« … Vous êtes en train d’écrire ? » Il est encore là. Il ne risque pas de partir. Il ne risque pas de fuir parce qu’il semble intéressé par ce qu’elle est en train de faire.
Son visage lui est familier, mais elle ne sait pas. Elle n’a pas l’impression de le connaître. Ses phalanges se posent sur le dos de son écran et elle ferme son portable après avoir enregistré ce qu’elle était en train de faire. Hors de question de perdre ses écrits. Des semaines, des mois de travail. Ça n’a rien de facile. Elle a parfois ce foutu syndrome de la page blanche qu’elle n’arrive pas à combler.
Un semblant de sourire qui passe sur ses lèvres alors qu’elle penche la tête sur le côté pour détailler les traits de son visage. Elle a besoin d’une pause de toute façon, à force de fixer l’écran de son ordinateur, elle à cette impression que sa tête va imploser. « Vous êtes détective?» Le sarcasme qui roule contre sa langue, qui se mélange avec cet accent qui fait qu’elle ne parle pas comme la majeure partie des gens. Norvégienne, elle garde ses racines puisqu’elle parle encore sa langue natale de temps en temps. « Oui, je suis en train d’écrire.» Elle va sûrement lui faire peur à se montrer peu aimable. À force de solitude, elle a oublié comment se montrer douce, se montrer gentille. « Votre main va bien?» Son regard dans le sien. Cette impression de le connaître, mais elle ne sait pas. Elle. Elle signe Moriarty, mais il a sûrement dû la reconnaître à cause des photos ou parce qu’elle a signé son livre.