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 (letha), uncurling lifelines

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MessageSujet: (letha), uncurling lifelines   (letha), uncurling lifelines Icon_minitimeLun 24 Aoû 2015 - 23:27


such damage with one kiss, a fire of devotion
lost in the fog, these hollow hills blood running hot, night chills. without your love i'll be so long and lost, are you missing me? it's been so long between the words we spoke. you wonder why it is that i came home, i figured out where i belong. but it's too late to come on home, are all those bridges now old stone? can the city forgive? i hear its sad song w/letha castellanos & mason leinster.

Radcliff. Bordel de merde. Il aurait bien fait un arrêt dramatique devant le panneau de la ville, saisi par l’hésitation de faire demi-tour : ce n’était pas l’envie qui manquait – s’il avait écouté tous les instincts et toutes les volontés de son être, il n’aurait jamais quitté son chez lui, prétendant oublier les ordres qu’on lui avait donnés. Ces imbéciles au FBI croyaient qu’un gamin de la ville allait pouvoir apaiser les choses plus aisément qu’une rousse perchée sur ses talons et ses aprioris. Peut-être bien, ça aurait été une bonne idée, s’ils avaient choisi quelqu’un d’autre que lui. Mais parmi les rangs du bureau, il était sans doute le seul idiot à être originaire de cette ville pourrie – et le seul au monde désirant plus que tout laisser le maximum de distance possible entre lui et son passé. Quel cuisant échec. Derrière le volant de sa bagnole, Mason saisissait toutes les chances possibles pour éloigner son esprit de l’idée germant dans son crâne : revenir à Radcliff lui semblait être un échec cuisant, l’irrémédiable coup du destin frappant son quotidien avec un élan de sadisme quasi inédit. Qu’allait-il retrouver là-bas ? Certainement pas ses parents, pour qui les années n’avaient fait qu’alimenter en lui une haine sans borne : ces connards qui l’avaient volontiers laissé aux mains d’un généticien dans l’espoir qu’il répare leur progéniture – ouais, la connerie dépassait largement ces hunters qui envahissaient toute la ville. Aux dernières nouvelles, du moins. Les grosses têtes du bureau avaient décidé d’agir suite aux événements de la fête foraine, saisissant une ultime chance que personne ne prendrait en ville – toute cette histoire ressemblait à une véritable guerre civile ; qu’est-ce qu’il allait bien pouvoir faire contre ça ? Quelques dizaines de kilomètres plus tôt, Leinster s’était arrêté dans une station-service, profitant d’une courte trêve dans ses heures de route pour inspecter à nouveau les dossiers qu’on avait exigé de lui qu’il emmène avec lui. Thaddeus Lancaster, tous les gens qui l’entouraient – sans doute se croyaient-ils intouchables à partir du moment où ils avaient dressé leur putain de quarantaine autour de la ville ; il n’en restait pas moins que cette ville se trouvait sur le territoire américain, où les lois étaient sensiblement différentes de celles imposées par Monsieur le maire. Que faisait la police, bordel ? Elle avait sans doute déjà baissé son froc devant toutes les menaces proférées par les politiques de la ville – Letha avait-elle, elle aussi, décidé d’aller dans le sens du courant ? Il avait du mal à le croire ; mais son jugement avait maintes fois été mis à mal par la rousse. Alors bon. Les lignes jaunes de la route défilant sous ses yeux, Mason s’occupait vainement en bidouillant les boutons de sa radio, pour tenter de trouver une musique potable, de quoi divaguer un instant, avant d’atteindre ce stupide barrage autour de la ville. L’envie de foncer dessus et de tous les défoncer était là, omniprésente dans ses tripes – bon dieu, il n’avait jamais eu affaire à des hunters à proprement parler, mais il les détestait déjà comme les cafards qui avaient envahi son premier appartement. Comme quoi, il était peut-être bien plus protecteur de sa ville natale qu’il ne voulait bien le reconnaître.

Le barrage qui protégeait – aux dires des autorités – Radcliff, se présenta bien assez tôt, et le transmutant eut grand mal à adopter une attitude polie et sympathique au possible. Ce n’était pas son genre, habituellement, mais voir des flics vendus prétendre protéger leurs concitoyens face à la menace extérieure était la pire connerie qu’il avait eu à voir pendant cette dernière décennie. Avec un sourire obséquieux, il avait tiré du fond d’une de ses poches sa plaque du bureau, ainsi que l’accréditation officiellement accordée par toutes les autorités possibles et imaginables (et bien supérieures à celle de Thaddeus Lancaster, petit maire de merde), du pays. Les minutes lui semblèrent être des heures, Mason trompant son impatience en tapotant de ses doigts sur son volant, au rythme de la musique qu’il n’avait pas pris la peine de diminuer en rencontrant ses futurs collègues. La tension ne sembla pas prête de s’estomper d’ailleurs, au moment où les flics revinrent pour lui donner ses papiers et son badge – voilà que les habitants de Radcliff n’étaient pas contents que l’état vienne foutre son nez dans leurs histoires ; c’était pas comme si les actions de Lancaster pouvaient passer inaperçues, de toute manière. Remontant sa vitre pour oublier la fraicheur glaciale de l’hiver, Mason balaya sa dernière chance de sortie en redémarrant sa voiture, pour reprendre sa route. Putain ; il savait déjà, instinctivement, que tout allait partir en vrilles, et que toute cette histoire allait bien lui pourrir la vie. Tout autant qu'elles lui semblèrent familières, les rues de la ville avaient un arôme d’inconnu, de nouveauté – il avait fini par arrêter de compter les années qui s’étaient écoulées depuis son départ ; Mason avait volontiers laissé tout ce qui avait existé dans sa vie à Radcliff, sans se retourner. C’était du moins, ce qu’il s’était dit, tant qu’il avait été à des milliers de kilomètres du Kentucky – ce n’était plus le cas désormais, et déjà de nombreux souvenirs se précipitaient, bouillonnant dans son esprit. Il allait arriver de mauvais poil, c’était sûr ; déjà, revenaient à l’esprit du jeune homme de nombreux souvenirs qu’il avait enterré sous un présent fait d’action, d’aventures en tout genre, d’obligations barbantes à même de chasser tous ses états d’âme. Mason l’enfant avait vécu ici. Mason le blessé de guerre. Mason qui s’était autorisé à aimer. Mason, tenant la main de Shana, sa petite amie, au moment où elle donnait naissance à leur fille, Willow. Bon dieu. Une bile amère gagna sa bouche au moment où son genou gauche sembla diffuser une douleur vieille comme le monde, à travers tout son corps – c’était trop tard pour faire demi-tour, ou disparaître en se vaporisant en une fraction de seconde. Il avait quitté ce bled pour une bonne raison, et tous les ordres que ses supérieurs lui avaient donnés ne semblaient pas équilibrer la balance pour expliquer pourquoi il était là. Obligation professionnelle, éternel amour pour son job, à défaut d’avoir autre chose dans sa vie. Retrouver son chemin dans les rues de Radcliff fut plus facile qu’il ne l’aurait cru – ou même, plus facile qu’il ne serait prêt à le reconnaître. Il avait fui pendant si longtemps tout ce qui le rattachait un tant soit peu à ce bout de monde, que même voir sa mémoire admettre que Radcliff avait toujours une place dans sa vie, s’avérait bien déplaisant.

L’arrivée devant le commissariat se fit sans heurts – et à voir l’heure tardive à laquelle il se pointait, il n’y avait personne qui glandait à l’extérieur du bâtiment pour le dévisager. A peine garé, il coupa le moteur, peu désireux, subitement, de prendre son temps : plus il retarderait l’inévitable, plus il serait de mauvaise humeur – autant arracher le pansement rapidement, c’était ça le principe, hein ? Il ne prit pas le temps de ranger les dossiers éparpillés à travers l’habitacle, ou même de masquer un tant soit peu le bordel provoqué par les heures de route – Mason quitta sa voiture, ne la verrouillant même pas derrière lui. Elle était juste devant la porte – quel coup de chance – et si qui que ce soit était assez stupide pour lui piquer sa bagnole, il retrouverait cette personne bien assez vite. Il pensait quand même sérieusement, qu’il faudrait être vraiment con pour venir piquer une caisse juste devant le commissariat de la ville, peu importait l’heure. En entrant dans le poste de police, il dévisagea le type à l’entrée, sans doute craintif à l’idée de croiser quelque visage connu que ce soit – il n’avait jamais vraiment été du genre populaire, mais cette ville avait ses propres règles. Inconnu au bataillon, heureusement. S’avançant vers l’inconnu, donc, Leinster tira sa plaque de sa poche de jean, comme si c’était la chose la plus normale du monde, pour mieux l’afficher sous le nez du clampin : « Agent Leinster. J’suis là pour voir Letha Castellanos. » quand bien même il préférait crever qu’envisager bosser avec elle de nouveau. Quoique. C’était surtout une question de principe ; Radcliff et Letha faisaient irrémédiablement un sale combo qu’il aurait préféré éviter comme la peste. Son patron n’avait pas été de cet avis, il devait bien faire avec. « J’suis son superviseur. » avec un sourire faussement poli, faisant insidieusement comprendre à l’homme en face de lui qu’il valait mieux qu’il se bouge sans poser de questions. Certes, il n’avait pas du tout été assigné comme le superviseur de Letha, simplement comme son assistant pour apaiser les tensions à Radcliff ; m’enfin, il pouvait se présenter comme il voulait pour les péquenauds de cette ville. Et puis, elle méritait bien de se prendre ça dans la tronche.
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MessageSujet: Re: (letha), uncurling lifelines   (letha), uncurling lifelines Icon_minitimeDim 13 Sep 2015 - 18:54

grieve what I happen to grieve.
— mason leinster & letha castellanos —
I should have known better Nothing can be changed. The past is still the past The bridge to nowhere. I should have wrote a letter Explaining what I feel, that empty feeling. Don’t back down, concentrate on seeing The breakers in the bar, the neighbor’s greeting. Don’t back down, there is nothing left The breakers in the bar, no reason to live. I’m a fool in the fetter. — Should Have Known Better.

Un grognement passa les lèvres de Letha alors que le bruit strident de son réveil la tirait brutalement du sommeil. Elle tapa d'un coup sec sur l'engin pour le faire taire. Elle n'avait pas envie de sortir de son lit, surtout si c'était pour se rendre jusqu'au commissariat de la petite ville de Radcliff. Letha était pourtant une bosseuse, motivée par son boulot, elle avait souvent enchaîné les heures supplémentaires sans broncher. C'était un agent modèle. Mais là, Radcliff, c'était trop pour elle. Au commissariat elle croulait sous des dossiers qui n'avaient ni queue, ni tête et dans lesquels il manquait clairement des éléments, mais personne n'était fichu de lui dire où est-ce qu'elle pouvait trouver les pages manquantes. Elle avait l'impression de toute façon que personne n'avait vraiment envie de lui parler dans ce maudit commissariat. Si encore c'était que le commissariat qui avait un problème, ce serait peut-être gérable, mais là, il n'y avait rien à faire nulle part. Cette ville sombrait dans le chaos et il faudrait plus qu'un agent du fbi pour redresser tout ça. Cette petite ville semblait suivre un mouvement global qui petit à petit se répandait sur le monde. C'était ce qu'elle pouvait en conclure à chaque fois qu'elle regardait les news et qu'on signalait des événements complètement fous aux quatre coins du globe. Elle ne savait pas quoi faire avec cette ville et puis, à chaque fois qu'elle se pointait au commissariat, elle pouvait apercevoir Absalon, qu'elle s’efforçait de fuir comme elle aurait pu fuir une grave épidémie. Elle n'avait pas envie d'être confrontée à celui qui était encore aujourd'hui son époux. Ça n'aidait sans doute pas son boulot de refuser catégoriquement de collaborer avec le shérif de la ville, mais elle savait pertinemment qu'elle ne pouvait pas entrer en communication avec lui sans avoir une folle envie de le tuer. Elle l'avait cherché pendant huit ans, longues huit années pendant lesquelles elle avait considérablement souffert et tout ça pour quoi ? Pour le retrouver à Radcliff, vivant avec une autre femme et leur enfant. Elle était remontée, dégoûtée et trop vexée pour avoir envie de lui adresser la parole. Elle le détestait. Travailler avec lui était la pire chose qui puisse lui arriver. Elle n'avait qu'une envie, rentrer à Washington, retrouver le confort de sa maison, son boulot, ses collègues et oublier cette histoire. Sans oublier bien sûr de balancer à ceux qui lui avaient dit de laisser tomber, que son mari et sa fille étaient morts depuis longtemps, qu'ils avaient eu tort et qu'elle avait eu raison. Elle avait toujours su au fond d'elle qu'ils étaient encore vivants et personne n'avait voulu la croire. Elle était longtemps passée pour la cinglée refusant d'admettre la vérité. Pourtant maintenant, elle avait la preuve qu'ils étaient toujours bel et bien en vie. Elle avait eu raison de continuer à chercher, au moins pour sa fille, parce qu'Absalon, elle n'en avait plus rien à faire aujourd'hui. Il avait foutu sa vie en l'air avec ses décisions à la con. Elle ça faisait huit ans qu'elle s'interdisait de vivre sous prétexte qu'elle avait un mari et une fille quelque part et qu'il fallait qu'elle les retrouve. Elle avait été stupide et incroyablement malheureuse pour un homme qui de toute évidence, n'en valait pas la peine. L'idée de devoir voir ce type jour après jour en allant travailler avait tendance à la couper dans sa motivation, si bien que sortir de son lit devenait une épreuve particulièrement difficile. Elle devait pourtant y aller, malheureusement. Lutter contre l'envie de rester au lit ou celle d'aller au bar pour se bourrer la gueule jusqu'à oublier tout ce qui n'allait pas dans sa vie.

Elle abdiqua, se levant finalement de son lit pour se préparer à affronter une nouvelle journée de boulot à Radcliff, une journée qui allait lui donner envie de se tirer une balle dans la tête avant d'en voir la fin. Mais il fallait qu'elle soit forte et qu'elle fasse son boulot ou du moins qu'elle essaie. Parce que dans le fond, elle doutait fortement que son boulot ici puisse servir à quelque chose. Cette ville était pourrie jusqu'à la moelle, il n'y avait rien à faire pour sortir la ville de l'enfer dans lequel elle sombrait. Elle prit une douche rapide avant de s'appliquer à coiffer correctement ses cheveux puis d'appliquer son maquillage au millimètre près, c'était à se demander si elle se préparait plus elle ou simplement pour montrer à Absalon qu'il avait eu tort de l'abandonner comme il l'avait fait. Son tailleur enfilé, elle était fin prête à quitter son appartement. Une fois dehors, elle sauta dans sa voiture et fila d'abord au café du coin pour prendre un remontant dans l'espoir que ça puisse l'aider à surmonter les difficultés qui l'attendaient. Sans doute qu'il lui aurait fallu bien plus qu'un simple café pour se préparer à une nouvelle journée là-dedans, mais garée devant le commissariat, elle prit son courage à deux mais, sortant de là-dedans, son café à la main pour affronter la journée qui l'attendait. Dans le commissariat, elle pressa le pas jusqu'au bureau qu'on lui avait prêté, faisant bien attention à ne surtout pas croiser le shérif de la ville. Elle n'avait pas envie ne serait-ce que de croiser le regard d'Absalon. C'était trop dur de le croiser sans avoir une envie folle de lui coller son poing à la figure. Il ne méritait pas mieux de toute façon. Mais elle ne pouvait pas frapper le shérif de la ville au beau milieu du commissariat de la ville, ce serait mal venu et peu professionnel, or son job c'était tout ce qu'elle avait encore après qu'Absalon lui ait tout prit alors il n'était pas question qu'elle perde ça cause de lui. Enfermée dans son bureau, elle pouvait aisément passer toute la journée à éplucher les dossiers qui s'empilaient dessus. Il y en avait tellement qu'elle ne savait pas si elle s'en sortirait un jour avec toute cette merde. L'heure avançait et elle n'avait pris qu'une petite pause le temps de déjeuner avant de s'enfermer encore entre les quatre murs de son bureau. Tant qu'elle n'acceptait pas de recevoir Absalon dans ce bureau, elle n'avait pas besoin de l'affronter et si seulement elle restait assez longtemps enfermée là-dedans, il aurait quitté le commissariat avant elle et tout irait bien. C'était ce qu'elle faisait depuis un moment maintenant, simplement pour fuir celui qui, malheureusement était encore son mari. L'heure tournait et il était tard, sans doute assez tard pour qu'elle tente sa chance, qu'elle sorte de là sans croiser celui qu'elle fuyait. À peine eut-elle passé la porte de son bureau qu'une voix familière marqua son esprit. Elle ne tarda pas à remarquer Mason à quelques pas de là. Qu'est-ce qu'il pouvait bien foutre ici celui là ? Elle se précipita rapidement vers lui, décidée à avoir une réponse à cette question. « Mon superviseur ? Dans tes rêves Leinster. » Il se prenait pour qui celui là ? En plus envoyer un superviseur pour la superviseuse, c'était complètement idiot. « Viens par là. » Sans plus attendre elle attrapa son collègue par le bras, adressant un léger sourire à l'officier auquel il s'était adressé, histoire qu'il comprenne qu'il n'avait pas à s’inquiéter, qu'elle avait la situation en mains. Elle traîna maison jusqu'à son bureau, dans lequel elle se dépêcha de fermer la porte derrière elle et de baisser les stores, cette ville avait tendance à rendre complètement parano. « Qu'est-ce tu fabriques ici ? » Elle n'avait pas besoin de lui ici, d'autant plus s'il se prétendait son superviseur. Qu'elle soit seule ou non là-dedans, ça ne changeait rien de toute façon. Personne ne pouvait aider cette ville.


Dernière édition par Letha Castellanos le Jeu 22 Oct 2015 - 19:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (letha), uncurling lifelines   (letha), uncurling lifelines Icon_minitimeSam 19 Sep 2015 - 19:00


such damage with one kiss, a fire of devotion
lost in the fog, these hollow hills blood running hot, night chills. without your love i'll be so long and lost, are you missing me? it's been so long between the words we spoke. you wonder why it is that i came home, i figured out where i belong. but it's too late to come on home, are all those bridges now old stone? can the city forgive? i hear its sad song w/letha castellanos & mason leinster.

Letha et Mason. Mason et Letha.
Ils avaient bien fonctionné, fut un temps. A une autre époque. Désormais révolue. Etait-ce de l’orgueil mal placé, qui les avait éloignés l’un de l’autre ? Quelque chose d’impossible à définir proprement, quelque chose qui avait déraillé au moment où leurs lèvres s’étaient apposées les unes sur les autres, pour la première fois. Ne jamais mêler boulot et responsabilités professionnelles – jamais, jamais. Cette directive lui avait, longtemps, paru être une évidence : il fallait croire qu’il avait renoncé à tous ses principes, aussitôt avait-il rencontré la rousse flamboyante, ambitieuse et caractérielle qu’avait été la fameuse Castellanos dont on lui avait tant parlé. Leur collaboration avait été complexe au départ, lui, l’ancien soldat, agissant presque comme un misogyne face à la femme toute menue qui lui servait de collaboratrice. Quel débile, avaient sans doute dit certains ; Mason était resté avec ses assurances de bon vieux péquenaud pendant un long moment, avant que la réalité ne s’immisce dans son esprit : dans les grandes villes, ce n’était pas être un gentleman que de considérer une femme comme plus faible, moins apte à tenir une arme, et tout juste bonne à être perchée sur des talons hauts extrêmement sexy. Ils avaient mieux fonctionné à partir de ce moment-là, quelques instants de complicité se supplantant aux prises de tête inutiles. Voilà où ils auraient dû s’arrêter. Franchement. Personne ne regrettait plus amèrement ce qui s’était passé entre eux, que lui – c’était clair net et précis. Letha l’avait foutu à la porte, un jour, sans crier gare, soudainement rappelée à ses devoirs de mère ; parce que ouais, elle n’avait rien eu à foutre pendant toutes ces années, que de courir après le fantôme de son mari disparu et de leur môme embarqué sous le bras. Quel charme tout ça. Des années, sacrifiées pour un mec qui l’avait quittée sans se retourner, emmenant leur enfant sans même prévenir, ni même donner de nouvelles. Retrouver Radcliff et Castellanos en même temps, définitivement, ça faisait un sacré cocktail déplaisant, qui lui tapait sur les nerfs plus encore qu’il ne serait prêt à l’admettre : c’était pas le moment de flancher, admettre être celui qui serait le plus à même de péter un câble des deux. Voilà que Leinster et Castellanos devaient reprendre du service ; bras d’sus, bras d’sous, comme si de rien n’était. Ouais. Carrément. Le bureau avait parfois des exigences complètement fantaisistes – mais comme de bons petits soldats, ils s’y appliquaient toujours. La Nation avait tout le reste – m’enfin, sauf quand on avait un mec qui disparaissait à l’autre bout du pays avec son gosse, sans doute. Tant de rancœurs que Mason n’était pas prêt à mettre à haute voix – il ne faisait pas dans le sentimentalisme geignard, lui – de quoi lui filer la mauvaise humeur pour des jours entiers, et lui donner toute la volonté du monde pour empiéter sur le job désastreux de sa collaboratrice. Elle ne connaissait pas Radcliff, ni ses habitants, ni ses mœurs, ni ses rues, ni son fonctionnement, ni ses ragots. Malheureusement pour lui, il était plus à même de devenir le caméléon, renouant avec ce passé qu’il avait si volontiers laissé derrière lui.

Ni ses parents, ni le moindre membre de sa famille, ni petite poussée nostalgique, nan, il n’avait rien à retrouver ici, dans ce bled qu’il avait laissé derrière lui, avec presque tous ses démons. Y’avait son ex, et leur fille, Willow : mais qu’est-ce qu’il pourrait leur apporter de bon ? Définitivement, il avait fait le meilleur choix possible et imaginable, en se dirigeant instantanément vers le commissariat, aussitôt avait-il franchi les frontières de la ville. Il fallait bien mettre les points sur les « i » déjà, avec précision : le règne de Lancaster allait arriver à une fin, d’une manière ou d’une autre – que ce soit de la main du FBI, ou même des autorités politiques du pays, qui avaient rajouté quelques poignées de dollars pour régler le problème. S’ils continuaient comme ça, ce serait l’armée qui allait débarquer aux abords de la ville – et personne ne voulait ça, sans doute. Personne, si ce n’est Thaddeus Lancaster, qui décrétait en se levant le matin, que sa petite ville chérie devait être placée en quarantaine : n’importe quoi. Et tout ça, sous le nez de Letha, la si brillante et ambitieuse Letha Castellanos, avec son pedigree incroyable, et ses jobs toujours couronnés de succès. Elle avait perdu la main – c’était du moins ce qu’il préférait se dire, à défaut d’admettre que la situation pouvait être plus compliquée. « Mon superviseur ? Dans tes rêves Leinster. » il aurait pu lâcher un ricanement sarcastique en l’entend, si seulement il n’avait pas été occupé à rouler des yeux, soumis à un réflexe quasi incontrôlable, une réaction en chaine qu’elle entrainait en lui à la première seconde où elle apparaissait dans son champ de vision. Ouais, encore une question de fierté, toujours la fierté ; la pauvre semblait pourtant de mauvais poil, soumise à un gros stress – il aurait presque pu la plaindre, si seulement. Si seulement, ouais. Sans se faire prier, coopératif malgré les circonstances de leurs retrouvailles, Mason calqua ses pas sur ceux pressés de son interlocutrice, ne manquant pas de laisser son regard s’attarder ici ou là. S’il s’était pointé jusqu’ici, c’était pour y rester – que ça leur plaise, à eux deux, ou non. Personne n’aurait lâché cette ville plus volontiers que Mason Leinster, gamin de Radcliff, âme échouée aux frontières du Kentucky. Avec le temps, il avait appris à largement plus apprécier les grandes métropoles aux petits bleds du fin fond de la campagne ; mais il fallait croire que ceux-ci pullulaient tellement qu’il ne pouvait pas faire sans. Qu’est-ce qu’il n’aurait pas donné, pourtant, pour être envoyé dans une ville comme Atlanta pour tenter d’apaiser les tensions. Avec une autre collaboratrice, blonde sexy, moins bien revêche. On n’pouvait pas tout avoir dans la vie, et Letha était sur le point de le découvrir, elle tant habituée à la perfection. La porte claquée derrière eux, le transmutant eut vite fait le tour du bureau de sa collaboratrice : un regard et il en connaissait déjà tous les recoins, presque un petit placard dans lequel on l’avait refourguée pour l’oublier. Quelle connerie – y paraissait que les chasseurs étaient partout ici, c’était une chose de prendre des précautions, mais ce n’était pas dans ces dix mètres carrés qu’elle allait faire une différence. Peu importait, cette discussion était pour plus tard. Qu’est-ce qu’il faisait ici ? Une putain de bonne question, qu’il n’avait eu de cesse de se répéter tout le long du trajet. Et la réponse, était aussi évidente qu’agaçante. « J’ai été assigné ici. Tu sais, par ces supérieurs à Washington que t'as tendance à oublier. » ouais, lui n’était pas l’exemple type de l’employé modèle, à même de rappeler aux autres leurs obligations vis-à-vis des supérieurs hiérarchiques, mais tout ce qui pouvait être une pique acerbe envoyée dans la tronche de la rousse, était une bonne chose.

Pour appuyer ses mots, Mason sortit de la poche intérieure de sa veste, la même lettre assignée du sceau du bureau qu’il avait montré à la frontière de la ville. Sans aucune parole inutile, il la tendit à sa collègue, sans manquer de la dévisager d’un air goguenard. « J’peux déjà te dire qu’ils ont carrément apprécié, de voir aux infos nationales que la fête foraine annuelle et traditionnelle de Radcliff avait été dévastée par trois explosions successives. Sans compter le flic qui tire une balle dans la tête d’un citoyen. » il aurait presque lâché un rire insouciant, si seulement ça n’avait pas touché sa ville natale, bousculant plein de choses dans sa mémoire, qu’il ne préférait pas aborder. « Ça fait fureur sur youtube. » internet, ou l’arme que personne ne pouvait contrer ; prenant ses aises, Mason croisa les bras contre son poitrail, s’appuyant sur le bureau presque bien rangé de la jeune femme. « Ça part en vrilles partout, et malgré le discours politiquement correct du Président, tout l’monde nous pousse de tous les côtés pour apaiser les tensions. Y’a j’sais pas combien d’agents qui ont été affectés aux quatre coins du pays – parce qu’évidemment, si personne fait rien ici, pourquoi est-c’que les autres villes ne pourraient pas faire comme elles veulent ? » et aussi sarcastique et rancunier qu’il pouvait être, le professionnalisme avait repris le pas sur tout le reste ; Mason observa son interlocutrice droit dans les yeux, pour un instant du moins, avant de fuir à nouveau. « Ils m’ont envoyé pour faire les choses mieux – désolé, c’est leurs mots. Donc ouais, techniquement, j’suis ton superviseur, mais si tu veux, on va pas chipoter sur les mots. » se redressant sur ses pieds, il rejoignit les stores du bureau, les ouvrant en grand, comme s’il cherchait à puiser une lumière de soleil inexistante. Mais se barricader dans son bureau était trop évident, criait trop la méfiance pour lui ; c’était pas ce dont Radcliff avait besoin, et pour l’heure, il avait besoin de marquer sa présence ici. « J’ai besoin d’un café, tu m’accompagnes ? J’suis tellement dévoué à t’aider que j’ai roulé sans m’arrêter. » et un faux sourire pour appuyer ses paroles. Quittant l’intimité presque réconfortante du bureau de sa collègue, comme un poisson dans l’eau, Mason trouva la machine à café, attrapant un mug qui trainait par-là, pour le remplir d’une grande rasade de liquide noir. A tous les coups, ce serait du jus de chaussette pressée ; un truc dégueulasse et amer qui lui pourrirait encore plus l’humeur. Mais il avait désespérément besoin de caféine, pas de quoi chipoter. En avalant une gorgée âpre, le transmutant n’eut qu’une grimace dégoûtée, avant de replonger sa main dans la poche intérieure de sa veste. « Une enquête a été requise, aussi. » il laissa quelques secondes d’avance à la rousse pour ouvrir le papier. « Sur le shérif de la ville. » et c’était là que les hostilités reprenaient, l’agent analysant silencieusement les traits du visage de celle qui se trouvait en face de lui. Pas de quoi chipoter, ou prétendre, le nom était inscrit en gros, et en lettres noires au milieu du papier. « Castellanos, ça m’dit quelque chose. Ce serait pas ton fameux mari disparu ? » le café était-il amer au point de laisser une empreinte de ressentiment dans sa voix ? Encore une fois, son ton aurait pu être moqueur, si ça n’les renvoyait pas à autre chose. « Comme quoi, le karma trouve toujours un moyen. » marmonna-t-il, avant d’enfin décoller de la zone de la machine à café, rebroussant chemin vers le bureau investi par Letha – elle allait devoir faire de la place, ils étaient deux, maintenant.
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MessageSujet: Re: (letha), uncurling lifelines   (letha), uncurling lifelines Icon_minitimeDim 27 Sep 2015 - 13:28

grieve what I happen to grieve.
— mason leinster & letha castellanos —
I should have known better Nothing can be changed. The past is still the past The bridge to nowhere. I should have wrote a letter Explaining what I feel, that empty feeling. Don’t back down, concentrate on seeing The breakers in the bar, the neighbor’s greeting. Don’t back down, there is nothing left The breakers in the bar, no reason to live. I’m a fool in the fetter. — Should Have Known Better.

Mason avait été un moment de faiblesse dans la vie de Letha. Un moment pendant lequel elle avait manqué à toutes ses obligations, quelles soient familiales ou professionnelles. Mais ça avait été un moment agréable. Court mais vivifiant. Elle s’était sentie tellement bien si loin de toutes les contraintes qu’elle n’avait de cesse de s’imposer. Elle s’était sentie revivre, elle qui avait pourtant tout mit entre parenthèses pour chercher son mari et sa fille. Elle était une femme mariée et encore persuadée à cette époque que son mariage avait encore de la valeur, malgré les huit années passées à rechercher l’homme qu’elle avait un jour épousé. Elle aurait peut-être pu être heureuse avec Mason, en tout cas, moins malheureuse qu’à courir après un passé qui était révolu. Mais dès qu’elle avait ressenti ça, elle s’était empressée de mettre un terme à leur histoire. C’était complètement débile, elle le savait au plus profond d’elle-même, elle l’avait toujours su, pas besoin de retrouver Absalon et sa petite vie parfaite pour s’en rendre compte. C’était peut-être l’habitude de la solitude, la peur de passer à autre chose, la crainte de vraiment oublier celle qui comptait vraiment, elle n’en savait rien, mais il y avait quelque chose qui l’avait poussée à mettre un terme rapidement à cet espoir de vie nouvelle. Aujourd’hui elle le regrettait encore plus qu’à l’époque. Elle avait couru après du vent, un mari qui l’avait juste abandonnée en lui arrachant leur enfant, cette gamine qui comptait plus que tout au monde à ses yeux. C’était comme s’il lui avait arraché le cœur avant de partir, loin et sans jamais se donner la peine de donner des nouvelles, de simplement lui dire qu’ils étaient en vie, qu’ils allaient bien et qu’elle pouvait passer à autre chose. Il savait peut-être que ça ne l’aurait pas empêchée de continuer à chercher, mais au moins, ça l’aurait aidée à avancer. Elle aurait pu dire à tout ceux qui la prenait pour une folle, qu’elle était parfaitement saine d’esprit et que sa fille et son mari n’étaient pas que des cadavres de plus qu’on ne retrouverait pas. Elle avait eu raison de croire dur comme fer qu’ils étaient encore vivants, malgré tout ce qu’on avait pu lui dire. Elle avait eu raison de continuer à chercher même si on lui avait répété des millions de fois qu’il fallait qu’elle laisse tomber cette affaire. Elle avait eu raison, tout simplement. Tout autant que Mason avait eu raison, mais c’était déjà plus difficile à admettre. Il avait été le premier à dire que son mari, s’il était encore en vie, il avait dû se barrer pour une bonne raison. Une autre femme ou une connerie du genre et que s’il ne s’était pas donné la peine en huit ans de donner des nouvelles, c’était certainement parce que sa vie lui convenait comme ça. Elle n’avait pas voulu y croire. Ils étaient mariés, ils avaient une vie ensemble. Jamais il ne l’aurait abandonnée comme ça pour aller refaire sa vie ailleurs. Il se serait au moins donner la peine de lui expliquer, de demander le divorce, bref, il serait passé par la procédure normale, si jamais il avait vraiment voulu se débarrasser d’elle. Elle y avait cru, mais elle s’était trompée. Il était vraiment parti, comme un voleur, avec leur fille sous le bras pour aller refaire sa vie ailleurs et elle, elle était l’idiote qui s’était accrochée à un fantôme. Stupide Letha. Elle avait eu autant raison que tort dans cette affaire. Une chose était certaine, elle était bien trop fière pour aller dire à Mason qu’il avait eu raison, alors elle aurait préféré ne pas le recroiser avant de rentrer à Washington. Malheureusement pour elle, il fallait croire que leurs supérieurs en avaient décidé autrement.

Le voir ici dans le commissariat de Radcliff, c’était une sacrée surprise. Elle était presque sûre que là-haut à Washington, on l’avait complètement oubliée, laissée à son sort comme une pauvre fille en train de s’enfoncer dans la merde de Radcliff. Mais non, voilà qu’on lui envoyait Mason Leinster pour la superviser. Il avait fallu que ce soit lui évidemment. Et puis la superviser, sérieusement ? C’était n’importe quoi cette histoire. Qu’il aille superviser les poules de la ferme d’à côté si ça pouvait l’amuser, mais pas elle. Quoi qu’ils puissent en avoir pensé quand ils avaient commencé à travailler ensemble, elle s’était toujours sentie sur le même pied d’égalité que lui. Elle n’était pas qu’une femme, toute juste bonne à faire la potiche, elle s’était toujours donné les moyens de le prouver. Il n’était pas son supérieur simplement parce qu’il était un homme et elle une femme. Elle s’était tuée à la tâche pour le lui prouver et il n’était pas question que la peine qu’elle s’est données soit mise à néant par les décisions de leurs supérieurs. Elle l’avait conduit jusqu’à son bureau, là où elle pensait pouvoir être à peu près à l’abri des regards indiscrets. Bien qu’au fond, elle aurait dû l’emmener dans sa voiture ou dans son appartement pour ça, mais qu’importait. Ici, c’était mieux qu’en plein milieu du couloir. « C’est pas moi qui les oublis, c’est plutôt le contraire. » Elle en avait envoyé des rapports à Washington, sans jamais avoir de nouvelles. Elle cherchait des solutions et la seule chose qu’ils lui envoyaient, c’était Mason ? Il en faudrait au moins vingt des Mason pour régler le problème ici. Toute seule ou à deux, ça ne changeait pas grand-chose. Elle attrapa la fameuse lettre qu’il lui tendait pour en lire les mots, un soupire passa ses lèvres alors qu’elle la plaquait contre le torse de son interlocuteur pour qu’il la récupère. « Ouais, je sais bien ce qu’il s’est passé à la fête foraine. J’y étais. » Elle avait faillit crever dans une nacelle dans une grande roue. Rien que d’y repenser, elle se frotta nerveusement le bras, là où derrière ses vêtements il y avait encore un hématome pour témoigner de la super soirée qu’elle avait passée. Un souvenir parmi tant d’autres. Quitter cette nacelle en vie n’avait pas été facile. « Le flic, Lynch, il a été innocenté. Apparemment il a fait son devoir de policier en tuant ce type. Il a protégé la ville et blablabla. C’est ce qui a été décidé après l’enquête. » Tout le système judiciaire s’était mit d’accord là-dessus. Ce n’était pas grave, puisque le type en question était un transmutant. C’était limite ce qu’on pouvait entendre un peu partout à présent. C’était comme ça qu’elle l’entendait elle. Clairement, ce type avait été dangereux, une bombe humaine, mais le descendre comme ça, ce n’était pas franchement normal. Rapidement elle tira un dossier du tiroir de son bureau. Un dossier beaucoup trop fin d’après elle. Celui concernant cette fameuse affaire. « Apparemment, tout est là. » Elle n’y croyait pas elle. Elle avait bien vu qu’il y avait un tas de trucs qui disparaissait tous els quatre matins dans ce commissariat. « Faire les choses mieux hein ? Fait toi plaisir. Fait donc mieux que moi, j’te regarde. » Concrètement qu’est-ce qu’il pourrait faire de mieux qu’elle hein ? A part en outrepassant le système, il n’y avait rien à faire pour cette ville. « Ou alors, je vais faire mes valises et je me tire prendre des vacances dans les caraïbes. » Elle soupira. C’était de l’humour dans le fond, elle allait rester et elle n’allait pas simplement le regarder le faire. Il la connaissait assez pour le savoir, mais dans le fond, des vacances aux caraïbes, ça ne pourrait clairement pas lui faire de mal. Elle leva les yeux au ciel avant de le suivre jusqu’à la machine à café, le laissant se servir ce café pourris si ça lui faisait plaisir. Elle, elle préférait encore prendre quelques minutes pour aller dans le café d’en face. Ce truc c’était presque imbuvable. Une nouvelle fois elle prit le papier qu’il l’attendait. Absalon devait bien s’en douter qu’une enquête lui tomberait dessus. Elle fit la lecture du document, écoutant Mason d’une oreille, avant de le suivre de nouveau jusqu’à son bureau. « J’pense pas qu’Absalon est grand-chose à se reprocher en tant que shérif de la ville. » Elle avait beau éviter de se retrouver plus de cinq minutes dans la même pièce de lui, elle pouvait voir qu’il faisait de son mieux et que ses efforts étaient sans arrêts réduits à néant par ceux qui étaient mieux placés que lui. Elle savait également qu’il était un transmutant et aussi long qu’elle se souvienne, c’était une condition dont il n’avait pas honte. Elle voulait croire – malgré tout ce qui s’était passé entre eux – qu’elle le connaissait encore assez bien pour savoir qu’il n’était pas pour ces affaires de transmutants dégommés à la chaine. « Et ouais, c’est bien mon mari. Comme quoi j’avais raison de le dire haut et fort qu’il était encore vivant. » Elle soupira, baissa les yeux vers le sol. Ouais il était encore vivant mais il l’avait trahie. Elle serra la mâchoire quelques secondes, relevant les yeux vers son interlocuteur. « T’avais raison aussi. » Elle avait parlé vite, d’une voix relativement basse avant de feinter une légère quinte de toux, c’était dur de s’asseoir comme ça sur sa fierté. « Enfin bref. » Changeons rapidement de sujet, ça vaudra mieux. « Je pense que le problème dans cette ville, il vient pas de lui. » C’était sa conclusion à elle et ça n’allait pas arrêter l’enquête sur Absalon, mais elle pouvait bien le détester autant qu’elle le voulait, elle était sans doute trop à cheval sur la justice pour le voir payer pour quelque chose dont il n’était pas responsable.


Dernière édition par Letha Castellanos le Jeu 22 Oct 2015 - 19:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: (letha), uncurling lifelines   (letha), uncurling lifelines Icon_minitimeVen 16 Oct 2015 - 2:15


such damage with one kiss, a fire of devotion
lost in the fog, these hollow hills blood running hot, night chills. without your love i'll be so long and lost, are you missing me? it's been so long between the words we spoke. you wonder why it is that i came home, i figured out where i belong. but it's too late to come on home, are all those bridges now old stone? can the city forgive? i hear its sad song w/letha castellanos & mason leinster.

Les conséquences de ses actes ; Mason connaissait bien la formulation, pour l’avoir entendu un certain nombre de fois déjà, au cours de sa vie. Lorsqu’il était rentré de la guerre, retrouvant un Radcliff qui n’lui ressemblait plus – il avait décidé d’affronter les conséquences de ses actes en abandonnant Shana et Willow derrière lui. A son retour, ici, ce soir, il affrontait à nouveau, prêt à encaisser toute retrouvaille qui devrait se jouer ici-bas : combien d’années avaient couru, de choses avaient changé – bien rarement, Leinster s’était attardé à imaginer à quoi pourrait bien ressembler sa fille. Il était de ces parents qui semblaient s’en foutre totalement, de ceux qui avaient tracé leur route sans se retourner, et flirtaient avec la belle vie pendant que d’autres se coltinaient les mômes : c’n’était pourtant pas le cas, malgré les apparences qui ne craquelaient que très rarement – là-bas en tout cas, loin des frontières de la ville. Ce bled maudit que Mason aurait préféré ne jamais retrouver, d’une quelconque manière que ce soit : il s’portait mieux loin de Radcliff, et les seules choses et personnes auxquelles il avait pu tenir ici, se portaient mieux sans lui alentours également. Un commun accord, qu’il avait décidé de prendre avec lui-même ; encore une fois, il s’plierait volontiers aux conséquences de ses actes. Aux répercutions de ses choix, aux réponses du destin quant à c’qu’il avait décidé, presque sans crier gare. Avec Letha, c’était différent ; ça n’avait été qu’une histoire temporaire (presque trop temporaire) porteuse pourtant de répercutions quasiment dramatiques, qui continuaient encore aujourd’hui de peser sur leurs épaules, et au beau milieu de la conversation, à chaque fois qu’ils se retrouvaient face à face. Ça avait foutu en l’air leur travail d’équipe, cette bonne entente qui avait pu les faire marcher si bien. Ça avait foutu en l’air bien plus de choses que ça d’ailleurs, des choses sur lesquelles l’agent Leinster ne mettrait jamais de mots : tout simplement parce que c’était plus pratique comme ça, de nager dans une amertume palpable plutôt que d’avoir des mots clairs et précis. A quoi bon ? Letha avait fait son choix. La rousse avait décidé de privilégier l’alliance vide de sens qu’elle avait encore au doigt, huit ans plus tard, plutôt que d’aller de l’avant. Mason n’était pas d’ces types qui désiraient stagner dans le passé, s’raccrocher à ce qui n’avait plus lieu d’être – sans quoi, il n’aurait jamais été au FBI, et n’aurait jamais quitté Radcliff, quitte à plonger tête la première dans un tout nouveau genre de misère. C’te même misère que la Castellanos connaissait bien, prête à s’accrocher au fait d’avoir eu raison pendant huit années de sa vie, pour ne pas être uniquement des regrets ambulants : ceux d’une femme, qui s’était littéralement lynchée d’avoir avancé, à un quelconque moment de sa vie, alors même que l’type qui l’avait abandonné, embarquant leur gosse avec lui, était encore là, quelque part sur cette planète. Quelle connerie. Quelle prise de tête : sans doute était-ce mieux pour Mason d’être sorti d’une telle tourmente, de n’pas avoir à affronter ça plus longtemps. Dans l’match contre le fantôme du mari absent, il avait perdu, point barre, y’avait pas grand-chose d’autre à ajouter – normalement.

Tant qu’il était loin de Letha, l’amertume n’était pas aussi âpre, tortionnaire abyssale qui creusait son chemin dans son âme, sa fierté toute entière. Il n’était pas un homme qui allait attendre après une nana, et en de nombreuses aventures d’un soir, éphémères et insignifiantes, Leinster avait fait en sorte de se persuader qu’il était passé à autre chose. Lui au moins. Lui, il n’passerait pas huit ans à attendre après quelqu’un – pas même la rousse qui se trouvait devant lui. Si elle était si apte à faire comme si de rien n’était, comme s’ils n’avaient rien signifié, il en ferait de même. Coûte que coûte. Cette arrogance servile qui avait fait de lui un connard pendant bien longtemps, lui était encore utile à ça, au moins. Bras croisés, ayant déjà envahi le bureau de Letha, comme si de rien n’était, Mason dégainait peu à peu ses armes : c’n’était pas pour lui déplaire, de souligner à la rousse l’échec cuisant qu’on lui attribuait là-bas, à la capitale. Elle s’agaçait volontiers de cela, bien évidemment – question d’orgueil pour elle aussi, comme quoi, ils se ressemblaient plus que ce n’était acceptable. Après des heures de route, il n’avait pas forcément envie de se plonger dans la paperasse, ou même de se demander qui était le Lynch innocenté après avoir tiré une balle dans la tête d’un concitoyen au beau milieu de la place publique : Leinster se contenta d’un soupir, une main glissant sur son visage, comme unique réponse aux petites piques acerbes de la jeune femme à ses côtés. C’était à se demander ce qu’il y aurait eu de mieux à faire, que de directement buter un transmutant qui mettait des dizaines de vie en jeu : sans l’avoir formulé à haute voix, ni à ses supérieurs, ni à Letha, Mason était partagé de ce côté-ci. Certes, c’n’était pas une raison de rendre la justice si prestement, presque avec un côté délinquant, l’urgence de sortir un type du système judiciaire avant même qu’il n’y soit entré – ça semblait être la façon de fonctionner de Lancaster. Pas de quoi être étonné, somme toute. « Arrête de faire preuve de mauvaise foi. Tu sais aussi bien qu’moi que t’iras pas aux Caraïbes, même si j’te le demandais – et même si on sait tous les deux qu’ça m’arrangerait. » ouais, ça l’arrangerait de ne pas l’avoir dans les pattes, de ne pas avoir à prétendre. De n’pas avoir à bosser avec elle : tant de choses qui auraient pu rendre le séjour de Mason à Radcliff bien plus confortable – si seulement. Il fusilla Letha du regard, silencieux un instant, bien peu désireux pourtant de laisser planer une quelconque idée de malaise entre eux – surtout pas venant de lui. Il pouvait passer à autre chose, il était passé à autre chose – pas b’soin de réfléchir plus loin. La distraction du dossier fut la bienvenue, donc, malgré la fatigue qui avait atteint le transmutant jusque dans le creux de ses yeux : il l’inspecta donc, avant de le balancer en direction de Letha – il n’y avait pas de quoi s’attarder. Pas d’quoi chipoter, aucune preuve légale qui indiquait le meurtre, c’était ici une notion de justice, que d’abattre quelqu’un froidement. Normal. Sans doute. « Fais pas la tronche, tu sais très bien qu’on bosse toujours mieux en équipe. J’sais même pas pourquoi ils t’ont envoyée ici toute seule, c’est pas forcément conventionnel de faire ça. » si l’ironie avait été palpable au début de sa phrase, rien que pour souligner sans le dire tous les dysfonctionnements du début de leur tête à tête, Mason avait repris un sérieux certain au moment de soulever la solitude de la jeune femme. C’n’était pas dans les habitudes du bureau : à croire qu’ils affichaient volontiers la panique qui les prenait, et envoyaient leurs agents pour simplement faire illusion – ou s’faire buter, au choix. Elle n’pouvait pas dire qu’elle n’avait pas besoin de lui, car tous les derniers événements de Radcliff prouvaient l’exact opposé. Jamais dans toute sa carrière, elle n’avait été plus débordée qu’ici – contre toute attente ! Letha avait pourtant géré bien des crises, mais c’n’était rien comparé à cette ville, pourrie de l’intérieur, jusque dans ses plus infimes autorités.

Il ferait les choses différemment, sans un gramme de finesse – un talent que la rousse avait, certes, mais dont il était cruellement dépossédé ; sans doute aussi pour ça, qu’on l’avait choisi lui et non pas un autre. Nan, ses patrons ne pouvaient pas juste avoir décidé de l’envoyer ici parce qu’ils le détestaient, y’avait forcément une raison valable à son arrivée forcée aux frontières du Kentucky. Le nez plongé dans l’affreux breuvage qu’il était allé chercher à la machine à café, Mason avait probablement gardé le meilleur pour la fin ; cette histoire d’enquête sur le shérif de la ville. Les réponses de Letha ne se firent pas attendre à ce sujet : toujours ce même entêtement farouche, pour ce qui était d’avoir raison, et d’avoir une foi sans faille pour le mari qui certes, n’était pas mort – mais qui l’avait bel et bien abandonné, donc. Irrémédiablement, Letha avait eu le choix entre la peste et le choléra : soit apprendre tôt ou tard que son époux et sa fille étaient morts de façon bien tragique, et qu’elle avait poursuivi des fantômes pendant dix longues années. Soit apprendre qu’ils étaient en vie, et subsistaient loin d’elle, sans même se donner la peine de se préoccuper de la pauvre femme qu’ils avaient laissée derrière. Quel bilan. Triste au point que Mason ne cherchait pas vraiment à apprécier l’instant : dans tout ça, le café avait meilleur goût que les répliques sanglantes de l’agent à ses côtés. « J’ai jamais dit qu’il était responsable de quoique ce soit. Reste qu’il est shérif dans cette ville depuis des années, et que Lancaster s’est pointé du jour au lendemain – élu, certes. Mais le shérif innocent, n’a rien fait pour tenter d’inverser la situation d’une quelconque manière. » rester professionnel avant tout, presque faire mine de ne pas avoir entendu la réplique qu’elle avait marmonnée : ouais, il avait eu raison. Mais à quoi bon l’dire, hein ? Elle avait déjà tout foutu en l’air entre eux, et c’n’était pas parce qu’elle toussotait de vagues excuses qui n’en étaient pas, que tout allait redevenir comme avant – si tant est qu’il y ait eu un quelconque avant auquel elle aurait pu tenir, un jour, dans sa vie. Letha s’en foutait complètement : c’était l’seul constat que Mason avait fini par se dresser, le seul élément qui faisait sens. « J’m’occuperai de l’enquête de toute manière. Tu penses bien qu’ils te font pas confiance pour ça. » et lui non plus, à vrai dire. « Faudrait pas qu’y’ait de conflit d’intérêt. Ou de mauvaises nouvelles pour gâcher vos retrouvailles. » car ouais, il n’pouvait s’empêcher de s’imaginer déjà, Letha étant retournée dans les bras de son époux qu’elle avait perdu pendant tant de temps : elle était totalement capable d’avoir fait ça. D’avoir achevé de balayer ce qu’ils avaient été, comme ça, alors qu’il avait été à des milliers de kilomètres, prétendant s’en foutre. « J’ai besoin de faire un tour. J’ai fait des heures de bagnole, j’mérite bien ça. » finit-il par déclarer. Et sans autre forme de procès, il quitta la pièce, désireux de prendre la fuite, de ne surtout pas entendre une quelconque réponse de la part de sa collègue : il n’avait pas besoin d’une énième réplique cinglante, d’une petite pique qui lui prouverait qu’il avait eu raison de ne pas se faire d’illusion. Ils étaient là pour bosser après tout, et rien de tel pour bien se faire une idée, que de marcher en plein centre-ville, et tenter de renouer avec ses propres démons, ceux qu’il aurait voulu ne jamais retrouver. Letha, comme la ville de Radcliff elle-même : protagonistes et décor, tout était contre lui à présent.
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MessageSujet: Re: (letha), uncurling lifelines   (letha), uncurling lifelines Icon_minitimeJeu 22 Oct 2015 - 19:10

grieve what I happen to grieve.
— mason leinster & letha castellanos —
I should have known better Nothing can be changed. The past is still the past The bridge to nowhere. I should have wrote a letter Explaining what I feel, that empty feeling. Don’t back down, concentrate on seeing The breakers in the bar, the neighbor’s greeting. Don’t back down, there is nothing left The breakers in the bar, no reason to live. I’m a fool in the fetter. — Should Have Known Better.

Letha avait gâché huit ans de sa vie à courir après un type qui de toute évidence n’en valait pas la peine. Ils étaient mariés, ils avaient connu de belles années mais Absalon ne devait pas en avoir grand-chose à faire, puisqu’il était parti en la laissant sur la touche et en emportant leur fille avec lui. Pendant huit ans, elle s’était accrochée à l’espoir de les retrouver tous les deux et de retrouver la vie qu’elle avait eue auparavant. Mais ça avait été complètement niais. Elle ne savait même pas pourquoi elle avait passé huit ans à protéger son mariage alors que son époux n’en avait jamais eu la moindre envie. Il avait refait sa vie avec une autre femme, il avait eu un autre enfant. Il était heureux alors qu’elle, elle avait passé les huit dernières années au fond du trou. Elle avait gardé espoir jusqu’au bout et tout ça pour quoi ? Rien du tout. Elle se sentait incroyablement stupide de s’être toujours refusé d’aller de l’avant. Elle avait été idiote de repousser Mason alors qu’il avait eu raison sur toute la ligne. Elle s’était privée de tout pour Absalon, alors que lui, il n’en avait pas grand-chose à faire d’elle. Elle le détestait amèrement pour tout ce qu’il avait pu lui faire et voilà qu’elle était obligée de travailler avec lui. Encore parce qu’elle avait fait le choix de venir jusqu’à Radcliff pour lui. Il était responsable de tous les malheurs de son existence, y compris sa présence dans cette ville. Tout semblait être de la faute d’Absalon. Même sa relation avec Mason, si elle était ce qu’elle était, elle pouvait largement se permettre d’accuser Absalon, parce qu’il était celui qui l’avait lâchement laissée tombée sans un mot, parce qu’il n’avait même pas eu le courage de lui dire clairement qu’il ne voulait pas d’elle dans sa vie. Il l’avait laissée attendre et se disant que c’était mieux pour elle. Veera le lui avait bien dit, il jugeait que lui dire la vérité ça aurait été la blesser encore plus. C’était la pire connerie qu’elle avait entendu de toute sa vie. Il avait foutu en l’air bêtement, comme le dernier des imbéciles et elle, elle avait été la bonne poire qui avait dit au seul homme qu’elle avait laissé un tant soit peu entrer dans la vie, qu’elle ne pouvait rien envisager avec lui, parce qu’elle était mariée. Mariée au plus débile des hommes de la planète. Il allait falloir qu’elle songe à retirer son alliance et sa bague de fiançailles qui étaient encore à son doigt. Elles ne représentaient plus rien pour elle, si ce n’était un étau dont elle voulait se défaire. Elle détestait sa vie à présent et revoir Mason se planter au beau milieu du commissariat, ça n’arrangeait rien, au contraire. Ça la faisait plus chier qu’autre chose. Rien n’allait dans cette ville. Elle avait envie de reprendre ses affaires et de partir bien loin d’ici. Mais il n’était pas question d’abandonner sa mission ici, encore moins à un moment où, de toute évidence, on la considérait trop incapable pour gérer quoi que ce soit toute seule. Elle n’allait pas leur donner raison en lâchant tout. C’était débile cette histoire de superviseur, mais elle n’avait pas le choix, il fallait qu’elle accepte. De toute façon, on remarquerait bien vite que ce n’était pas elle le problème, mais Radcliff.

Les caraïbes pourtant, c’était une idée alléchante. Ça faisait des années qu’elle n’avait pas pris de vacances, un temps fou qu’elle n’avait pas pris un peu de temps pour elle. Là, elle était tellement au bord du gouffre qu’elle ne dirait pas non si on lui proposait un séjour sur une île paradisiaque. Loin de Radcliff et d’Absalon, peut-être qu’elle pourrait faire le point sur sa vie. Elle haussa les épaules suite à la réplique de Mason. « P’t’être que si tu avais pas ajouté que ça t’arrangerait, j’aurais accepté de partir aux caraïbes, après tout, j’ai pas pris de vraie vacances depuis des années. » Mais si ça devait arranger Mason, pas question de partir comme ça. Pas question non plus de laisser ses supérieurs jaser encore plus sur elle. Elle valait mieux que ce qu’on voulait bien dire d’elle et elle allait le prouver en continuant de travailler au milieu de cette merde, quand bien même elle préférerait largement aller se faire dorer la pilule au soleil. « Radcliff n’inquiétait pas au début, c’était limite si on m’a pas prise pour une folle quand j’en ai parlé. » On l’avait prise pour une folle. Une fois de plus. Elle était la pauvre fille qui continuait de chercher son mari et sa fille, elle était la cinglée qui voulait aller s’enterrer dans une ville paumée au milieu de nulle part. « J’crois qu’ils ont accepté de m’envoyer toute seule ici parce qu’ils voulaient m’éloigner. » Elle avait pourtant toujours très bien fait son travail au sein du FBI. C’était une femme ambitieuse et travailleuse et elle n’avait jamais laissé ses malheurs personnels interférer avec ses compétences au sein du bureau. Mais ça n’empêchait pas qu’on la prenne pour une folle. Il y avait cette page qu’elle n’arrivait pas à tourner et ça se savait. « Faut croire qu’ils ont fini par réaliser que j’avais raison. Mais ils sont trop fiers pour l’avouer. Ils préfèrent envoyer quelqu’un d’autre pour me superviser. » Encore une façon qu’ils trouvaient pour lui faire comprendre à quel point on la dévalorisait au bureau. Elle détestait ça. Elle avait bien envie d’appeler le bureau pour les engueuler, mais quoi qu’elle dise, ils auraient toujours raison, quand bien même ce n’était qu’une bande de bureaucrates qui ne comprenaient rien à la vie et qui étaient clairement misogynes d’après elle. Elle avait eu raison et personne ne l’avait écoutée, que ce soit pour Radcliff ou pour Absalon. La seule chose qu’ils trouvaient à faire c’était lui faire comprendre qu’ils la trouvaient bien nulle. Mason ne ferait pas mieux, elle en était déjà certaine. Cette ville c’était le grand n’importe quoi et elle avait l’impression que s’il cherchait des poux directement et franchement aux gros bonnets de la ville, il allait mystérieusement disparaitre de la surface de la planète. Les cadavres s’accumulaient dans cette ville, c’était inquiétant, mais il fallait rester fin et discret pour ne pas être un autre nom ajouté à la liste des personnes décédées dans cette fichue ville. « T’inquiète. Je cherche pas à le défendre. J’m’en fiche dans le fond. Je pense juste que les problèmes de Radcliff dépassent également le shérif de la ville. » Qui en l’occurrence était Absalon. « T’façon, c’est mieux que ce soit toi qui lui parle. J’lui ai cassé le nez moi et je suis pas sûre de pouvoir rester plus de deux minutes en face de lui sans me jeter dessus pour l’égorger. » Elle haussa légèrement les épaules, le plus naturellement du monde. Elle ne le tuerait pas de toute façon, c’était certain. Mais rester dans la même pièce que lui, c’était dir, impossible même, elle le fuyait comme la peste. Elle n’allait pas l’égorger, c’était sûr, mais lui en coller une par contre ça, ça risquait clairement d’arriver. « Okay. Bonne promenade. » Elle laissa échapper un soupire alors qu’il quittait la pièce, avant de se laisser tomber sur son fauteuil en face de son petit bureau. « Si tu me cherches, je serais là moi. En train de bosser. » Il était déjà parti, mais tant pis, elle n’avait pas pu garder cette réplique pour elle. On lui reprochait de mal faire son boulot et on lui envoyait un superviseur qui se barrait faire une balade en ville pendant qu’elle, elle travaillait. Génial. Elle soupira encore. Les choses allaient être encore plus compliquées maintenant qu’il était là.
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