Malgré toute la bonne volonté du monde à ne pas sociabiliser, la chose avait eu lieue. Bien sûr ça n’était pas comme si c’était arrivé volontairement, ni même souvent. Non. Judeus ne pouvait réellement compter que deux personnes pour qui elle prévoyait de sortir de chez elle pour autre chose que les besoins de base et pour payer le factures. C’était déjà un exploit en soit puisqu’elle n’arrivait pas à comprendre comment ça avait pu arriver. Elle n’avait même pas essayé. Calista et Kaisa avaient juste réussi à s’imposer. Un peu comme Gray. C’était peut-être ce qui la dérangeait le plus dans cette histoire mais, Jude reconnaissait que c’était trop tard pour les éloigner à moins que les choses deviennent encore plus compliquées qu’elles ne l’étaient.
Pourtant, les complications ne manquaient pas. Loin de là. C’était une question d’ajustement à cette nouvelle vie, elle en était bien consciente. Il y avait des choses contre lesquels elle ne pouvait pas lutter et l’accepter était difficile pour elle puisqu’elle ne tolérait pas qu’on se mêle de ses affaires. À Radcliff, Jude avait cette impression que c’était une habitude des dirigeants et des groupes en tout genre. Ne parlons même pas de l’État en lui-même. Elle qui abhorrait les règles de tout poil ou les tentatives de contrôles était servie. Le plus ironique était peut-être que ses assureurs tentaient de se soustraire à leurs obligations. Si elle essayait, elle savait exactement comment ça se passerait. Quelle ironie. Comme quoi tout ce qui relevait des lois et es règlements étaient en deux temps et sélectifs. Ne parlons même pas du fameux recensement mutant à l’échelle national, cette énormité était la pire de toute. Est-ce qu’ils avaient seulement envisagé le fait qu’il peignait une cible dans le dos d’une partie de la population ? Probablement. Et Judeus était persuadée que ça n’était pas innocent. Elle voyait toujours le pire. Pas le meilleur.
Tout ça pour dire qu’il allait falloir qu’elle se détende à un moment où à un autre ou quelqu’un allait en payer les conséquences, responsable de quelque chose ou non. Au fond, c’était tout juste si elle n’espérait pas que quelque chose allait se produire, histoire de pouvoir réagir en conséquence, proportionnellement ou non. Jude n’avait plus besoin d’excuses depuis longtemps. Certaines personnes avaient juste commis l’erreur d’exister. C’était aussi simple que ça.
Toujours aussi tendue, Judeus était presque en train de grincer des dents. Kaisa devait arriver dans peu de temps et il n’était pas dit qu’elle serait de bonne compagnie pour elle, d’autant qu’elle était chez elle et qu’elle ne prétendait jamais. Peut-être que ça la détendrait. La jeune femme s’était imposée dans sa vie au fur et à mesure depuis qu’elle était arrivée à Radcliff, sans même se donner du mal. Elle avait laissé les choses suivre leurs cours, n’avait jamais mal réagi à son attitude. Les rencontres n’avaient jamais été forcées, toujours dues au hasard. Certainement la raison pour laquelle Jude n’avait pas vu venir cette relation amicale. C’était arrivé le plus naturellement du monde. Une foutue première. Elle avait même parlé de Gray de temps à autre, c’était dire. D’ailleurs, elle ne comprenait toujours pas ce qui l’avait poussé à parler de lui. Ça n’était pas comme s’il était le grand absent de sa vie après tout. Bordel... elle était amère sur le sujet et elle n’était jamais amère ! Ce qu’elle pouvait le haïr.
Décidée à profiter de la soirée pour essayer de se distraire, elle vérifia qu’elle avait tout ce qu’il fallait au frais et dans les placards. Ce soir, les expériences culinaires étaient de mise. Encore une raison pour laquelle Kaisa semblait parfaitement s’intégrer dans le paysage. Elle partageait sa passion pour la nourriture semblait-il.
Distraite provisoirement par le contrôle de son frigo, Jude loupa presque les premiers coups frappés à la porte. Malgré l’invitée attendue, tendue comme elle était, elle resta méfiante à l’ouverture de la porte, la main sur un poignard dissimulé dans l’entrée. On n’était jamais trop prudent dans ce bled d’après ce qu’elle avait fini par comprendre. C’était techniquement de la déco mais, une arme restait une arme et Judeus mettait un point d’honneur à les garder en état. Sa déco n’en était pas vraiment une pour qui la connaissait bien.
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« Entre. »La personne à la porte étant bien la personne attendue et seule, elle abandonna sa défense et ouvrit la porte avant de la refermer derrière elle. Comme toujours, elle ne posa pas les questions d’usage. Elle saurait bien comment Kaisa allait au fil de la soirée et si elle était là un peu en avance, c’était qu’elle n’avait certainement eu aucun problème pour arriver jusque là. S’il y avait bien une chose qui ne changeait pas malgré le fait que Jude... appréciait la jeune femme, c’était qu’elle n’était toujours pas efficace dans ses interactions sociales.