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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 19:13

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 19:20

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 19:29

Kyaru Pamyu Pamyu x6:
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 19:37

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 22:01

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 2:03

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 4:17

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 5:48

122522
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 15:58

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Jedikiah Grimwood
Jedikiah Grimwood

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MESSAGES : 1364
SUR TH DEPUIS : 23/04/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 16:00

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 17:13

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Alec Lynch
Alec Lynch

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 15132
SUR TH DEPUIS : 26/04/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 17:48

Citation :
Nothing satisfies me but your soul
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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeLun 5 Oct 2015 - 22:35

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MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeMar 6 Oct 2015 - 0:00

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: ☆ le ctrl+v.   ☆ le ctrl+v. - Page 2 Icon_minitimeMar 6 Oct 2015 - 2:50

Citation :
Le silence assourdissant. Chaque seconde défilant, comme un énième supplice virant sous sa peau. Le rappel lancinant de ses fautes, ses péchés ; l’expiation qui ne viendra jamais. Il n’y avait plus que l’absence d’Aria, partout autour : ses affaires sur le lit qu’il n’avait daigné ni toucher, ni approcher. Ni regarder. Jusqu’où pouvait durer sa fuite ? Cesare s’enfonçait à chaque aube plus profondément dans des ténèbres qui dévoraient son cœur – si volontiers, il offrait son âme au diable, que bientôt plus personne ne pourrait aller la repêcher des profondeurs abyssales où il se perdait. Aria avait été indispensable ; Aria avait été l’essence de son âme – plus que jamais, l’évidence qui avait toujours fait palpiter son cœur glacé par l’horreur ; devenait une supplique qui résonnait dans ses entrailles. Les tordait dans tous les sens, jusqu’à lui filer la nausée : la bile au bord des lèvres, la rage dans les tréfonds de ses prunelles. Et ces affres infernales qui donnaient un quelconque sens au devoir de survivre : survivre pour quoi ? Y’avait eu un temps où la réponse lui était venue comme ça, un claquement de doigt, pulsation de son palpitant contre ses côtes : un regard vers Aria et il avait su pourquoi il continuait. Pourquoi y’avait eu un moment, où il avait échappé à la marche du Destin – l’imprenable sort des DeMaggio. Il n’était pas un DeMaggio ; parce qu’un jour quand il avait eu six ans, il avait entendu sa sœur pleurer. Pleurer jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus, exaspéré comme un gamin capricieux. Il n’avait jamais été un DeMaggio ; parce que ce jour-là, sa sœur dans ses bras, ç’avait éveillé quelque chose qui échappait totalement au reste des siens. Les porteurs de la malédiction qui vibrait dans leurs veines : était-ce ça, qui les avait rendus intouchables ? Etait-ce ça, qui avait fait d’eux des dégénérés ? Parce que Cesare et Aria, avaient toujours appartenu à un univers différent – une strate d’existence inaccessible à leurs géniteurs. Ils avaient été plus ; plus que les cendres d’héritage sur lesquelles était construite leur vie. Tant qu’y’avait eu Aria, il avait eu une âme. Désormais dans son cœur meurtris, les moments heureux étaient consumés par la rage –culpabilité, cette compagne qui lui collait à la peau depuis bien longtemps. Culpabilité pour Isolde, qu’il avait pourchassée à l’excès, un fantôme de leur autrefois qui n’était plus rien : rien d’autre que l’irrémédiable cause de la mort d’Aria. Sans ça, sans Isolde ; il aurait été là. Là quand leurs parents avaient tout découvert ; là quand il n’savait qui avait décidé d’apposer sur sa sœur le baiser mortel de la faucheuse. Il savait ; il savait que c’n’était pas que l’incendie, la fumée, la panique de la foule : ses tripes le lui hurlaient farouchement, tout autant que chacune des plaies béantes, qu’il avait remarquées sur la peau de sa sœur. Les tortures ; toujours ce mot qui venait marquer de cicatrices rougeâtres ce qu’ils étaient – torturés, mentalement, physiquement. Utilisés comme des armes. Traqués comme des bêtes. Reclus comme des fugitifs, prisonniers d’une minuscule chambre de motel dans laquelle ils avaient suffoqué, agonisé pendant tant de temps. Protéger Aria, protéger Aria, protéger Aria. L’instinct se mourait peu à peu à chaque fois qu’il se rappelait que ça ne servait plus à rien. Il n’y avait plus d’Aria, plus de Cesare. Juste la victoire écrasante de leurs tortionnaires. Les paupières cernées de rougeurs, les prunelles vides de leurs substances ; le visage décrépit, l’âme envolée, il se rappelait son père. Le portrait craché, presque un clone issu du même sang, des mêmes gênes – à ces quelques exceptions qu’il bénissait intérieurement désormais ; il n’y avait pas de meilleure solution, de meilleur poignard entre les côtes du paternel, que de pleinement embrasser désormais sa nature de dégénéré.

C’était la seule chose qu’il avait trouvée à faire ; fuir le sommeil, fuir l’errance de ses songes plus loin que la réalité pure et dure. Combien de fois pouvait-il s’imaginer les derniers supplices de sa sœur avant de sombrer dans la folie ? Il l’avait sans doute déjà embrassée ; elle l’avait embrasé. C’était c’qui le faisait survivre ; l’ivresse de la vengeance, la rage qui avait animé les DeMaggio, des décennies plus tôt. Pour ça, il était un DeMaggio. Construit sur les mêmes bases, selon les mêmes préceptes. Ca lui revenait plus souvent qu’il ne le voulait ; l’élan de rage, l’élan de haine. L’incarnation du père ; c’était de cette façon que la vie lui renvoyait en pleine gueule au combien ça avait été inutile – de fuir d’une quelconque façon. Ça lui était impossible, désormais ; au moment où tout s’effondrait, c’n’était pas l’altruisme, l’héroïsme qui pulsaient dans chaque fibre de ses muscles – juste le désir de destruction : tout ce qui venait sur son passage, le cœur d’Isolde, les pas en avant, le meilleur chemin sur lequel il ne s’était aventuré que timidement, encore. Quand ça en valait encore la peine ; Radcliff ou pas, hunters ou pas, guerre ou pas – il n’y avait plus de marche arrière, quand on s’était perdu. Au moment de toucher le fond, coincé dans un cul-de-sac, la seule défense, c’était l’attaque. Une phrase si similaire à toutes celles qu’il avait entendues pendant son enfance : celles qui avaient alimenté son esprit de gamin, la solitude qui le collait comme une ombre. Rafael DeMaggio. Rafael DeMaggio et son égo surdimensionné, ses préceptes, sa haine ; tout c’qui le constituait, tout c’qui coulait dans ses veines et alimentait sa vie. Face à son reflet dans le miroir, étranger tout autant que familier ; visage du démon paternel, Cesare ne trouva d’autre issue que l’attaque – l’attaque grandiose, fracassante, la glace explosant en mille petits morceaux sous la force de son poing. Certains éclats se fichèrent droit dans sa chair : et le sang s’écoulant, n’était qu’une énième preuve de son humanité criante. Son humanité faiblarde – le fait qu’il était vivant, injustement vivant. L’injustice ; toujours elle. C’était le fil conducteur de sa vie, synonyme de la déception du paternel. Plus encore synonyme de l’enfance miséreuse qu’ils avaient connue, Aria et lui. De miséreux à parasites – de parasite à miséreux ; y’avait une ironie quelque part dans le cercle vicieux. Mais surtout, surtout toujours le rappel de l’origine des faits, les racines du problème ; celles, profondément ancrées dans la terre américaine, de l’arbre généalogique des DeMaggio. Combien de générations avant lui avaient été maudites de la sorte ? Combien le seraient, ensuite ? Il n’égarait que trop rarement, désormais, ses songes hasardeux vers le bébé qui grandissait dans les entrailles d’Isolde – cette chose vivante alors même qu’Aria était morte. Injustice, encore une fois ; injustice dans la haine qu’il ne pouvait qu’éprouver désormais, pour ce qu’il aurait chéri, en d’autres temps. Dans une autre vie. Dans une autre ville. Dans un autre univers. S’il était quelqu’un d’autre.

Il avait patiemment retiré chacun des débris de ses phalanges ; bien souvent que d’un geste vif de sa main libre, les petits éléments métalliques de l’objet permettant à son don de faire effet. Le miracle d’une nature non-naturelle ; il les embrassait avidement désormais – si ç’avait été l’arme de sa survie jusque-là, ce serait l’arme de chaque petit instant de sa revanche après cela. D’autres fois, plus d’une fois, il avait laissé le verre charrier sa chair, s’enfoncer sous sa peau dans l’espoir d’y ressentir là un quelconque mal – un autre mal que celui qui le dévorait de l’intérieur. Il n’y avait rien, rien pourtant qui n’égalait la maladie qui s’était emparée de lui, en cet instant crucial, juste au-dessus du cadavre de sa sœur. La nuit était tombée à nouveau, drapant l’existence de son firmament d’étoiles : y’avait de ces histoires que sa mère leur avait racontées, à Aria et lui, qui lui revenaient trop souvent à l’esprit ; l’existence d’un quelconque Paradis sous la tutelle du Tout Puissant. Il jugeait ceux qui péchaient, et ouvrait grand la porte à ceux qu’il jugeait dignes de ce nom. Où était Aria, désormais ? Il n’trouvait aucun réconfort à l’imaginer accrochée aux étoiles, si loin – y’avait pas de vie après la mort, simplement celle des asticots qui bouffaient la chair, la repentance de n’être qu’à sa plus basse nature. Plus encore qu’un réconfort, la nuit était une arme : elle était ces ténèbres dans lesquelles il pouvait aisément se fondre. Pour fuir, lâchement, parfois. Fuir la veste de sa sœur, vaguement posée sur le rebord de son lit – les quelques affaires qu’elle avait amassées, dans un coin de la si petite pièce. Comment se résoudre à s’en séparer ? Comment se résoudre à les dévisager avec pour seule compagnie, la solitude ? Non, y’avait mieux à faire – mieux à faire qu’accepter, baisser la tête et s’faire baiser une nouvelle fois par toute l’ironie de l’existence. Il claqua la porte de la chambre derrière lui, le réflexe de ses pas le guidant instinctivement – Cesare connaissait Radcliff comme sa poche ; c’était le décor désastreux de sa lente chute vers le néant. Comment ne pas la connaître ? La ville où se partageaient ses rares instants de bonheur, et l’horreur criarde qui avait pris le pas sur sa vie. L’odeur du sang lui semblait encore planer dans l’air, significative de l’omniprésence de la mort – ici, là, à chaque coin de rue : un nouveau cadavre amassé dans l’ombre par les chasseurs. Et Aria, inconnue et presque oubliée au milieu d’eux – on préférait n’pas en parler. Et dans tout ça, il n’était plus qu’un gamin abandonné : un orphelin de sœur qui retrouvait le chemin jusqu’à la maison familiale. La richesse des DeMaggio dans toute sa splendeur ; cet endroit ne lui inspira que dégoût aussitôt qu’il en observa les contours, sous la lumière blanchâtre d’un lampadaire à quelques foulées de là. Radcliff lui filait la nausée, mais y’avait aucun lieu ici-bas qu’il rêvait de faire cramer plus encore que cette maison. La maison de son enfance. Non pas celle qui l’avait vu naître, lui ou Aria. La maison où ils avaient pourtant vécu comme ils avaient vécu ; saisissant des grains de bonheur là où leurs parents ne les soupçonnaient pas. Bien avant de découvrir la dégénérescence de leurs enfants, Isabella et Rafael avaient perdu le contrôle de leurs progénitures – ils ne s’en étaient juste pas rendus compte. Le sentiment d’appartenance à cet endroit n’avait plus rien de solennel pour Cesare, depuis longtemps déjà : combien de fois avait-il espéré pouvoir s’offrir pleinement à une autre vie ? Ne jamais tourner à l’angle de cette rue, passer son chemin et ne jamais revenir ? Et pourtant, libéré de toutes ses chaines, de toutes ses obligations, de toutes ses volontés, c’était là qu’il retournait. Et les armes données par le père allaient finir par se retourner contre lui ; le fils qui avait fui l’irrémédiable revenait à la maison, mains dans les poches, l’esprit aiguisé – mais la raison empoisonnée par le chagrin. Il se glissa exactement au bon endroit, trouvant le chemin qu’il connaissait si bien dans le dos de la bâtisse ; les DeMaggio ne se donnaient pas la peine de mettre un quelconque système de sécurité autour de leur maison – ils s’occupaient eux-mêmes de tout imbécile assez présomptueux pour entrer par effraction. Combien de fois, combien de fois Aria avait-elle grimpé, agile comme un chat, l’arbre à quelques mètres de la fenêtre de sa chambre, pour rentrer d’une fête sans se faire remarquer ? Bon dieu, il raserait cet arbre s’il en avait l’occasion. Une fenêtre, à demi-ouverte ; c’est tout ce dont il eut besoin pour se glisser des ténèbres de la nuit, à une noirceur plus épaisse encore – celle d’un autrefois poussiéreux. D’un naguère lourd de sens. Il reconnaissait tout, comme s’il était le spectre de gamin qui n’avait jamais quitté ces murs – comme s’il était le Cesare que ses parents avaient toujours admiré (à leur façon), comme s’il n’était pas une monstruosité qui venait de se loger droit dans le dos de ses géniteurs. Etaient-ils là tous les deux ? Y avait-il une réunion de chasseurs au beau milieu du salon familial ? Il n’en savait rien, il s’en foutait ; c’n’était pas le nombre de ses ennemis qui l’inquiétait. Si la folie semblait s’être calquée sur les traits de son visage, grimé de démons tout droit sortis des profondeurs de l’Enfer imaginé par les livres de sa mère, Cesare n’avait jamais plus préparé un face à face que celui de ce soir. Une nuit sans lune, seul l’éclat des étoiles – peut-être, Aria qui regardait, quelque part, spectatrice impuissante ; si souvent, il avait été le frère modéré, celui qui lui refusait ouvertement la vengeance qu’elle réclamait tant. Jusqu’à ce que ce soit trop tard.

Il était l’élève digne des enseignements du paternel ; aussi silencieux qu’une ombre flottant contre les murs empreints de chagrin. Il y entendait les pleurs silencieux de sa cadette, il y imaginait les supplices qu’elle ne lui avait jamais confiés, finalement. Y’avait eu des mois entiers, dans la vie de sa moitié, dont il ignorait tout. Il n’savait pas encore ce qu’il ressentirait, quel vague de ressentiments submergerait tout le reste une fois qu’il dévisagerait ceux qui lui avaient donné la vie – ils auraient mieux faits de s’abstenir – une évidence sur laquelle ils s’accordaient tous, désormais. Son cœur palpitait calmement contre ses côtes, divaguant au rythme de chaque pas qu’il faisait, chaque petit élément de sa vie qu’il reconnaissait : l’odeur, le silence, l’ambiance si pesante, étouffante – la silhouette du paternel, qui l’aurait fait tressauter d’inquiétude à une autre époque. Silencieuse statue de marbre, Cesare ne cilla pas ; et se surprit presque de l’impertinence du paternel. Il ne l’avait toujours pas remarqué – pas après quelques secondes, ni même une poignée entière de celles-ci. Combien d’occasions aurait-il eu, de ficher une balle dans le dos de son père ? De le faire ramper au sol comme une créature paralysée par des démons venus le happer ? Non, il voulait croiser son regard ; il voulait que Rafael croise son regard. L’œil du fils apeuré pendant tant d’années, l’héritier déchu qui venait arracher la couronne des doigts froids du cadavre de son père. Les DeMaggio tomberaient ce soir, et puisqu’il en était ainsi, le salon familial aux arômes mensongers serait le décor de ces retrouvailles grandioses. Enfin ; aurait-il presque dit avec défiance, lorsqu’il sentit l’atmosphère se tendre, électrique, suspendue aux gestes du paternel lorsqu’il lâcha son verre, délaissant son délicieux bourbon pour préférer l’arme glaciale qui avait tant tué déjà. Et le fils en aurait presque souri d’ironie – c’n’était pourtant pas la raison goguenarde d’un Cesare avec toute sa conscience, qui l’emportait dans le match de ce qui le faisait humain. C’était l’instinct, l’instinct pur – comme celui d’un animal trop longtemps retenu dans une cage. Un lion, un loup, un tigre, qui se retournait contre son dresseur, son créateur – toujours la même marche de l’injustice. « Donne-moi une raison. Une seule bonne raison de ne pas tirer. Ou bien tu es complètement idiot, ou bien tu es suicidaire. Avance, les mains levées, et pose ton arme si tu en as une... » le rictus à ses babines appelant le sang, retroussa ses lèvres presque contre son gré ; un sarcasme dans toute sa splendeur – Rafael DeMaggio en était-il rouillé à ce point ? A croire qu’il avait en face de lui non pas son égal, mais quelqu’un qu’il pouvait si aisément dominer ? Il n’était pas juste un dégénéré ; il était un DeMaggio. Le fils du grand chasseur reconnu dans toute la ville. Celui en qui on avait placé tant d’espoir. L’arme fatale, le bras armé du paternel pendant vingt-cinq longues années ; de quoi laisser des séquelles. De quoi équilibrer la balance. « T’attends p’tèt que j’te supplie. » remarqua-t-il enfin, ouvrant finalement la bouche pour défier le grand chef de la situation, celui qui avait l’arme. Sa vie n’avait aucune valeur, plus aucune valeur ; pas de quoi supplier, pas de quoi craindre le canon d’un flingue dirigé droit vers son front. « J’avais quel âge, dis-moi, la dernière fois que ce p’tit tour du flingue a marché ? » dix, onze ans peut-être bien ; était-ce donc pour remuer le couteau dans la plaie, souligner le ridicule de cette situation, qu’il leva les mains malgré tout ? Là, juste au-dessus de sa tête. « J’suis pas armé. » finit-il par déclarer, mettant fin au suspens : nan, il avait commis la bêtise de quitter sa misérable planque imbibée de la présence d’Aria, sans emporter son attirail habituel. L’attirail du chasseur.
Parce qu’il était un dégénéré, après tout.

« Mais toi t’es armé, et c’est tout ce dont j’ai besoin. » y’avait pas de bonne raison à pourquoi le père DeMaggio ne tirait pas, là, maintenant. Y’avait plus d’fils à récupérer, plus d’âme à racheter. Plus de substance pour le faire exister. C’était la coquille vide qu’il avait tant espérée, qui se présentait juste devant Rafael DeMaggio, ce soir – quelle dignité. Quelle victoire. Ça n’sonnait pas comme ça, pourtant. Peut-être qu’il le savait, peut-être qu’il ne le savait pas – mais appuyer sur cette gâchette, était le moyen le plus efficace pour le géniteur de se retrouver avec une balle fichée dans son cerveau. Ou dans son genou. Ou dans sa paire de couilles. Il n’avait pas encore décidé. Ils en étaient donc là, suspendus à ce choix – l’alternative de tout ça. Le silence, pesant, tendant l’air ; juste leurs regards, s’affrontant sans ciller, le même noir dans leurs yeux, trouvant écho l’un dans l’autre. Cesare et Rafael, si similaires. Des monstres jusqu’à l’intérieur. C’est finalement une sonnerie de téléphone, droit dans la poche du jeune homme, qui interrompit l’instant lascif des yeux qui se cherchent ; il observa son père – une seconde, deux, trois. La sonnerie continuait, ininterrompue, presque guillerette. Etait-ce une défiance stupide ? Cesare n’en savait rien ; Cesare s’en foutait – son autre main toujours en l’air, il vint glisser les doigts de la droite dans sa poche, inspectant l’appareil d’un air presque concerné. « Et Rafael DeMaggio vient juste de faire don de trois cent mille dollars à Sheldon Smith et au groupe Uprising. Généreux. » marmonna-t-il, avant d’envoyer le cellulaire en direction de son père – qu’il vérifie. La pomme n’était pas tombée loin de l’arbre – si Cesare n’avait jamais vraiment été un fan d’informatique, ça n’avait pas été le cas d’Aria. La vengeance d’outre-tombe ; « J’ai fini d’courir. » ajouta-t-il ; sans chercher à affronter la détresse qui résonna dans sa voix à ce moment-là. Il avait couru pour Aria, il avait tué pour Aria, il avait renoncé à Isolde pour Aria. Et voilà où il en était, de retour au point de départ. Presque. « J’vais juste vous entrainer avec moi. » son père, sa mère ; les DeMaggio, leur argent, leur honneur. Leur renom de chasseur. Combien de temps suffirait-il pour qu’on s’mette à douter de Rafael DeMaggio, principal investisseur d’Uprising ? C’n’était que le début de leur croisade – la longue, lente traversée du désert qu’ils allaient accomplir ensemble. Ils n’en ressortiraient que morts, de la tête aux pieds, profondément jusque dans leurs âmes – mais ça n’avait pas d’importance ce soir.
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