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 (hipporius) No one else is dealing with your demons

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Marius Caesar
Marius Caesar

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MessageSujet: (hipporius) No one else is dealing with your demons   (hipporius) No one else is dealing with your demons Icon_minitimeMar 5 Sep 2017 - 21:01

No one else is dealing with your demons
Hippolyte & Marius



“‘Pa, à moi !” Je lève les yeux au ciel, en poussant doucement de la paume de ma main mon petit gozilla personnel qui veut attraper le papier cadeau - et la boîte qu’il enveloppe - et en faire sa propriété. Quinze mois. Il a quinze mois, mon petit bonhomme, quinze mois, des yeux brillants, une curiosité désespérante, une vitalité à la hauteur de la mienne et une intelligence qui m’effraie parfois. “Non, Sam, ce n’est pas pour toi !” Il fronce les sourcils, revient à l’assaut. Quinze mois, mon petit bonhomme, et il a en plus hérité de moi ma pugnacité. “Si ! Moi !” Il faut que je me morde la lèvre pour ne pas exploser de rire en le voyant agiter ses mains potelées dans l’intention d’agripper ce qu’il pourra atteindre, malgré ma jambe qui fait barrière. “Non Sam, tout n’est pas à toi.” Il faut que je sois patient. Il faut vraiment que j’apprenne à être patient avec lui. Le voilà qui fronce encore les sourcils, mais qui ajoute une moue boudeuse, et une crispation du visage qui n’augure rien de bon. “Moi ! ‘Pa, Moi !” Le voilà qui escalade ma jambe, je mets le dernier morceau de scotch, envoie promener au loin le cadeau enfin empaqueté complètement et me saisis de mon petit bonheur pour le faire voler et lui arracher un grand éclat de rire. “Non, non, non, mon petit prince, ce n’est pas pour toi ce cadeau, tu en as déjà bien trop tu sais…” Un bisou esquimau, il agrippe mes cheveux, rit aux éclats, me fait un câlin éclair et se tortille pour redescendre, parce que c’est bien plus drôle de… “Sam, j’ai dit non.” Il s’immobilise à quelques centimètres du cadeau. Et me fixe avec ses grands yeux bleus et sa lèvre inférieure toute tremblotante. Ne pas céder, ne pas céder, ne surtout pas céder… “A moi ?” Misère, qui lui a appris le moi déjà ? Qui lui a appris à faire les yeux de cocker, qui donc… Ne pas céder, ne surtout pas céder. “Non.” Sa main revient vers lui, effleure le papier, il se relève et court vers moi.

Quinze mois, il me ressemble beaucoup trop mais au moins, au moins, contrairement à moi, il obéit. C’est déjà… il chancelle, se prend les pieds dans le parquet, tombe. Et moi je me précipite sur lui pour le prendre dans mes bras. Et lui, il commence à hurler dès que j’arrive à proximité, je m’écarte à toute vitesse, sentant sans trop savoir comment qu’autour de moi, la physique crie grâce. Mon plus grand cauchemar m’effleure, Samuel hurle à la mort et je suis incapable de le prendre dans mes bras pour me consoler, parce que le parquet, à la densité amoindrie, se marque lentement mais sûrement de nos poids, parce que je suis un monstre et que je n’arrive pas à me contrôler. Parce que je suis tétanisé à l’idée de lui faire subir sans le vouloir ce que j’ai fait subir à Aspen et à Ileana, parce que six mois ont beau avoir passé, rien, strictement rien n’est maîtrisé. Sam se relève, le visage écarlate et des larmes de crocodile dévalant ses joues, il court dans ma direction et je n’ai pas le coeur à l’écarter de moi, je me concentre juste pour contrôler. Intérioriser ce que je ne comprends pas, ce qui relève davantage de l’instinct que de l’intelligence. Samuel tombe dans mes bras, je le sers contre ma poitrine pour le calme, mon petit garçon à moi, et j’ai le soulagement de l’entendre se calmer petit-à-petit.

Et une certaine forme de résignation : il faut que je me décide, enfin, à me séparer de Samuel. Pour sa santé. J’en ai parlé à Moira sans justifier mon raisonnement, elle m’a traité de con. J’en ai parlé à Astrid, elle a grincé des dents mais a fini par dire me faire confiance sur ce que je savais être le mieux pour mon fils. Et le mieux pour mon fils, finalement, et ça se confirme, c’est qu’il ne soit pas mon fils. Que je ne sois pas son père. Et qu’il soit en sécurité loin de moi. Samuel est calmé, moi, je suis résigné.

Et trois heures plus tard, on est dans ma voiture, un mot laissé sur la table à l’attention de Moira, son cadeau planqué dans ma chambre, des sacs dans le coffre, des sacs provisoires, des sacs que je compléterai plus tard. Si jamais je ne reviens pas avec Samuel. J’ai la gorge nouée lorsque je le ficelle avec concentration au siège auto. J’ai la gorge nouée, je continue à retenir ma respiration, comme si garder l’air dans mes poumons m’aidait à garder ma mutation en moi. Je lui donne l’un de ses doudous, une pieuvre informe envoyée par un de mes meilleurs amis - handballeur de son état - et démarre sans plus tarder. On quitte le centre-ville, on entre dans le quartier nord, on contourne Radcliff, on revient dans le centre-ville, de l’autre côté, Samuel ne comprend rien à ce qui se passe mais s’amuse à babiller dans son coin, à me parler sans que je ne comprenne tout, et moi je lui réponds sans même savoir si mes phrases ont un sens, les yeux rivés sur la route, sur le volant marqué plusieurs fois de mes mains, sur le tableau de bord, sur mon objectif qui se rapproche beaucoup trop vite à mon goût. Si vite, d’ailleurs, que je ralentis déjà, que je m’arrête déjà, que je me gare déjà, que je coupe déjà le moteur et que je libère déjà mon fiston pour le prendre dans mes bras. Aucune utilité à sortir la poussette, je contiens tant et si bien ma mutation que je commence à en avoir des difficultés à respirer, Samuel ne risque rien tout contre moi. “‘Pa, où ‘est ?” Où on est ? “On va voir grand-père Hippolyte.” On va dire ça comme ça. “C’est une surprise qu’on lui fait.” J’ai un petit sourire sur les lèvres. Complice. “Tu vas voir, il va adorer. Plus il aura l’air constipé, plus ça voudra dire qu’il est content.” Et pour être content, il va l’être. Depuis quand ne nous sommes-nous pas vu ? Je m’immobilise dans l’escalier, avant de reprendre. Depuis cette nuit ridicule où j’ai débarqué totalement torché dans ces mêmes escaliers. Et lui n’était pas mieux. Mais bon, ça remonte à des mois désormais.

Des mois de silence. Des mois pendant lesquels… j’aide Samuel - fier comme un paon - appuyer sur la sonnette et je lui chuchote à l’oreille des conneries comme je sais si bien en baver sans l’interrompre. “Tu sais, tu vas peut-être rester longtemps ici, mais je suis sûr que Grand-Père te portera pour que tu appuies sur la sonnette. Et tu verras, il y a un jeu génial, chez Grand-Père et Madame la Garce, ça s’appelle “marche sur la queue du chat”, je vais t’apprendre. Et tu vas être en sécurité ici, tu vas voir, mon poussin.” J’ai le temps de continuer dans mes conneries pendant encore bien deux minutes avant que la porte ne s’ouvre et que mon sourire s’évapore.

Le sérieux revient, l’angoisse aussi, cette angoisse et cette colère inhérentes à toutes les apparitions de mon père dans mon champ de vision. Elles s’étaient calmées depuis quelques temps, mais six mois sans se voir… je me sens blêmir, je sens mes traits se durcir. Je sens des souvenirs se pointer. Et surtout, je sens ma mutation qui menace d’exploser, en réponse à tout ça. Avec Samuel dans mes bras. Je me crispe. “Papa.” Je m’impose, force le passage, me dépêche de rejoindre le salon en priant pour ne pas croiser ma mère. Je dépose Sam sur le canapé, le garde dans mon champ de vision, me tourne vers mon père. “J’ai besoin de ton aide.” Pour ne pas dire que j’exige, tout simplement, son aide et son soutien.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: (hipporius) No one else is dealing with your demons   (hipporius) No one else is dealing with your demons Icon_minitimeLun 25 Sep 2017 - 23:04

No one else is dealing with your demons
Hippolyte & Marius



En règle général, le samedi était la journée que tout travailleur et tout écolier attendait avec impatience, la journée pour laquelle on acceptait de trimer toute la semaine durant, la journée qui permettait de souffler, de s'accorder une grasse mat et de rester une heure le nez dans un bon bol de chocolat en se fichant bien d'être encore en pyjama à 10 heures. Le samedi, c'était le jour des sorties au parc, du cinéma, du shopping, du jardinage ou, pour les amateurs de cocooning, la journée du rien. De la détente.

Mais pas pour tout le monde. Car hormis les travailleurs qui continuaient leur semaine, il y avait ceux dont pour qui le concept de week-end était totalement étranger. Vous les connaissez bien, ces gens-là, ces bourreaux de travail, ceux que le repos effraie et qui ne se lèvent le matin que pour vivre leur journée à 100 à l'heure. Hippolyte Caesar faisait depuis longtemps partie de cette catégorie de gens incapables de prendre du recul et toujours le nez rivé dans des chiffres, des dossiers et du travail à ne plus savoir quoi en faire. S'il était désorganisé ? Jamais ! Il aimait ramener un peu de travail à son appartement, relire ce qu'il n'avait pas eu le temps de faire dans la semaine, régler tout ce qui restait en suspend... C'était à se demander comment il passerait la soixantaine : cinq heures de sommeil en moyenne par nuit, des semaines dont il ne comptait plus le nombre d'heures, bien assez de cigarettes fumées en quarante ans pour peupler la planète de plants de tabac... décidément, si Hippolyte était un homme sérieux dans son travail, sa santé le laissait franchement de marbre.

Ce samedi, il s'était levé aux aurores, comme d'habitude, avait embrassé son épouse qui avait ronchonné dans son sommeil, comme d'habitude, et était aller se faire un café en esquivant le trop plein d'amour de Duchesse, son chat, comme d'habitude. Rien de bien extravagant, en soi. Alors qu'il était assit dans son canapé, son café dans une main, un journal dans l'autre et le chat ronronnant bruyamment à ses côtés, son regard avait été attiré par le bar, dans un coin de la pièce. C'était un beau meuble en bois vernis, joliment travaillé et sertis d'or fin. À l'intérieur, vins et spiritueux de choix reposaient en attendant qu'on les serve, masquant comme ils le pouvaient un vieux service à liqueur aux design absolument hideux. Ces mêmes petits verres qui avaient servi quelques mois plus tôt, lors d'une soirée dont il avait peu de souvenirs. Des trous noirs marbraient cette soirée, mais ce dont il était sûr, c'est qu'elle avait été le théâtre alcoolisé de bien trop d'aveux. Des larmes, des regrets, des choix et des paroles avaient été prononcés ce soir-là, tant de choses que lui et Marius avaient pudiquement mis sur le dos de quelques bouteilles de cognac et whisky. Hippolyte en avait retenu une chose primordiale : son fils était un petit garçon perdu dans le noir. Un bambin qui avait désespérément que son père lui tende la main au lieu de l'ignorer.

Alors, Hippolyte l'avait tendue, cette main, il l'avait aidé à se coucher, l'avait bordé comme lorsqu'il était enfant mais au matin, la gueule de bois les avait pris à la gorge, et ils s'étaient quittés dans un marmonnement et la promesse de mettre les choses au clair rapidement. Un rapidement qui s'était transformé en mois de silence complet qui restaient en travers de la gorge du père. Pas un mot, pas une visite ni même un sms. Rien. Comme si tous leurs efforts mutuels avaient été réduits à néant par l'alcool. Hippolyte avait tenté une approche, quelques messages envoyés et restés sans réponses, et puis les semaines s'étaient changées en mois... et le pire était arrivé. En un appel, la vision que le père avait de son fils avait brutalement changée. Il était passé du bambin à aidé à monstre à arrêter. La dernière fois que l'hôpital l'avait appelé, c'était Marius qui était inconscient et enfermé dans une chambre aseptisée. Cette fois, il était plutôt le responsable de l'état de celle qui s'y trouvait. Fractures, hémorragies, traumatisme psychologique... Hippolyte s'était demandé ce qu'il aurait été capable de faire, si sa petite Ileana avait été tuée ce jour-là, et il s'était rendu compte que le ressentiment qu'il avait à l'égard des mutants ne s'était jamais véritablement éteint. N'ayant eu aucun contact avec Marius, il ignorait depuis ce jour si son acte avait été délibéré ou s'il avait simplement perdu le contrôle et, tout au fond de lui, il espérait que ce soit la seconde option. Seulement, à partir de cet instant, Hippolyte s'était muré dans le silence et la colère, incapable qu'il était de comprendre pourquoi Marius en voulait à ce point à une sœur qui n'avait rien demandé à personne et qui n'aurait voulu qu'un peu d'affection de sa part.

Alors les mois s'étaient enchaînés, Lily avait guéri mais la colère d'Hippolyte ne s'était pas tarie. Elle attendit simplement le bon moment pour s'exprimer. Son café avalé et les nouvelles du jour parcourues, il était allé s'enfermer dans son bureau pour continuer de mettre de l'ordre dans ses papiers. Vers 10 heures, Victoire était venue le trouver et lui proposer son aide, qu'il avait gentiment refusé. Après lui avoir dit qu'elle se rendait au vernissage d'une exposition à Louisville, elle l'avait embrassé et avait quitté la pièce en laissant derrière elle les douces effluves d'un parfum qu'il lui avait offert pour son anniversaire. Décidément, elle était le pilier qui lui permettait de garder l'équilibre au milieu du tumulte qui régissait toute son existence. Il voyait bien la tristesse sur son visage, ses lèvres toujours un peu froides lorsqu'elle l'embrassait, vestiges du coup de poignard qu'elle avait ressenti en apprenant qu'il l'avait trompée. Il la voyait sourire pour garder la tête haute, mais il l'entendait hurler en silence. Il savait que d'eux deux, elle était celle qui gérait le plus mal la disparition de Martial. Celle qui avait probablement déjà entamé un deuil douloureux auquel Hippolyte refusait de faire face. Pour lui, Martial ne serait mort que le jour où on lui ramènerait son corps. Jusque là, il n'aurait de cesse de le faire rechercher, et c'était bien pour ça qu'il scrutait minutieusement chaque brève et chaque articles des journaux tous les matins.

Aux alentours de 11 heures, tandis qu'il essayait de déchiffrer les pattes de mouches de l'un de ses techniciens de laboratoire, Hippolyte avait senti son téléphone vibrer dans sa poche. Fronçant les sourcils en reconnaissant un numéro français, il avait décroché avec une certaine lassitude dans la voix. Tout ça pour entendre l'un de ses associés établi à Paris se répandre en excuses mal choisies auxquelles le chef d'entreprise avait rapidement mis fin d'un ton sec et sans appel. Des erreurs avaient été commises, des calculs mal fait avaient été validées, et voilà que la nouvelle formule d'un médicament prêt à être mis en service s'avérait bancale. Ce n'était pas le genre de chose qu'il fallait dire à Hippolyte Caesar, encore moins depuis qu'il était pris d'une paranoïa sans nom vis-à-vis des médicaments mal testés. Il comprenait tout ce que cela impliquait : des heures de travail perdues, du matériel gaspillé, des milliers d'euros et de dollars dépensés, et un potentiel létal à ne pas négliger. En proie à une colère froide qu'il sentait doucement monter en lui, Hippolyte avait coupé court à l'exposé de son associé et lui avait expliqué en détails comment et pourquoi il avait intérêt à rattraper son erreur. Et vite. Stopper net la production, annuler les tests humains, refaire les calculs, remettre en route les productions test... Ils avaient intérêt à faire vite, car s'il était en apparence calme et posé, Hippolyte détestait attendre. Il en était à expliquer à l'individu pourquoi il était mentalement déficient quand la sonnette de la porte d'entrée avait annoncé un visiteur. Pestant pour lui-même, Hippolyte s'était levé et avait traversé l'appartement à grands pas tout en continuant d'engueuler vertement son employé.

« Vous êtes un idiot fini, Benjamin, et croyez bien que si je vous avais sous la main, vous l'auriez prise en travers de la figure ! Comment avez-vous pu laisser passer une chose aussi simple qu'une erreur de calculs ? Votre doctorat vous sert à quoi ? À décorer vos toilettes et vous vanter ? Vous êtes un bon à rien, voilà t... », s'était-il interrompu au milieu de sa phrase tandis que la porte s'ouvrait sur la dernière personne qu'il s'était attendu à voir à cet instant.

Pendant un long moment, il l'avait fixé droit dans les yeux, ignorant l'enfant qui gesticulait dans ses bras. Des yeux aussi bleus que ceux de son père étaient noirs, et pourtant deux regards si semblables... Plus le temps passait, plus la ressemblance avec Marius le frappait. Serrant les mâchoires, Hippolyte mis fin aux incessants « monsieur ? » angoissés de son associé au bout du fil.

« Je vous rappelle plus tard, et tachez de ne pas faire plus de bêtises. »

Sans un mot de plus, il avait raccroché et s'était effacé en silence pour laisser Marius rentrer. Sa colère, déjà bien cuisiné au contact de son idiot d'employé, s'était décuplée à la vue de celui qui ne lui avait pas donné la moindre nouvelle ni explication en plusieurs mois. Silencieux, Hippolyte avait posé son téléphone sur un meuble, avait suivi Marius et, alors que celui-ci implorait son aide d'une voix qui aurait fait céder n'importe qui, mais certainement pas son père, celui-ci s'était contenté de le fixer. Toujours sans un mot, Hippolyte avait serré les poings, ignoré Marius et était allé s'accroupir prêt du canapé, où un bambin surexcité tentait d'attraper la queue de la pauvre Duchesse qui en profita pour se carapater sous un meuble.

« Bonjour, Samuel... Tu te souviens de moi ? »

Timide, le petit s'était maladroitement trituré les doigts, avait tourné la tête vers son père et avait murmuré d'une petite voix timide :

« 'apy ? »

« C'est ça, c'est papy... », avait répondu le grand-père d'un ton bien plus doux que celui sur lequel il avait parlé à son associé.

Tendant le bras vers l'un des tiroirs dissimulés dans la table basse, Hippolyte en sortit un petit paquet coloré et impeccablement emballé. C'était un petit livre d'images avec des animaux et des objets du quotidien qu'il fallait placer au bon endroit. Ludique et éducatif, pour une fois, ce rabat-joie sans loisirs avait fait un effort.

« Tiens... C'était pour ton anniversaire mais je suis un peu en retard. »

Tout heureux, le bambin chercha l'approbation de son père avant de se dépêcher d'éplucher le papier cadeau. Samuel occupé, Hippolyte se releva, contourna le canapé et vint se planter face à Marius. Il en avait, des choses à lui dire. Des reproches à lui faire, des leçons de morale par la même occasion... finalement, il se contenta d'un soupir. C'était à se demander si Marius n'avait pas amené Samuel pour dissuader son père d'engager un combat verbal, hostile, stérile et bruyant.

« Six mois sans un mot et tu viens me demander mon aide ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Il l'aurait voulu plus agressive, son entrée en matière, mais elle était finalement plus lasse qu'autre chose. Au fond, avait-il vraiment envie de se disputer pour la énième fois avec son fils, sachant que ce dernier ne lui donnerait aucune explication satisfaisante ? Non, bien sûr que non... il était fatigué de se battre contre ce qui refuse de changer.
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Marius Caesar
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MessageSujet: Re: (hipporius) No one else is dealing with your demons   (hipporius) No one else is dealing with your demons Icon_minitimeLun 25 Sep 2017 - 23:05

No one else is dealing with your demons
Hippolyte & Marius



Derrière la porte résonnent les échos d’un français agressif. Glacial. Coupant. Le français de mon père, le français du PDG, le français d’un homme habitué à être obéi, habitué à être respecté, habitué à être craint. Derrière la porte résonne l’écho d’un français avec lequel j’ai grandi, contre lequel je me suis heurté, et si je suis concentré pour continuer à rassurer un Samuel perdu et légèrement inquiet par le changement d’environnement, je ne peux m’empêcher d’écouter, je ne peux m’empêcher de sentir l’appréhension croître et ma propre inquiétude prendre corps. Se concrétiser. Depuis quand ne suis-je pas venu sur le pas de cet appartement ?

Des mois. Des mois brisés, éloignés, distancés par le temps et par trop d’événements pour que je parvienne à les lister. Des mois que j’ai enterrés, des mois que j’ai rendus éternels par mon silence obstiné, par quelques sms échangés mais surtout par des points de suspension, des poings en suspension, des points et des virgules, des exclamations et des interrogations laissés sans réponses. Des mois tenus à distance, des mois concentrés sur un seul objectif : prendre soin de mon fils, vivre en équilibre entre ma vie, mon amour, mon travail, ma mutation et ma mort. Des mois, des mois qui s’envolent en fumée sur le pas d’une porte. J’ai l’impression que cette soirée alcoolisée aux souvenirs fragmentées ne remonte qu’à une semaine, qu’à une dizaine d’années. Je cligne des yeux, la porte s’ouvre. « ... Vous êtes un bon à rien, voilà t... », La porte s’ouvre sur une phrase en français dont l’ironie des propos parvient à faire naître un demi-sourire sur mes lèvres, malgré la tension qui m’habite. Malgré cette terreur qui ne manque pas de grandir en moi. La terreur de la déception, la terreur des représailles, la terreur de tout ce qu’il peut me dire, de tout ce qu’il peut détruire. Je m’humecte mes lèvres, resserre ma prise sur mon petit garçon qui fixe avec intensité son grand-père, comme pour jauger son potentiel d’amusement. Ou juste l’étudier. Ou juste… « Je vous rappelle plus tard, et tâchez de ne pas faire plus de bêtises. », je lève les yeux au ciel, m’impose sans plus tarder. Trouve mon chemin, trouve mes marques, trouve bien trop de raisons de faire demi-tour, aussi.

Je dépose mon fils sur le canapé, sans un mot supplémentaire, sans un mot de plus que ce papa lâché d’une voix crispée comme salutation. Samuel s’agite déjà pour descendre du canapé, je lui mets son poulpe de l’autre côté pour qu’il s’évertue plutôt à aller le chercher. Mon père est là, silencieux, je prends une inspiration. Pour lui demander son aide. Rompre la glace. Prêt à subir sa colère, ses sarcasmes, son refus, son rejet. Il serre les poings, je serre les miens aussi. Ne pas perdre le contrôle, ne surtout pas perdre le contrôle, pas maintenant. J’ai déjà détruit un appartement, j’en ai déjà amoché un deuxième si on compte celui d’Aspen, j’ai déjà envoyé deux personnes à l’hôpital… « Papa... » Je ne veux pas que ça se reproduise, je ne veux pas que Sam en soit la prochaine victime.

Un mouvement, il se dirige vers le canapé, je me retiens de ne pas me jeter sur lui pour l’éloigner de Sam qui semble confondre le chat avec Kartoffel, vu ses « ‘Offel, ‘Offel ! » à répétition. « Bonjour, Samuel... Tu te souviens de moi ? » Je serre les dents, prêt à intervenir. Sam se détourne de sa proie, tourne la tête et ses grands yeux bleus identiques aux miens dans la direction de l’intrus qui lui parle. S’il se souvient de lui ? Bon sang, il se souvient de photos, surtout, il ne se souvient de rien, ça fait six mois et… « 'apy ? » Je me mords la lèvre. Et lui fais un sourire encourageant. Pas con mon petit bonhomme. Quinze mois, mais pas con. Grand pour son âge, débrouillard, et pas con. Si je n’étais pas à ce point tendu, je rayonnerais de fierté. Je rayonnerais encore plus de fierté, plutôt, au lieu de rester silencieux. « C'est ça, c'est papy... » Je me mords la lèvre, conscient que si j’interviens maintenant je risque de détruire toute possibilité qu’il accepte. Si je veux lui confier Samuel, il faut, il faut que j’apprenne à le laisser s’approcher de mon fils sans craindre qu’il ne sorte une arme et qu’il tire sur le corps bien trop frêle de mon gosse. Si je veux lui confier Samuel, il faut que j’aie véritablement confiance.

Mon père tend une main vers la table basse, je fais un pas en avant. Il tend un paquet cadeau, je m’immobilise. « Tiens... C'était pour ton anniversaire mais je suis un peu en retard. » Je me mords la lèvre, encore, pour mieux me terre, pour mieux m’empêcher de m’en saisir pour le regard sous toutes les coutures. « On dit quoi, Sammy ? » Ses mains potelées agrippent le papier, cherchent comment le déchirer, je fais le tour du canapé pour venir derrière lui et bloquer ses mains. « Alors, Sam, qu’est-ce qu’on dit à Grand-Père ? » Il me regarde, je désigne mon père du menton. Verrouille ses mains pour qu’il n’aille pas plus loin tant qu’il n’aura pas dit… « ‘Essi ‘Rand-Père » Je le laisse poursuivre, déchire un peu le papier pour qu’il trouve une prise, l’embrasse sur le haut du crâne. « C’est bien mon bonhomme »

Et je me redresse pour voir le regard de mon père planté dans le mien. Sam est occupé, il découvre un livre, rejette au loin les papiers cadeaux, ouvre avec la minutie qu’on peut attendre d’un môme de quinze mois et commence à gratter du bout des doigts les animaux qui se détachent et s’attachent par des scratchs posés à différents endroits du tissu. Je m’attends à tout de sa part, je m’attends au pire, absolument pas au mieux - quel serait le mieux d’ailleurs ? Il n’y en a pas quand on parle de lui, quand on parle de moi. Je m’attends à bien des choses, mais pas à son soupir. « Six mois sans un mot et tu viens me demander mon aide ? Qu'est-ce qu'il t'arrive ? »

Et encore moins à cette introduction - tout le reste n’était qu’un avant-propos, une parenthèse - trop peu hostile pour être innocente. Six mois sans un mot, je lui demande son aide, je lui impose ma présence, et tout ce qu’il me demande c’est ce qu’il m’arrive ? C’est impossible qu’il ne sache pas ce qui est arrivé à Ileana. Alors il n’y a qu’une solution : c’est un test. Un nouveau test qu’il m’impose. Il veut savoir si je vais lui en parler. Ou si je vais le lui cacher. Il veut savoir…

« Crescentia a été tuée. » Ca me semble un excellent point de départ. « Tout porte à croire que c’est l’un des tiens qui l’a abattue. » Tout porte à croire qu’il ne s’agit pas juste d’un empoisonnement, d’un accident. Tout porte à croire… le détective privé que j’ai employé semble croire que, plutôt. Mais les faits restent les mêmes : l’absence de Crescentia n’est qu’une raison parmi tant d’autres qui me poussent ici. « J’ai besoin que tu protèges Samuel, que tu le gardes chez toi, que tu le gardes loin de moi, que... » Ma voix menace de se briser. « Je suis un danger pour mon fils, je ne peux pas me vacciner. Tu m’as promis de protéger mes gosses... »  L’a-t-il vraiment fait ? Je crois. Je ne sais plus. J’espère. « Protège-le de moi, s’il te plait. » Et ça me fait mal de savoir, qu’encore une fois, dans ma vie, je suis un échec.

J’ai échoué en tant que fils, en tant que frère. J’ai échoué en tant qu’humain, j’ai échoué en tant qu’handballeur. J’ai échoué en tant que mutant et maintenant j’échoue en tant que père.

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Hippolyte Caesar
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MessageSujet: Re: (hipporius) No one else is dealing with your demons   (hipporius) No one else is dealing with your demons Icon_minitimeJeu 28 Sep 2017 - 12:02

No one else is dealing with your demons
Hippolyte & Marius



Douceur et patience ne faisait pas partie du vocabulaire d'Hippolyte dès qu'il s'agissait d'éducation. Victoire avait été la plus douce et la plus prévenante, les premières années : elle avait maintes fois répété à son époux qu'il ne pouvait s'attendre à ce que des enfants d'un ou deux ans lui parle avec la clarté d'un adulte multi-diplômé et surtout, qu'un enfant ne pouvait comprendre le monde de la même manière que ses aînés. Face à Samuel, Hippolyte se sentait pataud, brusque et peu assuré. Il ne savait pas quel mot employé au lieu d'un autre, et s'il tiqua en l'entendant l'appeler papy, un sourire se dessina rapidement sur son visage. N'était-ce pas aussi cela, changer en bien ? Accepter de petits noms plus affectueux, la malice d'un enfant cherchant à attraper le chat, son regard espiègle balayant la pièce à la recherche de quelque chose pour s'occuper... oui. C'était cela, changer. Tout à ce moment privilégié passé avec son petit fils, Hippolyte sursauta presque en voyant Marius intervenir, faisant voler en éclats cette bulle de connivence qui commençait tout juste à se former autour du grand-père et de son petit-fils. Il fronça légèrement les sourcils en voyant les mains de son fils se refermer autour des petits points de Samuel, mais il devait bien avouer que pour quelqu'un qui avait toujours juré que ses enfants seraient infiniment plus libres que lui ne l'avait été, il éduquait tout de même bien son petit. Il se souvenait à quel point le « merci » et le « oui » avaient été difficile à faire entrer dans le crâne de Marius, quand le « non » fleurissait à ses lèvres à longueur de journée.

Conscient qu'il ne pourrait s'intéresser plus longtemps à Samuel sans affronter son hyperactif paternel, Hippolyte s'était redressé, prêt à hurler ou à froidement lui asséner des reproches, mais c'était finalement un soupir et une question résignés qui étaient sortis. De toute manière, les vociférations et autres reproches n'avaient jamais pu fonctionner plus de deux minutes avec Marius, et il valait mieux ne pas traumatiser l'enfant qui babillait sur le canapé derrière eux. Si la tension était palpable, elle était particulièrement bien maîtrisée, et le détachement dont Marius fit preuve en annonçant que la mère de Samuel avait été tuée glaça le sang d'Hippolyte. Il n'y voyait pas l'expression d'une parfaite indifférent mais plutôt l'anesthésie, le recul que prenait un homme qui avait sûrement du mal à gérer tout ce qui lui arrivait ces derniers temps. Le visage du père se détendit sensiblement, passant d'une franche contrariété à une compassion qui n'avait rien de factice. Que Samuel soit le fruit d'une soirée un peu trop arrosée était une chose, que Marius n'ait pas aimé Cescentia comme il aimait Astrid également, mais il savait ce que cela signifiait : Samuel allait devoir grandir sans sa mère, peut-être même n'aurait-il aucun souvenir d'elle.

Plus que tout, Hippolyte sentait le reproche dans la voix de Marius : « l'un des tiens ». Un chasseur de mutant. C'était face à ce genre de situation qu'Hippolyte avait le sentiment que ses convictions n'avaient aucun sens. En embrassant la cause des hunters, il s'était juré de ne jamais faire d'exception et de débarrasser l'humanité des dégénérés. À présent, il avait clairement le sentiment de s'être fourvoyé : il avait bien failli tuer son propre fils pour un gène mutant que lui et Victoire lui avait transmis et pourtant, à cet instant, il ne voyait pas en Marius le mutant. Il voyait le fils dépassé, désemparé, désespéré mais certainement pas le mutant qui avait mis Ileana dans un sale état. Ce n'était finalement pas Marius, le problème, c'était sa mutation. Il en était de même pour Crescentia. Hippolyte avait beau tourner les choses dans tous les sens, il était forcé d'admettre que jamais il n'aurait pu tuer la mère de son petit-fils pour un simple gène défaillant. À mesure que les mois s'écoulaient, il perdait foi en son combat car il ne pouvait tolérer de faire ainsi des exceptions pour ses proches. C'était tout ou rien, son esprit logique et carré ne concevait pas les choses autrement. À à cet instant, il n'éprouvait pas de soulagement à l'idée qu'une mutante de plus ait été tuée, il était au contraire en colère après l'odieux individu qui avait ôté la vie à une jeune mère. L'espace d'un instant, il resta silencieux. Le bon sens aurait voulu qu'il rassure son fils ou même qu'il le prenne dans ses bras, mais Hippolyte était figé sur place, cherchant une équation logique pour laquelle le résultat ne déboucherait ni sur une dispute, ni sur une situation gênante. Il opta finalement pour un pas en avant et une main sur l'épaule, se rendant compte trop tard qu'avec leur différence de taille, il avait l'air plus ridicule qu'autre chose.

« Je suis vraiment navré, Marius... Je n'ai pas connu Crescentia, mais je suis persuadé qu'elle ne méritait pas ça. Tu tiens le coup ? Viens t'asseoir... »

Retirant sa main, Hippolyte désigna à son fils les fauteuils et le canapé. Si sa voix avait manqué d'émotion sur le moment, il était véritablement peiné pour Marius et, quelque part, soulagé que Samuel soit trop jeune pour comprendre. Hippolyte contourna le canapé et vint s'asseoir près de Samuel sans vraiment demander son avis à son fils. Il voulu tout d'abord laisser un peu de place à Samuel pour jouer, mais c'était sans compter l'avis du bambin qui ne tarda pas à coincer le petit livre en tissu entre ses petites quenottes d'enfant pour entreprendre l'ascension des genoux de son grand-père et s'y caler pour continuer sa passionnante lecture. Haussant un sourcil, Hippolyte releva finalement les yeux vers Marius tout en ignorant délibérément le regard inquisiteur que ce dernier lui lançait. Il se retint même de lui dire que pour une fois, il n'avait ni poignard, ni revolver dans sa poche. Silencieux, il invita Marius à poursuivre son récit. Au fond de lui, Hippolyte savait pourquoi son fils venait, mais il espérait aussi grandement se tromper. Malheureusement pour lui, il avait raison.

« Es-tu réellement en train de demander à un père qui a, selon tes mots, détruit ton enfance, de s'occuper de ton fils ? Je ne suis pas, Marius... »

Bien sûr que si, il le suivait. Marius était suffisamment désespéré pour se tourner vers son propre père et ça, c'était problématique aux yeux d'Hippolyte. Prendre soin de Samuel et lui offrir la meilleure protection qui soit, il s'en sentait capable. Mais que Marius en vienne à le lui demander, c'était une première. Devait-il lui être reconnaissant d'avoir à ce point confiance en lui ? Ou avoir peur de la résignation qui hantait le regard de son fils ?

« J'ai besoin de comprendre, Marius. J'ai besoin que tu m'expliques, que tu me racontes ce qu'il s'est passé, pour qu'Aspen et Ileana aient toutes deux terminé à l'hôpital. »

Résolument calme et serein, Hippolyte était pourtant tendu comme un arc, au fond de lui. Il avait besoin de savoir, de comprendre, de remplacer ce qu'il ignorait par des faits.

« Je te connais, Marius. Tu es un crétin et tu as l'instinct de survie d'une carpe mais tu es loin d'être quelqu'un de malfaisant. Tu ne tolères pas Ileana, mais je suis persuadé que jamais tu ne lui aurais fait du mal délibérément. Ta détresse parle d'elle-même : tu perds le contrôle. »

Alors que Samuel gesticulait un peu trop, Hippolyte entoura son petit ventre d'un bras pour l'empêcher de basculer en arrière. Tous ces gestes protecteurs étaient inscrits dans ses gènes depuis qu'il avait eu à gérer des jumeaux et à plus forte raison l'hyperactivité de Marius. C'était presque instinctif pour lui.

« Je veux simplement que tu m'expliques ce qui t'est arrivé. Je ne peux pas t'aider si tu te mures dans le silence. »

Marius l'avait sûrement déjà remarqué, mais tant que son père n'aurait pas les réponses à ses questions, il ne consentirait ni ne refuserait de prendre Samuel à sa charge. Seulement pour une fois, Hippolyte voulait faire les choses bien, engager la discussion, ne pas s'énerver, ne pas juger... simplement comprendre.

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(hipporius) No one else is dealing with your demons

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