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 raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan

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MessageSujet: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeDim 4 Mai 2014 - 21:22


raise, aim and shoot
" nora & lorcan "
BAM BAM BAM. Trois coups, trois sons nets, transperçant le silence du matin. Nora abaissa son arme, son visage de marbre à la vue de la cible déchiquetée. Cette dernière, grâce au mécanisme qui se trouvait au plafond, laissa sa place à une autre, tout neuve, le carton reflétant la lumière des néons. Nora reposa l’arme à la place habituelle et laissa échapper un soupir avant de se diriger vers l’entrée du petit bâtiment. La routine du matin, ce n’était rien de plus à ses yeux. Tirer une arme à feu, c’était devenu aussi banal que manger des céréales à ses yeux. Rien de très dramatique – et rien de très difficile, du moins pour elle. Mais il était vrai qu’elle avait de nombreuses années de pratique. Dans les stands de tir, et sur le terrain aussi. Des cibles en carton, ça c’était facile. Se retrouver devant un visage humain, haïneux peut-être, ou apeuré, ou en pleurs, et devoir appuyer sur la gachette – ça, ça c’était difficile. Mais ça s’améliorait avec le temps, et c’était quelque chose qu’elle s’éternisait à dire à tous ceux qui lui posait une quelconque question en venant s’entraîner à tirer – le temps. Le temps, la pratique, ça améliorait toute chose, incluant le tir. Elle en savait plus que quelque chose. Passant une main dans ses cheveux encore légèrement humides de sa douche, Nora s’empara de son trousseau de clé et s’affaira à débarrer les portes. Elle en profita pour jeter un coup d’oeil dehors – le ciel était gris, et une pluie fine tombait. On la voyait à peine traverser le ciel pour s’écrouler sur l’asphalte, mais la lourde humidité indiquait qu’elle était bien là. Cela faisait quelques jours qu’il pleuvait, et que le soleil ne s’était pas montré. Il faisait souvent une belle température à Radcliff, mais le temps de ces derniers jours semblaient s’harmoniser avec le moral général de la ville. La nouvelle élection de ce Lancaster, oui, ça ne pouvait rien dire de bon pour les mutants. Déjà que leur vie devait être difficile – traqués constamment comme des animaux par les hunters, ces imbéciles braquant leurs AK47 comme des jouets – non, Nora se doutait que la situation ne pouvait qu’empirer. Non pas qu’elle voulait se joindre à cette guerre, bien au contraire. Elle se tenait bien loin des conflits, observant le tout comme simple spectatrice. Elle avait combattu bien assez déjà. Elle avait remplie son devoir. Elle serait bien prête à se battre pour ceux qui en valaient la peine – elle en connaissait, des mutants, qui étaient bien gentils, elle en avait même pris certains sous son aile. Mais elle ne voulait pas débuter une vie essoufflante, à toujours regarder par-dessus son épaule. Elle ne voulait pas qu’on la traîte de traître dans son oreille au supermarché – ça, elle en avait eu plus qu’assez. Cette époque là était révolue pour Nora. Elle voulait se reposer. Mener sa petite vie, tranquille, à manger des gâteaux de sa boulangerie favorite et à enseigner aux talentueux et moins talentueux comment tirer une arme.

Le stand de tir n’était pas particulièrement populaire – bien que l’achalandage ait augmenté considérablement depuis quelques années. Oui, la guerre était menaçante, et Nora comprenait que le désir de vouloir comment se défendre devait être fort chez certains. Elle aurait fait pareil, n’aurait-elle pas déjà passé des années à s’entraîner. Alors les clients allaient et venaient, certains une fois par semaine, certains juste une fois, certains tous les jours. Et elle était là, pour redresser leur poignet, replacer leur coude, leur donner des conseils. C’était une petite affaire qui marchait bien, et qui l’arrangeait bien. Elle était dans son élément – elle n’aurait certainement pas commencé à travailler dans une pharmacie ou dans un hôtel. Malgré tout, le coeur de Nora battait pour un peu d’action, et le son des armes se déchargeant sur de pauvres cibles de carton était sa propre petite idée du bonheur de banlieue. Elle débarra donc les portes, retourna la petite pancarte affichant “ouvert” et retourna vers son bureau. Elle ouvrait tous les matins du lundi au samedi à 9h, mais personne n’arrivait vraiment avant les alentours de 11 heures. D’içi là, elle pouvait siroter son café tranquille, nettoyer les armes, ou bien se pratiquer.

Mais ce matin-là, la petite sonette se déclencha aux alentours de 9 heures 30. Intriguée, Nora se redressa rapidement. Ses réflexes étaient toujours présents – elle ne les contrôlaient pas. Elle regarda donc en direction de la porte d’entrée de son bureau et aperçut une tête bien connue. Esquissant presque un sourire, elle déposa le pistolet qu’elle était en train de nettoyer pour s’approcher du jeune homme – Lorcan Wolstenholme. C’était un habitant de Radcliff, de cinq ans son cadet. Il venait relativement souvent au stand de tir pour se pratiquer. Nora l’aimait bien – il était toujours tranquille, et il travaillait bien. Elle appréciait discuter avec lui, il était poli, c’était un élève posé et réfléchi. Il ne faisait pas comme certaines personnes, qui tiraient n’importe comment et croyaient l’avoir dans la poche. Au contraire, il écoutait Nora, et elle appréciait lui enseigner – elle aimait voir ses progrès. “Bonjour Lorcan” dit-elle en lui souriant doucement. Elle mis ses mains sur ses hanches, désignant les cibles. “Tu es de bonne heure, dis donc. Besoin de tirer sur quelque chose ?”


Dernière édition par Nora Brekke le Dim 8 Juin 2014 - 20:06, édité 1 fois
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Lorcan Wolstenholme
Lorcan Wolstenholme

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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeMer 7 Mai 2014 - 0:29


La nuit avait été courte. La veille, Lorcan avait passé la soirée chez son père, avec ses deux sœurs, pour ce qui aurait du être un simple repas familial sans histoires, mais qui avait été un calvaire pour le jeune homme. Comme souvent, la discussion avait rapidement dévié sur les transmutants et sur les hunters, Aleska émettant une nouvelle fois son impatience à rejoindre la caste des tueurs, tandis que Lorcan se refermait comme une huître dans son mutisme. Il ne parvenait pas à faire semblant au point de suivre l’enthousiasme de sa jumelle pour les hunters, et il savait que son père finirait bientôt par le prendre entre quatre yeux pour lui demander franchement s’il n’était pas en train d’avoir des doutes sur son futur. Soit, Lorcan avait des doutes, il avait même préparé tout un argumentaire à présenter à son père quand le moment serait venu, pour ne pas se retrouver désemparé sous son regard. Il pouvait mentir, ce n’était pas un problème, il devait simplement avoir suffisamment de matière dans ses mensonges pour que cela ne soit pas suspect. Mais son père ne lui avait rien demandé de tel, il avait simplement couvert Aleska d’éloges sur ses progrès, puis s’était tourné vers lui et lui avait donné ce regard terrifiant, que Lorcan ne pouvait pas supporter. Celui qui signifiait « et toi, est-ce que tu fais encore des efforts pour être digne de cette famille ? ». Car même si Lorcan n’avait plus envie de fournir aucun effort pour devenir hunter, il était toujours un Wolstenholme, il faisait toujours partie de la famille, et la dernière chose qu’il souhaitait, c’était d’être mis à l’écart. Il avait recherché – et bien souvent obtenu – la fierté de son père toute sa vie, il ne souhaitait pas être soudain l’objet de son mépris. Mais cela arriverait, fatalement. Le jour où sa mutation serait dévoilée, il y aurait bien pire que de la simple déception dans le regard de son père : ce serait du dégoût et de la haine. Cette peur prenait Lorcan aux entrailles plusieurs fois par jour, et durant cette soirée, il s’était senti à nouveau plus bas que terre. Il était parvenu à trouver des excuses en invoquant ses études et son petit boulot, et il ne s’en était pas si mal sorti, finalement, car son père avait fini par détourner le sujet sur quelque chose de plus anodin. Mais le mal était fait, et Lorcan pu sentir le mal de crâne familier poindre sous sa peau, la pression de son sang s’accentuer dans ses veines, et tout le reste de la soirée, il avait bataillé ferme pour garder le contrôle de cette malédiction qui semblait vouloir jaillir de son corps à chaque fois qu’il perdait la maîtrise de ses émotions. Il ne pouvait pas se permettre de perdre pied devant les membres de sa famille, pas encore. Quand ils s’étaient finalement quittés, Lorcan avait fuit les questions d’Aleska, qui n’avait pas manqué de remarquer son malaise, et il était rentré rapidement chez lui pour s’enfouir sous sa couette. Mais le mal de tête ne s’était estompé que très tard dans la nuit, et il s’était finalement endormi, épuisé et mort de peur.

Quand il s’était réveillé, il n’avait pas l’impression de sentir bien plus reposé qu’en se couchant, mais au moins ses pouvoirs s’étaient calmés et ne semblaient pas vouloir le torturer immédiatement. Mais il gardait un souvenir cuisant de la veille, un malaise qui ne s’effaça ni sous la douche, ni après avoir englouti son petit déjeuné, et Lorcan attrapa finalement son sac, se décidant à faire quelque chose de constructif de sa matinée plutôt que de rester enfermé à ruminer ses pensées noires. Il n’avait cours qu’en fin de matinée, et il se dirigea sans hésitation vers le club de tir, qu’il avait un peu évité depuis quelques semaines. Il n’aimait pas franchement les armes à feu, et il était loin de briller comme sa sœur dans cette discipline, mais son père viendrait sans doute lui demander ses résultats dans les jours à venir, il valait mieux qu’il ait quelque chose à lui présenter s’il ne voulait pas subir à nouveau la pénible scène de la veille. « Bonjour Lorcan. » La voix chaleureuse de Nora l’accueillit dès qu’il entra dans le club, tirant un sourire au jeune homme. « Bonjour Nora. » Nora était la seule chose qu’il appréciait, ici. Loin de ressembler aux hunters brutaux et pour le moins pervers qu’il fréquentait habituellement, elle était posée et de très bon conseil. Et point non négligeable, elle n’était pas hunter elle-même. « Tu es de bonne heure, dis donc. Besoin de tirer sur quelque chose ? » Il haussa les épaules sans se départir de son sourire. « On ne peut rien te cacher. » Il regarda autour de lui, notant seulement à ce moment qu’ils étaient seuls dans le club. Encore un point positif, il faudrait qu’il ne revienne plus qu’à cette heure-ci, ce serait toujours plus agréable de tirer dans ces conditions. « Aucun de tes nombreux élèves ne viendra se plaindre si je t’accapare un moment ? » Il déposa son sac dans un coin, attrapa un casque antibruit et un pistolet, et se rapprocha des stands de tir. Il chargea l’arme avec des gestes précis, et visa la cible. En quelques coups, il vida le chargeur, mais poussa un léger soupir en voyant le résultat sur la silhouette de papier. « La rumeur était donc vraie : je ne me suis pas amélioré en évitant de venir m’entraîner. »


Dernière édition par Lorcan Wolstenholme le Mer 13 Aoû 2014 - 17:34, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeMar 13 Mai 2014 - 4:05


raise, aim and shoot
" nora & lorcan "
Être jeune – c’était un concept si étrange pour Nora. Elle n’était pas vieille, loin de là, elle avait encore de belles années devant elle, mais l’ancienne agent avait l’impression d’avoir déjà vécu toute une vie. Sa carrière à Interpol – voilà ce qui l’avait rongé. Ça avait tout raflé sur son passage, sa jeunesse, son innocence, son désir d’aventure. Nora était à présent comme une vieille âme, errant dans Radcliff à la recherche d’une quelconque paix. Mais elle n’avait pas choisi son époque, ni son lieu. La guerre était presque déclarée entre les habitants, humains, hunteurs, transmutants, tous se bataillaient pour tout et pour rien, ça donnait à Nora le tournis. Elle avait pensé déménagé, aller bien loin de l’Amérique, l’Afrique, l’Asie, pourquoi pas, mais quelque chose la tenait en place, comme si elle était un aimant et que le contient entier voulait la garder en place. Elle ne pouvait se résoudre à quitter la petite ville du Kentucky, à quitter son stand de tir, à quitter son appartement. Elle y était bien, malgré tout les dérangements, malgré tous les harcèlements, malgré toutes les menaces. Elle s’attachait à ses habitants, et elle avait des responsabilités, depuis l’arrivée subite de la jeune transmutante qu’elle gardait bien cachée chez elle. Et il y avait les gens comme Lorcan – qu’elle portait dans son coeur, qu’elle voulait aider, qu’elle voulait protéger.

Le jeune homme – si jeune, qui avait tout devant lui – haussa les épaules d’un air désinvolte, mais le sourire toujours aux lèvres. Il était comme un vent d’air frais dans le bâtiment, et pour Nora, c’était plus que bienvenue. “On ne peut rien te cacher” répondit-il d’une voix ensommeillé mais joviale. Nora eut un sourire amusé. Il était vrai qu’elle avait un sixième sens pour déchiffrer les gens – ça avait fait partie intégrante de son travail pendant plusieurs années, après tout. “Aucun de tes nombreux élèves ne viendra se plaindre si je t’accapare un moment ?” Nora arqua  un sourcil à la remarque de Lorcan, désignant le stand de tir absolument désert. “Nombreux ? Ils sont tous en train de dormir, alors je suis tout à toi” dit-elle d’une voix sereine. Lorcan apportait ce sentiment chez elle. En sa compagnie, elle ne ressentait aucune pression, aucun stress, juste un bien-être calme. Elle ne devait pas être sur ses gardes avec le jeune homme – elle était qui elle était, et il l’appréciait comme ça, et c’était pareil pour lui. Lorcan déposa son sac, puis s’empara d’un casque pour le mettre sur sa tête en même temps qu’un pistolet – il prenait toujours le même, Nora avait remarqué. Elle ignorait s’il faisait exprès ou si c’était instinctif. Ce ne serait pas la première fois que quelqu’un créait un lien avec une arme. Elle avait ses favoris également, après tout. Elle observa attentivement le jeune homme charger l’arme comme elle lui avait appris, et viser l’arme comme elle lui avait appris. Elle ressentit un peu de fierté en voyant son amélioration. Nora regarda attentivement Lorcan viser et tirer. Il vida son chargeur sur un cible. Ce n’était pas mal, mais quelques balles n’avait pas atteint le carton et d’autres s’étendaient sur le bas du torse ou les bras – mais il y en avait deux très près du coeur, ce qui était bien. “La rumeur était donc vraie : je ne me suis pas amélioré en évitant de venir m’entraîner.”

Nora esquissa un petit sourire – en effet, le manque de pratique n’aiderait pas Lorcan. “C’est bien vrai, mais tu n’es pas une cause perdue” dit-elle en lui tendant une nouvelle charge pour son arme. “Réessaie. Tes premiers tirs étaient les bons, mais tu as tendance à baisser le bras au fur et à mesure que tu tires. Essaie de rester stable. Plante tes pieds dans le sol, mais ne te crispe pas. Tu dois rester détendu, mais concentré.” Elle ponctua ses paroles d’un ton qu’elle voulait ferme sans toutefois être sévère. Lorcan devait apprendre, mais elle n’était pas son bourreau. “Et viens donc me voir plus souvent, ça fera du bien autant à ton tir qu’à moi. Qu’est-ce qui t’as gardé, ces temps-ci ?” Elle ne voulait pas se montrer trop inquisitrice, mais c’était dans la nature de Nora d’être curieuse. De toute manière, si Lorcan ne voulait pas répondre, il n’avait qu’à ne pas répondre. Elle serait bien loin de s’en vexer – elle savait que tout le monde avait ses secrets, et que certains y tenaient bien plus qu’à leur propre vie.



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Dernière édition par Nora Brekke le Dim 8 Juin 2014 - 20:06, édité 1 fois
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeSam 17 Mai 2014 - 22:35

Le centre de tir n’était pas franchement le lieu rêvé pour un jeune de l’âge de Lorcan, c’était certain. La plupart de ses camarades de promotion passaient leur temps soit en boîte, soit sur des jeux vidéo. Une plus petite partie se droguait au sport, comme lui, et quelques spécimens assouvissaient leur soif de violence dans les salles comme celle-ci, où les cibles n’étaient que de papier mais les coups assourdissants une preuve bien suffisante pour montrer que les armes pouvaient s’avérer mortelles s’ils déviaient leurs trajectoires. Si cela n’avait tenu qu’à lui, Lorcan aurait passé tout son temps libre à l’extérieur, à expérimenter tout ce qui pouvait faire courir l’adrénaline dans ses veines, mais sans craindre de blesser personne. Il avait le goût du risque, certes, mais pointer une arme sur la tempe de quelqu’un ne l’avait jamais vraiment tenté. Il préférait largement se mettre en danger tout seul, en s’élançant en rafting dans les rapides d’une rivière, ou en gravissant des sommets en VTT. Mais il n’avait pas choisi sa famille, et sa famille exigeait qu’il maîtrise le tir aussi bien que les autres « arts » hunters. Alors il se retrouvait ici, très régulièrement. Il avait appris à connaître les habitués du lieu, il était sans doute un des plus jeunes venant s’entraîner ici. Et puis, il commençait à connaître un peu Nora. En réalité, il ne savait quasiment rien d’elle, mais ce n’était pas plus mal. Il n’avait absolument pas besoin de savoir quelle avait été sa vie avant qu’elle atterrisse à Radcliff, et il valait peut-être même mieux qu’il ne le sache pas. Pour qu’une femme de son âge ait ses aptitudes au tir, cette capacité à mater même le plus arrogant des hunters, et ce regard sombre quand elle pensait que personne ne la regardait, c’était qu’elle avait sans doute vécu bien des choses avant de mener la vie tranquille qu’elle pouvait avoir ici. Mais l’important, pour Lorcan, c’était qu’elle était toujours de bonne humeur avec lui, et qu’ils pouvaient discuter sans qu’il ne se sente comme une bête aux abois, et il ne se posait pas plus de questions que ça. « Nombreux ? Ils sont tous en train de dormir, alors je suis tout à toi. » Lorcan était bien satisfait de cette réponse : il voulait s’entraîner sérieusement aujourd’hui, et obtenir les meilleurs résultats qu’il puisse avoir en le moins de temps possible. Et seul, il ne parviendrait pas à s’améliorer, mais Nora était toujours de très bon conseil.

Lorcan tira sa première salve sans vraiment y croire, et le résultat fut égal à ce qu’il pensait, c'est-à-dire médiocre. Ce n’était pas mauvais à proprement parler, mais ce n’était pas une cible qu’il pouvait présenter à son père la tête haute – ce qui était le but de sa venue ici. « C’est bien vrai, mais tu n’es pas une cause perdue. » Lorcan eut un petit rire à la remarque de Nora. Il savait qu’il était loin d’être irrécupérable, le problème était qu’il n’avait pas assez de motivation pour se sortir de cette médiocrité. Il suffisait qu’il se donne de la peine et il s’améliorerait … « Ah, j’aime beaucoup ton optimisme, tu sais. » Répondit-il, avant de reprendre le nouveau chargeur qu’elle lui tendait. «  Réessaie. Tes premiers tirs étaient les bons, mais tu as tendance à baisser le bras au fur et à mesure que tu tires. Essaie de rester stable. Plante tes pieds dans le sol, mais ne te crispe pas. Tu dois rester détendu, mais concentré. » Alors qu’il rechargeait son arme, il tiqua en entendant la dernière phrase de Nora. Il reprit son geste comme si de rien n’était en hochant la tête à ce qu'elle avait dit, mais il ne put s’enlever de la tête cette idée : il ne parviendrait jamais à se détendre avec un revolver entre les mains. C’était là, tout le problème, et elle venait de mettre des mots dessus avec son aisance toute naturelle due à son expérience bien plus longue que la sienne. « Et viens donc me voir plus souvent, ça fera du bien autant à ton tir qu’à moi. Qu’est-ce qui t’as gardé, ces temps-ci ? » Il ne répondit pas immédiatement, les yeux toujours braqués sur le pistolet qu’il tenait. Il y avait de nombreuses choses qui l’avaient tenues éloigné de la salle de tir, et si cela ne tenait qu’à lui, il ne reviendrait plus du tout. Il y perdrait Nora, et elle lui manquerait, mais plus le temps passait et moins il supportait de venir tirer. « Pas mal de boulot à la fac, et mon job me prend le reste de mon temps libre. » Une réponse automatique, du même type que celle qu’il avait servie à son père la veille au soir. Il soupira, et esquissa un petit sourire maladroit. « Et je ne suis pas vraiment fan de tout ça, en réalité. J’ai essayé de quitter discrètement le tir, mais c’est une tradition familiale et mon père m’a gentiment remis dans le droit chemin en apprenant que je faisais l’école buissonnière. » Il avait eu le sentiment que Nora méritait un peu plus de vérité que son père, et il était certain que cette discussion resterait entre eux. Il n’avait rien dit de très confidentiel, de toute façon … Il réajusta son casque, tendit les bras devant lui et inspira profondément, avant de tirer sur la nouvelle cible. Le premier coup fut très bon, mais au second, il repensa à ce qu’elle avait dit, et loin de faire effets, ses paroles le déstabilisèrent à nouveau. Se détendre. Ne pas se crisper. Ne pas penser à ce que son père ferait s’il savait. Ne pas penser à Aleksane … Il vida son chargeur avec application, mais il savait déjà que le mal était fait : ses mains avaient tremblé. Son attention avait été déviée par ses craintes familières, et il avait échoué. « Au temps pour la concentration. » Siffla-t-il entre ses dents serrées.


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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeMer 21 Mai 2014 - 22:28


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" nora & lorcan "
“Ah, j’aime beaucoup ton optimisme, tu sais” répondit Lorcan avec un petit rire. Nora lui rendit un sourire. Rares étaient les gens qui la qualifiait d’optimisme. Ça avait été une notion très étrangère à elle depuis les dernières années. Et avant cela… eh bien, l’ancienne Nora en débordait. Agente d’interpol respectée, avec un homme qu’elle adorait à son bras, elle était l’incarnation même de l’optimisme, s’imaginant vivre une vie remplie d’aventure et de succès, autant professionnels que personnels. Riley était là, souriant, vivant, adorant, et elle était jeune, pleine d’espoir, le coeur encore tout neuf. Mais les années avaient passées, Riley était mort, et ce coeur autrefois d’or et d’argent avait été meurtri et avait même eu le temps de cicatriser, portant toutefois toujours la marque de ses cuisantes peines. Et Nora regardait Lorcan, si jeune, et pourtant il y avait en lui cette tristesse et cette lourdeur. C’était comme s’il marchait avec un poids sur les épaules, un poids insupportable mais accepté par son porteur. Lorcan levait son arme, la main incertaine et les yeux effrayés : il n’aimait pas ce qu’il faisait, le tir n’était pas fait pour lui. Nora le voyait, à présent. Alors pourquoi cette fervente détermination à toujours vouloir bien faire, à toujours vouloir mieux faire ? Que motivait la présence de Lorcan ? Les rouages de l’esprit de Nora s’activaient, vieux réflexes d’une carrière qu’elle tentait toujours vainement d’oublier. Les énigmes s’insinuaient dans son esprit comme un insecte, rongeant ses pensées et ses routines, s’accaparant son quotidien. Mais Nora ne voulait pas que Lorcan devienne l’énième sujet d’un mystère. Elle s’était attaché à lui, elle voulait son bien, peu importe. Elle avait développé une affection envers ce jeune homme secret et sympathique, une affection presque maternelle – une chose à laquelle Nora était peu habituée, et qui la troublait légèrement, mais qu’elle ne voulait toutefois pas rayer de son esprit. Riley – c’était du passé. Lorcan était là, il était présent à ce moment-là, et elle devait s’en occuper.

Sa dernière question insinua un court silence dans leur conversation, et Nora sut qu’elle avait tiqué le bon nerf. Oui, quelque chose retenait Lorcan, pas seulement du stand de tir, mais des armes en général, de la violence, de toute la signification d’un endroit comme celui-là. Elle ne regretta pas sa question, toutefois. Lorcan possédait suffisament de bon sens pour décider ce qu’il désirait répondre – et s’il ne disait rien, la blonde ne pourrait lui en tenir rigueur. “Pas mal de boulot à la fac, et mon job me prend le reste de mon temps libre.” Nora plissa légèrement des yeux, placée aux côtés de Lorcan. Ces mots sonnaient l’automatisme, elle le sentait – il ne lui disait pas du tout. C’était son choix, après tout, de lui révéler ce qui se déroulait dans sa vie ou non, et Nora n’avait pas le droit de le réclamer, même si elle désirait lui venir en aide autant qu’elle le pouvait. Lorcan soupira. “Et je ne suis pas vraiment fan de tout ça, en réalité. J’ai essayé de quitter discrètement le tir, mais c’est une tradition familiale et mon père m’a gentiment remis dans le droit chemin en apprenant que je faisais l’école bussionnière.” Ah, eh voilà. Nora arqua un sourcil aux paroles de Lorcan. La famille – la source parfaite de tous les soucis. Cela emplit la blonde d’une certaine mélancolie. Elle n’avait jamais eu le problème de vouloir plaire à un paternel autoritaire et imposant, le sien étant d’un pathétisme ridicule, tout autant que sa mère. Mais elle savait ce que c’était de ne pas vouloir décevoir, et elle lisait à présent en Lorcan toute la signification de ce poids qu’il portait – le pire de tous, celui de ne pas vouloir décevoir. “Gentiment”, voilà le mot qu’il avait utilisé. Nora se doutait que ce ne devait pas être le cas. Perdue dans ses pensées, Nora sursauta presque alors que Lorcan déchargea son second chargeur sur la cible. Elle y jeta un coup d’oeil rapide. Il y avait un coup qui avait atteri à l’endroit idéal, mais les autres étaient plus tremblotants. “Au temps pour la concentration” dit Lorcan entre ses dents, et Nora posa sur lui un regard doux. Elle s’approcha de lui, un nouveau chargeur à la main.

“Tu sais, on m’a souvent dit qu’il était idiot de se défouler avec un pistolet lorsqu’on est en colère, ou lorsqu’on a des soucis. Que ça déconcentre, que ça mène seulement vers plus de soucis. Mais à mes yeux, c’est n’importe quoi. Au contraire, c’est le meilleur moment.” Nora prit une inspiration. Lorcan s’était confié à elle – c’était à son tour, à présent. Donner, et recevoir. Et elle voulait aider son ami, lui donner cette poussée dont il avait tant besoin. “Quand mon fiancé est décédé, tirer était la seule chose qui me faisait un peu de bien. C’était, pour moi, l’idéal pour canaliser toute cette colère et cette tristesse et ce manque constant de sa présence – faire le vide. C’est ça que tu dois faire, Lorcan. N’essaie pas de chasser ou d’oublier tes soucis – bien au contraire, utilise-les. Ce sont tes meilleurs outils.” Elle marqua une petite pause, pointant son regard dans celui de Lorcan, un sourire malicieux déchirant ses lèvres. “Et si tu n’aimes pas tirer, ne tire pas. Ne laisse personne t’obliger à faire quoi que ce soit – crois-moi, c’est le premier pas vers la démence. Et s’il le faut, je te couvrirai pour ton idiot de père, il n'aura qu'à venir me voir s'il est pas content.”




Dernière édition par Nora Brekke le Dim 8 Juin 2014 - 20:05, édité 1 fois
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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeVen 30 Mai 2014 - 14:22

Une nouvelle fois, Lorcan se retrouvait avec une cible qu’il n’était pas prêt de montrer à son père. En la regardant de plus prêt, il poussa un soupir : il n’y avait réellement qu’un tir qui avait fait mouche, les autres touchaient à peine la silhouette. On pouvait y lire avec précision le moment où il s’était fait déconcentrer par ses pensées parasites … « Tu sais, on m’a souvent dit qu’il était idiot de se défouler avec un pistolet lorsqu’on est en colère, ou lorsqu’on a des soucis. Que ça déconcentre, que ça mène seulement vers plus de soucis. Mais à mes yeux, c’est n’importe quoi. Au contraire, c’est le meilleur moment. » Lorcan tourna la tête vers Nora, l’air un peu interrogateur. Lui aussi avait souvent entendu dire qu’il ne fallait pas surtout pas tirer uniquement pour se défouler, mais on lui avait également répété qu’il devait s’entraîner quelle que soit son humeur, et les deux sons de cloches étaient plutôt contradictoires. Il devait être capable de tirer parfaitement, qu’il soit serein ou angoissé, sinon il ne pourrait jamais être un bon hunter. Il ne devait pas avoir d’états d’âme, il devait pouvoir tuer de sang-froid. Pas vraiment un programme réjouissant, surtout pour lui qui se laissait mener par ses émotions depuis tout petit. Nora était une professionnelle, elle pouvait sans doute tirer en n’importe quelles circonstances, et il enviait cette capacité. « Quand mon fiancé est décédé, tirer était la seule chose qui me faisait un peu de bien. C’était, pour moi, l’idéal pour canaliser toute cette colère et cette tristesse et ce manque constant de sa présence – faire le vide. C’est ça que tu dois faire, Lorcan. N’essaie pas de chasser ou d’oublier tes soucis – bien au contraire, utilise-les. Ce sont tes meilleurs outils. » Lorcan ne s’attendait certainement pas à une telle confession de la part de Nora, qui était toujours restée extrêmement discrète sur sa vie privée, et sa surprise dut sans doute se lire sur son visage, bien qu’il essaya de la cacher rapidement pour avoir l’air moins impoli. Il n’avait jamais su qu’elle avait été fiancée, encore moins que ce dernier était mort. Immédiatement, il se demanda comment, quand ? Sans doute bien avant qu’il ne la connaisse, car elle avait toujours semblé d’humeur égale, et il espérait tout de même qu’il aurait vu quelque chose si elle avait subi un deuil alors qu’il la voyait régulièrement. Il se sentit presque privilégié qu’elle lui ait parlé aussi franchement, de quelque chose d’aussi intime, et il apprécia beaucoup ce geste. « Et si tu n’aimes pas tirer, ne tire pas. Ne laisse personne t’obliger à faire quoi que ce soit – crois-moi, c’est le premier pas vers la démence. Et s’il le faut, je te couvrirai pour ton idiot de père, il n'aura qu'à venir me voir s'il n’est pas content. » Sa dernière phrase le fit soudain rire, bien que cela n’ait, au fond, rien de comique. Il n’avait aucune envie de voir son père débarquer un jour ici pour passer un savon à Nora, elle ne méritait pas ça.

Il reposa son revolver devant lui, en le regardant comme s’il envisageait réellement la possibilité de ne plus la reprendre. Ce n’était pas une option, mais c’était agréable d’y songer un moment. Mais il était né pour être hunter, et bien qu’on lui ait donné le choix, qu’il n’ait jamais été forcé à rien, il avait décidé de suivre la voie de son père et il n’avait plus vraiment le droit de faire demi-tour. Il prendrait ce droit, à un moment ou à un autre, mais pour l’instant, il se montrait lâche et ne parvenait pas à affronter ses peurs. « Tirer ne me fais pas du bien. Quand ma mère s’est … Quand ma mère est morte, je me suis mis au sport comme un acharné, et pour l’instant il n’y a que ça qui me fasse du bien. Le véritable sport, pas juste prendre un flingue pour tirer sur une cible. Sans vouloir t’offenser. » Ajouta-t-il avec un sourire d’excuse. Mais il ne considérait vraiment pas le tir comme un sport, pas dans le sens où il voyait ça : il recherchait l’épuisement total, le vide en lui-même, c’était ce qui définissait pour lui un sport efficace. « Je ne pense pas que je pourrais faire comme toi un jour, réussir à canaliser mes émotions dans le tir. A chaque fois que j’ai une arme dans les mains j’ai … » L’impression de me changer en tueur. Une phrase qu’il retint de justesse, qu’il ne pouvait décidemment pas prononcer, même devant Nora. Il avait confiance en elle, ce n’était pas le problème, mais il devait apprendre à retenir sa langue sur certains sujets, et les hunters étaient censés rester un clan secret. Nora ne serait sans doute pas ravie d’apprendre qu’on le destinait à devenir un tueur de dégénérés, et il n’avait pas envie qu’elle le voie comme ça. « Le tir n’est pas naturel pour moi. Mais il faut que je persévère encore un peu avant de complètement abandonner. Je préfèrerais que tu ne te mettes pas mon père à dos pour m’avoir aidé à lui mentir ! Mais merci de te proposer, c’est très courageux de ta part. » Ajouta-t-il sur un ton qu’il tenta de faire paraître plus léger qu’il n’était réellement. Il attrapa à nouveau le pistolet, le chargea avec résolution, et jeta un coup d’œil à Nora. Il était prêt à essayer de mettre ses conseils en application, il voulait vraiment essayer de l’écouter. Même si c’était uniquement pour lui faire plaisir, pour qu’elle soit un peu fière de lui. Les bras tendus, l’arme pointée vers la cible, il essaya de canaliser ses émotions comme elle le lui avait dit. Toute la peur qu’il ressentait, la colère également qu’il pouvait avoir, envers son père et Aleska, envers tous les humains qui n’avaient rien à craindre tandis que lui avait été choisi par le sort … Mais il était derrière le pistolet, il tenait l’arme et personne ne le visait. Il pouvait tirer sans avoir peur de quoi que ce soit. Il pouvait tirer, et il tira. Un coup, deux coups, puis trois, et le chargeur complet … Il ne réalisa pas tout de suite que c’était le visage de son père qu’il visait, que c’était son sang qu’il voyait couler dans son imaginaire, et quand il s’en rendit compte, une vague de chaleur brûlante l’envahit, déferlante puissante qui lui serra le ventre, lui oppressa le crâne, augmenta son rythme cardiaque. Il reposa brusquement le pistolet, haletant, sa terreur bien familière ayant à nouveau surgi en réveillant ce pouvoir qui sommeillait en lui.


Dernière édition par Lorcan Wolstenholme le Mer 13 Aoû 2014 - 17:35, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeDim 8 Juin 2014 - 20:05


raise, aim and shoot
" nora & lorcan "


Nora se souvenait parfaitement du jour où Riley était mort. La plupart des gens semblent oublier ces moments-là, le deuil devenant des jours flous et brumeux, les annonces fatidiques des discours embrouillés et des paroles en sourdine. Mais pour Nora, c’était un souvenir clair, précis, elle pouvait se rappeler de chaque mot que son patron avait prononcé, de la lumière dans le bureau en cette matinée ensoleillée, du timbre de sa voix, de la tache de moutarde sur sa cravate, elle se souvenait de tout, c’était vif, c’était illuminé. Et malgré toutes les missions désastreuses, les kidnappings, les blessures, les morts, les enterrements, les interminables attentes un pistolet à la main, les interrogatoires, malgré tout cela, cette matinée-là, ce moment-là, ça avait été le pire de sa vie. Entendre ces mots-là lui avaient écorchés l’âme et le corps, ils avaient incinérés son coeur et perforé ses poumons, lui coupant toute source de souffle de vie, la laissant pour morte, la laissant pantelante, souffrante, meurtrie, cassée et irréparable. Elle n’aimait pas se rappeler. Elle n’aimait pas penser à Riley, car à chaque fois c’était une blessure de plus, une ecchymose à ajouter sur son tableau. Mais elle ne pouvait fuir le passé. C’était enfantin de croire le contraire. Alors elle l’avait dit à Lorcan. Simplement, sans artifices, sans s’éterniser. Il était la première personne à qui elle en parlait. La toute première à qui elle mentionnait Riley. Elle n’avait pas dit son nom, elle n’avait pas dit le pourquoi et le comment et le quand, mais elle l’avait tout de même dit, et Nora réalisa que ça lui faisait du bien. C’était comme si on avait passé un linge sur ses épaules pour en enlever un peu la poussière. Elle lut la surprise sur le visage de Lorcan, oui sans doute était-il aussi surpris de sa confession qu’elle l’était elle-même. Mais il fut assez poli pour la dissimuler rapidement, et Nora eut un léger sourire amusé. C’était une bonne personne, Lorcan. La seule pensée que quelqu’un, en plus son propre père, ne puisse le malmener lui donnait des envies de meurtre. Certaines personnes méritaient simplement qu’on les laisse tranquille. Lorcan en était une. Il eut un rire à la dernière remarque de Nora, mais cette dernière vit bien l’ombre passer sur son visage. Elle l’observa tandis qu’il toisait l’arme entre ses mains, comme si c’était un corps étranger, le symbole d’un choix. Sans doute était-ce cela aux yeux de Lorcan. Un choix.

“Tirer ne me fais pas du bien. Quand ma mère s’est… Quand ma mère est morte, je me suis mis au sport comme un acharné, et pour l’instant il n’y a que ça qui me fasse du bien. Le véritable sport, pas juste prendre un flingue pour tirer sur une cible. Sans vouloir t’offenser.” Il eut un petit sourire d’excuse, et les yeux de Nora brillèrent d’une petite lueur d’amusement malgré la lourdeur des paroles de Lorcan. Sa mère était décédée, donc. Ça laissait des traces chez les autres, la perte d’un être cher. Nora pouvait le voir chez Lorcan, à présent. La même que chez elle. “Je ne pense pas que je pourrais faire comme toi un jour, réussir à canaliser mes émotions dans le tir. À chaque fois que j’ai une arme dans les mains j’ai…” Elle arqua un sourcil alors que Lorcan retint la fin de sa phrase pour demeurer en silence. Elle observa tranquillement le jeune homme. Les réponses à cela étaient infinies. Nora se rappelait des premières fois où elle avait tiré. Ça avait été exaltant, elle était fait pour ça, elle le savait déjà à l’époque. Mais ce ne pouvait être le cas pour tout le monde. “Le tir n’est pas naturel pour moi. Mais il faut que je persévère encore un peu avant de complètement abandonner. Je préfèrerais que tu ne te mettes pas mon père à dos pour m’avoir aider à lui mentir ! Mais merci de te proposer, c’est très courageux de ta part” ajouta Lorcan. Il tentait d’alléger la conversation, mais pour Nora, c’était déjà trop tard. Ils s’étaient aventurés trop loin, tous les deux, dans un sujet inconfortable et douloureux, mais Nora n’allait pas lâcher le morceau – ce n’était pas son genre et elle voyait bien que Lorcan avait besoin d’aide. “Tu n’as pas à me remercier.” Elle ouvrit la bouche pour dire autre chose, n’importe quoi, du réconfort, mais elle avait la gorge nouée et Lorcan s’était déjà emparé de l’arme à nouveau pour la lever vers la cible, et Nora décida de le laisser faire. Il avait déjà dit beaucoup. Elle devait le laisser faire son chemin, bien qu’elle serait toujours là pour observer et le rattraper en cas de chute.

Les coups résonnèrent à travers le stand de tir. Nora observa la cible, que Lorcan troua avec des tirs presques parfaits. Tous dans la tête, peut-être un ou deux dans le cou. Elle tourna les yeux pour féliciter Lorcan avant de constater qu’il avait relâché l’arme, un air terrifié sur son visage, le souffle haletant. Elle se rua vers lui, levant des yeux inquiets. Il paraissait sur le point de s’écrouler par terre. Elle le pris par les épaules, solidement, afin de pouvoir le retenir. “Lorcan ? Lorcan, est-ce que ça va ?” Mais ses yeux étaient ailleurs, il semblait sur le point d’exploser. Nora ne comprenait pas ce qui se passait, elle avait le coeur battant à vive allure. “Lorcan ?” Il ne répondit pas, puis Nora sentit quelque chose couler sur son visage. Elle porta un doigt tremblant vers sa narine, constatant qu’elle saignait du nez. Le sang glissait de sa narine, contournant la comissure de ses lèvres pour aller s’échouer sur le sol de béton. Nora leva des yeux écarquillés vers Lorcan. Jamais de sa vie elle n’avait saigné du nez sans raison. Elle avait saigné du nez par blessure, ou par cassure, bien sûr, mais jamais par elle-même, jamais comme ça. Elle toisa Lorcan, sa poitrine se serrant à sa prochaine pensée, trop logique, trop exténuante.




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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeSam 14 Juin 2014 - 22:22

« Tu n’as pas à me remercier. » Au contraire, Lorcan avait toutes les raisons de remercier Nora, elle était une de ces rares personnes avec qui il pouvait encore avoir une discussion où il pouvait aborder des sujets qu’il évitait en temps normal. Ca lui faisait du bien de parler avec elle, même si, visiblement, ils évoquaient des souvenirs douloureux pour tous les deux. Elle lui donnait aussi des conseils utiles, pas de ceux qu’un hunter aurait pu donner à Lorcan – ça changeait agréablement. Et pendant un moment, il eut vraiment l’impression que ses conseils avaient porté ses fruits, le pistolet entre ses mains, il arrivait à tirer sans interférences … Mais ce n’était qu’une illusion, très vite brisée par la réalisation qu’il n’était parvenu à tirer correctement qu’en imaginant la mort de son père. Cette idée était suffisamment perturbante par elle-même, mais Lorcan n’eut pas vraiment le temps de réfléchir aux tenants et aux aboutissants de cette vision parricide. Est-ce que c’était le choc de comprendre qu’une part de lui voulait voir son père mort, ou juste d’imaginer le sang qui coulait ? Ce pouvoir qu’il tenait fermement enfermé dans un coin de son être s’était brutalement réveillé, et Lorcan en ressentit immédiatement les effets dans son corps. Le cœur qui palpitait, cette pression qui augmentait dans sa tête et dans ses veines, la chaleur qui l’envahissait … Il savait reconnaître les symptômes, il savait ce que cela signifiait. Immédiatement, il essaya de se souvenir de la dernière fois où il avait laissé ses pouvoirs s’échapper. Il avait besoin de lâcher la pression de temps en temps et de cesser de lutter, sans quoi il prenait le risque de perdre le contrôle aux pires moments – ou de simplement s’infliger des hémorragies internes, ce qui n’était pas plus souhaitable. Mais dans la panique, le jeune homme était incapable de se rappeler de quoi que ce soit. Etait-ce la semaine dernière ? Ou celle d’avant ? Pas ces derniers jours en tout cas. Ca faisait quelques temps déjà, mais pas tant que ça … Il n’avait pas eu l’impression que c’était si long, mais les jours avaient défilés sans qu’il ne s’en rende compte. Et voilà qu’il était en proie à la panique, qu’il essayait de son mieux de contenir cette force qui tentait de s’échapper de lui. « Lorcan ? Lorcan, est-ce que ça va ? » En entendant Nora et en sentant sa main sur son épaule, il se souvint d’où il était, ce qu’il était en train de faire, et il essaya de se focaliser là-dessus pour se calmer. Tout allait bien. Il devait se persuader que tout allait bien et il ne devait surtout pas alerter Nora, il devait la convaincre elle, avant tout, qu’il allait parfaitement bien et que ce n’était qu’une crise passagère … Ses réflexes reprenaient le dessus et il ne pensait plus qu’à effacer toute trace de sa bizarrerie aux yeux du monde, alors même qu’il avait pensé quelques minutes plus tôt qu’il pouvait agir avec plus de naturel face à Nora. « Lorcan ? » A ce nouvel appel, il se força à lever les yeux vers elle. Il devait faire face, il devait avoir l’air naturel … Il écarquilla des yeux effarés. Un filet de sang coulait du nez de Nora, et elle porta sa main à son visage en s’en rendant compte en même temps que lui. Elle regarda ses doigts, sembla étonnée … Puis elle retourna ses yeux vers lui.

Il avait compris ce qui s’était passé, il était effrayé et choqué, il ne savait pas ce qu’il devait faire pour arrêter et ça l’angoissait terriblement, mais sa peur fut soudain multipliée quand il vit la lueur de compréhension dans les yeux de Nora. Elle savait. Le secret qu’il avait durement dissimulé depuis des mois venait de s’éventer, et une nouvelle fois, c’est son instinct de survie qui prit le dessus avant que son esprit rationnel ne puisse formuler une pensée cohérente. Il voulait la repousser, au moins l’éloigner de lui – pur réflexe – et il leva la main vers elle, mais il n’eut même pas à la toucher. Il sentit une force filer de ses doigts, et fut presque capable de la voir s’infiltrer en Nora pour la pousser en arrière, tout son sang réagissant à l’ordre inconscient qu’il avait donné de sa main. Elle ne fut repoussée que d’un mètre, à peine, mais cette manifestation bien trop évidente de ses pouvoirs donna à Lorcan envie de vomir. Il attrapa le pistolet qu’il avait laissé sur la tablette et le rechargea d’un geste automatique, mais il le garda baissé vers le sol. Juste au cas où. « Nora, je … Ce n’est pas ... » Il balbutiait, il ne savait pas quoi dire pour sa défense. Il n’avait jamais eu à dire ça, bon sang ! Et il n’avait qu’une peur, c’était qu’elle s’en aille, qu’elle lui échappe et qu’elle file en dehors du club pour le révéler à tout le monde. Submergé par l’appréhension, l’esprit de Lorcan ne parvenait plus à la voir comme une amie, mais comme une humaine potentiellement acquise à la cause hunter. Il venait d’utiliser ses pouvoirs sur elle, elle devait le détester, elle devait vouloir le tuer. Et ça, encore, c’était l’hypothèse la plus agréable qu’il puisse imaginer. Si elle le tuait, maintenant, il serait libéré. « Je suis désolé, je ne voulais pas faire ça. S’il te plaît, Nora, je t’en supplie crois-moi, je ne veux pas te faire de mal. » Mais le sang coulait encore de son nez, et ça pouvait sans doute empirer, à moins que ce ne soit que la partie visible de l’iceberg et qu’il ne soit déjà en train de la tuer de l’intérieur. Il n’en savait fichtrement rien, sa peur l’empêchait totalement de se concentrer sur ses pouvoirs et de déterminer la façon dont ils lui échappaient. « Je peux arranger ça. Mais s’il te plaît, ne dis rien à personne. » Il la suppliait, elle avait sa vie entre ses mains. Il n’avait aucune intention de la laisser se vider de son sang, mais une part profondément enfouie en lui refusait catégoriquement de prendre le moindre risque. Même pour elle. Il se détestait de penser ainsi, mais la seule image de son père et d’Aleksane apprenant la vérité suffisait à lui faire perdre tous ses principes.
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeMar 1 Juil 2014 - 21:36


raise, aim and shoot
" nora & lorcan "


Quand Nora avait appris l’existence des transmutants, par le biais d’un journal télévisé théâtral et dramatique,  il y avait eu de la surprise, bien évidemment, et un peu de choc, une paralysie temporaire, un froncement de sourcils. La première pensée qui lui avait traversé l’esprit, c’était que cette nouvelle allait changer le cours du monde. Soudainement, elle pouvait voir l’avenir beaucoup trop clairement, avec des sociétés changées et des modes de vie bouleversés. L’univers à l’envers, c’était ce qu’elle avait vu. Elle avait pensé à de la révolution. À un changement complet du monde entier, du comportement des gens, de l’avenir des guerres et des menaces climatiques. Mais non. Le monde était étrangement resté le même. Il n’avait fait que se trouver un nouvel ennemi. Nora n’avait franchement jamais compris l’aversion que certaines personnes ressentaient envers les transmutants. Certes, certains étaient dangereux, très même, mais les humains pouvaient l’être tout autant, et même davantage. Elle ne pouvait se résoudre à voir les transmutants comme des créatures infectes qui n’étaient bonne qu’à être exterminées – elle ne pouvait pas. Mais elle comprenait qu’ils n’étaient pas comme elle. Ils étaient différents, voilà tout, mais tout autant humains et méritant tout comme elle une place dans son monde. Après tout, s’ils avaient réussi à cohabiter toutes ces années, c’était pour une raison, non ? Pourquoi tout changer ? Pourquoi se mettre à les traquer ? Prenons garde à ceux qui sont dangereux, évidemment, mais laissons les vivre. Trouvons un terrain d’entente. Nora n’avait rien contre les transmutants. Absolument rien. Mais en comprenant que Lorcan était l’un d’eux, que son ami cher était de leur groupe, elle ne ressentit rien d’autre qu’un certain choc, qui lui coupa le souffle et la paralysa sur place. Ils sont plus près de vous ce vous ne le croyez, disaient les politiciens. Cette phrase prenait tout son sens.

Elle sentait le sang couler sur sa lèvre pour aller s’échouer sur le sol, mais elle ne faisait rien pour l’arrêter. Elle fixait Lorcan, soudainement devenu un inconnu. Elle ne l’aurait jamais deviné – mais après, tout, c’était si évident. Cette torture dans son regard, le tremblement de ses mains, les dires de son père, tout ça cachait quelque chose de gros et Nora l’avait toujours su. Mais elle ne s’était pas attendu à une telle chose. Et pourtant elle aurait dû, et elle se racla de coups pour ne pas y avoir pensé plus tôt. Puis, coupant le cours de ses pensées, elle se sentit projetée en arrière, une force invisible et incompréhensible l’éloignant de Lorcan. Ce dernier, la main tremblotante levée devant lui comme un bouclier, qui la fixait avec horreur, désespoir, terreur, comme si c’était elle et non lui qui possédait les dons mutants, comme si c’était elle qui venait de dévoiler un terrible secret. Nora observa Lorcan s’emparer du pistolet, et elle eut un mouvement de recul, ses réflexes prenant le dessus sur elle, ses yeux jetant un panoramique affolé autour d’elle pour repérer un moyen de défense. Mais Lorcan ne bougea pas.  “Nora, je… Ce n’est pas…” Nora n’était pas en mesure de répondre quoi que ce soit. Elle ne savait pas quoi penser, elle ne savait pas quoi faire devant le visage défait de son ami. Elle ne pouvait que sentir le sang couler de son nez, tachant le sol immaculé de son cramoisi. “Je suis désolé, je ne voulais pas faire ça. S’il te plaît, Nora, je t’en supplie crois-moi, je ne veux pas te faire de mal.” La voix de Lorcan sembla lui arracher le coeur. Elle avait envie de lui dire, ce n’est pas grave, ce n’est pas grave. Mais son coeur battant à tout rompre semblait lui obstruer la gorge, l’empêchant de répondre quoi que ce soit. Elle pensait aux mutants, et à toutes les choses qu’ils subissaient, à la terreur quotidienne qu’ils devaient ressentir devant les mesures prises par le reste du monde, et Nora sentit son coeur se gonfler. Tout s’explicait. Tout était logique. Lorcan était pris dans une spirale de terreur depuis elle ne savait combien de temps, toute sa vie peut-être, et l’affection qu’elle ressentait pour lui, ce sentiment maternel inconfortable et nouveau à ses yeux prenait le dessus. “Je peux t’arranger ça. Mais s’il te plaît, ne dis rien à personne.” Une supplication. Rien d’autre. Lorcan n’était qu’une victime. Elle pouvait choisir de le sauver ou de devenir son bourreau. Le choix était évident à ses yeux.

“Je te crois, Lorcan” réussit-elle à articuler, d’une voix rouillée, sa tête se mettant à tourner. Elle prit le siège le plus proche et s’y laissa tomber, l’esprit embrouillé par le sang qu’elle perdait, par cette révélation, lourde, épuisante, nécessaire. “Tu peux aller me chercher un mouchoir, ou une serviette ? N’importe quoi. Je crois qu’il y en a une dans mon bureau” articula-t’elle, la voix pâteuse. Elle sentait que le sang cessait doucement de couler, qu’il séchait aux abords de ses narines, mais elle avait perdu une assez grande quantité pour se sentir étourdie. “Et barre la porte.” La dernière chose qu’elle voulait, c’était que quelqu’un les surprenne à ce moment-là. Ça aurait nécessité trop d’explications, et elle ne voulait pas emmener d’ennuis à Lorcan. Elle passa une main dans ses cheveux, retournant ses pupilles sur le jeune homme. “Lorcan.” Elle essayait de trouver les bons mots. Elle voulait apaiser les traits tirés de son visage, leur redonner un peu de jeunesse. Elle était effrayée, elle était terrifiée, pas pour elle, mais pour Lorcan. Quel fardeau ce devait être. “Ton secret est en sécurité avec moi.”



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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeVen 18 Juil 2014 - 15:31

Chacune des suppliques de Lorcan se heurtait à un silence retentissant de la part de Nora, et le jeune homme en tirait une panique grandissante. Il n’aurait pas su dire quel était cette lueur qu’il voyait dans ses yeux, mais il était clair que c’était le choc qui s’affichait sur son visage. L’horreur brute de découvrir qu’il était une de ces bêtes dégénérées dont ils entendaient parler chaque jour aux informations. Il n’avait pas voulu le lui annoncer ainsi – ou plutôt, il aurait préféré qu’elle ne le sache jamais. Elle était une amie, un havre de paix qu’il pouvait retrouver jusque là sans craindre quoi que ce soit de sa part. Juste une amie, pas un membre de sa famille, pas une hunter, pas une menace. Mais malgré tout … Il ne voulait pas qu’elle le regarde ainsi, jamais. Il se dégoûtait bien assez pour se douter de la réaction que pourraient avoir des gens qui pensaient le connaître en découvrant ce secret immonde qu’il cachait tant bien que mal. Et il assistait à la réaction de Nora, qui ne lui offrait qu’un silence terrifiant tandis que le sang coulait toujours le long de son visage. Lorcan ne savait absolument plus que faire, et attendait simplement qu’elle dise quelque chose. Quoi que ce soit. Qu’elle lui hurle qu’il était un monstre ou qu’elle s’enfuie en courant pour répéter la nouvelle à qui voulait l’entendre, par exemple … Il ne savait pas du tout ce qu’il ferait à ce moment, il serrait toujours le revolver dans son poing et il avait ce pouvoir qui, visiblement, pouvait la faucher en pleine course sans trop de mal … Mais aucune de ces deux options n’était réellement envisageable. Il préférait encore qu’elle attrape une arme, elle aussi, et qu’elle fasse usage de ses capacités au tir. Sur lui. Ce ne serait pas si mal. « Je te crois, Lorcan » Il cru avoir mal compris quand elle prit finalement la parole, et la regarda d’un air hébété. Elle le croyait ? A propos de quoi ? Il ne se souvenait même pas de ce qu’il avait dit, si ce n’est de l’avoir suppliée de ne rien révéler. Mais elle ne hurlait pas, elle n’avait aucun mouvement menaçant. Elle semblait juste … Fatiguée. Il sentit une pierre tomber dans son estomac et son sang se glaça quand elle se laissa tomber plus qu’elle ne s’assit sur une chaise, et à nouveau il se demanda jusqu’où ses pouvoirs étaient allés. Il ne se pardonnerait jamais s’il lui avait causé des dommages sérieux … Il avait déjà bien du mal à supporter le fait de l’avoir touchée ainsi, même si c’était uniquement pour l’avoir fait saigner du nez. « Tu peux aller me chercher un mouchoir, ou une serviette ? N’importe quoi. Je crois qu’il y en a une dans mon bureau. Et barre la porte. » Il était prêt à faire n’importe quoi et il détala en quatrième vitesse avant même qu’elle n’ait terminé sa phrase, et il entendit à peine qu’elle lui demandait en même temps de fermer la porte. Il déboula dans son bureau comme une tornade, cherchant frénétiquement autour de lui cette fameuse serviette, et ressortit en trombe quand il la trouva enfin. Il donna un tour de clé à la porte du club pour s’assurer que personne ne viendrait les déranger – dieu merci – et retourna auprès de Nora, toujours aussi inquiet. Il lui tendit la serviette sans un mot et la regarda avec anxiété, guettant un quelconque signe indiquant qu’elle allait mieux, ou qu’au contraire il était en train de la tuer sans même s’en rendre compte. Mais aucun hématome ne venait assombrir sa peau là où il pouvait la voir – ce qui n’était pas une si grande consolation que ça, étant donné que tous ses organes vitaux lui étaient cachés. « Lorcan. » Il hocha la tête avec appréhension. « Ton secret est en sécurité avec moi. » Il sentit l’ombre d’un sourire étirer ses lèvres à ces quelques mots, tandis qu’un poids énorme semblait lui être retiré de la poitrine. « Merci Nora. » Souffla-t-il, le soulagement lui coupant la voix et l’empêchant de la remercier plus correctement.

Il se retourna soudain et alla attraper son sac, qu’il avait laissé dans un coin de la pièce. Il en sortit un paquet de biscuits au chocolat ainsi qu’une bouteille d’eau, qu’il tendit à la jeune femme. Elle semblait aller mieux, le saignement avait cessé, mais elle était pâle comme la mort, et il était bien placé pour savoir qu’elle avait besoin de reprendre des forces. « Tiens, mange ça, ça ira mieux après. » Du moins l’espérait-il. Il avait toujours réussi à s’en sortir de cette façon, quand il s’infligeait des hémorragies du même style, mais s’il pouvait gérer ce qu’il se faisait à lui-même de façon plus ou moins correcte, il n’avait encore jamais fait saigner qui que ce soit. « Est-ce que tu as mal quelque part ? Est-ce que tu penses que … Est-ce que ça va aller ? » Demanda-t-il d’un ton où sa panique ressortait clairement, malgré ses efforts pour la cacher. Il devait au moins savoir si elle se sentait mal, s’il lui avait causé d’autres dommages. « Je suis tellement désolé … Je n’ai jamais … Ca ne m’étais jamais arrivé avant. Je ne veux pas te faire de mal mais je … Je ne sais pas comment le contrôler. » Avoua-t-il d’un air piteux. Mais au moins, il s’était calmé et la pression était redescendue, il pouvait le sentir. S’il ne se trompait pas, il devait avoir cessé d’utiliser ses pouvoirs sur elle, et avec un peu de chances, elle s’en tirerait sans rien de pire qu’un saignement de nez et un bon gros choc. Il s’assit par terre devant elle et passa ses mains dans ses cheveux d’un geste nerveux. Il se sentait terriblement mal. Elle avait beau lui assurer qu’elle ne dirait rien, elle avait vu ce qu’il était. « Je ne voulais pas que tu voies ça. »
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeDim 27 Juil 2014 - 21:16


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" nora & lorcan "


“Merci Nora.” Cela lui arracha un sourire. Tant mieux, si elle était en mesure de lui apporter un tant soit peu de réconfort. Même si ce n’était qu’éphémère, même si ça allait s’évaporer dès qu’il quitterait la pièce, elle n’en avait rien à faire. Au moins, à cet instant précis, Lorcan n’avait pas à s’en faire. Nora ne pouvait qu’imaginer ce que c’était que d’être transmutant à cette époque. Il devait constamment vivre dans la peur. Cela expliquait tant de choses… Sa famille, la crainte dans ses yeux, le tremblement de ses mains. C’était une existence de crainte, de menace, ou tout pouvait devenir un possible obstacle. Elle-même aurait pu le devenir, elle le réalisait. Et si elle avait ne possédait pas cet inclinaison à ressentir de la compassion pour les transmutants ? Et si elle faisait partie de ceux que ça effrayait, qu’elle était sortie en trombe dans la rue pour en avertir tout le monde, plaçant Lorcan dans une position regrettable, une position impossible ? Ça aurait très bien pu arriver. Voilà pourquoi le brun avait eu l’air aussi désespéré, aussi perdu. Cette révélation, cet accident aurait très bien pu signer son arrêt de mort. Heureusement, il était tombé sur la bonne personne. Il devait en être soulagé, tout comme l’était Nora. Elle détesterait si quoi que ce soit arrivait à Lorcan. Elle le vengerait probablement. Une âme aussi douce, cela méritait la vie, le bonheur, pas la souffrance et la noirceur. Pas la peur. Elle savait ce que c’était que de vivre avec un poids sur le coeur, plaçant un pied devant l’autre dans la constante crainte de le poser sur une mine. Elle ne souhaitait ça à personne, encore moins à ses amis. C’était bien de voir sourire Lorcan, même pour juste une seconde, même si ce sourire était assombri par l’inquiétude. Elle ferma les paupières un instant, posant la serviette contre son nez, qui était de moins en moins douloureux. Le sang avait cessé de couler, il s’asséchait au bord de ses lèvres, et elle se sentait déjà un peu mieux, quoique faible et étourdie. Mais c’était normal, elle avait perdu une bonne quantité de sang, à voir les tâches sur le dos. Elle allait devoir sortir quelques matériaux pour masquer tout ça. Ça lui rappelait ses années à Interpol. Elle aurait souri, si les souvenirs n’avaient pas été aussi douloureux. Elle observa Lorcan tandis qu’il marcha vers son sac, en sortant un sac de biscuits et une bouteille d’eau. Elle ne devait pas être très belle à voir. “Tiens, mange ça, ça ira mieux après.” Nora acquiesça, remerciant son ami d’un sourire. Elle se rassit plus droite sur la chaise, empoignant un biscuit et la mâchant tranquillement. Le chocolat sembla lui apaiser l’esprit, et elle prit quelques longues gorgées d’eau. Lorcan avait raison, elle se sentait déjà mieux. Sans doute était-il habitué. Elle frissonna à l’idée qu’il ait pu s’infliger ça à lui-même. Ça ne devait pas être très facile à vivre. “Est-ce que tu as mal quelque part ? Est-ce que tu penses que… Est-ce que ça va aller ?” Il était paniqué. Il avait peur de lui avoir fait mal. De l’avoir blessée, profondément, physiquement, moralement. Nora voulut le rassurer tout de suite, mais il continua, piteux, désespéré, paniqué. “Je suis tellement désolé… Je n’ai jamais… Ça ne m’étais jamais arrivé avant. Je ne veux pas te faire de mal mais je… Je ne sais pas comment le contrôler.”

Nora observait Lorcan, le coeur lourd. Elle ne savait pas quoi faire pour le rassurer. Elle ne pouvait qu’imaginer ce qu’il ressentait, et c’était déjà lourd pour elle. “Ça va aller, Lorcan. Je me sens déjà beaucoup mieux. Tu n’as pas à t’excuser… ce n’était pas de ta faute. Je sais que tu n’as pas fait exprès” dit-elle d’une voix douce. Elle l’aurait serré dans ses bras si elle en avait eu le courage. Mais elle se sentait distancé du jeune homme, incapable de compatir à un sentiment qu’elle n’avait jamais connu. Elle voulait seulement le rassurer. Il s’assit sur le sol, l’air complètement abattu. “Je ne voulais pas que tu voies ça.” Nora fronça des sourcils. Avait-il honte ? Peut-être. Un tel pouvoir devait être dur à porter, encore plus dur à partager. Elle déposa la bouteille d’eau et les biscuits sur le sol à ses côtés. “Tu n’as pas à avoir honte. Au contraire, je suis…” Elle prit une grande inspiration. La tête avait cessé de lui tourner. Elle commençait tranquillement à y voir plus clair. “Je suis contente que ce soit arrivé, d’une certaine manière. Maintenant, je comprends mieux. Tu ne devrais pas porter ce fardeau-là par toi-même. Je ne peux même pas imaginer comment ça doit être difficile. Ça explique beaucoup de choses.” Se relevant de jambes flageollantes, elle alla prendre place aux côtés de Lorcan, sur le sol, passant la serviette sur ses lèvres tâchées de rouge. “Et j’ai vécu bien pire en matière de blessure, ne t’en fais surtout pas pour moi” dit-elle avec un petit sourire, désignant son nez ensanglanté, espérant le relever un peu de sa culpabilité. Elle prit une longue inspiration, la question lui brûlant les lèvres. Le secret était là, maintenant. Nora se demandait avec qui elle le partageait. Lorcan l’avait-il simplement dit à quelqu’un d’autre ? “Il y a quelqu’un d’autre qui le sait ?” demanda-t’elle doucement, voulant ne pas le brusquer.



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Lorcan Wolstenholme
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MessageSujet: Re: raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan   raise, aim and shoot ✖ nora et lorcan Icon_minitimeMer 13 Aoû 2014 - 17:49


La panique des premiers temps se dissipait légèrement, laissant place à un malaise profond. Lorcan se sentait terriblement mal d’avoir fait ça à Nora, et toutes ses excuses ne parvenaient pas à adoucir l’amertume de son geste. Il avait perdu le contrôle, sur elle, il ne se le pardonnerait pas. « Ça va aller, Lorcan. Je me sens déjà beaucoup mieux. Tu n’as pas à t’excuser… ce n’était pas de ta faute. Je sais que tu n’as pas fait exprès » Il ne fut pas vraiment rassuré par ses paroles, bien qu’elle semblait effectivement aller mieux et que la couleur revienne doucement redonner un peu de vie à ses joues si pâles. Mais même s’il ne l’avait fait que saigner du nez, ce qui pouvait arriver à tout le monde et qui était loin d’être grave, il avait provoqué ce saignement, sans même s’en rendre compte, et il en était malade. Nora était d’une gentillesse sans pareille d’essayer de le rassurer ainsi, de croire qu’il ne l’ait pas fait exprès. Même s’il commençait à bien la connaître et qu’il savait qu’elle avait un cœur bien plus gros que ce qu’elle laissait voir au quotidien, il était toujours un peu surpris, au fond de lui, qu’elle continue de le regarder en souriant. Avec bienveillance. C’était gênant, et en même temps, c’était extrêmement réconfortant. C’était exactement ainsi qu’il aurait rêvé que sa famille réagisse en apprenant qu’il était mutant. Sa mère, principalement. Nora avait, en cet instant, le regard d’une mère pour son fils, inquiète mais sans que cela n’enlève en rien l’amour qu’elle ressentait pour lui – même si bien sûr, leur relation n’était pas de cette nature. Et cela ne faisait que creuser un peu plus le gouffre immense au fond du cœur de Lorcan, la souffrance de se savoir paria parmi les Wolstenholme avant même qu’on ne le désigne comme tel. Sa mère ne risquait pas de le regarder le moindrement comme Nora le faisait en cet instant, même si elle était encore en vie … Elle qui, plus encore que les autres membres de sa famille, considérait la mutation comme une monstruosité, aurait repoussé sans hésiter son fils le plus loin d’elle possible. Mais la question ne se posait pas, et Lorcan ne devait pas y penser. Sa mère s’était tuée pour ne pas faire face à sa mutation, et le jeune homme s’était juré qu’il ne suivrait pas sa voie. La réaction de Nora mettait un peu plus de courage au fond de lui, et il ne pouvait que lui en être infiniment reconnaissant. « Tu n’as pas à avoir honte. Au contraire, je suis… Je suis contente que ce soit arrivé, d’une certaine manière. Maintenant, je comprends mieux. Tu ne devrais pas porter ce fardeau-là par toi-même. Je ne peux même pas imaginer comment ça doit être difficile. Ça explique beaucoup de choses. » Il la regarda d’un air piteux. Il ne savait pas trop ce qu’il avait fait pour mériter autant de gentillesse de sa part, une réaction aussi généreuse le touchait profondément, et bien que la culpabilité soit toujours aussi présente en lui, il se sentait un peu mieux. Elle comprenait certaines de ses réactions passées, ainsi. Il eut un sourire amer : elle ne tenait déjà pas son père en très haute estime, mais à présent, elle devait se douter de l’étendue du désastre de leur relation père-fils. « Et j’ai vécu bien pire en matière de blessure, ne t’en fais surtout pas pour moi » Lorcan haussa les sourcils, cette réflexion le détournant un instant de ses ennuis personnels, réveillant une certaine curiosité envers le passé de Nora. Mais la soudaine complicité qu’il y avait entre eux – due à un incident fâcheux qu’il regrettait dans tous les cas – ne justifiait absolument pas qu’il la questionne là-dessus. Pourtant, il en mourrait d’envie … Il aurait préféré en apprendre plus sur elle plutôt que de continuer à parler de cette mutation qu’il détestait. « Tu crois que c’est une bonne raison, ça ? » Demanda-t-il d’un ton un peu moqueur, se rapprochant bien plus de son comportement habituel que son humeur jusque là. « Il y a quelqu’un d’autre qui le sait ? » Cette question doucha le soudain sourire de Lorcan, qui secoua la tête. « Tu es la première. » Et il faudrait que ça reste ainsi encore un moment, si possible. Plus Lorcan repoussait le moment de la révélation à sa famille, mieux il se portait – littéralement. Il préférait enterrer ce secret, même le cacher à ses amis les plus proches et à sa sœur jumelle avec qui il avait toujours tout partagé, pour éviter le moindre ennui. Autant qu’il le pouvait, en tout cas ! Mais aujourd’hui était la preuve que ce genre de secret finirait forcément par ressortir. « Les gens autour de moi … Ils sont assez radicaux dans leur opinion sur ce sujet. Ce genre de nouvelle, ça ne passerait pas bien. Du tout. » Lâcha-t-il en triturant le bas de son jean, les yeux baissés vers le sol. Il ne pouvait pas dire clairement que sa famille était hunter jusqu’au cou, mais au moins Nora pouvait un peu visualiser la façon dont ils réagiraient. La terreur qu’il avait affichée quelques minutes plus tôt devait déjà en dire long sur la réaction qu’il attendait de ses proches, de toute façon … « Jusqu’à maintenant, je m’en étais bien sorti, je ne pense pas que qui que ce soit soupçonne que je suis … comme ça. Mais il faut que je m’entraîne pour contrôler ça. » Ca. Il ne pouvait pas parler de pouvoirs, de mutation, ces mots étaient tabous et les prononcer à haute voix était encore au-dessus de ses forces. Lorcan releva finalement les yeux pour regarder Nora. Elle avait repris des couleurs normales, son nez ne saignait plus. Et elle le regardait toujours comme s’il était un être humain, ce qui lui faisait une impression toujours aussi étrange. « Nora ? Qu’est-ce que tu faisais, avant d’arriver à Radcliff ? » La question était sortie toute seule, sans qu’il y réfléchisse. Peut-être qu’après avoir révélé un aussi énorme secret sur lui-même, il avait envie d’en savoir plus sur elle. Peut-être qu’il avait oublié qu’il trouvait ça impoli. Ou juste qu’il voulait savoir ce qui la rendait aussi ouverte d’esprit …
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