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 Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

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Moira Kovalainen
Moira Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 30/04/2015
MessageSujet: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMer 14 Oct 2015 - 2:38

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
Je posais une vieille boîte en acajou vernis et terni par le temps sur le guéridon. Elle avait vécu des jours meilleurs, c'est certain, mais ce n'était pas tant son aspect extérieur rudimentaire qui m'intéressait, que son contenu. Dans son écrin de velours bleu marine reposait un violon qui avait au bas mot cent cinquante ans. En le voyant, ma gorge se serra, et je luttais contre les larmes qui me montaient à nouveau aux yeux. C'était son dernier cadeau. La dernière chose que William m'avait offerte avant de disparaître. Un superbe violon d'un maître luthier français du XIXème siècle, un son incomparable, une finition et un soin du détail qui n'avait d'égal que son prix exorbitant. J'aimais cet instrument et le chérissais comme s'il s'était agit de mon propre enfant. C'était mon outil de travail, l'instrument que j'utilisais en concert, et c'était aussi une façon pour moi d'avoir l'impression que mon fiancé m'accompagnait à chaque représentation. Comme s'il m'écoutait, là, assit dans le public, me soutenant d'un regard bienveillant. Et pendant cinq ans, à chaque récital, je l'avais cherché du regard au moment de saluer le public.

Que chercherais-je maintenant ? Sur quel fantôme allais-je me reposer maintenant que je savais qu'il était mort ? Maintenant que je savais que cet immonde enfoiré de Moren l'avait froidement assassiné... ? Je ne parvenais pas à passer le stade de la colère et cette indicible tristesse qui m'enserrait le cœur dans un manteau de glace depuis deux semaines déjà. Ca faisait mal, putain que ça faisait mal... J'en étais arrivée à un stade où je me disais que mourir ne pouvait qu'être moins douloureux que ça. Il me manquait plus que jamais, et j'avais perdu tous mes repères, ma confiance et mes espoirs. J'avais l'impression d'être une boule de haine prête à exploser, j'en voulais à la Terre entière et j'aurais voulu pouvoir frapper dans quelqu'un ou quelque chose.

Il n'avait pas connu de mort douce ni naturelle... Il était mort à tout juste trente cinq ans, c'était injuste. Et je n'avais pas été capable de l'aider ni de le sauver. J'étais impuissante et pas encore prête à préparer ma vengeance. Seulement, elle dormait, tapis au fond de moi, et finirais par se réveiller. Or, ce jour-là, je savais d'avance que je ne répondrais de rien. J'abattrais tout ceux qui se présenteraient sur mon chemin, sans distinction. Tout ça pour pouvoir ficher une balle entre les deux yeux de sale petit con d'avocat. Je me voyais déjà venger la mort de William de mille et une façons différentes. Et surtout, je voulais faire ça lentement, délicatement... Lui faire endurer mille fois mes angoisses, d'une manière ou d'une autre. Je voulais arracher ce masque de suffisance qu'il m'avait servit en m'apprenant que mon fiancé était mort, et rien ne m'aurait fait plus plaisir que de lire la peur dans son regard. Plus que des supplications surjouées, c'était sur son visage que je voulais voir s'imprimer la peur de souffrir, de mourir, de faire face au monstre qui le dégoûtait tant.

Chassant ces idées noires, j'attrapais d'un geste sec l'archet, qui devait bien valoir un quart du prix du violon, puis soulevais délicatement l'instrument. J'en caressais la surface avec un sourire attendris, pensant à lui le jour où il me l'avait offert. Il était surexcité à l'idée de me voir ouvrir le paquet, et je me souvenais encore l'avoir traité d'idiot pour avoir dépensé autant, tout en hurlant de joie. C'était idiot, finalement... C'était après leur départ que l'on se rendait compte à quel point nos proches pouvaient nous manquer, à quel point leur perte pouvait être difficile à supporter.

Cela faisait deux semaines que je ne vivais plus mais me contentais de survivre, errant comme je pouvais entre mon lit et la salle de bain, la plupart du temps. Je ne mangeais pratiquement plus rien, avait déjà perdu presque cinq kilos, et les cernes se creusaient de jour en jour sous mes yeux, me donnant l'air d'un cadavre ambulant. Seulement, chaque fois que je fermais les yeux, je faisais d'horribles cauchemars, et lorsque j'avalais la moindre bouchée, mon estomac se révoltait. Je me laissais dépérir sans chercher un seul instant à m'en sortir : Je n'en avais pas envie. Je n'avais mis le nez dehors que deux fois en quinze jours, de toute manière. Pour aller m'assurer que Martial n'avait pas lui aussi disparu – cet abruti ayant brusquement refait surface au moment où j'étais chez lui – et pour aller noyer mon chagrin dans l'alcool. Qui aurait cru que je croiserais d'ailleurs Astrid là bas ? Je m'étais sentie coupable de ne pas avoir l'air plus heureuse que ça pour elle lorsqu'elle m'avait appris être enceinte... Mais elle non plus n'avait pas l'air si ravie, puisque le machin blond qui lui servait de copain avait tendance à enchaîner connerie sur connerie...

Il fallait vraiment que j'arrête de penser. Que je vide mon esprit pour ne plus faire qu'un avec la musique, c'était la clé. Je voulais la sentir résonner en moi, à la manière de mes cordes vocales au pouvoir si singulier. Je calais le violon contre mon épaule, l'accordais rapidement, puis commençais à en tirer quelques notes. Lorsque l'on parlait violon à un néophyte, le premier nom qui venait à l'esprit, c'était Paganini. Probablement le plus grand violoniste de toute l'histoire de la musique, et un compositeur respecté pour ses pièces d'une virtuosité à faire pleurer n'importe quel élève de conservatoire. Pouvoir jouer correctement l'une de ses créations nécessitait la maîtrise d'un grand nombre de techniques toutes plus barbares les unes que les autres. Fort heureusement pour moi, je n'était pas surdiplômée musicalement parlant pour rien. Je n'étais peut-être pas capable de résoudre une équation à trois inconnus, mais je pouvais me targuer de savoir à peu près tout jouer.

Et ce que j'entamais alors, c'était le célèbre vingt quatrième caprice pour violon de Paganini. J'y mettais ma haine, ma colère, mon désespoir dans un jeu arraché et virtuose. Mes doigts glissaient avec aisance sur les cordes, tandis que mon autre main s'affairait sur l'archet. Tout était maîtrisé, juste et parfaitement exécuté. A un détail près. J'y mettais une telle violence, une telle hargne que n'importe quel examinateur de concours m'aurait recalée avant même que j'atteigne la moitié du morceau. Mais, les yeux fermés, je me concentrais simplement sur les notes. Je ne pouvais pas exprimer mon chagrin par des mots, seule la musique le pouvait. Et il n'y avait personne pour m'écouter, de toute manière. Personne pour comprendre que je voulais hurler à m'en rompre les cordes vocales. Alors je préférait autant m'escrimer sur les cordes, tandis que les crins de mon archet commençaient à lâcher les uns après les autres. Je m'en fichais. Quelques crins, ce n'était rien comparé à ce que je pouvais ressentir.

Et j'étais si concentrée que je n'entendis personne tambouriner à la porte, et ce pour deux raisons : Ma maison ne comportait pas d'étage, simplement une grande mezzanine, ouverte sur une baie vitrée. C'était toujours là que je m'installais pour jouer, face à la lumière naturelle et au jardin. J'étais trop loin pour entendre quoi que soit dans l'entrée. Mais surtout, j'étais bien trop concentrée sur mon discours musical pour comprendre que c'était pas une visite de courtoisie. Alors je continuais à jouer, inlassablement, même quand la porte s'ouvrir à la volée sur mon frère.
J'approchais de la fin, quand je sentis un bras me saisir par l'épaule... Et me retrouvais alors serrée dans les bras d'Artur, manquant de lâcher mon instrument par la même occasion.

Sur le coup, je restais figée, le temps que mon cerveau analyse la situation. Lorsque je compris qui j'avais en face de moi, un traître, un paria, le faux frère... Je le repoussais violemment.

«Lâche-moi ! T'as pas encore compris ? Je veux PAS te voir, Artur !»

Non je n'avais pas envie de le voir. Et je lui jetais alors un regard à la fois dégoûté et immensément malheureux. Il avait promis... Promis de ne plus me mentir, que tout redeviendrait comme avant... Au lieu de ça, j'avais découvert qu'il commençait plutôt bien le sale type qui avait froidement assassiné mon fiancé. Comment pouvais-je le pardonner si facilement ? Pourquoi, Artur ? Pourquoi t'as fais ça ? Tu me hais donc à ce point ? Je déglutissais difficilement en reposant délicatement le violon dans son écrin, de peur de l'abîmer, et croisais les bras sur ma poitrine. Il aurait du comprendre, après les dizaines de sms laissés sans réponse, que je n'avais pas envie de discuter. A croire qu'il lui fallait plus que ça...

«Tu le savais... Depuis le début tu le savais, que c'était lui... Et tu m'as laissé y aller sans rien me dire... Putain, Artur, mais à QUOI TU JOUES ? Ca te fait plaisir à ce point, de me voir souffrir ? T'en éprouves une satisfaction personnelle qui vient flatter son ego de petit con prétentieux ?»

En temps normal, je me serais donné des paires de claques pour avoir osé dire ça. Car je ne pensais pas ce que je disais, mais les mots sortaient tous seuls, sans que je puisse les retenir. Je ne voulais pas le voir. Pour ne pas craquer devant lui.

«Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez toi, bon sang... ?»

Maintenant qu'il était là, j'estimais avoir droit à quelques explications. Même si à l'instant même, j'aurais préféré être à des kilomètres d'ici.
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMer 14 Oct 2015 - 22:33

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



Il détestait ça. Il détestait cette inquiétude ressentie tous les matins au réveil, il détestait cette angoisse sourde lorsqu’il arrivait aux laboratoires de la police, il détestait cette constante tension lorsqu’il attendait un coup de fil et envoyait des sms sans obtenir de réponse. Il détestait ça et ça n’allait pas en s’améliorant. Parce qu’au fur et à mesure, la peur s’était mêlée à l’inquiétude, la colère à l’angoisse, le stress à la tension, et que jour après jour, ses appels restaient sans réponse, comme si elle avait complètement disparu de la circulation. Ce qui n’était pas le cas. Mais ce qu’il détestait par-dessous, davantage que tout le reste, c’était sans conteste d’être à ce point inquiet pour la santé de sa sœur, et pour la sienne à lui si tout cela venait aux oreilles de son mentor. Le petit frère qui jurait depuis des années que c’était à lui de s’occuper de sa sœur et qu’il était capable dans aucune hésitation de la tuer s’il s’avérait qu’un vaccin ne suffisait pas, il s’inquiétait de ne pas avoir de nouvelles : Artur se sentait pitoyable. Et voilà d’ailleurs quelque chose qui s’ajoutait encore à la liste longue de ses sujets de préoccupation qui n’en finissait plus de s’agrandir.

Artur reposa le lourd dossier qu’il venait de terminer d’imprimer et de commencer à relire, incapable de se concentrer sur l’ensemble plus d’une douzaine de secondes d’affilée, ce qui faisait bien peu lorsqu’on considérait les soixante-pages que comptait le résumé. Son regard glissa pour la vingtième fois vers l’horloge murale, se fronça d’inquiétude. Songeur, il se leva lentement de sa chaise pour aller se poser à la fenêtre, incertain quant à la manière de passer sa soirée, hésitant entre un aller-retour improductif chez sa sœur et continuer péniblement de travailler dans les locaux, incapable qu’il était de rentrer chez lui pour le moment de peur d’y voir la haute silhouette de son mentor. Son regard glissa ensuite vers son téléphone, le déverrouilla et tomba, ironie du sort ou simple logique, sur la conversation actuellement à sens unique qu’il pouvait avoir avec sa sœur. Il fallait qu’il aille la voir, encore une fois, et il fallait aussi voire surtout que ce soit la dernière fois.

Ce soir, Artur venait de le décider, il n’était plus question d’être poli ou simplement passif. Il n’était plus question d’attendre, il n’était plus question de patienter : il se plaisait à penser qu’il lui avait laissé bien assez de temps pour se reprendre et revenir à la raison, il se plaisait à surtout ignorer que c’était tout compte fait lui qui avait eu besoin de temps pour se décider à agir. Il rangea le dossier, fit rapidement place nette sur l’ensemble de son bureau comme toujours avant de partir, en bon maniaque qu’il était malgré lui. Et juste avant de franchir le pas de la porte, il s’arrêta. Il oubliait quelque chose. Volontairement ou non, il devait faire demi-tour, ouvrir ce tiroir qui l’attendait depuis trop de jours maintenant, en extirper une arme neutre et une seringue déjà préparée dans laquelle baignait un liquide à la couleur douteuse. NH25. Vaccin définitif. Des fois je me dis que si on me la retirait, ça redeviendrait peut-être comme avant... L'angoisse... Les mots de sa sœur lui revinrent en mémoire mais ne troublèrent pas une seule fois ses mouvements lorsqu’il prépara son attirail. Il était trop tard pour la remise en question, il était trop tard pour les doutes et les marches arrière, il avait promis à Kingsley de régler le problème des jours plus tôt : en résumé, Artur n’avait que trop tarder et repousser indéfiniment la vaccination de sa sœur ne lui serait d’aucune utilité.

Il approchait de la demeure qu’il avait soigneusement appris à connaître par ses venues qui s’étaient multipliées ces derniers temps lorsqu’il perçut le son strident et particulièrement douloureux qui s’en échappait. Déjà la migraine pointait, raffermissait sa décision et transformait son inquiétude en colère fatiguée. Cette fois, il ne s’arrêta pas au portail qu’il passa d’un bond, épuisant ses muscles renforcés par l’entraînement que lui imposait Moren. Cette fois, il ne prit pas le temps d’entendre les graviers crissés sous ses pieds, il parcourut d’un pas rapide le chemin qui le mena au perron. Cette fois, encore, il n’y avait pas Moira qui l’attendait, tout sourire, avec un chien à ses pieds. Il n’y avait qu’une porte close qui n’allait certainement pas le rester plus longtemps. S’il prit le temps de frapper d’un mouvement impatient, ce ne fut que pour la forme : son pied percuta le montant une première fois, les geignements de l’instrument lui faisant éclater les tympans, sa migraine enflant jusqu’à faire apparaître des tâches dans son champ de vision. Son pied percutant une nouvelle fois la porte qui finit par céder au cinquième essai. Pas question d’attendre, Artur courut presque vers la source du bruit pour le faire cesser et surtout prendre sa sœur dans ses bras : elle semblait être parfaitement intacte et c’était le principal. «Lâche-moi ! T'as pas encore compris ? Je veux PAS te voir, Artur !» Les choses sérieuses pouvaient commencer. « MOIRA ! Non, je ne vais pas te lâcher ! » En revanche, si elle pouvait poser ce violon avant qu’il ne se sente dans l’obligation de le réduire au silence, ce serait une bonne idée. La colère du petit frère n’avait d’égale que son inquiétude qui, malheureusement, se dissipait déjà. Non, il n’allait certainement pas la lâcher, pas maintenant. Pas alors qu’il pouvait enfin lui mettre la main dessus. Il recula alors qu’elle le repoussait, il croisa ses bras alors qu’elle faisait de même de son côté. Trop de questions au bord des lèvres, il prit le temps de l’ausculter du regard à la recherche d’un indice ou d’un quelconque détail pouvant lui indiquer que Moren était déjà passé par là d’une manière ou d’une autre, histoire d’évaluer quel risque il courrait lui parce qu’elle avait fait sa petite geignarde à ne pas vouloir le voir. Il prit le temps de l’ausculter pour évacuer un peu de son angoisse, presque indifférent au rejet dont elle pouvait faire preuve. Presque. Parce qu’il ne pouvait pas se le cacher, si c’était un avant-goût de la réaction qu’allait avoir sa sœur une fois redevenue normale, Artur se surprenait à ne pas avoir hâte de la perdre définitivement. Pour son propre bien.

«Tu le savais... Depuis le début tu le savais, que c'était lui... Et tu m'as laissé y aller sans rien me dire... Putain, Artur, mais à QUOI TU JOUES ? Ca te fait plaisir à ce point, de me voir souffrir ? T'en éprouves une satisfaction personnelle qui vient flatter son ego de petit con prétentieux ? Qu'est ce qui ne tourne pas rond chez toi, bon sang... ?» Il la laissa parler. Le temps qu’il calme son cœur, qu’il se concentre sur son objectif, qu’il reprenne son sang froid et surtout qu’il redevienne tout à fait lucide ? Ce qui ne tournait pas rond chez lui ? C’était justement qu’il était un peu trop attaché à sa sœur pour parvenir à faire ce qu’il était supposé faire. Ce qui ne tournait pas rond chez lui, c’était qu’il avait repoussé la vaccination de Moira au risque de perdre la confiance de Kingsley, au risque de la perdre elle, au risque de se perdre lui. Il y avait trop en jeu pour qu’il se laisse aller à un sentimentalisme malvenu. Artur ne cachait pas son inquiétude en arrivant, il la força à se maintenir sur son visage, la teintant d’agacement et de colère, sans réellement avoir à faire beaucoup d’efforts. « Ce qui ne tourne pas rond ? Mais tu t’es regardée Moira ? J’étais mort d’inquiétude, bordel, tu ne donnais pas signe de vie et je ne pouvais que savoir pourquoi ! » Il avait mal à la tête, il était tendu, stressé, décompressait tout juste de son angoisse : Artur n’était pas prêt à être patient, pas pour le moment. Son hypocrisie ancrée dans ses veines ne lui permettait que de maintenir les apparences, de ne pas se réjouir ouvertement de la mort de William et de ne plus avoir à effacer son sourire à la seule pensée de son corps de violoncelliste explosés en multiples morceaux. De justesse, donc, Artur contint le mélange ignoble de sentiments qui menaçaient tous de prendre le pas les uns après les autres. « Non ça ne me fait pas plaisir ! Non ! A ton avis, pourquoi est ce que je ne te l’ai pas dit ? Si j’avais voulu te faire plaisir, je t’aurais tout balancé la dernière fois, je t’aurais craché à la gueule qu’il était mort, mais je ne pouvais pas me résoudre parce que… » Parce que ce n’était pas le bon moment. « Parce que tu es ma sœur ! Et que je ne t’avais pas vue depuis des années ! » Et que ce n’était pas le bon moment pour que tu commences à te méfier de moi. Artur se força à se taire, se força à se calmer vraiment. Bien plus posé, il s’autorisa à rajouter un petit « Désolé d’avoir essayé de ne pas être un petit con prétentieux pour une fois, alors. Une nouvelle fois, il y a un fossé entre nous deux et cette fois, je ne l’ai pas creusé, Moira. Si tu refuses d’accepter que je puisse m’inquiéter pour toi et tenter de faire au mieux… » Non, il n’allait pas refaire comme la dernière fois, n’allait pas simuler un départ pour qu’elle le retienne. Parce qu’il n’était pas stupide et qu’elle était bien moins ravie de le voir cette fois. Et s’il voulait vraiment lui planter cette seringue dans le coup, s’il voulait vraiment la priver de sa monstruosité pour remplir son contrat et ôter cette épée de Damoclès suspendue sur leur tête à tous les deux et bien… « Je reste, même si tu me détestes. Il n’est pas question que je parte avant qu’être sûr que tu ne vas pas faire d’idiotie. » Comme mettre aller voir Kingsley avec ta mutation ou mettre les voiles sans que je ne puisse poser le moindre traceur dans ton dos.




Dernière édition par Artur Kovalainen le Ven 13 Nov 2015 - 11:12, édité 1 fois
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeLun 19 Oct 2015 - 1:48

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
« Vas-t-en, Artur... J't'en prie, Vas-t-en... » Pensais-je en retenant les larmes que je sentais monter, me brûlant les yeux. Je ne les avais que trop retenu, je les sentais prête à déborder, et je savais que si je commençais à pleurer, j'allais m'effondrer et serais incapable de me relever. C'était aussi une des raisons pour lesquelles je fuyais tout le monde. Parce qu'à chaque fois, j'avais droit à ce sempiternel « ça va? » inquiet qui me donnait envie de fracasser même mes amis en riant. Mais aussi parce que je savais que si je me lançais à nouveau dans mon récit, je me remettrais à pleurer. Et je me sentais pitoyable, détestable, de ne pas être capable d'autre chose. Ma gorge se nouait dès que j'ouvrais la bouche, j'avais la nausée, tout était douloureux... Le vent sur mon visage quand je mettais le nez dehors, le contact de mon frère...

J'avais l'impression de prendre sa haine de plein fouet, son mensonge me blessait autant physiquement que mentalement. J'aurais voulu être capable de lui souhaiter de souffrir autant. J'aurais voulu être en mesure de lui faire du mal à mon tour pour lui faire comprendre à quel point j'étais au plus bas, mais j'en étais tout bonnement incapable. J'avais beau en vouloir à Artur, ce n'était pas suffisant pour lui souhaiter quoi que ce soit de négatif. Et pourtant, j'aurais voulu pouvoir me blottir dans ses bras en lui disant combien j'étais perdue, combien je me sentais abandonnée et seule... Plus que jamais j'avais besoin de la présence de William, et désormais je ne l'aurais à mes côtés. Artur aurait du être la personne à qui me confier dans un cas comme celui-ci. Or je ne pouvais pas. Parce que j'assimilais ses non dits à de la haine pure et dure.

Je le regardais avec autant de déception que de tristesse, tout en me retenant de ne pas céder. Pas cette fois. Artur, tu ne m'auras pas. C'est fini. Du moins, c'était une chose dont je tentais encore de me convaincre. Je sentais son regard sur moi tandis qu'il me tournait autour, comme j'étais un objet dont il vérifiait le bon fonctionnement. Je n'étais donc que ça, à ses yeux ? Une chose dont il pouvait disposer ? Non... Je devenais paranoïaque, il se faisait simplement du soucis... Du moins l'espérais-je... Mais alors pourquoi ce regard que je sentais peser sur moi me faisait à ce point frémir d'angoisse ? Était-ce parce que j'associais à présent Artur à Kingsley, pour qui j'éprouvais autant de haine que de peur ? N'étais-je pas en train de faire un horrible amalgame entre eux ?

« Ce qui ne tourne pas rond ? Mais tu t’es regardée Moira ? J’étais mort d’inquiétude, bordel, tu ne donnais pas signe de vie et je ne pouvais que savoir pourquoi ! »

Et là, c'est plus fort que moi, j'éclatais de rire. Un rire nerveux, presque fou et incontrôlable. Il le prendrait sûrement mal, mais c'était bien le cadet de mes soucis pour le moment.

«Tu es tellement naïf, Artur... Ou bien joues-tu très bien la comédie, qui sait ? Bien sûr, que tu sais exactement pourquoi je n'ai pas donné signe de vie... Parce que je ne voulais voir personne, je veux simplement qu'on foute la paix et qu'on me laisse seule, t'as compris ? Ton grand ami le psychopathe m'a pris l'homme que j'aimais, j'ai plus rien à perdre...»

Ça aussi, je savais que ça risquait de le blesser, et c'était sortit tout seul. En réalité, j'avais encore beaucoup à perdre si je ne me relevais pas rapidement. A commencer par mes amis et surtout Artur. Mais ne l'avais-je pas de toute manière déjà perdu ? Quelque part, si.

« Non ça ne me fait pas plaisir ! Non ! A ton avis, pourquoi est ce que je ne te l’ai pas dit ? Si j’avais voulu te faire plaisir, je t’aurais tout balancé la dernière fois, je t’aurais craché à la gueule qu’il était mort, mais je ne pouvais pas me résoudre parce que… Parce que tu es ma sœur ! Et que je ne t’avais pas vue depuis des années ! »

J'écarquillais les yeux, prenant quelques secondes pour digérer ce qu'il venait de me dire. Je rêvais ou bien...

«En fait tu me prends vraiment pour une conne...», soufflais-je, «Tu penses vraiment que je vais avaler tes salades ? Que ne pas me dire que tu étais au courant pour le décès de William allait adoucir les choses entre nous ? Tu le sais depuis des mois, j'en suis sûre... Tu me l'as délibérément caché... Et ce n'est pas parce que je suis ta sœur. Si c'était le cas, tu te serais arrangé pour que je l'apprenne d'une manière plus... Douce... J'avais besoin de ton soutien, Artur, pas de ta haine ni de ta jalousie aveugle... J'te faisais confiance... »

J'avais beau dire ça, je lui faisait toujours confiance. Je savais qu'il en faudrait beaucoup pour que j'arrête d'avoir autant d'espoirs et de confiance vis à vis de mon frère. Pour que j'arrête de le mettre sur un piédestal, ou de me sentir bêtement coupable. J'aurais été prête à tout pour lui, malgré le sentiment de trahison. C'était même cruel à dire, mais j'aurais pu tuer pour lui s'il me l'avait demandé, parce que j'étais faible et toujours prête à céder face à lui. Je détestais cet air chagriné qu'il avait, cette petite moue déçue et ce regard triste... Tout ça me faisait craquer depuis toujours, sans que je puisse faire quoi que ce soit contre. Et la remarque qui suivit m'arracha ce petit mordillement de la lèvre inférieure qui trahissait si bien ma culpabilité et le sentiment que j'étais allé trop loin.

«Je... Tu ne comprends pas, Artur... Tu ne comprends pas que la seule chose dont je pourrais avoir besoin hormis la solitude, c'est d'un peu de compassion et de soutien... Et je ne peux pas te demander ça. Parce que tu connais le meurtrier de William, et étant donné la façon élogieuse dont il a parlé de toi, je doute que tu sois prêt à voir en lui le monstre que moi je perçois. Je ne peux te demander de me soutenir alors que je sais pertinemment que tu seras obligé de me mentir pour ne pas me blesser.»

Je m'étonnais moi-même de tenir un discours aussi rationnel et mature. Pour une fois, j'avais vraiment l'impression de tenir mon rôle de grande soeur. Mais qu'il le veuille ou non, Artur ne pouvais pas être celui sur qui j'irais me reposer, car il se retrouverait inévitablement pris entre deux belligérants.
Claquant la langue avec dédain, je préférais reporter mon attention sur mon violon, desserrant les crins de l'archet avant de passer un coup de chiffon sur le plateau. J'avais besoin de m'occuper les mains pour avoir l'impression de ne pas être impuissante face à tout. Cela faisait deux semaines que le sol se dérobait sous mes pas ou que j'aille, et j'avais le sentiment que ce n'était pas prêt de s'arrêter.

«Je n'ai jamais dis que je te détestais...»

Je laissais alors planer un long silence entre nous, ponctué par le frottement du chiffon sur le bois vernis de mon violon. Je ne savais pas quoi répondre... Devais-je lui dire que malgré les apparences tout allait bien, que je me portais comme un charme et avais tout pardonné à cet enfoiré d'avocat ? Ou bien la vérité ? La dure vérité ? Celle qui impliquait la tête du meurtrier sur une pique et la mienne au bout d'une corde ? C'était trop difficile d'imaginer que oui, je ne trouvais plus de saveur à quoi que ce soit ? Je relevais alors la tête, le regard déterminé planté dans celui de mon frère.

«Mais je t'en prie, éclaire-moi ! Qu'est ce que tu entends par « idiotie » ? Si tu penses que je vais m'avaler un plein flacon de somnifère, rassure-toi, t'es pas prêt de te débarrasser de moi. J'suis pas du genre à me foutre en l'air comme ça, et ça ferait bien trop plaisir à ton super pote le connard. En revanche, je me fous royalement que tu travailles avec la police et puisse le prévenir lui... Dès que j'en aurais l'occasion, je lui ferai la peau. J'irai pas me chercher d'excuses, t'auras pas besoin de faire ton petit boulot de super chimiste, j'irai me rendre. J'ai rien à perdre, Artur, tu comprends ? J'ai... Je veux plus courir...»

Je sentais quelque chose d'humide rouler sur ma joue tandis que je regardais toujours Artur. D'un geste rageur, j'essuyais cette larme fourbe qui avait décidé de se faire la malle. J'en avais marre, j'étais en colère, perdue, désespérée... Je voulais hurler ma haine sur Artur tout en ayant envie de le prendre dans mes bras pour qu'il me rassure. Je voulais pas qu'on me cherche des excuses, des solutions... Je voulais juste qu'on me dise que tout irait bien.

«T'as qu'à rester si tu veux... J'm'en fous... Mais faudra pas v'nir te plaindre si je me remets à jouer.»

Je ne savais pas ce que je voulais vraiment. Qu'Artur reste et me change les idées ? Ou qu'il s'en aille et me laisse seule face au silence?

«Ecoute... C'est gentil d'être passé, je vais bien, mais c'était vraiment pas la peine de t'inquiéter...»
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMar 27 Oct 2015 - 23:31

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



Artur devait bien en convenir parfois : il avait davantage tendance à penser à lui et à son propre bien qu’aux autres et à leurs besoins ou envies. Comme maintenant, alors que Moira lui ordonnait assez explicitement de la laisser tranquille. Non. Il n’en était pas question, il n’allait pas céder : trop de jours s’étaient déjà écoulés entre les menaces de Kingsley et cette confrontation, trop de risques avaient déjà été courus pour qu’il en supporte davantage et qu’il la laisse continuer à faire son petit caprice. Sa colère et son inquiétude se heurtaient à chaque respiration, durcissant ses traits, affermissant son ton, renforçant sa volonté d’aller justement à l’encontre de la volonté de sa sœur. Et quelque part, même, le petit frère était convaincu que l’unique personne dont elle pouvait avoir actuellement besoin, c’était lui et juste lui. Après tout, puisque l’autre dégénéré était maintenant hors-jeu, il était le dernier soutien durable et fiable qu’il lui voyait et c’était donc presque de l’altruisme de sa part que de rester pour prendre soin de sa sœur. Et l’ausculter du regard, sans un mot supplémentaire, le temps que son inquiétude s’estompe et qu’il redevienne pleinement lui-même. Le temps qu’il parvienne à se concentrer à nouveau sur l’important et sur ce poids dans sa poche qui n’allait pas devoir tarder à se planter dans une des veines de sa grande sœur. S’il avait peur, dans un sens, de passer à l’action ? Non, certainement pas. Il avait même hâte, pour être tout à fait franc, que tout cela soit derrière lui et qu’ils puissent enfin se retrouver pleinement une fois sa sœur débarrassée de ce qui la rendait si insupportable. Il n’avait qu’à attendre, qu’à finement jouer, qu’à la caresser dans le sens du poil pour pouvoir au mieux la convaincre de se laisser faire, au pire l’enlacer dans une étreinte fraternelle et trouver sans la chercher l’une des veines de son cou. Il n’avait qu’à…

Le regard de Moira le figea sur place, assombri davantage encore ses traits. Artur pouvait presque physiquement sentir l’atmosphère s’alourdir. Trop de déception et de tristesse dans les yeux de sa sœur, trop de choses auxquelles il était finalement insensible depuis le temps. Contrairement à la dernière fois, elle était loin, très loin d’avoir l’état d’esprit qu’il escomptait. Où était passé la grande sœur si crédule et si malléable ? Il n’aimait pas perdre le contrôle et il aimait encore moins la voir se dresser contre lui, ça allait contre l’ordre naturel de chose et pire encore, contre toutes ses prévisions. Pour lui, il n’avait fait aucune erreur jusque là. Aucune erreur autre qu’attendre, bien évidemment, qu’elle revienne d’elle-même à la raison. Le rire nerveux n’était pas dans ses plans, se faire traiter de naïf encore moins. «Tu es tellement naïf, Artur... Ou bien joues-tu très bien la comédie, qui sait ? Bien sûr, que tu sais exactement pourquoi je n'ai pas donné signe de vie... Parce que je ne voulais voir personne, je veux simplement qu'on foute la paix et qu'on me laisse seule, t'as compris ? Ton grand ami le psychopathe m'a pris l'homme que j'aimais, j'ai plus rien à perdre...» Il arqua un sourcil. Ce n’était même pas une question de bien jouer la comédie, c’était une question d’orgueil et de bon sens. Elle souhaitait qu’on la laisse tranquille ? Il lui avait laissé bien assez de temps pour ça. Artur croisa les bras sur sa poitrine, ouvertement blessé et provoquant. Si elle voulait partir sur le chemin du mélodrame, il se décalerait sur le côté pour la regarder s’enfoncer dans une attitude aussi pitoyable que comique. Et là, elle trouverait sa comédie. Là, elle en aurait même le rôle principal. Qu’espérait-elle donc ? Qu’il fonde en larmes et la supplie de ne pas lui en vouloir ? Non, il ne s’abaisserait pas à une telle attitude, elle devait comprendre que c’était elle la fautive dans l’histoire et qu’il était juste le petit frère inquiet qui ne savait pas comment réagir. Voilà la ligne de conduite qu’il ne devait surtout pas perdre de vue : elle avait trop fait ses preuves pour qu’il l’abandonne maintenant. Alors non, ça ne lui faisait pas plaisir de la voir se larmoyer de la sorte – en réalité, ça l’attristerait presque qu’il ne trouvait pas ça aussi exaspérant – et oui, dans l’idée, il avait voulu bien faire. Et même si son excuse était bancale par certains aspects, Artur espérait que cette tendance à l’auto-flagellation dont sa sœur avait fait si souvent preuve se chargerait de corriger le tir en rajoutant des détails auxquels il ne pensait même pas.

«En fait tu me prends vraiment pour une conne... Hum. Artur fronça les sourcils, laissa une fraction de secondes paraître son trouble. Ce n’était pas vraiment dans le script qu’il avait conçu inconsciemment. Depuis quand sa sœur avait-elle acquis une once de lucidité et perdu sa naïveté si touchante ? Tu penses vraiment que je vais avaler tes salades ? Que ne pas me dire que tu étais au courant pour le décès de William allait adoucir les choses entre nous ? Tu le sais depuis des mois, j'en suis sûre... Tu me l'as délibérément caché... Et ce n'est pas parce que je suis ta sœur. Si c'était le cas, tu te serais arrangé pour que je l'apprenne d'une manière plus... Douce... J'avais besoin de ton soutien, Artur, pas de ta haine ni de ta jalousie aveugle... J'te faisais confiance... » Froid, impassible, il la regardait sans ciller. Sa haine, sa jalousie… il n’avait pas envisagé une seule seconde qu’elle mette à ce point les mots justes sur ce qui le motivait. Et même si ça permettait à Moira de remonter imperceptiblement dans son estime, ce n’était pas vraiment le bon moment pour qu’il perde l’ascendant qu’il avait eu sur elle jusque-là.

Artur se contraignit au calme, bras toujours croisés sur sa poitrine, attendant qu’elle ait terminé sa petite crise de nerf. Tout cela n’était que passager, tout cela devait n’être que passager. Il ne pouvait pas avoir à ce point perdu la main pour qu’elle voie aussi loin et aussi clair dans son jeu. Alors il devait attendre. Attendre que la tempête passe, noter ce qu’elle disait pour pouvoir rebondir et appuyer les points faibles de ses déclarations pour faire tomber comme un château de cartes toutes ses hypothèses et ce qu’elle pouvait penser avoir compris. Et l’attente, il la paraissait d’un voile de triste et de déception. Il fallait qu’elle comprenne qu’elle ne touchait pas un cœur de pierre et surtout que chacun de ses mots le blessait bien plus qu’escomptait ; il fallait qu’il travaille sur cette graine de culpabilité qu’il avait toujours perçu chez elle et sur laquelle il avait toujours compté, veillant sur elle comme sur un grain de blé, l’arrosant régulièrement pour la faire croître mais s’il en ignorait l’origine. Et s’il avait parfaitement œuvré, alors les racines étaient trop profondément ancrées en elle pour qu’elle ne puisse l’arracher désormais. Et même si elle coupait les branches, mettait feu à l’arbre, elle ne pourrait pas détruire pleinement cette culpabilité assassine. Alors oui, Artur attendait, patiemment. Qu’elle se fatigue, qu’elle s’essouffle, qu’elle lui tombe dans les bras. Des deux, il était certainement celui qui avait le plus d’expérience en matière de rancœur et de rancune, et il était certainement aussi le plus endurant à ce petit jeu-là. Il n’avait au final qu’à donner de petits coups de pouce pour l’orienter dans la bonne direction. Des coups de pouce comme une hésitation placée au bon moment, ou encore ce suspens pensif, agrémenté d’une accusation déçue et presque acceptée. Artur ne comptait pas reproduire le même schéma que précédemment, loin de là : il comptait au contraire s’appuyer dessus pour marquer le coup. Son je reste ferme s’accompagna d’un même si tu me détestes aussi soufflé que résigné. Il fallait qu’elle le sente, ce constat, qu’elle le sente au fond de ses tripes. Qu’elle s’en rende malade.

Lorsqu’ils s’étaient revus, il avait été surpris par une chose : qu’elle veuille autant que lui retrouver en quelque sorte la complicité dans laquelle ils avaient grandi. Et si elle n’était pas prête à sacrifier sa mutation pour autant, lui il était tout à fait prêt à l’y forcer ou à l’en convaincre, peu importait tant que le résultat était au rendez-vous. Il avait été surpris, donc, d’apprendre que Moira espérait plus ou moins la même chose que lui. Et il ne l’avait pas oublié, loin de là : il comptait même l’utiliser. Même si tu me détestes, aucune provocation, aucune agressivité : juste une résignation qu’il laissa fondre sur sa langue, savourant son goût artificiel. Si elle le détestait ? Certainement pas. Pas encore, du moins, il y avait veillé.

«Je... Tu ne comprends pas, Artur... Tu ne comprends pas que la seule chose dont je pourrais avoir besoin hormis la solitude, c'est d'un peu de compassion et de soutien... Et je ne peux pas te demander ça. Parce que tu connais le meurtrier de William, et étant donné la façon élogieuse dont il a parlé de toi, je doute que tu sois prêt à voir en lui le monstre que moi je perçois. Je ne peux te demander de me soutenir alors que je sais pertinemment que tu seras obligé de me mentir pour ne pas me blesser.» Artur se figea. Il aurait aimé pouvoir dire que ce doute, cette inquiétude, cette vexation et surtout cette douleur dessinée sur ses traits n’étaient qu’un jeu supplémentaire pour réveiller la culpabilité de sa sœur. Il aurait aimé aussi pouvoir dire qu’elle faisait, disait, pensait exactement comme il le planifiait depuis le début. Mais il ne pouvait pas se mentir : elle le surprenait. Elle le déroutait aussi. Et s’il était quelque part fier de sa sœur en la voyant raisonner et agir enfin en redoutable concurrente, il détestait suffisamment l’idée de perdre un peu de pouvoir sur elle pour que cette fierté soit rapidement viciée par sa rancœur. Il ne comprenait pas ? Bien sûr qu’il comprenait. Il comprenait si bien que de l’acide amer lui rongeait les papilles et qu’il avait envie de lui cracher au visage ce qu’il pensait d’elle à cet instant. De la solitude ? Il lui en avait octroyé largement suffisamment, ne pouvait elle pas le comprendre ? Et pourquoi donc refusait elle de réagir comme elle devait réagir ? Artur n’aimait pas les imprévus, détestait les pertes de contrôle. Et le pire dans tout ça, c’était certainement qu’il était incapable de trouver quoi répondre. Sans un mot, sans décrocher un seul mot, les bras toujours croisés mais bien plus froid qu’auparavant, il la regarda se détourner et reporter son attention sur le violon.

Il avait envie de le détruire, ce violon. Il avait envie de le briser, d’en faire des allumettes et d’allumer un feu de cheminée avec pour mieux détruire l’ensemble des partitions de sa sœur. Il le détestait ce violon mais il allait même, dans des moments comme celui-là, jusqu’à le haïr et le jalouser. Parce qu’elle communiquait de toute évidence plus facilement avec et qu’il semblait la comprendre davantage que lui en était capable. Ce qui était loin d’être normal. «Je n'ai jamais dis que je te détestais...» Il garda la bouche close. Même si quelque part, cette phrase le rassurait sur ses capacités. Il resta muet, laissant le silence s’étirer entre eux deux. «Mais je t'en prie, éclaire-moi ! Qu'est ce que tu entends par « idiotie » ? Si tu penses que je vais m'avaler un plein flacon de somnifère, rassure-toi, t'es pas prêt de te débarrasser de moi. J'suis pas du genre à me foutre en l'air comme ça, et ça ferait bien trop plaisir à ton super pote le connard. En revanche, je me fous royalement que tu travailles avec la police et puisse le prévenir lui... Dès que j'en aurais l'occasion, je lui ferai la peau. J'irai pas me chercher d'excuses, t'auras pas besoin de faire ton petit boulot de super chimiste, j'irai me rendre. J'ai rien à perdre, Artur, tu comprends ? J'ai... Je veux plus courir...» Il la foudroya du regard. Rien de tout cela n’était prévu, mais il était hors de question qu’il reste muet jusqu’à la fin de leur conversation. Il devait reprendre les choses en main. Maintenant. « Tu te crois intelligente, là, Moira ? Tu te penses héroïque à faire ta petite crise, ton caprice d’enfant gâtée ? Tu veux t’abaisser aussi bas que lui ? Et me laisser seul ? » Froid, glacial, il fallait croire qu’Artur en avait assez de jouer la comédie et qu’il devait parfois céder à la tentation de faire tomber le voile des faux-semblants. Mais quelque part, il ne pouvait pas supporter l’idée qu’elle lui échappe totalement et qu’il la perde encore plus. Ce n’était pas qu’il avait besoin d’elle, c’était plutôt qu’il avait investi trop d’années et d’effort pour supprimer chez elle toute trace d’aberration pour qu’elle lui échappe maintenant et qu’en plus, elle le prive de son mentor. Non. Il ne pouvait se résoudre à perdre sa sœur, il ne pouvait se résoudre à perdre Moren. « C’était pour justement prévenir ce genre de réaction que je ne t’ai rien dit ! Et comment j’aurai pu te le dire, d’abord ? » Il fallait qu’il se reprenne, il fallait qu’il contrôle ses mots, mais Artur devait bien se l’avouer : cette fois, il avait du mal. Et c’était si exceptionnel que ça le déstabilisait davantage encore. « Comment voulais-tu que je le formule ? Bonjour grande sœur, j’ai une mauvaise nouvelle, tu vas me détester ? Tu crois quoi, que c’était facile pour moi de le savoir et de ne pas savoir comment te le dire ? Tu me prends pour qui ? Et puis d’abord, c’était quoi la manière douce ? Comment je pouvais savoir que tu allais te pointer chez Moren comme une fleur ? Qu’est ce que tu attendais de moi, Moira, explique ! » Si elle voulait jouer à ce petit jeu, la surprise passée il était désormais prêt à opposer à sa sœur une résistance franche. Elle voulait essayer d’être intimidante et mature ? Elle allait voir qu’elle était loin d’être à son niveau sur ce plan-là. Artur laissa sa voix cinglante se taire, décroisa les bras pour s’octroyer quelques pas dans l’appartement.

«T'as qu'à rester si tu veux... J'm'en fous... Mais faudra pas v'nir te plaindre si je me remets à jouer.» Il ralentit, ostensiblement. Cherchant un moyen comme un autre de réparer tout ce que son impulsivité et la bêtise de sa sœur pouvaient avoir brisé en quelques mots. Il fallait qu’il reprenne le contrôle, il ne devait surtout pas la laisser lui échapper. «Ecoute... C'est gentil d'être passé, je vais bien, mais c'était vraiment pas la peine de t'inquiéter...» Silencieux, il la regarda dans les yeux, laissant ses doigts courir sur la table du salon. La tempête était-elle enfin passée ? Pouvait-il enfin se remettre à jouer, à souffler dans sa flûte pour intriguer les oreilles des souriceaux et endormir la méfiance de sa sœur ? Il n’avait pas envie de se plier à de faux espoirs et encore moins de se précipiter dans une fausse ouverture. Prudent, davantage que précédemment, il murmura pour commencer un « Non tu ne vas pas bien. » chargé de mettre les choses au clair. Quelque part, il se souciait d’elle. Véritablement. Son angoisse, son inquiétude, rien n’avait été feint ces derniers jours et pourtant Artur était le premier à le regretter. Alors non, elle n’allait pas bien. Et elle n’allait pas bien depuis qu’elle avait cette mutation dans les veines, depuis qu’elle avait cette anormalité qui la tenait en otage. « Laisse-moi t’aider, Moira. » L’instinct, voilà ce qui devait certainement être sa plus grande force. Ses doigts effleurèrent la main de sa sœur, l’éloignèrent du violon et de l’archet. « Je comprends que tu m’en veuilles, mais essaye de me comprendre aussi. » Elle ne pouvait pas le comprendre : elle s’était enfoncée trop loin dans son petit délire mégalomane, dans cette folie qui la poussait à se prendre pour une mortelle devenue déesse par un coup du sort génétique. Mais il allait réparer ça, et une fois vaccinée, définitivement débarrassée de cette aberration, ils auront une chance de se comprendre véritablement. « Laisse-moi t’aider, grande-sœur. Je serai toujours là pour toi. » Toujours là pour la surveiller, toujours là pour veiller sur elle et l’éloigner des nuisibles. Le poids du vaccin dans sa poche se fit plus insistant, il savait qu’il n’allait pas pouvoir reculer davantage le moment où il allait devoir la vacciner. Il n’en avait pas peur, il ne craignait que la réaction de sa sœur. Et il craignait aussi l’idée de la perdre. Le visage de Kingsley s’imposa à ses yeux, superposé à celui de la mutante qu’il avait tuée pendant la fête foraine. Si elle continuait ainsi, Moira allait terminer à la place de la dégénérée des DeMaggio. Il devait prendre une décision : maintenant. Et sa décision était prise depuis des années. La main d’Artur chassa celle de sa sœur, monta au dessus de son épaule pour la prendre une nouvelle fois dans ses bras et la serrer contre lui en espérant qu’elle ne le repousserait pas. Ses doigts glissèrent dans sa poche, attrapa la seringue et de ce geste qu’il avait répété des centaines de fois tant dans son bureau que dans ses rêves, il la prépara pour la planter d’un coup sec dans la jugulaire externe et tout injecter d’un seul mouvement dans le corps de sa sœur. « Je suis désolé, Moira, je ne pouvais pas te laisser faire de bêtise. » murmura-t-il en s’écartant précipitamment d’elle, craignant sa réaction. Non, il n’était pas désolé. Il ne parvenait même pas à l’être. il était juste soulagé de savoir que tout cela allait être derrière eux maintenant.




Dernière édition par Artur Kovalainen le Ven 13 Nov 2015 - 11:11, édité 1 fois
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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeJeu 29 Oct 2015 - 23:37

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
Artur et moi, nous étions un peu comme le jour et la nuit. Les deux faces opposées d'une même pièce, lui le cérébral, moi l'impulsive. C'était parfois à se demander comment nous avions fait pour si bien nous entendre à une époque. D'ailleurs, si Artur n'avait pas été mon frère mais un individu totalement lambda, il aurait sûrement fait partie de ces gens dont je fuyais la compagnie. Mais il n'y avait pas de si. Artur était mon petit frère, mon unique repère constant depuis plus de vingt cinq ans, la seule personne au monde à me connaître au point de pouvoir autant me nuire que l'inverse... J'aurais probablement tué mon meilleur ami pour épargner Artur, quand bien même étais-je trop aveugle pour voir qu'il se moquait de moi depuis le début. Car non seulement il était très doué à ce petit jeu-là, mais aussi parce que je refusais d'ouvrir les yeux. C'était plus facile pour moi d'avancer aveuglément en pensant qu'au bout du chemin, mon frère m'attendait, la main tendue pour m'accompagner et non pour me jeter dans un ravin.

C'était difficile d'imaginer que notre relation était aux antipodes de la simplicité. Elle était faite de tensions, de conflits, d'incompréhension... Mais aussi de souvenirs que nous chérissions tous les deux comme la prunelle de nos yeux, d'une complicité indescriptible qui dépassait de loin la simple entente. Je ne cherchais jamais à expliquer aux gens pourquoi je défendais mon frère envers et contre tout, malgré tout ce qu'il avait pu me dire ou me faire... Seulement, cette fois il était allé trop loin. Il m'avait délibérément mentit. Sur un sujet bien trop sensible pour que je le pardonne aussi facilement. Etait-ce parce que William l'avait en quelque sorte remplacé ? Après mon départ d'Irlande, il avait été le premier à qui j'osais me confier, à qui j'avais parlé de ma mutation sans tabous... Il avait joué le rôle qu'Artur n'était plus en mesure de tenir. Et je ne parvenais pas à savoir si mon frère en avait été suffisamment conscient pour jalouser cela aussi. En réalité, j'avais l'impression de ne plus rien savoir. Tout ce dont j'étais persuadée relevait du mensonge et tout ce que j'aurais préféré ignorer m'explosait au visage en m'imposant une vérité dont je ne voulais pas.

L'ennui, c'était que j'en voulais à Artur. Vraiment. Mais j'en voulais aussi et surtout à Moren, à tous les chasseurs, à cette ville, à cette folie... J'en voulais à la Terre entière, mais la personne à qui j'en voulais le plus, celle que je pensais véritablement responsable de toute cette mascarade, c'était moi. Il n'était pas de plus grande culpabilité que la mienne, et elle était trop dure à exprimer, trop récente pour que je sois en mesure de ne m'en prendre qu'à moi et non aux autres. J'avais mal, j'avais l'impression de sentir mes entrailles se tordre à chaque fois que j'ouvrais la bouche, et Artur y restait insensible. J'aurais voulu lui hurler que j'aurais préféré crever que de subir ça, mais plutôt que d'être honnête avec mes propres sentiments, je continuais mon petit speech tandis que lui restait silencieux. Ouvre la bouche, bon sang, dis un truc, que j'ai une raison de craquer...

Et lorsqu'enfin Artur se décida à parler, j'écarquillais les yeux. Enfin il commençait à perdre son calme. Et j'ignorais si cette fois son discours était réfléchi ou spontané, mais au moins il était direct. Enfin.

« Te... Laisser seul... ? C'est tout l'effet que ça te fait ? C'est moi qui suis en deuil ici et c'est toi qui viens pleurer parce que tu risques de te retrouver tout seul ? Je croyais que tu n'avais pas besoin de moi ? Faudrait savoir ! »

Et pourtant, je devais l'avouer, j'espérais que cette fois il soit honnête. J'espérais qu'il y ait encore suffisamment d'humanité en mon frère pour qu'il cherche à m'empêcher de faire une connerie plutôt que d'y pousser. Et malgré tout, il continuait à s'énerver, m'affirmant qu'il n'y avait aucune bonne manière d'annoncer un meurtre... Et il avait raison. Dans tous les cas, je me serais énervée. Je ne savais pas vraiment si j'aurais préféré qu'on me laisse me bercer d'illusions encore quelques années ou si j'aurais préféré qu'on me dise tout dès le début. Tout était trop confus pour moi.

« … Je ne sais pas, Artur. Ou plutôt je ne sais plus ce que je dois attendre de toi. Je ne sais pas si tu m'as délibérément mentit ou si tu as voulu m'épargner des souffrances inutiles, j'en sais rien... Parce que je n'arrive plus à lire en toi depuis des années. Mais j'aurais préféré que tu ne sois pas mêlé à tout ça. »

Que tu ne connaisses pas ce type, cet avocat bien trop propre sur lui pour être honnête, qu'il ne parle pas de toi comme si tu étais son brave petit toutou dévoué... Que je n'ai pas la hantise de te voir un jour devenir comme lui.
Naïvement, j'espérais qu'Artur n'ait encore jamais tué qui que ce soit. Je ne voulais pas que la folie des chasseurs ait pu l'atteindre lui aussi... Je le regardais alors arpenter le salon sans bouger de la mezzanine, avec la désagréable impression de voir un ours enragé enfermé dans une cage trop petite pour lui. Lorsqu'il revint vers moi, posant sa main sur la mienne, je ne la retirais pas. En revanche je frémis, tout mon corps se tendant dans un réflexe instinctif de fuite. C'est à cet instant que je compris qu'inconsciemment, j'avais peur de mon propre frère. Peur au point d'envisager de mettre des kilomètres de distance entre lui et moi. Je ne savais quoi penser de ce ton à nouveau doux et velouté qu'il employait. De cette petite voix timide qui me faisait tant craquer, qui avait le don de m'adoucir immédiatement sans que je puisse faire quoi que ce soit. Non je n'allais pas bien. J'étais au fond du trou, persuadée que je ne pouvais pas tomber plus bas... Rien de pire ne pouvait m'arriver, maintenant. J'ignorais comment remonter, j'étais comme un minuscule souriceau coincé dans un immense tunnel obscur. Et malgré mon envie de m'excuser face à l'apparente reddition d'Artur, je n'en fis rien.

« Oui je t'en veux. Et je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à comprendre. Tu ne peux pas m'aider, Artur... Personne ne le peut... »

Je pensais naïvement qu'il voulait m'aider à surmonter mon deuil... Pas à ce qui allait suivre. Car jamais je n'aurais imaginé mon frère capable de cela. De me manipuler à ce point pour parvenir à ses fins et faire de moi la docile marionnette dont il avait toujours rêvé. Sa main quitta la mienne et je le sentis m'attirer contre lui. Je tentais de le repousser gentiment, totalement réfractaire à l'idée de contact physique ces dernières semaines.

« Lâche-moi, s'il te plaît... J'ai vraiment pas envie d... Aïe ! Qu'est ce que tu fous ? »

Je me reculais alors précipitamment, portant ma main à mon cou. Je l'avais sentie... J'avais sentie l'insidieuse chose se glisser sous mon épiderme, et de violents frissons d'angoisse secouaient mon corps tout entier. Et dans la main d'Artur, l'instrument de sa culpabilité. L'immondice aseptisée, cette chose qui me terrifiait depuis que j'étais gamine. La seringue qu'il tenait dans la main, je n'arrivais pas à en détourner le regard. Des sueurs froides me parcouraient l'échine, je sentais ma respiration s'accélérer et mon pouls s'emballer. Je commençais tout juste à réaliser ce qui m'arrivait, mais mon cerveau refusait de l'admettre.

« T... T'as pas fais ça, hin ? Dis-moi que t'as pas fais ça... DIS-LE, PUTAIN ! »

Je tremblais de plus en plus, des larmes de terreur coulaient sur mes joues tandis qu'une chaleur aussi vive que du métal en fusion se répandait de mon cou jusque dans le reste de mon corps. Je refusais d'admettre l'évidence et pourtant, je l'avais sous les yeux. J'aurais pu saisir la seringue pour m'assurer que je rêvais et que ce n'était pas un vaccin, mais ma phobie était telle que j'en étais tout simplement incapable.

« T'es désolé... Putain t'es DESOLE, ARTUR ? Alors c'est ça que tu cherches depuis le début ? Le bon moment pour me planter ton horreur dans le cou ? Pourquoi t'as fais ça, bordel ? J't'ai jamais rien fais ! J'ai jamais usé de ma mutation sur toi autrement que pour calmer tes cauchemars... J'ai jamais voulu te faire de mal, Artur... Pourquoi ? »

J'en perdais mes moyens, je me sentais pathétique et mon corps refusait de me soutenir. Je vacillais, me rattrapant maladroitement à la chaise la plus proche.

« Dis-moi c'que ça t'apporte, Artur... Dis-moi quel intérêt t'as à faire ça... Tu vas y perdre toute la confiance que j'avais en toi... T'façon y a plus rien à perdre, t'attends quoi pour finir ton sale boulot ? FINIS LE, PUTAIN ! »

Instinctivement, ma mutation s'était activée avec mes derniers mots. Cinglantes, aiguës, violentes... Les ondes produites par ma voix eurent un effet radical. La vitre la plus proche vola en éclats, Biscuit se mit à japper dans la pièce d'à côté, et Artur tomba dans les vapes. Je sentais moi aussi mon équilibre vaciller un peu plus à chaque seconde, j'avais la gorge sèche, de la fièvre et je sentais cet abominable vaccin mener une lutte sans merci contre mes gênes. Bientôt je ne serais qu'un spécimen humain parmi tant d'autres, j'aurais véritablement tout perdu. Tant que j'étais encore lucide, je sortis mon téléphone de ma poche, cherchais fébrilement le numéro de Seth et lui envoyait un message concis mais Ô combien lourd de sens. Il ne pouvait rien pour moi. Pas pour le moment, mais c'était bien mon premier réflexe, dans l'immédiat. Je n'arrivais pas à réaliser que mon frère m'avait vacciner. Un peu comme lorsque vous perdez vos clés de voiture ou que vous cassez votre téléphone : Vous avez beau avoir les faits sous les yeux, vous refusez de l'admettre. Parce que c'est plus simple.

Et je ne réalisais finalement que tout était fini que lorsque je me penchais vers Artur, les lèvres tremblantes. Me laissant tomber au sol, je posais sa tête sur mes genoux et lui donnait de petites claques pour le réveiller. Et, par habitude, je tentais de le réveiller en lui chuchotant quelques mots, ma mutation suffisant habituellement à le réveiller ou à le calmer. Seulement cette fois, c'était une voix banale, sans relief ni timbre surnaturel qui s'échappa de ma gorge. C'était la voix désespérément triste et morne d'une mutante privée de son don.

« A... Artur... Réveille-toi, j't'en prie... Bordel réveille-toi ! J'ai b'soin de toi je... »

Je clignais des yeux à plusieurs reprises, passait ma main sur mes yeux d'un geste rageur pour en chasser les larmes qui me brouillaient la vue, mais rien à faire. Tout devenait flou autour de moi, tout s'assombrissait comme si quelqu'un avait éteint les lumières... Et je ne réalisais pas tout de suite ce qui était en train de m'arriver.

« Artur... J't'en prie, aide moi... Je... J'y vois plus rien, Artur ! »
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMar 3 Nov 2015 - 23:56

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



« Te... Laisser seul... ? C'est tout l'effet que ça te fait ? C'est moi qui suis en deuil ici et c'est toi qui viens pleurer parce que tu risques de te retrouver tout seul ? Je croyais que tu n'avais pas besoin de moi ? Faudrait savoir ! » Il fronça les sourcils. Réellement blessé. Ce n’était pas la première fois depuis qu’il était arrivé qu’elle le blessait, d’ailleurs. Et ça commençait à devenir agaçant à la longue d’être aussi vulnérable aux répliques de sa sœur. Depuis longtemps, Artur savait à quel point elle pouvait compter sur lui. Ce qu’il ignorait en revanche, c’était que malgré toutes ces années, elle restait sa plus grande faiblesse et de loin. Oh, bien sûr, il savait qu’il tenait à elle malgré leurs disputes, malgré son anomalie génétique, malgré la monstruosité qu’elle était, mais Artur prenait tout juste la mesure de ce lien qui le maintenait contre son gré attaché à cette rousse qui lui faisait mal. Et qui le blessait, le martelait, le déstabilisait sans qu’il ne puisse le prévoir. Ni même lutter contre. Impassible, il se contenta d’un léger mouvement d’épaules, comme s’il était à peine perturbé parce qu’elle venait de dire. Je croyais que tu n’avais pas besoin de moi. C’était un fait : il n’avait pas besoin d’elle. Il voulait s’en persuader, il l’arguait aux rares personnes dans son entourage, de simples collègues pour la plupart, qui avaient connaissance de l’existence de Moira et qui s’étonnaient de la distance placée entre lui et sa sœur. Il n’avait pas besoin d’elle, il voulait ne pas avoir besoin d’elle ou du moins pas besoin d’elle telle qu’elle l’était actuellement.  

Froid, glacial, Artur était si sincère qu’il n’exprimait plus rien. Acide, il se comportait comme un jeune coq blessé dans son orgueil qui refusait de l’admettre. Il pensait sa sœur facile à manipuler, il pensait avoir le contrôle, il pensait prévoir ses actions deux, trois, quatre coups en avance. Il pensait même, parfois, qu’elle pourrait passer outre ce qu’il faisait et qu’elle pourrait un jour comprendre à quel point elle était un monstre et à quel point, surtout, il avait raison d’agir ainsi avec elle. Froid, Artur était depuis si longtemps perdu dans son hypocrisie que l’absence de réaction était ce qu’on pouvait avoir de plus sincère de sa part. Et il ne s’en rendait pas compte, trop concentré qu’il était sur lui-même et sur ces bleus qu’il voyait apparaître. Non, il ne pouvait pas se résoudre à perdre sa sœur, il ne pouvait pas se résoudre à la laisser partir. Malgré cette faiblesse évidente qu’elle était pour lui, une faiblesse qu’il voulait cultiver et écraser sans savoir quoi choisir. Lentement, impulsivement, il entremêla spontanéité artificielle et cri véridique, reprenant peu à peu le contrôle de son esprit, de ses pensées, de sa sœur. Comment voulait-elle qu’il lui annonce une nouvelle dont il portait le lourd fardeau ? Comment pouvait-elle exiger de lui une once de tact alors même qu’il était évident qu’il détestait William tout autant que la mutation dont il était porteur ? Elle ne pouvait pas lui reprocher d’avoir voulu faire au mieux, elle ne pouvait même pas lui reprocher d’avoir souhaité avant tout préserver ce fragile équilibre qu’ils avaient recommencé à avoir après ces années de silence. Quels chiffres lui avait-elle asséné sans interruption la dernière fois ? Cinq ans ? Douze ans ? Si elle voulait jouer à la grande sœur responsable et bien qu’elle continue sur cette lancée et qu’elle prenne le temps de lui expliquer ce qu’elle avait bien pu attendre de lui. Parce qu’Artur ne voulait pas culpabiliser et qu’il en était même incapable. Qu’importait, au final, la mort de ce dégénéré. La seule chose qui comptait à ses yeux, c’était que sa sœur lui revienne, que sa sœur reste sa sœur, que sa sœur redevienne sa sœur. « … Je ne sais pas, Artur. Et bien voilà. Elle ne savait pas. Les épaules d’Artur se détendirent sous cette concession qu’il s’empressa de considérer comme une victoire. Bien sûr qu’elle ne savait pas : elle se contentait d’exploser, de se laisser porter par sa colère et ses émotions en étant persuadée que sa dégénérescence serait la solution si elle dérapait. Elle ne savait pas, elle ne savait rien. Elle était incapable de réfléchir contrairement à lui.   Ou plutôt je ne sais plus ce que je dois attendre de toi. Je ne sais pas si tu m'as délibérément menti ou si tu as voulu m'épargner des souffrances inutiles, j'en sais rien... Parce que je n'arrive plus à lire en toi depuis des années. Mais j'aurais préféré que tu ne sois pas mêlé à tout ça. » Parce que je n’arrive plus à lire en toi depuis des années. Dans un autre contexte, Artur aurait éclaté de rire. Très sincèrement, en plus. Très naturellement. Dans un autre contexte, il aurait pu sourire et se moquer de la naïveté de sa sœur. Mais là, tout de suite, ces mots ne furent qu’un soulagement. Alors même qu’il commençait à être courbaturé de doutes et de déceptions, alors même qu’il perdait de toute évidence inexorablement le contrôle de la situation elle lui rappelait à quel point il la surclassait à ce petit jeu là. Tout en lui révélant qu’elle en était inconsciemment consciente. Elle ne pouvait pas lire en lui parce que personne ne le pouvait, parce qu’il avait déjà de garder pour lui ses rancœurs et son dégoût au moment même où il avait compris qu’il était le seul de la famille à voir sa sœur telle qu’elle était vraiment : un monstre. Un monstre qu’il adorait, un monstre qu’il acceptait mais un monstre qu’il ne pouvait tolérer en tant que tel et qu’il voulait soigner, coûte que coûte.

Fermant les yeux, il décroisa les bras pour faire quelques pas dans la pièce, à la recherche d’un exutoire pour sa nervosité croissante. Il ralentit dès que la menace d’une volée de notes fut énoncée, il se figea avec lenteur, à quelques pas de là. Silencieux, il quêtait en vain dans son intellect une solution. Une réponse. Le moment adéquat pour agir. Ses yeux louvoyaient entre Moira et ce violon, entre sa sœur et ce morceau de bois qu’il rêvait de voir brûler dans une cheminée. Et il la vit. L’ouverture. Elle était là, infime, à la portée d’un murmure. Angoissé, inquiet, échappatoire de toutes ces émotions débridées qui avaient pu le torturer ces derniers jours. Ses doigts glissèrent sur ceux de sa sœur pour l’éloigner de l’archet. Restèrent au contact, un contact brûlant. Il avait peur. Il était terrifié, angoissé, excité aussi. Sa voix, timide, douce, anxieuse, n’avait rien de naturel et pourtant même à ses oreilles viciées par le mensonge elle avait ce petit quelque chose de juste qui la rendait crédible. Laisse moi t’aider, Moira s’entendit-il la rassurer, la supplier. Deux sens dans cette phrase, deux significations et pourtant une seule promesse : non il ne comptait pas l’aider à faire son deuil, il s’en sentait aussi incapable que non impliqué émotionnellement face à ces débris de verre qui étaient tout ce que le monde conserverait de William. Non, il ne comptait pas l’aider à se battre, à se remettre de la mort de son fiancé qu’il exécrait autant qu’il jalousait. En revanche, il pouvait l’aider à être humaine, il pouvait l’aider à elle sa sœur, à se soigner, à supprimer de son être et de sa voix cette aberration qui n’avait, de toute manière, pas lieu d’être. « Oui je t'en veux. Et je ne vois vraiment pas ce qu'il y a à comprendre. Tu ne peux pas m'aider, Artur... Personne ne le peut... » Si il pouvait l’aider. Plus qu’elle ne pouvait le penser, même, plus qu’elle ne pourrait le tolérer. Elle allait le détester. Elle allait le haïr. Elle allait le repousser.

Et Artur le savait. Mais ce qu’il savait aussi, c’était qu’elle finirait bien par comprendre qu’elle ne pouvait pas finir autrement et que c’était la seule solution. Artur était persuadé qu’elle le remercierait même, un jour, pour ce qu’il voulait faire. Dédaignant le rejet qu’elle afficha lorsqu’il voulut la prendre dans ses bras, y puisant même un peu de volonté, Artur laissa ses doigts glisser vers sa poche et en extraire la seringue. Tendu comme il l’était, il ne put qu’ignorer le Lâche-moi de sa sœur. En revanche, son désolé se perdit dans l’oreille de Moira. Et le petit frère ne tenta même pas une seule seconde de cacher son forfait lorsqu’elle recula, dans un frisson d’angoisse qu’il partagea avec elle. Je suis désolé Moira. Non il ne l’était pas. Bien au contraire. Il était soulagé, il était rassuré. « T... T'as pas fais ça, hin ? Dis-moi que t'as pas fais ça... DIS-LE, PUTAIN ! » Insensible aux questions de sa sœur, Artur préféra ne pas chercher à se justifier. C’était trop tard après tout, elle ne pourrait plus rien y faire : le vaccin était dans ses veines, diffusé un peu plus à chaque battement de son cœur en colère. Et Artur souriait. Tentait de sourire. Son visage trop habitué à être contrôlé ne parvenait plus à s’étirer de lui-même sans qu’il ne l’y force. Impassible insensible, Artur disséqua sa sœur du regard, l’ausculta de la nuque aux pupilles. Dans l’attente d’une réaction. Il attendait. Qu’elle se calme, qu’elle comprenne. « T'es désolé... Putain t'es DESOLE, ARTUR ? Alors c'est ça que tu cherches depuis le début ? Le bon moment pour me planter ton horreur dans le cou ? Pourquoi t'as fais ça, bordel ? J't'ai jamais rien fais ! J'ai jamais usé de ma mutation sur toi autrement que pour calmer tes cauchemars... J'ai jamais voulu te faire de mal, Artur... Pourquoi ? » Il attendait, aussi, que le vaccin fasse son office, dans une curiosité morbide et malsaine. Il voulait la voir perdre ses moyens, il voulait la voir perdre ses repères, il voulait qu’elle ait besoin de lui et qu’elle ne puisse avoir que lui. « Pourquoi ? » La question flotta en écho sur ses lèvres, rompant sa promesse de mutisme. Violent son serment de silence. Parce que tu es un monstre, voilà pourquoi. Il le pensa. Si fort qu’il crut pendant un instant l’avoir articulé à voix haute. Pourquoi ? « C’était la seule solution pour qu’il ne te veuille plus de mal. » S’entendit-il formuler, plutôt. Sans être capable du moindre geste, il l’observa vaciller, se refusant le droit de se précipiter à son aide.

Il attendait. Encore. De plus en plus curieux, de plus en plus angoissé, de plus en plus nerveux. Il attendait un signe, il attendait d’avoir la preuve que c’était bon, qu’elle était enfin redevenue sa sœur, qu’elle était enfin redevenue normale. « Dis-moi c'que ça t'apporte, Artur... Dis-moi quel intérêt t'as à faire ça... Tu vas y perdre toute la confiance que j'avais en toi... T'façon y a plus rien à perdre, t'attends quoi pour finir ton sale boulot ? » Elle enflait, elle se cristallisait. Cette colère qu’il le confortait dans son choix. Cette colère qui l’effrayait. Il la sentait grandir dans les mots de sa sœur qui le percutait de plein fouet, le faisant reculer. Un pas. Deux pas. Puis le monde explosa. FINIS LE, PUTAIN ! » Et Artur s’évanouit dans un hurlement étranglé dans sa gorge, dans un hurlement muet et surpris.

Cette douleur, il la connaissait. Sourde, lancinante, aigüe. Il n’arrivait pas à la décrire, ne savait pas mettre des mots sur ce sifflement continu qui lui heurtait les tempes. Il était incapable de l’exprimer mais il la connaissait. Ce fut la première chose qu’il sentit lorsqu’il revint à lui. Elle supplantait toutes les autres douleurs, de sa tête qui avait heurté le sol avait violence à son corps maltraité qui l’avait suivie dans sa chute. La deuxième chose qu’il perçut, ce fut sa sœur. Et sa voix. Dénuée d’intérêt, dénuée de substance, aussi vide que belle, aussi neutre qu’unique. « A... Artur... Réveille-toi, j't'en prie... Bordel réveille-toi ! J'ai b'soin de toi je... » Un mouvement, un geignement. Il avait mal, il n’entendait plus rien, se contentait de tenter de déchiffrer dans le brouillard du sifflement ce qu’elle pouvait lui dire. Et il souriait, il souriait malgré tout. « Je… » Il la repoussa, s’assit avec précaution en cherchant à protéger ses oreilles, à les torturer pour leur faire punir cette douleur qui glissait dans ses yeux des larmes amères. « Artur... J't'en prie, aide moi... Je... J'y vois plus rien, Artur ! » Il secoua la tête, indifférent à sa sœur. Avant de comprendre ce qu’elle était en train de lui dire. « Tais-toi, s’il te plait » Le moindre son lui était insupportable. Insoutenable. Il avait besoin d’un doliprane, il avait besoin d’un cachet. Et il avait besoin d’idées claires. Naturellement, il articula un « Tu m’as fait mal, j’ai mal Moira… » avant de se rendre compte qu’elle n’allait pas bien elle non plus. Et qu’elle pleurait. Toujours avec précaution, il chercha à attraper son épaule pour l’amener à s’asseoir à côté de lui. Il avait envie de vomir, il avait envie de s’allonger, il avait envie de lui en vouloir. Il lui en voulait, d’ailleurs. Mais il n’avait pas le droit de la rejeter, pas maintenant. Surtout pas maintenant. Parce que quelque part au fond des couches de limons, de ces dépôts de mensonge fossilisés par le temps, quelque part sous ses faux-semblants, sous son déni de la réalité, sous ses manipulations et sous ses convictions malsaines, il avait peur. Pour elle. Pour eux. Et il se demandait même s’il avait fait le bon choix. « Regarde-moi. Qu’est ce qui se passe ? » Tenter de comprendre, tenter de jouer le jeu, tenter de se reprendre. Il n’avait jamais eu à se replonger aussi vite dans son rôle. « Je suis là, Moira, je suis là. » s’entendit-il murmurer. Il était là, oui. Prêt à se jeter dans la moindre ouverture, prêt à se réfugier dans les bras de sa sœur, prêt à la convaincre du bien fondé de son action. Il avait tout son temps, maintenant, tout son temps pour agir puisqu’elle n’avait plus rien en elle de malsain. Contrairement à lui.



Dernière édition par Artur Kovalainen le Ven 13 Nov 2015 - 11:10, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeDim 8 Nov 2015 - 14:04

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
Comment on en était arrivés là... ? Et surtout pourquoi ? J'avais bien ma petite idée sur la question, même si, comme à chaque fois, je refusais de voir pleinement la culpabilité de mon frère. C'était plus facile de me blâmer que de lui en vouloir car après tout, je ne risquais pas de me perdre... Tandis qu'à chaque instant, à chaque mot que je prononçait, le courais le risque de le voir s'éloigner plus encore de moi. Je ne l'aurais pas toléré. Je n'aurais pas supporté de savoir mon frère me haïssant au point de ne plus voir en moi sa sœur mais un monstre, une créature de foire tout juste bonne à amuser la galerie. J'avais pourtant tout fais pour éviter ça. J'avais accordé à Artur une confiance pleine et aveugle, lui avais tout dis, tout raconté... Il connaissait mes angoisses, mes peines, mes joies, mes souvenirs mieux que quiconque... Il n'ignorait finalement qu'une seule chose. Il n'était pas né avec une défaillance auditive, c'était ma mutation qui, en s'éveillant, avait fait de sa vie un enfer. C'était à cause de moi si Artur se tenait si loin des foules, ne pouvait se rendre à un concert, souffrait le martyr dans les transports en commun... En apparence il semblait bien portant, mais je n'osais imaginer le calvaire qu'il devait vivre au quotidien. Je m'en voulais toujours terriblement. Et, quelque part, je me disais que si mon père n'avait pas tout fait pour que j'apprenne à me contrôler, à apprécier et à être fière de ma mutation, j'en aurais probablement eu peur. J'aurais peut-être sauté sur le vaccin dès sa parution pour me racheter. Seulement, j'avais été élevée comme ça : Être une mutante était un don, un cadeau de la génétique et je n'avais pas le droit de le refuser. Avec les années, j'avais appris à aimer vivre avec ce don étrange et je ne me voyais très sincèrement pas continuer sans. Même si je ne l'utilisais pas en permanence, je la savais présente, dans mes gênes, je la sentais vibrer sous ma peau... Elle m'accompagnait depuis longtemps maintenant, compagnon d'infortune qui ne m'avait jamais laissée tomber.

Du moins jusqu'à ce jour. Jusqu'à ce qu'Artur profite de mon état pour piétiner mon existence tout entière. Jusqu'à ce mon propre frère décide de mon avenir à ma place, choisisse pour moi un chemin dont je ne voulais pas et n'accepterais jamais. Il venait de s'octroyer un droit qui ne lui appartenait pas, m'imposant des fers qu'il me faudrait porter pour le restant de mes jours et ça... Je ne pouvais le pardonner aussi facilement. Ou du moins, j'espérais être assez forte pour lui en vouloir. Il m'avait privé de ce qui me rendait fière, de ce qui faisait de moi une personne différente... De ce qui ne faisait pas de moi une personne lambda parmi des milliards d'êtres humains. C'était si difficile à comprendre ? Je n'avais que deux choses pour moi : Un don remarquable pour la musique, et ma mutation. L'un des deux, je l'avais acquis par le travail et des années pratiques, mais l'autre... Ce don, cette voix si étrange qu'était la mienne... Il faisait partie de moi, je ne l'avais pas choisi, je l'avais simplement accepté. Mais ça, Artur n'en voulait pas. Il était révolu, le temps où il me demandait de faire vivre ses histoires préférées grâce à ma mutation, envolée l'époque où je pouvais lui chanter quelque chose pour apaiser ses cauchemars, tout en ayant l'impression de faire quelque chose de bien. C'était fini, terminé, tout ça. La jalousie avait pris le dessus, avait gangrené son esprit pour ne plus faire de lui qu'une boule de haine et de rancoeur. J'aurais aimé pouvoir lui prouver qu'il se trompait, mais jamais il ne m'avait écoutée. Pensait-il vraiment que j'étais un monstre ? Ou voulait-il simplement m'aider ? C'était si difficile de décortiquer ses émotions que je n'étais sûre de rien. J'aurais voulu retrouver mon petit frère, le gamin que je protégeais dans la cour de récré quand un crétin lui cherchait des noises, l'ami le plus fidèle que j'ai jamais eu, celui à qui j'aurais tout donné... Si seulement il ne m'avait pas tout arraché. Si seulement il n'avait pas planté cette aiguille dans mon cou.

« C’était la seule solution pour qu’il ne te veuille plus de mal. »


Je voulais y croire. Je me faisais violence pour y croire, pour accepter l'idée qu'il venait de me sauver des griffes de Kingsley. Je voulais plus que tout me persuader qu'il faisait ça pour moi, pour nous... Pas simplement pour lui. L'ennui, c'est qu'il aurait pu me demander, me supplier de me faire vacciner, j'aurais refusé. Et à présent, je me sentais hagarde, titubant en essayant de trouver un appui contre la table alors qu'Artur s'effondrait sous l'action de ma mutation. Quelle ironie, n'est ce pas ? J'avais sous les yeux la preuve que je pouvait blesser mon propre frère avec ça et pourtant, je n'acceptais toujours pas l'idée de vivre sans. Qui allait combler ce vide laissé le vaccin ? Qui allait comprendre que je ne souris plus, ne parle plus, n'accepte plus la réalité ? J'ignorais qu'Artur était déterminé à être cette béquille qui me soutiendrait dans cette épreuve... Et surtout, je ne savais pas qu'il comptait utiliser cela à son avantage pour me faire accepter toutes ses décisions. Et le pire dans tout ça... C'est que j'avais trop peu de volonté avec lui pour lui résister.

Je m'en rendais compte maintenant que j'avais sa tête sur mes genoux, passant maladroitement ma main dans ses cheveux pour le faire réagir. Je me mordis la lèvre. Malgré ma vue floue, je percevais nettement la nuance de reproche dans la voix de mon frère, et ne pouvait empêcher une vague de culpabilité me retourner les entrailles. Je l'avais blessé, à nouveau, pour la seconde fois... J'avais l'impression de mériter ses reproches tout en ne pouvait supporter qu'il soit si cruel avec moi.

« Pardon... Je... Je voulais pas te faire de mal, Artur... », répliquais-je d'une petite voix timide.

J'étais perdue, complètement paumée, incapable de savoir qu'elle attitude adopter. Faire comme si de rien n'était ? Me mettre en colère ? Le craindre ? Tout se mélangeait dans ma tête comme si j'étais totalement anesthésiée. Je sursautais alors en sentant la main de mon frère se poser sur la mienne alors qu'il m'attirait à lui. Mon cœur battait la chamade, mes jambes me hurlaient de fuir, et c'est là que je compris : J'étais inconsciemment terrifiée par Artur, par ce qu'il pouvait encore me faire, par ce qu'il avait en tête, par ce que je ne comprenais pas. J'étais dévorée par l'angoisse de le perdre autant que de l'imaginer me pousser dans un ravin pour soit disant me guérir de ma folie.
J'aurais pu me laisser aller contre l'épaule de mon frère et profiter de son réconfort, mais tout en moi me hurlait de fuir. A mesure que les minutes s'écoulaient, ma vue se brouillait un peu plus et l'obscurité m'envahissait. Comme on avait apposé un cache sur mes yeux.

« T... Tu comprends pas, Artur... Je ne vois rien ! Rien du tout ! » Répondis-je d'une voix étranglée.

J'avais beau cligner des yeux, rien à faire. Tout disparaissait autour de moi, et je cherchais l'origine de la voix d'Artur pour tourner la tête vers lui comme je le pouvait. Je ne pouvais le voir, mais j'avais le regard perdu, comme celui de ces aveugles qui semble vous traverser sans rencontrer votre visage. Mes yeux fixaient désormais un point qui n'existait plus, incapables de remplir leur rôle, inutiles... Me donnant un air probablement effrayant. Alors je repoussais Artur, me levais et tâtonnais autour de moi pour trouver mon chemin. La salle de bain... Il fallait que je trouve la salle de bain... Je me cognais contre la table, jurais en me prenait le pied dans une chaise et poussais la porte de ma chambre. Et quand enfin je trouvais la poignée de la porte de la salle de bain, j'appuyais sur l'interrupteur à plusieurs reprises, incapable de savoir si j'allumais ou éteignais la lumière. J'étais dans le noir complet, je me sentais oppressée, comme enfermée dans mon propre corps, et tâtonnais pour trouver le lavabo. Ma main rencontra la surface abîmée du miroir, celui que j'avais brisé en donnant un coup de poing dedans une semaine auparavant. Un morceau de verre un peu trop coupant m'entama la pulpe du doigt, et je sursautais en sentant un picotement et un filet de sang couler sur ma peau. Tout n'était plus que sensation, ressentit, émotion... J'entendais, je sentais, je palpais, mais j'avais beau écarquiller les yeux, j'étais désormais incapable de voir mon reflet déformé dans ce miroir brisé.

Tremblante, je me tenais au lavabo pour ne pas chanceler et tomber sur le carrelage. Et si c'était permanent ? Et si je ne retrouvais jamais la vue ? Si je devais passer le reste de mon existence dans le noir totale, terrifiée par un monde dont je ne pourrais plus qu'imaginer les reliefs et les couleurs ? Si j'étais prisonnière de l'obscurité ? Ma nausée s'intensifia, mon poing se crispa sur la glace tandis que j'ignorais la douleur des coupures sur mes doigts. Ca m'aidait à me sentir vivante et à me maintenir éveillée... Et puis je voulu pousser un hurlement de détresse, qui se transforma en une ridicule exclamation étouffée, gargouillant dans les sanglots qui me secouaient à présent les épaules. Je me laissais tomber à genoux sur le carrelage, terrifiée, à bout de nerfs, vidée de mon énergie. J'avais peur... Ô combien j'avais peur, j'étais même terrifiée. Et je sursautais d'autant plus en sentant quelque chose d'humide se frotter contre mon bras. Il me fallu quelques secondes pour comprendre que c'était Biscuit, venu s'asseoir à côté de moi en couinant d'un air triste, comme s'il avait compris que j'étais au plus mal. Je passais mes doigts dans son épaisse fourrure blanche, inconsciente des traces de sang que je laissais dans son pelage, et enfoui mon visage dedans pour tenter de trouver un peu de réconfort.

Seulement, ce moment fut de courte durée. Car j'entendais derrière moi des bruits de pas, que je ne pouvais interpréter. Je savais que c'était Artur, mais j'ignorais s'il avait l'intention de m'aider ou de m'achever. Les deux solutions me paraissaient plausibles. Alors je relevais la tête, ne sachant absolument pas où j'étais censée regarder, ni si la lumière était allumée.

« C'est lui qui te l'a demandé hin ? Il t'as demandé d'en finir une bonne fois pour toute ? Je... J'ai pas envie de mourir, Artur... Je vais pas rester la tête haute pendant que tu seras en train d'me saigner comme un porc... Ptet que t'en meurs d'envie mais je... J'ai peur, tu comprends ? »

Je lâchais mon chien, qui commençait à grogner après Artur en lui montrant les crocs. Seulement je ne voulais pas qu'il se mette entre nous ni ne voulais courir le risque d'entendre mon frère l'abattre avant de passer à moi. D'un claquement de langue, je fis taire Biscuit et lui ordonnais de sortir. Me recroquevillant contre la baignoire, les bras autour des jambes, j'avais peur et me sentais étrangement lasse.

« Je t'ai dis que je préférais cent fois mourir à l'idée d'être vaccinée mais... Mais j'ai peur, Artur... J'veux pas mourir comme ça, je t'en prie... Peu importe ce qu'il t'a demandé de faire, je t'en supplie... J'suis ta sœur, bordel ! S'il te reste un peu d'affection pour moi... S'il te plaît, le fais pas... »

Car dans mon esprit, Artur était là pour finir ce que tout chasseur aurait commencé. Je ne l'imaginais pas autrement. C'est peut-être pour ça que j'étais si vulnérable, que je me raccrochais à la vie pathétiquement... Que je cherchais tous les arguments possibles et imaginables pour l'empêcher de commettre l'irréparable. Et s'il me laissait la vie sauve... Devrais-je m'en sentir alors redevable au point de tout lui pardonner ?
crackle bones



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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeVen 13 Nov 2015 - 11:09

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



Comment en étaient-ils arrivés là... ? C’était une excellente question et Artur se plaisait à se dire qu’il pouvait lister les raisons qui l’avait conduit jusqu’à cet instant de multiples façons sans se lasser et surtout sans se répéter. Comment en étaient-ils arrivés là ? Par le biais de mauvais choix, la plupart si ce n’était tous fait par Moira, par le biais d’inéluctabilités, par le biais d’une fatalité, par le biais d’une anomalie génétique et des avancées des recherches. Comment en étaient-ils arrivés là ? Artur avait une conscience aiguë de tous ces embranchements qu’ils avaient pu prendre chacun de son côté et qui n’avaient eu, au final, qu’une seule destination possible : leur retrouvaille et ce vaccin planté dans sa nuque sans la moindre arrière pensée, sans la moindre hésitation, sans le moindre scrupule.

Si le petit frère avait pu ressentir des remords ou des craintes, ce n’était que ce qui cachait la vérité bien plus malsaine : il avait juste eu peur. Une peur égoïste, une peur viciée par sa jalousie, une peur qui avait grandi dans le terreau de son amertume et de sa rancœur, la peur de perdre sa sœur et de se retrouver seul. Parce que c’était ce qu’il était, sans Moira : seul. Pour la simple raison qu’Artur était incapable de voir les gens autrement qu’au travers de leur utilité, que ce n’étaient à ses yeux que des pions qu’il plaçait sur son échiquier pour avancer vers son objectif. Et son objectif était présentement atteint, et de manière brillante qui plus est. Si le petit frère avait pu ressentir à un seul instant des remords et des craintes, il n’était à présent que soulagé d’être venu à bout de ce que l’on pouvait appeler une quête, et qu’il était bien trop préoccupé par cette migraine qui éclatait dans ses tempes, ces bourdonnements qui n’en finissaient plus et cette douleur presque musculaire qui lui perçait les oreilles pour dégringoler le long de sa mâchoire et chuter dans sa gorge. S’il sentait près de lui la présence de Moira et s’il entendait malgré tout sa voix inquiète, le pauvre était trop concentré sur lui-même et sur ses propres ressentis pour s’octroyer une once d’empathie et concéder à sa grande-sœur un soupçon d’intérêt. Artur n’était plus particulièrement égoïste à cet instant, il était juste pleinement et purement égocentrique, dans la définition la plus exacte du terme. Tout ne tournait qu’autour de ses propres intérêts, même ses récents choix les plus altruistes, mêmes ses rares actes spontanés, tout n’avait qu’un seul objectif : lui-même. Et il n’en avait ni conscience, ni regrets, il se contentait d’agir de la sorte parce que c’était, encore une fois, ce qui lui était le plus profitable. Comme la vaccination de sa sœur.

Oh, le petit frère pouvait bien arguer ce qu’il voulait, prétendre que c’était pour le bien de Moira, pour consolider ce lien qui se fragilisait depuis des années, il pouvait toujours s’amuser à faire croire et à se convaincre qu’il n’avait agi que pour sa sœur, dans l’unique but de lui rendre service et de lui simplifier la vie tout en leur donnant ce qu’ils avaient concéder chercher tous les deux de leur côté, il ne pourrait jamais cacher le fait qu’actuellement, le seul qui en profitait pleinement, c’était lui-même. Même son excuse sonnait fausse. C’était la seule solution pour qu’il ne te veuille plus de mal. Foutaises : si Artur n’était pas non plus un monstre au point de vouloir voir sa sœur être blessée, torturée, tuée par un tiers, il ne devait pas se leurrer pour autant : la phrase exacte qu’il aurait du prononcer un peu plus tôt, si la sincérité n’avait pas été pour lui qu’un concept vague et abstrait, était la suivante : c’était la seule solution pour qu’il ne nous et surtout me veuille plus de mal.

Artur se redressa lentement. Il n’avait pas souvenir d’avoir un jour été la victime de la dégénérescence de sa sœur et s’en félicitait. Tout lui était actuellement insupportable, des battements sonores de son cœur dans sa cage thoracique à cette douleur qui ne cessait de se diffuser dans son crâne à la manière d’un écho. Un sifflement, des vibrations, des bourdonnements, tout tremblait encore de cette voix amplifiée, modifiée, malsaine, qui l’avait percuté de plein fouet. Tais-toi s’il te plait. Oh, oui, qu’elle se taise. Egocentrique, égoïste, égotiste, les mots n’en finissaient plus et Artur n’en avait rien à faire, trop occupé qu’il était à avoir mal et à en vouloir de manière aiguë, pointue, douloureuse, trop occupé qu’il était à tout reporter sur les épaules de sa sœur, pourtant bien plus misérable que lui à cet instant.

« Pardon... Je... Je voulais pas te faire de mal, Artur... » Si le moindre son lui était insupportable, Artur sentait qu’il ne se lasserait jamais de cette petite voix douce, timide et miraculeusement insipide de sa sœur. Et s’il lui avait demandé de se taire un peu plus tôt, ce n’était au final que pour mieux la pousser à parler et à lui confirmer ce qu’il savourait à chaque instant. Elle était normale. Elle était redevenue normale, comme il ne l’avait jamais connue. Oh, il le savait qu’elle n’avait pas voulu lui faire de mal, mais… elle avait été ainsi. Mutante, monstrueuse, dangereuse. Avait été. Un murmure, douloureuse, pénible, qu’il se força à articuler. « Ce n’est pas grave, maintenant tu ne pourras plus me faire de mal, même accidentellement » Cela manquait affreusement de cette finesse manipulatrice à laquelle il devait avoir fini par habituer sa sœur, mais Artur l’ignora. Il devait vite reprendre ses esprits, il devait vite revenir en position de force. Parce qu’il le voyait bien, que Moira n’allait pas bien. Et comme son intérêt à lui primait sur celui de sa sœur, pour parvenir à se soucier de sa santé, il devait avant tout aller mieux, lui. Se redressant toujours davantage, il se passa une main nerveuse à l’arrière de sa tête pour tâter la bosse qui commençait à poindre et s’assit totalement. Là, et seulement là, il pouvait commencer à ouvrir les yeux. Et à sentir cette inquiétude increvable malgré tous efforts se répandre dans ses veines. Qu’est ce qu’il se passe ? Je suis là, Moira, je suis là. Oui il était là.

Il l’avait toujours été, d’un certain point de vu. C’était peut être malsain, c’était peut être indiscret, mais il avait toujours été là à garder un œil sur elle et sur ses actes, à surveiller ses fréquentations ou du moins ce qu’il pouvait en voir, à épier ses faits et gestes dans la mesure du possible pour anticiper le moment exact où tout risquait de basculer. Oui, il était là. Prêt à être le soutien qu’elle pouvait vouloir, prêt à être son frère, son roc, son appui, prêt à être l’unique personne dont elle aurait besoin et en qui elle aurait confiance. Rêve utopique, rêve idyllique ? Très certainement. Mais Artur voulait remplir auprès de sa sœur le rôle qu’elle remplissait pour lui. Artur n’avait pas d’amis, juste quelques connaissances. Artur n’avait pas de collègues, juste des collaborateurs temporaires. Artur n’avait pas de voisins, juste des inconnus qu’il croisait en partant travailler et saluait parfois en rentrant chez lui ou en sortant ses poubelles. Et ça ne le dérangeait pas. Mais l’Irlandais avait au milieu de toute cette indifférence une sœur et il ne comptait pas renoncer maintenant à elle, quoiqu’elle puisse en dire, quoiqu’elle puisse en penser.

« T... Tu comprends pas, Artur... Je ne vois rien ! Rien du tout ! » Artur fronça les sourcils, fixant sa sœur. Il le savait, pourtant, que le NH25 avant la fâcheuse tendance à provoquer quelques petits effets secondaires mais il les pensait non seulement handicapant et surtout déplaisant. Or, si c’était ce qu’elle décrivait, la cécité n’était en rien handicapante ou déplaisante, du moins pour lui-même, c’était même tout le contraire. Artur se composa une moue inquiète pour ne pas blesser sa sœur. Après tout, ce qu’elle voyait serait la dernière chose dont elle aurait souvenir par la suite, et si c’était le visage de son frère inquiet qui s’imprimerait en dernier dans sa rétine, il allait exploiter cette carte à son maximum.

Il le vit, ce moment étrange où les yeux de sa sœur se fixèrent sur du vide. Un pincement de culpabilité lui transperça le cœur avant que son esprit vicié ne s’empare de cette information pour chercher comment saisir cette opportunité sans égale. Il allait se relever pour la prendre dans ses bras, elle le repoussa brusquement, le faisant rechuter, s’enfuyant il ne savait où. « Moira ! » s’entendit-il l’appeler, se retenant de justesse de rajouter un tu vas te perdre ! qui aurait pu être mal interprété. Les jambes flageolantes, le petit frère se redressa enfin, secouant la tête pour chasser  la migraine à laquelle il était habitué depuis le temps, coulant son regard sur le salon et sur la seringue abandonnée pour mieux reporter son attention sur le couloir dans lequel avait disparu sa sœur. Aveugle. Perdue. Désorientée. Il n’était pas sourd, loin de là, mais son handicap auditif lui permettait d’une certaine manière d’effleurer du bout des doigts ce que sa sœur était en train de vivre. Et s’il savait que ce plaisir malsain qu’il avait à l’imaginer paniquer dans son coin était tout sauf fraternel, Artur ne pouvait s’empêcher de l’embrasser à bras le corps comme un vieil ami. Il n’était pas heureux de la voir dans cet état, il ne fallait pas s’y tromper, mais à choisir entre la savoir mutante et la voir aveugle, il n’y avait guère d’hésitations à avoir.

Aveugle. A cause de lui. Non : Artur se reprit en pensée : normale, grâce à lui. Et l’un de ses rares sourires sincères naquit sur son visage. Il prit son temps pour suivre non seulement le silence mais plus encore découvrir les méandres de la maison de sa sœur. Ce furent les sanglots qu’il entendit tout d’abord. Lourds de sens, présents, angoissants, ils lui rappelaient ses propres terreurs nocturnes auxquelles Moira mettait le plus souvent fin lorsque leurs parents étaient en déplacement. Sauf que maintenant, c’était lui qui voyait, c’était lui qui était calme et c’était elle qui avait besoin d’être rassurée. Et ce sentiment de pouvoir qui enflait en lui, cette sensation d’être utile voire supérieur à Moira, c’était si nouveau et si agréable qu’Artur était incapable de souffrir d’entendre sa sœur pleurer. Lentement, ses pas le menèrent vers la salle de bain, ses doigts ouvrirent la porte pour trouver non seulement un miroir disloqué mais aussi un grognement d’animal en colère et un filet de sang dégringoler des doigts de sa sœur.

« C'est lui qui te l'a demandé hin ? Il t'a demandé d'en finir une bonne fois pour toute ? Je... J'ai pas envie de mourir, Artur... Je vais pas rester la tête haute pendant que tu seras en train d'me saigner comme un porc... Ptet que t'en meurs d'envie mais je... J'ai peur, tu comprends ? » L’Irlandais respira lentement, les yeux fixés non pas sur sa sœur, il s’en occuperait plus tard, mais sur l’immense boule blanche qui le regardait en grognant et en dévoilant ses crocs. Artur n’avait pas peur des chiens mais il savait reconnaître une menace quand il en voyait une. Il devait d’ailleurs reconnaître que le chien avait un peu plus de flair que sa maîtresse à son sujet. Lorsque Moira ordonna à son chien – ou plutôt sa serpillère – de sortir, Artur ne se fit pas prier pour se décaler de la porte et laisser éjecter la grosse boule de poils en se retenant au passage de lui donner un coup de pied, trop soucieux de préserver son intégrité physique. Et ses chances de rassurer sa sœur.

Il s’assit en face d’elle, à la regarder dans les yeux même s’il était conscient, et plus que conscient, qu’elle ne pouvait plus le fixer du regard. Tant mieux : il pouvait sourire, il pouvait lâcher tout le mépris et l’amusement qu’il ressentait, il pouvait laisser ses traits s’exprimer désormais, sans faux semblants. Sauf qu’Artur en était incapable. « Je t'ai dis que je préférais cent fois mourir à l'idée d'être vaccinée mais... Mais j'ai peur, Artur... J'veux pas mourir comme ça, je t'en prie... Peu importe ce qu'il t'a demandé de faire, je t'en supplie... J'suis ta sœur, bordel ! S'il te reste un peu d'affection pour moi... S'il te plaît, le fais pas... » Alors elle le pensait vraiment ? Elle le pensait vraiment capable de la tuer, de lui faire le moindre mal, d’obéir à un homme lui ordonnant de la tuer et d’aller ainsi à l’encontre de sa propre volonté ? Artur était flatté de faire cet effet là sa grande sœur, tout en étant légèrement blessé. Elle était vulnérable, si vulnérable, qu’il avait tout pouvoir sur elle.

Y compris celui de mentir. Et c’était dans ce domaine qu’il était un expert. S’il te plait, ne le fais pas. Oh, elle n’avait pas à s’en faire, le petit frère ne comptait pas suivre les ordres inexistants d’un lui si tangible autour d’eux. Prenant son inspiration, Artur eut l’impression d’initier la dernière scène d’une tragédie antique dont il était l’auteur, le scénariste, le metteur en scène et l’acteur principal. « Je n’avais pas le choix, il… il est très convainquant dans ses menaces et… » Blablabla, l’affaire était à présent si rodée qu’Artur n’avait plus à réfléchir pour simuler. « Tu as raison, je… » Il ? Le petit frère se tenait lui-même en haleine avec ses phrases inachevées qu’il était impatient de finir et laissait malgré tout traîner. « Je ne peux pas, je ne peux pas te faire davantage de mal. Je tiens trop à toi pour ça. Il… c’est quand tu es allée le voir… » Il mentait. A sa sœur. Aveugle par sa faute. Et il lui mentait sans la moindre honte, se plaisant même à composer une réalité factice avec ses mots pour mieux retourner la situation en sa faveur. Sa voix se modula, il eut une petite pensée pour la mutante trouvée quelques jours plus tôt. Ce ne fut plus qu’un murmure. « Il m’a dit que… que si je ne te vaccinais pas, il le ferait lui-même. Et j’avais peur, vu ce qu’il a fait à William… » Ce qui n’était pas tout à fait faux. Artur procédait juste à un léger changement de perspectives et de point de vue, additionné à d’infimes modifications de la réalité. « et… je ne compte pas que tu m’excuses, que tu me pardonnes, que quoique ce soit, Moira, comprends le bien, je… je ne peux juste pas garder ça pour moi. Et tu as le droit de comprendre. » Si Artur avait eu une once d’humour et de recul, il aurait pu se dire qu’une carrière d’acteur était tout à fait à sa portée. Sa voix se fit désespérée, il lutta pour camoufler son sourire. « Moira, il a menacé de s’en prendre à toi, à… » Il chercha rapidement un prénom, s’empara du premier à lui venir à l’esprit. « à Elli…sabeth, je n’avais pas le choix, qu’est ce que je pouvais faire… ? »

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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMer 25 Nov 2015 - 11:08

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
« Ce n’est pas grave, maintenant tu ne pourras plus me faire de mal, même accidentellement »

Je sentais le reproche cingler dans la voix de mon frère. Maintenant que je n'avais plus que mes oreilles pour me repérer, peut-être arriverais-je enfin à me focaliser sur les double sens de son discours ? A saisir les subtilités de ses paroles pour mieux le cerner ? Ce n'était pas sûr... Je connaissais Artur mieux que personne, j'avais mille et une cartes en main pour lui nuire à mon tour, mais je préférais sagement ranger mes belles combinaisons gagnantes pour ne plus jeter sur la table que ma faiblesse et ma culpabilité. Au fond, si j'avais éprouvé plus de rancoeur à son égard, si je n'avais pas éprouvé cet amour inconditionnel pour un frère qui en voulait à la nature de mes gènes, j'aurais pu user de ma soit disant difformité pour lui nuire. Au lieu d'apaiser ses terreurs nocturnes de quelques mots rassurants, j'aurais pu les exacerber en faisant grincer à ses oreilles de paroles acides... C'était là toute la beauté et l'horreur de ma mutation. Suivant le discours, je pouvais aussi bien avoir l'air douce comme un agneau que désagréable. Alors j'aurais pu... Peut-être quelque part aurais-je du ne jamais lui laisser l'occasion de me faire du mal... Mais j'en étais incapable.

Je n'arrivais pas à lui en vouloir comme je l'aurais du, et j'étais à présent terrifiée par sa présence. C'était difficile à admettre, mais j'en venais à craindre mon propre frère, mais pas seulement pour moi. J'avais peur de ce qu'il était en train de venir, du chemin qu'il semblait suivre inexorablement, et au bout duquel je ne voyais pas la moindre issue heureuse. Et je refusais de le laisser foncer droit dans le mur, même si pour cela nous devions nous disputer. Encore. Pour changer...

Prostrée dans la salle de bain, perturbée par le vaccin qui faisait le yo-yo dans mes veines et la perte récente de William, je refoulais trop de sentiments en moi pour pouvoir les exprimer avec cohérence. J'étais à la fois apeurée, profondément triste et peinait à retenir une colère que j'avais trop longtemps enfouie en moi. Trop de choses contradictoires qui ne cherchaient qu'à se faire entendre, quitte à écraser les autres. Et en premier lieu, c'est l'incompréhension et la peur qui s'exprimèrent. Non je n'avais pas envie de mourir. Non je ne voulais surtout pas que ça soit de la main d'Artur. J'aurais eu le sentiment d'avoir échoué sur toute la ligne, si c'était le cas... Si j'étais une mauvaise sœur au point d'attiser la haine de mon propre frère, ce n'était pas normal. Et si j'entendais déjà Seth et Marius me mettre des tartes en me disant que le problème venait d'Artur et non de moi, j'avais du mal à m'en persuader.

J'entendis Artur s'asseoir près de moi, n'ayant pas conscience qu'il me fixait avec ce sourire de dément que je détestais tant voir sur son visage. Au moins, maintenant je ne risquais plus de me demander s'il n'avait pas l'intention d'écorcher vif son voisin en lui disant bonjour. « Je n'avais pas le choix... » C'était ça son excuse ? Des conneries ? Mais laissez-moi rire ! On a TOUJOURS le choix. Le choix de faire quelque chose de bien ou quelque chose de mal. Et lui avait choisi de se comporter comme un petit con égoïste et... Et pourquoi je n'arrivais pas à dire ça à voix haute ? Pourquoi c'était difficile de le dire ? Parce que j'appréhendais sa déception, sa tristesse... Son rejet... Je ne voulais plus entendre tout ça dans sa voix, plus jamais... Alors je me contentais de soupirer et de tourner la chose aussi diplomatiquement que possible.

« On a toujours le choix, Artur... Tu as fais celui d'obéir à un inconnu et de nuire à ta propre sœur. Peut-être que tu t'en fiches, au fond... Je n'en sais rien... Je ne te reconnais plus, je ne sais plus si j'ai en face de moi mon frère ou le monstre qui a choisi de prendre sa place... Alors sois honnête avec moi pour une fois. Tu... Tu en as déjà tué ? Des gens comme moi ? »

J'avais besoin de savoir. Besoin d'être certaine que mon frère n'était pas déjà un meurtrier, qu'il n'avait pas franchit cette limite invisible et pourtant bien tangible... Seulement, j'avais des doutes. Allait-il encore me mentir ou être enfin honnête avec moi ? Et au fond, est ce que j'avais vraiment envie de savoir ? Mais il continua sur sa lancée, de cette petite voix hésitante qui me faisait tant fondre et mettait à nu tout ma volonté et ma colère. Comment pouvais-je lui en vouloir alors qu'il semblait sincèrement désolé ? S'il n'y avait pas eu cette rage bouillonnante en moi, je lui aurais dis de se taire, me serait blottie dans ses bras et aurais attendu que l'orage passe, m'écrasant une fois de plus face à lui. Malheureusement pour lui, l'évocation de William ne fit que resurgir la culpabilité qu'il portait lui-même sur ses épaules dans cette histoire.

« Tu te fous de ma gueule, Artur ? Tu m'as privé de la seule arme potentielle que j'avais pour lutter contre lui... Pire, je suis une putain d'aveugle, maintenant ! Il suffit à n'importe lequel des fous furieux que tu fréquentes de se pointer ici et de me mettre une balle dans le crâne, je n'y verrais que du feu, c'est le cas de le dire ! J'aurais simplement l'air con d'une nana qui ne sait pas ce qui lui arrive ! Alors tu vas faire quoi ? Me surveiller, me garder auprès de toi h24 pour être sûr qu'il ne m'arrive rien ? »

Oui j'étais en colère. La peur laissait peu à peu place à cette rage indicible qui grondait en moi, que je voulais exprimer depuis trop longtemps déjà. Et puis je tiquais finalement, fronçant les sourcils sous l'incompréhension.

« Comment ça « vu ce qu'il a fait à William ? » Qu'est ce que tu me cacher, Artur ? Qu'est ce qu'il lui a fait ? »

Il me devait la vérité. J'avais le droit de savoir. Comment aurait-il réagi, si je lui avais caché que je savais des choses importantes au sujet du décès de son âme sœur ? Certainement pas très bien ! J'en venais même à me dire que j'étais si énervée, si écœurée par son attitude que j'aurais pu volontairement vouloir faire du mal à une personne très proche de lui... J'aurais pu vouloir le faire souffrir autant qu'il  m'avait fait souffrir... Mais avec du conditionnel, j'aurais pu sauver le monde, alors bon... Bien sûr que j'aurais pu chercher à me renseigner sur ses fréquentations pour leur pourrir la vie, mais j'en étais bien incapable. Je ne voulais pas que tout se brise entre Artur et moi, je voulais au contraire que toutes les tensions qu'il y avait entre nous disparaissent. Je voulais qu'on redevienne ce duo soudé envers et contre tout que nous étions jusqu'à l'adolescence. C'était trop demandé d'espérer un peu ? Je soupirais, résignée.

« Tu as tout juste. Je ne te pardonnerai pas si facilement. Tu me caches des choses, tu me mens, tu me vaccines en parfaite connaissance de cause et en plus tu me prends pour une idiote. Non je ne comprends pas son attitude ni tes choix. Tu me forces à les accepter, c'est différent. Alors si c'est mon pardon que tu veux obtenir un jour, tu as plutôt intérêt à mettre les bouchées doubles... »

De la lucidité. Voilà ce que c'était. Je me montrais enfin lucide vis à vis de l'attitude d'Artur, tout en ayant pas conscience que ça le perturberait sûrement bien plus que mon habituelle attitude candide à son égard. D'un autre côté, je lui signifiais clairement qu'avec un peu d'effort, mon pardon il l'aurait. Qu'au final il avait gagné. Encore. Parce que je ne pouvais pas lui en vouloir éternellement, c'était trop me demander. Et parce que les mots de Marius revenaient me heurter en pleine figure : Qu'avais-je fais pour Artur, jusque là ? En étant normal, n'allais-je pas lui montrer que j'étais davantage sa sœur qu'un monstre ? Je ne savais pas, j'étais perdue, déboussolée, épuisée.

Je serais bien restée là éternellement, ou du moins jusqu'à ce que je me sente en état de me lever, mais la dernière remarque d'Artur me fit sauter au plafond. Au milieu des sanglots, un rire sarcastique me secoua, jusqu'à se transformer en un rire nerveux et incontrôlable.

« Attends une minute... Élisabeth ? C'est qui cette Élisabeth ? T'es en train de me dire que tu viens de signer mon arrêt de mort pour une inconnue ? Pour une sombre conne que tu connais sûrement depuis trois jours ? Mais tu sais quoi, Artur ? Vas-y ! Continue comme ça ! Sacrifie donc tout ce que tu as pour tes petites amourettes ou que sais-je encore ! J'ai compris le message... Retourne donc voir ta grognasse, qu'est ce que ça peut me foutre de toute manière ! Tu dois être content de toi, hin ! »

Oh il allait s'énerver, c'était une certitude ! Seulement, comment aurais-je pu rester indifférente quand j'avais l'intime conviction qu'il protégeait quelqu'un d'autre en n'ayant aucun scrupule à me faire souffrir ? Oui j'étais jalouse. Je ne savais pas qui était cette fille, ni si elle existait vraiment, mais comprendre que ma vaccination était le seul moyen pour que son enfoiré de pote psychopathe lâche cette nana... Ca me blessait.

« Je suis fatiguée, Artur... Je ne sais plus quoi penser de toi, et ça me fait mal de le dire. C'est bien beau de vouloir protéger quelqu'un, cette fille n'a probablement rien demandé à personne, mais... Tu ne pourras pas éternellement nuire aux autres pour t'en sortir. C'est néfaste, comme comportement. Comprends-moi, je ne veux pas que tu regrettes tout ça un jour... Et pourtant, je suis sûre qu'au fond de toi il ne te reste un peu de conscience morale... »

Je tâtonnais alors derrière moi à la recherche du bord de la baignoire.

« Tu veux bien m'aider à me relever, s'il te plaît ? Le carrelage gelé c'est le meilleur moyen pour attraper la crève... »

La peur, puis la colère... Et enfin la résignation. Je passais pas un nombre incalculable d'étapes désagréables à vitesse grand V. Pourtant, je n'avais pas l'impression d'être trop exigeante... J'aurais juste voulu que mon frère m'accepte telle que j'étais, pas qu'il me force à être ce que je ne serais jamais...
crackle bones
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMar 1 Déc 2015 - 0:36

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



Ce n’était pas qu’Artur perdait toute prudence et tout contrôle, c’était plutôt qu’il était à la recherche de nouveaux points de repère. Jusque là, il n’avait agi que dans un objectif : retrouver sa sœur, l’amadouer, la manipuler, endormir sa méfiance pour frapper le moment venu. Sauf que le moment était venu et qu’il se trouvait à présent à n’avoir plus qu’à contempler son œuvre et se féliciter. Et si Artur appréciait cette satisfaction à sa juste valeur, il se rendait compte qu’il détestait véritablement cette sensation de désœuvrement qui le menaçait d’un sourire goguenard. Et s’il y avait bien une chose qu’Artur détestait plus que l’échec et la perte de contrôle, c’était que l’on se moque de lui de la sorte. Sans attendre de s’enfoncer davantage encore dans la spontanéité qu’il ne voulait pas embrasser à bras le corps, Artur se mit à la recherche de sa sœur. Seuls quelques pas et une oreille attentive lui furent nécessaire pour entendre ce qui semblait être de longs sanglots. Sa sœur pleurait. C’était une chose étrange que de voir pour une fois leurs rôles être inversés de la sorte. Si le petit frère dépérissait devant ce grossier appel de détresse, l’adulte jaloux qu’il était devenu ne pouvait que percevoir l’opportunité cachée devant la cécité nouvelle de Moira. Infirme, handicapée, perdue, elle ne pouvait avoir que deux réactions face à cela : le rejet ou le désespoir. Et il était bien évidemment impensable pour Artur qu’elle opte pour autre chose que la deuxième possibilité. Parce que le désespoir la forcerait à se raccrocher à quelqu’un et ce quelqu’un ce serait lui.

Si Artur avait bien trop de certitudes ? Certainement. Mais c’étaient son arrogance, sa vanité et sa tendance à se croire capable de tout contrôler qui l’avaient mené jusqu’ici, jusqu’à ces quelques décimètres qui le séparaient désormais de Moira et de son regard vide. Un regard qu’Artur ne pouvait soutenir, un regard qu’il esquiva avec ce déni volontaire. Ne pas regarder la réalité en face lui permettait de choisir d’autres cartes pour la falsifier et l’arranger à sa convenance. Ne pas regarder la réalité en face, c’était être aveugle d’une certaine manière et sur ce plan là, Artur était bien plus infirme que sa grande-sœur. Hypocrite, vaniteux, plongé dans la mauvaise foi et dans ces faux-semblants qui le maintenaient à distance du monde extérieur, Artur s’était forgé une capacité désarmante à négliger ce qui le dérangeait pour ne conserver que ce qu’il pouvait modifier selon ses vœux. Les yeux perdus dans les ténèbres de sa sœur faisaient naître dans son cœur une pointe de culpabilité ? Il se concentrait davantage sur la normalité retrouvée de Moira. Qu’elle le pense capable de la tuer de sang-froid, d’obéir à un tiers et d’attenter parce qu’on lui demandait à la vie d’une des rares personnes auxquelles Artur tenait sincèrement ? Et bien, sans plus de cérémonie, il se saisissait de cette crainte, lui tordait le cou et l’offrait en pâture à sa sœur. Assis face à sa sœur, Artur la considéra comme il pouvait considérer un objet particulièrement complexe : avec un détachement glacial. Cette sensation de désœuvrement qu’il pouvait avoir ressenti juste après la vaccination de Moira était définitivement envolée, remplacée par ce besoin urgent non pas de se faire pardonner, mais de se faire accepter. De laisser ce petit moment déplaisant derrière eux et retrouver leur ancienne, si ancienne, bien trop ancienne complicité. Artur avait envie que sa sœur lui sourit, que sa sœur continue de lui parler de cette voix délicieusement atone. Artur avait envie qu’elle s’en veuille, qu’elle culpabilise, que les rôles redeviennent ceux auxquels ils étaient tous les deux habitués.

Il détestait l’idée d’être le plus coupable des deux à cet instant et il ne voulait qu’une seule chose : que Moira trouve dans son comportement à elle une nouvelle source de malaise pour qu’il soit à nouveau celui dont elle devait s’attirer les grâces et non le contraire. Elle était vulnérable, si vulnérable qu’Artur se sentait capable de la briser d’un éclat de voix. Mais au lieu de s’hasarder sur ce terrain là, le petit frère préféra se réfugier sur son terrain d’excellence : le mensonge. Je n’avais pas le choix. Amusante manière de répondre que de concéder avoir été la proie. Je n’avais pas le choix commença-t-il, expliquant à grands renforts d’hésitations et de suspens que ce n’était en effet pas lui qui était à l’origine de tout cela. Je tiens trop à toi pour ça. Savait-il, en prononçant ces mots, que ce n’était pas un mensonge mais au contraire une vérité qu’il refusait d’admettre ? La question se posait. Artur jonglait depuis si longtemps dans ce jeu d’hypocrisie qu’il avait fini par ne plus savoir ce qu’il pensait vraiment. Il se contentait, la plupart du temps, de réciter son texte avec la patience d’un acteur, de se laisser prendre au jeu de son personnage comme un comédien envouté par son rôle et battant les planches avec passion. Ce n’était pas qu’Artur n’était pas sincère, c’était qu’il était pire que cela : depuis des années, il s’était enfermé lui-même dans une pièce de théâtre et avait fini par oublier que tout ce qu’il disait n’était pas que fiction, que tout ce qu’il s’amusait à déclamer n’était peut être pas qu’hypocrisie. Je tiens trop à toi pour ça. C’était vrai. Et cette vérité brûlante dont il essayait de convaincre Moira, il ne la croyait pas.

Si Artur avait pleinement conscience d’être un charlatan c’était parce qu’il avait fini par oublier que certains de ses propos reflétaient avec une blancheur déroutante ce qu’il pensait réellement. Le trompeur se trompait lui-même, l’affabulateur se contait à lui-même des fables toutes plus jolies les unes que les autres. Et il se plaisait à écouter sa voix, à angoisser devant ses trémolos, à se jouer de ses réelles émotions pour en créer de toutes pièces, à sa mesure, selon les besoins de cette toile qu’il tissait non seulement pour sa sœur mais surtout à son intention à lui. Et que sa sœur ne s’y laisse pas tromper lui semblait de ce fait complètement inenvisageable. « On a toujours le choix, Artur... Tu as fais celui d'obéir à un inconnu et de nuire à ta propre sœur. Peut-être que tu t'en fiches, au fond... Je n'en sais rien... Je ne te reconnais plus, je ne sais plus si j'ai en face de moi mon frère ou le monstre qui a choisi de prendre sa place... Alors sois honnête avec moi pour une fois. Tu... Tu en as déjà tué ? Des gens comme moi ? » On a toujours le choix. Peut être, mais il n’était pas d’accord. Le choix n’existait la plupart du temps que comme un vestige d’une liberté factice que certains s’amusaient à agiter devant leurs yeux pour faire ignorer aux malheureux les chaînes qui les retenaient au sol. Avait-il eu à un seul instant le choix ? Oui. Il avait le choix entre la tuer et lui laisser la vie sauve, entre la considérer comme sa sœur et la rejeter loin de lui. Etait-il coupable parce que dans un élan d’humanité, il n’avait pu se résoudre à ôter la vie à sa grande sœur ? Non. Alors peut être avait-on toujours le choix, mais lui ne l’avait pas eu. Et une nouvelle fois, Artur faisait preuve de cette habileté hors norme à être aveugle tout en ne souffrant d’aucune cécité.
S’il en avait déjà tués, des dégénérés ? Sois honnête avec moi pour une fois Le petit frère s’octroya le droit de céder à un rire silencieux, juste affleurant sur ses lèvres dans un sourire amusé. S’il avait déjà assisté à la mise à mort de dégénérés ? Plus d’une fois. S’il en avait tués… Le sang de celle qu’il avait tuée pendant la fête foraine dégoulina le long de ses mains, s’échappant de la gorge grande ouverte dans un gargouillement tétanisant. Artur ne voulait pas lui répondre que oui, il avait déjà tué. Et que loin de le répugner, loin de l’exalter, ça l’avait laissé vide de toute émotion, positive ou négative. Sans s’arrêter sur la question, sans s’arrêter sur la colère de sa sœur, il se borna à poursuivre son mensonge dans une erreur de débutant, une erreur tactique qu’il ne pouvait que payer par la suite.

Parce qu’un mensonge, un bon mensonge, en dehors d’entremêler dans un bon dosage la vérité et les faux-semblants, se devait d’être cohérent et surtout indivisible. Poursuivre sa petite tirade sans tenir compte de l’interruption de sa sœur n’était qu’une erreur grossière qui déstabilisait dramatiquement la structure. Et son mauvais jugement se poursuivait dans ses mots, dans ses choix de levier sur lequel appuyer. Artur était doué dans l’art de la manipulation mais il perdait le contrôle, embarqué dans un engrenage de mensonges qui le détachaient de la réalité. Il mentait, il se complaisait dans une provocation involontaire pour la simple raison qu’il revoyait et revoyait encore le corps d’Azaria cesser de vivre entre ses doigts. Ses genoux exploser dans une détonation, son corps s’effondrer dans la douleur, le sang se répandre autour d’elle. Artur perdait pied, accumulait les fautes et de cela, il ne s’en rendit compte que lorsque ce fut trop tard. « Tu te fous de ma gueule, Artur ? » La réaction de Moira tira la sonnette d’alarme, Artur releva brutalement la tête, observa sa sœur et oublia un instant toute précaution : ses yeux croisèrent ceux de Moira. « Tu m'as privé de la seule arme potentielle que j'avais pour lutter contre lui... Pire, je suis une putain d'aveugle, maintenant ! Il suffit à n'importe lequel des fous furieux que tu fréquentes de se pointer ici et de me mettre une balle dans le crâne, je n'y verrais que du feu, c'est le cas de le dire ! J'aurais simplement l'air con d'une nana qui ne sait pas ce qui lui arrive ! Alors tu vas faire quoi ? Me surveiller, me garder auprès de toi h24 pour être sûr qu'il ne m'arrive rien ? » Si les reproches et les accusations de Moira glissèrent sur lui sans l’atteindre, ses yeux en revanche, rendirent la respiration du petit frère bien plus délicate. « Comment ça « vu ce qu'il a fait à William ? » Qu'est ce que tu me caches, Artur ? Qu'est ce qu'il lui a fait ? » Sa réaction ne se fit pas attendre, brûlante d’une spontanéité défensive. « Rien, rien, je ne te cache rien Moira ! » Spontanéité, oui, mais ce n’était pas une spontanéité dans la sincérité, merci bien. Si Artur ne cachait rien à Moira, alors on pouvait estimer sans le moindre doute que le ciel était aussi bleu qu’une orange et qu’Artur n’avait sur les mains que le sang d’un moustique écrasé au détour d’un été particulièrement humide. « C’est juste que… Je préfère te savoir aveugle et muette que te savoir… » Difforme ? Abominable ? Monstrueuse ? « morte. » Oh, oui, il préférait largement qu’elle lui en veuille mais qu’elle soit humaine plutôt qu’elle se promène en plaçant dans sa nuque à lui la pointe d’une épée menaçant de lui trancher les cervicales pour la seule raison qu’elle préférait être anormale. Parce qu’Artur ne pouvait oublier un seul instant qu’en vaccinant Moira, ce n’était pas seulement la vie de sa sœur qu’il protégeait mais aussi la sienne et qu’il avait tendance à prendre très au sérieux, et ce depuis toujours, la préservation de son intégrité physique.

Et… je ne compte pas que tu m’excuses. Non, il n’escomptait pas de sa sœur le moindre pardon pour le moment. Juste de la compréhension dans un premier temps lui suffirait amplement, le reste découlerait naturellement de la tendance qu’avec Moira à s’autoflageller pour des raisons qu’elle se trouvait toute seule et de son incapacité à lui en vouloir sur du long terme. « Tu as tout juste. Je ne te pardonnerai pas si facilement. Tu me caches des choses, tu me mens, tu me vaccines en parfaite connaissance de cause et en plus tu me prends pour une idiote. Non je ne comprends pas son attitude ni tes choix. Tu me forces à les accepter, c'est différent. Alors si c'est mon pardon que tu veux obtenir un jour, tu as plutôt intérêt à mettre les bouchées doubles... » Certes. C’était justifié comme réaction. Et prévisible. Seulement…

Artur se demandait quand sa sœur avait fait l’acquisition d’un peu d’amour propre et de jugeote et pourquoi elle ne l’en avait pas prévenu avant. Ca aurait été tout de même la moindre des choses de sa part que de le notifier de ce changement, qu’il puisse faire dans les temps les ajustements nécessaires. Artur leva les yeux au ciel, parvint enfin à se détacher du regard vide de Moira qui lui glaçait le sang sous ce reproche constant et implicite que pouvaient lui faire ces deux iris. Quoiqu’il en soit, le pardon qu’il jugeait normal et tombant sous le seul et dont elle menaçait de le priver était encore accessible et cela lui suffisait amplement. Sa sœur restait sa sœur, aveugle ou non, monstrueuse ou non. Et cela suffisait à Artur pour n’avoir strictement aucun remord. Saisissant au vol sa chance dans une arrogance et une prétention sans nom, Artur s’hasarda à se croire toujours capable de jouer sur la même ligne de conduite, à grimper toujours plus haut, toujours plus en déséquilibre, toujours avec plus d’adresse en haut de ce château de cartes pour contempler de ces fondations branlantes l’étendue de son royaume.

Le rire de Moira n’avait certes plus aucune capacité surnaturelle mais la citadelle de papier du petit frère s’effondra sous ses éclats, son visage se para d’une grimace mécontente adressée autant à lui-même qu’à la rousse en face de lui, ses yeux se morcelèrent de colère. L’équilibriste venait de chuter, le funambule venait d’être balayé par une rafale de vent comme un fétu de paille et la chute n’avait rien d’agréable. Artur était loin d’attendre la réception avec impatience ; il allait s’y briser les ailes et casser le dos. Pourtant, son appréhension ne ralentit en rien sa chute et la réception fut brutale. « Attends une minute... Élisabeth ? C'est qui cette Élisabeth ? T'es en train de me dire que tu viens de signer mon arrêt de mort pour une inconnue ? Pour une sombre conne que tu connais sûrement depuis trois jours ? Mais tu sais quoi, Artur ? Vas-y ! Continue comme ça ! Sacrifie donc tout ce que tu as pour tes petites amourettes ou que sais-je encore ! J'ai compris le message... Retourne donc voir ta grognasse, qu'est ce que ça peut me foutre de toute manière ! Tu dois être content de toi, hin ! » Ses yeux s’écarquillèrent d’une colère dont il ignorait l’origine. « Moira… » Sa voix se fit menaçante, comme le grognement d’un animal en colère. « Ne parle pas d’elle comme ça. » Pourquoi chercher à défendre Ellie alors qu’il venait de la brandir comme un bouclier, assez inefficace, c’était le moins que l’on pouvait dire à ce sujet ? Artur l’ignorait mais il avait une seule certitude : sa sœur ne connaissait en rien sa dégénérée, elle ne connaissait en rien la jeune fille, elle ne connaissait en rien son amie, elle ne connaissait en rien Ellie et la seule grognasse qu’il connaissait dans son entourage avait présentement des cheveux roux, l’acuité visuelle d’une taupe et l’intelligence d’un kakapo accusant un certain retard cérébral.

« Je suis fatiguée, Artur... Je ne sais plus quoi penser de toi, et ça me fait mal de le dire. C'est bien beau de vouloir protéger quelqu'un, cette fille n'a probablement rien demandé à personne, mais... Tu ne pourras pas éternellement nuire aux autres pour t'en sortir. C'est néfaste, comme comportement. Comprends-moi, je ne veux pas que tu regrettes tout ça un jour... Et pourtant, je suis sûre qu'au fond de toi il ne te reste un peu de conscience morale... Tu veux bien m'aider à me relever, s'il te plaît ? Le carrelage gelé c'est le meilleur moyen pour attraper la crève... » Artur se redressa dès qu’il vit sa sœur se mettre en quête d’un soutien pour se relever. Bondissant sur ses pieds, il se plongea dans un silence déterminé, le temps de faire le point. Parce que si Moira se plaignait d’une quelconque fatigue, Artur était en train d’accuser une violente perte de contrôle et venait d’ouvrir les yeux sur un paysage désertique. Il ne savait pas où il en était, il ne savait plus ce qu’il voulait. Tu ne pourras pas éternellement nuire aux autres pour t’en sortir. Il avait la gorge sèche, il avait la mâchoire si contractée qu’il en avait mal.

Et la colère née de son errance enflait dans ses veines comme un substitut potentiel à ce contrôle qui lui manquait tant actuellement. « Tu es odieuse. » Sa voix se voulait défaite, elle se teinta malgré lui de colère. « Tu ne me laisses pas le temps de parler, tu ne me laisses pas le temps de t’expliquer. » Se tenant à suffisamment loin de sa sœur pour qu’elle ne puisse le toucher, il refusa de lui tendre la main secourable qu’elle lui réclamait. « Ne pas te vacciner aurait signé ton arrêt de mort, le mien, celui d’Elli…sabeth et des rares personnes qui comptent suffisamment pour moi pour que je me résolve à choisir entre la peste et le choléra. » Oui, il se comptait dans les personnes auxquelles il tenait. Déjà qu’elles se comptaient sur le doigt d’une main, ne pas s’oublier n’était pas un luxe, c’était une nécessité. « Tu es injuste avec moi, Moira. Parce que comme tu le dis, je t’impose les choix que je suis obligé de faire, sans personne à qui me confier parce que tu refuses de me voir. C’est toi qui m’as forcé la main en refusant de répondre à mes appels désespérés. » Des attaques, sadiques, la colère était au final une arme bien plus dévastatrice que les mensonges dans les mains d’Artur. Et il avait envie de tourner les talons, de la laisser là, seule, dans le noir. Il en avait envie, bon sang qu’il en avait envie. Dans une vengeance malsaine, dans un sursaut de jalousie, de colère et d’amertume. Mais Artur savait aussi que s’il laisse Moira seule maintenant et lui tournait le dos, tout chance de réconciliation volerait en éclats. Et il ne pouvait pas se le permettre. Posant une main légère sur l’épaule de Moira, il lui notifia son contact et sa présence pour qu’elle n’en soit pas surprise et s’empara de son bras, la relevant sans la moindre difficulté avec la poigne d’un Hunter subissant plusieurs fois par semaine un entraînement au niveau de celui conféré dans n’importe quelle armée. « Mais je comprends, c’est le choc, tu es déboussolée et tu veux tout détruire autour de toi dans l’énergie du désespoir. Mais je ne te laisserai pas tomber. Tu es ma sœur et je serai toujours là pour toi, quelque soit le temps qu’il te faudra pour que tu comprennes et acceptes mes raisons. » Je te comprends. Il ne la comprenait pas : il la regardait de haut avec une colère cachée dans ses iris. Si sa voix assurait d’un ton doux qu’il lui pardonnait, qu’il refusait de lui en tenir rigueur, la réalité était bien plus triste. Parce qu’Artur luttait pour ne pas profiter dès maintenant de la vulnérabilité de sa sœur et de la mettre à sa merci en la lâchant dans le vide et les ténèbres, l’obligeant à l’appeler pour qu’il lui vienne en aide et qu’elle lui soit redevable.

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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeDim 13 Déc 2015 - 21:29

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
Je me souvenais très vaguement du jour où mes parents étaient rentrés de la maternité, ma mère portant un nourrisson minuscule dans ses bras. Comme tous les enfants, j'avais eu cette moue bougonne en comprenant que je ne serais plus le centre d'attention de la famille, qu'il me faudrait partager l'amour de mes parents et accepter de ne plus être la petite princesse. Et puis ma mère s'était accroupie près de moi et avait approché ce bébé de moi pour que je le regarde. Il dormait, son visage d'ange détendu et reflétant l'innocence. « Moira, c'est ton petit frère, Artur ». Ca m'avait suffit. Quelques mots qui avait éveillé en moi l'instinct protecteur d'une grande sœur à l'égard de son cadet. Un instinct destructeur et presque masochiste, puisqu'après tout ce que m'avait fait Artur, je continuais à me pardonner et m'en vouloir davantage que je ne lui en voulais.
Quand ma mutation s'était éveillée, j'avais craint d'être définitivement un monstre et d'avoir brisé les tympans de mon frère... Alors mon père m'avait prise à part et m'avait pour la première fois parlé comme à une adulte. Pourtant, je n'avais que cinq ans, à l'époque. Il m'avait dit que ce n'était pas de ma faute, mais que je devais protéger mon petit frère. Le protéger de l'horreur du monde extérieur, mais surtout de moi et de ma mutation dangereuse.

Si j'avais passé tant d'heures à travailler sur ma mutation, jusqu'à l'épuisement, l'extinction de voix, jusqu'à n'en plus trouver le sommeil, c'était pour lui. Pour Artur. Pour que jamais plus je ne lui fasse de mal. Et ça, il ne le savait pas, puisque j'avais juré à mon père de ne jamais avouer à mon frère que j'étais responsable de ses problèmes auditifs. J'avais cherché à atteindre un degré de maîtrise de mon don proche de la perfection pour être sûre que jamais Artur ne verrait en moi un monstre, pour être capable de le protéger... J'avais lamentablement échoué. Car il venait de me prouver que j'étais bel et bien le monstre de ses cauchemars, qu'il avait anéantit d'une simple injection, comme pour se débarrasser d'un élément un peu trop gênant. Mais surtout, je n'avais pas été en mesure de le protéger de ces monstres qui poursuivaient les gens comme moi. A cause de ma négligence, Artur ressemblait à présent davantage à un chasseur sans conscience qu' à un véritable être humain. Mon propre frère me faisait peur, et la cécité ne m'aidait en aucun cas. J'aurais voulu pouvoir lui hurler de dégager, de me laisser tranquille, mais j'en étais finalement bien incapable.

Au lieu de ça, je lui demandais s'il avait déjà tué. Me demandant aussi s'il aurait été capable de recommencer. Et son absence de réponse me glaça le sang. Il ne m'en fallait pas plus pour comprendre que la réponse était oui. Combien de personne, ça je l'ignorais, mais il avait bel et bien tué, et refusait de me le dire. Je crois que j'aurais été plus encline à le pardonner et l'aider s'il avait été honnête avec moi. A moins qu'il ne soit particulièrement fier et heureux d'avoir tué quelqu'un, auquel cas je ne serais plus en mesure de faire quoi que ce soit pour lui. Parle-moi, Artur... Parle-moi au lieu de me chanter des comptines à dormir debout.

Je serrais les poings lorsque, spontanément, il jura ne rien m'avoir caché. Je n'y croyais pas. Je n'y croyais plus. Je crois bien qu'Artur aurait pu me faire la déclaration la plus sincère et la plus véridique qui soi, je ne l'aurais pas cru... Alors je compris ce qui se passais, et je serrais plus encore les poings pour ne pas hurler. Je n'avais plus confiance en mon frère. Cette seringue plantée dans ma gorge n'avait pas seulement détruit ma mutation et fait de moi une infirme... Elle avait aussi annihilé la confiance que j'avais en lui. Une confiance aveugle, à toute épreuve, la confiance d'une sœur qui aime désespérément son frère... Cette confiance-là s'était envolée, et quand bien même tentais-je de la raviver, je n'y parvenais pas. Je n'y parvenais pas car je ne reconnaissais plus mon frère... Pouvais-je seulement dire que c'était Artur et pas un autre ? C'était le rejeton de la haine et de la folie des hunters, je ne voyais que ça... Pourquoi ? Comment ? J'aurais voulu pouvoir lui demander pourquoi il faisait tout ça, comment il pouvait n'en éprouver aucun remords, mais ça ne servait à rien. Je n'étais même pas sûre d'avoir une réponse sincère de sa part.

« Oh charmant... Tu me préfères muette et aveugle, tu ne veux pas non plus m'empailler et m'exposer chez toi comme un trophée, tant que tu y es ? Ce qui te fait peur, Artur, c'est que je puisse être en désaccord avec toi ou m'éloigner parce que je ne partage pas tes idéaux... »

J'aurais du me taire. J'en devenais méchante et si la plupart du temps mon cynisme et ma franchise ne me gênaient pas, cette fois c'était différent. J'étais en présence d'Artur, la personne que je couvais et chérissait le plus au monde, celui que j'avais pas le droit de blesser ou contrarier. Seulement ça, c'était sans compter sa pitoyable excuse. Je ne pouvais m'empêcher de rire, d'ailleurs. Elizabeth. C'était qui cette Elizabeth, bordel ? Qui était donc la précieuse petite chose qu'Artur défendait au dépend de ma propre survie ? Pour qui venait-il de me sacrifier sur l'autel de la connerie ? Si j'en éprouvais de la jalousie ? Pas vraiment. C'était plutôt de la rancoeur, de la colère et de la déception. Car j'avais la preuve que mon frère attachait plus d'importance à une inconnue qu'à moi, sa sœur. J'y étais pour quelque, chose, c'est vrai, je n'aurais pas du lui tourner le dos dix ans auparavant, je n'aurais pas du partir si tôt... J'avais ma part de responsabilité dans l'histoire, mais Artur était toujours resté le premier. Il avait toujours été celui pour qui j'aurais détruis la planète entière sans remords, celui que j'aurais sauvé au dépend de tous les autres... Celui que j'aurais défendu s'il m'avait fallu faire un choix entre mon frère et William. Et ce n'était pas réciproque. J'en étais profondément blessé, et cette révélation acheva mes tentatives désespérée de raviver cette confiance que j'avais eu jadis pour lui.

J'étais profondément attristée d'avoir l'impression d'avoir perdu mon frère. J'avais besoin de son soutien, du contact rassurant de ses bras, de sa chaleur... Pas de son mépris ni de sa haine. Alors je me relevais, fatiguée de me battre contre une force invisible, épuisée à l'idée de devoir recommencer pour qu'il arrête d'essayer de m'imposer ses idées à la con.

« Tu es odieuse. »

… Pardon ? Je relevais vivement les yeux, oubliant un instant que ce regard furibond que je pensais avoir ressemblait plus à celui d'un mort qu'autre chose. J'étais donc la coupable de l'histoire ? J'étais donc odieuse ? C'était la meilleure ! Je restais un moment silencieuse, trop écoeurée pour dire quoi que ce soit. J'avais envie de lui en mettre une pour le réveiller, mais je n'étais même pas certaine de pouvoir viser correctement. A vrai dire, j'étais même certaine qu'il parviendrait à esquiver le coup avec une aisance qui ne ferait que me frustrer plus encore.

« L'ennui, Artur, c'est que tu m'as imposé ton choix avant de me l'expliquer. Tu me mets devant le fait accompli sans même chercher à me convaincre. Si je n'ai pas répondu à tes appels, c'est parce que j'avais besoin d'être seule, j'avais besoin de réfléchir... Tu n'es pas le seul à qui je n'ai rien dis. Je suis désolée de t'avoir inquiété, comme je suis désolée d'avoir inquiété mes amis. Je n'ai encore rien dis à papa non plus. Parce que je n'étais pas prête à en parler, parce que je ne lui toujours pas... Tu peux comprendre ça ? Est-ce que tu peux imaginer ce que ça fait de perdre une personne que tu aimes vraiment ? C'est comme si je te perdais toi... J'ai besoin de temps, et ce n'est pas une semaine qui va me suffire. »

J'étais lasse. Lasse de devoir sans cesse expliquer pourquoi j'étais en colère contre tout le monde, pourquoi j'en voulais à la planète entière et pourquoi je n'avais pas envie de parler à qui que ce soit... Seth était venu passer une soirée chez moi quelques jours plus tôt, et je m'en voulais de lui avoir imposé mon allure de cadavre et mon manque de dialogue. Mais il avait été patient et s'était contenté de me prendre dans ses bras pour me réconforter... C'est toi ce dont j'avais besoin. Je n'avais pas encore réussi à pleurer la mort de William comme je l'aurais du, car ces larmes-là restaient amèrement coincées dans ma gorge. Et j'avais l'impression que ça, Artur refusait de le voir et de l'admettre. Il était trop impatient pour comprendre que je n'étais ni prête à parler, ni à pardonner.

« Le fait est là, Artur. Tu as perdu ma confiance. Crois-moi j'en suis la première attristée. Je ne peux pas faire confiance à quelqu'un qui privilégie ses intérêts avant même de chercher à comprendre. Je... Est-ce que tu peux comprendre que je vais mal ? Que ma douleur n'a rien de physique mais qu'elle ne cicatrisera jamais totalement ? Peux-tu un seul instant te mettre à ma place ? Je ne te demande pas d'avoir pitié, la pitié c'est pour les enfants. Je te demande juste d'essayer de comprendre. Que ça n'a rien de personnel, que je ne vais simplement pas assez bien pour être celle que je suis d'habitude. »

Je ne m'attendais pas à ce qu'il comprenne mais plutôt à ce qu'il lève les yeux au ciel en soupirant. Et si je n'étais plus en mesure de le voir, cette idée me pinçait le cœur. C'était tout de même grave d'en être arrivée à un point où je pensais davantage aux mauvaises options qu'aux bonnes... Seulement, parce qu'Artur me cachait des choses, j'allais lui en cacher à mon tour. Je me faisais la promesse de le tirer des griffes des hunters pour le ramener en quelque chose sur le droit chemin... Quitte à me prendre pour un jedi, j'allais le forcer à se détourner du côté obscur. Pour son propre bien mais aussi pour le mien.
Lorsqu'il posa une main sur mon épaule je sursautais mais me laissais faire avec une certaine méfiance. Après tout, je lui avais demandé son aide. Je le laissais me raccompagner jusqu'à la chambre puis au salon et grimaçais en l'entendant à nouveau me parler avec ce ton mielleux. Etrangement, maintenant que je ne le voyais plus, je le trouvais faux... Ou peut-être était-ce simplement du au fait que j'étais trop en colère pour croire quoi que ce soit venant de lui.

« Ça ne sert à rien de me materner, Artur... Je ne suis plus une enfant... Je ne cherche pas à tout détruire autour de moi, je veux simplement que personne ne s'approche de moi pour que je ne détruise rien, justement. »

Je me mordais la lèvre en me laissant retomber sur le canapé. D'un autre côté, il avait dit qu'il ne me laisserait pas tomber et s'occuperait de moi... Et j'avais envie de le croire. J'avais vraiment envie de lui accorder le minuscule ersatz de confiance qui pouvait subsister en moi.

« J'ai besoin de toi, Artur. Vraiment. J'ai besoin de toi, aujourd'hui plus que jamais... »

Je m'arrêtais une seconde, hésitant à poursuivre. Je détestais l'idée de devoir passer pour l'idiote et la désespérée de service, mais surtout je détestais avoir à jouer la comédie. Parce que j'étais une artiste, j'avais appris à être d'une hypocrisie sans nom avec les chef d'orchestre et autres producteurs, mais je répugnais devoir mentir à mes amis, ma famille... A mon frère. Et pourtant, j'allais devoir le faire pour endormir sa vigilance et retrouver un tant soit peu notre entente passée.

« J'ai besoin de toi parce que je ne vais pas pouvoir m'en sortir seule et tu le sais très bien. Je t'en prie, ne me tourne pas le dos maintenant que tu as accompli ta si précieuse mission... Je veux retrouver ce que nous avions il y a tant d'années... »

Je ramenais mes jambes contre ma poitrine sur le canapé, Biscuit venant poser son museau contre mon pieds. Si je prenais sa présence pour une marque d'affection, j'étais loin d'imaginer qu'il fixait Artur avec l'envie évidente de lui sauter à la gorge.

« Si tu veux que je comprenne tes motivations et tes intentions, il va falloir que tu me les expliques. Je n'ai jamais eu que le point de vue d'une mutante déterminée à survivre au milieu de tous ces gens... « normaux ». Alors je t'écoute. A quel moment as-tu choisi que ce... Camp que tu représentes était le meilleur ? »

Dans un sens, j'essayais de l'apaiser en lui donnant ce qu'il semblait vouloir, mais d'un autre côté, j'avais besoin de savoir. Indéniablement, Artur avait commencé à mal tourner après mon départ, dix ans plus tôt. J'avais besoin de comprendre pour avoir un coupable à blâmer. Car s'il y a bien une chose dont j'étais incapable, c'était bien de considérer mon frère comme le méchant de l'histoire. Pour moi, il était le pantin et non le marionnettiste. Naïve, stupide, ignorante, me diriez-vous ! Si seulement j'avais pu lire dans ses pensées...

« Que t'apportent-ils de plus ? Qu'est ce que... Qu'est ce que la chasse aux gens comme a de plus louable que leur acceptation ? »

Oui. J'étais parfaitement en train de lui demander de me faire la promotion d'un groupe que j'exécrais au point d'avoir envie de leur cracher à la gueule à tous. Et la chose qui me faisait tenir mon rôle, c'était ma cécité, sans quoi mon regard m'aurait immédiatement trahie.
crackle bones
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMar 29 Déc 2015 - 18:41

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



« Oh charmant... Tu me préfères muette et aveugle, tu ne veux pas non plus m'empailler et m'exposer chez toi comme un trophée, tant que tu y es ? Ce qui te fait peur, Artur, c'est que je puisse être en désaccord avec toi ou m'éloigner parce que je ne partage pas tes idéaux... » Le brun fixa Moira avec un regard sévère. Et une certaine douleur. Ce qui te fait peur Artur… Avait-il réellement peur de cela ? Oui lui hurla sa sincérité, Bien sûr que non offrit sa morgue dans un rictus arrogant. « Moira... » Un soupir, un ton et une voix fatigués. Il espérait pouvoir la faire taire et qu'elle cesse de se lamenter de la sorte sur son sort. Il espérait aussi pouvoir lui faire comprendre que ce n'était pas forcément le meilleur moment, selon lui, pour aborder un tel sujet. S'il y avait réellement un bon moment pour parler des peurs cachées d'Artur ? Ce n'était pas la question que le brun avait coutume de se poser le soir avant de dormir et ce n'était donc pas non plus une question pertinente dans le cas présent. Non. Il préférait s'enfoncer dans son mensonge, se perdre dans les méandres de son esprit et se concentrer sur sur cette trame délicate qu'il tissait d'une voix doucereuse, contrôlée, variant les tons et les intonations en suivant une partition connue de lui seul. Seulement, s'il excellait d'ordinaire dans ce domaine, cette fois-ci… il faisait face à sa sœur.

Sa sœur. Sa grande sœur. Ses sentiments à son égard étaient passés de clairs à diffus au cours des années qui les avaient vus s'éloigner inexorablement l'un de l'autre, sans retour en arrière possible. Si pendant des années Artur avait considéré sa sœur comme un modèle à suivre, comme son demi-dieu personnel, comme son idole, comme une huitième merveille du monde et un constant exemple, cela faisait plus de dix ans que ce n'était plus le cas. Il se souvenait avec une certaine nostalgie empreinte de moquerie de sa désillusion lorsque le voile des apparences était tombé sur une sombre réalité. Non. Sa sœur n'était pas une fée dont tous les mouvements devaient être reproduits, non, sa sœur n'était pas une super-héroïne : elle n'était au final qu'une anomalie de la nature dont il ne devait pas accepter l'existence ni même tolérer. Ce qui avait provoqué un tel revirement d'opinion ? Artur n'en avait peut être pas conscience mais c'était en réalité une succession et un simple concours de circonstances malencontreuses. La désillusion dans un premier temps : voir Moira utiliser sa mutation non plus pour le faire rire mais par simple vengeance à l'humour douteux. Puis l'abandon, douloureux et brutal, d'une sœur partant à l'étranger vivre et sa vie, sa majorité et son indépendance avec cette même légèreté globe-trotteuse que leurs parents. Et enfin le lycée, dispersant pendant trois petites années un goût d'arrogance naissante et une amertume amplifiée par les Hunters. Non, Artur n'avait pas toujours considérer avec un tel dédain, un tel mépris, une telle supériorité sa sœur. Et s'il se souvenait de ce temps lointain avec une certaine culpabilité mêlée de regrets, il refusait de s'y repaître pour mieux avancer et s'enfoncer toujours plus loin dans ses mensonges et les œillères qu'il imposait et à son jugement, et à son esprit critique. Son souffle se troubla sous la question. Tu en as déjà tués ? Des gens comme moi ? Le visage de la dégénérée tenta de s'imposer à son esprit, il le chassa d'un sourire factice, plus pour se rassurer lui que pour sa sœur à l'acuité visuelle inférieure à celle d'un vulgaire galet. S'il avait déjà tué ? Oui. Oui. Mais s'il était prêt à s'en vanter devant sa sœur… ? Cela était une toute autre question à laquelle il n'était pas certain de vouloir répondre pour le moment. Il préféra se taire, il préféra se murer dans un silence aussi éloquent que la moindre réponse qu'il aurait pu émettre. Non, il ne regrettait pas le meurtre, encore moins les circonstances et la manière de faire, mais… de là à le revendiquer avec force… il ne savait pas quoi en penser, c'était aussi simple que cela. Il aurait aimé pouvoir se persuader qu'il était un Hunter aussi compétent que pouvait l'être Moren mais il devait bien admettre que loin de l'exalter, laisser sa main se couvrir du sang de sa victime alors qu'il l'égorgeait ne lui avait apporté aucune satisfaction. Au moins, n'avait il pas été totalement dégoûté de la chose, tentait il de se rassurer à chaque fois que son esprit divaguait dans cette direction dangereuse, c'était déjà cela de pris.

La discussion commençait à dériver, elle aussi, sur une pente délicate et mauvaise, très mauvaise pour lui. Si l'Irlandais était convaincu qu'il venait de briser quelque chose entre lui et sa sœur, il ne pensait pas que ce serait aussi difficile de récupérer la confiance, si naïve et candide, de sa sœur. Sa grande sœur. Son demi-dieu même, fut un temps. La discussion dérivait et le contrôle d'Artur filait entre ses doigts, dénouant la trame soigneusement filée de ses mensonges. Pris dans la panique, il perdit ses mots et ses repères, se débattit avec l'énergie du désespoir et la maladresse d'un débutant. Des excuses, des mensonges, de faux points de repère, Artur pouvait donner l'impression qu'il était en train d'agiter les bras dans le vide pour se raccrocher à une branche salvatrice tant son discours anciennement bien rodé se désagrégeait entre ses doigts. A moins que ce ne fusse sa sœur qui, avec ironie, commençait enfin à voir ne plus fermer les yeux sur la déliquescence de son petit frère. Quoi qu'il en soit, il eut beau se débattre, rien n'y fit. La sentence tomba comme un couperet sur sa nuque, et Artur comprit brutalement qu'il était en train de perdre Moira.

Tu ne pourras pas éternellement nuire aux autres pour t’en sortir. Faisait-il réellement cela ? S'appuyer sur une détresse provoquée chez les autres pour s'extirper des sables mouvants dans lesquels il risquait de se retrouver pris au piège ? La réponse à cette question s'imposa d'elle même, aussi rapidement éclose qu'étouffée, aussi rapidement tuée qu'apparue. Bien sûr qu'il faisait cela mais bien sûr, aussi, qu'il refusait de l'admettre. Vacciner sa sœur n'était pas seulement un moyen de lui sauver la vie, c'était aussi pour lui un moyen de préserver la sienne, que sa sœur soit aussi normale que lui et, à défaut de pouvoir posséder lui aussi une mutation qu'il aurait mérité, d'imposer une égalité via un nivellement injuste dans la fratrie Kovalainen. La colère enfla, nourrie par ce déni qu'il s'imposait et cette cécité qu'il apposait à son tour sur ses propres pupilles. Tu es odieuse, commença-t-il d'une voix fatiguée et acide. Voix fatiguée, voix lasse, voix teintée de colère. Il la vit relever la tête, mais refusa de s'arrêter en si bon chemin. Tu es odieuse commença-t-il sans s'arrêter là pour autant. Tu es injuste l'accusa-t-il encore. Elle refusait de l'écouter, voilà quel était le problème. Elle était partie, elle l'avait laissé seul, sujet à la moquerie des autres pour mieux se pavaner avec sa monstruosité. Elle était injuste, aussi injuste que ce destin immature qui l'avait pourvue de mutation et qui l'avait, lui, laissé aussi banal qu'insipide. Parce que oui, insipide, c'était en partie ce qu'il avait eu l'impression d'être pendant plusieurs années. Sa sœur sortait du lot, lui était détestablement aussi commun que pouvait l'être un globe-trotteur, un fils de surdoués, surdoué lui même. Mais ça ne lui suffisait pas de sortir du lot de la sorte, ça ne lui avait jamais suffit. Qu'il était inintéressant, finalement, lorsqu'on comparait les cinq langues qu'il parlait couramment à la mutation de sa grande-sœur ! Qu'il était aussi commun que le plus commun des mortels lorsqu'on mettait en opposition son doctorat de biologie et cette faculté hors du commun, justement, qu'avait Moira a faire vibrer ses cordes vocales à des fréquences aussi élevées que précises.

Lorsqu'on observait les choses de manière objective, il était évident qu'elle et elle seule était l'unique artisane de sa cécité. C'était elle qui avait refusé de se vacciner volontairement, elle qui refusait de l'écouter, elle qui refusait de répondre à ses appels, c'était elle et uniquement elle qui l'avait forcé à précipiter les choses de la sorte. Alors oui, elle était odieuse, elle était injuste. Et si même quelqu'un d'aussi plongé dans l'hypocrisie et le déni qu'Artur ne pouvait aller jusqu'à se penser très sincèrement innocent dans l'affaire, il était suffisamment perdu dans ses pensées pour la juger coupable de l'ensemble et se juger lui même comme un simple dommage collatéral de tout cela. Pourquoi ne pouvait-elle pas tout simplement ouvrir les yeux sur cette évidence ?

Parce que contrairement à lui, Moira était lucide. Et mature. Et que même si elle était aveugle par la force des choses, pour une durée indéterminée pour le moment d'ailleurs, c'était elle qui parvenait le mieux à regarder la réalité en face. « L'ennui, Artur, c'est que tu m'as imposé ton choix avant de me l'expliquer. Tu me mets devant le fait accompli sans même chercher à me convaincre. Si je n'ai pas répondu à tes appels, c'est parce que j'avais besoin d'être seule, j'avais besoin de réfléchir... Tu n'es pas le seul à qui je n'ai rien dis. Je suis désolée de t'avoir inquiété, comme je suis désolée d'avoir inquiété mes amis. Je n'ai encore rien dis à papa non plus. Parce que je n'étais pas prête à en parler, parce que je ne lui toujours pas... Tu peux comprendre ça ? Est-ce que tu peux imaginer ce que ça fait de perdre une personne que tu aimes vraiment ? C'est comme si je te perdais toi... J'ai besoin de temps, et ce n'est pas une semaine qui va me suffire. » La gorge sèche, Artur se retrouva brutalement bien bête. Ce n'était pas tant le fait de lui avoir imposé son choix – de toute manière, sa décision était la seule et la plus pertinente, en discuter avec Moira n'aurait servi à rien puisqu'il avait déjà choisi la meilleure des solutions – qui lui posait problème et c'était encore moins les excuses et la pitoyable justification qu'elle lui servait. Non, ce n'était rien de tout cela. Ce qui arrêta brusquement sa respiration, ce fut ce mélange d'aveu et de question qu'elle lui imposa sans même lui demander son avis ou le prévenir. C'est comme si je te perdais toi, Est ce que tu peux imaginer ce que ça fait de perdre une personne que tu aimes vraiment. Comment pouvait-elle lui dire cela ? Non, il ne pouvait pas imaginer pour la simple raison qu'il ne tenait à personne d'autre qu'à elle et ses parents et qu'il refusait d'expérimenter la chose avant de longues années, de très longues années qu'il voyait infinies. Indifférent aux autres, Artur n'avait pas d'amis en dehors de sa sœur, même si Ellie commençait à changer la donne bien que ce soit plus un cobaye qu'autre chose pour le moment. D'une voix mécanique, il s'entendit répondre pour ne pas laisser un silence éloquent et bavard s'installer entre eux. « Je suis désolé » Ce n'était qu'une réponse dénuée de vérité, par réflexe et automatisme, huilée par des années d'entraînement et d'habitude. Dénuée, même, de toute réflexion. « Je ne peux pas comprendre, c'est vrai, parce que je ne t'ai pas perdue. Pas encore. Et... » Sa voix se fit hésitante, suivant la partition correspondante à un petit frère confus et contrit, tandis qu'Artur continuait à réfléchir dans un recoin de son esprit sur la conduite à tenir dès à présent. Il le sentait du bout des doigts, que sa sœur lui échappait, qu'elle avait pointé la réalité du bout d'un index accusateur et qu'il avait peur, plus que peur, de se retrouver seul si elle décidait un jour d'en avoir assez de lui. Mais s'il le sentait, il ne voyait plus d'autre solution que de s'enfoncer davantage encore dans le mensonge. Nulle autre solution viable, nulle autre possibilité. Elle le lui confirma en une seule phrase : Tu as perdu ma confiance. Phrase prévisible, phrase douloureuse, phrase aussi attendue que redoutée par l'Irlandais. « Le fait est là, Artur. Tu as perdu ma confiance. Crois-moi j'en suis la première attristée. Je ne peux pas faire confiance à quelqu'un qui privilégie ses intérêts avant même de chercher à comprendre. Je... Est-ce que tu peux comprendre que je vais mal ? Que ma douleur n'a rien de physique mais qu'elle ne cicatrisera jamais totalement ? Peux-tu un seul instant te mettre à ma place ? Je ne te demande pas d'avoir pitié, la pitié c'est pour les enfants. Je te demande juste d'essayer de comprendre. Que ça n'a rien de personnel, que je ne vais simplement pas assez bien pour être celle que je suis d'habitude. » Il voulait qu'elle se taise. Non, il ne voulait pas se mettre à sa place, c'était justement là le nœud gordien qu'il avait dû trancher d'une injection bien placée. Il avait voulu ôter de sa nuque cette épée de Damoclès retenue par un simple filin de soie que les Parques joueuses pouvaient trancher à tout moment. Lui reprochait-elle réellement son instinct de survie et de préservation ? Plus ça allait et plus Artur parvenait à se convaincre d'une chose dans le capharnaüm qu'était son intellect : il avait agi et par nécessité, et par obligation. C'était simple, au final : il n'avait pas eu le choix. Artur ferma les yeux. Un soupir se faufila entre ses lèvres alors que sa main alla masser ses tempes d'un mouvement machinal. Finalement… plutôt que de continuer à s'agacer et à enchaîner les erreurs, Artur préféra se taire et se contenta de mettre de côté l'ensemble de ses frustrations, interrogations et sources de mécontentement pour mieux se couler dans un rôle tranquille en posant une main douce sur l'épaule de sa sœur.

Je ne te laisserai pas tomber. Cette phrase fut peut être la seule de sincère dans l'ensemble énoncé mécaniquement par un Artur soucieux non pas de bien faire mais de tempérer ses propos, calmer sa sœur et reprendre la maîtrise des choses. Repousser à une date ultérieure toute introspection malheureuse. En quelques pas, ils revinrent dans le salon où Artur guida une Moira aveugle vers le canapé avec une diligence affectée et un tantinet exagérée non par sa culpabilité mais par sa volonté de ne pas provoquer de vagues inutiles. Sans succès. « Ça ne sert à rien de me materner, Artur... Je ne suis plus une enfant... Je ne cherche pas à tout détruire autour de moi, je veux simplement que personne ne s'approche de moi pour que je ne détruise rien, justement. » S'asseyant à son tour, il la laissa parler et prit le temps de considérer ses différentes options pour le moment, les yeux rivés vers le cadavre de la seringue toujours perdue à terre, et des multiples fragments de verre dispersés. Ces éclats étaient comme une marque tangible de ce qu'il venait de briser. « J'ai besoin de toi, Artur. Vraiment. J'ai besoin de toi, aujourd'hui plus que jamais... » Artur se leva brusquement, non sans cesser d'écouter sa sœur, incapable de supporter davantage la vue du salon dévasté et de ces morceaux épars. Ranger, nettoyer, mettre de l'ordre, son côté maniaque rendait la chose de plus en plus insupportable et devoir de surcroît écouter Moira enfoncer à chaque phrase le clou n'aidait en rien. Puisqu'elle ne pouvait pas le voir, autant qu'il en profite : Artur avait beau continuer à se cacher la vérité, ses traits tendus et perturbés en dévoilait bien plus que d'habitude sur ces incertitudes qui trituraient ses méninges, trop nombreuses pour être énumérées, trop omniprésentes pour être pleinement ignorées.

Il lui tournait donc le dos, un balai à la main trouvé au détour d'un recoin, à le passer mécaniquement sur le sol par des gestes aussi précis que maîtriser, lorsqu'elle reprit, pour la troisième fois depuis qu'il avait choisi de se taire, son monologue éreintant pour les nerfs. « J'ai besoin de toi parce que je ne vais pas pouvoir m'en sortir seule et tu le sais très bien. Je t'en prie, ne me tourne pas le dos maintenant que tu as accompli ta si précieuse mission... Je veux retrouver ce que nous avions il y a tant d'années... » Elle avait besoin de lui. C'était un soulagement, oui, mais c'était davantage encore. Je veux retrouver ce que nous avions il y a tant d'années. Qu'avaient-ils donc, à l'époque ? Une naïveté pour lui, des rôles inversés, une vie de errance, de déplacement, de solitude et de complicité fraternelle presque à la hauteur de celle qui liait les jumeaux Caesar ? Un murmure vibrant dans la silence de la demeure, Artur poussa d'un mouvement doux le chat venu se perdre dans ses jambes et fit des éclats de verre un petit tas rassemblé dans un coin. « Bien sûr que tu as besoin de moi, je suis ton frère. Et si ton état ne s'améliore pas… tu auras encore davantage besoin de mon aide et de ma présence. » Il aurait aimé lui dire que lui aussi, somme toute, avait besoin d'elle et ne pouvait l'ignorer mais… non. Artur en était incapable parce que s'il ne l'ignorait pas, il ne l'admettait pas non plus. Un pas de franchi, pas deux. L'Irlandais s'accroupit pour récupérer l'animal dans ses bras, bien plus prompt à apprécier les félins que l'énorme canidé pelucheux qui venait de rejoindre sa maîtresse de l'autre côté de la pièce pour mieux dissuader le petit frère de rejoindre la grande sœur. « Si tu veux que je comprenne tes motivations et tes intentions, il va falloir que tu me les expliques. Je n'ai jamais eu que le point de vue d'une mutante déterminée à survivre au milieu de tous ces gens... « normaux ». Alors je t'écoute. A quel moment as-tu choisi que ce... Camp que tu représentes était le meilleur ? »

Tous ses mouvements se figèrent. Il va falloir que tu me les expliques. C'était… oui, c'était la première fois qu'elle s'intéressait de la sorte à ce qu'il pouvait penser et même, c'était la première fois qu'on lui adressait cette question. Le chat lové entre ses bras lui autorisa, dans sa grande magnanimité, de se frotter le menton d'une main songeuse. « Que t'apportent-ils de plus ? Qu'est ce que... Qu'est ce que la chasse aux gens comme a de plus louable que leur acceptation ? » Il marchait sur des œufs lorsque contournant la table basse, il se tint à distance de Moira et du chien dont l'animosité était parfaitement réciproque. Excellente question qu'elle lui posait là, excellente question à laquelle il ne parvenait pas à trouver de réponse aussi simple, rapide qu'audible et diplomate. Parce que je suis jaloux était hors de question, Parce que vous êtes des monstres l'était tout autant. Artur prit le parti de remonter le plus loin possible, choisissant autant de se confier que de noyer le poisson dans une mare sans fond. « Au lycée, j'ai commencé à m'intéresser à la génétique, pour comprendre ce qui te rendait si spéciale. » Des faits. Des faits et des théories, des hypothèses et des principes. Artur était un scientifique, Artur était un homme de faits.

« Tu n'étais plus là, je n'avais pas d'amis, Papa et Maman venaient de me larguer dans un énième établissement en Irlande, j'ai eu pas mal de temps libre. Suffisamment pour bosser, analyser, me renseigner. Et comprendre que… » Qu'à défaut de pouvoir être comme elle, il pouvait toujours se charger d'éliminer ceux qui représentaient une menace pour les personnes normales.  « Je sais que ça ne fait pas longtemps que je travaille dans la brigade, mais sais-tu combien de massacres de masse et de meurtres ont été commis par des mutants ces dernières années, Moira ? Je ne sais pas toi, mais pour moi, la seule place des meurtriers et des fous qui menacent des innocents se trouve entre quatre planches. » Comme pour appuyer ses propos et donner son aval, le chat miaula et se réinstalla, deux pattes sur son épaule pour regarder le reste de la pièce. « La vérité, Moira... » Celle qu'il choisissait de lui concéder plutôt, «  Vous êtes une maladie qu'il faut soigner. L'appellation vaccin n'a pas été choisie au hasard après tout. »

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeMer 6 Jan 2016 - 12:23

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
« Je ne peux pas comprendre, c'est vrai, parce que je ne t'ai pas perdue. Pas encore. Et... »

Je haussais un sourcil. Comment ça « pas encore » ? Je soupirais et me pinçais l'arrête du nez, fatigué de me battre et de devoir analyser chaque mot, chaque syllabe que prononçait mon frère pour tenter d'en comprendre le sens caché. Au sens propre du terme, il ne m'avait pas perdue, je n'étais pas encore morte... Heureusement, je n'avais pas franchement l'intention de passer l'arme à gauche à tout juste trente ans. En revanche... J'avais plus que jamais l'impression de parler à un étranger, à un personnage glacial qui aurait pris la place d'Artur après mon départ... Quelqu'un que je ne connaissais pas et dont je ne savais pas appréhender les réactions. Or, je le traitais comme mon petit frère, celui que je connaissais depuis sa naissance, que j'avais protégé, aidé, choyé pendant des années... Je comprenais à présent qu'il fallait que je le traite comme ce qu'il était réellement : Un inconnu à découvrir, que je devais apprendre à connaître, même si cela me coûtait énormément. Je ne voulais pas imaginer que tout ce qu'il y avait de bon en Artur soit mort le jour où il avait rejoint les rangs des hunters. Peu importe si ça devait me coûter sa confiance, son affection ou quoi que ce soit d'autre, je préférais cent fois qu'il me haïsse et redevienne lui-même plutôt que de le laisser m'embarquer dans son petit jeu malsain. Je lui donnerais ce qu'il voulait... Pendant un temps... Il voulait jouer à ça ? Très bien. J'avais encore plus d'un atout dans ma manche. Seulement, j'étais incapable de savoir lequel je devais brandir en premier.

Il disait qu'il ne voulait pas me laisser tomber, et j'avais envie de le croire. Plus que tout je voulais le croire. Qu'il ferait désormais partie de mes alliés et non de mes ennemis. Je ne voulais pas avoir à admettre que Seth, Marius, Theo... Que tous avaient raison et qu'Artur était devenu un monstre de calcul et de méchanceté. J'avais beau essayer de voir les doubles sens dans ses phrases, parfois j'avais l'impression qu'elles étaient simplement ce qu'elles voulaient dire : Les marques d'affection d'un petit frère qui veut aider sa sœur, ni plus ni moins. Je l'entendais à peine s'affairer derrière mois, ranger le bazar que nous avions mis en nous disputant... Je m'en foutais, en réalité. Les doigts perdus dans la fourrure soyeuse de Biscuit, je réfléchissais. « Et si ton état ne s'améliore pas… tu auras encore davantage besoin de mon aide et de ma présence. » Qu'il m'avait dit... Et si dans l'idée, il espérait que je n'irais jamais mieux, que je me reposerais entièrement sur lui jusqu'à ne plus être qu'un petit toutou bien docile agrippé à sa manche ? Si ça l'arrangeait, au final, de me savoir aussi diminuée ? A cet instant, j'aurais voulu être télépathe. J'aurais voulu pouvoir lire dans les pensées d'Artur pour en comprendre la véritable dimension. Pour démonter un à un les rouages si complexes de son esprit de menteur aguerri. Mais ça aurait été trop facile. Si la vie avait été facile, le monde s'en serait sûrement bien mieux porté ! Bah...Il fallait que je me sorte ces idées de la tête pour me concentrer sur le plus important : Qu'est ce que motivait Artur, finalement ? Qu'est ce qu'il y avait de si attrayant et gratifiant à chasser des gens qui n'avaient rien demandé ?

Je me calais un peu mieux dans le canapé alors qu'Artur revenait vers moi. J'entendais d'ici Kissa ronronner de bonheur et en déduisis qu'il avait peut-être pris le chat avec lui... Si ça pouvait le détendre un peu et lui passer l'envie de me tenir son discours de constipé de compétition, après tout... Ainsi donc, Artur avait commencé à s'intéresser aux mutants quand il était au lycée. Après mon départ, en somme... Je n'étais ni généticienne, ni une pro de l'anatomie humaine. Je ne savais pas d'où venait ma mutation ni pourquoi j'en possédais une pas mon frère. Je me souvenais simplement des entraînements éreintants avec mon père, de ma terreur lorsqu'il avait besoin de me prélever du sang pour des analyses, de cette abominable odeur de javel et de formol dans les labos... Odeur qui me rappelait sans cesse l'hôpital, les semaines entières passées dans une chambre aseptisés, dans laquelle mes parents me rendaient visite en tenue cosmonaute, de l'interdiction formelle que j'avais de les toucher à l'époque... Des appareils qui émettaient un bip régulier au poins de me rendre folle... Pas étonnant que j'ai fuis comme la peste tous les milieux médicaux et scientifiques. Ils me rappelaient sans cesse l'angoisse, la solitude que j'avais pu ressentir à cette époque. Aussi, contrairement à Artur, je n'avais jamais vraiment éprouvé le besoin de comprendre pourquoi j'étais une mutante. A mes yeux, c'était là, et c'était très bien comme ça. Peut-être que sans l'accident qui avait failli me coûter la vie, ma mutation ne se serait jamais éveillée ? Peut-être que j'aurais été aussi... Normale qu'Artur, comme il se plaisait tant à le dire ? Il était trop jeune pour se souvenir de tout ça. Après tout, je n'avais que cinq ans à l'époque et lui deux...

Alors pourquoi ? Pourquoi cette quête désespérée de la compréhension, du savoir ? Moi je ne voulais pas savoir. Je n'avais jamais voulu. Ma mutation était là, point barre. Pour Artur, c'était différent. Lui voulait sûrement comprendre pour il n'en avait pas, pourquoi il était finalement... Un humain comme les autres. J'avais envie de rire... Qu'il se contente de ce qu'il avait ! Il avait deux bras, deux jambes, un cerveau bien plus performant que la moyenne... Des oreilles défaillantes, me souffla une petite voix pernicieuse dans mon esprit. Ça oui... Je le savais, j'en était responsable. Et jamais, Ô grand jamais il ne devait apprendre pourquoi il avait de tels problèmes d'audition.
Alors quoi ? Qu'est ce qu'il voulait comprendre ? Pourquoi mes gênes étaient différents des siens ? Si les chercheurs l'avaient su, toute la planète aurait eu accès à je ne sais quel remède pour s'octroyer une mutation, c'était évident... Au lieu de cela, au lieu d'accepter l'évolution humaine, on préférait la détruire. C'était plus facile de nier l'évidence, d'accepter que les mutants étaient une nouvelle évolution de l'espèce. Si la génération précédente avait fait ça du temps des grands singes, inutile de préciser que nous serions plutôt en train de nous taper dessus avec des bâtons en hurlant qu'à discuter, avec Artur.

Je laisser parler mon frère, m'interdisant le droit de l'interrompre, quand bien même ses réflexions me glaçaient le sang. Il avait le discours tellement extrême, tellement loin de la justice telle que je la concevais... Des idées d'un autre temps, beaucoup plus barbares, beaucoup plus sanglantes... Des idées partagées par tous les chasseurs qui pensaient leur mission juste. Je serrais les poings, Biscuit sentit la tension et couina en poussant ma main d'un petit coup de museau, mais je l'ignorais. J'avais le regard fixé dans la direction d'Artur, un regard vide où aurait du briller ma colère. Le visage fermé, impassible, j'accueillis la fin de son discours comme un coup de poing dans l'estomac.

Ainsi donc, j'étais une maladie. Une problème, un virus à éradiquer, je n'étais donc plus une personne. A cet instant, Artur venait de me déshumaniser, de me mettre dans la case des parasites, et ça me faisait bien plus mal que je ne l'aurais cru. J'aurais pu rire de sa déclaration, mais je restais impassible. Et lorsque j'ouvris la bouche, je m'étonnais moi-même de cette voix si glaciale, si grave, qui ne me ressemblait pas.

« Alors là... J'avoue que ça dépasse tout ce que j'ai pu imaginer. Toutes mes craintes tu ne les annihiles pas, tu les transcendes, Artur. Tu as le discours d'un... D'un... Oui voilà... Tu as pratiquement le discours d'un nazi, ça fait peur... »

J'avais conscience que mes mots étaient durs, mais ils étaient surtout bien choisi. Ce n'était pas Artur, qui parlait, c'était les idées qu'on lui avait enfoncées dans le crâne.

« Est ce que tu t'écoutes parler, parfois ? Autrement que pour te persuader du bien fondé de tes actions ? Des meurtriers, il y en a malheureusement des centaines de milliers dans le monde. Il y a ceux qui tuent sans le vouloir, les tueurs en série aux desseins glauques, les meurtriers de masse, ceux qui tuent pas vengeance... Tu connais bien mieux que moi les profils de tous ses tueurs. S'ils ont en commun le meurtre, je doute qu'ils soient tous des mutants. Ca ne tient pas debout ce que tu dis. La seule différence qu'il y a entre un pyromane et un pyrokinésiste, c'est que le second n'a pas besoin d'un briquet pour enflammer un bidon d'essence. Mais s'ils sont déterminés à détruire, c'est leur intention qui entre en jeu, par leur nature de mutant ou non. »

Si Artur était habitué à un discours aussi froid et, finalement, raisonné de ma part ? Probablement pas. Là, j'avais l'impression de les porter, mes trente années. Rien à voir avec mon habituelle attitude d'adolescente abrutie. Je peinais, je me retenais de ne pas hausser la voix, de me pas m'emporte, de ne pas laisser place à mon impulsivité habituelle.

« Comme partout, il y a des hommes, des femmes, mutants ou non qui se prennent pour les rois du monde. Il y a forcément des mutants qui tentent d'obtenir leur heure de gloire en se faisant passer pour des héros avant de devenir de vrais tyrans... Mais il y a aussi des humains et des mutants altruistes, qui veulent juste aider leur prochain... Tu as réfléchis deux minutes à tout le reste ? A ces mutants qui sont capables de guérir toutes les blessures et mettent leur don au service des autres ? Tu as pensé à ceux qui ont une force surhumaine et s'en servent, je ne sais pas, par exemple pour bâtir des immeubles ? Tu as essayé de réfléchir cinq minutes à tout ce que les mutants pouvaient apporter de bon ? »

Visiblement non. A l'entendre, Artur mettait tous les mutants dans le même panier, celui des gens à abattre.

« Ose me dire que tu irais tuer de sang froid un mutant qui n'a jamais causé de tort à personne, qui n'a jamais voulu qu'aider son prochain grâce à son don... Ose me dire que tu serais ce monstre... Nous ne sommes pas une maladie. Non mais tu t'écoutes, parfois ? »

J'avais haussé la voix, m'énervant pour de bon, et marquais un temps d'arrêt pour retrouver mon calme. J'inspirais profondément pour calmer les battements acharnés de mon cœur. J'avais tendance à tenir un discours passionné dans ce genre de cas, même si cela pouvait paraître parfois un peu too much.

« Nous ne sommes pas une maladie. Nous n'avons pas choisi ce que nous sommes, c'est la nature qui l'a fait pour nous. On ne peut pas lutter contre l'évolution, et ta jalousie ne pourra rien y faire. Tu ne rends même pas compte de la dureté de tes mots... A t'entendre, je suis un parasite, et la seule raison pour laquelle tu m'as fait l'immeeeense honneur de me vacciner au lieu de me tuer, c'est parce que nous partageons le même nom de famille. Avoue que c'est risible... »

Chassez le naturel, il revient au galop... Difficile de me passer de sarcasmes plus de dix minutes, mais je n'avais pas pour autant envie de rire. Jamais encore je n'avais été aussi en colère après mon frère, aussi dégoûtée par ses mots.

« C'est vous qui êtes trop bête pour accepter notre existence... Des mutants complètement cinglés il y en a et j'en ai déjà vu à l’œuvre, crois-moi ! Ces gens-là doivent être maîtrisés et jugés comme n'importe quel autre être humain. Mais ça ne donne pas le droit à qui que ce soit de les tuer aussi arbitrairement. Bordel on est en 2015, pas au Moyen-Âge ! On n'envoie pas les gens au bûcher parce qu'ils sont différents ! Ce que tu appelles vaccin, c'est la mort de l'évolution humaine. Point barre. C'est un poison, une saloperie qui va gangrener la population simplement parce que vous n'êtes pas foutu capables d'accepter que OUI on devrait brider la mutation de ceux qui en font un mauvais usage, mais NON ce n'est pas justifié pour ceux qui n'ont jamais fait de mal à personne. Surtout quand on... voit les effets secondaires qu'il provoque. »

A mon tour je me taisais, consciente que j'avais beaucoup parlé, bombardant Artur d'informations sans lui laisser le temps de répondre. Mais au moins, j'avais dis ce que j'avais à dire. Que ça lui plaise ou non. Qu'il parte en claquant la porte s'il était vexé, c'était bien le cadet de mes soucis. Il avait besoin d'entendre ça au moins une fois dans sa vie, et autant que ça soit moi qui le fasse.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeDim 24 Jan 2016 - 16:30

Poisoned by your fly infested poetry
Moira & Artur



Le chat prenait ses aises dans ses bras, son ronronnement avait quelque chose de surréaliste dans l’atmosphère apocalyptique qui régnait dans le salon, au milieu des éclats de verre et des pupilles sans vie de sa sœur. Sans oser s’approcher de sa sœur – et surtout de l’animal qui montait la garde à ses genoux – Artur resta à bonne distance du canapé, déambulant dans la pièce comme pour évacuer une nervosité étrangère à son habitude. Les questions de sa sœur s’enchaînaient, lui glaçant le sang autant que le forçant à réfléchir sur l’origine de son engagement chez les Hunters. Il va falloir que tu m’expliques. Cette discussion promettait d’être aussi complexe qu’épuisante, aussi longue à résoudre dans le temps qu’à prendre forme dans toutes les dimensions de ce qui datait, déjà, de plus de dix ans maintenant. Pourquoi en parler maintenant ? Parce que jusque là… ils n’avaient pas trouvé l’occasion d’aborder le sujet. Parce que jusque là, aussi, Artur avait tout fait pour ne pas avoir à aborder le sujet. La question avait beau être pertinente, il n’était particulièrement agréable de devoir regarder sa sœur dans les yeux et lui expliquer avec minutie et rigueur toutes les raisons qui pouvaient le pousser non seulement à détester les abominations dont elle faisait partie mais aussi à les éliminer. Froidement. Trop, dans son cas. Le fantôme de la mutante qu’il avait tuée planait encore dans les pensées d’Artur, comme la preuve évidente qu’il souffrait d’une certaine impassibilité maladive face à cette mort répandue sans l’ombre d’une hésitation, sans excitation ni écœurement. La question pertinente, question qui demandait une sincérité de sa part qu’il n’était pas certain de pouvoir fournir à sa sœur, occupa ses pensées le temps que ses doigts s’enfouissent dans la fourrure du chat. Et qu’il trouve un angle d’attaque. C’était au lycée, tout compte fait, qu’il plaisait le début de tout. L’abandon de sa sœur, la solitude face à une nouvelle école, l’incompréhension mêlée de colère, la peur mêlée de jalousie, un ensemble somme toute explosif. Au lycée où, plongé dans une quête éperdue sur le plan de la génétique, il s’était davantage démarqué de ses camarades de classe pour se laisser plus facilement happer par le reste. Et eux. S’il n’en parla pas à haute voix, ils furent bientôt là, à l’orée de ses pensées, dans une omniprésente aussi rassurante qu’oppressantes. C’était eux qui, les premiers depuis des années, lui avaient prouvés qu’ils l’écoutaient, qu’ils étaient là pour le comprendre, pour le soutenir et non pour se moquer de lui ou l’ignorer.

Si Artur pouvait se révéler extrêmement intelligent et tacticien, il était plus sensible que quiconque à la manipulation et il n’était guère difficile de l’influencer à partir du moment où on le caressait dans le sens du poil. Et ils avaient su s’y prendre avec lui, l’enchaînant avec des fils de soie dans une psychologie tournée vers l’extrême, débouchant sur une seule solution face au problème mutant : la mort. L’élimination, pas nécessairement systématique, mais la traque, l’analyse, la déshumanisation, au final, de ceux qui avaient un code génétique suffisamment déviant pour que des pouvoirs hors noms leur soient conférés. Rapidement, Artur se concentra autant sur ce qu’il disait que sur ce qu’il taisait. Sa sœur, sa quête, l’Irlande. Une pause. Il s’interdit de la regarder, préférant plonger son regard dans celui du chat qui, définitivement, l’avait adopté. Une phrase inachevée, il rebondit sur un sujet similaire : savait-elle, au final, combien de meurtres et de crimes avaient été commis par des mutants ces dernières années ? Le pourcentage était effrayant lorsqu’on cherchait une réponse à cette question. Des vols inexplicables, des morts aussi horribles qu’inévitables. La conclusion vint toute seule, comme un point d’orgue sur lequel s’arrêter dans sa diatribe certes réfléchie mais copiée, mot pour mot même, sur ce qu’on avait pu lui expliquer. Copiée du discours qu’on avait pu lui faire et qui lui avait permis, semblait il, de poser des mots sur ce dont il était intimement convaincu depuis des années. Vous êtes une maladie s’entendit-il articuler calmement, naturellement.

Dernier paragraphe de son court abstract, rampe de lancement vers une thèse plus détaillée sur le sujet qu’il se sentait tout à fait capable de rédiger dans l’heure si on le lui demandait. Les mutants étaient une maladie. Pire : une pandémie et s’ils n’arrêtaient pas dès à présent la contamination, ils verraient à court terme la disparition de l’Homo Sapiens. L’appellation vaccin n’a pas été choisie au hasard, après tout acheva-t-il, son regard échouant sur un instrument dans un coin de la pièce. Un violoncelle. Il n’eut pas le temps de laisser ses pensées s’attarder là-dessus que déjà la voix de Moira répondait.

Glaciale. Grave. Sérieuse. En accord complet avec cette discussion lourde de conséquence à n’en pas douter. Artur ne put s’empêcher de tressaillir en songeant à quelle portée cette voix aurait pu avoir en pleine possession de ses moyens. Sa sœur était handicapée. Définitivement, et il ne pensait pas à sa vue. Elle était handicapée, infirme, définitivement amputée d’une part d’elle-même. Et c’était de son fait. Etait-ce ce que vivaient les chirurgiens obligés d’amputer des soldats sans les consulter au préalable afin de séparer le membre gangréné pour sauver le reste du corps ? « Alors là... J'avoue que ça dépasse tout ce que j'ai pu imaginer. Toutes mes craintes tu ne les annihiles pas, tu les transcendes, Artur. Tu as le discours d'un... D'un... Oui voilà... Tu as pratiquement le discours d'un nazi, ça fait peur... » Une claque. Tu as pratiquement le discours d’un nazi. Il serra les dents pour retenir le sarcasme qui aurait naturellement fait son chemin entre ses lèvres. Pratiquement ? Un peu plus d’effort de sa part, donc, et le point Godwin eut été complètement justifié. « Est ce que tu t'écoutes parler, parfois ? Autrement que pour te persuader du bien fondé de tes actions ? Des meurtriers, il y en a malheureusement des centaines de milliers dans le monde. Il y a ceux qui tuent sans le vouloir, les tueurs en série aux desseins glauques, les meurtriers de masse, ceux qui tuent pas vengeance... Tu connais bien mieux que moi les profils de tous ses tueurs. S'ils ont en commun le meurtre, je doute qu'ils soient tous des mutants. Ca ne tient pas debout ce que tu dis. La seule différence qu'il y a entre un pyromane et un pyrokinésiste, c'est que le second n'a pas besoin d'un briquet pour enflammer un bidon d'essence. Mais s'ils sont déterminés à détruire, c'est leur intention qui entre en jeu, par leur nature de mutant ou non. » S’il s’écoutait parler ? Bien évidemment, il n’était pas encore sourd aux dernières nouvelles ; son hyperacousie avait même tendance à avoir le contraire dans la liste des conséquences. Quant à la différence entre un pyromane et un pyrokinésiste… Artur pinça les lèvres une nouvelle fois, conscient que tant que sa sœur n’aurait pas fini sa diatribe, il n’était d’aucune utilité d’aller à la confrontation en démolissant point par point les arguments qu’elle lui exposait avec un raisonnement qui se tenait. Pour une fois. Il l’écouta, donc. En silence. Tu as réfléchi deux minutes à tout le reste ? S’il y avait réfléchi ? Depuis dix ans, il y réfléchissait, depuis dix ans, il doutait et cessait de douter. Tuer de sang froid un mutant ? Etrangement, ça ne le dérangeait pas. Ca ne le dérangeait plus. Si l’idée l’avait hanté pendant des semaines et des mois, la mort de la DeMaggio avait réglé le problème : tuer, il en était capable. De sang-froid, il en était capable. Aider son prochain, une moue de mépris gratuit naquit sur les lèvres du petit frère face à cette preuve superflue de la bêtise de sa sœur.

Personne, strictement personne doué d’une mutation ne pouvait être suffisamment altruiste pour la mettre aux services des autres. Et personne ne lui ferait croire qu’un pyrokinésiste n’était pas fasciné par le feu, qu’un intangible n’avait jamais été tenté de s’immiscer dans un lieu interdit en toute impunité. Elle haussait la voix, les muscles d’Artur se crispaient peu à peu, ses caresses pour le chat se faisaient de plus en plus contrôlées pour ne pas céder à une brusquerie malencontreuse. « Nous ne sommes pas une maladie. Nous n'avons pas choisi ce que nous sommes, c'est la nature qui l'a fait pour nous. On ne peut pas lutter contre l'évolution, et ta jalousie ne pourra rien y faire. Tu ne rends même pas compte de la dureté de tes mots... A t'entendre, je suis un parasite, et la seule raison pour laquelle tu m'as fait l'immeeeense honneur de me vacciner au lieu de me tuer, c'est parce que nous partageons le même nom de famille. Avoue que c'est risible... » Il haussa un sourcil. Passif, le petit frère, mais attentif. Ce n’était pas risible, ça ne l’était absolument pas. Et ce n’était pas qu’il ne se rendait pas compte de la dureté de ses mots, c’était qu’elle ne se rendait pas compte du caractère vain de sa défense. Vain, fragile et inutile. Ce qu’elle disait, il l’avait déjà envisagé, on lui avait déjà prouvé que ce n’était que du vent. Et oui, si elle n’avait pas été sa sœur, il n’aurait en aucun cas perdu son temps à trouver une solution pour contenter sa conscience, Kingsley et pour sauver sa vie. Leurs vies. Si elle n’avait pas été sa sœur, Artur était conscient qu’il contemplerait son cadavre depuis des jours si ce n’étaient des semaines, et qu’il n’éprouverait qu’une certaine satisfaction devant un travail bien fait.

Et sa sœur ne se rendait visiblement pas compte qu’elle parlait dans le vide, dans le vent, qu’à défaut de cesser de l’entendre, Artur commençait réellement à cesser de l’écouter. Ce qu’elle tentait de lui dire ne l’intéressait par parce qu’il en connaissait autant la teneur que la stupidité. Les mutants complètement cinglés étaient bien plus nombreux que ce qu’elle pouvait penser ; Et son ridicule optimisme qui consistait à croire que toute personne pourvue de pouvoirs surnaturels n’en use jamais de manière égocentrique était aussi touchant qu’affligeant. Elle-même, il l’avait vu jouer avec sa mutation pour se venger ou juste pour le plaisir de l’éprouver. « C'est vous qui êtes trop bête pour accepter notre existence... Artur arqua un sourcil, laissa le chat dégringoler ses bras pour mieux les croiser sur sa poitrine. Ainsi, ils passaient de pratiquement nazis à complètement stupides, l’évolution était aussi notable qu’appréciable. « Ce que tu appelles vaccin, c'est la mort de l'évolution humaine. Point barre. C'est un poison, une saloperie qui va gangrener la population simplement parce que vous n'êtes pas foutu capables d'accepter que OUI on devrait brider la mutation de ceux qui en font un mauvais usage, mais NON ce n'est pas justifié pour ceux qui n'ont jamais fait de mal à personne. Surtout quand on... voit les effets secondaires qu'il provoque. » Ils passaient de nazis à stupides et elle de mutants à… comment ? L’évolution humaine ?

Il attendit quelques battements de cœur pour être sûr qu’elle n’avait rien de plus à ajouter pour s’enfoncer davantage. Du mépris. Du dédain. De l’indifférence et une once d’arrogance, voilà ce qu’il avait à lui répondre. Ce qu’il souhaitait lui dire, maintenant qu’il avait la certitude qu’elle en avait terminé ? C’était un doucereux merci pour ton intervention, j’imagine que tu détailleras ton chapitre sur la supériorité évidente des mutants sur l’espèce humaine une autre fois. Mais il ne pouvait pas se le permettre, bien sûr, ça ne serait en aucun cas dans son intérêt. Et Artur ne servait, au final, que ses propres intérêts au détriment de ses pensées réelles. Finalement, après une dizaine de secondes de mutisme complet et de silence perturbé par leurs respirations, Artur parvint à déterminer quelle réaction serait la plus adéquate. D’une voix douce, hurlant une volonté autant d’apaiser le conflit que de le reporter à une date ultérieure, il finit par chuchoter, tranchant avec l’attitude clairement agressive sur la fin de la voix forte de sa sœur. Il voulait se démarquer de l’attitude de Moira, se placer avec évidence comme le non-violent des deux, le plus ouvert d’esprit, le moins provoquant.

Après tout, n’était-ce pas elle qui avait réclamé de la sincérité de sa part ? Et qu’avait-il eu en retour face à cet aveu concéder avec timidité et maladresse ? Une agression, gratuite, violente, sans tentative de compréhension. En fait, en définitive, elle avait piétiné sa confiance, encore une fois. Elle avait dit vouloir le comprendre, elle n’avait fait que le condamner, le juger, le mépriser et se moquer de ses convictions. Artur cacha un sourire à ces quelques pensées, aussi conscient de leur caractère fallacieux que de leur justesse, une fois oublié qu’il n’était lui-même pas blanc comme neige dans l’affaire. « Je suis pratiquement un nazi, nous sommes trop bêtes pour accepter votre existence… Tu ne m’écoutes pas, Moira, tu n’essayes même pas d’essayer de voir les choses de mon point de vue, tu le condamnes directement, sans lui laisser la moindre chance. C’est à toi de t’écouter parler, parfois, grande-sœur. Parce que… pour quelqu’un qui se plaint que je ne sois pas sincère, tu as une drôle de façon de m’encourager à l’être. » La voix d’Artur n’avait pas bougé une seule seconde, restant aussi douce que déçue, aussi peinée que posée. Il inspira doucement, conscience que cela s’entendrait. « Mais tu n’as pas tort sur un point, les effets secondaires du vaccin ne sont en rien rassurants et je suis désolé de les avoir si bien considérés comme allant de soi que je n’ai toujours pas appelé les urgences pour que l’on puisse avoir un avis sur leur caractère définitif. Je reviens. » Sans lui laisser le choix, Artur s’éclipsa à l’extérieur de la bâtisse, sa jambe enjambant le montant de la baie vitrée explosée. Il ne lui fallut au final qu’une poignée de secondes pour s’expliquer. Il ne comprenait pas ce qu’il s’était passé, il venait voir sa sœur et c’était ainsi qu’il avait trouvé la maison. Vitre explosée, perte de vue, la panique dans sa voix était aussi convaincante qu’artificielle : son interlocuteur s’inquiéta rapidement autant pour la santé de la principale concernée que pour l’état du petit frère qui simula particulièrement bien des larmes difficilement contenues devant la cécité qui venait de frapper sa grande sœur.

Lorsqu’il revint dans le salon, ce fut pour dire d’une voix sincère dans son insensibilité. « Les secours arrivent, tu as approximativement une dizaine de minutes pour décider : soit j’argumente en faveur d’un délire post-traumatique, soit tu vas dans la direction de ma version, à savoir que je viens de te trouver ainsi, que tu ignores ce qu’il s’est passé. En tant qu’irlandaise, tu n’es toujours pas recensée comme mutante dans leurs données, et comme tu n’en es plus une, les tests à l’hôpital ne révèleront rien. Je propose que l’on s’en tienne à une version relativement sobre des dernières demi-heures » Il se pencha pour ramasser la seringue vide, s’appliqua à en ôter avec méticulosité toute trace d’ADN avant de la reposer. D’une voix toujours aussi professionnelle, il acheva dans un demi-sourire. « Etant donné que l’on vient de t’injecter une substance inconnue, des pertes de mémoire ne seraient pas une surprise… »

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Moira Kovalainen
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MessageSujet: Re: Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]   Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen] Icon_minitimeDim 24 Jan 2016 - 17:00

Poisoned by your fly infested poetry... [Ft. Artur Kovalainen]

" Give the world to me
A wasteland or a monarchy
Liar liar
Tell me what you see..."
Je ne comprenais pas mon frère, mais lui non plus ne me comprenais pas. Et c'était bien pour ça que nous avions un dialogue de sourd, tous les deux : Aucun de nous n'était prêt à véritablement écouter l'autre ou à accepter ses torts. Si je l'avais écouté, j'aurais du me mettre dans le crâne l'idée que j'étais un monstre de foire à éradiquer, et étrangement, j'avais un peu trop d'amour propre pour accepter ça.

« Tu sais pourquoi je ne te laisse aucune chance ? Parce que si je le fais, tu vas t'engouffrer dans la brèche et en profiter pour me répéter encore et encore que je suis un monstre, jusqu'à ce que je l'accepte. Parce que tu ne te contenteras pas d'une semi acceptation de ta cause. »

Artur restait calme, sa voix était posée et parfaitement maîtrisée... Peut-être un peu trop pour être réelle. Je comprenais à présent que dépourvue de l'un de mes sens, j'allais devoir mettre à profit le plus aiguisé des cinq pour déceler le vrai du faux dans le discours de mon frère : L'ouïe. Les prochaines discussions seraient un calvaire, fatigantes au possible, mais je me jurais de ne pas le laisser à nouveau m'embobiner. Je me sentais totalement à la merci de mon propre frère et je détestais ça. J'avais horreur de me sentir prise au piège, tout autant que je détestais l'imaginer satisfait de ses mauvaises actions. Bordel mais qui lui avait mis en tête toutes ces histoires ? Un seul nom s'imposa à mon esprit : Moren. On en revenait toujours à lui. Toujours le même monstre, le même taré qui avait empoisonné l'esprit d'Artur au point qu'il ne semblait plus faire la différence entre ses amis et ses ennemis.

« Ecoute... Je t'ai demandé d'être sincère, ça ne veut pas dire pour autant que j'approuve ce que tu fais, Artur. Tu n'en as peut-être rien à faire, mais j'ai peur que tu t'engages sur un chemin d'où tu ne pourras faire demi-tour. Vous avez l'impression d'être protégés ici, vous les hunters... Seulement, hors des frontières de la ville, c'est autre chose. Ce n'est pas pour rien qu'une fois remise de cette histoire, je compte bien partir d'ici. »

Et ça, ce n'était ni de la provocation, ni des paroles en l'air. Je songeais depuis quelques temps à quitter la ville pour aller m'installer ailleurs... Pourquoi pas retourner en Europe, d'ailleurs. Si j'étais restée, c'était uniquement à cause du blocus et parce que je savais qu'il y avait ici les réponses à mes questions au sujet de William. Or, maintenant que cette histoire était cruellement terminée, qu'est ce qui me retenait ? Artur aurait pu, s'il n'avait pas autant changé. Mes amis m'auraient manqué également... J'aurais peut-être pu les convaincre de partir eux aussi pour sauver leur peau, qui sait ? Toujours est-il que désormais, je n'aspirais plus qu'à fuir Radcliff au plus tôt. Cette ville puait la mort et la haine, pas franchement l'ambiance dont je rêvais au quotidien.
Lorsque Artur se leva pour appeler les urgences, je tentais de le retenir.

« Non... Artur ! Reviens ! Ne les app... Arrête, j'te dis, ça va, j'ai pas b'soin d'aller à l'hôpital, putain ! »

Il savait. Plus que quiconque il savait que je maudissais et haïssais les hôpitaux. J'avais une peur bleue des seringues et des aiguilles en tous genres, je fuyais les établissements hospitaliers comme la peste et n'allais jamais voir le médecin, sauf quand c'était vraiment nécessaire. Il le savait, l'enfoiré... Et je lui en voulais de me l'imposer sans me demander mon avis. Je ne voulais pas aller à l'hôpital et je n'irais pas. Point. Lorsqu'il revint, je tournais la tête dans sa direction, lui offrant ma plus belle expression mécontente.

« T'es vraiment qu'un petit con, tu sais ? Tu peux crever pour que j'aille à... »

Mais il ne me laissa pas terminer ma phrase. Je restais alors bouche bée devant son discours, stupéfaite et blessée par ce qu'il me disait. Il était prêt à me faire passer pour une folle juste pour s'assurer que j'irais bien à l'hôpital et ne l'emmerderais plus... J'étais d'autant plus blessée que je n'arrivais pas à imaginer mon si gentil petit frère me dire ça. Ce n'était plus Artur. C'était véritablement le monstre haineux qui avait pris sa place, qui me parlait. Alors je serrais les poings et les dents, me retenant de ne pas lui hurler de foutre le camp au plus vite.

« En fait tu n'es pas un petit con... T'es qu'un sale enfoiré, Artur. Mon frère n'aurait jamais fait ça. Tout ce que tu veux, c'est maîtriser ce qui t'entoure, tirer les ficelles et manipuler. Tu supportes pas que les choses n'aillent pas dans ton sens, et t'es prêt à me faire passer pour une malade juste pour être sûr que j'aille à l'hôpital. Et tu te sers du fait que je ne sois pas recensée comme mutante pour être certain que je n'irai pas te dénoncer. Mais tu sais quoi ? Vas-y ! Continue donc ! Tu vas voir quand ça te jouera des tours ! Je serais pas toujours là pour ramasser tes merdes... Je suis même pas certaine d'avoir encore envie de te défendre, Artur... »

Je me levais alors, tâtonnant autour de moi avec l'aide de Biscuit pour trouver mes chaussures et mon manteau. J'entendais déjà la sirène de l'ambulance résonner, me filant la nausée et la chair de poule au passage.

« Je sais c'que tu vas faire... Larmoyer, leur raconter des salades... Moi j'suis plus dupe. Alors tu vas gentiment sortir de chez moi et ne pas nous accompagner. Je veux pas de toi là-bas, c'est clair ? Tu reviendras quand tu seras prêt à faire autre chose que me nuire gratuitement. Ou plutôt tu reviendras quand tu seras prêt à être mon frère, pas un étranger complètement fou. »

J'avais beau avoir l'air en colère, je souffrais horriblement de la situation. J'aurais voulu qu'Artur me prenne dans ses bras et me rassure, mais c'était inenvisageable. Désormais, je savais que j'allais devoir me battre pour retrouver mon frère... Et qu'à l'arrivée, je n'aurais probablement que deux choix : Accepter ce qu'il était devenu, ou couper totalement les ponts avec lui. Aucune des deux perspectives ne m'allait...
Lorsque les urgentistes furent arrivés, je grommelais vaguement quelques mots, précisant que je m'occuperais des bris de verre en rentrant et qu'Artur avait bien mieux à faire que m'accompagner. S'ils eurent l'air d'hésiter un instant, l'urgence de mon cas sembla les convaincre.

Fous le camp, Artur... Retourne te complaire dans ta haine et laisse-moi ruminer la mienne. T'auras bien le temps de la voir venir et crois-moi, ce jour-là tu regretteras d'avoir fais confiance aux mauvaises personnes.
crackle bones


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