(alvin) ≈ water's sweet but blood is thicker.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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Les mains dans les poches, le chasseur avançait, le regard planté droit devant lui. Son regard, noir, vengeur, est caché par ses petites lunettes de soleil rondes coincé sur son nez, dissimulant au mieux les séquelles de ses combats passés. L’œil gauche de Ren était encore complètement noirci par l’hématome, et les quelques coupures qui tranchaient son visage commençait doucement à cicatriser. Mais il ne portait pas ainsi le plus gros de ses blessures, invisibles, ancrées dans son corps encore meurtri. Townshend avait écopé de plusieurs côtes cassées, de plusieurs hématomes proéminents sur son corps qui obscurcissait ses muscles sculptés, et d'une vilaine douleur à la jambe. Cette dernière le faisait d'ailleurs légèrement boiter, mais il tâchait de masquer cette faiblesse du mieux qu'il pouvait ; le chasseur ne voulait pas paraître handicapé par ces blessures. Pourtant, il l'était, ça faisait un petit bout de temps qu'il n'avait pas rencontré un dégénéré aussi coriace. Pourtant, il avait éliminé dans sa carrière un bon nombre de monstres, aux pouvoirs plus dangereux les uns que les autres -mais elle. Elle, c'était différent, c'était une énergie pure, et dangereuse, il énergie qu'elle ne semblait pas vraiment contrôler. Et Ren avait fait les frais de ce don hors du commun. Car tout ça, c'était à cause d'elle : Tessa. Voilà quatre jours que Thaddeus l'avait envoyé l'éliminer ; à peine arriver en ville, la blonde s'était déjà faite repérer, sauvage et apeurée l'avait-on prévenu. Et on ne s'était pas trompé. Pourtant, la belle n'avait rien de la petite chose fragile dont on lui avait parlé : c'était un ouragan, détruisant tout sur son passage. Car si Ren avait pris le plus gros des dégâts, les bâtiments autour d'eux avaient eux aussi été victime des rafales de plasma de la mutante. A la pensée de cette fameuse soirée, la douleur dans la jambe du chasseur s'intensifia, comme pour lui rappeler sa présence. Ren grimaça, mais continua sans faiblir, marchant droit devant dans les rues chargées de Radcliff.

Thaddeus avait été déçu. Son employeur attendait la preuve que la jeune femme avait bien disparu, et pourtant, Ren avait failli à la tâche. Une douleur plus intense que le reste de ses blessures, malade à l'idée de décevoir Lancaster. Le regard lourd du maire, plein de reproche, qui le blessait plus que n'importe qu'elle douleur physique. Il avait connu la même chose avec son tuteur, Galaad ; pendant des années, il ne vivait que pour son estime. Ren s'enfermait des heures dans sa chambre, regrettant d'avoir failli aux ordres du vieux chasseur. Un mal être qui portait encore aujourd'hui, n'arrivant pas à s'émanciper de ces figures masculines. C'est ce qu'il avait toujours voulu après tout, quelqu'un sur qui prendre exemple, une personne qu'il pourrait rendre fier. Et encore aujourd'hui, il s'efforçait de le faire avec Thaddeus, pour le meilleur et pour le pire. Et cette défaite face à Abberline, c'était un fardeau, une nouvelle qu'il avait eu bien du mal à apporter à son employeur. Mais il lui avait promis : il ne le décevrait pas deux fois. Il se mettrait sur le champ à la recherche de la dégénéré, et lui promettait cette fois de mettre sa mission à bien. Une bonne fois pour toute. C'était pour cela que Townshend arpentait les rues du quartier sud de Radcliff, à la recherche d’une maison où se cachait à priori la mutante. Un refuge que les contacts de Thaddeus avait repéré, et qui ne serait plus refuge pour longtemps.

Les mains solidement fourrées dans les poches de son épais manteau d'hiver, Ren resserra l'emprise autour du taser dont il était armé. Bien sûr, ce n'était pas les seules munitions auxquelles il avait pensé. Plusieurs armes à feu étaient dissimulées sous ses vêtements amples, ceux qui recouvraient la fine armure pare-balle qu'il avait enfilé sous sa chemise. Quelques lames étaient aussi dissimulées çà et là, dans des endroits de sa tenue dont seul Ren connaissait l'existence. Cette fois, il était prêt, contrairement à la semaine passée où il avait foncé tête baissée vers la dangereuse mutante. Il espérait pouvoir utiliser le taser par surprise, sonnant assez la jeune femme pour qu'elle ne puisse pu user de son pouvoir. Ren pourrait alors faire ce qu'il avait à faire, sans être perturbé par les rafales mortelles qui s'échappaient des mains de la jeune femme. Il était presque arrivé à l'adresse qu'on lui avait fournie, une petite maison modeste qui détonnait du reste des demeures luxueuses. Coincée entre deux villa purement américaines, l'habitation était bien plus petite, moins luxueuse. Une simplicité qu'apprécia Ren, abrité sur le trottoir d'en face à l’abri des regards. Son imposante carrure était masquée par le feuillage qui dépassait du jardin d'en face, prêt à surgir de sa cachette dès qu'il apercevrait Tessa. Il aurait très bien pu aller sonner à la porte de la maison, mais cela n'aurait fait qu'éveiller les soupçons ; Townshend n'avait pas exactement la tête du voisin chaleureux. Il attendit patiemment, laissant les minutes filer. Il ne comptait plus, s'occupant en étudiant le voisinage ou en se plongeant dans ses pensées. Pourtant, au bout d'un certain temps, une silhouette masculine pénétra sur le terrain de la maison où la mutante avait pris refuge. Sa démarche était familière ; c'était la même que la sienne, prudente, à l’affût du moindre mouvement. Ren décida d'agir, peu enclin à l'idée de se faire voler sa proie par un autre chasseur. Il émergea de sa cachette et se dirigea vers le trottoir d'en face, faisant mine de sortir de la propriété où il avait pris refuge. Il s'approcha de l'inconnu, l'air interrogateur, tâchant d'emprunter les traits inquiets d'un voisin concerné. « Je peux vous aider ? » souffla-t-il, l'air peu convaincant.

all the faults you've left behind

REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

Alvin n’en avait pas encore fini avec Tessa Abberline. Est-ce qu’il pourrait vraiment en finir un jour avec la jeune femme ? Elle hantait ses pensées, malgré toutes ses tentatives pour l’en faire sortir, elle était toujours là dans un coin de son esprit, c’était à se demander ce qui ne tournait pas rond chez lui. Jamais il n’avait été autant déstabilisé par qui que ce soit. C’était une première dont il se serait bien passé. Il n’avait jamais fait attention à qui que ce soit d’autre qu’à lui-même et à son frère aîné, il n’y avait aucune raison pour que les choses changent. Elles n’avaient jamais changées pendant plusieurs années. Razen et lui, c’était tout ce qui importait. Depuis que Ren avait quitté la fratrie, il s’était la promesse qu’à présent, il ne s’attacherait plus jamais à personne. Est-ce qu’il était attaché à Tessa ? Non, c’était impossible, il se fichait de son sort, il ne voulait que l’argent qu’on lui avait promis pour sa tête. C’était ce qu’il n’avait de cesse de se répéter pour se justifier. Mais c’était idiot. S’il avait vraiment voulu obtenir la prime qu’on lui avait proposé pour retrouver la petite Abberline, il l’aurait déjà renvoyée là où elle devait être ou il aurait dit à ceux qui la traquait de bien vouloir ramener leurs fesses jusqu’à Radcliff puisque c’était là qu’elle vivait à présent. Mais il n’en avait rien fait. Il trouvait toujours des excuses pour justifier son manque de détermination. C’était une mutante, ses pouvoirs étaient dangereux, elle pouvait l’abattre facilement, il fallait être prudent avec elle. Mais après combien de mutant est-ce qu’il avait déjà couru sans que ça ne lui pose le moindre souci ? Tessa était l’exception. Elle était arrivée à vie et elle avait défoncé tout ce qu’il avait pu construire. Il avait eu des certitudes, des choses dont il avait cru qu’il ne démoderait jamais et maintenant il n’avait plus que des doutes, des questions sans réponse qui le rendait complètement fou. Si seulement sa route n’avait jamais croisé celle de Tessa, tout serait bien plus simple. A moins que Tessa n’ait été que la goutte faisait déborder le vase, la personne de trop, celle qui l’avait confronté à la réalité. Il avait tué des gens, il avait détruit des vies, il avait commis crime après crime pour gagner sa vie. Il avait toujours continué à tracer sa route sans jamais se retourner vers les cadavres qui jonchaient son chemin. Tessa était peut-être simplement celle qui venait mettre un terme à tout ça, celle qui réveillait une culpabilité qu’il avait passé trop de temps à enfouir. Ce n’était peut-être pas Tessa le problème, c’était peut-être lui qui commencé à faillir. Il pouvait difficilement y croire. C’était de sa vie dont il était question, toutes les fondations de sa vie, toutes les choses dont il était sûr, tout ça, ça ne pouvait pas s’effondrer aussi facilement. C’était impossible, il ne pouvait pas y croire, il ne pouvait même pas imaginer que ce soit le cas. Il préférait de loin penser que le problème c’était Tessa et que si elle venait à disparaitre de l’équation tout irait soudainement mieux. Razen et lui auraient alors une grosse somme d’argent à ajouter à leur compte. Ils pourraient envisager de s’offrir des vacances loin d’ici, ça ne leur ferait pas de mal.

Il n’était pas difficile de retrouver Tessa dans la petite ville de Radcliff. Elle y faisait sa vie, alors retrouver sa maison était simple comme bonjour. Cette fois, il ne la laisserait pas filer. Il l’avait déjà trop fait. C’était terminé, ils allaient remporter la prime et quitter cette maudite ville. Il arrivait déjà à songer de quoi serait fait les prochains jours, il avait vraiment besoin de faire un break et il savait que Razen comprendrait, surtout s’il argumentait à coup de filles sexy et alcool coulant à flot. C’était deux choses qui étaient essentielles dans la vie d’Alvin, alors à force son frère ne se posait même plus de questions quand il lui annonçait qu’il avait besoin de ça. Pour une fois, c’était plus que ça dont il avait besoin, il avait besoin de prendre du recul, mais ça il le garderait volontiers pour lui. Arrivé jusqu’à la petite maison dans laquelle il pensait retrouver Tessa, il était particulièrement déterminé à mettre un terme à toute cette histoire. Un soupire passa le seuil de ses lèvres alors qu’une voix dans son dos vint l’interrompre. Ce n’était vraiment pas le moment de l’emmerder. Qu’est-ce qu’il lui voulait ce type, il faisait parti du comité de surveillance du voisinage et il se demandait ce qu’il pouvait bien vouloir à sa voisine ? Qu’il se mêle de ses affaires, ce ne serait pas plus mal. Il leva les yeux au ciel avant de se retourner vers son interlocuteur. « Merci, mais ça ira, ne vous en faites pas pour moi, je suis assez grand pour aller toquer à une porte moi-même. » Il n’était peut-être pas le type le plus malin de la planète, il avait souvent tendance à passer pour plus con qu’il ne l’était – en même temps à côté de Razen difficile de ne pas passer pour un total abruti – mais quand même, il était bien capable d’aller toquer à cette porte sans que le premier type du coin ne vienne l’emmerder. Qui c’est qui avait encore l’idée de porter des lunettes de soleil ronde en plus ? C’était d’une faute de gout et puis, des lunettes de soleil en décembre ? Venant de Razen c’était normal, mais ce type là, il avait juste l’air d’un parfait débile. Le jugement au premier regard c’était facile, mais ce qui le titillait le plus, c’était ce visage qui lui disait étrangement quelque chose. « On se connait ? » Sans doute pas non, c’était absurde. Il avait croisé un grand nombre de personne au cours de sa vie, à force il devait avoir des soucis avec la reconnaissance des visages. « Laissez tomber, je suis nouveau à Radcliff, je vois pas où est-ce qu’on aurait pu se croiser. » Il commençait vraiment à devenir fou, les vacances ce ne serait vraiment pas trop demandé sans doute, mais avant, il fallait qu’il règle ses comptes avec Tessa. « Je suis en ville pour voir, une amie. » Ajouta-t-il en désignant la maison vers laquelle il se dirigeait, ce n’était qu’un demi-mensonge, il était bien en ville pour voir Tessa, mais ils n’étaient plus amis, depuis qu’il l’avait trahi, mais ça, il n’était pas censé le savoir. « Bonne journée. » Il lui adressa un sourire aimable avant de tourner de nouveau les talons, espérant qu’il puisse lui foutre la paix et retourner chez lui sans trop l’emmerder, il n’avait pas besoin d’un obstacle de plus sur sa route.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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Caché parmi le feuillage épais de la maison voisine, le chasseur attendait sagement, se préparant mentalement à l'altercation à venir. Cela faisait des années qu'il faisait ça, pourtant, il ne se lassait toujours pas de l'excitation que lui apportait cette chasse. Tuer lui importait peu, Ren était un prédateur, prenant à malin plaisir à traquer une proie, à trouver le moment idéal pour attaquer. On lui avait appris à faire cela, et à aimer ça. Et l'adrénaline qui s'écoulait un peu plus dans ses veines à chaque seconde lui rappelait à quel il aimait cette sensation. Le souvenir de sa première rencontre avec Tessa suffisait à le réjouir ; car au fond de lui, il aimait se battre, et il aimait surtout gagner. Cette fois il gagnerait, pensa-t-il, et à cette idée son pouls s'accéléra encore un peu. L'impatiente le rongeait, il observait pourtant sagement pourtant la propriété immobile face à lui ; il savait que le seul moyen de réussir était d'attendre. Taser en main, cette fois il était prêt. Hors de question de se laisser avoir comme la dernière fois, pas question de décevoir Thaddeus une nouvelle fois. Il était prêt et il ne se laisserait pas terrasser, pas encore. Entre la défaite face à Tessa, et le mutant qui l'avait laissé pour mort une poignée de semaines avant, Ren n'en menait pas large dernièrement. Malgré tout, il s'était relevé, comme toujours. Même après avoir frôlé la mort -certes, c'était grâce à l'aide de Costia qu'il était toujours là- le chasseur avait réussi à retomber sur ses pieds ; il était comme ça, interrassable, et extrêmement rancunier. Pour obtenir sa revanche, il était prêt à camper derrière ces buissons s'il y avait besoin.

Pourtant, il n'en eu pas besoin. Après plusieurs dizaines de minutes, un homme s'approcha de la propriété, l'air nerveux. Il avait maintenant vingt ans d'expériences derrière lui ; il savait reconnaître les siens. Et s'il se trompait, si l'homme n'était pas un chasseur, il n'était dans tous les cas pas là pour une visite amicale. Galaad lui avait appris à déchiffrer les expressions, les postures. Si le but était de reconnaître les mutants le plus facilement, il pouvait aussi mettre application ces connaissances pour identifier ses collègues. Pas question de se faire voler sa proie, le chasseur s'était bien trop appliqué pour traquer la mutante. Et sa revanche, il la voulait plus que tout. Il se dépêcha de rejoindre la pelouse voisine, tâchant de se présenter comme un voisin bienveillant. Il interpella l'homme, qui ne tarda pas à faire volte-face, jaugeant de haut en bas le chasseur. « Merci, mais ça ira, ne vous en faites pas pour moi, je suis assez grand pour aller toquer à une porte moi-même. » Les mots flottèrent dans l'air gelé de décembre, pourtant, Ren ne réagit pas. Ce visage. Il voulait se tromper, il voulait se convaincre que ce n'était que son cerveau qui lui jouait des tours. Et pourtant. A cause de sa mémoire eidétique, il n'oubliait quasiment rien ; pas les petits détails, et encore moins les choses qui lui importait le plus dans la vie. Et ce visage, il y a des années, il n'y avait rien de plus important pour Ren. Le chasseur voulait avoir tort, vraiment. Le regard fixé sur l'intrus, il ne bougeait plus, incapable de parler. Son cerveau fonctionnait à cent à l'heure, tâchant de trouver une explication plausible, tâchant de lui prouver qu'il avait tort par tous les moyens. Une expression surprise, presque choquée, était ancrée sur son visage. « On se connait ? » souffla finalement l'homme, brisant le silence qui s'était installé durant de longues secondes. Une question qui conforta Ren dans son dilemme. Mais que pouvait-il faire ici ? La dernière fois qu'il l'avait vu, il se trouvait à des milliers de kilomètres de là, au-delà de l'atlantique. Que pouvait-il faire à Radcliff ? « Je – Je ne pense pas. Non. » lâcha finalement, peinant à reprendre contenance. La confusion lui faisait tourner la tête ; ou bien était-ce peut-être toutes les émotions qu'il avait jusque-là gardé enfermé dans le plus profond de son esprit ? Peu importait. Tant qu'il n'était pas sur de l'identité de l'homme, Ren ne voulait rien savoir. Il n'était pas là pour ça, de toute manière. « Laissez tomber, je suis nouveau à Radcliff, je vois pas où est-ce qu’on aurait pu se croiser. » Une assertion qui ne le rassurait pas ; il avait très bien pu être fraîchement débarqué de Londres. De sa ville natale. Ferma vivement les yeux, respirant profondément avant de reporter son regard vers l’intrus. Non, il perdait la tête. Ce n'était pas possible. Quelles était les chances ? Les chances de le croiser ici, dans cette petite ville perdue, si loin de chez eux. Si loin de la maison. Et pourtant, chaque fois qu'il s'attardait sur les traits de l'homme, il ne pouvait s'empêcher de retrouver ses traits à lui. A Alvin. Son regard défiant, et ce sourire malin. La ridicule mimique qui se dessinait sur son visage quand il réfléchissait ou qu'il doutait. C'était son frère.

« Je suis en ville pour voir, une amie. Bonne journée. » Un sourire et l'homme lui tournait le dos, sous le regard ébahit de Ren, toujours confus. Le chasseur sorti de sa torpeur alors que l'homme s'était éloigné de quelques pas. « Si vous êtes venu rendre visite à Mademoiselle Martell, vous allez déçu. » fini-t-elle pas lâcher, assez fort pour que l'intrus l'entende. Le jeune Townshend avait fait ses recherches sur la propriétaire de la maison, se préparant à n'importe qu'elle éventualité ; il devait remercier les chasseurs de la branche informatique pour ça. Lui était incapable de se servir de son smartphone, encore moins d'un ordinateur. Galaad lui avait légué son aversion pour les technologies. « Elle est parti travailler il y a quelques heures. » Il mentait, n'ayant aucune idée d'où se trouvait la propriétaire des lieux ; malgré tout, la maison avait l'air calme, et il n'y avait aucun trace de voiture. Un coup de poker qui, il espérait, réussirait à dissuader l'intrus. « Vous devriez repasser dans quelques heures. Je pourrais la prévenir de votre passage si vous voulez, Monsieur .. ? »

all the faults you've left behind

REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

Alvin était venu jusqu’ici pour régler ce qui semblait être le plus gros problème de sa vie : Tessa. C’était stupide, mais elle s’était imposé dans un coin de son esprit et il n’arrivait plus à l’en déloger. Pourtant il le fallait, il devait passer à autre chose, arrêter de se prendre la tête avec ces histoires ne pourrait pas lui faire du mal. Habituellement, il n’était pas le genre de personne à se prendre la tête comme ça, il ne savait pas ce qui faisait de Tessa une personne différente, mais il fallait que ça s’arrête, c’était une chose dont il était certain. Avec les doutes qu’elle avait réussis à insérer au fond de lui – malgré elle sans doute – il avait l’impression que quelque chose ne tournait plus rond chez lui et ça avait quelque chose de dérangeant. Il n’avait pas l’habitude de se préoccuper de qui que ce soit d’autre que de lui-même et de son frère aîné. Les autres personnes n’étaient que de potentiels contrats qui pouvaient lui permettre de s’enrichir, mais Tessa était déjà plus que ça, il s’inquiétait de son sort, il l’avait questionnée sur ce qu’on ferait d’elle s’il la livrait, il s’était montré sensible à sa situation et c’était tout simplement inacceptable. Si Razen venait à savoir ça, qu’est-ce qu’il pourrait bien penser de lui ? A part qu’il était définitivement le plus gros imbécile de la planète ? Il ne voulait pas, il ne pouvait pas décevoir son frère aîné. Toujours, ça n’avait été que lui et Razen, alors personne d’autre ne devait prendre de l’importance dans sa vie, c’était une promesse qu’il s’était faite, simplement parce qu’il savait que s’attacher à autrui, c’était courir vers la déception. Il en avait connu des déceptions au cours de sa vie. Parce qu’on l’avait trimbalé de famille en famille sans jamais se demander ce qu’il pourrait bien ressentir, parce qu’il avait vu son frère cadet disparaitre avec le premier inconnu à la recherche d’un enfant à adopter. Ce qu’il avait pu conclure de tout ça, c’était que s’attacher à autrui, c’était le meilleur moyen de se retrouver déçu et il était fatigué d’être toujours déçu. Il savait que Razen lui, il ne le laisserait jamais tomber, parce qu’ils se l’étaient promis. Il n’était pas question de se laisser tomber. Ils étaient frères et c’était important pour eux, plus que ça ne l’avait jamais été pour Ren. Il avait peut-être été trop jeune pour comprendre. Qu’importait, il les avait laissé tomber. Il y avait trop de personnes qui les avaient déjà laissé tomber et il ne voulait pas laisser une telle chose se reproduire. Il était grand maintenant, il n’avait plus besoin de personne de toute façon, simplement son frère, parce que la famille c’était plus important que tout le reste. Alors il fallait qu’il retrouve Tessa et qu’il règle ce problème. Il fallait qu’il redevienne lui-même avant que les choses ne commencent à être compliquées. Il était venu pour ça, jusqu’à cette maison et il n’avait en rien l’intention de reculer.

Ce n’était certainement pas le binoclard en face de lui qui allait le faire reculer. Sérieusement, il ne pouvait pas retourner s’occuper de son jardin au lieu de le faire chier ? Cela dit, est-ce qu’en plein milieu du mois de décembre, il n’y avait pas grand-chose à s’occuper au fond du jardin, la neige recouvrait le sol et sous la neige, sans doute que la terre était complètement gelée du coup c’était à se demander ce qu’il foutait dehors en fait. Mais ce n’était pas son problème, il s’en fichait même complètement, c’était Tessa qui l’intéressait et il allait la retrouver. Cela dit, la tête de ce type lui disait vraiment quelque chose. Il l’avait dévisageait un moment avant d’admettre qu’en effet, il y avait peu de chance pour qu’ils se connaissent. Il avait répondu négativement à sa question et puis c’était impossible, il n’avait jamais mis les pieds à Radcliff, il avait beaucoup voyagé jusqu’à présent, il avait rencontré énormément de personnes alors il était juste confus parce qu’il avait dû un jour croisé un type qui lui rassemblait un peu, c’était peut-être ses ridicules petites lunettes de soleil rondes qui faisaient ça, il avait peut-être déjà croisé quelqu’un d’autre capable de porter ce genre de lunettes, moches en plein milieu de l’hiver alors qu’il n’y avait pas des masses de soleil. Enfin, ça n’avait pas d’importance, il allait aller monter la garde plus loin et attendre sagement de voir la jeune femme débarquer. Au fond, la dite Martell elle, s’était le cadet de ses problèmes, à moins qu’elle soit mignonne, qui sait ? Ce qui l’intéressait c’était d’avantage sa colocataire improvisée. Tessa avait été vue ici récemment, alors bien que cette baraque ne soit pas à son nom, comme l’indiquait clairement la boite aux lettres, il aurait des choses de la trouver ici ou d’obtenir des informations de la part de la dite Martell, qu’importait les moyens, il allait réussir à la retrouver, ils étaient à Radcliff après tout, ça ne devrait pas être bien compliqué. « Oh mince, c’est dommage. » Répliqua-t-il alors qu’il n’en avait rien à faire de la Martell, il n’avait dans le fond pas la moindre idée de qui elle était. « Townshend. » Répondit-il à l’interrogation de son interlocuteur, sans doute qu’il aurait dû lui donner un autre nom, mais c’était sorti sans qu’il ait le temps de répondre. Il était fier de son nom, c’était ce qui lui restait de ses parents et il avait souvent du mal à en utiliser un autre. « Je repasserai, mais je préférerai autant que vous ne lui disiez rien. On s’est pas vus depuis longtemps, j’avais l’intention de lui faire une petite surprise. » C’était crédible comme excuse d’après lui, après tout, il avait dit qu’il était nouveau à Radcliff alors forcément, il n’avait pas du voir son amie depuis un moment, si on considérait qu’il était vraiment ici pour faire une surprise à une amie. Ce qui était le cas techniquement. Il ne voulait pas que Tessa s’attende à le voir débarquer, bien évidemment. C’était une surprise, c’était bien vrai, ce qui l’était un peu moins, c’était qu’il venait voir une amie, elle n’était pas son amie, elle était un contrait à terminer. Ni plus ni moins. C’était en tout cas ce dont il essayait, peut-être futilement, de se convaincre. « Vous avez une idée de l’heure à laquelle elle termine ? » Si ça pouvait lui éviter de rester planquer plus loin dans la rue pendant des heures, il voulait bien savoir à quelle heure il ferait bien de revenir. Ou au, moins, il voulait avoir l’air intéressé histoire d’avoir l’air crédible, il n’était pas le type le plus intelligent du monde, mais il était bon menteur alors forcément, il devait renforcer au mieux les histoires qu’il inventait.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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Ren n'avait jamais été quelqu'un de très compétitif. Il ne cherchait pas à être le meilleur dans toutes les situations, seulement de mettre à bien ses missions. Il aurait très bien pu oublier l'autre individu, le laisser faire ce qu'il avait à faire et s'en tenir au plan initial. Avec un peu de son chance, son intuition se serait trompé et il s'agissait d'un ami de la famille Martell ou quelque chose comme cela ; pourtant, cette fois-ci il ne voulait pas décevoir Thaddeus. Pas une seconde fois. Alors hors de question de laisser cet inconnu s'aventurer sur son terrain de chasse, Ren devait intervenir. Et il avait bien fait de le faire, puisque devant ses yeux défait, c'était un morceau de son passé qui apparut. Un morceau qu'il aurait préféré ne jamais recroiser, ça aurait été plus simple. Quand il avait laissé son ancienne vie derrière, quand il avait quitté les foyers, les familles d'accueil mais aussi ses deux frères, c'était toute une partie de sa vie qu'il abandonnait. Il en avait conscience. Il l'avait su la minute où il avait vu ce vieil homme débarquer ; quelque chose dans sa carrure, dans sa démarche. Quelque chose qui lui soufflait qu'il n'y aurait pas de retour possible. Le garçon s'était attaché à l'idée que s'il trouverait son bonheur -une famille, un modèle, une stabilité-, il n'aurait pas besoin de revenir en arrière. Qu'il pourrait enfin mettre derrière lui ces années de misères. Dans un sens, c'est ce qu'il souhaitait. Et c'est en pensant ainsi qu'il avait réussi à partir sans un regard sur le passé. Durant son adolescence, il a bien sûr pensé fréquemment à ses frères, regrettant parfois de ne pas les avoir à ses côtés. Pourtant, chaque fois qu'il se plongeait dans la mélancolie de son ancienne famille, Galaad était là pour le rappeler à l'ordre. Puis lui rappeler que s'il voulait réussir, s'il voulait le rendre fier, il fallait qu'il se détache de cette vie, et de ces sentiments. Que de toute manière, ils ne voudraient sûrement plus de lui, après les avoir quitté ainsi. Qu'il n'avait plus que lui, et qu'il fallait qu'il oublie, et qu'il obéisse sagement. Et trop soucieux de ne pas décevoir son cher tuteur, Ren avait oublié.

Pourtant, face à l'homme venu lui voler sa proie, Ren n'en menait pas large. Le poids des souvenirs, et des années d'oubli lui retombait dessus, d'un coup. Trop à supporter pour le chasseur qui passait la plupart du temps à pousser ces sentiments aussi profonds qu'il le pouvait. Alors le brun tâcha de retrouver contenance, ne voulant pas perdre la face devant l'inconnu devant lui ; après tout, il n'était pas sûr qu'il s’agisse de son aîné. Même si ce dernier se questionna à son tour, demandant au chasseur s'ils se connaissaient. Mais le chasseur n'était pas prêt de le laisser filer comme ça ; il tenait à sa proie, et, poussée par la curiosité, il tenait à connaître l'identité de son interlocuteur. Il voulait être qu'il se trompait, sur qu'il ne s'agissait pas d'Alvin. Alors Ren enfila à nouveau son costume de voisin attentionné, utilisant toutes les informations qu'il avait regroupé sur la cachette de Tessa. Le chasseur n'avait rien du voisin attentionné, avec sa carrure imposante et son visage encore blessé, masqué par ses lunettes rondes. Pourtant, l’intrus semblait vouloir y croire. Ou bien il se prêtait docilement au jeu de Ren. « Oh mince, c’est dommage. » Son air déçu semblait peu convainquant, mais Ren craignait devenir paranoïaque. Peut-être s’agissait-il véritablement d'une connaissance de la jeune femme. Peut-être était-ce un innocent collègue, ou d'un ami de longue date. Inconsciemment, il cherchait peut-être à se convaincre, par tous les moyens possibles. Pourtant, la réponse à sa dernière question balaya tous ses doutes du revers de la main. « Townshend. » souffla finalement son interlocuteur, et le cœur de Ren se stoppa. Il s'agissait bien de lui. Il s'agissait bien de son frère. Il y avait d'autres Townshend certes, mais quelles étaient les chances qu'un Townshend qui ressemblait à deux gouttes d'eau à son frère perdu face son apparition dans la petite ville de Radcliff ? Non, c'était lui. Plus de doutes maintenant aux yeux du cadet Townshend. Il aurait voulu dire quelque chose, le stopper net et révéler à son tour son identité. Pourtant, il resta muet, incapable de rien dire. La situation était trop irréelle à ses yeux. Il avait fait le deuil de son ancienne vie, elle n'avait pas le droit de revenir le chercher. Alvin, Razen, ils n'existaient plus à ses yeux. Ils étaient seulement un lointain souvenir, prisonnier sur le sol britannique, prisonnier du petit foyer où il avait fait ses adieux. Ren n'écoutait plus le jeune homme, sous le choc de cette révélation. Perdu, il ne savait plus quoi faire ; le retenir ? lui avouer son identité ? Il réussit tout juste à saisir le fin de sa phrase pour acquiescer sagement. « Vous avez une idée de l’heure à laquelle elle termine ? » Ren sortit de sa torpeur, se concentrant à nouveau sur Alvin. « Dix-huit heures, généralement. A la fin de sa journée de travail. » répondit-il, n'ayant aucune idée du métier qu'exerçait la propriétaire des lieux ; si elle travaillait. Mais si Alvin s’intéressait lui aussi à cette maison, et qu'il ne connaissait pas non plus la jeune Martell, il n'y verrait que du feu. Il espérait. Le silence s'installa, Ren hésitait. Il voulait lui révéler son identité, étonné presque que son frère ne se soit pas rendu compte avant. Il avait certes changé en vingt ans, mais tout de même. Le chasseur se décida alors à enlever ses lunettes de soleil, les rangeant soigneusement dans sa poche de costume. Il lança un regard inquiet autour de lui, s'assurant que Tessa n'arrivait pas en même temps. Le timing serait pour le moins mauvais. « Je peux vous demander ce que vous faite si loin de chez vous ? C'est un sacré voyage depuis l'Angleterre pour revoir une vieille amie. » souffla-t-il finalement, question anodine que le léger accent britannique du jeune homme aurait très bien pu justifier. Mais au moins, ça aurait le mérite de faire questionner son frère sur son identité.

all the faults you've left behind

REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que les choses soient plus compliquées qu’il ne l’aurait voulu ? Alvin était venu jusqu’à cette baraque avait un plan plus ou moins précis pour remettre la main sur Tessa, pour régler tout ce qui le dérangeait depuis trop longtemps maintenant, mais il fallait qu’un type venu de nulle part vienne lui mettre des bâtons dans les roues. Sérieusement, pourquoi est-ce que les gens de cette ville avaient autant l’habitude de se mêler de ce qui ne les regardait pas. C’était rageant, frustrant même. Tout allait bien avant que ce type ne se pointe et franchement, il n’était pas d’humeur à se discuter avec le mec sorti de nulle part dont il se fichait complètement. Il voulait Tessa et le reste il s’en fichait éperdument. Il devait se débarrasser de la jeune femme s’il voulait avoir une chance de redevenir l’homme qu’il était. Tessa avait réussi à placer en lui bien trop de doutes dont il n’avait pas le luxe de s’encombrer, pas avec le métier qu’il faisait. Ça finirait par le tuer et il n’avait clairement pas envie de se faire buter au fin fond d’une ruelle parce qu’il aurait accablé de doutes pendant quelques petites secondes. Alvin pensait qu’en se débarrassant de Tessa, tout serait réglé. Peut-être que c’était vrai ou peut-être que ce n’était qu’une stupide illusion, dans le fond, il n’en savait rien. Tout ce qu’il savait c’était qu’il devait faire quelque chose, il avait besoin de faire quelque chose. Forcément être dérangé par le voisin d’une nana qu’il ne connaissait même pas, ça n’allait pas du tout dans ses objectifs de la journée. Si seulement il pouvait lui lâcher la grappe ce serait franchement cool. Mais il n’était pas stupide au point de simplement l’envoyer balader. Plus il paraissait civilisé, moins il était louche, alors autant entrer dans son jeu, répondre à ses questions et faire comme s’il s’intéressait vraiment à la fille qui habitait dans cette maison. Certes ça aurait été beaucoup plus simple de simplement dire à ce type d’aller se faire foutre et la réplique lui brulait les lèvres, mais il fallait qu’il se retienne. Il savait rester professionnel après tout. Dans la mesure du possible en tout cas. Tant qu’il n’était pas en face d’une femme sexy, il se sentait capable de rester professionnel et là c’était juste un type louche qui lui rappelait étrangement quelqu’un. Il avait laissé tomber l’idée, se disait simplement que c’était peut-être qu’une impression de déjà vu ou juste un type qui ressemblait à quelqu’un qu’il avait croisé, ou peut-être qu’il l’avait simplement déjà croisé dans les rues de Radcliff. Il s’accrochait à ces quelques théories et pourtant il y avait toujours une partie de son cerveau qui était en train de se prendre la tête avec ça. Il était trop facilement distrait, c’était l’un de ses nombreux défauts, quelque chose que son frère lui avait souvent répété, à chaque fois qu’une de leur mission tournait mal parce qu’il s’était laisser distraire par des choses futiles. Il devait rester concentrer sur la raison qui l’avait poussé à venir jusqu’ici. Lui qui avait tendance à essayer de tout faire pour faire sortir Tessa de ses pensées, là, c’était le bon moment pour ne plus lutter et se concentrer sur elle et sur ce qu’il était venu accomplir ici.

Il rentrait facilement dans la discussion, ne sachant pas s’il était complètement crédible, mais ça n’avait pas d’importance. Techniquement il était bien venu pour voir une vieille amie, ce n’était juste pas la propriétaire de la maison, mais celle qui apparemment squattait avec elle. Poliment, il répondait à ses questions, lui donnant même son nom, sans doute qu’il aurait dû en donner un faux, mais il aurait été capable de prétendre s’appeler Skywalker, alors sans doute que c’était mieux de simplement donner son vrai nom, plutôt que d’aller piocher dans les classiques du cinéma. L’homme en face de lui, lui annonça que la propriétaire des lieux, rentrait généralement vers dix-huit heures. Il jeta un coup d’œil à sa montre, ils avaient encore plusieurs heures devant eux avant qu’elle ne revienne. Peut-être que Tessa elle, elle reviendrait plus tôt. Il allait surveiller tout ça de loin, discrètement pour ne pas que le voisin continue à le stalker. Il se décida à retirer ses ridicules lunettes de soleil, laissant apparaitre son visage, un visage qui était vraiment familier. Ils se connaissaient. Alvin en était quasiment sûr, ça remontait à longtemps. Une époque qu’il voulait oublier, c’était même un visage qu’il s’était acharné à oublier au fil des années, si bien que remettre un nom dessus était compliqué. Occupé à réfléchir, il avait à peine entendu la réplique de son interlocuteur. « Hm ? » Il fallu quelques secondes à son cerveau pour replacer la question de l’homme. « L’Angleterre oui. Qu’est-ce qui m’a trahi, l’accent ? » Il esquissa un sourire comme pour tenter de retrouver contenance, même s’il était particulièrement perturbé par cette vision le ramenant dans un lointain passé. « J’ai quitté l’Angleterre depuis des années maintenant. » Précisa-t-il pour expliquer qu’il n’avait pas fait le chemin depuis l’Angleterre juste pour voir une amie. Heureusement, d’après lui ça aurait fait cher la visite. « Il y avait plus de mauvais que de bons souvenirs là-bas. » Il y avait la mort de ses parents, il y avait les nombreuses familles d’accueil, Razen qui avait perdu la vue. Il y avait Ren qui était parti avec le premier type qui lui avait tendu la main. Ren qui les avait abandonnés alors qu’ils étaient une famille. Il y avait Ren qu’il essayait d’oublier au fil des années et qui pourtant, les souvenirs remontaient alors qu’il fixait l’homme en face de lui. Il avait évoqué l’Angleterre avec une telle évidence, et certes il avait un accent prononcé, mais pour le reconnaitre, il fallait bien connaitre l’Angleterre non ? C’était troublant. « On se connait hein ? Ren. » Peut-être qu’il se trompait, mais il fallait qu’il en ait le cœur net. Les années étaient passées, mais ce visage, ressemblait tellement à celui de son frère cadet, sans les traits du gamin innocent qu’il avait pu être bien des années plus tôt. Pourtant, ça semblait irréaliste qu’ils se retrouvent dans la même ville, dans une ville complètement paumée qui plus est. Le hasard faisait parfois les choses d’une drôle de façon. Alvin aurait voulu ne jamais revoir son frère cadet, il lui en voulait tellement de les avoir laissé tomber comme il l’avait fait, il avait espéré ne jamais croiser sa route et pourtant, il avait bien peur de ne pas se tromper, il attendait une réponse, n’importe quoi, il fallait qu’il sache si c’était bien son frère cadet ou juste son cerveau qui lui jouait des tours.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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Pour quelqu’un d’aussi routinier que Ren, cette mission tournait au cauchemar. Le chasseur avait à de nombreuses reprises dû faire face à des situations inattendues, c’était son métier. Il devait se préparer au pire, et s’adapter en fonction ; chaque mission se déroulait ainsi, et pourtant celle-ci sortait du lot. Pire surement que toutes les autres directives de Thaddeus. Il avait été battu, laissé pour mort et pourtant, ces accidents n’étaient pas pire que ce qu’il vivait à ce moment même. Car aucunes des autres missions n’avait fait appel à son passé, jamais il n’avait dû s’impliquer, lui et ses sentiments. Et l’implication, c’était la principale faiblesse d’un chasseur, lui avait-on rappelé encore et encore. C’était peut-être la règle principale de Galaad, celle à laquelle il ne fallait faillir sous aucune raison ; et pourtant, Ren avait le sentiment que cette fois-ci, il n’allait pas pouvoir y échapper. Son passé si longtemps oublié revenait d’un coup puissant, et le jeune Townshend commençait à perdre pied. Il ne voulait pas y croire, refusait férocement de faire face à cette réalité. Cette réalité qu’il avait longtemps éloigné, repoussé loin, au fond de ses souvenirs poussiéreux. Ses frères appartenaient au passé, à l’Angleterre et à sa vie d’avant, définitivement résolue ; comment pouvait-il se trouver là, en face de lui dans cette petite ville américaine ? Le petit monde de Ren semblait lui échapper, se brisant sous ses pieds. Il retombait dans la vraie vie, dans la dure réalité, là où il ne pouvait pas enfermer le passé -et les gens qui l’habitait- dans le fond de son esprit. Une réalisation qui le laissait perdu, une expression confuse ancrée sur les traits durs de son visage. Ren avait bien du mal à se concentrer et a jouer la comédie ; le chasseur ignorait quoi faire, pour une fois personne n’était là pour lui dicter des ordres. Il était seul face à cette situation qui le dépassait. Et être seul, le chasseur n’en avait pas l’habitude. Il pensa brièvement à quel point il était facile, d’obéir aux ordres ; comparé à la torture de la scène actuelle, il était bien heureux de se plier aux volontés de Galaad ou de Thaddeus. Mais il ne pouvait pas rester là à rien, il ne pouvait pas laisser filer cet inconnu, peut-être pas si inconnu que ça. Il voulait savoir la vérité, mais n’osait pas e dévoiler au grand jour ; au fond de lui, il était terrifié. Incapable de franchir le pas, il était simplement apeuré à l’idée de devoir faire face à ce passé ressurgit. Mais il n’allait pas pouvoir resté planté là, à dévisager son aîné ; alors le chasseur osa un sous-entendu, mentionnant leur Angleterre natale. « Hm ? » souffla le jeune homme, visiblement perdu dans ses pensés, à l’instar de son cadet. Avait-il lui aussi des doutes sur l’identité du jeune Townshend ? Le soupçonnait-il aussi ? Des questions qui volaient dans l’esprit de Ren, figé par l’image fantomatique de son frère. L’intrus lui demanda si l’accent l’avait trahit, et le chasseur eu envie de jouer avec le feu. De répondre "entre autre", ou quelque chose dans le genre ; mais il se retînt, se contentant d’acquiescer doucement. « J’ai mis des années à perdre le mien. » répondit-il, un léger sourire nostalgique au visage. En arrivant sur le sol américains, quelque années avec son adoption, Galaad l’avait forcé à perdre ce bout d’Angleterre ; Ren perdit son accent avec un pincement au coeur, dernière chose qui le rattachait à sa vie d’avant. Un symbole pour lui, du moment où il a enterré pour de bon son passé. « J’ai quitté l’Angleterre depuis des années maintenant. Il y avait plus de mauvais que de bons souvenirs là-bas. » Un sourire triste s’étira sur les traits figés du jeune Townshend, lors qu’il tenta -en vain- d’imaginer la vie de ses deux frères une fois qu’il eut quitté le foyer. Rien ne lui vint à l’esprit, tant il avait réussi à faire le ménage dans son esprit ; il gardait leur visage, le son de leur rire peut-être. Mais pour le reste, il avait soigneusement choisi de ne plus jamais y penser. « Je vous comprend, peut-être trop bien. L’Angleterre me manque parfois, et puis je me rappelle pourquoi je suis parti. » souffla-t-il, sur un ton mi-ironique, mi-nostalgique. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas songé à la Grand-Bretagne, pourtant, il lui était arrivé tellement de fois de rêver de cette île pluvieuse ; il ne regrettait pourtant pas sa décision pour autant. Pas même après toutes ces années, pas même en revoyant le fantôme de son passé.

Ren sentait le regard de son interlocuteur posé sur lui, inquisiteur. Le silence s’installa entre les deux Townshend, un silence lourd, qui pesait sur les épaules du chasseur. Il n’aimait pas la tournures que prenait les choses, il ne voulait pas faire face à son frère. Il aurait voulu fuir, maintenant, abandonner Alvin, Tessa et la mission. Fuir et ne plus jamais croiser Alvin. Pourtant, quelque chose le poussait à rester planter là, le regard plongé dans les yeux confus de son aîné. « On se connait hein ? Ren. » Le coeur du chasseur rata un battement, mais il ne cilla pas ; ses traits durs étaient figé dans une expression neutre. Il ne réagit pas, se contentant de fixer son cadet qui l’avait enfin découvert. Que devait-il faire ? Que devait-il dire ? Le cerveau de Ren refusait de répondre, et les secondes filèrent sans que le jeune Townshend ne daigne répondre. Il ouvrit finalement la bouche, mais aucun son n’en sortit. Son regard fila et il baissa la tête vers la pelouse gelée sous ses pieds. « Alvin. » siffla-t-il entre ses dents, sèchement, sans relever la tête. Le brave Ren ne trouvait plus de courage ; celui qui se prétendait sans peur se retrouvait soudain bien lâche. Incapable de soutenir le regard de son frère. « Qu’est-ce que tu fais là ? »

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REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

C'était Tessa qu'Alvin était venu retrouver en revenant à Radcliff, c'était après elle qu'il courrait, certainement pas après un bout de son passé auquel il avait renoncé depuis de nombreuses années. Les années qui s'étaient écoulées depuis que Ren était parti lui avaient permis de passer à autre chose, d'oublier cette haine qu'il avait pour son cadet, celui qui les avait abandonné tout ça pour se trouver une autre famille. Pendant longtemps, il avait cru que tout irait bien, si seulement il restait avec ses deux frères. La mort de leurs parents avait été un événement traumatisant, mais Alvin avait toujours été persuadé que tant qu'il restait avec Ren et Razen tout irait pour le mieux. Ils étaient une famille et dans le fond, ils n'avaient pas besoin de qui que ce soit d'autre, certainement pas d'une nouvelle famille. Qu'ils soient tout les trois ensemble, c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Ils étaient ensemble et ça suffisait à rendre les choses moins difficiles, même s'ils étaient trimbalés de famille en famille, qu'ils ne pouvaient s'attacher à personne puisque tout se terminerait en en séparation. Mais pas entre eux trois, ils seraient toujours tous les trois, ils n'avaient pas à se séparer et c'était de loin le plus important. Ren ne l'avait pas vu sous cet angle. Lui il avait voulu de la stabilité, il avait voulu une autre famille, une maison dans laquelle il pourrait rester plus de quelques jours et pour ça il avait choisi d'abandonner ses frères, tout ce qui restait de sa famille. Ce jour, Alvin avait eu l'impression que toute une partie de sa vie était en train de s’effondrer. Ces croyances n'étaient plus que du vent, sa famille n'était plus ce qu'elle était et le sentiment de trahison était très difficile à accepter. Il avait commencé à haïr son cadet pour les choix qu'il avait fait, il l'avait blâmé pour tout et n'importe quoi, y compris pour la cécité de Razen qui pourtant n'était sans doute que la conséquence de son pouvoir puisque les deux étaient arrivés en même temps. Mais qu'importe, aux yeux d'Alvin, Ren avait été coupable de tout le mal qui pouvait leur arriver. Alvin avait commencé à détester son petit frère à tel point qu'il avait espéré qu'ils ne se recroisent jamais, ce qui dans le fond était loin d'être impossible, le monde était assez grand pour qu'ils n'aient pas l'occasion de se recroiser. C'était ce qu'il avait cru pendant des années, pendant toute sa vie jusqu'à aujourd'hui. Il était venu pour Tessa et pour personne d'autre, mais c'était sur Ren qu'il était tombé, malgré la probabilité plutôt faible de le retrouver un jour, il avait fallu qu'ils se recroisent. Ici dans la petite ville de Radcliff. Il semblait que cette ville avait pourtant toutes les caractéristique de la ville paumée au milieu de nulle part. Ainsi, retrouver Ren ici après toutes ces années, ça semblait complètement impossible. Pourtant, il avait toutes les évidences devant les yeux à présent, ce type en face de lui, c'était son frère, Ren. Il avait quitté l’Angleterre depuis longtemps, d'après ce qu'il disait, tout comme l'avait fait son frère des années plus tôt, c'était un américain ce type qui l'avait adopté, alors il y avait de fortes chances pour qu'il soit également parti aux état-unis.

Alvin resta bouche-bée quelques secondes, ces retrouvailles étaient aussi perturbantes qu'improbables. Mais c'était bien lui, son frère, ici en face de lui. Il avait l'impression d'être au beau milieu d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar et en cet instant, il avait vraiment envie de se réveiller pour que cette scène insupportable se finisse enfin. L'entendre prononcé son nom le ramena à cette réalité qu'il aurait pourtant voulu continuer à fuir, encore et encore. Il serra les mâchoires avec force dans une volonté de retrouver un minimum de contenance. Qu'est-ce qu'il faisait là ? C'était une bonne question, à laquelle il n'était pas sûr d'avoir la réponse. Dans le fond, qu'est-ce qu'il faisait là ? Il était venu pour Tessa, mais il savait presque par avance qu'il n'aurait jamais la force pour la livrer à ceux qui la voulait. C'était toujours pareil à chaque fois qu'il se retrouvait en face de la jeune femme, il baissait les bras. Il trouvait une bonne raison de se défiler et il trouvait une excuse bidon à raconter à son frère pour justifier sa faiblesse. Ren n'avait pas à savoir tout ça. Ils n'étaient plus rien l'un pour l'autre, alors dans le fond, qu'est-ce que ça pouvait lui foutre qu'il ait décidé d'aller s'enterrer dans une ville aussi pourrie que celle de Radcliff ? Vu comment il les avait abandonné quelques années plus tôt, il n'y avait rien dans leurs vies actuelles qui pouvait intéresser Ren. Ils n'étaient plus rien l'un pour l'autre à présent. Ren avait choisi de n'être plus rien pour ses frères en partant et en ne donnant plus la moindre nouvelle, il était trop tard aujourd'hui pour revenir sur les décisions qui avaient pu le pousser à faire ce qu'il avait fait. « Tourisme. J'adore visiter des petites ville pourries au milieu de nulle part. C'est un peu une passion pour moi tu vois. » Il haussa légèrement les épaules. C'était loin d'être une passion en vérité, c'était plutôt un véritable calvaire que de s'enterrer dans un coin pareil et si ça ne tenait qu'à lui, il aurait fui la ville depuis longtemps maintenant. « Et puis j'ai vraiment une amie que j'aimerai bien revoir qui vit ici, alors … » Alors ça expliquait nettement ce qu'il faisait là, Ren n'avait pas besoin d'en savoir plus. Il n'avait pas besoin de savoir que Tessa n'était pas vraiment une amie, mais plutôt une cible après qui il courrait parce qu'on lui avait proposé une somme d'argent intéressante pour la ramener d'où elle venait. Il n'avait pas besoin de savoir ce qu'il faisait pour vivre ou quoi que ce soit d'autre le concernant. « Et toi, c'est ici que tu vis ? » Très mauvais choix d'endroit où s'installer. « C'est ici que le type qui t'as adopté est venu t'enterrer ? Et personne n'a jamais songé à appeler les services sociaux ? Parce que franchement, forcer un gosse à vivre ici, ça m'a tout à fait l'air d'être de la maltraitance sur enfant. » Il regarda rapidement les lieux autour de lui. C'était n'importe quoi cette ville. Ren n'aurait vraiment pas dû les quitter si ça avait été pour vivre une petite vie tranquille ici. C'était peut-être un point de vu qui n'appartenant qu'à lui, mais les grandes villes, c'était définitivement mieux que ce genre de petits trous paumés au milieu de nulle part.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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Parfois, Ren se demandait à quoi aurait ressemblé sa vie s’il n’était pas parti avec Galaad. S’il était resté avec ses deux frères, comme ils avaient prévus. Si il était resté, le temps que Razen devienne majeur et puisse l’adopter, lui et Alvin. Lorsqu’il avait quitté pour la dernière fois le foyer, tournant le dos à ses deux aînés, il avait passé de longues nuit à s’interroger. Rongé par le regret, il se tournait dans le lit de sa nouvelle demeure sans trouver le sommeil. Est-ce qu’il aurait été plus heureux, s’il n’était pas parti ? Est-ce que le sentiment d’abandon qui le hantait depuis la mort de ses parents se serait envolé au bout d’un moment ? Des questions qui n’avaient jamais trouvées de réponses, et qu’il avait au fil des ans effacé de son esprit. Car chaque fois qu’il se réveillait de ce sommeil agité et empli de cauchemar, il retrouvait Galaad et tout devenait une évidence. Autour de lui, un manoir, un avenir, la promesse d’un futur avéré. Une figure paternelle, qui prenait certes la forme d’un homme dur et froid, mais qui le considérait comme le fils qu’il n’avait jamais eu. Il avait trouvé une famille une fois revenu à Radcliff, des cousins, des longs repas de Noël avec les Wolstenholme. Dans un sens, c’est ce qu’il avait toujours voulu. Il manquait peut-être une mère aimante, un chien fidèle, et certainement il ne s’était pas imaginé devenir un tueur acerbe. Mais au fond, lorsqu’il se questionnait sur sa situation actuelle, il était satisfait. Heureux peut-être pas, mais satisfait. Aurait-il pu prétendre à cela s’il était resté avec Alvin et Razen ? Ren préférait ne pas y penser. Il ne pouvait de toute manière pas revenir en arrière.

Le fait revoir cette silhouette tout droit sortie du passé faisait pourtant ressurgir ces interrogation. Etait-ce vraiment lui ? Ren ne pouvait pas y croire, ne voulait pas y croire. C’était bien plus simple de fuir la réalité que de l’affronter de plein fouet. Le chasseur partir, fuir la pelouse gelée et abandonner sa mission. Thaddeus serait peut-être indulgent. Tout serait tellement plus simple si il laissait planer le doute. Campée sur ses jambes, son corps tremblait maintenant. Prendre la fuite ou rester et découvrir la vérité ? Un dilemme vite résolu alors que la voix d’Alvin s’éleva dans l’air gelé. Il l’avait reconnu, enfin. Maintenant il n’y avait plus d’échappatoire. Résolu, le chasseur s’avoua vaincu et affirma son identité, le regard fuyant. Pour un homme qui n’avait jamais peur, il était bien pitoyable. Affronter son passé était bien pire qu’affronter un mutant, pensa-t-il. Maintenant qu’il était sur qu’il s’agissait de son aîné, les questions volaient dans sa tête : que faisait-il ici ? Razen était-il avec lui ? Qu’était devenu la vie de ses deux frères une fois qu’il était parti ? Le cerveau de Ren vibrait sous les interrogations. Il voulait l’assaillir de ces questions qui lui brûlaient les lèvres, mais il restait muet. Il lui demanda simplement ce qu’il faisait à Radcliff, ce qui lui semblait être la priorité. Pourquoi avait-il décidé de troubler sa vie paisible ? Peut-être qu’ils avaient décider de retrouver leur frère, après toutes ces années. Une envie qui n’était pas passé une seule fois dans l’esprit du chasseur : était-ce une bonne chose ou une mauvaise chose ? Ren n’était pas sur. « Tourisme. J'adore visiter des petites ville pourries au milieu de nulle part. C'est un peu une passion pour moi tu vois. » Malgré les vingt années qui séparaient depuis leur dernière rencontre, Ren reconnaissait le même Alvin qu’il avait laissé aux portes du foyer. Quelque chose dans son ton, dans la manière qu’il avait de s’exprimer ; c’était le même gamin turbulent qu’avant. Le coeur de Ren se serra. « Et puis j'ai vraiment une amie que j'aimerai bien revoir qui vit ici, alors … » Le chasseur ne savait pas s’il fallait qu’il le croit ou non. Il ne savait plus rien de son frère. Au lieu de ça, il préféra continuer de jouer à son jeu en ne divulguant rien de sa mission. « Bienvenue à Radcliff, alors. » lâcha-t-il froidement, sur un ton qui n’avait rien d’accueillant. Il ne voulait pas que son frère se fasse d’idée : Ren ne voulait pas le voir ici, ni lui ni Razen. Il n’avait pas besoin d’eux, pas besoin de se souvenir. Son passé était derrière lui, il avait bien l’intention que cela reste ainsi.

« Et toi, c'est ici que tu vis ? » Ren acquiesça. « C'est ici que le type qui t'as adopté est venu t'enterrer ? Et personne n'a jamais songé à appeler les services sociaux ? Parce que franchement, forcer un gosse à vivre ici, ça m'a tout à fait l'air d'être de la maltraitance sur enfant. » souffla son aîné, sur ce ton lointain et pourtant familier. Le chasseur serra fort les poings, retenant la colère qui lui montait à la gorge. Il n’avait pas le droit de parler de Galaad comme ça. Il ne savait rien. « Galaad. Il s’appelait Galaad Wolstenholme. Il était originaire de Radcliff, je l’ai suivi quand il a voulu rentrer. La ville est sympathique, quand on prend le temps de la connaitre, je n’ai jamais eu à me plaindre. » lança-t-il, sèchement. Le chasseur ne montrait aucun signe de sympathie pour sin frère : de sa posture imposante à son regard acerbe, tout suggérait qu’Alvin n’était pas le bienvenue ici. « J’imagine que Razen est avec toi ? »

all the faults you've left behind

REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

Ren, c’était un prénom qu’il aurait voulu pouvoir oublier. Il était son frère cadet et ainsi, il n’y avait rien qu’il puisse faire pour le faire sortir de sa mémoire. Mais les bons souvenirs n’étaient pas si nombreux que ça. A la longue, ce qui restait, c’était surtout la rancœur et le souvenir de la trahison. Parce que c’était comme ça qu’il le prenait. Ren était parti avec un type en laissant ses deux frères derrière lui. Il les avait complètement laissés tomber. Peut-être qu’il aurait pu lui pardonner, si jamais il s’était donné la peine de donner des nouvelles, mais jamais il n’était entré de nouveau en contact avec ses aînés. A croire qu’il s’en fichait que Razen et lui n’avaient jamais vraiment compté pour Ren. Ils étaient sa famille pourtant, sa seule famille. Alvin avait maudit tous les passages en famille d’accueil, il n’en gardait que des mauvais souvenirs, mais il si quitter le système devait se résumer à quitter ses frères, il préférait encore continuer à être trimballé de famille en famille. Ça avait toujours été son point de vu sur la question et jamais il ne changerait d’avis, parce que Razen était tout ce qu’il avait et qu’il savait très bien que son frère s’était toujours donné beaucoup de mal pour rendre sa vie moins difficile. Il lui en était reconnaissant, et Ren aurait dû l’être aussi, mais non, lui, il s’en fichait. Ses frères n’avaient pas de valeur à ses yeux, même s’ils avaient été tout ce qu’il avait eu pendant les premières années de sa vie et qu’ils avaient tenu à lui comme aux prunelles de leurs yeux. Cette loyauté qu’Alvin avait, Ren ne l’avait jamais eue. Il était parti sans se retourner, pour faire sa vie ailleurs, avec quelqu’un d’autre. Dans ce qu’il devait appeler famille à présent. Malgré ses efforts pour oublier, Alvin avait toujours autant de rancœur pour son cadet. Au quotidien, il n’y pensait pas forcément, il avait apprit à faire avec, à prétendre que Ren n’avait jamais existé. Si on le questionnait sur sa famille, il ne parlait que de son grand-frère. C’était Razen et lui, personne d’autre. Tant que Ren était loin de lui, c’était plus facile, il n’avait pas à se soucier de lui, mais là, maintenant qu’il était en face de lui, les choses étaient plus compliquées. Le revoir, ça avait réveillé tous les sentiments qu’il avait enfouis au plus profond de lui et il avait cette envie folle de venir lui exploser son poing contre son nez. Il les serrait avec forces ses poings, il sentait ses ongles, pourtant bien rongés, s’enfoncer sous sa peau. Il ne faisait violence pour ne pas frapper et pourquoi ? Ren le méritait le coup de poing dans le nez. C’était un putain de traitre. Alvin le détestait à présent. Toutes ces années de silence avaient détruit tous les liens qu’ils avaient pu avoir dans le passé. Ils avaient été frères, mais c’était fini ça à présent. Ren avait tout détruit le jour où il avait accepté d’abandonner ses frères pour partir avec le premier venu.

Il ne savait même pas ce que ça pouvait lui faire ce qu’il faisait ici, franchement, est-ce qu’il n’était pas trop tard de sa part pour s’intéresser au sort de son frère ? Alvin pourrait bien être mort et enterré six pieds sous terre, que ça ne devrait pas franchement déranger Ren. Pourquoi est-ce que ça le gênerait ? Il n’était qu’un inconnu pour lui. Un type dont il devait bien se foutre, vu qu’il avait disparu de sa vie en un clin d’œil. Bienvenue à Radcliff qu’il disait. Est-ce qu’il cherchait vraiment à se prendre un coup en pleine tronche ou quoi ? Ou bien c’était juste Alvin qui se sentait particulièrement agacé à chaque fois que Ren ouvrait la bouche parler. Il était tellement en colère et ce depuis le jour où Ren les avait quittés. Le temps passant n’avait rien arrangé, alors forcément, à présent tout chez Ren semblait l’agacer. Il leva les yeux au ciel d’un air blasé. Radcliff craignait pour bien des raisons, mais entendre son frère cadet lui souhaiter la bienvenue dans cette ville pourrie, franchement, ça n’arrangeait absolument rien. Cette ville, c’était définitivement le pire endroit du monde aux yeux d’Alvin. Et le voilà qu’il parle du type qui l’a adopté. Il soupira, mais le nom qu’il prononça attira son attention. Wolstenholme. Comme le type qui l’avait chargé de retrouver Tessa. Il fronça les sourcils un court instant. Est-ce que ce n’était qu’une coïncidence ? Il n’en était pas sûr, il ne croyait pas franchement aux coïncidences. Mais il ne releva pas. Il verrait ça plus tard, Pour l’instant il avait juste envie de refaire le portrait de son cher frère. Les nerfs le titillaient dangereusement, mais il savait que parfois, il valait mieux continuer dans la provocation que de frapper tout de suite. Au pire si Ren frappait le premier, lui, il ne ferait que se défendre. « Super. J’espère que tu l’appelle papa, vous former une super famille apparemment. Entre gens qui kiffent se faire chier dans une ville merdique. » Radcliff craignait déjà avant qu’il ne découvre que son frère y était, mais maintenant que cette nouvelle s’imposait à lui, le reste du monde lui manquait encore plus. Il avait envie d’aller se bourrer la tronche à Las Vegas et passer la nuit dans les casinos, parce que ça c’était cool. Radcliff à côté, c’était vraiment le trou du cul du monde. Alvin avait, de toute façon, toujours préféré les grandes villes. « Qu’est-ce que ça peut te foutre franchement ? Si c’est juste pour faire la conversation, laisse tomber et va voir ailleurs si j’y suis. » Parce qu’il n’avait pas envie de faire la conversation lui. Il avait juste envie de voir Ren se casser de son champ de vision. « C’est pas comme si notre sort avait pu t’intéresser ces dernières années. Aucune raison que ça commence aujourd’hui. » C’était trop tard de toute façon, beaucoup trop tard maintenant. Il avait renié sa famille, ses origines, alors qu’il reste loin d’eux, ça ne serait pas plus mal maintenant. C’était lui qui avait choisi que les choses s’enveniment comme ça, il ne lui restait plus qu’à assumer maintenant. Du côté d’Alvin, c’était définitivement fini entre eux deux, il n’y avait rien que Ren puisse dire ou faire pour réparer le lien entre eux, parce qu’il n’avait, vraiment pas envie de restaurer ce lien ou même de se lancer dans une quelconque autre relation, alors les banalités n’avaient pas d’importance, ils étaient deux inconnus et ça allait rester comme ça.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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Peut-être que Ren aurait dû se sentir coupable, pour avoir laissé ses frères derrière lui. Pour avoir fuit, lâchement, ce foyer miteux et ces familles d’accueils abusives. Peut-être qu’il aurait dû rester avec eux, ensemble dans le même bateau, affronter tous les trois la dure réalité et essayer ensemble de surmonter les épreuves. C’était égoïste d’être parti. C’était lâche, d’avoir choisi la voix la plus facile et laisser ses frères -sa seule famille- souffrir pendant qu’il s’échappait vers un futur qu’il espérait meilleur. Il aurait surement dû se sentir coupable, regretter son choix. Mais ce n’était pas le cas. La vérité était dure, elle était pas facile à avaler, même pour le chasseur. Il se sentait coupable de ne pas se sentir coupable. Coupable de pas avoir eu mal, en lançant ce dernier regard vers eux, avant de quitter le foyer pour toujours. Mais que pouvait-il faire ? C’était une question qui avait longtemps hanter Ren, ce manque d’empathie. Etait-ce pour ça que Galaad l’avait choisi, lorsqu’il était venu visiter le foyer ? Il l’avait peut-être senti, en posant son regard sur ce gamin, en plongeant ses yeux dans ceux de Ren, vides de toute expression, de tout espoir. Peut-être que c’est ce qui l’avait pousser à choisir ce gosse là, et pas un autre. Parce qu’il sentait qu’en choisissant un gamin sans espoir, il pourrait lui redonner espoir à sa façon, le modeler selon ce qu’il souhaitait. C’était tout ce qu’il voulait, ce chasseur assoiffé, seulement transmettre un héritage à quelqu’un qui avait les épaules assez larges pour supporter le poids de la vérité. Peut-être, qu’au fond, Ren avait toujours été un monstre. C’était une pensée qui le hantait, plus souvent qu’il ne voulait l’avouer. Quand, dans un ultime souffle, ses victimes le traitait de sauvage, de psychopathe. De monstre. Il n’en tenait pas compte, jamais. Du moins il aurait voulu ne pas en tenir compte. Il avait appris à vivre avec, Galaad lui avait souvent répété que ce n’était que des surnoms pour ceux qui avaient le courage de faire ce qui était juste. Pourtant, c’était une pensée qui lui revenait souvent. Lui avait-on appris à devenir comme ça, ou avait-il toujours été un monstre ? Ren ne savait pas quelle réponse l’effrayait le plus. Il savait seulement qu’il faisait toujours ce qui était juste. qu’il s’agisse de se débarrasser d’un dégénéré, d’exécuter une cible dangereuse ou quitter ses frères dans l’optique d’une vie meilleure. Si faire ce qui était juste était un crime, alors il voulait bien être un monstre. Tant qu’il sentait la satisfaction du devoir accompli.

Pourtant, de voir Alvin en face de lui, ça réveillait ces interrogations plus que jamais. Lorsque lui et Razen n’étaient que de lointains souvenirs, la chose avait un impact moindre. C’était le passé, c’était résolu, il ne pouvait rien changer à cela. C’était loin, et ça le resterait. Le chasseur ne pensait pas un jour avoir à faire face ces fantômes ; c’était surréel. Alors le fait qu’il ici, à Radcliff, le fait qu’il lui parle après plus de vingt ans de séparation, Ren ne savait pas comment réagir. Encore moins alors que Alvin ne respectait ni sa ville, sa maison, ni son mentor tant respecté. Si il n’avait pas été aussi sonné, et si la vision de son frère aîné ne lui paraissait pas si fantomatique, il aurait pu lui envoyer son poing au visage. Au lieu de ça, Ren lui répondit ; poliment, mais sèchement. Le chasseur était sur ses gardes, méfiant. Il ne savait pas encore trop pourquoi. La présence de son frère le déstabilisait, chose que Townshend détestait, lui qui aimait être en contrôle tout le temps. Pourtant, il n’y avait pas que ça. Il était en colère, contre cet aîné qui n’avait pas à être là. En colère contre lui, qui aurait dû rester dans ce passé lointain où Ren l’avait emprisonné bien des années auparavant. De quel droit venait-il bousculer son quotidien, et faire ressurgir ces souvenirs lointains que Ren avait mit tant de temps à enterrer ? Le chasseur voulait qu’il parte, immédiatement, et qu’il ne revienne jamais. Avec un peu de chance, et quelques verres de whisky, cette rencontre impromptue se perdrait entre rêve et réalité - cauchemar et réalité plutôt. Pourtant, les mots refusèrent de sortir de la bouche de Ren, se contentant de jeter un regard froid à cet homme qui ne devait pas être là. « Super. J’espère que tu l’appelle papa, vous former une super famille apparemment. Entre gens qui kiffent se faire chier dans une ville merdique. » lui répondit son frère, provocateur. Après vingt ans, il avait toujours ce regard défiant qui ne le quittait pas. Ren serra les poings. « Galaad n’a jamais eu la prétention d’être mon père. Il était - » Le chasseur s’arrêtait quelques secondes, le coeur lourd. Même après tout ce temps, il n’aimait pas parler de lui au passé. « un mentor. On a voyagé, pendant longtemps. Mais Radcliff a toujours été spécial pour nous. C’était notre maison. » souffla-t-il, dédaigneux. « J’imagine que tu n’as jamais eu la chance de connaître ce sentiment. » S’il voulait le provoquer, Ren riposterait. La surprise s’était définitivement muée en colère. Il lui demande froidement si Razen était là. Les deux frères étaient-ils resté ensemble après son départ ? Ou l’un d’entre eux avaient-ils eu le bon sens de faire la même chose que lui ? Ren était peu désireux de voir l’aîné Towshend débarquer à son tour. Un seul problème à la fois. Pourtant, il devait en être sur. « Qu’est-ce que ça peut te foutre franchement ? Si c’est juste pour faire la conversation, laisse tomber et va voir ailleurs si j’y suis. C’est pas comme si notre sort avait pu t’intéresser ces dernières années. Aucune raison que ça commence aujourd’hui. » Un sourire moqueur s’étira sur les traits sanguins du cadet Tonwshend. Pour le chasseur qui n’avait jamais été doué pour ce genre de chose, c’était le comble. « Crois-moi, ce n’était pas mon intention. Juste de la curiosité. Savoir si toutes ces belles paroles de gosses avaient résisté aux années. La réalité est bien plus dure que ce a quoi on s’attendait au foyer. J’ai simplement eu le bon sens de m’en rendre compte avant vous. » Alvin aurait mieux fait de ne pas provoquer le chasseur. Encore mieux, il aurait mieux fait de ne pas croiser son chemin et réveiller ses démons du passé. Il avait secoué sa vie tranquille, et maintenant il cherchait à le faire culpabiliser. Ren ne jouerait pas à ce jeu. « Mais pour ce que ça vaut, je suis content que vous puissiez compter l’un sur l’autre. Les temps sont durs à présent, plus qu’avant. Surtout à Radcliff. » siffla-t-il, méchant, faisant clairement comprendre qu’il s’agissait d’une menace.

all the faults you've left behind

REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

Alvin sentait que ses nerfs étaient en train de le lâcher. Ça n’avait rien d’étonnant, il n’avait jamais eu une patience d’or, bien au contraire. Il était le genre de type qui cognait avant de réfléchir. Là pourtant, il luttait pour ne pas en arriver là. Il essayait de se dire que Ren n’en valait pas la peine et qu’il n’avait pas envie d’être celui qui débuterait une bataille en plein milieu de la rue. Mais lui emmancher un coup de poing dans le coin du nez, il en avait envie depuis tellement longtemps. C’était tout ce qu’il méritait. Il les avait laissé tomber, alors qu’ils étaient sa famille et jamais il n’avait jugé bon de reprendre le contact avec ses aînés. Qu’importait ô combien sa vie pouvait avoir été belle quand il avait décidé de partir pour faire sa vie avec le type qui l’avait adopté, jamais il n’aurait dû oublier ses frères comme il l’avait fait. Razen et Alvin avaient toujours tout fait dans le but d’aider leur frère cadet. Razen avait porté la famille à bout de bras malgré les problèmes qu’ils pouvaient rencontrer et Ren n’avait jamais pris le temps de le remercier pour ça. Tout ce qu’il s’était contenté de faire, ça avait été de partir sans jamais se retourner. C’était immonde comme façon d’agir. Razen, il aurait pu trouver la force de pardonner à Ren ce qu’il avait fait, s’il avait été là en face de lui en cet instant, mais lui, il en était incapable. Il ne voyait même pas comment lui pardonner sa trahison et à quoi bon de toute façon ? Ren l’avait suffisamment prouvé par le passé, il n’en avait absolument rien à faire de ses aînés. Enterrer la hache de guerre, ça ne changerait rien à la situation et Alvin n’en avait vraiment pas la moindre envie. Tout ce qu’il voulait en cet instant, c’était coller son poing en plein dans le nez de son frère cadet. Ça le démangeait, il le sentait dans chacun de ses muscles, son bras avait cette envie à la fois folle et pourtant complètement justifiée de se dresser pour venir s’abattre sur ce minois qu’Alvin aurait préféré ne jamais revoir. Tout aurait été plus simple si seulement leurs routes ne s’étaient jamais croisées. Y aurait pas eu de problèmes s’ils avaient continué leurs vie en ignorant tout l’un de l’autre, mais maintenant que le cadet Townshend était là en face de lui, tout était devenu soudainement beaucoup plus compliqué.

Fallait quitter cette ville de malade que lui criait la petite voix au fond de son crâne. Partir loin d’ici avant de s’attirer plus de problèmes. Pourquoi est-ce qu’il restait de toute façon ? Ce n’était pas comme s’il allait vraiment finir par remettre la main sur Tessa pour la livrer à Wolstenholme. Y avait toute une partie de lui qui lui hurlait que c’était la chose la plus juste à faire, mais l’autre partie de lui ne pouvait pas se résoudre à la trahir encore une fois. Tessa était une fille bien, innocente et dont la vie avait déjà été trop gâchée. Il ne voulait pas la ruiner davantage, alors quitter Radcliff avant qu’il ne soit trop tard, ça sonnait comme un bon plan. La réplique de son frère, c’était probablement la phrase de trop, la goutte l’eau qui faisait déborder le vase. Quel petit con il était devenu. Cette fois son poing s’était redressé pour aller s’abattre contre le visage de Ren. Bon dieu qu’est-ce que ça faisait un bien fou. Ce n’était qu’un coup. Rapide et efficace. Déjà Alvin se sentait mieux. « Va te faire enculer, Ren. » Y avait rien de mieux à dire que ça. Qu’il aille se faire foutre, avec sa famille, sa maison et tout ce petit monde parfait qu’il avait pu se construire en compagnie de son Galaad. « Crois le ou non, mais, je connais ce sentiment. On a pas besoin d’une maison quand on a une vraie famille et le monde à portée de main. » La présence se Razen ça avait toujours été satisfaisant aux yeux d’Alvin. Ils n’avaient eu besoin d’une véritable maison. Ils passaient de ville en ville, de motel en hôtel en passant par des petits appartements et c’était très bien comme ça. Le monde était vaste à quoi bon s’arrêter quelque part en particulier ? Cette vie que les frères Townshend s’étaient construit sur les routes, de contrat en contrat ça lui convenait parfaitement. Il l’aimait cette vie et il n’avait pas envie d’avoir mieux que ça. Il n’était pas fait pour une vie bien rangée. Pour lui, pas question d’avoir un emploi stable, une jolie petite maison, une femme et des gosses. Il voulait continuer ce qu’il faisait enchainer les contrats, ressentir l’adrénaline dans ses veines à chaque mission. Continuer à vivre sans attache, parce qu’y avait que ça de vrai. S’attacher aux autres, c’était le meilleur moyen d’être déçu, parce que les gens étaient souvent des gros lâcheurs. Les familles d’accueil dans lesquels il était passé en étaient la preuve. Ren lui-même en était la preuve.

Il pouvait vraiment aller se faire foutre le cadet Townshend. De quoi est-ce qu’il se mêlait hein ? C’était trop tard pour prendre de leurs nouvelles. Ils pourraient bien être morts tous les deux qu’il en aurait rien eu à foutre alors mieux valait qu’il ferme sa grande gueule. « Tu t’es mal rendu compte alors. » Les promesses de gamins, elles avaient tenu la route. Razen était resté et dès qu’il avait pu récupérer la garde de son cadet il l’avait fait. Ça n’avait pas été facile avec sa cécité mais ils avaient tenu le coup et ils avaient fini par s’en sortir, ensemble, parce que contrairement à Ren ils n’étaient pas des gros lâches. « On est resté ensemble et on s’en est très bien sorti. Si t’avais vraiment eu du bon sens tu serais resté, t’aurai pas laissé tomber ta famille pour le premier mec s'est pointé. » Parce que la famille c’était important et qu’ils n’avaient déjà plus de parents, alors avoir des frères, c’était bien. Pour Alvin, y avait rien qui justifiait d’abandonner sa famille. Même pas une jolie petite maison dans la petite ville de Radcliff. Alvin laissa échapper un rire ironique. Cette histoire allait vraiment mal se terminer. « Est-ce que c’est une menace ça ? » Ça en avait tout l’air. Alvin était habitué aux menaces, c’est qu’il en avait récolté beaucoup dans sa vie, en commençant par les si tu ne te comportes pas mieux, tu vas finir dans le bureau du directeur, pour finir sur les menaces de mort. Il avait l’habitude et clairement il n’avait pas peur, certainement pas si elles sortaient de la bouche de Ren. « Finalement, je commence presque à apprécier Radcliff, peut-être que je devrais songer à rester plus longtemps que prévu. » Non, il détestait cette ville et il avait vraiment envie d’en partir. Mais il était le genre de personne à presque toujours faire le contraire de ce qu’on lui disait. Y avait bien que Razen qui pouvait se vanter d’arriver à contrôler Alvin et encore. Si Ren lui conseillait de quitter cette ville – et clairement, c’était ce qu’il venait de faire – alors, il lui semblait qu’il avait trouvé une bonne raison de rester. Tant mieux, parce qu’il semblait qu’ils étaient coincés dans cette ville pour un moment. Il détestait tout dans cette ville. Il détestait Ren. Mais si sa présence en ville pourrait emmerder son cadet et bien ça faisait un point positif à ajouter au tableau. Le seul, au milieu des très nombreux points négatifs qu’il pouvait attribuer à cette ville pourrie. Mais un, c’était toujours mieux que zéro.

the water's sweet but blood is thicker.

Hey brother, there’s an endless road to re-discover. Hey sister, know the water's sweet but blood is thicker. Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do. Hey brother, do you still believe in one another? Hey sister, do you still believe in love, I wonder? Oh, if the sky comes falling down for you, There’s nothing in this world I wouldn’t do.
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PRen n’avait jamais cru revoir ses aîné un jour. Il l’avait espéré, pensant qu’ils resteraient coincé dans son Angleterre natale au même titre que le reste de son passé. Naïvement, il avait souhaité oublié les deux hommes comme il avait oublié ses parents ; ça aurait été plus simple, moins douloureux. Les longues soirée qu’il avait passé les premiers jours auprès de Galaad avaient été les plus dures. L’homme était aussi froid que le manoir, les couloirs agités et pleins de vie lui manquait. Alvin et Razen lui manquait. Plus que tout, dans les débuts. Il voulait passer à autre chose, éviter d’y penser. Mais la vérité, c’est que ça l’avait tué un peu de les laisser derrière. Egoïste mais nécessaire, son choix l’avait fait souffrir et il ne se l’était jamais caché. La douleur n’enlevait pas le fait qu’il pensait avoir fait la bonne décision, au contraire. Il estimait que cela était un rite obligé vers sa nouvelle vie. Mais les journées étaient passées, puis les mois, et les souvenirs étaient toujours aussi vifs. Les éclats de rire, les bêtises, les longues soirées à inventer des histoires pour se tenir éveillés. Ren s’en rappelait comme si il les retrouvait tout les soirs, incapable d’effacer leur visage de sa mémoire. Le chasseur n’avait aucun souvenir de ses parents, il ne pouvait pas les regretter. Il regrettait l’idée d’un père et d’une mère, mais pas les siens en particulier, n’ayant pas de visage à mettre sur leur visage ni de caractère à leur attribuer. Avec Alvin et Razen, c’était différent. Il les connaissait par coeur, et s’en souviendrait surement toute sa vie. Ca aurait été tellement simple si leur mémoire avait pu filer avec celle de leur parent, sombrant dans la pénombre de l’inconscience. Galaad lui dictait de laisser son passé derrière lui, d’oublier sa vie d’avant. Au fil de son enseignement, et de son endoctrinement, il avait tâché d’écouter son mentor. Pourtant leur visage était toujours là. Au fil des années, ces souvenirs s’étaient tassés et au bout de dix ans Alvin et Razen n’étaient plus que de lointain fantômes. Ren s’en sentait soulagé, totalement détaché de ce passé trop lourd, trop désagréable. Et maintenant, il était là. Les traits d’enfants de ses souvenirs se mêlant à la réalité, fantôme ressurgit des tréfonds de sa mémoire. Pourquoi avait-il refait surface, pourquoi venait-il le déranger ainsi ? Le chasseur était en colère face à cet homme qui le mettait hors de lui. Il n’avait pas le droit d’être. Il n’avait pas le droit de ressurgir après tous les efforts que Ren avait fait pour l’oublier. Il était censé être resté en Angleterre avec Razen, et tous les autres souvenirs enfantins du chasseur.

La manière dont Alvin avait évoqué Galaad, Ren ne pouvait pas l’accepter. Le ton de son frère était pareil à celui de l’époque, provocateur, cherchant toujours les ennuis. En plus de venir perturber le quotidien tranquille du chasseur, il fallait qu’il s’attaque à celui qui comptait le plus à ses yeux. Ren refusa de le laisser passer, attaquant ouvertement son frère sur un sujet qu’il savait sensible. Le temps n’était plus aux retrouvailles polies. Sa réponse fit mouche, touchant Alvin en plein coeur. Il aperçut la haine dans son regard, et la colère s’emparer de ses membres. Le poing de son frère vola pour atterrir dans son visage, se heurtant comme contre de la pierre. Son corps de cilla pas, bougeant à peine sous l’impact. Ren était habitué à prendre des coups, souvent plus violent que ça ; le chasseur devait pourtant avouer que son frère avait une bonne droite. Quelque chose qu’ils partageaient. Les poings serrés, les jointures blanches, Townshend se retint pourtant d’envoyer voler son poing. Il attendrait le bon moment. Au moins, il savait que ses mots faisaient heurtait la fierté de son aîné, c’était tout aussi bien que des coups de poings, peut-être mieux vu les traits déchirés d’Alvin. « Va te faire enculer, Ren. » Les insultes, il avait l’habitude aussi, il en avait son lot lorsqu’il chassait les opposants. Hermétique à ce genre de choses, dénué de sentiment, il en fallait bien plus pour ébranler le chasseur. Il avait été construit pour ça, après tout. Son frère crachait les mots plus qu’il ne les parlait, véritablement en colère contre son cadet. Ren ne savait rien de leur vie après son départ, pourtant il imaginait bien les galères qu’ils avaient pu rencontrer ; deux orphelins livrés à eux-même, sans aucune éducation ni talent particulier. Ils n’avaient pas dû connaitre beaucoup de maisons, et une vraie famille n’abritait ni du froid ni du vent. Au moins avec Galaad, il avait été entraîné, logé, et on avait donné un sens à sa vie. Ren n’en aurait jamais demandé tant.

Le chasseur sentait sa mâchoire se raidir, conséquence du coup de son aîné. Il écoperait d’un beau bleu. Mais s’il arrivait à mettre son frère à la porte, alors ça vaudrait le coup. Le chasseur continua son discours comme si de rien était, se défendant de s’intéresser à leur vie misérable. Moins Ren en saurait, mieux il se porterait. Il voulait simplement savoir si par mégarde il tomberait sur le dernier Townshend, pour souligner le désagréable de ces souvenirs ressurgit. La délicatesse ne faisait pas partir du code de Ren, on ne l’avait pas programmé comme cela. Les mots qui sortaient de sa bouche étaient tranchant, poignant, se heurtaient contre Alvin là où ça faisait mal. « Tu t’es mal rendu compte alors. On est resté ensemble et on s’en est très bien sorti. Si t’avais vraiment eu du bon sens tu serais resté, t’aurai pas laissé tomber ta famille pour le premier mec s'est pointé. » Un sourire déforma ses traits sanguins, mimique moqueuse et sarcastique. Le bon sens d’être resté. Le chasseur en aurait presque rigolé, ça lui paraissait improbable de joindre ces deux concepts. Le bon sens, s’était d’avoir fuit la tristesse et l’instabilité, d’avoir trouvé refuge dans un foyer stable. Pas s’accrocher au mince espoir que l’aîné de la famille puisse supporter deux enfants à charge. « Et pourtant, pas un jour n’en passé où je regrette mon choix. Partir avec Galaad à surement été la meilleure décision de ma vie. » souffla-t-il, avec un honnêteté que son aîné ne pourrait contredire. Il était heureux d’être parti, heureux de les avoir abandonné. Il le referait plutôt cent fois qu’une, si c’était pour connaitre la vie qu’il avait aujourd’hui. Ren en eut assez, de voir son cadet s’inviter ainsi dans sa ville, dans sa vie, et foutre le bordel. Il était temps de lui faire comprendre qu’il n’était pas le bienvenu. Temps de lui faire comprendre qu’il fallait repartir. La menace passa les lèvres du chasseur, sans qu’Alvin puisse s’y méprendre. Il allait devoir se méfier, ce n’était pas une menace en l’air. « Est-ce que c’est une menace ça ? » souffla son aîné sous le regard glacial de Ren. Pour toute réponse, le chasseur le toisa silencieusement en soutenant son regard. « Finalement, je commence presque à apprécier Radcliff, peut-être que je devrais songer à rester plus longtemps que prévu. » Encore une fois, les muscles de Ren se tendirent, son corps entier était prêt à attaquer. Tel un chien de garde bien dressé, il réagissait mal aux provocations. Il s’approcha de son aîné, pas à pas, jusqu’à n’être qu’à quelques centimètres de l’homme qui lui faisait face. Alvin faisait prêt de dix centimètres de plus que lui, forçant Ren à lever les yeux ; pourtant cela ne lui faisait pas peur, il s’était déjà occupé de colosses plus impressionnant que lui. « Ne te méprend pas Alvin, tu n’es pas le bienvenu ici. J’ai des amis influents qui se feront un plaisir de te renvoyer loin d’ici. Ou pire, si tu aimes tellement la ville, je peux faire en sorte à ce que tu y restes. Six pieds sous terre. » Ce fut son tour maintenant d’envoyer son poing dans la figure de son aîné, ses doigts s’écrasant violemment contre le nez d’Alvin. « Alors va chercher ton frère, et faites vos valises. Si je vous recroise à Radcliff, je ne serais pas aussi indulgent. » souffla-t-il, méchamment, en s’éloignant de son frère en direction de la rue.

all the faults you've left behind

REN TOWNSHEND & ALVIN TOWNSHEND

It's empty in the valley of your heart, The sun, it rises slowly as you walk Away from all the fears And all the faults you've left behind. The harvest left no food for you to eat You cannibal, you meat-eater, you see But I have seen the same. I know the shame in your defeat. But I will hold on hope And I won't let you choke On the noose around your neck. And I'll find strength in pain And I will change my ways I'll know my name as it's called again. ~ THE CAVE.

Toutes les années qui s’étaient écoulées depuis le départ de Ren, avaient poussé Alvin à lui vouer une rancune sans fin. Il n’arrivait pas à comprendre le choix de son frère cadet, il ne pouvait pas accepter que ce dernier ait décidé de les abandonner au profit d’une pseudo famille. Il avait l’impression que Ren avait simplement jeté ses frères pour aller voir ailleurs qi l’herbe était plus verte. C’était inacceptable. Pour lui, y avait jamais rien eu de plus important que Razen et Ren. Il ne les aurait jamais laissé tomber lui. Ça semblait simplement impensable. Ses frères c’était tout ce qu’il avait eu après la mort de leurs parents. Comment est-ce que Ren avait pu oublier ça et s’en aller sans jamais se retourner ? Il n’était qu’un lâche, un égoïste. Il n’avait pensé qu’à lui en partant avec ce type. Pas une seule seconde il ne s’était intéressé à ce que ses frères pourraient ressentir, même pas il n’avait pris le temps d’en parler avec eux ou même de rester en contact avec eux après s’être barrés. Il avait simplement disparu de la circulation en oubliant tout ce que Razen et Alvin avaient pu faire pour lui jusqu’à présent. Razen aurait certainement été prêt à lui pardonner de les avoir laissé tomber comme il l’avait fait, mais ce n’était pas le cas d’Alvin. Lui, il était rancunier, beaucoup trop sans doute et revoir son cadet ici dans une rue de Radcliff, ça lui foutait les nerfs. Si bien qu’il n’avait pas pu se contrôler bien longtemps. Son poing était parti s’écraser contre la mâchoire de son cadet et il ne regrettait pas du tout ce geste. C’était bien peu, comparé à ce qu’il avait pu leur faire. Il avait brisé la fratrie Townshend et tout ça pour quoi hein ? Vivre avec un vieux type, répondant à l’horrible nom de Wolstenholme ? Il avait beaucoup voyagé, génial. Comme s’il avait besoin d’un vieux shnock pour ça. Quel imbécile il faisait le petit frère. Il avait peut-être été plus heureux avec ce type, encore que, s’il avait été un peu plus patient, il aurait quitté les familles d’accueil assez rapidement. Y avait rien à faire. Alvin était incapable de comprendre ce qui avait poussé son frère à partir comme il l’avait fait. Il en avait passé du temps à réfléchir à cette question, mais la réponse, il ne l’avait jamais trouvée. Ce n’était pas cette conversation avec Ren qui allait l’aider à comprendre. Y avait rien à comprendre. Peut-être qu’il n’avait tout simplement pas envie de comprendre. Il lui semblait que c’était beaucoup mieux comme ça.

Alvin laissa échapper un long soupire tout en levant les yeux au ciel. Ren ne regrettait pas son choix. C’était qu’il était vraiment con. Y avait plus rien à faire pour lui. Tant pis. Il pouvait bien rester avec sa petite vie tranquille et si mieux que celle que lui et Razen avaient pu avoir. Alvin, il s’en fichait maintenant. De toute façon, ce n’était pas comme s’il mourrait d’envie de voir Ren se pointait à la prochaine fête de noël comme si de rien était. Le fait était qu’il ne le considérait même plus comme son frère à présent. Comment le pourrait-il, après toutes les années qui s’étaient écoulées sans que le cadet Townshend ne donne de nouvelles ? Il ne faisait plus partie de la famille et c’était très bien comme ça. Razen et lui, ils s’en sortaient très bien tous les deux. Ils n’avaient vraiment pas besoin lui. Il ne voulait pas chercher à reconstruire des liens avec lui. Lui foutre un poing en pleine figure et se casser, ça semblait suffire largement. Maintenant, fallait espérer qu’ils ne soient plus à même de se croiser de nouveau dans une rue. Radcliff était une bien petite ville, ça semblait complètement impossible, d’autant plus que le sort semblait bien décider à s’abattre sur Alvin. Mais il fallait garder espoir, parce que ce n’était pas demain la vieille qu’il quitterait Radcliff. « Tant mieux pour toi Ren. Au moins, tu vis bien avec ta lâcheté, c’est cool. » Quel trou du cul. Il aurait eu envie de lui foutre une nouvelle baffe dans sa tronche. Lutter contre cette envie, c’était compliqué. Il méritait plus qu’un seul coup de poing dans le nez après ce qu’il avait fait. Partir, c’était déjà affreux, mais ne jamais se donner la peine de donner signe de vie, c’était pire. Et voilà que maintenant, il balançait des menaces bidons, se prenant pour un fauve en train de défendre son territoire, comme si la petite ville de Radcliff lui appartenait. Pour qui il se prenait celui-là ? Il allait peut-être falloir qu’il redescende sur Terre, il n’avait ni le droit, ni les moyens de faire en sorte que ces frangins quittent la ville. Déjà, parce qu’elle était en quarantaine, mais en plus parce qu’aux dernières nouvelles, y avait pas besoin de droits spéciaux pour se balader dans le trou du cul du monde des États-Unis. Ni celle du gouvernement – étant donné que leurs papiers étaient bien en ordre – et certainement pas celle de Ren. « On est dans un pays libre Ren. Vive l’Amérique ! On peut se balader dans n’importe quelle ville du continent si ça nous fait plaisir. » Et ses amis, il les attendait de pied ferme tiens. Comme s’il ne savait pas se défendre. On en avait envoyé des mecs pour les buter Razen et lui, mais ils étaient encore là, ce n’était pas pour rien. « Puis t’façon, avec la quarantaine, j’crois que t’es condamné à partager ta merveilleuse ville avec nous. N’hésite pas à pisser sur les murs pour marquer ton territoire ! » Puisque Ren semblait considérer la chose comme un véritable conflit de territoire, comme des animaux, autant enfoncer le clou. Qu’il ne soit pas indulgent, c’était bien le cadet des soucis d’Alvin. Il n’avait pas peur de con frère cadet. Il regarda ce dernier s’éloigner, en levant encore les yeux au ciel. Ça aurait été si simple en cet instant, d’attraper son flingue et de lui tirer une balle dans le dos. C’était lui qui avait balancé les menaces après tout, ce n’était pas comme s’il ne méritait pas de finir six pieds sous terre en premier. Mais son arme resta plantée à sa ceinture alors que Ren avait disparu. Pourvu qu’ils n’aient pas à se recroisés, ce serait mieux pour l’un, comme pour l’autre.

RP TERMINÉ

» hey brother, know the water's sweet but blood is thicker (alvin)
» ♒ hey sister, know the water's sweet but blood is thicker
» (M/LIBRE) CHRIS WOOD ≈ Water's sweet but blood is thicker
» (M/LIBRE) Chris Wood ≈ Water is sweet, but blood is thicker
» (F/LIBRE) EVANGELINE LILLY ≈ hey sister, know the water is sweet but blood is thicker.

(alvin) ≈ water's sweet but blood is thicker.

(alvin) ≈ water's sweet but blood is thicker.

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