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 tu n'as pas pris une ride (léolys)

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Maxence Sanderson
Maxence Sanderson

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SUR TH DEPUIS : 14/06/2015
MessageSujet: tu n'as pas pris une ride (léolys)   tu n'as pas pris une ride (léolys) Icon_minitimeLun 27 Juil 2015 - 17:01


aloys - léo
tu n'as pas pris une ride

Aloys fronce les sourcils. Il a repris son poste à l’hôpital. Depuis deux semaines, environ. Et pourtant, il se contente actuellement de paperasse, incapable qu’il est d’opérer qui que ce soit. Le scalpel qui tourne entre ses doigts devient celui qui incisait sa peau. Les gants stériles qu’il enfile sont ceux qui perçaient ses bras, ouvraient son corps, s’amusaient de voir ses plaies se rapprocher et disparaitre. Aloys tremble, repose les dossiers des patients qu’il s’était promis d’étudier dans la matinée. Il fait des progrès, voilà qui est certain, mais il n’en fait pas assez ou du moins pas assez vite pour redevenir celui qu’il était. Parce qu’il faut croire que celui qu’il était est mort maintenant, ou il est terré dans un coin, recroquevillé de terreur sans avoir le courage d’esquisser le moindre geste pour s’extirper de sa cachette. Aloys laisse tomber le pied, se lève pour marcher et déambuler dans son bureau avant de se fixer sur la seule toile qu’il possède à l’hôpital et qui se charge de la décoration d’un mur de son bureau. Ses yeux glissent sur les détails de la peinture, sur le paysage esquissé il y  a tant de décennies et qui perdure malgré tout. Le voilà mortel, le voilà humain, le voilà brisé. Et pourtant si enfantin dans sa chute qu’Aloys avance malgré tout, malgré ses terreurs nocturnes et ses crises de panique qu’il tente maladroitement de masquer. Il est certes médecin, il est certes chirurgien, il veut certes soigner ses patients et les arracher des griffes de la mort, il n’opère plus. Et ça lui manque de sauver des vies de cette manière, il ne peut pas se le cacher. Et pourtant… il en est incapable.

Un soupir. Aloys regarde l’heure, regarde son bureau, regarde sa montre, attrape sa veste. Soit. Il peut s’accorder une heure de pause. Travailler le fatigue, être mortel le fatigue, aussi. Et l’air maladroitement chauffé du bureau ne peut l’empêcher de voir sa peau se hérisser de poils sous le courant d’air glacial qui se fraye un chemin dans les joints mal isolés du couloir du bâtiment. Ses pas le guident vers la sortie, le belge enfonce la capuche de son manteau sur ses oreilles déjà rougies par le froid. Il souffle sur ses doigts, glisse devant la secrétaire de l’accueil qui lui fait un petit sourire complice. « Je reviens, je mange juste à l’extérieur aujourd’hui. » Vous avez bien votre téléphone avec vous, et votre biper ? Il acquiesce avec un temps de retard. Lui sourit, se détourne, elle le retient d’une main posée sur son bras. Il frissonne d’angoisse, le temps d’un soupir. Votre portable, il est bien sur sonnerie ? Il fronce les sourcils, cherche l’ustensile dans les poches de son manteau, lui tend et la regarde le régler dans un petit rire complice. Elle le connait et elle connait aussi son incompréhension de la technologie. Il doit être joignable, bien sûr, même lorsqu’il mange à l’extérieur. Il ne met pas de mauvaises volontés, il oublie juste, parfois, de faire attention à ces petits détails, surtout depuis son retour. Elle lui rend le téléphone, il la remercie d’une petite voix douce et échappe à l’atmosphère familiale de la structure pour se retrouver dans la rue. Perdu. Le temps d’une seconde. Il ne sait jamais trop pourquoi il fait ce qu’il fait. Quelque part, il préférerait se trouver en sécurité au milieu de ses collègues dans la cantine de l’hôpital mais… non, il est là, dans la rue, à regarder avec un sourire aux lèvres et une angoisse grandissante les gens qui se frayent un passage dans la neige légère et qui s’agitent, comme en accéléré, devant ses yeux d’immortel déchu. Un pas, il descend les quelques marches, trois pas, il trébuche sur le trottoir et s’apprête à traverser. Un klaxon lui fait faire un bond en arrière. Souviens-toi, Aloys, que tu n’es plus immortel. Que tu ne le seras plus jamais. Les larmes montent à ses yeux clairs, il cherche un passage piéton qu’il franchit en trottinant, la tête rentrée entre les épaules. Il échoue rapidement dans un petit café restaurant, non loin de l’hôpital, frigorifié. « Je suis tout seul » répond-il à la question d’un employé qui l’aiguille aussitôt vers le fond du magasin où des tables solitaires les attendent. Aloys le suit sans vraiment regarder où il va : il vient d’apercevoir une silhouette, juste à côté de la table que l’employé désigne, une silhouette qu’il connait.
Il y a quelques années déjà. Il ne sait plus vraiment combien. Une promenade dans les montagnes qui jouxtent son domaine, un homme qui tombe du ciel, se brise la jambe, s’ouvre le bras, saigne, ne saigne plus. Une personne comme lui. Qui semble pourtant avoir vieilli pendant les quelques années qui les séparent de cette rencontre. Le belge fronce les sourcils, s’arrête. Ce n’est pas poli de fixer les gens. Oui, il le sait, mais ça le perturbe. Un homme qui s’écroule, blessé, qui commence déjà à guérir. Aloys qui ne peut s’empêcher de se jeter à son secours et de lui donner tout de même les premiers soins, Aloys qui appelle ses descendants, le recueille dans son étage du château, prend soin de lui et sympathise pendant quelques jours. Lui parle de sa mutation, aussi ? Il ne sait plus vraiment. L’important, c’est qu’il se souvienne, finalement, du prénom du garçon. « Léo ? » Sa voix se teinte d’incertitude mêlée de joie. Aloys remercie l’employé qui lui laisse la carte et s’échappe accueillir d’autres clients. Aloys se dirige vers le blond. « Tu te souviens de moi ? Aloys, Aloys de Miribel, tu sais, lorsque tu étais tombé, il y a quelques… années ? »

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MessageSujet: Re: tu n'as pas pris une ride (léolys)   tu n'as pas pris une ride (léolys) Icon_minitimeMer 5 Aoû 2015 - 17:09


T'aurais pas vieilli ?
Aloys & Leo


Il neige. Le spectacle dehors est saisissant, pourtant l’homme qui marche dehors n’en profite pas. Il n’y jette même pas un regard, ses yeux restant fixés sur le bout de ses chaussures. Il marche ainsi dans le froid, sans vraiment avoir l’air de le ressentir, dans son manteau de treillis, perdu dans ses pensées. Voyons voir ce qui peut le perturber au point de ne même pas jeter un œil à cette neige si blanche, si douce, si belle.

Leo marchait d’un pas lent et déprimé. Des fois, il regrettait d’être venu à Radcliff et aujourd’hui était une de ces fois. Non pas qu’il n’était pas content d’avoir retrouvé Abbie, sa sœur, mais il avait du mal à retomber sur ses pieds dans cette ville fermée aux mutants. Et surtout, il y avait beaucoup d’évènements, beaucoup de choses se déroulaient dans cette petite ville du Kentucky et l’homme s’y perdait parfois, plus absorbé par ses problèmes, comme trouver du travail. Voilà presque deux mois qu’il était arrivé et qu’il cherchait toujours un job, il ne trouvait rien et il allait bien falloir qu’il trouve. Ses réserves d’argent ne feraient pas long feu à ce rythme-là. Il était pourtant près à tout accepter, de secrétaire à tueur à gage. Mais la demande semblait plus forte que l’offre et son profil de trentenaire avancé ne semblait intéresser personne. Il songeait malheureusement à reprendre une formation ou à approfondir un socle de connaissances qu’il possédait déjà. Il avait fait le calcul, il lui restait suffisamment d’argent pour le faire. Ses plus grandes connaissances concernaient le tir, la mécanique et la médecine. En effet, il avait eu une formation d’aide-soignant il y a de ça plusieurs années, pourquoi ne pas se pointer à l’hôpital pour prendre des renseignements. Il en prit donc la direction, aller voir ce qu’on lui dirait ne lui coûtait rien et au point où il en était…

Cependant, sa mutation le rappela à l’ordre. Son ventre se tordit et il dut s’arrêter dans sa mission, à deux pas de l’hôpital, mais son estomac ne souhaitait pas attendre, pas même vingt minutes. Fichtre. Il franchit donc la porte d’un café restaurant qui lui tendait allégrement les bras. Bon, après tout, les médecins et le personnel soignant devait manger aussi, il y aurait certainement plus de monde dans une petite heure. Autant manger avant de mourir de faim. Un serveur l’orienta poliment vers le fond de la salle où plusieurs tables uniques se succédaient. Leo s’installa dos au mur, de telle sorte qu’il pouvait voir la porte et se saisit de la carte qu’il commença à lire tranquillement. Qu’allait-il choisir, il y avait tout un tas de plats très appétissants, steak-frites, burger, velouté de champignons, tartare de bœuf… La cloche de l’entrée tinta et l’interrompit dans sa lecture, un jeunot venait de franchir le seuil de la boutique. Un jeunot qui lui disait sacrément quelque chose… Les souvenirs affluèrent soudainement et le laissèrent le regard dans le vide.

La scène s’était déroulée plusieurs années auparavant, il n’aurait pas su dire quand exactement. Toujours est-il qu’il se trouvait en Europe, dans un petit massif avec pour ambition de faire un peu d’escalade. Leo adorait l’escalade, c’était l’un de ses plus grands plaisirs, avec la bouffe. Pour commencer, il avait choisi une voie plutôt simple, histoire de s’échauffer. Evidemment, il connaissait tous les gestes de sécurité et était bien équipé, baudrier, sangles, cordes, chaussures et même casque. Etant donné qu’il grimpait seul, il le faisait en tête et par conséquent, n’avait personne en rappel, mais il était expérimenté, réellement. Cependant, rien ne peut éviter un dégât matériel et cela, l’aîné Hoaxfield l’avait appris à ses dépens. Alors qu’il s’était déjà élevé de bien trois mètres, avait accroché deux dégaines, il était en bonne position pour placer la troisième. En effet, ses deux appuis plantaires étaient bons et sa main droite était bien agrippée. De sa main gauche, il accrocha la troisième dégaine dans l’anneau, ça y est, il était assuré au troisième relais, à presque quatre mètres de hauteur. Cependant, le prochain pas serait plus difficile, il devait s’élancer un peu pour réussir à monter ses jambes, les prises à ce niveau-là de la voie étaient espacées. Leo n’était pas anxieux, il avait déjà effectué ce genre de manœuvre plusieurs fois. Il s’élança, effleura la prise, dérapa, eut à peine le temps de penser qu’heureusement il était assuré là et ne tomberait pas de haut, une cinquantaine de centimètres que plus aucune résistance ne fit sentir.

L’homme tombait en chute libre. L’anneau s’était carrément envolé, arraché de la paroi. La corde se déroulait toute seule et il ne put stopper sa chute, étant déjà trop éloigné de la roche. Trop concentré sur l’espoir de se raccrocher quelque part, il ne put se mettre dans la bonne position et s’explosa sur le sol. Pendant plusieurs nuits, il se souviendrait de ce sinistre craquement que sa jambe avait produit en cognant contre une souche d’arbre. Un silex entailla méchamment son bras et un flot de sang s’en échappa, mais sa mutation, bien habituée, commença directement son boulot et avec de la motivation, se battant contre la douleur, l’homme la concentra sur son bras. Stopper l’hémorragie. Il n’avait pas le choix, il devait stopper l’hémorragie avant de perdre trop de sang. Il sentit la peau autour de sa plaie chauffer et la sensation humide et chaude du sang s’écoulant s’arrêta. Il avait réussi. Une tête se tenait au-dessus de lui, avec l’air de je-sais-comment-réagir. Soulagé, il préféra laisser son corps travailler à plein régime sans s’occuper de ce qu’il se passait dans sa tête et se laissa tomber dans les pommes sans résister.

Lorsqu’il se réveilla, il était dans un lit qui ressemblait à un lit d’hôpital, mais sans pour autant se trouver dans l’atmosphère de ce genre d’institution. La douleur s’empara immédiatement de lui, mais elle était supportable, il guetta à sa droite et à sa gauche, aucune trace de morphine. Il soupira de soulagement. Les antalgiques n’avaient aucun effet sur lui, son organisme les assimilaient trop vite et une surdose pouvait le tuer. Heureusement, le type qu’il avait secouru était compétent, d’ailleurs, alors qu’il parlait du loup, ce dernier apparut. C’est ainsi qu’il fit la connaissance d’Aloys de Miribel, de la grande lignée belge des Miribel. C’était un immortel avec un gout prononcé pour l’art et chirurgien de surcroit. Leo avait eu bien de la chance de tomber sur lui, ce dernier lui avait remis sa jambe d’aplomb comme De Vinci avait essayé de terminer la Joconde, c’est-à-dire de façon exceptionnelle. Le vieillard aux allures de jeunot lui avait ainsi offert gite et couverts jusqu’à son rétablissement et Leo lui en avait été extrêmement reconnaissant. Et voilà qu’il le recroisait à nouveau ! Son regard redevint lucide juste à temps pour capter qu’Aloys lui demandait s’il se souvenait de lui.

- Ca alors ! Aloys de Miribel, ma jambe s’en souvient mieux que moi je pense ! T’as fait du sacrément bon boulot, dit-il en serrant cette dernière au niveau du seul vestige de son accident. T’as un peu de temps, qu’on déjeune ensemble ? En s’adressant au serveur. Je vais vous prendre un velouté de champignons et du pain, s’il vous plait ! De nouveau vers Aloys. T’as pas bougé d’un poil, c’est dingue ! Je n’en reviens pas ! Hé, Hé, ça te fait quel âge maintenant ? Tu fais quoi maintenant ? Tu sauves encore des oisillons tombés du nid ?

Tout en attendant des réponses, Leo tira une chaise et l’approcha de la table pour faire signe à Aloys de s’installer.


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Maxence Sanderson
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MessageSujet: Re: tu n'as pas pris une ride (léolys)   tu n'as pas pris une ride (léolys) Icon_minitimeSam 8 Aoû 2015 - 9:57


aloys - léo
tu n'as pas pris une ride

Aloys aime bien les surprises, surtout lorsqu’elles sont inattendues. Bon, bien évidemment, cette réflexion est à la hauteur de la perspicacité du comte, mais elle reflète aussi toute sa joie à l’idée d’avoir retrouvé un vieil ami. Même si ce vieil ami est moins… bien conservé qu’il ne l’est. Léo. Ce sont de vieux souvenirs qui remontent à la surface, à l’orée des pensées du chirurgien qui s’empresse de les prendre à bras le corps pour chasser le trouble qui l’habite depuis bien trop de temps. Léo. Pendant un temps, Aloys avait pensé, avait cru comprendre que l’autre avait la même mutation que lui mais il avait vite compris que non, c’était juste… différent. Parce que Léo pouvait mourir, lui. Ce qui était bien différent de la particularité d’Aloys, du moins aux yeux de ce dernier. D’une voix teintée d’incertitude mais aussi d’excitation, il se présente, en espérant ne pas déranger Léo, déjà, et qu’il se souvienne de lui, ensuite. Certes, tout le monde n’a pas une mémoire aussi sélective et dérangée que l’immortel, ou plutôt ancien immortel, mais il arrive, parfois, que de tels visages s’effacent au fil du temps comme des mirages. Et Aloys ne lui en voudrait pas si c’était le cas. De toute manière, pour être honnête, Aloys n’en veut jamais beaucoup aux gens, la rancœur et la rancune, ce n’est guère dans ses habitudes. Ce n’est pas qu’il ne sait pas ce que c’est, c’est plutôt qu’il est au dessus de ça, en toute modestie. Il a trop de mal à concevoir l’impossibilité de donner une deuxième chance à quelqu’un qui ne demande que ça. Et puis, si jamais Léo ne se souvient pas d’Aloys, et bien… ce ne sera pas étonnant. Pas nécessairement triste non plus. Pas décevant. Juste la vie. Juste normal. Et... Ca alors ! Aloys de Miribel, ma jambe s’en souvient mieux que moi je pense ! T’as fait du sacrément bon boulot. Aloys ne retient pas le soupir de soulagement lorsqu’il entend ces mots. Oui, ça aurait été juste la vie que Léo ne se souvienne pas du belge, mais c’est toujours rassurant de voir qu’il n’est pas le fantôme qu’il a toujours eu l’impression d’être. Surtout agrémenté d’un petit compliment qu’Aloys reçoit avec la petite satisfaction qu’il faut. Il rougit, dans ce petit sourire timide qui le caractérise. T’as un peu de temps, qu’on déjeune ensemble ? Je vais vous prendre un velouté de champignons et du pain, s’il vous plait ! Aloys acquiesce avant de se souvenir qu’il a aussi une voix, « Juste une petite salade, s’il vous plait, sans tomates. Merci beaucoup. » demande-t-il avant de tirer la chaise et de s’asseoir dans cette grâce et cette élégance qui l’a toujours caractérisé, héritées de sa mère, héritées de son père, héritées de et par tous les de Miribel. T’as pas bougé d’un poil, c’est dingue ! Je n’en reviens pas ! Hé, Hé, ça te fait quel âge maintenant ? Tu fais quoi maintenant ? Tu sauves encore des oisillons tombés du nid ? Aloys garde le sourire. Mais son immortalité est à présent teintée irrémédiablement d’une nostalgie et d’une douleur sans nom. Le comte inspire dans un sourire muet. Ca te fait quel âge maintenant ? Il se mord la lèvre. Et sa voix douce, pas très forte parce qu’Aloys n’a jamais eu une voix de stentor et toujours préféré la discrétion, il chasse loin, très loin, la torture pour mieux se concentrer sur l’oisillon. « Hum… tout dépend de quel âge tu parles. » N’y pense plus, Aloys, n’y pense plus. Sois tout à la joie de retrouver un ami, qui s’intéresse à toi, qui t’apprécie. N’y pense plus, calme toi. Et souris, parce que c’est ce qu’il attend, parce que c’est ce que tu veux. Parce que c’est ce que tu es, cette douceur et cette innocence. Ta candeur, ta naïveté, ta tranquillité ont beau avoir été violées et torturées dans un univers sombre et douloureux, tu es toujours toi, Aloys. Tu es toujours l’homme tranquille qui n’est jamais plus heureux que devant un tableau, que devant des paysages, que dans les Alpes, le Jura, qui se complaît dans la vie tranquille et éternelle. « Toujours vingt-huit ans, je le crains, mais en août, ça me fera… » Il prend le temps de réfléchir. De se souvenir. « Cent-soixante-trois ans, si mes souvenirs sont bons. Depuis que j’ai dépassé les cent-cinquante, j’ai un peu de mal à me souvenir ce que j’ai déjà fêté… » Il hausse les épaules, petit mouvement bref qui transmet son amusement face à cette mauvaise mémoire mais aussi face à sa propre vieillesse. « Je crois que je n’ai pas beaucoup changé, je suis toujours chirurgien, même si je n’opère plus vraiment en ce moment, mais j’imagine que ça veut dire que je sauve toujours des petits oisillons, oui. Qui grandissent bien. » Il se tait, la serveuse arrive avec la salade, avec le velouté. Aloys s’aperçoit qu’il fait froid dehors, et que la salade n’était peut être pas la meilleure idée qu’il soit. Il rompt un petit morceau de pain, soupire. « Je travaille à l’hôpital, en face, depuis dix ans. Je crois qu’ils ne se sont toujours pas aperçus de… ma particularité… » Ses yeux se faufilent de l’autre côté de la rue, vers le haut bâtiment. Et reviennent sur le blond. « Et toi ? Ma foi, tu me sembles effectivement en pleine forme ! Qu’est ce qui t’amène dans cette région du monde ? Il ne me semble pas me souvenir de l’existence de quelques massifs à escalader dans le coin, pourtant. Toujours à errer dans le monde à la recherche de… réponses ? » Aloys a une bonne mémoire sans avoir une bonne mémoire. Il se souvient d’évènements, il se souvient de visages, de noms, d’œuvres, de drames. Mais il ne se souvient pas de tout.

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MessageSujet: Re: tu n'as pas pris une ride (léolys)   tu n'as pas pris une ride (léolys) Icon_minitimeDim 16 Aoû 2015 - 21:35


T'aurais pas vieilli ?
Aloys & Leo


Leo observa le jeune-vieux médecin qui prit place devant lui, tout en élégance, en commandant une salade, sans tomates. Il réprima un air désapprobateur et garda son sourire des retrouvailles. Néanmoins, il se demanda tout de même comment un homme en bonne santé mentale pouvait survivre en mangeant seulement une petite salade et sans tomates en plus de cela. Cela relevait de la folie et de l’hérésie pour le futur quadragénaire. Manger était son plaisir quotidien et surtout, au dam de certains, prenait une part très importante dans sa vie quotidienne. Alors ne se nourrir que d’un plat d’une valeur calorique d’une trentaine de kcal était impensable à ses yeux, comprenez le bien. Il ne s’en formalisa cependant pas, c’était commun au belge d’être différent et relativement fluet, tout comme il gardait des manières de comte et d’aristocratie. Aloys était d’ailleurs la personne qu’il l’avait pour la première fois initié au plaisir secret de l’art au pouvoir trans-générationnel. Il ne pouvait que lui en être reconnaissant de lui avoir ainsi ouvert les yeux sur quelque chose qu’il trouvait auparavant insignifiant et dénué de sens.

Il quitta ses pensées et revint vers son sauveur. Ce dernier avait semblait souffrir à sa question, Leo l’avait senti plus qu’il ne l’avait vu, le visage de son interlocuteur restant souriant. À l’avenir, il se promit d’éviter ce sujet qui semblait dorénavant tabou et de lever le mystère de cette souffrance intérieure avec le plus de tact dont il serait capable. Bon sang, cent-soixante-trois ans. Il en resta bouche bée, il avait donc connu deux grandes guerres et certainement traversé plus d’épreuves qu’une vie humaine ne le peut. En plaisantant sur sa difficulté à se souvenir de son véritable âge, il haussa les épaules avec amusement. Et dans un souffle, l’aîné Hoaxfield se contenta de dire :

- Eh bah, mon vieux, tu m’étonnes, moi aussi si j’avais ton âge je finirai par m’y perdre !

Son ami, si l’on puit dire, tergiversa ensuite sur son activité professionnelle, celle de chirurgien. Visiblement, il n’opérait plus d’après ce qu’il disait et Leo ne put s’empêcher de se demander pourquoi, il faillit lui demander, mais se contrôla et se retint, il ne voulait pas blesser l’autre homme. Néanmoins, cette question restait en suspens dans son esprit, prête à bondir au moindre relâchement. En effet, cette révélation était pour le moins surprenante et dépassait sa logique. Aloys était un excellent médecin et qui plus est, un excellentissime chirurgien. S’il ne doutait pas d’une chose, c’était bien que s’il était tombé sur un autre lors de sa chute, jamais il n’aurait pu retrouver la totalité de ses capacités motrices de sa jambe qui s’était brisée et surtout, jamais il n’aurait gardé si petite cicatrice de cet accident. Sur cette pensée, il se retint une nouvelle fois de ne pas poser la question qui lui brûlait les lèvres, simplement pourquoi. Cependant, à l’évocation de l’aveuglement du personnel soignant, il ne put s’empêcher de rire, d’un rire franc et joyeux. Il résista encore à le questionner, mais il se contenta de le complimenter à son tour.

- Tu as l’air entouré d’une belle bande pour qu’ils ne s’en soient pas rendu compte ! Et puis, tu sais, je n’aurais pas grandi aussi bien si je n’étais pas tombé sur toi, c’est presque un miracle, mais j’ai retrouvé toutes mes capacités motrices et ne garde aucune séquelle autre qu’une fine cicatrice, un peu longue certes, mais presque invisible. C’est bien que tu sois toujours chirurgien, j’ai l’impression que les gens ont bien besoin de quelqu’un comme toi, dans les parages. Mais d’ailleurs, pourquoi tu n’opères plus ?!

Woups, c’était sorti tout seul. Il s’administra une claque mentale et un mini Leo lui lança un regard désapprobateur bien senti. Plein de culpabilité d’avoir posé une question qu’il sentait qui n’était pas à poser, il passa timidement une main dans ses cheveux et résista à l’envie de plonger sa tête entière dans son potage pour se faire oublier, ce qu’il pouvait stupide parfois. Il tenta maladroitement de se rattraper et embraya sur la suite de la conversation qui consistait à donner les raisons de sa présence presque incongrue ici même, à Radcliff. Finalement, le comte était curieux aussi. Alors, d’une voix rapide et empreinte d’un désir de mieux faire, il raconta un peu sa vie, ce qu’il faisait extrêmement rarement, mais Aloys était spécial à ses yeux et il semblait mériter ces… explications.

- Hum, j’ai dû choisir entre loisir et être rattrapé par mes responsabilités et mon passé que j’ai trop fuit jusqu’ici. Alors, pour faire simple, je pense pouvoir dire que je suis ici pour raisons familiales, ce qui ne m’empêche pas de déplorer l’absence de verdure montagnarde ! Sans compter que ça fait deux mois que je cherche du boulot, en vain, et pourtant, je ne manque pas de qualifications en tout genre. Une vie de vadrouille aide souvent à trouver rapidement du travail, mais c’est comme si cette ville semblait persister à me rejeter. Peut-être que je n’aurais pas dû venir. Oui, peut-être bien… fit-il d’un air pensif.

L’esprit de Leo était embrumé par le souvenir de sa sœur. Bon sang, il n’allait pas embêter le brun avec ce genre de paroles ! Il chassa l’air sérieux et renfermé qui traînait sur son visage et se força à sourire en trempant un morceau de pain dans son velouté. Hm, des cèpes et quelques pommes de terre, un délice pur et simple. La chaleur de la soupe se faufila jusqu’à son cœur et lui fit instantanément retrouver un sourire vrai et non feint. La nourriture avait vraiment un étrange pouvoir sur le mutant et parfois, il se retrouvait à penser qu’il en était aussi dépendant physiquement que moralement, comme une addiction. Grâce à son plat, il put à nouveau regarder Aloys sans honte de lui mentir sur son état.


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Maxence Sanderson
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SUR TH DEPUIS : 14/06/2015
MessageSujet: Re: tu n'as pas pris une ride (léolys)   tu n'as pas pris une ride (léolys) Icon_minitimeDim 23 Aoû 2015 - 10:34


aloys - léo
tu n'as pas pris une ride

Ce n’est même pas qu’Aloys puisse surprendre par son comportement, c’est qu’il déroute le plus souvent à chacune de ses interventions par son caractère… déphasé avec la réalité. Juste une petite salade a-t-il demandé sans réfléchir qu’avec le froid environnant, il aurait mieux fait de partir sur un plat plus chaud et plus dense pour rééquilibrer les calories perdues et tout ce qui en découle. Mais non, Aloys a suivi ses pensées et non la réflexion et en considérant les quelques feuilles dans son assiette, il soupire devant son inattention coutumière sans pour autant parvenir à s’en vouloir. Après tout, la salade est un met délicieux et surtout comestible, il ne va pas se plaindre de son choix. Et la discussion est bien plus importante que la nourriture dans le cas présent, trop heureux qu’il est de se retrouver devant un vieil ami. Ca te fait quel âge maintenant ? Un nuage passe dans les yeux clairs du Belge qui se mord la lèvre de malaise à cette simple question pourtant évidente lorsqu’on le connait. Ses traits juvéniles tranchent avec son âge réel et même avec son âge officiel. Et il est condamné à vieillir, maintenant que le charme est rompu. Condamné à se réintégrer à un monde qu’il a délaissé et survolé trop de temps pour que ce soit facile. Cent-soixante-trois ans, tel est son âge, donc. Tel est l’âge qu’il aura dans quelques mois. Il lui semble, du moins, parce que plus les années passent, plus elles se ressemblent et s’entremêlent. - Eh bah, mon vieux, tu m’étonnes, moi aussi si j’avais ton âge je finirais par m’y perdre ! Un petit sourire triste traverse le visage d’Aloys à cette remarque, partagé entre l’amusement et le désespoir. Mais Aloys n’est pas un homme qui aime s’affliger et se refermer à ce point sur lui-même. Il préfère bien plus occulter les souvenirs gênants que les ressasser sans cesse, il préfère bien plus offrir un sourire sincère qu’une compagnie triste qui pourrait mettre Leo mal à l’aise. Que fait-il maintenant ? Continue-t-il de sauver les oisillons ? En quelque sorte, oui. Sauf qu’il n’opère plus depuis son retour à l’hôpital, sauf qu’il sursaute aux gestes brusques et ne peut contenir l’angoisse que provoquent les arrivées impromptues de personnes inconnues. Ce n’est pas qu’Aloys a perdu de son innocence et de sa candeur, c’est qu’il craint de les perdre à présent et qu’il a peur, aussi, d’en être à nouveau la victime.

- Tu as l’air entouré d’une belle bande pour qu’ils ne s’en soient pas rendu compte ! Et puis, tu sais, je n’aurais pas grandi aussi bien si je n’étais pas tombé sur toi, c’est presque un miracle, mais j’ai retrouvé toutes mes capacités motrices et ne garde aucune séquelle autre qu’une fine cicatrice, un peu longue certes, mais presque invisible. C’est bien que tu sois toujours chirurgien, j’ai l’impression que les gens ont bien besoin de quelqu’un comme toi, dans les parages. Mais d’ailleurs, pourquoi tu n’opères plus ?! La question heurte à nouveau Aloys qui se désole d’être aussi sensible et maladroit. La question de Leo est légitime, et ses compliments sont d’autant plus agréables à entendre qu’ils sont douloureux. Aloys aimerait recommencer à opérer sans voir ses mains trembler et ses yeux se noyer de larmes. Il aimerait continuer à aider et à sauver les gens mais cela lui semble si hors de portée pour le moment qu’il en vient même à se demander s’il y parviendra à nouveau un jour. « Il y a de nombreux médecins, excellents d’ailleurs, au sein de cet établissement. Je n’opère plus parce que… » Aloys ne sait pas quoi dire : il ne veut pas, ne sait pas d’ailleurs, mentir. Mais il n’a guère envie de dire la vérité ainsi à son ami, il se doute trop de quelle serait sa réaction. De la colère, sûrement. De la peine, aussi. Peut être de l’incompréhension et de la moquerie ? Non, pas de Leo. Aloys ne sait pas voir en l’autre autre chose que de la bonté. « Je n’opère plus pour… raisons personnelles. Je ne veux pas t’embêter avec ça. Parle moi de toi, plutôt. » Il semble en pleine forme, malgré les années qui l’ont davantage marqué qu’Aloys. Le Belge espère autant changer de sujet que d’en apprendre plus sur Leo et sur ce qui l’a conduit aux Etats-Unis et plus particulièrement à Radcliff. Il aime entendre les belles histoires et les histoires de vie, celles qui se commencent, se poursuivent, s’achèvent bien. Celles qui…- Hum, j’ai dû choisir entre loisir et être rattrapé par mes responsabilités et mon passé que j’ai trop fui jusqu’ici. Alors, pour faire simple, je pense pouvoir dire que je suis ici pour raisons familiales, ce qui ne m’empêche pas de déplorer l’absence de verdure montagnarde ! Sans compter que ça fait deux mois que je cherche du boulot, en vain, et pourtant, je ne manque pas de qualifications en tout genre. Une vie de vadrouille aide souvent à trouver rapidement du travail, mais c’est comme si cette ville semblait persister à me rejeter. Peut-être que je n’aurais pas dû venir. Oui, peut-être bien… Aloys écoute, patiemment.

Attentivement. Avec cette simplicité qui le caractérise, cette concentration presque trop dense selon certaines personnes. Loisir, responsabilité, passé, fuite… L’oisillon a bien grandi et lui renvoie une image, certes différente, de l’année où Aloys a du prendre lui aussi ses responsabilités et commencer à gérer son domaine, désormais père et veuf, orphelin et Comte. Il comprend sans peine que la montagne puisse manquer au globe-trotter tout comme il estime à sa juste valeur, et de toute évidence bien plus que Leo, le choix qu’il a du faire. Et il veut l’aider. Certes, Aloys veut toujours aider les personnes dans le besoin et plus encore ceux qu’il considère comme des amis, mais il souhaite réellement venir en aide à Leo. Parce que c’est ainsi et que ce n’est jamais guère plus compliqué avec le chirurgien. Il boit une gorgée d’eau. Réfléchi, posément. Laisse venir l’évidence avant de la formuler à voix haute. « Tu sais, tu as bien fait de venir si le devoir familial t’appelle ici. La famille c’est très important. Elle nous oblige à faire des choix difficiles, mais il faut toujours assumer son nom, son rang, son statut et ses obligations. Et par cette réalité, on s’inscrit dans une lignée et dans une succession de bienfaits qui mènent à une… certaine paix intérieure ? » Aloys a une vision ancienne du devoir et des responsabilités. Il le sait. Mais il espère aussi que Leo recevra ces mots comme il le faut, sans se vexer, sans y voir une leçon de morale ou quoique ce soit d’autre. « Tu cherches un travail en particulier ? Tu sais, je pourrais demander à l’hôpital s’ils ne cherchent pas… des employés de tout type. En dix ans, j’ai pris mes marques et je crois qu’ils m’apprécient un peu malgré ces derniers mois. »


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