Crawling in my skin, these wounds, they will not heal. Fear is how I fall, confusing what is real. There's something inside me that pulls beneath the surface, consuming, confusing, this lack of self control I fear is never ending, controlling. I can't seem to find myself again.

I’m coming to get you.

Lorsque tu l’avais vu, tu avais failli tomber de ta chaise. Tu n’avais pas eu d’autres réflexes. C’était juste horrible. Impensable. Toi qui croyais que tu étais saine et sauf pour encore quelques mois, tu ne pensais pas que ça arriverait aussi rapidement. Aussi soudainement. Surtout, tu pensais que c’était un cancre en informatique. À croire qu’il avait appris de la meilleure, finalement, et qu’il ne faisait pas juste se tourner les pouces en te regardant faire. Il apprenait. Il prenait des notes. Puis il s’est perfectionné auprès de quelqu’un d’autre lorsque tu es partie, histoire de ne pas perdre la face et toute sa crédibilité de Hunter. Évidemment, Jack n’était pas là ce soir-là. Parti on ne sait où avec dieu sait qui. Alors lorsque le message s’était affiché sur ton écran, tu n’avais eu personne pour te rassurer. Tu avais tes mains sur ta bouche depuis cinq bonnes minutes et tu n’arrivais pas à détacher tes yeux des lettres qui éclairaient désormais la pièce. C’était une fenêtre qui s’était ouverte, rien de plus. Tu n’avais qu’à cliquer à côté et elle disparaîtrait très probablement. Bien sûr. C’était si facile de dire ça. Tu cliquais à côté et tous tes problèmes disparaitraient avec cette fenêtre. Comme si tu pouvais oublier tout ce que ces mots impliquaient désormais pour toi. Tu ne pouvais pas rester là. S’il avait passé tes défenses… Quoiqu’elles n’étaient pas maximales sur cet ordinateur-là, puisqu’il ne te servait pas à grand-chose normalement. Alors comment… ? Peut-être avait-il trouvé quelqu’un comme toi. Mon dieu.

Tu ne savais pas quoi faire. Tu savais que normalement, la chose à faire serait d’appeler Jack, ton colocataire et ami d’enfance. Il saurait quoi faire. Il a toujours été là pour toi et il ne pouvait définitivement pas te laisser dans un état pareil. Tu tremblais de tous tes membres et la crise de larmes n’était pas loin. Mais que pouvait-il faire ? Il ne comprendrait même pas. Tu devrais tout d’abord lui annoncer que tu es une mutante, ce qui est une conversation que tu ne veux vraiment pas avoir avec lui. Ensuite, il va falloir que tu lui racontes ce qui s’est vraiment passé avec ton père, ce qui n’est vraiment pas plus tentant. Il fallait quelqu’un qui comprenait. Il fallait quelqu’un qui savait. Et surtout qui ne virerait pas hystérique comme toi en ce moment. Et, tu ne sais vraiment pas pourquoi, mais le nom qui t’es venu en tête à ce moment-là, c’était Mika Johns. Ton voisin. Vous vous étiez raconté votre histoire respective lorsque vous aviez après à vous connaître un peu plus et que vous vous faisiez finalement confiance. Il savait ce qui s’était passé avec ton père, qu’il t’exploitait pour hacker les sites gouvernementaux et ainsi donner des informations aux Hunters par rapport aux mutants. Il saurait quoi faire. Ou en tout cas, s’il ne savait pas, il serait probablement disposé à t’aider, ou au moins te préparer un chocolat chaud et t’amener une couverture pour te rassurer. Ce qui était déjà mieux que l’option 1, qui était Jack et toutes les conversations désagréables s’ensuivront.

Tu attrapes donc ton téléphone, toujours tremblante, les yeux rivés sur l’écran de ton ordinateur. Tu as encore hésité quelques secondes. Vous vous connaissiez assez bien pour que tu saches qu’il était recherché activement par les Hunters et pour faire de la surveillance informatique pour lui, supprimant toute information directement liée ou non à lui. Mais en même temps, vous n’étiez pas les meilleurs amis du monde et vous étiez loin d’être inséparables. Ne devrais-tu pas appeler quelqu’un de plus proche de toi, de plus impliqué ? Peut-être était-ce le fait que Mika ne l’était pas vraiment qui a fait que c’est lui que tu as appelé. Qu’il serait impliqué seulement parce que tu étais une mutante comme lui et, vu que tu le protégeais du mieux que tu pouvais, il pouvait bien te rendre la pareille pour cette fois-ci. Tu devais parler à quelqu’un qui avait vécu la même chose. La peur d’être retrouvé, la peur de finir entre les Hunters. La fuite. Tu voulais avoir ses conseils, s’il pensait que tu pouvais rester ici ou si tu devais partir. De toute façon, après avoir terminé ta crise d’hystérie, tu pourras penser clairement et tu finiras bien par être capable d’analyser plus sereinement les prochaines actions de ton père. Tu composes finalement le numéro de chez Mika, sentant ton cœur battre à tout rompre alors que tu entends la sonnerie. Il décroche finalement.

« Mika ? C’est Abby. Je… Je suis dans la merde. Tu… Tu peux venir ? »

Quand il s’est finalement pointé à ta porte, il a dû comprendre l’urgence de la situation à ta tête traumatisée. Tu l’attrapes par la main et tu le traînes devant ton ordinateur, où le message est encore là, menaçant. Il comprendra. Tu sais qu’il verra tout les problèmes que ces quelques mots peuvent engendrer.

Wash the sorrow from off my skin
and show me how to be whole again, because I'm only a crack in this castle of glass. Hardly anything there for you to see. For you to see.

I’m coming to get you.

Un silence de mort s'était installé dernièrement entre Pam et son frère Mika. Attrapant du pain pour essuyer son assiette de la sauce de viande qui était resté, ce dernier écoutait sans lancer un quelconque regard à Finnigan qui leur parlait. Elle essayait tant bien que mal de lancer une quelconque conversation, sur ce qu'il y avait à la télévision ce soir, sur la nuit qui commençait à tomber, sur le dîner de ce soir, mais les deux jeunes qu'elle hébergeait depuis un petit moment maintenant étaient silencieux comme une tombe. Mika n'avait même pas daigné regarder sa sœur une seule fois depuis le début du repas, sinon il savait qu'elle allait lui demander de suite ce qu'il avait fait jusqu'à si tard, arrivant en retard pour le repas. Il n'allait surement pas lui parler de son ami Elijah, ni même de ses petits travaux dans un supermarché ou comme livreur chez Abby. Elle se poserait trop de question et ça finirait par l’agacer. Depuis leur arrivée à Radcliff ils s'étaient quelque peu éloignés l'un de l'autre, Mika ayant décidé de faire sa vie de son côté. Il voulait travailler, et peut-être un jour se lancer dans des études, choses qu'il n'avait pas eu le temps de faire durant ses périodes de fuites avec sa sœur.
Soudain le téléphone se mit à sonner, obligeant tout le monde à lever la tête de leurs assiettes. Finnigan se mit à râler en se demandant qui pouvait bien les appeler à cette heure-ci, mais Mika avait bien senti un souffle de soulagement dans sa voix en entendant la sonnerie briser le silence. Elle voulue se lever pour voir qui c'était, mais le jeune homme la coupa dans son élan en lui proposant d'aller chercher le fromage en attendant. Il se leva alors de la chaise en courant presque jusqu'au téléphone, et vit le nom d'Abigail s'afficher sur le petit écran. Il fronça un moment les sourcils, que pouvait-elle bien vouloir ? Du travail le soir ? Elle était censée être chez elle avec son colocataire Jack, elle n'avait jamais appelée aussi tard. Mika se dépêcha tout de même de décrocher avant la fin de la sonnerie, et entendit de suite la voix d'Abby, cassée par des sanglots : « Mika ? C’est Abby. Je… Je suis dans la merde. Tu… Tu peux venir ? » Il pensa de suite à un grave problème, du genre avec des Hunters. Sans attendre il raccrocha après avoir dit qu'il se dépêchait, et laissa sa sœur et Finnigan dans une totale incompréhension, attrapant son manteau au passage pour sortir en trombe de la maison sans demander son reste. La maison d'Abby n'était pas très loin, une rue plus loin. Il se mit à courir dans tout le quartier, avant d'arriver en face de chez son amie où il sonna. Ce n'était pas Jack qui ouvrit, comme il pouvait s'en douter il ne devait pas être là pour qu'Abby l'appel comme ça, mais après peut-être était-ce à son sujet le problème ? Il se serait disputés ? Jack aurait des problèmes ? Ce ne serait pas étonné venant de lui en même temps, mais bon. Non, c'était la jolie tête blonde de son amie qui lui ouvrit, toute affolée et en larme. Elle le traina rapidement jusque dans son salon pour le mettre en face de son écran d'ordinateur et lui laisser le temps de réaliser ce qu'il se passait :


En lisant la signature, celle de son père, Mika se mit à souffler très fort, mettant ses mains derrière la tête pour montrer qu'il était complétement perdu. Il savait à présent que son amie était vraiment dans la merde, et que son père savait des choses. Si il avait apprit à envoyer ce message sur son ordinateur, il n'aurait aucun mal à retrouver la maison où habite sa fille. De ce qu'elle avait dit sur lui c'était un grand malade, un Hunter, qui s'était longtemps servie d'elle pour retrouver la trace des Transmutants et des informations sur eux. Elle avait jusqu'ici réussie à s'échapper de ses griffes et se faire perdre de le vue. Mais ce soir-là, il l'avait retrouvé. Tachant d'être fort et de ne pas s’effondrer sous les yeux de son amie, Mika l'approcha de lui pour la serrer dans ses bras et la réconforter. Ce n'était pas tant rare que ça que chacun des transmutants à Radcliff se retrouvait un jour ou l'autre plus proche de la mort que d'habitude. Abigail avait beaucoup fait jusqu'ici pour lui, il était temps qu'il fasse pareil pour elle. Elle ne l'avait pas appelé pour qu'il se défile en voyant le message, et reparte en fuyant presque.

« Pour l'instant il faut garder ça pour toi. N'en parles à personne, on ne doit savoir que ton père te recherche. Tes connaissances peuvent parfois être tes pires ennemis. »

Tout deux en savaient quelque chose. Peut-être même que c'était quelqu'un qu'Abigail fréquentait tout les jours qui avait mit sur la piste son père. Radcliff semblait être un coin tranquille à première vue, mais tout le monde fréquentait les hunters et les transmutants sans le savoir. Tout le monde cache de plus en plus son identité aux yeux des autres. Peut-être que Monsieur Taylor était peut-être plus proche qu'ils ne le pensaient, prêt à frapper à la porte. A cette idée, Mika se précipita vers la porte pour la fermer à clé, allant ensuite aux fenêtres pour les fermer elles aussi, puis jusqu'à l'ordinateur où la fenêtre était encore ouverte avec le mot inscrit en grand. Il frissonna en le voyant de nouveau, puis se mit à quatre pattes par terre pour débrancher rapidement le fil de l'ordinateur, le coupant entièrement. Il se redressa pour regarder à présent l'écran noir. Un silence s'installa un bon moment dans la pièce. Mika écoutait tout autour, mais rien ne semblait proche d'eux. Il pouvait seulement sentir la présence d'Abigail près de lui, avec cet aura de transmutante qu'il pouvait ressentir. Peut-être que bientôt il pourra ressentir les sentiments qu'il dégage, comme la peur. Se retournant enfin vers elle, il la bougea jusqu'à son siège pour qu'elle puisse s'y reposer un moment et reprendre un peu ses esprits.

« Je vais rester ici ce soir. Je n'ai pas envie de te laisser toute seule, ça pourrait être dangereux. »

Et si Jack rentre, ils prétexteront une excuse totalement fausse, comme une soirée pyjama, ou Mika qui se serait échappé de chez lui après s'être disputé avec sa sœur. Un truc débile mais dont le colocataire pourrait accepter sans trop se poser de question. En attendant, ils n'étaient que tout les deux, et il fallait qu'Abigail se coupe un peu des ordinateurs pour le moment. Même avec ses talents, et surtout son don qui l'aidait pas mal, elle n'était pas à l’abri de se faire prendre : la preuve. Mika regarda une dernière fois son amie avec un sourire qui essayait de rassurer, puis se dirigea vers la cuisine pour trouver quelque chose à boire comme du café ou du lait chaud. Quelque chose qui pourrait faire du bien à Abby, qui en avait bien besoin.

Crawling in my skin, these wounds, they will not heal. Fear is how I fall, confusing what is real. There's something inside me that pulls beneath the surface, consuming, confusing, this lack of self control I fear is never ending, controlling. I can't seem to find myself again.

I’m coming to get you.

Tu allais t’effondrer bientôt, c’était inévitable. Ton coeur se levait, te donnant la nausée. Il battait si vite dans ta poitrine qu’elle aurait pu exploser. Tu ne comprenais pas. Il n’était pas supposé venir aussi vite. Il était supposé t’oublier, comme ta mère avait fait. Tu n’avais pas parlé à tes parents depuis que tu étais partie d’Angleterre et ce, pour des raisons évidentes. Tu aurais probablement pu entrer de nouveau en contact avec ta mère, mais tu n’as jamais voulu prendre ce risque, sûre que ton père finirait par retracer ton message. Tu n’étais pas la seule à avoir des ressources insoupçonnées, apparemment. Il n'aurait pas pu trouver une meilleure façon de t’effrayer. Non seulement il avait réussi à localiser ton ordinateur, mais il avait réussi à s’y infiltrer et à y inscrire un message. Et pas n’importe lequel. Un avertissement, une menace à peine dissimulée. Tu pouvais le voir jubiler d’ici, ton père, si content de son coup, si fier de t’effrayer autant. Parce qu’il devait bien se douter quel effet cela te ferait de recevoir un tel message. Peut-être ne comptait-il même pas venir à Radcliff. Mais il savait très bien où tu étais et tu avais l’impression que tu ne contrôlais plus ta vie. C’est lui qui l’avait entre ses mains et il en faisait ce qu’il voulait. Tu n’étais qu’un pion dans son échiquier, et si tu lui étais encore utile, il viendrait te chercher. Sinon, il te laisserait dans la peur d’être retrouvée, dans cette angoisse qui t’étreignait en ce moment le cœur. Et ça lui faisait plaisir, tu le savais, tu le sentais.

Tu avais appelé Mika. Tu n’avais pas su quoi faire d’autre. Tu n’arrivais pas à réagir correctement, à avoir une pensée cohérente. Sinon tu aurais fais quelque chose, tu te serais ressaisie, tu aurais fait ce qu’il fallait. Mais en ce moment, tu avais besoin de quelqu’un d’autre pour penser à ta place. C’était si étrange, toi qui normalement t’arrangeait pour te sortir de situations compliquées, tu n’arrivais pas à voir comment tu pouvais te sortir de celle-là. Les solutions que tu envisageais étaient beaucoup trop extrêmes à ton goût. Tu te plaisais à Radcliff, tu t’étais fait quelques amis, une petite renommée d’informaticienne plutôt douée pour te faire vivre. Et tu vivais plutôt bien, en fait. Tu n’avais aucune envie d’aller t’installer au fin fond de l’Alaska pour fuir ton père. Mais avais-tu le choix ? S’il venait vraiment ici, ne mettais-tu pas tous tes amis mutants en danger aussi ? Tu sais qu’il y a des Hunters un peu partout, à Radcliff aussi. Tu en côtoies probablement sans le savoir. Mais ton père ? Tu sais. Tu le sais, que c’est Hunter. Tu sais ce qu’il pense de toi, et de tous les autres sur cette terre qui ont la malchance d’être comme toi. Des mutants. Des monstres, d’après lui. Et têtu comme il est dans ses opinions, ce n’est certainement pas un élan soudain d’amour pour sa fille qui l’arrêtera.

Tu avais mené Mika devant ton ordinateur. Il avait compris. Tu savais qu’il comprendrait. Puis, il t’as pris dans ses bras et tu l’as serré très fort contre toi, refusant de le lâcher. Il était ton seul repère, ce soir, le seul qui avait la force de faire quelque chose, le seul qui accepterait de se mettre dans la merde avec toi. Tu lui en devrais toute une après ce soir-là, mais tu t’en fichais. Tu avais besoin de lui, et l’amitié que tu ressentais à son égard effaçait tout le reste. Certes, il te rendait des services pour ton entreprise lorsque tu avais besoin d’aide, et en échange tu lui donnais quelques sous et tu surveillais la toile pour toute information à son sujet, supprimant tout ce qui s’y rapprochait de proche ou de loin. Mais, en-dessous de ça, tu le faisais pour lui, pour l’aider, parce que tu ne supportais pas l’idée qu’il lui arrive quoique ce soit. Tu t’étais attaché à lui et il comptait beaucoup pour toi. Et ce soir, tu avais terriblement besoin de lui.

« Pour l'instant il faut garder ça pour toi. N'en parles à personne, on ne doit savoir que ton père te recherche. Tes connaissances peuvent parfois être tes pires ennemis. » Tu le lâches finalement, acquiesçant. Il avait raison et tu le savais. C’était exactement pour cette raison-là que c’est lui que tu avais appelé. Pour qu’il te rappelle tout ce que tu savais déjà, pour qu’il te rassure, pour qu’il prenne les choses en main. Tu te sentais comme une gamine qui avait fait un affreux cauchemar et qui n’arrivait pas à s’en sortir, même réveillée. Le voir prendre les choses en main était rassurant et tu repris finalement ton souffle, tentant de reprendre tes esprits. Tu le regardes s’affairer autour de la maison, fermer la porte à clé, fermer les fenêtres, carrément débrancher l’ordinateur. Bien sûr. Tout ça était logique, et pourtant tu n’aurais jamais pu y penser toi-même. Ton corps était tétanisé et tu ne faisais que le regarder. Tu savais qu’il faisait de son mieux compte tenu de la situation, mais pour toi, il avait l’air d’un type qui passe sa vie à gérer des crises. Un vrai professionnel. Et cette assurance, même si c’était probablement une illusion, elle t’apaisait. Parce qu’au moins l’un de vous avait encore une tête sur les épaules pour prendre des décisions.

« Je vais rester ici ce soir. Je n'ai pas envie de te laisser toute seule, ça pourrait être dangereux. » Il t’installe dans ton fauteuil, et tu ne sais pas pourquoi, mais tu éclates en sanglots. Tu avais réussi à te retenir jusque là, mais tu n’y arrives plus. Ça aurait dû te déranger, et pourtant tu t’en fichais. Tu savais que Mika ne dirait rien. « Merci. Juste… Merci, » chuchotes-tu finalement. Tu attrapes la couverture qui se trouve sur le dossier et tu te pelotonnes dedans. Tu finis par te calmer, les yeux rougis et les joues encore humides.

Tu allais vivre, au moins cette nuit. Tu regardes finalement Mika, qui a l’air de te préparer quelque chose dans la cuisine. Tu hausses légèrement la voix pour qu’il t’entende. « Je suis désolée de t’avoir appelé. C’est juste que… Ça me semblait être la meilleure solution. Une pause, un petit silence, puis tu reprends la parole. Je te fais confiance, tu sais. »

Wash the sorrow from off my skin
and show me how to be whole again, because I'm only a crack in this castle of glass. Hardly anything there for you to see. For you to see.

I’m coming to get you.

Bondissant sur ses pieds, Mika entra dans la cuisine. Il la découvrait pour la première fois, n'étant jamais allé plus loin que le seuil de la porte. L'endroit était plutôt bien rangé et assez moderne, ça changeait du côté rustique de la cuisine de Miss Finnigan. Il pensa un instant à elle tout en ouvrant la porte du réfrigérateur : il était parti sans leur dire où il allait, avec aucun moyen de communication, peut-être qu'à l'heure qu'il était elles étaient en train de s'inquiéter ? Il s'en voulait un peu de ne leur avoir rien dit, mais de toute façon il ne pouvait pas se permettre de partir comme ça en laissant Abby toute seule chez elle juste pour prévenir deux secondes sa famille que tout allait bien. Elles le retrouveront demain, si tout va bien. Alors elles devaient juste attendre et c'est tout. Mais connaissant sa sœur, il la voyait déjà regarder à qui était le numéro et chercher où habite Abigail en regardant tout les coins de la rue de la ville. Juste pour le retrouver et le ramener. Mika soupira, il avait vraiment l'impression parfois d'être son fils. D'accord il est bien plus jeune qu'elle, mais il a eu 18 ans il y a quelques mois, il est en âge de se prendre en main tout seul.
Attrapant la brique de lait, il chercha un moment les verres dans les placard et versa le liquide dedans. Il le rempli au 1,5/3 comme il avait l'habitude de faire pour ne pas que le lait se renverse facilement sous un mauvais réflexe. « Je suis désolée de t’avoir appelé. C’est juste que… Ça me semblait être la meilleure solution. » Mika était en train de se diriger vers le micro-onde quand elle s'excusa. « Non, ne t'excuse pas, tu as bien fait. » Même si dans un moment pareil il vaut mieux ne rien dire de peur que les bruits circulent et que l'on se fasse prendre, appeler quelqu'un qui vit un peu la même situation est parfois une bonne chose. Mika n'allait surement pas faire vendre son amie à son père pour 'sauver sa vie' en échange, ce serait stupide. Un silence s'installa alors, durant lequel Mika écoutait le bruit du micro-onde qui faisait tourner le verre. Reprenant celui-ci, avec le lait bien chaud, il chercha en vitesse du sucre et sorti un petit morceau qu'il mit de suite dans le liquide encore bien chaud, tournant le tout à la cuillère pour bien faire fondre le sucre. Une fois prêt, il sorti de la cuisine pour se diriger vers Abigail qui lui lança alors presque tout bas : « Je te fais confiance, tu sais. » Mika se mit à sourire, intimidé par ces mots. C'était la première à lui dire ça, peu de monde n'avait sorti ça. La 'confiance' était quelque chose d'impossible pour un transmutant comme lui qui est constamment en danger. Mais peut-être bien que, parce qu'elle est comme lui dans cette même galère, elle lui fait confiance, et ils se comprennent. « Tu ne devrais pas, les transmutants sont très dangereux. » Il avait dit ça de manière très ironique, mais avec une petite pointe d'humour pour détendre l'atmosphère. Mettant la cuillère dans sa bouche, il finit par tendre le verre de lait chaud vers son amie et lui dire :

« Recette de grand-mère. Tu vas voir, ça fait du bien. »

Mika aimait beaucoup le lait chaud et sucré, à boire sans modération. Le premier soir de sa fuite, après avoir fui leur maison en feu avec sa sœur, ils s'étaient cachés chez leur grand-mère qui habitait dans la même ville. Celle-ci, pour leur enlever un peu de stress, leur avait fait du lait chaud et sucré comme celui-ci. Ça avait tellement réchauffé Mika, qu'il s'était de suite calmé malgré les événements. Il avait l'impression d'aider quelqu'un à cet instant précis, se mettant en danger pour les autres. Peut-être était-ce quelque chose qu'il ressentait au fond de lui, mais il a ce besoin d'être toujours là pour les autres. Le fait de les voir s'en sortir et sourire après tout ce qu'ils ont parcourus, ça le rend heureux. Surement parce qu'il sait ce que ça fait de se sentir aider ? Même si il s'en veut de mettre sa sœur dans de sacré pétrin par sa faute, il est toujours rassuré de la voir prêt de lui quand il a des problèmes, là pour le calmer, là pour tout résoudre. Abigail tremblait presque, et elle peinait à se remettre de ses émotions. Assis sur une chaise à côté d'elle il ne pouvait que la regarder en silence boire sa boisson chaude entourée par une chaude couette. Ce qu'elle avait vécue avec son père n'était surement pas à revivre, elle avait fui pour se sortir de cet enfer. Et aujourd'hui celui-ci la poursuivait. Sans trop réfléchir, et triste de la voir comme ça, Mika posa sa main sur la sienne qui ne tenait pas le verre, la caressant doucement tout en la regardant avec un petit sourire. Si il avait pu, il aurait été allé au collège puis au lycée en se faisant plein d'amis. Les seuls qu'il s'était fait était les enfants de la rue et les quelques transmutants qui osait l'approcher et chercher un peu de réconfort chez quelqu'un qui les "voyait".

« Si tu n'as pas envie de parler de ce qu'il vient de se passer, n'en parlons pas. Pour l'instant on va essayer d'oublier tout ça et se détendre. »

Il tourna un instant la tête de gauche à droite pour voir ce qu'il se trouvait autour d'eux. Un salon comme les autres, avec des étagères, un canapé, une petite table, et .. l'ordinateur.

« On peut s'occuper ? Tu veux faire quelque chose ? »

Dans un moment comme celui-là le silence fait bien plus peur que d'habitude. Un silence de mort. Mika savait ce que c'était que de se cacher en évitant de respirer de peur de se faire retrouver. Mais pour l'instant le danger n'était pas là. Peut-être bien que son père est encore à plusieurs kilomètres d'elle. Peut-être qu'il ne se passera rien ce soir. Ni même demain, ni même durant toute la semaine qui viendra. Et peut-être même encore après et après. Peut-être qu'Abigail ne retrouvera pas son père. Mais ça, même si ils le voulaient, aucun des deux ici présent, sur leurs chaises, n'y croyait. Le vent soufflait fort dehors. La nuit était tombée à présent.