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 spitting out the demons. (malachi)

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MessageSujet: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeVen 6 Mar 2015 - 16:06

― malachi & lyudmila ―
falling out of aeroplanes,
come on, it won't hurt.

Mila déteste cet endroit. Toujours trop de monde, trop de bruit et trop d’effervescence. Les gens n’avancent pas assez vite, ils bloquent tous le passage et ils la regardent de travers quand elle les bouscule pour passer. Tant pis. Ça l’empêche pas de jouer des coudes et des épaules pour faire dégager les caddies et autres paniers du milieu. Si elle s’écoutait, elle se pointerait au volant d’un rouleau-compresseur pour les écraser, tous autant qu’ils sont. Mais ça ferait mauvais genre, vous voyez. C’est pas bien, de faire mauvais genre – ça attire l’attention et après son frère lui fait la gueule parce qu’il aime pas ça. Alors elle prend sur elle et se contente de ce qu’elle a, pestant intérieurement contre tous ces abrutis incapables de dégager un passage convenablement.

Elle avait même pas envie de venir ici. Moins elle fréquente les magasins, mieux elle se porte. Oui mais voilà, son portable a décidé de faire des siennes. Faut dire que la technologie n’est pas forcément son domaine de prédilection. Au moindre problème, elle est plus tentée d’exploser l’appareil contre un mur que de chercher à comprendre ce qui cloche pour trouver une solution. Elle a même failli le faire. Son portable est un véritable miraculé quand on y pense, c’est à se demander comment il fonctionne encore. Même s’il ne le fait pas si bien que ça, puisqu’il l’a forcée à se pointer dans une foutue boutique d’électronique pour régler son caprice. Ça l’a profondément agacée, et le vendeur s’est bien marré. Lyudmila a pas bien compris de quoi ça venait au final. Il a déblatéré un tas de trucs qui l’intéressaient absolument pas en parlant de l’opérateur et d’autres conneries qui lui passent bien au-dessus de la tête. Elle s’en fout, le résultat est là : son téléphone marche. Ce qui veut dire qu’elle peut enfin se tirer d’ici, et autant dire qu’elle a hâte d’arriver au parking. C’est aussi pour ça qu’elle pousse tout le monde en bougonnant dans sa barbe. Ça lui donne un peu la même dégaine qu’un grand-père aigri qui a perdu son dentier. En moins décrépi, tout de même.

Forcément, elle se dépêche la mécano. Dès que l’ascenseur ouvre ses portes, elle s’y engouffre presque en courant avant d’appuyer sur le bouton affichant -1. C’est qu’à partir du moment où elle se cale contre la paroi qu’elle remarque qu’elle est pas toute seule. Elle a pas fait gaffe, en débarquant à toute vitesse. Elle a pas vu qu’y avait quelqu’un. Et surtout que ce quelqu’un, elle le connaît. Ses yeux ne mettent qu’une demi-seconde avant de se plisser, parce qu’elle l’a reconnu, cet idiot. Malachi. Ce type qu’elle a souvent croisé au sein des Uprising. Ce putain de type qui a voulu s’immiscer dans sa tête avec son don de fouine. Elle sait même pas en quoi ça consiste exactement – il a dit qu’il voulait juste l’apaiser, mais à ses yeux ça ressemblait beaucoup à une tentative de contrôle. Que ce soit sur ses émotions ou autre chose n’a aucune importance : c’est du contrôle et ça suffit à la foutre en rogne. Résultat des courses, il a simplement réussi à l’énerver encore plus et il a reçu un tas de noms d’oiseaux en prime. La plupart en ukrainien, alors il a pas dû y comprendre grand-chose, le pauvre. Elle s’en fiche. Elle a décrété qu’elle l’aimait pas, rien que pour ça. Ça peut paraître futile ou tout simplement con, mais Mila peut pas s’en empêcher. Elle supporte pas la moindre action qui revienne à la contrôler – elle a trop subi tout au long de sa vie pour l’accepter à présent. Alors elle est là, bras croisés sur la poitrine, à fixer Malachi d’un air méfiant. Elle compte même pas lui adresser la parole, juste continuer à le jauger du regard jusqu’à ce que leurs chemins se séparent. Ça lui donne un air menaçant, comme le fauve qui s’apprête à sauter sur sa proie. Pourtant elle va rien lui faire – du moment qu’il ne fait rien non plus. Elle se rend pas compte, Lyudmila. Elle voit pas que le danger c’est pas lui. Elle le comprend trop tard, quand la boîte métallique se stoppe brusquement, les secouant au passage. Elle met un moment à comprendre ce qui se passe, ses yeux scannant chaque paroi de l’ascenseur. Et puis elle pige. Ils sont bloqués. Elle sait pas pourquoi, ni comment, et en fait elle veut même pas savoir. Elle veut juste sortir de là, et vite. C’était une idée de merde, de monter dans ce truc. Elle sait qu’elle aime pas être enfermée. Elle sait qu’elle est à la limite de la claustrophobie. Mais elle s’est dit que ça irait plus vite, et qu’y aurait moins de moutons pour l’emmerder. Elle s’est plantée. Et en beauté.

« Non. » Sa gorge se noue, la course de son palpitant s’accélère. « What the fuck ? Non, non, non. » La brune se précipite vers les boutons, les pressant tous avec véhémence. Elle cherche même pas à comprendre lequel sert à quoi : elle appuie partout en espérant que ça fasse bouger quelque chose. Mais évidemment, ça marche pas. Rien ne se passe, et elle sent la panique poindre au creux de son ventre. « Merde. » Elle prête même pas attention à son camarade, trop concentrée sur son envie de partir en courant. Ses mains s’accrochent aux portes pour tenter de les ouvrir, mais c’est un échec cuisant. Ce qui n’est pas étonnant. Pourtant ça l’enrage, et elle se met à balancer des insultes en ukrainien à tout va, s’acharnant à la tâche. Et puis elle finit par laisser tomber. La colère mêlée à la peur s’insinue dans ses veines, et elle donne un magistral coup de pied à la paroi métallique. Le bruit résonne dans sa tête, comme un fracas orageux. « Блядь ! » Sa voix est rauque, profonde comme un océan de fureur – ça sonne comme un cri de guerre, mais c’est plutôt une démonstration de la sensation de faiblesse qui l’envahit. Son échine tremble et ses poings se serrent, mais elle s’en rend pas compte. Ses dents s’enfoncent dans sa lèvre inférieure et rompent la peau, mais elle sent rien. Son organisme s’agite, contrôlé par une panique qu’elle est incapable de maîtriser. Elle est là, prisonnière de cette boîte en fer, impuissante. Son pied s’écrase à nouveau contre les portes, les faisant vibrer sous la force du coup. Elle veut sortir de là. Tellement, qu’elle a presque oublié la présence de Malachi à ses côtés. Elle le voit plus. Mila, elle voit que le métal qui les retient sournoisement. Et elle a envie de tout péter.


Dernière édition par Lyudmila Kovalenko le Mer 29 Avr 2015 - 15:22, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeLun 9 Mar 2015 - 11:54


I'm not an enemy, ya know ?



Mila déteste cet endroit. Toujours trop de monde, trop de bruit et trop Octavia lui avait offert un sourire angélique avant de claquer la porte derrière, une de ses chemises sur le dos. C’était bien mignon tout ça, mais c’était la troisième qu’elle lui empruntait sans espoir de retour, et ça commençait à faire un trou dans sa garde robe. Non pas qu’il soit particulièrement coquet, mais il se devait d’être soigné devant ses élèves ou quand il allait à l’hopital. Bon peut être était il un peu coquet alors, qui sait. Toujours était il qu’il devait aller refaire les stocks, et la seule boutique pour hommes qui trouvait grâce à ses yeux se trouvait au dernier étage du centre commercial au nord de Radcliff. Ce n’était pas très loin, mais l’idée de se retrouver dans cet endroit absolument bondé, un samedi, ne l’enthousiasmait pas vraiment. Bien qu’il ne soit pas empathe, son don avait tendance à l’épuiser quand la foule se faisait pressante : le fait de voir chaque aura, chaque émotion du moindre passant transformait la vision du professeur d’histoire en une espèce de rave party de couleurs, de lumières et agressait ses yeux jusqu’à lui coller mal à la tête : les émotions étaient tellement différentes, tellement fortes parfois, qu’il ne pouvait que les voir, et elles restaient parfois imprimer dans sa rétine pendant plusieurs minutes. Son monde était bien plus lumineux et coloré que le monde normal, mais terriblement énergivore aussi.

Il s’était donc hâté de monter jusqu’au troisième étage jusqu’à un magasin plutôt chic, les chemises et les costumes d’affaire s’alignant élégamment le long d’une allée principale. Un vendeur tiré à quatre épingles s’approcha de lui à peine le pas du magasin passé, mais il s’arrêta net : une soudaine appréhension, une sorte de timidité exacerbée le saisit soudain, et il battit vite retraite derrière sa caisse : Malachi connaissait ses propres gouts, et il n’aimait pas être dérangé pendant ses courses. Il paya ses 2 chemises blanches, une noire et une dernière bleu claire avec sa carte, avec un rapide sourire au vendeur qui ne semblait pas réussir à détacher son regard des iris azuréennes du mutant. Probablement que son petit tour quelques minutes auparavant avait dû éclaircir légèrement les yeux du mutant, donnant à ces derniers un petit quelque chose d’hypnotique. Mal’ le remercia d’un geste de la tête, ses paquets à la main, avant de ressortir pour s’engouffrer, presque directement, dans l’ascenseur : avec sa prothèse, monter et descendre les escaliers en colimaçon bondés de monde était une expérience périlleuse qu’il préférait éviter. Il appuya sur le bouton « -1 » qui ferrait descendre l’engin jusqu’au parking. Sa moto et son sac à dos l’attendaient bien sagement sur une place handicapée, à quelques mètres de la sortie. C’était pratique quand même cette jambe en moins parfois.

Il vérifiait son téléphone quand l’ascenseur s’immobilisa une première fois, les portes s’ouvrant sur une jeune femme qui, de toute évidence, n’avait pas l’air ravi d’être là où elle était, et elle joua des coudes pour se faufiler dans le petit espace qui ne pouvait accueuillir que deux ou trois personnes chargés de sacs, grand maximum. Personne n’osa suivre la demoiselle au regard noir. Il ne fallut pas longtemps à Mal’ pour comprendre qui était la jeune femme en question : Lyudmila Kovalenko, mutante de son état, membre des uprisings, tout comme lui. En temps normal, il aurait été ravi de voir un de ses petits camarades de manière impromptue. Seulement voilà, Lyudmila et lui n’étaient pas amis. Loin de là. Elle faisait partie de ses gens qui voyait son don comme une manipulation mentale, et se montrait particulièrement vindicative quand il était au réunion. Il n’avait pas le droit de la regarder, et encore moins d’appliquer son don sur elle. Oui, elle était de celles qui, malgré leur propre mutation, le faisait se sentir comme un monstre. Aussi, il faisait en sorte de la croiser le moins souvent possible, si bien qu’ils ne s’adressaient même pas la parole pour se dire bonjour quand ils étaient contraints de partager le même espace vital. Sauf que là, ils n’allaient même pas avoir le choix, et Mal rabattit le col de son manteau sur ses mâchoires : avec un peu de chance, Lyudmila ne le capterait pas, et il ne serait pas obligé d’affronter son regard plein de méfiance et de mépris. Il avait eu assez des émotions contradictoires de passants quelques minutes avant. Seulement, il ne fallut pas longtemps avant que la jeune femme percute elle aussi, et lui lance un de ses regards noirs dont elle avait le secret. Si il avait été belliqueux, il lui aurait envoyé une bonne torgnole mentale dans la tronche, mais bon, il se contenta de tourner la tête sur le côté pour ne pas se confronter à son regard, se fascinant soudain pour un tag hideux sur le mur.

Une secousse. Des lumières qui flanchent. Immobiles. Su-per, les voilà bloqués.

Il soupira, fixant les boutons qui clignotaient de partout comme sur un jeu de fête foraine. A coup sur il y avait eu un court circuit ou un truc du genre. Ils allaient resté coincer 10 minutes, puis repartir. En tout cas, il l’espérait, parce qu’il avait des copies à corriger en rentrant, et il était pour ainsi dire clairement à la bourre. Il ne bougea pas d’un pouce alors que Lyudmila se ruait déjà vers le tableau de bord de l’ascenseur, appuyant sur tous les boutons frénétiquement. Malachi voyait son aura se troubler, se teinter de la couleur du stress et de l’angoisse. Il ne pouvait décrire précisément les émotions de la jeune femme, simplement, il voyait cette couleur ondoyer comme un océan agité, qui partait du cœur pour se répandre partout autour de son cœur. Il se força à détourner les yeux pour ne pas être tenter d’y toucher : normalement quand il voyait « ça », il l’éteignait, doucement, pour permettre à la personne concernée de retrouver son calme. Mais si il faisait ça, l’ukrainienne allait transformer l’endroit en ring de catch, et il était à peu près sur d’en sortir meurtri et perdant. Il la laissa pester un moment, les yeux rivés sur son téléphone. Déjà 3 minutes qu’il était là, et elle ne semblait pas vouloir se calmer, jurant dans une langue âpre qu’il ne connaissait pas. Il la voit trembler, son corps luttant contre son esprit, et cela lui fait mal au cœur. Jamais il ne laisse quelqu’un dans un tel état d’angoisse. Pas que ça le touche personnellement, simplement, quand il peut éviter de voir ça, il préfère. Alors il se contente de se racler la gorge, se préparant psychologiquement à se confronte rà son regard de fauve en cage.

- Hum… Je suppose qu’à part attendre, on a pas grand-chose à faire. Un technicien va surement pas tarder à arriver. On est pas très haut de toute façon, entre -1 et le rez de chaussée. Même si on tombe, on se fera pas bien mal.

Il sourit faiblement, comme une ombre sur ses lèvres. Elle a l’air instable, vraiment. Il songe un instant que si elle se met à péter un cable, il va devoir l’anesthésier complètement. Mais si il fait ça, il est sur de s’en faire une ennemi pour toujours … Quelle plaie…
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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeLun 16 Mar 2015 - 15:56

C’est comme si elle se noyait. Mila a l’impression de suffoquer à mesure que les secondes s’écoulent les unes après les autres, et elle se voit forcée de lever la tête vers le plafond dans l’espoir de mieux respirer – l’air a beau s’engouffrer dans sa gorge, il reste coincé là, sans jamais atteindre ses poumons qui s’atrophient. C’est pas possible. C’est un cauchemar. Elle peut pas rester prisonnière ici, impuissante. Dans sa tête, la boîte de métal devient cercueil et elle se sent comme une morte-vivante. Et puis, un son. Un raclement de gorge. Une voix, qui brise sa bulle de panique. Lyudmila fait volte-face, toisant Malachi de son regard beaucoup trop agressif. Il semble vouloir la calmer, mais très franchement, c’est une bien piètre tentative. Tout ce qu’il réussit à faire, c’est attiser un peu plus les nerfs déjà à vif de l’ukrainienne. « Ou alors, j’peux utiliser ta tête comme massue pour défoncer la porte. Ça évitera d’attendre comme des cons, et de t’entendre raconter de la merde. » Elle a la voix qui gronde comme un feulement, et elle est elle-même incapable de deviner si ses propres menaces sont sérieuses ou non. Peut-être un peu. On dirait pas vraiment de prime abord, mais c’est une violente. Malachi doit probablement l’avoir compris tout seul, au vu du comportement qu’elle arbore. Celui d’un animal qu’on tente de mettre en cage.

Une longue inspiration pour se recomposer, et elle fait de son mieux pour camoufler sa peur à la limite de la paralyser. Elle veut pas avoir l’air faible, elle veut pas que ce type puisse la voir en mauvaise posture – mais c’est trop tard pour ça. Se tournant à nouveau vers les boutons de l’ascenseur, elle cherche celui qui sert à appeler un technicien. Y’a toujours ces bidules-là normalement, non ? Elle met un instant à finalement le trouver, et le presse avec une force légèrement démesurée. Puis elle attend. Et elle attend. Et elle attend. Rien ne se passe. « Putain. » Elle appuie à nouveau, une fois et puis deux et puis trois. Ça marche pas. Soit personne ne fait la maintenance, soit c’est elle qui a endommagé le système en tapant partout. La seconde hypothèse semble la plus probable. Elle se déteste. « PUTAIN. » Et sa colère prend le dessus – une énième fois – alors qu’elle balance un violent coup de poing dans l’appareil. Ses mains viennent se nicher dans sa tignasse, tirant sur ses mèches brunes alors qu’elle se met à taper du pied de manière incontrôlable. Faut qu’elle trouve un truc, n’importe quoi. Un éclat traverse ses prunelles sombres avant qu’elle ne sorte son portable de sa poche. Sauf que l’écran affiche qu’il n’y a pas de réseau. C’est à croire que l’univers tout entier s’est ligué contre elle aujourd’hui. Mais elle se décourage pas, et elle relève le numéro affiché sous les boutons en le tapant frénétiquement sur son portable. Qui ne tente rien n’a rien, n’est-ce pas ? Elle porte le téléphone à son oreille, croisant les doigts et les orteils et tout ce qu’elle peut. Ça sonne même pas. Pas de réseau, pas de dépannage. Quelle merde, le monde se vante d’avancer la technologie toujours plus mais quand on en a vraiment besoin y’a rien qui marche. Il est beau, le progrès. « Пішов на хуй ! » Et vas-y qu’elle s’énerve en ukrainien. La vérité, c’est qu’elle est à deux doigts de péter les plombs. Pour de bon.

En une seconde, elle semble se souvenir de la présence de Malachi à ses côtés et se précipite vers lui. Le spectacle doit être assez étrange à voir, puisque depuis le début, elle n’arrête pas de bouger dans tous les sens, de s’énerver toute seule et de tout cogner. Elle a pas l’air très saine d’esprit – conséquence de la terreur qui s’agite au creux de ses tripes. « Ton portable. » Elle prend une pause pour respirer, histoire de faire des phrases construites et surtout, compréhensibles. « J’ai pas de réseau. Essaie ton portable pour voir si tu captes. » C’est tout. Pas de s’il te plaît, pas de formule de politesse, pas d’amabilité. Que dalle. C’est déjà pas dans ses habitudes en temps normal, farouche de son état, mais dans un cas comme celui-ci c’est encore pire. Elle a tout de la bête sauvage, trop agressive et féroce, la lueur dangereuse dans le fond des yeux et le grognement entre les lèvres. Mais elle a surtout l’air d’un fauve blessé, qui cherche à s’échapper et se défendre par tous les moyens possibles, qui veut attaquer pour se protéger alors qu’il a juste besoin qu’on l’aide. Elle mord, certes. Mais elle peut être apprivoisée – dans la mesure du possible. « Faut qu’on sorte d’ici. J’peux pas rester là. J’peux pas... » Les mots lui échappent dans un murmure, sans qu’elle s’en rende vraiment compte. Ses prunelles scannent chaque centimètre carré de l’ascenseur, à la recherche d’un moyen de s’en sortir. La simple idée de rester là pendant une durée indéterminée suffit à la faire s’étouffer. Et puis son regard se pose à nouveau sur Malachi, moins menaçant que précédemment. Elle semble plus vulnérable à mesure que sa carapace se voit fissurée par la peur. « Dis-moi que t’as du réseau. S’te plaît dis-moi que tu peux appeler. » Ça sonne comme une supplique, mais elle en a plus rien à foutre à ce stade. Si une solution se présente pas à elle rapidement, elle a l’impression qu’elle va crever. La panique, c’est son agonie.
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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeJeu 19 Mar 2015 - 18:02


I'm not an enemy, ya know ?



Il lui jeta un regard noir, à cette espèce d’excitée qui lui crachait des menaces entre les quatre murs qui les emprisonnaient. Il n’était pas fautif de la situation, et le traiter de la sorte n’avancerait à rien. Il posa le sac de course qui lui pesait sur le poignet, et s’appuya contre le miroir qui tapissait l’un des murs de leur cage : s’énerver ne servait à rien, mais ça, la mutante semblait peu encline à le comprendre. Un autre que lui aurait surement trouvé une réplique cinglante à lui lancer à la figure, histoire de la remettre à sa place : Malachi lui était simplement désolée de ne pas pouvoir l’aider ni la soulager. Tout ce qu’il pouvait faire, c’était la voir s’agiter, gaspiller son oxygène dans une respiration saccadée et décousue, en se rongeant le frein pour ne pas se laisser à utiliser son don sur elle. Bizarrement, c’était presque douloureux pour lui de ne pas utiliser ses capacités. A croire qu’avec le temps et ses pouvoirs, il n’était plus habitué à laisser les gens subir leurs émotions, comme si il était de son devoir d’éviter le moindre ascenseur émotionnel à son entourage, même si ce dernier était composé d’illustres inconnus. Il pinçait l’arrête de son nez comme pour se concentrer, tâchant de ne pas fixer la poitrine de la jeune femme, où l’angoisse et le stress fusait sous ses yeux comme un feu d’artifice sombre.

- Ça ne sert à rien de t’énerver sur ce pauvre bouton Lyudmila, lui non plus n’a probablement pas très envie de passer plusieurs heures en ta compagnie, vu la façon dont tu le traites…

Et moi non plus, faillit il ajouter, mais il se retint. Autant ne pas rajouter de l’huile sur le feu follet qu’était l’ukrainienne à cet instant. Aussi, il ressortit son smartphone de sa poche, déverrouillant l’écran d’une pression de l’index. Le résultat fut celui qu’il avait prévu, un joli pictogramme de téléphone barré clignota en haut à droit de l’écran. Il leva les yeux vers Mila, alors que cette dernière se rapprochait de lui pour en savoir plus sur l’infime chance qu’ils avaient de communiquer avec l’extérieur. Il plissa le nez, puis fit non de la tête, retournant l’écran du téléphone en sa direction, preuve qu’il ne mentait pas :

- Pas plus de réseau que toi, désolé.

Et il l’était, vraiment. Il n’aimait pas voir les gens souffrir, et l’aura d’inquiétude de la mutante lui faisait presque mal aux yeux tellement elle brillait dans sa poitrine. C’était marrant d’ailleurs, lui qui n’était pas empathique pour deux sous, qu’il puisse souffrir physiquement des émotions des autres. En un sens, cela le rendait il plus ou moins empathe ? allez savoir …

Il résistait déjà depuis un moment déjà, quoi ? 10 bonnes minutes, à prendre en main les émotions de la jeune femme, et sa supplique mettait à mal son self control, si bien qu’il devait presque fermer les yeux pour ne pas être trop tenté. Sauf qu’il l’était, clairement. Il respira profondément, les yeux mi clos, avant de murmurer doucement comme si il parlait pour lui-même. Sauf que c’était bien à la mutante qu’il s’adressait :

- Je sais ce que tu ressens, crois moi, je le sais. Je ne peux pas faire venir le dépanneur plus vite, mais je peux t’aider… Je peux t’aider. Mais pour ça, il faut que tu sois d’accord pour que je le fasse. Je ne ferais rien sans ton consentement…

Oui bon, dis comme ça, c’était clairement glauque. Mais avec le contexte qui les entourait, ça faisait sens. Il savait qu’il jouait à pile ou face : Mila pouvait soit le prendre excessivement mal, et lui retourner une fabuleuse paire de claques, soit baisser la garder et envisager l’utilisation de son don comme une solution. Seulement voilà, il ne connaissait pas suffisamment la jeune femme pour prédire sa réaction. Alors il n’osa pas lever les yeux vers elle, attendant de sentir la marque cuisante de sa main sur sa joue …


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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeDim 29 Mar 2015 - 18:38

Autour d’elle, tout devient flou. Les néons semblent clignoter, les boutons se mélangent, le visage de Malachi se transforme et elle ne voit même plus son propre reflet dans le miroir sur la paroi. Tout n’est qu’un canevas de lumières et de gris, de panique et de désarroi. Ça lui laisse un goût âpre sous la langue et une douleur sourde au creux de la poitrine. Mila l’entend parler, son camarade. Il veut la raisonner, lui faire comprendre que ça ne sert à rien de cogner tout ce qui se trouve autour d’elle. Au fond elle sait qu’il a raison. Mais elle est pas rationnelle. Pas quand elle est dans un tel état d’angoisse, incapable de réfléchir correctement et de rester cohérente pendant plus de dix secondes. Si elle avait pu joindre un foutu technicien, peut-être que ça aurait amélioré sa situation. Au moins, elle aurait la certitude qu’on sait où ils se trouvent et qu’on va venir les débloquer rapidement. Au lieu de ça elle ne sait rien, et ils pourraient tout aussi bien passer le reste de la journée dans cet ascenseur. Rien que d’y penser, elle sent son cœur avoir des palpitations, pratiquement prêt à jaillir hors de sa cage thoracique. Elle aurait presque envie de l’arracher elle-même, si ça pouvait la faire se sentir mieux – mais elle doute que ce soit le cas alors vaut mieux le laisser à sa place. Leur sort repose entièrement sur les épaules de Malachi. Il devient soudainement son dernier espoir, et elle le fixe de ce regard qui rappelle celui d’un enfant perdu, à qui on a promis de le ramener chez lui. Malachi n’est plus un fauteur de trouble – il est la seule bouée dans l’océan de ses peurs. Alors elle l’observe vérifier son téléphone, et elle a l’impression de sentir ses jambes tanguer quand il lui annonce le résultat. Pas de réseau. C’est la fin du monde. Ils vont crever. Elle, surtout.

Sans prévenir, elle saisit l’appareil pour le dérober aux mains de son propriétaire. Elle réitère la même opération effectuée sur son propre portable. Elle a bien vu l’icône qui signale qu’on ne capte pas. Mais elle s’en fout. Elle a besoin d’essayer pour s’en persuader. Alors elle tape le numéro, et elle attend. Et évidemment, rien ne se passe. Ça marche pas. « Bordel. » Y a une seconde de flottement où elle reste immobile, téléphone collé contre l’oreille et regard paumé quelque part dans le vide. Ses phalanges se serrent autour de l’objet devenu inutile à ses yeux, et elle grince des dents. Une minute plus tôt, elle l’aurait probablement balancé contre la paroi de l’ascenseur pour le voir éclater en plusieurs morceaux. Mais sa rage laisse place à un désespoir grandissant, et elle se contente de se tourner vers son camarade en silence. Elle lui fourre le portable entre les mains sans la moindre délicatesse, mais au moins il en est sorti indemne. C’est déjà mieux que rien.

Lyudmila se retranche dans un coin, la gorge nouée et le cœur en vrac. Elle a l’impression qu’elle va s’effondrer, ou vomir, ou pleurer, ou exploser. Peut-être tout ça, ou rien du tout. Elle sait pas et elle s’en fout. Elle veut juste sortir, maintenant. Sa respiration refuse de se calmer, l’air peinant toujours à s’engouffrer dans sa trachée. Sa silhouette ne bouge même pas lorsque Malachi ouvre la bouche à nouveau, si doucement qu’elle ne l’aurait sans doute pas entendu si elle était encore occupée à s’agiter. Elle finit par lever les yeux vers lui, qui semble fuir son regard. Elle l’observe, assimilant encore ses paroles pour se les répéter mentalement. La demande d’utiliser son don sur elle a presque l’air tacite, et elle ne répond même pas sur le coup. Elle veut pas. Elle a trop peur de le laisser prendre le contrôle de ses émotions, le laisser faire un truc qu’elle juge aussi intime. Et ce n’est que maintenant qu’elle réalise qu’il doit peut-être sentir tout ce qu’elle traverse justement, tout ce qu’elle refuse de montrer. Tout ce qui émane par chacun de ses pores, dans l’état actuel des choses. Elle veut pas le laisser faire – elle a l’impression que ça revient à le laisser entrer dans son esprit. Mais tout en elle lui crie de tenter le coup, pour ne pas suffoquer face à la terreur qui s’accumule dans ses veines. Alors elle déglutit, baissant le regard quand elle se décide enfin à lui répondre. « Si j’te donne la permission, je veux d’abord que tu m’expliques. J’veux savoir ce que tu vas faire – comment ça marche. » Sa bouche lui semble plus sèche que le Sahara, et elle finit par lever ses prunelles vers lui à nouveau. Elle a besoin de connaître ce qui l’attend avant de dire oui. « Ça fait comme un calmant ? Tu transformes mes émotions ou t’en introduis des nouvelles ? Tu contrôles rien d’autre que ça, hein ? J’veux pas que t’ailles dans ma tête. » Sa méfiance est palpable, malgré l’angoisse qui continue de la faire bouillir intérieurement. Si elle avait eu le choix, elle aurait préféré être coincée avec quelqu’un qui a une force surhumaine ou quelque chose du genre – histoire qu’il les fasse sortir illico presto. Mais on a pas toujours ce qu’on veut dans la vie. Alors elle essaie de se contenter de ce qu’elle a, même si elle a du mal.

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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeLun 30 Mar 2015 - 19:46


I'm not an enemy, ya know ?



Si Malachi était soulagé que la jeune femme ne rejette pas en bloc sa proposition, il ne fit rien transparaitre. Il était trop occupé à fixer l’aura changeante des émotions de la jeune femme, qui passait de la colère à l’effroi dans un mélange d’émotions complexe et presque illisible pour lui. Avec le temps, et l’expérience il avait appris à identifier quelle couleur s’accordait, dans son esprit, avec quelle émotion, et à quoi correspondait l’intensité de l’émanation, par rapport à l’intensité de l’émotion vécue. Ce n’était pas une science exacte bien sur, mais c’était toujours mieux que rien : une fois, une mutante lui avait dit en plaisantant qu’il était une sorte d’empathe amélioré :la lecture des émotions, sans l’inconvénient de les ressentir en écho en soi. Il n’y avait jamais vraiment pensé, mais c’était un peu ça. A part qu’il pouvait se tromper, alors qu’un vrai empathe, non.
En l’état des choses, la jeune femme lui faisait penser à une cocotte minute, menaçant d’exploser à tout moment. Les noeux émotionnels en faisaient un véritable casse tête pour le motiopathe : il allait devoir manipuler tout ça très, très délicatement, si il ne voulait pas toucher à une émotion clé qui ferait tout péter. L’équilibre émotionnel de quelqu’un était quelque chose de subtile : par exemple, c’était parce qu’elle ressentait suffisamment de peur que sa colère était contenue, et qu’elle ne lui avait pas encore collé un poing dans la figure. Alors s’il touchait à la peur en laissant la colère à l’air libre, il se ferait massacrer. A l’inverse s’il apaisait trop la colère sans toucher à la peur, elle s’effondrerait dans un mutisme paralytique, comme une grande traumatisée. Et c’était à peine plus fun. Il avait le choix de tout trancher dans le tas bien sur, de tout éteindre, pouf, comme si on coupait le courant, mais là encore, il préférait ne pas atteindre ce genre d’extrémité : c’était traumatisant pour la personne visée, surtout quelqu’un qui débordait actuellement d’émotion, et c’était éreintant pour lui. Son don demandait de la concentration, mais surtout beaucoup d’énergie, qu’il n’avait pas forcément là, maintenant, tout de suite.

Il s’avança vers elle doucement, comme on s’avance près d’un animal blessé, avec des gestes lents et fluides. Il ne la toucherait pas, pas tout de suite en tout cas, bien que le contact aide grandement à la manipulation, quand celle-ci est délicate. Il fallait d’abord qu’elle comprenne, et c’était normal. Lui-même ne se laisserait pas « toucher » physiquement ou mentalement, par un inconnu sans rien dire.

- Alors … Ce que je fais s’appelle de la motiopathie. C’est comme la télépathie, mais avec les émotions des gens : à la place de lire leurs pensées, je lis leurs émotions, sous forme d’une grosse boule brillante que je vois à la place de votre cœur. Cette boule irradie, plus ou moins intensément, de plein de couleurs selon votre état d’esprit. Après, mon esprit a associé schématiquement chaque couleur d’aura à un émotion : c’est très cliché, mais le rouge c’est la colère, le vert la peur, le gris la tristesse, le jaune/doré, un bonheur intense … Contrairement à un empathe qui ressent tout ça lui-même, dans son corps, moi je le « vois » juste.

Il reprit sa respiration, réfléchissant à la suite des évènements, et comment lui répondre sans l’effrayer.

- Si tu veux, je ne « crée » rien. Je n’invente pas des émotions, je ne fais que les … allumer et les éteindre. Je ne peux pas rendre terriblement heureux quelqu’un qui n’a jamais connu de joie intense dans sa vie, ou créer une peur bleue à quelqu’un. Je pourrais peut être l’angoisser, le stresser, mais pas lui faire peur. De même, je ne peux pas te Forcer à faire des choses, comme te mettre le doigt dans l’œil ou sauter du toit : je ne touche qu’aux émotions. Enfin … Le plus important je pense : je ne touche pas aux sentiments des gens. Je ne peux pas t’inventer des attaches ou des inimités avec quelqu’un, ça touche à du long terme, là où les émotions sont du ressenti de court ou très court terme. Alors oui, je peux te mettre en colère, mais je ne peux pas te dire d’être en colère contre une personne en particulière. Tu seras folle de rage, point barre. Tant pis pour le premier qui passera. Tant mieux pour celui qui te croisera totalement excitée. Et ainsi de suite… Tu vois ce que je veux dire. La manipulation est indolore, enfin quand j’apaise des émotions en tout cas.

C’était plus fort que lui, il prenait un ton terriblement didactique, presque professoral. D’un moment à l’autre, il allait annoncer l’interro surprise.

- Ensuite pour l’utilisation à proprement parlé de mon don … Et bien, je visualise ton aura, telle qu’elle est, et dans ma tête, je vais effacer les couleurs dont je ne veux plus, et en peindre d’autres. Je ne peux utiliser que les teintes qui existent dans ta palette émotionnelle. Après, si je veux, par exemple, que tu sois aux anges, j’utiliserai du doré. Je ne sais pas à quel moment de ta vie ça correspond, je sais juste que c’est là. Pareil, tu ressentiras cette joie, sans forcément la relier à un évènement. Tu seras juste béate, c’est tout. Enfin, si je veux « éteindre » une émotion, je l’efface, et c’est tout. Elle disparait un peu ou totalement, selon si j’en laisse un peu ou pas. C’est comme une peinture, en fait. Le plus important, c’est de ne pas Tout effacer. Parce qu’être dépossédé de tous ses sentiments… Ce n’est pas une expérience que je conseillerais à qui que ce soit.

Traduction, il ne le faisait presque jamais. Sauf sur un hunter. Sauf pour sauver sa propre vie. Il pensait avoir fini son explication, mais reprit une dernière fois, avec un petit sourire :

- Utiliser à haute dose, sur des manipulations délicates, mon don se matérialise physiquement. Mes yeux deviennent fluorescent, un peu comme ceux des chats quand on les éclaire la nuit. Mais en bleu. Ça peut surprendre un peu, quand on ne le sait pas. *il s’assit en tailleur à côté de la jeune femme, se grattant l’arrière de la tête avec un petit sourire presque timide* Voilà, je crois que j’ai fait le tour… A toi de voir ce que tu veux, ce que tu ne veux pas… C’est un peu à la carte, en fait !
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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeVen 10 Avr 2015 - 17:02

Assise sur le sol, genoux ramenés contre sa poitrine, Lyudmila se recroqueville un peu plus à chaque seconde. Elle se sent ridicule, elle se sent minuscule. Prête à se faire avaler par le monstre de ferraille qui les retient prisonniers, elle et Malachi. Le simple fait qu’elle considère l’offre du mutant est une preuve de l’état dans lequel elle se trouve. Vulnérable, à vif, à nu, sa carapace l’a abandonnée pour ne laisser derrière elle qu’une gamine perdue et effrayée. Une sale gosse, tellement habituée à cracher à la gueule du monde qu’elle sait plus quoi faire quand il la mord en retour. Les crocs sont acérés, appliqués à la réduire en pièces à chaque inspiration qu’elle prend, à chaque battement de son cœur au bord de l’explosion. La violence devient impuissance et l’angoisse prend le pas sur la rage. Elle tangue et vrille et se retrouve coincée entre deux eaux, prise au piège par ses propres émotions. Pendant une seconde, elle songe à utiliser son don. C’est son meilleur moyen de se sortir de là, même si ça ne sera que momentané – ce sera suffisant pour qu’elle puisse se calmer un peu. Mais elle peut pas. Faire ça reviendrait à se mettre à la merci de Malachi ; même s’il n’a pas l’air particulièrement menaçant on est jamais trop prudent, c’est une leçon qu’elle a parfaitement apprise avec le temps. Alors elle peut même pas utiliser sa seule carte de sortie, condamnée à devoir combattre ses démons. Elle aimerait pouvoir se dire qu’elle en est capable, qu’après quelques exercices de respiration elle saura garder son calme en attendant que quelqu’un vienne les aider et que tout rentrera dans l’ordre sans faire de vagues. Mais ce ne serait rien de plus qu’un honteux mensonge. Mila aime jouer à la dure à cuire à-même de dégommer tout ce qui se trouve sur son passage, telle une tornade, mais la vérité c’est qu’elle est pas aussi forte qu’elle veut le faire croire. Son petit numéro parvient à tromper presque tout le monde sauf elle-même. Elle est son propre ennemi.

Malachi s’approche et elle se crispe, mais sa silhouette reste immobile. Elle ne bouge pas, ne cherche pas à s’éloigner ni à le faire reculer. Elle se contente de lever ses prunelles ambrées dans sa direction, l’observant avec attention alors qu’il se lance dans une explication détaillée. Il expose les mécanismes de son don et la façon dont cela affecte ceux qui en bénéficient, décrivant son fonctionnement de A à Z pour éclairer Mila et ses doutes paralysants, Mila et ses peurs trop nombreuses. Silencieuse, son esprit emmagasine toutes les informations qu’on lui donne pour les analyser et les ranger dans un coin – elle oubliera pas. C’est comme un cours, elle a l’impression d’être sur les bancs de l’école alors qu’elle n’y a jamais foutu les pieds et que tout ce qu’elle en sait se cantonne principalement à ce qu’on dépeint dans les histoires sur papier ou écran. Elle se surprend à trouver la voix de son interlocuteur rassurante, par sa douceur et le calme qui la caractérise à cet instant précis, par ses intonations claires mais souples. Il lui fait un véritable discours mais c’est exactement ce qu’elle exigeait de sa part ; il a compris ce dont elle avait besoin, qu’il l’ait fait consciemment ou non d’ailleurs. Tout au long de son récit, elle hoche doucement le menton par moments, sans jamais le quitter des yeux. Elle essaie de l’examiner afin d’être sûre de ce qu’il raconte, sûre de lui et de ce qu’il compte faire, sûre d’elle aussi. Il s’installe à ses côtés et elle pose son regard sur le sol, réfléchissant à toute vitesse. Elle ressasse chaque mot qu’il a prononcé, décortique tout ce qu’il a dit comme s’il s’agissait d’une notice pour un objet dangereux. Après tout ça revient à du déminage, il s’apprête à désamorcer une bombe à retardement et beaucoup de choses peuvent mal tourner pendant une manipulation aussi minutieuse. Mila a pas franchement envie d’exploser mais elle est pratiquement sûre qu’il ne le veut pas non plus, ce serait pas dans son intérêt s’il veut s’en sortir indemne.

Un soupir s’extirpe de ses lèvres et elle fronce les sourcils en se tournant vers lui, une lueur déterminée dans le fond de ses iris. « J’veux pas être béate, » qu’elle balance soudainement en écho aux paroles de Malachi, le fixant sans ciller, « Tu peux toucher à la colère et l’angoisse, mais pas le reste. Éteins-les comme tu peux, fais en sorte que ça soit plus le truc qui prenne le contrôle de moi. Mais allume pas les autres trucs. J’ai pas envie que tu m’fasses croire que je suis joyeuse. » Au final, elle trouve que c’est comme piéger son propre esprit pour lui faire croire qu’il ressent des choses qui n’ont pas lieu d’être. Et elle ne veut pas de ça. Elle veut juste être apaisée, pas être contente pour aucune raison apparente. « J’voudrais simplement que tu me calmes. Tu peux faire ça ? » Elle le regarde comme s’il détenait la clé de tout, comme s’il représentait sa bouée de sauvetage en pleine noyade. Ça représente beaucoup pour elle, plus qu’elle ne le montre. Accepter de le laisser faire, c’est avoir un minimum de confiance en ses capacités et ses intentions. C’est lui donner un coup d’avance sur elle et elle déteste ça. Mais si la mission est réussie, s’il répond à ses attentes sans la trahir, il aura le mérite de gagner son respect. C’est pas grand-chose ; c’est même rien du tout en soi. Mais c’est le genre de chose que Mila n’oublie pas. Y a toujours une réponse aux actes des autres envers elle, qu’il s’agisse de positif ou négatif. Tout se retrouve entre les mains de Malachi. Et puis un éclair traverse son regard, la salive venant à manquer dans sa bouche déjà asséchée. « T’as de l’expérience au moins ? C’est pas la première fois qu’tu fais ça, hein ? Te loupe pas, Malachi. Parce que moi j’te louperai pas. » Les mots visent à être menaçants mais sa voix presque tremblotante casse l’effet voulu, lui donnant l’air tout sauf crédible. Son inquiétude est palpable, du fond de ses prunelles anxieuses jusqu’au bout de ses phalanges fébriles. Elle stresse, elle a le cœur au bord des lèvres, mais elle est prête. Sa pseudo menace en témoigne – elle donne son accord. Et elle croise les doigts pour que tout se passe comme prévu.
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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeJeu 16 Avr 2015 - 17:13


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Mal avait fait de son mieux pour être le plus clair possible pour la jeune femme, tant et si bien qu’il avait l’impression d’être dans une salle de classe, ou à l’infirmerie, avec une élève anxieuse en face de lui, sauf qu’en général, à ses élèves, il ne leur expliquait pas vraiment ce qu’il allait ou était en train de faire. Il leur parlait de méditation, de sophrologie ou de connerie comme ça, pas de motiopathie, il n’était pas stupide. Pour Lyu, c’était différent : elle avait besoin de lui faire confiance pour le laisser faire. Ses élèves avaient déjà confiance en lui, il l’a gagné des mois auparavant, alors que la mutante, sans qu’il ne sache vraiment pourquoi, le craignait un peu. Il n’avait pas le pouvoir le plus effrayant ou douloureux qu’il était possible d’avoir pourtant, mais il y avait peut etre dans le passé de la jeune femme des traumatismes dont il n’était pas conscient, et qui faisait de lui une réminiscence de cauchemars anciens. Néanmoins, elle semblait l’écouter avec attention, bien que mutique. Elle hochait parfois de la tête, comme un pantin désarticulé, le regard dans le vague. Mais elle l’écoutait, c’était une certitude, et c’était déjà bien. A la fin de son discours, il se tut, laissant la jeune femme digérer la masse des informations qu’il venait de lui servir.

Finalement, la jeune femme leva enfin ses yeux vers lui, avec une lueur de détermination qu’il n’avait encore pas vu aujourd’hui chez elle. Elle ouvrit la bouche, et pour la première fois s’adressa à lui sans lui aboyer dessus, bien que sa voix ne paraissait pas encore des plus confiante. Elle posait ses conditions, refusant les émotions factices ou les contrepoids. Il grimaça légèrement, mais acquiesça tout de même : c’était son choix et il devrait le respecter. Cela signifiait aussi qu’elle allait probablement se sentir assez … Vide. C’était une sensation désagréable, parait il, et Malachi n’aimait pas vraiment infliger ça aux gens, même s’ils le demandaient. Mais il le ferait, si c’était ce qu’elle voulait vraiment. Il opinait du chef doucement :

- Je peux faire ça. Par contre, si je ne mets pas un peu de … positif dans tes émotions, ça risque de faire un vide, un peu. Parce que si j’enlève juste la colère et l’angoisse, tu vas probablement te sentir un peu … Léthargique. Mais bon, il suffira que tu me guides pour que je réajuste ça.

Il se redressa un peu pour s’asseoir à présent en face de la jeune femme : il avait besoin d’un large vu sur son buste pour pouvoir visualiser son aura et la manipuler. Ça prendrait peu de temps, mais de l’énergie oui, il en était conscient. Il aurait aussi probablement besoin de ses lunettes de soleil en sortant aussi, parce qu’à ce degrés de manipulation, il était à peu près sur d’avoir des yeux fluorescents en sortant de l’ascenseur. La pseudo menace de lyu lui tira un petit sourire serein :
- Si tu considères que 20 ans de pratique sont suffisants pour appeler ça de la pratique, alors oui, j’en ai. Je ferai très attention je te le promets. *Il marqua une pause*. Est-ce que tu m’autorises à te toucher ? juste les mains ou les bras, le contact physique affine l’emprise, et c’est plus facile pour moi. Après si tu le sens pas je comprendrais aussi, et je ferais sans …
En attendant qu’elle réponde à cette ultime questions, il fit craquer sa nuque, puis ses doigts, se concentrant pour faire ce qu’il allait faire. En soit, la manipulation n’était pas d’une complexité folle, puisqu’il pratiquait ce genre d’intervention quotidiennement sur ses élèves, parfois sur les patients de l’hôpital. La difficulté ici serait surement l’intensité des émotions de la jeune femme, leur instabilité, et par conséquent le risque qu’elles lui explosent à la figure. Un stress de lycéenne n’avait rien à voir avec une crise de claustrophobie…

- Ok, c’est parti…

Il inspira profondément puis releva les yeux en direction de la poitrine de la jeune femme. Il n’y avait ni luxure ni désir dans son regard clair, simplement de la concentration, comme si il essayait de lire quelque chose d’écrit en tout petit sur la peau de la jeune femme. Il voyait à présent bien distinctement la boule luisante, de la taille d’une baille de tennis, peut être un peu plus gros, logée à l’endroit du cœur de Lyu, qui luttait entre appréhension et rage. Les couleurs étaient agressives, électriques, entremêlées aussi, tant et si bien qu’il devait trouver un angle d’attaque, un premier fil sur lequel tirer pour pouvoir dénouer cette grosse pelote. Il trouva une tache un peu plus sombre que les autres, à la surface, et se décida à l’effacer en premier. Il ne savait pas à quel souvenir, à quelle pensée cette once de colère était liée, mais elle n’existait plus à présent. Pouf envolée. L’idée demeurait, mais elle ne révolterait plus la jeune femme, quoiqu’elle puisse en penser. Celle-ci effacé, il s’attaqua à une peur, puis une autre colère, alternant les deux religieusement pour ne rien déséquilibrer. L’aura de la jeune femme se décolorait progressivement, pour reprendre petit à petit une couleur plus neutre, moins tourmentée. Il prenait garde à ne pas toucher aux petites émotions parasites qu’il pouvait voir : effacer une petite joie qui effleurait une peur était comme passer un coup d’éponge trop large sur un table noir et en effacer un mot. C’était vite arrivé et irréversible. Une fois plus ou moins satisfait de l’état de son œuvre, il releva la tête vers Lyudmila : ses yeux d’ordinaire d’un bleu océan étaient à présent d’un bleu ciel fluorescent qui n’avait rien de naturel, comme si on avait mis du liquide réflecteur de lumière à l’intérieur. Des yeux qui luiraient dans le noir :

- Comment tu te sens … ?



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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeDim 26 Avr 2015 - 16:46

Si elle avait su la tournure que prendrait sa journée, aucun doute qu’elle aurait pas traîné des pieds jusqu’ici. Déjà que ça la ravissait pas des masses à la base, autant dire qu’à présent la tâche serait d’autant plus désagréable à ses yeux puisque rappelant une mauvaise expérience. En même temps c’est de sa faute – elle sait qu’elle aime pas être enfermée mais elle a voulu prendre l’ascenseur quand même, pensant se faciliter la sortie. Ça ne fait que prouver ce qu’elle sait déjà : faut qu’elle suive ses instincts. Ils ne la déçoivent jamais ou presque et c’est son mode de fonctionnement privilégié pour avancer dans la vie, pas la réflexion ni la logique, pas tout à fait le cœur non plus. L’instinct. Alors parfois ses réactions sont difficiles à suivre, parfois ça semble absurde et on a du mal à la comprendre. Elle se conduit comme un animal qui obéit à des impulsions qu’il ne contrôle pas, habituée à emmagasiner chaque élément qui l’entoure pour en faire une analyse panoramique et au moindre changement qui ne lui convient pas, aussi subtil soit-il, elle s’adapte en conséquence. Parfois c’est fondé, parfois non. Mais ça lui a sauvé la mise plusieurs fois déjà et c’est en partie grâce à ça qu’elle est toujours là. Y’a des moments où Lyudmila se sent plus bestiale qu’humaine, plus sauvage que civilisée. Elle colle pas. Elle a jamais vraiment collé au final, même si elle essaie en général – ses efforts sont pas forcément visibles mais bien présents. La preuve avec Malachi puisqu’elle prend sur elle pour ne pas empirer les choses, puis elle est pas tellement en état de le faire de toute manière. Alors elle s’efforce de l’écouter patiemment et de rester correcte en lui posant des questions, sans l’agresser comme elle aurait tendance à le faire. Elle prête attention à chaque chose qu’il dit, ne cillant même pas lorsqu’il la prévient du risque d’apathie qui la guette. Très honnêtement elle s’en fiche : ça sera toujours mieux qu’être en proie à la panique. Elle ne fait que hocher la tête vaguement pour montrer qu’elle a compris, sans prendre la peine de répondre vraiment. Elle verra bien comment les choses se passent.

Au fil de la situation, Lyudmila découvre Malachi sous un nouveau jour – elle qui s’en méfiait comme de la peste et qui l’avait catalogué de fouine, elle se retrouve surprise. Il est étrangement pédagogue et plus rassurant qu’elle ne l’aurait cru. Et puis surtout, il a l’air d’avoir plus ou moins cerné la marche à suivre face à elle au vu de son état actuel. Il ne la brusque pas, il explique les choses correctement, et il la prévient de chaque étape. Comme en lui demandant de la toucher. S’il l’avait fait sans lui demander son avis, les choses auraient certainement dégénéré à nouveau. L’ukrainienne avale difficilement sa salive avant d’opiner du chef très légèrement, marmonnant un vague « Ok. » Et sans attendre, elle attrape elle-même les mains de Malachi dans les siennes, histoire d’accéder à sa requête rapidement. Elle sait pas dire si c’est lui qui a la peau bouillante, ou si ce sont ses phalanges à elle qui sont gelées. Peut-être un peu des deux. Quand il prévient qu’il démarre l’opération, se concentrant sur un point auquel Mila ne fait pas attention, elle darde ses prunelles sur lui pour observer chaque mouvement de son visage. Il s’applique, c’est palpable. Elle peut pas s’empêcher d’avoir une vague d’appréhension ; malgré tout ce qu’il a dit elle sait pas trop à quel genre de sensation s’attendre, et ça l’inquiète. Mais elle reste immobile, et elle attend. Puis elle le sent. Ça s’insinue en elle petit à petit, comme une morphine dans ses veines et sa tête, comme si ses tourments se retrouvaient drainés. Son palpitant ralentit sa course effrénée, se calquant petit à petit sur un rythme plus convenable alors qu’elle sent comme un poids s’envoler de ses épaules. C’est étrange. Sa colère s’apaise, son angoisse se tait enfin. C’est comme si son volcan intérieur, constamment en train de bouillonner, entrait lentement dans un profond sommeil. Elle est pas habituée. Normalement elle se sent comme un chaudron ambulant, prête à dégueuler ses coulées de lave à tout moment. Mais pas maintenant. Dedans, ça devient le calme plat. Dedans, le chaos a enfin fermé sa grande gueule. Mila aussi.

Ses yeux croisent ceux du mutant, qui ont pris une teinte fluorescente tout sauf naturelle. Ça lui donne une allure mystique, loin du type lambda qu’elle a associé à sa tronche. Il lui demande comment elle se sent, et elle sait franchement pas comment répondre à cette question. C’est nouveau pour elle. Ça fait creux, ça fait vide, mais ça fait silencieux. « Calme. » La sensation est très bizarre. Elle associe toujours ce foutu ascenseur à une réminiscence de son passé, à des choses douloureuses – pourtant ça lui fait rien. Elle sait, elle se souvient, mais la rage n’est pas à sa place. La peur ne joue pas son rôle de poison. La tempête n’est pas dans son cœur ni dans sa tête, elle est nulle part si ce n’est dans ses souvenirs, c’est tellement lointain que ça lui semble être une autre vie. C’est comme si elle était une coquille vide – tout est là, sauf ce qui la caractérise si bien, sauf le brasier intérieur qui ne s’éteint jamais. Jamais sauf aujourd’hui. « C’est... spécial. J’suis la même, mais vide. » Ses sourcils se froncent à peine, faisant écho à la réflexion que son état provoque. Elle sait pas dire si c’est bien ou non. Une part d’elle-même sait que non, que sans son tourbillon habituel elle n’est plus Lyudmila, elle n’est qu’une carcasse dépourvue de ses entrailles. Mais une autre part peut pas s’empêcher de vouloir apprécier la chose, parce que pour la première fois de sa vie elle n’est pas sujette à une machine infernale, poupée désarticulée en proie aux flammes qui lèchent les moindres recoins de son esprit. « Les effets durent combien de temps ? » Sa voix est plus posée qu’elle ne l’a jamais été, et sa silhouette se complait dans une immobilité qui ne lui ressemble pas. Elle qui bouge constamment d’une façon ou d’une autre, elle qui ne tient pas en place plus d’une minute, elle qui a le visage tellement expressif que c’en est déroutant. Elle est juste impassible, lisse comme du papier glacé. Son regard soutient celui de Malachi, mais on n’y décèle plus rien. L’ambre de ses prunelles a perdu sa fougue, remplacée par un flegme qui ne lui ressemble pas. « J’me sens pas réelle. Un peu comme un fantôme. J’sais pas si c’est bien ou pas. » Sa dualité intérieure l’empêche de trancher et de décider si elle veut rester comme ça tant que dureront les effets ou si elle veut que Malachi rectifie le tir malgré les exigences qu’elle a formulé un peu plus tôt. Elle sait pas. Elle se sent comme une morte-vivante, une enveloppe qu’on a privée de son âme. Y a plus de chaos dans son cœur – juste une placidité au goût trop superficiel.

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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeMar 28 Avr 2015 - 17:12


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Malachi était conscient qu’une grande partie de la réussite de cette opération ne dépendait pas de lui, mais de Lyudmila et de sa capacité à lâcher prise. Sur cette dernière, il n’avait aucune emprise et si elle ne lui faisait lui faisait pas un minimum confiance, elle ne vivrait pas bien cette expérience. Alors que la jeune femme hochait la tête comme unique signe d’accord avec tout ce qu’il venait de dire, il remontait les manches sa chemise comme pour se donner un peu de courage : il avait beau avoir l’habitude de ce genre de petites performances, la situation n’en demeurait pas moins délicate, et il lui fallait toute sa concentration pour faire ce qu’il faisait. Après sa performance, il avait battu des cils comme s’il luttait contre l’évanouissement, mais c’était plutôt la lumière pourtant blafarde de l’ascenseur qui l’aveuglait : l’illumination de ses iris le rendait particulièrement sensible à la lumière, et il devait plisser les yeux pour que ces derniers ne se mettent pas à pleurer.
Il écoutait attentivement ce que la jeune femme avait à dire : il avait pourtant l’habitude de ce genre d’exercices, il le pratiquait même quasi quotidiennement, mais il était toujours curieux de savoir ce que ses « victimes », patients, qu’importe leur appellation, pouvaient ressentir après une telle expérience. Il ne pouvait pas s’appliquer son don à lui-même, pour la bonne et simple raison qu’il n’était pas capable de visualiser sa propre aura dans un miroir, comme un vampire dépourvu de son reflet émotionnel. Alors il engrangeait un maximum d’informations, de ressentis différents, pour être capable de pour l’expliquer à ses prochains sujets. Lyudmila le fixait sans vraiment le voir, sa respiration était redevenue calme, constante. Ses muscles semblaient s’être relâchés, ses sourcils n’étaient plus froncés, ses épaules étaient retombées, comme soulagées d’un sac à dos bien trop lourd pour elle. Elle se sentait Calme, jusque là, rien de surprenant, c’était exactement le but de la manœuvre. Il acquiesça doucement quand elle précisa qu’elle se sentait comme d’habitude, mais vide : Lyudmila était reconnue dans le groupuscule comme une jeune femme en colère. C’était une caractéristique inhérente à sa personnalité, cette rage qui nourrissait ses actions et ses décisions. Or, il l’avait temporairement effacé, elle avait beau savoir qu’elle devrait ressentir cette colère, elle ne la trouvait pas en elle.

- Je sais que ça peut paraitre surprenant, pour certaines personnes c’est même désagréable, parce que leur conscient ne comprend pas pourquoi leur subconscient ne suit pas. Notamment pour la peur, dans les cas de phobie ou de situation particulièrement dangereuse, le cerveau comprend qu’il devrait être inquiet, mais il ne reçoit aucune adrénaline, aucune corticotrophine, l’hormone de la peur et de l’anxiété. Un peu comme un ordinateur en bug…

Il prit un moment avant de répondre à la question de la jeune femme. Après tout, il n’y avait pas vraiment de réponse unique à cette dernière. Il répondit prudemment, ne lâchant pas les mains de la jeune femme des siennes.

- Ça dépend. Je peux tout arrêter maintenant, tout comme on peut laisser les émotions revenir par elles même petit à petit. Je préfère la seconde solution, c’est plus naturel.  En général, c’est le fait de ne plus être en ma présence qui dissous, mais c’est probablement parce que quand je suis là, je maintiens l’aura émotionnel de la personne dans la posture que je souhaite…

C’était pas très compréhensible comme explication, mais il ne pouvait pas faire mieux. Et puis au pire, elle ne l’écoutait qu’à moitié, il était à peu près sur de ça. Elle avait l’air complètement stone, apathique. Il aurait pu lui dire n’importe quoi, elle n’aurait pas bronché, il en était persuadé.

- Il n’y pas de « bien » ou de mal. C’est un peu comme un médicament : ça te soulage de quelque chose qui était douloureux à supporter. Et comme un médicament, il ne faut pas dépasser la dose, ni en prendre trop souvent. L’accoutumance se développe, malgré tout, très vite…

Il le savait mieux que quiconque, puisqu’il lui était arrivé, plusieurs fois, que certaines personnes recherchent sa compagnie, consciemment ou non, uniquement parce que la motiopathie du mutant les soulageait. Des gens instables émotionnellement, des bipolaires, des dépressifs, des traumatisés… Qui se sentaient presque toujours mieux quand ils s’approchaient de lui. Il en était arrivé parfois à devoir les éviter, ou leur faire peur, pour qu’ils arrêtent de le harceler. Bien sur, il ne doutait pas de la volonté de Lyu à redevenir, très vite, maitresse de ses émotions. Après tout, elle n’avait accepter la manipulation que dans une situation exceptionnelle…

Malachi lâcha finalement les mains de la jeune femme, pour essayer de se redresser malgré le léger vertige qui le prenait. S’adossant au miroir, il se massait les tempes en vérifiant que la couleur étrange de ses yeux se normalisait peu à peu. Il demanda, doucement, en se retournant vers la jeune femme toujours assise dans son coin.

- Pourquoi tu ne m’apprécies pas, Lyudmila ?

Question peut être rhétorique, peut être pas. Mais il s’avait que ce serait peut être sa seule réelle opportunité d’avoir une réponse claire et honnête de sa part …


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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeMar 5 Mai 2015 - 18:37

La sauvageonne en panique devient poupée désarticulée, les traits lissés par un calme olympien qui a jamais fait partie de sa personnalité. Mila c’est une source de hargne illimitée, c’est un volcan constamment au bord de l’éruption, une putain de bombe à retardement. Elle explose trop souvent à la gueule des gens et son petit manège reprend de plus belle parce qu’elle est un puits sans fond, une fois qu’on tombe dedans on en voit plus la fin, on sombre et on sombre et ça se termine pas, ça se termine jamais. Y a rien qui semble l’apaiser, même pas le sommeil qui la fuit comme la peste, ce traître qui la secoue toute les nuits en lui faisant remonter le palpitant au bord des lèvres. Le marchand de sable sait pas viser et les grains restent coincés dans sa gorge chaque fois que le ciel se fait aussi noir que la crasse sous ses ongles. Elle lui foutrait bien un coup d’arbalète dans la gueule à cet enfoiré, elle voudrait le réduire en charpie, en faire de la bouillie qu’on donne aux participants des concours canins. Mais y a personne à blâmer à part elle-même et ce qui se planque dans le fond de sa tête alors elle serre les dents et puis elle cogne. C’est un combat stérile qui aura jamais vraiment de point final, y a même pas de virgule pour respirer. Y en a jamais eu jusqu’à maintenant. Malachi est le pionnier, le premier capable de forcer une pause dans le cycle incessant de sa rage, le premier à faire taire l’orage qui gronde dans ses yeux et sous sa langue. Elle sait pas quoi en faire, de tout ça. C’est comme si elle venait de perdre son moteur et elle crachote comme une bagnole malade sous le capot, elle a les roues qui tournent plus rond et les phares qui se sont éteints dans le noir. C’est quoi son but, quand elle est plus en colère ? Quand elle a plus la rage de vaincre ? Elle sait pas. Elle en sait foutrement rien et ça sonne beaucoup trop vide dans son for intérieur.

Ses mots sortent calmement, y a presque quelque chose de robotique dans sa manière d’ouvrir la bouche et de se tenir. Elle est immobile et se tient droite, son regard se posant tranquillement sur Malachi. Il lui explique pourquoi la sensation est si étrange, elle hoche légèrement le menton. Elle se reconnaît dans ce qu’il dit – le décalage entre ce qu’elle devrait normalement ressentir, et ce qui la traverse réellement en cet instant ; autrement dit pas grand-chose. Une certaine perplexité face à tout ça, et une sérénité qui est absolument nouvelle pour quelqu’un comme elle. Alors forcément elle se demande combien de temps ça va durer, parce que ça a beau être plutôt nécessaire pour le moment, elle sait qu’elle veut pas rester comme ça trop longtemps. Y a quelque chose qui cloche, trop de néant en elle. Ça la soulage de savoir que c’est directement en lien avec Malachi – dès qu’ils seront sortis de là, leurs chemins se sépareront à nouveau et elle redeviendra elle-même. Mais elle peut pas se le permettre tant qu’ils sont bloqués dans ce foutu ascenseur. « Non, faut que j’reste comme ça. Sinon j’vais péter les plombs. C’est mieux de laisser les effets s’barrer tous seuls une fois qu’on sera plus ensemble. » Elle hausse vaguement les épaules, consciente que c’est la meilleure option dans le cas présent. Elle regrette pas d’avoir accepté que Malachi touche à son panneau émotionnel, même si c’est pas franchement agréable et que ça la perturbe énormément ; elle sait qu’elle sera rongée par le doute à cause du vide que ça cause en elle d’être dépourvue de sa colère latente. En attendant elle profite comme si c’était un moment de répit qu’on lui accordait, comme si elle pouvait vraiment respirer à pleins poumons sans s’asphyxier toute seule. Mais elle sait qu’elle risque pas d’en devenir dépendante – elle préfère avoir mal que se sentir vide, cette fois-ci est un cas exceptionnel.

Il se redresse finalement et elle l’observe faire, restant plantée à sa place sans bouger. Assise en tailleur, les bras posés contre ses cuisses, elle lève le menton vers lui quand il ouvre à nouveau la bouche. La question la surprend un peu ; elle s’y attendait pas et pour le coup elle sait pas trop quoi lui dire. Probablement que si elle était dans état normal, elle l’aurait envoyé chier dans les règles de l’art, avec autant de délicatesse que s’il était un vulgaire balai à chiottes. Mais elle est actuellement plus ouverte au dialogue, alors elle prend une seconde pour réfléchir sans le quitter du regard. « C’pas que je t’apprécie pas, j’te connais pas assez pour dire ça. J’ai juste pas aimé que t’essaies d’me contrôler. » Elle se souvient encore de ce jour où il a voulu se servir de son don sur elle, ça partait certainement d’une bonne intention à la base d’ailleurs, mais ça change rien à l’animosité que ça a éveillé en elle. « Les intrusions du genre, j’supporte pas. J’savais même pas en quoi consistait ta mutation exactement, mais j’t’ai quand même catalogué comme fouine à cause de ça. J’me méfie de toi. Moins, maintenant. » Probablement que cette expérience changera un peu sa vision des choses, puisqu’il a prouvé être de bonne foi et non pas un espèce de parasite comme elle le pensait. Ça veut pas dire qu’il est entré dans ses bonnes grâces ou qu’elle le prend pour un grand thaumaturge, mais elle a indéniablement une dette envers lui et puis elle a pu voir qu’il était loin d’être méchant. Comme on dit, y a que les cons qui changent pas d’avis.


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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeVen 8 Mai 2015 - 11:50


I'm not an enemy, ya know ?




Malachi ne l’avouerait probablement jamais, mais il préférait de loin la Lyudmila anesthésiée à l’espèce de dragon qu’elle avait l’habitude d’être en temps normal : Le professeur exécrait la violence, mais aussi les émotions fortes : pas qu’il était pusillanime non, enfin si, peut être un peu, mais parce que sans être empathe, la simple vue d’émotions violentes faisait office d’un coup de projecteur en plein dans les mirettes pour le motipathe. Et je peux vous dire que quand c’est à longueur de journée, c’est juste épuisant. Bien sur, les individus tout feux tout flamme étaient aussi ceux qui lui offraient le plus beau spectacle de couleurs émotionnels, surtout quand celles-ci étaient positives. Mais parfois, la compagnie d’individus avec le quotient émotionnel d’un ornithorynque était reposante, aussi. Et Lyu ne faisait pas partie de ceux là.

Malachi s’était redressé et regardait à présent sa montre : d’après ses estimations, les réparateurs ne devraient pas tarder à débarquer. Il avait suffisamment de jus pour « contrôler » Lyu pour encore une bonne dizaine de minutes sans trop de difficulté, après quoi il risquait de fatiguer un peu : il utilisait beaucoup, peut être trop son don en ce moment. Trop souvent, trop fort. C’était peut être pour cela qu’il était aussi fatigué en ce moment, cette utilisation presque constante devait lui pomper de l’énergie, et, pourtant, semblait lui couper l’appétit aussi. Lui pourtant si gourmand, n’avait pas touché un pain au chocolat depuis plusieurs semaines, occupé le jour avec ses cours, la nuit avec les allers et venues des mutants dans sa demeure. Il avait besoin de vacances probablement, mais ça, il s’était bien gardé de le dire à qui que ce soit. Ce n’était pas dans sa nature de se plaindre, de toute façon. Il hocha la tête à la réponse de la jeune femme, reprenant doucement :


- Alors tu risques de sentir tes émotions refluer doucement de temps en temps. Faut pas t’inquiéter, je les effacerai au fur et à mesure, dès que je les vois ressortir. Ça va te faire comme… Comme quand tu reprends une taff sur un joint alors que tu commençais à redescendre.


Bon, c’était très imagé, mais c’était l’idée la plus proche qu’il se faisait de l’effet de son don, sans se l’être vu appliquer à lui-même. Dès qu’il voyait un peu de couleur sombre se refléter dans l’aura si claire et paisible de la jeune femme, il lui suffisait de l’effacer, mentalement, pour replonger Lyu dans cette torpeur sereine dans laquelle elle était installée. Il était conscient que cette situation n’était pas durable, en tout cas pour quelqu’un comme la mutante : sa rage était certes une émotion dominante chez elle, mais c’était avant tout un trait de sa personnalité. En étant privée de celle-ci, c’était tout son équilibre qui pouvait être menacé. Plus vite ils se sépareraient, mieux cela serait pour la demoiselle, et Malachi espérait qu’elle n’ait pas trop de contrecoup de l’utilisation de son don : ce dernier était une bénédiction pour ceux qui s’y vautraient volontairement, et y lachaient totalement prises ; mais là, il sentait l’intellect de Lyu lutter avec ce qu’elle ressentait. Ce n’était pas sage de trop se questionner sous l’influence de son don…

La réplique de la mutante lui tira un demi sourire triste : il était vrai qu’il avait tendance à envoyer des … ondes de bien être aux gens, de manière un peu aléatoire, quand il voyait que ces derniers en avaient besoin. Ce n’était pas mal intentionné et, en général, les gens ne pouvaient pas deviner que cela venait de lui. Ils sentaient simplement le poids qu’ils avaient sur leurs épaules s’alléger, leur cœur se desserrer un peu. Ça ne lui coutait pas grand-chose, à lui, de faire ça, et si il pouvait illuminer la journée de quelqu’un, autant le faire. En revanche, qu’elle dise qu’il voulait la contrôler… c’était un peu fort. Il ne contrôlait pas les gens, ça n’entrait même pas dans la mesure de ses capacités. Il pouvait les influencer, à tout prendre, en les mettant dans les meilleures dispositions possibles, mais c’était tout. Mais bon, Lyudmila était du genre méfiante et peut être avait elle vécu son intervention comme une intrusion. Il lacha un laconique :

- Et bien, je ne le ferai plus. En tout cas sans demande expresse de ta part.

A peine ces mots prononcés, l’ascenseur se mit à vibrer comme un TARDIS entre deux espaces temps : les lumières grésillèrent un moment avant de reprendre leur luminosité normale, alors qu’un vague chatouillis dans le ventre leur indiqua que la machine infernale était enfin remise d’aplomb, et les faisait descendre jusqu’au Parking. Enfin. C’était pas que ça faisait bien une heure, mais presque …

Spoiler:
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MessageSujet: Re: spitting out the demons. (malachi)   spitting out the demons. (malachi) Icon_minitimeVen 15 Mai 2015 - 23:05

Plus les secondes s’égrainent et plus elle réalise que cet état lui convient pas du tout. Si ça semblait plutôt bienvenu au départ, comme un soulagement face à la situation et une drôle d’expérience en comparaison de ses émotions habituelles, ça devient franchement désagréable. Elle a l’impression d’être rien de plus qu’une vulgaire coquille vide, un truc cabossé qu’on peut balancer à la décharge parce qu’il a perdu toute utilité. La confusion s’insinue dans son esprit ; elle a beau rester calme voire limite apathique, ça l’empêche pas de se poser des questions et elle sait très bien qu’une fois revenue à son état normal, elle pourra pas se retenir d’y repenser encore et encore. C’est la remarque de Malachi qui l’arrache à ses pensées, et elle pose son regard sur lui en haussant vaguement les épaules. « J’vois pas trop c’que ça peut donner, j’ai jamais fumé d’joint. » Ou même fumé tout court, au final. Elle se tient à distance de tout ce qui ressemble de près ou de loin à une cigarette, la faute à tout ce que ça lui évoque et le picotement que ça lance au travers des cicatrices laissées sur son épiderme. Alors la comparaison l’aide pas des masses mais ça fait rien, elle se contente de ce qu’elle a et ça lui va très bien pour le moment – tant qu’elle est sûre de vite revenir à elle une fois qu’il sera plus là, le reste a plus trop d’importance. Même pas la promesse qu’il fait de plus tenter d’user de son don sur elle sans son accord ; elle hoche simplement la tête en guise de réponse mais elle est satisfaite de l’entendre et elle saura s’en souvenir.

Aucun d’eux n’a le temps d’ajouter un mot que l’ascenseur semble se remettre un mouvement, et Mila se redresse finalement pour venir coller son dos à la paroi, pas très loin de Malachi. « C’pas trop tôt, ils en ont mis du temps ces cons. » Comme quoi, même quand elle est sereine elle parle comme un camionneur, y a aucun espoir pour elle de ce côté-là. Du coin de l’œil, elle observe un peu son camarade, mais c’est pas vraiment de la méfiance dans son regard, plutôt une pointe de curiosité parce qu’il a réussi à un peu faire ses preuves envers elle. C’est comme montrer patte blanche pour prouver qu’il fait pas partie des loups prêts à la bouffer. Bien sûr elle baissera pas pour autant sa garde auprès de lui, mais elle saura être reconnaissante à sa façon, en lui épargnant son mépris et son agressivité, en lui montrant un minimum d’égard parce qu’il l’a gagné. Ça vaut pas un clou tout ça, c’est que du vent mais pourtant c’est comme une trêve qui se démarre, un terrain d’entente qui se crée. C’est pas grand-chose mais ça devrait soulager Malachi – il aura plus à encaisser les regards noirs et les mots durs de la sale gosse. Bras croisés contre sa poitrine, elle tourne les yeux vers les chiffres qui s’affichent pour les avertir des étages qu’ils traversent, et elle lâche un petit soupir. « T’es pas autant parasite que j’le croyais finalement. J’veux plus jamais refaire ce truc avec ton don, mais pour le coup y avait besoin donc... c’était cool. » Ça sonne un peu abrupt, un peu maladroit comme si elle savait pas trop quels mots utiliser et que ça voulait pas dépasser la barrière de ses lèvres – c’est sa façon de lui dire merci. Elle le dira pas explicitement alors Malachi en tirera rien de mieux, mais c’est déjà un bon début, elle a fait un effort et c’est plutôt rare. Mais même si elle sait qu’il lui a été d’une grande aide sur ce coup, elle meurt d’envie de le fuir ; à la fois pour dissiper les effets qu’il a sur elle, et aussi parce qu’il l’a vue en position de faiblesse au final, chose qu’elle déteste particulièrement. Au moment même où les portes métalliques s’ouvrent enfin, elle sort, s’attendant à ressentir une vague de soulagement ou quelque chose du genre mais c’est pas aussi intense qu’elle l’imaginait, certainement parce que sa panique n’est plus là pour être apaisée. Elle tourne la tête vers son acolyte d’infortune pour lui lancer un énième regard, à mi-chemin entre le respect et l’hésitation, puis c’est un hochement de menton qui tranche pour elle, faisant office de salutation. Tout ce qu’elle veut maintenant c’est déguerpir d’ici, reprendre le contrôle de ses émotions et essayer d’oublier ce qui vient de se passer, même si elle sait qu’elle y arrivera pas. Au moins elle a pris une bonne résolution : elle foutra plus jamais les pieds dans un putain d’ascenseur.

― the end ―
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