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 i just have a few questions ≈ kaitur

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeDim 15 Jan 2017 - 13:36

i just have a few questions
Kaisa & Artur



Artur fronça les sourcils, seule marque extérieure de son agacement profond qui lui tordait les tripes depuis son retour au travail, quelques jours plus tôt, devant les fautes d’orthographe qui ponctuaient inlassablement les différents rapports laissés par ses remplaçants et collègues sur son bureau. Deux mois d’absence laissaient des traces, deux mois sans que ses travers maniaques n’interviennent dans les rangements, annotations et classements, deux mois d’affaires résolues, délaissées, abandonnées sans qu’il n’y touche. Deux mois, et des dizaines et des dizaines de pochettes, feuillets et compte-rendu entassés à lire, relire, corriger et annoter minutieusement. Artur mordilla le bout de son stylo, les doigts de sa main libre pianotant sur le côté avec impatience. Ses yeux parcouraient sans relâche les lignes, les chiffres et les analyses. Et son cerveau, lui, traînait la patte, avec la volonté farouche, pourtant, de rattraper son retard. Rattraper son retard. Bien grand mot, vaste programme : si l’Irlandais n’avait pas eu un orgueil à la hauteur de ses capacités intellectuelles, il aurait abandonné depuis bien longtemps. Mais non. Il s’accrochait, il s’accrochait désespérément, il s’accrochait pour se reconstruire, l’esprit vierge de toute émotion, l’esprit vierge de tout sentiment autre qu’un profond trouble et d’un amas de pièces explosées d’un puzzle disparate. Difficile de dire exactement ce que lui avait fait sa sœur, mais une chose était certaine : en pensant tout arranger, elle et son ami mutant dont il n’avait que de vagues souvenirs n’avaient fait qu’empirer les choses. Brûler pour repartir à zéro, raser pour construire sur des débris. Le laisser en miettes, le laisser sans aucun point de repère, le laisser errer dans son esprit, porté par des impulsions et une envie de ressentir comme jamais auparavant.

Artur, contrairement à ce qu’il était le premier à vouloir croire, n’était pas un robot, un automate, un androïde sans sentiments. Loin de là. Son problème, ce n’était pas qu’il ne ressentait pas assez, pas du tout. Son problème, depuis le début, c’était certainement qu’il pensait trop, qu’il ressentait trop et qu’il catégorisait trop, aussi, ses sentiments et ses émotions dans des petites cases étiquetées, rangées et disséquées pour ne pas être pris au dépourvu. La tempête des mutations communes de celui qui en avait fait un esclave de sentiments artificiels et de celui qui avait balayé comme un fétu de paille des constructions vieilles de plus de dix ans, ne laissait qu’un désastre. Des boîtes renversées. Des rangements dispersés. Des émotions libres et sans attaches, incontrôlées. Incontrôlables. Artur se prit la tête entre les mains, chercha instantanément son flacon d’aspirine pour endiguer une migraine naissante. Des émotions incontrôlables, de la plus simple frustration à une rage insupportable, une colère dirigée contre tous et tout le monde… qu’il était beau, le maître de la manipulation et de la maîtrise de soi, vulnérable à la moindre source de contrariété. Qu’il était beau, le Artur qui devait passer une évaluation psychologique pour être réaffecté au terrain, qu’il était beau, le membre de la police scientifique qui en venait à avoir envie de commettre un meurtre pour canaliser ses pensées, qu’il était beau, le petit frère en proie à une solitude plus accrue que jamais, piégé sur une île, cerné de requins, fruits de sa propre imagination pour la plupart. Nouvelle année, nouveau départ ; bonne année, bonne santé… les mots et les tapes dans le dos de ses collègues avaient laissé jusque-là un goût amer dans sa bouche, un goût acre et persistant d’ironie mal placée.

Finalement, après des heures de lutte acharnée contre une concentration fluctuante et obtenue au prix d’efforts éreintants, Artur parvint à un résumé plus ou moins clair des affaires encore en cours et des questions auquel il fallait impérativement qu’il apporte des réponses dans les plus brefs délais. Des échantillons étaient en cours d’analyse, des rapports d’autopsie étaient incomplets et, surtout, les critères de plausibilités psychologiques et physiologiques de certaines mutations ne respectaient en aucun cas sa propre classification interne, chose exaspérante au possible. D’un mouvement brusque, Artur ferma son dossier, se leva et rouvrit les documents pour se remettre en mémoire le nom du docteur en charge de l’autopsie à vérifier, éclaircir et approfondir à son goût, le referma une seconde fois avant de quitter la pièce puis l’hôtel de police avec détermination, non sans avoir au préalable justifié son déplacement auprès de son supérieur.

« Je voudrais voir le docteur… » Artur fronça les sourcils, chercha dans sa mémoire encore morcelée. « Hymes s’il vous plait. Artur Kovalainen, je suis en charge du dossier sur l’affaire Constantin, qu’il a pris en charge il y a deux semaines. » Le regard du secrétaire se planta sur un Artur sûr de lui, avant de se déporter sur l’ordinateur. « Elle est partie en vacances, elle ne revient que dans dix jours. » Un soupçon d’agacement traversa l’irlandais, s’imposa même sur ses lèvres agitées d’un soubresaut crispé. Il n’avait pas de temps à perdre avec ça. « Je veux juste des éclaircissements. Je me contenterai d’un médecin quel qu’il soit. Vous pouvez me trouver au moins un médecin compétent disponible qui puisse répondre à des questions ? » Devant le regard peu enthousiaste du secrétaire médical, Artur sentit sa patience s’effriter et se sentit obligé de rajouter un moqueur « A moins que trouver un médecin compétent ici ne soit trop difficile pour vous… » L’homme pianota un instant sur son clavier. « La prochaine fois, prévenez en avance si vous voulez monopoliser du personnel pour combler vos lacunes… je vous envoie un médecin, mais ne prenez pas trop de son temps. » Artur leva les yeux au ciel dans un soupir, ne prit même pas la peine de s’embarrasser d’une quelconque politesse en se dirigeant dans la direction indiquée. Kaisa Makinen lui avait il dit. Un nom qui n’évoquait pas grand-chose à l’Irlandais, un nom banal.

Le nom d’une jeune interne, comprit-il, en la voyant franchir la porte. Une jolie interne. Ses réflexes prirent le dessus, Artur lui offrit un petit sourire cordial, naturel, avant de lui tendre une main toute aussi cordiale. « Artur, Artur Kovalainen. Je peux te tutoyer ? Je suis sincèrement confus de te déranger dans ta journée… » Sincèrement… ce mot avait-il le moindre sens dans la bouche pourtant convaincante d’Artur ? Plus, depuis des années. « On t’a expliqué ? Je travaille avec la police, et je reviens d’une longue absence… tous les termes médicaux me dépassent… un peu. » Un peu ? Artur avait des connaissances plus vastes que la plupart des personnes dans bien des domaines. Ce qui le dépassait, au final, c’étaient les termes de spécialistes qui ponctuaient le rapport et les implications les plus obscures. Mais… autant commencer au début. « Je peux t’offrir un café ? »


© Grey WIND.
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Kaisa Makinen
Kaisa Makinen

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SUR TH DEPUIS : 06/12/2015
MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeDim 22 Jan 2017 - 16:22

i just have a few questions
Artur & Kaisa



La finnoise recommençait à se plonger dans le travail. Elle se sentait parfaitement à son aise dans les couloirs de l’hôpital. Même si cela signifiait aussi le retour des gardes et des horaires parfois décalés. Si la brune adorait vivre avec Gray et Aspen, elle était contente de revenir au travail. Les courtes vacances de Noël s’étaient révélées assez perturbantes. Des révélations difficiles à encaisser. Et au moins, à l’hôpital, elle n’avait pas besoin d’y faire face. Elle restait Kaisa Makinen, une jeune interne. Rien d’autre. Et ça, ça avait quelque chose de rassurant, dans le fond.

Son père était un Hunter. Elle en avait eu la confirmation, par le principal concerné. Et même si elle s’en était douté, cela avait eu l’effet d’une gifle. Le genre de coup à vous marquer et vous retourner l’estomac. Parce que son papa, l’un des hommes en qui elle avait le plus confiance, celui qui l’avait prise sous son aile à sa sortie du comas, faisait aussi parti de ceux qui continuaient de la faire frissonner. Elle savait que normalement, les chasseurs ne devraient pas lui faire de mal, vue qu’elle ne possédait pas la mutation. Mais pourtant… La finnoise sentait toujours cette légère appréhension quand on les mentionnait, avec cette furieuse envie de regarder par dessus son épaule. S’il savait pour ses fréquentations, il en ferait une syncope, à n’en pas douter. Ne serait-ce qu’à cause de ses deux amis les plus proches.


Et de l’autre côté…. Nate avait réussi a trouver une concordance avec les maigres informations qu’elle lui avait fourni. Son oncle. Henrik Makinen. Le seul avec une sœur dénommée Anka ayant avait fait un voyage en Amérique, plus de vingt ans plus tôt. Si le dossier s’avérait exact, alors... Elle avait été élevée par un mafieux. Un parrain, plus exactement. Un homme craint et dangereux, une fois de plus. Pourtant, les informations restaient maigres. Un mystère savamment entretenu. Les autorités n’avaient que des suspicions sur lui, jamais de preuves directes pouvant les mener au clan ou quoi que ce soit d’autre. Pour ce qui concernait le cercle le plus proche de l’homme, il n’y avait rien de précis. Deux enfants, mais pas de noms, ni de photos. Elle n’avait parcouru le dossier qu’une fois avant de le ranger dans l’armoire, au milieu de ses cours. Pas la peine de revenir plusieurs fois dessus. Sa mémoire le faisait déjà sans problème, les documents s’étant imprimés de manière indélébile dans son esprit, y revenant sans cesse, dès qu’elle ne faisait pas attention.

Ces nouvelles l’avaient tout de même secouée, jetant de nouvelles incertitudes sur qui elle était. Ce qu’elle avait pu être avant Radcliff. Et elle ne savait pas comment le dire à Gray. Même si Rafael lui avait dit de garder leur lien de parenté sous silence pour la protéger, son meilleur ami ne lui ferait pas de mal, pas vrai ? Une certitude. Kaisa lui portait une confiance sans faille. Le vacciné lui avait déjà sauvé la vie et parvenait toujours à l’apaiser quoiqu’il puisse se passer. Et elle ne parviendrait pas à lui cacher ça. Lui mentir ne faisait pas partie de ses options, très clairement. Même s’ils ne partageaient pas le même sang, le trentenaire faisait parti intégrante de sa famille.

L’annonce de son supérieur l’étonna. Il fallait qu’elle réponde aux questions d’un employé de la police scientifique. Rien qui ne puisse la mettre dans l’embarras, mais de quoi éclaircir certains termes. Ou, comment se débarrasser d’un jeune homme passablement agaçant selon son très cher titulaire. Enfin, avec des mots politiquement correct, le langage ayant été un peu plus imagé. Et quoi de mieux qu’une interne pour faire face à cela ? Elle eut tout juste le temps d’échanger sa blouse contre des vêtements normaux pour le rejoindre.

La brune observa le jeune homme, tout en lui rendant son sourire. Polie, calme, maîtrisée. L’effet que lui faisait son travail. De ces sourires adorables que l’on attendait d’elle et qu’elle avait sagement appris à offrir. Il ne lui paraissait pas aussi terrible, sur le coup. A vrai dire, le brun avait l’air charmant. Séduisant. Chose qu’elle n’admettrait sûrement pas, d’ailleurs. Heureusement qu Teresa ne se trouvait pas dans les parages.

-Kaisa Makinen, enchantée. Non, il n’y a pas de problème, si je peux être utile.

Courir dans tous les sens, elle en avait l’habitude. Ses questions ne la dérangerait pas. De plus, avec la proposition d’un bon café, cela se résumait à la prendre par les sentiments.

-On m’a très rapidement expliqué, pour éviter de te faire trop attendre. Je te suis.

Autant le tutoyer aussi, cela serait nettement plus simple pour tout le monde. Sans compter que le vouvoiement, ce n’était pas tellement sa tasse de thé. Seuls ses supérieurs y avaient droit. Et encore, avec certains, cela ne s’avérait pas nécessaire. Pour son plus grand plaisir.

-Tu peux me faire un résumé s'il te plait ?

Elle imaginait bien qu'il ne lui donnerait pas de dossier comme ça. Mais elle voulait éviter trop de silence.

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeJeu 26 Jan 2017 - 22:01

i just have a few questions
Kaisa & Artur



Reprendre le travail, se replonger dans des dossiers, cesser de tourner en rond, cesser de chercher un sens à sa vie, à ses relations, à son entourage, se cantonner à ce qu’il devait faire, ce qu’il pouvait faire et apporter son savoir pour résoudre des enquêtes: Artur en avait besoin. C’était d’ailleurs plus qu’un besoin, depuis quelques temps c’était une nécessité et il s’en était rendu compte de lui-même, sans que quiconque n’ait à le lui souffler. Si sa reprise du travail était quelque peu précipitée ? Peut-être. Le brun savait pertinemment que son état psychologique frôlait sur bien des points la psychopathie ou le simple désordre mais il avait besoin de travailler, besoin d’oublier le reste, besoin de se plonger corps et âme dans la science et la rigueur qui l’accompagnait. Retrouver un peu d’ordre, un peu de structure. Se concentrer sur des manoeuvres simples, des manipulations répétées tant de fois qu’elles étaient désormais ancrées dans son comportement comme des réflexes aussi basiques que la marche ou la parole. Un savoir-faire martelé, des capacités bien tangibles auxquelles se raccrocher. Finalement, la rémission d’Artur n’allait peut-être pouvoir se faire que tout cela: les automatismes qui rendaient toute réflexion superflue.

Des réflexes qui ne se cantonnaient de toute évidence pas uniquement au milieu professionnel. Ce n’était pas qu’Artur ne ressentait rien depuis qu’il avait été l’objet d’une expérience plus que déplaisante dans les mains de mutants qu’il haïssait plus que jamais, c’était qu’émotions et sentiments le laissaient à fleur de peau et particulièrement tendu. Son sourire, forcé, son amabilité, relative, sa patience, appuyée, tout dans ses réactions sociales étaient actuellement guidées par des réflexes d’hypocrisie pour une fois salvateur. Terre brûlée, purifiée sur bien des plans mais rendue stérile sur bien d’autres, Artur sentait sa capacité à ressentir, que ce fusse sur le plan des sentiments comme sur celui des émotions, étouffée et dans un même temps, exacerbée. Il n’y avait qu’à voir sa susceptibilité, assourdie mais enflammée, il n’y avait qu’à observer ses pensées lorsque l’interne le rejoignit dans la salle où on lui avait demandé d’attendre. Un sourire, encore un réflexe, quelques mots prononcés d’une voix claire et chaleureuse: de la poussière jetée à leurs deux visages. -Kaisa Makinen, enchantée. Non, il n’y a pas de problème, si je peux être utile. On m’a très rapidement expliqué, pour éviter de te faire trop attendre. Je te suis. Le tutoiement installé sans plus de cérémonie, Artur laissa sa mémoire et ses capacités d’observation prendre le dessus et le guider en direction de la cafétéria de l’hôpital. ”Je vois, c’est normal.” La main d’Artur tira une chaise à l’intention de Makinen, avant d’aller s’installer en face de la future médecin. -Tu peux me faire un résumé s'il te plait ? Il acquiesça, tout en se relevant après avoir déposé sa veste et ses dossiers. De toute manière, Artur était peut être encore convalescent autant physiquement que psychologiquement, il n’était pas encore assez idiot pour sortir des documents confidentiels de l’enceinte du poste de police. ”Bien sûr, attends juste…”


Il revint une poignée de minutes plus tard armé de deux cafés et de quelques dosettes de sucre, incertain quant aux préférences à ce sujet de Makinen. ”Nous voilà armés ! Alors, pour faire bref, j’ai été tenu loin de mon bureau pendant plusieurs mois.” Pour faire extrêmement simple, effectivement. Artur n’avait pas vraiment dans l’idée de s’embarrasser de détails superflus.”J’ai repris un dossier, une enquête sur un meurtre commis dans des circonstances… particulières.” Une affaire qui mêlait, selon toute vraisemblance, chasseur et mutant, sans que les circonstances ne soient claires pour le moment. Si la tendance actuelle tendant à accuser le chasseur d’avoir fait preuve d’une agression quelconque, il eut été utopique de croire Artur capable d’accepter cette conclusion sans la remettre en question. Un meurtre, une victime. A voir qui, du cadavre ou de la personne en fuite est le véritable agresseur. ”Je dois bien sûr garder certaines informations confidentielles, j’imagine que tu comprends pourquoi, mais je vais essayer de limiter mes silences au strict nécessaire. Dans tous les cas, avant que je te détaille mes questions, il faut qu’on mette quelque chose au clair” Artur la fixa avec un petit sourire qu’il teinta d’inquiétude, pour ne laisser aucun doute quant à sa position officielle vis-à-vis de ceux qui avaient détruit non seulement sa vie mais aussi sa psyché. Une position neutre, en apparence. ”J’espère que tu n’as rien contre les mutants, et que tu sais faire la part des choses. Sans quoi… on va avoir un problème.” Parce que bien évidemment, la nature mutante de l’agression - et non de la victime, d’ailleurs -, il n’allait pas pouvoir la cacher bien longtemps. ”L’affaire sur laquelle je travaille concerne la mort brutale d’un humain et il semblerait qu’un mutant soit impliqué de près ou de loin. Mon problème, c’est que je dois faire avec un rapport d’autopsie que je juge incomplet et assez obscur sur certains points. Du coup, il me faut de l’aide au niveau du vocabulaire employé, et sur l’origine des conclusions qu’il a tiré. Tu as déjà travaillé avec des légistes, d’ailleurs ? Le docteur Hymes était en charge du dossier. Tu as peut-être travaillé avec lui ?”

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Kaisa Makinen
Kaisa Makinen

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SUR TH DEPUIS : 06/12/2015
MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeMer 15 Fév 2017 - 18:46

i just have a few questions
Artur & Kaisa



Il possédait cet air sûr de lui et rassurant,  l’employé de la police scientifique.  Elle se laissait bercer par son calme et son sourire, ne remarquant pas son manège.  Mais son instinct, ou peut être la simple habitude, la forçait à analyser ce qu’il se passait. La jeune femme continuait donc de l’observer, notant ses réactions. Ses gestes. Chaque mots que le brun prononçait. Une petite voix, dans le fond de son esprit lui répétait inlassablement de montrer les crocs au moindre faux pas. Un vrai petit animal sauvage qui se cachait derrière son expression adorable et accueillante.  Une façon d’être que son père avait soigneusement entretenu, et que les derniers événements avaient exacerbé. Mais pour le moment, Artur menait un sans faute, ne se récoltant que le sourire et l’amabilité habituel de la petite brune.

Son nom ramenait indubitablement le visage de Moira dans son esprit. Kovalainen, ça ne courait pas les rues, du moins, pas à Radcliff. Elle demanderait à la rousse si cette dernière n’avait pas un frère. Juste pour satisfaire sa curiosité et éteindre un peu cette méfiance qui était revenue au galop depuis les vacances. Entre son père et son oncle, elle se demandait, qui, dans son entourage, ne dansait pas joyeusement avec l’illégalité. Enfin… Elle se demandait s'il ne valait pas mieux l'ignorer. Histoire qu'elle évite de se taper la tête contre les murs.

-Merci.

Elle accueillit le café avec une gratitude non dissimulée. Peut être en buvait-elle un peu trop pour son propre bien. Mais le liquide sombre avait la capacité de l’apaiser et de focaliser son attention sur quelque chose, aussi étonnant que cela puisse paraître.

Kaisa manqua de froncer les sourcils face à son discours. Non, elle n’avait rien contre les mutants. Les chasseurs par contre… Elle avait un peu plus de mal à garder une certaine objectivité. Parce que cette foutue peur ne la quittait jamais vraiment, même si cela n'englobait pas son paternel. C’était moins violent qu’avant, juste un petit frisson le long de l’échine. Son expression ne changea pas alors qu’elle acquiesçait doucement. Polie, calme. Compréhensive.

-Je n’ai pas de soucis à ce sujet. On apprend très vite à être impartial en travaillant ici.

Dans le métier de soignant, il fallait s’adapter. Et aussi accepter les différences des patients. Chacun d’eux étaient humains, et bénéficiaient des mêmes soins en conséquence. Cela impliquait aussi de soigner des criminels pour les renvoyer au pénitencier par la suite. Alors, très clairement, les mutations, ça ne la dérangeait pas.

-Pour ce qui est du secret professionnel, je comprends parfaitement.

Ca, la Finnoise en avait parfaitement l’habitude et baignait dedans depuis un petit moment.

-Je n’ai jamais vraiment travaillé avec les médecins légistes, ni avec le docteur Hymes. Mais je sais comment ça se passe. Le plus souvent, nous n’avons que de brèves réunions lorsqu’il y a une mort dont il faut éclaircir les circonstances au sein de l’hôpital, comme les erreurs médicales. Pour tout ce qui est des termes techniques, ça ne devrait pas poser de problèmes.

Elle connaissait son sujet, mine de rien. Elle avait compensé son amnésie en engrangeant le plus de connaissances médicales possibles. Ca occupaient les nuits où ses angoisses l’avaient maintenue éveillée. Et sa mémoire monstrueuse tenait de l’avantage sur ce point.

Après apprendre la mort brutale d’un humain n’avait rien de réjouissant. Et le fait qu’un mutant soit impliqué risquait de compliqué certains points, aussi. Le principal concerné répondrait face à la justice, dans tous les cas. Ca serait à un juge de décider s’il était coupable ou innocent. C’était ce qui importait le plus, non ? Kaisa se raccrochait comme elle pouvait à certaines de ces convictions. Même si elle savait qu’elle ne serait jamais aussi impartiale si cela se rapprochait de sa famille. De ses amis. Qu’elle serait sûrement capable de beaucoup trop de choses dès que l’on touchait à ces derniers.


-Je vais faire de mon possible pour te renseigner, dans tous les cas.

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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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SUR TH DEPUIS : 25/08/2015
MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeSam 25 Fév 2017 - 18:37

i just have a few questions
Kaisa & Artur



Au premier abord, Artur était le collègue le plus sympathique qu’il puisse être. Avenant, avec toujours un compliment, un mot sympathique ou une remarque tenant du badinage à faire, il n’oubliait pas les anniversaires et encore moins la date de naissance des enfants des autres et souriait avec indulgence lorsqu’on venait prendre de son temps pour s’extasier sur les agaga de sa progéniture, s’énerver contre la pluie qui persistait ou s’inquiéter de l’absence de réponse d’une conquête depuis la soirée d’avant-hier soir. Au premier abord, Artur avait toujours entretenu avec soin l’apparence du collègue sympathique, sociable mais pas trop, distant mais pas trop, timide mais pas trop, discret mais pas trop, celui avec qui on se sentait en confiance mais vers qui on n’allait pas non plus systématiquement se tourner - merci pour lui il avait autre chose à faire. Au premier abord, et même au second, Artur était un homme sûr de lui, rassurant, tranquille. Si on pouvait lui reprocher de manquer d’humilité et de compréhension, d’avoir ses mauvais jours, ses mauvais moments et ses sujets sensibles, on ne pouvait vraiment pas le qualifier d’antipathique. Pas tant qu’on ne creusait pas derrière une façade lisse et sans prise, pas tant qu’on n’écorchait pas ses armures pour dévoiler son arrogance et son mépris quasi constant pour toute personne s’invitant dans sa vie sans qu’il ne le lui autorise. Et il n’autorisait que très peu de personne à le faire. Artur, finalement, avait tout en main pour se faire apprécier, gravir rapidement les échelons. Tout. Sauf qu’il avait chuté, douloureusement, sauf qu’on l’avait poussé en bas du précipice, sauf qu’il était brisé, qu’il avait tout perdu alors même que rien n’était visible au premier abord.

Depuis qu’il avait repris le travail, Artur réapprenait à vivre. Mieux, il réapprenait à être lui. Pas uniquement à être une façade, mais aussi à se départir de sa neutralité affectée. Il réapprenait à se comporter normalement, aussi normalement qu’il le pouvait du moins. Il réapprenait à s’agacer de la lenteur des imbéciles, il réapprenait à se moquer des idiots obséquieux, il réapprenait à se reconstruire, à marcher sans la béquille que lui offrait l’impassibilité. Il réapprenait à savourer les contacts humains comme il ne l’avait pas réellement fait depuis bien trop d’années. Depuis plus d’une décennie, lui soufflèrent des souvenirs qu’il refoula sans plus attendre lorsque ses mains déposèrent deux cafés sur la table et qu’il sourit à Kaisa. -Merci. Ne plus penser aux décombres dispersés de son esprit, c’était indispensable pour lui, surtout maintenant. Surtout alors qu’il s’était estimé capable de reprendre le rythme normal de son travail, surtout alors qu’un rien pourrait lui faire perdre non seulement son poste mais aussi sa réputation, sa crédibilité et ses lettres de recommandation pourtant déjà fortement malmenées.

Ne pas y penser. Se concentrer sur son travail, se concentrer sur le dossier, sur les précisions qu’il devait apporter, sur la pertinence du choix de chacun de ses mots, de chacune de ses phrases. Artur aimait le défi, surtout lorsqu’il était intellectuel. Il aimait passer des jours sur un même problème tant qu’il avait la certitude d’avoir les clés pour le résoudre. Il aimait prendre les choses en main, qu’elles soient faites, bien faites, il aimait être l’homme de la situation. Et ce dossier incomplet, ce besoin qu’il avait d’en savoir plus, de faire la lumière sur cette affaire… c’était l’occasion pour lui de se plonger dedans, d’oublier sa réalité et les derniers mois, d’oublier ces dernières semaines et le désastre de début janvier. Il se concentrait lorsqu’il parlait, pourtant sur un ton léger. Il se concentrait, et il nota immédiatement le froncement de sourcil de Kaisa sans savoir pour autant comment l’interpréter. -Je n’ai pas de soucis à ce sujet. On apprend très vite à être impartial en travaillant ici. Ce fut au tour d’Artur d’acquiescer légèrement. De l’impartialité, c’était tout ce dont il avait présentement besoin. De l’impartialité. De l’objectivité. Et plus de subjectivité, plus de sentiments, plus d’émotions pour biaiser le jugement. Juste de l’impartialité, du professionnalisme… et du savoir-faire. Des réponses à ses questions. En quelques mots, il résuma son problème, en quelques mots, il planta aussi les bases de la problématique à laquelle il était confronté. -Pour ce qui est du secret professionnel, je comprends parfaitement. Je n’ai jamais vraiment travaillé avec les médecins légistes, ni avec le docteur Hymes. Mais je sais comment ça se passe. Le plus souvent, nous n’avons que de brèves réunions lorsqu’il y a une mort dont il faut éclaircir les circonstances au sein de l’hôpital, comme les erreurs médicales. Pour tout ce qui est des termes techniques, ça ne devrait pas poser de problèmes. Un froncement de sourcils ponctua la déclaration de Makinen. Jamais travaillée avec les légistes et encore moins avec le médecin en charge du dossier : le brun ne mit pas plus d’une poignée de seconde à en tirer les conclusions qui s’imposaient : on n’avait pris la peine de prendre en compte et en considération sa requête que pour l’occuper et le faire taire, que pour l’envoyer jouer ailleurs. Et on lui avait détaché et envoyé cette interne juste pour ne pas prendre le temps d’autres médecins.

Insultant. Autant pour elle que pour lui. Autant pour ses capacités que les siennes, autant pour son travail que pour celui qu’elle devait effectuer. Insultant pour les deux et Artur en eut presque pitié de la pauvre fille qui n’avait pas demandé à être ainsi ridiculisée. Et qui ne s’en rendait certainement même pas compte. -Je vais faire de mon possible pour te renseigner, dans tous les cas. Il sourit légèrement, hésitant entre interrompre cet entretien voué à l’échec tout de suite et transformer le défi en tout autre chose. Elle allait faire son possible. Bien. Maintenant c’était à lui de voir s’il était prêt, lui aussi, à faire tout son possible avec le jeu pipé qu’on venait de lui mettre entre les mains. Et à se laisser entraîner vers un travail sabordé qui pourrait le faire couler, et la faire couler elle en cas de mauvaises conclusions. Artur hésita.

Et hésita encore. Avant de prendre une décision. « Je vais être franc avec toi, Kaisa. » Il ouvrit un des dossiers anonymes qu’il avait sorti du poste de police pour les lui présenter, un de ces dossiers auxquels on avait ôté toutes les informations confidentielles pour ne laisser que des faits, vides de sens sans contexte ; juste ce qu’il y avait de pertinent. Et pourtant, des faits lacunaires. « Tu n’es clairement pas qualifiée pour ce dont j’ai besoin actuellement. Tu sauras répondre à mes questions de base, mais si tu n’as pas d’expérience poussée en médecine légale et aucun cadavre à portée de main, tu vas vite te retrouver aussi coincée que moi. » Il chercha dans son regard un signe quelconque lui permettant de savoir qu’elle avait compris ce qu’il sous-entendait. « Soit ceux à qui j’ai demandé un avis médical ne m’ont pas pris au sérieux, soit ils n’ont pas spécialement envie que je fournisse un compte rendu suffisamment précis pour qu’on puisse attraper celui qui a fait ça. Dans les deux cas, c’est insultant et pas que pour moi. » D’un mouvement de poignet, il tourna le dossier et le fit glisser en direction de Kaisa. « Qu’est-ce que tu penses de ça ? C’est le compte-rendu du docteur Hymes » S’il ne se trompait pas, elle allait rapidement parvenir à au moins deux conclusions : que le compte-rendu avait été bâclé, et qu’il cachait quelque chose. Les silences étaient bien trop nombreux, il n’y avait pas de chiffres, pas de taux clairs, pas d’analyses complètes, il n’y avait que de la poudre aux yeux, et c’était de cela dont Artur aurait aimé discuter avec le docteur Hymes. Pour le mettre devant ses contradictions. Si l’instinct d’Artur, et son intelligence, ne se trompaient pas, Kaisa allait elle aussi arriver à la conclusion que cette enquête était sabordée.

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Kaisa Makinen
Kaisa Makinen

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MESSAGES : 595
SUR TH DEPUIS : 06/12/2015
MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeJeu 2 Mar 2017 - 14:31

i just have a few questions
Artur & Kaisa



La brune aurait pu se vexer face à ses paroles. Lui dire de cordialement aller se faire voir et de se débrouiller tout seul comme un grand. Mais il avait raison et elle le savait parfaitement. Ce n'était clairement pas son travail. Kaisa se débrouillait pour faire des pieds de nez à la mort en sauvant ses patients. Elle ne s'occupait pas de ceux qui occupaient la morgue.

-Le véritable soucis est le manque de cadavre. Interne ou titulaire, ça ne change pas grand chose.

Niveau connaissance théorique, elle n'avait pas de lacunes. Par contre, oui, clairement, elle n'était (et ne serait jamais) médecin légiste. Bien sûr la finnoise respectant leur travail, mais elle ne pourrait certainement pas passer sa journée entourée de personnes décédées.

-Je ne suis qu'interne. C'est insultant, oui, mais c’est comme ça.

Et encore, interne, ça passait. Très clairement, en temps qu’externe, c’était parfois pire selon la personne qui s’occupait de vous et du service. Si vous manquiez de chance, et bien, la machine à café se retrouvait avec un rang bien plus élevé que le votre. Ravaler sa fierté devenait très vite nécessaire. Ce qu’elle ne rajouta pas, c’était qu’on l’avait envoyée parce que son titulaire considérait Artur comme particulièrement agaçant. Tu as su gérer ce William, tu te débrouilleras très bien avec lui. Ca aurait de quoi vexer le jeune homme face à elle. Surtout qu’elle ne le trouvait pas aussi terrible que son supérieur le disait.

Kaisa lut tranquillement son dossier et elle fronça le nez, agacée. C'en était presque incohérent, comme dossier. Et ça cachait quelque chose. Une information la fit tiquer plus que les autres et elle lui retourna le dossier.

-Y a des incohérences. Je peux rien affirmer, sans photos, ni corps. Mais les taux sont censés être précis. Là c'est complètement illogique avec les conclusions qui sont tirées. Tellement que c'est étrange. Imaginons que le docteur Hymes ait voulu saborder l'enquête, elle aurait pu faire ça de manière subtile. Et personne n'aurait compris.

Et c'était surtout ça qui l'étonnait. La médecin légiste était quelqu’un de très méticuleux, intelligente aussi. Elle n’avait pas acquis sa place en battant des cils, bien au contraire. Si elle avait voulut saboter le dossier, personne n’aurait pu le remarquer avant qu’il ne soit trop tard. Et surtout, elle se serait débrouillée pour ne pas être mise en cause. La c’était beaucoup trop… Facile. Oui, il n’y avait pas d’autre mot. Elle même aurait pu réaliser quelque chose de nettement mieux que ça pour faire illusion. Ce qui n’était pas forcément rassurant, mais bon. Il n’avait pas besoin de le savoir.

-C’est plus des bâtons dans les roues à ce stade, ce sont des troncs d’arbres. D’autant plus que l’hôpital ne prend pas vraiment ta requête au sérieux, du moins, pas quand les urgences sont toujours remplies de cette façon.

Aussi mignon et charmant soit-il, ça ne changerait pas ces faits. Les vivants passeraient toujours en priorité devant les morts. Et les titulaires ou les médecins trouveraient toujours des excuses pour ne pas avoir à lui parler. Qu’elles soient vraies ou fausses d’ailleurs.

-La seule qui pourrait mettre ça au clair, c’est le docteur Hymes. Les préparateurs et biologistes voient tellement d’échantillons passer qu’il serait étonnant qu’ils puissent te fournir d’autres détails. Et comme tu le dis, je peux te parler des bases. De termes techniques. Mais je ne pourrais pas éclaircir tout ce qui me paraît vraiment étrange.

D’accord, si une mutation était impliqué, cela pouvait changer certaines données. Mais pas autant. Du moins, pas au point qu’une bonne partie se contredise ainsi. Au final, elle ne ferait que lui montrer ce qu’il savait déjà. Cette affaire promettait d’être un véritable sac de nœuds.

-J’espère qu’elle sera de retour rapidement pour que tu puisses lui parler.

Si elle revient un jour, lui souffla une petite voix au fond de son esprit. Cette petite voix horriblement réaliste. Elle espérait juste que ce ne soit qu’un élan de pessimisme et que sa crainte ne se réalise pas.
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Artur Kovalainen
Artur Kovalainen

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MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeDim 19 Mar 2017 - 20:29

i just have a few questions
Kaisa & Artur



Artur maîtrisait la langue de bois comme un politicien. Il manipulait aussi facilement qu’il respirait, mentait plus naturellement que la plupart des gens et agissait le plus souvent davantage par calcul que par impulsivité. Aussi, lorsqu’il concédait quelques vérités et de rares propos aussi honnêtes qu’incisifs, ce n’était jamais par hasard, toujours par stratégie et pour un objectif bien précis. En l’occurrence, jauger les réactions de Makinen avec attention. Et aussi suivre une intuition nouvelle. L’attitude de l’interne lui confirma sans attendre que non seulement il avait vu juste, mais qu’en plus il venait de gagner quelques points, après une manœuvre plus que risquée. Ces derniers mois houleux, pour ne pas dire simplement douloureux, avaient peut-être transformé l’ingénieur en profondeur, étaient peut-être allés jusqu’à déconstruire jusque dans ses fondements pour qu’il se retrouve obligé de se redéfinir et de se reconstruire dans un même temps, Artur restait, finalement, le même. Un changement de poste, un changement de ville, un changement de contexte et d’entourage, un changement de comportement… tout autour de lui n’était peut-être que constante évolution, qu’un cycle destiné à une redéfinition de son identité pour mieux déterrer sa véritablement nature jusque-là enfouie sous des années de faux-semblants, tout cela ne le recréait pas pour autant. Changement oui. Autour de lui. Mais intérieurement... Intelligent, Artur l’avait toujours été. Manipulateur, aussi. Jaloux, encore plus. Rancunier et revanchard, c’étaient des adjectifs qui lui collaient à la peau depuis son plus jeune âge. Et même si l’influence de Ciaran, dont il lui arrivait encore de douter, blessé autant dans son amour-propre que dans sa psychée, avait joué avec tout cela pour mieux exacerber tous ses sentiments jusqu’à modifier jusqu’à son comportement, le mutant n’avait rien créé. Juste arrosé ces multiples petites graines qui attendaient d’éclore. En l’arrachant à l’influence du dégénéré, peu importait la manière employée, Moira avait offert à Artur l’opportunité de recommencer à zéro sur le plan des sentiments.

Et cette confiance, ce risque qu’Artur venait de prendre avec Makinen, en était l’une des preuves les plus flagrantes de cette mutation interne qu’il était en train de vivre. Artur sortait d’un cocon d’apathie. Plus sensible aux autres, moins porté sur la haine, le dégoût et le mépris ; plus attentif à son intuition d’être humain social. Plus dangereux, très certainement. Et quelque chose, dans la réaction de l’interne, lui confirma que du point de vue de la dangerosité, elle n’était pas en reste. -Le véritable souci est le manque de cadavre. Interne ou titulaire, ça ne change pas grand-chose. Il acquiesça. « Fort juste » Le manque de cadavre allait être un point bloquant, à un moment donné, s’il leur était définitivement impossible de placer plus que des hypothèses incertaines sur les gros manques dont était ponctué le dossier. Et plus encore si on les percevait réellement comme deux gamins à occuper pour faire plaisir à leurs chefs. -Je ne suis qu'interne. C'est insultant, oui, mais c’est comme ça. Artur acquiesça, une nouvelle fois. Insultant, le terme était clairement adapté à ce qu’il était en train de se passer. D’autant plus qu’Artur était ici avec l’aval d’un département de police d’une autre ville, pour s’informer sur un dossier traité par un médecin légiste affilié à l’hôpital de Radcliff, ce qui présageait très certainement de complexités administratives passées, présentes et à venir que tout le monde allait vouloir éviter dès qu’elles allaient devenir trop encombrantes. Quitte à confier le dossier à la ville de Radcliff et à l’enlever des mains d’Artur. Quoiqu’il en soit…

Cette affaire était un défi, aux yeux de l’ingénieur. Un défi qu’il comptait bien relever et réussir, un défi qu’il ne pouvait refuser ou ignorer. Et un défi pour lequel il allait avoir de l’aide, selon toute vraisemblance, puisque Makinen ouvrir le dossier et le lut sans qu’il n’ait besoin de rajouter quoique ce soit. Artur profita de la lecture attentive – et rapide – de l’interne pour l’observer tout en buvant à petites gorgées un café trop chaud. -Y a des incohérences. Il ne chercha pas une seule seconde à étouffer le sourire de connivence qui naquit aussitôt sur ses lèvres. Elle venait de faire – plus rapidement que lui d’ailleurs -  la même observation que lui à sa première lecture du rapport. Je peux rien affirmer, sans photos, ni corps. Mais les taux sont censés être précis. Là c'est complètement illogique avec les conclusions qui sont tirées. Encore une fois, l’illogisme des conclusions résumées en fin de rapport lui avait aussi sauté aux yeux. Jusque-là, vraiment, il avait la confirmation de ce dont il était déjà presque persuadé. Tellement que c'est étrange. Imaginons que le docteur Hymes ait voulu saborder l'enquête, elle aurait pu faire ça de manière subtile. Et personne n'aurait compris. Là en revanche… Artur ouvrit la bouche pour mieux la refermer. Ne pas l’interrompre maintenant, même s’il n’était pas d’accord. La laisser poursuivre sa réflexion, affermir ses conclusions, énoncer ses certitudes. -C’est plus des bâtons dans les roues à ce stade, ce sont des troncs d’arbres. D’autant plus que l’hôpital ne prend pas vraiment ta requête au sérieux, du moins, pas quand les urgences sont toujours remplies de cette façon. La seule qui pourrait mettre ça au clair, c’est le docteur Hymes. Les préparateurs et biologistes voient tellement d’échantillons passer qu’il serait étonnant qu’ils puissent te fournir d’autres détails. Et comme tu le dis, je peux te parler des bases. De termes techniques. Mais je ne pourrais pas éclaircir tout ce qui me paraît vraiment étrange. J’espère qu’elle sera de retour rapidement pour que tu puisses lui parler. Une grimace et un haussement d’épaule, Artur hésita sur comment interpréter tout cela. Car il avait beau savoir qu’elle avait raison, il ne pouvait s’empêcher de garder en tête que non seulement, il n’obtiendrait aucune aide de la part de Hymes quand bien même il pourrait, dans un futur proche, avoir un rendez-vous avec elle, mais aussi qu’il n’avait tout simplement pas le temps de l’attente.

De l’avis de Kaisa, de toute évidence, la chose était simple. Hymes n’était en rien coupable du sabordage du dossier et pourrait avoir des réponses. De l’avis d’Artur, même si la culpabilité d’Hymes ne souffrait d’aucune preuve, son innocence n’était, elle non plus, pas plus certaine. « J’espère aussi, mais je doute avoir le temps pour ça. Je ne sais pas si tu as vu, mais… » Artur ferma le dossier, pointa du doigt l’entête du document, indiquant la police d’Elizabethtown. « le Dr Hymes a fait une autopsie pour la police d’Elizabethtown, du coup, le dossier risque d’être tiraillé entre les deux postes de police. Mes supérieurs pourraient bien… » Artur hésita un instant, ouvrit à nouveau le dossier à une page annotée dans la marge par ses notes au crayon gris. Des notes minutieusement écrites, de son écriture des plus scolaires et lisibles, comme s’il était instituteur en classe primaire. « Regarde les différents taux. Corrige-moi si je me trompe, mes cours de toxicologie remontent à des années, mais pour avoir un taux aussi élevé… j’ai du mal à qualifier ça d’accident ou d’abondance due à une surexposition comme Hymes semble l’indiquer. Et il n’y a pas non plus, toujours d’après Hymes, de marque d’ingestion ou d’injection…. C’est illogique. Après… et ça c’est du chipotage… si tu fais attention, l’encre de cette page n’est pas tout à fait la même que celle des autres pages du rapport… j’ai l’impression qu’elle a été imprimée après tout le reste… » Artur s’interrompit, incertain. « Enfin, ça ne t’intéresse peut-être pas, tout ça. » Il chercha dans sa poche un crayon gris pour le tendre à Makinen. « Est-ce que tu pourrais juste parcourir la liste des différents taux relevés et me mettre un trait à côté de ceux qui sont trop élevés ou trop bas à ton avis, et ensuite, je te laisse tranquille. » Une nouvelle fois, il s’interrompit. « Tu es née à Radcliff, j’imagine ? Être médecin dans ce genre de ville, ça doit autant être l’enfer que de faire partie de la police… »

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Kaisa Makinen
Kaisa Makinen

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MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeMer 29 Mar 2017 - 21:20

i just have a few questions
Artur & Kaisa



-Ils risquent de classer l’affaire si elle traîne trop en longueur ?

Pas de preuves, pas de peines
. Une voix plus grave, lointaine, qui le lui murmurait doucement à l’oreille. Une triste vérité. Une constatation. Mais avec le nombre de dossiers qu’ils avaient sur les bras et avec le fait que l’affaire soit partagée entre les deux villes... La probabilité que cela se produise augmentait considérablement. Vu l'expression du jeune homme, la situation pressait de plus en plus.

Un sourire étira ses lèvres alors qu’elle acceptait le crayon, son regard dérivant sur les pages et ses annotations, plus lentement cette fois ci. Parce qu’il ne serait pas normal, qu’elle puisse retrouver tout ce qui avait bien pu attirer son attention sans relire. Parce qu’elle refusait d’attirer l’attention sur cette facette de sa personne. Cela pourrait compliquer bien trop de chose. La mettre inutilement en danger. La brune n’avait pas particulièrement envie de se faire tirer comme un lapin, merci bien. Même sans mutation, le cerveau humain pouvait s’avérer bizarre. Et le sien avait décidé de lui faire une blague d’un goût particulièrement douteux. Une mémoire eidétique. Pour une amnésique. Elle même avait ri face à l’ironie de la situation.

-C’est trop haut pour un accident ou une simple surexposition. A moins que l’exposition en question ait été particulièrement prolongée. Encore une fois, le manque de cadavre pose un problème. Avec un accès au corps, ce n’est pas bien difficile de vérifier.

Mais encore une fois, ils se retrouvaient dans une impasse. Dans quelle histoire le docteur Hymes avait-elle été embarquée ? Un véritable nid de vipères bien venimeuses, à n'en pas douter. Quoi qu'il se passe, toutes les preuves pointait dans la direction du médecin légiste. La désignant coupable, encore et toujours. Et le Kovalainen ne croyait pas en l'innocence de cette femme qu'elle avait croisé quelques fois durant l'année. De quoi réveiller son esprit de contradiction, la poussant à prendre sa défense, ne serait-ce qu'un peu.

La brune marqua chaque taux suspect en silence, fronçant une nouvelle fois les sourcils en l’écoutant. Non, elle n’avait pas fait attention à l’encre différente. Détail étonnant, vraiment. Pourquoi changer le document de cette manière ? Il aurait dû être remis en même temps que le dossier. Mais maintenant le premier documents avait sûrement été effacé. Pouvait on le retrouver malgré tout sur le disque dur ? Elle n’en avait aucune idée. L’informatique et la finnoise…. Et bien… Elle n’avait clairement pas les compétences d’un hacker.

-Je suis née ici, oui, mais je n’y vis que depuis deux ans.

Pas la peine de rajouter un commentaire sur son amnésie, elle préférait garder cette information sensible pour elle. Ces derniers temps, tout partait trop facilement en vrille, et la brune avait besoin d’avoir le contrôle sur au moins un bout de son existence. Même s’il ne s’agissait que de petites informations qui pouvaient paraître sans importance. Ne jamais laisser transparaître ses faiblesses. Une phrase qu'elle comptait appliquer le plus rapidement possible. Une précaution qui ne serait pas de trop, quand l'on connaissait son entourage. A se demander comment elle pouvait posséder un tel caractère.

-C’est pas simple tous les jours.

Réponse bateau, lancée par automatisme. Inoffensive. Un autre mécanisme de défense, cachant ses émotions, tout ce qu’elle pouvait vraiment ressentir à ce sujet. Pour ne pas parler des horreurs qu’elle avait aperçu. Des choses que l’on aurait préféré ne jamais voir. L’image d’une petite qui avait reçu une balle lui effleura l’esprit. Tout ça pour quoi ? Qu’avait donc pu faire une pauvre gosse pour recevoir un tel traitement ? Sauf qu’à Radcliff plus qu’ailleurs, la probabilité de tomber sur un Hunter se faisait ressentir. Alors oui, le Kovalainen possédait ce charisme qui rassurait les gens et les mettaient à l’aise. Sauf qu’elle ne le connaissait pas. Ce qui changeait entièrement la donne, et étouffait ce qu’elle pouvait bien avoir sur le coeur quand à ce sujet.

-On est bien obligé de s’adapter.

Sinon, il y avait bien l’option de partir. Mais pour aller où ? Pourquoi ? Pour le moment, elle se contentait de ce qu’elle avait. Aussi bancale que cela puisse paraître.

-Et toi ?

Une curiosité innocente. A cause de ce nom de famille si particulier qui la ramenait invariablement à Moira. Elle se retenait de lâcher quelques mots en finnois, juste pour vérifier ses suppositions.
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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeDim 9 Avr 2017 - 14:38

i just have a few questions
Kaisa & Artur



-Ils risquent de classer l’affaire si elle traîne trop en longueur ? Artur acquiesça. Ils risquaient, en effet. « Ou pire. Ils peuvent devoir la céder au poste de police de Radcliff et je perdrais alors tout droit de visu et de suivi. » Il articula posément, sans se départir d’un petit sourire mais non sans un certain agacement naturel mais calculé. Il le ressentait cet agacement, et pas uniquement à l’idée d’être déchargé de l’affaire. Un sentiment qui l’envahissait dès qu’il repensait à son éviction injustifiée, à ses yeux du moins. Un sentiment mais surtout un profond ressentiment et un besoin de vengeance que l’on pouvait, de toute manière, appliquer à toutes les facettes de sa vie. Besoin de revanche face à la loterie des gènes, de revanche face aux propos tenus par son père et sa langue bien pendue, de revanche face au mutant qui l’avait réduit en miettes. Aux mutants, très exactement. Si Malachi lui avait permis de retrouver une certaine intégrité émotionnelle, il n’était pas pour autant en odeur de sainteté avec Artur. Il avait dû pour cela le déconstruire, le disséquer, abattre avec violence des constructions artificielles qui avaient peut-être réduit Artur à l’état de simple marionnette pendant des années, mais qui maintenaient aussi les fils du pantin. Artur s’était effondré, sans ces fils, et s’il concevait une certaine reconnaissance pour sa liberté retrouvée, son orgueil, lui, était incapable d’oublier. Incapable d’accepter. Presque incapable, aussi, de tourner la page. Son esprit était peut-être vierge de toute manipulation, il l’était aussi de tous sentiments, de toutes émotions, après être passé par les mains du motiopathe. Vierge, blanc comme neige, ouvert à de nouveaux dessins. Terrain offert à tout un tas de sentiments plus forts les uns que les autres, avec en tête le ressentiment. La rancœur. La colère. Des sentiments qui noircissaient la page sans aucune limite, avec la violence de la liberté retrouvée. Artur était peut-être plus stable que jamais au regard de ces derniers mois, il n’était encore pas vraiment l’image même de la stabilité mentale. Loin de là, même.

Ce n’était pas pour rien, après tout, qu’il se plongeait avec tant de volonté dans son travail. Ce n’était pas pour rien, après tout, qu’il s’accrochait à ce dossier avec ténacité, qu’il était prêt à explorer toutes les pistes sans a priori et plus encore à accorder sa confiance à une totale inconnue, en ne s’appuyant que sur son instinct pour prendre cette décision. Un crayon, un dossier, il tendit le tout à Makinen, la mettant au défi d’affirmer comme d’infirmer ses pressentiments quant à la cohérence du tout. Artur n’était pas médecin, n’avait pas la prétention de l’être mais il avait suffisamment de connaissance dans le domaine pour sentir que quelque chose n’allait pas. Il avait juste besoin d’une confirmation. D’une toute petite confirmation. Comme le regard lent et concentré qu’elle était en train de poser sur les pages. -C’est trop haut pour un accident ou une simple surexposition. A moins que l’exposition en question ait été particulièrement prolongée. Encore une fois, le manque de cadavre pose un problème. Avec un accès au corps, ce n’est pas bien difficile de vérifier. Artur acquiesça. « On est donc bien d’accord » il ne put s’empêcher de commenter. Hymes était à ses yeux un coupable idéal, un suspect évident ou encore au moins un élément clé de cette enquête qui hurlait à plein nez la corruption, le secret et les embrouilles. Une odeur qu’Artur n’arrivait pas à ignorer. Chaque froncement de sourcils de Kaisa était un argument en plis. Chaque hésitation qu’elle avait à la lecture des différentes lignes incohérentes était une preuve de plus qu’une fois encore, Artur ne s’était pas trompé. Et s’il commença à engager la discussion sur un sujet autre que le dossier, ce ne fut que lorsqu’il envisagea de proposer à Kaisa d’enquêter plus loin avec lui. De collaborer avec lui, sur la durée.

-Je suis née ici, oui, mais je n’y vis que depuis deux ans. C’est pas simple tous les jours. On est bien obligé de s’adapter. Mécanisme de défense, timidité ou simple distance imposée, Artur eut un sourire amusé devant les réponses qu’elle lui offrit quelle que puisse être leur nature. Ce n’étaient pas seulement des réponses bateau, des réponses lapidaires et aseptisées par bien des aspects, c’étaient aussi un peu de pain jeté aux pigeons pour les satisfaire et les éloigner. -Et toi ? Avant de, bien évidemment, renvoyer la question. Prévisible. Si prévisible, ne put que penser Artur, sans savoir s’il s’y était attendu réellement ou si ce n’était pas uniquement son ego qui venait de prendre les commandes. Un soupir, toutefois, et Artur commença à répondre. Il n’avait rien à cacher. Taper son nom et son prénom sur Google suffisait à trouver certains de ses travaux universitaires, les articles qu’il avait pu cosigner à l’occasion et quelques broutilles provenant d’un compte facebook laissé à l’abandon. « Un peu plus compliqué que toi. Je suis né en Chine, à Pékin, mais juste parce que mes parents sont du genre à changer de pays tous les trois ans. Je ne suis dans le coin que depuis… un an, guère plus ? Une recommandation par le biais d’un ami et… » Ami. Ciaran était-il réellement un ami, finalement ? Artur sentit son cœur se serrer, une pointe de douleur éclore dans sa poitrine et une migraine approcher à toute allure, comme à chaque fois qu’il songeait à son mentor. Il inspira profondément. « Bref, voilà. Pour en revenir au dossier… » Changer de sujet de conversation : voilà la défense qu’Artur maîtrisait le mieux, même si d’ordinaire il le faisait de façon bien plus subtile. « … est ce que tu saurais me rédiger un compte-rendu de ton opinion dessus ? Ca me serait bien utile pour mes supérieurs, justifier un peu plus de budget alloué, histoire que l’affaire reste ouverte à défaut de rester dans mes mains… » Ce qui était son objectif premier. « Et… est-ce que ça t’intéresserait que je te tienne au courant des avancées… voire qu’on travaille ensemble ? » Voilà qui n’était, en revanche, pas l’un des buts visés en arrivant à l’hôpital un peu plus tôt. Mais Artur n’avait finalement que très peu d’amis, très peu de connaissance et avec Makinen, aussi étrange que cela pouvait paraître lorsqu’on le connaissait un peu, il se sentait à l’aise.  

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Kaisa Makinen
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MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeMar 18 Avr 2017 - 21:03

i just have a few questions
Artur & Kaisa



La brune se mordilla la lèvre alors qu’elle continuait de parcourir ses notes. Ca sentait mauvais cette histoire. Enfin… Elle ne pouvait pas y faire grand-chose. Elle se contenta de souligner les derniers chiffres qui lui paraissait suspect. Tout listant ce qu’elle lui décrirait dans le compte rendu. Son écriture n’avait rien de celle, appliquée, que le jeune homme possédait. Raison de plus pour le faire via ordinateur.

En effet, son histoire semblait plus complexe que la sienne. Il avait dû voir pas mal d’endroits différents. Elle ne rivalisait pas vraiment au niveau voyage, du moins, pas avec ce qu’elle savait. La Finlande…. et Radcliff. Henrik l’avait-il emmenée ailleurs ? Avaient-ils passé des vacances comme les familles normales ? Le Makinen faisait-il parti de ces hommes froids et distants avec tout le monde ? Avait-il été un parent présent et aimant ? Une petite part d’elle y croyait, refusant en bloc l’image décrite dans le dossier. Celle d’un homme cruel, dangereux. Sans scrupules. Le miroir de son père ? Possible. Plus que probable même. A croire que son affection se dirigeait pour des causes perdues.

L’hésitation sur le mot ami titilla son attention, avant qu’elle ne le mette de côté Cela pouvait tout aussi bien être une broutille, comme un problème bien plus important. Avec le changement de sujet, la deuxième option semblait nettement plus probable. Chose qui ne la regardait absolument pas, au final. Il fallait qu’elle calme sa méfiance. Au moins un minimum. Le brun n’était pas un ennemi, n’est ce pas ? Elle n’avait pas besoin de disséquer ses émotions et ses gestes pour se sentir en sécurité. Il était venu demander de l’aide. Pas lancer un interrogatoire.

-Oui, je pense pouvoir commencer ça dans la soirée.

La Makinen aurait pu rechigner, lui faire comprendre qu’avec ses horaires de travail, elle n’avait pas forcément le temps d’effectuer tout cela. Sauf qu’elle éprouvait de la gratitude. Sans le savoir, le Kovalainen lui offrait l’excuse rêvée pour réduire ses heures de sommeil sans que cela ne tire une sonnette d’alarme du côté de Gray ou d’Aspen. Ce, même s’ils avaient sûrement remarqué la nervosité de la jeune femme ces derniers jours. Les cauchemars avaient fait leur grand retour, plus vivides qu’auparavant. De quoi la réveiller au milieu de la nuit, le tout en essayant de ne pas hurler et de réveiller ses pauvres colocataires. Elle s’améliorait de plus en plus à ce niveau, malgré les cernes qu’elle effaçait avec application le matin.

-Après, j’espère que l’avis d’une interne les intéressera suffisamment…

Ce qui se révélait nettement moins sûr. Son rang au sein de l’hôpital risquait de lui faire défaut. Un titulaire ou un chef de service aurait possédé nettement plus de poids. Kaisa ne pesait pas bien lourd dans la balance. La brune n’était qu’un bébé dans le milieu. Mais elle espérait que cela lui apporterait au moins un sursis.

Sa proposition ne tomba pas dans l’oreille d’une sourde et elle lui sourit, un peu plus détendue. Doucement, le jeune homme abaissait ses barrières, contournait sa méfiance. Sans s’en rendre compte, sûrement.

-Oui, j’aimerais bien.

Malgré ses paroles contenues, son regard la trahissait et dévoilait à quel point elle voulait vraiment en savoir plus. Parce qu’elle était terriblement curieuse. Un vilain défaut ? Oui, sûrement. Sauf que Kaisa n’était pas parfaite et elle ne le serait jamais, elle en avait bien conscience.

-Je te laisse mon numéro ? Ca sera plus simple pour qu’on se tienne au courant.

Pas de sous entendus. Rien. Une simple proposition qui coulait de source. Elle ne l’imaginait pas faire le trajet juqu’à l’hôpital à chaque fois, ce serait parfaitement idiot.


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Artur Kovalainen
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MessageSujet: Re: i just have a few questions ≈ kaitur   i just have a few questions ≈ kaitur Icon_minitimeJeu 18 Mai 2017 - 17:28

i just have a few questions
Kaisa & Artur



A bien y regarder, les choses ne s’étaient pas du tout passées telles que Artur aurait pu les prévoir. Et pourtant, elles s’étaient, dans un sens, bien mieux passées que ce qu’il aurait pu croire, s’il avait tenté d’anticiper tout cela. Il n’avait pas été pris au sérieux par ses supérieurs et le personnel de l’hôpital, oui, mais au moins avait-il face à lui une jeune étudiante de son âge, de son niveau et visiblement tout à fait apte à le suivre dans ses réflexions. Il n’avait pas eu l’estime de ses supérieurs, juste leur mépris et leur complaisance d’êtres plus expérimentés mais il avait au moins trouvé une alliée des plus inespérées en la personne de Kaisa. Sa manière de se mordiller la lèvre, de lire à toute vitesse des rapports pourtant complexes, ses mimiques quand elle réfléchissait, sa façon de tenir un stylo… Artur n’était peut-être pas familier avec tous ces sentiments en roue libre qui lui martelaient les tempes depuis le drame de la fin d’année 2015, il parvenait malgré tout à comprendre une chose : non seulement il avait confiance en elle, une confiance tenue et inexpliquée mais bienvenue, mais il l’appréciait également. Le deuxième fait provoquant très certainement le premier, lui chuchota son esprit scientifique tandis que Kaisa effectuait une liste complémentaire de ce qu’elle pourrait lui rédiger dans le compte-rendu qu’il venait de lui réclamer.

Il l’appréciait. Artur avait un esprit brisé, une psyché plus fragile que jamais, un besoin de comprendre, de savoir, de retrouver ses marques et son équilibre tel qu’il se raccrocha, inconsciemment, à cette simple affection naissante, née du néant et pourtant déjà là, comme une graine qui aurait soudainement reçu la gouttelette d’eau nécessaire à sa croissance et qu’elle guettait depuis des mois. Artur l’appréciait et ce fut cela, très certainement, qui le poussa à se confier, dans un badinage élémentaire sur sa naissance en Chine, son enfance un peu partout sur les différents continents du globe. Des petits aveux sur lui-même, en échange d’aveux sur elle-même, des aveux qui prirent fin à l’instant où Artur manqua de justesse d’approcher l’extrême limite de son self-control. Ciaran. Le brun se rembrunit, cessa de respirer, changea de sujet pour mieux réaborder l’histoire du compte-rendu. -Oui, je pense pouvoir commencer ça dans la soirée. Il eut instantanément un petit sourire : il n’en demandait pas tant mais… « Si ça ne t’embête pas… ce serait vraiment sympa » Compléta-t-il sans oser la décourager de mettre tant d’application dans son travail, dans un travail qu’elle n’aurait jamais dû avoir à faire, d’ailleurs, dans un monde normal. Chose qu’elle appuya d’ailleurs sans plus tarder dans un -Après, j’espère que l’avis d’une interne les intéressera suffisamment… qui attira immédiatement aux lèvres de l’Irlandais une petite moue exaspérée. D’un mouvement de main, il tenta de lui faire comprendre de ne pas se soucier de ça, pour le moment. « Ça, j’en fais mon affaire, ne t’inquiète pas. J’ai fait les démarches, j’ai obéi à mes supérieurs en complétant et solidifiant le dossier d’autopsie et mes analyses, si l’hôpital n’a pas pris ma demande au sérieux et m’a aiguillé vers toi, ce n’est pas pour autant que mon rapport, et ton compte-rendu, auront à être mis de côté. » Et cela, il pouvait lui le promettre sans trop de scrupule ni même sans trop de mensonge. Artur avait pléthore de défauts, il ne savait peut-être actuellement plu qui il était ni même ce qu’il ressentait, mais au moins était-il sûr d’une chose : de sa capacité à convaincre. Surtout dans son domaine d’expertise. Surtout face à ceux qui l’avaient embauché alors qu’il avait été jeté de Radcliff avec une aura de paria laissant un goût acre sur son CV. Artur ne se sentait peut-être pas le moins du monde pris au sérieux, il n’y avait aucun doute dans son esprit, a contrario, quant au fait que tout n’allait être qu’une question de temps.

Une question de temps avant que tout ne rentre dans l’ordre. Une question de temps avant qu’il n’arrive à être pleinement lui-même, et à savoir exactement qui il est. Une question de temps, enfin, avant qu’il n’arrive à prendre sur lui et à aller confronter celui qui, d’après l’avis de tous, était au centre de tout ce qui lui arrivait, et depuis le début, sans qu’il ne l’ait jamais suspecté. Un soupir. Un soupir et un changement de sujet, une proposition inopinée, allant de paire avec le trouble du jeune homme, avec sa situation plus que précaire. Tenir au courant des avancées, voilà qui dépassait toutes les espérances d’Artur lorsqu’il était arrivé à l’hôpital un peu plus tôt. Lorsqu’il avait été gentiment éconduit. -Oui, j’aimerais bien. Il eut un sourire devant le sous-entendu présent dans les yeux pétillants de la jeune femme – le même genre de regard, brillant de curiosité, qu’il pouvait parfois observer dans son propre reflet lorsqu’un sujet éveillait tout son intérêt – et plus encore lorsqu’elle prit les devants sur la question suivante qui était pourtant déjà en train de naître sur les lèvres de l’ingénieur. -Je te laisse mon numéro ? Ça sera plus simple pour qu’on se tienne au courant.

« Bonne idée, ce sera bien plus simple. » Son portable se réfugia dans ses doigts, se déverrouilla avec complaisance devant son empreinte digitale, ouvrit un nouveau contact et glissa en direction de Kaisa. « Tiens, complète dans ce cas. Comme ça, tu peux m’indiquer nom et prénoms. » Il lui fit un petit sourire, comme il savait si bien les faire depuis des années. Ces sourires à la véracité facilement remise en question, mais difficilement niable. Ces sourires, des masques posés sur son visage, des masques qui avaient fini par s’y incruster tant et si bien qu’il n’avait plus réussi à les ôter, qu’il n’avait plus été en mesure d’être, tout simplement, sans. Des sourires dont il avait copié tant et tant de fois les originaux qu’ils en avaient perdu tout naturel, devenant davantage des automatismes ancrés que de réelles marques spontanées d’émotion positive. Emotion positive. Artur récupéra son téléphone, se para d’un « Je t’envoie un message, que tu aies mon numéro également » dont il aurait très bien pu se passer et commença à rassembler le dossier pour le ranger et se lever. Inutile de s’attarder maintenant qu’ils avaient le tour du sujet. Le brun tendit une main cordiale. « Je ne vais pas te retenir plus longtemps, j’ai un peu de route pour aller déposer, et rédiger moi aussi un compte-rendu dans mon coin mais… » Mais ? Le sourire d’Artur devint charmeur, sans même qu’il n’y prenne garde. « C’est un plaisir d’avoir fait ta connaissance, Kaisa. »

© Grey WIND.


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