Gabriela avait dû se battre dix bonnes minutes avec James avant qu'il n'accepte d'avaler sa compote de pommes. À chaque fois qu'elle avait approché la cuillère de sa bouche, il avait détourné la tête en lâchant un petit "non" qu'elle aurait trouvé adorable si elle n'avait pas été épuisée. Finalement, elle lui avait fait les gros yeux et James avait cédé en ronchonnant, mais il avait terminé son dessert. Elle lui avait ensuite rapidement donné son bain, et puis elle était allée le coucher. Au fil des mois, il s'était apaisé, et s'était habitué à sa présence et à celle de Joren. Il avait même commencé à l'appeler "maman", et Gabriela avait été tellement émue la première fois qu'elle s'était mise à pleurer. La faute aux hormones, avait-elle prétendu. En réalité, elle avait simplement été incapable de retenir ses larmes en entendant son fils l'appeler ainsi, après tout ce temps à batailler pour le sauver et lui apprendre à lui faire confiance. Sa vie avait radicalement changé depuis qu'elle était à Radcliff, plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle avait pensé quitter la ville dès qu'elle aurait récupéré James... Raté, elle s'y était carrément installée. Joren et elle vivaient même ensemble depuis deux mois, leur maison avait été son cadeau d'anniversaire et de Saint-Valentin. Et puis, il avait leur bébé. Une petite fille, qui naîtrait bientôt. Sa grossesse n'avait pas été prévue, mais Gabriela était particulièrement excitée à l'idée de devenir maman pour la seconde fois, sans que rien n'aille de travers. La chambre du bébé était presque prête, il ne manquait plus que quelques accessoires... Et un prénom. La petite n'avait pas encore de prénom, ils n'étaient pas encore parvenus à en trouver un qui leur convienne. Ils avaient encore quelques semaines devant eux, mais Gabriela commençait à se dire qu'elle serait née avant qu'ils ne se soient décidés, et qu'ils se retrouveraient bien bêtes à la maternité. Enfin, ce n'était pas non plus dramatique... Elle avait décidé du prénom de James à peine une poignée de jours avant sa naissance, alors elle ne s'inquiétait pas. Le petit couché, Joren et elle pouvaient enfin dîner tranquillement. Enfin, en théorie. Elle avait bien remarqué qu'il avait l'air frustré par quelque chose, à sa façon de la regarder, mais tant qu'elle s'occupait de son fils, il n'avait rien dit, et elle non plus. De retour dans la cuisine, elle tira une chaise pour s'y asseoir. Elle se serait volontiers adossée au comptoir, les bras croisés et les sourcils froncés, histoire d'avoir l'air un minimum sérieuse, mais depuis qu'elle ne voyait plus ses pieds, elle avait beaucoup perdu en capital sévérité. Au lieu de cela, elle posa ses deux mains sur son ventre rond, ses jambes étendues et croisées devant elle. Difficile d'avoir l'air menaçante quand est sur le point d'accoucher. Elle soupira, longuement. « Bon. De toute évidence, tu as quelque chose à me dire. Dis-le, au lieu de me regarder comme ça. Je suis enceinte, pas en sucre, alors vas-y. » Elle se retint difficilement d'ajouter qu'elle n'était pas d'humeur à se disputer avec lui. Parce qu'elle était fatiguée, et qu'elle ne rêvait que d'une chose, son lit. Qui allait devoir attendre, de toute évidence. Dommage.
Petit à petit, avec Gabriela, Joren avait réussi à se construire une vie, quelque chose de stable dont il était plutôt fier. A côté de ça, il avait foutu en l’air de nombreux aspects de sa vie. Il n’avait toujours pas repris contact avec Maiken et donc, il n’avait pas pu revoir sa fille depuis ce qui lui semblait être une éternité. Il ne savait pas comment si prendre et il était peut-être trop lâche pour prendre le risque de se heurter à une Maiken encore folle de rage. Il savait trop bien qu’elle ne la laisserait pas revoir Sigrid dès qu’il oserait aller la voir pour essayer de lui parler, il savait que si jamais, les choses s’arrangeaient un jour, ce serait pas après de nombreux efforts de sa part. Forcément que s’il n’osait pas essayer, ça ne s’arrangerait jamais. Il en avait plus que conscience Joren, mais pour l’heure, ça semblait encore trop dur d’oser franchir le pas. Il était un peu paumé sans doute, alors qu’aux dernières nouvelles, il n’avait même plus de boulot, c’était comme si sa vie ne ressemblait plus à grand-chose ces derniers temps. Plus de Sigrid, plus de boulot, c’était pas terrible. Heureusement qu’à côté de ça, y avait encore Gabriela, leur vie ensemble, James et la fille qu’ils auraient bientôt tous les deux. Il se faisait la promesse Joren, que ce bébé, il ne le blesserait jamais, il ne ferait jamais rien qui puisse un jour détruire le lien qu’il aurait avait sa fille. Ça ne rattraperait jamais toutes les erreurs qu’il avait pu faire avec Sigrid, mais au moins, ça permettrait à cette petite d’avoir un père dont elle n’aurait jamais aucune raison de se plaindre, à part peut-être à l’adolescence, comme tous les gosses, mais ils avaient largement le temps d’y penser à ça.
Est-ce que Gabriela pensait de la même façon que lui ? Elle n’avait jamais été une mauvaise mère, mais elle avait été une mère privée de son fils pendant trop longtemps, alors, Joren, il se disait qu’elle devrait quand même avoir envie de faire avec ce bébé, tout ce qu’elle n’avait pas pu faire avec James. Il avait peut-être l’air d’un père au foyer plus que d’un type diplômé de l’une des plus grandes universités du pays désormais, mais il n’était pas complètement con pour autant. Il savait qu’y avait des trucs pas nets qui se passaient avec Insurgency et Gabriela, elle était encore là-bas, comme si ça n’avait pas d’importance, elle était enceinte jusqu’au cou et elle trainait avec des transmutants extrémistes qui avaient déjà fait sauté la moitié de la ville. Il n’avait pas envie de passer pour ce type qui essayait de contrôler la vie de sa compagne, mais quand même à huit mois de grossesse, est-ce que ce serait pas logique de lever un peu le pied ? Il semblait bien que Gabriela, elle était du genre à ne faire que ce qu’elle voulait, tant pis pour le reste. Alors, quand bien même il n’avait pas envie de passer pour le connard de l’histoire, y avait des moments où il avait bien du mal à prétendre que tout allait bien. Il releva les yeux vers la brune alors qu’elle venait d’entrer dans la cuisine et qu’il était occupé à remplir le lave-vaisselle. Il haussa les épaules à sa remarque. « Hm, j’sais pas. » Qu’il commença en continuant ce qu’il était en train de faire. « Comment ça va Insurgency ces derniers temps ? » Il s’en fichait comme de sa première chemise, d’Insurgency, évidemment qu’il ne s’inquiétait pas pour ce groupe, mais bien pour Gabriela qui elle était enceinte et pas qu’un petit peu et qui prenait des risques inconsidérés à cause de ce groupe. Sa vie pouvait être en danger et celle de leur enfant aussi, alors peut-être qu’il n’avait rien à dire concernant la vie de Gabriela – quoi qu’il devait bien avoir le droit d’avoir un avis, il était son petit ami, pas son voisin de palier – mais concernant leur enfant, il n’était peut-être pas celui qui devait supporter la grossesse et tout ce qui allait avec, mais au dernières nouvelles, c’était quand même lui le père, alors, il lui semblait bien qu’il avait quand même son mot à dire.
Quand on possédait un caractère volcanique comme Gabriela, ou un du genre tempétueux comme Joren, il n'était pas rare que l'un ou l'autre hausse le ton lorsque la tournure de la conversation leur déplaisait. Ils avaient beau être adultes, ça ne les empêchait pas de se comporter parfois comme de véritables enfants, quitte à se sentir parfaitement ridicules après coup. La dernière chose dont Gabriela avait envie, c'était de se disputer avec lui, mais elle avait bien senti la tension dans l'air. Et elle ne pouvait pas faire comme si elle n'avait rien vu, parce que c'était terriblement agaçant. Joren savait pourtant qu'elle avait horreur des non-dits, et sa fin de grossesse la rendait particulièrement irritable, la fatigue ne l'aidant pas à garder le contrôle de ses nerfs. Était-ce pour cette raison qu'il ne disait rien, pour la ménager ? Ridicule, elle n'était pas faite de porcelaine. C'était fou, cette idée que les hommes avaient qu'une femme enceinte n'était qu'une petite chose fragile. Certes, elle n'avait pas vu ses pieds depuis un moment, mais cela ne faisait pas d'elle une créature sans défense. S'il lui cassait les pieds, elle pouvait toujours lui botter le cul. Et elle le ferait sans hésitation s'il continuait à lui servir le traitement silencieux. Franchement, s'occuper du lave-vaisselle ne pouvait pas être si intéressant que ça. Il attendait qu'elle parle en premier, alors voilà, c'était fait. Sauf qu'il continuait à tourner autour du pot, c'était à croire qu'il le faisait exprès. Gabriela leva les yeux au ciel en soupirant longuement, et de façon exagérée. « Comment va Insurgency ? Comme si tu ne le savais pas. » Allait-il vraiment lui reprocher encore une fois de s'être impliquée dans la cause mutante ? Après tout ce qu'elle avait subi, en partie par sa faute ? C'était l'hôpital qui se foutait de la charité. D'autant plus qu'elle faisait en sorte d'être honnête avec lui, même si son implication dans le groupe ne lui avait jamais plu. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise, Joren ? Isolde a été virée de sa propre organisation, j'étais son bras droit, alors je ne vais pas m'y attarder, je déteste Demelza et sa vision des choses. » Et il s'en moquait, pas vrai ? Elle pouvait comprendre qu'il s'inquiète pour elle et pour le bébé, mais ça ne lui donnait pas le droit de lui dicter sa conduite. Ce qu'il n'avait jamais fait, certes, mais Gabriela sentait bien que ce n'était pas l'envie qui lui manquait. « Si tu t'inquiètes pour le bébé, tu devrais pourtant bien savoir que je ne ferais jamais rien qui puisse la mettre en danger. Tu es bien placé pour savoir que je ferais n'importe quoi pour protéger mes enfants, Joren. Je ne fais rien de stupide, alors s'il te plaît cesse de t'inquiéter. » Espionner le nouveau leader du groupe n'était peut-être pas sans aucun risque, mais elle n'était pas du genre à aller placer des bombes ou à s'en prendre à des Hunters sans réfléchir. Il ne le réalisait sans doute pas, mais Gabriela était prudente. Si elle n'avait pas été enceinte, elle aurait pu se mettre en danger, mais elle l'était. Elle l'était, et il n'était pas question qu'il arrive quoi que ce soit à son bébé parce qu'elle avait fait l'idiote. Elle avait tué son père pour sauver James, alors comment Joren pouvait-il croire une seule seconde qu'elle ferait quoi que ce soit pouvant mettre leur fille en danger ?
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Joren Holgersen
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Sujet: Re: hidden truths (fst, jorela) Ven 5 Mai 2017 - 18:14
war of hearts
— gabriela rivera & joren holgersen —
Il n’avait pas toujours été un très bon père, Joren. Si Maiken avait décidé de divorcer, c’était parce qu’il n’avait pas assuré avec Sigrid, qu’il n’avait paniqué à cause de la mutation de la petite et que pour lui, ça avait été complètement inacceptable. Il avait été idiot de penser comme ça et il le savait bien. Pendant tout un temps ; il avait été aveuglé par la vision des choses qu’il avait pu avoir, celle que ses parents avaient glissée, dans un coin de sa tête, pendant des années et des années, si bien que détester les transmutants, ça avait été normal. Vouloir les éradiquer en revanche, ça lui était probablement venu avec la colère, la rage de voir que c’était arrivé à sa fille, puis d’avoir été viré de la vie familiale, par le divorce qu’il avait été bien obligé de signé. Pendant des années, ça avait eu du sens pour lui. Il était devenu un hunter, il avait tué des transmutant sans que ça ne semble complètement fou. Il avait tout foiré et quand il s’était rendu compte de ses erreurs, qu’il avait voulu regagner sa place dans le cœur de sa fille, on lui avait arraché ça à la vitesse de l’éclair. Peut-être que c’était une punition qu’il méritait, pour le sang qu’il avait sur les mains, les cadavres qu’il avait laissés derrière lui. Peut-être qu’en plus, il ne méritait pas l’amour de Sigrid, après l’avoir rejetée comme il l’avait fait, au moment où sa mutation s’était réveillée.
Il ne savait pas trop Joren et au fil des mois qui s’étaient écoulés depuis qu’il avait injecté ce vaccin dans le bras de sa fille, il s’était trouvé tout un tas de trucs comme ça, pour justifier qu’il soit loin de sa fille maintenant, pour donner un sens à tout ça, quand bien même ça n’en avait peut-être pas. Ça l’aidait, au moins un peu à accepter la situation. Mais de l’autre côté, y avait ce deuxième bébé, celui que Gabriela elle avait encore dans le ventre. Peut-être que son histoire avec Sigrid, elle influençait sa façon de voir les choses et que ça le rendait complètement parano et peut-être qu’avec ça, y avait le souvenir de cette fois où il avait ramassé Gabriela en sang dans une rue de la ville et que le tout, ça faisait qu’il ne pouvait pas s’empêcher de s’inquiéter. Ou peut-être que c’était juste normal, qu’il s’inquiète pour la femme dont il était amoureux et leur bébé. Alors, il semblait bien que d’après lui, limiter ce qui était dangereux, ça pourrait être une bonne idée. « Peut-être que tu devrais les lâcher avant d’accoucher sur leur tapis alors ! » Il n’avait rien dit avant aujourd’hui. Il n’avait pas essayé de contrôler sa vie ou de la couver comme un pauvre gars complètement parano. Mais là ça faisait huit mois, il lui restait deux mois tout au plus avant d’accoucher, ça semblait être le bon moment pour se poser tranquillement au lieu de travailler pour une organisation terroriste. « Ouais, je sais. » Il savait tout ce qu’elle avait fait pour retrouver son fils, il n’était pas con et bizarrement si c’était censé le rassurer, ça avait plutôt l’effet inverse. « Et j’sais aussi que c’est moi qui suis venu te ramasser quand tu baignais dans ton sang. » Son père, il était mort maintenant, il ne pouvait pas lui tirer dessus encore une fois. « Est-ce qu’on doit parler de ton cousin qui s’est fait poignarder ? » Encore un exemple, un parmi tant d’autres, il en avait vraiment beaucoup en stock des exemples. « Ou du type du gouvernement qui vient de se faire buter ? » Ou de la vielle dame l’autre fois ou encore ce type, Sheldon Smith. « J’te fais confiance Gaby. A toi. Pas à cette Demelza ou à un groupe qui a l’habitude de se faire entendre en posant des bombes à travers la ville. Pas aux hunters qui pourraient ne pas être d’accord avec tout ça ou à cette milice qui se pointe en ville pour faire régner l’ordre ou j’sais pas quoi. » Il pouvait faire confiance à Gabriela autant qu’il le voulait, ça ne rendait pas le monde moins imprévisible, ça ne rendait pas Insurgency moins compliqué et ce qu’elle faisait moins risqué. Faire profil bas, à huit mois de grossesse, ça ne semblait quand même pas trop demandé.