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 (Syracuse) It has faded away

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MessageSujet: (Syracuse) It has faded away   (Syracuse) It has faded away Icon_minitimeMar 6 Juin 2017 - 19:04





it has faded away

Avec Syracuse

Ses doigts pianotaient sur le clavier tactile, s'arrêtant toutes les secondes pour réfléchir aux mots inscrits. On aurait pu croire qu'il s'adonnait à un  à l'écriture d'un roman, et pourtant non. Les deux petites lignes qui ornaient son écran n'avaient rien d'exceptionnel, pas même un smiley pour agrémenter le tout. Lorsqu'il en vint à la troisième phrase, Jayce s'arrêta. Effaça. Recommença. Le curseur clignotant trahissait son hésitation, en ne cessant de décrire allées et venues. L'adolescent se maudissait encore une fois de plus de ne pas y avoir réfléchi avant. D’un autre côté, la procrastination et lui… une nouvelle histoire d’amour, mais qui s’avérait pleine de promesses.

« Jayce, on vous dérange peut-être ? » Il releva brusquement la tête, sentit ses joues s’empourprer. Un dernier coup d’œil au message inachevé, le mot à moitié formé, les pixels noirs. Jayce soupira imperceptiblement et mit son appareil en veille. « Désolé Monsieur. J’demandais juste si on pouvait venir me chercher aujourd’hui. » Rire bref qui secoua la classe. Même le professeur se retenait de rejoindre les autres, semblait-il. La franchise bien trop franche de Jayce Stillford avait encore frappé. « À ce point fatigué pour ne plus vouloir faire le trajet à pied ? » que railla l’homme. Le brun tiqua au mot fatigué et sentit ses mains se crisper sur son téléphone, redoutant un bref instant qu'il sache, qu'ils savent. Ils savaient.
Mais non, il ne savaient rien du tout, ce n'était que le fruit du hasard et une malheureuse expression. « Vous vous arrangerez bien après avec un camarade… après. Rangez ça maintenant. » Une vague de sourire parcourut la classe. Camarade, une de ses expressions qui n'avait plus sa place qu'entre calvaire et camaraderie au dictionnaire. Le brun hocha la tête, et les regards se détournèrent de lui peu à peu. Il baissa les yeux, ralluma discrètement son écran. Composa le code, réfléchit encore deux secondes à la fin de son message. Comment tourner ça sans alerter inutilement son destinataire ? Abandonnant finalement la partie de peur de se faire prendre, il tapota encore quelques fois à la va-vite une poignée de fautes d’orthographes de plus et envoya le tout. Pour une fois, il n'avait pas tellement envie que ces deux heures d'histoire – les dernières de cette éprouvante journée – se terminent.

« salut, ca te dit de se voir après mes cour ? tu saurais m'attendre dans le parking du lycee ? faut que je te dise des truc. »




La sonnerie retentit dans tout le bâtiment, un son strident qui vint percuter les oreilles de tous les élèves, des plus assidus au plus endormis. Certains se contentaient de lever la tête d’un air réjoui, d’autres de gratter la fin de leur phrase sur leurs notes. Les professeurs se hâtaient de donner leurs dernières instructions. Le concert des raclements de chaise se faisait entendre. La masse humaine se déversait dans les couloirs. Les conversations reprenaient.
Jay, lui, prit tout son temps pour ranger ses affaires, même quand ses amis le délaissèrent, même quand il ne resta plus que lui et l’historien. « Jayce. » Il se retourna, presque surpris d’entendre son nom. « Est-ce que ça va ? Je vous trouve distrait ses derniers temps. » La question habituelle, qui traversait les pensées de pas mal de personnes – à commencer par le principal intéressé. Ce dernier lui sourit largement pour le rassurer. Distrait ? Il n'y avait pas de quoi. Deux heures d’assoupissement cette nuit, trois la fois passée, deux et demies celle d’avant. Tu parles, d’un sommeil réparateur. « Oui, oui, ça va. Juste le stress des examens et une mauvaise nuit, rien d’alarmant. Bonne journée. » Il ramassa ses affaires et disparut dans les boyaux de l’école, ne laissant pas même le temps au prof de répondre.

Distrait. Fatigué. Stressé. Jayce soupira tout en passant les portes d’entrée. La faute à l’accident, la faute au chasseur, la faute au vaccin. Ce foutu vaccin. Apparu comme une punition juste après que le mutant ait ravi la vie de deux personnes. Fatigué. Le maître mot. Ça faisait un peu moins de deux semaines maintenant qu’il était constamment à bout de nerfs à cause des insomnies, et la perspective d’un quotidien bercé par ces presque nuits blanches ne le réjouissait pas des masses. Le manque de sommeil empiétait ses journées et devait probablement se faire sentir dans son humeur. Le manque de sommeil, les cernes, les réflexes amoindris.
L’adolescent plissa les paupières lorsque les rayons du soleil lui tapèrent en plein dans la rétine, une fois dehors, et il parcourut le devant du lycée du regard par réflexe. Pas l’ombre d’un Syracuse évidemment, comme il le lui avait demandé. Il se dirigea à grands pas vers le parking où s’entassaient déjà une horde de voitures luisantes au soleil, en rangs serrés de soldats prêts à partir à l'assaut, le moteur vrombissant. Jay n’eut pas à chercher bien longtemps le vert sapin du ranger de son parrain, qu’il avait appris à déceler rapidement avec les années. Une minute plus tard, il arrivait à la hauteur de la vitre passagère, qu’il frappa deux fois pour signifier sa présence.
Jayce sourit au visage qu’il voyait dans l’habitacle et ouvrit la portière en grand, le temps de se glisser à l’intérieur. « Salut ! Merci d’être venu m’prendre, c'est sympa. » D'habitude il rentrait à pieds, parce que le chemin n'était pas si long, mais là autant profiter de l'occasion non ? « Et puis ça faisait longtemps. Ça va, sinon ? » Presque un mois qu’ils ne s’étaient plus croisés, pour tout dire. Dans une petite ville comme Radcliff, c’était plutôt rare. Fallait dire aussi qu’il n’y avait pas eu tellement d’occasions de se voir dans son emploi du temps, avec les examens en approche. Mais fallait surtout dire qu’il ne s’était pas ménagé beaucoup de place.

Le moteur gronda et ébranla la voiture. Cette sensation, cette vibration le ramenèrent brusquement trois semaines auparavant, dans cette autre ville, et Jay détourna la tête. Il pouvait presque la voir, là, dehors, accablante de reproches. La peinture grise griffée de rouille. Le soleil qui s’y reflétait difficilement. La dame qui tournait les clefs pour faire démarrer le tacot. Sa cigarette allumée dans sa bouche. Les bosses légères sur le capot. Et l’explosion, le bruit, le cri, la surprise, la chaleur, le souffle.
Le mutant secoua la tête légèrement et cligna des paupières. Il avait la vague conscience que tout son comportement devait paraître étrange, mais qu’importait. Il tint ce silence quelques secondes, suffisamment pour faire le tri entre souvenirs et présent, réminiscences parasites et sensations actuelles. Quand il eut plus ou moins cadenassé l’accident au fond de son esprit, il se reconcentra sur son parrain. Lui sourit, dans l’espérance illusoire que ça effacerait les dernières minutes. « J’espère que t’avais pas des plans pour aujourd’hui que t’as dû annuler. Désolé si c’est le cas. Enfin pas que je compte te prendre toute ta soirée non plus hein, c’est juste que… ‘fin voilà quoi. J’voulais pas t’embêter. » Début de conversation très pertinent que voilà, c’est bien Jay. Continue sur cette voie. Il se gifla mentalement – un réflexe assez courant chez lui – à cause de ses paroles gauches et gênées. Gênées, c’était bien le mot. Il avait beaucoup de choses à dire, et pas assez de mots à mettre dessus pour les exprimer. Rien que l’expectative le faisait bafouer.
Jayce se cala un peu plus confortablement dans le siège, le sac entre les genoux et la farde sur les cuisses. Il avait le regard un peu perdu, en flottement, à mi-chemin entre le tableau de bord et la route. À se essayer d’organiser ses pensées et ce qu’il allait pouvoir dire. À se maudire de ne pas avoir prévu ça à l’avance, encore.

by tris


Dernière édition par Jayce Stillford le Lun 12 Juin 2017 - 0:34, édité 2 fois
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Syracuse Stillford
Syracuse Stillford

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MessageSujet: Re: (Syracuse) It has faded away   (Syracuse) It has faded away Icon_minitimeMer 7 Juin 2017 - 19:02

Jayce…
Que d’empressement.
Que de fautes.
Pourquoi ?

~ ~ ~

L’école. L’école, les écoles. Souvenirs de gris et de guerres. Tout m’y parait militaire et sévère. Je suis dans ma bulle de verre et d’acier. Dans ma Dodge, je me suis cloîtré.

Une certaine chaleur. Une certaine dolence. Une exaltation de la peau qui se fuit dans l’air. Mon esprit évaporé. Mes couleurs imaginaires. Je voudrais être oiseau. Hirondelle. Je voudrais voler, invisible et soie, entre les murs de l’école. Me déposer sur son épaule. L’épaule gauche. Me pencher. Regarder son visage. Ses mains. Ses notes. Ses pensées et ses gestes.

Que se passe-t-il, Jayce ?

Deux coups brefs contre du verre. La vitre côté passager.
Je me penche. Je tends le bras. Je m’étends. J’ouvre la portière. Je souris.

« Salut ! Merci d’être venu m’prendre, c'est sympa. »
- Salut. Pas de problème.

La présence d’un autre me ramène dans mon corps. Les rencontres sont des revolvers. Certaines lancent des balles meurtrières, d'autres de l'eau monotone, d’autres enfin des cotillons colorés. Toutes rompent la relation avec le silence. Dans une rencontre, le temps cesse de s’échapper.

« Et puis ça faisait longtemps. Ça va, sinon ? »
- Ça va. Tout va bien comme d’habitude, je pense.

Et lui ?
Des griffures sur sa pommette.
Une rougeur diffuse.
La raison de son sms ?

Je démarre. Le moteur grogne.

Je lui demanderai plus tard.

Pour le moment, les yeux Jayce sont recouverts de la brume légère des rêveurs. Des penseurs. Sa présence est aérienne à côté de moi. De lui, il émane une douceur biscornue. Il ressemble à une plume défaite. Ou à un nuage perdu sur terre. J'ai peur, un peu, de le déchirer.

«… J’voulais pas t’embêter. »
- Non, ne t’inquiète pas.

Ma main droite se lève du volant. S’y repose vite. Un geste à la finalité inutile pour dire que « ce n’est rien, non, vraiment. » Un tic de langage furtif. Le réflexe qui parle sans phonèmes.

- Ca m’a fait plaisir que tu veuilles me parler.

Et lui ?
Recroquevillé dans sa discrétion. On dirait une fausse tranquillité.

C’est étrange comme les humains se disent sans le savoir. Même quand ils font semblant. Même quand ils se taisent. Les gestes humains sont des mots muets, pour ceux qui veulent bien prendre le temps de les écouter. Parfois, on aimerait ne pas les entendre… Mais parfois, ils crient si fort, du plus profond des corps, qu’on ne peut faire comme si personne ne parlait la langue du silence.

Et moi je suis là, au volant d’une voiture et au bord de savoir. Un savoir comme un précipice qui me semble immense. Au bord de ses lèvres pudiques d’une vérité qui l’a poussé aujourd’hui à un appel virtuel.

Je veux le ménager. Le temps d’aller jusqu’à sa maison – un temps bref, si bref.

Arrivés.

Je me gare. Nous sortons. Le soleil de fin d’après-midi sur ma nuque. Nous entrons.

Habitudes.

Mes mains dans les poches de mon jean – me protéger des objets. Des objets inconnus, des multiples, des gorgés d'histoire, des touchés, des voyeurs, des utilisés, des tristes, des fâchés, des neufs, des bavards…  

- Ta journée fut bonne ?

Une question, rapidement.
Ce n’est pas que.
Mais je ne suis pas.
Je ne sais comment.

Tu grandis si vite, Jayce... Ta silhouette précipitée en hauteur... Quand je te vois, l’adulte remplace tellement l’enfant… Que je ne sais plus toujours comment te parler. Nos années insouciantes, pas si loin derrière, sont froides soudain quand je me souviens de ce que mûrir implique comme amer.

Mais tu as encore cette douceur, entre ce grand squelette et cette longue peau tendre, que seuls les enfants trop vite grandis gardent au fond de leur cœur.

Et ça me fait plaisir, cette douceur. Ce reste du passé. Ça me donne la certitude que tu ne partiras pas, seul, sans prévenir, dans un futur où je n'existe pas. Ça me donne le sentiment d'avoir encore un rôle à jouer.

- Tu voulais me parler de trucs précis ? Un rapport avec …

Mon regard se pose sur sa pommette.
Au coin de l’œil.
Sous les cils.
Là, mon regard, tout près, de sa petite blessure.

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MessageSujet: Re: (Syracuse) It has faded away   (Syracuse) It has faded away Icon_minitimeLun 12 Juin 2017 - 0:32





it has faded away

Avec Syracuse

« Non, ne t’inquiète pas. Ça fait plaisir que tu veuilles me parler. » Il lui sourit comme pour confirmer, bien que ce ne fut pas exactement cela. Il allait lui parler parce qu’il était grand temps, pas spécialement par envie personnelle. Ce n’était pas l’interlocuteur qui le dérangeait, leur relation avait au contraire toujours été des meilleures. Mais Jayce pressentait vaguement que tout ça, là, risquait de changer. Le regard que Syracuse lui porterait désormais, surtout.

Le voyage passa vite. Trop vite. Pas assez d’organisation, les pensées éparpillées au vent, la vérité crue et acide qui lui brûlait la gorge. Il n’avait pas trouvé de plan sur les routes et à coup sûr, il allait en payer le prix. Bon dieu.
L’adolescent les conduisit à sa maison, dont la silhouette coutumière se dressait au bout du chemin bordé de massifs fleuris. Ils entrèrent après avoir attendu un certain moment sur le porche, le temps que Jayce retrouve enfin ses clefs dans son sac. Sac dont le fouillis était à la mesure de son désordre coutumier cela allait de soi. « On peut aller dans le salon. Tu veux quelque chose à boire ? Je peux te faire du café si tu veux. Ou il y a de l’eau, du coca, du jus d’orange je pense… Enfin, comme d’habitude. » Pas besoin de lui faire un schéma. « Ah, et Lissa est chez une amie et les parents sont encore au travail jusqu’à dix-neuf heures, du coup je sais pas si t’auras l’occasion de les croiser aujourd’hui. »
Jayce laissa son parrain prendre place dans la pièce attenante à l’entrée pendant qu’il se dépêchait de déposer ses affaires et mettre sa veste au porte-manteau. Les yeux du brun accrochèrent alors son bandage, qu’il avait réussi à oublier pendant la journée. Les manches courtes de son T-shirt laissaient apercevoir le blanc cru sur son biceps gauche. Il resta ainsi immobile quelques secondes, les pensées arrêtées sur ce bout de tissus laiteux. Il ne pouvait décidément pas le montrer tout de suite, non ? Pas tant qu’il n’aurait pas tout expliqué. « Ta journée fut bonne ? » La voix lui parvenait presque aussi claire que s’ils s’étaient retrouvés à deux pas l’un de l’autre. Jay se dépêcha d’attraper un sweat et de l’enfiler sur ses épaules, tout en revenant vers Syracuse qu’il rejoignit rapidement sur les canapés, juste en face de lui. Il lui sourit. Chez lui, cette expression faciale amicale accompagnait presque la moindre interaction, une façon de s’exprimer aussi coutumière que la parole. Même quand la situation ne semblait pas s’y prêter, ce qui prêtait souvent à confusion. « Oui, oui, ça s’est plutôt bien passé. Pas mal de professeurs nous ont laissé un peu de temps pour réviser, du coup j’ai pu m’avancer sur mon programme. » Ou plutôt se rattraper, parce qu’avec tous les derniers événements ses examens avaient été le moindre de ses soucis. Ses nuits blanches, il les passait couché sur son lit à fixer le plafond et les ombres mouvantes qui s’y dessinaient. À ressasser l’accident. À appréhender de brèves périodes de sommeil, synonymes de cauchemars. Pas à potasser son dernier chapitre de chimie.
« Tu voulais me parler de trucs précis ? Un rapport avec… » Son regard déviant s’échoua sur la pommette de Jayce. Les éraflures carmin sur sa peau pâle. Les sillons parallèles de shrapnels incisifs. La preuve altérée de sa culpabilité. La trace en décomposition de son histoire.
Il observa un moment le visage de son parrain, l’inquiétude latente qui émanait de lui. Nous y voilà. Sa voix sortit en un filet, celui qui se glisse avec réticence hors du robinet et qui se perd dans le siphon. Des gouttes inutiles, perdues. « Euh… Oui. » Qu’allait-il pouvoir lui dire ensuite ? Il avait terriblement envie de détourner la tête. De partir sans demander son reste et de quitter son parrain là. De ne plus y penser. Quelle joie ça aurait été de démentir, de lui dire que tout ça n’avait été que le résultat d’une chute en vélo et qu’il voulait juste discuter des prochaines vacances avec lui ! Il aurait voulu effacer ces dernières semaines et les cernes qu’elles avaient déposées sous ses yeux. Ne pas avoir à dire ce qu’il avait fait, parce que même si le mutant n’avait rien voulu de ça il était clair que c’était de sa faute au moins en partie. Mais faire table rase était impossible.

Le garçon commença enfin à déverser ce qu’il avait sur le cœur, mais doucement. Le regard perdu à mi-chemin de Syracuse, la voix incertaine. « Je ne sais pas si tu as entendu parler de l’accident qui s’est passé à Lexington le mois dernier ? Je ne pense pas que ça ait fait beaucoup de bruit de toute manière. Enfin façon de parler, puisque… C’était une voiture dont le moteur a explosé. » Il jeta un coup d’œil bref à son parrain. Là. Le dernier mot, explosé, avait dû attirer son attention. Les mutations des membres de cette famille n’avaient pas à être cachées au sein de ladite famille, et Syracuse connaissait pertinemment celle de son filleul. Sa puissance, aussi. Sa dangerosité, surtout. « Ils ont dit que c’était un problème technique ou je ne sais quoi de la voiture, beaucoup trop vieille pour encore être sur les routes. Mais ils se sont trompés. Enfin je pense. C’est moi qui l’ait détruite. » Voilà, c’était dit. Une partie en tout cas de ce qu’il devait avouer avait été prononcé. Sa responsabilité et les dégâts causés. Matériels, du moins.

Ils avaient toujours pu éviter de mettre quiconque en danger. Quand Jay sentait qu’il allait perdre le contrôle, il maintenait son attention sur de petits objets, comme des crayons ou des assiettes. Ou il sortait de la maison, trouvait un endroit esseulé pour se défouler sur le décorum. Jamais les blessures occasionnées n’avaient dépassé les vilaines coupures, jamais ça n’avait eu… l’importance de l’explosion du mois dernier, justement parce qu’il s’arrangeait pour ne pas laisser libre court à son pouvoir en public. « C’est là que j’ai été blessé, au bras. Et à la joue. » Il désigna vaguement sa manche gauche. L’éraflure qu’il portait sur le visage n’était pas un grand mal après tout, seulement le résultat de sa rencontre brutale avec le sol. « Il y a eu deux morts dans l’accident, la conductrice et un type qui était à côté. » Le type en question n’était pas juste une victime collatérale à vrai dire, c’était bien plus que ça. Le discours de l’adolescent allait dévier sur le chasseur, l’arme noire obstinément mal cachée sous la veste, mais il se bloqua au dernier moment dans sa gorge. Jayce avait l’impression de se tenir au bord d’un gouffre, à se sentir osciller, à sentir son propre poids l’attirer vers le vide. Une phrase, une révélation, et Syracuse saurait. Et Syracuse pourrait l’aider.
« J’sais pas quoi faire Syracuse. » Il se pencha en avant, écrasa ses paupières sur ses paumes comme pour y broyer sa fatigue. Pour y anéantir toute émotion. Il resta un temps comme ça à ne pas regarder son invité. Les images tournaient en boucle dans sa tête, la rengaine de ses reproches personnels.
La panique de l'instant, le souffle arraché par la course, tous les sens en alerte, le danger de cet homme armé, l'empressement qui prenait le dessus. La raison et le contrôle qui foutaient le camp. Ses souvenirs, c'était un amas confus de précipitation et de peur. « J’sais pas comment j’aurais pu agir différemment, comment j’aurais pu éviter ça, ce que j’aurais dû faire… » Il eut un petit rire ironique, qui secoua sa cage thoracique le temps d’un moment. Un petit rire bref, sans joie, qui lui amenait un goût amer dans la bouche. « Certainement pas c’que j’ai fait en tout cas. » Des syllabes étranglées, proférées à voix basse. Des syllabes qui englobaient également la prise du vaccin, deux jours après. La voilà, la chose qu’il n’osait pas encore lui dire. Le vaccin. Le fichu vaccin. Il avait étouffé sa mutation comme on musèle un canidé un peu trop insistant, et sa résistance n’était pas assez grande pour en assumer les conséquences. Ou sa lâcheté était trop démesurée, en fonction du point de vue.
Il releva la tête et se cala au fond du divan, las. Jayce regarda son parrain dans les yeux et eut l’impression d’y voir ses propres sentiments s’y refléter. Il sentit une nouvelle vague de tristesse déferler. « Désolé. De pas te l'avoir dit. » De ne pas t'avoir mis au courant plus tôt. D'avoir causé tant de problèmes.
Désolé de ne pas encore t'avoir avoué le plus important et de le retarder encore.


by tris
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