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 + for those days we felt like a mistake. (rakel)

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MessageSujet: + for those days we felt like a mistake. (rakel)   + for those days we felt like a mistake. (rakel) Icon_minitimeMer 29 Avr 2015 - 5:55

≈ we're not what we've seen
lockhart & rakel



J’ai presque fini. Plus que dix pages, et j’y serai parvenu. Au bout du récit. Au bout du monde. À attendre la prochaine colline à l’horizon, le prochain mot du prochain livre. Attendre, simplement. Reprendre le premier, et recommencer. Passer le temps. Trouver d’autres livres. Et attendre.

J’ai presque fini. La queue devant moi rétrécit lentement. J’ai le nez plongé dans les pages, dans les phrases, dans les mots qui couvrent le papier, et m’embarquent avec une facilité déconcertante. J’ai toujours aimé lire. Lire, c’était mon repos. Mon soulagement. Mon havre de paix. La seule chose que mon père ne pouvait pas m’empêcher de faire. Car une fois que l’on a appris à lire, on lit tout ce qui nous tombe sous la main. C’est un réflexe de notre corps, de nos yeux, de notre esprit, un réflexe qui ne s’oublie pas, du jour où l’on a compris comment tous ces caractères s’agencent et fonctionnent, jusqu’à l’heure de notre mort. Alors j’ai lu. Lu pour oublier, et passer les années. Je n’ai jamais arrêté de lire. Et aujourd’hui, je continue. J’ai même pris le temps de m’arrêter dans la course effrénée de la vie, et de suivre des cours de littérature. Sans but précis, pour le simple plaisir. Pour la satisfaction personnelle d’avoir marché un jour sur un autre chemin que celui vers lequel mon géniteur m’a toujours poussé.

Ne pas penser à lui. Non. Je n’y pense pas. Je continue de lire, à en oublier le monde autour de moi. À m’en rendre compte que la jeune femme s’est décalée pour attendre son café un peu plus loin, et que c’est mon tour. Les bonjour insistants de la caissière finissent par me faire relever le nez de mon livre. Je n’ai plus que trois pages. Plus que trois. Ça vient vite. Trop vite. Agréablement trop vite.

« Oh, désolé. Hum, un café latte, s’il vous plait. Un grand. Non, pas de sucre. Merci. »

Je fouille dans ma poche, mon livre coincé sous le bras. Je trouve de la monnaie. Je prends le temps de compter. La vendeuse ne s’impatiente pas, mais je sens l’homme derrière moi tapoter du pied par terre. Je l’entends soupirer, et un regard en coin me permet de savoir qu’il fixe avec insistance sa montre. Je me presse. Je paye, et je m’écarte sur le côté. Attendre mon café. Reprendre où je m’en étais arrêté.

Lorsque je vois le gobelet plein rentrer dans mon champ de vision, je jette un rapide merci à la petite serveuse déjà repartie, et je tends la main pour attraper le contenant brûlant. Je relève les yeux de mon livre pour attraper l’un de ces petits disques de carton pour éviter de se brûler, et je le passe autour du gobelet. Je reprends ma boisson chaude et retourne me perdre dans l’ultime page de mon livre, sans réfléchir.

Et ça y est. J’ai fini.

Je referme le livre et le garde dans ma main, pensif, encore immergé dans ce récit captivant et si bien mené. Je regarde la couverture. Et comme bien souvent, lorsque je pense à un livre, je ne regarde pas où je vais. Je sens un peu trop tard la lanière du sac dans lequel je me prends le pied. Je trébuche, lève par réflexe mon livre, tient le gobelet de café le plus loin possible en avant. Je me suis tordu la cheville, mais je ne suis pas tombé. J’ai du café brûlant sur la main, mais le couvercle était encore à peu près bien fermé, et j’ai évité le pire. Le plus important, c’est de m’excuser pour ce sac que j’ai involontairement fauché. Et puis, trouver des serviettes pour m’essuyer. C’est chaud. Vérifier que le livre n’a rien, aussi. Plus tard. Les humains en premier. Les petites choses de la vie après.

« Je suis désolé, vraiment, j’espère que je n’ai pas abîmé votre sac, ou que je ne l’ai pas sali… »  

Et puis, je sors de mon monde. Je relève les yeux. Et un instant je me demande si j’aurais pu plus mal tomber. Ou mieux tomber, d’un certain côté.

« Je… Heu… »

Je commence à bafouiller. Il faut que je me calme. Que je reprenne mes esprits. Que je trouve mieux à dire que des je et des heu, principaux petits habitants de mon langage lors de l’expression de ma timidité.

« Je… Je venais de finir votre livre, et j’étais en train de repenser à la fin, et je n’ai pas regardé où je mettais les pieds, je suis vraiment désolé. »

J’ai la mine basse et le ton pressé. J’ai honte, mais la coïncidence est trop grande pour pouvoir l’ignorer. Je cache le livre dédicacé contre moi, et je lui jette enfin un coup d’œil.

« J’espère que je ne vous ai pas renversé de café dessus… »

Mais non, mon pauvre. Y a que toi qui t’en es mis sur la manche, la main, et le pantalon. C’est toi, le maladroit de l’histoire.
Mais soudain, je ne pense plus à tout ça. Soudain, j’oublie le café chaud qui coule encore dans ma paume, et qui me brûle les doigts. J’oublie le livre précieusement gardé contre moi, et le sac potentiellement sali par mes chaussures.

« … Vous êtes en train d’écrire ? »

Parfois, j’en viens à me demander si la réalité n’abrite pas quelques moments aussi beaux que ceux qu’on peut trouver dans les livres.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: + for those days we felt like a mistake. (rakel)   + for those days we felt like a mistake. (rakel) Icon_minitimeJeu 30 Avr 2015 - 4:55

leavin' with a ghost
And the arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over (out of) me, and the crashes are heaven, for a sinner like me, but the arms of the ocean deliver me.
Tuer n’apporte pas l’argent. Faire couler le carmin ne fait pas tomber les billets. Elle n’a pas le choix de vivre, d’avoir un métier pour couvrir la honte, pour cacher la rage. Elle écrit pour calmer les maux, pour canaliser le mal qui prend place dans le fond de son être. Les mots qu’elle enchaîne. Les mots qu’elle pose pour former des phrases. Elle ne pensait pas être populaire, se faire publier et vendre des livres. Que pour se vider l’esprit à la base. Des romans qu’elle improvise. Des meurtres glauques. Des tordus pour la justice ou pour le plaisir. Des crimes. Des intrigues. De la psychologie. Monter des personnages pour comprendre le fond de leur être, pour savoir les vices et les maux.

Elle se pose au fond du café. Elle n’aime pas écrire en solitaire. Elle a besoin de bruit. Elle a besoin de solitude, mais d’une trame de fond. D’une ambiance. « Je suis désolé, vraiment, j’espère que je n’ai pas abîmé votre sac, ou que je ne l’ai pas sali… » Elle ne se rend pas compte que son sac d’ordinateur traîne dans le chemin, elle tente de trouver un peu de concentration, elle tente d’écrire et laisser les mots se poser sans qu’elle ne pense. « Je… Heu… » Rakel, elle arque un sourcil en laissant son regard se poser sur l’homme devant elle. Elle ne sait pas. Heureusement qu’elle n’a pas la moindre idée de ce qu’il est réellement parce que ca risquerait de mal se terminer. « Je… Je venais de finir votre livre, et j’étais en train de repenser à la fin, et je n’ai pas regardé où je mettais les pieds, je suis vraiment désolé. » Un signe de la main qu’elle fait doucement. Ça ne change rien. Ça n’a pas réellement d’importance. « C’est rien
Un semblant de sourire qui se pose sur ses lèvres alors qu’elle repose son regard sur l’écran de son ordinateur. « J’espère que je ne vous ai pas renversé de café dessus… » La voix qui se fait entendre une fois de plus. Elle ne pensait pas qu’il allait rester près de sa table. Elle pensait qu’il était déjà plus loin.
Rakel, elle relève les yeux pour l’observer. « Non. Moi ca va, je ne sais pas pour votre main par contre.» Elle attrape une serviette en papier qu’elle lui tend. Elle ne peut pas se montrer froide, quoiqu’elle ne sait plus réellement faire la conversation. Rakel, elle est plutôt solitaire.

« … Vous êtes en train d’écrire ? » Il est encore là. Il ne risque pas de partir. Il ne risque pas de fuir parce qu’il semble intéressé par ce qu’elle est en train de faire.
Son visage lui est familier, mais elle ne sait pas. Elle n’a pas l’impression de le connaître. Ses phalanges se posent sur le dos de son écran et elle ferme son portable après avoir enregistré ce qu’elle était en train de faire. Hors de question de perdre ses écrits. Des semaines, des mois de travail. Ça n’a rien de facile. Elle a parfois ce foutu syndrome de la page blanche qu’elle n’arrive pas à combler.
Un semblant de sourire qui passe sur ses lèvres alors qu’elle penche la tête sur le côté pour détailler les traits de son visage. Elle a besoin d’une pause de toute façon, à force de fixer l’écran de son ordinateur, elle à cette impression que sa tête va imploser. « Vous êtes détective?» Le sarcasme qui roule contre sa langue, qui se mélange avec cet accent qui fait qu’elle ne parle pas comme la majeure partie des gens. Norvégienne, elle garde ses racines puisqu’elle parle encore sa langue natale de temps en temps. « Oui, je suis en train d’écrire.» Elle va sûrement lui faire peur à se montrer peu aimable. À force de solitude, elle a oublié comment se montrer douce, se montrer gentille. « [b]Votre main va bien[b]?» Son regard dans le sien. Cette impression de le connaître, mais elle ne sait pas. Elle. Elle signe Moriarty, mais il a sûrement dû la reconnaître à cause des photos ou parce qu’elle a signé son livre.

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MessageSujet: Re: + for those days we felt like a mistake. (rakel)   + for those days we felt like a mistake. (rakel) Icon_minitimeJeu 30 Avr 2015 - 17:54

≈ you don't know how lucky you are
lockhart & rakel


J’ai cette drôle d’impression. Cette hésitation. J’ai comme le sentiment que je la dérange. Mais j’ai toujours eu cette peur. Une peur d’enfance. La peur de ne pas être accepté, la terreur du rejet. Je n’ai jamais eu d’amis, ou de connaissances. À part peut-être Abigail. Je me suis toujours retrouvé seul, et l’arrivée dans le monde adulte a été difficile. Ça explique peut-être que je reste, malgré ma peur. Je n’ose pas m’enfuir. Pourtant, quelques années auparavant, c’est sûrement ce que j’aurais fait. Je me serais confondu en excuses, et j’aurais disparu de son champ de vision, pour ne pas l’importuner. Qu’elle soit quelqu’un d’important ou non, ça n’aurait rien changé. Aujourd’hui, c’est peut-être la seule chose qui pourrait réellement influer. Mais je ne m’arrête pas à ça. J’ose. Je lui parle. Je l’admire, et c’est encore peu dire. Je ne sais pas exprimer de tels sentiments sans m’emmêler les pinceaux. Alors, je bafouille. Je m’excuse. Je parle de choses et d’autres, à côté de la plaque. Je trouve des justifications à chaque geste, à chaque seconde passée là. Et au fond de moi, j’aspire juste à disparaître dans cette petite fissure au coin du mur, que j’aperçois là.

Lorsqu’elle me tend une serviette en papier, je me détends quelque peu. Je pose le gobelet sur la table, le plus loin possible de son ordinateur. Le livre va sur la chaise, et je commence à m’essuyer la main. Les impacts du café brûlant me font toujours mal, mais je suis occupé à autre chose. Occupé à observer. À l’observer.

Et je crois qu’elle écrit. Lorsque je lui demande, elle referme son ordinateur. Et j’ai encore l’impression d’être à côté de la plaque. Que ce ne sont pas le genre de choses que l’on demande. Que si ça se trouve, elle me prend juste pour un groupie de première classe, et qu’elle a envie que je foute le camp d’ici, le plus rapidement possible. Je déglutis. Je me concentre sur ma main à essuyer, bien qu’elle soit déjà propre de café. L’odeur va rester, mais ce n’est pas grave. Je me laverai les mains en rentrant. Pour ne pas avoir à la regarder, ne pas avoir à affronter sa question un peu piquante, j’essuie machinalement le gobelet bouillant, et le petit cercle de café qu’il a tracé sur la table.

Et puis, elle répond. Je relève les yeux vers elle. Je crois que je transpire la gêne. Je crois que mon envie de fuir se lit en moi. Mais j’ai les pieds ancrés au sol. Enracinés. Je suis incapable de bouger, incapable de partir. Et je déglutis. Péniblement. Un début de sourire revient. Au moins, elle ne m’a pas complètement éconduit. Pas encore.

« Si je suis trop curieux, vous me le dites, vous êtes pas obligée de répondre, vous savez, je demande juste comme ça. »

Faire des pauses quand je parle n’est pas une option. Pas quand je suis gêné. Le cœur tambourinant au fond de la poitrine. Pas quand j’ai tant de mal à accepter la situation. Accepter l’idée d’avoir marché sur son sac, d’avoir failli renverser du café sur Rakel Moriarty. La Rakel Moriarty. À cette pensée, ma gorge se serre un peu plus.

« Oui, ça va. Ça brûle encore un peu, mais ça va passer. Je… Je la mettrai sous l’eau froide en rentrant. »

On parle de ma main. C’est la conversation la plus stupide que j’aurais pensé pouvoir avoir un jour avec elle. Je ne pensais même pas avoir l’occasion de tenir une discussion en sa compagnie, pour tout dire.

« J’ai pas envie de vous paraître baveux, ou pathétique mais… Je suis vraiment un fan de ce que vous faites. »

Il faudrait que je parte. Que j’arrête de l’embêter. Au lieu de ça, je suis à la limite de tirer une chaise et de m’asseoir. J’essaie de me dire que le ridicule ne tue pas. Mais je me sens trop stupide pour réellement réussir à m’en convaincre.

« Qu’est-ce qui vous inspire ? »

Mon cœur s’accélère encore. J’ai l’impression de passer un peu plus pour un abruti à chaque seconde. Et puis, sa petite pique sur le détective me revient. Je me prends à sentir mes joues chauffer, et j’ajoute, précipitamment.

« Enfin je suis pas détective, j’suis juste curieux, j’admire les écrivains, de manière générale, les artistes, en fait, et je me demande, je me demande comment ils travaillent… »

Un peu de tout ça, bafouillé avec un sourire en coin. En espérant qu’elle ne criera pas au harceleur.


(c) elephant song.
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MessageSujet: Re: + for those days we felt like a mistake. (rakel)   + for those days we felt like a mistake. (rakel) Icon_minitimeSam 2 Mai 2015 - 4:18

leavin' with a ghost
And the arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over (out of) me, and the crashes are heaven, for a sinner like me, but the arms of the ocean deliver me.
« Si je suis trop curieux, vous me le dites, vous êtes pas obligée de répondre, vous savez, je demande juste comme ça. » Rakel. Elle se rend compte qu’elle ne sait plus être aimable. Elle accumule quelques relations qui ne mènent à rien parce qu’elle n’accepte pas de s’attacher, que des aventures sans avenir et des ennemis qu’elle garde dans un coin.
Elle ne sait plus faire semblant, se montrer douce et avenante. Cette partie de sa personnalité a fini par s’estomper avec le temps où elle refuse simplement de la montrer, parce que c’est plus facile de vivre sans attaches. Sans rien pour nous retenir en arrière. Sans rien pour nous rendre faible. Elle n’a pas envie d’être déçue. Pas encore. Elle n’a pas envie de pleurer. Plus jamais. À ses mots à lui, elle se rend compte qu’elle est plus froide qu’elle ne le voudrait vraiment. C’est sa façon à elle de se couper du monde. Rakel. Elle laisse un soupçon de sourire passer sur ses lèvres avec cette impression que ça lui tort le visage tellement elle ne le fait qu’en de rares occasions maintenant. Avec sa fille, souvent. Le reste, elle ne sait pas. Elle ne sait plus. Elle n’a pas de réponse pour calmer la gêne et c’est plus facile de parler de sa main, pour paraître un peu avenante, que de parler de sa vie à elle. Ce qu’elle n’aime clairement pas faire. « Oui, ça va. Ça brûle encore un peu, mais ça va passer. Je… Je la mettrai sous l’eau froide en rentrant. » - « Ca risque de continuer à brûler. La brûlure cesse en mettant la main sous l’eau froide, mais c’est pas moi qui souffre en ce moment.» Elle dit vrai. Ça ne doit pas être agréable de se renverser du café sur la main, mais ce n’est pas une brûlure au troisième degré.

« J’ai pas envie de vous paraître baveux, ou pathétique mais… Je suis vraiment un fan de ce que vous faites. » Elle n’a jamais l’habitude de ça. Il faut croire qu’elle ne se fait pas au succès qu’elle a fini par se faire avec le temps. Ses livres se vendent bien. Elle se fait demander de signer des livres. Elle se fait parler de ce qu’elle fait. À la base, ce n’était que pour soulager la rage qui ronge son être, elle ne pensait pas que ça finirait par prendre autant d’ampleur. « Je ne m’y ferai jamais.» Un sourire qu’elle laisse passer sur ses traits une fois de plus. Elle est franche. Elle n’a pas envie de faire semblant. Elle n’a pas envie de dire une phrase pré-faite qu’elle sort à ceux qui lui disent qu’ils aiment ce qu’elle fait. Elle ne s’y fait pas. Elle ne pensait pas se rendre là.
« Qu’est-ce qui vous inspire ? » Oh. Ça c’est une sacré question et elle évite normalement le sujet, parce qu’elle se voit mal parler du fait qu’elle écrit pour soulager ses envies de tuer, même si ça ne la soulage qu’à moitié au final. Avec le temps, elle a développé une passion pour ce qu’elle fait. C’est une partie d’elle qu’elle ne se connaissait pas, mais elle est moins importante que le reste. Moins présente. « C’est une question qui mérite des heures de réponses. Il y a beaucoup de chose en fait.» - « Enfin je suis pas détective, j’suis juste curieux, j’admire les écrivains, de manière générale, les artistes, en fait, et je me demande, je me demande comment ils travaillent… » Rakel, elle attrape son café pour prendre une gorgée et laisse son regard se poser dans celui du jeune homme. Si elle était encore humaine, elle serait touchée par cette admiration, mais elle ne sait pas comment se sentir. Comment faire.

Elle laisse son regard dans celui du jeune homme et elle pose son menton dans la paume de sa main en prenant appui sur la table. « Vous savez visiblement qui je suis, j’aimerais bien avoir votre prénom.» Elle n’a pas une bonne mémoire au point de se souvenir des gens qui passent pour qu’elle signe leurs livres. Elle ne sait plus. « Pour ce qui est de mon inspiration, je dois avouer que j’adore créer les personnages et dresser un profil psychologique. Alors c’est souvent de cette façon que je démarre l’écriture d’un livre.» Il faut bien qu’elle réponde quelque chose, qu’elle lance une parcelle de vérité. C’est vrai. Rakel, elle adore le fonctionnement du cerveau humain, elle aurait dû être psychologue.

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MessageSujet: Re: + for those days we felt like a mistake. (rakel)   + for those days we felt like a mistake. (rakel) Icon_minitimeLun 4 Mai 2015 - 2:57

≈ the world is a strange place to live in
lockhart & rakel


Oui. Ça continuerait à brûler jusqu’à ce que je passe ça sous l’eau froide. Et même encore après. Mais ce n’est que du café. Ce n’est rien que du café. Pas de métal chauffé à blanc posé contre la peau, pas de plaque de four ou de cuisson. Ça n’était pas de l’huile ou de l’eau bouillante. Je n’aurai pas de cloques, ni de cicatrices. Rien de catastrophique. Ce n’était que du café, et ça passerait vite. Pourtant, j’appréciais son inquiétude. Je me contentai de lui répondre d’un sourire, et de baisser à nouveau les yeux.

Sa réaction me surprit quelque peut. Je pensais qu’elle était de celles qui acceptaient leur célébrité sans s’en vanter. Visiblement, elle semblait encore en oublier que dans le monde de la littérature, leur place se creusait petit à petit, lentement mais sûrement. Je m’étais toujours demandé comment fonctionnait ce monde, comment appréhender l’univers de l’édition, et de la diffusion. Et elle avait l’air d’y être étrangère, presque détachée. Comme une auteure aurait donné ses livres à publier sans rien en attendre en retour, le regard fixé vers un autre horizon. Signer des livres sans les regarder, et ne pas se souvenir, le matin, en se levant, que l’on vivait de sa plume, et du peu de célébrité que les gens voulaient bien nous accorder. Mais elle, elle ne s’y faisait pas. Je n’arrivais pas à savoir ce que j’en pensais. Aussi optai-je pour la plus simple des solutions : me taire, sourire, et baisser une énième fois les yeux, autant par respect que par timidité.

Elle aurait pu vouloir couper court à tout ça. Ne pas aimer s’entendre parler de ses œuvres et de sa célébrité, ne pas s’y faire, comme elle le disait. Et passer à autre chose, simplement, vouloir se remettre à écrire, à travailler, et retrouver la solitude confortable dans laquelle elle avait l’air de se complaire, lorsque j’étais arrivé. Mais elle poursuivit. Elle commença l’ébauche d’une réponse, une promesse d’un développement. Et je m’accrochais à ses lèvres, je buvais chacune de ses paroles, désireux de savoir, désireux de comprendre cette sphère qui me passionnait mais dont je ne connaissais rien. Cet univers particulier mais si délectable de la création.

« Oh, oui. Lockhart. Je m’appelle Lockhart. »

Elle avait voulu savoir mon nom. Je n’étais pas tout à fait un groupie comme les autres, sans la moindre importance. Pourquoi ? Parce qu’elle m’avait demandé mon nom.

Je lui souris. J’aime ce qu’elle m’en dit. J’aime l’idée de commencer toute une histoire à partir du profil d’un personnage. Et c’est généralement ce que je préfère dans une histoire. Sentir que le protagoniste est pensé et réfléchi dans toutes ses largeurs, que les personnages secondaires ne sont pas que des êtres de papiers créés pour soutenir l’action. Qu’ils ont tout de même leur personnalité. Leur goût, leur saveur. Leurs couleurs.

« C’est un des aspects auxquels je prête le plus d’attention. On le sent, vous savez. Que vous commencez par là, je veux dire. On sent que vous faites tout tourner autour de vos personnages, que vous leur donnez vie avant de tisser les histoires autour, et qu’ils sont les piliers de tout. J’adore cette structure de vos récits. J’adore. »

Je me répète, je suis un idiot, un pauvre fan qui ne sait pas quoi dire et qui s’emmêle les pinceaux. Mais ça m’est égal. Je suis curieux. Je suis content.

« J’adore observer les comportements des gens, et même ceux des personnages dans les livres. Les vôtres sont vraiment crédibles. Est-ce que vous vous inspirez parfois de gens que vous connaissez, ou de situations que vous avez vécues ? »

Je pose trop de questions. Depuis que je suis petit. Je le sais. Mais ça ne fait rien. Je regarde, j’observe, je questionne et j’apprends.

« Est-ce que je peux m’asseoir ? »

Je ne réalise qu’après ce que je lui ai demandé. Mais je suis parti pour discuter. Et je me sens grand. Je me sens haut.

Mais si je m’assois, la conversation est officiellement lancée, et elle aura d’autant plus de difficulté à se débarrasser de moi.


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MessageSujet: Re: + for those days we felt like a mistake. (rakel)   + for those days we felt like a mistake. (rakel) Icon_minitimeMar 12 Mai 2015 - 3:29

leavin' with a ghost
And the arms of the ocean are carrying me, and all this devotion was rushing over (out of) me, and the crashes are heaven, for a sinner like me, but the arms of the ocean deliver me.
« Oh, oui. Lockhart. Je m’appelle Lockhart. » Un sourire qui étire ses lèvres alors qu’elle avale une gorgée de son café, qu’elle laisse le liquide rouler contre sa langue. Rakel. Elle écrit. Elle écrit pour soulager son âme, pour retirer le sang de ses mains. C’est sa façon à elle de se calmer, de ne plus ressentir. Elle ne prend pas les mérites. Elle signe. Elle se contente de sourire pour les gens qui lui demandent de signer ses livres.
Il est là. Elle n’a pas la moindre idée de comment faire la conversation normalement. Ca lui fait étrange. Ça la trouble de parler d’elle, de ses livres, de ce qu’elle fait. C’est par instinct. À la base, elle ne pensait pas que ses livres allaient avoir autant de popularité. « Enchanté

« C’est un des aspects auxquels je prête le plus d’attention. On le sent, vous savez. Que vous commencez par là, je veux dire. On sent que vous faites tout tourner autour de vos personnages, que vous leur donnez vie avant de tisser les histoires autour, et qu’ils sont les piliers de tout. J’adore cette structure de vos récits. J’adore. » Rakel, elle laisse sa main passer contre son visage et elle lâche un rire. Elle ne sait pas comment faire. Pas comme ça. Pas ici. Pas quand elle n’a pas préparé quelques phrases pour répondre aux questions des admirateurs. Elle ne chercher pas la célébrité. Elel ne cherche rien. Elle aime écrire. Ca calme les maux. Ça aide. « Je suis contente que ça vous plaise Lockhart.» C’est la première fois qu’elle prend la peine d’écouter, de parler. Rakel. Elle n’est pas sociable. Elle n’aime pas parler. Elle n’aime surtout pas parler d’elle. « J’adore observer les comportements des gens, et même ceux des personnages dans les livres. Les vôtres sont vraiment crédibles. Est-ce que vous vous inspirez parfois de gens que vous connaissez, ou de situations que vous avez vécues ? »
Les gens. Elle aime les regarder. Elle aime les apprendre de loin. Elle connait les travers de l’esprit, elle manipule pour tuer, pour monter, pour se prouver. Il pose des questions. Elle ne sait pas si elle a envie de répondre la vérité. Elle s’inspire des morts, parfois. Elle s’inspire de trop de choses. Rakel, elle hausse simplement les épaules et avale une autre gorgée de son café. C’est étrange de penser, de répondre aux questions, parce qu’elle ne peut pas tout dire.
« Je m’inspire d’un peu de tout. Des gens. Des comportements. De livre sur la psychologie. J’aime surtout les déviances. Enfin. Je veux dire, je trouve ça fascinant. Créer des personnages à partir de ça, surtout ceux qui sèment le chaos, ça me passionne.» C’est la vérité. Elle le pense. Les mutants aussi sont des déviances, des dangers.

« Est-ce que je peux m’asseoir ? » - « Pourquoi pas.» Ils sont en train d’avoir une conversation. Elle ne se voit pas le repousser de la main. Ça fait longtemps qu’elle n’a pas pu avoir une conversation normale. Sa vie tourne autour de la chasse. « Par contre, je ne sais pas si je pourrais supporter de parler de moi trop longtemps. Je n’ai pas l’habitude, même si normalement les auteurs rêvent de réussite. Je pense que je ne suis pas comme ça.» Elle prend une pause. Elle reprend. « Je veux dire. La célébrité, ce n’est pas ce que je voulais à la base. J’aime écrire.» Un sourire. Son regard qu’elle accroche. Ca ne lui ressemble pas de parler. Ca ne lui ressemble pas de faire la conversation avec un admirateur dans un café. Elle a pourtant des moments de calme. Maintenant. « Alors. Si je réponds à vos questions, j’ai le droit d’en apprendre un peu sur vous Lockhart.» Un peu de justice.
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