STORIES ARE WHERE MEMORIES GO WHEN THEY'RE FORGOTTEN

I wanna be the one you steal
I wanna be the one you shield

13 ans. Kumina avait déjà vu pas mal d’endroits. De l’Afrique, à l’Asie à l’Amérique latine, ses parents les avaient emmené avec eux partout. Kumi avait toujours aimé voyager. Il se contentait de peu. Tant qu’il y avait d’autres enfants pour jouer avec lui, ça lui allait. Et puis, il y avait Azylis, sa petite soeur, Fausto, son frère aîné, et les jumelles Calixte et Eden. Oui. Chez les Møller, les enfants se comptait par cinq.
Ils étaient venus là pour Fausto et ses études. Les jumelles aussi n’allaient pas tarder à rentrer à l’université. Il était temps de se poser pour la famille de bohèmes. Mais Kumina se sentait tellement en décalage par rapport aux gens de son âge. Deux jours après la rentrée, il était déjà seul. Il se construisit vite une bulle. Ce qui lui évita de se sentir trop affecté par les ragots, les insultes, voire les brutalités. Et puis, un jour quelqu’un entra dans sa bulle. Un garçon. Devan. C’était le premier et seul à l’avoir défendu dans cette nouvelle école. Kumi avait dès lors senti qu’ils étaient tous les deux liés.

17 ans. Il avait mis de longs mois à comprendre ce qui lui arrivait. C’était arrivé à peu près au même moment que le don d’Azilys. Mais sa soeur avait une mutation assez visible. Et utile. Alors que lui… Il ne comprenait pas bien à quoi ça servait. Il voyait juste… Beaucoup de choses que personne d’autre ne voyait. Les sms des gens dans les couloirs. C’était l’horreur ça. Une fois, il avait appris qu’une fille de son cours d’italien n’allait pas bien parce qu’elle s’était fait quittée, il avait essayé de la consoler… Il avait juste réussi à passer pour un mec encore plus bizarre qu’avant. C’était probablement le pire. De savoir plein de choses et de ne pas pouvoir aider les autres. Sa soeur au moins, elle pouvait soigner tout un tas de personnes ! Elle ne s’en privait pas. Il l’avait plusieurs fois accompagné à l’hôpital pour enfant. Elle choisissait au hasard, et elle soignait un enfant au bord de la mort. C’était devenu comme un jeu pour elle.
Pour Kumina, le seul jeu qu’il pouvait y avoir, c’était faire l’innocent alors qu’il savait tout ce que Devan pouvait chercher sur internet quand il s’ennuyait en cours… Quand ce n’était pas vexant, c’était souvent carrément gênant. Sérieusement qui cherche “point G gay” sur google pendant un cours de mathématiques ? Mais bon. On s’habitue à ce genre d’indiscrétion… Au moins, Devan se préoccupait de leur bonheur à tous les deux ?

22 ans. Sa main serrait celle de Devan. Il peinait à tenir debout. Sans doute à cause de l’épuisement tant émotionnel que physique. C’était fini. La lutte. La sienne. Celle de sa soeur. De sa famille. Ils étaient là, devant le four crématoire. Sa soeur était morte. Tuée par sa mutation sans doute. Comme un contre coup. Comme si à force d’absorber la mal des autres, son corps s’était lui-même nécrosé. Ils avaient bien essayé de la soigner. Pendant un an. Kumina avait été son donneur principal. Le seul enfants de la famille a être compatible avec elle. Il aurait donné tous ses organes pour elle. Mais les médecins n’avaient pas voulu. Par contre, toutes les économies de sa famille, ça, ils en avaient bien voulu. Et tout ça pour quoi ? La médecine avait déçu Kumina. Il avait perdu sa petite-soeur. Parce qu’elle avait été un véritable ange. Et personne ne leur ramènerait. Kumina avait mis plusieurs mois à se remettre de sa mort. Sans Devan, il n’aurait probablement jamais surmonté cette épreuve. Sa famille en resta comme amputée.

24 ans. Il n’avait pas réfléchi en partant. Il devait l’avouer s’il y avait réfléchi plus longtemps, il serait sûrement encore à Radcliff. Mais non. Il avait agi. Devan l’avait une fois de plus quitté. Il avait décidé de partir pour oublier que ça faisait mal à chaque fois. Cette fois, il ne serait pas là quand Devan reviendrait. Il avait besoin de temps pour lui. Pour lui seul. Cette mission en Inde, ça avait été le coup de chance. Il n’avait laissé qu’une lettre à Devan. S’il revenait pendant son absence. Il ne partait que pour six mois. Puis six mois de plus… Il avait vécu beaucoup de choses dans ce pays, il avait oublié quelque fois Radcliff. Quelques heures. Mais Devan s’imposait toujours quand il n’avait rien d’autre à penser. Et parfois, son don remontait jusqu’à lui. Il entendait sa voix parler à d’autres, comme un écho, des bribes indistinctes, trop lointaines pour être comprises, trop floue, trop inaudible Pas longtemps. C’était trop éprouvant de remonter jusqu’à lui, tout un tas de noeuds d’ondes. Mais parfois il y arrivait. Et finalement, après deux ans, il n’arrivait plus à se sentir heureux sans lui. Il avait besoin de sa famille aussi. Alors, il était rentré. Malgré les temps troubles. Malgré tout. Parce qu’il faut bien rentrer chez soi après un grand voyage…

FÉLICITATIONS JEUNE MUTANT

tu es validé, tu pues la classe, vas-y sors tes lunettes de soleil.