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 i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson

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Priam Mikaelson
Priam Mikaelson

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SUR TH DEPUIS : 24/09/2015
MessageSujet: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeJeu 25 Aoû 2016 - 21:31

You had stars in your eyes, constellations of desperation painted by your absent father. You had a supernova stuck between your lips and I wondered what it would taste as I burned against them. You had a universe hidden in your mind filled by places and people you couldn’t leave alone. I only had black holes in my chest and you filled them till I felt whole. You poured your heart out. But, now, there is nothing left of you. Maybe my darkness was to clung to your shadow. Maybe my hopelessness was to find a friend in you.  Maybe two half of nothing were never meant to fill the void.
I know, I know, I should have left you alone

Priam n’aurait su mettre des mots sur cette solitude profondément ancrée dans ses os. Les lampadaires de la ville s’éteignaient au gré de l’horizon derrière lui alors qu’il avançait toujours plus loin de cette prison sans frontières, cette ville qui semblait avaler les destinés sans distinction. Il pouvait sentir ce froid métaphorique le clouer sur place alors que la voiture qu’il avait empruntée pour l’occasion dévorait les miles sans s’inquiéter de la lourdeur dans l’estomac de l’homme conduisant. Le brun resta de trop longues minutes installé au volant, le moteur éteint, la demeure s’étendant devant lui sans qu’il ne puisse trouver la force de quitter la sécurité de l’habitacle. De l’autre côté de sa portière la vie semblait grouiller dans un bruissement assourdissant et il devait trouver la force en lui de se lever, quitter la sécurité du cuir usée et de l’odeur de carburant qui lui collait à la peau.  Il se sentait vide. A croire que quelqu’un avait éteint les constellations précautionneusement tatouées à même l’envers de sa peau. Au point que le brun était persuadé qu’on avait arraché ces fanaux qu’il avait mis tant de temps à placer le long des tranchées de son cœur, espérant faire fuir l’obscurité lorsque les ténèbres se faisaient trop épaisses pour son myocarde usé. Il se sentait vide, désespéré. Pourtant, il était là, contemplant la soirée qu’il allait devoir vivre. Contemplant cette mascarade dans laquelle il allait devoir jouer son plus grand rôle. Il ne restait qu’un trou noir entre ses côtes, les étoiles filantes placées là s’étant éteintes quelques jours plutôt lorsque, au réveil, il s’était rendu compte que l’alcool n’avait pas ravivé le feu dans ses veines. Lorsqu’il avait compris que ce dernier était éteint et que tous les ponts le liant à Octavia semblaient avoir été détruits. Le Mikaelson avait la dérangeante impression de ne pas être à sa place.  Le costume reposant sur ses épaules lui paraissait si lourd qu’il redoutait l’instant où sa carrure trop frêle se révélerait incapable de le porter. Il était à l’étroit confiné dans les limites du smoking que Graham avait fait spécialement faire pour lui. Imposture tentant de son mieux d’adoucir les angles, il ne pouvait s’empêcher de voir les trous laissés par l’aiguille le long de cette illusion qu’on avait créée autour de lui. Avançant de sa démarche lourde, à croire qu’il ne savait comment porter ce corps qu’il avait trop l’habitude de cogner contre les rues, contre les poteaux, contre les autres. Malgré tout, arborant la nuit comme tenue d’apparat, il paraissait fort le gamin des rues. Il paraissait imposant, l’ébène du tissu tranchant avec l’océan pale sous ses paupières. Il avait l’air beau et policé, exhibant ces atours jurant avec la rudesse de ses origines. Les doigts fébriles, incapables de se souvenir comment nouer la laisse que son maître lui avait choisi, il tenta du mieux qu’il put de raviver à sa mémoire le souvenir des doigts assuré de son géniteur ayant réalisé un piètre nœud de cravate autour de sa nuque une fois. Le vieux Mikaelson avait l’habitude de dire qu’un homme portait le déguisement s’accommandant le mieux à ce qui était demandé de lui. Ce soir-là, la bête de foire qu’il était devenu ressemblait à un animal sauvage courbant l'échine au point d'en oublier sa nature profonde Dans le fond, c’était tout ce qu’il était. Tout ce qu’il restait sous le maquillage et l’effronterie mal digérée.
Après quelques tentatives médiocres, le mutant arrêta les frais, resserrant le nœud approximatif autour de sa gorge en s'attendant presque à ce que cette corde lui coupe le souffle pour de bon. Il n’avait pas la carrure assez imposante, pas assez de force dans les bras pour porter sur les épaules ce monde qu’il ne connaissait pas. Atlas fatigué jusqu’au plus profond de sa chair, lorsqu’il traversa la porte le mutant s’étonna de la banalité de ce qui s’étendait devant ses yeux. La pièce principale était étroite, les tables serrées alors que les chasseurs pavanaient en tenues décontractées. Dans un naturel déconcertant, ces rois et reines de pacotilles jubilaient du recensement à venir de ces airs distingués qu'ils affichaient sans essayer alors que le brun peinait à sauver les apparences. Radcliff n’était pas loin pourtant, néanmoins le brun se serait cru dans un autre univers. Inconnu dans une équation dont il ne comprenait rien, Priam se sentait beaucoup trop bien habillé pour l’occasion. C’était avec regret qu’il se rendait compte qu’au lieu de se fondre dans les murs, devenant translucide pour les prunelles désintéressées face à sa présence, il se détachait péniblement de cette foule la haine plein les iris. Sa main droite vint machinalement tirer sur le col de sa chemise, espérant ainsi faire passer cette impression d’être à l’étroit dans ses propres vêtements. Il n’était qu’une bête de foire. Un spectacle que tous semblaient contempler avec mépris. Tout du moins c’était le sentiment qu’il avait le gamin des rues. Il en venait à se demander s’il n’avait pas oublié d’arracher la suie à cette peau battue par des années à gratter l’étoffe de la vie dans l’espoir de récupérer quelques miettes. Il se demandait s’ils ne pouvaient pas voir ce qui se cachait sous l’étoffe, cette médiocrité rampant dans ses veines sans qu’il ne puisse se défaire de la fange de ses origines. Ils devaient savoir, c’était tout ce qu’il arrivait à penser. Ils devaient voir les coutures mal définies, voir comment il tentait de se fondre dans la masse alors que sans essayer ils semblaient posséder le monde entre leurs doigts. Néanmoins, en une inspiration, peut-être deux, il arriva à reprendre contenance, avançant d’un pas décidé à travers la foule à la recherche de celui qui l’avait forcé à se présenter. Quittant la pièce principale pour se rendre au jardin, retrouvant l’extérieur et cette obscurité grandissante qui semblait adoucir ses traits fatigués, Priam s’étonnait presque du calme et de cette prestance qu’il arrivait à feindre après tant d’années. Il n’en revenait pas, persuadé d’avoir perdu tout de sa superbe entre les barreaux de sa prison. Persuadé d’avoir abandonné toute son impétuosité entre les murs délabrés de cette parenthèse de non vie.
Dans une marée de visages sans noms, obscurité ambiante arrivant à recouvrir les prunelles du brun, elle se détachait de la masse comme une étoile filante striait le ciel. Elle était magnifique. Au point que le pyrurgiste en avait mal entre les côtes, à cet endroit où l’air avait cessé de circuler, laissant son cœur suffoquant face à cette vision d’infini. C’était à cet instant, cet instant précis, que Priam aurait pu croire en l’amour au premier coup d’œil. En ce coup de foudre divin censé réunir les âmes sœurs. A cet instant où les étoiles avaient cessées de danser dans le ciel pour ne briller que dans ses yeux. Cette seconde de battement durant laquelle elle observait son interlocuteur cet air fier et jamais apprivoisé qui semblait défier le monde de la mettre à genou. Durant cette éternité péniblement coincée entre deux fraction de secondes qui semblait ne demander qu’à n’être jusqu’à la fin des temps, il savait qu’elle aurait pu lui faire croire au coup de foudre. Pourtant, cela faisait des années qu’il chutait, des siècles qu’il tombait amoureux de la belle, incapable de comprendre que ce sort était réservé à toutes les étoiles s’approchant trop près du soleil. La brune l’avait fait poser un genou à terre au premier Bonjour et il restera à ses pieds ce jusqu’aux derniers Adieux. Il y avait cette familiarité dans la personne, ce confort dans la connaissance. C’était elle. Ça ne pouvait qu’être elle. Ça serait toujours elle. Pourtant, arraché à ses pensées par un chasseur le bousculant sans ménagement, Priam perdit contenance une seconde. Juste le temps que tout se bouscule dans sa tête et que ses prunelles ne virent à l’orage. Au rythme des tambours de guerre battant en son cœur, le brun rejoignit Octavia et son interlocuteur prêt à l’arracher à cet univers dans lequel elle n’avait pas sa place. Il pouvait vivre sans elle s’il le fallait, si elle était mieux comme ça, mais il ne pouvait la contempler faire cette erreur-là, même si ce n’était plus en son nom.
Les yeux fermement ancré sur le faciès de la brune, réfrénant les battements erratiques de cet organe peinant à battre correctement, il allait ouvrir la bouche, prêt à mentir comme un arracheur de dent, lorsqu’une main s’abattit sur sa nuque telle une épée de Damoclès ayant soigneusement attendue son heure. Arraché à sa fureur, cloué sur place par ce contact marquant l’ascendance de l’homme à son flanc, Priam ne put réfréner la manière dont ses muscles se crispèrent sous le dégout et la rage. « Je parlais justement de toi à la charmante demoiselle. » Il pouvait sentir la pitié émanant des prunelles d’Octavia. Douleur refusant de s’échapper de son regard, même si la belle était incapable de retenir cette émotion d’illuminer ses traits défaits. Est-ce qu’elle aussi en souffrait ? Est-ce qu’elle gardait à la mémoire le souvenir de leur dernière rencontre ? Il se demandait, le Mikaelson, si leurs derniers échanges consumaient ses pensées et qu’elle portait au cœur cette solitude que même sa présence n’arrivait à combler pour la première fois de sa vie. Il en riait le Styne, de son rire sec et déshumanisé. Il en riait en se disant qu’elle le plaignait certainement de devoir supporter un empoté pareil, un animal auquel il n’aurait pas dû porter la moindre attention. Il la croyait la belle, avec sa robe de princesse, ses cheveux soigneusement coiffés. Il se laissait bercer par l’illusion, tombant pour le charme manufacturé sans se douter que ce sourire qu’elle affichait était aussi étincelant que le chrome d’un revolver. Dans les tréfonds de sa conscience, Priam se gorgeait d’être le seul à aimer la belle pour ce qu’elle était sous ses atours. Il se sentait extrêmement chanceux de savoir ce qui existait derrière les prunelles faussement adoucies de la jeune femme et de pouvoir reconnaître quand son cœur était sincère ou s’accordait pour le spectacle.
« Est-ce que tu es capable de faire quelque chose de tes dix doigts ? J’imaginais que tu saurais au moins nouer ta cravate par toi-même. Comme je le disais, il n’a pas vraiment reçu d’éducation. Je fais de mon mieux pour changer cela, mais on ne change jamais vraiment la nature des gens. » Les mots de Graham était particulièrement méprisant, ce dernier s’amusant de cet air supérieur qu’il affichait en permanence dans sa tenue d’apparat en désaccord avec l’aspect décontracté de la soirée dans laquelle ils se trouvaient. Le Styne semblait faire de son mieux pour sortir du lot en permanence, dans ses propos, par ses tenues. Les doigts du jeune homme s’affairaient avec la cravate de Priam alors que ce dernier se trouvait incapable d’affronter le regard d’Octavia. Il avait honte de ce qu’il était à cet instant. Honte de n’être qu’un jouet entre les doigts de ce fumier le traitant comme un gamin grossier dans sa manière d’être. Sauf qu’il n’était qu’un animal dans les prunelles du Styne et à force de l’écouter il se demandait si ça n’était pas la vérité. Au fond, il n’était que ce que désirait la personne à laquelle il avait vendu son âme, il aurait tant aimé que son âme n’appartienne qu’à la brune, mais elle ne semblait plus vouloir de ce cadeau empoisonné. Le Mikaelson avait perdu tout de son mordant, tout de cette fureur dans les prunelles. Pourtant il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qu’elle faisait là, redoutant trop douloureusement les raisons poussant la belle à s’être approchée de Graham. « On ne t’as vraiment jamais rien appris ? Au lieu de dévorer la jeune Lovecraft du regard, tu pourrais te présenter. Je m’excuse pour son comportement. » Baissant les yeux avec pudeur, châtié par les mots de Graham, il ne pouvait nier la manière dont ses prunelles dévoraient Octavia, se repaissant de cette vision d’infini qu’il n’avait plus vu pendant des mois. Pris sur le fait de cette action qu’il ne pouvait réfréner, c’est la tête penchée vers l’avant, afin de camoufler cette aquarelle d’émotion déchirant son faciès, et le regard baissé qu’il répondit : « Je suis Priam Mikaelson. » Rien qu’un souffle, un murmure. Pourtant, il entendait son cœur hurler : Je suis une imposture.

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeJeu 15 Sep 2016 - 14:16

They say that time's supposed to heal ya
But I ain't done much healing.

Se fondant dans la foule, à déambuler aux côtés de ce hunter à l'importance bien différente de tous les autres, Octavia se sentait vide. Atrocement vide. La présence de Graham contribuait en général à l'animer de manière trop excessive, à devoir s'efforcer de sembler naturelle, de ne pas laisser la colère l'emporter, mais pas ce soir. A croire que même cet enfoiré ne parvenait à arracher la moindre émotion à l'humaine. Elle feignait l'intérêt, bien entendu, pourtant bien moins fébrile qu'à son habitude, à se contenter de l'écouter jacasser en hochant la tête et en s'exprimant de manière assez régulière pour sembler intéressée par ses paroles. Elle avait toujours dans la tête ces messages reçus, quelques jours plus tôt, ce subit retour dans sa vie, décevant au possible. Peut-être qu'il aurait encore mieux valu que Priam se contente de l'oublier, comme il avait si bien semblé le faire. L'oublier suffisamment pour ne pas avoir l'idée de venir s'amuser à la torturer dès qu'il buvait un peu trop. Ça l'avait peut-être amusé, de raconter sa vie à ce sale con qui avait subtilisé son portable, de lui dire comme il avait pu l'éconduire, comme il s'était bien foutu de sa gueule, pour venir retourner le couteau dans la plaie des mois plus tard. Ça avait bien fonctionné, apparemment, puisqu'elle ne parvenait à chasser ces mots de sa tête depuis cette nuit-là, à se sentir encore plus conne que ce n'était le cas auparavant. C'était ce qu'elle gardait dans un coin de son esprit, alors que Graham commençait à rentrer dans des explications qui captèrent soudainement toute son attention. Priam. Il était en train de lui parler de Priam. Sans citer son nom, et pourtant la description qu'il lui en traçait ne laissait aucun doute possible. Tâchant de détendre les muscle de son dos soudainement crispés sous le tissu vermeil de cette robe fourreau qui lui comprimait les côtes, la brune dégagea soigneusement son visage d'une fine boucle brune, l'observant en faisant mine de boire ses paroles qui l'hérissaient un peu plus au fil des secondes. Ce qu'il était en train de lui dire ne lui plaisait pas du tout, alors qu'elle s'accrochait pourtant à chacune de ses remarques, souriant lorsqu'il songeait faire de l'esprit, détendant ses mâchoires serrées sur les injures qui se multipliaient dans sa gorge. Jusqu'à ce qu'elle ne manque de perdre pied. Il n'y avait que lui pour brusquer son coeur de la sorte, à lui faire frôler l'arrêt cardiaque de sa simple présence, inattendue, semblant ingérable alors qu'elle portait son regard sur lui, faisant même abstraction du geste de Graham à son égard, trop obnubilée par cette vision à laquelle elle ne s'était pas préparée. Rappel violent de ce qu'elle était censée être ce soir, en notant l'accoutrement dans lequel il se présentait. Le dos droit, les traits ravalant leur surprise, muant le tout en intérêt teinté d'une certaine pitié alors que Graham lui apprenait de qui il s'agissait. Les lèvres scellées, interdite, Octavia laissa son regard vagabonder de Priam à son bourreau, son rire sonnant comme un grincement insupportable aux oreilles de la jeune femme. C'était le genre de chose qui aurait pu la conduire à lui ouvrir la gorge, tout de suite, pour faire taire ce ricanement porté à l'égard de Priam, Priam qu'elle se força à regarder à nouveau en sentant le gouffre creuser son ventre en menaçant de l'y engloutir. Ce n'était pas possible. Priam ne pouvait pas se tenir là. Pas après tout ce temps. Pas alors qu'elle se couvrait de ces airs dont elle ne pouvait se départir, pas sans se trahir, pas sans perdre tout ce qu'elle avait pu construire.

Le Styne évoquait son éducation, dans le but de descendre un peu plus celui qu'il manipulait entre ses mains comme un vulgaire pantin, serrant le ventre de la voleuse qui le détaillait avec attention. Les mots s'entassaient dans sa poitrine, pleine de toutes ces remarques acerbes qu'elle taisait avec précaution, enragée après cet homme sans qu'elle ne puisse porter le premier coup, pas encore. Elle avait envie de lui dire à quel point ce n'était pas un costume ridicule qui allait donner le change, que le vêtir de noir, de manière étriquée et bien plus habillée que tous ces autres, n'allait certainement pas venir à bout de cette fameuse nature. Il pouvait le forcer à exécuter ses moindres demandes, faire mine d'être tout autre, qu'elle n'en lirait pas moins les contours de son Priam derrière les artifices cérémonieux. Qu'il pouvait faire tous les efforts qu'il voulait, qu'il ne le changerait pas, qu'elle ne l'aurait pas laissé faire, qu'elle ne le laisserait plus respirer suffisamment longtemps pour qu'il parvienne ne serait-ce qu'à érailler ce qu'il était vraiment. Dire qu'elle ne l'avait jamais tant aimé qu'avec sa sale éducation qui valait pourtant bien plus que celle dont le chasseur semblait si fier. Comme il était beau, son Priam, avec ses cheveux en bataille et ses mains abîmées à force de grimper les façades, de la suivre dans ses courses folles. Comme elle ne l'avait jamais tant adoré qu'avec cet éclat rieur dans ses prunelles, à envoyer le reste du monde se faire foutre, en se comportant en parfait exemple de cette éducation que leurs parents ne leur avait pas donnée, de celle qu'ils s'étaient construite à deux. À apprivoiser la vie avec leurs propres armes, sans retenir les leçons, à se contenter de cette existence sauvage et sans autres limites que celles de la voûte céleste qui leur servait de toit durant ces nuits intemporelles. Comme il se foutait éperdument des petits connards dans son genre, comme il n'en aurait fait qu'une bouchée en d'autres circonstances. Son regard posé sur lui redessinait ses traits avec douceur, caressant chaque parcelle de sa peau avec autant de force que si elle avait pu y glisser ses doigts, sentir la chair sous sa paume. Ce besoin de contact maladif, qu'elle n'avait accepté que de lui, lui qui comblait à lui seul les trop grandes failles de cette solitude dont elle se targuait. Même lorsqu'il se trouvait loin, emprisonné derrière la ferraille, les souvenirs nourrissant le coeur de l'humaine en mal de son mutant. Ce n'était souvent pas grand chose, pourtant. Une étreinte, les doigts s'effleurant, se capturant fermement lorsqu'il s'agissait de partir à toutes jambes, promesse muette de ne pas s'abandonner derrière, même si l'un des deux venait à s'essoufler avant l'autre. La chaleur irradiant contre son flanc, réchauffant les nuits glacées, ses pieds à elle se glissant contre les siens, et les jambes s'entremêlant. Ce n'était rien, à l'époque, et tout à la fois. Rien en comparaison à cette limite franchie quelques mois plus tôt, créatrice de néant au milieu du chaos.  Et cela la ramenait inévitablement à cette nuit. Au cercles tracés à même la cendre, redécouvrant l'épiderme en y chassant cette poudre grise, à ce tiraillement dans son ventre à l'avoir regardé trop fort. Elle n'avait d'yeux que pour lui, durant ces longues secondes où le Styne ajustait son noeud de cravate, laissant ses prunelles s'assombrir, ne supportant pas qu'il le touche. Elle le contemplait comme s'il n'y avait personne d'autre qu'eux deux, pour quelques instants, qu'elle pouvait l'observer sans pudeur avant de réintégrer son rôle. Le poids qui avait hanté son estomac depuis des mois s'allégeait alors que la douleur s'éveillait derrière ses côtes, furieux rappel de l'abandon, de ce qui s'était réellement passé cette nuit, ce matin-là. De ce silence insupportable qui avait suivi, sans que jamais il ne lui revienne. C'était la première fois, qu'il ne lui revenait pas. Et si la brune s'était condamnée à cette attente dont elle ne parvenait à se détacher lorsqu'il s'agissait de lui, elle avait pourtant fini par repartir tête la première dans ses vieux travers. Entraînée par les méthodes incontestables du Kane, venant de nouveau frôler le Styne durant ces heures à se croiser, à venir l'amadouer sans tarder à faire mouche, laissant la violence imprégner sa chair en retombant sur une vieille amie au détour d'un soir de perdition, ses traits s'étaient endurcis à l'instar de ce plomb qui blindait ses côtes, qui rejetait en bloc cette faiblesse qui s'éveillait à nouveau à la proximité de Priam. Ces efforts qui lui brûlaient encore la gorge de cette honte qui n'avait pas manqué de l'envahir en s'étant ainsi dirigée vers ses lèvres, sans se perdre un instant, comme l'évidence qui lui défonçait la cage thoracique depuis vingt ans, et en le voyant reculer. Encore et encore. Jusqu'à être si loin qu'il en était même parvenu à éveiller sa culpabilité. A se dire qu'elle s'était méprise, qu'elle aurait dû comprendre que si le chemin se dessinait clairement vers lui, le sien en revanche s'était simplement fourvoyé, porté par ce corps qui ne tenait presque plus ensemble. Que c'était peut-être ce qu'il avait fini par lui reprocher, de n'avoir su voir pour deux ce qui malmènerait bien trop leur relation, de n'avoir su faire marche arrière au lieu d'y retourner de plus belle. Et c'était encore plus douloureux, au bout de quelques semaines à ruminer cette colère qui ne savait plus vers qui se diriger. De devoir entrevoir la possibilité de s'être trompée, par sa faute. Parce qu'elle ne l'aurait jamais embrassé, la voleuse, s'il n'avait osé s'avancer le premier. Elle serait restée sagement postée derrière cette barrière qu'elle ne franchirait jamais, au lieu de laisser ce bordel ravager sa poitrine, de garder le souvenir de ce baiser en se créant le besoin de recommencer. Elle le regardait, et au bout de ces longues secondes à se cramer la rétine et à se blesser de cette apparition, son regard avait commencé à changer. S'imprégnant du sien une dernière fois, alors qu'il échappait à sa contemplation du sol quelques instants, prunelles troublées se barricadant avec volonté, dans le hurlement d'un coeur qui ne lui obéissait plus depuis longtemps, résonnant des certitudes forgées par l'absence. Il n'avait pas voulu d'elle. Pas comme ça. Plus comme rien du tout, même.

Et en une seconde, la prétendue Lovecraft retrouvait son port de tête altier, cette aura brûlante d'une assurance fragile ne demandant qu'à être portée au sommet par celui qui songeait lui servir de guide dans ce monde complexe. Les traits avaient regagné ce masque de curiosité, faussement camouflé par un savoir-vivre qu'on ne pouvait songer lui ôter. Elle était aux antipodes de ce qu'elle avait toujours été, si ce n'était le ronronnement violent qui résonnait dans ses iris, qu'elle n'avait plus cherché à camoufler au Styne bien longtemps, en notant que cela le captivait plus que tout le reste. Sans doute s'était-il senti galvanisé, d'ainsi réaliser que la jolie fille qu'il avait pris sous son aile semblait résonner de manière plus complexe qu'aux premiers abords. La fureur l'avait dévoilée, éveillant l'éclat bouillonnant de son regard et de ses coups alors que le Styne se contentait de la balader en entraînement, incapable de s'en tenir à son rôle, pas lorsqu'elle ne cessait de l'imaginer avec Priam, de construire les scénarios de ce qu'il pouvait lui infliger, à défaut d'avoir pu obtenir des informations du principal intéressé. Ça l'avait foutrement perturbée, de lire cet enthousiasme grandissant dans son sourire. Comme si malgré tous ses efforts pour entrer dans ses standards, c'était ces parcelles d'elle-même, affleurant la surface de son visage, qui avaient achevé de capter tout son intérêt. Elle tâchait de ne pas trop y réfléchir, de ne pas s'attarder sur ces pensées déplaisantes, celles qui ne manquaient pas de surgir non plus lorsque Parrish s'amusait de sa colère, semblant apprécier ce qui feulait au fond de sa gorge. L'idée que ces êtres déplaisants puissent apercevoir certaines facettes d'elle-même, et pire encore, les apprécier. Ça l'aurait rendue malade, Octa, si elle n'avait su faire la part des choses, cloîtrer le malaise pour se concentrer sur ses objectifs. Et c'était exactement ce qu'elle semblait faire, en plongeant ses yeux de biche dans ceux de son interlocuteur, esquissant un sourire à son adresse. « Je vous en prie, ne vous blâmez pas. Vous avez déjà accompli un beau travail, avec celui-là, semble-t'il. La nature profonde ne change pas, vous avez raison. Et d'autant moins en ce qui concerne cette espèce. » Pardonnant le Styne d'un regard doux et compatissant, les mots s'alignaient dans un naturel décontenançant, le costume éprouvé à tant de reprises qu'il était presque aisé de délier sa langue sur ce qu'il rêvait d'entendre. La difficulté pourtant parasitait ses pensées, à l'avoir lui pour spectateur, lui qui l'entendait prononcer ces ignominies soutenues d'un ton d'une crédibilité sans faille. Il n'y eut que les mots de Priam, pour l'arracher de force à la contemplation du Styne, l'obligeant à l'observer à nouveau, braquant son regard sur lui comme si elle avait pu le pulvériser sur place, un battement de cils délicat adoucissant le mouvement aux yeux du hunter. « Priam Mikaelson. » Elle répétait, faisant mine d'apprécier la sonorité de son identité, d'un ton légèrement interrogateur, écho de cette moquerie qui crispait ses cordes vocales. Il n'avait rien de Priam Mikaelson. A baisser la tête, à se laisser contrôler par ce connard de première, à ne plus l'avoir cherchée, à l'avoir laissée seule, terriblement seule. La nuque se crispait légèrement, en colère après cet ami de toujours qu'elle ne savait plus de quelle manière regarder, l'adoration se muant soudain en toute autre chose, animée par la rancune sans nom qui avait toujours hanté le caractère de la voleuse. Et jouer ce jeu qu'elle maîtrisait à merveille n'était soudain plus rien, en comparaison à cette douleur qui lui revenait, infligée par le pyrurgiste. « Et bien, enchantée, Priam Mikaelson. » Roucoulant en adressant un sourire ironique à Graham, comme si se targuer de tant de formalités à l'égard d'un dégénéré l'amusait follement - lui broyait les tripes. « Octavia Lovecraft. » Faux patronyme, faux ton mi-délicat, mi-prétentieux, la brune gardait son regard ancré sur lui, à attendre qu'il relève la tête. Mais il ne la regardait pas, et la patience de la voleuse ne tarda pas à se faire la malle. « Va-t'il passer la soirée à détailler le carrelage ? » Une remarque acide à l'adresse du Styne, tant adressée à cette posture de soumission qu'elle ne souffrait de le voir aborder, qu'à l'égard de Priam qui ne semblait pas foutu de la regarder. Acceptant une flûte de champagne tout en gratifiant le serveur d'un sourire, la brune n'y trempa pas ses lèvres, reportant son attention sur le chasseur. « Il est vrai qu'à le voir comme ça, je peinerais presque à croire tout ce que vous avez pu m'en dire. » Arquant un sourcil, assorti d'un sourire légèrement provocateur, la brune poursuivit en jaugeant Priam d'un air perplexe. « Il ne paye pas de mine, au premier abord. » S'imaginant sans peine ce qui pouvait passer dans la tête de Priam alors qu'elle s'exprimait de la sorte à son égard, la brune bouillonnait tant et si bien des révélations qu'avait pu lui faire le Styne en ce qui concernait les occupations qu'il fournissait à son jouet, qu'elle se souciait bien peu des états d'âme du mutant. « Une arme mortelle dans une telle carcasse. On aura tout vu. » Parce qu'elle avait entendu les échos de ces mutants qui s'étaient trouvés dans son sillage, de cet être calciné pas plus tôt que quelques semaines auparavant. C'était ce que le Styne lui racontait, avant que ses grands yeux ne se posent sur Priam. Ce qui revenait entraver sa gorge d'une rage insoutenable, à l'imaginer ôter la vie de ses semblables, parce qu'il ne l'avait pas laissée régler le problème à sa source. Venir occuper la place de ceux qu'elle éliminait sans merci.  Détachant son regard brûlant pour venir le reposer, mielleux, sur le chasseur, la brune glissa une main grâcieuse sur sa propre hanche en le détaillant. « J'imagine que malgré ses travers, vous l'avez bien éduqué. Je n'en avais encore jamais vu se retourner contre ses semblables. L'idée est intéressante. » Flattant encore et toujours le méprisable individu, Octavia s'efforçait d'ignorer la présence de Priam à ses côtés, rongée par ces émotions contraires qui n'avaient de cesse de la tirailler. Que ça lui fasse mal, de la voir ainsi minauder auprès de son maître adoré, que ça puisse pincer ses tripes pour l'avoir abandonnée. Persuadée que malgré ses efforts, jamais cela n'égalerait ce qu'il lui avait fait subir, ce qu'elle subissait encore à cet instant précis, à sentir sa poitrine la tirailler, la forçant à capturer son visage d'un regard, encore et toujours incapable de s'en tenir éloignée.
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Priam Mikaelson
Priam Mikaelson

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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeDim 2 Oct 2016 - 0:37


And I don't wanna be your friend, babe, there's no other way. I'm the one so baby don't pretend. And I don't wanna make it bad so, tthere's no other way. I don't want you to make me mad

Priam faisait face à l’imposture, spectateur forcé de contempler la Moires prête à abattre une sentence divine sur sa destinée. La belle était une Atropos sanctifiée, vénus parée du sang de ses victimes en tenue d’apparat, elle en crevait le cœur du presque homme éperdu et perdu dans cette contemplation. Malgré la familiarité dans les prunelles, cette douleur difficilement camouflée sous le rimmel, il peinait à voir la jeune femme sous les oripeaux de ce personnage qu’elle jouait. Prisonnière de cette robe, de cet air condescendant affiché fièrement dès lors que les prunelles du Styne la frôlaient de trop près, la voleuse n’avait plus rien de cette férocité dans l’être. Cette effronterie pour laquelle le jeune homme avait sombré tête la première des années plus tôt, se damnant aux pieds de la déesse de la destinée lui ayant arraché le myocarde sans qu’il ne puisse lutter contre la douceur des cicatrices que lui laissèrent son contact. Adoucie pour les besoins de cette mascarade, sylphide d’un soir, si Octavia arrivait à faire battre la chamade au myocarde du Mikaelson, elle avait aussi le don de le troubler au plus profond de sa carne. Châtié par son maître comme le clébard qu’il avait fini par admettre être, il détourna les yeux plein de cette honte enserrant sa gorge sans qu’il ne puisse lutter face à cette impression de manquer d’air. Les doigts de Graham s’arrêtèrent sur sa cravate alors que ce dernier s’attelait avec aisance à la réalisation d’un nœud windsor. Les yeux baissés vers les mains de l’enfoiré le tenant au creux de ses paumes, tout était bon pour éviter le regard défait de cet autre dont la simple vue arrivait à le crever de l’intérieur, les trous que ses mots avaient laissés plus profonds qu’il ne pouvait l’admettre. Elle ne pouvait pas savoir, Octavia, que sous les doigts du Styne il avait fini par s’effriter.  Elle ne pouvait pas voir la manière dont la peau s’était écaillée le long de ses paupières, le vernis éclatant sous la pression au point d’en arracher à ses prunelles tout de leur vitalité. La belle ne semblait pas le voir comme elle seule avait jamais su le faire, percevant entre les lignes ce qu’il n’aurait su arracher à l’encre de ses yeux. Elle semblait soudainement aveugle à cette intimité les ayant unis depuis la nuit des temps. Soudainement, il ne s’agissait plus des deux gamins de Lexington prêts à affronter l’univers et cette destinée implacable que tous leur accordaient. Désormais il était seul. Pour la première fois la solitude avait un nom et celui-ci n’était pas Octavia. Le Mikaelson était seul coincé sous son épiderme, incapable de lutter contre le mal rongeant sa chair, cette solitude que la simple présence de son nom au bord des lèvres avait toujours su éradiquer. Maintenant elle n’était plus une prière psalmodiée par le dévot, pas même une formule magique crachée au vent dans l’espoir qu’il lui arrache sa peine. Il était seul et, en bon maître qu’il était, Graham resserra un peu plus cette laisse autour de sa nuque lui rappelait que le gibet l’attendait au bout du chemin.
Il n’avait toujours pas trouvé les mots. Même après six mois de torture, souffrant son absence comme il n’avait jamais eu à le faire. Malgré l’alcool, les cris exhorté vers l’infini des nuits sans sommeil, rien n’arrivait à apaiser cette brulure rongeant ses bronches, emplissant ses poumons. Elle l’avait laissée brûlant, pris d’une fièvre qu’elle seule semblait pouvoir adoucir de sa présence. Pourtant, dans cette lutte interne dont il ne pouvait sortir indemne, il n’avait eu de cesse d’y retourner, encore et encore. Papillon attiré par les flammes, éternel prêt à s’user les ailes face à l’empyrée, tout le ramenait à elle. Tel un marin incapable d’éviter le port, il y retournait invariablement, incapable de poursuivre cette lutte sans vainqueur. Si pas en actes, il la retrouvait en pensées. Et par cent fois il s’y était brulé les doigts, cramé le cœur à souffrir son absence se sentant trop impuissant que pour réclamer sa présence. Priam aurait aimé lui faire comprendre, lui dire que cette force l’ayant possédé toute leur jeunesse était devenue une faiblesse. Qu’à l’époque des bras cassés et des éclats de rires sous les étoiles, il ne pouvait même évoquer l’idée de perdre cette moitié de lui-même sans laquelle il n’était rien. Après l’absence, les années d’égarements et la peur, le pyrurgiste ne pouvait ignorer cette possibilité le terrifiant. Il avait fini par céder, pliant sous le poids de ces craintes l’empêchant de respirer parfois. Peut-être était-ce possible d’aimer trop. D’aimer au point que souffrir et faire souffrir était le seul moyen de ne pas finir par en crever.
Elle le déchirait de l’intérieur avec cette assurance, ce mépris porté fièrement comme des peintures de guerre cachant celle qu’il pensait connaître, celle qu’il espérait ne jamais oublier. Celle qu’il craignait de voir disparaître, partie en fumée entre ses doigts. Incapable de soutenir du regard cette imposture, il ne pouvait supporter de se perdre le long des mensonges jonchant les courbes de son faciès tordu en une grimace complaisante alors qu’elle pérorait pour le plus grand plaisir de Graham. Retenant la bile menaçant de lui calciner les lèvres, Priam fit de son mieux pour tenir à distance la nausée lui retournant l’estomac face aux mots qu’Octavia assénait avec une condescendance justement dosée. Il luttait contre lui-même pour ne pas laisser parler cette insécurité lui collant à la peau depuis trop longtemps déjà. Pour ne pas écouter ce vent mauvais lui susurrant à l’oreille des vérités qu’il ne supporterait pas. Inapte à contrôler le fiel s’écoulant de ses prunelles ornées  d’étincelles, il dévorait la belle du regard avec fièvre et dégout. Animal sans doute attiré par la misère dans lequel le spectacle le plongeait, le Graham ne manqua pas de l’humilier un peu plus, forçant le mutant à s’arracher les seuls fragments de sa personne lui appartenant encore pleinement. Le Styne s’amusait de la manière dont sa belle répétait ces mots avec curiosité et dégout, gâchant la seule chose qui lui restait. Travestissant le souvenir qu’il chérissait de son nom caressant la courbe des lippes de sa cadette au point que celui-ci lui paraisse étranger. Le reste avait été vendu, oublié ou souillé par cette vie qu’il menait, cet ersatz d’existence qu’il passait à courber l’échine au point d’en perdre la seule chose ayant jamais comptée. Elle.
Tout d’un coup, sans même comprendre pourquoi, il en était venu à se sentir à l’étroit dans son costume. Prisonnier d’une chair dont la carne scarifié peinait à conter l’étendue de ses maux, l’échine courbée, le regard incapable de soutenir ce trop-plein dans celui de son interlocutrice, il sentait l’étoffe comprimer son thorax jusqu’à l’apoplexie. Géant écrasé dans un costume clairement pas taillé pour sa carrure, le  brun pouvait sentir Octavia le lacérer de ses mots, de cette morsure dans la voix qu’il n’arrivait à reconnaître. A quel moment l’adolescente avait laissée place à la femme fatale lui faisant face ? A quel instant sa moitié était devenue une étrangère ? Il pouvait presque en sentir ses globes oculaires brûler l’idiot, serrant les dents en espérant finalement voir des étoiles parsemer son champ visuel une fois qu’elle aurait fini de l’assaillir de ses remarques acerbes au goût de droite en pleine gueule. Cependant, la brune ne semblait pas capable de s’arrêter, le défiant de ce dédain qu’elle affichait ostentatoirement de la pire des manières. « Je me posais justement la même question. Je pense qu’il est décidé à nous empêcher de profiter de cette soirée avec son impolitesse. Mais bon, s’il continue sa soirée sera bien pire que la notre. » Levant subitement ses prunelles vers le Styne, le pyrurgiste ne manqua pas le sourire satisfait de ce dernier alors qu’il portait son verre de champagne à ses lèvres. Jouant le jeu, perdue dans cette connivence qu’elle partageait avec Graham, Octavia ne transpirait aucunement la crainte face à cette menace à peine dissimulée. Bien au contraire, comme si de rien était, elle embraya la conversation sur d’autres afféteries faisant gronder le sang dans les veines du brun. Serrant les poings, le visage tourné vers la belle même s’il évitait soigneusement son regard en contemplant ses traits, il défiait cette dernière et ce mépris qu’elle jetait à son visage avec plus de force que nécessaire. Au point qu’il se demandait où la mascarade s’achevait et où la réalité s’élevait. Détaillé par Octavia comme si elle ne l’avait jamais vu par le passé, soupesé par les prunelles inquisitrices de cette femme qu’il ne connaissait pas, pas véritablement en tout cas, celle-ci faisait naître en lui un orage qu’il ne s’imaginait pas en se préparant pour cette soirée. « Malgré les apparences, il n’en est pas moins dangereux. » Fier comme un paon étalant avec orgueil la corolle de ses plumes colorées, le dégout délavant les prunelles du Mikaelson n’entachèrent pas même cet air arrogant que le Styne lui servait avec une indifférence maladive. Clébard enragé dont la muselière l’empêchait de mordre, le mutant ne pu s’empêcher d’aboyer pour que ces échanges cessent avant qu’il ne perde pied dans cette discussion où le vrai et le faux n’avaient pas leur place. « Il sait parler en son propre nom et n’apprécie pas quand on l’ignore. » Entre ses mâchoires crispées, le grondement s’échappant de sa gorge paraissait bestial, plainte étouffée d’un loup hurlant à la lune sans que personne ne l’écoute.
Méprisé par les deux, ce fut surtout le naturel avec lequel Octavia l’ignora qui alimenta plus encore les craintes de Priam. Si elle le souhaitait, le mutant aurait certainement pu mettre à feu et à sang la demeure désuète s’élevant en son dos et contempler le chaos s’élevant parmi les convives prisonnier des flammes. Avec l’aisance d’un gamin tordant le cou d’une poupée, il ne lui aurait suffi que d’un peu de volonté pour que la fumée s’élève et qu’à ses pieds la cendre ne s’écrase. Il ne lui aurait suffi que d’un rien pour s’introniser Néron réincarné, le monde sous ses yeux perdus dans un ballet pourpre ne demandant qu’à danser sous ses doigts. Il l’aurait fait pour elle. Il n’avait besoin que d’un mot, que d’un signe. Priam possédait le chaos fermement coincé en son buste, boite de Pandore des temps modernes prisonnier dans le cœur d’un homme. Ce dernier avait appris à lutter contre la volatilité de sa nature afin de protéger les êtres l’entourant, se consumant pour que d’autres ne brulent pas à sa place. Néanmoins, comme son engeance grecque, le brun était soumis à la tentation de ses vices. Piégé par la pourriture rongeant sa carne, il ne pouvait pas compter sur Octavia afin de le protéger de lui-même. Pas quand celle-ci était incapable de faire preuve de bon sens quand il était le problème. La belle s’était faite protectrice d’une comète qui allait invariablement finir par l’annihiler, s’accrochant à une grenade menaçant d’exploser à tout instant. C’était à son plus grand regret que le Mikaelson avait finalement compris à quel point ils s’étaient aliénés l’un l’autre, se fourvoyant par peur d’affronter la réalité de leur situation. Il savait ne pouvoir exister dans un univers exempt de la voleuse, cette dernière s’apparentant au dernier brin d’espoir le gardant accroché à l’épave qu’il était le temps que la marée passe. Priam se savait prêt à tout abandonner pour elle et ne comprenait que maintenant que cette dernière était prête à sacrifier le reste de l’univers pour lui. Elle ne se souciait de rien d’autre que de sa personne, incapable de jauger correctement la valeur de l’homme qu’elle avait trop longuement placée sur un piédestal. Ils ne pouvaient exister dans ces conditions, leur relation nocive au possible à force de faire passer l’autre avant tout. Les poings serrés, le feu dans ses veines ne demandant qu’à danser pour combler ce trou qu’elle laissait en son cœur, la vision s’offrant à lui le rendait malade. Cette arrogance se détachant du Styne en miasmes maladifs le dégoutait alors qu’Octavia détaillait Graham du regard avec un intérêt enserrant le myocarde du pyrurgiste. Lui n’avait jamais eu droit à ces yeux-là, cette douceur mielleuse et cet intérêt brûlant leur donnant un éclat nouveau. Ça le déchirait de l’intérieur de la voir sous cet éclairage-là. Il en avait mal au cœur de voir la jeune femme se fondre ainsi dans ce milieu, ainsi briller au centre de ce ballet céleste auquel rien ne les avait prédestiné. Elle semblait s’être élevée au-dessus de ses origines, au-dessus de ce qu’ils avaient toujours étés. Elle s’était élevée au-dessus de lui et, à cette pensée, quelque chose en lui céda pour de bon cette fois. Incapable de penser, incapable de lutter contre cet élan le poussant vers l’avant, l’invitant à se fracasser contre la brune et s’éclater les os contre cette façade aussi tranchante que déroutante qu’elle lui offrait pour la première fois. En un pas, un seul, il s’était retrouvé nez à nez avec le belle, son souffle brûlant s’écrasant sur les  joues de celle-ci alors que son regard débordait de cet ouragan hurlant en son buste. « Parce que c’est ce que c’est tuer pour toi ?! Quelque chose d’intéressant ? »
Bien qu’il paraissait menaçant d’un point de vue extérieur, Priam ne doutait pas qu’Octavia pouvait se repaître de la déconfiture qu’affichait aussi ostentatoirement son faciès défait. En son buste, les cors soufflaient une débandade enragée alors que son être ne demandait qu’à voler en éclat sous la violence du feu menaçant de le consumer. Les yeux perdus dans ceux d’Octavia, portant les oripeaux d’un étendard ayant perdu de sa superbe au contact de sa rage, il contemplait le gouffre les divisant avec effroi, incapable de retrouver ne serait-ce qu’un fragment de celle qu’il aimait sous le maquillage et cette perfidie qu’elle se devait d’afficher. Il n’était plus lui-même et elle non plus. Ils n’étaient rien de plus que deux étrangers contemplant les profondeurs de l’âme de l’autre, incertains quant auquel des deux lèvera la main le premier. Pourtant, bien qu’il voyait rouge, ses phalanges frémissant sous le besoin de s’user au contact de n’importe quoi, il était incapable de s’imaginer faire du mal à la brune. Même quand tout en son être hurlait à l’infamie, sa peau frissonnant sous le poids de cette traitrise mal digérée et de cette certitude qu’ils avaient traversés un point de non retour. Certainement conscient que la brune n’avait pas besoin de son aide, Graham n’esquissa pas le moindre mouvement dans son dos, se contentant de gronder comme le propriétaire qu’il était : « Priam ! » Son ton mauvais fut bien incapable d’alerter le brun qui se noyait dans les prunelles de celle dont l’égide ne semblait plus capable de le protéger de l'annihilation à laquelle il aspirait. « Quoi ? Maintenant qu’il faut s’adresser directement à moi on en a perdu sa langue ? Ca ne m'étonne pas vraiment de toi, Mademoiselle Lovecraft » Défiant Octavia avec férocité, il attendait le coup avec un plaisir masochiste. Il attendait la douleur ne demandant qu’à s’échapper des doigts de la belle avec une impatience lancinante. Peut-être qu’il avait guéri des blessures reçues cette nuit-là, peut-être qu’il ne restait que les cicatrices sur sa peau pour témoigner de l’horreur qu’il avait vécu. Pourtant, c’était bien les coups que la belle ne lui avait pas porté au petit jour que le brun n’avait pas oublié. Ainsi, lorsque sa main stria l’air pour s’arrêter le long de la pommette du mutant, ce dernier n’esquissa même pas un mouvement de recul alors que Graham s’esclaffait une fois encore.  « Je pense que Priam mérite une petite leçon. Puis, je ne doute pas que vous soyez à même de vous défendre. Je vous laisse le soin comme bon vous semble de le punir tant que vous me le rendez à la fin de la soirée. Il est plutôt résistant, mais je tiens quand même à le récupérer sans os brisés. » En un sourire suintant la complaisance, le chasseur venait d’offrir à la brune tous les droits sur sa chose, n’attendant rien de plus qu’une assertion de la belle pour disparaître dans la foule. L’idiot ne se doutait même pas de la justesse de son choix, torturant son animal de la pire des manières qu’il soit en l'offrant à cette inconnue portant fièrement les traits d'Octavia.

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeDim 6 Nov 2016 - 21:19

They say that time's supposed to heal ya
But I ain't done much healing.

Les paroles menaçantes de Graham à son égard, cette manière de s'adresser à elle comme s'il ne se tenait pas si près d'eux, et son échine se tendait un peu plus sous le tissu qui retenait à peine son coeur dans sa poitrine. A trop contenir les envies assassines que lui inspirait le hunter à ses côtés, l'aigreur se dispersait par intermittence, entièrement dirigée contre son ami de toujours qu'elle ne contemplait qu'avec orgueil. Elle ne l'avait plus vraiment regardé, durant les dernières minutes, à simplement laisser ses iris glisser sur lui sans capter le moindre frémissement, méprisant la moindre de ses émotions. C'était ce qu'il semblait mériter, dans les prunelles hautaines de la prétendue hunter en herbe, ce que lui infligeait le coeur blessé de la Lovecraft qui battait douloureusement ses côtes.  Elle n'avait jamais rien oublié, rien négligé de ce qui lui faisait du mal, et rares étaient ceux à avoir eu le mérite de l'atteindre un jour, d'outrepasser sa poitrine blindée pour mériter sa rancune. La colère terrible de cet amour condamné à rugir en silence, cadenassé par un dépit qui dépassait l'entendement, voilà ce qui menaçait de surgir à nouveau d'entre ses lèvres au miel de plus en plus incertain.  Se murer derrière cette fureur qui ne l'avait jamais tant poussée à continuer que ce soir, que depuis qu'à la haine des hunters s'était greffée la rancoeur à son égard, c'était ce à quoi elle s'attachait encore et encore, pour ne pas faillir à ce rôle de plus en plus désagréable à tenir. Retenir le cillement de son regard alors que le ton du pyrurgiste s'élevait, venait ricocher contre ses traits marmoréens sur lesquels se dressait un sourire suffisant. « Le seul point sur lequel on se ressemble, j'imagine. » Pas le moindre mouvement de recul, à se tenir bien droite en face de lui, à dresser son menton impérieux vers lui, tâchant de ne pas oublier qui se tenait près d'eux. Langue perfide venant déverser ses mots d'un ton douceâtre, le sous-entendu vibrant de tous les reproches qu'elle ne gardait pour elle qu'à moitié. Intéressant de tuer du mutant sur ordre de son maître, visiblement ? C'était ce qui se dessinait entre deux battements de cils, à laisser apparaître pour quelques fractions de secondes ses véritables pensées, celles qui maugréaient après ce que le Styne lui avait vanté des escapades programmées de son chien de garde. La brûlure de ses mots se dispersait sur ses joues sans qu'elle ne les laisse entrer dans ses veines, parce qu'elle ne pouvait, elle ne devait pas. Il n'avait pas le droit, pas après la dernière fois. Le regard de Graham s'était braqué sur elle alors que Priam ne maîtrisait pas ses mots, une fois de plus, ou plutôt les maniait à la perfection pour raviver les foudres de la brune à son égard, si c'était vraiment ce qu'il cherchait. La provocation était trop furieuse pour ne pas l'atteindre, nouer sa gorge dans l'envie de plonger le bras entier dans sa poitrine pour le choper par le coeur, le serrer d'une poigne de fer pour qu'il réalise que c'était dans cet état-là qu'il l'avait bel et bien laissée. Qu'il suffoque à n'en plus trouver le moindre mot, à réaliser que la frapper de cette façon-là, en venant cueillir la hargne au fond de ses tripes, il n'en avait plus le droit. Elle ne lui en laissait plus le droit, jamais. Vraiment. Pourtant, à ruminer la bile qui lui montait aux lèvres alors qu'il osait venir se frotter à elle d'un peu trop près, à se perdre dans le souci qui creusait sa poitrine à chaque parole insistante de Graham, la tension ne redescendait pas, crispant chacun de ses muscles alors que la crainte d'agir trop spontanément devant l'un et l'autre se faisait plus pressante encore. La solution se trouva dans le geste, simple et vif, qui délia sa main pour une seconde alors qu'un contact un peu plus agressif se dressait entre Priam et elle. La réponse à ce qu'attendaient les deux hommes qui se trouvaient à ses côtés, perdue entre la certitude d'avoir donné une certaine satisfaction au mutant comme au hunter, et le sentiment de ne s'en sentir qu'un peu plus échauffée. Cela n'arrangeait rien, si ce n'était d'éloigner Graham du tableau, de lire dans ses yeux enchantés l'approbation de ce qu'il ne voyait que comme une vulgaire correction. S'il ne s'était agi que de ça, du geste effarouché ou lassé d'une demoiselle qui perdait patience, le ressentiment aurait été moins lourd, le sang moins emporté. Les prunelles n'auraient pas résonné des échos d'une colère qui ne déclinait plus depuis des mois, en continuant à toiser celui qui la connaissait bien mieux que n'importe qui dans cette assemblée, dans cette ville, dans n'importe quel endroit de cette Terre. « Et généreux, en plus du reste. » Les prunelles virevoltant dans une maîtrise parfaite de ses émotions se posèrent pour quelque secondes sur le hunter, un fin sourire se glissant sur ses lèvres alors que l'écho d'un sarcasme menaçait de se faire entendre. « Je ferai mon possible pour les os brisés. » Un rictus entendu, comme si cette garantie se faisait au prix d'un effort considérable, comme si le traitement qu'elle réservait à son jouet l'exhaltait au point d'en perdre le contrôle d'elle-même. Bien vite cependant, les yeux se détachèrent, incapable de tenir la mascarade plus longtemps alors que l'homme se décidait enfin à les quitter. Elle aurait pu imploser, là, tout de suite. Habituée à se contenir en toute circonstance lorsque le personnage l'exigeait et que l'aboutissement de ses manigances en valait la peine, jamais la voleuse n'avait été confrontée à de telles difficultés. Il n'y avait bien que lui pour la destabiliser à ce point, une fois de plus, mettant à l'épreuve sa ténacité, menaçant cette couverture qu'elle tenait depuis plus d'une année. La poitrine écrasée par le ressentiment, Octavia resta quelques secondes de plus immobile, suivant vaguement la silhouette du Styne des yeux, lui adressant un sourire en le voyant jeter un dernier regard au-dessus de son épaule avant de disparaître dans la foule. Par quel malin plaisir venait-il encore la torturer, à se poster si près d'elle en sachant pertinemment qu'elle ne pouvait que le laisser approcher ? A cracher ces mots-là, la brune ne pouvait que s'imaginer avoir blessé son égo en le titillant de la sorte, en se complaisant en paroles odieuses. Mais l'avoir blessé lui, réellement, avoir touché ses sentiments, elle ne le voyait pas, pas après qu'il ait disparu sans donner le moindre signe de vie bien trop longtemps pour ne pas l'avoir dévastée. Elle se tenait loin, Octavia, de l'idée de l'avoir atteint plus profondément qu'elle ne le prétendait. Elle ne le pouvait pas, de toute évidence, pas après qu'il l'ait rejetée avec tant de facilité, qu'il l'ait achevée sans un regard en arrière. Il y avait bien eu le message perdu quelques jours plus tôt, celui qui était venu raviver des plaies qui ne cicatriseraient jamais. La laissant s'imaginer à quel point il devait se foutre de sa gueule, à raconter elle-ne-savait-foutrement-quoi à ce pote qui s'était chargé de subtiliser son téléphone, de lui pourrir la moitié de sa nuit avec des questionnements qu'elle aurait préféré oublier. Pourquoi avait-il parlé d'elle, qu'avait-il dit ? L'idée de n'être plus qu'un vague sujet de discussion entre deux verres était insupportable, et ce souvenir l'ébranla un peu plus encore alors que ses longs cils s'abattaient dans un regard en biais, venant toiser le mutant qui se tenait toujours là, toujours trop près. « Je te conseille de te montrer docile. La semaine a été mauvaise, il m'en faudra peu pour outrepasser mon engagement. » Elle ne se départait pas de ce ton qui forgeait un peu plus encore la barrière qui s'hérissait entre eux, qu'elle maintenait volontairement, ne souhaitant pas le moins du monde le laisser effleurer le mal-être qui se tapissait derrière ses yeux trop maquillés. Le souffle était court alors que sa voix s'éteignait, qu'une main grâcieuse venait vaguement s'intéresser au fameux noeud de cravate, le recentrant machinalement après que celui-ci ait vaguement vrillé après la gifle. « Plus présentable. » Comme s'il ne s'agissait vraiment que de passer du temps à dompter l'animal, la bête sauvage capturée par Graham, soutenant les apparences bien moins difficilement que s'il avait été question de se dévoiler, de parler à coeur ouvert, ou plutôt de laisser le coeur dégueuler les accusations qui s'y entassaient par cette plaie béante qu'il y avait creusée. « Tu t'approches encore une fois de moi comme ça, et je t'étrangle avec. » Le ton carillonnait d'une douceur qui ne contrastait que trop avec la menace - qui dans la bouche de la Lovecraft, pouvait rapidement s'avérer sérieuse. Peut-être bien la remarque la plus authentique qu'elle avait pu lui adresser jusqu'à présent, creusant la brèche qui s'était ouverte en le voyant apparaître dans le jardin. « On avance. J'vais pas te traîner par la cravate dans toute la résidence, alors tu suis. Maintenant. » Un ordre claquant sous la langue alors que ses yeux remontaient le long de ses traits pour mieux s'en détourner, d'un volte-face arrogant qui l'éloigna déjà de cette démarche bien trop féminine pour être naturelle. Abattant ses talons sur les allées, le précédant d'un mètre tout au plus, tiraillée entre l'envie de sentir sa présence dans son dos et celle de le voir fuir à la première occasion, ses traits s'étaient figés alors qu'elle adressait quelques sourires ci et là, quelques mouvements de tête aux visages connus qui abattaient successivement leurs regards sur elle puis sur lui. Cheminant dans la foule qui lui semblait de plus en plus importante, oppressée par le malaise grandissant dans son ventre, elle ne savait pas où elle allait, où elle l'amenait, à s'improviser maîtresse de ce jeu instauré par Graham, dont elle ne maîtrisait nullement les règles. Pas avec lui. Jamais avec lui. Pas même après cette nuit. Et une fois de plus, elle se sentait faible, comme chaque heure de chaque jour depuis qu'il l'avait quittée, depuis qu'elle l'avait laissé l'anéantir et que même aujourd'hui, elle ne semblait avoir retenu la leçon. Elle étouffait. Cela devait même commencer à se lire son visage, l'encourageant à rechercher la solitude, à s'éloigner des curieux qui observaient le curieux duo d'un air insistant. Plus les minutes avançaient, et plus elle avait mal, Octavia, à ainsi se faire dévisager en sa compagnie, à se faire la cible de murmures qui n'avaient pas lieu d'être. Personne ne les connaissait réellement, personne ne savait quel lien s'était tissé entre eux bien avant qu'ils ne foutent le pied dans cette ville. Personne ne cernait cette évidence à laquelle elle avait cru depuis ses premiers pas dans la ruelle, celle de laquelle elle tâchait de se détacher, qui la tiendrait pourtant sans doute jusqu'à son dernier souffle. Poussant à bout de bras les portes battantes du cabanon qui se terrait au fond du jardin, une profonde inspiration incendia ses poumons alors qu'elle clignait des yeux un peu trop rapidement, oubliant un instant où elle se trouvait, ce qu'elle foutait là, alors que deux pas incertains la projetait dans l'obscurité à peine rompue par une fenêtre projetant quelques lumières provenant de l'extérieur. L'idée que Graham puisse les avoir observé l'effleura un instant, le laissant avec les fantasmes glauques qui pouvaient naître de son esprit tordu, à les savoir entourés d'outils plus ou moins aiguisés. Elle ne se retourna pas immédiatement, peinant à calmer l'angoisse qui s'établissait douloureusement derrière ses côtes, qui empêchait sa grande gueule habituelle de formuler le moindre mot. Peut-être qu'il n'y avait rien à dire. Tout simplement. Que la moindre parole ne sonnerait jamais comme tout ce qu'elle avait brûlé de lui dire en son absence, esprit bavard dans le silence des nuits d'incertitude, la laissant désespérément muette désormais que la pénombre chassait lentement les artifices. Elle ne savait pas de quelle manière résonnerait sa voix, si le courage allait l'abandonner ou si la rancune aiguiserait un peu plus encore ses crocs. Elle ne savait plus rien, en sa présence, et c'était peut-être le pire à présent. De ne plus le cerner, de ne plus se cerner non plus. De préférer la cruauté du jeu aux flammes qui s'étaient animées en posant ses yeux sur lui, en le voyant s'approcher d'elle de toute sa véhémence. Même si c'était pour la mordre à son tour. Elle s'était toujours crue forte, pour eux deux, durant ces six années tout particulièrement. A quoi bon, si elle ne savait même plus être forte pour elle-même, lorsqu'il tournait les talons ? Le regard s'accoutumant à peine à l'obscurité, la voleuse retira mécaniquement ses talons, soulageant ses pieds meurtris, avant de se retourner pour se retrouver un peu plus encore dans l'ombre de sa silhouette. Un battement de coeur manqué, comme si elle en avait oublié sa présence durant ces secondes à tenter de respirer, et déjà sa main s'abattant sur son épaule, les talons venant meurtrir la chair de toutes ses forces avant qu'elle ne les laisse mollement tomber au sol. « Au moins un bleu qui lui fera plaisir quand tu lui reviendras. » Les mots débités sans que la moindre émotion ne vienne les entraver, comme si le coup n'était là que pour la forme, pour prouver à son maître qu'elle avait fait son travail, au moins en partie. Cela ne soulageait pas vraiment les nerfs, même si porter un coup avait toujours eu le mérite de la calmer, au moins provisoirement. « Quand on sortira, tu seras gentil de prétendre que tu ne me connais pas, que tu ne m'as jamais connue. Je pense que ça ne devrait pas être trop difficile, pour toi. » Il fallait dire qu'il avait des mois d'expérience derrière lui, et il était inutile pour elle de poursuivre, les non-dits venant tendre l'air qui les séparait. « On dira que je t'ai bien puni, t'auras toutes les bonnes raisons du monde de ne plus me regarder quand tu me verras comme ça, si on a le malheur de se revoir une fois de plus. » A mi-voix, comme s'ils pouvaient être épiés, surtout parce que son ton ne parvenait à s'élever davantage, pas quand sa gorge menaçait de se serrer à mesure que les mots s'évadaient. « Si ça devait arriver, t'avises plus de monter sur tes grands chevaux, de me sortir des ça m'étonne pas de toi, comme si on s'était déjà rencontré avant ce soir. Comme si tu savais qui j'étais. Tu sais pas qui je suis. J'sais pas non plus qui t'es. J'pense qu'on n'a jamais vraiment su, hein, alors autant arrêter de se leurrer. Autant profiter de ce soir pour repartir à zéro. Et par là j'veux pas dire qu'on va oublier ce qui s'est passé, non. J'vais juste t'oublier, comme ça on sera quitte. » Perdant peu à peu les intonations qu'elle arborait depuis le début de la soirée, regagnant sa voix, ses traits, ses prunelles sans filtre qui le jaugeaient sans réellement parvenir à le voir, pas quand la lumière dessinait ses traits à elle en ne la laissant apercevoir que sa silhouette. « Et p'tetre bien qu'on se verra plus jamais, d'ailleurs, alors, pour c'que ça change, hein. Ouais, ça change pas grand chose, au final. Mais au moins tu sais à quoi t'en tenir, toi aussi. Et j'te promets que si tu t'écrases pas la prochaine fois, ce sera pas que mes talons que tu te ramasseras dans les dents. Ouais, t'as intérêt à bien fermer ta gueule devant lui, à pas m'griller à ses yeux, ni aux yeux de quiconque. J't'ai foutu la paix, non ? J'suis pas venue t'emmerder, comme tu l'voulais. Alors avise toi juste d'faire la même chose, au lieu de venir t'amuser à me foutre dans la merde et retourner le couteau dans la plaie. »
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeMar 15 Nov 2016 - 23:11


And I don't wanna be your friend, babe, there's no other way. I'm the one so baby don't pretend. And I don't wanna make it bad so, tthere's no other way. I don't want you to make me mad

L’imposture s’était faite fardeau, brisant les épaules de l’Atlas incapable de soutenir cet étau rompant sa chair. Le mutant ne pouvait sauver les apparences face à Octavia. Il était inapte à soutenir cette mascarade éteignant progressivement les étoiles sous ses paupières. Il pouvait mentir à l’univers, se fourvoyer au point d’en oublier l’amertume de cette liberté s’effritant entre ses doigts, mais pas devant elle. Pas lorsque son cœur battait ses côtes, tel la marée rompant les falaises, au point d’en user ses os afin de s’échapper de cette cage bien incapable d’écumer la fièvre qu’il ressentait. Le myocarde était trop furieux, la tentation trop doucereuse. Il était risible pour le pyrurgiste d’ainsi aller se bruler les ailes, au point de ne laisser sur son passage que la cendre de ce qu’il avait été. Pourtant, ce dernier ne pouvait s’en empêcher, se consumant dans l’attente d’un geste de sa part, d’un mot craché à son visage pour faire taire ce silence écrasant son thorax, l’empêchant de respirer. Rien n’était pire que ses silences, aucun de ses cris ne pouvant rivaliser avec la violence de tout ce qu’elle pense. Toutes ces choses qu’il s’imaginait à la contempler lui tenir tête, elle qui n’avait jamais eu besoin de lui dire le fond de sa pensée pour arriver à le terrasser. Il accueilli le coup avec une agitation peu commune, pauvre bête ne demandant qu’à dilacérer les fragments de son être. L’empyrée de ses prunelles resta ancrée dans le vide des iris d’Octavia alors qu’elle retirait sa main, abandonnant dans sa fuite l’amnistie d’une brûlure qu’il ne pouvait oublier. Abandonnant en son sillage le souvenir de prunelles ne demandant qu’à recommencer, frissonnant sous les élans de leur propre férocité. Le Mikaelson n’avait jamais observé cette part de son être, jamais contemplé les profondeurs tourmentés des iris de celle qu’il avait toujours cherché à protéger. De qui ? Le brun ne savait plus vraiment, forcé de se rendre à l’évidence avec le temps qu’il était la première personne dont il aurait dû la sauvegarder.
Perdu dans cette lutte contre lui-même, retenant les coups qui ne demandaient qu’à partir. Vers lui. Vers l’autre. Mais pas vers elle. Jamais vers elle. Il voulait se lacérer le thorax, empêcher ce cœur de battre de travers, arrêter cette course erratique qui faisait frémir tout son être. Il voulait la faire taire. Faire taire cette voix dans sa tête le défonçant un peu plus de l’intérieur, arrivant à rompre cette volonté qui s’effritait sous les prunelles méprisante des deux chasseurs. La belle n’était plus sa moitié et il faisait face à une débandade incontrôlée. Sous ses paupières le ciel virait à l’orage et ses yeux peinaient à contenir l’averse délavant son être de sa rancœur mal digérée. Il y croyait, à ses mots. Il croyait à cet ardeur pouvant délier les phalanges de la brune au point d’en rompre ses os. Il y croyait lorsqu’elle le disait comme ça. Lorsqu’elle ne ressemblait en rien à Octavia. Refusant de perdre pieds, courber l’échine, il soutenait cette mascarade à bout de bras, refusant de céder sous ce poids qui pourtant l’écrasait en dedans. A s’immerger dans cette rage-là, s’étouffer sur le fiel caché sous les paupières de la belle, il ne pouvait révoquer la familiarité les ayant quitté. Elle le regardait à peine, ne daignant pas lui offrir la grâce de ses prunelles, la douceur de ces iris dans lesquelles il avait l’habitude de se noyer. En d’autres lieux, en d’autres temps. Une époque perdue où ils pouvaient jouer comme des enfants, aimer sans s’incomber de ces problèmes de grands. Ils n’avaient pas grandi, Priam le savait. Ils avaient vieillis et, d’une certaine manière, le monde les avait laissés usé. Elle parlait, pourtant le mutant n’entendait pas. Il refusait d’entendre, d’écouter ces palabres éraillés que rien ne pouvait faire sonner juste. Ses mots le firent frémir malgré tout. Le Mikaelson se prit à trembler face aux mains de la trompeuse, redoutant pour la première fois le seul contact qu’il avait jamais désiré. Octavia lui faisait peur. Octavia lui faisait mal. Et il se démerdait tant bien que mal avec cette plaie au cœur qu’elle venait d’abandonner là, resserrant cette laisse à son cou qui l’empêchait de respirer correctement. Malgré la douceur de ses paroles, ce ton enjôleur qui lui donnait envie de lui offrir le ciel, la menace était palpable. Pour la première fois de la soirée, le brun retrouvait un peu de son amie. Le souvenir d’une virulence tournée vers le monde, l’unique rémanence d’une personne qu’elle n’était plus. D’une relation dont l’absence le brulait toujours un peu plus. Il se gorgeait de ces éclats de colère emportés qui grondaient comme un orage, incapable d’éviter l’averse des mots qu’il n’aurait jamais imaginés autres que rieurs à son égard. Soldat perdu au front d’une guerre qu’il ne comprenait pas, il conservait la tête haute car il ne pouvait baisser les bras. Pas sans faire le deuil d’une histoire qu’il n’avait pas pris la peine de vivre.
Sur les talons de la jeune femme, il s’était fait obscurité pour ne pas avoir à la perde du regard, ignorant les idiots observant ce duo contre-nature traversant le grondement d’une foule se gorgeant d’être. Peu importait l’attire, Priam n’était qu’ébène lorsqu’Octavia semblait faite pour briller. Forcé de suivre la supernova menaçant de le consumer, il n’était rien d’autre que l’obscurité suivant amoureusement une pluie d’étincelles. Coincé dans ce mutisme enserrant sa gorge, il ne pouvait chasser cette boule de sentiment obstruant sa trachée, menaçant de se déverser de ses lèvres fendues à tout instant. Les poings crispés, les dents serrées pour que les éclats de projectiles coincés-là ne s’évadent, il récupérait les balles perdues pour ne pas la voir saignée, pas tout de suite, pas à vue. Il luttait contre ce besoin de revendiquer sa place au creux de ses bras, supplier une chaleur ne lui revenant plus de droit. Il luttait contre lui-même car il n’avait pas la force de se battre contre elle, la suivant comme une ombre car il ne pouvait revendiquer une place à ses côtés.
A l’étroit une fois les portes du cabanon refermées sur sa silhouette, Priam s’étouffa sur le silence de cette confrontation. Peinant à distinguer les limites de son être, reposant sa carrure contre une table posée dans un coin, il se gorgeait des ombres dissimulant la douleur peignant ses traits. Les mots ne demandaient qu’à sortir, s’échapper de la plaie en vague de soupirs, de souvenirs amers qu’il ne pouvait garder en ses bronches sous peine d’asphyxier. Pourtant, aux lèvres ne lui restait que le vent de ces suppliques qu’il rêvait de prononcer à temps. Prisonnier d’une fresque au clair-obscur, il était prince des ténèbres alors que la lumière peinait à conserver sa reine. Cette dernière s’oubliant au ballet désenchanté d’une obscurité ne demandant qu’à avaler ses espoirs désenfantés. Ils étaient les deux protagonistes d’un tableau tragique. Deux fragments d’une entité peinant à ne tenir qu’en un morceau, s’effritant au fil d’une musique que le monde ne pouvait percevoir. Le canevas rongé par l’ébène se nouait autour de l’éphèbe alors que l’éclat de la sylphide fanait aussi bien autour d’elle qu’en ses prunelles. Priam ne savait comment traverser cet acheron placé sur son chemin. A croire que le passeur l’avait accompagné dans un voyage vers l’incertain, le laissant sans espoir de retour. Ulysse perdu dans un exile forcé, il ne savait quand pouvoir retrouver sa moitié. Pas ce soir en tout cas, car à cet instant il n’y avait plus qu’elle, plus que lui. Plus que le poids du silence et celui de l’oubli. Plus que lui se perdant dans sa contemplation, l’observant comme si elle lui était inconnue. Quelques centimètres en moins, une paire de talons en mains, ce n’était rien et pourtant pour Priam c’était déjà tout. Il retrouvait un peu de la belle, sous l’égide d’une bâtisse ne pouvant contenir l’étendue de leurs éclats, de rire, de vie, de soi. Le second coup vint le faucher par surprise, ravivant en lui l’horreur d’un mal dont il ne pouvait se défaire. Malgré tout, la presque inconnue, la douloureuse restait sous sa peau. Il s’abandonnait à elle, les poings serrés malgré cet appel à l’aide dans les prunelles. Il s’y était tant oublié que le coup avait fauché son épaule avant qu’il ne puisse faire sens de ce qui se produisait. Dansant le long de ses traits, rehaussant les émotions peinant à s’échapper de ses prunelles se faisant désirer, il la redécouvrait sous l’éclairage d’une lumière peinant à filtrer, peinant à éclairer cette situation dans laquelle ils se perdaient. Quand tu lui reviendras. La certitude amère de ne plus pleinement se posséder. Si de ne pas être à soi, de ne pourtant plus n’être qu’à elle. Il souffrait de lui être opposé, d’avoir jeté au vent ces vagues promesses et d’en retour n’en voir revenir que l’écume. Il lui reviendrait. Il lui revenait toujours. Il lui était toujours revenu. Pourtant, Priam n’en était plus certain cette fois, s’étouffant sur le fiel de cette rage lui faisant perdre le nord, perdre foi. S’il n’était plus à soi, qu’il n’était plus à elle, il n’avait plus de raison d’être et cette vérité était d’un froid qui aurait pu faire monter l’océan à ses prunelles. A défaut de pouvoir renverser l’ordre des choses, déchirer l’étoffe de la voie lactée pour faire goûter à l’univers ses névroses, il pouvait se faire mal. Plus fort que les coups, plus fort que les mots. Il pouvait lacérer sa cage thoracique dans l’espoir fou d’en arracher l’ichor à ses veines, de se défaire une fois pour toute de cette chair à vif refusant de cicatriser. Il pouvait se défoncer la gueule, se défoncer les gencives au point de ne plus pouvoir dissocier le nerf à vif de cette chair ne demandant qu’à s’ouvrir sous son ire. Il pouvait cogner jusqu’à ce que les fragments ne deviennent plus qu’une unité, que le vide cède enfin face à ses tentatives désespérées. Tremblant de tout son être, serrant les poings à défaut de pouvoir rendre les coups, rendre ces mots qui le déchiraient de l’intérieur, il luttait contre cette moitié de lui-même ne demandant qu’à céder. Pouvoir s’effriter pour de bon cette fois et laisser aux flammes l’opportunité de tout emporter avec elles, ne laisser que de la cendre de ses espoirs perdus. Les mots d’Octavia souffraient d’une précision chirurgicale, déchirant le brun sans qu’il ne puisse éviter leur tranchant, réfuter leur sincérité. Forcé de digérer ses propos, avaler la tasse malgré l’amertume de son contenu, il se noyait sous ces maux qu’elle lui crachait au visage sans qu’il ne puisse reconnaître la gamine ayant vécu de l’autre côté du palier. Sans qu’il ne puisse retrouver celle qu’il avait rêvé des années durant, conservant son image comme un talisman censé le protéger de ce monde refusant de l’épargner. Il ne la reconnaissait pas car, quelque part le long du chemin, il avait fini par ne plus se reconnaître. Priam n’avait pas des tas de raisons d’être, mais voilà qu’elle lui arrachait des doigts la seule chose lui donnant le besoin d’exister.
Maintenant qu’il n’avait que le froid en ses veines, le souvenir rémanent d’une rage consumant son être, son sang chantait le cantique d’un chaos que sa chair ne pouvait porter. Entonnant dans ses psaumes le besoin irrépressible tout briser en mille morceaux, de s’éclater les phalanges au point de n’en ressentir plus rien. Il voulait érailler la surface de l’univers en commençant par son buste, ouvrir grand les vannes de ce mal lui rongeant les bronches. Octavia n’avait pas même encore craché ses derniers mots, retournant le couteau dans ce trou béant qu’elle avait abandonnée au centre de son poitrail des années durant, que le ciel sembla éclater dans les iris du Mikaelson. Il n’y avait plus de pont à reconstruire, plus d’espoir auquel s’accrocher. Il ne restait que la douleur de ces phrases que le temps n’arriverait jamais à effacer de ses pensées. Il ne lui restait que le mal demandant à s’échapper de ses veines, à s’user le long de ses phalanges. Au point d’en focaliser sa rage contre le contenu du meuble en son dos, retournant la boite à outils et les ustensiles présents dans un mouvement inconsidéré. Au point de s’en éclater les phalanges une fois, deux fois contre la surface du plan de travail. Autant de fois qu’il le faudrait. Jusqu’à ce que la peau ne cède sous les assauts répétés à l’égard du chêne massif. Jusqu’à ce que ses doigts endoloris ne frémissent sous la peine, que ses poings en tremblent, le brun incapable de réfréner ses coups, repousser la douleur. Incapable de retenir les émotions s’échappant de ses plaies, s’en ouvrant les phalanges dans un besoin irrépressible de se sentir exister. Priam était incapable d’arrêter de frapper. Incapable de ne pas continuer à cogner dans l’espoir fou de combler le vide que rien ne pouvait apaiser.  Il ne pouvait que taper au point d’en oublier pourquoi il avait tant besoin de saigner. « J’sais pas comment t’abandonner ! J’peux pas. » Se contenta-t-il de tonner, l’acier de son regard posé sur le sang s’écoulant de ses doigts pour venir imbibé le bois de leur carmin. Pourtant elle était persuadée qu’il l’avait déjà fait. Certaine qu’il était revenu sur des années passées à ses côtés, se défaisant de l’ombre de ce qu’il était. Dos à la belle, empêchant tant bien que mal la rage de s’écouler le long de ses prunelles, il n’était qu’un animal recroquevillé sur le désastre du chaos qu’il avait créé. Entre ses côtes, en ce tas désincarné d’objets renversés à ses pieds, Priam ne voyait que ce désordre rongeant son existence. Lexington se trouvait toujours sous sa peau, les souvenirs coincés en son thorax seuls fanaux capable d’éclairer l’obscurité sous ses paupières. Pourtant, il était là, bête aveuglé et incapable de tendre les doigts vers la lumière. « Arrête d’essayer de te mettre à ma place ! » Le grondement était inhumain, supplique crachée avec rage alors qu’il peinait à retenir cette véhémence  faisant frémir sa peau, trembler son être jusque dans ses fondations. Les crocs serrés de peur de se perdre en flot délavés de paroles acides, il peinait à faire sens de cette confusion s’étant invité dans ses veines, cette douleur ne demandant qu’à s’éteindre au feu de sa colère. « Arrête de me dire ce que je dois faire comme si tu savais ce que je ressens, ce que je veux. J’veux pas de ça. J’ai jamais voulu de ça. » Ses poings s’abattirent à nouveau sur la table, marteaux divins marquant solennellement la teneur de sa sentence. Il était prisonnier de ses démons, perdu au cœur des ténèbres, dépossédé de la force de contempler la vénus baignée par les rayons moribonds d’une lumière réticente à les éclairer. Dans le fond, Priam s’enfonçait irrémédiablement dans les marasmes de son âme, incapable de tendre la main vers la seule pouvant l’arracher à cette lente descente aux enfers. « Ca fait six mois ! Six putain de mois que je regarde mon téléphone en espérant qu’il se mette à vibrer. » Et celui-ci ne sonnait pas. Jamais comme il le fallait. Le nom de la douloureuse refusant d’apparaître le long du rectangle de malheur lui rappelant ce qu’il ne pouvait plus espérer.  « Comment tu veux que j’arrête de te regarder ? Comment tu peux espérer que… Je vois que toi ! » Réalisant un volte-face inconsidéré, il toisait Octavia de toute sa grandeur, offrant la dichotomie de son faciès à la contemplation de celle qu’il ne connaissait plus. Il lui faisait face dans toute sa vulnérabilité, souffrant  un mal immensément plus amer que la virulence de ses reproches. Les cris qu’il exhortait de ses cordes vocales s’étranglaient sur l’émotion que le brun n’arrivait à contenir. Si l’orage grondait en sa bouche, l’averse pleuvait en son cœur, imbibant ces mots dont il ne pouvait contempler la signification. « Je sais même pas comment je suis censé faire. Si je sais pas qui t’es, je suis quoi moi ? Je suis qui ? Qu’est-ce qui me reste ? » Rien. Un pas en avant. Rien de plus que ce besoin de cogner en espérant arriver à recoller les morceaux. Un second pas en avant. Rien que continuer à cogner et déchirer ces oripeaux à l’espoir rance. Deux prunelles trop bleues pour ne pas évoquer l’agonie rencontrant la tiédeur d’iris portant l’infini. Une traversée de l’enfer pour goûter un peu de sa lumière, planter ses prunelles possédées dans celles désincarnées d’Octavia. Pour y goûter une rage placée là par la simple existence d’un autre.  « Je vais le buter. T’avais raison. T’as toujours raison. J’aurais dû le faire depuis le début. » Détournant ses iris trop lourdes, crispant sa main sanguinolente autour de la naissance d’une étincelle revancharde entre ses doigts, il contemplait la porte et cette issue de secours le ramenant invariablement en prison. Ce châtiment lui paraissait soudainement justice pour la bête qu'il était devenu. Cette chose portée par la rage dont Octavia ne voulait plus.

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeSam 3 Déc 2016 - 20:45

They say that time's supposed to heal ya
But I ain't done much healing.

Les objets s'éparpillèrent et un sursaut brusqua sa poitrine, gorgeant son sang d'une adrénaline qui ne l'avait plus habitée depuis longtemps. Elle l'avait pourtant provoqué, cet instinct de survie, à aller se frotter de trop près à l'ennemi en peinant de plus en plus à garder la colère à l'intérieur de ses veines. A trop souvent peiner à réfréner son sale tempérament, à s'en inquiéter les premiers temps avant de finir par s'en foutre royalement. Qu'elle soit découverte trop tôt, que l'issue n'en demeurerait pas moins la même. Et l'inévitable avait commencé à arriver, alors que certains regards se faisaient suspicieux, certaines paroles mielleuses plus méfiantes qu'elles ne l'avaient été. Elle avait perdu le contrôle, effrité le masque sans le vouloir en compromettant cette couverture qu'elle portait pourtant comme une seconde peau. Il fallait dire qu'à ne plus bien savoir ce qu'elle valait, le but d'une vie qui ne s'évaluait plus qu'en demi-teinte, c'était bien plus difficile de conserver les apparences, de s'inventer autre sans réellement se souvenir de ce qui se cachait lorsqu'on creusait un peu. Et peut-être qu'au bout du compte, c'était pas plus mal. Qu'on l'approche, qu'on comprenne, qu'on lui donne une bonne raison de défouler ses nerfs sans attendre le bon moment, parce qu'elle ne savait plus être patiente, Octavia. Elle n'avait jamais vraiment su. Il n'y avait bien que pour lui qu'elle avait fait l'effort de garder la fureur tapie dans l'ombre, pour mieux tâcher de le venger. De le sauver. En se disant qu'elle lui devait bien ça, après tout ce qu'ils avaient vécu, tout ce qu'il lui avait apporté depuis toujours. De cette aide là, il n'avait pas voulu. Ni du reste. A trop se le répéter, c'était sans doute devenu de plus en plus facile de s'en convaincre. De laisser pulser le venin qui n'avait jamais cessé de ronronner au fond de son être, d'y puiser ses dernières forces pour continuer à exister sans lui. Y'en avait qui fonctionnaient à d'autre choses, qu'elle avait vu se camer jusqu'à ne plus tenir en un seul morceau, auto-destruction laissant espérer effleurer un simulacre de vie. Mais pour elle, il n'y avait plus besoin que de ça, la colère, le chaos lui dévorant les tripes, le conflit qu'elle venait chercher sans scrupules pour que le palpitant s'anime un peu plus fort au fond de sa poitrine. Ce qu'elle avait économisé durant toutes ses années à ses côtés, alors qu'elle rangeait ses crocs enragés pour se laisser apprivoiser, ne commencer à respirer dans les ruelles encrassées que par cet amour qu'elle lui avait toujours porté. Il avait suffi d'une nuit, de quelques heures, pour que tout ne s'échappe lentement, exhalant la hargne de tous ses pores, laissant la douleur se mettre à gronder à travers chaque fissure de son coeur. Pour que finalement, il y ait certains soirs où elle n'ait  plus semblé attendre que ça, qu'on la démasque, qu'elle leur éclate à la gueule en les détruisant sans merci. Comme il l'avait fait avec elle. Qu'il ne reste plus rien, rien du tout, que l'orage qu'elle traînait dans son sillage se déchaîne sur tous ceux qui croiseraient son chemin, qui la regarderaient de travers. Elle n'avait plus été que ça depuis des mois. Un monstre de colère. Entendre le fracas des outils, deviner les émotions qui bouillaient derrière ses gestes, ça ne nourrissait qu'un peu plus le désastre qui logeait au fond de ses pupilles. Les billes noires braquées sur lui, les coups résonnant à ses tympans en la dilacérant de l'intérieur. Qu'il frappe. Qu'il frappe encore, qu'il implose en l'emportant avec lui dans les tréfonds du néant.

L'écho des phalanges contre le bois avait fini par désordonner son rythme cardiaque, la tenant en haleine sans qu'un seul son ne sorte de sa bouche. Pas une protestation, malgré la détresse qui montait crescendo au fond de son ventre, pas un mot pour l'arrêter. Elle ne voulait pas assister à ce spectacle qui lui nouait l'estomac, pourtant, elle demeurait strictement immobile. Était-ce elle qui avait provoqué ça ? Ses mots, son dédain ? Quelle était la parole qui avait fini d'achever sa patience ? Pourquoi se faisait-il du mal, si ce n'était en sachant que ça lui en ferait un peu plus encore à elle ? Comme si elle sentait la rupture de sa chair sur les os, la douleur lancinante venant battre l'épiderme sans que l'envie de s'arrêter se fasse ressentir. Muette, le souffle coupé, les mots qui la heurtèrent parvinrent enfin à la sortir de cet état de transe rythmé par les coups que Priam s'assénait presque à lui-même. Braquant ses prunelles sur lui, les mots ne manquèrent pas d'affluer à ses lèvres, de s'y barricader sans daigner en sortir. Tu sais, tu sais parfaitement et tu l'as fait. Un sifflement fusa entre ses dents, alors qu'elle ne voulait pas écouter, qu'elle se retrouvait pourtant à entendre mot par mot ce qu'il avait à lui dire. Il ne pouvait pas dire ça. Comme s'il revenait sur ses pas, un peu trop tard. Mais elle ne pouvait pourtant pas croire qu'il jouait, la voleuse, pas quand un soupçon d'espoir se glissait dans sa gorge et y calmait l'amertume pour quelques secondes. Et pour une fois, elle la fermait. Pour une fois, elle ne laissait pas les répliques acides fuser sans réfléchir, partir rendre les coups avant même d'avoir eu le temps d'avoir mal. Elle n'arrivait pas à se battre, pas quand ses dernières forces s'étaient échappées dans les dernières paroles qu'elle avait pu lui adresser. Pas quand les certitudes des six derniers mois se voyaient balayées à chaque nouveau souffle du pyrurgiste, ravageant son monde une fois de plus, ébranlant des fondations qui ne tenaient déjà plus qu'à moitié. Ferme-la. Un battement de cil en continuant à le fixer, à serrer les dents alors qu'il se remettait à abattre les poings, à sentir le courroux se raviver à chaque inspiration, sans réellement chercher à se calmer. Et à celui-ci se greffait le soulagement, un soulagement sans nom alors qu'il clamait l'avoir attendue, avoir attendu un signe tout du moins. Et elle s'en voulait de plus belle, parce qu'elle n'en voulait pas, elle n'en voulait plus de ces explications qui arrivaient bien trop tard. Pas après des mois à ne plus tenir ensemble, à tâcher de se faire une raison. Elle ne voulait pas le laisser l'affaiblir, une fois de plus, de trop. Les mains tremblantes sous la chair hérissée de ces révélations, elle assemblait le courage pour se montrer implacable, incapable de se dévoiler. Alors qu'il était pourtant le seul auquel elle n'avait jamais rien sur cacher.

Une vague bouillonnante la submergea alors qu'il se tournait enfin, qu'elle devait lever les yeux pour continuer à le regarder de tout cet aplomb qui se faisait doucement la malle. L'incandescence qui se propageait le long de ses nerfs résonnait de ces paroles qu'elle ne commentait pas, alors que sa tête s'agitait négativement, que son regard se perdait sans que rien n'ait plus le moindre sens. Pourquoi ? Pourquoi n'était-il pas revenu ? Putain, c'était qu'elle était sacrément faible avec lui, qu'il avait bien dû le comprendre en lui arrachant tous ses mots ce soir-là, alors pourquoi n'était-il pas revenu ? Elle aurait cédé, se serait laissée aller à l'écouter, n'attendant que ça durant les jours, les semaines qui avaient pu suivre, sans jamais se l'avouer. Derrière la gueule fière, les mots acérés, y'avait ce vide que lui seul pouvait combler, et elle aurait peut-être gueulé, ouais, gueulé pour la forme. Pour lui faire comprendre que non, il recommencerait jamais. Mais elle l'aurait pardonné. L'Octavia de Lexington, l'aurait pardonné. Les lèvres serrées pour ne pas trembler, écumant de cette colère qu'elle éprouvait à vouloir lui hurler qu'il avait été trop con, et le coup de grâce se plantant dans sa poitrine alors qu'il posait des mots sur ce qu'elle taisait. Il te reste rien. Et à moi non plus. Restant bien droite alors qu'il s'avançait, son coeur s'agita à lui en filer la nausée, manquant de la faire défaillir alors que tout s'emmêlait. Comme si le corps ne pouvait supporter ce qui sonnaient comme d'insupportables vérités. Comme s'il valait mieux fermer les yeux et se laisser tomber, plutôt que de supporter une seconde de plus les ravages de ce qu'ils avaient causé. La distance les séparant était ridicule, pourtant infranchissable, comme si le moindre pas en avant allait sceller le cataclysme qui menaçait de les éteindre dans les minutes qui s'ensuivraient. Le vide qui possédait sa poitrine se retrouvait saccagé, et elle qui ne voulait plus rien ressentir se retrouvait à souffrir comme cela ne lui était encore jamais arrivé. Jusqu'à ce que le ton change. Jusqu'à ce que l'inimaginable ne la bouscule une fois de plus.

Nul coup n'anima la main qui se glissa le long de son bras, caresse douloureuse lui brûlant l'épiderme sans qu'aucune flamme ne soit pourtant venue se glisser entre ses doigts. Elle avait dans les iris les échos mordorés d'un feu qui l'hypnotisait, incapable de détourner le regard de cette étincelle naissant au creux de sa paume, symbolique à ses mots qui venaient ranimer l'éclat au fond de ses prunelles. Liée à Priam par ce geste incontrôlé qui se resserra sur son épaule, un enthousiasme presque morbide se dessina fugacement aux contours de son âme. Au point qu'elle le touche, qu'elle rompe enfin cette distance qui s'était naturellement imposée. Qu'elle en oublie pour une seconde de se tenir éloignée, quels risques remontaient déjà le long de ses veines, épée de Damoclès plantée au-dessus du muscle fatigué qui logeait derrière ses côtes. Cette décision qu'elle aurait pu implorer à l'infini, qu'elle s'était presque résignée à l'entendre prononcer. Lui qui semblait presque incapable de la laisser prendre les choses en main, s'il n'était pas prêt à le faire. Il avait tué pour elle, elle tuerait pour lui. Et s'il n'avait pas contrôlé son geste à l'époque, elle abattrait les siens plutôt deux fois qu'une, prête à saigner le Styne sans que rien n'ait désormais plus d'importance dans sa vie. Pourtant, à entailler son armure qui ne tenait pas la route sous les foudres de Priam, à se laisser le droit de ressentir une fois de plus ce qui débordait derrière ses côtes à son contact, voilà que la terreur s'immisçait de part en part de son esprit. Les doigts crispés sur le tissu, de plus en plus fort, comme pour le retenir, le défier de passer la porte et de s'en aller mettre ses dires à exécution, une impulsion guida un nouveau geste, vif et précis. Le frémissement de ses traits vrilla un gémissement douloureux qui résonna entre ses lèvres, les cils retenant à peine l'humidité qui se glissa à ses yeux. La main crispée sur la sienne, noyant l'étincelle de sa paume en capturant ses doigts, un frisson martela sa chair alors que ses nerfs propageaient leur doléance. En vain. L'éclat presque masochiste qui dictait son acte s'affirmait alors qu'elle ne lâchait pas sa prise, enfonçant ses ongles dans sa peau, avant de retrouver le chemin de ses iris. « Pas comme ça. » Le murmure à demi-porté par le souffle résonnant encore d'une plainte qu'elle taisait à moitié, la brûlure s'éteignant sur sa chair qui avait connu bien pire. « Pas comme ça. » C'était presque une supplique, alors que les doigts venaient se perdre dans sa nuque, le forçant à baisser la tête, à coller son front au sien, à se perdre quelques secondes qu'elle semblait avoir attendu toute sa vie. « Pas si ça veut dire que tu pars encore. » Les mots hâchés alors que l'oxygène venait à lui manquer, que la panique s'insinuait derrière chaque mot, le coeur battant à tout rompre alors que plus rien d'autre ne comptait soudainement. « Pourquoi, bordel, pourquoi tu m'as laissée, pourquoi tu m'as laissée toute seule ?! » Pour quelques instants, s'en était fini des grands mots, des belles paroles polies qui ne voulaient rien dire. La plaie béante de son coeur hurlait la détresse alors qu'aucune larme ne parvenait à couler le long de ses joues asséchées. « Pourquoi t'es pas venu, pourquoi t'attendais, c'est toi qui est parti. C'est toi qui t'es barré. Pourquoi t'es pas venu, parce que moi j'attendais. » Le lâchant brutalement en reculant suffisamment pour se mettre à l'abris, pour sentir le mur heurter ses omoplates alors que son corps entier lui semblait trop lourd à porter. « Tu voulais pas de... de ça, mais ça t'empêchait pas de rester, putain de merde, t'aurais pu rester au lieu de t'barrer comme le putain de lâche que t'es bordel de merde ! » Agonisant sous les reproches qui n'avaient été prononcé qu'en silence, ruminés sans relâche, c'était un souffle incertain qui lui déchirait les côtes entre chaque mot, la gorge serrée alors que son échine se tendait un peu plus encore. « T'avais dit que ça changerait rien, pourquoi t'as dit ça, si c'était pour faire ça ? » Les mains crispées sur l'avant de sa robe, à chercher l'air sans que ses paroles ne la laissent jamais reprendre son souffle, elle ne s'arrêtait plus, Octavia, pas maintenant que les vannes étaient ouvertes et que le déluge ne demandait qu'à s'abattre. « Pourquoi tu viens me dire ça maintenant putain, tu t'rends au moins compte que c'est putain de contradictoire avec tout ce que t'as fait jusqu'ici ?! » Haussant le ton, encore, oubliant le monde entier alors que le sien ne se résumait plus qu'à elle et lui, à nouveau, le temps de déchaîner les foudres d'un coeur trop blessé. « J't'ai attendu toute ma foutue vie, j'ai passé mon temps à courir, et quand j't'ai trouvé, quand j't'ai retrouvé... » Le silence s'imposa au fond de sa gorge alors que la nervosité finissait par y éveiller un rire qui sonnait faux, un rire qui lui faisait mal aux côtes. « Quand j't'ai retrouvé, après six putains d'années à attendre, tu t'es barré. » Reniflant en venant essuyer ses narines d'un revers de la main, avant de frotter cette dernière sur sa robe, elle regretta de s'être accoutumée à l'obscurité, de parvenir à discerner ses traits en reposant son regard sur lui. C'était plus facile, de prétendre parler au néant. C'était après tout ce à quoi elle avait fini par s'habituer, ces derniers temps. « Qu'est-ce-qui m'reste à moi, j'te le demande. » Scellant ses lèvres alors qu'elle aurait pu continuer encore, continuer jusqu'à la fin des temps à exprimer à demi-mots tout ce que ça avait pu lui faire, de le voir partir, elle s'écarta légèrement du mur avant de revenir s'y cogner bruyamment les vertèbres, comme si la douleur allait enfin se décider à migrer du coeur à l'épiderme.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeMer 21 Déc 2016 - 2:28


And I don't wanna be your friend, babe, there's no other way. I'm the one so baby don't pretend. And I don't wanna make it bad so, tthere's no other way. I don't want you to make me mad

Priam avait beau cogner, lutter contre la bile rongeant le fond de ses entrailles, taper encore plus fort jusqu’à en oublier cette voix grondant entre ses tympans, l’acte le laissait de plus en plus désemparé. Au point que la douleur perde de sa douceur, ne laissant dans son sillage que l’orage incarnat d’une violence que le brun ne pouvait plus contrôler, la fatigue d’un myocarde qui ne savait plus trop bien comment continuer à battre. Et, dans ce silence qu’Octavia lui offrait, le mutant trouva des mots qu’il ne savait posséder. Il se consumait car il ne savait plus comment feindre cette placidité qu’elle arrivait à si soigneusement afficher tel un rempart qu’il ne pouvait traverser. Ils ne leur restaient rien et le jeune homme ne savait mettre le doigt sur l’instant où tout était parti de travers. Il ne savait en quelle direction pointer si ce n’était la sienne, architecte éperdu de sa propre fragilité. Trop proche que pour empêcher la marée d’embruns de monter à ses prunelles, trop proche que pour ne goûter à ce trouble obscurcissant les iris de la belle, il contemplait ce silence que rien ne semblait pouvoir combler. Il contemplait cette éternité perdue le temps d’un instant, rien de plus qu’une seconde qui ne voulait plus s’achever. Il pesait ces mots qu’il ne savait comment avaler, la question brûlant ses lèvres allait finir par s’ancrer au plus profond de sa chair. Comment pouvait-il perdre quelque chose qu’il n’avait jamais possédé ? Les poings serrés, le myocarde peinant à contenir la crue délavant l’intérieur de son être, Priam peinait à tenir les fragments éparses de cette chair ne demandant qu’à céder sous les assauts du néant grouillant en sa carne. Il avait mal. Par vagues. Mal au point de ne plus savoir où s’achevait la déchirure. Clébard agonisant, il ne demandait qu’à tâter la peau endolorie afin de délimiter la plaie, délimiter ce trou par lequel il se vidait inlassablement. Il allait finir creux si ça continuait, ombre dénuée de toute couleur, rien de plus que le souvenir d’une chose n’étant plus, d’un être ayant disparu au point de se fondre dans les murs du cabanon. Il en était devenu translucide, le pyrurgiste, si pale que l’obscurité semblait avoir retrouvée son petit prince déchu, refusant de rompre ce ballet d’ombres tordant les traits de ce dernier. Le sang s’échappant de ses phalanges ouvertes semblait bouillir sous cette rage que le Mikaelson affichait plein d’une pudeur qu’il ne pouvait exprimer. Il aurait souhaité être tellement plus. Plus que cette rage apathique dont les flots peinaient à ranimer l’organe éteint entre ses côtes. Il aurait voulu ne plus ployer l’échine sous le poids d’un passé refusant de les délivrer de leurs travers. Peu importait à quel point l’imposture prétendait, le brun n’en était pas moins le même gamin, un peu plus cabossé, un peu plus exsangue que la dernière fois où il s’était perdu librement au gré des doigts d’Octavia. Peut-être était-il arrivé ce jour maudit où, à force de fêlures, ils ne seraient plus bons qu’à se donner à l’autre. Le jour où, à défaut de posséder entre leurs mains le pouvoir de choisir, il ne leur resterait plus que cette moitié d’eux-mêmes avec laquelle partager leurs fautes. Peut-être qu’ils en étaient venus à tant se déchirer que l’étoffe de leurs êtres ne pouvaient plus communier avec quiconque que ce fragment de soi qui existait en l’autre, un peu abimé, un peu brisé. Peut-être se retrouvaient-ils forcés dans cette absolution spoliée, tourmentés par l’absence d’une liberté qu’ils avaient tant désirée, les forçant à se choisir par dépit là où leurs cœurs n’avaient le choix.
Le désespoir laissa place à la rage, le brun incapable de faire le deuil de cette relation qu’il avait pourtant inhumé des mois plus tôt. La femme lui faisant face n’avait plus rien de cette gamine qu’il avait juré de protéger, mais dans le fond lui non plus ne ressemblait en rien à ce garçon indolent. Demiurge d’une guerre ne grondant qu’en ses veines, c’était tambour battant que Priam s’apprêtait à bousculer l’assemblée les attendant de l’autre côté des portes closes de leur purgatoire. S’enflammant sous les assauts répétés d’un muscle ne battant qu’au rythme de l’ire le pressant vers l’avant, le pyrurgiste souhaitait voir l’univers trembler entre ses doigts. Voir le Styne craindre cette sentence divine qu’il s’apprêtait à abattre, pacifiste pourri jusqu’à la moelle par la douleur de ce qu’il avait perdu. Ce qu’il s’était perdu. Le Mikaelson se détournait d’Octavia avec une aisance saumâtre, se lançant à la poursuite de chimères l’éloignant irrémédiablement de la belle au lieu de s’astreindre à la forteresse de ses bras. Alors qu’il courait après les étoiles striant un ciel flétri, il en oubliait l’étoile lui filant entre les doigts, aveugle aux constellations éteintes d’un ciel qu’il avait dépouillé de son ichor. Elle aurait pu l’empoigner à pleines mains qu’il n’aurait pas senti la violence de son contact. Les doigts de la belle, incapables d’atteindre la carcasse du brun, n’arrivaient en rien à lui arracher cette fureur comblant le vide que lui avait laissé toute cette souffrance qu’il ne pouvait digérer. Pourtant, il avait tant bu la tasse, se noyant dans les eaux frelatées de ses maux, espérant vainement éteindre les feux de forêt saturant ses bronches, qu’il s’étouffait désormais sur l’amertume de sa colère. A peine conscient des doigts d’Octavia le ramenant toujours dans le droit chemin, cette caresse-là possédait la morsure des glaces. Fièvre meurtrière qu’il ne pouvait que souhaiter se voir inoculer, le Mikaelson pouvait s’envoler en fumer, s’éteindre à la moindre bourrasque de vent battant les rivages de son être. Il n’aurait eu de regret que celui de ne pas avoir été plus, de n’avoir pu être autrement pour la jeune femme aux prunelles étourdissantes. Toutefois, il ne pouvait se consumer lorsqu’elle se trouvait sous ses doigts, la chair délicate brûlant à son contact. Il se refusait à l’atteindre de la sorte, refusait de laisser l’amertume de son toucher marquer à jamais sa carne, l’emporter vers ces rivages dont personne ne pouvait revenir. Il était des lieux, au plus profond de ses songes, en lesquels il ne la laisserait jamais le suivre. Il se savait incapable de la protéger des nues dévastées d’une âme s’étant oubliées au gré d’une obscurité que la solitude avait fait naître au plus profond de son regard. Il savait que l’opacité de ces mirages qu’il contait ne pourrait la préserver de ce mal le ravageant. La plainte fugace quittant les lèvres d’Octavia arracha une terreur sans nom aux yeux du mutant, ce dernier retirant vivement sa main comme s’il était celui brûlé. Prisonnier de la poigne de la belle, il se retrouva balayé par sa détermination sans faille. Fétu de paille incapable de rivaliser avec la dévotion macabre de la voleuse. Il céda pour ne pas briser. Sans douceur, les prunelles inquiètes s’imprégnant de l’horizon dévasté du faciès tracé au clair-obscur de la jeune femme, Priam s’éteignit entre ses doigts comme il avait rêvé de le faire tant de fois. Lui, l’étincelle qui n’avait de raison d’être qu’à disparaître. Elle avait tort la brune, espérant voir le Mikaelson s’agripper à elle comme à une bouée de sauvetage au lieu de laisser le courant l’emporter. Il était trop tard pour cela. Trop tard que pour lutter contre le courant et s’agripper envers et contre-tout. Cela faisait longtemps que le garçon qu’elle avait aimé s’en était allé, laissant l’étranger lui faisant face prendre place au centre de cette mascarade sans saveurs. Peu importait le nombre de fois où elle se répèterait. Si ça n’était de cette façon, il irait s’immoler au vent d’autres déraisons.
Pantin abandonnant les fils de sa destinée à la dextérité de la belle, Priam céda à sa poigne, courbant l’échine sans hésiter. Les doigts d’Octavia en sa nuque ranimèrent quelque chose au fond de son torse, ajustant la netteté de cette univers dont il peinait à percevoir le tranchant. Le dos plié vers l’avant, ses prunelles emportées par la fièvre des iris de la belle, il s’éteignait entre ses doigts de la plus belle des manières. L’âme sereine et le cœur sincère, malgré le goût de cendre sur le bout de sa langue, ses yeux se clorent pour gouter à cette sérénité ne serait qu’un instant. Malgré qu’il ne soit déjà parti, déjà trop loin que pour qu’elle le rattrape. Elle lui offrait l’œil du cyclone, rien de plus qu’une accalmie cachée à l’abri de ce monde dont la violence n’avait de cesse de les écorcher. Les yeux clos, le pyrurgiste s’imprégna de ce calme capable d’éteindre les sirènes en son cœur. Capable de repousser le givre l’ayant figé tout ce temps. Il s’en ira encore, surement. Au feu d’un silence assourdissant les tambours battants en son cœur, il la laissera pour des ailleurs désertiques purgeant une peine dont il était le seul bourreau. Il n’avait de cesse de courir après des mirages aux promesses surannées, s’égratignant l’âme à force de chasser l’image d’une femme pourtant à bout de bras. Les mots d’Octavia le ramenèrent à l’instant, cette douceur amère lui crevant le cœur à la pointe de ses mots. Ouvrant lentement ses prunelles, l’aube de ses iris azurés découvrit l’horizon dévasté d’une femme tenant les fragments épars d’un cœur qu’elle n’aurait dû lui sacrifier. Les mots coincés au fond de la gorge, le fil d’une vie aux morceaux désunis lui écrasant la trachée, il ne savait que dire pour justifier l’ampleur de ses faiblesses. Priam avait l’impression de s’être abandonné lui-même le jour où il avait abandonné la voleuse. Il était une douceur ineffable associée à l’abandon. Une tiédeur capable d’adoucir la moindre des pulsions, ternir toutes les passions. A s’offrir aux ténèbres, accepter l’obscurité d’un ciel dont on ne distinguait les étoiles, la paix s’était insinuée entre ses côtes, la douleur trouvant de nouveaux moyens d’expression. Lui aussi était devenu solitaire. Lui aussi avait été dévasté de goûter à cette fragilité ancrée au plus profond de sa chair, camouflée par des années à n’exister que dans ses yeux. Elle lui avait donné l’impression d’être invincible et maintenant il comprenait enfin l’étendu de sa vulnérabilité. C’était elle qui reculait pour éviter les coups, pourtant le Mikaelson avait l’impression d’être celui incapable de se relever après cette raclée-là. Essuyant les mots qu’il recevait à même le battant, ses remparts ayant cédés depuis longtemps face aux pluies diluviennes s’échappant des lèvres d’Octavia, il peinait à garder la tête haute sans ses doigts pour le soutenir. Elle lui faisait exploser le thorax avec ses mots, jouant avec la mécanique froissée de son cœur. Horlogère des âmes damnées, voilà que la jeune femme usait de ce double de la clé de son myocarde. Laissant ce dernier incapable de savoir si elle réparait les dégâts que la vie avait causé ou si elle contemplait simplement les ravages qu’il lui restait à commettre. Dans les deux cas, Priam n’était pas certain qu’il reste quoique ce soit à épargner.
Elle comprenait tout de travers, travestissant le souvenir d’une expérience de vie imminente en l’ersatz d’une faute dont il était le seul architecte. Il l'aimait. Pourtant, à cet instant, cela ne signifiait rien. Peut-être que ça ne fera jamais sens. Peut-être que ça n'avait jamais été destiné à faire le moindre sens. Il l'aimait et c'était tout ce qu'il lui restait, alors même qu'il ne leur restait rien. Le Mikaelson ne souhaitait rien de plus que tarir le mal à sa source, effacer du bout de ses lippes les larmes de la belle afin de calmer les plus tenaces de ses maux. Sauf que les prunelles d’Octavia étaient asséchées et la bravoure de Priam manquait à l’appel. A croire que le monde avait décidé de ne jamais leur offrir l’opportunité de vocaliser leurs je t’aime. Elle était pure sa poupée. Elle était brute la ballerine de ses songes, avec ses manières absentes et la sincérité de ce cœur que rien ne pouvait travestir. Il l’aimait à en mourir et peut-être n’aurait-ce pas dû l’étonner qu’elle l’aime à en souffrir. Gardant ses mains pour lui alors qu’il aurait voulu la faire prisonnière de ses bras, il serra les poings face à cette débâcle douloureusement coincée au fond de la gorge d’Octavia. Il ne leur restait que leurs regrets. Des années perdues à s’oublier pour l’autre, enchainant les erreurs afin de ne pas expier leurs fautes. « Il t’reste demain. Et le jour d’après… Et l’univers à faire ployer sous tes doigts. » Les lippes tendues sous la tendresse qu’il éprouvait pour cette fille de rien pourtant destinée à gouverner les cœurs des hommes, la douleur de ses prunelles ombragées ne pouvait étouffer la douceur de ses mots. Contrairement à la voleuse, Priam était devenu silence, murmurant ses propos à l’ombre du cabanon, partageant ses secrets sous l’égide de ces heures transitoires où les cœurs s’oublient. Dévoilant l’organe à même ses manches, le brun n’avait plus rien à cacher à Octavia, ce dernier déclaré perdant peu importait l’issue. « J’ai peur de ce que tu pourrais faire pour moi ! » Aux prunelles le feu d’une force qu’il ne possédait plus, le Mikaelson peinait à cracher ces maux qu’il rêvait de terrer au plus profond de son être. Pourtant, l’heure était à l’ouvrage, aux mots crachés malgré leur âpreté. Il était temps de rouvrir les blessures, arracher les points de suture pour trouver les plumes d’une nouvelle paire d’ailes. Juste de quoi rêver encore. « Je crève de trouille à l’idée de ce que t’as sacrifié pour moi. A l’idée de pas être à la hauteur de cette image que tu t’es construite. » Priam savait ne rien avoir d’un prince charmant. Il était cabossé, gamin amoché par une vie l’ayant trainée trop près des murs, le forçant à se cogner de déconfitures en déconfitures. La débandade n’était pas qu’en son cœur, elle était en ses yeux trop pales, en ses lèvres déliées par les maux, en ce faciès défait qu’il offrait à la contemplation. Dans un ave maria païen, il s’offrait tout entier à son amie de toujours, à cette personne qu’il ne pourrait jamais pleinement posséder, arrachant à ses veines le sacerdoce d’une dévotion l’ayant étouffé tant de fois déjà.  « Je suis terrifié. D’accord ?! Terrifié de jamais être à la hauteur. De ne jamais y arriver. Je suis terrifié que tu te rendes compte que j’vaux pas tous ces efforts. » Ses grondements avaient perdus de leur superbe, les murmures du brun spoliant sa rage du feu l’ayant animé jusqu’alors. Il ne lui restait rien que les efforts qu’un cœur à nu et l’impression douloureuse de lutter dans une guerre sans conquérant. « J’aurais dû revenir. J’aurais dû faire le premier pas. Mais… » Il ne croyait pas en l’avenir. Il n’avait jamais cru en rien si ce n’était Octavia. Son seul désir restait inchangé : rentrer chez lui. La belle, un foyer qu’il ne cessait de désirer même aujourd’hui. Il ne leur restait que les décombres d’un amour s’étouffant à l’ombre des mauvais jours leur faisant face. Prenant un pas de recule, la distance lui étant nécessaire pour croire à ce mensonge-là, c’était ses iris plantées dans les yeux de la belle qu’il lui adressait son plus grand tour. C’était en se noyant dans ses prunelles qu’il lui mentait peut-être pour la dernière fois. « Laisse moi faire ça pour toi. » Un murmure brisé lui échappant des lèvres, il n’avait jamais été question de ce qu’il aurait dû faire pour lui. Jamais  entièrement en tout cas.

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeLun 16 Jan 2017 - 22:11

I'll wash my mouth but still taste you
I feel numb, make me better.

Une vague douloureuse stria ses traits d'une grimace empreinte d'une impuissance sans pareille, alors que sa tête s'agitait négativement, protestation coincée dans sa gorge à l'en étouffer. Demain n'était rien, le monde entier n'était rien si ce n'était à ses côtés, si elle ne savait leurs pas entremêlés. Dévier de trajectoire, s'éloigner, elle ne visait rien de tel, entièrement dévouée au gamin devenu grand qui n'avait jamais tant dominé les battements de son coeur qu'à ce jour.  Les mots sonnaient dans le vide, rejetés par son esprit qui ne daignait les entendre. Elle ne pouvait s'y résoudre, et un grondement résonna dans sa poitrine alors qu'elle contenait les pulsions furieuses qui s'y débattaient. Demain existait-il seulement, s'il se détournait maintenant ? A quoi se résumerait donc son existence, s'il passait les portes du cabanon, si d'une étreinte enflammée Graham se retrouvait happé par les ténèbres qui l'attendaient. Que son beau Priam tombait sous les balles de ceux qui n'oubliaient jamais de dégainer leur arme, qui ne laisseraient jamais le temps à la voleuse de s'interposer. Elle tomberait avec lui, et ne le laisserait jamais filer. Glissant l'armure de sa chair sur la sienne, elle le rejoindrait dans l'impatience la plus morbide, se sachant depuis longtemps incapable de vivre s'il venait à périr avant elle. La promesse était muette, jamais prononcée, portée au fond des entrailles et se rappelant à sa mémoire dès que le danger le guettait. C'était la certitude de s'abandonner toute entière si la cadence de son coeur venait à s'arrêter, persuadée que le sien suivrait de près, l'acceptant dans une douceur infinie, parce que ce serait l'issue logique, de s'éteindre avec lui. Il ne pouvait en être autrement, et l'humaine se demandait s'il l'avait jamais compris, à l'écouter répandre ses craintes alors que la crispation de son visage ne déclinait pas, que s'y dessinait pourtant l'ombre d'un sourire. Était-il devenu naïf, l'avait-il toujours été, pour ainsi remettre en question   sa légitimité quant aux risques qu'elle pouvait prendre pour lui, qu'elle avait toujours pris, dans une moindre mesure lorsqu'ils étaient petits. C'était ce dont elle était convaincue, la belle, que chacun de ses actes l'aiderait à regagner petit à petit cette liberté si chère à leurs yeux, à l'époque. Sûrement le déni la capturait-il, alors que le magma qui  étouffait ses veines n'avait eu de cesse de s'intensifier, la poussant à faire une généralité des hunters l'ayant conduit à sa perte, poursuivant chaque ombre les ayant approché de loin ou de près, pour finir par arracher les vies sans merci, sans chercher à écouter. C'était la haine débordant de son coeur qui s'était imposée en reine, maîtresse de ses actes qui ne répondaient plus vraiment au nom de Priam, alors que la rage gangrénait chaque parcelle de son être.  Et bien plus encore en son absence. Il n'y avait que ses paroles, son regard, sa silhouette ancrée dans son champ de vision pour puiser au fond du néant qui logeait derrière ses côtes, tâcher d'en extirper ce qui y restait d'intact, de suffisamment sincère pour abattre une fois de plus les barrières érigées au bord de ses paupières. La forçant à écouter, à voir, à ressentir tout entiers ces mots qu'il avait à lui dire, à ne pas moquer les craintes lorsque celles-ci lui semblaient dérisoires, à s'approcher alors que le silence s'imposait à nouveau. Qu'elle le laissait mûrir entre eux alors que la nécrose pétrifiait lentement les battements de son coeur, dans une douleur à en vomir, à s'en tordre sans effleurer l'espoir de s'en sortir. A en mourir, oui, à en mourir, mais pas sur le coup, pas de ces morts qui ne s'annonçaient pas et emportaient l'esprit sans un bruit. Le genre qui brisait en douceur, qui se dégustait des pieds à la tête avant d'achever de refermer ses griffes. Chute vertigineuse que la brune contemplait alors qu'il reculait à son tour, que le précipice se faisait de plus en plus insurmontable. Les traits ne tenaient plus ensemble et la façade achevait de s'effondrer, laissant les émotions à nues, hurlant sous la chair alors que les tremblements reprenaient de plus belle. Elle n'était pas de ce genre là, Octavia, à perdre le contrôle des muscles qui vibraient sous sa peau, mugissaient leur abandon alors qu'elle venait écraser ses paumes contre le mur qui embrassait son dos. Les yeux pleins de cette éruption qui n'aurait su tarder, celle qui avait toujours été de ces êtres trop volcaniques pour leur propre bien laissa les impulsions ravager une raison à laquelle elle n'avait jamais été capable de prêter attention. La tempétueuse et implacable chasseresse ravageant les hunters, la môme trop violente, l'adolescente aux vociférations cruelles, sans coeur, sans âme. Voilà que l'inatteignable achevait de s'effriter au nom de ce palpitant dont elle avait semblé à de si nombreuses reprises dépossédée.

Timides pas chancelant à ses pieds meurtris, l'équilibre venant à lui manquer dès qu'elle abandonna son appui. Oscillant vers lui comme une flamme encerclée par la nuit, n'attendant qu'un souffle pour disparaître  et laisser ses cendres s'éparpiller, un geste pour laisser partir en fumée le brasier qui crépitait entre ses côtes, Octavia manqua de s'arrêter trop tôt, de laisser la distance retomber et creuser un peu plus le gouffre qui n'aspirait qu'à dévorer son âme. Mais le regard braqué dans le sien, à ne trouver son chemin qu'à laisser l'azur dévorer l'ombre de ses prunelles, la mécanique de sa déambulation la poussa jusqu'à ce qu'elle en perçoive sa chaleur à quelques centimètres de sa poitrine. « T'enfuis pas. » Scrutant ses iris en les sondant de part en part, l'urgence la dévore alors que l'instinct pulsant à ses tempes prenait le dessus. « J'te demande pas d'm'attraper cette putain de lune. » C'était peut-être ce qu'elle avait pu le héler de faire, à l'époque où elle entretenait encore cette rivalité qui avait pu la pousser à devenir la reine des voleuses, narguant Priam de ces butins qu'elle ramenait comme s'il s'agissait d'une véritable compétition. Qu'il ramène l'impossible, s'il était si doué, comme môme. Y'avait jamais eu que ces nuits à la contempler, à se retrouver happés par sa seule lueur balayant le quartier, pour s'dire que ouais, quelque part, il l'avait mise entre ces mains. Quand rien ne comptait plus que les nuits à arpenter le béton meurtri de ces toits ayant abrité la misère depuis trop de temps, auprès de ce magicien qui maniait le feu à la pulpe de ses doigts. Coincé au fond de ses vertèbres, y'avait toujours ce frisson qui à de trop nombreuses reprises avait vivifié l'échine de la gosse devenu adolescente, quand à trop le regarder comme à cet instant c'était toute une vie qui semblait trouver son sens. « Qu'est-ce-que tu crois, hein. Qu'tout ce temps là, j'ai vécu un putain de calvaire pour t'laisser filer ? Si tu me laisses maintenant, y'a qu'un putain de sacrifice que j'regretterais, ouais. D'avoir sacrifié cette foutue tranquillité qui m'guettait à chaque coin de rue, qui demandait qu'à m'aligner sur le pavé, parce que p'tetre que là, là seulement j'aurais arrêté de sentir ce truc me bouffer, là, quand t'es pas là. » Une main placardée sur son coeur, froissant l'étoffe comme si elle pouvait se l'arracher pour le lui planter sous les yeux, cet organe frémissant qui n'avait souffert que de la crainte de l'imaginer s'éteindre. « Et ça m'aurait évité pas mal de soucis, si c'était pour que ça s'arrête de toute manière comme ça, avec toi qui pars, pour de bon cette fois, et moi qui suis censée te regarder, rien dire parce que j'suis censée aller choper l'avenir ou j'sais pas quoi. » La gorge brûlante de ces mots qui ne s'apaisaient pas, la chair griffée sous sa poigne alors que le coeur ne se calmait pas, le déluge fracassait ses prunelles alors que l'impulsion téméraire venait écraser ses dires dans une fougue incontrôlable. « Tu comprends pas, qu'y'a jamais que toi qui m'fais ressentir ça, j'suis pas foutue de faire autrement, y'a que toi, même quand j'te reconnais pas, j'peux pas m'empêcher de rester plantée là comme une conne à te regarder, à m'dire que si t'es là, ça va, même si j'ai envie de te péter les dents, parce que t'es plus le même, j'suis plus la même non plus, et j'sais pas, enfin, j'sais que c'est pas comme avant, et pourtant, c'est toujours pareil quand j'te regarde, dans le fond, c'est toujours pareil pour moi. » Le souffle court alors que le coeur s'empressait de déverser ses révélations avant que la brèche ne se referme. Les mains s'aventurant à capturer les siennes, l'oeil se plissant légèrement alors que la trace de la brûlure faisait vrombir ses terminaisons nerveuses. « C'est toujours pareil, toujours toi, toi, depuis toujours, et j'te demande rien de plus, j'suis pas foutue de faire sans toi, même quand tu fais pas le premier pas et que j'ai envie de t'buter et...  » Venant déposer ses mains à lui sur ses hanches à elle, la fermeté du geste s'imprégnant de la maladresse presque pudique de ces paroles qui ne tarissaient pas, sa respiration seule parvint à la faire taire quelques secondes alors qu'elle se brisait au contact de ses paumes sur sa robe, de l'audace de ce geste porté vers lui. Un peu plus explicite que ces dires qui trouvaient leur écho dans mille révélations qu'elle avait pu lui faire à demi-mots quelques mois plus tôt, son regard s'abaissa quelques secondes alors qu'elle trésaillait légèrement, un vertige la saisissant alors qu'elle s'avançait un peu plus encore en domaine inconnu.

« Arrête de me torturer. » Une supplique au bord des lèvres alors que son visage s'élevait à la rencontre du sien, ses paupières finissant par s'abaisser alors que ses gestes fébriles abandonnaient ses mains, prenant le risque de le laisser se défiler, trouver milles excuses qui n'éteindraient jamais l'espoir de la voleuse. « Et de te torturer. » Un battement de cils réalignant leur regard, des murmures s'éteignant dans son souffle qui venait à ricocher contre le sien, l'enfant revêtait le costume de cette femme qu'elle était devenue, à l'accepter pour quelques minutes encore, cette étoffe qu'elle piétinait si bien de ses airs revêches et de son langage de charretier, dont elle se départait si facilement en sa présence pour en oublier la gêne d'avoir grandi, de contempler les années passées. D'accepter la distance les ayant laissé évoluer chacun de leur côté. C'était un peu de cette pudeur de cette nuit passée chacun d'un côté de ce grand lit, chez Malachi, qui se dessinait à la courbe de ses lèvres qui laissaient le silence s'imposer à nouveau. « J'te fous les jetons, avoue. » Un chuchotement pour sauver la face, effacer le fait qu'elle n'en menait pas large, justifier qu'il s'éloigne si elle l'approchait de trop près à son tour. Une provocation empreinte de l'innocence des échanges à Lexington, si éloignée de ce qui dessinait le long de ses mots pourtant. Elle avait peur, elle aussi, et c'était cette fausse assurance dans le regard qui permettait de lui sauver la mise encore un peu, alors que son coeur tambourinait de plus en plus fort dans sa poitrine, à achever d'en déregler la machine. Qu'à trop chercher le bon mot qui lui permettrait de reprendre un ascendant qui ne voulait plus dire grand chose, c'était au mutisme qu'elle le condamnait, attrapant sa bouche de ses lèvres sans la moindre compassion pour les protestations qu'il pourrait émettre. La chemise aggripée, retenant son souffle sans même s'en apercevoir, l'implosion qui dévasta sa poitrine l'ébranla toute entière, dessinant des étoiles sous ses paupières. C'était peut-être trop d'un coup, à nouveau, alors que son corps tout entier se tendait contre le sien à l'initiative de ce rapprochement pourtant initié par ses soins. Et pourtant, elle en voulait encore, de cette faiblesse humaine qui lui rappelait pourtant l'horreur de l'abandon, ce foutu retournement de situation l'ayant poussé à tourner les talons. Craintive, c'était ce souvenir qui la poussa à rompre le baiser pour mieux ouvrir les yeux, tâcher de reprendre pied. Le souffle court et les yeux qui se détournaient, lèvres brûlantes de ce contact qui lui avait manqué. Casse-toi si tu l'oses. C'était tout ce qui restait coincé dans sa poitrine alors qu'elle lui jetait un regard en biais, tâchant de respirer, d'oublier cette foutue apnée qui lui donnait tout l'air d'avoir couru un marathon. Casse-toi si tu l'oses.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeDim 29 Jan 2017 - 0:45

And For Right Now, I’m Pretty In Love With You If That’s Okay

Il avait le buste qui s’effritait à force de porter toutes ses craintes à mêmes les épaules, à force de retenir l’orage entre ses côtes. Il sentait les fissures se répandre le long de ses fondations, ce mal se propageant en lui comme une maladie qu’il ne savait comment combattre. Il n’y avait jamais eu qu’Octavia pour faire taire le bruissement de ses doutes, éteindre les plaintes entre ses lèvres en lui volant les mots d’un simple sourire. A l’ombre de ses souvenirs, de l’autre côté d’une porte de prison, Priam avait eu le temps de renouer avec ses vieux démons. Maintenant, il ne savait plus que leur dire pour faire taire ces craintes en éruption au fond de sa gorge. Il s’étouffait sur leur apprêté, contemplant l’embellie lui faisant face en tâchant de ne pas lui montrer qu’il était en train de suffoquer. Qu’il était en train de se noyer dans cette mer-là, cet océan les séparant. Contemplant cette surface bleue qu’il ne pouvait traverser à la nage, il lui parlait de faire un pas vers elle alors qu’il reculait à nouveau. Dans cette danse à contre-courant, cette chorégraphie improvisée au détour de leurs tourments, le mutant ne savait que faire pour le faire correctement. Il avait noué des perles de regrets autour de sa trachée, cherchant une issue de secours par laquelle s’échapper. Il n’y avait cependant rien pour adoucir ces maux-là, aucune âme à vendre pour leur éviter ces tristes fins réservés aux gens de leur trempe. Ces êtres cabossés, exsangues à force de saigner sur le pavé. Ces gens toujours les poings serrés et le carmin aux lèvres, qui n’avaient qu’un besoin vicié de dévorer le monde pour ne plus être seuls, déchirés. Peut-être était-ce pour cela qu’elle avançait alors qu’il se laissait porter par le vent, se laissait dévorer par les ombres lui offrant d’avaler leurs tourments. Pour quelle autre raison le rejoindrait-elle sous l’obscurité de ses songes, s’approchant près, trop près pour le bien d’un cœur déjà trop malmené ?
Les mots d’Octavia lui volèrent son souffle, vidant ses poumons sous le poids de leur intensité. Incapable de ne pas ployer face à cette inspection minutieuse, il céda alors que les mots se pressaient à nouveaux aux lèvres de la brune. Détournant le regard, il ne voulait pas lui dire, pas presser à ses propres lèvres le savoir qu’elle n’aurait jamais à lui demander tout cela. Ca ne l’empêchait pas de le faire, d’être rongé par ce besoin de le faire même quand il était le seul à sentir cette nécessité-là. Pourtant, il était là, les yeux posés sur les ombres dansant à même les murs du cabanon, ses lèvres se serrant sur ces choses qu’il aimerait taire. « T’as pas besoin… » Mots étouffés entre ses lèvres, Priam se retrouvait à vouloir suturer ces lippes dont rien de bon ne semblait s’échapper. Il aurait aimé pouvoir tarir le mal à sa source et pour une fois ne pas se retrouver à observer le chaos qu’il semait avec seulement quelques mots. Déjà, elle reprenait de plus belles, offrant au brun des révélations qu’il ne savait comment avaler. Il avait la fébrilité au bout des lèvres, le battant qui s’agitait douloureusement à ses mots. Non, jamais la fille de la lune n’avait été vouée à s’éteindre au détour d’un trottoir battu par l’amertume des cœurs usés. Des corps noués par la faim et cette gangrène qui vous bouffe de l’intérieur à force de s’oublier. Non, la petite princesse de ce royaume condamné qu’était Lexington n’était pas destinée à ces tristes fins que celles leur étant réservés à ces autres. Ces gamins de rien voués à s’éteindre sous les prunelles usées de parents n’ayant élevés en ce monde rien de plus que d’autres gosses à sacrifier. Octavia agrippa sa robe de ce geste voué à rompre son myocarde et déjà le Mikaelson se froissait sous les doigts de celle ne l’effleurant même pas. Il la sentait pourtant entre ses côtes, incapable d’ignorer les plaies mal cicatrisées de toutes ces choses qu’il n’avait jamais su comment oublier. Les mains se crispant et se décrispant sous cette tension menaçant de faire céder le barrage en son buste, il luttait contre cette vision défaite d’une brune à la démarche chaloupée et l’effronterie mal digéré de ces danseuses des rues s’inventant pour quelques billets. Même s’il gardait ses mains pour lui, le pyrurgiste aurait voulu effacer les mots de la belle s’étant infiltré sur ses rétines. Il aurait voulu la serrer contre lui, défier le monde de l’arracher à lui pour la mener sur cette voie. Au lieu de quoi, le silence au fond de sa trachée se faisant de plus en plus amère, il sentait la rage rallumer dans ses prunelles les oripeaux abandonnés d’autres colères. Vrillant ses iris brisés par l’orage dans celles enflammées d’Octavia, il n’était pas capable d’affronter ces images-là. Elle ne lui laissait sous les paupières d’autres envie que celle de se détruire. Forcé d’avaler ces mots qu’elle pressait entre ses tympans, il n’avait pas la force de lui couper la parole. Pas la force de faire taire ces mots qui animaient en son cœur un espoir ne faisant que croitre au fil des secondes. La brune faisait pousser des lilas dans les vallées enflammées de ses bronches, son battant rompant la cadence alors qu’il était incapable de respirer face à ses révélations. Qui était-il seulement pour qu’elle ne puisse vouloir que lui ? Il n’en avait pas la moindre idée, ses pensées se rompant contre le béton de sa réalité. Cédant à la douceur de ses gestes, incapable de ne pas ployer à l’idée de son toucher, il l’écoutait comme un pécheur se retrouvait amnistié. Déchiré entre l’envie d’y croire et la peur de ne pas le mériter. Ses mains s’arrêtant aux hanches de la belle, cédant sous celles d’Octavia, il se sentait brisé à la contempler en cet instant-là. Le regard fuyant, le visage baissé sous la pudeur et cette crainte qu’aucun des deux n’osait adresser.
Octavia avait toujours eu ce don un peu étrange, cette faculté lui permettant de terrifier le Mikaelson autant qu’elle l’impressionnait. Les mots s’éteignant sur ses lèvres, la belle s’approchant au point qu’il puisse s’imaginer au fond de ses prunelles, il s’éreintait le regard le long de ses lippes tendues, il s’agrippait à elle dans une déclaration muette. A l’image d’une déité aimé et crainte, elle animait le cœur du brun d’une dévotion qu’il n’aurait pu feindre. Parfois, à s’y brûler les rétines trop longuement, il se perdait dans sa contemplation au point d’en oublier la peur, cette douleur lui rappelant qu’il n’était de rêve pouvant vivre au creux d’une main. Parfois, il se perdait au détour de cette terreur, étouffant les songes lui emplissant le crâne afin d’éteindre ses espoirs vains. Et parfois, seulement parfois, il en oubliait de se torturer. De la torturer. Il en oubliait de penser aux autres, de penser au monde et cette incertitude lui rongeant l’espace entre les côtes. Il se prenait à rêver encore, dévorer sa cadette du regard en s’imaginant ce qui se serait passé s’il avait jamais eu la bravoure de lui dire tout ce qui résidait en son cœur. Il s’imaginait contemplant le toit du monde en sa présence, une dizaine d’années de différence et l’effervescence d’une adolescence immortelle entre les doigts. Il s’imaginait l’embrasser pour la première fois sous la lune de Lexington, rompant le silence de ces nuits ne nécessitant aucun mot pour se partager. Il s’imaginait oublier les marques en sa chair, le souvenir de ses lèvres le hantant malgré les mois s’étant écoulé depuis qu’il ne lui restait aucun fragment de son cœur auquel s’agripper. Elle les possédait tous. Chaque fragments lui appartenant de toute façon. Le cœur au bord des lèvres dans cette anxiété anticipatoire, Priam s’agrippait aux hanches de la sirène comme si elle était la bouée de sauvetage l’arrachant aux profondeurs au lieu d’être la folie l’encourageant à sombrer. De toute manière, il n’avait jamais été capable de lui résister. A cet instant, cette reddition-là avait un goût d’abandon, le goût d’une victoire sonnée au clairon d’un cœur incapable de contrôler sa cadence. Le myocarde débordant, le feu en ses veines consumant chaque fraction de son être, le mutant aurait enjoint Octavia d’arrêter de le torturer aussi s’il avait cru en ses mots, cru en sa voix. Observant la belle à la dérobée, se gorgeant de cette pudeur rompant le silence de sa légèreté, il se laissa emporter par la marée de ce regard rencontrant le port de ses prunelles à lui. Le silence ne demandait qu’à imploser dans le thorax du brun, le battant rompant ses os à force de percuter ces derniers pour s’échapper de cette prison dorée. Octavia était là. Sous ses doigts. Si proche qu’il pouvait percevoir la fébrilité de ce souffle s’éteignant sur ses lèvres à lui. Si proche qu’il ne pouvait expliquer par quel miracle il ne s’était pas encore consumé au feu reposant entre les lèvres de la brune. Il l’observait, le cœur au bord des lèvres et rien que du silence entre les doigts. Il était pétrifié à son contact, rompu par ces peut-être terrifiants, ces promesses de futur au présent et la peur le rongeant encore de se prendre à rêver trop grand. Il la contemplait de ces sentiments tus depuis toujours, ses yeux arides et pourtant débordants. Un rire étranglé s’échappa de ses lèvres face à la surprise des mots de la belle. Le silence avait repris ses droits et pourtant l’écho de la voix d’Octavia résonnait entre ses oreilles. A cet instant, il avait peur. Il était terrifié, paniqué de se savoir désirer deux vies opposées. De se savoir sur la corde raide à contempler l’abysse sans savoir s’il lui restait quoique ce soit auquel se raccrocher. Pourtant, le brun n’avait pas envie de fuir. Pas de la fuir elle en tout cas. Peut-être juste fuir le monde. Fuir cette vie. Il avait juste envie de se fuir. Se cacher aux yeux de la brune. Cacher cette plaie béante qu’elle abandonnait à l’envers de sa chair à lui parler comme ça. A s’approcher à portée de doigts, lui offrant la douloureuse impression qu’il arriverait à l’attraper. Qu’il arriverait à la retenir. Même s’il n’avait jamais su se raccrocher à elle, elle lui offrait encore l’impression qu’il lui suffisait de le désirer assez fort pour arriver à attraper le soleil. Il en oublierait presque qu’à se frotter à l’astre on ne pouvait qu’en revenir des cloques plein le cœur et des cendres plein les doigts.
Elle ramena le silence en son crâne. Sans un mot, elle éteignit le brouhaha déréglé de ses pensées du bout de ses lèvres, agitant son battant d’une fureur dont il se pensait dépossédé. Ses mains s’agrippèrent de plus belles aux hanches d’Octavia, ses lippes parlant une langue qu’il ne savait pas connaître. Il s’oubliait simplement à la douceur de la brune, cédant entièrement face à celle capable de ranimer le feu en son buste ou d’éteindre l’éclat de ses prunelles. S’accrochant au souvenir d’un contact aussi éphémère qu’imaginé, Priam céda à l’enfant en lui l’enjoignant de ne pas ouvrir les yeux. Pas encore. Juste une seconde, rien que le temps de s’assurer que c’était bien réel. Pourtant, il était forcé d’affronter la réalité, forcé de contempler une Octavia incapable de le regarder droit dans les yeux, les serres glacées de ses doutes lui empoignant le cœur de plus belle. Libérant les hanches de la jeune femme de son emprise, le fond de ses yeux lui nouait la gorge de tous ces mots qu’elle ne prononçait pas. Même si elle ne le regardait pas en face, il sentait le poids de son regard rompre ses épaules alors que les doutes et le silence s’imposaient à nouveau entre eux. Dans un mouvement incertain, le carmin recouvrant ses phalanges jurant avec la pâleur de sa peau, il posa ses mains sur les joues d’Octavia, forçant la brune à le regarder. « T’es la seule chose capable de faire le calme dans mes pensées. » Et rien que de penser à ce qu’il allait faire il pouvait entendre les rouages dans son cerveau s’emballer. Ses lippes fendues par l’ombre d’un sourire, ses doigts écartant une mèche égarée de la brune, il n’y avait que des fous pour s’y bruler par deux fois. Bien sûr, aucun des deux n'avait jamais été complétement sain. Avec la fébrilité et la douceur d’un égaré, il lui offrait son cœur en s’éteignant sur ses lèvres d’un baiser au ballet alanguis par une révérence le poussant à la vénérer de ses lippes fendues. Cette fois, il ne l’avait pas volé. A l’envers de ses paupières, il souhaitait graver le souvenir de cet éclat emplissant son cœur alors qu’il tatouait à même les lèvres de la brune des promesses qu’aucuns mots ne pourraient jamais traduire. Rompant les festivités en son buste, ses mains reposant de part et d’autre du visage d’Octavia, il recula à peine son visage pour planter ses yeux dans ceux de la belle, goutant presque encore la saveur de ses baisés. « On devrait retourner à la soirée avant que les gens ne se posent des questions. » Le feu montant aux joues du brun, même si l’obscurité masquait sa pudeur, témoignait du trouble qu’elle avait amenée en son cœur. Luttant contre le monde et les doutes qu’il placerait sur leurs épaules, luttant contre la gêne qu’il ressentait d’être ainsi à nu, il exhorta un dernier effort à ses lippes usées par ce marathon d’émotions. « J’veux plus jamais arrêter de t’embrasser. » Les mots timidement prononcés témoignaient sans mal de la gêne du brun, ce dernier se mordillant la lèvre inférieur alors que ses joues rougies par l’acte semblaient bien pales comparées aux flammes dansant le long de ses oreilles à cause de l’embarras. Priam avait la furieuse impression de n’être qu'un collégien découvrant les premiers émois face à la belle. Malgré cela, il ne pouvait réprimer ce besoin qu'il avait de recommencer quitte à en perdre la tête.

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Octavia Lovecraft
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeDim 9 Avr 2017 - 21:02

I'll wash my mouth but still taste you

La défiance tissée à même ses sourcils effrontés, elle n'en menait pourtant pas large, la gorge serrée d'un souffle qu'elle peinait à retrouver. Le magma s'agitait au fond de ses veines, rougissant ses pommettes alors que ses pensées s'alignaient à cent à l'heure, sans qu'elle ne puisse en saisir une seule au vol. Se contrôler, elle n'avait jamais su faire. Un peu moins encore lorsque le seul capable de la tempérer se trouvait être à l'origine du chaos qui grondait au fond de ses pupilles. Réconcilier les supplications du coeur, les apaiser le temps d'un baiser, le temps de s'anesthésier en retrouvant le chemin de ses lèvres, c'était trop bref, s'envolant dans l'instant alors qu'elle retombait lourdement sur terre. La laissant un peu fragilisée par la chute, l'abandon de cette rive hors du temps qu'elle n'avait qu'effleuré. Ce point d'ancrage nommé Priam qui annihilait toute trace de souffrance, de doute, après des mois à le maudire pour les avoir éveillés au fond de ses os. Elle ne se l'expliquait pas, comme la faiblesse pouvait s'éveiller à son contact, au bleu de ses prunelles qu'elle chérissait depuis qu'elle était en âge de s'en souvenir, et sûrement même avant. Comme le poison qui avait envenimé ses moindres songes depuis cette nuit-là trouvait son antidote dans ces mêmes bras, cet égarement dans lequel elle fonçait tout droit. Sans même pouvoir plaider l'écart, la bêtise, l'instant de perdition. C'était tout réfléchi, sans excuse, sans détour. Son regard scrutant le sien en attendant qu'il improvise une suite, l'angoisse plombant de plus en plus son estomac dans cette attente qu'elle craignait de voir s'achever. Peur d'être condamnée une secone fois à cet éloignement auquel elle ne survivrait pas, pas cette fois. Loin de la naïveté de ces premiers émois introduits à son être il y a seulement quelques mois, c'était en toute conscience que la voleuse s'apprêtait à s'en mordre les doigts, dans ce pessimisme qui étouffait sa témérité alors qu'aucun mot ne lui échappait plus. C'était peut-être ce qu'il fallait, attraper ce courage pour deux, ou peut-être bien que c'était de la folie douce qui allait se payer dans un dernier battement de son coeur désarticulé. C'était un terrain sur lequel elle ne maîtrisait rien, pas même sa propre posture s'étant légèrement retirée sans pour autant reculer davantage. Les risques se faisaient plus timides alors qu'elle se contentait de darder son regard dans le sien sans oser la moindre initiative, comme si le moindre frémissement allait rompre le maigre équilibre qui se reformait sous ses pieds.

La débandade alors que ses doigts s'invitaient au contact de ses joues, qu'elle levait sa mine faussement renfrognée - réellement tétanisée -dans sa direction. Comme si elle attendait la réprimande, le mot qui se glisserait avec tact entre les mécanismes de son coeur pour la faire vriller à nouveau. Interdite, elle demeura muette à ses dires, incapable de rétorquer du tac au tac, d'lui balancer que lui foutait un sacré bordel dans son crâne. C'était pourtant pas tout à fait vrai, lorsque le silence tombait sur le superflu dès qu'il captait son regard, que toute son attention se focalisait sur lui, rien que lui. Y'avait sûrement trop d'émotions pour que ça ne fasse pas désordre dans ses actions et ses paroles, pourtant elle l'écoutait, elle l'écoutait sans jamais se désintéresser, sans chercher à se dérober. S'il l'avait apprivoisée, elle ne pouvait le lui enlever, pas même avec toute la volonté des mois passés. A se noyer dans son regard, elle se sentait déjà perdre pied, abandonner l'esquisse de prudence qui l'avait contrainte à s'éloigner. Pressentant l'impact qui renverserait à nouveau tout sur son passage, ses paupières s'abaissèrent avant même qu'il n'atteigne ses lèvres, une confiance sans borne livrée à ses mains. L'appréhension chassée par ce baiser rassurant, elle aurait pu rester plantée là, les bras ballants, à se laisser dévorer tout en en redemandant. Un zeste de coordination délia les muscles de son bras alors que sa main se logeait au creux de sa nuque, la brune se hissant sur la pointe des pieds, un pas hésitant tiraillant son équilibre alors qu'elle prolongeait de plus belle cet instant qui ne devait connaître aucune fin. Avec lui, elle ne pouvait pas se canaliser, la douceur résonnant de cette maladresse et de ce besoin de rester accrochée à lui pour l'éternité. C'était la seule personne susceptible d'avoir éveillé son attachement, son adoration, puis ces sentiments complexes qui avaient régi sa vie depuis qu'elle était née à deux pas de chez lui. Jamais la brune n'avait aimé si ce n'était lui, lui qui était tout, bien plus essentiel encore que ne l'avait jamais été sa mère, tour à tour ami, famille, et tout, tout ce à quoi elle se raccrochait. A croire qu'il y avait été condamné dès son premier cri parmi les vivants, dès que ses grands yeux encore azurés s'étaient posés sur lui, s'assombrissant au fil des semaines, des mois, sans que son expression ne changea jamais à son égard. Il s'était plus préoccupé d'elle que n'importe qui. Et sans doute qu'au fond de cette ruelle, au fond de cette ville, tout l'amour dont la gamine était capable s'était exclusivement concentré sur lui. C'était peut-être la raison pour laquelle elle avait toujours si intimement lié sa vie à la sienne, son souffle au sien, haletant lorsqu'il souffrait, suffoquant lorsqu'il s'éloignait. C'était trop intense pour être viable mais la brune s'en foutait, sachant la douleur s'ancrant à l'ombre de la douceur, les maux qu'elle acceptait pour ne serait-ce que quelques secondes de plus à ses côtés. Elle savait l'insensé, l'improbable. Priam pouvait lui faire mal. Mal à en crever. Plus encore que tous ceux contre lesquels il s'était toujours évertué à la protéger. Une connaissance aiguisée de cette vérité qui blessait plus que toute autre, qui trouvait pourtant tout son sens, et elle y revenait pourtant, dans un désespoir légèrement masochiste, sûrement. Et s'il fallait recommencer, elle s'y ruerait sans hésiter, bras ouverts pour embrasser les contours acérés de ce qu'on appelait communément amour et les putains d'emmerdes qui semblaient l'accompagner.

Les paupières restaient closes, ses mains venant couvrir celles de Priam sur ses joues, la chamade au coeur, la légèreté au ventre. Un sourire s'échappant alors qu'elle peinait à relever les yeux vers lui, un léger rire alors qu'il évoquait cette soirée qu'elle avait déjà oublié depuis longtemps. « J'les emmerde tous. » S'humectant les lèvres alors qu'un frisson se promenait dans sa nuque, son regard trouva le sien, s'abaissa, puis s'éleva à nouveau. Elle allait dire quelque chose, une réplique bien sentie sur ce qu'elle ferait au premier qui trouverait qu'elle avait été longue à s'occuper de cette leçon. Les mots de Priam cependant coupèrent nette toute forme de réflexion, ses jambes manquant de se dérober alors que ses cils détournaient à nouveau son regard et qu'un sourire inexpliqué lui tiraillait les joues de manière totalement idiote. Idiote, et ridicule. Pourtant, elle ne parvenait pas à reprendre le contrôle de ses traits, à rompre cet air qu'elle jugeait niais et qui devait bien transparaître malgré l'obscurité. « C'est parce que j'embrasse trop bien. » Elle avait tenté le ton assuré, la vanne qui décrisperait ses zygomatiques alors que ses prunelles fuyantes retrouvaient courageusement le chemin des siennes. Les mains moites, la brune se contenta d'essuyer machinalement ses paumes sur la chemise de Priam, le plus naturellement du monde. Avant de réaliser que non, ce n'était pas forcément le truc le plus charmant qu'elle pouvait faire à ce moment précis, s'essuyer les mains sur lui. Piquant un fard alors que ses joues la brûlaient - et que ses paumes redevenaient un peu moites, aussi - elle se retrouva à balbutier, certainement pour la première fois de sa vie. « Merde, désolée pour ta chemise. J'ai juste un peu chaud. » Et ce n'était pas prêt de s'arranger alors qu'elle prenait conscience de sa remarque, passant machinalement une main dans ses cheveux. « C'est la tôle du cabanon, ça retient trop la chaleur humaine, j'crois. » Se raclant la gorge en venant remettre de l'ordre dans sa robe qui n'en avait pas vraiment besoin, après quelques secondes d'agitation Octavia parvint à se calmer. Même si ses pensées dépassaient à nouveau le temps de réflexion réglementaire qu'elle ne parvenait absolument pas à se fixer. « Moi non plus, j'veux plus jamais arrêter. Même si ça rend les mains moites et tout le bordel. » Il n'y avait peut-être que lui pour comprendre que même si c'était sans doute l'une des filles les moins romantiques au monde, clamant depuis toujours son absence d'intérêt pour ce genre de chose, elle l'était un petit peu à cet instant précis. Parce que c'était bien la première fois que ça lui faisait tant de choses, d'embrasser quelqu'un, et qu'elle n'était clairement pas habituée à ça. Et ça filtrait dans ses mots indélicats, alors que ses grands yeux l'observaient dans toute leur confusion. « J'voudrais qu'on reste là juste le temps que j'arrive à réfléchir à nouveau sinon ça craint et pour toi, et pour moi, quand l'autre couillon va nous retomber dessus. » Une main machinalement posée sur son torse, comme pour le sommer d'attendre encore un peu. « Et j'voudrais surtout jamais sortir même si c'est pas possible. » Précision utile alors que l'ombre d'un sourire se glissait sur ses lèvres, que celles-ci venaient se poser dans son cou avant qu'elle ne recule, qu'elle ne récupère à tâtons sa paire d'escarpin pour s'y percher à nouveau. « Au cas où j'doive à nouveau t'insulter pour endormir cet enfoiré. » Un baiser pour effacer le mal qu'elle pourrait causer, bien à l'encontre de sa volonté. Sa main était déjà sur la poignée alors qu'elle se retournait légèrement, l'observant au-dessus de son épaule alors que ses doigts tremblaient légèrement. « Te vouloir du mal, j'pourrai pas. Rester avec toi, à jamais. » La gorge nouée et les lèvres à nouveau scellées, le sourire disparut alors que les glaces retrouvaient leur place dans ses iris, que la posture se faisait altière, hautaine, et qu'elle s'arrachait à sa vue, ouvrant la porte sur ce monde extérieur qu'elle aborrhait.
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Priam Mikaelson
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MessageSujet: Re: i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson   i remember that it hurt, looking at her hurt + lovelson Icon_minitimeDim 21 Mai 2017 - 15:54

And For Right Now, I’m Pretty In Love With You If That’s Okay

Prisonnier d’un ballet dont il ne pouvait détacher le regard, il contemplait la danseuse étoile sans savoir où ses pas la mèneraient. C’était la douce ironie du sort, l’ouragan qui balayait tout en son cœur était la seule chose capable de calmer le tumulte de cet organe agonisant. La femme un orage coincé dans le poitrail, retournant tout sur son passage à l’envers de ses phalanges, il n’y avait qu’elle pour apaiser le trouble de ses songes et l’encourager à avancer. C’était l’ironie du sort et celle-ci était d’une douceur qu’il n’aurait pu imaginer à s’éteindre sur les lèvres de son amie d’enfance. Le monde les attendait dehors. Priam pouvait entendre le cliquetis incessant de cet engrenage inarrêtable ne demandant qu’à les avaler. Séparés par trop peu de tôle et quelques espoirs délavés, de l’autre côté des murs en papier mâché de cet abri de fortune les attendait une mascarade pour laquelle le brun n’était pas préparé. Pas comme Octavia, en tout cas. Déjà, il était l’heure de rentrer dans la cage aux fauves, espérer n’y laisser que quelques fragments de lui-même alors que caché à l’abri des regards il s’oubliait si aisément au contact de la jeune femme. Pourtant, le rythme effréné d’une course dont il  se savait ne pas pouvoir ressortir vainqueur grondait entre ses oreilles, le mutant redoutant l’instant où le voile tomberait. Le moment où la musique s’arrêterait et tous les yeux se poseraient sur eux. Le Mikaelson avait exhorté les mots de sa bouche pour lui-même, un peu pour elle aussi. Un peu pour cette effronterie mal digérée qu’elle lui lança au visage, le son déraillé d’un rire peinant à dépasser l’amertume lui réchauffant le cœur par la même occasion.
Outrepassant ses inhibitions, le cœur à nu, la réaction de la brune à ses propos arriva à faire taire les plus réticents de ses doutes. Le sourire illuminant les traits de la belle, malgré son regard fuyant, lui disait tout ce qu’il avait besoin de savoir. « Tu as entièrement raison. » La voix rauque, les mots prononcés à voix basse, les yeux de la belle se plantèrent dans le regard embrumé du brun. Il ne savait quoi de ses mots où de l’intensité de ses prunelles avaient réussi à déstabiliser Octavia, mais il pu presque instantanément la sentir s’essuyer à même sa chemise déjà bien froissée. Le sourire qui se mit à fleurir ses lèvres exhibait la tendresse qu’il éprouvait à cet instant. Il n’y avait que lui pour être attendri par des mains moites, par le cœur pendu au bord des lèvres de la brune au point qu’elle n’en sache que dire. Mais ça lui allait. C’était Octavia. Son Octavia. La gamine des rues qui le bousculait dans les escaliers pour être la première arrivée au toit. Celle-là même qui lui crachait des injures à la gueule alors qu’elle ne souhaitait rien d’autre que le protéger. Le protéger des autres. Le protéger de lui-même. Alors, bien sûr elle avait les mains moites, lui il en avait des papillons plein l’estomac. Il s’en foutait que ça puisse paraître con. Il s’en foutait d’en avoir le cœur prêt à imploser tant il ressentait de choses. La rage qui l’avait consumé quelques instants plus tôt avait laissé les traces consumées de sa violence à même les paupières du brun, l’abandonnant à des rivages plus tendres. La tendresse qui débordait de ses prunelles menaçait de lui faire boire la tasse s’il ne faisait pas attention. Et, comme bien souvent, ce dernier ne demandait que ça. Le Mikaelson était un néophyte en amour comme l’était Octavia. Cette dernière à jamais sa parfaite égale. Alors, quand un éclat de rire s’échappa de sa gorge, explosant contre ses lèvres, le mutant contenant tant bien que mal ce rire ingénu menaçant de faire éclater leur bulle, il ne riait pas tant d’elle que de lui-même. De lui amoureux d’elle au point d’être attendri par sa maladresse et de lui-même ne savoir que faire à cet instant tant il était éperdu d’elle. « Ce n’est pas moi qui te donne chaud comme ça ? » Un brin de malice dans la voix, le peu qu’il lui restait de répartie injectée dans ces mots, Priam aurait ri de cet échange s’il n’était pas autant affecté qu’Octavia. La réponse de la brune fut immédiate, elle qui lui paraissait toujours si bien composée n’était que débandade à cet instant. Une main dans les cheveux, des mots entonnés sans réellement y croire. Elle perdait contenance devant ses yeux de la plus douce des manières. Luttant pour rester en un seul morceau alors qu’il n’était déjà que fragments à ses pieds.
Le sourire du brun devint amer, une de ses mains recouvrant celle d’Octavia contre son torse. De l’autre côté de ces murs, le monde ne s’était pas arrêté pour eux. Graham les attendait, certains convives souhaitaient surement observer les retombées de cette punition. Il allait retourner à son état de bête de foire alors que la belle continuerait à valser de hunters en hunters comme si elle appartenait à ce monde-là.  « Un jour… » Ils n’auraient plus à se cacher dans un cabanon, plus à redouter les individus de l’autre côté de la porte. Un jour, ils pourront être sans redouter que l’autre ne disparaisse. Un jour qui apparaissait si loin à Priam, les lèvres de la brune adoucissant le brûlant de cette promesse qu’il ne savait comment tenir. Elle bandait les plaies qui ne demandaient qu’à s’ouvrir. Gratifiant sa peau de la douceur d’un baiser attendrissant une chair sachant que le pire était à venir. Pourtant, elle lui en laissait des échardes plein le cœur la rose refusant de faner, lui glissant entre les doigts avant qu’il ne trouve quoi dire. Sa douceur était une arme à double tranchant sur laquelle le brun semblait trop aisément se couper. Elle l’abandonnait alors qu’il n’avait pas eu le temps de lui demander de rester.
Le changement était infime. Pourtant le feu s’était éteint dans les prunelles d’Octavia, la froideur d’un regard qu’il ne reconnaissait pas lui enserrant le myocarde. Des fragments d’elle encore pendus à ses lèvres, il s’accrochait à ses mots à défaut de pouvoir s’agripper à ses épaules. La belle jouait la mascarade là où Priam était incapable de suivre la cadence d’une dance dont il ne connaissait que trop mal les enchainements. Elle tournait et tournait et tournait alors que les yeux se posaient sur elle sans jamais la clouer sur place. Lui, il restait dans un coin, le col trop serré et les mots de Graham s’enfonçant dans son crâne au point qu’il ne sache qui de lui ou du hunter le poussait à avancer. Les minutes s’effritaient entre ses doigts, l’alcool qu’il buvait lui laissant un arrière-goût de cendre sur la langue alors que la brune apparaissait et disparaissait de son champ de vision sans qu’il ne puisse rien dire ou faire. Elle était libre et lui se débattait contre ses chaines en attendant qu’on lui demande un autre numéro où juste d’exhiber ses crocs. Le monde les séparait, chacun d'un côté de cette frontière séparant l'assemblée de hunters du mutant à l'échine courbée. Si bien qu'il eût été si aisé de croire que les instants partagés à l’ombre de leurs déboires n’était que le fruit de leurs songes.


THE END
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