, pour me faire croire que je mérite un peu d’attention. Je suis tellement en colère, au final, que je ne retiens ni mes mots, ni mes pensées, ni ma manière de parler. J’ai refusé dès mon plus jeune âge d’entrer dans le moule mais contre mon gré, il faut bien se le dire, j’ai quand même acquis certains réflexes. Et si face à Martial, je n’hésite jamais à insulter mon père, devant lui… ce doit être la première ou deuxième fois que je le traite de connard. Et directement, je sens bien qu’il n’apprécie pas. Tant pis pour lui. Tant mieux pour moi. "Fais attention, Marius. Ce n'est pas parce que tu es alité ici que tu peux te permettre de me parler sur ce ton... Si tu as besoin d'apprendre le respect, je peux encore m'en charger !" J’arque un sourcil. Il parle d’apprendre quelque chose ? Mais il joue à quoi avec moi, vraiment ? Avec insolence, je rétorque immédiatement. « Je croyais que tu n’étais pas mon père, qu’on avait mis les choses au clair il y a cinq ans, donc le respect, tu sais où tu peux te le mettre ? » Je meurs de trouille. Mais j’attaque, toujours. Pas question que je baisse la tête, pas question que je me la ferme, surtout pas maintenant, pas alors qu’on m’a humilié, piétiné, pas alors que je me suis rendu compte qu’en fait, je ne valais réellement rien.

La torture continue. Encore. Il attaque, je riposte. Il me fait mal, j’essaye maladroitement de le blesser à mon tour. Ouais, t’aimes pas que je t’appelles connard ? Et bien reprends toi en une couche dans la tronche. Et je te déteste encore davantage parce que tu refuses même de m’écouter, de tenir compte de ce que je dis. Les choses sont claires ? J’ai envie de lui cracher à la gueule ce que je pense de ça mais je me retiens dans un quoi définitivement amer. Et il change de sujet, parce que c’est comme ça qu’il fonctionne au final. Pas le droit de répliquer, pas le droit de ne pas être d’accord, le Padre décide que le sujet est clos, alors il est clos. Putain que je le déteste, lui et son autorité à la con contre laquelle je lutte sans jamais vraiment gagner. J’ai beau essayer de faire genre il ne m’intéresse pas, j’ai beau reporter toute mon attention sur mon portable, envoyer des SMS, je perds. Toujours. Faut croire que si j’ai hérité de sa ténacité, sa patience est partie aux oubliettes. Et sa main qui appuie mon téléphone n’est qu’une preuve de plus de l’emprise qu’il a sur moi parce que j’ai beau me crisper, je me contente de le regarder dans les yeux. "Laisse ce téléphone, s'il te plaît... Ça ne sert à rien de t'acharner dessus..." J’ai envie de pleurer, comme face à Kingsley. J’ai envie de l’insulter, de hurler, de tempêter, mais rien n’y fait, je craque. Et je mens, comme un arracheur de dents, comme un fils Caesar. En français, parce que c’est ma langue, malgré ces années américaines. Un mensonge sur lequel je bute, qui se fragilise, que je maintiens malgré tout. "Le pare brise, peut-être ? C'est drôle... Ces choses là sont censées se briser en petits éclats justement pour éviter ce genre d'incidents. Tu n'as pas eu de chance..." Je fronce les sourcils. « Ouais, c’est ça, pas eu de chance » je répète en écho. Encore une fois, il est où le piège ? Il me fait croire qu’il est dans mon camp et qu’il gobe le tout ? Il ne s’applique pas à démonter mon mensonge pièce par pièce pour me prouver que j’ai tort, qu’il a raison et que je ne suis qu’un petit insolent de menteur ? Je décide de sauter sur l’occasion, ne la loupons pas, et me dis que s’il est suffisamment bizarre pour accepter mon mensonge éhonté, peut être qu’il va enfin m’écouter lorsque je vais lui dire de dégager de ma chambre. Première excuse : je suis fatigué. Mon cul, ouais, je n’ai qu’une envie : voir Martial. Et être débarrassé de la présence dérangeante du padre. "Bien sûr... Je suppose que c'est ton cœur qui te fatigue ?" BAM. En parlant de cœur, le mien vient de s’arrêter et refuse même de repartir. Ma réponse vient, automatique, pendant que mon cerveau est occupé à bugger et à chercher une solution de repli. « Mon cœur va très bien, j’vois pas de problème. » Je blêmis. Totalement. "Ton médecin m'a tout expliqué. Il m'a aussi dit que tu lui avais interdit d'en parler à Martial... Pourquoi ? Que tu ne veuilles pas m'en parler, je comprendrais. Tu n'as jamais rien voulu me dire. Mais ton frère ? Je croyais que tu lui disais tout ?" J’ai dit que j’avais blêmis ? Et bien là, c’est pire. Je hausse le ton automatiquement. « Tu ne sais RIEN du tout ! Et je t’interdis de parler de Martial, je t’interdis de parler de Martial et de moi ! » Comment ose-t-il remettre en cause ma sincérité envers mon frère hein, comment peut il… il n’a pas tort, c’est ça le pire. Oui, je dis tout à Martial. Mais pas ça. Et pas ma grossesse – ou plutôt celle de Cressy. Parce qu’il y a des choses, je m’en aperçois de plus en plus, qu’il ne faut peut être pas dire cash. « J’ai aucune explication à te donner. » Vraiment aucune. "C'est pour ça que tu as renoncé au handball, il y a cinq ans ? Si tu m'en avais parlé, nous aurions peut-être pu faire quelque chose..." Je le regarde comme s’il était stupide.

Lui en parler ? Vraiment ? Il s’entend là, il croit ce qu’il dit ? « Tu te fous vraiment de ma gueule, en fait, jusqu’au bout. » Ce n’est même pas une question. J’ai du mal à respirer pour la simple raison que je respire de plus en plus vite. Colère. Dépit. Colère. Putain, comment peut il être mon père ? "Qu'est ce que tu attends réellement, Marius... ?" Mes mains tremblent et lâchent mon portable. Ce que j’attends ? Plein de choses. Plein de choses de sa part, plein de choses de la vie, trop de choses. « Rien, rien de toi. Je n’attends plus rien depuis longtemps. Non mais tu t’entends ? Si tu m’en avais parlé… Comme si tu aurais été capable de m’écouter ! » Je détourne le regard en croisant les bras, grimaçant au passant lorsque je heurte ma main transpercée. « Et de toute manière, tu n’aurais rien pu faire. Mais sois content, d’ici quelques années, au train auquel ça va, tu seras débarrassé de moi définitivement. » Le ton monte, à nouveau, enfle au rythme de ma colère, de ma rancœur, de ma rancune accumulée en cinq ans. « C’est de ta faute ! C’est de ta faute si j’ai ce cœur de merde, de toute manière, c’est de ta faute tout ça ! Et t’aurais rien pu faire, parce que mon cœur est pourri et on peut pas le changer et que je vais finir par crever, soit d’ennui en ne faisant plus de sports, soit comme il y a deux mois en essayant de vivre normalement ! » Aussi étonnant que cela puisse paraître, je hurle mais je ne pleure pas. Tant mieux. « C’EST DE TA FAUTE ! Parce que tu me détestes, parce que tu ne m’as jamais aimé, juste parce que je n’étais pas comme toi. Et même maintenant tu n’en as rien à faire de moi, alors réponds moi franchement, EN QUOI CA T'INTÉRESSE TOUT CA ! En quoi ça change ta vie de savoir pour mon cœur, en quoi ça change ta vie de savoir que je vais finir par crever comme un gland ? »
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeVen 17 Juil 2015 - 21:43

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar


« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
Hippolyte n'était pas le genre d'homme à s'émouvoir facilement ou encore à montrer clairement son affection pour qui que ce soit. Il avait cessé de verser la moindre larme ou de s'emporter à la moindre contrariété lorsqu'il était entré dans l'adolescence et avait compris le sens du mot « responsabilité ». En réalité, c'était un homme qui avait grandit bien trop vite, et s'était enfermé derrière une carapace de froideur pour s'assurer d'avoir l'air invincible. Pourquoi ? Parce qu'un adversaire qui semble détaché de tout, qui ne semble pas éprouver quoi que ce soit, c'est un adversaire redoutable. S'il avait montré ouvertement son affection pour sa famille, nulle doute que des gens peu recommandables s'en seraient pris à eux pour le faire tomber... Et ça, Hippolyte n'aurait su le tolérer. Il avait su se montrer très persuasif et charmeur lorsqu'il avait séduit son épouse, et s'il éprouvait de réels sentiments à son égard, il ne le montrait que très rarement. De même avec Martial. Il tenait à son fils aîné comme à la prunelle de ses yeux, aurait pu tuer de sang froid pour lui, aurait même pu faire des choses innommables pour le sauver, mais jamais il ne le prenait dans ses bras comme un père heureux de voir son fils, jamais il n'explosait de joie en apprenant une bonne nouvelle à son sujet... Tout au plus se contentait-il d'un sourire, quelques félicitations et une main sur l'épaule. C'était sa manière à lui de montrer à Martial à quel point il était fier de lui et l'aimait.

Quant à Marius... Il avait déçu son père à de nombreuses reprises, lui avait sans cesse tenu tête, l'avait traité de tous les noms, lui répondait déjà « non » avant de connaître le sens de ce mot... Les démonstrations d'affection se faisaient encore plus rares, avec lui... Voire inexistantes. Hippolyte avait tellement de mal à ne pas voir en Marius ce petit grain de sable qui s'insinuait toujours dans sa chaussures qu'il peinait encore à lui parler calmement... Sans avoir l'air dédaigneux ou hautain. Et pourtant, Marius était probablement sa plus grande faiblesse, au même titre que Martial. Car contrairement à son aîné, qu'il connaissait par cœur et dont il pensait pouvoir anticiper toutes les actions, Marius lui avait toujours filé entre les doigts comme de l'eau. Il ne le comprenait pas, n'arrivait pas à le cerner et parvenait encore moins à réagir en conséquence.
Comment ce gamin pouvait à ce point lui ressembler et être aussi différent ? Qu'avait-il raté avec lui et pas avec Martial ? C'était un mystère qui le poursuivait depuis des années et l'agaçait plus qu'autre chose.

Et comme à son habitude, Marius n'avait retenu que ce qu'il voulait bien retenir. Hippolyte leva les yeux au ciel en soupirant. Bien sûr que son fils n'avait gardé en mémoire que cette malheureuse phrase lancée sans réfléchir, bien sûr que dans son esprit, Hippolyte ne se considérait plus comme son père... Malheureusement c'était faux. Il avait deux fils, et si l'un était le roi des crétins, il n'avait d'autre choix que de composer avec... Le plus loin possible était le mieux, étrangement.

"Tu sais ce qui me fatigue, Marius ? Tu n'as jamais retenu que ce qui t'intéresse. Si je t'avais dis ce jour-là le contraire, tu m'aurais cru, peut-être ? Tu ne sais pas faire la différence entre des paroles en l'air et la réalité..."

Si Hippolyte comptait s'excuser pour les mots prononcés ce jour-là ? Non. Après tout, sur le coup il l'avait pensé. Il ne pouvait tolérer que son propre sang soit aussi ingrat et désinvolte. Mais avec le recul, il s'était calmé, il avait ruminé ses paroles... Il ne les pensait pas vraiment, finalement, mais faire comprendre ça à Marius, c'était comme essayer d'apprendre à un chien à parler... Disons pour être précis qu'Hyppolite ne pouvait renier totalement son fils, mais qu'il avait tant baissé dans son estime ce jour-là qu'il avait de plus en plus de mal à dire en public qu'il avait deux fils et non un.
Bien. Chose établie : Marius ne comptait pas lui faire cadeau d'une once de respect. Au moins, Hyppolite savait à quoi s'attendre pour la suite.

Tout ceci était paradoxal... L'un comme l'autre aurait préféré se trouver à des kilomètres d'ici, faisant l'autruche pour oublier ses problèmes, plutôt que l'un en face de l'autre. Et pourtant, ils avaient des choses à se dire. Beaucoup de choses. Des choses qu'en presque 27 ans, ils ne s'étaient jamais dites. Des choses irréparables, irrécupérables, qui laisseraient derrière elles des cicatrices douloureuses à vie, mais qu'il était possible d'oublier, à condition d'arrêter de se focaliser dessus.
Mais pour l'heure, il n'en était pas encore à évoquer ces vieilles blessures, ils en étaient encore à essayer de comprendre le langage de l'autre et ça, ce n'était pas une mince affaire.

« Ouais, c’est ça, pas eu de chance »

Comme s'y attendait Hippolyte, Marius refusait de lui donner quoi que ce soit d'autre comme explication. Plus buté qu'une mule, le père pouvait bien faire tout ce qu'il voulait, il n'obtiendrait jamais rien de son fils. C'était probablement l'une de ses plus grandes qualités, et qu'il avait toujours utilisé pour tenir à son père : Il était d'une ténacité hors du commun. Etant plus jeune, le priver de sortie, de dessert, ou de quoi que ce soit d'autre n'avait jamais eu le moindre effet. Quand Marius refusait quelque chose, peu importe les conséquences il ne revenait pas sur sa décision. Et ce n'était pas faute de l'avoir puni, pourtant. Aussi, Hippolyte savait qu'il était inutile de reposer la question à Marius. S'il ne voulait pas répondre, il ne répondrait pas. Ce qui agaçait prodigieusement son père.

Mais ce mensonge là n'était rien à côté du reste. Quand Marius soutint que son cœur allait bien, son père pinça les lèvres, se retenant de lui lancer qu'il était inutile de lui mentir. Plus son fils hausse le ton, plus Hippolyte s'agace, et plus il agace, plus il devient acide et agressif à son tour.

"Oh mais arrête ton cirque, tu veux ! J'en ai plus qu'assez de ton petit jeu de gamin pourri gâté qui pense qu'il peut emmerder le monde sans qu'on lui en tienne rigueur ! Ai-je dis quoi que ce soit sur votre relation, à ton frère et toi ? Non. Et pourtant, si j'étais le monstre dont tu parles, j'aurais du tout faire pour vous empêcher de vous voir, il y a cinq ans. Est ce que je l'ai fais ? Non. Je relève simplement que tu n'as pas voulu lui parler de tes problèmes de santé. Ah et en effet : Je ne sais rien, c'est bien pour ça que je te pose la question... Ne te fais pas passer pour plus bête que tu n'es..."

Ca, Hippolyte le savait. Si Marius passait son temps à faire le mariole, il était loin d'être complètement idiot. Il manquait simplement d'ambition, et la queue de vache qu'il avait dans la main l'avait toujours maintenant dans la moyenne et non le haut de la liste. Seulement il avait dépassé les bornes, et de nouvelles paroles blessantes étaient prononcées des deux côtés. Et ça n'allait pas s'arranger.

Lorsqu'Hippolyte posa cette question, si simple en apparence, qu'il se posait depuis des années, Marius explosa. Il s'était attendu à bien des choses, mais pas à ça. C'était donc ça, l'image qu'il renvoyait à son fils ? Celle d'un homme sans cœur qui le haïssait depuis toutes ces années ? Pourtant, Martial n'avait... Non. En réalité, sur ce sujet, Hippolyte ignorait ce que pensait Martial également. Parce qu'il ne lui avait jamais demandé si, à ses yeux, il agissait correctement, ce qui n'avait fait que le conforter dans l'idée qu'il était un bon père et Marius et mauvais fils. S'était-il donc fourvoyé depuis tout ce temps ? Il était impensable pour cet homme qui avait tant fait pour se hisser à la place qu'il occupait à présent d'être un mauvais père.
Seulement, les mots de Marius étaient sincères, il n'avait pas à réfléchir à son discours, c'étaient vingt années d'aigreur refoulée qu'il déversait sur lui comme un seau de glaçons.

Hippolyte resta alors un long moment silencieux, incapable d'ouvrir la bouche. Son masque de froideur venait de se briser, se muant en une incrédulité teintée d'une pointe de regret. Ces mots-là, il les avait redouté au point de refuser de les entendre jusque là. « C'est de ta faute », ces quelques mots résonnaient dans son esprit au point de lui donner la nausée. Finalement, c'est une expression de tristesse tout à fait sincère qui se peignit sur son visage. La première depuis bien longtemps, et elle ne dura que l'espace de quelques secondes, le temps qu'il retrouve cette figure impassible qui le caractérisait tant. Dans d'autres circonstances, il aurait été impensable que cela se produise. Mais la santé de Marius, ses blessures et sa sincérité avaient eu raison l'espace d'un instant de sa si précieuse armure.

Hippolyte se leva alors, sans un mot, et se tourna vers la sortie. Il quitta la chambre, refermant doucement la porte derrière lui, et se dirigea vers le distributeur de boisson le plus proche. Alors qu'il patientait pendant que la machine lui servait un café qui serait de toute manière imbuvable, il se prit la tête entre les mains. Il était las. Las de ne pas comprendre quelque chose d'aussi évident qu'un humain, las de devoir se battre pour des réponses... Las de constater qu'il ne s'était jamais préparé à ce que qui que ce soit lui résiste. Il récupéra alors son café, ainsi qu'une bouteille de soda, et retourna jusqu'à la chambre. Il se rassit en silence dans le fauteuil à côté du lit Marius, posa la bouteille sur la table de chevet et commença à siroter tranquillement son café. Une façon pour lui de se donner une contenance tandis qu'il cherchait ses mots. Des mots assez fort pour lui montrer que Marius avait tort. Il reposa le gobelet et se lança, sans préambule.

"Tu te trompes. Souffla-t-il. Je ne te déteste pas. Je ne t'ai jamais détesté. Je t'ai préféré Martial parce qu'il a toujours été calme, obéissant et sage... Parce qu'il était plus facile à comprendre, parce que... Parce que c'était moins fatiguant pour moi de cerner ses intentions... Avec toi, je n'ai jamais su sur quel pied danser ni quelle attitude adopter. Je me suis toujours demandé si un oui de ta part ne voulait pas dire non et inversement, j'en suis venu à ne plus discerner le mensonge de la vérité dans tes paroles... A ne plus reconnaître en toi que mon propre échec, je le reconnais."

Admettre ses torts lui coûtait plus qu'il ne l'aurait voulu, d'autant qu'il n'en était qu'à effleurer la surface des problèmes qu'ils traînaient tous les deux depuis des années.

"Je n'ai jamais souhaité ça pour toi. Je n'ai jamais voulu que ton cœur te fasse faux bond..." Hippolyte poursuivit, ne se rendant même pas compte du très mauvais jeu de mots qu'il venait de faire. "Que tu m'en veuilles, que tu me traites d'insensible, je peux le concevoir, même si j'ai du mal à le comprendre. Mais si tu n'avais pas la moindre importance à mes yeux, je ne serais pas en train de te parler. Je ne serais même pas entré dans ta chambre, si je ne m'étais pas inquiété... La vérité, Marius, c'est que toi et moi nous ne nous sommes jamais compris. Peut-être ne t'ai-je pas assez écouté, et peut-être n'as-tu jamais pris le temps de me parler, mais les faits sont là. Tu m'as souvent déçu, tu m'as mis en colère de bien des manières, mais je n'ai jamais cessé de m'inquiéter pour toi. Crois-tu sincèrement que je vivrais comme un soulagement d'apprendre que ton cœur t'a tué avant même que tu aies eu trente ans ? Tu me crois dépourvu d'humanité à ce point ? Ton état m'intéresse parce qu'il m'inquiète, bougre d'idiot !"

Se rendant compte qu'il commençait lui aussi à hausser le ton sous le coup de l'énervement, Hippolyte marqua un nouveau temps de silence, finissant son café au passage.

"Si tu veux m'imputer la faute de ta défaillance cardiaque, très bien. S'il te faut une personne à haïr et blâmer pour cela, fais-le. Mais je ne l'ai jamais souhaité, tout comme je t'affirme que j'aimerais pouvoir faire quelque chose contre ça. Je ne suis pas fou, Marius. Je suis simplement fatigué de ces querelles, parce que tu me dis que tu n'attends rien de moi, mais si c'était réellement le cas tu ne t'énerverais pas à ce point. Par fierté tu refuses de me parler. Je t'assure que je n'ai pas voulu ça, Marius..."

Il aurait pu le dire. Il aurait pu simplement lui dire que malgré les querelles, la déception, cette envie constante qu'il avait de secouer son fils pour le pousser à ouvrir les yeux au lieu de se comporter comme un gamin, que malgré tout ça il tenait à lui et qu'il l'aimait... Mais c'était trop lui demander. C'était comme briser son propre credo, c'était se montrer trop faible, à ses yeux. S'excuser l'était tout autant.

"Tu sais mieux que quiconque que si tout ça ne m'intéressait pas, je ne prendrais pas la peine de faire semblant."

Hippolyte s'étonnait lui-même d'être resté aussi calme jusque là. Pourtant, il était partagé entre un étrange sentiment de colère contre la Terre entière, et cette lassitude teintée de regret qui l'avait pris à la gorge quelques minutes plus tôt. Cette soirée et cette ambiance était définitivement étranges.

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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeDim 19 Juil 2015 - 12:03

je veux pas te voir  
"Oh mais arrête ton cirque, tu veux ! J'en ai plus qu'assez de ton petit jeu de gamin pourri gâté qui pense qu'il peut emmerder le monde sans qu'on lui en tienne rigueur ! Ai-je dis quoi que ce soit sur votre relation, à ton frère et toi ? Non. Et pourtant, si j'étais le monstre dont tu parles, j'aurais du tout faire pour vous empêcher de vous voir, il y a cinq ans. Est ce que je l'ai fais ? Non. Je relève simplement que tu n'as pas voulu lui parler de tes problèmes de santé. Ah et en effet : Je ne sais rien, c'est bien pour ça que je te pose la question... Ne te fais pas passer pour plus bête que tu n'es..." Je n’y crois pas. Il remet en doute la complicité que j’ai avec mon frère et il se fait passer pour la victime, là ? Non mais j’hallucine ! C’est moi le gamin pourri gâté ? C’est moi le monstre, c’est lui l’ange innocent qui n’a toujours voulu que notre bien ? « Va te faire foutre. » Comment ose-t-il, bordel ?! Je relève simplement ? Et bien relève ton gros cul et sors de ma chambre ! J’ai envie de lui hurler tout ça, je me contente de lui cracher que je n’ai aucune explication à lui donner. Strictement aucune. Et il ose tenter de comprendre mon raisonnement et remettre le hand sur le tapis, comme si changer de sujet pour aller vers un pire allait me calmer. Mais quel con, bordel, mais quel con ! Il se fout de moi, il se fout de moi jusqu’au bout et il n’essaye même pas de le cacher. Qu’est ce que j’attends ? Rien. Tout. J’en sais rien.

Je crois que je ne le lui ai jamais dit en face. Ou alors pas aussi… pas aussi franchement, pas avec autant d’insistance. En même temps, je n’ai jamais été aussi proche de la rupture psychologique. J’imagine que mon obstination fait de moi quelqu’un de fort ou de courageux, dans les romans. Quelqu’un qu’on ne brise pas facilement, qui s’en sort toujours d’une pirouette ou d’une autre, avec un deus ex machina ou juste un simple coup de chance. J’imagine que sur le papier, ça rend bien tout ça. Mais dans la vraie vie, j’ai juste envie de pleurer, j’ai juste envie de hurler, j’ai juste envie de voir Martial et qu’il me prenne dans ses bras parce que mon père ne le fera jamais et que j’ai juste besoin de réconfort, là, maintenant, tout de suite. Alors je lui hurle dessus parce qu’il est la seule personne dans la pièce. Alors c’est lui qui se prend tout dans la tronche, et tout est mérité j’en suis certain. Je crois que je ne lui ai jamais dit en face alors mieux vaut tard que jamais, Padre. Je te déteste, je te déteste juste tellement parce que tout est de ma faute. Tu veux qu’on parle calmement ? J’en suis incapable. Je hurle. Tout ce que j’ai sur le cœur. Ma colère, ma rancœur. Je vais crever, c’est juste tellement clair dans ma tête que je ne comprends pas qu’il ne puisse pas forcément en avoir conscience. Mon cœur, c’est une bombe à retardement parce que je suis incapable de le laisser au repos. Je veux pas être handicapé, je veux pouvoir vivre comme un con, pouvoir vivre comme j’ai toujours vécu. Alors je vais crever, et si t’en as pas conscience, Papa, alors je vais tâcher de te le faire comprendre. Tu n’aurais rien pu faire de toute manière, si je t’en avais parlé. Parce que c’est une malformation et en dehors de changer de cœur, je peux rien faire. Prendre des médocs, éviter le sport… la bonne blague. Je vais finir par crever. Et tu te demandes encore pourquoi je l’ai pas dit à Martial ? Parce que je ne peux pas, parce que je ne veux pas. Je suis déjà un raté, je veux pas en plus être une grenade, je ne veux pas en plus être un condamné. Je suis un putain de raté, je l’ai bien compris, et tu veux qu’en plus je dise à mon frère jumeau que je suis mal foutu au point de crever parce que mon cœur n’arrivera plus à battre normalement ?

Le ton monte, inexorablement. C’est de ta faute, c’est de ta faute. Je sais que c’est irraisonnable de l’accuser de ça, mais il faut bien accuser quelqu’un et j’ai ma cible toute trouvée devant moi. Je te déteste, je te déteste tellement parce que tu me détestes et que tu ne m’as jamais aimé. J’ai sûrement l’air con, à presque vingt-sept ans, de ne pas réussir à accepter ça. Mais j’en suis incapable parce que je reste et je resterai un foutu gamin dans ma tête le temps qu’il faudra. Il me déteste, il n’en a rien à faire de moi, alors bordel pourquoi est ce qu’il fait semblant de s’intéresser brutalement à moi ? Vingt six ans de silence, de conflits, de déception et parce qu’il sait que mon cœur va mal il se fait d’un coup du souci pour moi ? C’est quoi ce délire ? Il me prend pour un crétin peut être, un imbécile qui va entrer dans son jeu ? Je craque. Totalement. Je crois que je ne lui ai jamais dit aussi cash ce que je pensais de lui parce que même si je sais être parfaitement sincère, je ne le suis que face à Martial. La vérité brute, incontrôlée, écrasante, mon père n’y a jamais eu droit, ou alors que brièvement dans mes colères d’adolescent lorsqu’il daignait me faire rentrer sur Paris le Week-End. Et j’ai la surprise de le voir fermer sa gueule.

Je ne sais pas si ce qui est le pire, d’ailleurs : faire vaciller le bloc de glace ou ne pas l’érafler. Jusqu’à présent, je n’avais jamais réussi quoique ce soit face à lui. Lorsque je hurlais, il hurlait à son tour ou se renfermait, plus glacial que jamais. Là… j’ai le plaisir de voir sa carapace se fendiller. Je suis son fils. Son fils cadet. J’ai son obstination, j’ai sa capacité d’observation lorsque je ne suis pas occupé à faire le con. Et là, hors d’haleine, je n’ai plus la force de faire le con. Son visage se brise sous mes yeux, se délite, le mirage disparaît et il redevient lui-même. Et j’en viens à douter. Ai-je vraiment réussi à me faire comprendre, pour une fois ? Il se lève, je le suis du regard, moi aussi étrangement muet. Il me tourne le dos lorsque je l’appelle dans un murmure inaudible. « Papa ? ». Ca doit faire six ans que je ne l’ai pas appelé Papa en face, d’ailleurs. Je me prends la tête entre les mains. Putain mais qu’est ce qui m’a pris, hein ? Il va revenir, plus froid que jamais. J’ai du rêver : jamais mon père ne laisse transparaître autre chose que du dédain et du mépris, encore moins à mon intention. Je me laisse tomber sur l’oreiller, tire les draps pour me réinstaller en chien de fusil. Non, il ne va pas revenir. Et moi je veux voir Martial. Je veux voir Astrid. Je veux même voir Cressy, histoire de me dire que je ne suis peut être pas si raté que ça. La porte s’ouvre, je me retourne brutalement dans une grimace de douleur lorsque ma jambe se réveille. Je me redresse aussitôt. « T’es pas parti ? » Très bonne observation, Marius.

Il se rassoit en silence sur le fauteuil, pose un soda sur la table sous mon regard méfiant. C’est quoi ça ? Mon regard ne cesse de faire des aller-retour entre son café, ses yeux, le soda, son café, ses yeux, le soda… Je sursaute presque lorsqu’il repose sa tasse. "Tu te trompes. Ah ? C’est nouveau ça, je me fais ironiquement la remarque. De toute manière, je me trompe toujours selon lui. Je ne te déteste pas. Je ne t'ai jamais détesté. Je t'ai préféré Martial parce qu'il a toujours été calme, obéissant et sage... Parce qu'il était plus facile à comprendre, parce que... Parce que c'était moins fatiguant pour moi de cerner ses intentions... Avec toi, je n'ai jamais su sur quel pied danser ni quelle attitude adopter. Je me suis toujours demandé si un oui de ta part ne voulait pas dire non et inversement, j'en suis venu à ne plus discerner le mensonge de la vérité dans tes paroles... A ne plus reconnaître en toi que mon propre échec, je le reconnais." Je le regarde fixement. N’écoute pas, n’écoute rien, Marius. Ce ne sont que des mensonges, ce ne sont que des jeux de sa part pour te rendre totalement taré. Ne l’écoute pas, Marius, pour ta propre santé mentale. Mais comme d’habitude, je ne fais jamais ce que je devrais et je ne peux pas m’empêcher d’y croire un peu. Il ne le déteste pas ? "Je n'ai jamais souhaité ça pour toi. Je n'ai jamais voulu que ton cœur te fasse faux bond. Que tu m'en veuilles, que tu me traites d'insensible, je peux le concevoir, même si j'ai du mal à le comprendre. Mais si tu n'avais pas la moindre importance à mes yeux, je ne serais pas en train de te parler. Je ne serais même pas entré dans ta chambre, si je ne m'étais pas inquiété... La vérité, Marius, c'est que toi et moi nous ne nous sommes jamais compris. Peut-être ne t'ai-je pas assez écouté, et peut-être n'as-tu jamais pris le temps de me parler, mais les faits sont là. Tu m'as souvent déçu, tu m'as mis en colère de bien des manières, mais je n'ai jamais cessé de m'inquiéter pour toi. Crois-tu sincèrement que je vivrais comme un soulagement d'apprendre que ton cœur t'a tué avant même que tu aies eu trente ans ? Tu me crois dépourvu d'humanité à ce point ? Ton état m'intéresse parce qu'il m'inquiète, bougre d'idiot !" J’ai les larmes aux yeux, putain. Parce que j’ai envie de le croire mais que je ne peux pas parce qu’il est mon père et donc qu’il ne m’aime pas. C’est plus simple comme ça. Je rêve ou… Je secoue la tête. Non, ce ne sont que des conneries. Je refuse de le croire. « Tu mens, c’est ça ? Tu dis juste ce que j’ai envie d’entendre en te disant que ça va arranger les choses ? » Je ne suis pas crédible une seconde. La plupart des gens pense que je suis débile, et c’est certainement vrai. Je me suis toujours dit qu’être débile, c’était le rêve. Mais je suis quand même le fils de mon père, le frère de mon jumeau : j’ai quelques neurones. Et je sais que mon père n’a pas tort, qu’il ne ment pas, qu’il est juste… qu’on prend juste brutalement le temps de se parler, qu’il prend le temps de m’écouter, que je suis contraint pour ma part de faire de même de mon côté. "Si tu veux m'imputer la faute de ta défaillance cardiaque, très bien. S'il te faut une personne à haïr et blâmer pour cela, fais-le. Mais je ne l'ai jamais souhaité, tout comme je t'affirme que j'aimerais pouvoir faire quelque chose contre ça. Je ne suis pas fou, Marius. Je suis simplement fatigué de ces querelles, parce que tu me dis que tu n'attends rien de moi, mais si c'était réellement le cas tu ne t'énerverais pas à ce point. Par fierté tu refuses de me parler. Je t'assure que je n'ai pas voulu ça, Marius..." Je ne sais pas quoi répondre. Je ne suis pas fou. Bah alors c’est moi qui le suis. Ma vie est devenue un gros bordel et je ne sais pas vraiment ce qui est le plus dérangeant. Je vais devenir père. J’aime Astrid. Elle ne m’aime pas. Le meilleur ami de mon frère a voulu me tuer et mon frère… Et mon père me parle les yeux dans les yeux sans me répéter – ou du moins sans insister sur le fait – que je suis une véritable déception.

Je ne sais pas quoi répondre. Alors je me tais, étrangement. "Tu sais mieux que quiconque que si tout ça ne m'intéressait pas, je ne prendrais pas la peine de faire semblant." Il est calme. Moi je le suis à nouveau. Pris au dépourvu, mon cerveau n’arrive pas à établir de plan de défense. « Alors pourquoi maintenant ? Tu dis que t’es fatigué de nos querelles mais… au contraire, ça faisait cinq ans qu’on ne s’était pas engueulé. Alors pourquoi maintenant ? J’suis pas très futé, faut m’expliquer. Depuis que j’ai cinq ans tu t’appliques à me faire comprendre que je suis un raté. Tu n’es jamais venu me voir jouer au hand, tu ne m’as jamais félicité alors que j’étais le meilleur, alors que j’aurai pu avoir une place dans l’histoire. Tu n’as jamais fait l’effort de voir que même si j’en ai rien à battre de ton petit monde de coincés du cul, moi aussi j’avais des qualités. Et là, parce que j’ai un cœur de merde, tu me dis que tu te fais du souci pour moi ? Je sais pas… tu penses sincèrement que je vais te croire ? J’suis même pas sûr que tu puisses nommer trois de mes centres d’intérêt. » J’hausse les épaules, remontant le genou de ma jambe valide pour m’y appuyer. « C’est pas pour Marius que tu fais du souci, c’est pas Marius qui t’intéresse, c’est juste le cadet Caesar que t’es obligé de te traîner parce que tu n’as pas le droit de véritablement me renier. » Je secoue la tête. « Et si un jour j’ai un gosse, ce ne sera pas à mon gosse que tu t’intéresseras, ce sera au Caesar que tu verras que tu prêteras attention. »

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeLun 20 Juil 2015 - 16:04

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar


« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
Hippolyte était un homme très occupé, sûrement trop, qui vivait pour son travail et la chasse, pour qui la plupart des loisirs et les moments de détente représentaient une perte de temps. Pourtant, il lui était arrivé à de nombreuses reprises de rester des heures dans son canapé à regarder en boucle les innombrables films que possédait son épouse. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'il ne lui fallait pas plus de cinq heures de sommeil pour être en forme, et que pendant ses longues périodes d'insomnies, seuls ces films, ou plutôt ces ramassis de conneries comme il les appelait, parvenaient à l'endormir. Il en avait vu passer, des scénarios ridicules... Des histoires à mourir d'ennui, des personnages abrutissants et des dénouements sirupeux qui de toute manière prônaient l'amour filial, fraternel, les sentiments sans aucune logique... Pourquoi songeait-il à cela, d'un coup ? Parce qu'il se souvenait de ce films où un père et un fils étaient en froid depuis des années, incapables de se parler correctement et en conflit ouvert et constant. Plus d'une fois, il avait cru pouvoir s'identifier à ce père s'obstinant à vouloir modeler son fils comme il le voulait et pourtant, il en était loin : Il suffisait à ce père de dire à son fils « tu te souviens quand... ? » et les souvenirs heureux suivaient, l'évocation de certains événements les faisaient rire, ils se réconciliaient et fin de l'histoire.

Mais non seulement Hippolyte trouvait cela complètement idiot d'aller chercher un vieux souvenir heureux pour justifier des erreurs et servir d'excuse, mais surtout... Il n'aurait eu aucun souvenir à mentionner à Marius. Rien. Le néant total. Oh comme bien des familles ils étaient partis en vacances, durant l'enfance des jumeaux ! Mais c'était simplement un moyen de les occuper pendant qu'Hippolyte continuait à travailler, et les seuls souvenirs qu'il avait de cette époque étaient les engueulades avec Marius qui était aller voler des glaces pour son frère, la fois où il avait fait semblant de se noyer pour tester son père... Cette fois aussi où Hippolyte avait du accuser les regards outrés d'autres parents sur une plage où il n'avait même pas daigné lever les yeux de son bouquin quand son fils l'appelait... Non vraiment, il ne se souvenait pas de beaucoup de bons moments passés avec Marius. Et lui non plus, probablement. En y réfléchissant bien, ils auraient pu trouver des journées où ils ne s'étaient pas engueulés et où finalement tout s'était bien passé... Mais c'était souvent des journées où ils ne s'étaient tout simplement pas adressé la parole.

Finalement, cela faisait sûrement plus de cinq ans qu'ils ne s'étaient pas parlé plus de trente secondes. Enfin parlé... C'était vite dit. La réponse de Marius ne fit qu'accroître l'état d'agacement de son père. « Va te faire foutre. » Hippolyte ferma un instant les yeux, la mâchoire serrée. « Ne pas s'énerver, ne pas s'énerver, ne pas lui mettre une, il est déjà assez amoché... » Voilà ce qu'il se répétait intérieurement depuis quelques minutes. Car il commençait tout juste à comprendre l'ampleur de la situation. Marius ne s'était jamais caché de ses conneries. Quand il revenait le nez en sang étant plus jeune, il n'avait aucun scrupule à dire fièrement qu'il s'était battu, qu'il ait ou non perdu d'ailleurs. Et là... Là il préférait se cacher derrière un bête accident de moto ? Hippolyte était tellement habitué à ce que son fils mente comme un arracheur de dents qu'il ne pouvait le croire. Lui même était très doué pour mentir à ses investisseurs ou les laboratoires avec lesquels il signait... Marius avait sûrement hérité de ça chez lui. Mais jamais il ne mentait ainsi à sa famille. Il préférait leur servir une vérité froide et dure comme du granit qu'un joli mensonge enrobé de sucre glace. A un détail près, il n'avait pas dit à Marius qu'il était chasseur de mutants à ses heures. A quoi bon, ça n'aurait rien changé à son existence, du moins c'est ce qu'il croyait.

Seulement, Hippolyte ne comprenait pas pourquoi Marius s'obstinait à lui mentir ainsi. Il devait pourtant savoir que son père était sûrement la deuxième personne la mieux placée pour savoir quand il racontait des salades, après Martial. Et cette histoire de problème de cœur qui laissait un coup amer dans la bouche du père... Jamais il n'avait imaginé comment il réagirait si on lui apprenait que son fils avait succombé à une maladie cardiaque. Dans son esprit, ses fils devaient lui survivre, qu'ils lui fassent honneur ou non. De toute manière, une fois six pieds sous terre il ne se soucierait plus de grand chose. Mais si Marius venait à mourir dans les prochains mois ? Ou les prochaines semaines ? S'il ne prenait pas le temps de parler avec lui, pour ne pas rester sur une note aussi acide ?

Voilà bien une chose à laquelle Hippolyte n'avait jamais songé, tant elle lui paraissait ridicule. Et à présent qu'il en prenait conscience, il ne pouvait tolérer de rester sur un échec. Car à ses yeux, s'il ne parvenait pas à obtenir autre chose que des cris de la part de son fils, c'était comme s'avouer vaincu. Et Hippolyte Caesar était tout sauf le genre d'homme à se laisser abattre par un défi. En revanche, il aurait préféré pouvoir faire rentrer Marius dans le moule sans avoir à se battre mais ça, c'était encore autre chose. Pourtant... Marius se doutait-il que son père aurait été capable de tuer le premier venu de sang froid pour lui offrir un cœur viable ? Que déception et rébellion ou non, il défendait son sang coûte que coûte ? Probablement pas. Et Hippolyte se garda bien de le dire à son fils. Au risque de passer pour un cinglé, il l'aurait simplement fait rire jaune. Seulement maintenant qu'il savait, Hippolyte avait d'autant plus envie de secouer Marius pour lui dire d'arrêter d'être un crétin et de mettre sa vie en danger. Ils ne s'entendaient pas ? Très bien. Était-ce une raison pour faire le con et manquer de se faire tuer à la première occasion ? Et que lui était-il arrivé, bon sang ?

A mesure que les minutes passaient et que l'incompréhension d'Hippolyte grandissait, il sentait son calme se faner petit à petit, tandis qu'une sombre et froide colère venait lui chatouiller la glotte et les narines. Il se souvint alors de ces nombreuses fois où Jeanne, son épouse, lui avait demandé pourquoi il continuait à s'acharner, pourquoi il n'ignorait pas simplement ce vilain petit canard qui détruisait tout de leur petit monde de luxe bien rangé ? Jamais il n'avait répondu plus clairement que par un grognement. Car en effet, Marius s'était rarement fait réprimander par sa mère. Elle se contentait de ne voir en lui qu'un élément dérangeant du mobilier, là où Hippolyte s'était acharné à faire de lui ce qu'il voulait. Des deux, lequel était le plus en tort, finalement ? Difficile à dire... Hippolyte avait tenté l'ignorance pendant cinq ans, et voilà où tout cela l'avait mené. Nulle part.

Alors il se leva, Marius ayant finalement réussi à briser l'espace d'un instant sa carapace de glace. Une expression fugace, à laquelle un inconnu n'aurait pas fait attention, mais qui n'échappa pas au père et certainement pas au fils. Et lorsqu'il l'entendit l'appeler « Papa ? », Hippolyte fut plus que soulagé d'être dos à lui et de ne pas voir ses yeux. Un seul mot avait suffit à lui rappeler que oui, ils étaient du même sang, de la même lignée, qu'ils se ressemblaient bien trop et cultivaient pourtant leurs différences. Parce qu'il savait très bien que s'il se retournait, il lirait à son tour dans son regard la déception que son fils devait voir dans ses propres yeux.

Lorsqu'il revint, les mots quittèrent ses lèvres avant même qu'il ait put y réfléchir. Avec une aisance et une honnêteté qui le surprennent lui même. Hippolyte était davantage un mur de retenue, un discours toujours savamment contrôlé, jamais un mot choisi au hasard... Sauf devant Marius. Oh le gamin aurait pu se vanter d'être capable de le faire sortir de ses gonds comme bon lui semblait, il aurait eu raison ! Et malgré tout cela, il espérait secrètement que Marius le croit et ne prenne pas cela pour une tentative de manipulation. De toute manière, c'était une chose qui n'avait jamais marché avec lui.

« Tu mens, c’est ça ? Tu dis juste ce que j’ai envie d’entendre en te disant que ça va arranger les choses ? »

Hippolyte poussa un léger soupir. Bien sûr que les choses auraient été trop simples si Marius s'était contenté de croire à ce qu'il disait...

"Tu te souviens de ce que je t'ai dis il y a... A peine dix minutes ? Je n'ai aucun intérêt à te mentir. Et tu sais très bien quand je mens. Ce n'est certainement pas comme ça que je m'y prendrais si je cherchais à t'embobiner."

Si c'était le cas, il aurait été plus subtil, aurait choisi des mots plus forts... Mais à quoi bon ? Et puis la réponse tomba. Implacable. Dite avec un calme remarquable, venant de Marius. Une vérité qu'Hippolyte se prit de plein fouet, peinant à la digérer. Pourquoi ? Parce qu'il avait raison. Sur plus d'un point. Oui Hippolyte s'intéresserait davantage au nom de ses petits enfants qu'à leur personnalité s'il en avait, en effet il n'était jamais venu voir Marius jouer au hand... Il s'était toujours tenu au courant des résultats par l'intermédiaire du garde du corps des jumeaux, lui demandant chaque fois un rapport précis des match mais... Est ce que cela remplaçait la présence d'un père encourageant son fils dans les tribunes ? Non. En aucun cas. Il ne s'était jamais intéressé qu'aux scores, aux notes, aux résultats, il n'avait jamais vécu cela directement avec son fils... Parce qu'il était trop occupé, parce qu'il avait autre chose à faire... Certes mais n'avait-il pas parfois réussi à se libérer pour les récitals de violon de Martial ? Tout bien réfléchi, si. Inconsciemment, il avait toujours réussi à trouver un temps pour Martial qu'il n'avait jamais pour Marius. Et même en ayant connaissance de ses excellentes capacités de sportif, jamais il n'avait fait l'effort de lui dire qu'il était fier de lui. Pourquoi ? Parce que c'était trop dur d'admettre que ce gamin qui refusait tout en bloc venant de son père pouvait être bon dans une discipline qui n'était pas la sienne. Sa carrure et sa forme physique, Hippolyte les devait aux entraînements, aux traques et aux arts martiaux lui servant à se défendre. Mais sur un stade, le ballon en mains, Marius l'aurait battu à plates coutures. N'était-ce pas cela, en plus du reste, qui l'avait toujours empêché de lui dire qu'il était fier de lui ? Le fait de le savoir meilleur que lui dans une discipline ? Si ça n'avait été que ça... Mais il lui avait tellement tenu tête, s'était tant acharné à lui faire comprendre que jamais il n'obéirait qu'Hippolyte avait été incapable de lui reconnaître le moindre talent. Et même si, avec le temps, son jugement s'était un peu calmé, il restait toujours persuadé que son cadet aurait été capable de beaucoup plus...

"Écoute... Marius... Je...", commença-t-il, peinant pour la première fois à trouver ses mots. "J'ai bien compris que je ne te changerai pas. Il m'aura fallu du temps, mais ce n'est pas vingt six années à porter fièrement ce caractère de rebelle qui vont changer en cinq minutes. Mais toi non plus tu ne me changeras pas. Je ne peux pas m'inventer un tempérament que je n'ai pas pour te faire croire que j'ai changé. Parce que c'est faux. En revanche tu me demandes pourquoi maintenant. C'est vrai, ton état de santé participe à tout ça, mais ce n'est pas ce qui prime. Disons plutôt que cinq années de silence radio m'ont amenées à réfléchir à tout ça, à repenser à ce qui nous avait amenés à nous disputer quotidiennement. Je ne te cache pas que je t'ai traité d'idiot pas mal de fois et que j'étais plus serein le soir en sachant que je ne risquais pas de me disputer avec toi. Est ce que ça m'a rendu plus heureux ? Non. Parce que même si ça t'emmerde de l'admettre, tu es mon fils. Ça ne fait pas de moi le père de l'année, et je n'ai jamais prétendu l'être. Je ne pense pas non plus être le pire."

Il se pencha alors, posant son menton sur ses mains liées. Il réfléchit un instant avant de poursuivre.

"Je ne suis jamais venu te voir jouer au hand, c'est un fait. Je n'ai jamais pris le temps de m'intéresser à ce que tu faisais, soit parce que tu allais trop vite, soit parce que j'étais occupé, je n'en sais rien. Je t'ai toujours rabaissé en pensant te pousser vers le haut, persuadé que tu valais mieux... Je me rends compte à présent que c'était pas la bonne stratégie à avoir avec toi. J'ai toujours eu le sentiment que si j'essayais de m'intéresser à ton monde, tu m'en claquerais la porte au nez, par défi ou par peur que je ne le mette à sac... L'ennui, c'est que tu te fourvoies sur mes intentions et moi les tiennes. Alors quoi ? Nous en restons là, bêtement butés comme des mules ? Ou bien nous essayons d'avancer ?"

Ce devait être la première fois qu'Hippolyte sous entendait réellement son intention de se réconcilier avec Marius. Du moins dans une certaine mesure. Il était évident que jamais il n'approuverait la vie que menait son fils ou sa façon de parler. Il pouvait simplement essayer de composer avec, et ce serait long... Il y en aurait, des engueulades avant qu'ils arrivent à se comprendre sans se chamailler encore plus. Seulement, Hippolyte en avait assez de se battre avec une stratégie qui de toute manière ne fonctionnait pas. Il n'en était pas encore au stade des excuses, mais il prenait sur lui pour ne pas simplement adopter à nouveau cette attitude qu'il avait quand Marius était enfant : Je suis ton père, tais-toi et obéis.

Finalement, il s'enfonça à nouveau dans son fauteuil, déterminé à terminer ce qu'il avait à dire.

"Non c'est vrai. Je ne sais pas grand chose de tes centres d'intérêts... Le handball en est un mais ce n'est un secret pour personne... Les jeux vidéo, si j'ai bien compris... Il y en a un autre, je crois. Étrangement, te dire de faire tes devoirs, ça n'a jamais marché que pour une chose : Les maths. Tu n'as jamais été capable de me dire en quelle année avait eu lieu la bataille de Verdun, mais me réciter les cinquante premières décimales de pi, ça aucun problème. Tu vois, je ne suis pas si peu attentionné que ça...", dit-il en esquissant un demi-sourire.

Le voilà, son souvenir. C'était bête, mais ce jour où Hippolyte avait incendié Marius pour sa mauvaise note en histoire, le gamin avait tenté de relever le niveau avec les maths. Et si Hippolyte l'avait finalement puni pour son mauvais bulletin, il l'avait sentit, ce sentiment d'accomplissement en voyant que son fils n'était peut-être pas si irrécupérable... Il le comprenait à présent qu'ils discutaient tous les deux comme deux adultes : Ils se connaissaient aussi peu que deux inconnus venant de se rencontrer.

Mais quant à sa dernière remarque, Hippolyte se garda bien d'admettre qu'en effet, il s'intéresserait à l'enfant d'abord pour son nom, si ça devait arriver. Il fut alors tenter de faire un trait d'humour en disant à Marius qu'il espérait bien que l'enfant ressemblerait à son grand père... Mais premièrement l'humour et Hippolyte, c'était aussi courant qu'une année bissextile, mais ce n'était pas franchement le moment de tenter ça. Il se contenta alors d'une réponse bien plus sommaire.

"Je tâcherais de m'en souvenir le moment venu... Tu te sens déjà l'âme d'un père, pour penser ça ?"

C'était une question purement polie, sur le ton de la conversation... Après tout, Hippolyte ignorait totalement que Marius serait père quelques mois plus tard. Il aurait de toute manière eut du mal à le croire.

"Tu ne veux vraiment pas me dire ce qui t'es arrivé hier soir ?"

Qui ne tente rien, n'a rien, après tout... S'il doutait d'avoir une réponse claire, Hippolyte espérait bien avoir un semblant de vérité plutôt qu'un mensonge auquel même Marius ne devait pas croire.

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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeMar 21 Juil 2015 - 22:04

je veux pas te voir  
Si, il y a une semaine, on m’avait demandé, dis, charmant Marius, bel Apollon de mon cœur, (oui, je mets les formes pour que ce soit plus réaliste) , beau Marius, quel est le pire selon toi entre avoir un père salaud, connard, qui te déteste et qui ne s’en cache pas mais prévisible et avoir un père qui, surprise, avoue être humain et avoir potentiellement merdé quelque part dans ton éducation ? Juste comme ça, hein, pour faire la conversation et bien déjà je lui aurai répondu d’aller se faire foutre parce que je n’aime pas qu’on me parle de mon père, et ensuite j’aurai répondu la première option sans la moindre hésitation parce qu’un père salaud, je connais, j’ai donné. Mais là, alors que ce con ose me balancer calmement qu’il ne me déteste pas, là, la deuxième option ne me semble pas si stupide que ça. Et elle me semble aussi être la pire. Un père qui me déteste, j’ai dit que j’avais donné et bien justement, c’est un avantage. Parce que je sais où je vais lorsque je suis obligé de le croiser, parce que je sais à quoi m’attendre, parce que je le connais. Alors que le Padre qui est devant moi en ce moment… il me fait peur parce qu’il détonne totalement avec ce que j’ai toujours connu.

Bien sûr, je dis que ça me déroute, que ça me fait flipper, mais ne vous méprenez pas, je sais bien qu’il se fout de ma tronche, qu’il se fout de ma gueule, qu’il se fout de moi tout court. Je le connais trop bien justement : il me ment. Il s’amuse avec mes espoirs, il s’amuse avec ce que j’ai toujours voulu pour mieux me planter un couteau dans le dos et me traîner plus bas que terre dans deux secondes si j’ai le malheur de croire une seule de ses affirmations. Avec mon père, il y a toujours un piège devant un signe de gentillesse. Je cède à ton caprice Marius ? Et bien c’est pour mieux te flanquer une rouste derrière. Okay, tu es viré de cet établissement et tu en es fier ? Et bien je te colle au bagne pendant tout le reste de ta scolarité, sans ton frère, tu verras si t’as eu une bonne idée. Je fronce les sourcils. Ne me la fais pas, Papa, il y a toujours un piège, et le piège là, même si j’ai envie d’y foncer tête baissé, il ne m’aura pas : je sais bien que tu me détestes. Et même si son soupir et sa spontanéité ont quelque chose de louche et de dérangeant, je n’ai pas le droit de baisser ma garde une seconde. Voilà, c’est ça, il dit juste ce que j’ai envie d’entendre, voilà tout. "Tu te souviens de ce que je t'ai dis il y a... A peine dix minutes ? Je n'ai aucun intérêt à te mentir. Et tu sais très bien quand je mens. Ce n'est certainement pas comme ça que je m'y prendrais si je cherchais à t'embobiner." Je secoue la tête. Non, non, non  et non, tu ne m’auras pas ! Bien sûr qu’il n’a aucun intérêt à me mentir, bien sûr que s’il cherchait à m’embobiner il ne s’y prendrait pas comme ça, mais il ne peut pas me dire la vérité parce qu’il m’a suffisamment prouvé en bientôt vingt sept ans qu’il me détestait, bordel ! J’ai envie de m’énerver, j’ai envie de pleurer, j’ai envie de lui faire avaler son gobelet de café, gobelet compris bien sûr, par les oreilles. Original, je sais, mais l’originalité est mon fort. Et en parlant d’originalité, j’en fais preuve en me trouvant étrangement calme lorsque je le regarde dans les yeux. Soit. Il veut jouer à ce jeu là ? Et bien qu’il y joue, moi je vais lui prouver par A plus B qu’il a tort. C’est de toute évidence quand je cesse de ne pas vouloir réfléchir que je suis le posé et le plus semblable à ce que mon père a toujours attendu de moi. Tu ne me détestes pas ? Et bien prouve le moi. Tu ne me connais pas. Tu n’es jamais venu me voir, tu ne t’es jamais intéressé à moi. Prouve moi que j’ai tort, connard. Je le regarde avec ce calme implacable qui m’est d’ordinaire étranger. "Écoute... Marius... Je..." Mon calme disparait d’un seul coup. Pardon ? je rêve ou je viens de réussir l’impossible ? "J'ai bien compris que je ne te changerai pas. Il m'aura fallu du temps, mais ce n'est pas vingt six années à porter fièrement ce caractère de rebelle qui vont changer en cinq minutes. Mais toi non plus tu ne me changeras pas. Je ne peux pas m'inventer un tempérament que je n'ai pas pour te faire croire que j'ai changé. Parce que c'est faux. En revanche tu me demandes pourquoi maintenant. C'est vrai, ton état de santé participe à tout ça, mais ce n'est pas ce qui prime. Disons plutôt que cinq années de silence radio m'ont amenées à réfléchir à tout ça, à repenser à ce qui nous avait amenés à nous disputer quotidiennement. Je ne te cache pas que je t'ai traité d'idiot pas mal de fois et que j'étais plus serein le soir en sachant que je ne risquais pas de me disputer avec toi. Est ce que ça m'a rendu plus heureux ? Non. Parce que même si ça t'emmerde de l'admettre, tu es mon fils. Ça ne fait pas de moi le père de l'année, et je n'ai jamais prétendu l'être. Je ne pense pas non plus être le pire." J’ai envie de me boucher les oreilles et de chanter lalalalalala sans m’arrêter pour ne plus l’entendre. Je ne veux plus t’entendre. Tout sur mon visage laisse paraître la réalité : je suis totalement vulnérable. Parce que même si je sais qu’il me ment, même si je sais qu’il ne peut pas dire la vérité ni même quoique ce soit d’approchant, je le laisse me convaincre par ce qu’il raconte. J’ai même les larmes aux yeux. tu es mon fils. Putain, putain. Il ne l’a pas dit. Il l’a dit ? Non, il ne l’a pas dit. Je serre les dents. Je reste bloqué à ça. « Bien sûr que je suis ton fils. Tu le découvres que maintenant ? Ah, ça non, t’es pas le père de l’année ! » Et moi non plus je ne le serai pas.  LOL. Je le regarde réfléchir. Il est bien comme Martial : à décortiquer ce que j’ai dit pour répondre à toutes les conneries que j’ai pu baver sans m’en rendre compte. Et si avec Martial, ça me va, avec Hippolyte… Je ferme les yeux lorsqu’il continue de raconter des conneries. Oui, il n’est jamais venu me voir jouer au hand, c’est ce que je lui ai dit. A quoi ça lui sert de me le répéter ? Retourner le couteau dans la plaie ? Ce serait bien son genre. "… L'ennui, c'est que tu te fourvoies sur mes intentions et moi les tiennes. Alors quoi ? Nous en restons là, bêtement butés comme des mules ? Ou bien nous essayons d'avancer ?" Ah ben, tiens. Je me trompe, encore. Ouais, rester butés comme des mules ça me tente bien. « J’ai bien envie d’avancer, mais j’ai comme l’impression que si je fais un pas, tu vas m’écraser. Tu sais, comme tu en as toujours eu l’habitude. Papa, j’ai eu un 19 en maths. Marius, c’est quoi ce 0 en français ? Tu t’en souviens ? » J’ai peur. J’ai envie de hurler, j’ai envie de le croire. Et je sens bien, aussi, qu’il veut faire quelque chose, qu’il veut faire vraiment un pas en avant. J’ai envie de le croire, j’ai peur de le croire. Alors j’attaque. Et je tourne en dérision son effort pour mieux le réduire en poussière et me protéger. "Non c'est vrai. Je ne sais pas grand chose de tes centres d'intérêts... Le handball en est un mais ce n'est un secret pour personne... Les jeux vidéo, si j'ai bien compris... Il y en a un autre, je crois. Étrangement, te dire de faire tes devoirs, ça n'a jamais marché que pour une chose : Les maths. Tu n'as jamais été capable de me dire en quelle année avait eu lieu la bataille de Verdun, mais me réciter les cinquante premières décimales de pi, ça aucun problème. Tu vois, je ne suis pas si peu attentionné que ça..." Il s’obstine, le bougre, il s’obstine. Et son demi-sourire, même si je veux le détester, même si je veux le lui faire ravaler, je ne peux pas m’empêcher de lui renvoyer. « Je m’en souviens ouais… j’avais décidé de te prouver que… je ne sais pas trop quoi. » Finalement, peut être qu’on peut tenter l’aventure d’un pas en avant. Peut être. J’ai la mauvaise impression que je vais y laisser ma peau. Mais comme d’habitude, parce qu’on ne perd pas les bonnes habitudes, hein Papa ?, il ne me laisse pas le temps de réfléchir. "Je tâcherais de m'en souvenir le moment venu... Tu te sens déjà l'âme d'un père, pour penser ça ?" Hum. Un pas en avant, j’ai dit, pas dix kilomètres : pas question que je lui parle de la crevette. Ce n’est pas parce qu’il est humain trente secondes qu’il doit nécessairement avoir le droit de connaître toute ma vie. Non ? "Tu ne veux vraiment pas me dire ce qui t'es arrivé hier soir ?" Okay. J’ai rien dit. Rien dit du tout : je n’aime pas cette question pas du tout. Et s’il faut sortir l’artillerie lourde pour qu’il lâche l’affaire une fois pour toute, et bien sortons là.

Je le regarde dans les yeux. Comme si j’allais répondre à sa question. L’air complètement sérieux. 95% du temps, je suis totalement transparent, perméable. On lit ma vie, mes sentiments, mes émotions sur mon visage. 95% du temps. Sauf quand je mens. Lorsque je mens sérieusement. Comme maintenant. Mes yeux pétillent d’amusement, certes, mais… mon père ne sera jamais capable de le voir donc ce n’est pas grave. J’ai l’air concentré, comme si j’étais intelligent pour la première fois de sa vie, comme si j’étais conciliant, aussi. « Je ne voulais pas te le dire à la base… mais… » Mes yeux se détournent, fuient, esquivent son visage et je regarde ailleurs. Et je me permets de sourire. Avec cet air insolent qui me caractérise lorsque je mens, lorsque je fais une bêtise, lorsque je m’apprête à en faire une. J’attrape mon téléphone. « si tu es vraiment prêt à tenter de me comprendre… à tenter de changer… » Cette fois, je recommence à le regarder dans les yeux, sans pouvoir m’empêcher de sourire. « Ne l’oublie pas lorsque tu regardes ton petit fils. » Je lui montre sur mon portable la dernière photo que l’on a eu de l’échographie. « Je n’ai peut être pas l’âme d’un père, mais le statut, d’ici deux mois oui. Je vais être père, Papa. Et toi tu vas être grand père. » Prends toi ça dans la tronche. Et n’essaye plus de savoir ce qui m’est arrivé et prouve moi que tu veux effectivement changer de comportement et que même si c’est trop tard pour moi, tu verras mon fils plutôt qu’un Caesar.

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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 14:44

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar


« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
S'il y a bien une chose pour laquelle Hippolyte n'avait jamais été doué, c'était bien pour faire preuve de patience face à Marius. Quand il s'agissait de s'arranger avec des investisseurs, il pouvait être aussi patient et froid qu'un rapace, mais face à son fils... Il avait l'impression que son calme le quittait, le poussant alors à réagir impulsivement d'une seule manière : En lui hurlant dessus ou en le dénigrant. Et ce soir, il se découvrait un calme nouveau, qui lui avait manqué pendant bien des années. S'il s'était bien débrouillé, Hippolyte aurait pu manipuler Marius bien avant pour le plier à sa volonté, mais c'était trop tard. Il se méfiait bien trop maintenant, et le père commençait à sentir l'impatience pointer le bout de son nez. Une heure maintenant qu'ils échangeaient des paroles sèches et autre argument sans valeur. Une heure que Marius devait compter les minutes le séparant du départ de son père... Une heure qu'Hippolyte espérait bien obtenir autre chose qu'un dégage ou vas te faire foutre de la part de son fils.

Seulement pour une fois, Hippolyte ne ferait pas un pas en arrière. Au contraire, il irait à sa rencontre, dans l'espoir que cette méthode soit plus efficace. Il ne perdait pas l'espoir de réussir un jour à faire de Marius ce qu'il avait toujours voulu. Car il n'était pas conciliant pour rien, loin de là. Certes il était décidé à se montrer un peu moins autoritaire, mais il avait aussi une idée derrière la tête, et c'était sûrement ça qui rendait Marius aussi méfiant. Seulement... Sa façon de lui renvoyer la balle sans même prendre le temps de jouer avec tendance à l'énerver encore plus. Il venait d'avouer qu'il n'était pas le père de l'année, était-ce une raison pour une rajouter ? Pour Marius, il fallait croire que oui.

A cet instant, Hippolyte fut tenté d'éclater de rire et de lui dire qu'il se fourvoyait s'il pensait le connaître véritablement. Pour Marius, son père était sans doute un homme glacial et dépourvu d'amour, qui avait fait de son enfance un enchaînement de cris et de déceptions, un type sans scrupule qui démolissait le travail d'autrui pour mieux le rebâtir à son image... Et il avait raison de penser cela, car ce n'était pas loin de la vérité. Seulement, Hippolyte aurait été curieux de voir comment réagirait son fils en apprenant que c'était aussi un meurtrier ? Aux yeux de son père, les mutants n'étaient qu'un gibier comme un autre, mais pour quelqu'un d'autre ? N'était-ce pas du meurtre gratuit ? Pouvait-il avoir une image encore plus négatif de son paternel en apprenant qu'il en avait torturé plus d'un pour quelques renseignements et qu'il n'éprouvait aucun remord vis à vis de cela ? Pourtant si. On pouvait imaginer pire encore. Car Marius voyait déjà un monstre en son père. Il l'aurait probablement haït plus encore s'il avait apprit que ce même père avait fait de son frère adoré un tueur à son image. Définitivement, ce n'était pas une bonne idée de tenter l'expérience. Mieux valait qu'il reste dans l'ignorance pour le moment.

"Oui je m'en souviens. Mais si je t'avais félicité, ça ne t'aurait pas fais avancer. Tu serais resté une calamité en grammaire. Quand je félicitais ton frère, c'est qu'il l'avait mérité. Et puis tu aurais préféré un père qui se fiche de tes résultats ? Tu me l'aurais reproché tout autant !"

Voyant que Marius n'avait pas l'air décidé à toucher au soda qu'il lui avait ramené, Hippolyte l'ouvrit et en but une gorgée en faisant la grimace. Comment pouvait-on apprécier une chose aussi sucrée ? C'était bien parce que parler autant avec Marius lui donnait soif...

"Seulement tout ça, c'est le passé. Si tu es prêt à faire un pas vers moi, je le suis aussi. Tu ne t'attends certainement pas à des miracles et moi non plus, mais j'y tiens..."

Il espérait bien réussir à le convaincre avant la fin de la soirée... Ce serait difficile et délicat, et Hippolyte se rendait à présent compte qu'il devrait mesurer chacun de ses mots à chacune de leur rencontre, mais le jeu en valait sûrement la chandelle. Il était prêt à accepter que Marius lui prouve qu'il avait eu tort ces vingt dernières années. D'ailleurs, quand il lui avoua avoir un jour voulu lui prouver quelque chose, Hippolyte haussa un sourcil. Avait-il réussi quelque chose avec lui, finalement ?

"Tu cherchais à me prouver quoi, exactement ?"

Mais le sujet fut rapidement balayé pour embrayer sur le suivant, qu'Hippolyte trouvait amusant tant il impliquait le conditionnel. Marius père. L'addition des deux lui semblant irréaliste tant il voyait en son fils un enfant qui avait oublié de grandir. Il avait depuis longtemps fait une croix sur l'idée d'être un jour grand père du côté de son cadet. Tout cela lui semblait bien plus plausible venant de Martial ! Seulement... Une fois de plus, Hippolyte se trompait.

Lorsque Marius reconnu avoir songé à lui cacher quelque chose, son père en perdit le demi-sourire qui était venu éclairer son visage, et fronça à nouveau les sourcils avec un air grave. Il était d'autant plus attentif qu'il pensait à ce moment-là que Marius allait lui raconter ce qui s'était passé la veille.

« Ne l’oublie pas lorsque tu regardes ton petit fils. »

Cette phrase eu du mal à pénétrer dans l'esprit d'Hippolyte. Il avait beau la tourner et la retourner dans tous les sens, elle lui échappait. Comment ça son petit fils ? Quel petit fils ? Qu'est ce qui lui racontait comme ânerie, encore ?

« Je n’ai peut être pas l’âme d’un père, mais le statut, d’ici deux mois oui. Je vais être père, Papa. Et toi tu vas être grand père. »

Et non. Il n'avait pas comprit de travers. Marius allait bel et bien être p... Non c'était une mauvaise plaisanterie ! Hippolyte prit le téléphone, fixant l'échographie comme s'il s'agissait d'une relique sacrée dont on venait à peine de prouver l'existence. Imaginer Marius avec un bébé dans les bras lui semblait à peu près aussi surréaliste que d'imaginer l'existence des chimères et autres licornes : Cela relevait du mythe. En cinq ans, son fils avait-il à ce point changé qu'il en venait à être désormais capable de lui prouver qu'il avait toujours eu tort ?

Hippolyte releva les yeux et fixa ceux de Marius, y cherchant cette lueur de malice qui brillait toujours dans son regard lorsqu'il mentait... Rien. Rien qu'un sérieux auquel il n'était pas habitué, et cette expression tellement plus mature qu'elle semblait soudain le vieillir. A cet instant, Hippolyte avait l'impression non pas d'avoir mis un jeune homme de 21 ans à la porte, mais un enfant de douze ans, et de ne l'avoir revu que 25 ans plus tard... Marius était sérieux. On ne peut plus sérieux.

"Tu... Plaisantes, n'est ce pas ?" Marmonna Hippolyte, "Tu vas être père ? Mais... Comment ? Je veux dire quand et qui ?"

Cette fois, Marius pourrait se vanter d'avoir complètement fait perdre les pédales à son père. Après tout, Hippolyte était un humain, pas un robot, et ce genre de nouvelle, il ne pouvait les anticiper pour essayer d'avoir l'air le plus distant et stoïque possible. Il allait être grand père... Et si la nouvelle le surprenait et l'effrayait un peu à la fois, il ne pouvait empêcher ce petit sentiment de bonheur qu'il sentait lui réchauffer la poitrine. Il avait beau ne pas être très expressif, sa famille et son sang avaient une valeur inconditionnelle à ses yeux. A cet instant, c'est de la fierté qu'il ressentait en regardant ce petit être sur l'échographie. Parce que sur cette image, c'était un petit Caesar qui vivait. Et ça, Marius aurait du mal à le lui faire oublier. Se rendant soudain compte qu'il devait sourire bêtement, Hippolyte se racla la gorge et rendit le téléphone à son fils, une expression d'une neutralité totalement artificielle sur le visage.

"Et... Qui est sa mère ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? Je t'avoue que là, tu me surprends vraiment, Marius !"

Et cette fois, ce n'était pas dit d'une façon péjorative. S'il avait un peu peur de ce que Marius avait pu faire, il restait agréablement surpris. Seulement, l'ombre de ses vieux démons planait au dessus de sa tête, et il se souvint alors de Lexie, la fiancée de Martial... C'était de sa faute si elle avait perdu le bébé qu'elle attendait... Et Hippolyte ne se pardonnerait jamais d'avoir, malgré lui, tué à un petit Caesar. Cet événement n'avait fait que renforcer sa haine des mutants, à tel point qu'il craignait toujours de voir l'un d'entre eux approcher à nouveau Martial. Et si la compagne de Marius en était une elle aussi ? Pire... Si le bébé naissait mutant ? Autant d'ombres qui venaient assombrir un si radieux événement, pourtant. Hippolyte tenta alors d'afficher une expression plus détendue, mais il était sur le qui-vive, ses sens de chasseur en action. Que fallait-il dire à Marius, maintenant ?

"Il me semble que le mot s'impose, cette fois : Félicitations, Marius..."

C'était probablement la meilleure chose à dire pour ne pas le voir se fermer comme une huître. Et pour une fois, le père n'avait pas vraiment à se forcer pour dire cela. Il avait simplement du mal à se réjouir réellement à cause du souvenir de Lexie...

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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeMar 28 Juil 2015 - 18:53

je veux pas te voir  
"Oui je m'en souviens. Mais si je t'avais félicité, ça ne t'aurait pas fais avancer. Tu serais resté une calamité en grammaire. Quand je félicitais ton frère, c'est qu'il l'avait mérité. Et puis tu aurais préféré un père qui se fiche de tes résultats ? Tu me l'aurais reproché tout autant !" Ah. Ahah. Ahahah. Voilà, forcément il recommence, ou plutôt il continue. C’est toujours lui qui a raison, c’est toujours moi qui ai tort. De toute évidence, il est d’accord pour faire un pas en avant mais bien sûr, pas question d’accepter d’avoir tort, ah non, ce serait trop dur pour lui de se rendre compte pour une fois qu’il s’est comporté comme un connard. Je le déteste, bordel. Parce qu’il n’a pas le droit de me donner de faux espoirs, parce qu’il a beau se soucier visiblement de moi… il me ment, il joue avec moi et j’attends avec impatience le moment où il va véritablement abattre ses cartes. Je ne sais pas depuis combien de temps on parle mais je me rends compte d’un coup que je ne veux plus qu’il dégage. Plus vraiment. Que cette conversation est en train de crever un abcès si vieux que je ne parviens même pas à lui donner un âge. Que finalement, mon père n’est pas un cas si désespéré que ça. Il s’obstine, le bougre, il s’obstine dans son mensonge, dans sa manipulation, il s’obstine dans son envie de me faire croire qu’il veut vraiment chercher à me comprendre et à m’écouter. Et j’ai de moins en moins l’impression qu’il me ment. C’est flippant. C’est vraiment flippant. On parle de mon père, là. On parle de celui qui me faisait chanter en m’interdisant de jouer au hand lorsque j’étais trop insupportable, on parle de celui qui m’a foutu en internat militaire, on parle de celui qui a toujours ouvertement préféré mon frère jumeau, qui m’a toujours rabaissé, qui ne m’a jamais aimé. On parle d’Hippolyte Caesar, merde, il ne peut pas être là, à me balancer mes conneries à la figure avec un demi-sourire, un sourire putain, collé aux lèvres. Rendez-moi mon père, rendez-moi mon connard de père qui me déteste, avoir un père à l’écoute, c’est beaucoup trop déstabilisant en fin de compte, je ne suis pas certain d’en vouloir si c’est pour constamment remettre en doute ses paroles. C’est plus facile de croire quelqu’un qui vous rabaisser que quelqu’un qui accepte de vous écouter. Et ce coup des décimales de pi… faut bien se le dire, ça me surprend qu’il s’en souvienne. Et je ne peux pas m’empêcher de sourire moi aussi. Putain, je rêve où c’est de la complicité, là, qui lie ces deux sourires à la con ? "Tu cherchais à me prouver quoi, exactement ?" J’hausse les épaules. Je ne sais pas ce que je cherchais à lui prouver. Que moi aussi j’étais un peu intelligent ? Que même si je n’avais aucun goût pour l’école, j’avais aussi des choses à lui montrer dont il pouvait être fier ? Non, s’il faut être franc, je cherchais juste à lui prouver que quoiqu’il dise, quoiqu’il fasse, j’étais toujours capable de trouver un nouveau moyen de le faire chier et de le dérouter. Il se plaint de mes notes de français, je lui ramène un vingt en maths. Il se plaint de mes cours d’histoire – accumulation de dessins plus ou moins grossiers et abstraits – je lui récite les décimales de pi. Il m’interdit d’aller jouer au hand ? Je m’improvise un championnat de frisbee dans le couloir avec les assiettes en porcelaine de leur service de mariage.

Je soupire. On change de sujet. Mon regard file vers l’heure, je ne sais plus où j’en suis, je ne sais plus où nous en sommes. Putain. Un conditionnel, il met le sujet de la paternité sur le tapis. Et moi forcément, je pense à la crevette. La petite chose qui est de moi, qui est à moi, qui est unique et qui sera mon fils d’ici quelques mois. Non, pas question que je lui en parle, je n’en ai pas envie, pas envie du tout. Déjà parce qu’il ne le mérite pas, ensuite parce quoi qu’il dise, quoiqu’il fasse, je sais qu’il verra le Caesar et pas mon fils, et que s’il voit mon fils, il verra justement mon fils et pas le gosse en tant que personne à part entière. Et qu’il le détestera ou voudra le formater ou je ne sais pas quoi d’autre. Donc, bon, pas question que… Sa question me fait revoir l’ordre de mes priorités. Il ne faut pas me demander pourquoi je refuse de lui parler de Kingsley, d’Astrid, de cette terreur que j’ai ressentie lorsque j’ai compris que je n’étais qu’un putain de débile qui ne savait même pas s’en sortir et qui allait mourir parce qu’il avait une mutation tellement pourrie qu’elle ne lui servait qu’à se faire lyncher. Il ne faut pas me demander parce que je ne veux pas chercher la réponse à fournir. Orgueil, peur, orgueil ? Mon cerveau carbure et je conclus qu’il vaut mieux saisir l’occasion au vol et lui changer totalement les idées pour qu’il ne cherche plus à savoir ce qu’il s’est passé.

Et quoi de mieux comme diversion que de lui apprendre qu’il va être grand-père, le vieux ? Je me ragaillardis en jouant avec lui comme il se plait si souvent à jouer avec moi. Il veut savoir, il veut vraiment une réponse ? Et bien qu’il se mange ça dans les dents. Je lui sors le grand jeu, le combo complet du Marius qui ment et qui se fout royalement de sa tronche. Et je brandis avec un certain sourire victorieux, la photo de la dernière échographie en date. Ne l’oublie pas lorsque tu regardes ton petit fils. Mes yeux clairs partent immédiatement à la chasse de réaction. Et je poursuis, implacable. Tu vas être grand-père, connard. Et moi je vais être père, et je veux être un bien meilleur père que tu ne le seras jamais. Je m’accroche à mon téléphone une fraction de seconde avant de le lui laisser. J’ai l’impression qu’il a bugué. Et mon sourire fleurit un peu plus sur mes lèvres. Sourire de fierté, c’est sûr, sourire mesquin, aussi, à l’idée de le prendre au dépourvu. Il ne me voit pas père ? Et bien moi non plus. Mais je suis sûr que je vais être un père merveilleux parce que moi, au moins, j’aimerai mon gosse. Lorsqu’il relève la tête et me fixe, je le regarde avec aplomb. Je réponds à sa question implicite d’un sourire et d’un haussement de sourcils éloquents. « Non, je ne me fous pas de ta gueule, moi. » Appelez ça l’opportunisme, la bêtise ou l’instinct, mais je ne peux pas m’empêcher de profiter de son silence et de sa surprise pour attaquer avec insolence. "Tu... Plaisantes, n'est ce pas ? Tu vas être père ? Mais... Comment ? Je veux dire quand et qui ?" J’éclate de rire. C’est tellement génial de le voir hésiter, bégayer, être déstabilisé. C’est tellement génial que j’aimerai être deux fois, trois fois quatre fois père rien que pour voir sur sa tête ce petit côté… perdu. C’est tellement génial que je ne réfléchis pas et que je réponds du tac-au-tac. « Ca t’en bouche un coin, hein. Comment, j’vais peut être pas te faire un schéma, quand, d’ici deux mois, et qui… C’est moi qui vais être père, pas le facteur. » Je n’ai comme qui dirait pas très envie de répondre directement à sa question avec qui alors je prends la solution de facilité : me moquer de lui, ouvertement. Finalement, il semble petit à petit reprendre ses esprits – dommage, vu qu’il avait mon téléphone, je n’ai pas pu prendre de photo à envoyer à Martial – et me rend, justement, mon téléphone avec un… wait. « Je rêve ou tu souris comme un débile ? » "Et... Qui est sa mère ? Vous vous connaissez depuis longtemps ? Je t'avoue que là, tu me surprends vraiment, Marius !" Je lui fais un petit haussement d’épaules, fier de moi. Mais pas très impatient à l’idée de vraiment lui répondre. Je le surprends, mais de toute évidence, ce n’est pas tout à fait la même surprise que la fois où il s’est aperçu que j’avais repeint son bureau en rose fushia pendant sa semaine d’absence à l’étranger.  Et ça a quelque chose d’incroyablement gratifiant. Et… son sourire se volatilise, ses yeux se ferment, l’instant magique a disparu. Il a beau fermer son visage, je sens qu’il y a quelque chose de faux lorsqu’il reprend. "Il me semble que le mot s'impose, cette fois : Félicitations, Marius..." Je n’en veux pas de tes félicitations. Tu ne les penses pas. Où alors, tu les penses sans y penser. Je me ferme légèrement aussi, verrouille mon téléphone que je laisse tomber sur les draps à côté de moi. « Merci… » Je me mordille la lèvre. Allez, du nerf Marius, ce n’est pas comme si ça changeait de d’habitude ! Et tu l’as surpris, vraiment, positivement, surpris. Mon sourire rena ît. « Elle s’appelle Crescentia, Crescentia Spiegelman » Je me demande comment formuler la suite. Avant de me souvenir que je m’appelle Marius et non Hippolyte ou Martial, et que je n’ai jamais brillé par mon tact et ma diplomatie, et que ce qui me ressemble le mieux – et donc ce à quoi il est habitué – c’est de balancer tout cash en assumant totalement. « On s’est marié en cachette il y a un an, Martial était mon témoin d’ailleurs. Tu l’aurais su si tu ne m’avais pas foutu dehors. » Je laisse quelques secondes s’écouler avant d’exploser à nouveau de rire. « Mais nan, je rigole, c’était pas prévu, on a juste couché ensemble une fois et on a oublié les précautions de base et elle m’a retrouvé après. Mais elle est sympa, t’inquiète, intelligente, docteur en biologie, le genre de belle-fille que tu adorerais. » Il ne va pas trop aimer. Je pense. Je ne veux pas trop m’avancer, mais je doute que ce soit à ça qu’il pensait lorsqu’il a posé ses questions. Et je crois aussi qu’il n’aime pas trop mon humour, de base. Tant pis. « Plus sérieusement,… c’est comme ça. Tu t’attendais à quoi d’autre de ma part ? » Je ne me fais pas trop d’illusion : j’ai toujours été un coureur de jupons, déjà lorsque j’étais dans le hand et que je faisais des stages un peu partout dans le monde. Je me souviens d’ailleurs avoir fait la première page de je ne sais plus quel magazine people pour avoir couché avec une arbitre d’un match contre une équipe anglaise, quelque chose dans le genre, ce qui n’avait pas trop plu au Padre et à l’image des Caesar, à l’époque.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeJeu 30 Juil 2015 - 10:56

Je ne veux pas te voir

ft. Marius Caesar

« Cesseras-tu un jour de me contredire ? »
Par sa seule présence, Hippolyte était habitué à impressionner son auditoire, à faire courber les échines en quelques mots et à toujours obtenir ce qu'il voulait. Alors pourquoi diable Marius continuait-il à lui résister ? C'était frustrant, usant, horripilant, et pourtant ça forçait au respect. Il était la seule personne à lui avoir jamais résisté à ce point et à n'avoir rendu les armes qu'une ou deux fois lorsqu'il était enfant. Malheureusement, cette époque était révolue, et même bien diminué dans un lit d'hôpital, le gamin continuait à lui résister farouchement. Hippolyte retenait à grands peines le « Abruti » qui lui brûlait les lèvres, et il n'avait pas encore conscience que la suite des événements allaient le pousser à dire bien pire.

Et finalement, ils partagèrent un bref moment de complicité, animé par un sourire commun, mais qui se brisa comme du cristal à peine quelques secondes plus tard. Il leur était tellement plus facile de hausser le ton, de reporter les torts sur l'autre ou de se murer dans le silence... Accepter de partager quelque chose leur demandait un effort presque surhumain, après ce qu'ils avaient vécu. N'importe qui serait entré à cet instant et les aurait observé un moment aurait été pris d'une irrépressible envie de les secouer et de les traiter de tous les noms pour qu'ils arrêtent leur comédie ridicule. Mais si bien des choses les différenciaient, Marius et Hippolyte étaient fait du même moule. Bien trop têtus pour accepter de changer aussi facilement.

Et pourtant... Il avait suffit d'une phrase pour que soudain, Marius change totalement aux yeux de son père. Une photo, quelques ombres et des formes que lui même ne connaissait que trop bien... Il avait sous les yeux la preuve que Marius était sûrement bien plus adulte et responsable qu'il ne l'auraitt cru. Jamais il n'aurait pensé que son fils pourrait seulement se poser assez longtemps avec une femme pour avoir des enfants, et encore moins qu'il serait assez mâture pour l'assumer. Trop surprit pour réagir aux piques que lui lançait Marius, Hippolyte ne réagi pas en l'entendant rire. Il était bien trop ébahi pour comprendre que son fils se moquait de lui. Voilà longtemps qu'il ne s'était pas sentit aussi dépassé par les événements. Et pourtant, il s'en réjouit. Car malgré les apparences, malgré son air perdu, Hippolyte était fier de voir ce petit être figé sur un écran de téléphone. Et il se demandait à la fois quelle femme avait pu non seulement retenir assez longtemps son bourreau des cœurs de fils, mais qui réussissait surtout à le supporter. Il en fallait, du courage pour vivre au quotidien avec un énergumène pareil !

Reprenant peu à peu ses esprits, Hippolyte tiqua à la dernière moquerie : « Je rêve ou tu souris comme un débile ? » En effet, il ne s'était pas vraiment rendu compte de ce sourire qui était venu donner à son visage un air autrement plus humain et paternel que son expression naturelle si froide. A nouveau, c'est un moment de partage spontané bien trop éphémère qui se volatilisa. L'esprit ailleurs, Hippolyte avait certes renoncé à l'idée d'obtenir des informations au sujet de l'accident de Marius, mais il n'était pas décidé à le laisser s'en tirer sans avoir le nom de la future mère... Bien sûr qu'il allait faire des recherches à son sujet, bien sûr qu'il voudrait savoir qui elle était... Il ne s'appelait pas Hippolyte Caesar pour rien. Son comportement frisait la paranoïa, mais l'ombre de Lexie hantait toujours son esprit, et il ne comptait pas reproduire la même erreur. Il espérait bien rencontrer son petit fils un jour, il était même prêt à s'accorder un autre sourire idiot en reconnaissant les traits Caesar sur son visage. Seulement pour ça, il faudrait réussir à convaincre Marius qu'il était suffisamment ouvert d'esprit pour ne pas tenter de faire du petit un clone à son image. Et puis enfin, il eut sa réponse. La mère s'appelait donc Crescentia Spiegelman. Peu commun, comme prénom... Et probablement un nom allemand, car si le vocabulaire germanique d'Hippolyte n'était pas trop rouillé, il croyait bien se souvenir que « Spiegel » signifiait miroir dans la langue de Wagner. Il espérait simplement qu'elle ne serait pas le reflet de la connerie légendaire de son fils... Et il allait vite comprendre que le plus petit espoir le concernant était vain.

D'abord, Marius lui sorti le grand jeu. Le mariage, Martial en témoin... Et c'était bête mais pendant une fraction de seconde, Hippolyte y cru. Ou plutôt il aurait aimé y croire. Il aurait cent fois préféré que son fils se soit marié en secret, sans lui demander son avis – dont il n'avait pas besoin, mais ça c'était autre chose – que l'autre version des faits. Il aurait du se méfier... Oh oui il aurait du se méfier... Hippolyte aurait du savoir que Marius ne pouvait pas être ce fils qu'il avait imaginé pendant quelques minutes. Il aurait du savoir que cinq années de silence ne le changeraient pas...

Alors il serra les dents, ferma un instant les yeux et se prit le visage entre les mains. Abruti... Petit con... Et plus encore. Un idiot pareil, ce n'était pas concevable. A quel moment avait-il à ce point raté quelque chose dans l'éducation de ce gosse ? Avait-il donc donné tant à Martial qu'il n'avait pu offrir que les miettes d'un savoir vivre éculé à Marius ? Ou bien était-ce lui qui était trop bête pour comprendre que coucher avec la première venue et la mettre enceinte c'était le comble de l'inconscience ? Hippolyte voulait retirer tout ce qu'il avait dit, tout ce qu'il avait pensé pendant ces dix dernières minutes. Marius ne l'impressionnait pas par sa maturité mais bien par son idiotie, et ses félicitations... Et bien il pouvait se les mettre dans le fondement sans le moindre ménagement !

"Imbécile... Tu n'excelles pas dans grand chose, mais crois-moi tu mérites une palme en ce qui concerne l'idiotie.", marmonna Hippolyte, le visage toujours entre les mains.

Même maintenant, il tentait de mesurer ses mots, de ne pas hurler, de ne pas lui dire réellement ce qu'il pensait... Sinon il serait devenu vulgaire, et à ce jeu-là Marius le battrait haut la main. Finalement, Hippolyte releva la tête et plongea son regard dans celui de son fils. L'incrédulité, la lueur de regret, le regard paternel... Tout avait été soufflé par la dernière révélation de Marius. A présent, ce regard qu'Hippolyte posait sur son fils, c'était le dernier qu'il lui avait accordé cinq ans plus tôt, lorsqu'il l'avait mis à la porte. De la déception, de la colère, de la fatigue.

"As-tu seulement réfléchi une seconde aux conséquences de tes actes ? Ou bien t'es-tu dis « oh chouette ! Je vais être père et montrer au mien que je vaux carrément mieux que lui ! » ? As-tu seulement deux neurones capables de faire autre chose que frétiller à chaque fois que tu vois une jolie fille, merde ?"

Et voilà. La rupture s'était faite. Tous ces efforts mis à sac par quelques mots, c'était un gâchis sans nom.

"Le problème, Marius, c'est que tu voudrais que je te vois autrement. Tu voudrais que je sois fier de toi, que nous n'ayons plus ce genre de disputes... Mais tu t'es entendu ? Tu dis toi-même que je n'ai pas à m'attendre à autre chose de ta part... Tu voudrais que je sois fier de ça ? Du fait que tu sois aussi irresponsable ? Laisse-moi rire ! Si je m'attendais à autre chose de ta part ? Oui. Je l'ai espéré. J'ai vraiment espéré que tu me prouverais que j'avais tort, que tu étais un adulte et non pas un enfant de quatre ans qui fait sa crise !"

Hippolyte se tut, la mâchoire tendue sous l'effet de la colère. Il avait haussé le ton sans s'en rendre compte, jusqu'à ce qu'un voisin de chambre tape au mur pour lui intimer le silence. Se passant une main sur le visage, Hippolyte ne pouvait s'empêcher de voir ses propres erreurs se refléter dans celles de son fils. Lui aussi avait connu cela... Mettre enceinte une femme avec qui il n'avait couché qu'une seule fois. Lui aussi avait eu une fille, qu'il cachait à ses fils et son épouse depuis plus de vingt ans. Il masquait ses déplacements pour Lily en prétextant des voyages d'affaire depuis toujours, et n'avait jamais autant bénis sa fortune que depuis qu'il avait compris que son erreur lui coûterait très cher.

Seulement, s'il avait plus d'une fois parlé de Marius et Martial à sa fille, ce n'était pas réciproque. Il ne pouvait pas dire à Marius qu'il était passé par là et qu'il savait à quel point élever un enfant arrivé par accident était difficile. D'autant qu'il connaissait le caractère volage de son fils, il savait qu'il n'était pas prêt à se fixer... Comment grandirait le gamin ? En se demandant pourquoi son père ne passait le voir qu'une fois de temps en temps. Hippolyte était passé par là, et c'était d'autant plus le cas depuis qu'il vivait à une dizaine d'heures d'avion de Paris. Il mourrait d'envie de dire à Marius que c'était une erreur de penser que tout se passerait bien, parce que ça ne serait pas le cas... Mais il avait un secret à garder... Qu'il craignait de dévoiler en s'emportant ainsi.

"Tu veux me prouver que j'ai tort ? Tu veux que je te dise que tu avais raison et que je suis désolé ? Très bien. Dans ce cas arrête de dire que tu subis ta propre bêtise et que « c'est comme ça ». Et je t'entends déjà me dire que je suis mal placé pour te faire la morale, mais cet enfant n'a pas besoin d'un père qui lui prouvera qu'il peut-être bien mieux que son détestable grand père."

Restait à savoir si tout cela sonnait comme des reproches ou des excuses... Avec Hippolyte, rien n'était jamais certain. Il le démangeait, ce discours moralisateur sur l'attitude à avoir quand on est adulte et qu'on appartient à une famille déjà suffisamment médiatisée... Il aurait voulu lui dire qu'au lieu de faire la une des magazines pour ses aventures et ses conneries, il aurait pu commencer à grandir. Mais Hippolyte refusait l'idée d'avoir fait un pas en avant pour finalement en faire dix en arrière. Oui, il était déçu. Oui il avait espéré que Marius ne serait pas... Marius. Seulement il avait promis d'apprendre à composer avec. De se faire à ce tempérament de crétin fini, à ses yeux. Et il s'y ferait. Peut-être dans quelques mois ou dans dix ans, mais il s'y ferait. Du moins l'espérait-il.

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MessageSujet: Re: je veux pas te voir (pv Hippolyte)   je veux pas te voir (pv Hippolyte) Icon_minitimeSam 1 Aoû 2015 - 23:56

je veux pas te voir  
Okay, je l’admets, je l’avoue : j’y ai cru. Pendant une dizaine de secondes, j’y ai cru. J’ai cru que oui, mon père voulait bien changer. Déjà parce qu’il m’a souri le temps d’un soupir, ensuite parce qu’il a semblé vraiment intéressé par mon gosse. Enfin parce que… j’en avais envie, j’imagine. Donc, oui, je l’admets, pendant dix secondes, j’y ai cru. Puis je suis revenu à la raison et j’ai répondu à ses questions aussi stupides que prévisibles. D’abord par une phrase très sérieuse. Puis… j’ai tout brisé, tout détruit, tout réduit en fumée d’un éclat de rire et de quelques mots acides. Pourquoi est ce que j’ai fait ça, pourquoi est ce que j’ai pris le temps de lui raconter des bobards avant de tout lui balancer dans la tronche sans la moindre précaution ? Parce que. Parce que je suis comme ça. Aurais-je du lui mentir réellement ? Peut être. J’en suis incapable, pas sur du long terme, pas sur mon gosse. Putain mon gosse. Moi. Pourquoi est ce que je voudrais mentir à mon père sur la conception de mon gosse ? Ce serait trahir ce petit bout qui n’est pas encore né, ce serait me trahir que de préférer le mensonge à la vérité juste pour cajoler mon père et le caresser dans le sens du poil. Et bien non, Hippolyte, pas question. Sa réaction ne se fait pas attendre : il serre les dents, ferme les yeux, se prend le visage entre les mains. Et moi j’hésite entre me blinder face à sa colère et le fixer de toute la morgue insolente qui me caractérise. "Imbécile... Tu n'excelles pas dans grand chose, mais crois-moi tu mérites une palme en ce qui concerne l'idiotie." Et bien… les deux mon capitaine. Je le fixe avec le menton relevé, dans un air de défi. L’excellence dans l’idiotie ? Mais avec plaisir, connard. Parce que c’est mon but, justement, c’est mon but de traîner le nom des Caesar dans la boue. Parce que… la déception que je lis dans ses yeux, je n’en avais plus l’habitude.

Et elle me blesse. Si loin, si loin de ce semblant de complicité, si loin de cette préoccupation, si loin de… de ces dernières minutes… Elle me blesse encore plus qu’il y a cinq ans, elle me blesse plus que jamais. Parce que si je pensais pouvoir un jour le rendre fier, c’était en assumant l’une de mes conneries légendaires. Même si je les ai toujours assumées. Je le fixe sans un mot, glacé par sa déception. Mon cœur bat à toute vitesse dans ma poitrine. Paniqué. Détruit. Déçu. "As-tu seulement réfléchi une seconde aux conséquences de tes actes ? Ou bien t'es-tu dis « oh chouette ! Je vais être père et montrer au mien que je vaux carrément mieux que lui ! » ? As-tu seulement deux neurones capables de faire autre chose que frétiller à chaque fois que tu vois une jolie fille, merde ?" J’ai mal, putain, j’ai mal. Et ça fait d’autant plus mal que j’ai relâché ma vigilance et que j’y ai cru, lorsqu’il m’a dit vouloir faire des pas en avant. « C’est pas ça, tu ne comprends pas… » Si j’ai réfléchi ? Bien sûr que non, comment voulait-il que je réfléchisse, on était bourré ! Je respire plus vite. Toujours plus vite. "Le problème, Marius, c'est que tu voudrais que je te vois autrement. Tu voudrais que je sois fier de toi, que nous n'ayons plus ce genre de disputes... Mais tu t'es entendu ? Tu dis toi-même que je n'ai pas à m'attendre à autre chose de ta part... Tu voudrais que je sois fier de ça ? Du fait que tu sois aussi irresponsable ? Laisse-moi rire ! Si je m'attendais à autre chose de ta part ? Oui. Je l'ai espéré. J'ai vraiment espéré que tu me prouverais que j'avais tort, que tu étais un adulte et non pas un enfant de quatre ans qui fait sa crise !" J’en ai presque les larmes aux yeux. Je le déteste, putain, je le déteste. Je suis au bord de l’explosion, aussi. Parce qu’il me fait mal, ce putain d’enfoiré. « Mais… tu t’entends toi ? Qu’est ce que tu aurais préféré, bordel ? » Je me redresse dans le lit, avec difficulté. « Tu aurais voulu que je te mente ? Je ne suis pas irresponsable, putain ! JE VEUX LE RECONNAÎTRE CE GOSSE, PUTAIN, C’EST PAS DE LA RESPONSABILITE CA PEUT ÊTRE ? » Ma voix résonne contre les murs de la chambre, se brise. Un voisin de chambre nous interrompt, m’interrompt. Et pendant une poignée de seconde, le silence reprend ses droits alors que mon cœur, stimulé par ma colère, la douleur, ma panique, bat de plus en plus vite dans ma poitrine. Je serrerais bien les poings mais ma main blessée proteste. "Tu veux me prouver que j'ai tort ? Tu veux que je te dise que tu avais raison et que je suis désolé ? Très bien. Dans ce cas arrête de dire que tu subis ta propre bêtise et que « c'est comme ça ». Et je t'entends déjà me dire que je suis mal placé pour te faire la morale, mais cet enfant n'a pas besoin d'un père qui lui prouvera qu'il peut-être bien mieux que son détestable grand père."

J’ai l’impression d’avoir couru un marathon. Ma respiration, erratique, devient de plus en plus incontrôlable. Comme toujours lorsque je m’énerve. « Va. Te. Faire. Foutre. » J’articule posément tous les mots, histoire qu’il les intègre une bonne fois pour toute. « Je n’ai même pas besoin de te prouver que tu as tort. Tu ne comprends rien, bordel. Tu n’écoutes rien, tu ne te soucies que… que des Caesar, pas de moi. Tu voulais quoi ? Que je l’oblige à avorter ? Que je ne reconnaisse pas ce gosse, mon gosse ? Putain, okay, j’ai fait une connerie, mais on était deux dans l’affaire, bordel. Je l’ai pas violée, cette meuf, merde ! » Une pointe de douleur dans ma poitrine me fait me taire et je me force à reprendre mon souffle. Je sais ce que ça veut dire, cette pointe de douleur. C’est juste mon cœur qui fait des siennes, parce qu’il s’est emballé comme un con. Parce qu’il ne gère plus le rythme que ma colère lui impose. Parce qu’il ne sert à rien, le crétin, comme mon père, comme ma mère, comme tout le monde dans ma vie en dehors de Martial. « Laisse moi, dégage, dégage vraiment. » Toute ma colère ressort brutalement. Finis les pas en avant. Il me pense irresponsable ? Et bien qu’il aille chialer dans les jupes de ma mère. « Tu ne verras jamais ton petit-fils. »

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