Roman se repointe dans la même rue. Il reprend le même chemin, de nuit, repasse exactement par les mêmes rues, les petites ruelles aussi, les chemins de traverse, les passages secrets. Il a ce sourire aux lèvres qui lui donne un air étrange sous la lumière de la Lune. Le Norvégien ne sait pas pourquoi il sourit bêtement de la sorte ; sans doute l'espoir. L'envie de recroiser la chouette mutante avec qui il a eu une toute aussi chouette conversation la dernière fois qu'il a fait une ronde. Il se remémore l'adrénaline qui a filtré ses veines une fois qu'elle s'est écrasée contre la poubelle, alors que son dos confrontait le métal et que le bruit en résultant avait résonné comme la plus douce des mélodies aux oreilles du chasseur. Ce soir, peut-être va-t-il réitérer l'expérience. Avec l'imprudente, ou avec l'un ou l'une de ses frères et sœurs. Les mutants sont tous de la même trempe : incapables, impudents, bornés, répugnants ou encore idiots. Ils n'ont rien dans le crâne. Tout ce qu'on leur dit rentre par une oreille et sort par l'autre. Ce sont de grands gamins à qui même le pire des coups ne laissera pas assez longtemps de marque pour qu'ils retiennent enfin la leçon. Roman fait partie de ces personnes qui se sont données pour mission de les remettre au mieux dans le droit chemin : déjà qu'ils incarnent une catégorie de « personne » (et encore...) qui n'a pas été gâtée par la vie, autant les aider à s'intégrer un peu plus. Et, quand ils n'y arrivent malheureusement pas... il n'existe qu'une seule solution. Tout le monde le sait. Roman le premier. Il passe pour un illuminé, un homme sans foi ni loi, un être à part entière uniquement créé pour réduire à néant les plus beaux espoirs, un vieux bougon qui ne peut vivre avec son « temps ». Mais le quinquagénaire est en plein dedans ; il sait que, bientôt, ces rues pourront être nettoyées de la menace mutant comme il se doit et que les populations seront enfin protégées. Véritablement en sécurité. En attendant, Roman se félicité d'être ce qu'il est, en se rappelant que, dans peu de temps, d'autres que lui le feront. Ils l'acclameront pour avoir osé la méthode idéale pour mettre à mal cette génération d'êtres tout sauf humain, pour avoir montré l'exemple. L'ex-russe ne voit que cette issue, que cette possibilité. Il n'imagine pas un instant qu'on puisse remettre en question sa façon de voir les choses ; seules les blessures qui parsèment son corps, son visage, ses mains, bras, cou et même une partie de son crâne ravagé par les attaques de ces monstres, peuvent laisser entendre que ce qu'il fait n'est pas bon, que cela mène d'une énième manière au conflit avec ces dégénérés. Mais non, bien sûr que non. S'il marche encore ce soir dans cette rue (pour l'instant) déserte, c'est justement pour démontré à tous les sceptiques que c'est de cette manière que l'on met toutes les chances de son côté, qu'on prend les devants, les armes, qu'on guide une révolte et qu'on ne se laisse pas faire. Roman fronce le nez à l'idée de toutes ces personnes qui pensent que la paix entre eux et les « autres » aura lieu un jour. Quelle belle bande de naïfs ! C'en devient ridicule, voire méprisable. Ses pas lourds de sens foulent le trottoir de l'une des rues principales de Radcliff. La dernière fois, c'est par ici qu'il est tombé sur la mutante se prétendant photographe. Un ricanement bref lui échappe. N'aurait-elle pas pu trouver mieux comme couverture ? Il en est certain. Roman aurait dû lui demander si c'est comme ça qu'elle repère les lieux pour une possible prochaine attaque, une autre explosion dévastatrice grâce à sa mutation des plus répugnantes, mais qui n'a pas manqué de rappeler au Norvégien le propre pouvoir de sa mutante. Enfin, s'il peut supposément dire qu'elle lui appartient encore, avec tout ce qui s'est passé ces derniers temps. Son arme bien installée contre son épaule, le chasseur inspecte les alentours d'un regard vague. Il n'a pas l'impression qu'il se passe quoi que ce soit d'anormal ici. Dommage. Haussant les épaules, dans ce geste de dédain face au reste du monde qu'il emploie souvent, il poursuit sa route, sans se préoccuper de cette silhouette silencieuse qui vient de se dessiner à l'autre bout de la rue.
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Sujet: Re: one for the road. Jeu 24 Déc 2015 - 2:31
one for the road
HOLY WATER CANNOT HELP YOU NOW, SEE I'VE HAVE TO BURN YOUR KINGDOM DOWN. AND NO RIVERS AND NO LAKES CAN PUT THE FIRE OUT. I'M GONNA RAISE THE STAKES, I'M GONNA SMOKE YOU OUT. SEVEN DEVILS ALL AROUND ME, SEVEN DEVILS IN MY HOUSE, SEE THEY WERE THERE WHEN I WOKE UP THIS MORNING AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. SEVEN DEVILS ALL AROUND YOU, SEVEN DEVILS IN YOUR HOUSE, SEE I WAS DEAD WHEN I WOKE UP THIS MORNING, AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. BEFORE THE DAY IS DONE. (ambiance).
Les teintes des hématomes qui couvraient le corps d'Evie, Adrian les avait imprimées sur les rétines. Les nuances violacées et bleuâtres, d'un pourpre soutenu ou d'un jaune éteint dénotaient sur la peau ivoire de la belle ; et rien que de songer à l'étendue de ses meurtrissures, sa moitié en avait presque la nausée. Le jeune homme avait littéralement lâché tout ce qu'il avait entre les mains – un carton de mauvais alcools – lorsqu'on lui avait appris que son épouse était à l'hôpital. Son cœur avait manqué plusieurs battements avant d'adopter une cadence rapide – paniquée. Ce n'était même pas Evie qui lui avait téléphoné, c'était Scarlett. Adrian n'avait pas perdu une seconde et s'était précipité aux urgences, le palpitant au bord des lèvres et la gorge serrée au point d'en rendre sa respiration difficile. La simple idée qu'il ait pu arriver quoi que ce soit à Evie par accident lui était déjà bien assez insupportable, mais lorsque sa belle-sœur lui était tombée dessus comme une véritable furie et l'avait accusé d'avoir levé la main sur sa femme, il avait immédiatement compris que les choses étaient sérieuses, que quelqu'un avait osé. Il avait vu rouge, avant d'être ramené à la réalité par les accusations ignobles et les vociférations criardes de Susan. Lui, s'en prendre physiquement à Evie ? Il aurait préféré qu'on l'ampute des deux mains, qu'on le balance sous un train lancé à pleine vitesse, qu'on lui fasse subir les pires supplices ; il mourrait avant de l'avoir malmenée. Tout aussi furieux qu'il avait été inquiet, il avait littéralement écarté Susan de son chemin comme si elle n'avait pas pesé plus lourd qu'un plume, et avait atterri dans la chambre d'hôpital d'Evie avec une expression folle déformant ses traits. D'abord, il s'était jeté au chevet de sa femme, dont l'état lui avait fait cracher un chapelet de jurons norvégiens. Incapable de s'en empêcher, il avait fallu qu'il la touche, qu'il s'assure qu'elle allait bien à présent – autant que possible – qu'elle était en sécurité... Et il lui avait répété qu'il était là, encore et encore et encore, assis sur un coin du lit d'hôpital, Evie blottie contre son épaules, ses bras étroitement serrés autour d'elle. Mais alors même qu'il s'efforçait de la rassurer, il avait senti une rage aveugle s'éveiller en lui, lentement mais sûrement.
On ne touchait pas à Evie. D'abord, parce qu'elle était la personne la plus douce qu'il connaissait, délicate, patiente et compatissante. Elle n'était pas du genre à élever la voix, à se mettre en colère... A bien y songer, il ne se souvenait pas l'avoir jamais vue réellement furieuse ; le colérique, c'était lui. Et Adrian n'avait pas été aussi avide de représailles depuis la mort d'Amelia. Avant même que l'idée n'ait terminé de faire son chemin, il avait su que c'en était une bien mauvaise, et qu'il aurait eu tout intérêt à rester auprès d'Evie pour prendre soin d'elle. Hélas, les sales habitudes étant coriaces, il se savait incapable de rester de marbre, pas alors que l'inconscient qui s'en était pris à elle était libre d'arpenter tranquillement les rues de Radcliff. Le bourreau d'Evie, Adrian allait le retrouver. Et il lui ferait payer au centuple chaque hématome, chaque écorchure, chaque plaie, jusqu'à l'en faire crever de douleur et de regrets. Il le ferait sans remords. Sans sursauts de conscience. Sans états d'âme. Parce que s'en prendre à Evie, la frapper, c'était signer son propre arrêt de mort, nouer le nœud de sa corde de pendu. La sentir trembler et sangloter doucement contre lui, ça lui avait réduit le cœur en miettes, parce que ce genre de chose n'aurait jamais dû lui arriver. La culpabilité le rongeait – il n'avait pas été là pour la protéger – à tel point qu'il n'avait même pas songé à lui demander ce qu'elle faisait dehors après le couvre-feu. Quoi qu'il lui soit arrivé, ce n'était pas de sa faute, il fallait simplement avoir l'esprit dérangé pour s'en prendre à une femme comme Evie. Et pour son époux, ce n'était pas une offense qui pouvait rester impunie. Faisant preuve d'autant de tact et de délicatesse que possible, Adrian lui avait demandé de lui expliquer minutieusement ce qui lui était arrivé, et surtout de ne lui épargner aucun détail concernant son agresseur. Parce que ce type, qui qu'il puisse être il aller le retrouver et lui faire la peau. Il aurait pu s'agir de Lancaster lui-même que ça ne lui aurait fait ni chaud ni froid, lorsqu'il s'agissait d'Evie, Adrian ne se connaissait pas de limites – et c'était bien là le problème. Pour elle, il était capable de faire n'importe quoi, de s'en prendre à n'importe qui. Son affection pour elle – à la limite de l'obsession, inutile de le nier – finirait par lui coûter cher, mais ça lui était parfaitement égal. Il l'aimait, il avait fait le serment de la protéger de tout et tous lorsqu'il l'avait épousée, et il avait déjà failli à sa promesse à de trop nombreuses reprises. Cette fois-ci, pas question de rester les bras croisés alors qu'elle gisait sur un lit d'hôpital, meurtrie et très probablement traumatisée.
Quitter l'hôpital ne fut pas aisé pour Adrian, qui aurait souhaité pouvoir rester auprès d'Evie jusqu'à ce qu'elle soit en mesure de rentrer chez eux, mais on l'avait mis dehors. Les heures de visite étaient terminées, et si ça l'avait mis en rogne il savait au moins qu'en compagnie de Scarlett, elle ne risquait rien. Il savait que l'amie d'Evie était mutante, et que son don était bien plus destructeur que son attitude éternellement calme ne laissait supposer. Être foutu à la porte de l'hôpital, ça lui donnait une bonne excuse pour se mettre à traquer l'imbécile qui y avait envoyé son Adorée, et lui régler son compte avant qu'il ne puisse s'en prendre à qui que ce soit d'autre. Qu'il puisse s'agir d'un Hunter – un supposé compagnon d'armes – effleura vaguement l'esprit du jeune homme, sans qu'il ne s'arrête à cette information. Hunter, mutant, fou dangereux... Quelle différence ? Il s'en était pris à Evie, il allait payer, il ne servait à rien de tergiverser inutilement sur le sujet. La rage au ventre, Adrian était repassé à son appartement pour s'armer comme il le fallait, avait appelé le patron du bar pour le prévenir qu'il avait une affaire personnelle urgente à régler, et il s'était mis en chasse, comme un parfait prédateur, déterminé à ne s'arrêter qu'une fois sa proie trouvée et massacrée. Evie aurait détesté le savoir parti pour en découdre avec son agresseur, mais Adrian n'était tout simplement plus capable de raisonner correctement, logiquement. Guidé par le plus primaire des instincts, Adrian s'était rendu jusqu'à la rue où c'était arrivé, là où Evie avait manqué de perdre la vie. Rien que d'y songer, ses entrailles se tordaient. La perdre, ce serait comme lui arracher le cœur et le lui faire avaler de force, elle était bien plus qu'une compagne, elle était son âme-sœur, son dernier point d'ancrage à la raison, la mère de sa fille, elle était Elle.
Les poings serrés, il s'était engouffré dans la pénombre de la ruelle, une expression furibonde déformant ses traits déjà ravagés par une fatigue dont il était incapable de se défaire. À ce point obnubilé par ses pensées vengeresses, il manqua de peu de heurter l'homme qui arrivait en sens inverse, leurs épaules s'effleurèrent... Et Adrian freina les talons, fit volte-face. Il eut comme l'impression d'être frappé par un spectre, le visage de l'homme lui laissa une drôle d'impression de déjà-vu, à laquelle il ne prêta cependant que peu d'attention. Les descriptions entrecoupées de sanglots d'Evie lui revinrent en mémoire comme un boomerang ; le hasard fait bien les choses. Il blêmit, sentit le sang quitter son visage avant d'y remonter tout aussi soudainement, comme la lave bouillante d'un volcan. Grimace tordant ses lèvres, veines en feu, membres agités par de violentes pulsions, il rattrapa l'homme en quelques foulées rapides. Sa silhouette, il l'analyse rapidement – il distingue la forme d'une arme contre son épaule, remarque qu'il le dépasse d'une demie tête, mais qu'il est d'une carrure presque aussi large que la sienne. Un être à ne pas sous-estimer, mais cela ne l'empêche pas de le saisir d'une main par l'épaule, de l'autre par le crâne et sans crier gare l'envoya heurter brusquement le mur sur leur gauche. Dommage que la benne à ordures n'ait pas été plus proche ; il l'aurait bien volontiers balancé contre, comme il avait osé le faire avec Evie. Adrian laisse à peine à l'homme le temps de reprendre ses esprits, et profite qu'il soit encore en train de se relever pour lui envoyer son genou dans la mâchoire avec un petit ricanement vicieux. « Ma femme vous passe le bonsoir », qu'il se contenta de lui cracher sur un ton glacial, une lueur folle brillant au fond de son regard. Il allait le tuer. Peut-être lentement, peut-être rapidement ; ça n'avait que peu d'importance au final. Il allait le tuer, pour avoir touché à la femme de sa vie, pour avoir manqué de la lui arracher. Adrian avait eu la peur de sa vie quand Scarlett lui avait appris qu'Evie était à l'hôpital, pendant une seconde il avait envisagé le pire – une vie fade sans elle, avait imaginé Aurora sans sa mère... Intolérable.
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Sujet: Re: one for the road. Lun 11 Jan 2016 - 0:35
Dans la famille Griske, on a toujours appris à ne pas regretter le moindre geste, la plus petite action, la parole la plus minime. On assume tout, jusqu'au bout. On se défait de la raison, de la morale, du bien-fondé, on ne songe qu'à aller au bout des choses pour ne pas s'en mordre les doigts. Et Roman n'a jamais éprouvé ce sentiment étrange du regret. Il a passé les cinquante dernières années de sa vie à foncer dans le tas, pour ne perdre aucune journée et ne pas laisser passer la moindre occasion. Lorsqu'il a croisé cette femme, il y a de ça quelques soirs, et qu'il a compris à qui il avait affaire, il n'a donc pas hésité. C'est dans ses gênes. Le doute, l'appréhension, la réflexion même, sont des choses qui sont absentes de son vocabulaire depuis aussi loin qu'il veuille bien concéder à s'en souvenir, ou ne sont pas les mêmes que chez les autres individus (et par individu, il entend les non-dégénérés qui peuplent encore -par chance- cette planète, les autres ne comptent pas). Et c'est pour toutes ces raisons, toutes ces choses qui le différencient du commun des bas mortels, que Griske n'a pas honte de se repointer à l'endroit même où il a malmené une mutante. Seulement, il envisage trop tard cette main qui se dépose sur son épaule, cette autre qui empoigne l'arrière de son crâne, et son visage entre sans crier gare en contact avec le mur le plus proche. Le quinquagénaire est un peu sonné. Il enregistre peu à peu ce qui vient de se passer mais les battements de son cœur ne s'affolent pas pour autant. Ou alors à cause de l'euphorie qui le gagne. Lui qui se plaignait de ne rien voir se passer dans cette rue déserte, le voilà satisfait de la tournure des choses. Un sourire orne ses lèvres décharnées. Décidément, son beau visage ne sera jamais délaissé, et ce par qui que ce soit. Dans un premier essai pour se remettre d'aplomb, Roman sent une nouvelle morsure au niveau de sa mâchoire, qui donne l'impression de s'être décrochée sous la violence de l'attaque. L'ex-russe entend de façon distincte l'os se déplacer dans un crissement net et précis. Toutefois, tout comme son âme robuste, son cœur a déjà subi assez de crise dans le genre pour être paré à toutes les éventualités. Dans un geste brusque de la tête, tel un serpent prêt à sortir les crocs, Roman observe son tout nouvel assaillant. Il se relève brusquement et s'éloigne de ce dernier dans un même geste, avant de déposer ses mains sur ses genoux. Il sourit toujours. La mimique à la fois rieuse et moqueuse n'est pas partie ; elle est restée bel et bien là, elle n'a pas abandonné le navire. Elle fait partie du personnage glaçant qu'est le Norvégien. Relevant son visage en direction du grand blond non loin, le quinquagénaire laisse le dos de sa main droite venir essuyer le sang qui s'évade de sa bouche. « C'est vrai ? », qu'il quémande alors d'une voix rauque, car éprouvée par cette petite mise en bouche. Le regard de Roman dérive sur son arme qui est tombée à quelques pas de lui lorsque l'inconnu est arrivé par derrière. Enfin, inconnu, c'est vite dit. Ils ont une connaissance en commun apparemment. L'ex-russe ne peut s'empêcher d'imaginer le corps et le visage abîmés de la personne en question et ça ne fait que redoubler son envie de rire de l'affront que lui fait cet homme venu d'il ne sait où. Ce dernier viendra sans doute le remercier lorsqu'il l'aura débarrassé pour de bon de la dégénéré, bien qu'il donne le sentiment de ne pas vraiment être en chemin pour. « Elle réussit à parler malgré sa gueule amochée ? », qu'il cherche à se renseigner alors que sa main s'abat une nouvelle fois contre son visage. Roman sait qu'il joue avec le feu. Mais il a besoin de voir jusqu'où est capable d'aller cet homme. Et il déteste reculer, ou s'excuser. D'ailleurs, la preuve, il sait pas s'y pendre et, lorsqu'il essaye quelque chose en ce sens, il s'y prend très mal. On peut penser que ses mots dépassent sa pensée, mais il n'en est rien : Griske s'amuse de ce genre de réaction. Peut-être pense-t-il aussi que, ces derniers temps, il n'a pas rencontré assez de personnes dans le style de cet homme surgi de nulle part et qu'il a besoin de sentir cette adrénaline qui fluctue au cœur de ses veines en ce moment même. Ça lui manque. De trop. Et ce besoin vital fait faire des folies à cet homme qui n'est déjà pas très net de nature. « J'ai pas frappé assez fort, sans doute. » Roman toussote, crache un peu ses poumons, ces derniers étant déjà affectés par d'anciennes blessures qui se réveillent soudain (et qui vont sans doute continuer à s'éveiller vu les prunelles sauvages de son interlocuteur), avant de secouer la tête, l'air un peu moins avenant (si on peut le considérer ainsi), puis de redresser ses iris glacées dans celles du blond à quelques enjambées de son être. « T'es quoi ? Son adorable mari ? T'aurais pu lui rappeler que les petites connes dans son genre ne doivent pas sortir seule la nuit, à une heure où il est conseillé de rester chez soi pour éviter ce genre de... déconvenue. Et puis si tu veux plus avoir à régler ses petits problèmes répugnants de dégénérée, vaccine-la. Je te promets que ça va te changer la vie. »
Spoiler:
Je suis désolée de ce truc tout nul mais je le voyais mal attaquer direct, puis un peu de provocation en plus c'est bien, non ? sinon tu me dis et je modifie ce qu'il faut, aucun problemo
Dernière édition par Roman Griske le Mar 12 Jan 2016 - 11:51, édité 1 fois
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Sujet: Re: one for the road. Mar 12 Jan 2016 - 5:56
one for the road
HOLY WATER CANNOT HELP YOU NOW, SEE I'VE HAVE TO BURN YOUR KINGDOM DOWN. AND NO RIVERS AND NO LAKES CAN PUT THE FIRE OUT. I'M GONNA RAISE THE STAKES, I'M GONNA SMOKE YOU OUT. SEVEN DEVILS ALL AROUND ME, SEVEN DEVILS IN MY HOUSE, SEE THEY WERE THERE WHEN I WOKE UP THIS MORNING AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. SEVEN DEVILS ALL AROUND YOU, SEVEN DEVILS IN YOUR HOUSE, SEE I WAS DEAD WHEN I WOKE UP THIS MORNING, AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. BEFORE THE DAY IS DONE. (ambiance).
À partir de cet instant, chaque parole que l'homme prononcerait serait utilisée contre lui, comme de l'essence pour alimenter la colère d'Adrian. Si le vieux était malin, il la fermerait, et il en finirait rapidement avec lui au lieu de prendre son temps. Et Dieu savait à quel point il en avait envie. Rien que d'imaginer ce qu'il avait fait à Evie... sa peur et sa douleur... les coups... Et il revenait tranquillement sur les lieux de son crime, comme le grand névrosé qu'il était certainement. Eh bien, ça aurait au moins sauvé à Adrian des jours de traque. Et comme disait le dicton, le karma est une salope, alors il allait crever là où il avait cru bon d'agresser Evelyn Blackwood. Les poings serrés au point d'en faire blanchir ses jointures, les lèvres toujours déformées par une grimace assassine, il laissa l'homme se relever, reprendre son souffle, et surtout voir à qui il avait affaire. Il avait déjà envie de lui faire ravaler son sourire d'un bon coup de poing dans l'angle de la mâchoire mais il se retint, se contenta de le dévisager avec dégoût. Patience, songeait-il. Rien ne pressait, il avait toute la nuit devant lui et pas l'ombre d'un remord à l'horizon. Son regard suivit le même chemin que celui de son adversaire, et il inclina légèrement la tête sur le côté avec un rictus amusé, lorsqu'il aperçut son arme qui était tombée lorsqu'il lui avait fait goûter aux briques du mur de l'allée. D'un petit coup de pied, il envoya l'arme glisser sous une poubelle – hors de portée. Un sifflement furibond s'échappa d'entre ses lèvres pincées lorsque l'homme ouvrit la bouche, et Adrian dut faire appel au peu de self-control qu'il possédait encore pour ne pas se jeter sur lui comme un fauve enragé. Sa gueule amochée. Eh bien voilà, il en était à présent certain, il allait le tuer lentement. Et il y prendrait même un certain plaisir, comme cet enflure avait dû apprécier faire couler le sang d'Evie et marquer sa peau d'hématomes. Il n'y avait pas même un semblant de regret ou de peur dans son regard, et plutôt que d'éveiller la méfiance du jeune homme, cela le confortait dans son idée que cet homme, en plus d'être un danger public, était une raclure de première catégorie.
Il serra les mâchoires lorsque l'homme reprit la parole comme pour lui faire savoir qu'il regrettait de ne pas avoir frappé sa femme suffisamment fort pour l'empêcher de pouvoir parler. Ses membres tremblaient, l'adrénaline faisait pulser le sang dans ses veines comme un furieux tambour de guerre. Ce fut tout juste s'il haussa un sourcil lorsque le vieux se mit à tousser comme s'il était sur le point de cracher ses poumons à ses pieds, pas le moins du monde gêné pour lui. La seule chose qui l'ennuierait vraiment, ce serait qu'il passe l'arme à gauche avant qu'il lui ait rendu la monnaie de sa pièce. Mais loin de lui l'idée de compatir d'une quelconque façon avec lui, et s'il avait une santé déplorable, tant mieux. Adrian se foutait bien que le combat soit équitable – il ne l'avait certainement pas été quand il s'en était pris à Evie. Il se mordit la lèvre tandis que la voix de l'homme s'élevait de nouveau dans l'allée, serra et desserra les poings. Il voulait jouer avec le feu ; qu'il ne se plaigne pas quand l'incendie le dévorerait. Leurs regards se croisent finalement et pendant une fraction de seconde, Adrian croit reconnaître quelque chose, quelqu'un. L'impression fut chassée d'un petit geste de la tête, et un sourire carnassier trouva sa place sur son visage. « Oh oui, je suis son mari. Mais pour ce qui est d'être adorable, je crains que vous ne soyez vite déçu. » Lui aussi pouvait employer le sarcasme, lui aussi pouvait jouer. Que ce soit bien clair, il n'avait pas agi sur un coup de tête, il n'était pas stupide au point de partir en vendetta contre un chasseur sans se savoir capable de lui régler son compte. Il ne serait pas le premier qu'il éliminait pour protéger sa famille, et sans doute ne serait-il pas le dernier. Ce qu'il avait fait à Evie lui rappelait un peu trop ce qui était arrivé à Amelia et surtout son incapacité à protéger cette dernière lorsqu'elle en avait eu besoin. Il s'était juré que ça n'arriverait pas avec Evie, qu'on ne la lui arracherait pas ainsi. Alors Hunters, mutants, personnes lambda... Aucune différence pour le jeune homme. Ce type aurait pu être le Pape qu'il n'aurait pas eu moins envie de lui cracher à la gueule.
« Le seul dégénéré ici, c'est vous. » Il se tapota la tempe d'un doigt, sans se départir de son sourire qui prenait de plus en plus des airs de rictus fou. « Faut vraiment avoir de l'acide à la place du cerveau pour s'en prendre à une femme comme la mienne. Parce que figurez-vous, c'est pas Evie la plus dangereuse d'entre nous deux. C'est pas elle qui a du sang sur les mains. Même avec sa mutation, c'est un agneau à côté de moi. » Evie n'avait jamais tué personne, elle n'avait même jamais osé lui coller une bonne paire de claques alors que Dieu savait à quel point il les aurait méritées. Non, vraiment, le vieux avait mal choisi sa victime. Il aurait mieux fait de se renseigner un peu avant de lui tomber dessus – ou non, ça aurait été dans son intérêt – ça lui aurait épargné cette fâcheuse... déconvenue. « La seule chose qui me un vrai pose problème, c'est vous. » Il fit craquer ses phalanges, se rapprocha d'un pas. « Et mes problèmes, je les règle. Définitivement. » Adrian donne l'impression de se ramasser sur lui-même, à la manière d'un lion sur le point de bondir sur sa proie. « Il ne fallait pas la toucher. Pas elle. » Grossière erreur. Elle transparaissait peut-être un peu trop bien, son âme d'époux terrifiée à l'idée de perdre sa moitié. C'était clair, indéniable, Adrian était tout simplement horrifié par la simple idée qu'on ait pu manquer de lui prendre sa tendre Evie. « Il ne fallait pas la toucher ! » qu'il cracha instinctivement en norvégien, la rage déformant subitement son expression jusque là mi-sérieuse, mi-moqueuse.
Un grognement presque animal lui échappe, et il s'élance. D'abord, son poing rencontra l'angle de la mâchoire. Il peut sentir ses propres os craquer à cause de la force de l'impact, mais ça lui était bien égale. La douleur était comme une vieille amie que le Blackwood avait appris à accueillir. Jamais avec le sourire, mais jamais avec les larmes non plus. Il savait avoir mal. Pas Evie. Pas Evie... Son genou rencontra un estomac, deux fois, puis son talon alla s'écraser avec violence contre un tibia. Il avait les capacités d'un militaire bien entraîné, mais il lui manquait la volonté d'en finir vite. Aveuglé par la colère, Adrian laissait ses pires instincts prendre le dessus, il était à présent plus bête sauvage qu'homme, le souvenir glaçant d'Evie dans son lit d'hôpital rongeant sa raison et son sens moral. Ses poings fendent à nouveau l'air, l'un s'écrase contre la clavicule de son ennemi, l'autre au milieu de ses côtes. Il bouillonnait de rage, c'était tout juste s'il n'était pas fiévreux. « C'est tout de suite moins sympathique quand l'opposant sait se défendre, non ? » Il repousse l'homme en arrière d'un geste brusque, comme une provocation enfantine. « NON ?! »
Adrian:
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Sujet: Re: one for the road. Mar 12 Jan 2016 - 16:23
Roman ricane de la réponse qu'il obtient. Même s'il n'en donne pas l'air, ni que cet instant soit le bon moment pour se laisser aller à une franche rigolade, c'est un petit rigolo dans son genre. Il se fout de l'air mauvais que lui renvoie le gars en face de lui, encore plus de la possible déception qu'il va apparemment pouvoir ressentir. Le quinquagénaire s'est moque. Il ne réalise pas vraiment ce que sous-entend son assaillant, en parlant de sa femme qui n'est pas la plus dangereuse, ou encore que le problème, ce ne sont pas tous les mutants, tout le reste, mais bel et bien lui. Roman Griske. Arquant l'un de ses sourcils détruits par l'attaque de Johan il y a de ça quelques mois, le Norvégien continue à offrir son plus beau sourire d'hypocrite. Même s'il ne prétend pas n'avoir rien fait à cette fameuse mutante à voix haute, il peut peut-être le tenter à travers les traits de son visage. Mais il devine que ça ne sert plus à rien de « nier ». Alors c'est vrai ? C'est lui le dégénéré ? Il va peut-être finir par y croire à force de l'entendre. Et il va peut-être en avoir marre, aussi, d'entendre toutes ces conneries à son encontre. L'ex-russe veut bien qu'on l'accuse de tous les maux, qu'on le traite de tous les noms (et encore), mais être comparé au pire est une chose qui lui hérisse le poil. Toutefois, il doit admettre que cela accompagne à merveille les premiers coups qu'il vient de prendre. Roman se redresse au moment où le grand blond fait un pas vers lui. Il entend le craquement de ses phalanges rebondir contre ses tympans dans un son clair, distinct. Après tout, ils sont seuls dans cette rue déserte. Du coin de l'oeil, Griske détourne son attention de l'homme pour remettre le doigt sur la bonne ruelle où il a entraîné (enfin, où la mutante s'est engagée seule en vérité) Evelyn, juste pour se remémorer les émotions fortes que ce face à face a engendré chez lui. Il inspire lentement une nouvelle bouffée d'air avant de se concentrer de nouveau sur le mari revanchard qui lui fait face désormais. Si un jour on lui avait dit que ça lui arriverait, il n'y aurait pas cru. Les palabres qui sont soudain prononcées dans un norvégien qu'il ne connaît et ne reconnaît que trop bien interpelle les sens du quinquagénaire, qui accueille un nouveau coup en plein mâchoire. Cette fois-ci, il ne sourit plus. Il entend ses os se craqueler, se fissurer, souffrir un peu mais pas encore assez, au niveau de son estomac, de ses jambes, de son cou et à nouveau vers ses côtés. Il n'a pas le temps de respirer entre les assauts. Il les encaisse en reculant un peu, sans même avoir le temps de répliquer. Le blond ne doit pas connaître ce qu'est un combat à la loyale ; Roman non plus. On lui prend ses chances, il les arrache. On le provoque, il réplique. Si l'opposant sait se défendre comme il le prétend, le Norvégien maîtrise l'art de l'attaque. Lorsque l'inconnu ose le repousser, d'une tape presque sympathique sur l'épaule, l'ex-russe y voit l'opportunité de lui offrir un retour de bâton digne de ce nom : alors que son pied se soulève un peu à cause du déséquilibre engagé par le blond, Roman reprend contenance de tout son poids sur cette même jambe et laisse son poing gauche se serrer dans l'initiative, avant que ce dernier n’atterrisse en plein visage de son adversaire. A son tour de ne pas lui laisser le temps de réfléchir, ou même de se poser les bonnes questions ; à lui de se retrouver un peu déboussoler par les événements. Pour le coup, Roman oublie l'endroit où il se trouve, pourquoi il se bat, pourquoi il répond à ces conneries, pourquoi il ne se jette pas sous cette poubelle pour récupérer son flingue et lui coller un balle dans le cœur et entre les deux yeux. Il se laisse guider par son instinct destructeur, celui qui prend trop souvent le dessus ces derniers temps, celui qui prouve que cet homme ne tourne pas rond, et il abat un coup de coude au niveau du dos courbé du grand blond. Il entreprend de le pousser sur le côté de la même manière que ce dernier a pu le faire juste avant, avec ce même dédain dans le geste, cette façon d'être trop appréciable et enjôleuse pour être en accord avec ce qui se passe. Il continue à le faire de plus en plus fort, de plus en plus vite, jusqu'à ce que le corps de l'homme rencontre le mur le plus proche. Il voit le sang qui s'étale contre la brique alors que le visage de son assaillant vient d'y laisser la peau immaculée de sa joue. Roman se délecte de cet instant, en vainqueur à jamais insatisfait qu'il est. Sans perdre une minute de plus, il vient se placer face à ce pauvre gars qui cherche à se rattraper au mur rugueux, aussi indélicat que la poigne de Griske lorsqu'il se permet de lui éviter la moindre peine en le retournant brusquement dos au mur, afin de pouvoir imprimer pour de bon les traits de ce nouvel ennemi dans sa mémoire. Il vient glisser ses doigts au creux de sa longue chevelure blonde, avant de s'y agripper pour ne pas lui laisser la moindre chance d'oublier ce qu'il va lui dire. Comme toujours, Roman garde toujours à l'esprit ce besoin de faire son effet, de laisser un souvenir impérissable à ceux qui le désirent ; c'est-à-dire à ceux qui osent lui faire un affront comme celui que vient de faire cet espèce d'imbécile. Laissant sa main droite venir tapoter sa joue blessée à deux ou trois petites reprises, il laisse un pouffement lui échapper. C'est bon ? Il a toute sa pitoyable attention ? « J'aurais dû lui arracher la peau à ton agneau... » Et, sa main reprenant sa place initiale, Roman se permet un dernier sourire déformé par la douleur de sa mâchoire, avant d'offrir à l'homme un coup de tête tel qu'il les maîtrise depuis de longues, très longues, années. Et Griske n'a jamais eu de retour négatif quant à ces derniers. Pour achever le tableau sur une note positive, le quinquagénaire repousse avec force le blond sur le côté, pour que ce dernier aille s'écraser, face la première contre le trottoir s'il en a envie, loin de lui.
Dernière édition par Roman Griske le Ven 15 Jan 2016 - 0:15, édité 1 fois
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Sujet: Re: one for the road. Jeu 14 Jan 2016 - 2:43
one for the road
HOLY WATER CANNOT HELP YOU NOW, SEE I'VE HAVE TO BURN YOUR KINGDOM DOWN. AND NO RIVERS AND NO LAKES CAN PUT THE FIRE OUT. I'M GONNA RAISE THE STAKES, I'M GONNA SMOKE YOU OUT. SEVEN DEVILS ALL AROUND ME, SEVEN DEVILS IN MY HOUSE, SEE THEY WERE THERE WHEN I WOKE UP THIS MORNING AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. SEVEN DEVILS ALL AROUND YOU, SEVEN DEVILS IN YOUR HOUSE, SEE I WAS DEAD WHEN I WOKE UP THIS MORNING, AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. BEFORE THE DAY IS DONE. (ambiance).
C'était presque trop facile, trop aisé... Adrian n'en avait pas conscience – pas encore – aveuglé par l'envie de frapper, de faire craquer les os et le cartilage, mu par une rage qui n'avait de cesse de gagner en intensité, comme un incendie sur lequel on aurait jeté de l'huile. Il avait, une fois de plus, la volonté de faire souffrir son opposant, de lui rendre la monnaie de sa pièce – avec les intérêts. Alors, quand le poing de l'homme vient rencontrer sa mâchoire avec violence, il encaisse le coup presque sans sourciller, comme il sait si bien le faire. Ce n'était pas la première fois qu'il s'engageait dans un tel combat, et ça n'était hélas sans doute pas la dernière fois non plus. Adrian savait frapper tout aussi bien qu'il savait encaisser, ce n'était certainement pas la douleur qui lui ferait tourner les talons. Un instant, il avait oublié que nul homme ne serait prêt à se laisser faire face à un adversaire ne souhaitant ni plus ni moins que leur mort. Mais ça n'était certainement pas la volonté de survivre du vieux qui allait l'arrêter, il en faudrait bien davantage pour lui faire lâcher le morceau... Non, à bien y songer il n'y avait rien qui l'empêcherait de lui faire la peau, à part peut-être sa propre mort. Et il n'avait absolument pas l'intention d'y passer, il était parfaitement convaincu qu'il serait celui qui sortirait victorieux de l'affrontement. Lorsqu'on le voyait ainsi, à sourire alors qu'il goûtait à la saveur salée et métallique de l'hémoglobine, il semblait difficile de l'imaginer revêtir l'habit du perdant. Avait-il sous-estimé son opposant ? Peut-être bien, mais ça ne l'inquiétait pas. Il avait face à des dizaines de mutants, des êtres dotés de facultés extraordinaires – ou horrifiantes selon le point de vue – et jusqu'à présent il était toujours parvenu à s'en tirer. Pas sans de beaux hématomes et quelques fractures, pas sans soumettre son corps à de bien mauvais traitements, mais il était encore là. Debout. Vivant. Prêt à en découdre avec l'enflure qui avait manqué de lui arracher l'amour de sa vie. Bon sang, mais qu'aurait-il fait s'il l'avait tuée ? Il aurait vengé sa mort, mais et après... ? Ça l'aurait tué, lui aussi, de la perdre. La vie sans elle, il ne savait pas ce que c'était, il l'ignorait... Et était bien déterminé à ce que ça ne change pas, ni aujourd'hui, ni demain, ni jamais.
Adrian serra les dents lorsqu'un coup le cueillit au creux du dos, siffla presque avec agacement lorsqu'il rencontra brusquement le mur derrière lui, la douleur irradiant chacun de ses os. Son visage entra en collision tout aussi brutalement avec la brique, il lui sembla entendre l'os de sa pommette craquer et ressentit la brûlure caractéristique des chairs écorchées... S'il avait mal ? Assurément. Si ça allait l'arrêter ? Assurément pas. Toujours à la manière d'un fauve furibond, il grogna lorsque l'homme vint empoigner sa flavescente chevelure pour le forcer à lui faire face – comme s'il avait eu l'intention de chercher à se défiler. Cette proximité physique avec l'agresseur de sa belle le dégoûtait, il avait une furieuse envie de le repousser en y mettant toute sa force, mais il se retint ; pour reprendre ses esprits, sa respiration, et surtout pour repenser sa stratégie. La nouvelle provocation le fit tressaillir, ses pupilles étaient dilatées par la colère et ce n'était pas la peur qui faisait trembler tous ses membres. Le coup de tête de l'homme le sonna, déstabilisé par le choc il tituba lorsqu'il le repoussa ensuite, mais eut le réflexe de tendre les mains devant lui pour se rattraper et éviter de s'éclater bêtement la tête contre le rebord du trottoir. À genoux, des étoiles dansant sous ses paupières closes... Il éclata de rire. Un rire rauque et froid, et lorsqu'il rouvrit les yeux, il darda son regard glacier vers l'homme. « Eh bah voilà. J'me demandais si t'allais rester à m'regarder dans le blanc des yeux comme un con. » Sans se départir de son expression amusée, Adrian se releva, et s'il fut saisi par un bref vertige, il n'en laissa rien paraître. « J'me demande aussi ce qui peut pousser un vieux comme toi à faire de la vie des autres un enfer. » Il inclina légèrement la tête sur le côté, sourcils froncés, étudiant l'homme comme s'il n'était rien de plus qu'un drôle d'animal – appartenant à une espèce en voie d'extinction. « T'arrives plus à la lever, alors t'en prendre aux jolies filles comme un sauvage c'est le seul moyen que t'as trouver pour les faire gueuler, hm ? » C'était facile ce genre d'insulte, mais ça faisait toujours son petit effet.
Il se racla la gorge avant de cracher le sang qu'il avait en bouche de façon bien peu élégante, et essuya sa figure d'un revers de manche. « Tu vas crever. » C'était une promesse, prononcée avec détachement, avec certitude. Adrian se moquait bien de ce que ça pourrait lui coûter, ce qu'il avait fait à Evie était impardonnable. Tant qu'il respirerait, elle ne dormirait pas tranquille, et lui non plus. Parce que quelque chose lui disait que ce type était du genre à finir ce qu'il avait commencé, et Adrian ne prenait pas ce genre de menaces à la légère. Il prit une profonde inspiration, annonciatrice du calme avant la tempête. Il s'élança et percuta son adversaire de plein fouet, comme un boulet de canon, les entraînant tous les deux au sol. Il cala son genou sur le poitrail de l'homme, bien appuyé contre son sternum, et leva le poing pour l'abattre directement dans son visage. Si ce furent ses os ou les siens qui craquèrent, il n'en savait rien. L'adrénaline pulsait dans ses veines, l'engourdissant presque, annihilant ses sens et ses sensations pour ne plus laisser que la rage de vaincre. Adrian était comme un berserkr, obnubilé par le besoin de verser le sang de son ennemi, par celui de repeindre la ruelle avec son sang et ses tripes. « T'aurais jamais dû la toucher, enfoiré ! T'entends ?! T'aurais jamais dû la toucher !! » De nouveau, c'était le norvégien qui avait franchi ses lèvres tremblotantes, tandis qu'il abattait son poing sur la gorge de l'homme, qu'il saisit ensuite par le col de la chemise, pour lui rendre son fameux coup de tête, avant de lui cracher au visage un mélange peu ragoutant de salive et d'hémoglobine. « T'as essayé de lui tailler les veines, espèce de vieux dégénéré... ! » Elle était passée tellement près de la mort que c'était un véritable miracle qu'elle lui ait échappé. Qu'elle ne vienne plus jamais lui dire qu'elle n'avait pas l'âme d'une guerrière, elle avait survécu aux atrocités que ce malade lui avait fait subir, elle avait été plus forte que lui, à sa façon.
Adrian se redressa, et plaça le talon de sa botte sur la gorge de l'homme, veillant à y mettre une pression suffisante pour lui couper le souffle, mais pas assez importante pour qu'il ne perdre connaissance. « Hein ? Quoi ? Parle plus fort, papy, je t'entends pas très bien. » Un ricanement sauvage lui échappa avant qu'il ne sorte un couteau à lame crantée de sa ceinture, et tant pis si c'était déloyal. Ça n'avait pas été très équitable avec Evie, alors dans le fond, ce n'était que justice. Adrian savait qu'il ne faudrait pas bien longtemps à son adversaire pour se défaire de son emprise s'il le voulait – il avait bien compris faire face à quelqu'un d'expérimenté – alors il eut vite fait de le rejoindre au sol, et aussi brusquement que rapidement, planta la lame dans l'avant bras droit, traversant les chairs aussi bien que les os. S'il l'avait plaqué sur une surface de bois et non pas de bitume, il l'y aurait littéralement cloué. « Oups. Je crois que j'ai raté la veine, vraiment navré. » Il continuait à jouer au plus malin, à faire comme s'il était parfaitement maître de la situation. Il ne l'était qu'à moitié, trop furieux pour faire attention à tout, hanté par le visage abîmé d'Evie, rendu sourd par ses sanglots. Elle était son angle mort.
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Sujet: Re: one for the road. Ven 15 Jan 2016 - 15:58
Roman manque se frotter les mains. Il s'éloigne de quelques pas lents de l'homme qu'il vient de repousser plus loin, avant de le toiser d'un regard aussi nerveux que pénétrant. Les mots qu'il a prononcés à son encontre rappe encore son palais. L'éclat de rire du blond l'oblige à se reconcentrer sur l'instant. Il l'empêche de trop s'évader au loin, et c'est peut-être mieux ainsi. Un sourire glacial se glisse sur les lèvres brûlées de Griske ; il se moque de cette petite réflexion qui n'atteint même pas son égo surdimensionné, et il n'a pas le temps de plus sourire de ce spectacle navrant que lui offre l'inconnu que, déjà, ce dernier fonce vers lui. Roman accueille les coups avec moins de prestance qu'auparavant. Il n'avait pas encore compris que son corps pouvait souffrir des attaques jusqu'à maintenant. Lorsque son dos confronte le sol dans un mouvement déchirant, son visage se tord sous un accès de douleur qui lui coupe presque la respiration. A moins que ce que ne soit la chaussure de cet enfoiré qui fasse tout le boulot. Jetant un regard noir à ce dernier, Roman commence à répliquer un : « Fallait bien » avant que le blond n'accentue la pression sur sa gorge. L'air commence à lui manquer peu à peu. De petites étoiles viennent danser dans son champ de vision, mais cela n'empêche pas encore le quinquagénaire de songer à son objection premier : pousser cet homme à bout. Même si cela ne dit rien qui vaille pour lui non plus, c'est tellement plus amusant que Roman ne peut se permettre de mettre ses bonnes vieilles habitudes de côté ce soir. Les prunelles défiantes, il souffle la suite de sa phrase sans se départir de cette voix grave et malveillante, l'exacte même qu'il a pu employer à l'oreille auprès de la pauvre Evelyn lorsque cette dernière le suppliait de la laisser rejoindre son chez elle. « Fall...ait bien... la... purri...fier u-un peu... » Seulement, à peine ces quelques mots prononcés, les battements de cœur du Norvégien accélèrent sans qu'il ne l'assume. Son regard dérive du visage de l'inconnu à la lame qu'il vient de sortir de sa ceinture. Non, non, jamais. Jamais cet homme n'osera faire ça. Il n'a pas le droit de lui voler son idée, de se permettre un tel affront alors qu'ils viennent tout juste de se rencontrer, il n'y connaît rien, il n'est pas- Roman sent la morsure. A même sa chair, à travers les filaments de sa peau, au cœur de son sang, frôlant ses os et raréfiant sa force. La lame s'enfonce sans qu'il n'ait le temps de s'y refuser, et son regard, teinté d'un étonnement méconnu jusqu'alors, converge en direction du couteau qui s'est incrusté dans son bras, étendu sur le trottoir répugnant de saleté. Le liquide vital qui en découle arrache un grognement à Roman, avant qu'il ne s'empresse de se rehausser pour se reculer le plus loin possible du blond. Ses jambes s'entremêlent un peu dans l'initiative, mais le quinquagénaire se retrouve bel et bien debout au bout de quelques secondes. Fulminant, l'ex-russe ne met pas longtemps à jeter un coup d'oeil à son assaillant avant de s'aventurer à retirer l'arme de son lit. Ses doigts secs se referment sur le manche, patientant quelques secondes le temps que son esprit s'habitue à cette pression supplémentaire qui en découle sur son bras, et, dans un geste fort et brusque, tirent ce dernier vers un ailleurs bien plus agréable. Le cri qui résulte de cette opération à bras ouvert n'a presque rien d'humain. Ça tombe bien, Roman vient de perdre les quelques rares liens qui pouvaient le rattacher à un semblant d'être civilisé. Comme toujours, il y a cette petite chose inconnue qui se déconnecte là-haut, et qui lui fait voir rouge. Il réagit d'instinct aux attaques, mais parfois les réactions démesurées qui sont communes de sa personne mettent du temps à arriver. Elles prennent de petits détours, font de petites feintes à ses adversaires, lui font souvent souffler quelques mots violents avant que les gestes et le corps ne suivent ou n'entrent dans la danse. Roman fonctionne par palier. Il possède une mécanique propre, un métabolisme si divergent de la normale qu'il passe pourtant inaperçu. On ne soupçonne pas, en croisant cet homme dans la rue ou près de chez soi, qu'il peut démontre des signes typiques d'un trouble mental qui ne lui a jamais été diagnostiqué. Seulement, les symptômes avant-coureurs sont bien là, dont le plus fréquent et étrange d'entre eux : ses accès de colère soudains, brutaux, incontrôlés. Roman se laisse volontiers aller à un état second dans lequel il se conforte, où il trouve du soutien surtout, un appui que personne à part lui ne peut s'apporter. Secouant son bras blessé, le Norvégien ouvre sa main en grand pour détendre les muscles mutilés de son avant-bras, tandis que son regard métallique, à l'arrière-goût de mépris et de fureur, se fixe sur le visage du blond plus loin. Il le dévisage durant de longues secondes. Au cours de cet infime laps de temps, il entraperçoit tous les sévices qu'il pourrait faire à ce connard. Il entrevoit toutes les blessures, les morsures, les brûlures, les dégâts et les mutilations qu'il pourrait faire subir à ce reflet étrange de sa propre violence illimitée, avant que Roman ne s'avance d'un pas déterminé vers lui. Qu'importe si son épiderme meurtri hurle à la mort, quémande un peu de repos avant que l'échange fou ne reprenne, le quinquagénaire veut en finir avec ce malade. Il veut le faire payer pour être revenu ici, pour vouloir venger sa mutante de femme et pour même avoir osé épouser l'une d'entre eux. « ALORS QUOI TU CROIS QUE TU PEUX LE FAIRE ?! », qu'il hurle à son tour. Sa voix est tout aussi mouvementée que celle de l'inconnu, et elle laisse deviner que Roman peut comprendre la seconde dans laquelle l'homme a parlée plus tôt, puisqu'il vient de là-bas aussi. Toute la rage qui le traverse fait trembler son corps, mais ne saccade pas ses gestes. A peine avancé d'un nouveau pas, l'ex-russe abat un coup de poing dans la mâchoire du blond. Plus fort que les précédents, il fait monter en puissance un trop-plein de ressentis que le quinquagénaire ne sait pas évacuer. On pourrait le comparer à une vulgaire cocote minute ; comparaison basique et bateau, mais si imagée et efficace lorsqu'il s'agit de Griske qu'elle correspond en fait à la perfection. L'homme encaisse, reçoit et supporte, jusqu'à ne plus pouvoir. Lorsque le point de non-retour est atteint, Roman ne perçoit plus qu'une seule issue pour s'en sortir : la Mort de l'autre. Se servant à nouveau des cheveux de son détracteur pour s'aider à l'envoyer valser dans le mur le plus proche, Roman se met à agiter la lame sous ses prunelles déséquilibrées. Un petit ricanement lui échappe, avant qu'il ne désigne son avant-bras, d'où découle de sa blessure plusieurs larmes de sang, du bout de la lame. « Tu veux que je te fasse les mêmes ? », qu'il quémande de son petit air satisfait. L'aspect de son visage change encore, ou plutôt peu à peu. Il passe de l'homme déterminé qu'il était encore quelques minutes auparavant, allongé au sol ou à peine accosté par le géant, à un être mesquin et irrévérencieux. Il se moque de ce qu'il a fait à cette pauvre mutante. Il se remémore le sang qui s'est évadé de ses avant-bras à elle, et il plaisante au sujet des ambitions de ce pauvre mari venu lui faire vengeance. N'est-il pas inconscient ? « Que le petit couple soit assorti... » Les mots coulent sur sa langue qui se mouve telle celle du serpent le plus venimeux. Roman crache son poison à la tête de l'imbécile, avant de fondre sur ce dernier sans plus pouvoir attendre plus longtemps. Il espère que, comme tous les autres avant lui, il se souviendra de cet instant. Sur son lit de mort, ou auprès de son corps en tant que simple fantôme, Roman souhaite de tout son cœur que l'image qui hantera l'enfer de cet adversaire déchu ne sera rien d'autre que son ombre menaçante, surplombée de son visage de pur aliéné.
Spoiler:
si tu veux l'assomer l'achever hein
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Sujet: Re: one for the road. Dim 17 Jan 2016 - 8:33
one for the road
HOLY WATER CANNOT HELP YOU NOW, SEE I'VE HAVE TO BURN YOUR KINGDOM DOWN. AND NO RIVERS AND NO LAKES CAN PUT THE FIRE OUT. I'M GONNA RAISE THE STAKES, I'M GONNA SMOKE YOU OUT. SEVEN DEVILS ALL AROUND ME, SEVEN DEVILS IN MY HOUSE, SEE THEY WERE THERE WHEN I WOKE UP THIS MORNING AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. SEVEN DEVILS ALL AROUND YOU, SEVEN DEVILS IN YOUR HOUSE, SEE I WAS DEAD WHEN I WOKE UP THIS MORNING, AND I'LL BE DEAD BEFORE THE DAY IS DONE. BEFORE THE DAY IS DONE. (ambiance).
La violence ne résout rien. De toute évidence, l'imbécile à l'origine de ce dicton ne savait pas de quoi il parlait. Du point de vue – pour le moins subjectif – d'Adrian, si la violence ne résolvait rien, c'était tout simplement parce que l'on n'avait pas frappé assez fort. Les chairs de l'homme étaient entaillées, son hémoglobine souillait le trottoir d'une teinte qui semblait presque noire à la lumière de la lune et des lampadaires. Son rugissement de douleur était une mélodie satisfaisante pour les oreilles du cadet Blackwood, qui avait définitivement abandonné tout sens de la raison. Celle qu'il s'évertuait à venger, son inestimable Evie, aurait été horrifiée de le trouver dans une telle position, elle n'aurait pas voulu le voir recourir à de telles méthodes pour elle, mais le lui aurait-elle dit qu'il aurait trouvé le moyen de discuter. Ce qui lui était arrivé, ce n'était pas rien, ce n'était pas un simple accident dont on ne pouvait rendre responsable que le destin lui-même. Mais cette pourriture, ce sauvage, il était responsable. De ses os brisés, de ses écorchures, de son traumatisme... Adrian ne pouvait pas passer le hasard à tabac, mais il pouvait s'assurer que le responsable des maux de sa femme ne recommence jamais. Ni avec Evie, ni avait aucune autre. Ce serait le deuxième psychopathe dont Adrian débarrassait Radcliff, encore un bienfait pour la population qui avait besoin de toute l'aide qu'elle pourrait obtenir. Sauf qu'au fond, Adrian n'en avait strictement rien à foutre de Radcliff. Profondément égoïste, il ne se souciait que d'une poignée de personnes, les autres pouvaient bien aller du Diable. Il n'avait rien d'un héros, n'avait jamais prétendu l'être ni même vouloir le devenir. Il n'était qu'un seul homme, il ne pouvait pas sauver tout le monde et n'en avait de toute façon pas la prétention. À Radcliff, la seule véritable loi était celle de la nature ; tuer ou être tué, chasser ou être chassé. Et Adrian n'avait pas l'intention de dégringoler à la base de la chaîne alimentaire. Plus jeune, il s'entendait souvent dire qu'il avait des allures de lion avec sa crinière blonde et sa masse imposante. Roi de la savane, il ne l'était peut-être pas, mais s'il fallait rugir et user de ses crocs et de ses griffes pour protéger sa lionne et son lionceau, il n'hésiterait pas.
Son adversaire, il le jaugeait avec arrogance, non peu fier d'avoir entamé ses chairs comme il l'avait fait. Il fallait se méfier d'un vieux fauve, c'était certain, mais au final... N'était-ce pas toujours le plus jeune qui finissait par avoir le dessus ? Peut-être pas, mais Adrian s'en était convaincu à la minute où il avait posé les yeux sur lui. Il savait que la partie était loin d'être terminée, son corps n'avait pas terminé d'être malmené, mais peu lui importait. Peu lui importait. Ce fut à peine s'il haussa un sourcil étonné lorsque l'homme haussa le ton en employant sa langue maternelle, et cela sans que cela ne suscite en lui une quelconque curiosité. Mais il aurait bien pu parler allemand ou arabe ou chinois que ça ne l'aurait pas intéressé davantage. Il n'était pas là pour en apprendre sur sa petite vie, qui approchait d'ailleurs fr son terme. Une nouvelle vague de coups s'abattit sur lui, et ce fut à peine si Adrian chercha à les parer, et cela bien qu'une douleur aiguë irradie chaque parcelle de son corps. Quelques grognements lui échappèrent, mais il ne se laissa pas aller aux exclamations de douleur comme quelqu'un de moins endurant que lui aurait pu le faire. Oh, il avait mal, il sentait sa peau se déchirer et ses os craquer, mais ça n'était rien. Il pouvait encaisser, il y survivrait. Dépourvu d'instinct de préservation, il ne songeait pas que sa petite vendetta risquait fort de le conduire jusqu'à l'hôpital. Evie lui en voudrait, c'était certain, mais il aurait la conscience tranquille.
Décidément, ce type avait un goût prononcé pour ses cheveux et le mur de la ruelle, puisqu'il s'y retrouva plaqué une fois de plus, les doigts de l'homme emmêlés dans ses mèches dorées. Il battit des paupières à plusieurs reprises pour chasser le voile écarlate qui couvrait sa vision, et pour retrouver ses esprits, car il fallait bien avouer que le vieux n'y était pas allé de main morte. L'expression d'Adrian se durcit subitement, ses prunelles sauvages accrochèrent celles de l'homme et l'on aurait pu jurer qu'il feulait comme un fauve sur la défensive. Ce n'était pas à la lame du couteau qu'il songeait, ni aux sévices que son adversaire menaçait de lui faire subir. Encore une fois, son esprit vagabonda jusqu'à l'image d'Evie et de ses poignets bandés, sa peau qui garderait probablement des séquelles de l'attaque. Des cicatrices qui lui rappelleraient éternellement ce qu'il lui était arrivé, des marques qu'il avait déjà en horreur. Si son corps à lui était couvert de stigmates, c'était à cause de la vie qu'il avait menée – et menait toujours. L'armée, la guerre, la prison... Il y avait une certaine logique derrière les marques qu'il arborait. Pour sa compagne, la seule logique était celle d'un homme qui de toute évidence était dérangé au point de ne pas être foutu de faire la différence entre un danger public et une jeune femme inoffensive. Quand l'homme relance les hostilités, Adrian semble donner l'impression d'être sur le point de céder, de s'effondrer. Le premier coup, il le reçut avec peu de grâce, cracha un peu de sang sur le trottoir. Le second le cueillit dans les côtes, le troisième dans les reins... Quant à la lame du couteau, elle tailla sa peau à plusieurs endroits, parfois profondément, parfois de façon superficielle. A genoux au sol, il respirait avec une certaine difficulté, les poumons en feu, la gorge serrée. Trop c'est trop. Adrian était une véritable bombe à retardement, innocente jusqu'à la dernière seconde – la seconde de trop.
Alors qu'il était encore au sol, il envoya son talon s'écraser dans le genou de l'homme avec une violence inouïe, les os craquèrent bruyamment. Sans perdre de temps, Adrian se releva et repoussa l'homme d'un second coup de pied, cette fois-ci dans l'estomac, son poing rencontra sa trachée, puis ses côtes, il le fit reculer jusqu'à l'acculer contre ce mur qu'il semblait tant apprécier. Ses doigts s'enroulèrent autour de son poignet, qu'il fit craquer sèchement pour le forcer à lâcher le couteau qu'il tenait encore, et histoire de lui rendre une nouvelle fois la monnaie de sa pièce, Adrian le sonna d'un coup de tête bien étudié – tant pis pour la migraine qui lui succéderait très certainement. Ça l'amusait beaucoup d'employer ses propres techniques contre son adversaire, non seulement pour la beauté de l'ironie, mais aussi pour lui démontrer qu'il n'avait pas peur de lui. Il avait eu peur de ce qu'il avait manqué de faire et de ce qu'il risquait de faire à l'avenir, mais pas de lui. « Je crois que je peux le faire, oui. » Il envoya son poing se fracasser contre sa pommette gauche avant de lui cogner la tête contre le mur, pour finalement lui cracher au visage pour ajouter à l'humiliation. « Je t'ai dit que t'allais crever, et je tiens toujours mes promesses. » Nouvel assaut, cette fois-ci ce fut son genou qui rencontra une partie sensible de l'anatomie masculine, pour un peu Adrian aurait presque eu mal pour lui. Presque. Sans aucune pitié ni considération, il balança l'homme à terre, avant de se pencher pour récupérer son arme. Le jeune homme avait l'estomac dans les talons, le cœur au bord des lèvres et il tremblait, de toute évidence éprouvé par l'affrontement, auquel il avait bien l'intention de mettre un point final. Tant par volonté de blesser que parce qu'il était bientôt à bout de force, Adrian se laissa tomber sur l'agresseur d'Evie, lame en avant. Le poignard transperça la peau, les chairs et les côtes, et il l'espérait bien, le cœur au passage. « Regarde-moi. REGARDE-MOI ! » qu'il cracha comme un fou, ses doigts saisissant le menton de l'homme pour le forcer à garder son regard tourné vers lui ; non pas qu'il le pense lâche au point de fuir l'échange, le vieux était coriace, il lui reconnaissait au moins cela. « J'crois pas en Dieu, mais rien que pour toi je suis prêt à reconsidérer la chose, parce que si il y a bien quelqu'un là haut, il peut envoyer un pourri comme toi qu'en enfer. J'te souhaite d'y passer l'éternité, et d'y crever un milliard de fois. Les types comme toi valent rien, je sais pas ce que t'essayais prouver ou accomplir en t'en prenant à ma femme, mais j'espère que c'est clair pour toi que c'était ta dernière connerie. » Il laisse la lame ou elle et se relève, le souffle court, ses membres secoués soubresauts incontrôlables. C'était à peine s'il commençait prenait conscience de l'étendu des dégâts, il lui semblait avoir rencontré un ours plutôt qu'un homme. Mais tant pis. Et bon débarras.
Spoiler:
si jamais ça te va pas comme façon d'achever Roro, tu sais où me trouver
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Sujet: Re: one for the road. Sam 23 Jan 2016 - 20:17
Dans son esprit, Roman ne perçoit pas la défaite. Depuis toujours, c'est une chose qu'il ne cautionne pas. Griske se bat, vit, survit, et veille à ce qu'il en soit toujours ainsi. Il surplombe chaque personne qui ose s'en prendre à lui de son âme sombre. Et au cœur de cette dernière, il n'y a pas de place pour la perte. C'est impossible. La vision du monde de Roman est si étriquée qu'une telle possibilité ne pouvait immerger dans sa façon de penser. Ne pouvait, car le revers de la médaille s'annonce douloureux. Dès le premier coup rendu, au centième de ce que lui a pu offrir peut-être, le Norvégien sent qu'une chose déraille. Il ne sait pas si cela vient de son organisme, de sa détermination, de sa foi en lui-même, il devine juste, au rythme des craquellements de ses os, de l'érosion de ses sens, de l'annihilement de ses impressions, que la fin est proche. Un instant, Roman continue à songer qu'il peut gagner. Dans une ou deux minutes, lorsque ce sauvage se sera reculé, il se relèvera et se chargera de lui pour de bon. Il vient juste de mettre en avant rien qu'une infime partie de ses capacités. S'il le veut, il peut le tuer. Il est capable pousser le vice de la torture jusqu'à ce que la vie ne soit ôtée à ce dégénéré. Et une fois qu'il en aura terminé avec lui, il prendra un malin plaisir à remettre la main sur sa femme et il la buttera aussi. S'ils sont des enfants, ou ne serait-ce qu'un, peut-être lui laissera-t-il la vie sauve si elle ne présente pas de signe avant-coureurs d'une mutation. Si c'est le cas, elle rejoindra ses chers parents. Car c'est ainsi que doit se terminer ce genre de rencontre. En frôlant la Mort dans le sang, jusqu'à être obligée de la suivre de l'autre côté. Lorsque son dos rencontre le mur, que sa main est contrainte de libérer le couteau qui appartient à son ennemi, le face à face devient inégale. Un peu de la même façon qu'il y a quelques secondes, mais d'une manière foncièrement divergente. Un déclic s'établit dans les pensées de l'ex-russe au même moment où il voit le visage du grand blond venir cogner le sien avec rage. Le quinquagénaire pensait être le seul à pouvoir éprouver une telle fureur, mais il est satisfait (même si profondément outré) de voir que ce n'est pas le cas. Cet homme qui lui fait face a dans les gênes cette même envie de faire justice lui-même ; bien qu'il n'en ait véritablement aucune idée, Roman préfère penser qu'il ne s'agit pas là d'un mutant. Il suppose que ce dernier se serait servi de ce que certains osent appeler « don » pour tenter de se défaire de lui, un peu comme sa pauvre femme l'a fait la dernière fois. Le cracha oblige Roman à détourner la tête. Il laisse échapper un grognement presque animal. Ça pour une première, c'est une première. Ses prunelles sauvages, dont le champ de vision se retrouve parsemé de petites tâches semblables à d'adorables et minuscules étoiles sombres, reviennent bien vite s'écorcher contre les traits de cet adversaire méprisable. Il aurait dû la butter. Il aurait dû lui faire la peau comme il a menacé de le faire. Mais, surtout, elle n'aurait pas dû survivre. Il aurait dû appuyer un peu plus sa lame, il aurait pu faire bien plus de mal, faire souffrir de façon encore plus marquée ces personnes qu'il ne connaît pas. Roman a raté sa chance et il se maudit pour ça. Il se promet que s'il se relève de cette soirée, il ne s'autorisera plus aucune retenue. Il se vengera de ce malade. Il retrouvera la brune. Il deviendra leur pire cauchemar tout en continuant à incarner celui de toutes les personnes qui songent à l'oublier. Il fera revenir Charlie dans le droit chemin par la peau du cou s'il le faut, mais il n'y loupera pas. Le nouveau coup qu'il prend au niveau de l'entrejambe tend à le faire plier. Roman n'en a même pas le temps lorsqu'il se retrouve projeté au sol, comme avant. Il retrouve la pierre froide et rêche du trottoir. L'ex-russe n'a pas le temps de véritablement en prendre conscience, que déjà la lame de l'homme vient transpercer son thorax. Il sent la douleur parcourir l'ensemble de son corps. Il l'éprouve, il le devine que c'est passé non loin du coeur, et il se demande même si ça n'a pas fait plus que le frôler. Ses poumons refusent de répondre de façon cohérente. L'air ne parvient plus à y circuler de façon naturelle, et Roman a l'impression qu'il va s'étouffer. Il tousse, il inspire bruyamment, il écarquille les yeux face à son assaillant qui n'en a pas terminé. Lorsque ses doigts se saisissent de son menton, le quinquagénaire essaye de se dégager mais il n'a plus assez de forces pour. Il donne l'air d'être un poisson sorti de l'eau, qui recherche l'abri réconfortant de l'élément aqueux. A présent, il le regarde. L'ex-russe le fixe avec toute la rage et la folie qui peuvent se balader au fond de ses entrailles et il écoute. D'une oreille lointaine et abîmée par les coups, ainsi que par les battements de son cœur qui viennent bourdonner jusqu'à ses tympans, mais il se surprend à accorder toute la maigre attention qui lui reste à l'homme au-dessus de lui. En plein milieu de cette rue, au cœur de la nuit, Roman consent à arrêter le temps d'une seconde de réfléchir à la suite. Il se laisse porter par les paroles crachées à son encontre, alors que son rythme cardiaque continue de s'affoler. Ses pensées songent à un mieux pour l'après, une revanche évidente, son corps doit comprendre de son côté qu'il ne va pas en être ainsi. La morsure de la lame commence toutefois à consumer sa raison. Le Norvégien observe, depuis l'état cotonneux dans lequel il est en train de rentrer, le blond se relever. Il aimerait le suivre. Il va le suivre. A l'intérieur, il imagine ses membres se mouver au nom de la déraison. Il se voit s'élever de ce trottoir et planter cette lame immergée de sa poitrine, coincée à même les os de sa cage thoracique, en plein dans la nuque de l'autre sauvage. Cette idée lui arrache un rire absent. Lorsque ses poumons se soulèvent à cause de cette rentrée d'air trop soudaine, Roman pousse un cri. Il souffre de son état et il sent que son corps est en train de le lâcher. Il ne peut pas se relever. Il arrive pas à se remettre sur ses deux jambes. Il est condamné à fixer le ciel sombre au-dessus de sa carcasse, car c'est sans doute la dernière vision qu'il pourra jamais avoir avant de crever. Car cette possibilité lui effleure soudain l'esprit : si on ne le retrouve pas, si on le laisse croupir dans cette rue, il va passer l'arme à gauche, comme on dit. Sauf qu'il n'est pas d'accord. Il refuse de se plier à l'exigence du blond et il s'ordonne à lui-même de tenir le coup. Il crèvera pas ce soir. Jamais. Quelqu'un va le trouver, appeler flics et médecins, et on va le conduire loin d'ici, dans un endroit où il va tout mettre en œuvre pour se relever encore plus grand qu'avant. Cette pensée, celle où il espère sortir de cet échange encore plus fort qu'auparavant, est la dernière qui anime un semblant de vie chez Roman Griske, avant qu'il ne ferme doucement les yeux.