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 can't you hear me knocking. (charlie and seth)

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MessageSujet: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeJeu 22 Oct 2015 - 23:49

Roman ne frappe pas. A peine arrivé devant la porte de l'appartement de Charlie, sa main se dépose sur la poignée et il s'autorise à entrer dans l'univers de la mutante sans se préoccuper si c'est le bon moment ou non. Il l'a trouvé. Il a trouvé cet enfoiré de Seth et il attend ça depuis trop de temps pour laisser passer une si belle occasion d'aller à sa rencontre. Le cœur battant d'un souffle revigoré, le chasseur des pays froids se met en quête de la blondinette. Ses grosses chaussures noires crissent sur le parquet, alors qu'il passe de pièce en pièce, motivé par l'adrénaline sauvage qui filtre dans ses veines. Il est peut-être trop tôt, ou trop tard, le Norvégien n'a pas vraiment cherché à le savoir. En venant jusqu'ici, il a remarqué le ciel sombre. La nuit est tombée, le silence s'est fait par endroit, moins par d'autres. Roman espère qu'il est tard. Il souhaite de tout son cœur foutre la frousse de sa vie à Seth, voire le butter, dans le noir. Rien que pour rajouter un petit côté angoissant à cette entreprise déjà peu catholique et respectable. L'ex-russe aperçoit Charlie à l'autre bout de sa chambre. Accrochant son regard au sien, il ne perd pas une minute et lui fait un mouvement de tête avant de repartir dans l'autre sens. « Charlie, on y va ! », ponctue-t-il d'un ton sec, mais tout de même empreint d'une pointe d'enthousiasme qu'il ne peut feindre. Roman est un grand gosse. Un adolescent boutonneux qui vient de se voir offrir le cadeau rêvé à Noël et qui prouve enfin qu'il sait encore sourire, malgré toutes les conneries de l'adolescence qui lui tombent dessus. Certes, Roman n'a plus l'âge pour ça, mais 'conneries' peut sans mal devenir synonyme de 'dégénérés' dans son vocabulaire restreint. C'est que l'homme va droit au but. Les métaphores et autres stratagèmes du genre pour éviter d'appuyer là où ça fait mal, ce n'est pas son credo. Aujourd'hui encore, son attitude rappelle donc sans mal les déboires de cette mauvaise période de l'existence qui se retrouve balayée par une bonne nouvelle ! Seth a fait un mauvais calcul, rien de plus. Roman le traque depuis un petit moment, se renseigne à son sujet avec la même assiduité qu'à ses débuts en ville, menace ses connaissances. Ce sont elles qui ont dû le prévenir de faire gaffe. Qu'importe, son désir de le confronter ne s'en est retrouvé qu'amplifié. Plus les choses sont hors de portée de Griske, plus un besoin viscérale de parvenir à ses fins le hante. C'en devient presque génétique, cette folie furieuse qui l'habite lorsqu'il est privé d'un désir aussi évident que celui-ci : mettre à mal l'existence d'un foutu mutant. Arrivé devant la porte d'entrée de l'habitacle de Charlie, Roman la repasse sans un mot de plus. Il savoure la fraîcheur revigorante de la nuit, celle qui le fait se sentir toujours plus vivant, celle qui a fait l'effort de dégager les nuages du ciel noir pour que la Lune éclaire sa route de son aura enjôleuse, puis jette un regard circulaire aux alentours. Alors que les petits pas saccadés de sa mutante se font entendre derrière lui, le Norvégien se décale pour lui laisser l'espace nécessaire pour fermer la porte ou il ne sait trop quoi. Le temps presse, il en est conscient. « Je sens que cette soirée est une bonne soirée ! Tu le sens aussi ? », qu'il reprend, d'un ton toujours plus spécial, à la fois intimidant dans son délire et rassurante dans sa folie. On le reconnaît bien dans cet exercice, le quinquagénaire, on devine qu'il se délecte de chaque seconde comme si c'était la dernière. Roman se nourrit de chaque détail pouvant rendre son souvenir encore plus mémorable qu'il ne promet déjà de l'être. Les premiers pas de leur chemin jusqu'à l'appartement de Seth se font dans le silence. L'ex-russe est perdu dans ses pensées. Il songe à la façon dont les événements peuvent se dérouler, les milliards de possibilité qui s'offrent à lui pour écraser la tête de ce cafard vivant pour de bon. Son visage déformé par le feu se préoccupe soudain de Charlie. Son regard, donnant le sentiment d'être possédé par une entité reconnaissable entre toutes, agrippe le sien avec une vigueur déconcertante. « Je t'ai parlé d'une surprise. C'est aujourd'hui. C'est ce soir, Charlie. Maintenant. Je t'amène voir un mutant qui a oublié qu'il me doit beaucoup. Dont la vie. » Ses doigts rugueux viennent se caler derrière le cou de sa mutante, bien qu'ils ne s'arrêtent pas de marcher pour autant. « 'Même à l'aveugle, es-tu partante pour venir avec moi ?' », qu'il remémore, avant de laisser un rire rauque accompagner ces quelques mots, cette simple question légitime, qu'il a déjà prononcée auparavant. Roman veut que Charlie se souvienne de cet instant tout comme lui. Il a besoin de voir qu'elle est toujours de sa trempe, capable de jouer avec la vie d'un mutant en carton (ou plutôt de sable, dans ce cas précis) sans plus réfléchir. Sans se soucier de laisser des témoins ou non. Arrivés devant un immeuble, éloigné du centre-ville, qui semble presque abandonné, mais où vivent vraisemblablement quelques familles selon les informations du chasseur, le Norvégien ne se stoppe pas devant la porte d'entrée de l'endroit et garde la porte ouverte à Charlie le temps qu'elle entre dans l'immense hall à sa suite. Comme si les lieux étaient siens, Roman se met à suivre un chemin qui semble ancré sous ses pas tel un tatouage indélébile. Cette nuit  pas comme les autres s'ancre en lui, et elle n'est pas prête de s'effacer de si tôt. Dans un nouveau mouvement brusque, le quinquagénaire se poste devant une porte pas si différente de toutes les autres. Elle porte simplement un numéro que Roman a appris par cœur. Adressant un petit sourire malin à la blonde qui approche à ses côtés, le chasseur prend le temps de se délecter du sentiment de bien-être qui l'envahit, penche la tête d'un côté puis de l'autre pour faire résonner le craquement glaçant de ses vertèbres à travers tout le couloir, et se lance. « Suis-moi. » Fusil à l'épaule, Roman confronte vers la porte devant lui. Le sourire balafré d'un sourire démesuré par rapport à l'instant funeste qui se profile, qui laisse présager un état d'esprit enjoué comme rarement, il ne faut pas longtemps au chasseur pour forcer la poignée d'un coup de pied massif. Adressant un petit regard de travers à Charlie, l'ex-russe hausse une dernière fois les épaules et pénètre dans le petit habitacle. « SETH, C'EST NOUS ! », qu'il annonce d'une voix forte en se permettant d'observer les lieux d'un œil expert. Roman attend ce moment depuis tellement de temps qu'il en oublie presque la présence de sa mutante. L'euphorie le gagne, et, à présent, il ne manque plus que le mutant sablé vienne partager ce futur moment convivial en leur compagnie.
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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeVen 23 Oct 2015 - 19:34

Poisonned gift
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Elle venait tout juste de terminer son brushing alors que la porte de l’appartement s’ouvrait sur un pas rapide et déterminé qu’elle connaissait bien : il était parfaitement à l’heure, et peut être même un peu en avance, comme toujours. Charlie pinça les lèvres pour terminer d’étirer son rouge à lèvres, passant une main sur ses cheveux : quand Roman la « sortait » comme ça, elle mettait un point d’honneur à être tirée à quatre épingles. Elle avait acheté des escarpins tout neufs pour l’occasion, avec un talon fin et pointu comme elle les aimait : cela lui faisait des jambes immenses, et c’était aussi une arme improvisée particulièrement efficace. Ensuite, elle avait enfilé une très jolie robe noire à brocard bleu qui épousait parfaitement ses quelques formes. Elle avait mis un taser et une seringue de vaccin dans son petit sac à main en cuir, de telle sorte qu’elle semblait plus prête à partir en vernissage qu’en chasse. C’était là tout le génie de l’excentrique jeune femme, être capable de ressembler à une jolie petite barbie renfermant une arme de destruction massive. Roman ne s’y laissait pas prendre, mais combien de mutante s’étaient imaginés qu’elle serait incapable de les poursuivre à cause de ses talons de douze ? Regrettable erreur, vraiment.

- Ouiiiiii j’arriiiiiive !

Elle ne releva pas le ton sec de Roman : elle avait tellement l’habitude qu’elle avait bien senti dans le vibrato de sa voix qu’il était de bonne humeur, et ne se pressa pas pour le rejoindre, puisqu’il était dans de bonnes dispositions. Elle déposa un baiser léger sur la joue de son mentor, histoire de ne pas lui faire de peinture de guerre écarlate, puis ferma la porte de l’entrée derrière elle, son pas sautillant trahissant sa propre excitation :

- J’ai surtout hâte de savoir ce que tu me réserves, j’ai l’impression d’être invitée à une fête surprise, c’est assez exaltant !

De toute évidence, puisque Roman ne semblait pas décider à rejoindre sa voiture, ils allaient marcher jusqu’à l’habitation de leur proie : tant mieux, au moins elle profiterait d’un peu de temps en compagnie de Roman. Ce dernier travaillait tellement en ce moment qu’il ne la voyait pas souvent, et si la mutante était particulièrement douée pour se trouver des distractions, sa présence étrange lui manquait terriblement, un peu comme si elle n’avait plus de lait à mettre dans les céréales de son existence : elle n’en mourrait pas, mais c’était quand même vachement moins sympa. Elle avait enroulé son bras autour de celui de Roman, histoire de garder le rythme de son pas pressé. Finalement, il dégagea son bras pour attraper son visage, sans qu’ils n’interrompent leur marche. Sa main glissa rapidement dans la nuque de la jeune femme, effleurant presque tendrement les cheveux de Charlie : enfin, avec la tendresse dont était capable Roman. Elle roula des yeux avant de lui répondre d’un ton badin :

- Je suis toujours partante, tu le sais bien, à l’aveugle ou pas, ça change rien. Par contre lui ça doit pas être un malin pour oublier ce genre de « détail » …

Ils marchèrent encore une dizaine de minutes avant de parvenir à un haut immeuble à la devanture décrépie. Il était presque insalubre, vu de l’extérieur, et elle était sure d’avoir vu un rat s’échapper d’une ruelle en couinant. Charlie songea en souriant qu’elle devait faire tâche dans sa robe griffée dans ce bled gris et sale. En gentleman, Roman lui tint la porte qui menait directement vers un escalier éclairé crûment d’une ampoule nue : évidemment l’ascenseur était en panne. Le quinqua lui passa devant pour lui montrer la voie, alors qu’elle trottinait derrière lui en tachant de faire le moins de bruit possible avec ses escarpins. Ça aurait été dommage de gâcher une si belle surprise à cause d’une paire de chaussures qui claque. Il s’immobilisa devant une porte anonyme, attendant un faible signe de la tête de sa part, ce qu’elle lui fit. Un sourire dément passa des lèvres brûlées de Roman à celles écarlates de Charlie : ils allaient drôlement bien s’amuser !

« SETH, C'EST NOUS ! »

Hein, quoi ? Non non non, stop, pause, elle ne joue plus. Seth ? Le Seth ? Non, c’était surement un autre, c’est super courant comme prénom, non ? Puis des mutants c’était super courant aussi, ça poussait comme le chiendent ces bestioles là, alors il y avait forcément un Seth mutant autre que « son » Seth mutant. Elle inspira profondément, avançant dans l’appartement derrière Roman avec un visage soudain froid, impassible, bien loin de son excitation enfantine qui régnait quelques minutes avant. Pitié, pitié Seth, songea t’elle, sois en mission, quelque part, n’importe où, dans le bras de ton stupide amoureux, n’importe où sauf ici … Elle balaya la pièce du regard, cherchant le moindre élément familier qui pouvait trahir l’identité du mutant qui vivait là. Le visage de la chasseuse avait perdu le peu de couleur qui teintait ses joues, alors que ses paupières se plissaient sous le fard charbonneux : ça sentait le sable chaud, et elle n’aurait jamais imaginé que ce parfum lui donnerait la nausée un jour …


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Seth Koraha
Seth Koraha

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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeDim 25 Oct 2015 - 23:56


Can't you hear me knocking
ROMAN & CHARLIE & SETH


Encore une fois, l’alarme du couvre-feu avait retenti, coupant court à toute activité encore en cours dans Radcliff. Les derniers traînards étaient rentrés chez eux en quatrième vitesse, quelques lumières s’étaient éteintes, et les hunters s’étaient répandus dans les rues de la ville comme des rats. Les rondes s’étaient faites plus nombreuses, les arrestations plus musclées. Les chasseurs tiraient ou vaccinaient avant de poser les questions, peu importe les dommages collatéraux ; visiblement, mieux valait traumatiser ou tuer un humain que de prendre le risque de laisser s’échapper un mutant. Plus personne n’était à l’abri, encore plus depuis l’apparition de la milice de Lancaster, cette parodie de soldats qui rappelaient furieusement ceux qui étaient venu d’Allemagne en 1939. Pas moyen d’être en sécurité chez soi, pas moyen d’avoir l’impression d’être libre ne serait-ce qu’une seconde. Si jamais les membres de la Gunpowder Squad suspectaient que vous étiez pro mutant, peu importe vos gènes, vous étiez assuré de les voir débarquer chez vous à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, pour être interrogé ou sommairement exécuté. Petit à petit, ce coin perdu du Kentucky se transformait en dictature miniature, et ça ne plaisait pas du tout à Seth.
Le mutant avait réussi tant bien que mal à se débrouiller pour garder son business à flots malgré l’embargo général et la quarantaine forcée de Radcliff. Par le biais de mercenaires et de certains de ses hommes probablement plus suicidaires que d’autres, il continuait à envoyer ses marchandises et à en recevoir d’autres, et ses ventes d’armes étaient particulièrement honorables depuis un moment. Mais il n’était pas plus à l’abri que les autres d’un mauvais coup du sort. Son seul atout était de ne pas être recensé, et encore, il avait révélé son pouvoir à trop de gens pour être certain de sa sécurité. Il aurait fallu qu’un certain nombre de gens meurent pour qu’il puisse se détendre. Et comme ces gens étaient trop bien placés ou trop bien protégés, ça ne se ferait pas, ou alors pas sans qu’il y laisse des plumes, et il avait autre chose à faire que de perdre son intégrité physique et mentale dans une guerre qui ne l’intéressait pas.
L’heure était déjà bien avancée lorsqu’il rejoignit l’une de ses planques un peu en bordure de la ville. Il y avait passé beaucoup de temps depuis quelques semaines, presque autant que dans son véritable chez lui. Aussi l’avait-il aménagée un peu plus confortablement, finissant par la décorer un peu avec quelques babioles ridicules comme celles qu’on trouvait un peu partout dans son appartement du quartier sud. Une fois rentré, il se débarrassa de sa veste en cuir et l’accrocha au dossier de sa chaise, puis alla se chercher une bière et se posa tranquillement dans son canapé. Il laissa échapper un soupir d’aise, content que sa journée se termine. Il allait pouvoir dormir un peu, en solitaire à son plus grand malheur, mais il aurait eu du mal à se faufiler de l’autre côté des barrages pour filer dans la forêt – et puis, lui qui arrivait difficilement à retrouver le chemin de la cabane de Bob en plein jour, de nuit il serait capable de se perdre bêtement, voire de se prendre les pieds dans l’un des pièges du trappeur. Tant pis, il irait le voir plus tard.
Une fois sa bouteille vide, il la laissa sur la table basse et se dirigea vers sa chambre, éteignant derrière lui. Les volets restaient fermés en permanence, les rideaux tirés devant les fenêtres, mais il savait pertinemment que ça ne suffisait pas complètement à cacher la lumière qui venait de chez lui. Tant pis, personne ne savait qu’il occupait ces quelques pièces dans cet immeuble minable.
C’était ce qu’il était en train de se dire, se débarrassant de ses chaussures, quand un grand bruit venant de son salon le fit se retourner vivement. Il n’avait absolument pas prévu ça, que des intrus entrent chez lui. Il n’aurait plus manqué qu’il s’agisse de membres de la Squad et il allait passé une très mauvaise soirée. Mais il était à mille lieux d’imaginer que c’était un monstre bien pire que tous les soldats aux bottes de cuir du maire qui venait de faire irruption dans sa planque.

- SETH, C’EST NOUS !

Le visage de l’homme de sable se décomposa. De tous les chasseurs en colère dont il voulait éviter de croiser la route, Roman était le pire d’entre eux et de très loin. Leur dernière entrevue s’était particulièrement mal finie, avec la promesse de futures retrouvailles sportives, et il n’avait pas vraiment envie de finir à moitié dépecé au fond d’une cage comme ça avait été le cas bien des années plus tôt. Il était hors de question que ça recommence, quitte à devoir tuer son plus terrible ennemi pour ça. S’il trouvait le courage de l’affronter, bien entendu.
Il n’avait plus vraiment le choix cependant ; il ne pouvait pas fuir comme ça, surtout que s’il tentait de se servir de son don pour filer à l’anglaise, il aurait sûrement terminé avec le contenu d’une seringue de vaccin déversé sur lui, et il n’avait pas du tout envie de savoir si ça suffirait à le faire perdre ce pouvoir ou s’il y aurait des effets secondaires particulièrement douloureux et affreux. Attrapant le pistolet coincé entre sa ceinture et son dos, il prit une grande inspiration, chercha un peu de bravoure et entra dans le salon, braquant son arme sur les nouveaux arrivants.
Il s’était attendu à beaucoup de choses, il avait imaginé beaucoup de scénarios en seulement quelques secondes de panique, il avait supposé l’identité de ce « nous » dont avait parlé Roman, mais rien ne l’avait préparé au battement que son cœur manqua lorsqu’il reconnut Charlie aux côtés de son maître. Le visage mat du Calédonien perdit de ses couleurs lorsque le sang reflua sous la peur et la surprise.

- Putain …

Après toutes les fois où il avait revu la jeune femme, il avait fini par développer une certaine affection pour elle, malgré leur toute première rencontre qui lui avait valu les tortures et l’esclavage qui lui avaient laissé des cicatrices, un tatouage et de mauvais souvenirs. Il avait commencé à voir en elle autre chose qu’un automate suivant aveuglément les ordres de son propriétaire. Il avait vu qu’elle était capable de penser par elle-même et de prendre des choix sans l’aval du Russe dont le visage ravagé par le feu lui semblait encore plus hideux qu’auparavant. Mais à la voir là, chez lui, avec le pire monstre de ses cauchemars, il avait peur de s’être trompé sur toute la ligne et de s’être fait avoir encore une fois.
Il avait pensé passer une soirée calme.
Désormais, il espérait seulement survivre jusqu’au lendemain matin.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeLun 26 Oct 2015 - 23:50

Les pieds de Griske sont ancrés dans le sol. Le parquet grince ci et là sous la pression de son être, jusqu'à ce qu'il trouve place au centre de la double-pièce. Derrière lui trône la cuisine, face à lui le piètre petit salon. Un silence trop étrange règne dans l'atmosphère. Il adresse un regard de travers à sa mutante, pour s'assurer qu'elle-même respire encore, avant de fixer la porte vers le fond de la pièce devant lui. L'ex-russe mettrait sa main à couper que le mutant sablé va faire son apparition de là-bas. Il n'a pas besoin d'une grande imagination pour deviner que ses traits seront déformés par l'appréhension, la peur. Seth ne pouvait pas s'attendre à leur visite nocturne, et c'est ce qui rend le jeu encore plus fou. Le Norvégien sent son cœur battre à tout rompre. N'est-ce pas ça, se sentir vivant ? N'est-ce pas expérimenter ce genre de sensations funestes au beau milieu de la nuit ? Pour Roman, si. C'est ce qui prouve qu'il est encore un peu humain, là, au fond de lui. Même si ses réactions et pensées sont toujours différentes de celles des autres, elles existent. Elles sont là, vivaces et pétrifiantes, le forçant à se montrer toujours plus téméraire dans ses actions monstrueuses et ses entreprises crapuleuses. Alors, lorsque l'arme de Seth apparaît en première, avant de laisser le corps tendu du mutant suivre sa route, les lèvres brûlées de Roman se parent d'un sourire bienveillant. Bien trop doux pour être sincère et avenant. Un petit rire satisfait accompagne son mouvement sur le côté. Le chasseur n'a pas peur de montrer une épaule au mutant, ni même son dos. Il le sait peu stupide pour s'aventurer à lui tirer dessus de la sorte. Charlie ne le laisserait pas faire, de toute manière. Ses arrières sont assurés à la fois par son travail depuis des années, à savoir la menace constante qu'il incarne et fait peser sur la race répugnante des mutants, ainsi que son travail de fond mené auprès de la blondinette. Roman s'arme depuis tellement de temps contre le destin que rien ne semble pouvoir l'atteindre. Passant un pouce salvateur sur sa lèvre inférieure, le quinquagénaire ancre son attention sur Seth. Il ne le lâche pas du regard durant de longues secondes, observe ses mouvements et réactions. Sent-il la brûlure de son regard glacé ? Le chasseur l'espère de tout son cœur de pierre. Toujours d'une démarche lente, semblable à celle d'un lion en cage, Roman revient auprès de Charlie. Il dépose une main rassurant sur ses beaux cheveux d'un blond saisissant, avant de sourire de nouveau à cet ennemi des premiers temps qui n'a toujours pas bougé d'un millimètre. « Ai-je vraiment besoin de faire les présentations ? », quémande-t-il d'une voix faussement préoccupée. Son accent ressort ce soir plus que jamais. Cet affrontement lui rappelle d'agréables souvenirs de Norvège, lui permet de revivre des instants qu'il n'oubliera cependant jamais. Le quinquagénaire pourrait se remémorer ces longues journées passées dans le froid et dans le sang autant de fois qu'il pourrait le supporter. C'est-à-dire à l'infini. Charlie est celle qui a initié sa rencontre avec le Calédonien. Roman a demandé à ce qu'il lui soit ramené, elle s'est exécutée. Et, comme l'ex-russe sait que sa mutante a toujours fait son travail dans les règles, il est certain que son visage est gravé dans l'esprit du mutant pour le restant de ses jours. « Charlie est comme moi, elle marque les esprits. » Sa paume dérive jusqu'au visage de la mutante, ce qui laisse le temps à cette dernière d'être remplacée par ses longs doigts abîmés. Son épiderme rugueux échoue contre le traits maquillés de sa mutante. Elle s'est fait si jolie, si belle pour cette sortie qui s'annonce mémorable. Roman est persuadé que Seth pense exactement la même chose. Le regard rivé sur Charlie, le Norvégien en profite pour diriger à son tour son arme en direction de Seth. Histoire de le dissuader pour de bon de jouer au petit con. « On te dérange, peut-être ? », qu'il articule comme il peut, son accent menaçant chaque syllabe passant ses lèvres dans cette langue étrangère qui ne sera jamais la sienne. Par cette simple question, Griske rappelle à l'homme de sable qu'il doit se poser les bonnes questions, afin de prendre les bonnes décisions. S'en prendre à eux, Roman + Charlie, dans le même temps, ce n'est clairement pas la meilleure opération à faire. Enfin, pour ponctuer son geste maîtrisé (son arme ne tremble pas, même lorsque l'ex-russe ne prend pas la peine de viser sa cible de toute son attention morbide), le Norvégien tourne un visage glacial en direction du Calédonien. Il espère sincèrement que la réponse à sa question est négative. Roman a tellement envie de faire plaisir à Charlie qu'il n'accepterait en aucun cas un refus de collaborer de son jouet préféré.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeMar 27 Oct 2015 - 22:42

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Charlie avait envie, présentement, de faire quelque chose qui ne lui arrivait pour ainsi dire jamais : prendre les jambes à son cou. Elle n’avait pas peur, de toute façon elle n’avait presque jamais peur, mais elle avait l’impression que les évènements se déroulaient sans qu’elle eut aucune prise dessus. Et subir, elle avait horreur de ça, c’était inscrit dans ses gènes depuis qu’elle était enfin sorti des Kolkhozes. A présent, la surprise de Roman se transformait en cauchemars, ou pire, en punition : elle avait l’impression d’être tiraillée, tiraillée entre ce qu’attendait Roman d’elle, ses espérances, et la foi naissante de  Seth, grandissant au fil de leurs rencontres clandestine. Elle avait espéré, très fort, qu’il ne soit pas là, mais c’était peine perdue, et le voilà là, face à elle, et l’expression sur son visage tira un pincement du cœur presque sec de la mutante : il y avait quelque chose de … fragile dans cette expression, hésitante, avec peut être un peu d’espoir. Espoir de quoi d’ailleurs, qu’elle troue la poitrine de Roman, qu’elle se retourne contre son maître ? Il savait bien qu’elle ne le pouvait pas, que c’était impossible. Quoi d’autre alors ? Qu’elle s’interpose ? A quoi bon, si c’était pour qu’ils meurent tous les deux ? Alors c’était quoi, cette putain d’espérance dans ses yeux sombres ? Il fallait qu’il dégage ça de là très, très vite, sinon il allait les mettre dans la merde tous les deux.

Charlie sourit à Roman qui se rapprochait d’elle. Elle devait se ressaisir, redevenir elle-même, et par elle-même, cela signifiait surtout de redevenir l’ombre de Roman. C’était une vie plus facile, moins douloureuse. Sans choix à faire, et donc sans états d’âme. Redevenir une jolie poupée qui ne pouvait pas lire la peur et la déception dans le regard de Seth, qui ne sentirait pas sa gorge de se nouer de… de quoi au juste ? de honte ? Depuis quand avait elle honte de se tenir auprès de Roman ? Elle en était fière, tout le temps. Tout le temps ? Et maintenant alors ? La mutante conserva une expression froide, fermement plaquée sur son visage de porcelaine. Finie la blonde faussement écervelée, la petite fille enjouée ou la femme enfant, il n’y avait plus qu’une machine, qui tentait intérieurement de faire taire les battements désordonnés de son palpitant et d’éteindre son esprit tourmenté, en priant de ne rien laisser paraitre. Elle sourit à Roman alors qu’il la complimente, tendant la joue pour la loger dans sa main comme un félin satisfait : après tout c’était ce qu’elle aurait fait spontanément, si Seth n’était pas en train de la fixer comme ça. Elle s’humecta les lèvres, et soudain son rouge à lèvres avait un gout amer, presque âcre :

- Bonsoir Seth. Tu m’avais manqué.

Techniquement, ce n’était pas un mensonge, il lui avait sincèrement manqué, puisqu’ils ne s’étaient pas croisés depuis une bonne dizaine de jours. C’était cependant bien loin de l’image des années de séparation que Roman avait surement en tête. Il lui avait manqué, pas parce qu’elle se languissait de le menotter à un quelconque meuble, mais plutôt parce qu’il avait acheté du lait de soja à la vanille exprès pour elle dans son autre planque, et qu’il lui faisait regarder des films en faisant référence à des acteurs, des musiciens qu’elle ne connaissait pas. Avec lui, elle avait eu un gout de ce que pouvait être la vie d’une trentenaire banale. Inoffensive. Tout ce qu’elle ne serait jamais auprès de Roman. Exceptionnelle et Dangereuse. Et terriblement seule aussi, mais ça elle ne s’en était rendue compte que très récemment. La solitude l’avait accompagné toute sa vie, elle n’avait jamais vécu qu’ainsi, alors la compagnie ne lui avait jamais manqué. Jusqu’à maintenant. Elle saisit les doigts abimés de son mentor pour les entrelacer avec les siens, levant un regard inquisiteur vers lui :

- C’est ma … Surprise ? Je dois faire quoi ?

Pas le tuer, non, pitié, tout sauf ça …



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Seth Koraha
Seth Koraha

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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeMer 28 Oct 2015 - 1:41


Can't you hear me knocking
ROMAN & CHARLIE & SETH


De tous les scénarios catastrophes qu’il avait pu imaginer, aucun n’arrivait à la cheville de celui qui était en train de se passer.
Seth aurait préféré se retrouver nez à nez avec Thaddeus Lancaster en personne plutôt que d’être à nouveau dans la même pièce que Roman Griske. A chaque fois que cela s’était produit, il en était sorti soit à moitié mort soit particulièrement traumatisé. Après leur dernière entrevue, leurs « retrouvailles » dix ans après que le trafic de mutants du Russe ait été démantelé, il avait dormi avec une arme sous son oreiller et avait recommencé à dériver vers la paranoïa – il n’était pas juste devenu un peu plus méfiant que d’ordinaire, il s’était mis à détailler les visages dans la foule, à observer les carrures des hommes qui l’entouraient, à écouter les conversations, persuadé que maintenant que le scandinave l’avait retrouvé, il serait toujours à moins de quelques mètres de lui, n’attendant que le bon moment pour frapper. Mais les semaines, les mois s’étaient écoulés sans que rien ne se passe. Petit à petit, le Calédonien avait fini par relâcher son attention, juste assez pour se dire que peut-être, juste peut-être, il n’était pas aussi en danger qu’il le croyait.
Manifestement, il s’était trompé en beauté.
Il observa l’homme au visage brûlé sourire avec méchanceté et quelque chose qui ressemblait à de l’excitation, une jouissance mauvaise qui ne présageait rien de bon. A ses côtés, Charlie restait silencieuse. L’homme de sable ne se rappelait pas lui avoir déjà vu une telle expression, quelque chose entre le vide et une sorte de tristesse ; il crut pendant une seconde voir une étincelle de regret dans ses grandes prunelles si joliment maquillées. Dans un autre contexte, il l’aurait trouvée très jolie apprêtée comme elle l’était, dans sa belle robe noire et bleue qui épousait si bien son corps, avec juste ce qu’il fallait de maquillage pour souligner ses traits qui avaient encore quelque chose d’enfantin et de délicat malgré les épreuves que la jeune femme avait traversées durant son existence mouvementée. Mais ce soir, il ne voyait pas sa beauté : il ne voyait qu’une inconnue dans une équation dont le résultat dépendrait d’elle en grande partie, et il n’avait pas grand espoir de la voir soudainement changer d’allégeance.

- Charlie est comme moi, elle marque les esprits.

Seth fixa la petite blonde. En effet, elle marquait les esprits, d’une manière ou d’une autre. Pendant très longtemps, il l’avait détesté, la maudissant de tous les noms pour l’avoir vendue au pire diable qu’il ait jamais connu. Mais depuis qu’ils s’étaient retrouvés et, surtout, qu’ils avaient commencé à se fréquenter en cachette, il l’avait découverte sous un angle nouveau, un où ils auraient pu être amis, voire plus s’il n’avait pas le cœur déjà pris par quelqu’un d’autre. Ceci dit, tant qu’elle serait dévouée à Roman, obéissante comme un chien bien dressé, il ne pourrait espérer quelque chose de sincère. Car il était persuadé que ce soir, elle allait lui montrer que les paroles de son maître faisaient loi, peu importe les bons moments partagés, peu importe la nouvelle vie qu’il avait pu lui laisser entrevoir.

- Ouais, j’suis au courant …

Il la regarda faire tandis qu’elle frottait sa tête dans le creux de la main rugueuse de l’ancien esclavagiste, comme un chat. Il ne manquait plus que les ronronnements satisfaits et elle passait pour un parfait animal de compagnie. Un redoutable, meurtrier, étrange animal de compagnie.

- Bonsoir Seth. Tu m’avais manqué.

Le trafiquant ne sut trop quoi penser de cette phrase. C’était probablement une remarque normale pour elle qui entrait dans le jeu de Griske. Après tout, officiellement, ils ne s’étaient pas revus depuis des années. Officieusement, c’était une histoire qui n’était, fort heureusement, jamais parvenue aux oreilles de l’homme au long manteau. Il aurait dépecé Charlie depuis longtemps sinon. Mais quelque part, il ne put s’empêcher de se demander s’il n’y avait pas une petite part de sincérité là-dedans. Si cette phrase ne pouvait pas être interprétée de plusieurs façons. Il finit par articuler sa réponse sans que l’ombre d’un sourire ne vienne se poser sur ses lèvres.

- Ouais, c’est ça, toi aussi tu m’as manquée.

Dans la planque où ils avaient l’habitude de se retrouver, il y avait un paquet de briques de lait de soja vanillé achetés exprès pour elle puisque lui détestait ça. Il y avait une pile de DVD qui n’attendaient que d’être regardés. Il devait bien l’avouer, il appréciait ces petites soirées. Il se demanda s’il y en aurait jamais d’autres après ce soir.
Il la regarda joindre sa main à celle de Roman avant de le regarder une nouvelle fois.

- C’est ma … Surprise ? Je dois faire quoi ?

Seth cligna des yeux, pris de court. Une surprise ? Depuis combien de temps Griske planifiait-il cette petite sortie nocturne ? Depuis combien de temps connaissait-il cette adresse, pendant combien de temps avait-il surveillé ses allers et venues, ses habitudes, ses itinéraires ? Ca ne lui plaisait absolument pas. Sa prise se resserra autour de la crosse de son pistolet qu’il avait légèrement baissé sans vraiment s’en rendre compte ; il le braqua à nouveau sur le Russe, n’oubliant pas que lui aussi se trouvait face au canon d’une arme.

- J’vais te dire c’que tu vas faire, tu vas sortir de chez moi avec ton patron et vous allez me foutre la paix.

Il planta ses yeux sombres dans ceux de glace de Roman. Il savait pertinemment que rien de ce qu’il pourrait dire ne réussirait à le sortir de ce mauvais pas. Lorsque monsieur Griske avait une idée en tête, il était impossible de l’en déloger. Et puisqu’il avait visiblement décidé de lui faire mal, autant qu’il se prépare mentalement à souffrir.

- Mais j’suppose que ça se fera pas, hein ? Alors quoi, qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Tu vas lui donner un ordre et elle va obéir, comme d’habitude, mais ça sera quoi cet ordre ? Elle va m’éventrer ? Me brûler vif ? Me crever les yeux ?

Le mutant secoua légèrement la tête. Il se força à arrêter là les propositions, craignant qu’elles ne donnent des idées au plus imaginatifs de tous les tortionnaires qui s’étaient occupés de lui pendant qu’il croupissait dans sa cage au fin fond de la Norvège.

- Ou tu vas faire ton voyeur et la regarder faire mumuse pendant que je vais prendre cher ? Ouais, ça m’paraît plus logique déjà, c’est bien le genre de truc tordu qui te fait bander.

Perdu pour perdu, autant ne pas retenir ses mots, même si la peur lui nouait le ventre et qu’il se demandait s’il ressortirait de cette entrevue entier et avec tous ses membres. Jusqu’où les tortures iraient-elles cette fois ? Jusqu’où Roman pousserait-il ses petits jeux malsains ?
Et quelles seraient les décisions de Charlie ?


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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeJeu 29 Oct 2015 - 15:11

Les mots de Charlie font frissonner l'échine du Norvégien. Son regard se plonge dans le sien, alors que leurs mains s'entremêlent. Un sourire mauvais manque presque gagner les traits de Roman, alors qu'il s'apprête à répondre à son adorable question. Peut-être n'est-il pas si prévisible que ça ? Il la conduit jusqu'ici, de nuit, revoir un vieil ami commun, mais ne donne pas l'impression d'avoir songé à la pire des choses à faire à Seth. Cette tendresse n'a pas lieu d'être. Aucunement. Cependant, la voix glaciale du quinquagénaire n'a pas le temps de répliquer à sa consœur guillerette que celle, méprisable, du mutant plus loin vient perturber l'instant. L'arme toujours braquée dans sa direction, le pouce de Griske vient tirer vers lui le chien de cette dernière dans un geste lent. Il garde encore quelques secondes les yeux rivés sur Charlie, avant de se détourner et de pencher la tête sur le côté. Il possède un côté attendrissant qui ne convient pas du tout au moment présent, qui rend le tout d'un obsolète désarmant. « Te fais pas du mal, comme ça, à vouloir essayer de deviner ce qui me passe par la tête... », qu'il se moque ouvertement. Griske ne comprend pas ce besoin de tout comprendre. Personne ne le peut. Personne n'a jamais réussi à le suivre jusqu'au bout dans ses raisonnements les plus fous, même pas sa pauvre femme, encore moins Charlie. L'ex-russe ne fait les choses que pour lui-même, dans le seul but de satisfaire ses envies les plus répugnantes et dérangeantes, réussissant à toujours plus surprendre ses interlocuteurs. Alors à quoi bon ? A quoi bon vouloir tenter d'y voir clair alors que Roman a lui-même abandonné ce dessein depuis trop d'années ? Une grande inspiration permet cependant à ses pensées aussi emmêlées qu'une pelote de laine de prendre un grand bol d'air frais, histoire de rester connecté à ces minutes qui défilent sur son être le plus longtemps possible et de ne pas se laisser avoir par la pulsion soudaine de faire apparaître un trou béant dans la tête du Calédonien. « Mais merci de réactiver ma vieille mémoire avec des idées aussi délicieuses, Seth. » Une dernière mimique étrangement rieuse, et Roman s'éloigne de Charlie. Il laisse ses pas rythmer les battements cardiaques, assez pour que l'on soit pendu à ses dires, avant de reprendre la parole. « Notre cher Taddheus a mis en place un groupe auquel j'ai sincèrement hésité à participer. Je pense que j'avais besoin d'un peu de... réflexion. » C'est le mot. Roman émet encore quelques réserves au sujet de cette association faussement positive pour la population toute entière (elle ne l'est en vérité que pour une partie, pas pour celle qui veut se considérer comme en faisant toujours partie, alors qu'affublée de gênes ragoûtants) mais il songe à toutes les possibilités que cela peut lui apporter et, au final, il s'est tout simplement dit : pourquoi pas ? « Mais comme je suis un homme profondément bon et qui aime aider et protéger son prochain, je vais les rejoindre. Il suffit que j'aille mettre la main sur mon petit brassard rouge et le tour sera joué. » Bref haussement d'épaules, ainsi qu'un vague regard en direction de Charlie. Si elle le désire, il lui prêtera volontiers pour goûter au plaisir de briser des vies sans même plus avoir à s'en cacher. « Dans tous les cas, je peux déjà m'octroyer le droit de faire ce que bon me semble de la vermine de cette bonne vieille ville de Radcliff. » Reportant son attention sur Seth, son arme ne s'est toujours pas abaissée malgré le fait d'avoir décidé qu'il était tout aussi bien de voguer entre les quelques meubles de l'endroit plutôt que de rester statique. « Et comme j'adore malmener les connards dans ton genre, j'vais pas me gêner... », qu'il siffle d'un ton toujours plus sec, mauvais. « Mais avant, je voulais que tu te remémores le jour où Charlie est venue te chercher. » Les yeux du chasseur brillent d'une malice tout aussi repoussante que délectable en ce qui le concerne, alors qu'ils se perdent dans ceux du mutant de sable. « Je trouve que c'est une belle mort que de revivre l'un de ses souvenirs les plus touchants... Ou devrais-je dire frappants... » Un rire fou s'évade de ses lèvres, trahissant le fait que la santé mentale de cet homme pas comme les autres peut dès à présent être remiser en cause, tandis que ses grandes jambes le ramènent auprès de Charlie. Bercé par avance par la douce mélodie de ce qui va se passer, son bras libre s'écrase sur les frêles épaules de la blonde. Gardant son regard fixé en direction de Seth, Roman approche ses lèvres brûlées de l'oreille de la mutante. « C'est à toi. Souviens-toi des moindres détails et fais-lui revivre. Sans exception », qu'il insiste. Il ne mentionne pas le fait que c'est de cette façon qu'il va s'assurer que tout est bien positionné dans l'esprit de Charlie. C'est ainsi qu'il va comprendre si, oui ou non, leur discussion animée de la dernière fois a fait son chemin. Roman veut des preuves. Il a besoin d'images vivantes, de mouvements ancrés dans le temps, de paroles bien réelles et si belles qu'il ne pourra jamais les effacer de sa carcasse de mémoire. Faisant glisser le bout de son arme dans le dos de la mutante, il fait entendre par ce geste qu'il garde toujours la maîtrise de toutes ces situations périlleuses qu'il crée et la pousse par la même occasion à s'approcher du Calédonien. Même si elle va au-delà du danger, Roman sait bien qu'un mutant ne peut en abattre un autre si aisément. En tout cas s'il n'est pas sous ses ordres. Et en théorie. « Si tu as besoin d'aide... », que le Norvégien ricane de son accent détestable, avant de laisser ses mains le désigner mollement. Geste que seul Seth peut apercevoir dans la configuration actuelle et qui laisse deviner à ce dernier que si Charlie n'arrive pas au bout, Roman prendra le relais sans souci.

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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeSam 31 Oct 2015 - 10:49

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Dernière édition par Charlie Monroe le Lun 28 Déc 2015 - 23:16, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeMer 4 Nov 2015 - 19:14


Can't you hear me knocking
ROMAN & CHARLIE & SETH


- Te fais pas du mal, comme ça, à vouloir essayer de deviner ce qui me passe par la tête ... Mais merci de réactiver ma vieille mémoire avec des idées aussi délicieuses, Seth.

Seth ne put empêcher une grimace de déformer brièvement les traits de son visage. Encore une fois, il aurait mieux fait de se taire. Il lui arrivait souvent de dire une phrase ou un mot de trop qui déclenchait une avalanche de conséquences désagréables qui lui tombaient sur le coin de la figure. Généralement, il s’en fichait royalement, quand il n’en riait pas. Mais là, face à Roman Griske, toute idée de rire s’était envolée. C’était différent du ricanement désespéré et un peu fou qu’il avait eu lors de leur dernière rencontre, au moment où la peur avait atteint un tel paroxysme qu’il avait réagi de la seule façon qui lui semblait pertinente : en se moquant. Visiblement, ça avait été une très, très mauvaise idée. Cela dit, à sa décharge, respirer le même air que le scandinave était une mauvaise idée. Il se demandait encore pourquoi il n’avait pas tiré, même si, quelque part, il connaissait la réponse : il n’aurait pas le temps d’appuyer sur la gâchette que son ancien tortionnaire se changerait en bourreau en lui plantant une balle entre les deux yeux. Alors pourquoi ne pas s’enfuir dans ce cas ? Etrangement, il avait l’impression que s’il se changeait en sable pour filer entre les doigts crochus de l’homme au long manteau, les choses n’en deviendraient que pire encore. S’il l’avait retrouvé une fois, il serait capable de le faire une deuxième, et il n’avait pas envie qu’il lui apporte la tête de l’un de ses amis en cadeau de retrouvailles. Alors il allait devoir faire front, serrer les dents et prier pour qu’une ouverture se présente, une où il pourrait lui tordre le cou ou lui enfoncer un poignard dans le cœur. Et fuir Charlie avant qu’elle ne l’achève à son tour. Il aurait voulu pouvoir compter sur elle, pouvoir se dire qu’il avait un allié de taille dans cette pièce, mais la vérité, c’était qu’il était tout seul cette fois. Personne ne viendrait le tirer de là, personne ne viendrait tuer Roman par surprise, personne ne savait ce qui était en train de se passer dans ce petit appartement en bordure de la ville. S’il lui arrivait quoi que ce soit, il se demandait combien de temps  ses connaissances mettraient à trouver son cadavre – si Griske ne s’amusait pas à le tailler en pièces avant. Visiblement, il en avait très envie, et aucun doute que ses nouveaux copains de la Gunpowder Squad seraient ravis de sa prise du jour. Il ne manquait plus que ça, qu’il se transforme en simili nazi ; il en avait déjà les manières, il ne lui manquait plus que l’uniforme.

- Dans tous les cas, je peux déjà m'octroyer le droit de faire ce que bon me semble de la vermine de cette bonne vieille ville de Radcliff.

Le trafiquant hésita une fraction de seconde à se taire, mais ça n’aurait pas été lui. Quitte à mourir ce soir, alors il mourrait comme il avait toujours vécu : en étant une satanée grande gueule.

- Cool, ça veut dire que tu vas enfin te flinguer ? Depuis l’temps que tout l’monde attendait ça.

Si seulement la folie du chasseur pouvait le pousser au suicide, la vie de beaucoup en aurait été grandement améliorée, celle de Seth en premier. Celle de Charlie, sans doute un peu moins. L’homme de sable se demandait ce qu’elle deviendrait si son mentor venait à mourir. Si elle se retrouvait libérée de l’influence qu’il avait sur elle. Y avait-il un moyen de la défaire de tout ce qu’il lui avait enfoncé dans le crâne à coups de barre de fer, ou bien était-elle définitivement perdue ? Il espérait sincèrement qu’il restait encore quelque chose d’elle à sauver. Il avait cru en avoir la preuve, aussi infime fut-elle, à chaque soirée qu’ils avaient partagé, comme s’ils étaient bons amis et pas adversaires. Mais ce soir, il n’était pas question de se poser devant un film en mangeant mal et en parlant beaucoup. Ce soir, il allait être question de coups, de douleur et de violence. Il ne voyait aucun moyen d’échapper à l’affrontement, d’échapper à ce qui allait arriver. Pas avec l’espèce de fou furieux qui le tenait toujours en joue.

- Je trouve que c'est une belle mort que de revivre l'un de ses souvenirs les plus touchants... Ou devrais-je dire frappants...

Le rire qui s’échappa d’entre ses lèvres à moitié brûlées arracha un frisson de terreur qui coula le long de l’échine du mutant comme un filet d’eau glacée. D’aussi loin qu’il se souvienne, Roman avait toujours eu un côté dérangé. Il n’était pas complètement sain d’esprit, il s’en était vite rendu compte après quelques semaines passées dans sa cage. Mais là, il avait l’impression que la santé mentale du Russe avait chuté à pic et ne s’était jamais arrêtée de décroître.

- T’es complètement malade … lâcha-t-il dans une sorte de murmure qui s’échappa de sa gorge sans qu’il le réalise.

Il ne comprenait pas comment on ne pouvait pas avoir peur de lui. Certes, il avait parfois l’air d’un méchant de roman, avec son côté un peu théâtrale et son accent à couper au couteau, mais c’était justement ça qui était effrayant : ce n’était pas un personnage fictif, c’était un être de chair et de sang qui n’avait rien de drôle. Il n’y avait rien sur Terre ou au Ciel qui eut pu le raisonner, rien qui aurait pu mettre un peu de bon sens dans ce cerveau pourri qu’était le sien. Et le cerveau en question avait prévu bien des choses pour lui, des choses qui n’auraient rien d’agréable ; c’était comme si le cauchemar duquel il avait pensé être sauvé dix ans plus tôt avait soudain recommencé, plus virulent que jamais.
Les yeux bruns de Seth ne lâchaient pas le grand homme, l’observant  lorsqu’il vint poser son bras sur les épaules de la blondinette à côté de lui. Elle avait l’air étrangement fragile à côté de lui, un petit chat docile avec la force de frappe d’un lion furieux. Roman avait bien réussi son coup : il avait démonté la psyché de la jeune femme pièce par pièce pour la reconstruire comme il l’entendait. S’il y avait vraiment un moyen de la tirer de là, le chemin serait long jusqu’à ce qu’elle retrouve une identité bien à elle. Mais déjà, elle semblait pouvoir prendre des décisions qui allaient à l’encontre des ordres de son maître. Encore faudrait-il qu’elle sache les prendre au moment crucial.

- C'est à toi. Souviens-toi des moindres détails et fais-lui revivre. Sans exception. Si tu as besoin d'aide...

Seth pâlit légèrement en le voyant se désigner. Il aurait préféré subir mille morts, il aurait préféré que Charlie le torture et l’achève plutôt que de tomber entre les mains de Griske. Plutôt la mort que les traitements qu’il pouvait lui réserver, car il savait qu’il le maintiendrait en vie jusqu’à ce que la douleur lui fasse perdre la tête, jusqu’à ce qu’il en oublie même son propre nom ; alors, il le tuerait, ou pire, il le changerait comme il avait changé Charlie. Et il préférait encore en finir tout de suite plutôt que de perdre tout ce qu’il était, de ne plus être qu’un pantin manié par un marionnettiste particulièrement vicieux et tordu qui le ferait s’attaquer à tous ceux qui lui avaient un jour fait confiance. Il aurait presque pu retourner son arme contre lui et s’achever tout de suite s’il n’y avait pas encore eu un maigre espoir qu’il puisse s’en sortir. Il aimait trop la vie pour vouloir la quitter sans se battre. Et même au fond du trou, il se débattrait comme un beau diable pour se défaire de la poigne du Destin, jusqu’à ce que la mort elle-même vienne le cueillir.
La question de Charlie lui fit tourner la tête dans sa direction. Essayait-elle de se souvenir de ce « tout » dont parlait Roman, ou bien était-ce une sorte d’hésitation qu’il croyait entendre dans sa voix ? Il aurait été croyant qu’il aurait prié pour la deuxième solution. Si la jeune femme commençait à hésiter, il y avait une chance, une infime chance de pouvoir lui ouvrir les yeux. Et si ça pouvait se faire dans un futur relativement proche, ça l’arrangerait. Peut-être même que ça lui permettrait de finir la soirée entier. Aussi la regarda-t-il avec un mélange de suspicion, de méfiance et d’attente lorsqu’elle s’approcha de lui. Il essaya de reculer la main lorsqu’elle arriva à sa hauteur, mais ça ne l’empêcha pas de lui prendre son pistolet. Il se sentit encore plus vulnérable ainsi désarmé, à la merci de ces deux personnages si imprévisibles. Il ne pouvait plus compter que sur sa mutation maintenant. Encore devait-il réfléchir à comment l’utiliser intelligemment dans une situation pareille.
De mauvaise grâce, il se laissa amener jusqu’au canapé et s’y assit avec la demoiselle qui le fixait de ses grands yeux de biche. Elle avait toujours ce côté étrangement innocent, ce même côté qui pouvait être très attirant ou particulièrement effrayant selon les moments. Là … là, c’était juste trop décalé pour que Seth arrive à se faire un avis sur la question. Aussi se contenta-t-il de soutenir son regard de ses yeux presque noirs.

- Petit brainstorming, que je me trompe pas : J’t’avais fait quoi Seth, précisément, tu t’en souviens surement vachement mieux que moi … mémoire du corps, tout ça … Vas y j’t’écoute, j’voudrais pas faire n’importe quoi. Bon, tu sautes la partie agréable hein, c’est pas de ça dont on parle …

L’homme de sable la fixa un moment en silence. Il se souvenait très bien, et sûrement mieux qu’elle en effet. Parce qu’elle avait probablement surtout retenu la nuit qu’ils avaient passé, mais lui se rappelait de ce qui avait suivi : les coups, l’incompréhension, la capture, encore plus de coups, puis un long trajet jusqu’en Norvège et une cage – la maudite cage dans laquelle il était resté six longues années. C’est long, cinq ans à être traité comme un animal, comme une cargaison qu’on secouerait de temps en temps pour s’assurer qu’elle est toujours à sa place. Il refusait d’y retourner encore, il ne voulait pas y retourner encore. Quitte à ce qu’ils meurent tous les trois ce soir, mais la seule boîte dans laquelle il irait serait celle dans laquelle on l’enterrerait. Il fallait qu’il réfléchisse à un plan et vite. Et Charlie venait justement de lui offrir un peu plus de temps pour penser. Il ne savait pas si elle l’avait fait volontairement ou non, mais en tout cas, il allait en profiter.

- Pas la partie agréable … C’est con, c’est la seule que j’aurais bien voulu revivre, tenta-t-il d’ironiser, son sourire plus résigné que moqueur.

Il pensa au couteau de cuisine encore présent sur le plan de travail à même pas cinq mètres d’eux ; il pensa au canif dans la poche de sa veste suspendue à un crochet juste à côté de la porte d’entrée ; il pensa à tout ce qui aurait pu lui servir d’arme, de fortune ou non, mais rien n’était à portée de main … à part le pistolet que Charlie tenait entre ses doigts. Seth savait pertinemment qu’il était plus fort qu’elle physiquement. Ca ne serait l’affaire que de quelques secondes avant qu’il ne puisse le lui voler. Oui mais voilà, le temps qu’il mette Roman en joue, ce dernier aurait largement eu le temps de lui vider son chargeur dans la tête.

- Qu’est-ce que tu veux que j’te dise, Charlie ? Que tu m’as cassé la gueule ? J’pense que ça tu peux t’en souvenir toute seule.

Une idée commença à germer dans son esprit. C’était risqué, énormément risqué, mais pour le moment il n’avait rien d’autre. Quitte à tenter le tout pour le tout, autant y aller franchement. Et puis, à ce stade, il n’avait plus grand-chose à perdre.
De là où il était, il pouvait aisément l’attraper et se servir d’elle comme bouclier. C’était une technique qu’il n’avait pas envie d’utiliser sur elle, mais il n’avait pas le choix. Et puis, en fonction de la réaction du scandinave, peut-être la demoiselle ouvrirait-elle enfin les yeux, même si ça devait se faire dans la douleur.

- T’as dû faire ça à plein de mutants, pas vrai ? Leur faire tourner la tête et puis les fracasser avec une barre de fer. Dis voir, comme ça, t’en as eu combien ? Hein ?

Il avait calculé sa trajectoire, il ne restait plus qu’à frapper. Il n’aurait pas droit à l’erreur. En un coup, il devrait réussir. Sinon, il n’aurait plus qu’à subir les conséquences de son échec. Et il ne faisait aucun doute qu’elles seraient particulièrement éprouvantes. Gardant ses yeux fixés dans ceux de la mutante, il lui posa une dernière question.

- Dis voir Charlie, t’as capturé combien de gens qui ont fini comme toi ?

Il laissa passer une seconde, deux peut-être, puis son bras parti en avant tandis que sa main libre agrippait celle de Charlie, lui arrachant le pistolet. Il la retourna contre lui pour qu’elle lui fasse dos et bloqua sa gorge de son bras. S’il avait réfléchit un moment, il aurait réalisé qu’il avait été beaucoup moins violent et qu’il la serrait bien moins fort qu’il l’aurait fait d’ordinaire. Avec quelqu’un d’autre, il aurait fait mal, en représailles ; avec elle, il la tenait juste assez fort pour qu’elle ne puisse pas bouger de trop. Le canon de son arme vint se poser contre sa tempe, entre les mèches blonde. Le trafiquant se leva avec elle. Elle était loin de le cacher entièrement, mais ainsi capturée, elle protégeait tous ses points vitaux. C’était mieux que rien.

- Lâche ton arme, Roman, et barre-toi de chez moi.

Il y avait peu de chance que l’homme obtempère, pour ne pas dire aucune chance du tout. Mais au moins, il aurait essayé.


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Dernière édition par Seth Koraha le Lun 16 Nov 2015 - 20:56, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeJeu 12 Nov 2015 - 23:40

Roman la brûle de son regard fait d'acier pur. Comment ça « tout... tout ? » ? L'ex-russe n'est-il pas clair dans ce qu'il entreprend, sur ses intentions et ses désirs ? Charlie est pourtant la mieux placée pour saisir à la lettre les mots qui s'évadent de ses lèvres mortifiées et les gestes équivoques qui mouvent son corps vieillissant. Toutefois, le quinquagénaire ne laisse rien paraître. Il observe. Il se délecte des gestes assurés de sa mutante, lorsqu'elle s'approche de Seth et le guide jusqu'au petit canapé. Son coeur bat un peu plus fort. C'est un moment comme on en fait pas souvent dans une vie. C'est un instant si particulier et insoupçonné que le chasseur n'en perd pas une miette. Il écoute avec attention l'échange entre les deux mutants, constate leurs petites mimiques et leurs remarques l'un envers l'autre. Il apprécie le fait qu'ils oublient presque sa présence, même s'il ne le devrait pas. Cela ajoute une nouvelle part de mystère au personnage déjà singulier que représente Roman Griske. Malheureusement pour lui, l'instant est vite gâché. Roman patiente. La scène se déroule sous ses yeux. Un peu au ralenti, mais sans vraiment l'affecter. La pauvre menace de Seth ne l'atteint pas. Son regard grisonnant passe sur les traits de sa mutante, ne s'y attarde pas. C'est dérangeant. De le voir agir ainsi, avec une différence non-feinte, une préoccupation inexistante. Ce n'est pas normal, lorsqu'on sait qu'en théorie il doit être attentif à sa création. Surtout lorsque cette dernière commence à lui échapper un peu, si ce n'est de plus en plus. Mais Roman n'arrive pas à ressentir grand chose. Il est né ainsi et il mourra de la même façon. Avec un cœur de pierre, une âme vendue au diable dès les premières secondes de son existence, dès son premier souffle, ce qui le prive tout simplement de se montrer concerné. Peu de choses l'affectent, à Griske, si ce ne sont les émotions fortes qui peuvent ébranler son tempérament maîtrisé. Une colère salvatrice, une joie immense, une douleur fulgurante. Le Norvégien peut se laisser affecter, par moment, mais jamais bien longtemps. Et ce soir ne fait pas exception à la règle. Ses prunelles coulent brièvement sur le corps de Charlie. Il ne dit rien. Le silence enrobe sa carrure imposante, alors que ses pas le guident en face des deux mutants. Même s'il n'est pas capable d'éprouver, il peut réfléchir. Il sait réfléchir. Roman est un homme qui calcule tout. Des moindres détails jusqu'aux parties les plus larges des plans par millions qui se dessinent en permanence dans son esprit. Il aime les choses bien faites, les situations parfaitement caractérisées. Il possède ce goût de l'inoubliable, du tableau aux mille interprétations qui restera gravé dans les mémoires à jamais. Et, cette façon de percevoir les choses, despotiques et mélancoliques à la fois, Roman prend le temps de s'y pencher dès qu'il se trouve dans ce genre de situations. C'est pour cette raison qu'il vient de placer dans un axe parfait face à Seth et Charlie, celui qui l'alignera au mieux pour son prochain acte mûrement pensé. Le quinquagénaire se laisse happer par cette passion morbide de l'idéal dans l'instant crucial. Aucun sourire ne vient ponctuer ses lèvres d'une mine réjouie. Malgré le fait que le bras de Seth oppresse les épaules de Charlie, qu'elle risque peut-être quelque chose, mais que l'ex-russe s'en soucie à peine, il ne parvient pas à se montrer satisfait. Il y a un truc qui cloche. Ce n'est pas supposé se dérouler comme ça. Tout est beaucoup trop calme, apaisé comme s'ils étaient tous trois à une réunion courtoise et distinguée. Sauf que Roman, il est délicat, digne, voire noble, à sa façon. A sa manière bien propre et aisément répugnante. Le coup de feu part de façon soudaine. La détonation résonne dans l'air pour faire cesser le temps d'une seconde précieuse les respirations. Le bras de Roman est tendu dans un arc perpendiculaire avec le haut de son corps inimitable. Le geste respire la maîtrise, la préparation. Au loin, le chasseur aperçoit la blessure qui commence à effriter la peau, le sang qui afflue à la surface de l'épiderme blafard. Son regard s'élève en direction du visage de Charlie. Il caresse ses traits déformés par la douleur fugace. Il sait. Il sait que ça fait mal, voire même très mal, mais elle doit souffrir. Pour lui, pour eux, pour pouvoir profiter de cette soirée tous les deux. Elle peut bien faire ça, Charlie, non ? Roman est persuadé que oui. La balle a simplement frôlé son bras, a possiblement mordu sa chair, avant de venir s'écraser un peu sur celui de Seth. Mais moins profondément, moins évidemment. L'ex-russe n'a pas raté son essai, il l'a même relevé le pari haut la main. Un sourire malin vient enfin se loger sur ses lèvres cuirassées par les brûlures. Son attention se porte à nouveau sur Seth, dont le corps de Charlie est soudain devenu plus lourd à porter au creux de ses bras. « Tu veux lui faire du mal ? Je t'en prie, fais-toi plaisir. » Roman a déjà tant de fois malmené la mutante que sa souffrance ne peut l'atteindre. Grâce à ce geste, il prouve juste au Calédonien qu'il ne sert à rien d'essayer de faire du chantage avec lui : même sa plus belle arme pourrait lui être enlevée qu'il en serait à peine affecté. Alors, que le mutant se jette corps et âme dans cette solution qu'il semble supposer idéale, Roman attend juste de voir la suite. A présent que Charlie ne peut plus lui servir de bouclier ou de monnaie d'échange pour le faire sortir de son antre, que va-t-il trouver ? Laissant échapper un pouffement, Roman détend un peu ses épaules nerveuses. On le croirait presque à un repas de famille, à peine sorti de l'entrée et réclamant déjà le plat suivant. Il démontre un flegme qui n'a pas lieu d'être. Il entend le souffle de Charlie plus loin, tandis qu'il se détourne un instant pour refaire du regard le tour du propriétaire. Ce dernier se dépose alors sur un couteau massif au niveau de la petite cuisine et le quinquagénaire s'empresse de s'en saisir. Il ne perd pas de temps, ne préférant pas se retrouver trop longtemps dos à Seth, même si ce dernier est occupé à subir les minuscules jérémiades de son adorable Charlie au creux de ses bras, sait-on jamais. Avec tout ce qu'il provoque et détruit dans la vie des autres, le Norvégien doit s'attendre à des remontrances et se prépare toujours à toutes les situations. « Charlie, debout », que le chasseur crache brusquement. Son accent fait la part belle à l'atmosphère pesante qui règne désormais entre les quatre murs de la pièce, si ce n'est de l'immeuble tout entier. Seulement, Roman n'attend pas que la mutante ait le temps de réagir à son ordre, mais surtout à la mise en garde implicite qui se cache derrière ses mots. Dans une pulsion ravageuse, le chasseur repousse le canapé qui se trouve à sa gauche pour pouvoir faire de plus grandes enjambées vers Seth. Avant de parvenir à lui, il prend soin de faire reculer avec une fureur inédite la table basse dans les jambes du mutant, juste pour le déstabiliser un peu, ou même beaucoup. Malgré son âge, Roman met en avant en à peine quelques secondes des talents qu'on lui pense souvent éteints, envolés. La table basse blesse sans doute Charlie au passage, le Norvégien ne faisant plus vraiment attention à si elle se trouve encore debout ou allongée au sol sous les coups à réactions en chaîne que provoque Griske. Ce dernier fonce sur le Calédonien jusqu'à venir appuyer le couteau qu'il tient dans la main droite contre sa gorge, tout en maintenant sur sa tempe le bout de son arme réchauffé par la balle récente qui s'est est échappée. « Puisqu'elle n'est pas capable de te rendre la mémoire, c'est moi qui vais le faire. »

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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeVen 13 Nov 2015 - 15:46

Poisonned gift
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- Dis voir Charlie, t’as capturé combien de gens qui ont fini comme toi ?

Alors là, en voilà une question qu’elle était bonne. Elle aurait pu se mettre à compter sur ses doigts pour trouver la somme exacte des mutants qu’elle avait attrapé dans ses filets, avant de se ressaisir. La fin de la question était ce qui comptait le plus : qui ont fini comme Elle. Or, des comme elle, il n’y en avait pas. Elle était unique, le travail d’orfèvre qu’avait fait Roman sur elle, il n’avait pas eu la patience de le faire sur les autres. Les autres, ils les avaient massacrés, brisés, rendus au stade d’animaux primitifs et veules. Elle n’était pas un animal en cage, elle était une arme. Une arme délicatement montée des mains du meilleur chasseur du monde. Aussi, sans lui répondre, elle glissa un sourire presque tendre à Roman pour seule réaction. Lui, il comprendrait la question et sa réponse, c’était évident. Puis Seth se jeta sur elle.

Le coup de la prise d’otage, elle l’avait vu venir à trois kilomètres. Non vraiment, je vous assure, elle l’avait envisagé à la seconde même où elle s’était assise à coté de Seth ; tout comme les milles et unes façons de se défaire de son emprise selon la méthode qu’il emploierait, clé de cou  de bras,  étranglement, tout. Après tout elle avait été formée pour envisager tout ça, elle n’en tirait pas une très grande fierté. Alors pourquoi s’être laissée attraper ? Peut être parce qu’elle n’avait pas envie de choisir, cette fois ci : de toutes façons, elle était très, très mauvaise pour prendre des décisions par elle-même, c’est pour ça que son rôle de suiveuse lui seyait à merveille. Cette histoire ne concernait à priori que Seth et Roman, alors ils pouvaient bien se débrouiller un peu entre eux, tout de même. Elle n’avait pas tant de choses à voir dans cette histoire. Enfin, c’est ce qu'elle aimait à se répéter.
La suite aussi, elle vous avouera qu’elle s’en doutait un peu. Elle n’était plus assez naïve pour s’imaginer que Roman interromprait son plan juste pour la mettre en sécurité. On ne met pas en sécurité une mitraillette ou une dague juste parce qu’elle est dans les mains de l’ennemi, c’est totalement stupide. Au mieux, on désarme l’adversaire, au pire, on utilise un autre outil, Charlie ne se faisait pas trop d’illusion là-dessus. En revanche, elle tiqua légèrement en voyant Roman pointer son arme sur elle : la trajectoire semblait évidente, elle allait se prendre une balle dans l’épaule : Su-per.Cela dit, une demi seconde avant qu’il ne tire, elle salua intérieurement l’intelligence de la démarche, puisqu’il visait son épaule droite. Or, la mutante était gauchère, et ça ne l’handicaperait pas tant que ça si elle devait repartir en chasse demain. Mais son épaule … son épaule, elle arrivait au niveau du pectoral de Seth. Pas du coté du cœur, certes, mais ça n’empêcherait de lui perforer un poumon, ce n’était pas son petit corps qui allait arrêter la balle … Sauf qu’elle avait pas super envie qu’il soit privé d’un poumon, en fait. Pas envie du tout même. Alors elle lui asséna un magistral coup de coude à l’instant ou la détonation retentit. Elle sentit la prise de Seth se raffermir sur elle, alors que la brulure de la balle mordait férocement la peau de son bras : le tir n’avait fait que l’effleurer, ou presque, mais ça faisait quand même un mal de chien. Et surtout, elle saignait. Ce n’était pas l’hémorragie du siècle, mais déjà le sang dégoulinait le long de son coude pour tâcher le sol. Charlie sentit ses jambes la trahir, s’effondrant à moitié sur Seth : le bruit du tir avait vrillé ses tympans, et son oreille interne lui intimait de passer de la position verticale à l’horizontale, là, maintenant, tout de suite. Elle retint un grognement tout en se rattrapant à seth de son bras intact, la douleur était saisissante, et elle avait l’impression d’être sur le point de s’évanouir.

« Charlie, debout »

- Oui bah je fais ce que je p…

Elle n’eut pas l’occasion de finir sa phrase : Roman, dans un éclat de rage si caractéristique, venait de renverser la table basse d’un coup de pied rageur. Des tables, des chaises, Charlie s’en était déjà reçu plus d’un sur la figure ces vingt dernières années, et elle n’aurait probablement pas du s’en émouvoir. Sauf que le pied du meuble se brisa d’un coup sec, pour s’enfoncer dans le ventre de la mutante affalée avec une violence inouïe. La jeune femme hoqueta de surprise, passant de la douleur aigue de la brulure de son épaule à celle sourde, terrifiante, qui envahissait son bas ventre. En poussant la table, Roman avait omis que le corps de Charlie faisait barrage entre le meuble et le mutant des sables. Ou peut être ne s’en était il même pas soucié. Elle porta ses mains à la plaie, fixant le morceau de bois peint d’un air incrédule. Ce n’était pas possible, ce bête pied de table ne pouvait pas s’être enfoncé aussi profondément, d’un seul coup. Figée, elle se contenta de lever les yeux vers son mentor, couinant d’un air perdu :

- Ro… Roman …

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Seth Koraha
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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeMar 17 Nov 2015 - 21:12


Can't you hear me knocking
ROMAN & CHARLIE & SETH


Roman et Charlie formaient sans aucun doute le duo le plus redoutable que Seth ait jamais vu. Le Russe était doté d’une intelligence redoutable, d’une capacité de réflexion scandaleusement rapide et d’un esprit suffisamment tordu pour imaginer des plans particulièrement cruels pour capturer ses proies ou les exécuter dans la douleur. Quant à la mutante, elle lui était aussi dévouée et fidèle qu’un chien, prête à exécuter le moindre de ses ordre sans la moindre hésitation, sans remord, sans état d’âme. Sauf qu’un chien maltraité pouvait tout à fait se retourner contre son maître, et c’était ça que l’homme de sable essayait de faire : que Roman maltraite Charlie, suffisamment pour planter en elle les graines du doute et de la remise en question. S’il s’était amusé à la prendre en otage et à menacer de lui faire du mal, c’était surtout pour qu’elle voie la réaction de cet homme qu’elle idolâtrait. Pour que le voir la traiter comme quelque chose de sacrifiable crée un déclic, une révélation, n’importe quoi qui aurait pu la faire comprendre à quel point cet homme était nocif pour tout le monde et surtout pour elle.
Il eut tout juste le temps de le voir lever le bras brusquement et d’essayer de calculer la trajectoire de la balle qui allait partir qu’un coup de coude dans ses côtes le fit remuer – juste assez pour que le tir entame les chairs de la jeune femme et ne fasse qu’érafler les siennes. S’il avait conservé sa position initiale, le projectile aurait sûrement traversé son épaule, voire son poumon. Il sentit la jeune femme devenir molle dans ses bras et il eut le réflexe de la rattraper. Il ne voulait pas la voir s’écrouler, par alors qu’il était à peu près sûr qu’elle avait fait exprès de le frapper pour que leurs blessures soient moins graves que ce qu’elles auraient dû être. Il plongea son regard noir dans celui de son ancien bourreau.

- Tu veux lui faire du mal ? Je t'en prie, fais-toi plaisir.

Le gloussement qui s’échappa des lèvres sèches et brûlées du chasseur fit se tendre le Calédonien. Il détestait ce son, détestait cet air amusé et fou qui l’accompagnait. Tout dans l’expression du scandinave le révulsait au plus haut point et le faisait passer sur la défensive le temps d’un battement de cœur. Son instinct lui hurlait de se battre ou de fuir, pas de rester planté là bêtement … mais il ne voulait pas prendre le risque de mettre ses proches en danger. Il ne voulait pas prendre le risque que Roman décide de s’attaquer en représailles à des gens qu’il connaissait – Pietra, Malachi, Bob … Ils étaient trop nombreux dans son cercle d’amis à être morts ces derniers mois qu’il refusait de voir d’autres noms s’ajouter à la liste des gens à pleurer. Alors il restait là, et il allait sûrement le payer très cher.
Les yeux sombres du trafiquant suivirent le mouvement de l’homme au manteau long. Il redressa son pistolet, sentant sa blessure toute fraîche diffuser une légère douleur dans son bras. Mais avant qu’il n’ait pu tirer, Roman se retournait déjà et avança d’un pas rapide dans sa direction, avalant en quelques enjambées à peine la distance qui les séparait. Il lâcha Charlie et tenta de la pousser plus loin, évitant qu’elle ne prenne un coup supplémentaire. Il sentit la petite table de bois cogner brutalement contre ses tibias, le déséquilibrant juste assez pour qu’il perde son équilibre et qu’il ne puisse pas repousser le Russe qui se jeta sur lui comme un fauve sur sa proie. Il entendit vaguement le bruit d’un meuble qui se brise et se retrouva au sol, la lame de son propre couteau de cuisine sous la gorge et le canon encore chaud d’un pistolet contre sa tempe.

- Puisqu'elle n'est pas capable de te rendre la mémoire, c'est moi qui vais le faire.

Seth eut une mimique de rage terrible, retroussant les lèvres et montrant les dents, comme s’il allait lui sauter dessus pour lui arracher la jugulaire. Il aurait voulu avoir des crochets comme ceux des serpents, pour pouvoir les lui planter dans les veines et le voir mourir dans d’atroces souffrances. Sa peau se mit à fourmiller et à jaunir, lorsqu’une petite voix étouffée attira son attention.

- Ro… Roman …

Son regard se tourna vers Charlie et se posa sur son visage décomposé avant de voir où ses mains se tenaient. Il vit le pied de la table, brisé, qui dépassait bizarrement de son ventre, et le sang qui coulait sur ses doigts et tâchait sa jolie robe bleue ; le mutant en oublia momentanément la menace de la lame juste sous sa mâchoire, avant de lancer à Roman un regard si mauvais qu’il aurait presque pu le foudroyer sur place. Se changeant en sable pour de bon, il s’infiltra dans l’arme du scandinave, l’enrayant en bonne et due forme, avant de retrouver son corps humain et de balancer son pied dans sa mâchoire. Il frappa une nouvelle fois, visant les côtes, puis tourna les talons et s’approcha de la petite blonde, posant un genou à terre.

- Charlie ? Hey, Charlie ! Enlève tes mains, montre-moi.

Il fallait qu’il voit la plaie, qu’il se rende compte de la gravité des dégâts, quitte à la prendre avec lui et à partir de là en courant pour l’emmener à l’hôpital le plus proche. Il était inquiet pour elle et refusait l’idée qu’elle puisse mourir aussi bêtement, d’un pauvre morceau de bois planté dans son ventre au beau milieu du salon de cet appartement perdu.
Un mouvement dans son champ de vision attira son attention et il se tourna, exposant tout le côté gauche de son corps. Une douleur fulgurante explosa sur son crâne, de l’arrière de sa tête jusqu’à son œil, et il se rattrapa comme il put pour ne pas s’écraser sur la mutante et aggraver sa blessure. S’il voulait aider Charlie, il fallait d’abord qu’il règle le problème Roman.
Quitte à ce qu’ils s’entretuent pour mettre un point final à cette histoire.


(c) elephant song.


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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeJeu 19 Nov 2015 - 0:47

Roman oublie ce qui se passe autour. Il se concentre sur cette lame, il se laisse happer par cette arme. Les deux ne sont que des prolongements de son corps. Elles deviennent au creux de ses doigts mordus par le feu de nouvelles mains encore plus magiciennes et glaçantes que les naturelles dont il est doté. Un souffle salvateur lui échappe. Il est bien, dans cette configuration, le Norvégien. Il perçoit la tension, le sang qui afflue dans les veines du mutant, son regard venimeux, ainsi que ses lèvres qui se retroussent. Il profite de l'instant. Lorsqu'il était plus jeune, on a reproché à Roman de ne pas le faire assez. On l'a embêté avec des idées comme quoi il n'était pas capable de vivre pleinement les minutes peuplant ses journées, sa vie, avant qu'il ne supporte plus la voix de ce prétendu ancien ami et ne le descende d'une balle dans les cordes vocales. Pourtant, à ce moment précis, il le remercie. D'une pensée rauque et animale, à l'image de cette tonalité propre qui s'évade de ses lèvres lorsqu'il ouvre la bouche, il apprécie enfin à leur juste valeur les paroles bienveillantes de ce sous-fifre auquel il a ôté la vie. Et, dans cet instant de communion avec lui-même, l'ex-russe donne le sentiment de s'être perdu. Le parfum de haine qui a empli ses narines s'est diffusé à une vitesse fulgurante dans son esprit, jusqu'à lui faire perdre conscience de tout ce qui l'entoure. Que ce soit l'endroit, ou les personnes qui l'entourent. Ce qu'il retient, tel un phare percutant le marin de sa lumière flamboyante au milieu de la tempête, c'est qu'il est en présence d'un mutant. De même qu'il doit mettre fin à la vie de ce dernier, dans le dessein d'enfin libérer cette pulsion folle de le massacrer qui l'a pris en grippe depuis que son trafic en Europe a été malmené. Alors, Roman appuie. Il compresse un peu plus cette lame tranchante contre la jugulaire qui transparaît sous une chair de plus en plus blafarde, avant d'écraser de la même manière le canon fumant de son arme contre sa tempe. Pris dans les filets de son délire, le quinquagénaire ne peut toutefois retenir un bref mouvement nerveux en direction de la petite voix qui l'appelle. Sans relâcher sa prise, le chasseur se laisse avoir par ce petit ton répugnant de souffrance et qui le pousse à adresser un regard sombre, noir comme jamais auparavant, en direction de Charlie. Elle est au sol, mal en point, mais il n'a pas de temps à lui accorder, par pour le moment. Enfin, ça, c'est que ce Roman envisage avant que le corps de Seth ne se dématérialise subitement. Roman sent l'arme trembler au creux de sa main, jusqu'à être obligée de la laisser tomber. Enfin, le Norvégien sent sa mâchoire craquer. Il ressent la légère fissure, le sillage qui se trace dans le cartilage massif, alors qu'un sourire étire ses traits. Mimique inédite et incompatible avec les événements, qui se déforme un instant lorsqu'un nouveau coup vient mordre ses côtes vieillissants. Déclinantes, mais pas encore tout à fait séniles. C'est pour cette raison qu'il ne bouge pas. Quelques minutes passent, s'étirent dans le temps, ce sont ne peut-être même que des secondes, durant lesquels Roman cherche un souffle qui peine à lui être rendu. Ses poumons sont peut-être touchés, qui sait, mais il ne veut pas s'attarder sur ce genre de détails. Malgré les coups, la violence, l'ex-russe retrouve toujours et encore cette force qui fait sa réputation. Telle une sangsue, il se nourrit sans fin du sang délectable que représente la douleur et l'animosité qui bercent l'instant, avant de renaître tel le phénix de ses cendres. S'appuyant sur son coude, Roman cherche à mettre la main sur l'arme qu'il détenait un peu plus tôt, jusqu'à ce qu'il se souvienne que son arme a pris l'équivalent de ses coups et qu'elle n'est peut-être plus en état de l'épauler. Qu'importe, le Norvégien n'a pas besoin d'elle pour poursuivre. Il a d'autres ressources. Tellement de ressources que c'est pour cette raison qu'on continue à le craindre encore et encore, car incarnant par excellence un homme machiavélique, aux ressources infinies. De fait, l'arme qu'il laisse couler jusqu'à sa main la plus proche est moins imposante que la précédente mais tout aussi dévastatrice. C'est en tout cas ce qu'elle laisse deviner lorsque l'une de ses balles vient s'échouer au niveau du crâne désormais plus que dégarni du Calédonien plus loin. Déjà debout, Roman tangue une seconde ou deux, avant de s'approcher de Seth, et par procuration de Charlie. « Laisse-la tranquille. » Son énorme chaussure noire vient repousser l'épaule du mutant d'un coup de pied bien placé. Si Roman peut entendre les os de l'ennemi craquer à leur tour, il ne peut que s'en estimer ravi. « Charlie n'est pas comme toi. Elle est forte, et elle n'a pas besoin que ton être en décomposition l'approche », qu'il souffle entre ses dents, alors que son regard se dépose enfin sur le corps de la mutante. Il constate d'un air intrigué les dégâts qu'il a causés (sans vraiment en prendre conscience, ni s'en soucier), avant de passer une main dans le cou de Charlie pour la redresser un peu. Il ne parvient pas à lui adresser le moindre signe rassurant : un sourire, une œillade complice, ou autre. Rien, tant l'idée qui vient de traverser son esprit occupe tout l'espace et le prive d'observer une seconde de réflexion correcte. « Viens, ma belle, tu vois, ce n'est rien... Rien du tout. » Et au dernier mot, Roman tire. Dans un mouvement rapide, sa main s'est enroulée autour du morceau de bois ballant hors du ventre de la mutante, avant de l'en déloger d'un geste sec et précis. Pourtant, l'ex-russe n'est pas médecin. Il n'a aucune compétence qui lui assure que ce qu'il vient de faire est la bonne méthode à adopter, ou que c'est à tout prix ce qu'il faut éviter. Rien. Si ce n'est cette folie dans le regard, et cette envie de ne plus voir le visage de la blonde tordu d'une douleur qu'il ne comprend pas. Le Norvégien est à des années lumières de ce qu'elle peut ressentir. Il ne perçoit pas son souffle qui s'accélère, ne remarque pas ses membres qui convulsent par endroit. L'homme est ailleurs. Dans un recoin de son esprit qui le pousse à ne pas prendre le temps de réaliser ce qu'il vient de faire, bien que cela ne servirait à rien : au final, Charlie est une mutante. Sa mutante, certes, belle, forte, puissante, particulière et docile, mais une dégénérée tout de même. Laissant retomber la tête de la blonde contre le sol frais, Roman relève un air revanchard en direction de Seth non loin. Il s'élève, impose à nouveau cette présence sombre, cette aura dominante et effrayante à souhait, avant d'enjamber le corps de sa mutante, l'air de rien. « Elle s'en sortira sans toi, Seth. » A ces moments, le pied de Roman vient s'écraser à nouveau sur un membre du Calédonien : cette fois-ci, sa jambe. Le quinquagénaire y met toute sa force, toute son envie et sa vigueur retrouvée pour l'occasion, afin que la blessure perdure et s'incruste dans le temps, même si c'est pour que Seth jouisse de ce souvenir particulier de l'autre côté du miroir. « C'est fou... », qu'il se met à pouffer, avant de donner un second coup de pied, plus au niveau de son bras, ou plutôt de ses côtes vulnérables, avant de se pencher vers lui. « Même quand t'es sur le point de crever, tu trouves le moyen de vouloir jouer les héros et tu réussis à te montrer encore plus pathétique que tu ne l'es déjà. » Roman se redresse et se décale d'un pas lent. Le sol craque sous sa masse répugnante, avant d'être le témoin d'un futur nouvel assaut. En effet, l'ex-russe se penche une dernière fois en avant, murmure un : « Pozdravleniya. » et prépare la semelle de sa chaussure à entrer en collision avec le crâne déjà abîmé du mutant.

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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeVen 20 Nov 2015 - 23:16

Poisonned gift
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Les paupières de Charlie se faisaient lourdes, comme deux blocs de granit au dessus de ses yeux clairs. Elle n’osait pas vraiment bouger, de peur que le pieu s’enfonce un peu plus dans son ventre. La douleur était lancinante, elle avait l’impression de sentir les filaments de ses muscles se déchirer à chaque respiration abdominale, aussi elle se mit à haleter rapidement, par à-coup, pour remplir le moins possible ses poumons.  Elle avait tendu le cou faiblement pour visualiser la zone touchée : elle avait évité de justesse la zone ombilicale, le pieu s’étant fiché au dessus de l’os de sa hanche, au creux de la fosse iliaque droite. Quelques centimètres plus haut et ses organes vitaux auraient été perforés, et adieu intestins et reins tout neufs. Elle effleura le bout de bois du bout des doigts, mais la douleur était telle qu’un grondement s’échappa de ses mâchoires serrées. Au dessus d’elle, Seth avait disparu, et Roman ne la regardait même pas : c’était normal après tout, il guettait la réapparition du mutant qui voulait sa mort. Il devait prendre soin de sa propre vie avant de s’enquérir de la sienne, c’était bien naturel.

Elle ferma les yeux pour un temps qu’elle imaginait infime, et quand elle les rouvrit, il y avait Seth au dessus d’elle, qui repoussait ses mains qui étaient enserrées autour du morceau de bois. Elle ne comprenait pas tout ce qu’il disait, comme si, enveloppée dans du coton, la voix de Seth était étouffée, diffuse. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n’en sortit, et elle se contenta de fixer le mutant sans comprendre. Elle n’eut pas l’occasion de rassurer Seth que déjà elle voyait une ombre passer sur lui, et le faire disparaitre de son champ de vision. Un battement de cil à nouveau, et c’est le visage rassurant de Roman qui apparaissait devant son visage. Elle sentit sa main rugueuse mais protectrice de son mentor dans son cou, qu’elle tendit pour qu’il s’y loge plus facilement. Elle tenta de se redresser un peu, mais elle ne sentait presque plus ses bras. Elle avait froid, tellement froid …

- Roman … fais … attention …

Attention à Seth, il n’est pas loin, surement très faché, attention à ta chemise blanche, tu vas la tâcher avec tout ce sang qui dégouline de mon ventre, attention à ta main, ça fait vachement mal quand tu touches à … Le bruit qui sortit de la gorge de la jeune femme quand Roman tira brusquement sur le pieu n’était pas vraiment humain, alors que ses ongles s’enfoncèrent dans le bras du chasseur tant ça faisait mal. Dans ses oreilles, elle eut l’impression d’entendre un « Pop », comme un bouchon qui saute, alors qu’un flot chaud dégoulinait du haut de sa hanche, finissant d’assombrir le tissu précieux de sa robe. Charlie se mourrait.

Charlie se mourrait et elle ne voulait pas mourir. Elle n’avait pas peur de mourir, mais elle ne le voulait pas.  Elle ne voulait pas laisser Roman, il avait beau se donner des grands airs, il avait besoin d’elle, pour des tas de choses, et il serait perdu si elle n’était pas là. Puis elle ne voulait pas laisser Seth non plus, parce que si Roman ne le tuait pas ce soir, elle voulait revenir chez lui regarder des films bourrés de références qu’elle ne saisissait pas, mais qui la faisaient rire pare que ça faisait rire, lui. Et puis il y avait Ava et ses cheveux crépus qui sentaient la vanille, Ivory qui sentait le café et dont elle avait envie de boire les yeux tant ils étaient noirs et saisissant, et tous, tous les gens qu’elle avait pu effleurer ici … Elle aimait la vie, même si elle n’avait pas vraiment de sens, et elle s’y agripperait comme une sangsue.

Dans l’appartement, la lumière se mit à vaciller. D’abord discrètement, puis de plus en plus ostensiblement. Une à une, les lampes, les bougies, les appareils électriques s’éteignirent pour plonger l’appartement dans la pénombre. L’appartement, puis celui des voisins d’à coté, de celui du dessus, du dessous … Quelques secondes suffirent à Charlie pour, involontairement, aspirer de l’énergie de toutes les sources d’électricité de l’immeuble. Au loin, un claquement indiqua que les plombs venaient de sauter. Charlie sentit un petit picotement dans ses doigts, dans ses orteils, avant de se rendre compte qu’elle n’avait plus aussi mal qu’avant. En revanche, sa tête bourdonnait comme un essaim d’abeilles furieuse, et elle ne mit pas longtemps à comprendre ce qui se passait, ou plutôt elle se souvient : elle était toute petite pourtant, mais il y avait des flash, les pieds nus, la faim, l’épuisement, la douleur …. Et son don qui s’activait, seul, indépendamment de sa volonté, pour la protéger. Pour survivre. Pour contrer l’hémorragie, son corps aspirait toute l’énergie à sa disposition, de près comme de loin, pour la charger comme une pile électrique. Sauf qu’elle se chargeait beaucoup, beaucoup, beaucoup trop par rapport à son contrôle de ses capacités. Elle sentait d’ailleurs qu’elle commençait à grappiller l’énergie des êtres vivants autour d’elle. Il fallait qu’ils partent, vite, ou ils allaient mourir par sa faute. Par aspiration, ou par la déflagration qui allait immanquablement suivre. Elle le sentait, elle était sur le point d’exploser. Elle humecta ses lèvres sèches pour interpeler Seth et Roman qui se battaient toujours, d’une voix métallique, qui n’avait presque plus rien d’humain :

- Allez vous en …. Sauvez vous … ALLEZ VOUS EN, SAUVEZ VOUS !

Ils devaient fuir, tous les deux, ensemble, séparément, elle s’en foutait. Ils ne devaient pas mourir à cause d’elle.  Elle sentait toujours la plaie palpitante sur son ventre, mais l’énergie qui courrait dans ses veines déchargeait tellement d’adrénaline dans son cerveau qu’elle ne sentait plus la douleur. Elle trouverait un moyen de survivre, mais ils ne tiendraient pas si elle relâcha toute l’énergie d’un seul coup, comme un barrage qui cède sous la pression de l’eau. Ses iris totalement noircis par ses capacités brillaient dans l’obscurité de l’appartement, alors qu’elle se hissait sur le canapé, ses cheveux flottant d’électricité statique qui émanait de tout son corps. Elle fixait Roman d’un regard suppliant, ses traits déformés par l’effort :

- Vas t’en Roman, je vais te faire du mal, je t’en supplie, sauves toi …

Toi aussi Seth, mais toi tu as un instinct de survie plus fort, puis tu es mutant, tu survivras plus facilement… Mais Roman, oh, Roman, ne me laisse pas te faire du mal, songea la jeune femme dont les doigts commençaient à s’illuminer ….

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MessageSujet: Re: can't you hear me knocking. (charlie and seth)   can't you hear me knocking. (charlie and seth) Icon_minitimeDim 6 Déc 2015 - 18:10


Can't you hear me knocking
ROMAN & CHARLIE & SETH


Seth entendit le bruit de ses os craquer sous la chaussure de Roman avant de sentir la douleur. Le son sinistre monta à ses oreilles et l’onde de choc se propagea dans tout son corps comme des rides à la surface de l’eau. Ce ne fut qu’une seconde plus tard qu’il put réellement se rendre compte d’à quel point il avait mal. Un cri de douleur lui échappa bien malgré lui alors qu’il tombait lourdement sur le sol, bougeant son épaule déjà bien abîmée. Il avait eu un peu de chance dans son malheur puisqu’il ne s’agissait pas de celle où était attaché son bras directeur, mais ça ne rendait pas l’expérience plus agréable. Sa main intacte vint se crisper sur sa blessure toute fraîche tandis que le grand russe se remettait à parler.

- Charlie n'est pas comme toi. Elle est forte, et elle n'a pas besoin que ton être en décomposition l'approche.


L’homme de sable aurait voulu lui cracher au visage tout l’acide qui lui brûlait la gorge. Il aurait voulu lui sauter dessus et fracasser son ignoble tête brûlée contre le mur ou le sol, cogner encore et encore jusqu’à ce que cède le crâne et que se répande son contenu, mettant enfin un terme à son immonde existence. Il l’avait rarement autant craint et haï qu’en cet instant ; il n’y avait que pendant ses années d’enfermement qu’il avait développé à son égard un ressentiment aussi violent. Quelque chose lui disait que, petit à petit, la peur qu’il pouvait encore éprouver en posant ses yeux sombres sur sa haute silhouette finirait par se transformer en rancœur pure, du genre à dévorer l’âme de celui qui la porte en son sein. Il avait déjà perdu trop d’années de sa vie à cause de ce fou furieux. Hors de question que son existence arrive à son terme à cause d’un psychopathe à la gâchette un peu trop facile.
Tremblant, le trafiquant tenta de se redresser, essayant de ne pas bouger son épaule abîmée. Il eut juste le temps de voir Roman accroupi devant « sa » mutante avant qu’il ne se décide à arracher le morceau de bois planté dans l’estomac de Charlie. Le cœur de Seth lui remonta dans la gorge lorsque de gros bouillons d’un rouge profond se mirent à jaillir des chairs meurtries de la jeune femme. Maintenant qu’il n’y avait plus rien pour empêcher le sang de sortir, l’hémorragie ne tarderait pas. Il aurait fallu laisser le pieu là où il se trouvait et emmener la demoiselle à l’hôpital au plus vite. Mais ce n’était visiblement pas la priorité du chasseur qui enjamba son corps fluet avant de se dresser de nouveau au-dessus de Seth.

- Elle s'en sortira sans toi, Seth.

Le Calédonien lui adressa le regard le plus noir du monde et ouvrit la bouche pour répondre, mais la lourde semelle de cuir s’écrasant sur sa jambe le coupa dans son élan. Il serra les mâchoires, tentant tant bien que mal de ne pas laisser échapper trop de bruit. Il allait boiter, il en était sûr et certain. Avec un tel impact, il devait s’estimer heureux que l’os ne se soit pas brisé et n’ait pas transpercé sa peau. Il n’aurait plus manqué qu’il se retrouve à claudiquer pour le restant de ses jours. Il aimait trop courir partout pour apprécier se déplacer avec une béquille. Et puis, cette jambe, il comptait bien s’en servir pour piétiner le cadavre de son tortionnaire le jour où il parviendrait à lui coller une balle entre les deux yeux.

- C'est fou ... Même quand t'es sur le point de crever, tu trouves le moyen de vouloir jouer les héros et tu réussis à te montrer encore plus pathétique que tu ne l'es déjà.

La botte de cuir du scandinave vint le cueillir juste sous son épaule, se fracassant contre ses côtes. Elle revint donner un coup dans son flanc, s’enfonçant dans sa cage thoracique. Le mutant se retrouva sur le côté, une grimace de douleur parcourant son visage. Il tourna la tête vers Roman, tout ça pour le voir très près, trop près de lui, un sourire immonde étirant ses lèvres sèches.

- Pozdravleniya.

Il ne comprit pas le sens de ce mot, mais il était certain qu’il ne manquait pas d’ironie. Il vit la semelle se lever, planant au-dessus de sa tête. Il allait devoir bouger, et bouger très vite s’il ne voulait pas finir avec la moitié du visage réduite en miettes.
Cependant, à trop se concentrer sur Roman, il en avait oublié Charlie. Et ce ne fut que lorsque les lumières de l’appartement se mirent à vaciller qu’il se dit que quelque chose n’allait pas. Et puis les premières lampes s’éteignirent, jusqu’à ce que la pièce soit plongée dans le noir, éclairée seulement par la lumière des lampadaires à quelques dizaines de mètres de l’immeuble. Une voix gutturale retentit soudain.

- Allez-vous en …. Sauvez-vous … ALLEZ VOUS EN, SAUVEZ VOUS !

C’était une diversion inespérée qui venait de lui tomber dessus, un moyen de fuir et peut-être même de se débarrasser de Roman une bonne fois pour toutes, même si la mutante devait finir traumatisée. Il serait toujours temps après de faire le travail nécessaire pour lui prouver qu’en le tuant, elle n’avait pas perdu sa raison de vivre, mais qu’elle avait gagné un nouveau départ.
Encore fallait-il le faire rester dans l’appartement suffisamment longtemps pour que les décharges d’énergie pure relâchées par la jeune femme finissent de le faire griller sur place. Profitant qu’il ait la tête tournée, il roula sur le côté et se redressa en tremblant, s’appuyant sur sa jambe gauche. Il chercha du regard quelque chose qui puisse lui servir d’arme et jeta son dévolu sur une bouteille de bière vide qu’il n’avait pas encore jetée.

- Va-t’en Roman, je vais te faire du mal, je t’en supplie, sauves toi …

Il put entendre Charlie murmurer à son mentor, l’air désespérée. Oui, définitivement, elle souffrirait de le tuer. Mais tant pis.
S’approchant de l’homme au long manteau, Seth lui écrasa la bouteille contre le crâne et s’assura de le voir s’effondrer avant de s’éloigner vers la sortie aussi vite que sa jambe blessée le lui permettait. Il se tourna cependant et regarda Charlie, désolé pour elle.

- Pardon … j’reviens te chercher.

Ce n’était pas des paroles en l’air mais une véritable promesse. Il ne la laisserait pas mourir seule dans cet appartement au cœur de cet immeuble miteux. Hors de question. Elle méritait mieux, et elle méritait de vivre.
Sortant de chez lui, l’homme de sable s’éloigna vers l’ascenseur avant de réaliser qu’il ne serait certainement pas en état de marche avec ce que Charlie était en train de faire aux fusibles de tout le bâtiment. Aussi se résigna-t-il à emprunter les escaliers, s’aidant de la rampe pour descendre le plus rapidement possible. L’entreprise fut longue et compliquée, mais il parvint enfin à se réfugier dans une salle inférieure, trois étages plus bas.
Et puis il y eut l’onde de choc.
Le mutant s’accrocha à ce qu’il put en sentant les murs trembler, imaginant à peine la violence de l’impact dans ce qui avait été son appartement. Tout devait être détruit, et les habitations attenantes devaient probablement être ravagées. Il resta caché quelques minutes, attendant que le plus gros soit passé, puis sortit enfin dans le couloir ; d’autres habitants avaient passé la tête à l’extérieur de chez eux, inquiets et prêts à fuir. Seth sortit son portable de sa poche, vérifia que les lignes téléphoniques n’avaient pas été endommagées, puis composa rapidement le numéro des urgences et leur donna l’adresse et l’étage où se trouvait encore Charlie. Il ne savait pas s’il était très sage d’être là lorsque les secours arriveraient. Il se contenterait de rester caché dans un coin en attendant qu’ils viennent chercher la jeune femme.
Il rangea son téléphone dans sa poche et commença à s’éloigner vers la sortie, ne sachant absolument pas où se trouvait Roman, ni si ce dernier avait péri ou bien s’apprêtait à lui sauter dessus pour l’achever.


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