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 (faith), we were so young so fearless

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeJeu 30 Avr 2015 - 23:30


whoever's by my side, across the great divide
nothing from the flame s u r v i v e s. hands can turn the tides. i have been consumed. the road runs straight from Tarsus but i am mystified, these are mortal wounds. and they cannot hear my plea, they will not play my tunes. m e l o d i e s in rented rooms, price for seein' true. let me be who I am far from savage lands, I will be renewed. w/faith cunningham & cesare demaggio.

La pluie menaçait de se changer en neige à mesure que les degrés chutaient. L’hiver était là, omniprésent dans l’air de Radcliff ; flottant avec son air de fêtes de fin d’année. Cesare les avait presque oubliées, piégé dans une errance qui n’avait que trop souvent occupé sa vie : il n’avait jamais attendu Noël en famille avec impatience, ou même ses anniversaires. A vrai dire, les DeMaggio avaient toujours mis un point d’honneur à ne pas fêter avec trop d’exubérance ce genre de célébration : les vingt-cinq décembre dont il se souvenait n’étaient presque que des jours comme les autres, avec quelques cadeaux en prime, et un bon repas – parfois, la chance d’échapper aux séances d’entrainement avec son père. Guère plus. Quand bien même beaucoup avaient été prompts à voir les DeMaggio comme une famille lambda de l’Amérique moderne, ils n’en étaient pas une, et c’était cette assurance qui avait occupé chaque journée de la vie de Cesare. Cette assurance qui l’avait poussé à ne pas entretenir de relation trop amicale avec qui que ce soit afin de ne pas nuire au secret de la famille. Ou à ne pas vraiment réfléchir à son avenir – il avait toujours su que son père n’accepterait qu’à moitié l’idée de le voir s’éloigner de son emprise pour entreprendre des études, quelles qu’elles soient. Etre médecin, chirurgien, ingénieur ou autre n’aurait jamais fait la fierté du paternel des DeMaggio – il avait voulu d’un fils chasseur et c’était ce qu’il avait eu. Jusque-là, du moins. Cette année, la ville semblait s’être accordée avec l’humeur du jeune homme, et s’affichait peu encline à fêter Noël également. Les rues, habituellement éclairées de mille feux, petites loupiotes brillant accrochées aux vitrines ; n’étaient presque que ténèbres, et l’effervescence habituelle des fins d’année n’était plus là – remplacée par l’âpre arôme de fumée, de ténèbres. Les transmutants étaient dangereux ; cette assurance était revenue se percher dans l’esprit de Cesare aussitôt qu’il avait vu les informations à la télévision, affichant ouvertement des images de bâtiments en flammes, de citoyens blessés et amochés par des transmutants et leur petite vendetta. Un seul transmutant, à vrai dire. Et il ne pouvait guère prétendre ne pas la connaître, ou même ne pas avoir déjà été incapable de l’arrêter : Isolde s’était tenue face à lui si souvent, accordant sa confiance à demi-mot, certes, mais lui laissant tant de possibilités d’agir. Aurait-il dû le faire ? Cesare avait vu sa sœur rentrer dans la chambre de motel, ce jour-là, tentant de prétendre qu’elle n’était pas allée au centre-ville pour assister à une fête dans laquelle ils n’avaient plus leur place désormais. D’une certaine manière, Isolde avait manqué de peu de tuer Aria : cette même Isolde qui avait appelé monstres les chasseurs auxquels il appartenait – cette même Isolde qui le détestait pour avoir fait exploser en mille morceaux un entrepôt avec ses semblables à l’intérieur, mais qui ne faisait guère mieux, finalement. L’amertume l’emportait sur tout le reste, à chaque fois que le DeMaggio pensait à Isolde, ses paupières papillonnant dans le néant, pour voir surgir à sa mémoire la chevelure blonde de la jeune femme, son regard si bleu, si froid.

Tous les moyens étaient bon, ces derniers temps, pour effacer Isolde de son esprit : quelque part, il lui avait fait confiance également, avalant ses bonnes paroles sur ce qu’elle était, le fait qu’elle veuille se battre mais ne tuer personne – voilà où ils en étaient, désormais. Peut-être bien qu’elle l’avait écouté, lui aussi, quand il avait parlé des causes qui ne pouvaient que laisser des traces de sang, des chasseurs qui ne s’arrêteraient jamais, quoiqu’il advienne. Qu’importe. La jeune femme n’était plus là, elle lui avait glissé entre les doigts, et quand bien même il pouvait la retrouver aisément, Cesare n’en avait pas la moindre envie : il n’avait pas envie de se retrouver face à elle. Pas envie de savoir que quoiqu’il arrive, quoiqu’elle fasse, il ne pourrait pas faire ce qu’il y avait à faire. Ce que son père lui avait appris à faire depuis son plus jeune âge. Curieusement, ce soir, Cesare aurait aimé laisser les mots glisser entre ses lèvres, des confessions qu’il ne se voyait pas donner à Aria, ou même à Diondra. Personne ne pouvait comprendre – il lui semblait presque que le monde grouillait de mutants ou de personnes totalement incapables de comprendre le long chemin périlleux qu’il avait parcouru jusque-là. Il renfermait tout, ravalait ses paroles et avançait, comme il le pouvait, se prétextant à lui-même qu’il pouvait penser à autre chose. La chasse avait toujours été son échappatoire, quelque part, presque la seule activité qui avait rythmé son adolescence : son père n’avait pas voulu qu’il s’égare à la recherche d’un sport à faire, ni qu’il ait des relations extérieures trop prenantes – à vingt-six ans, il était habitué à cette aura de solitude qui se dégageait de lui. Des derniers échanges avec son père, Cesare conservait tout un paquet de dossiers auxquels il ne touchait que rarement, lorsqu’il se rendait compte au milieu de la nuit qu’Aria était profondément endormie, et qu’il ne trouverait guère le sommeil. Certains avaient retenu leur attention : tous étaient le fruit d’un travail minutieux et détaillé, parfaitement digne du patriarche DeMaggio. Une véritable mine d’informations – il avait d’ailleurs eu tout le loisir de découvrir tout ce que ses parents avaient su sur le groupe de transmutants qu’il avait soi-disant infiltré, tout ce qu’ils savaient sur Isolde. Presque autant que Cesare lui-même ; et encore une fois, ce sentiment nauséeux revenait au bord de ses lèvres, le faisant osciller entre le dégoût et la rage. Isolde l’avait tant fait douter du bien-fondé de ce que faisaient ses parents, ce qu’il avait fait pendant tant d’années. Tout ça pour ça : le sentiment de trahison si vivace qu’elle ressentait à son égard, il le ressentait également désormais, les doutes craquelant la surface de son visage dans la pénombre alors que, de sa voiture, il observait une rue presque déserte. Ses parents avaient relevé certaines activités de groupes de transmutants, ici et là – certains chasseurs étaient visés, et la menace était là, omniprésente et mortelle : beaucoup de transmutants contre-attaquaient, et de nombreux hunters tombaient sous des attaques dignes de bourreaux impitoyables. Qui étaient les monstres, franchement ? La frontière entre tout cela était si fine. Si fine.

Son regard noir glissa jusqu’au siège passager à côté de lui, vide, si ce n’est de par cette pile de dossiers et le sac plein d’armes qu’il avait amenés – le couvre-feu était en vigueur depuis de nombreuses heures déjà, mais le DeMaggio avait déjà fait fi de nombreuses fois de cette nouvelle réforme de sécurité qui ne pourrait en rien le protéger des menaces qui planaient sur lui. D’une main, il tâtonna dans le sac pour y trouver un poignard avec de quoi l’attacher à sa cheville, ce qu’il fit tant bien que mal – puis une arme à feu, qu’il rechargea presque patiemment, de ses gestes dignes du gamin à l’éducation militaire qu’il avait toujours été. Et il ne pouvait pas exactement reprocher à son père aujourd’hui la minutie avec laquelle il l’avait entrainé dans tous les arts, toutes les disciplines : c’était un avantage qui servait à Cesare au quotidien. Qui lui permettait de protéger Aria. Isolde. Il soupira, espérant secrètement que l’adrénaline pourrait effacer la blonde de son esprit, et ne jamais plus la faire ressurgir à ses songes – Isolde y était accrochée pourtant. Comme un cauchemar, ou une toute nouvelle part à son âme. L’opération répétée sur deux autres armes qu’il emporterait avec lui également, Cesare passa encore une poignée de minutes à observer la rue, presque inactive et silencieuse. L’agitation vint au bout d’un certain temps cependant, d’une blonde traversant la rue déserte d’un pas pressé, pour rejoindre le trottoir un peu plus loin, dans l’objectif sans doute de rejoindre un quelconque bâtiment : rares étaient les images d’elle capturées par ses parents, toujours de dos, à croire qu’elle était presque insaisissable. Pourtant, la personne avec qui elle rejoignit un bout de rue, était, elle ouvertement identifiée par ses parents comme un transmutant – potentiellement dangereux, encore une fois. Mais pour quoi d’autre avait-il été entraîné ? Ils étaient presque hors de vue, quand Cesare quitta sa voiture, se faisant le plus silencieux possible pour calquer sa marche sur celle des deux autres : il les suivit à une distance confortable, pour un certain nombre de minutes – lui vint même à l’esprit, l’espoir qu’ils puissent le mener à un plus gros poisson. Rien ne vint, rien ne vint, et les deux se séparèrent bien assez tôt : la blonde ou le type ? L’hésitation manqua de lui faire perdre la piste des deux ; en un clignement d’œil, le type avait disparu – Cesare partit donc pour suivre la blonde, sa main se portant à sa ceinture pour y tirer une des armes qu’il avait prises : faite d’un alliage particulier – Cesare savait que quelqu’un comme lui pourrait détourner le trait, mais d’après son père, c’était l’un des alliages les plus à même de faire le plus de dégâts, face à n’importe quelle mutation possible et imaginable. Préférant rester concentré sur sa cible, il jeta son père aux oubliettes, la blonde et lui s’enfonçant dans un réseau de ruelles qui pourrait s’avérer dangereux s’il n’était pas prudent. En quelques foulées, il gagna de la distance sur la blonde, plus hanté par le désir d’agir que par toute prudence élémentaire – peut-être l’avait-elle déjà remarqué, il s’en contrefoutait ; s’il fallait que ça se joue en un combat rapproché, il était totalement apte à affronter n’importe qui. Au moment de l’atteindre dans une ruelle dévorée par les ténèbres, Cesare leva son arme, le cliquetis du cran de sécurité faisant immédiatement stopper la blonde dans sa marche. « Y’a un couvre-feu en ville au cas où vous auriez oublié. » lâcha-t-il sans le moindre désir d’être provocateur ou ironique ; il s’appliquait à n’être que détermination, froide et calculatrice – se fier à un transmutant quel qu’il soit avait été une erreur, qu’il avait apprise d’Isolde elle-même, quelle ironie. « Si vous pouviez me dire où l’autre type est parti aussi, ça m’aiderait pas mal. » ajouta-t-il, songeant à l’autre gars qui pouvait toujours être là, dehors, pourquoi pas à poser des bombes au milieu d’autres organisations en ville pour faire exploser des gens qui n’avaient rien demandé. Et voilà qu’il se retrouvait à nouveau en parfait accord avec ce que son père avait toujours dit, cette haine du mutant qui l’avait toujours habité. C’était si facile de retomber dedans, la réalité, la vraie et non pas l’utopie qu’il s’était construit au fin fond de son esprit avec Isolde.
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Faith Cunningham
Faith Cunningham

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2014
MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeVen 1 Mai 2015 - 13:36





we were so young so fearless  

i can see you, i can tell you, there's no hiding. Ringing ringing, come and answer




Ce n'était pas réel. Piétiner vos rêves, saccager votre imagination, maltraiter vos passions et aliénez votre quotidien. Le sol était ciré, la maison était décorée, la chaleur abondait. La table était ornée de bouteilles. Alcool. Il coulait à flots dans les gorges de ceux et celles dont les mains étaient couvertes d'un rouge vin qu'il serait impossible de retirer, même avec de la javelle. Ce rouge qui brisait les corps était semblable au rouge qui s'écoulait dans les corps pour venir perdre les esprits. Elle était là, elle. Passivement au bout de table, les jambes croisées, les mains sur les genoux avec des ongles rongés et des mains abîmés sous les coups de stress. L'horloge tournait à l'envers, les rires se mélangeaient aux regards, la table semblait grande, les visages se brisaient, la tête tournait, la fenêtre révélait l'enfer de detroit. Elle était là, en train de fixer, son regard innocent dans ses souvenirs. Le monde se mélangeait, les regards s'arrêtaient, une verse explosa sur le sol. La tapisserie, lentement se rongea pour ne laisser paraître rien d'autre qu'un mur de pierre. La maison brûlait. La blonde leva les yeux au ciel, comme piégée sur son siège, passive et tendrement accrochée à l'idée qu'elle s'en sortirait. La mutante observa le chandelier s'écrouler sur le centre de la table, mettant alors un silence de mort dans la pièce, tous vinrent à se regarder dans le blanc des yeux pour  se tourner vers la blonde. Les invités partirent en poussière alors que trois visages trônèrent encore au sein de la table. Le frère tourna le regard sur la tête, la bouche trouée, le corps brûlé et sur sa joue intacte était noté « Rejeté ». Le père, la bouche ouverte pour en déverser un torrent de sang en lâchant un mot qui sonna comme un écho grave dans son esprit « monstre ». Pour finir, vint la mère, un sourire en coin, le visage recouvert des cicatrices, les cheveux rasés et sur le front étaient notés « la protégée » alors que les corps devenaient poussières à leur tour. Il ne resta plus rien, si ce n'est une ombre au bout de la table, un homme faisait face alors que le visage de la blonde se recouvrait de larmes qui venaient la trempée jusqu'aux os à l'excès. L'ombre leva son verre, en lâchant dans un sourire carnassier qu'elle parvenait à deviner « Il mourra avec eux » et dans un mouvement de violence elle se leva pour venir détruire cette irréalité dans un hurlement de douleur. Le monde s'écroula, son corps se redressa dans un hurlement de douleur, dans une transpiration haletante. La frontière entre la réalité et l'imagination était fine, et la nuit, c'était là où les deux se confondaient. Faith souffrait de terreurs nocturnes, elle s'endormait chaque soir avec la peur de voir ses secrets se réveiller et de hurler ses peines, et alors qu'elle posait sa main sur sa poitrine, elle sentit instinctivement une présence non loin de la porte de cette chambre dont elle était prisonnière. Elijah. Elle tremblait, mais refusant de pleurer, la gamine ne pleurait plus jamais, parce qu'il avait formaté Skylar, il avait fait d'elle une nouvelle machine où les sentiments n'avaient pas leur place. La survivante du massacre de Détroit cachait tout ce qu'elle pouvait, et elle le cachait, ce « Il » qu'Elijah finirait par découvrir. Ne jamais y penser était la seule chose qu'elle devait faire. Ce soir, il n'irait pas fouiller son esprit : il allait tirer un fil chez sa marionnette, c'était toujours un grand jeu d'échecs, une partie avec des vies en jeu. Faith ne jouait pas à son jeu, elle avait ses règles, et il doutait d'elle, alors, il la briserait encore plus. Corps et âme, son fort hurlait dans son cœur.


Faith se glissa dans des vêtements, un pantalon souple, des chaussures à talons, un top et une veste qui pouvait cacher ses armes sans pour autant masquer ses formes, en attrapant une rose blanche qu'elle glissa dans sa veste. Le maquillage s'imposait même dans des situations du genre, elle y passa quinze minutes sans mentir, elle ne supportait pas les marques sur son corps, sur ses bras qui étaient pourtant cachés par la veste. L'Amérique aimait le beau, et être mutant et moche semblait hors du supportable pour elle, laisser ce fragment de fragilité apparaître semblait au-dessus de ses capacités. La blonde serait l'objet du monde ce soir, celle que l'on voudrait attraper sans se douter qu'elle ne soit là que pour distraire. La blonde attrapa son couteau et son arme à feu, même si son mentor avait l'habitude de lui fournir du matériel en toutes circonstances. La révolutionnaire se glissa alors dans la voiture, dedans se trouvait tout ce qu'elle devait savoir. Ouvrant un dossier classé confidentiel alors que le chauffeur d'Elijah commençait à rouler, la blonde croisa les jambes en quittant la demeure pour la nuit. Cette enflure allait l'attendre au tournant et il serait probablement encore debout à son retour. Le premier dossier contenait une photo d'un mutant, sa mutation, son nom et même s'il avait fait de la prison. Le mentor de la demoiselle possédait des ressources aux quatre coins de ce pays de merde et même lorsqu'il était question de se fournir un mercenaire devenu un professionnel dans les tortures mentales – la mutation étant la torture psychique, cela semblait logique. La demoiselle esquissa un sourire face à une annotation en observant la date de décès : aujourd'hui. Elijah envoyait à la mort un mutant en connaissance de cause ? Il imposait un partenaire à Faith en imposant à la blonde de l'achever par la suite ? Difficile à suivre. Pour comprendre, il fallait s'intéresser au dossier numéro deux : des photos. Pas d'informations, simplement plusieurs photos de hunters. Faith ne s'occupait jamais des tâches de ce genre, il protégeait son objet. Cette mission briserait la mutante, encore un peu plus. Un seul visage flou semblait intéresser Elijah avec une indication : mort. Elle referma alors le dossier pour le laisser tomber sur le siège en observant le sac d'armes qui se trouvait à sa disposition : rien. Pas une seule arme, comme si le combat au corps au corps était le vœux du mentor. La demoiselle se contenta de soupirer pour finalement arriver sur parking.

La demoiselle soupira alors en observant une dernière fois les photos, pour finalement sortir en claquant la porte et se mettre à marcher les mains dans les poches de sa veste, les cheveux attachés et le regard perdu dans les ténèbres. Cette mission sentait la merde, il allait jusqu'à priver Faith de toute vie pour la posséder. Elle marcha une bonne dizaine de minutes pour finalement parvenir à celui qu'elle devait rejoindre pour ensuite mieux l'assassiner. La blonde s'arrêta alors à son niveau, sans sourire, se contentant de le regarder aussi froidement qu'à son habitude. L'homme lui fit un délicat signe de la main comme pour l'inviter à avancer vers les ruelles. « Vous êtes incapables de vous débarrasser d'un hunter tout seul ? Con ou juste incapable ? » Il était instable, c'était sans doute cela qui motivait Elijah à l'achever de la main de la blonde tout en mettant fin à la vie d'un hunter. Qu'importait, elle allait faire cela parce qu'elle n'avait pas le choix. « Droite, gauche, gauche, droite, gauche, tout droit, deuxième ruelle et finalement droite. Vous allez suivre soigneusement ce chemin, vous n'êtes là que pour servir de diversion blondie. Je ne serais pas loin, je serais dans sa tête avant qu'il ne le sache et il sera mort dans les cinq minutes. » Faith esquissa un léger sourire terriblement hypocrite et emprunta le chemin indiquer lentement. La foi se promenait dans le désespoir des rues sales et des espoirs perdus des gens qui n'avaient rien, et finalement, alors qu'elle avançait, un bruit se fit attendre. Le silence s'installa, immobile et sans la moindre panique. La blonde resta de marbre face à sa première remarque, cette voix inhabituellement familière. « Parait-il, visiblement vous semblez vous en accommodez. » Après tout, n'était-il pas ici lui aussi ? Il voulait l'autre type, c'était quoi le délire ? Faith ne comprenait toujours pas ce qu'elle faisait là : laisser les deux idiots se tuer n'était-il pas suffisant ? Trop tard pour se poser des questions de toute évidence. « J'ai mieux à faire que de vous aider, alors plutôt que de me donner des leçons et de prendre un air autoritaire propre à votre ego, retourner chez vous. L'être humain est trop limité, il croit qu'il suffit de protéger son corps, mais des os se ressoudent, pas l'esprit. Dommage.  » Et elle commença à se détourner lentement sur la dernière phrase. La télékinésie était une assurance de protection, une balle se déviait aussi facilement qu'un corps se brisait pour elle. Glauque, mais tellement jouissive, et pourtant, cette sensation de déjà vu germait dans la tête de la gamine. La gamine, du temps où elle ne connaissait pas la famine, mais la famille, la famille des amies, de ceux qui brisaient des vies, mais résidait l'ami, le seul.

love.disaster
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

ADMIN - master of evolution
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SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeVen 1 Mai 2015 - 23:13


whoever's by my side, across the great divide
nothing from the flame s u r v i v e s. hands can turn the tides. i have been consumed. the road runs straight from Tarsus but i am mystified, these are mortal wounds. and they cannot hear my plea, they will not play my tunes. m e l o d i e s in rented rooms, price for seein' true. let me be who I am far from savage lands, I will be renewed. w/faith cunningham & cesare demaggio.

Un de ces jours, il ne reviendrait pas. Cesare le savait, il l’avait toujours aussi, depuis les années où la réalité s’était fait tout un chemin jusqu’à lui : le devoir de chasseur venait avec ses responsabilités, ses conséquences. La vie d’Ekrem DeMaggio était presque exceptionnelle, un joyau rare dans un océan de sang : il était vivant, encore à son âge, et avait pu construire une vie de famille – le nom terrifiait, quelque part, murmuré sur bien des lèvres comme une menace invisible. C’était ainsi que Cesare et Aria avaient pu avoir une vie somme toute normale, protégée d’attaques inopinées de la part de transmutants vengeurs. Leur père les avait toujours trouvés avant, alimenté par ce désir ardent qui était né dès le début de l’âge adulte, et qui coulait dans le carmin des veines de la famille. Il avait accepté l’idée depuis bien longtemps ; pourtant, plus que jamais, Cesare devait survivre – il devait vivre pour continuer de veiller sur Aria – elle était si impulsive, tête brûlée qu’elle ne ferait pas long feu sans lui. Etait-ce de l’orgueil que cela ? Simplement le puissant devoir d’être le grand-frère, éternellement à ses côtés, ou dans l’ombre pour veiller sur elle : qu’est-ce qu’elle deviendrait, fugitive abandonnée par son aîné, s’il crevait ici, au milieu de la nuit, dans cette ruelle pourrie ? Il ne voulait pas y penser, ne pas penser comme il ne voulait pas songer à Isolde, à la fête des Fondateurs. A leurs parents. A tant de choses. La chasse était son échappatoire malheureusement, un repère dans le noir auquel il se raccrochait malgré lui – tuer des transmutants revenait à tuer quelqu’un comme lui, somme toute quelqu’un d’humain comme il l’avait découvert. Il était humain, il le savait, il l’avait expérimenté tant de fois : d’une plaie béante saignant abondamment, de la force avec laquelle les sentiments pouvaient l’accabler souvent – la culpabilité, l’attachement, le regret, la colère. La crainte de mourir ne devait pas faire partie de sa vie ; depuis ses seize ans, ou même avant, il avait flirté avec celle-ci, dansant au bord des abysses avec la Grande Faucheuse – elle avait été sa compagne privilégiée, assistant à bien des étapes dans l’existence du digne fils des DeMaggio. Le rite de passage inventé par son père, où Cesare avait fini un transmutant en lui brisant la nuque, faute d’avoir d’autres moyens d’agir ; ou lorsque les flammes brûlantes avaient léché et détruit les quelques miettes de vie qu’il avait construites, loin de l’emprise de ses parents. Quelles illusions ; Cesare ne pouvait se défaire de sa condition de chasseur, tout autant qu’il ne pouvait se défaire de ce que ses gênes avaient décidé – bien malgré lui, il s’était acclimaté à son pouvoir, étant désormais apte d’accomplir ce que beaucoup appelleraient volontiers des prodiges. Son don pouvait l’aider en cas de complication – mais rien que par orgueil, le chasseur qu’il était préférait largement avoir recours aux bonnes vieilles méthodes. Aria le détesterait à l’instant précis, si elle le voyait agir avec tant d’imprudence ; lui qui lui avait fait tout un blabla sur l’importance d’être prudente, de ne pas s’aventurer n’importe où pour ne pas les mettre en danger, l’un comme l’autre. Tu parles. Cesare avait toujours été un brin donneur de leçon, bien trop apte à sauter sur toutes les opportunités trop belles dès le premier signe. A chaque fois, il regrettait. Ou presque.

Il regrettait au moins par rapport à sa sœur, lorsqu’il parvenait à s’échapper pendant qu’elle dormait, et qu’elle ne se rendait même pas compte de son absence. Ou dans les heures qui suivaient son retour, où elle lui faisait obstinément la gueule, prête à l’ignorer comme la gamine qu’elle avait toujours été. La chasse avait toujours été constitué d’un brin d’impulsion, d’instinct vibrant au creux des veines – que ce soit planifié de bout en bout, ou non, le danger était toujours là. Ca faisait partie de l’adrénaline, cette part d’aventure que le jeune homme avait très vite apprécié dans le concept de sauver le monde, sauver l’humanité de le menace. Les chasses en solo, il connaissait. Les chasses périlleuses, il connaissait aussi. Et bien trop de gens avaient tendance à croire qu’un chasseur ne pouvait être un transmutant – c’était toujours une carte bien cachée dans sa manche qu’il était prêt à dégainer en cas de crise. Malgré tout. Rien ne l’avait préparé à ce face à face, pourtant : le cœur, tambourinant contre sa cage thoracique, l’empressement battant au creux de sa gorge, le sang bourdonnant à ses tempes. A mi-chemin entre l’instant présent et l’autrefois, la voix lui sembla familière : il n’eut guère le temps de s’y faire, de chercher bien loin. « C’est sympa de vous en faire pour moi. » cette fois-ci, l’ironie vibra dans sa voix, allant de pair avec l’orgueil que la pique de l’autre éveilla. L’être humain, limité ; revenaient bourdonner dans son esprit les paroles de son père, qui dénonçaient les transmutants comme des êtres arrogants, sous-estimant les êtres humains comme s’ils n’étaient que des insectes. Et dire que c’était quelque chose qu’Isolde avait elle-même reproché aux chasseurs, ceux qui traitaient les transmutants guère mieux que des animaux. Il y avait de tout dans les deux camps, et le frisson électrique qui glissa le long de la colonne vertébrale de Cesare répondit à l’appel de ses sens : il y avait des transmutants à même de nuire à ce monde. Des transmutants qui devaient mourir, rien que pour garantir la sécurité d’une humanité déjà grandement handicapée par son ignorance – tout ce qu’elle préférait ne pas voir. Les DeMaggio avaient toujours affronté, regardé le danger droit dans les yeux, implacables jusqu’au dernier moment. Alors qu’il ne cillait pas, déterminé à fermer son esprit aux doutes ou à toute autre soumission parasitaire, Cesare fit quelques pas en direction de la blonde, presque mû par un désir inconscient. Elle avait enclenché un mouvement pour faire volte-face, et dans les ténèbres de la ruelle, tout se précipita en une fraction de seconde. Le temps d’un battement de cœur, d’une œillade sur le visage de la blonde, et toute la détermination froide du chasseur s’écrasa comme une vague furieuse sur des rochers tranchants. Il les revoyait en un clignement d’œil – un autre Cesare, avec une vision du monde tout à fait nette, et cette blonde toujours franche, toujours déterminée. Toujours sure de ce qu’elle voulait, elle aussi. Prêts à arracher leurs volontés du reste du monde, et sûrs de tellement de choses. Le monde lui avait semblé moins vaste à l’époque, limité à la chasse, aux chasseurs et à leurs ennemis. Le devoir, germé en Cesare le jour où il est né. Skylar.

La nausée au bord des lèvres, les abysses s’ouvrant sous ses pieds, son bras se baissa sans même qu’il ne s’en rende compte, sur quelques centimètres à peine – la détermination qu’il avait senti le rendre si vivant, s’était échappée de lui si vite qu’il s’en retrouvait presque démuni. Elle était pourtant la blonde des photos : il avait préféré ignorer quelques signes laissés par ses parents, prétextant à un coin de son esprit qu’il ne les comprenait pas. Toutes les pièces du puzzle s’enchainaient pourtant à toute vitesse, ce qu’il avait lu, des informations récoltées par ses parents. Et à nouveau, alors que pour un instant, ses prunelles noires avaient cherché un refuge autre part, c’est le visage familier de Skylar qu’il retrouva – le doute se lut sans doute sur son visage, et Cesare ne chercha guère à le masquer. Finalement, il baissa totalement les armes, ses doigts moites s’enserrant étroitement autour de la crosse du pistolet qui lui semblait bien froid, désormais. Sa main libre, il la passa sur son visage, sans pour autant pouvoir lisser les traits tordus de celui-ci : « De qu- ? » le son de sa propre voix s’étouffa dans sa gorge, et Cesare fut forcé de battre en retraite, reculant pour un pas avant d’observer la jeune femme, des pieds à la tête – du sommet du crâne jusqu’au bout des pieds. C’était Skylar, avec ce brin familier, cette dose d’étranger qui le rendait plus inconfortable que tout le reste. « Tu dois te foutre de moi. » marmonna-t-il pour lui-même, ou peut-être bien à l’adresse du Bon Dieu, qu’il sentait peser sur son épaule, un genre d’Ange Gardien qui attirait dans son existence tous ces visages d’autrefois dont il se serait volontiers passé. C’est une toute nouvelle énergie, une toute nouvelle inquiétude qui alimentait dorénavant les battements frénétiques du cœur du chasseur, qui se reprit bien vite, se redressant sur lui-même pour vivement faire les pas le séparant de Skylar, l’attrapant par un des pans de sa veste sans la moindre bienséance élémentaire. « Qu’est-ce que tu fous ici, hein ? Tu vas me dire que t’es une transmutante toi aussi, maintenant ?! » le dégoût l’emporta avant tout sur le reste, force de l’habitude à nouveau, poussant le DeMaggio à la lâcher, éviter tout contact physique avant même qu’elle ne le lui rappelle, ou même l’attaque d’une quelconque manière. Pourtant, en la dévisageant, Cesare démêlait l’existant de l’inexistant. La vérité du mensonge ; l’autrefois du désormais. C’était Skylar, bel et bien elle ; aucune pénombre de ce monde ne pourrait l’empêcher de la reconnaître, maintenant que ses yeux noirs s’étaient baignés trop intensément dans l’azur de ses yeux. Depuis combien de temps ne s’étaient-ils plus retrouvés ainsi, face à face, pourtant ? Cesare avait presque fini par la croire morte, tout comme tout le monde avait fini par le croire mort, lui. Elle n’était ni un fantôme, ni un mort vivant tout droit sorti de la tombe ; c’était Skylar. Sa Skylar de jours depuis longtemps perdus ; celle qui n’était plus, tout comme il n’était plus le Cesare qu’elle avait elle-même connu.
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Faith Cunningham
Faith Cunningham

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SUR TH DEPUIS : 26/04/2014
MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeSam 2 Mai 2015 - 22:29





we were so young so fearless  

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Jeux d'enfants, ces moments où les garnements brisent les règles et instaurent de nouvelles lois simplement pour s'évader du monde. Cache cache des gosses, devenait cache-misère des moche qui étaient ceux dont la demoiselle adorait vider les poches. Ce n'était qu'un cas, exemplaire de la connerie humaine et du reflet de l'erreur de la société. Des gamins, c'était cela le monde. Alors que les petites filles jouaient à la marelle, boucle d'or tirait déjà à l'arc sur une cible en visant le centre. Puis vint le temps de viser les cœurs, d'abandonner les mœurs, de renoncer au bonheur pour s'enfoncer dans la terreur et la froideur des mœurs des âmes sans sœur. Il était fini le temps des pleures, il n'était plus question de jouer sans gagner, de prendre le risque de perdre et cela même si cela signifiait tricher. Lorsqu'un gamin trichait, il le faisait mal, il se faisait prendre et il se retrouvait exclu parce qu'il était la salle petite manipulatrice qui ne faisait que mentir pour toujours s'en sortir, mais il existait une classe particulière : le perdant volontaire. Perdre volontairement c'était gagner d'une certaine façon, laisser savourer la victoire d'une bataille pour échouer à la guerre meurtrière qui était déjà lancée par les pères et mères qui ne cessaient jamais de provoquer la misère et d'engendrer le calvaire. Faith avait cessé de jouer avec les gamins, et pourtant, elle ne cessait d'être celle qui poussait au jeu du chat et de la souris. Qui chassait réellement qui ? La blonde en venait à se poser des questions à ce sujet, sans cesse. Le jeu en valait la chandelle, la force de caractère ne valait pourtant pas un revolver. Vouloir n'était pas pouvoir, et la blonde voulait sauver les innocents, mais elle ne le pourrait pas éternellement et le linceul lui tendait les bras, et elle se glisserait seule dans ce lit délicat qui l'attendait, et dans lequel elle se glissait déjà en se brisant en éclats sous ses pas. Faith marchait dans le vide, elle était un pion, une fausse reine qu'il suffisait de faire avancer dans cette cour de récréation ou l'objectif ultime était la survie ultime et le massacre d'autrui. La blonde n'avait jamais demandé cela. Rien de tout cela, rien de toute cette guerre, elle voulait simplement sauver ses frères, des enfants innocents qui étaient condamnés parce-que le corps avait mutés sans jamais rien demander. Elle vivait avec ce poids depuis des années, mais cela faisait seulement quelque temps qu'elle en découvrait la douleur réelle : les remords. Un enfant ne regrettait pas, il s'excusait pitoyablement parce qu'il devait le faire au nom de ses parents. Faith n'était pas une enfant, ses parents étaient morts, et pourtant elle devait encore rendre des comptes. Ce soir en était encore la preuve, une brève instruction et elle s’exécutait sans grogner parce qu'elle était privée de son libre arbitre. C'était pathétique d'être un pantin, mais ce soir, elle serait la marionnette de son passé, de ses souvenirs et d'une personne qu'elle n'osait même plus imaginer. Enfoiré de vie privée.

Le connard du soir se voulait menacé. L'arme braquée sur elle, inutile de se retourner pour imaginer la scène. Elijah avait fait bien pire que lui braquer une arme sur la tête, les hunters avaient fait bien plus que lui braquer une arme sur la tête, et elle avait fait bien pire que braquer une arme sur la tête d'un chasseur. Elle esquissa un sourire face à l'ironie mordante du jeune homme, il avait plutôt confiance, c'était intéressant. Le plus passionnant, pour Faith, n'était pas de se trouver un adversaire avec du charisme : mais un hunter avec du pouvoir et de l'influence. Un hunter pouvait posséder du charisme, mais être inutile, qu'elle ne prendrait aucun plaisir à sentir son sang couler entre ses doigts, sentir son âme s'envoler et entre une voix suppliante l'implorer de l'épargner en tentant parfois même de s'excuser de manière pitoyable : l'enfant voulant sauver sa triste vie. Faith voulait tuer ceux qui menaient les révolutions, ceux qui assassinaient sans pour autant se salir les mains. La résistante vouloir entacher les chemises Prada de sang, recouvrir les chaussures Boss de terre et resserrer les cravates Lacoste. C'était les monstres que la blonde, sans pour autant délaisser les assassins à la chaîne qui prenaient un plaisir vicieux à assassiner les innocents. Ce hunter, elle ignorait tout de lui, simplement une sensation familière, mais cela suffisait à glisser le doute dans sa tête.  « Rien de plus naturel... » Elle commençait à se retourner La magie des mots. Elle refusait de s'écraser et elle aimait tellement rappeler cet état de fait : la nature. Faith était un être de nature, une évolution qu'il fallait aimer et qu'il serait incapable d'arrêter parce qu'elle possédait suffisamment de force pour écraser une armée d'un geste de la main. La blonde n'était pas un monstre, parce que le monstre n'était pas l'anormal, mais simplement celui qui commettait des actes monstrueux, alors il était possible de parler de monstre. La résistante ne fut jamais la première à tirer, elle ne fut jamais celle qui décida d'être enfermée pour le plaisir et de devoir tuer pour s'évader. La société avait créé son propre monstre, le seul monstre dans la vie de la demoiselle, c'était son passé qui venait une fois de plus tenter de l'achever. Pour le meilleur et pour le pire, en priant pour que le pire soit la mort. Coupée dans son élan, le visage de celui qu'elle avait côtoyée durant son enfance venant alors hanter sa triste mémoire : fils de hunter et avec le potentiel de devenir l'un des meilleurs. Cesare.


Les souvenirs des moments, des échanges, des mensonges et des révélations ratés. Depuis toujours, Faith lui avait menti avec sa mère pour préserver le secret de sa terrible mutation et elle ne cessait de lui répéter « essaye de te fondre, sans t'attacher ». Cesare fut le cas particulier, le seul qu'elle apprécia pour lui-même. Elle se revoyait il y a des années, dans le blanc des yeux, des parents présents, dans un décor kitsch et des entraînements à forte dose, son corps encore de petite fille et lui et sa force probablement égale à celle d'un chaton en colère. Elle avait assisté à la métamorphose de celui qui avait du talent, et il avait supporté cette fille et ses changements pour devenir une adolescente qui ne connaissait pas la définition même du sac à main. Ses yeux noirs, elle ne voyait plus d'espoir, plus rien, il semblait éteint, bien plus costaud que dans le temps. Le doute, l'imagination, ou peut-être la suspicion, mais elle douta un court instant. Son mentor serait prêt à tout, même à trouver un clone de son ancien ami pour la briser, mais il baissa son arme alors qu'elle lui faisait face. Il fut le premier à vouloir parler avant de battre en retraite sans pour autant cesser de l'observer, la jaugeant de haut en bas comme un monstre qu'elle était aux yeux de la société.« Putain de merde. » Le tuer ? Elle ne tirerait pas la première, elle était incapable de sortir les mains des poches de sa veste, elle était incapable de l'imaginer, lui, arrachant une vie pour un gène, pourtant il n'était que cela pour elle : un chasseur qui voulait sa peau et plus ce gamin. Cesare vint finalement briser la distance en attrapant sa veste, provoquant immédiatement un regard noir en retirant la main de sa poche alors qu'elle restait pourtant de marbre en crevant pourtant d'envie de lui dire d'aller attraper une dégénérée ailleurs et qu'elle n'était pas un chien. En réalité, Skylar en était un. Il se retira, laissant une question dans le vide, laissant des souvenirs. Oublier le cliché de l'amitié plus forte que la famille, cela ne marchait pas commença, l'happy end n'était pas donné aux faibles et simples d'esprit. La question brûlait les lèvres de la blonde : que savait-il ?

Le père de Skylar avait masqué l'internement de sa fille avec précaution, mais l'excuse aux yeux du monde . Elle crevait d'envie de le savoir pour détester ce salopard encore plus. Elle pouffa alors en haussant les épaules. « J'en étais déjà une, Cesare. Et comment ça moi aussi ? » Elle fit un pas pour se rapprocher, l'air perdu entre colère en besoin d'enlacer le seul ami qu'elle était certaine d'avoir eu fut un temps. « La même chose que toi. Après tout, tu es là pour tuer un transmutant, plutôt sobre comme mot d'ailleurs, d'habitude ça sonne plus péjoratif quand on veut me tuer. Tu es donc devenu ce que tout le monde voulait que tu sois, bravo. » Et elle garda un visage froid en sortant sa deuxième main de ses poches pour applaudir une première, une seconde. « Homme armé à deux mètres derrière toi. » Et une troisième fois. Déplaçant son regard vers le dit mutant. Il devait mourir, qu'importait de la main de qui.

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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 0:28


whoever's by my side, across the great divide
nothing from the flame s u r v i v e s. hands can turn the tides. i have been consumed. the road runs straight from Tarsus but i am mystified, these are mortal wounds. and they cannot hear my plea, they will not play my tunes. m e l o d i e s in rented rooms, price for seein' true. let me be who I am far from savage lands, I will be renewed. w/faith cunningham & cesare demaggio.

Pourquoi est-ce que son cœur battait si vite au fond de son poitrail ? Pourquoi tambourinait-il comme un sourd, faisant battre le sang à ses tempes dans une tempête toute nouvelle ? Son palpitant lui semblait être un alien soudainement réveillé, cherchant par tous les moyens à s’échapper de son corps : Il était curieux, comme une vision d’autrefois pouvait tout bouleverser : le visage de Skylar lui rappelait un autrefois auquel il n’avait plus cru être confronté. C’était comme si tout le pusillanime de son âme explosait au grand-jour, lui rappelant toutes les faiblesses qu’il avait semées sur son chemin : ses remords, ses rancœurs, ses cauchemars – les démons tout droits sortis du fin fond de l’Enfer qui venaient grignoter sa raison. La volonté d’acier du chasseur avait fondu comme une neige sous les rayons d’un soleil brûlant : jamais il ne pourrait tuer ce visage, même s’il était hanté par le désir ardent de fuir à toutes jambes le passé qu’on avait tenté de lui donner, lorsqu’il avait été encore digne du nom de DeMaggio. Aujourd’hui, on le jugeait volontiers étranger, traitre au sang qui coulait dans ses veines, à l’héritage de ses parents. Si fiers avaient-ils été d’avoir un fils : il avait revêtu ce statut privilégié, vu comme un Messie au nom de DeMaggio, le dauphin du Roi qu’était Ekrem. Cesare était une âme errante désormais, obligé de perdre son chemin dans les ruelles désertes d’un Radcliff désolé dans l’infime espoir d’y trouver un salut, une cause quelconque. Quelle était sa cause ? Ni transmutant, ni chasseur ; détesté par la moitié de la population de ces deux camps, Aria et lui étaient pris entre deux feux, l’un glacial, l’autre brûlant. Ils ne pouvaient rien faire contre cela, incapables de lutter contre la marche immuable du Destin – car oui, finalement, il préférait croire qu’il y avait quelqu’un, là-haut, qui choisissait sa vie de merde pour lui, et que tout ceci n’était pas (pas uniquement) le résultat de ses choix. Skylar avait été une étoile filante dans les ténèbres : un éclat lumineux d’une existence nouvelle au sein d’un quotidien étouffant – le DeMaggio avait presque cru que son devoir avait dévoré tout le reste, lorsqu’il avait rencontré la blonde. Lors d’un dîner, tout ce qu’il y avait de plus officiel, deux familles posées à une table tirée à quatre épingles par une Isabella précieuse jusqu’à l’obsession : son fameux canard à l’orange avait fait l’unanimité, et les talents d’orateur d’Ekrem avaient fait le reste – quand bien même, toutes les familles de chasseurs se connaissaient ; et comme ça, en un clin d’œil, la plupart du devoir de civilité des deux enfants avait été fait. Ils s’étaient jaugés, d’œillades en œillades d’un côté à l’autre de la tablée. Cesare s’était parfois senti coupable, de voir Skylar aussi aisément qu’un substitut plus qu’acceptable à Aria – ils se ressemblaient bien plus que le frère et la sœur, tous les deux avec leurs caractères indépendants et froids. C’était peut-être, l’une des rares fois, qu’un thaumaturge avait pris les commandes de sa vie, transformant son devoir de chasseur en quelque chose dont il s’était bien facilement accommodé : et au final, au jour d’aujourd’hui, dans cette ruelle baignée de ténèbres, Skylar était la seule humaine de ce monde qu’il pouvait appeler amie.

Alliée, aurait-il dû dire sans doute ; ça aurait dû être à cela qu’ils étaient destinés. A chasser ensemble, à tuer ensemble, à s’initier l’un avec l’autre, elle aussi avait été un genre de zombie entre les mains de ses parents, soumise à ce qu’ils voulaient, à leurs attentes. A leur héritage. On leur avait vidé le cerveau à tous les deux, pour le remplir d’idées et d’images presque improbables aujourd’hui : pour Cesare, le sevrage était douloureux. Skylar, ici. Skylar, la blonde des photos, que l’on n’avait saisie presque que de dos, incapables de capturer son visage sur une pellicule. L’ironie avait fait son travail jusqu’au bout ici, grande dramaturge de deux destinées poussées à s’entrechoquer violemment. Et le scénario de leur vie était presque aussi évident et niaiseux que celui d’un film pornographique, où – Cesare avait pu en juger souvent dans sa vie – le récit se limitait à de simples phrases stupides destinées à amener l’action. Tout ce qui importait ; l’action, sans s’encombrer des alentours, des fioritures, et d’au combien toute l’histoire n’était qu’imbécilité incroyable, érigée sur un manque grandiose de crédibilité. La pensée traversa l’esprit du DeMaggio aussi vite qu’un éclair : peut-être bien que c’était pour cela, que son père lui avait confié ce dossier spécifiquement, quelques mois avant la trahison du fils indigne, et la destitution des progénitures. Encore un désir sadique, un fil à une marionnette, actionnée par les doigts fins d’Ekrem, manipulant avidement son fils pour qu’un jour, il se retrouve là, face à Skylar. Face à autrefois. Peut-être s’était-il attendu à ce que la blonde d’autrefois, ne fasse preuve d’aucune pitié ? Qu’elle le tue sans se poser de question ? Mais les secondes s’égrenaient, et s’allongeaient sans même qu’un des deux n’ait signé l’arrêt de mort de l’autre. Il était depuis trop longtemps saisi des instincts du sigisbée, retenu dans ce qui avait été autrefois son job, tout simplement par des pensées parasitaires qui se rattachaient bien souvent à Isolde. A Aria. Ou même à lui. Lui le transmutant, qui ne pouvait toujours blâmer ses questionnements sur les deux jeunes femmes qui avaient marqué sa vie, quand bien même elles le faisaient avec éclat, force de caractère. De quoi pousser n’importe qui, hors des sentiers du destin. Le seul point positif de tout cela, était que dans les rares secondes que Cesare saisissait pour observer Skylar, elle semblait tout aussi démunie que lui, incapable de savoir quoi faire. Elle avait sa cause, et en pointant son arme sur elle, il s’était ouvertement affiché ennemi à celle-ci. L’était-il ? Cette question tournait si souvent dans sa tête, sans jamais trouver de réponse : peut-être bien qu’une reconversion de pensée, vers des songes moins torturés, lui était indispensable. Sur la conchyliologie, pourquoi pas ; un passionnant domaine qu’il s’était senti presque forcé de rechercher sur internet pour tromper son ennui, lors d’une des interminables nuits éveillées qu’il avait passé, seul, enfermé dans une chambre de motel minable. Il avait presque le sentiment d’être devenu un mollusque après tout, même prompt à bouder les messages lancinants envoyés par le distributeur de préservatifs à quelques mètres de la chambre – ça n’avait jamais été son genre, de toute manière.

Et même le visage de Skylar, son apparition quasi miraculeuse après des années de silence, ne suffisaient pas à Cesare pour trouver une réponse : mutant, ou chasseur ? Chasseur, ou mutant ? A voir l’orgueil avec lequel la jeune femme avait ouvert la bouche, il était évident qu’elle avait choisi son camp – elle. C’était pourtant le portrait d’une étrangère qui était retracé dans les pages des dossiers conservés par son père : celui d’une tueuse de chasseurs, vengeresse et dangereuse. Une sémantique qu’il n’aurait jamais cru avoir à accrocher à la personne de Skylar – son amie de toujours. Son alliée d’enfance. Quasi une moitié de lui-même : celle qui lui faisait apprécier les trêves, les moments où il troquait les entrainements à l’arbalète pour un tête à tête autour d’un plat mexicain à savoir lequel des deux pourrait avaler le plus de sauce piquante. Comment tant de souvenirs pouvaient être si vivaces à son esprit ? Parfois, Cesare avait cru que son amie était partie pour toujours, perdue dans les abysses d’une mort sans pitié qui l’a lui avait prise. Il avait ressassé tellement de choses, tellement de choses sur elle, sur sa présence, sur au combien il aimerait qu’elle soit là, à tel moment de sa vie, ou à tel autre. Aria était sa sœur, mais elle était, il fallait l’avouer, une bien piètre compensation à tout ce qu’il avait partagé avec Skylar. Elle avait toujours été une transmutante – l’idée mit du temps à faire son chemin jusqu’à l’esprit du DeMaggio, chaque mot s’incrustant avec force à son esprit : évidemment. Il pouvait désormais ressentir avec exactitude l’amertume qui devait prendre Aria à chaque fois qu’elle le regardait, maintenant : à chaque fois qu’elle croisait son regard noir, et savait que pendant cinq longues années, son frère aîné avait gardé sa mutation secrète de tous. De tous ; même d’elle, sa plus fidèle alliée. Curieux, encore une fois, comme le Destin lui envoyait une claque dans la gueule, un juste retour de marée. Les sarcasmes et les défiances de la blonde bouillonnaient dans son esprit comme une torture supplémentaire, forçant le DeMaggio à détourner le regard, incapable d’avaler toutes les couleuvres qu’on lui imposait ce soir. Skylar était-elle devenue ça ? Ce tout nouveau genre de gourgandine, prostituant au plus offrant son intégrité, tout son jadis, tous ses alliés ? Mais dans le flot de doutes, elle répondit sans même en avoir conscience, sa dernière sentence réveillant tous les instincts du chasseur. Guère le temps de répondre, ou même d’encaisser : Skylar et leur récent face à face quittèrent l’esprit de Cesare au moment où il fit volte-face, une fraction de seconde trop tard, obéissant à la dernière seconde. L’arme du type s’enrailla, soumise à la volonté de Cesare, d’un transmutant – la surprise de son ennemi suffit au chasseur, il le désarma sans la moindre difficulté, dans une clé de bras accomplie avec l’agilité des années d’expérience. Combien de fois l’avait-il faite à Skylar elle-même, dans la sueur de leurs entrainements musclés ? La crosse du flingue du DeMaggio éclata en plein visage, frappant l’autre KO, aussi aisément qu’il aurait pu lui ficher une balle en pleine tête ; il ne l’avait pourtant pas fait.

Mutant ou chasseur ? Chasseur ou mutant ? Les remords envahirent déjà tout son être, baignant son âme dans cet éternel dilemme : il aurait dû le tuer. Une part de lui en avait encore en vie. Rien que pour se prouver à lui-même qu’il le pouvait : à la lueur d’opale d’une ruelle voisine, Cesare se prit à observer l’homme qui avait voulu le tuer, et qui semblait tout à fait inoffensif, assommé de la sorte contre le sol froid. Un regard par-dessus son épaule, dirigé vers Skylar, et il sentit ses mots se bloquer dans sa gorge : il savait désormais à quel point cela pouvait être libérateur et facile, d’être un héros bondissant dans son TARDIS pour disparaître d’une fraction de seconde à l’autre (lui qui ne connaissait pas ce mot il y a peu, c’était fou toute la culture naze qu’il pouvait se faire en peu de temps, grâce à un minuscule écran de télévision, et le désir ardent d’oublier ses préoccupations). Il n’avait pas envie d’affronter, de se retourner pour voir que Skylar était toujours là, et non pas une illusion ; remonter le temps aussi, pourquoi pas, revenir à une époque où quelque chose avait fait sens dans sa vie. Avec Isolde. Ou avant même de la connaître, quitte à changer sa destinée et à se construire une toute nouvelle vie sans jamais venir bousiller son existence. N’importe quoi. La télévision et ses programmes débiles faisaient naître trop de fantaisies dans l’esprit de Cesare – c’était un plaisir qu’il avait découvert bien récemment ; fuyant plus jeune, ce genre de distraction lorsqu’il avait été sous la surveillance critique de ses parents. Toujours prompt à être le bon fils, l’enfant digne de leurs attentes. Il n’était plus rien désormais. « Laisse-moi deviner, il était censé m’attaquer par derrière, c’est ça ? » c’était le type de tout à l’heure, il le reconnaissait ; et Skylar avait été, d’une certaine manière, l’appât qu’il avait suivi sans réfléchir. Ni déception ni rancœur ne vinrent trahir ce qu’il ressentait à l’instant précis à l’égard de la jeune femme – après tout, elle avait fini par choisir de l’aider plutôt que de le tuer, non ? Un juste retour des choses, puisque lui aussi, avait choisi de l’épargner – une poignée de secondes juste avant. Sans ajouter d’autres mots à l’égard de Skylar, Cesare se pencha sur le type toujours inconscient, plongeant sans vergogne les mains dans les poches du type. A une de celle-ci, dans sa veste, il trouva un portefeuille, tout ce qu’il y a de moins impersonnel, avec trop de photos, trop d’informations. Des clés dans une autre, avec un stupide Salamèche pour porte clé : la figurine éveilla à la fois la lassitude et la colère du chasseur, à croire qu’il se jugeait presque indigne d’une telle proie. Il se redressa, abandonnant le portefeuille et le trousseau de clés sur le type, feignant bien aisément la détermination. Mais c’était tout ce dont il manquait à l’instant précis, de détermination. Quant à savoir quoi faire, quoi penser : son regard noir avait pourtant naturellement trouvé le chemin de la silhouette de Skylar, son visage – familier tout autant qu’étranger. « Merci. » prononça-t-il finalement, écrasant sous son pied l’orgueil d’un chasseur qui n’aurait jamais voulu adresser de telles paroles à un dégénéré. Il ne pouvait pas dire qu’elle lui avait sauvé la peau, mais elle avait facilité sa tâche à ne pas mourir, et c’était déjà quelque chose. « Ils ont dit que t’étais morte. Mes parents. » finit-il par reconnaître, après de très longues secondes de silence. Cesare n’avait jamais accepté. Ne s’était jamais fait à l’idée. Et ne s’y faisait pas encore, quand bien même Skylar était là, face à lui, bel et bien vivante ; il désirait la fuir ardemment à nouveau – c’était à croire qu’il avait oublié tous ces temps où il aurait donné bien des choses, pour une minute de plus passée en sa compagnie. Il était devenu trop méfiant des rares bonheurs sucrés que le Destin lui accordait.

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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 18:49





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Dans cette guerre, il y avait des morts, des cadavres qui s’empilait, la chair qui se fait empaler et des horreurs qui ne faisaient que s'amplifier. Le carnage se fichait de l'âge et ne s'intéressait qu'à la rage. Lorsqu'elle fut entraînée dans cette lutte par son père, le mutant lui fut présenté comme le monstre, celui qui détruirait l'espèce humaine, le vicieux, les malotrus, le vaurien et celui qui prenait plaisir à détruire les siens pour un rien. Le père entraîna la fille dans une haine d'elle-même, dans une fuite de sa propre existence et avec pour seul espoir de s'en sortir vivante, sans bleu sur le corps, sans blessure, sans feuillure et sans déshonneur. La blonde fut un monstre pour elle-même, mais la mutation muta avec elle, devenant plus forte à mesure que le besoin de liberté de la gamine grimpait, et dans cette guerre, son rôle ne fut jamais celui qu'elle voulait. Skylar ne réclama jamais rien d'autre que la liberté, que la vie qu'elle méritait parce qu'elle suppliait le ciel de lui ouvrir une nouvelle vie sans porter le fardeau d'une famille chasseuse et d'une mutation qui ne quitterait jamais son corps malgré le poids des âges. Cette guerre ne fut jamais celle de la gamine, elle ne réclamait que la paix pour elle-même, et cela même si cette dernière se trouvait dans la mort de son corps, de son être et de son âme. Skylar fut cette gamine malheureuse toute son enfance, puis vint le temps du changement, le temps du renouveau, et cette fois-ci, elle participerait à la guerre, mais dans l'autre camp. Entraînée à tuer, son père ne parvint jamais à la faire tirer sur autre chose que des cibles en cartons et des mannequins en plastique, à lui faire décocher des flèches dans des cœurs inexistants et à briser des nuques qui étaient aussi fragiles que du papier de verre. La guerre faisait bien plus que des morts, mais pourtant, personne ne prêtait attention aux restes. La blonde autant que le brun furent tous les deux formés pour une chose : tuer le différent, celui qui était divergent de l'être de raison égoïste que Skylar et Cesare représentaient à l'époque. Longtemps, ils partagèrent un ennemi commun, une cible commune : le mutant. Désormais, la guerre inversait les rôles et l'un campait sur ses positions, alors que l'autre était désormais la dégénérée qu'il fallait traquer. Comment lui reprocher sa position dans cette bataille ? Il n'était que le fruit d'une éducation, d'une manière de penser et d'un contexte social particulier. Sky' était née mutante, la chasse ne fut qu'un masque durant des années pour protéger sa propre vie et l'honneur de sa propre famille en croyant bêtement un jour pouvoir s'évader sans pour autant abandonner les siens. Skylar en avait souffert, de ce mensonge qui avait rongé son corps jusqu'à l'instant fatidique de l'acte fatidique de mise à mort d'un mutant : elle en fut incapable. Cesare, lui, était la réussite dans cette guerre, le bon soldat qui portait probablement sur la conscience trop de mutants pour les compter s'il n'était toujours le même que durant l'enfance des deux ignorants. Le fossé était creusé, les camps étaient différents, et qu'importait le prix à payer : il était trop tard pour retourner sa veste. La blonde méprisait les hunters autant que les hunters méprisaient la demoiselle, mais contrairement à cette haine gratuite qu'ils éprouvaient à son égard : Faith détestait des assassins. Elle n'était que la main douce de la justice qui venait équilibrer la balance pour préserver les malheureux et ceux qui ne pouvaient se défendre eux-mêmes. La blanche colombe n'était pas cette gamine, mais ses valeurs, étaient sincères. Les hunters se prétendaient protecteurs de la race humaine, et rien que ça, c'était la preuve de la connerie humaine et de la fausseté des sentiments de ces individus. Dans cette guerre, personne ne valait rien, mais dans cette guerre, elle se sentait au-dessus d'eux. La moralité occupait une place particulier dans le cœur de celle qui se savait désormais hors de toute règle morale, hors des règles de la société, mais parce qu'elle préférait être dans l'illégalité des droits que dans la légalité des prisonniers.


Il était devenu ce que la blonde fut longtemps destinée à être : une descendante d'une lignée suffisamment ancienne pour se vanter de sa réputation. Cesare avait du sang sur les mains, mais Dieu lui pardonnerait soi-disant, parce qu'il s'agissait du sang d'un monstre, d'un dégénéré, d'une erreur de la nature dont le seigneur ne voudrait même pas. Combien de fois avait-elle entendu de discours diffèrent sur sa condition ? Tantôt une merveilleuse de la nature de par sa mutation qui défiait toute gravité, de l'autre, elle était l'hérésie qu'il fallait exterminer, et parfois, elle n'était rien de tout cela : elle était le rien. Ce rien qui brûlait les lèvres, ce rien qui aliénait et qui éveillait la curiosité chez les faibles humaines qui aimaient avoir des animaux à regarder et s'il était possible de s'en servir comme domestique, ils le feraient avec plaisir. Les pires des hunters étaient des monstres, ces gens infâmes qui prenaient les mutants pour des races inférieures qui étaient le fruit d'une abomination, mais ce n'était pas la plus grande majorité de la connerie américaine. Les Américains avaient peur, ni plus ni moins, parce que l'évolution terrifie autant que la liberté totale accable de douleurs. Cesare était donc de ceux, qui par devoir, devaient éradiquer les mutants. Une mission simple sur le papier, mais l'évolution ne s'arrêtait pas et arracher une vie pesait, elle ne le savait que trop bien.Il avait fallu qu'elle se retrouve sans sa mutation pour comprendre la dureté de l'humanité, des sentiments banals et anodins du quotidien dont elle se privait, puis la télékinésie revint, et elle laissa les remords pour d'autres avec une seule certitude : elle vivrait. Elle vivrait en massacrant ceux qui le méritaient, et Cesare le méritait. Cesare le méritait. Elle se répéta cette simple idée dans la tête en l'occultant, parce qu'elle ne pouvait pas se résoudre à l'idée de voir ce gamin tuer quelqu'un de manière froide et calculatrice comme elle le faisait pour les hunters. Prenait-il du plaisir à tuer un mutant ? Ressent-il du dégoût en voyant son sang rouge couler ? Éprouvait-il ce sentiment de justice qu'elle clamait à chaque fois qu'elle assassinait un hunter en silence ou de manière abrupte ? Les questions fusaient, mais aucune question ne sortirait, car elle ne voulait pas les réponses. Le prix d'une amitié valait-il le prix de mille vies ? Non, et pourtant, Skylar suivrait cette règle ce soir. Il était libre de lancer les hostilités, elle ne le ferait pas et ne viendrait pas tenter de le briser, pour une fois encore : elle tenterait d'épargner un hunter. Ezekiel fut jusque-là le seul à pouvoir se vanter de cet exploit, Cesare pourrait aussi se vanter de cela, sans pour autant en être informé.

Une alerte, sans violence ni même panique. Voir Cesare fit sourire la demoiselle bien malgré elle, avec une sincérité dont elle ne pouvait que rarement se vanter : il n'avait pas changé. Il avait plus de muscles, plus de caractère sans doute, et de manière surprenante : il avait de la compassion. Il était à tard, faible, inconscient et condamné de toute manière. Elle ne prendrait pas le risque de se faire dénoncer par un petit fumier qui gagnait sa vie en tuant aveuglement simplement sur un coup de téléphone. Elijah voulait un hunter mort et un mutant, elle n'en tuerait qu'un seul ce soir et cela sans honte. La question de l'excuse ne sonnerait que bien tard, mais qu'importait, elle continuait de l'observer. Elle revoyait le battant, ce même garçon qu'avant. Elle ne s'échappa pas dans la pénombre, elle ne fila pas à l'anglaise comme n'importe qui le ferait, elle resta, fièrement, en l'observant d'un œil attentif. La question sonna comme une évidence, mais il venait à la poser comme pour se rassurer, alors que cela n'avait pas la moindre utilité. La mutante observa son ancien ami se baisser sur celui qu'elle achèverait elle-même pour préserver sa propre vie, un salaud restait un salaud, mutant ou pas. La blonde faisait la différence, contrairement aux chasseurs. « En effet, dans les grandes lignes cela donnait une scène du style.» Cela sonnait petit cliché de film ? Totalement. Néanmoins, dans le film, la demoiselle embrassait le survivant, et elle ne lui tirait pas une balle dans la tête pour faire disparaître les deux témoins. La scène aurait dû être différente, l'histoire aurait dû se passer différemment, la fin n'était pas celle écrite par ceux qui décidaient. Faith était soumise au rang de pion, mais le jeu changerait, elle reprendrait sa place au sommet en décidant enfin d'agir à sa façon, ce n'était qu'une question de temps. Le chasseur daigna à nouveau la regarder en lui lâchant un simple mot, qui n'était rien, une simple politesse, mais cela comme dramatique dans sa bouche. La demoiselle ne disait jamais « merci » et n'était pas du genre à en réclamer, alors, il pouvait s'abstenir. « Tu es doué, tu n'as pas changé. » Plutôt crevé que de lui dire « de rien c'était un plaisir » avec un sourire idiot et un rire d'idiote par-dessus le marché.

La demoiselle entendit donc pour la première fois de la bouche d'un ami le drame de sa propre mort : décédée. Officiellement morte, elle ne le savait que trop bien, officieusement internée. Voilà ce que tout le monde pensait de la cadette de cette putain de famille. La demoiselle resta de marbre, perdue entre le vrai, le faux et ce qu'elle entendait en interprétant de nombreuses façons, la simple précision du comment il avait découvert la nouvelle symbolisait une chose : il était toujours aussi proche de sa famille. Mauvaise nouvelle pour la demoiselle, qui gardait un souvenir fort agréable de la famille du chasseur, mais cela était à une autre époque. La fille devenue une bâtarde de mutante qui avait fréquenté, touché et apprécié un chasseur, un scandale presque, une hérésie et une honte. La demoiselle n'osait pas se remémorer ces moments, ces rires et ces moments de gêne lors de la critique des mutants où elle se forçait à serrer les dents en simulant à la perfection la sale gosse.« J'aurais préféré l'être, et mon père le désirait probablement autant que moi. » Elle avança d'un pas, le regard légèrement moqueur et toujours assuré. « Les versions officielles sont toujours plus douces que les versions officieuses Demaggio. J'osais espérer que tu m'avais oublié, et mieux encore, que tu étais loin du système des hunters. » Elle indiqua l'homme à terre d'un geste de la main et de la tête avant de glisser sa main dans la poche de sa veste. « Tu as des questions à lui poser ? » Il pouvait répondre oui, que cela ne changerait rien : il se retrouverait avec un couteau planté dans le haut de son crâne. Elle en préservait un, parce qu'elle osait croire qu'il le méritait. Pitié.

love.disaster


Dernière édition par Faith Cunningham le Ven 24 Juil 2015 - 17:31, édité 1 fois
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeMar 26 Mai 2015 - 23:35


whoever's by my side, across the great divide
nothing from the flame s u r v i v e s. hands can turn the tides. i have been consumed. the road runs straight from Tarsus but i am mystified, these are mortal wounds. and they cannot hear my plea, they will not play my tunes. m e l o d i e s in rented rooms, price for seein' true. let me be who I am far from savage lands, I will be renewed. w/faith cunningham & cesare demaggio.

Le visage de Skylar portait encore des traces du passé, des dessins familiers aux yeux du DeMaggio : sa meilleure amie avait toujours cet air revêche qu’il reconnaissait, une détermination froide toute nouvelle brillant au fond de ses yeux. La femme décrite dans les dossiers de ses parents, faisait soudainement écho à la jeune fille qu’il avait connue pendant son enfance, lors des longs, épuisants et exigeants entrainements de chasse qu’ils avaient affrontés ensemble. DeMaggio et Cunningham, deux lignées avec leurs héritages, pesant lourdement sur les épaules du fils héritier et de la fille prodigue, autour de laquelle demeuraient parfois des silences sur lesquels on n’osait guère mettre de mots – tout ceci s’expliquait avec une clarté transparente désormais, mettant en marche des liens de cause à conséquence à l’esprit de Cesare. Skylar avait toujours été une transmutante, ainsi soit-il : une créature que tous autour d’eux avaient toujours volontiers nommée dégénérée alors même qu’ils savaient pertinemment ce qu’était l’enfant blonde à l’air rebelle. Ce fardeau, il avait presque fini par croire qu’il avait été le seul à le porter – lui et sa sœur, issus de ces familles de chasseurs anciennes et conservatrices, prêtes à oblitérer leurs progénitures plutôt qu’à accepter ce qu’une nature capricieuse avait créé. Cesare détestait cette part du Destin qui avait croisé le chemin de son existence – cette mutation, qui s’était un jour éveillée en lui, pour le transformer en les créatures qu’il avait été formaté à chasser. A détester. Ici, dans cette ruelle sombre, Skylar semblait formatée à d’autres choses même, mue par une haine née des cendres d’une enfance bafouée et volée : peut-être était-ce mieux ainsi, au fond, le fils des DeMaggio aurait sans doute agi comme tous les autres, une décennie plus tôt, choisissant de tourner le dos à son amie de toujours plutôt que de la soutenir. Leur lien était cependant suspendu dans un tissu de mensonges, et Cesare en ressentait les échos se répercutant au fond de son esprit : c’était donc ce sentiment déchirant, d’une trahison acerbe et amère, qu’Aria ressentait à chaque fois qu’elle posait son regard azur sur lui ? Combien de fois, Skylar et lui s’étaient-ils retrouvés, rien que tous les deux, arrachant aux griffes de leurs parents quelques instants de liberté pour abandonner les entrainements, et laisser parfois quelques confidences glisser entre leurs lèvres ? Peut-être bien n’avait-il jamais montré à la blonde qu’il aurait été un tant soit peu enclin à accepter cette vérité fracassante – lequel des deux avait failli l’autre, alors ? Ici, il semblait qu’il subsistait quelque chose encore entre eux, quelque chose qui avait poussé Skylar à préférer sauver la vie du DeMaggio plutôt qu’à continuer dans sa magouille avec l’autre type – et qui avait poussé Cesare lui-même à baisser son arme plutôt qu’à tenter de passer à l’offensive. Après tout, ce soir il n’aurait pas à exposer les détails de sa mission à son père : Skylar ou qui que ce soit d’autre aurait été victime de l’incessante fuite en avant du jeune homme, la recherche inlassable d’une quelconque identité là où il ne pouvait guère accepter la seule idée d’avoir perdu son chemin, en cours de route. C’était pourtant cinq ans plus tôt, déjà, qu’il avait découvert sa mutation, sa nature de dégénéré répondant froidement en écho au destin méconnu de son amie d’enfance – quelque part, à nouveau ils se retrouvaient liés par des destinées drôlement similaires, un genre de punition divine infligée à ces grandes familles de chasseurs convaincus.

Tout le jadis qui surgissait à l’esprit de Cesare avec la simple présence de Skylar à ses côtés, ne faisait que ramener plus de questionnements à l’esprit du jeune homme : il se souvenait encore trop nettement de cette période où tout avait été net et précis dans sa vie – où DeMaggio avait inclus une destinée de laquelle il n’aurait pu se défaire. N’en aurait pas voulu, de toute manière. Contrairement à une Aria accrochée à sa liberté, Cesare avait toujours vécu en fonction de sa destinée, sa nature profonde, évitant les amitiés trop poussées avec le commun des mortels pour ne pas risquer de faire fuiter le secret de famille, s’attachant surtout à une enfance et une adolescence baignées de solitude. Dans tout cela, Skylar avait été de ces compagnons presque inédits dans l’existence du jeune homme, une confidente – une personne qui pouvait encore prétendre connaître plus de choses sur le vrai Cesare que n’importe qui. Plus qu’Isolde, sans aucun doute ; il y avait eu un temps, où les vérités pures et dures n’avaient jamais eu aucun mal à se faire un chemin jusqu’à l’esprit du chasseur. La mort de Skylar avait été un de ces éléments qui avaient fait partir la vie de Cesare dans tous les sens : au beau milieu du deuil de sa meilleure amie, il avait découvert sa dégénérescence, et tout ce que cela avait impliqué – s’il n’avait jamais été du genre à s’épancher en sentiments, l’absence de la jeune femme à ses côtés avait été un trou béant, un renforcement à la solitude qu’il avait ressentie aussitôt qu’il s’était vu différent. Monstrueux pour sa famille. Aujourd’hui, ça lui semblait être trop tard, que d’annoncer à sa plus fidèle amie, ce qu’il était – le temps avait passé depuis, et Cesare avait appris à s’en acclimater, quand bien même il ne s’y était pas fait comme elle, elle qui avait littéralement changé de camp pour venir tuer des chasseurs en plein milieu d’une rue sombre. Au caractère froid et insaisissable de Skylar, il s’y était toujours acclimaté, trouvant là un écho de son propre caractère : d’une certaine manière, la Cunningham avait toujours été une Cesare au féminin, calquée sur sa façon d’être, son devoir de solitude, et de ne jamais laisser personne franchir ces hautes barrières de glace constituées depuis leurs naissances. Encore une fois, un héritage, longuement cultivé par les leurs : peut-être bien que le sort de Skylar restait le pire des deux, avoir été élevée comme une parfaite petite chasseuse alors même que ses propres parents connaissaient sa nature depuis sa plus tendre enfance. Curieusement, lui revenaient en mémoire tous les mots échangés à table, lors des réunions de chasseurs, là où Skylar était à quelques pas, faisant mine de ne pas entendre – ne pas entendre ces mots que Cesare avait encore du mal à percevoir comme des insultes, quelque chose dirigé à son encontre à lui également. « J’ose espérer quand même qu’en sept ans j’ai changé au moins un petit peu. » le sourire qui passa ses lèvres sembla plus torve et amer qu’autre chose : les mots de Skylar semblaient presque hors sujet – il était difficile d’évaluer ainsi, en un premier contact presque dénué d’explications, au combien Cesare DeMaggio le jeune chasseur avait changé. Il était aujourd’hui plus proche de la blonde à ses côtés qu’elle ne pouvait le croire ainsi, et ses paroles suivantes continuèrent dans cette marche d’idée : comme beaucoup (peut-être était-ce une chance encore), Skylar le croyait encore engagé dans sa destinée de chasseur – comme quoi, prétendre chasser quelques transmutants au détour d’une rue, ça pouvait aider parfois.

A la sentence des mots de son interlocutrice, le chasseur resta muet : ce n’était pas leur domaine de prédilection, d’argumenter sur les sentiments et les devoirs de l’un ou de l’autre. Au contraire, Cesare préféra se réfugier vers la réponse la plus aisée, quand bien même il savait déjà pourquoi elle posait une telle question : il signa donc négativement de la tête en lançant un regard entendu vers le type toujours assommé au sol – du portrait dépeint par le dossier de ses parents, Skylar était une chasseuse de chasseurs, impitoyable et discrète – comme ses parents l’avaient faite, au final. « C’était pas pour lui que j’étais venu. » signifia-t-il finalement, détournant le regard du type, l’oubliant volontiers comme pour ne pas affronter ce que Skylar, l’amie de toujours, était prête à faire parce qu’il en était ainsi. Certes, au final il n’était pas mieux. Mais pour Skylar, c’était différent, tout était différent avec elle. « Tu crois franchement que j’aurais pu t’oublier ? » la question lui avait brûlé les lèvres, quand bien même ce n’était pas son genre, de manière générale : Skylar avait été ce point d’ancrage à toute sa vie au milieu des entrainements incessants et de la solitude imposés par son père. Si les rôles avaient été inversés (et maintenant, il savait au combien ils auraient pu l’être), l’aurait-elle simplement oublié ? L’avait-elle ? Leur face à face dans cette rue prouvait bien l’inverse, n’est-ce pas ? Comme pour décrocher une réponse du visage de la jeune femme, il la suivit longuement du regard, avant d’enchainer, ouvrant la bouche pour avouer ces vérités qu’il n’avait reconnues à personne jusqu’alors. « J’suis pas un chasseur. Plus maintenant. » la confidence sortait avec plus d’aisance qu’il ne l’aurait cru – avec Skylar, c’était devenu naturel, tout ça, quand bien même elle se cachait derrière une nouvelle entité, ce caractère insaisissable comme le feu. Elle restait Skylar, celle de laquelle il connaissait tant de choses qu’elles bourdonnaient toutes dans sa tête, s’entrechoquant avec les mots qu’elle prononçait aujourd’hui. « Si y’a un truc que je suis maintenant, dans le système c’est du gibier. Comme quoi, j’ai changé finalement. » les mots transmutants et mutations rattachées à sa personne étaient encore difficiles à prononcer, résultante de la fuite sempiternelle qu’il commettait : DeMaggio et dégénérés restait malgré tout une équation qui ne s’équilibrait pas à l’esprit du jeune homme. Il avait perdu toute son identité avec sa nature de chasseur, et nul n’était mieux placé pour le savoir, le comprendre, que Skylar. Sa Skylar, qui l’avait suivi, observé sans doute le cœur maltraité, devenir un chasseur à même de détester ce qu’elle était, profondément et secrètement. Il savait pourquoi elle ne lui avait jamais confié ce secret – c’était ce même instinct qui l’avait fait rester muet sur sa dégénérescence avec Aria. « Et toi, qu’est-c’que tu fais ? Tu tues des chasseurs maintenant ? » et elle s’était fait un sacré nom dans le domaine, Skylar n’avait jamais été de ces filles à même de passer inaperçues, même plus jeune – il était bien placé pour le savoir, tant elle avait été presque la seule à graviter dans son univers pendant si longtemps. Rattraper le temps perdu n’était certainement pas ce qu’ils devraient faire, ici, maintenant, avec ce qu’ils étaient devenus, des miettes de leur autrefois. Il n’envisageait cependant pas de la laisser disparaître à nouveau : pas parce qu’il était un chasseur, parce qu’il était Cesare, et qu’elle était Skylar.
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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeJeu 28 Mai 2015 - 16:07





we were so young so fearless  

i can see you, i can tell you, there's no hiding. Ringing ringing, come and answer





« Il est gentil » disait-elle d'un ton agacé quand ses parents lui demandaient son avis sur le fils DeMaggio. Pour son père, cette relation était bénéfique. Il voulait voir sa fille devenir une chasseuse qui surpasserait ses prédécesseurs, et l'idée de la voir fricoter avec une famille de bonne réputation lui procurait des joies intenses qu'il ne cachait pas. Skylar ne fut jamais sociale avec les familles de hunters, profitant toujours d'un moment d’inattention pour s'enfuir. Dans le meilleur des cas, elle se contentait de se montrer dénuée d'émotion à l'entente des mots « dégénérées » ou « monstres ». Son père n'avait jamais recherché ce qui pouvait attacher Sky' à un autre hunter – probablement qu'il s'en foutait. Il se moquait de la sincérité de l'amitié et des émotions de cette relation. Du profit et rien de plus. Cette relation était profitable et elle finirait même par devenir rentable. C'était sans doute pour cette raison qu'il ne s’immisça jamais dans cette relation autrement qu'en poussant blondie à le préserver dans ses bonnes relations. Le plus dur semblait être fait, mais pour une fois : l'autre parent viendrait glisser son grain de sel pour faire s'écrouler le ciel de la blonde.  Le ton de sa mère semblait totalement différent à l'encontre du jeune DeMaggio. « Tu dois couper les ponts avec ce garçon » disait sa mère d'une voix douce et pourtant pleine d'assurance. Tout cela pour préserver la mutation de son enfant dont elle était la seule à en connaître l'existence. L'ignorance avait un sens, et il préservait de l'errance ou de la démence dont la gamine sera finalement accusée des années plus tard. Soi-disant, qu'elle finirait par s'attacher ou même s'amouracher comme sa mère aimait le répéter comme si la gravité était différente. La blonde refusa, s'entêta, se révolta et préféra s'attacher à quelqu'un plutôt que de sombrer dans la folie de la solitude. Qui pouvait comprendre mieux que lui la vie qu'un vulgaire nom imposait ? La fatigue. La perte d'humanité. La haine. La peur. Les coups. La fissure intérieure qui grandissait à chaque instant. Il était le seul à pouvoir l'écouter, à comprendre et à ne pas se contenter bêtement de hocher la tête. Il n'était pas psychologique, Cesare n'avait jamais été là pour la juger. Une seule personne venait à juger Cesare en plus des parents de la mutante : le frère de la gosse. « Je ne l'aime pas » se contentait-il de dire. Joaquim – le frère de la demoiselle – n'affectionnait aucune relation masculine de sa cadette. Sky' se contentait de rétorquer « Je m'en fous ». Une main tendue, voilà ce qu'était Cesare pour elle. Il l'avait fait pour Skylar, mais Faith n'était plus cette gamine.


Protéger. Faith avait toujours pour objectif de préserver l'autre. Pour son père, il était important de préserver les humains de la race qui empestait comme le choléra : les mutants. Pour sa mère, il était important de préserver le don de la demoiselle jusqu'à ses 21 ans et si possible jusqu'à la mort du paternel. Pour son frère, il fallait protéger la cadette des loosers et autres ratés qui pourraient la regarder parce qu'elle n'était pas trop moche à regarder. Pour Skylar, il était important de protéger deux choses : sa mutation et Cesare. Qu'importait le conflit, elle le soutiendrait envers et contre tous. Il pourrait être en tort, qu'elle le défendrait par simple amitié. Les défauts passaient en dessous, elle s'en fichait, elle enterrait ces derniers. Les obstacles semblaient plus supportables à deux et la blonde préférait se faire soigner par quelqu'un comme Cesare plutôt que par son propre père – pathétique histoire de famille. Pour autant, elle n'avait jamais cédé au secret de sa mutation. Par peur, et non par manque de confiance. Que se serait-il passé ? Il l'aurait traité de monstre par amour envers sa famille ? Il l'aurait aidé à fuir ? Elle ne savait pas, et elle ne saurait jamais. Cesare pouvait l’interpréter comme un mensonge, mais il s'agissait d'un instinct primaire de survie. L'aurait-il deviné au fil du temps ? Peut-être. La demoiselle n'avait jamais exprimé une haine profonde des mutants. Fuyant les conversations, créant des incidents malheureux, conduisant les sujets vers un conflit autre en préférant supporter les foudres de son père et parfois montant des plans avec sa propre mère pour parvenir à s'extirper des pires situations. Cela fut la vie de la demoiselle, avant la terrible fracture de la révélation. Peut-être qu'elle aurait dû se taire, tuer un mutant, et s'enfuir. Fut un temps où elle connaissait les remords, à tort.

Changer. Il avait changé ? Indéniablement. Sky' ne voyait pas en lui ses changements physiques, puisque ces derniers sautaient aux yeux et qu'il serait impossible de venir remettre ces derniers en question. Même avec les ténèbres de cette soirée, la blonde voyait la différence et elle n'irait jamais prétendre qu'il avait toujours la tronche d'un adolescent. Pour la mutante, il serait toujours ce même gamin. C'était la relation, le lien qui existait entre les deux, qui à ses yeux, était le même. Le fossé s'était creusé, et désormais il ressemblait à un ravin avec ni plus ni moins que la mort pour l'autre de l'autre côté. Pourtant, elle voyait toujours ce lien qui l'unissait au brun. L'amitié était chose rare pour elle, chose dramatiquement absente de sa vie en réalité. Sky' n'avait jamais pensé à le retrouver après sa fuite de l'asile. Son engagement dans l’extrême pro mutant fut trop rapide, et probablement que s'il en avait été autrement : elle se serait dirigée vers lui pour mendier de l'aide. Le destin fut une pute, parce que le destin n'existait pas. La fille de bourge était finalement tombée dans la triste vie des mutants délaissés dans la ville de Détroit. C'était en cela qu'il était facile de se faufiler dans les deux mondes : la chute fut vertigineuse, mais remonter n'était qu'une question d'apparence.« Changer c'est inévitable. » En bon. En mal. Le changement s'imposait à l'être humain, au mutant, à tous.  Qu'importait. La demoiselle quitta son ancien – et peut-être toujours - ami du regard pour se pencher sur l'individu qui trônait par terre. Si pour écraser Elijah, elle devait tuer des mutants : elle le ferait. La phrase de Cesare sonna comme un crève cœur. Pour elle, il était là pour la pute de dégénérée. Elle détourna rapidement le regard vers lui en se contentant d'un sourire qui avait tout de faux à l'idée de se faire saigner par son seul ami d'enfance. Un mélange de mal-être se glissa en elle, guidant instinctivement sa main vers le couteau qu'elle cachait pour le faire siffler jusqu'au front de celui qui jonchait sur le sol pour entendre une dernière respiration rauque. Mort.  Geste calculé et bien articulé, pourtant sans colère, mais rempli de haine. Envers lui, envers elle même, envers la tragique réalité qui semblait se dessiner dans sa tête. Il vint finalement briser la certitude d'une amitié brisée : une question émotionnelle.


Oui. Elle l'avait sincèrement crue. Tout le monde avait réussi à oublier cette gamine, d'une manière ou d'une autre. Skylar ne restait dans les mémoires que parce qu'elle était désirée et non pas aimée. Elijah n'avait jamais oublié sa poupée parce qu'il la désirait et qu'il la détestait tout autant. Elle ne quitta pas du regard son ancien camarade, son ancien confident qui avait enduré autant – voire plus – de coups que la blonde. Son regard plein d'incompréhension face à celui qui se trouvait face à elle : la question n'était pas de savoir s'il pouvait l'oublier, mais plutôt de pourquoi ne l'avait-il pas fait. Ouvrant légèrement la bouche, mais pas un seul son ne parvint à sortir pour lui répondre, mais elle se reprit d'une voix légère, entre la critique et la mélancolie. « Ils l'ont tous fait. » Après tout, ce n'était que la vérité. La révélation suivante fut nettement moins douce, et cela arracha un sourire légèrement moqueur à la demoiselle avec un petit mélange de malices dans son regard et de sarcasme. Il avait quitté les hunters ? Personne ne quittait les hunters avec un cœur encore battant. À la vie à la mort. La mutante se contenta d'un silence, en espérant qu'il poursuive et c'est ce qu'il fut. Le visage de la demoiselle se décomposa alors face à la révélation. Lui ? Un mutant ? C'était une caméra cachée bordel de merde. Faith était probablement la seule qui se réjouissait d'entendre cette phrase « je suis mutant », mais pour lui, elle ne pouvait pas être heureuse. Gibier ? Il avait malheureusement raison. « Tu es toujours le même pour moi Cesare. Tu le sais depuis quand ? » Pas de sentimentalisme, elle enchaînait directement sur une question comme pour fuir irrémédiablement ce qu'elle venait de dire à haute voix. Le sujet dériva finalement sur ce qu'elle était devenue. Elle pouffa légèrement à sa remarque. La réalité se voulait bien plus complexe. Mais elle ne pouvait guère lui dire : je suis une ancienne terroriste, mais j'étais manipulée par un psychopathe dont j'étais amoureuse, puis je me suis enfuie en profitant de la mort de mes camarades d'armes. J'ai réussi à lui échapper, il est revenu dans ma vie, je compte m'enfuir à nouveau, et je le tuerais tout comme je tue les hunters parce qu'ils sont des monstres. Définitivement, elle ne pouvait pas lui dire ça. « Si tu es là pour moi, c'est que tu dois et que tu penses avoir une idée de mon parcours, aussi vague soit-elle. » La demoiselle avança légèrement sa main en effectuant un mouvement de revers pour faire revenir le couteau entre ses doigts. « Je tue ceux qui me barrent la route. Qui de mieux placer qu'une fille de chasseur pour en tuer d'autres ? Je suis  inimitable comme fille. » C'était une fausse question, et Faith se savait douée et la fausse modestie puait l'hypocrisie. Les idées de la blonde venaient en masse. S'il était vraiment dégoutté par sa nature : il aurait pris la cure. S'il voulait la tuer : elle serait morte. La demoiselle avança d'un pas en rangeant le couteau sous sa veste. « Tu vas bien ? On se tire dessus ? On s'enlace ? Ou on s'en va tout simplement comme si de rien n'était ?  » La dernière question était accusatrice, prônant clairement qu'elle ne ferait pas ce choix. Libre à lui de s'en aller en lui tournant le dos. Plus besoin de pitié, simplement d'avoir la foi.

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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 12:40


whoever's by my side, across the great divide
nothing from the flame s u r v i v e s. hands can turn the tides. i have been consumed. the road runs straight from Tarsus but i am mystified, these are mortal wounds. and they cannot hear my plea, they will not play my tunes. m e l o d i e s in rented rooms, price for seein' true. let me be who I am far from savage lands, I will be renewed. w/faith cunningham & cesare demaggio.

Il se souvenait encore des aubes de solitude qui avaient suivi la disparition inexpliquée de Skylar. Soustraite à sa vie, sans crier gare, subitement elle avait laissé un vide. Les heures d’entrainement étaient devenues solitude, et aux échos de ses opinions ne répondait que le silence d’une absence toute nouvelle. Cesare s’était muré plus profondément encore dans la solitude depuis qu’il avait perdu celle qui avait été son amie de toujours : Skylar n’avait toujours été que ça, d’aucun osant même imaginer quoique ce soit d’autre – ce qu’ils avaient était exceptionnel. Un trop précieux joyau pour qu’ils daignent en faire quoique ce soit d’autre. Aurait-elle disparue de la sorte, s’ils avaient été autre chose ? Qu’auraient-ils pu être d’autre ? Confidents, entités, moitiés d’une même âme déchirée par les épreuves de la vie ? Bien souvent ils n’avaient pas eu besoin de mots, de simples œillades discrètes leur avaient suffi à ce qu’ils se comprennent : après l’avoir perdue, le DeMaggio avait toujours su qu’il ne trouverait personne à sa vie comme Skylar. Il y avait eu Aria. Aria et ses tentatives pour conquérir son cœur et ses confidences : mais alors qu’il avait toujours traité la Cunningham comme son égale, Aria avait été sa petite sœur. Son indispensable, certes, mais cette petite créature frêle qu’il avait toujours eu à cœur de préserver et protéger. A tort, probablement. Aujourd’hui, la brune sauvage prouvait par tous les moyens qu’elle était plus que ça, plus qu’une cadette sous-estimée par un paternel qui n’avait vu son héritage que dans la naissance de son fils – il apprenait peu à peu à s’acclimater à cette Aria, cette sœur qu’il n’avait pas voulu voir jusque-là, parce que c’était différent. Différent ne lui plaisait pas – différent, c’était être transmutant, c’était aller à contre-courant de ce qu’on lui avait toujours enseigné, c’était être un tueur dans le monde des humains. Aurait-il seulement avoué la découverte de sa mutation à Skylar si elle avait toujours fait partie de sa vie à cette époque ? Ou l’instinct de la protéger aurait-il dominé tout le reste, comme pour Aria ? L’appréhension, aussi, avait joué son rôle – forçant l’aîné si fort et si inébranlable, à laisser la crainte viscérale assombrir son jugement. Il avait abandonné sa sœur, tout comme Skylar l’avait abandonné lui : sauf qu’il en payait le prix tous les jours. Aria avait été une transmutante aussi, et Aria était devenue un cobaye, dont les journées de clavaire reposaient principalement sur l’absence de Cesare dans sa vie – la liberté indéniable gagnée par ses parents lorsque l’aîné regardait volontiers ailleurs. Il avait été tant persuadé d’agir en la protégeant, d’agir en faisant au mieux. La vérité s’était avérée toute autre pour lui : elle s’avérait toute autre ce soir, dans cette allée ténébreuse, pour Skylar également. Elle était partie pour laisser un meilleur ami devenir transmutant, et découvrir tout cela par lui-même : le Destin avait définitivement une bien étrange façon de fonctionner. Un sarcasme bien à lui. Et aucun des deux ne devait aimer cette façon d’être, cette façon de vivre : balancé d’un coin à l’autre des épreuves de ce monde par une main supérieure qui décidait de leur sort. Cesare venait tout juste de reprendre sa vie en main, incapable de savoir quoi en faire : sous les yeux cristallins de l’autrefois, il se sentait à nouveau perdre toute prise sur ce qu’il était.

Changer, c’est inévitable. Sans aucun doute ; parfois pourtant, le DeMaggio imaginait coupablement ce que ça aurait pu faire à sa vie, de ne jamais changer. D’être toujours le même adolescent bercé et nourri aux assurances de ses parents, aux paroles des chasseurs, aux principes de la vie que le nom qu’il portait lui imposait. La vie aurait été belle ainsi ; Cesare n’aurait jamais envisagé l’autre partie du tableau : il aurait craché sa haine dans le visage d’une Skylar revenue brusquement dans sa vie, et s’en serait suivi un combat au corps à corps jusqu’à ce que mort s’ensuive. La sienne à lui, la sienne à elle, il s’en serait complètement foutu : parce que la lobotomisation de ses parents aurait marché, de A à Z, et aucune transmutation sortie de nulle part n’aurait changé sa façon de percevoir le monde. Skylar n’aurait fait que le tromper depuis le début, se jouer de lui, être une menteuse – et la rancœur l’aurait emporté sur tout le reste. Tous les autres ressentiments qui bouillonnaient en lui à l’instant précis. Pourquoi devait-il se sentir coupable à nouveau ? Qu’aurait-il pu faire d’autre ? Skylar avait été déclarée morte ; il avait été se recueillir sur sa tombe, défiant l’autorité parentale au point de réclamer aller à son enterrement, sans pour autant y être autorisé, pour des raisons qui lui échappaient complètement désormais. Il avait simplement été toujours enchainé aux volontés de son père : si profondément dans sa chair qu’aujourd’hui, quand il remettait tout en question, le pourquoi du comment n’était plus explicable. La magie qui avait opéré sur son esprit pour tout changer, était bien cruelle – elle avait probablement été cruelle pour Skylar aussi. Ils connaissaient tous les deux ce que ça faisait, d’écouter les discours de haine de ses propres géniteurs tout en sachant ce qu’on est réellement, derrière les apparences. Tout transmutant qu’il avait été, à l’époque de ses vingt ans, il avait continué d’écouter son père, il avait continué la chasse. Il avait tué de ses semblables, espérant que le sang de ses victimes laverait la tare qui était née en lui, espérant que vivre aux bottes d’Ekrem DeMaggio servirait de beaux apparats, et ne révélerait jamais au grand jour ce qu’il était réellement. Si longtemps, Cesare avait cru pouvoir refouler ce qu’il était, au profit de ce qu’il devait être dans l’ordre logique des choses. Plus maintenant ; du moins, pas face à Skylar – bien souvent, Cesare était confronté aux conséquences de ses choix. Lorsqu’il décidait de se lancer dans une soirée de chasse comme autrefois, il se devait de sauver sa vie face à des transmutants, finissant par en tuer parfois, par en sauver d’autres. Il ressemblait presque à un bourreau capricieux – ce n’était pourtant pas là son intention – surtout un réflexe qu’il ne pouvait retenir, une pulsion qui le gagnait à chaque fois que ses songes menaçaient de le noyer. Sans Isolde, ayant presque perdu Aria, sans sa famille, Cesare ne savait plus qui il était, ou ce à quoi il était bon. Ni quel était son but sur cette planète. Avait-il réellement changé ? Ou cherchait-il simplement, désespérément, une autre autorité sous laquelle se placer pour savoir quel était son nouveau but dans la vie ? Pathétique, diraient beaucoup. Des confidences si honteuses ne franchiraient sans doute jamais ses lèvres – pas même pour la blonde face à lui, les réminiscences de celle à qui il aurait confié son âme, sa vie et tout ce à quoi il avait tenu, à une époque. Comme quoi, quelque chose avait quand même changé entre eux. L’expérience, cruelle et vorace, s’imposait dans leurs cœurs, et changeait tout.

Depuis quand ? Depuis quand ? Il avait perdu pieds. Douter faisait tant partie de lui désormais, qu’il ne savait même plus quand tout cela avait commencé : avait-il seulement senti sa dévotion pour ses parents faiblir avant tout ceci ? Probablement. Quand il avait posé son regard sur sa petite sœur, la choyant dans l’espoir secret qu’elle choisisse une autre vie, qu’elle profite de la chance donnée par le désintérêt de leur père pour faire autre chose. Pour faire mieux. Mieux qu’il ne ferait jamais. Si seulement. Si seulement Aria avait choisi autre chose – peut-être alors aurait-il pu faire quelque chose de bien dans sa vie. « Moins longtemps que toi. » remarqua-t-il finalement, à la question de Skylar, la jugeant presque indiscrète, comme s’il pouvait sentir qu’elle était prête à le juger quoiqu’il dise. Oui, lui n’avait pas gardé un tel secret pour lui quand ils avaient été l’un avec l’autre – du moins, c’est ce qu’il se plaisait à croire aujourd’hui, maintenant que tout était révélé. Après tout, combien de secondes avait-il tenu, là, ce soir, face à elle, malgré toutes les années qui avaient couru ? L’amertume était donc plus forte que tout le reste, à la voix mordante de Cesare. Il soupira, son regard trouvant le sol, le cadavre, le sang qui commençait à dégouliner du crâne transpercé. « Cinq ans, environ. » cinq ans qu’il savait, cinq ans qu’il oscillait entre une volonté sempiternelle de ne pas changer, et la force de la nature qui lui imposait tant de changements. Faire front n’avait jamais été son plus grand talent : encore aujourd’hui, affronter la réalité de ce qu’était devenue Skylar, était compliqué. Pourtant, elle avait toujours été une tueuse pour lui – tueuse de transmutants, ou tueuse de chasseurs, qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? Indéniablement, ça changeait quelque chose, dans les entrailles du DeMaggio – l’injustifiable supériorité de la caste des chasseurs sur le reste de l’humanité – surtout les transmutants. « Je sais ce que tu fais. Et je sais comment tu le fais. » avait-elle vraiment changé ? Les DeMaggio soupçonnaient cette Faith de faire partie d’un groupe encore méconnu – bref, elle ne décidait pas qui elle tuait, ni dans quelles circonstances. Etait-ce seulement différent de la chasse ? C’était à son tour de la juger, son regard noir jaugeant la blonde un instant, avant qu’il ne se reprenne : devait-il seulement mettre de telles accusations en mots ? Il la ferait fuir, sans conteste ; la Faith née à partir de sa Skylar semblait plus orgueilleuse que tout ce qu’il avait connu. Et changer le monde, changer les gens, ce n’était définitivement pas un de ses talents. La réalité les rattrapa aux paroles de Skylar : que faire, maintenant ? Etaient-ils comme autrefois, comme si de rien n’était ? Ou n’étaient-ils que destinés à se séparer, à s’oublier ? Cesare ne pourrait jamais ; pas maintenant qu’il savait qu’elle était en vie. Pouvait-il faire table rase du passé, table rase de tout ce qu’elle n’avait pas dit, pour autant ? Aria pouvait-elle faire table rase des secrets qu’il avait gardés, lui, la mettant en danger, elle ? Il aimait croire que oui… mais seule sa rédemption était possible s’il acceptait celle de Skylar. Un sourire finit par passer sur ses lèvres, comme une ombre imperceptible pour tout autre que Skylar. « Tu viens juste d’abandonner un cadavre à nos pieds, j’pense que c’est mieux qu’on bouge de là. » de nouvelles secondes d’observation, avant qu’il ne finisse par avouer. « Tu peux pas attendre de moi que j’m’en aille comme si de rien n’était, Sky. Pas après tout ça. » comme s’il ne lui laissait guère le choix quant à l’issu de ce face à face ; ils avaient près de sept longues années à rattraper, et ils n’en avaient récupéré qu’une infinité là, en ces quelques minutes. Qu’elle pense ce qu’elle veut, de leur autrefois, aujourd’hui, il n’avait pas l’intention de la perdre à nouveau, coûte que coûte.


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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeVen 24 Juil 2015 - 22:39





we were so young so fearless  

i can see you, i can tell you, there's no hiding. Ringing ringing, come and answer





Quelle atroce sensation, d'observer son propre acte de décès, d'observer froidement sa propre tombe. Ce bout de pierre, couvert de fleurs fraîchement déposées par un inconnu qui se trouvait sur l'atroce chemin du cimetière. La boule au ventre, il fallait observer des souvenirs, cette photo couverte de pluie et de poussière de par la faute du temps. La mère de la demoiselle s'était évertuée à déposer une rose blanche sur la tombe de son enfant selon le gardien, pourtant consciente que sa fille était internée et non pas décédée. C'était probablement cela la passion de la demoiselle pour cette fleur, chose qu'elle ne révélait pas parce que probablement qu'elle n'en avait pas conscience elle-même. La première fois qu'elle observa cette tombe, cela fut dans des circonstances dramatiques. N'ayant même pas conscience d'être déclarée morte, la blonde se retrouva bien trop vite face à la douleur de l'abandon de sa famille et cela même au sein du cercle proche. La mutante avait eu connaissance de sa mort une fois qu'elle intégra son groupe extrémiste, mais cela était la première fois qu'elle l'entendait de la bouche d'un autre, la première fois qu'elle réalisait que quelqu'un avait souffert pour elle. C'était un jour d'hiver qu'elle observa sa propre tombe, à genoux, incapable de se révéler face à la souffrance que cela représentait pour elle. Ce même jour, où elle venait admirer la tombe de ses parents et de son frère. Sa propre mort ne fut jamais dérangeante, elle considéra cela comme une chance, une possibilité de servir « La cause » sans faillir et sans attachement par simple besoin de survivre dans un monde de brute. La mort de sa famille, ne fut pas un choix, mais une conséquence de ses choix désastreux. Cesare fut probablement le seul à pleurer sincèrement la demoiselle, et cette idée la rendait malade. Venir le voir fut toujours impossible, il l'aurait renié et cela même s'il l'appréciait, parce qu'elle se mettait à sa place : elle aurait agi de cette façon. La haine du mutant coulait dans les veines, imprégnées dans l'esprit à l'enfance pour endoctriner l'innocent à massacrer son prochain au nom de l'ADN. Cesare fut toujours tout pour elle, et l'accuser d'un manque de confiance était faux, mais hurler à la lâcheté et à la peur semblait plutôt réaliste. Le passé semblait tellement loin, et lentement, la haine rongea la peau de la demoiselle au point d'en occulter toutes les personnes qu'elle aimait. Le père de Faith pensait s'être ancré en elle, mais cela fut un échec, parce que le contrôle ne fut jamais absolu et sa relation avec Cesare en était le parfait exemple. Son père infligeait une idée, mais c'était son ami qui serait le seul à l'aider dans ses choix. Fut un temps, où la demoiselle s'obstina à croire que la paix pouvait exister, que la haine du père pouvait perdre face à l'amitié d'un seul être de chair. Malheureusement, lorsque le mentor de la blonde déboula dans sa vie, la donne changea. Il n'était pas question de choix, mais de corruption. Corrompre le corps, l'âme et même la simple possibilité de penser. Cesare avait disparu parce que la conscience morale de Skylar avait disparu par la même occasion, même si la demoiselle ne reniait en aucun cas ses actes et sa participation à ces derniers. Elle ne fuyait pas, la blonde assumait, malheureusement pour elle tout. Elle n'était pas manipulée, simplement idiote, et désespérément amoureuse de celui qui n'aimait que son corps et sa mutation.


La conversation se dirigeait vers des sujets anormaux, qui révélaient un fossé qui était creusé entre eux. Le mensonge de l'une durant son enfance, sur sa nature, mais il serait facile de douter de sa parole et de l'associer à une menteuse compulsive. La demoiselle tentait de comprendre, lui posant une question qu'elle estimait naturelle, parce qu'elle ne faisait pas la différence entre maintenant et il y a sept ans. Il était toujours Cesare, chasseur ou pas, elle ne renoncerait pas encore à quelqu'un, pas cette fois. La réponse de l'ami d'enfance était piquante, et il ne cachait pas sa colère et probablement qu'il se sentait trahi. La blonde se contenta de soupirer en baissant la tête. Lui répondre ne semblait pas opportun, et l'envoyer contre le mur non plus. Cela serait pourtant tellement facile de l'envoyer contre le mur de la ruelle et de partir comme si de rien n'était, mais elle était figée avec la sensation que partir rendrait la situation bien pire. La mutante ne voulait pas prendre le risque de perdre la seule personne qui était encore debout dans les fragments de son triste passé. La mutante redressa la tête lorsqu'il annonça finalement un chiffre. « Je vois. » Il vivait avec ce poids depuis cinq ans, et il semblait plutôt bien s'en sortir pour un mutant éduqué pour éradiquer les dégénérés. Il ne semblait pas être un grand protecteur des mutants, mais s'il était un assassin parfait : elle serait morte. Cesare semblait nuancé, cinquante nuances qu'elle ne pouvait malheureusement pas discerner tellement il semblait capable de tout garder pour lui. S'ouvrir à elle semblerait surprenant, parce que probablement qu'il eût fait son deuil et que revoir la blondasse de service ne le faisait pas sourire. Comment lui reprocher son attitude ? Elle en était incapable parce qu'elle se mettait malheureusement à sa place. Durant toute une partie de leur vie, ils ont supporté le conditionnement mental et moral du dégoût envers la race de vermine qu'était celle des dégénérés. Cesare avait probablement un tableau de chasse, peut-être qu'il était fier de ses meurtres et de la purification de la planète qui prenait de l'ampleur. Le fossé semblait immense, mais le toucher, savoir qu'il était vivant et qu'il était heureux, était si simple. Quelques bouts de phrases, des questions, pour des réponses probablement vagues, mais cela pourrait suffire à la demoiselle qui voulait simplement s'assurer qu'il n'était pas en pleine dépression au bord de l’asphyxie dans sa propre vie.

La suite de la conversation, sembla prendre une tournure qui invitait la blonde à monter dans le ton et dans les accusations. Deux phrases suffirent à pousser Skylar à croire qu'il était en tort et son regard noir persuadait la demoiselle qu'il ne savait rien. Était-il encore endoctriné par ses parents ? Elle n'irait pas vérifier. Faith n'était pas une blanche colombe, mais pour une fois, ce qu'elle faisait ces derniers temps c'était simplement chercher à s'évader d'une prison que son mentor lui imposait. « Tu crois savoir Cesare. » Elle laissa échapper un rire légèrement nerveux, entre mépris et perplexité. Secouant la tête avec un sourire perdu, au final, c'était cela : elle était perdue. Cesare la voyait comme un monstre, après tout, c'était ce que disait son dossier. Skylar Cunningham fut internée, mais elle était morte aux yeux du monde, de la loi et des autres hunters. Pourtant, cette dernière se retrouvait également au panthéon des terroristes sans que personne ne le sache réellement, ou peut-être. La blonde n'avait absolument pas connaissance de ce qui se disait dans son dossier, elle ne possédait pas un seul informateur apte à lui transmettre des informations sur son ancienne identité. Quelqu'un avait effectué des recherches sur ce même nom, et cela avait conduit tout droit Elijah vers elle. Cette erreur, elle n'arriverait pas une deuxième fois et la mutante refusait de perdre le peu de libre arbitre qu'il lui restait dans ce monde de crevard. « Il y a des vérités qu'on ne trouve pas dans les dossiers, mais je t'en prie, juge-moi. » la demoiselle disait cela comme une terrible évidence, mais avec un goût amer, parce qu'il préférait se fier à un dossier avant même de l'écouter. La mutante avait un caractère particulier, d'autant que sa situation actuelle se vivait difficilement, physiquement et psychologiquement. Son mentor ne faisait pas dans la dentelle, mais qu'importait, cet enfoiré ne serait plus un problème et elle allait retrouver sa liberté.

La remarque sur le cadavre était véridique. Dire à Cesare que c'était cet homme ou son ami d'enfance ne semblait pas nécessaire. La blonde arqua un sourcil en observant le cadavre pour finalement redresser son visage vers son ami. La réponse à la question de la demoiselle était finalement toute trouvée : il ne partirait pas plus qu'elle. Un bien pour un mal, probablement. Si Cesare prenait le risque de s'afficher avec une mutante recherchée, cela ferait mal à sa réputation et il se retrouverait au pied du mur. Faith avait des échappatoires, mais lui, n'avait peut-être pas cette chance. Le sourire se dessina brièvement sur le visage du mutant, preuve qu'il n'était pas totalement insensible aux souvenirs du passé. « Je n'attends pas de toi de disparaître Cesare, je n'ai pas l'intention de m'évaporer non plus. » la blonde détourna les regards vers la sortie de la ruelle. Sortir de cet endroit, c'était une bonne idée, mais pour se rendre où ? Faith ne pouvait pas parler de sa captivité, mais probablement que l'emmener jusqu'à son appartement le mettait en danger inutilement. « Bonne idée, tu as une préférence pour l'endroit ? pour ma part c'est plutôt limité.... » Un mal de tête vint violemment prendre là l'esprit de la mutante. Elle ne pouvait rien dire, et devait se contenter de parler d'elle sans jamais évoquer un autre nom que le sien et ne jamais prononcer ne serait-ce qu'une phrase qui dénoncerait la localisation de la maison de son mentor. Elle ferma les yeux un instant, soupirant en serrant les doigts. « Okay, on commence à marcher ? Tu as un endroit en tête ?  » la blonde se retourna complètement pour commencer à avancer dans la ruelle, sans savoir s'il avait une idée d'où ils pourraient discuter. Faith ne maitrisait rien à cette rencontre, et cela la bouffait d'avance. Cesare serait toujours l'éternel ami, même s'il serait celui qui devait lui planter un couteau dans le dos.

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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeDim 6 Sep 2015 - 22:07


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Au milieu du chaos, du champ de bataille de sa vie, à une époque, il y avait toujours eu Skylar. L’équilibre. L’oreille qui saisissait ses paroles et était à même de les comprendre. Vraiment les comprendre. Le temps avait couru depuis leur dernier tête à tête, séparant ceux qu’ils avaient été de ceux qu’ils étaient désormais, et pourtant, Cesare savait déjà qu’il partageait encore plus de choses avec la blonde face à lui qu’avec Isolde. Malgré tout, malgré tous leurs démons, malgré le silence de la Cunningham. Malgré ce que leurs parents auraient voulu, sans doute : Ekrem et Isabella savaient-ils, que c’était l’amie d’enfance de leur fils, qu’ils avaient commencé à traquer, en se lançant à la poursuite de cette fameuse terroriste du nom de Faith ? Faith. Faith. Non, elle était Skylar, toujours Skylar pour lui – et même déjà gamins, s’ils n’avaient pas été du genre à se blottir dans les bras de l’autre, à faire la fête comme des adolescents de leur âge, le lien qu’ils avaient tissé dépassait tout ce qu’ils avaient pu connaître par la suite. Quelque chose comme des âmes sœurs, similaires dans leur jadis, leur présent, l’errance de leur être à présent : tous les deux se retrouvaient au même stade, des parias transmutants aux yeux des leurs, ceux qui leur avaient donné la vie, sans qu’ils ne demandent rien. Et des années perdues, gâchées par des exigences qui n’avaient jamais été les leurs, originellement. Leur seul péché avait été de naître où ils étaient nés, comme ils étaient nés, touchés par une main du destin qui avait soigneusement tissé le fil de leur vie. Quel miracle les rassemblait ici, dans cette rue, au combien sombre, et pourtant éclairée par la présence de l’autre ? Allaient-ils se perdre à nouveau, à jamais, une fois cette soirée terminée ? Le temps courait déjà, mais Cesare ne voulait pas le sentir passer, lui échapper comme l’air insaisissable – combien de secondes, de minutes avaient-ils, avant que la réalité ne les rattrape, et qu’ils doivent se séparer à nouveau ? Il doutait d’en avoir la force, quand bien même il lui était impossible de combattre l’impérieux. Faith n’était plus vraiment Skylar, elle répondait à d’autres voix que la sienne à lui – elle se fiait à d’autres gens que lui. Rattraper le passé ne changerait rien à tout cela : seraient-ils seulement capables de combler les années de doute, de questionnements, de mésaventures qu’ils avaient tous les deux vécus, dans les quelques minutes qu’ils avaient à leur disposition ? Tous les efforts, tous les songes de Cesare étaient concentrés sur sa sœur, l’idée de la protéger, le besoin de la sauver – l’assurance que plus rien n’aurait de sens sans elle ; y avait-il une quelconque place, pour rajouter Skylar à ses préoccupations ? Elle ne les avait jamais vraiment quittées, se rappelant à lui parfois, dans un songe d’autrefois, une certaine innocence perdue, diluée avec le sang des cadavres qu’il avait laissés derrière lui. Parfois, il s’était imaginé que sa meilleure amie avait été l’un d’eux, morte à cause de lui, d’une quelconque manière. Tant de songes qu’il avait gardé pour lui, commençant le lourd procédé de tout garder pour lui, de tout empiler sur ses épaules, à partir du moment où il avait perdu la présence réconfortante de Skylar à ses côtés. Dieu combien elle en savait sur lui, de ces faiblesses refoulées, de ces démons ignorés.

Elle semblait avoir l’orgueil au bord des lèvres, le besoin incontrôlable de poser des barrières entre toutes les paroles qu’ils s’échangeaient : tout aussi étrange que naturelle, la complicité qui les avait liés, avait-elle disparu, aussi facilement qu’elle était apparue ? Ils ne se tiraient pas dessus en tout cas, il n’y avait que les mots fusant, qui pouvaient s’avérer blessants, l’impact des années qui avaient passé. Le changement avait été irrémédiable, en effet : s’il n’avait jamais développé de transmutation, s’il n’avait jamais eu la chance de se défaire de l’emprise de ses parents, il serait lancé dans le même chemin que son père, plus ardemment encore que jamais – et cette rencontre nocturne, totalement imprévue, avec sa Skylar du passé, serait le premier obstacle à la marche immuable de ses opinions bien tranchées. L’aurait-il tuée ? Après tout, son géniteur était à présent, prêt à supprimer ses progénitures de la surface de la terre à cause de ce qu’ils étaient – il était difficile d’imaginer qu’il lui aurait épargné la vie, sans ressentir cela comme un profond échec, une faiblesse à ne pas s’octroyer. L’œuvre des DeMaggio ; le lavage de cerveau que seuls les gosses de chasseurs pouvaient comprendre : il savait déjà qu’Isolde ne pourrait jamais saisir ce que ça faisait. « Je vois. » qu’elle répondait simplement à ses paroles – elle voyait ; elle avait bien de la chance de percevoir les choses ainsi, lui-même ne savait pas encore où trouver son chemin dans les ténèbres de son errance – c’était comme s’il avait passé six putain d’années pris dans des ronces toujours plus virulentes, à se noyer dans le chaos. En était-il sorti ? Y était-il toujours ? Impossible à dire. C’est sans doute pour cela que la seule réponse qu’il trouva à cela, fut un ricanement, ressemblant surtout à un renâclement, râlement imprononçable, sarcasme informulé. L’œillade fuyante, une main passant sur son visage, il était déjà tenté de déblatérer chacun de ses questionnements à Skylar. Que pourrait-elle faire ? Elle allait lui faire voir le droit chemin, elle qui travaillait pour il ne savait qui, et butait des gens à même le sol en leur enfonçant un couteau dans le crâne ? Une pratique qu’il connaissait bien ; trancher une gorge distraitement, foutre une balle dans la tête d’un autre être humain sans se retourner. Laver le sang de ses mains, sans pour autant parvenir à se débarrasser de cette putain d’odeur ferreuse. L’imprononçable, angoissante, culpabilisante vérité, était qu’il se noyait complètement dans son existence ; et ce qui le maintenait à flot, n’était qu’un devoir supplémentaire. Un devoir qu’il jugeait plus noble que tout le reste – car dans ce monde, tout ce qu’il savait, c’était que protéger sa sœur était la tâche qu’il s’était imposée à lui-même, dès la première fois qu’il avait posé les yeux sur elle. Ça avait été plus simple, de chasser Skylar de ses regrets, d’oublier les morts, en se concentrant sur ça : la petite lueur de sa vie, Aria, juste Aria. La maintenir dans la lumière, peu importaient les ténèbres qu’elle choisissait de suivre – et il avait échoué. « Tu penses sérieusement que j’te juge ? » balança-t-il en direction de son interlocutrice, la dévisageant entre perplexité et colère. « Tu t’demandes bien si j’suis pas le larbin de mes parents. Même si j’t’ai pas foutu une balle dans la tête. » était-ce l’amertume qui parlait, ou un certain sarcasme, qu’eux seuls pouvaient saisir ? Au moment où leurs iris se croisèrent à la faible lumière de la nuit, Cesare lui-même ne sut guère faire le tri dans ses ressentiments. Ils se toisaient, s’analysaient, se jugeaient : c’était ça que ça faisait, le temps qui court en silence, les années qui passent et changent tout.

Le désir de se retrouver dépassait tout le reste ; heureusement. Le chasseur ne s’autorisait plus le luxe d’être aussi dur dans ses paroles, que ce soit avec sa cadette, ou avec Isolde – les deux étaient si imprévisibles, impulsives, qu’il était toujours l’esprit qui assagissait les conflits, quand bien même il en avait aussi, des choses à dire. Ici, c’était différent ; peut-être parce qu’il s’imaginait qu’il n’avait rien à perdre, face à un fantôme sorti d’outre-tombe. Ou parce qu’il espérait qu’elle ne partirait pas, elle. Parce qu’elle avait partagé ses fardeaux, parce qu’elle savait. Qui il était. Ce que ça faisait. Au moment où Skylar tenta une échappée, alignant les mots pour enclencher le mouvement, Cesare la stoppa net, attrapant son bras, presque le premier contact physique qui s’enclenchait entre eux après tout ce temps. Toucher sa peau, sentir qu’elle était bel et bien présente, et non pas six pieds sous terre. Il ne rêvait pas, ne cauchemardait pas, encore une fois. « Fais pas semblant. Pas avec moi. » au fond de ses iris, il la dévisagea, conscient des dangers – avec tous ceux qu’il avait déjà au cul, qu’est-ce que leur tête à tête ici, pourrait rajouter ? « Tu sais très bien comment j’étais. Quand j’rentrai de chasse à l’époque, et que j’voulais pas dire certaines choses à Aria. T’essayes de me cacher des choses. J’m’en fous des raisons. Tu peux tout m’dire, si c’est ce que tu veux. Mais commence pas à vouloir me protéger ou j’sais pas quoi. Tu sais que ça sert à rien quand on a nos vies. » sur ces mots, peu désireux de la forcer, simplement d’instaurer ce climat de compréhension silencieuse, il la relâcha, enfonçant ses mains dans ses poches pour commencer à marcher – l’errance ne serait pas longue sans doute, à cette heure-ci, il y avait le couvre-feu qui les empêchait de se rendre n’importe où. Il ne manquait plus que ça, qu’ils tombent sur de vrais chasseurs.
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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeMer 9 Sep 2015 - 10:21





we were so young so fearless  

i can see you, i can tell you, there's no hiding. Ringing ringing, come and answer





Les fantômes du passé revenaient sans cesse, ils étaient indomptables, increvables pour les pires d'entre eux. Faith s'était toujours inquiétée de ses souvenirs douloureux, de ceux qui voulaient la tuer depuis sa naissance. Un nombre croissant de potentiels meurtriers sur sa personne. Jamais, elle n'envisagea l'idée de se soucier de ceux et celles qui avaient été ses amies – trop rares. La mort de sa propre mère sembla démontrer l'incompétence de la demoiselle pour protéger les individus qui lui offraient de la considération. Cesare était un de ces fragments joyeux, probablement le seul qui était encore intact dans sa mémoire, mais qui semblait aussi fort que faible désormais qu'il faisait face à celle qui avait accompagné son enfance. Le visage de son ami d'enfance, de celui qu'elle avait côtoyé, le saluant pour la dernière fois d'une simple bise peut-être, d'une accolade, et rien de plus, sans jamais s'imaginer qu'elle finirait internée et déclaré morte aux yeux de ceux et celles qui avaient connaissance de son existence. Il pouvait la voir comme une revenante, un simple déchet de son passé, ou peut-être comme le monstre qu'il traquait depuis le départ. Qu'importaient les souvenirs des fantômes, ces derniers semblaient toujours bien plus terribles lors d'un retour à la réalité. Skylar, était morte pour laisser place à Faith. La nuance de deux noms, que personne ne pourrait comprendre, si ce n'était elle. Skylar n'était pas morte avec son enfance, mais lors de sa fuite du monde des extrémistes – terroristes dans le jargon des hunters – mutants. Sky' était morte en délaissant tout ce qu'elle avait pour vivre, de nouveau, selon ses propres lois et ses propres règles : échec. La haine revenait toujours plus forte et Cesare arrivait avec un train de retard, il ne pouvait plus être l'ami doux et l'oreille attentive : ce rôle ne dépendait même plus de la blonde. Il n'existait plus de sauveur, parce qu'elle était incapable de réclamer de l'aide ou de dénoncer son bourreau. Il avait donné un ordre que cette fois-ci, elle ne pourrait pas déjouer : ne rien dire à personne sur son mentor. Le jeu avait des règles que le brun ne pouvait pas saisir, mais parce que Faith ne dictait pas les règles, mais simplement la fin prématurée de ces dernières. Cesare avait probablement une vie bien plus difficile que la demoiselle, parce que se mélangeaient sa nature, ses valeurs et ses attaches. La blonde n'avait qu'une attache, elle assumait pleinement sa nature et elle luttait pour récupérer ses valeurs. Lui ? Il était condamné à devoir jongler entre ce qu'il voulait être face au monde et ce qu'il était au fin fond de son être. Cesare était bien plus à plaindre que la gamine qui avait perdu son innocence en chemin, lui, il pouvait tout perdre d'un claquement de doigt.


La juger. C'était son droit, et probablement que le jugement était devenu naturel par le climat de terreur qui régnait dans le monde. Il en vint presque à l'accuser de cette remarque, comme si cela sortait de l'ordinaire. Il était là pour elle, pour ce qu'il croyait qu'elle était et potentiellement, il avait quelques vérités dans ses tiroirs. Elle lui offrait la possibilité de le juger, mais probablement que le ton amer de la demoiselle s'apparentait plus à un reproche à ses yeux et qu'il avait potentiellement raison à ce sujet. L'idée qu'il voit en elle la détruisait, mais elle fut un monstre à bien des égards pour ceux qui en venaient à la traiter de dégénérés et de bien plus encore. La demoiselle perdit son regard hautain face à ses paroles, se perdant entre incompréhension et chagrin. Cette relation était malsaine, il aurait dû lui tirer dessus pour entraîner une contre-attaque et cela jusqu'à ce que la mort de l'un entraîne la survie de l'autre. Cesare avait confiance en lui, s'offrant la victoire sur ce combat, se vantant presque de la facilité que cela aurait été de venir lui exploser le crâne pour laisser son corps se vider de son sang sur le sol.  « Parce que tu oses prétendre que tu n'as pas supposé une putain de seconde que j'étais le larbin des extrémistes ? Enfin pardon, terroristes comme nos parents aimaient si bien le présenter. Même si, je n'ai pas essayé de te tuer avec ma mutation.  » Elle reprenait ses mots, mais d'abord sur un ton aussi provocateur que fut celui de son ancien ami pour finalement s'écrouler vers une voix plus monotone et neutre. La mutante n'était pas là pour lui faire la guerre, pas à lui. Cesare n'avait potentiellement aucune certitude, peut-être des liens étroits, mais la blonde fut longtemps assez douée pour masquer ses traces. Elle esquissa un léger sourire en humidifiant ses lèvres, parce qu'elle était potentiellement en train de prononcer la seule vérité qu'Elijah ne pouvait pas lui voler sur sa cause. « Parce que oui, moi, j'ai été ce larbin et pire encore. » Elle l'était encore, mais elle était contrainte à utiliser cette formule au passé, et cela, allait changer. Le ton était amer, un regard de dégoût qu'elle éprouvait envers elle-même, cette sensation que toute sa guerre avec son mentor fut vaine, et pourtant, la mutante était incapable d'estimer ses regrets : inexistants ou cachés sous son caractère arrogant.


Parler, et pourtant sans pouvoir réellement se confier, parce qu'il lui avait interdit toute expression en dehors de sa tour d'ivoire. La main ferme du jeune homme sembla pourtant couper l'instant, évoquant des souvenirs, des moments volés et des instants heureux et malheureux dont le passé des deux mutants était inondé. Les regards se croisèrent pourtant, la demoiselle ne daignant pas déposer son regard sur la main de son interlocuteur. Faith ne supportait pas qu'on la touche, c'était devenu un supplice avec les années, parce que ce n'était jamais par bonté que quelqu'un touchait le corps de la demoiselle. Cette atroce sensation de briser son intimité, presque un viol de sa vie privée qu'elle ne pouvait pas expliquer. Pourtant, ce n'était pas cette sensation dévorante de piège qui s'emparait d'elle, mais ces souvenirs doux, où une main avait plus d'utilité que simplement de presser une détente. Une douceur enfantine, voilà ce que ce contact lui rappelait. Il se contenta de lui lâcher un discours, il se trompait, il croyait qu'elle était libre, mais c'était faux. Cesare vint finalement rompre le contact pour finalement lancer de nouveau la marche alors que la demoiselle le suivait le pas lent en détournant une dernière fois son regard vers l'homme qui était à terre.« Cesare, crois-moi, si je pouvais te le dire, je le ferais. Te protéger ?  Comme si tu en avais besoin. On a tous des conflits, les miens sont quelque peu étouffants ces derniers temps, mais ça ne va pas traîner, on en reparlera dans quelque temps... C'est pas un choix. » Arrivant trop rapidement non loin de la sortie de la ruelle, elle fit taire ses instincts craintifs pour retomber en enfance. Skylar n'acheva même pas sa phrase. Skylar s'en foutait de l'atrocité de la situation. Skylar se moquait de sa réaction. La mutante avança d'un pas rapide pour se retrouver face à lui, glisser ses bras autour de son cou en déposant sa tête sur son épaule pour simplement lui souffler une phrase dans une étreinte timide. « Tu m'as manqué. » Parce que oui, son unique ami n'avait jamais trouvé de remplaçant.

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Cesare DeMaggio
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeLun 21 Sep 2015 - 1:36


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Culpabilité ; il savait c’que c’était, c’que ça f’sait. Touché en plein cœur, abattu par les chaines de celle-ci. Elle lui dévorait les entrailles de l’intérieur, pernicieuse ennemie – invisible et imbattable – c’est ainsi qu’il la qualifierait, sans doute. Elle pulsait dans ses veines, au rythme de son cœur blessé, et elle s’alimentait de chaque ressentiment qu’il ne pouvait que ressentir. Parce qu’il était humain, et que son humanité battait sous sa peau à la même vitesse que sa respiration – humain jusque dans le moindre petit ressentiment qui venait picoter ses sens. Il perdait pieds, bien souvent, accablé par des afflictions qu’il n’aurait jamais cru ressentir : avait-il un jour, soupçonné, pouvoir dévisagé à nouveau Skylar ? En de telles circonstances ? Presque orgueilleusement, Cesare aurait voulu pouvoir se présenter sous toute sa splendeur – ou quelque chose s’en approchant – sûr d’où il venait, où il allait, et c’qu’il allait faire de ses dix doigts une fois qu’ils se quitteraient. Mais sous la noirceur du voile de la nuit, à chaque minute qui progressait dans les ténèbres, il perdait un peu plus pied. Lui qui avait toujours obéi aux ordres de ses parents, lui qui avait été savamment cultivé dans le moindre de ses songes par ceux-ci. Lui qui ne s’était que trop rarement laissé une marge de manœuvre, la liberté d’agir dans son quotidien. Il était totalement abandonné – ayant lui-même ôté les liens qui le maintenaient sous la coupe de ses géniteurs ; et probablement que ça se lisait dans son regard. S’entendait dans sa façon de parler. Se ressentait, dans sa façon d’abaisser son arme à la moindre petite surprise venant perturber l’ordre précis des autres. L’ordre précis des choses. Quelle belle connerie ; la vie du chasseur n’avait plus de sens depuis des mois déjà, force était de constater que sans la chasse, il avait perdu toute une partie de sa substance. Et son passé ressurgissait, droit sous ses yeux, pour venir infliger à ses entrailles d’autres tortures belliqueuses. Il avait tué des gens, et il était totalement incapable aujourd’hui de savoir s’il avait bien fait, ou s’il avait commis les actes les plus horribles qui soient – avaient-ils tous été des innocents, placardés comme simple noms, quelques infimes souvenirs, sur sa liste de chasse ? Isolde ne pouvait pas comprendre ; Isolde l’appelait volontiers un monstre, parce qu’il était un tueur – ouais, elle avait sans doute raison. Et elle ne pourrait jamais savoir, c’que ça faisait de se réveiller vingt ans trop tard, avec trop d’âmes à porter sur ses épaules. Y’avait des croyances, quelque part dans le monde, qui le vouaient à s’rendre devant le Tout Puissant le jour du Jugement Dernier, avec toutes les vies qu’il avait stoppées, toutes les morts qu’il avait provoquées : où est-ce qu’il finirait, alors ? Dans les tréfonds les plus noirs d’un Enfer réservé aux connards, sans doute. Heureusement pour lui, il avait perdu la foi depuis bien longtemps déjà. Il n’y avait que les humains sur terre, les humains et la justice qu’ils avaient eux-mêmes construite. Les humains et leurs vices. Il en débordait. Skylar en débordait. Ils s’comprenaient.

Dans tout ça, avec leur destinée après la mort, toute tracée, ils auraient sûrement dû laisser l’acte de juger à quelqu’un d’autre. Ils n’avaient pas pu s’en empêcher pourtant, l’arrogance de ce qu’ils étaient. DeMaggio. Cunningham. Le souffle de vie que leurs parents avait donné à leurs poumons, ils étaient des chasseurs dans les plus profonds fondements de leurs êtres : et ça, tous les bons actes possibles et imaginables, tous les retournements de veste et les trahisons quelles qu’elles soient, ne pouvaient rien changer. Ouais. Encore une fois, quelque chose que la blonde transmutante qui occupait trop souvent les songes de Cesare, ne pourrait pas comprendre. Isolde était cet être parfait qui avait navigué dans le chagrin, intouchée par le vice, l’erreur qui avait frappé son âme à lui dès le premier jour de sa naissance. DeMaggio. Saddler. Diamétralement opposés. Pourrait-il retrouver, en sa meilleure amie d’autrefois, le réceptacle à ses doutes ? Quelque chose qui lui permettrait de se libérer de ça ? De comprendre ? Elle aussi, était passée dans les deux camps – tueuse, tuée. Chasseuse. Chassée. Quelque part à mi-chemin dans sa pénitence : étaient-ils tous les deux aveuglément lancés sur le même chemin repentant ? Il aurait pu la tuer, ce soir, là, si elle avait été une autre personne. Peut-être. Depuis combien de temps n’avait-il pas pressé la gâchette de son flingue pour ficher une balle dans le cerveau d’un inconnu ? Trop longtemps. Il ne savait même plus s’il était physiquement capable de le faire. Au moment fatidique d’être prédateur ou gibier, ce soir, il avait opté pour l’option de simplement balancer son poing dans la gueule du type qui l’aurait abattu sans l’ombre d’une hésitation. Et Skylar avait fait le sale boulot. Skylar, elle, était encore une tueuse, d’une certaine manière. Et il était un sacré connard, pour juger le fait de ne pas pouvoir tuer, comme une putain de faiblesse. « Arrête un peu d’parler comme si j’étais encore à la botte de mes parents. Ouais, j’sais très bien comment ils t’auraient appelée, eux. J’te rappelle qu’on a tous les deux été des larbins. » et y’avait pas de quoi s’en vanter. Et ils en portaient les conséquences, ouvertement affichées sur leurs visages : cette Faith transpirait la fausse arrogance, l’ombre du sang, le poids des blessures de guerre. Ce Cesare ne trouvait substance qu’en sauvant sa sœur – encore, toujours. La seule part de son âme qui avait survécu au chaos. Dans le noir, saisissant au vol la lumière blême d’un lampadaire, Cesare trouva le sol des yeux, soufflant d’épuisement. Pour une fois. « J’essaye de combler les vides. Okay ? » près de six longues années. Six années merdiques, pendant lesquelles Skylar s’était muée en Faith. Pendant lesquelles le digne fils DeMaggio avait perdu sa couronne, son empire. Son être. Ouais, ils en avaient du chemin à rattraper. Et ça leur prendrait sans doute plus qu’une seule soirée – si seulement ils en avaient l’occasion. L’irrémédiable leur pendait au nez, tout autant qu’ils ne voulaient pas l’accepter : s’éloigner de cette rue ne changerait rien à l’évidence. Ils n’étaient que retrouvailles hasardeuses, et tôt ou tard, celles-ci devraient prendre fin. Mais comment pouvait-il laisser Sky’ derrière lui, alors même que c’était déjà un miracle qu’elle soit là ? En chair, en os. Avec son esprit mordant.

Qu’elle soit exactement ce dont il avait besoin, là maintenant. Paumé, sans vouloir l’admettre. Et il aurait voulu être ça pour elle : l’entêtement de Skylar à le repousser, pourtant, confirma une chose à laquelle il n’avait pas pensé, avant. Après tout, elle faisait partie de ces activistes transmutants, mais l’idée n’avait pas égratigné le cerveau – habituellement affuté – du chasseur. S’il n’en dit mot, il imprima pourtant chaque phrase de l’amie d’antan, dans un coin de son cerveau – se retrouver sous la coupe d’un dégénéré qui pouvait imposer ses volontés aussi facilement qu’un claquement de doigts, c’était pas naturel. Et ça, tout changement de camp possible et imaginable, ne pourrait lui faire changer d’avis ; pas avec Skylar. Pas lorsqu’on s’en prenait à elle. Et s’il y avait pu y avoir un sentiment d’être étranger, trainant entre eux, celui-ci se volatilisa lorsque, en une fraction de seconde, il eut le sentiment de revenir six ans en arrière. Dix ans en arrière. Quinze ans en arrière. Son palpitant fit une chute vertigineuse jusque dans ses tripes, les bras suspendus dans le vide, comme un pantin aux fils capricieux. Il ne pouvait pas ; c’était comme si l’acte en lui-même ne lui était plus naturel : l’affection n’avait jamais fait partie de son existence – sauf avec Skylar. Sauf avec Aria. Puis Isolde. Quelques petites graines saisies au vol, une lumière palpitante que les démons de sa culpabilité avaient eu tôt fait d’étouffer, après l’explosion. Cesare n’faisait plus dans les contacts humains ; il enlaçait encore sa cadette, parce que c’était la chose la plus naturelle qui soit à son cœur. Le reste. Le reste était sec et consumé. Il lui avait manqué – et quelque part, sans doute sans le vouloir, Faith fractura une parcelle de son âme. Il avait manqué à ses devoirs, il avait failli. Failli, comme avec Aria, pendant tous ces mois durant lesquels il n’avait pas été là. Et qu’elle s’était retrouvée enfermée dans la cave familiale, torturée comme un rat de laboratoire. Failli, comme quand il avait choisi la vie d’Isolde à celle de dizaines d’innocents, parce qu’il était comme ça. Failli, comme quand il était resté muet face aux rancœurs de la blonde. La nausée lui ramena l’arôme âpre de la bile aux abords des lèvres, et il aurait pu tressaillir, s’effondrer, si seulement il ne céda pas. Nostalgique. Soldat déchu ; enroulant ses bras autour du corps de Skylar. Y’avait son odeur quelque part, la senteur de ce qu’ils avaient perdu. DeMaggio. Cunningham. Skylar. Cesare. Chasseurs. Suppliants. « Désolé. » qu’il lâcha au creux de son cou, humant l’impossible. Elle lui avait manqué, bien évidemment qu’elle lui avait manqué ; d’une bien cruelle façon, à chaque fois qu’il avait eu une conversation avec quelqu’un, il avait pensé à celles qu’ils avaient eues. Celles qu’ils n’auraient plus jamais. A chaque fois qu’il avait vu une brune caractérielle dans la rue ou autour de lui, il l’avait suivie du regard, pensant y voir la disparue. L’inatteignable, six pieds sous terre. Mais il avait failli. Il avait blessé. Là encore, tout ça portait l’empreinte de son inaction. Les conséquences des années qu’il avait passées, à être Cesare, le docile fils. Celui qui avait cru en la mort de Skylar avec une aisance déconcertante, brisé, certes, mais il ne s’était jamais retourné pour douter de ceux qui lui auraient fait croire en n’importe quoi. Désolé d’avoir été un DeMaggio, assez con pour croire que ça voulait tout dire. Que c’était la seule chose qui importait. Qu’la chasse, c’était la bonne cause. Désolé de l’avoir détestée, par procuration et sans le vouloir – ça lui était insupportable, tout autant que les ressentiments mielleux et amers qu’il avait, lorsqu’il regardait sa sœur. Isolde. Lorsqu’il observait son reflet dans le miroir. Dégénérés. Tous devenus ce qu’il avait tant haï. C’est ça, ils étaient tous morts, et c’était le purgatoire qui les entourait.


Dernière édition par Cesare DeMaggio le Dim 4 Oct 2015 - 18:11, édité 1 fois
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Faith Cunningham
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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeMar 22 Sep 2015 - 21:57





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i can see you, i can tell you, there's no hiding. Ringing ringing, come and answer





Coupables de crimes d'émotion. D’éprouver des regrets et de la culpabilité, de l'affection et de la haine. Faith avait renié cette vie, celle de la gamine qui pouvait se lier avec quelqu'un, devenir sincère avec un autre être humain, sans jeux de vilains et sans pour autant se donner les mains. La demoiselle revoyait ces beaux moments, ceux où elle se sentait belle lorsqu'elle se regardait dans la glace. Cette époque où elle était une adolescente qui n'avait rien de particulière, mais qui se sentait entière à sa façon : sous les mensonges. La mutante en venait à se persuader que de toute son enfance ne fut pas consacrée au simple fait de jouer un rôle et malgré les apparences de tous ces connards qui étaient assez cons pour penser qu'elle n'était qu'une salope : elle avait des nuances avec des couleurs. Cesare était un des cas exemplaire de ces nuances, de ces preuves qu'elle ne fut pas toute sa vie une poupée de chiffon. D'une certaine façon, elle revoyait sa vie sous ses yeux simplement en imaginant Cesare avec des muscles en moins et une taille moindre. La gamine ne supportait plus cette vision d'elle, cette enfant qui se battait contre sa propre nature en sachant qu'elle était une erreur et qu'elle allait se faire tuer à l'instant même où ses proches allaient découvrir la vérité. Son unique ami d'enfance. Elle l'avait perdue, elle l'avait égarée en chemin, mais lui avait continué en la pensant morte. C'était une manière de faire taire les questions, mais probablement qu'un jour la blonde irait déterrer cette tombe vide pour admirer le cercueil vide qui se trouvait dedans. La demoiselle imaginait toujours le pire, un terrible message de son père ou tout simplement une rose de sa mère sur cette tombe qui finirait par se faire oublier. Cesare avait peut-être assisté à l'enterrement de la mutante ? Cela serait tellement glauque comme situation. Le seul ami, les autres n'auraient été que des hypocrites qui n'avaient aucun mérite et qui se pavanaient pour se donner un genre et prétendre être de bons menteurs. Skylar ne fut jamais une grande adoratrice des belles amitiés, mais elle avait longtemps accordé de la valeur à ses quelques valeurs : tout comme Faith. L'extrémiste aimait tellement différencier les deux, que parfois, elle en venait à réaliser qu'elle serait éternellement la fille de hunter et la mutante extrémiste. Ce n'était qu'un nom, le fond était toujours le même et cela même si ce dernier avait un goût amer. Cesare serait toujours le brun de son enfance, qu'importait s'il tentait de la tuer avec une arme à feu sur sa tête ou s'il désirait tout simplement l'enlacer. La haine se rapprochait de l'affection de différentes façons. Cesare pouvait haïr ses actes et probablement ce qu'elle représentait, mais pouvait-il réellement détester la gamine qu'il avait côtoyée ? Elle osait croire qu'elle n'était pas si atroce que cela durant sa petite enfance et que s'il avait réussi à supporter la demoiselle dans la fleur de l'âge : il était prêt à la supporter avec ses airs de pétasse.


Chasser l'autre, pour ne pas devenir le chassé. Faith refusait de devenir une nouvelle fois la victime. Cette sale gosse qui pourtant accumulait les péchés et les conneries, détestée chez les extrémistes humains autant que chez les mutants terroristes. Qui ne voulait pas réellement la tuer ? Cela serait probablement jouissif pour eux, de voir le sang de la gamine couler sur ses jambes pour s’égoutter sur le sang, lentement sentir son cœur cesser de battre sous la haine et simplement avec ce désir de liberté qui secouait son corps. Chaque raison d'avancer semblait rapprocher la demoiselle d'une mort prochaine, mais sans jamais s'éloigner de la haine qui brûlait ses veines. Cesare n'était pas en reste et le ton n'avait rien d'une petite conversation au sein d'un salon de thé de la bourgeoisie américaine habituelle. Le gosse n'avait jamais eu sa langue dans sa poche, et Faith imaginait sans difficulté qu'elle avait probablement plus de talents que lui pour se glisser dans la foule d'une grande réception. Il se voyait d'ailleurs lui-même comme un larbin. Bordel cette vision était triste et bien pire que pessimiste. La gamine n'en pensait pas moins de sa famille, mais cela vint lui faire réaliser que Cesare avait dû se prendre un coup dans sa belle gueule pour endurer en silence. Qui avait écouté le jeune homme pour qu'il puisse se confier ? La blonde ne préférait pas savoir. La chute sembla venir lorsqu'il utilisa un simple mot : les vides. Cette relation ne serait pas aussi simple qu'un petit puzzle, il fallait combler les vides et découvrir les rumeurs qui se voilaient dans un mensonge qui nourrissait le fossé entre les deux individus. Les vides. Il était en couple . Heureux ? Père ? Ou peut-être même gay ? La demoiselle n'en savait rien et cet inconnu était insupportable, finalement le choix ne réussissait pas à Faith. La mutante ne pouvait pas s'empêcher de s'imaginer qu'il méritait une belle vie, avec des saloperies qui marchaient sur deux petites jambes et un chien. Cesare avait le profil du meneur, celui qui menait ses combats dans sa vie personnelle et ses batailles dans la sphère publique. Il était destiné à réussir, mais finalement : ce n'était peut-être pas dans la cause des chasseurs qu'il deviendrait un grand. Le monde de la résistance pourrait lui offrir un grand rôle, mais Faith n'était pas là pour lui vendre une idéologie : elle voulait retrouver son ami et elle aussi, combler ces trous qui dévoraient son corps depuis la minute où elle avait posé son regard sur son ami. « Ils se combleront d'eux-mêmes. » Que dire de plus ? Elle osait croire que ce n'était pas des adieux qui se jouaient ce soir. Ce n'était pas possible, elle ne pouvait pas le laisser filer de cette façon en supportant son image, ses yeux braqués dans les siens comme si le passé avait enfin un visage qu'elle pouvait frôler des mains. Cesare n'était pas un élément du passé, elle le voulait dans son présent pour ne plus jamais devoir supporter la perte d'un ami. Cette bataille qu'était celle de la blonde devenait bien plus que sentimentale : elle venait à tout mettre sur la table par affection.

Le câlin ? Faith qui faisait un câlin c'était rare, presque impossible à citer tellement cela arrivait rarement. Un simple contact fit remonter les souvenirs du passé, un goût de nostalgie vint alors se glisser jusqu'aux lèvres de la blonde qui savourait le moment sans aucune précipitation. La demoiselle lâcha une phrase, pleine de sincérité, qui ne sonnait pas faux et qui semblait peut-être surprenante, mais elle ne reflétait qu'une vérité qu'il ne dirait sans doute jamais. L'instant sembla réveiller des fragments du passé, ces moments de retrouvailles qui se terminaient toujours par des au revoir d'une façon parfois désagréable. Sky' ne se souvenait pas de toutes les fois où les deux familles s'étaient retrouvées pour simplement une rencontre bon enfant, parfois pour plusieurs jours, elle ne se souvenait même plus de l'horloge qui s'écoulait à l'époque sur sa montre. Ces paroles échangés dans l'insouciance d'une rêverie, dans cette haine d'une race dont elle était la progéniture. Elle devrait détester ces moments, ces mensonges et ces tromperies : mais la simple sensation de le tenir dans ses bras et de sentir ceux de son meilleur-ami d'enfance ne lui laissait qu'une douce musique aux oreilles. Cesare s'excusa alors d'une drôle de façon alors qu'il resserrait l'étreinte. La scène était probablement anormale, avec ce cadavre qui n'était pas loin et cette lumière dégueulasse que dégageait le lampadaire où voltigeaient des insectes. La scène n'avait rien de belle, mais elle ne voulait pas de la beauté d'un monde où elle aurait dû le tuer pour vivre. Elle pouffa légèrement finalement en laissant échapper un léger rire.  « Ouais franchement, tu aurais dû deviner que je n'étais pas morte, c'était évident ! » Dit-elle avec un léger air de moquerie. Il n'était coupable de rien. Les excuses ? Faith disait pertinemment cela : qui s'excuse s'accuse, mais cette fois, elle préférait se taire. Le rire s’éteint alors pour adopter une voix plus douce alors qu'elle fermait les yeux quelques instants en resserrant légèrement l'étreinte qui ne se répéterait pas avant quelque temps. « Tu n'as rien à te faire pardonner Cesare.» Elle ouvrit brusquement les yeux en réalisant que sur le sol se trouvait un cadavre et que le jeune homme risquait sa tête s'il était découvert en pleine accolade avec une mutante qui avait un passif aussi lourd que la demoiselle. La blonde laissa s'écouler une larme sur son visage, en silence, comme si de rien n'était avec pourtant les lèvres tremblantes. « Il ne faut pas qu'ils te trouvent avec moi. » La salope de terroriste ne devait pas fréquenter le gentil hunter. Elle devait lui dire au revoir, pour quelque temps, mais cela semblait d'autant plus atroce.

love.disaster
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Cesare DeMaggio
Cesare DeMaggio

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MessageSujet: Re: (faith), we were so young so fearless   (faith), we were so young so fearless Icon_minitimeDim 4 Oct 2015 - 18:33


whoever's by my side, across the great divide
nothing from the flame s u r v i v e s. hands can turn the tides. i have been consumed. the road runs straight from Tarsus but i am mystified, these are mortal wounds. and they cannot hear my plea, they will not play my tunes. m e l o d i e s in rented rooms, price for seein' true. let me be who I am far from savage lands, I will be renewed. w/faith cunningham & cesare demaggio.

Dans l’océan de son errance, Skylar avait souvent été une île au calme. Le point d’ancrage, le repère ; l’amitié qui lui avait permis de savoir qu’il avait été humain avant tout. Humain avant d’être le bras armé de sa famille, la machine de guerre construite par les années d’entrainement de son père. Skylar avait été la seule, pendant longtemps, à lui faire sentir ça – lui permettre de savoir qu’il était Cesare et non pas uniquement un DeMaggio. Et puis y’avait eu Isolde ; les rares signes d’un attachement vers l’extérieur, de la part du loup solitaire et esseulé qu’il avait si souvent été. Ni fêtard, ni avenant, ni loquace, ni tape à l’œil : simplement une ombre qui avait si souvent erré dans le dos des autres, dévisageant certains de ceux qui gravitaient dans sa vie en se demandant s’ils seraient les prochaines victimes nommées par son paternel. Le devoir familial avait tout le reste ; cet ordre était devenu une mélopée, la ligne de conduite à laquelle il s’était si bien acclimaté – victime bienheureuse d’attirer l’attention (et quelques éclats de fierté dans le regard) de son géniteur. Avec cette nouvelle Skylar – cette Faith – pourraient-ils être ce qu’ils avaient été autrefois ? Devaient-ils forcément retourner là-bas, dans le chaos de leur jadis ? Ils le fuyaient ardemment tous les deux, à vrai dire, alors à quoi bon prétendre ? Il n’était plus qu’un DeMaggio par le nom, et cette épée de Damoclès, menace sur sa vie qui planait dans l’ombre, à chacun de ses mouvements : un geste de travers, un instant d’inattention, et les quelques petites bribes d’existence qu’il avait encore pouvaient s’effondrer. Comme ça, sans crier gare. L’égarement qui le saisissait avec Skylar était sans doute un énième acte coupable ; c’était pourtant la chance inespérée, la chance oubliée depuis bien longtemps, déjà. Il avait appris à éviter la tombe de Skylar tout autant que leurs souvenirs ensemble : ç’avait été sa façon de faire face. Lancer un regard haineux à la pierre tombale, lui tourner le dos et n’jamais plus oser y retourner – la fuite en avant d’un Cesare qui en payait aujourd’hui les conséquences. S’il avait affronté ses parents plutôt que de fuir, Aria n’aurait jamais vécu ce qu’elle avait vécu – n’est-ce pas ? Il n’savait plus – parfois, le chasseur portait le sentiment nouveau d’avoir trop foi en une humanité qui ne le méritait certainement pas. Pas ses parents, en tout cas. Ils les tueraient, aussitôt qu’ils en auraient l’occasion ; Aria et lui, sans même ressasser ces souvenirs qui revenaient si souvent le pourchasser, lui. L’odeur de Faith n’était pas la même que ce qu’il avait gardé de son amie d’enfance, il y avait pourtant quelque chose de familier, à la sentir blottie contre lui. Ils n’avaient été que des gosses, en cet autre temps aux arômes poussiéreux, où ils avaient agi de la sorte l’un avec l’autre : l’ultime accolade qu’ils s’étaient échangée, sans même se rendre compte que tout allait basculer. Et que des années allaient passer, avant qu’ils ne se revoient. Et qu’ils seraient différents, infiniment différents. Y’avait rien d’autre à faire, rien d’autre à faire que d’être désolé : pour le temps qui avait couru dans l’inconscience la plus totale. Pour n’pas avoir vu, n’pas avoir su. Pour avoir fui.

Les vides se combleront d’eux-mêmes ; sans doute. Il se retrouvait déjà à esquisser un sourire, mi-amusé, mi-nostalgique aux paroles de sa vis-à-vis. Ouais, il n’aurait jamais pu savoir qu’elle était vivante ; pas alors que sa propre famille en avait été convaincue, et s’en était complètement foutue. Pas alors que les DeMaggio et les Cunningham laissaient le confort d’une distance glaciale s’infiltrer entre eux. Pas alors qu’une poignée de mois plus tard, il découvrait sa dégénérescence à lui, et s’enfermait peu à peu dans l’abandon. Y’aurait pourtant eu quelque chose à faire ; mieux que d’se retourner vers l’avenir. Mieux que de tenter d’y survivre, sans plus. Mieux que de la laisser pourrir six pieds sous terre – ou même dans cette vie désastreuse qu’elle avait connue. Pourquoi ils en étaient là, à la fin ? La question bordait leurs lèvres, mais leur échappait inlassablement. Il ne fallait pas qu’on les voit ensemble ; qui, à la fin ? Ça sentait la fin, une énième fuite qu’il ne se sentait pas la volonté d’accomplir : aujourd’hui, c’était à ça qu’il était réduit. Fuyant ses propres géniteurs, fuyant les vérités que sa sœur retenait au fond de ses entrailles. Fuyant la responsabilité de chacun de ses choix et de ses actes. Fuyant ses démons. Dans la pénombre, il dévisagea la blonde qui lui faisait face ; comment pouvoir retenir celle qui lui avait tant échappé déjà ? Qu’avaient-ils à craindre, maintenant, après tout c’temps, toutes ces opportunités manquées ? Y’avait tant de gens qui voulaient leur mort, ici, là-bas, un peu plus ou un peu moins, c’n’était pas ça qui ferait pencher la balance. Pas pour lui en tout cas. « Arrête un peu… » marmonna-t-il, comme un fin connaisseur, comme un type qui n’avait pas toujours passé son existence à courir pour ne jamais faire face. Comme s’il la blâmait, elle, de le faire. Pas maintenant, pas avec eux. « J’suis un dégénéré qui a passé vingt ans de sa vie à être un chasseur. La seule chose qui retient mes parents d’foutre un prix sur ma tête, c’est la honte que ça leur amènerait, que tout l’monde sache que leurs gosses sont des transmutants. » y avait-il quoique ce soit, qu’elle pourrait faire qui le mettrait encore plus en danger ? Un camp ou l’autre, y’avait des gens qui le détestaient dans chacun d’eux – des gens qui voulaient sa tête sur une pique et qui n’auraient aucun mal à accomplir le sale boulot. Et ce serait tant mieux, sans doute. La seule chose qui en valait la peine, c’était Aria ; il se devait au moins d’assurer, de la protéger enfin, après tant d’échec. Il aurait dû le faire bien plus tôt, quand bien même il n’avait jamais vraiment capté de qui il devait la protéger : sa sœur n’aurait jamais dû foutre les pieds dans l’univers de la chasse. Le monde destructeur qui l’avait réduit à néant, lui ; elle, Skylar cramée jusqu’aux cendres, à tel point que c’était aujourd’hui une nouvelle personne – Faith – qui se devait d’affronter le monde. Etait-ce parce qu’ils transpiraient le désespoir, par chaque pores de leur peau, qu’ils s’étaient retrouvés ? Comme du gibier, errant paniqué ; irrémédiablement guidés l’un vers l’autre. Ils n’pouvaient rien faire d’autre que fuir, dans c’monde-là ; l’évidence était là, c’était ce qui faisait que les enfants DeMaggio vivaient reclus dans une chambre de motel. Et que la nuit était le décor de leurs retrouvailles.

Il soupira finalement, cillant enfin ; abdiquant, d’une certaine manière, à mi-chemin entre sa raison et ses tripes. « Si mes parents savaient que t’es vivante. » ajouta-t-il, presque à mi-voix ; l’effroi s’était insinué quelque part sous sa peau, battant dans ses veines au rythme de son cœur épuisé. Lassé. Finira-t-il par perdre Skylar sur l’autel de sa dévotion passée à la cause des chasseurs, comme il l’avait fait avec Isolde ? Se plongeant dans les prunelles de sa vis-à-vis, espérant y trouver une réponse à tout ça, Cesare la relâcha. Ses mains, qui avaient jusque-là retenu Skylar par les bras, retrouvèrent le vide de la solitude criante qui l’avait exilé du reste du monde. Sa pénitence, d’une certaine manière ; la lourde conséquence de se retrouver à mi-chemin, à changer de camp sans crier gare. A faire un bilan sur sa vie et se rendre compte qu’elle n’avait été que carnage. « J’crois que c’est trop tard, pour qu’on s’protège l’un l’autre. » finit-il par reconnaître, ses yeux noirs, hagards, scrutant tout ce qui les entourait. C’était trop tard pour préserver leur vie d’une quelconque manière : elles n’valaient plus grand-chose. Ils étaient des tueurs, des monstres – comme il avait si souvent entendu le mot. Elle terroriste au nom des mutants ; lui, assassin pour le compte de ses parents pendant tant d’années. C’était ça, la vie ; c’était pas juste – l’effet dévastateur et meurtrier d’une destinée qui jouait avec eux comme avec des pantins. N’auraient-ils pas été mieux, s’ils ne s’étaient jamais recroisés ? Il avait fallu que Radcliff, lieu de leur fin, soit aussi le piège qui se refermerait sur eux. Ils se croyaient si différents – et pourtant, regards fichés l’un dans l’autre, ligne de vie accolée l’un à l’autre –ils étaient les mêmes. Porteurs du sang des autres, l’incarnation d’un cauchemar pour quelqu’un. L’illustration parfaite d’une coquille vide – qui avait perdu toute sa substance pour servir les autres ; une cause qui les avait lavés, lessivés. Réduits en charpies. D’une de ses poches, il sortit une boule de papier – sans doute un dollar roulé, qu’il déplia pour y inscrire rapidement la suite de numéros qui leur permettrait de garder contact ; peut-être, s’ils le voulaient. Y’avait plus rien, plus aucune autorité choisissant leur vie, à même de leur dicter quoi faire, quoi penser ; aucun mensonge, aucune mort immuable qui les séparait. En fichant le papier dans la main de Skylar, il la dévisagea – probablement pour inscrire chaque trait de son visage profondément dans sa mémoire ; ne jamais la perdre, même pas un peu. « S’te plais, disparais-pas Sky’. » ajouta-t-il, désespéré probablement ; le froid, le temps, la nuit n’avaient plus de prise sur lui ; il n’y avait désormais plus rien, sauf les yeux clairs de l’autrefois revenu – et les doigts de Skylar, pris entre les siens, qu’il serra doucement. Le cri d’agonie d’un adieu qu’il ne voulait pas.
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