STORIES ARE WHERE MEMORIES GO WHEN THEY'RE FORGOTTEN
Time passes, but not the memories
Si on se demande comment ces deux là on put se rencontrer, on peut également se demander comment ils ont put rester aussi longtemps ensemble. Eux que tout oppose. Lui fils du Texas, élevé à la dure par un père patriote ayant fait plus de vingt ans d'armée. Habitué dés son plus jeune âge à être debout dés potron minet, les deux pieds dans le purin.
Elle fille de la ville, style atypique toujours impeccable. Féru de littérature, fan de fantastique, toujours la tête dans les nuages. L'aîné d'une fratrie de quatre.
Réécrivons la belle et la bête…
Si leurs rencontrent n'a été qu'une série de coïncidence, le reste de leur vie à deux en fut de même. Ils n'appartenaient pas au même monde, d'ailleurs au départ ils peinaient à se comprendre. Lui de son accent à couper au couteau, elle avec ses origines galloises. Pourtant ils se sont mariés. Dans des accords totalement opposés, mais ils se sont mariés. Comme quoi les contraires s'attirent, mais l'esprit d'aventure et le goût de la découverte aide beaucoup aussi. Et pas qu'un peu.
Car trois ans plus tard, il fallut trouver une maison plus grande, pour loger deux jumeaux parfaitement identiques.
- « Tu veux vraiment les appeler Sirius et Blake ? Sirius Blake… Tu ne trouve pas un peu que ça fait nom de personnage de roman fantastique à succès ? »Leur père avait toujours été du genre septique, mais leur mère n'était pas du genre à abandonner. Faut dire que lorsque l'on a un nom comme Azilliz Maverick Rosewin, on ne peut qu'aimer les personnages de roman et leur identité si atypique.
C'est pour cette raison que les garçons s'appelèrent respectivement Charlie Sirius Hollander et Marcus Blake Hollander.
Les deux gamins furent fusionnels depuis le berceau. Toujours collé l'un à l'autre. Inséparables sinon ils pleuraient jusqu'à épuisement.
Et ça n'a pas changé en grandissant. Leur grand jeu étant de s'habiller à l'identique mais de faire les choses en miroir, passant leur temps à faire tourner leur parent en bourrique en les faisant se tromper sur qui était qui.
Un jour, ils avaient trois ans bien révolu, leur père excédé, et voulant pouvoir punir le bon en cas de bêtise à la fête foraine, les marqua à coup de feutre d'un éclair sur le front, après les avoir piégé pour savoir lequel était qui. L'un à droite et l'autre à gauche. Il avait trouvé ça ironique, sachant que ses fils avaient peur de l'orage. C’était sans compter que les jumeaux seraient plus malin, en reproduisant le même dessin de l’autre côté.
Leur enfance ayant été bercé par Tolkien, Pratchett, un historique de la guerre de sécession, de l’opéra et d'autres noms de la littérature fantastique, l'événement qui se passa dans leur cinquième années les fascina plus que ça ne les effraya.
C'était en automne 1987. La nature s'était revêtue de ces couleurs chatoyantes, qui donnaient l'impression que les arbres étaient en flamme dés que le soleil les embrassait de ses rayons. Les branches, guère encore dépossédées de tous leurs atours, se balançaient aux grés du vent libérant de temps à autre une feuille, qui s'élevait tournoyante, avant de retomber plus loin dans le lit de ses sœurs.
Emmitouflés jusqu’aux oreilles dans leur écharpe, les deux gosses étaient allongés en étoiles, tête contre tête. Calé entre les racines noueuses du platane, dont la hauteur tentait de rivaliser avec le vieux chêne, qui tutoyait le ciel depuis longtemps, balançant en ce jour entre perle et azur. Aussi muet et immobile qu'une tombe, tous deux observaient le spectacle et attendaient. La brise se fit Zephyr, et chantant sur un tout autre registre, souleva le tapis coloré avec verve, envoyant tournoyer les feuilles haut dans les cieux, emportant au passage leurs sœurs encore accrochées, tel une envolé de papillon monarque. L'instant magique se dévoilait sous leurs yeux émerveillés, la nature leur livrant ce balai privé.
- « Je voudrais que ce moment dur toujours.» Dirent-ils à l'unisson, comme ils avaient si souvent l'habitude de faire.
Et comme si une entité magique les avait entendu et exaucé, le vent cessa de souffler, et les feuilles de voler. Comme suspendu dans le temps dans un éternel tourbillon de couleur. Ils ne se regardèrent même pas. Tous deux connaissaient la question, aucun des deux ne connaissaient la réponse. Ils se trouvaient dans une bulle. Leur bulle monde et ils l'aimaient déjà. Se levant d'un seul petit homme, ils se mirent à jouer sans aucune crainte dans ce mobile géant, jusqu'à ce qu'un des deux ne percent la bulle et que le charme ne retombe.
Toujours collé l'un à l'autre, les deux frères ne surent jamais qui des deux déclenchaient ces événements. Tant et si bien qu'ils imputèrent ce don à un ami imaginaire nommé Faribole, qui aurait put appartenir sans problème à l'univers de Pratchett. Et Faribole leur en jouait pas mal des tours…
Leurs parents ignoraient totalement ce qui se passait avec leur fils, mettant le décalage des horloges sur le compte des piles usagées, ou des coupures de courant. Si conséquent quand même qu'ils firent venir un électricien pour savoir si l'installation électrique était vraiment aux normes. Il n'y avait bien que les gosses que ça avait fait rire.
A six ans, les gamins avaient leur propre jeu. Comme celui de faire tourner leur mère en bourrique. En bons gamins un peu hyperactifs, ils aimaient courir dans toute la maison sans se soucier de tout ce qu'ils pourraient renverser sur leur passage. Déboulant dans la salle à manger, comme des éléphants dans un magasin de porcelaine, le pied de Charlie accrocha la table basse, faisant chuter le vase se trouvant dessus. Son frère se précipita au même moment, tendant les mains en avant, comme s'il pourrait le rattraper. Réflexe stupide… Le vase n'atteignit jamais le sol.
Le gosse regarda son jumeau, tout aussi choqué que lui. Si jusqu'à maintenant leurs yeux ne disaient que Faribole, là tous deux savaient, sans se le dire, de qui ça venait. Et ce n'était pas Faribole…
Plus alerté par l'absence soudain de bruit, que par leur incessant remue ménage, leur mère déboula dans le salon, déjà excédé.
- « Bon les garçons qu'est ce que…» Mais elle ne finit jamais sa phrase, son regard passant entre ses fils et le vase en suspend. Azilliz ne sut trop par quoi elle devait être le plus choqué. Par le sort prochain du vase de sa grand-mère, ou par le fait que sa course vers le sol se trouvait suspendu dans le temps. D’instinct son regard se braqua sur Marcus, le gamin étant tout aussi interloqué que sa mère, puis tout repris son court, dans un fracas de cristal et l'évanouissement de la jeune femme.
C'était inexplicable. Comment arrivait-il à faire ça ? Et n'y avait-il que Marcus qui en était capable, ou Charlie partageait aussi ce don, en plus d'être son parfait reflet ?
Il s'avéra qu'il n'y avait que Marcus qui en était investit. Son frère lui se trouvait malheureusement atteint par autre chose. Mais ça, personne ne le savait encore…
Ses parents étaient partagés entre l'inquiétude et la fascination. Ne sachant pas vraiment s'ils devaient le pousser à utiliser ce don, pour qu'il apprenne à le maitriser, ou au contraire qu'il le cache pour ne pas que ça se sache. Au final, ils finirent par trouver une parade, en l'inscrivant à des cours de magie et illusion. Cours auxquels, en tout bon gamin cabochard, il refusa d'aller sans son frère.
Depuis ce jour Faribole avait totalement disparu de leurs jeux. Charlie était étrange et Marcus s'en voulait. Eux qui partageaient tout, leur apparence, leurs vêtements, leurs jouets, leurs pensées… Absolument tout… Marcus se trouvait peiné d'avoir cette différence avec son jumeau. Il avait même peur qu'il en soit jaloux. Mais il n'en était rien. Comme tout le monde, Charlie accusa juste le coup.
Mais ce fut lui qui le soutint le plus, le poussant à utiliser son pouvoir plutôt que le cacher. Il lui disait même que s’il existait quelque part une école, comme celle du professeur Xavier, il y aura sa place sans aucun problème. Son frère était pour lui son meilleur soutient en toute circonstance. Celui sans lequel il ne pourrait pas vivre…
… Juillet 94 …- « Maman ! Maman ! Le gamin couru à toute vitesse à travers le jardin, puis dans la maison et se précipita dans les jambes de sa mère. Celle-ci accusa le coup, s'apprêtant à râler qu'il lui avait fait mal. Mais le visage décomposé de son fils fit mourir les mots sur ses lèvres.
- Maman, Charlie est tombé, il s'est fait mal. - C'est pas vrai ! Maugréa-t-elle en se précipitant vers l'entré.
Vous êtes encore grimpé dans ce fichu arbre ?- Mais maman, Charlie il tombe jamais ! » Il y a une première foi à tout… La réponse toute faite qui a toujours tendance à énerver. Mais ce qui énervait Marcus c'était de voir ses parents se disputer à cause de l'arbre. Sa mère houspillant son père qu'il aurait dû le couper. Lui rétorquant que s'il l'avait fait ses fils lui en auraient voulu, parce qu'elle leur avait mis dans la tête que c'était un arbre à fées. De toute façon si leur père l'avait abattu, ils en auraient trouvé un autre.
Mais lorsqu'il vit le médecin revenir, Marcus se mit se mit à trembler, et d’épaisses larmes roulèrent sur ses joues. Au fond de ses tripes il le sentait, quelque chose n'allait pas avec son frère.
- « Votre fils a un bras cassé…- Et c'est juste ça qui vous a prit trois heures sans donner de nouvelle ? Commença à vociférer Tomas, son inquiétude montant un peu plus sous la réaction de son fils.
Les "calme-toi Tomas" n'y changeant rien.
- Nous avons dû attendre que l'IRM se libère, pour vérifier qu'il n'avait pas de commotion. Mais l'IRM à révèle autre chose, il faudra faire d'autre examen pour le vérifier, mais il est fort probable que votre fils ait une SEP. A partir de ce moment Marcus n'entendit plus rien. Son propre temps s'arrêta, son monde, tout. Il l’avait sentit au fond de ses tripes, jusqu'à ce que tous les yeux tombent sur lui.
- Il faudra le tester également, car il y a trente pour cent de chance, pour des jumeaux monozygotes, qu'il l'ait aussi. »L'inquiétude qu'il lut alors dans les yeux de ses parents n'était pas due qu'au glas de la maladie, mais que l'on découvre sa différence.
Au final Marcus n'avait rien, mais son jumeau lui était vraiment malade. Une maladie sans remède. Le gamin tentait de rester le même en compagnie de son frère, mais lorsqu'il était absent il se renfermait. L'idée qu'il s'était mis tout seul en tête le bouffait, et il n'avait aucun moyen de s'en défaire.
Charlie ne comprenait pas pourquoi il n'utilisait plus son don. Celui-ci se manifestant que les quelques fois où ça lui échappait. Et à chacune de ces fois, il le regardait d'une façon tellement désolé, comme s'il venait de faire la plus grosse des bêtises.
Marcus n'avait jamais voulu lui dire pourquoi. Son frère lui échappait et le gouffre qui les séparait se creusait un peu plus à chaque crise.
Il ne savait pas comment il faisait Charlie. Son corps semblait le laisser tomber alors que sa conscience restait, elle, intact. Il ne voulait pas être considéré comme un infirme, parce qu'il n'en était pas un. Le garçon continuait même à faire du sport, tant que ses jambes pouvaient encore le porter. C'était leur différence à ces êtres si semblables.
Lui était sportif, se faisait des amis facilement. En grandissant c’est ce que faisait Charlie : grandir. A l'inverse de son frère qui lui refusait de le faire. Parce que rester un enfant était plus simple. Préférant la littérature au contact humain. Marcus était effacé. Et ça ne s'arrangeait pas avec le temps. Comme s'il ressentait la douleur pour deux.
Charlie était un esprit libre, un indépendant. Marcus lui était complètement dépendant. Dépendant de son frère. En faite c'était l'idée qu'il s'était mis en tête qui le rongeait. L'idée que c'est son don qui le tuait.
Pour les médecins, le gamin était une statistique. Et une mauvaise statistique. Charlie faisait malheureusement partit de ces cas rares, souffrant d'une forme bien trop progressive pour vivre très longtemps. Surtout lorsque qu’un de ses poumons commença à être atteint.
Son jumeau lui aurait bien donné un poumon, mais il fallut lui expliquer qu'on pouvait vivre avec un seul rein, mais pas avec un poumon. Bien sûr qu'il le savait, mais il aurait fait et donner n'importe quoi pour sauver son frère. Même se tuer si ça avait put y changer quoi que ce soit. A quoi lui servait ce fichu don, si ça ne lui permettait même pas de le sauver ?
… Juin 97…Qui a dit qu’il fallait forcément être un gamin pour avoir des lubies de cet âge là ? Personne, et surtout pas leur mère, à l’instar de leur père.
Les jumeaux étaient peut être adolescent, mais la toute nouvelle sortie d’un livre, nommé Harry Potter, stimula pas mal leur imagination. Surtout que grâce aux cours, ils connaissaient pas mal de tours de magie. Ce fut leur moyen de s’échapper de leur quotidien, de la maladie, des regrets…
Marcus rêvait d’aller à Poudlard, comme si cet endroit pourrait tout régler. Une sorte de pays imaginaire auquel il n’était pas trop vieux pour y aller. Et Charlie finit par se laisser emporter dans son envie. De toute façon, ça ne faisait de mal à personne. Puis à ses yeux, son jumeau avait toutes ses chances d'être accepté et de devenir un grand sorcier.
Leur mère leur avait même fait des lettres officielles de la célèbre école de magie, et toute la famille était partit visiter les lieux qui avaient inspirés le livre.
Si au départ Tomas s'inquiétait quelque peu que sa femme continue à les faire vivre dans un monde imaginaire, craignant qu’ils ne fassent plus la différence entre la réalité et la fiction, Marcus était la preuve vivante que ce monde existait. Et puis ça avait permis aux deux frères de se rapprocher de nouveau.
…
Marcus détestait l’hôpital. Déjà tout petit, lorsqu’ils étaient venus en visite après l’opération de leur grand-père, il détestait ça. Il y avait de mauvaise vibration dans ces murs. Puis il avait l’impression de ressentir le temps de chaque être vivant. Comme s’il était Chronos et qu’il pouvait voir leur sablier s’écouler, puis couper à tout instant le fil de leur vie. Bien évidemment son don ne consistait pas à ça, mais c’est ce qu’il lui faisait ressentir dans cet endroit. Ça lui collait une terrible angoisse au fond de la gorge et des tripes, le faisait se coller à sa mère, cramponné à sa main comme un môme de quatre ans, à quinze ans révolu.
Si ce n’était que pour son traitement, il détestait voir son frère dans cet endroit. Mais il prenait toujours sur lui. Parce que c’est ce que Charlie aurait fait à sa place. Parce que Charlie était fort, et que tous deux voulaient savoir la suite d’Harry Potter…
La main de son frère posé sur son bras l'arrêta en plein milieu de sa lecture. Leur regard se croisèrent et sans un mot ils surent que la discussion serait sérieuse.
- Pourquoi t'es comme ça ?- …- Va pas me dire que tu ne comprends pas, tu sais très bien de quoi je veux parler. Dis-moi pourquoi tu fais ça ? Je le sens Mabe.Le garçon referma le livre d'un coup sec et son visage se mura d'un coup.
- Tu vas me prendre pour idiot Casius.- Pas avec l'arbre à fée. Dit-il sérieux, faisant grogner son frère.
L'arbre à fée c'était leur endroit, matériel et immatériel, celui où ils pouvaient tout se dire. Même les choses les plus folles, sans se moquer. A la maison c’est toujours là qu’il se retrouvait pour se parler, parce que c’est au pied de cet arbre que leur histoire de magie avait commencé. Alors, respirant un grand coup, Marcus n'eut d'autre choix que de se lancer.
- Je pense… Il prit quelques instants pour trouver ses mots, respira de nouveau et reprit.
Tout à un prix. Même ce qu'on accorde sans qu'on le demande. On m'a permis d'agir sur le temps, alors à l'inverse, c’est le tiens qu'on prend…Charlie fronça les sourcils en se redressant dans les oreillers.
- Alors tu crois à l'échange équivalent ? Que c'est ton don qui m'a rendu malade ?Marcus baissa les yeux, se sentant un peu bête. Mais la coïncidence était "trop belle" pour ne pas y croire.
- … oui. La claque fut cinglante et partit sans préavis. Jamais Charlie ne l'avait frappé aussi fort. Et Marcus le regarda sans comprendre, ses doigts se portant instinctivement à sa joue, les larmes au bord des yeux.
- Ecoute-moi bien Mabe, les livres c'est bien, mais on est dans la vraie vie ici. Dit-il sérieux, mais sans aucune animosité, avec le calme olympien dont il était toujours investit.
Je suis malade et je vais surement mourir. Un jour ou l’autre. C'est de la faute de personne. Surtout pas de la tienne. Ce n'est pas ton don ou rien de toi qui me tue. C'est la maladie, c'est comme ça et personne ni peut rien. La vie est injuste, je sais, et tu voudrais avoir des réponses et des solutions, dans ta logique, mais y en a pas. Et je me refuse de dire que j'en voudrais en sachant que tu pense ça. Il attrapa son visage entre ses mains, peut être un peu trop fermement mais tant mieux s'il lui faisait mal à ce crétin, puis posa son front contre le sien.
Il va falloir que tu continue à vivre Mabe. Que tu ne veuille pas grandir je m'en fou, mais vie, pour nous deux. Pour papa et maman. Ton don il est magnifique, ne le renie pas et ne t'en débarrasse pas. Ou je te jure que je viendrais te hanter et je serais cent fois pire que Peeves. Les deux se mirent à rire et à pleurer aussi, mais ça leur fit du bien. Un bien fou.
- «Prochaine étoile à droite et tout droit jusqu'au matin.» Soufflèrent-ils ensemble.
- Et maintenant emmène moi dehors et faisons un tour de magie. On étouffe ici. »Parler de ça avec son frère lui avait ôté un poids. Cependant l'idée avait quand même eu le temps de faire son chemin et persistait malgré tout. Alors il s'efforçait de repenser à ces mots.
Oui son don était magnifique, c’est ce que son frère disait, mais malgré leur discussion, à cœur ouvert, il continuait à croire qu’il lui était inutile. Pour lui. A quoi bon avoir ce don, s’il ne lui permettait pas de lui sauver la vie. Cette phrase continuait à tourner encore et encore.
Le gamin en passa du temps, enfermé dans la cave, rongé par cette idée, à se tester. Tester son pouvoir, tester ses limites, tester ce qu’il pouvait en faire. Pendant que son frère déclinait un peu plus, sa dernière crise aillant fait défaillir ses poumons, l’obligeant à vivre sous respirateur.
Au bout de quelque mois sa persévérance avait porté ses fruits. Il était parvenu à aller au bout de son don. S’il avait était capable de réparer ce verre, remonter son temps jusqu’à ce qu’il ne soit plus casser, alors il pourrait le faire sur son frère. Il pourrait enfin le sauver.
… Février 99 ...Ses doigts attrapèrent les siens alors qu’ils quittaient lentement sa poitrine.
Si les premières fois l’expérience avait été douloureuse, Charlie avait finit par s’y faire. Cette idée lui avait semblé folle la première fois, dangereuse autant pour son jumeau que pour lui-même. Cependant son frère était une véritable tête de bois, et il tenait à lui appliquer son "traitement" autant de fois que nécessaire.
Charlie commençait à le voir que quelque chose n’allait pas avec son jumeau, que ce qu’il faisait n’était pas bon pour lui. Il était épuisé et dormait de plus en plus. Même en cours. Grâce à ce qu’il faisait, il n’avait plus besoin du respirateur et il n’avait pas eu d’autre crise depuis… un baille. Les médecins voyaient un miracle, Charlie… il ne savait pas quoi en penser.
Ses doigts étaient si froid entre les siens, et sa peau si pâle, de plus en plus. S’en était à se demander lequel des deux se trouvaient vraiment malade. Marcus avait déjà fait quelques malaises il y a quelque temps, mais tout avait été mis sur le compte de la fatigue, des ses insomnies de plus en plus fréquentes, mais là c’était autre chose. Ses doigts serrèrent les siens, seulement il ne réagissait pas. Il l’appela, mais il ne répondit pas. Sa main glissa de la sienne, le sang coula de son nez jura avec sa peau si blanche et il s’effondra.
…
- « Je veux que tu arrête. Il détesta ça vraiment. Devoir prendre ce ton autoritaire avec lui, être si dur. Mais pour son bien il le fallait.
- Je sais ce que tu cherche à faire Marcus, mais souviens toi de ce que je t’ais il y a deux ans. Je refuse de vivre au détriment de la tienne.Son frère leva son regard vers lui, épuisé et complètement éteint. Il connaissait Charlie, il savait qu’il lui dirait ça, comme il savait également qu’il refuserait.
- Tu me demande de te laisser… mourir… Souffla l’adolescent, ses propres mots sonnant comme un coup de poignard à ses oreilles.
- Non… Il baissa la tête, soupira, puis le regarda de nouveau.
Oui… Pour ton bien… Laisse-moi vivre le temps qu’il me reste, comme je dois le vivre. De toute façon je ne te laisserais plus faire. »C’était dur à dire, comme c’était dur à entendre. Oui son frère venait bel et bien de lui demander de le laisser mourir. Et il allait devoir le faire. Pour son propre bien… Mais quel bien ? Il était seulement devenu épileptique, d’une façon que ses parents avaient dû expliquer par un mensonge. Qu’est ce que ça pouvait bien faire ? L’épilepsie n’avait jamais tué… Si ?
Cinq mois plus tard ce fut sa mère qui craqua au beau milieu des livres. Comment un bouquin pouvait susciter autant d’émotion ? En lisant le résumer leur mère avait rit… et ensuite elle avait pleuré. Harry Potter trois venait de sortir et un des personnages s'appelait Sirius Black. C’était stupide d’y accorder autant d’importance, mais certaine chose anodine était spéciale pour certaine personne.
En temps normal les personnages de roman restent en vie, non ?
… Novembre 99 …Un peu plus d’un an… C’est ce que son étonnante réémission lui avait fait gagner, selon les médecins. Rien que ça… Même pas deux ans… Puis le temps reprend son œuvre. Inlassable et cruelle faucheuse, si patiente et si insatiable. Ce qu’il pouvait le détester ce temps sur lequel il n’avait pas de prise. Les ramenant dans cet endroit qu’il détestait tant. Cet endroit glacial, aux senteurs aseptisés qui lui donnait des sueurs froides, le faisant toujours se réfugier contre sa mère.
Mais à l’instar de son frère, Charlie avait toujours su ce qu’il voulait. Le garçon était sportif, sûr de lui, celui qui se faisait des amis facilement. Son père avait toujours cru qu’il ferait carrière dans le sport, et pourtant. Il avait cette passion pour l’opéra. Il en écoutait à chaque instant, même dans des langues qu’il ne parlait pas. Peut lui importait, car la beauté du lyrisme des mots, se mêlant à la musique, se trouvait être tout ce qui comptait. Et lorsqu’il s’endormait avec son casque, Marcus venait coller son oreille contre l’écouteur, pour écouter avec lui. La seule chose qu’il ignorait, c’était sa voie à suivre.
Mais quelle espèce d’importance ça avait maintenant ?
Oui, Charlie avait toujours su ce qu’il voulait, et il ne voulait pas passer ses derniers jours relier à des machines, dans une chambre qui n’était pas la sienne. Il ne voulait pas être considéré comme un infirme, avoir un traitement différent, de la pitié. Il voulait juste rentrer chez lui.
Alors il retourna au lycée, sans rien dire, pour passer une journée normale avec ses amis. Sans un regard triste, sans un pleure, sans pitié. Sans qu’ils ne sachent qu’après ce week-end il ne reviendrait pas. Sa façon de leur dire au revoir.
Il en fut de même avec sa famille. Subir un balais de mine déconfite, comme s’il assistait à son propre enterrement, très peu pour lui…
Charlie était fort, et il savait ce qu’il voulait…
Officiellement, Charlie Sirius Hollander mourut dans son sommeille la nuit du
29 Novembre 1999, à l'âge de dix-sept ans. Son dernier souffle emporté par le froid de l’hiver, soufflé par le vent faisant tournoyer dans un ciel sombre les premières neiges, s’élevant vers les étoiles. La prochaine à droite et tout droit jusqu’au matin.
La vraie version fut tout autre, celle que ses parents et son jumeau préférait taire. Ce fut l’insuffisance respiratoire qui l’emporta, et ses derniers instants furent les plus éprouvants de leurs quatre vies.
…
Quatre jours… Ça faisait quatre jours qu'il s'était enfermé dans ce qui avait été autrefois leur chambre. Quatre jours qu'il observait son propre reflet dans le miroir, refusant de s'alimenter ou de dormir. Azilliz était effondré et Tomas tenait à peine. Mais il s’efforçait de garder la tête haute, pour eux. Ses parents avaient bien essayé de le sortir mais rien ni faisait. Leur fils était comme une statue vivante. Scrutant son propre visage comme s'il allait lui répondre. Lui donner des réponses à tous ces pourquoi ? et ces qui ? qui lui assaillaient le crâne. Pourquoi ce lit en face du sien restait désespérément vide ? Qui partagerait ses lectures ? Qui grimperait en haut de l'arbre pour aller voir les fées ? Qui partagerait ses rêves ? Qui comprendrait son don ? Qui partagerait ses jeux ? Qui pourrait le comprendre sans avoir besoin de mots ? Pourquoi avait-il perdu sa meilleure moitié ? Pourquoi la vie était-elle si cruelle ? Et pourquoi le regardait-il, ce cadavre sans visage, sans volonté ? Lui qui ne lui disait rien, qui ne servait à rien. Son propre reflet l'énervait alors il décida de la faire disparaitre.
Son poing frappa la glace, mais son coup sans force ne fit qu'ébrécher la surface et lui écorcher la peau. Et ça l'énerva encore plus, de ne même pas être capable de briser ce fichu miroir. Alors il frappa encore, jusqu'à ce qu'il ce fêle, jusqu'à ce qu'il s'en brise un doigt, jusqu'à ce qu'il vole en éclat. Cependant il ne pouvait plus s'arrêter, hurlant sa colère en frappant dans le mur. La douleur de sa main n'était en rien comparable à celle de son cœur.
Alerté par les bruits ses parents se précipitèrent et son père dû le plaquer au sol pour le maîtriser.
Mais rien n’y faisait, le mal était fait…
… Avril 2000 …- « Je ne peux pas rester… Sa phrase avait été sans appel et lourde de sens.
- Qu'est ce que tu veux dire ? Demanda son père qui n'avait pas envie de comprendre.
- Tu veux qu'on te change d'école ?Non… Ça n'y changera rien. Je ne peux pas rester ici. - Tu veux qu'on démange ? S'enquit sa mère, inquiète.
Marcus soupira face à leur incompréhension.
- Non je ne veux vous forcer à rien. C'est juste… moi… Je ne peux pas rester dans cette maison, ni dans cette ville, ni dans tous les endroits où nous avons été… »Et pourtant il avait essayé. Pendant les semaines qui avaient précédés sont retour de psychiatrie, après les funérailles de Charlie. Mais il ne se passe pas un jour sans que la douleur persiste. Etre son parfait jumeaux se trouvait être une véritable torture. Chaque jour, il vivait avec son fantôme. Parfois il était incapable de se regarder dans une glace. Puis les regards des autres. Il savait qu'il le voyait lui. Et cette sensation était oppressante.
Avant hier encore, un ancien camarade de son frère l'avait appelé Charlie. Ce n'était pas de sa faute, c'était en sport, dans le feu de l'action, il n'avait pas fait attention. Mais Marcus avait littéralement perdu les pédales. Ses parents n'étaient pas au courant parce que le professeur avait refusé de les prévenir. Cependant, ça l'avait mis face à une réalité : en restant ici il ne guérirait jamais. Il allait même devenir fou… Du moins redevenir fou… Mais retourner dans cet hôpital, c’était hors de question. Il savait bien que ses parents n’avaient pas eu le choix, et il ne leur en voulait pas pour ça.
« - Tu veux partir tout seul ? T'as à peine dix huit ans !- J’ai eu dix huit ans, papa… Le corrigea-t-il.
Mais je ne pourrais pas attendre mes dix neuf, ni les vingt et un. Sinon vous allez finir par m’y renvoyer.- Soit pas ridicule Marcus, on va pas t'interner. »Et pourtant, quand il s'était sciemment brisé la main contre le mur c’est ce qu’il c’était passé. Enfin, sur le papier c’était peut être écrit "centre de repos", mais ça restait une unité psychiatrique.
Cette décision ses parents avaient eu du mal à l'accepter, mais qu'importe. L'adolescent n'en démordrait pas.
C'est chez son grand-père, au Texas, qu'il avait décidé d'aller. Parce que son grand-père ne les avait pas vus souvent. D'une par pour la raison qu'il habitait fichtrement loin, et d'autre part, il était assez cabochard pour se prendre le mou avec son fils régulièrement, ceci faisant qu'il pouvait ne plus avoir de nouvelle pendant très longtemps. Et avec son passif militaire, Marcus était sûr qu'il ne ferait pas de distinction, qu'avec lui il ne flancherait pas.
Non pas qu'il ne comptait pas sur le soutiens de ses parents, au contraire. Mais ils n'étaient pas assez objectifs.
Le plus drôle c'est qu’en allant là bas, il pensait ne pas comprendre les gens du coin, parce que l'accent texan avait la réputation d'être un des pires. Mais on parle de l'accent gallois pur souche ? Son père n'avait jamais perdu son accent, même au bout de toutes ces années en Angleterre, et leurs gamins avaient absorbés les deux. Du coup c'est lui que les autres ne comprenaient pas…
Le vieil homme possédait un ranch, c'était un peu comme vivre au far-west et il en était le shérif. Josiah Hollander était têtu et borné. Un vrai sergent instructeur, avec lui tout le monde filait droit, et il ne faisait pas la différence entre son petit fils et ses employés. Néanmoins quand il lui arrivait de vraiment flancher, il savait se montrer d'une tendresse dont l'adolescent ne lui en saurait jamais cru capable.
Néanmoins, le principal c'est que son auto thérapie fonctionnait. Marcus avait tellement été à la ramasse lors de sa première année qu'il retapa de sa propre initiative. Au moins, cette année de plus lui avait permis de trouver sa voie : il voulait aider les gens. Comme il avait tenté d’aider son frère.
…
Marcus avait toujours été du genre lent. Et il en avait mis du temps. Ça lui avait prit trois ans, mais il put enfin prendre l'avion pour retourner chez lui. Embrasser ses parents, et venir saluer Charlie sous l'arbre à fée.
Mais ce voyage il ne l'avait pas fait pour rentrer. En partant il le savait que plus jamais il ne pourrait rentrer à la maison…