i. comment êtes-vous entré parmi les hunters?

Ce ne fut pas très compliqué pour tout dire. Par le biais d’un contact. Ma rancœur envers les mutants n’était vieille que d’un an, mais mes capacités à tenir une arme entre mes mains et savoir s’en servir, mes aptitudes sportives un peu développées, et ma haine envers ces monstres ont montré aux autres que j’avais du potentiel en tant qu’hunter. A l’époque, il m’arrivait de traîner avec des personnes partageant la même mentalité que moi  par rapports aux mutants. L’un d’entre eux faisait parti des Hunters, c’est donc en soumettant mon nom que j’ai été contacté. J’ai accepté directement d’être soumis aux « tests » d’admission. J’imagine que je leur avais plu, puisqu’ils m’ont accepté dans leur rang.

ii. avez-vous déjà effectué votre devoir de chasseur ?
Est-ce que j’ai déjà tué un mutant ? J’y ai eu recourt. Et chaque jour, j'espère le faire. Je n’ai jamais vraiment l’instinct de tueuse. Tuer, c’est une corvée, et sincèrement, je ne le ferais par plaisirs, mais seulement parce que c’est nécessaire. Et lorsque je le fais, c’est de façon propre, je ne m’attarde pas à le torturer. Pour moi, nous devons nettoyer cette planète rapidement. J’ai plusieurs fois aidé à capturer les individus, et j’en ai vu plusieurs se faire exterminer devant mes yeux. Je n’ai pas peur du sang, je n’ai pas peur de tuer parce que je sais que je le fais pour de bonnes raisons. Chaque tête qui tombe me rappelle que ce sont des millions de vies qui sont sauvées. C’est peut-être une idéologie extrême, mais très motivante.

iii. les mesures du traité de protection des mutants vous font-elles peur ?
Peur, ce n’est pas le mot. Mais elles me déçoivent. Comment peut-on vouloir protéger ces dangers ambulants ? Je pense qu’il y a un temps pour tout, et la tolérance, ici, est hors contexte. Ce traité, c’est comme permettre le danger. Je ne pense que personne devrait vivre avec cette terreur. Mais cela n’empêche rien hormis la sureté. Nous serons toujours prêts à protéger les autres, à le chasser. Pour tout dire, pour moi, ce traité n’est juste que des paroles dans le vide, un bout de papier. Rien n’a changé depuis qu’il est arrivé, et rien ne changera, je continuerai à chasser les mutants légalement ou illégalement. Je me fiche des représailles, au moins, j’aurais fait quelque chose, et quelque chose de bien.

iv. que pensez-vous de l'élection récente de thaddeus lancaster à la tête du comté ?
C’est une bonne chose de faite. Je suis sincèrement fière de cette décision. Ainsi, je vois le progrès, je suis convaincue que c’est la meilleure décision que Radcliff puisse prendre. Cette ville sera en sécurité. Et puis, ce n’est pas pour rien que je travaille à la mairie. J’ai rencontré plusieurs fois monsieur Lancaster et j’ai su percevoir que c’était quelqu’un de bien. Pas seulement à cause de programme, mais surtout parce qu’on voit la sincérité, son désir de protéger les bons humain de ce monde. Enfin, de la ville pour commencer.

Attrapant les derniers verres qui traînaient sur les tables, Harley avait enfin fini sa journée. Ce n’était pas rare qu’elle aide sa mère à s’occuper de l’auberge lorsqu’elle était en vacances. Le plus souvent, elle était en charge du bar, mais ce n’était pas une corvée. Elle faisait ça depuis ses quinze ans, ce n’était pas nouveau. Et puis, sa mère le lui rendait bien, ce n’était pas comme si elle n’avait rien en échange.
« Fini ? » lui demanda Georgia Burnside, entrant paisiblement dans la grande salle quasiment vide, les traits de son visage fatigués. Harley hocha la tête, terminant de laver les deux verres sales. C’est à ce moment que deux hommes décidèrent de faire leur entrée. Evidemment, ce n’étaient pas n’importe quels hommes. Monsieur Clint Burnside et son jeune collègue. Se dirigeant vers sa femme pour la saluer digne du mari qu’il était, Harley rejoignit William, prenant sa main dans la sienne. Leur regard se croisèrent quelques instants, amenant une discussion silencieuse.  Harley donna une dernière pression sur la main de son ami, avant d’interpeller nerveusement ses parents. « Man’, Papa, William et moi avons quelque chose à annoncer… » elle se stoppa le temps que ses deux géniteurs s’intéressent à eux. Leur regard interrogateur montraient clairement leur impatience à connaître la raison, quelque peu inquiets. « Will et moi… on s’est fiancé. Hier. » Leur visage s’adoucirent et sa mère fit place à un sourire radieux, et son père… Et bien, il semblait plus ou moins content. Après tout, c’était l’émancipation de sa petite fille, d’un autre côté, il appréciait réellement William, et c’était peut-être mieux si il était celui qui lui prendrait son enfant.
Cette soirée était sans doute l’un des meilleurs souvenirs qu’Harley garde en mémoire.  Tout le monde était content, et tout se passait pour le meilleur du monde. Aucun nuage à l’horizon…

Fixant le mur, couchée sur son lit, cela faisait une heure qu'Harley était de la sorte. Déprimée ? C'était un mot un peu faible. Elle était meurtrie, inconsolable. Et elle se sentait fautive de ne pas pouvoir aider sa mère à surmonter son deuil. Elles étaient aussi faibles l'une que l'autre. Sûr, elles ne l'avaient pas vu venir. « Besoin de quelque chose ? » la voix de son fiancé retentit dans la salle silencieuse. Harley ne répondit que par un reniflement, incapable de répondre audiblement. Elle sentit un mouvement sur son lit lorsque William la rejoignit, l'enlaçant par derrière. Un sentiment de confort et de sécurité l'envahit. Un baiser de réconfort déposé sur son épaule, la voix de William se fit entendre de nouveau. « Je suis désolé pour ton père... »dit-il dans un chuchotement. Harley se rapprocha un peu de William. « Ce n'est pas de ta faute, Will... » Elle le sentit se raidir. Quelque chose n'allait pas, c'était évidemment. Ils restèrent silencieux quelques secondes. « Je suis désolé Harley... C'était un accident. » Harley fronça les sourcils, et se recula vivement de son fiancé, se repositionnant de façon assise et lui faisant face. « De quoi tu parles ? » demanda-t-elle, une pointe d'énervement de sa voix, mais aussi d'inquiétude. William se redressa lentement, de sorte qu’il soit lui aussi assis. Ils retombèrent de nouveau dans le silence, se défiant du regard. Evidemment, William détourna plus rapidement, sachant qu’il était fautif. « On s’était disputé, ton père et moi… On avait un peu bu au bureau et… Je ne me suis pas contrôlé… » Harley grimaça de douleur,  comme si on lui avait planté un couteau dans l’abdomen. Elle mit sa main devant sa bouche pour éviter de crier.  Un accident, lui avait-il dit. Il lui avait dit qu’il avait eu un accident de voiture, mort dans une explosion lorsqu’il s’était évanoui à cause du choc… William ne lui avait jamais caché le fait qu’il était un mutant, le fait qu’il avait une force surhumaine et ça n’avait jamais été un problème… Parce qu’elle avait confiance. Et c’était impensable qu’il ait fait une telle chose…  « Sa voiture… L’explosion…. Dis moi que c’est faux… » le supplia-t-elle. « L’explosion, c’était moi. Après avoir le… le corps. Je ne voulais pas te mentir, parce que je t’aime. Et je ne voulais pas me dénoncer, je veux qu’on se marie, je veux vivre avec toi et qu’on fonde une famille, je… » « Arrête ! Arrête ! Comment tu… » Harley sauta du lit, s’éloignant le plus possible de l’homme qu’elle considérait comme son âme sœur quelques secondes auparavant. Il la dégoûtait. «  Tu es un monstre ! Sors de chez moi ! » « Harley… » William se leva, marcha droit vers elle, d’un air suppliant. « Ne me touches pas ! Sors, ne reviens jamais, je ne veux plus jamais te revoir ! » hurla-t-elle, incapable de le regarder dans les yeux, se tenant le ventre, l’irrésistible envie de vomir. Elle courut se réfugier dans la salle de bain, et quand elle ressortie dix minutes plus tard, retrouvant une pièce vide.

Au volant de son vieux pick-up, Harley revenait à Waco après une absence plus ou moins longue. Cela faisait 4 mois qu'elle n'avait pas vu sa mère. Il fallait dire qu'elle avait un emploi du temps chargé. Entre son travail à la mairie et sa nouvelle passion pour la chasse aux mutants... Oui, clairement, Harley détestait les mutants. Une haine terrible, maladive... A tel point qu'elle en souhaitait l'éradication totale, le génocide... Cela avait brisé le coeur de sa mère lorsqu'elle s'était engagée chez les hunters. Voir sa fille mettre sa vie en danger, devenir un assassin assoiffée de sang et la voir baser sa vie sur une simple idée de vengeance. Elle aurait voulu que sa fille vive une vie simple, se trouve quelqu'un de bien et fonde une famille... Mais Harley, elle n'était pas comme ça. Elle ne restait pas là, sans rien faire, à vivre sa vie comme si de rien n'était. Non, elle, elle voulait se venger. Sûr, c'était égoïste, mais ce serait mentir de vous dire qu'elle s'était engagé pour protéger le monde de ces monstres et non pas dans un but personnel.
Elle n'avait jamais revu William. Dans le fond, elle regrettait de lui avoir dit qu'elle ne voulait plus jamais le revoir. Aujourd'hui, c'était son plus grand souhait, qu'il se présente devant elle. Qu'elle puisse lui faire face et lui coller une balle dans la tête. La balle qu'elle aurait dû tirer depuis longtemps maintenant...