Sujet: Re: Can we start again (marius) Mar 20 Oct 2015 - 14:52
Can we start again
|► Je ne comprends pas totalement la logique de cette conversation, de cette discussion, de cette visite. Je suis venu pour avoir des explications, j’apprends au final qu’elle est enceinte : et pas de moi. Je suis venu pour m’excuser dans un sens, et c’est elle qui m’enterre sous ses excuses à elle. Et finalement, on s’embrasse, elle crie, tous les sujets sensibles débarquent et font la fiesta dans le salon sans que je ne sache trop quoi faire. Quoi dire. Alors au lieu d’essayer de réfléchir – de toute façon je ne sais pas faire, faut pas se leurrer – je cède et je dis ce qui me passe par la tête. La vérité. Je ne sais pas où on en est, je ne sais même pas où j’en suis avec elle. Elle innove sur trop de plan, elle sait des choses sur moi que j’ai toujours gardé loin des autres, j’ai fait des choses pour elle que je n’avais jamais fait pour d’autres. Et je l’ai trompée, deux fois, malgré tout, comme si fallait que je la repousse violemment pour lui épargner la peine de le faire plus tard. J’inspire, je change de sujet rapidement pour ne pas m’étaler sur notre relation trop compliquée pour être résumée en deux mots, trop simple pour être digne d’un roman à l’eau de rose. Je change de sujet pour migrer vers l’autre chose que je déteste aborder de vive voix. Ma mutation, c’est un tabou ou presque. Je l’accepte tout juste pour savoir la contrôler et ne pas faire de dépression à son propos – de toute manière, je ne suis pas vraiment du genre à déprimer en général. Ma mutation, je n’en parle pas. Avec Martial, c’est tout juste si on en a abordé le sujet, avec Moira… vu comme ça a pourri l’ambiance, ça veut tout dire. J’ai un esprit pratique : tant que ça ne se voit pas, je la laisse dans un coin jusqu’à ce qu’elle me devienne utile. Ma téléportation, je la maîtrise pour me simplifier la vie et ça me suffit amplement. Je déglutis, tentant de mettre des mots sur l’indescriptible. Augmenter ma densité… pitoyable. Même ça, je ne peux pas vraiment le faire au maximum parce que mon cœur refuserait de suivre la cadence. Je soupire. Comme plutôt, j’enchaîne directement avec la suite des questions qu’elle m’a balancées en plein visage tout à l’heure. Astrid, c’est fait. La mutation, c’est fait. Crescentia… Je ne prends pas la peine de jouer au joli poète, je dis les choses comme elles sont, point final. Pas besoin de s’attarder sur le sujet. Je préfère embrasser Astrid, comme pour lui assurer que la seule fille qui m’intéresse, c’est elle. Comme pour la rassurer, comme pour me rassurer. Insistant. Je m’entends lui redire à quel point je suis perdu, à quel point je suis paumé, à quel point elle est, au final, la seule certitude que j’ai sur ce que je veux. Je la veux elle, et pas une autre. Elle, juste elle. Je m’entends même lui promettre qu’elle n’aura pas à regretter cette troisième chance qu’elle m’offre – si mon compte est bon – et que même si je vais forcément faire des conneries, ce ne sera certainement pas intentionnel. J’ai vraiment envie de faire des efforts, je veux qu’elle le comprenne.
Alors je termine par m’entendre lui dire une connerie. Une grosse connerie. Une proposition que je vais finir par regretter, j’en suis certain. Mais bon : je ne reviens pas vraiment sur ce que je raconte, bien au contraire, j’assume la plupart du temps tous mes dérapages, ne me réfugiant derrière des mensonges aussi ridicules qu’éhontés ou derrière mon excuse favorite – je suis cleptomane – que face à mon père ou à tous ceux qui ne m’inspirent aucun respect. « je marche pour ta proposition » J’attrape ses lèvres, je les mordille lorsqu’elle m’embrasse, un sourire non contenu, teinté d’une légère inquiétude, il faut bien se le dire. J’ai l’impression qu’on a trop de retard et qu’il faut qu’on s’embrasse, qu’on s’embrasse encore pour remplir le quota. Ca me va très bien, je ne vais pas m’en plaindre, loin de là. Elle se réinstalle, se décolle de moi pour terminer à califourchon. Au moins, je peux la regarder dans les yeux sans torticolis. « Je vais te le répéter mais je t'aime, je t'aime, et on va y arriver. Je te jure que je ne te ferai plus de mal, je ne veux plus jamais te faire souffrir, j'ai cru mourir lorsque j'ai cru que Kingsley allait te tuer, plus jamais, je te le promets. J'ai une dernière question... juste... j'ai besoin de savoir ça aussi, Kingsley... qu'est-ce qu'il t'a fait… ? Je veux savoir à quoi m'attendre avec lui, je le considérais comme mon frère, ce qui ne peut plus être le cas, j'ai besoin de savoir qui il est... Marius, il faut que tu me le dises... si tu es prêt… » Non. Autant le début, j’aimais bien ça, autant la fin… Astrid, tu ne peux pas t’arrêter à tes je t’aime, hein ? Tu ne peux pas me dire oh, non, mon beau Marius, jamais je ne te poserai de questions qui te dérangent, tu es bien trop choupinou et mignon pour ça. Je soupire devant ma connerie et surtout devant le caractère un peu surréaliste de ce que je viens de m’imaginer. « Pourquoi tu veux savoir ça, Astrid, en quoi ça t’intéresse ? » Je me mordille la lèvre. Pourquoi de toutes les questions du monde, elle m’a posé celle là ? Bon, d’accord, ce n’est certainement pas la pire, la pire aurait sans conteste été quelque chose comme pourquoi tu n’aimes pas tes parents ou qui t’a ramené à l’hôpital ou encore, tu es sorti avec combien de filles, au juste ?. Il y a trop de pire question. Mais même si elle n’a pas forcément tapé dans le top trois avec celle là, elle est déjà suffisamment dérangeante pour que je n’aie pas trop envie de répondre. Et que je sois déjà tenté de lui mentir pour la rassurer ou pour esquiver le problème. Qu’est ce que je pourrais lui répondre, d’ailleurs ? Oh, on a juste bavardé, il m’a invité à boire le thé et j’ai mal digéré la tisane ? Mais bien sûr, tu peux trouver mieux Marius ou… je peux aussi me taire. Je m’en suis laissé le droit. « Je préfère qu’on n’en parle jamais, Tidou. » Je ne la quitte pas du regard un seul instant. « Je veux dire… ce n’est pas très intéressant, non ? Faut juste que… tant que tu restes loin de lui, y’a pas de souci, c’est juste un bâtard. Regarde-moi, mon père est un connard, je le sais, je me tiens loin de lui et basta, l’affaire est close. » Je sais, je sais, je suis stupide : je parle de mon père alors même que je ne voulais pas parler de luis. Mais voilà, c’est la manière la plus simple que j’ai trouvé pour faire diversion. Mes mains posées sur ses hanches, je respire calmement. « Je t’assure, c’est pas important. Je veux dire… ce qui est important, c’est que j’aille bien, j’vais m’en remettre, on essaye de faire un truc ensemble et que… » Une vibration dans ma poche, je fronce les sourcils, extirpe de l’arrière de mon jean mon portable. Je considère l’écran, jette un coup d’œil à Astrid. Raccroche sans même avoir décroché et pose mon portable à côté. « Mon médecin traitant, j’suis sûr qu’il veut encore qu’on se voit pour mon cœur. » J’explique sans le moindre complexe, étonnamment. C’est la seule au courant pour mon cœur, autant en profiter. Enfin la seule… tout est relatif. « Ils voulaient me garder encore deux semaines, les cons. T’imagines ? Moi, encore deux semaines planté dans un hôpital ? Non, non, pas question. Du coup, j’ai négocié ma sorte contre deux visites par semaine pendant un mois… et apparemment, la première était aujourd’hui. Mais toi, tu t’occupes bien mieux de moi qu’eux, donc… » Le téléphone vibre à nouveau, je peste. En français, bien sûr. « Putain, ils vont pas me lâcher, ces cons, attends deux secondes, je vais reporter… »
Je vole un baiser à Astrid avant de me relever, à cloche-pied, et de me téléporter de l’autre côté du salon, appuyé à la fenêtre. « Quoi ? » Parce que oui, quand on m’énerve, on peut s’asseoir sur le peu de politesse que j’ai. « Nan mais c’est mort pour aujourd’hui. Au pire, on se voit demain. Ouais... Nan... Pas envie. » Je lève les yeux au ciel, exagérant mes réactions à l’intention d’Astrid. Je sais, je suis un pitre et un crétin. Et je… je redeviens brutalement sérieux. « Vous n’êtes pas sérieux ?! Il… Oh le bâtard… » Je viens de passer brutalement en mode Caesar : voix glacée et menaçante. « Vous n’avez pas intérêt à… je suis majeur, il n’a pas à se mêl… vous… non. Ah non. Mais je n’en ai rien à faire ! Quoi ? Mais vous vous foutez de ma gueule ? Okay ? Okay, j’arrive, vous m’avez gonflé. » Je raccroche sans attendre. Les enfoirés. L’enfoiré, surtout. L’enfoiré suprême même. Je me tourne vers Astrid. « Tu vois quand je te parlais de mon père, que c’est un connard et que plus je suis loin de lui, mieux je me porte ? Et bien ce connard de médecin vient de me sortir que, je cite, si je ne pointe pas dans vingt minutes chez lui, il en réfèrera à mon père. Putain… ça me gonfle, mais ça me gonfle… » Ca y est, je suis de mauvaise humeur. Le pire, c’est que je sais très bien qu’obtempérer, c’est me plier au petit jeu de mon père qui a décidé de me pourrir la vie davantage encore depuis qu’il sait que j’ai un cœur de merde – la faute à qui ? Le pire, c’est que ça marche, en plus, cette menace à la con. Parce que je refuse que les médecins appellent mon père qui se débrouillera toujours pour faire quelque chose, même si ça fait huit ans que je suis majeur, vacciné, pas encore tatoué mais j’imagine que ça, c’est peine perdue. Je soupire en me passant une main sur le visage. « Je vais devoir te laisser, fais chier. A pour sûr, mon père est collector là-dessus. »