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Auteur | Message |
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Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 21:17 | |
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| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 21:29 | |
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| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 21:49 | |
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| | | | Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 21:50 | |
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| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 21:52 | |
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| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 22:22 | |
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| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 23:03 | |
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| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 23:09 | |
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| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Dim 16 Oct 2016 - 23:10 | |
| - Citation :
- C’était aussi pour ça, non, qu’on évitait d’être en couple ? Pour esquiver les peines de cœur ; les caprices et les fluctuations d’un palpitant au creux du poitrail – celui-là même dont l’omniprésence pouvait pousser à commettre tous les actes les plus démesurés qui soient. A espérer, comme à s’mettre à se hurler dessus comme des chiffonniers, pour des raisons qui, une poignée d’heures plus tard, semblaient tout juste s’évaporer de leurs esprits. Alec, il pouvait bien dire qu’il avait été libre de tout ça pendant les trente-trois premières années de sa vie : la douleur liée à la culpabilité de blesser quelqu’un à qui on tenait. L’endurance exigée de toutes ces choses qui n’étaient pas physiques dans le sens actif du terme, mais organiques, d’une façon qui n’pouvait pas s’expliquer. Et alors même qu’il était un transmutant aujourd’hui, qui n’connaissait ni fatigue, ni maladie, ni vieillesse, il s’retrouvait lessivé comme il n’l’avait jamais été – et pas rien d’autre qu’une peine de cœur, qui ne s’était que trop insidieusement développée en lui, comme une mauvaise herbe qui aujourd’hui, semblait s’être faufilée partout. Dans ses muscles, dans l’air qu’il avalait, dans son esprit ; et les vagues tentatives qu’ils avaient de se distraire un tant soit peu n’avaient plus aucun sens, plus la conviction pleine d’arôme qu’on aurait pu leur croire. Et quand les regards fuyaient, c’était à la recherche d’un secours qu’ils n’trouvaient pas l’un avec l’autre. Pourtant, y’avait bien eu un temps où tout avait été évident avec Calista ; il avait reposé sur elle sans le dire, sans avoir même besoin de l’exprimer. Et elle avait toujours su qu’elle aurait pu compter sur lui, quoiqu’il se passe. Techniquement, s’avouer à l’un l’autre une dose d’attachement supplémentaire, des volontés d’être plus, aurait dû les renforcer, plus que les affaiblir. Et peut-être bien que ça voulait en dire long sur leur incompatibilité, plus que le reste : peut-être bien que quand les éléments semblaient complètement s’liguer contre une cause aussi faiblarde, c’était qu’il y avait quelque-chose. Un message latent, qu’il fallait bien saisir à un moment donné. Et pourtant, c’était injuste. Ouais, ils le disaient volontiers tous les deux – malgré tout ce qu’ils avaient essuyé, ils s’accordaient sur ça : ils n’avaient pas eu le temps, ou la possibilité, d’essayer quoique ce soit d’autre. Juste après leur première nuit, il avait été forcé à la fuite, puis avait fini dans les sous-sols d’Insurgency. Pendant des semaines, pendant des mois ; et seule la pensée de Calista l’avait parfois maintenu à la surface de la réalité, pour n’pas sombrer dans une folie brûlante, éveillée et alimentée par l’impuissance qui avait fait ses jours. Calista, et le désir de vengeance. Il semblait presque que ces seules valeurs pouvaient s’écrire en Alec ; celles-là même qui les avaient conduits tous les deux, sur deux longueurs d’ondes bien différentes pendant ces trois derniers mois. Et pendant cette dispute, qui n’avait duré qu’une poignée de minutes, mais dont les dommages semblaient peser sur leurs épaules, encore des heures après.
Ça, c’était la part aisée dans les histoires qui n’avaient pas d’importance ; le fait qu’on s’en foute des dommages qu’on causait, parce qu’ils n’voulaient rien dire. Là, pour les rares fois où des phrases qu’il avait dites un peu plus tôt lui revenaient en tête, Alec n’savait plus s’il avait eu tort ou s’il avait eu raison. Il avait juste su, que trois mois à s’perdre, ç’avait été trop. Et que peut-être bien, les dommages irréparables avaient été causés bien avant leur face-à-face. Alors au-delà des discussions sans intérêt, sur l’alcool, sa carrure à lui, les potentielles migraines qui devaient suivre avec la gueule de bois, ils n’avaient que des excuses ; et c’était là que s’arrêtait l’utilité toute simple de quelques mots, en comparaison de regrets qui s’enfonçaient si profondément dans une âme. Est-ce qu’ils seraient un jour capables de revenir de ça ? Est-ce qu’ils pouvaient être à nouveau, à un moment donné, l’Alec et la Calista d’il y a six mois ? Ces interrogations semblaient presque stupides – bien sûr, aurait-il dit, par instinct, avant qu’irrémédiablement, le doute ne s’installe en la regardant, ou en sentant la lourdeur de l’air qui naviguait autour d’eux. Et s’il passait cette porte, ce soir, et qu’il n’la voyait plus, parce que ça n’semblait plus faire partie de sa vie ? C’était inenvisageable, dans certains aspects ; et pourtant, il paraissait bien que c’était la suite logique de tout c’qu’ils avaient connu jusque-là. Ils n’étaient plus des hunters, à faire équipe pour les services de Lancaster. Ils n’étaient plus un couple. Et même avant, c’n’était pas comme s’ils avaient été l’genre d’amis qui sortaient boire un verre ensemble. Alors, est-c’que c’était fini ? Ça voulait en dire tant, quelques petits mots flottant dans le silence ; le Lynch en détourna le regard un instant. Il n’pouvait pas dire. Il n’pouvait pas juger de ce qui était terminé, ce qui n’pouvait plus être réparé, ce sur quoi ils n’pourraient pas revenir. « J’en sais rien. » il admit alors, prenant une longue inspiration ; est-ce qu’il était revenu, juste pour dire que c’était fini une bonne fois pour toutes ? Il avait dit, déjà sur le pas de la porte – il n’savait pas pourquoi il était là ; mais avait-ce vraiment été avec cette idée en tête, qu’il était venu jusqu’à l’appartement de Calista ? Mais après tout, il l’avait fait, maintenant- péter la gueule d’Alistair Wolstenholme, jusqu’à ce que les dommages soient trop importants ; à la fin, il n’devait son salut qu’à du sang de dégénéré, en effet. Mais qu’est-ce qu’il s’passerait, quand Aspen et Lorcan feraient la connexion avec lui ? C’était une position dans laquelle elle n’avait pas envie de se retrouver, Calista, elle l’avait dit. Alors peut-être bien que ouais, par la force des choses bien plus par leur volonté, parce qu’il fallait bien arrêter de s’mentir et l’accepter, c’était fini. Mais il n’avait pas bougé, pourtant, Alec. « Peut-être que c’est mieux, si ça l’est. » dit-il malgré tout, comme pour s’en convaincre, l’œil à nouveau dans le vide. Ce serait plus simple pour elle, qui n’aurait plus à se poser tant de questions. Ce serait plus simple pour lui, parce que non, il n’pouvait juste pas vivre une existence à extension, dans un genre de déni jusqu’à ce que ce ne soit plus possible. « Peut-être que c’est pour ça, que ça a jamais marché. » s’il fallait être réaliste à ce point – ça n’avait jamais marché. Jamais au-delà de ces nuits qu’ils avaient passées ensemble, d’ces moments trop courts et obsolètes, durant lesquels ils s’étaient crus capables de surmonter tout ce qui les avait ruinés. Alors, peut-être plein d’choses, en fait ; peut-être que c’était trop tard, ou peut-être que ça n’avait jamais été leur temps. Ils avaient déjà vécu trois mois en suspens, sans vivre, sans profiter, sans exister ; parce qu’ils avaient attendus autre chose. Et c’n’était pas fini ; et lui, Alec, il n’pouvait pas demander à Calista d’attendre qu’il trouve une solution, qui n’était nulle part. « Peut-être que j’aurais dû profiter d’cette fois-là, pour l’avoir, ce premier rendez-vous. » le sourire qu’il ne put retenir, à la commissure de ses lèvres, fut trop tôt rattrapé par le regret : il semblait bien que c’était de là que tout partait. Ce jour où ils avaient été censés être à un rendez-vous, mais où en fait ç’avait été… différent. Peut-être bien, alors, que s’il avait pris l’opportunité d’avoir un rencard avec Calista, toute l’histoire aurait pu être différente.
Ça faisait beaucoup de peut-être, ouais, toute cette histoire. C’était bien ça, qu’Alec détestait le plus dans toute cette histoire – la non-assurance, un sentiment d’impuissance, d’inconnu, qu’il n’avait jamais éprouvé dans sa vie. Ni tous les jours, ni même avec Calista. Dans son existence, avait toujours flotté un arôme de constance ; le savoir, la sûreté qu’il maîtrisait au moins un tant soit peu les atouts qu’il avait dans sa manche, les facettes de lui-même qui lui avaient permis de tenir bon jusqu’ici. Il n’aimait pas, non, le Lynch, que quand il regarde la blonde, tout soit écrit de peut-être auxquels il n’pouvait pas répondre, tant l’avenir et le présent tout à la fois, lui semblaient insondables. Ils avaient déjà enduré trop de déceptions, à s’croire plus forts qu’ils ne l’étaient vraiment, sans doute. Y’avait eu, malgré tout, ce temps où il aurait pu jurer connaître bien des choses sur Calista ; pas comme un membre de sa famille, ni quelqu’un qui faisait partie de sa vie avec la promesse qu’ils y engageaient leurs cœurs et leurs tripes – mais comme un allié, quelqu’un qui avait passé tant d’temps avec elle, que peut-être même, il l’avait mieux connue, mieux sondée que tous ceux qui avaient tenu à elle. Il aurait pu jurer, à cette même époque, qu’il lui aurait suffi d’un regard, d’un contact aisé avec la jeune femme pour que chaque doute s’envole, et que l’évidence soit indiscutable par qui que ce soit : comme s’ils avaient eu ce lien, indéniable, qui s’était construit avec les épreuves, les petits moments anodins, l’alliance qu’ils avaient été sur le terrain. Ouais, franchement, après avoir passé des années entières à cultiver cette connexion entre eux, comment avaient-ils pu se planter à ce point ? Il n’savait pas, voilà. Alors, peut-être que plein d’choses ; peut-être que c’était juste un signe, qu’ils le veuillent ou non. Peut-être que c’était mieux comme ça. Et pourtant, le Lynch n’se serait jamais cru être le type de personne à voir des signes dans les choses quoi s’passaient dans sa vie. Il n’était pas non plus l’genre de mec qui jetait l’éponge : sept ans après, déchiré entre le doute et les déceptions, il n’avait toujours pas renoncé à sa traque de Lewis Duncan – et ç’avait payé. Après sept ans seulement. En comparaison, trois mois, c’n’était pas grand-chose : mais les peines de l’âme, infligées si profondément l’un à l’autre comme ils avaient semblé s’le livrer avec tant d’ardeur Calista et lui, un peu plus tôt dans ce même appartement, c’était déjà plus qu’il n’en était supportable. Y’avait une différence, quand même, entre les perspectives d’avenir qui étaient un seul point distinct sur l’horizon, et celles qu’on aurait cru être l’horizon tout entier, mais s’avérait en fait être trop vaste, trop déchiqueté, trop éparse.
Merde, d’toute manière, Alec, il n’était pas capable de dire où Calista et lui s’étaient plantés, pourquoi elle n’l’avait pas écouté pendant ces trois derniers mois. Pourquoi ils n’y avaient pas cru. Tout c’qu’il savait, c’était que c’était pas c’qu’il avait attendu d’eux, qu’c’était pas comme ça qu’ils iraient loin. Et que le naufrage, finalement, ils l’avaient vu venir, qu’ils osent l’admettre ou non. Le reste ; le pourquoi, le comment, peut-être que ça n’avait pas d’importance – c’était remuer le couteau dans la plaie, d’croire qu’ils auraient pu faire mieux. Ils avaient essayé, ils avaient échoué. Point barre. Qu’ils s’économisent donc la peine de repenser chaque couche de leur histoire, chaque filament de leur relation, en s’demandant ce qui aurait dû être fait, pensé, ou envisagé différemment. C’était trop tard. Il avait passé la porte de cet appartement, et elle l’avait laissé faire : c’n’était pas pour rien, qu’ils étaient arrivés à ce commun-accord. Est-c’qu’il y avait franchement des gens comme eux, qui semblaient mieux fonctionner en tant qu’alliés, genre de collègues de chasse et de meurtre, plutôt qu’en amour ? Alec, il avait bien l’impression qu’ils étaient les seuls imbéciles dans c’cas : mais même avec les heures qui étaient passées depuis qu’il était parti, ils en étaient au même point. Au moins, ils n’se hurlaient plus dessus – mais la conclusion était inchangée ; y’avait eu quelque-chose de mieux avant. Quelque-chose que leur couple n’avait jamais eu, pour des raisons aussi inexplicables et indéniables à la fois. Ça n’voulait rien dire, pourtant, aurait-il volontiers protesté – parce que c’était con, complètement con, qu’ils s’disent qu’ils avaient bien marché quand ils avaient juste été deux idiots qui n’s’étaient rien avoués. Et pourtant. « Ouais. » c’est donc tout ce qu’il répondit, après avoir serré les mâchoires le temps de chasser, chasser sur le côté toutes les protestations qui auraient pu brûler ses lèvres. Quel était l’intérêt ? Même s’ils voulaient essayer à nouveau, même s’ils blâmaient le reste du monde pour leurs erreurs, il restait un transmutant qui n’pouvait pas faire sa vie comme ça. Et même s’il décidait qu’il le ferait quand même, ils avaient déjà foncé droit dans un mur la dernière fois qu’il avait pris une décision de c’genre-là. C’était un cercle-vicieux, et peut-être que c’était mieux comme ça ; au bout d’un moment, ç’avait presque la tronche d’une putain loi physique, comme si du jour au lendemain, ils s’étaient avérés être deux aimants, qui après s’être attirés l’un l’autre, avaient commencé à brutalement s’repousser. Alors quoi ? Ils avaient essayé. Autant tourner la page. Au moins, ils pouvaient toujours se targuer d’avoir essayé. Pourtant, il n’avait pas encore fait un pas vers la porte, Alec ; comme si, à l’inverse des impulsions qui l’avaient pris des pieds à la tête un peu plus tôt dans la journée, il voulait s’attarder, maintenant. Et tout ça pour quoi ? Il observa à nouveau ses mains, haussant les épaules, aux paroles de la blonde, « Peut-être que j’devrais, ouais... » admit-il ; y’avait pas vraiment de douche, ou d’eau courante, dans l’entrepôt qu’il louait, à l’extérieur de la ville. C’était presque ironique, que le sang d’Alistair Wolstenholme soit l’élément qui fasse s’allonger leur face-à-face, ce soir. « Est-c’que-… ? » d’un geste du doigt, il désigna la direction de la salle de bain ; ils faisaient les choses d’une façon vraiment bizarre – lui, maintenant, qui s’retrouvait à naviguer comme un étranger dans cet appartement. Il n’était jamais venu vraiment squatter chez elle en tant qu’invité avant qu’il ne se retrouve à vivre avec elle, à cause de son statut de fugitif. Et peut-être bien que ç’avait été un élément de plus, dans la liste de tout ce qui était allé trop vite, et pas assez bien entre eux ; paradoxalement, même après des années à apprendre à s’connaître, ils avaient tout fait n’importe comment, dans le mauvais ordre, trop vite, et pour les mauvaises raisons.
Il avait toujours voulu aller de l’avant, Alec, dans sa vie. Même quand ç’avait semblé être impossible, quand tous les jours à Elizabethtown auraient dû lui rappeler la mort de ses parents, là-bas, dans ces paysages familiers, rattachés à ces souvenirs d’enfance qui auraient désormais l’arôme du regret, et du plus jamais. A cette époque-là, il était devenu un chasseur, pour aller de l’avant : s’donner une destination claire et nette, de quoi tenir bon, de quoi n’pas perdre la raison, de quoi faire quelque-chose de ses dix doigts. Il était ambitieux comme ça, le Lynch ; et il aurait voulu pouvoir toujours l’être. Mais c’était plus compliqué, quand la misère de sa situation telle qu’elle était, s’rappelait à lui quoiqu’il fasse : qu’il picole à un comptoir de bar, chasse les transmutants et se fasse blesser au combat – même quand il couchait avec une femme, il y avait toujours ce rappel insidieux de ce qu’il était. Un être humain qui n’était plus vraiment humain ; inatteignable par la mort, les blessures physiques, l’ivresse ou la fatigue sous quelque forme que ce soit. Comment était-ce possible, d’aller juste de l’avant avec ça ? Il avait bien eu envie d’essayer, avec Calista – après qu’ils se soient répétés encore et encore que ça pouvait en valoir la peine, qu’ils avaient six ans devant eux avant qu’elle ne le rattrape en âge, ou toutes ces choses-là, il avait fini par y croire, lui, le hunter sans plus aucun but, sans plus aucune légitimité. Et dans les moments les plus sombres des tournants de sa vie, ç’avait été cette idée-là de vie avec la Wolstenholme, qui lui avait permis d’aller de l’avant. Mais peut-être bien qu’au bout d’un moment, l’ambition seule, construite sur des bases friables, avait ses propres limites : bien souvent, Alec s’était demandé pourquoi ils y croyaient plus qu’autre chose. Pourquoi étaient-ils en couple ? Ils n’avaient rien fait, rien essayé, rien construit ensemble. Ils n’avaient pas eu de rendez-vous, pas l’aisance d’un couple qui se connaissait bien et se complétait parfaitement, pas même quelques vacances où que ce soit, une trêve plus ou moins longue, loin de Radcliff ou loin des murs de cet appartement. Ils n’avaient même pas eu de projets d’avenir. Calista n’avait pas eu envie de déménager, pas même pour se faciliter la vie quand elle avait été dans son fauteuil roulant, ou pour que ça puisse être le symbole d’quelque-chose, qu’ils anticipaient ensemble, malgré tous les signes que l’monde semblait leur jeter à la tronche. Et il avait sa part de responsabilité dans l’affaire, évidemment ; ouais, les couples étaient faits pour s’construire lentement – ils étaient aussi faits pour aller quelque-part, pour vouloir des choses. Lui, il aurait pu avoir envie d’prendre un appartement avec Calista, de l’aider au jour le jour. Mais les projets qui s’étendaient trop loin, ceux qui menaçaient de happer son temps, son énergie, et détourner son attention de sa principale préoccupation, ç’avait été autre chose. Alors peut-être qu’il n’avait pas été la bonne personne pour inspirer Calista. Et peut-être qu’elle n’avait pas été la bonne personne pour-… pour il n’savait quoi, parce que d’toute manière, il n’savait même pas ce qu’il attendait de la vie, Alec.
Parfois, il avait juste eu l’impression d’être égoïste, parce que d’Calista, il avait surtout eu besoin du sentiment d’appartenance, l’aisance de sentiments délicats et évidents, quand ils se laissaient à n’penser qu’à ça, et surtout pas au reste du monde. Il avait eu besoin de cette douceur-là, dans l’monde de brute qui était dehors, et pour goûter au moins à ce quelque-chose, avant que l’ardeur de la solitude n’se rappelle d’elle-même à lui. Parce que chaque tentative qu’il avait, pour se défaire de sa mutation, se soldait dans un cuisant échec : et même Maiken Holst, même Aloys de Miribel, même Andreas Kovalainen – des scientifiques, médecins, même les hunters, même les dégénérés de chez Insurgency, des gens bien plus talentueux que lui dans c’domaine, n’avaient jamais eu la moindre réponse satisfaisante à lui offrir. Peut-être que c’était plus facile, alors, que Calista et lui n’aient pas été plus forts que leurs premières épreuves. Peut-être que c’était mieux que ça se finisse, au bout de trois mois seulement ; peut-être que ça finirait, avec le temps, par les arranger tous les deux. C’était juste la douleur encore lancinante à leurs tripes, qui les rendait si hagards. Alec voulait bien y croire ; et par souci d’aller de l’avant, il pouvait déjà commencer à s’vendre tout un tas de bons prétextes, pour expliquer et justifier, panser ses plaies, tant bien que mal. Même s’il n’avait jamais cassé la gueule à Alistair Wolstenholme, peut-être bien que la blonde aurait quand même eu à choisir entre sa famille et lui ; Aspen était une chasseuse, il l’avait vue tuer des transmutants. Et c’était l’héritage duquel elle venait. Lui, il était le parfait exemple des dégénérés qui s’mentaient à eux-mêmes ; ça n’avait pas empêché son beau-père d’avoir son lot de jugements acerbes réservés pour lui. Alors-… alors ouais, l’incompatibilité, ils pourraient facilement la trouver un peu partout, pour s’dire, s’dire et s’asséner encore que c’était mieux comme ça. Alors, Alec n’eut rien d’autre à dire, offrant un vague sourire à Calista, avant d’aller vers la salle de bain ; dans celle-ci, y’avait toujours sa brosse à dents, ses quelques affaires – il avait plié ses bagages dans la chambre exclusivement, et d’toute manière, c’était le cadet de ses soucis, tout ça. Il n’eut pas beaucoup de mal à ignorer tout ça, pour se focaliser sur le lavabo, qu’il remplit d’eau ; ses mains, elles n’avaient pas la moindre trace, pas la moindre estafilade. Comme toujours. Et pourtant, il l’espérait presque, il devait bien y avoir un peu de sang à lui dans le vermeil qui lui collait à la peau. Dans l’eau, lentement, le transparent devint rosé, alors qu’il passait ses doigts pour se les essuyer ; un rituel qui avait la saveur d’autrefois – un autrefois plus évident que c’qu’il connaissait là. Au moins, c’était un peu rassurant, ça. Et le silence, aussi ; peut-être bien que celui-ci était un ajout doucereux, pour laisser le temps passer ; peut-être qu’il remettrait ses idées en place d’ici-là. Ou peut-être que Calista serait retournée sur son canapé, avec sa télévision et son verre de vin. Peut-être qu’au moins, partir serait plus facile à cette deuxième tentative-là.
Ç’aurait pu être une bonne distraction, le sang sur ses mains, une culpabilité à effacer au plus vite. Un bon moyen de détourner son attention de tout ce qui était si lourd et omniprésent dans l’air encore électrique de l’appartement. Subsistaient les souvenirs de leur dispute, les mots douloureux, les évidences qu’ils s’étaient enfin dites, après trois longs mois d’inassurance. Et peut-être que c’était parce qu’il n’était pas un expert en couple, mais Alec, il n’savait pas trop quoi faire avec tout ça. Ces sentiments qui tournaient, tournaient en des spirales épaisses dans ses tripes ; ces songes, alourdissant son esprit. Evidemment, il n’était pas stupide ; il savait que les couples en général, ils avaient une bonne façon d’être endurants, et qu’ils pouvaient survivre aux disputes de ce genre – y’en avait même qui en subissaient à la pelle, en essuyaient beaucoup, et s’amélioraient au passage, avec la force d’y croire, et la volonté d’continuer, là où les sentiments demeuraient inchangés. Il savait, que pour certains, l’incompréhension qui avait stagné, la distance qui s’était creusée, les vérités qui n’s’étaient pas dites, n’étaient pas des faits inaltérables et inchangeables ; mais il n’savait pas comment ils faisaient, ces amoureux-là, pour trouver en eux-mêmes l’assurance qu’ils avaient raison, et non pas qu’ils s’plantaient toujours d’la même façon, mais juste pour plus longtemps. Ils pouvaient, pouvaient trouver quelque-chose à se raccrocher, tous les deux, non ? Et puis quoi, à partir de là ? Il semblait bien que c’était le cœur du problème ; ils savaient quel genre d’opportunité ils avaient perdue après ces trois longs mois, mais ils n’savaient pas ce qu’ils auraient en échange de leurs efforts, s’ils continuaient de s’accrocher, tel quel, dans leurs conditions actuelles. Peut-être qu’il y avait des choses à sauvegarder encore aujourd’hui ; il l’aimait toujours, Calista, il le savait. Et peut-être que d’ici deux mois, trois mois encore, ou plus longtemps, ça n’aurait plus été le cas : les regrets auraient tout pollué, au point d’même empoisonner ce lien si évident qu’ils avaient toujours partagé. C’était un peu comme avec tout ce sang : qu’est-ce qu’il se passerait, une fois qu’il en serait débarrassé ? Il n’aurait pas grand-chose d’autre à faire que de repasser la porte d’entrée de l’appartement, pour partir cette fois-ci. Enfin. Ou si vite. Calista semblait partager cet avis-là – cette impression que ce serait au moins reposant. Peut-être. Ils n’pouvaient pas dire plus que des peut-être, de toute façon. Autant qu’ils fassent preuve de plus de prudence que jusqu’alors. La vie, elle pouvait avoir cette façon d’être cruellement imprévisible, ils en avaient fait l’expérience. Alors, peut-être que c’était mieux pour la jeune femme d’embarquer quelques affaires, pour prendre du temps pour elle et respirer loin de Radcliff. Et peut-être, qu’Alec, lui, il aurait maintenant tout son temps pour chercher une solution à sa mutation ; dans cette perspective d’avenir qu’ils avaient là, omniprésente au bord de leurs esprits, ce ne serait pas si grave, qu’il gaspille son temps à ça – il n’aurait rien d’autre, d’toute manière. Ils n’pouvaient pas prévoir le reste. Alors tant pis ; sans doute.
De toute façon, s’il devait y avoir un mur de silence qui n’attendait qu’à être brisé, aucun des deux n’semblait avoir la volonté ou la force de le faire : ils en avaient été ridicules, probablement, quelques minutes plus tôt, à s’regarder en chiens de faïence comme si tout leur verbiage de leur dispute, s’était subitement envolé. Après s’être criés dessus jusqu’à ce qu’il claque la porte, voilà qu’ils faisaient preuve d’une contrition, que le chasseur n’pouvait certainement pas juger de meilleure pour leur avenir. C’avait été une erreur de revenir ici – ç’avait même été cruel. Et ça n’avait pas été pour Alistair Wolstenholme : alors pourquoi l’avait-il fait, franchement ? Le Lynch soupira, un brin de frustration remontant jusqu’à lui, alors qu’il venait tout juste de finir de s’débarrasser des traces de sang incrustées à sa peau. Après avoir frotté, et frotté encore, dans ces efforts qu’il n’semblait pas avoir de mal à accomplir, pour les choses faciles comme ça. Et maintenant qu’il avait ça en moins, ses songes revenaient en flots. Toujours des doutes, jamais des assurances ; même quand il le disait à haute voix, que c’était mieux comme ça, ça finissait toujours par avoir une saveur amère, d’inachevé et d’échec dans sa gorge. Il n’avait jamais aimé échouer, ni même jeter l’éponge : mais d’toute manière, à ce niveau-là, l’amour et toutes ces choses, on n’pouvait pas commander le cœur. Et Alec, il n’pouvait pas faire l’art d’aimer pour deux, il l’avait bien prouvé – il s’l’était prouvé, malgré ses efforts, une putain d’ironie âcre - pendant ces trois mois-là. Il ne trouva donc aucune réponse, dans l’eau rougeâtre qui restait dans le lavabo, avant qu’il ne la laisse descendre le long du tuyau, essuyant ses mains une dernière fois. De retour dans la pièce principale, à mi-chemin entre la porte de sortie et le salon, Alec stagna à son tour. Il n’s’était pas attardé, ni n’avait eu envie de s’attarder, un peu plus tôt, pourtant. Comme quoi, peut-être bien aussi, comme d’autres choses, qu’il n’savait pas ce qu’il voulait dans la valse impétueuse de ses tripes. Est-c’qu’il avait quelque-chose à dire ? Est-ce qu’il en avait l’envie, le devoir ? Est-c’que c’était attendu de lui ? Calista était de retour sur son canapé ; peut-être était-ce là le signe évident que la voie était dégagée, parce qu’elle n’voulait pas qu’il y ait quelque ambiguïté que ce soit, comme quand elle s’était tenue entre lui et la porte, un peu plus tôt. Y’avait bien eu une époque, où il n’se serait jamais cru tâtonner avec Calista comme il aurait tâtonné dans le noir le plus complet. Ça, ç’avait été avant d’comprendre que d’toute manière, il n’était pas à la hauteur, il n’avait pas les épaules, pas les mots qu’il fallait, ni les bonnes attentions. Que même avec lui, Calista, elle était seule. Alors qu’il passe cette porte sans un mot, ou avec une quelconque tirade, peut-être que ça n’avait pas d’importance, ça n’ferait pas de différence. Pas pour elle. « Je-… » ses lèvres se serrèrent étroitement sans qu’il n’ait le temps de réaliser que la voix rauque qui venait de flotter dans l’air pour ramener la réalité, était la sienne à lui. D’une attention, il désigna la sortie, avant de concentrer son attention sur elle à nouveau. « Est-c’que ça va aller, toi ? » il demanda, comme si c’était plus fort que lui. Même si ça s’avérait inutile, au fond, il n’pouvait pas juste partir sans savoir ce qui allait advenir d’elle. Peut-être y avait-il, cruellement, un brin de curiosité mal-placée, qui s’orientait vers les dernières paroles qu’ils avaient eues, avant qu’il ne parte. Il n’pensait pas, franchement, qu’elle devrait reposer sur son père pour la protéger, de qui que ce soit ; même d’une menace venue de nulle part comme Rhaena. Mais-… mais d’toute manière, c’n’était pas à lui d’penser ça, de décider de quoique ce soit, ou d’avoir un quelconque avis sur la question. Il avait compris. A force. Probablement qu’il n’avait pas mieux fait qu’Alistair Wolstenholme, de toute façon.
Partir, rester. Pour certaines raisons, ou d’autres. Alec avait définitivement soupesé encore et encore le pour et le contre, au cours de ces trois derniers mois. Pas au début, cela dit : à l’hôpital, au chevet de Calista, partir n’avait jamais été une option. Pas même pour quelques secondes, pas même le temps de régler quelque-chose, que ce soit auprès d’Alistair Wolstenholme ou de n’importe qui d’autre. Le silence têtu des médecins l’avait agacé, mais le Lynch avait choisi de n’pas faire de rixe, rien que pour pouvoir rester là. Là où il n’avait pas été pendant des mois entiers jusque-là, là où il n’avait pas été au moment précis où le père de la jeune femme s’était invité chez elle. Tout ça pour ça ? Et pourquoi aurait-il eu envie de partir, de toute manière ? Parce qu’elle avait été paralysée des jambes, parce qu’elle n’avait plus la capacité d’avoir des enfants ? Heureusement, la valeur que le chasseur avait vue en la jeune femme au fil des années, n’avait jamais été limitée à sa capacité à s’tenir debout. Quant aux enfants… il n’aurait certainement pas dit que c’était tant mieux, mais ç’aurait été tout un débat entre eux, de toute manière. Jamais, ça n’aurait été de son côté à lui un tournant décisif dans leur histoire ; y’avait toujours d’autres possibilités, d’autres opportunités. Et-… et peut-être bien qu’en parallèle, il n’aurait pas été aussi récalcitrant à l’idée qu’il n’se l’était imaginé, avant que le mot bébé ne flotte dans l’air, entre eux deux. Mais même, s’était-il souvent dit – même si ç’avait dû être, tout ça, à l’encontre de c’qu’il avait pu vouloir, il n’l’aurait jamais laissée derrière, juste parce qu’elle, ou eux deux, n’correspondaient plus aux attentes ou aux idées précises qu’il avait pu avoir dans un coin d’sa tête. Pour être honnête, dès le début de leur histoire, il n’avait pas eu d’idée tout court ; juste un vaste océan d’imprévisibilité – mais quelque-chose de bon, de reposant en comparaison du chaos complet qu’avait été sa vie, au fil des mois. Alors qu’il avait perdu Felix, qu’il avait perdu ses assurances de chasseur, sa place parmi eux, son savoir d’être humain, Calista avait été un élément stable qui lui avait permis d’envisager à nouveau la surface. Ouais, clairement, au milieu des ténèbres, elle avait été la voie qui l’avait guidé jusqu’à une certaine clairvoyance : quelque-chose qu’il n’avait pas été pour elle – lui, il avait été le spectateur, pieds et poings liés face à une jeune femme qui sombrait, sombrait sans se raccrocher à lui. Peut-être parce qu’il n’avait pas eu les épaules pour lui permettre d’y croire ; peut-être parce qu’ils n’pouvaient pas l’expliquer. L’important, c’était que c’était comme ça, que les choses avaient tourné ; et comment étaient-ils censés revenir de ça ? Comment un couple était-il censé survivre à la vie, s’il se noyait dès les premiers remous ? Tout autant qu’il n’était pas un expert en amour, Alec, il savait quand même que c’n’était pas comme ça que les cœurs et les âmes survivaient à l’ardeur de la vie : et peut-être bien qu’avec quelqu’un d’autre, Calista y aurait cru différemment. Mieux et plus fort.
L’hésitation, alors, elle était venue après, bien contre ses envies à lui ; l’hésitation, elle était née d’autres raisons que l’fait qu’elle n’ait pas ses jambes sur lesquelles marcher, ou d’organisme avec lequel avoir d’enfant. Ou même le fait qu’il soit un transmutant. Ça, ils avaient été sur la même longueur d’ondes ; ils auraient pu le surmonter. Ils auraient pu. Peut-être. Ouais, maintenant, il semblait qu’ils n’étaient faits que pour parler au conditionnel, comme s’ils n’pouvaient plus faire la moindre marche-arrière, ou envisager un quelconque futur ensemble. En couple, ou même comme autrefois. L’amour, c’était quittes ou double ; ils avaient perdu, et seraient-ils un jour capables d’être comme ils avaient été, avant tout ça ? En avaient-ils seulement envie ? Ca va aller, pourtant, qu’elle dit. Alec en serra les dents, préférant le silence à une potentielle réponse qui pourrait être maladroite. Parce qu’il n’savait pas quoi en dire : tant mieux, que ça aille, quoiqu’il advienne, maintenant. C’était bien tout c’qu’il pouvait vouloir pour elle – qu’elle s’en sorte, quelles que soient les circonstances et les épreuves. « On verra. » c’est tout ce qu’il put prétendre, lui, lorsque la question lui fut retournée. Le truc, c’était qu’il n’parlait même pas de sa mutation, de ce futur-là ; d’la paix qu’il pourrait trouver à c’niveau-là, soit en obtenant des réponses, enfin, soit-… soit d’une quelconque autre façon. Après tout, quand on n’importait à personne, et quand on fonctionnait solo, c’n’était pas compliqué, de s’dire qu’on pouvait juste continuer éternellement. Peut-être. Fallait être honnête, quand même, quand les choses clochaient : n’était-ce pas le problème de ces trois mois, après tout ? Ca, en plus d’autres choses. « Ton père-… chez Lancaster. J’crois qu’il était là pour-… faire disparaître des trucs. Il a tout détruit, j’dirais… Donc-… j’pense que tu peux être tranquille, au moins sur ça. » il n’savait pas pourquoi il se sentait le besoin de préciser ça – d’parler encore une fois d’Alistair Wolstenholme ; après tout, c’n’était pas le cœur de c’qu’il venait de dire. Ça n’allait pas l’aider lui, dans sa quête de justice, le fait que tous ces documents aient été détruits ; mais jamais il n’aurait laissé sortir la moindre information qui aurait pu incriminer Calista. Maintenant, c’n’était même plus une option, puisqu’il n’y avait plus rien ; elle pouvait au moins tracer un trait sur ce passé-là, en plus du reste. Un passé qui appartenait à eux deux aussi, d’une certaine façon ; toutes ces années à travailler ensemble. « Prends soin d’toi, Calista. » conclut-il tout juste, la trachée dans un étau, le regard divaguant ailleurs déjà. Ce que ça pouvait vouloir dire, prendre soin d’elle, il semblait bien qu’il n’y avait qu’elle pour l’savoir ; c’était sa vie, après tout.
Peut-être était-ce un problème, ça ; qu’il n’ait jamais vraiment su exprimer les choses évidentes à ses tripes. Oh, il n’manquait pas de ressources, Alec, pour exprimer la rage qui pouvait le submerger, parfois. Il avait même bien du mal à la réprimer, ou à la contrôler, sa rage. Il n’savait pas comment gérer la frustration non plus, cela dit, ni affronter et trier l’imprévu ou l’incontrôlable. Il n’aimait pas perdre prise sur ses sens, son existence, ou sa perception des choses. Il n’aimait pas remettre en question les fondements de ses croyances ou d’son existence. Il n’aimait pas, l’impression que l’sol tremblait sous ses pieds, et que tout c’qu’il avait construit s’effritait juste sous ses yeux, en une putain d’ironie. Il n’aimait pas avoir tort, ou être pris d’court. Heureusement, en trente-quatre ans de vie, maintenant, il avait eu tout le loisir d’expérimenter une large part du panel d’émotions humaines. Sauf l’amour, évidemment. Comme s’il avait toujours su, que ça causerait sa perte, d’une certaine façon. Bien sûr, il s’était su aimé par ses parents, et il avait déjà été en couple. Pour quelques temps. Quelques petits moments sporadiques, avec des jeunes femmes desquelles il n’gardait que de rares souvenirs ; des noms qui se mélangeaient, des époques lointaines. Le Lynch n’avait jamais voulu s’donner la peine de donner à ces fois-là la moindre dimension que ce soit ; sûrement qu’à un moment, même, il avait été bien trop égoïste pour partager son temps et sa vie en deux. Il avait eu des envies plutôt consommatrices et exigeantes ; une façon de vivre qui aspirait à la liberté d’un célibat duquel il avait fini par totalement appartenir. Y’avait toujours quelque-chose de préférable dans l’indépendance, au moins dans quelques aspects. Alors même à trente-quatre ans, en aspirant autant à retrouver sa nature d’humain mortel, Alec n’avait jamais expérimenté les grandes et épiques histoires d’amour, dont beaucoup d’gens niais et romantiques pouvaient parler, à cœur ouvert, comme si c’était une évidence. Et c’était chaotique, au fond ; et peut-être qu’il n’était pas fait pour ça. Parce qu’à Calista, y’avait plein d’choses qu’il n’avait pas dites, pas clairement exprimé. Plein d’choses qu’il n’avait pas su faire mieux, qu’un père distant qui ne revenait dans la vie de sa fille que pour la vacciner, et ruiner son existence en se donnant de bonnes raisons, pour seule preuve d’amour.
Il n’avait pas fait assez, pas dit assez, pas donné assez. Et à la fin, peut-être bien que Calista n’avait pas vu c’qui pouvait en valoir la peine. Et peut-être même qu’elle était trop empathique pour dire clairement les choses. Forcément, elle devait bien être déçue de c’genre d’amour-là ; elle, elle avait nécessairement connu mieux, à un moment donné. Le truc, c’était qu’il n’pouvait pas prétendre être plus, lui. Il n’était pas mieux. Il y avait mis son cœur, son âme, sa patience, son sang, son temps, son énergie. Et peut-être – encore – que quand tout ça échouait, c’était juste signe d’une incompatibilité qu’aucun caprice du cœur n’pourrait combattre. Y avait-il beaucoup d’couples des grandes et épiques histoires d’amour, qui pouvaient prétendre ça ? S’aimer, au moins à un certain degré, mais n’pas s’apporter quoique ce soit de bon ? C’était un putain d’paradoxe, une ironie presque dégueulasse, que la vie leur avait si bien démontré : ouais, cette connasse de vie avait rassemblé tout un tas d’éléments à charge pour que c’en soit presque indiscutable. Ils n’avaient pas eu l’opportunité d’être autre chose, non, ils n’avaient même pas eu l’temps de reprendre leur souffle entre chaque obstacle. Il avait moisi pendant des semaines entières dans les sous-sols d’Insurgency, à affronter et parler à tous ces cons qu’il haïssait. Et il avait fait tout ça, uniquement pour une poignée d’heures de bonheur et d’évidence, avec Calista. Ouais, c’était difficile de voir c’qui en valait la peine là-dedans. Et pourtant, ç’avait été de bonnes heures. Un trop court temps, évidemment ; c’était désormais noyé dans tout ce qui les avait ruinés, qu’ils le veuillent ou non : au bout d’un moment, l’esprit humain n’avait qu’une capacité limitée à positiver, et même une personne comme Calista Wolstenholme n’y croyait plus, pour quelque moment de grâce que ce soit. Elle aurait voulu pouvoir l’aider, alors ; pendant un temps, la phrase n’trouva pas de sens dans la tête du jeune homme, avant qu’il ne l’observe : « Tu sais bien qu’tu m’as aidé, Calista. » il admit, avant de pouvoir soupeser ses paroles ou les calculer d’une quelconque façon ; il n’savait pas c’qu’il y avait de discutable dans ce fait-là. S’il était encore debout là, aujourd’hui, c’était parce qu’elle avait été là un moment. Alors même qu’il avait toujours les mêmes problèmes, qu’il avait toujours cette chose, ce mal paralysant sa vie, il était là. Quelque-chose qu’elle n’pouvait pas dire, elle : si elle était là, c’était parce que son sang à lui avait fait sa magie, et rien d’autre. Pas grâce à lui, pas grâce à sa présence dans sa vie ; uniquement quelques gouttes d’hémoglobine, que peut-être bien, quelqu’un d’autre aurait pu trouver pour elle. Juste un coup d’chance. Rien d’écrit, comme une histoire d’amour qui avait un sens. « Peut-être qu’y faut que tu trouves quelqu’un comme ça, pour toi. Pour qu’tu saches c’que j’veux dire. » c’n’était pas facile à admettre, manifestement. Mais au moins, il avait la possibilité de s’vanter d’avoir pu le dire à voix-haute ; ça n’avait pas été lui. Et même Calista, elle le disait ; elle n’avait pas choisi d’rester dans sa condition, c’était arrivé, point barre – malgré eux deux, malgré sa présence, ses paroles, ses tentatives. Malgré-… tout c’qu’ils avaient été. C’était une loi de l’âme trop indiscutable pour qu’il puisse prétendre quoique ce soit. « Tu l’mériterais. Plus que n’importe qui d’autre. » elle n’avait qu’à continuer à chercher ; de toute manière, la vie au bout d’un moment, elle n’devait s’acharner que sur les histoires qui n’étaient pas faites pour arriver. Il avait fini par s’dire ça, Alec, même à croire au destin ou ces trucs du genre, pour accepter d’une quelconque manière tout ce qui était arrivé ces derniers mois, et n’avait eu de cesse de s’acharner sur lui, eux deux, ou partout autour d’eux. Il y eut un flottement d’un instant infini, avant qu’il ne détourne le regard, comme s’il avait besoin d’oxygène pour remettre ses pensées en ordre.
Après des années à apprendre à se connaître, à travailler ensemble et à se découvrir peu à peu, Alec était presque assommé par la vitesse à laquelle les choses pouvaient avoir dégénéré entre eux, aujourd’hui. Trois petits mois, douze semaines, c’n’était pas grand-chose, dans la chronologie d’eux deux. Et pourtant, si peu d’temps, si peu de mots pouvaient, il semblait bien, remettre tout un tas d’choses en question. Il aimait alors se dire, le Lynch, que c’était un genre d’inexpérience qui faisait qu’il s’découvrait abasourdi, surpris, faute de mieux. Ce qu’il gardait de leur dernière dispute, c’était qu’il avait dit qu’il avait besoin d’temps, ouais – même de temps pour finaliser ses songes, aplanir dans le concret ses sentiments. Mais même à partir de ce constat-là, les choses avaient malgré tout dégénéré dans leur face-à-face. Et pour quoi, déjà ? L’ironie voulait qu’il n’se souvienne pas des mots concrets, mais sente encore la morsure brûlante des cicatrices laissées par les phrases qui avaient fusé trop vite, si vertement, si rageusement. Il avait besoin de temps – mais c’était lui qui était venu jusque-là, au milieu de la nuit, frapper à la porte de l’appartement de Calista. Pourquoi, au juste ? Peut-être pour mettre les choses au clair, au moins un peu : il n’la haïssait pas, il n’était même pas en colère contre elle, pour une raison ou une autre, une réplique de travers ou une accusation sans fondement. C’était… différent. Et le sentiment était mutuel, il voulait bien croire, en regardant Calista, là maintenant. Et quel était c’sentiment ? Il semblait que c’était là le cœur du problème : ils n’savaient pas le nommer, pas le cerner. C’était juste comme ça, qu’ils le veuillent ou non. Et peut-être même qu’ils n’avaient plus la force d’vouloir quoique ce soit, abattus dans le réel et toute la force de gravitation qui les raccrochait au sol, bien plus qu’à quelque espoir, quelque ambition que ce soit. Tout à coup, il semblait juste qu’ils avaient repoussé l’inévitable évidence, pendant ces trois mois. Et pourtant, elle l’avait aidé, Calista, comme personne d’autre n’l’avait fait ; il en était sûr : plus que son meilleur ami d’puis des années, plus que des scientifiques inconnus qui auraient dû avoir toutes les réponses pour l’aider à cerner ce mal qui gangrénait son être. Plus que ses propres alliés, les rangs des hunters auxquels il s’était cru appartenir pendant quatorze longues années, leur vouant son avenir, son présent, son temps et son énergie. Il aurait donné sa vie pour cette cause – et combien d’fois s’était-il vanté d’avoir choisi c’chemin-là, en pleine connaissance de cause ? Il savait bien, que la seule chose dans sa vie dont il avait eu une pleine connaissance, ç’avait été la Wolstenholme – au moins dans certains aspects ; il l’avait sue généreuse, optimiste, téméraire.
Evidemment alors, que Calista Wolstenholme avait été cette personne qui avait marqué son esprit, et inscrit des croyances indélébiles à son cœur ; elle avait été l’individu dans la pénombre grandissante, l’unique auquel il s’était raccroché pendant tant d’temps, là où les doutes n’avaient eu de cesse de vouloir le faire sombrer. Et d’après c’qu’elle disait, il était ‘comme ça’ pour elle aussi. Alors ? « Alors pourquoi ça a pas marché, hein ? » il ne put retenir, comme réplique, avant que ses mâchoires ne se serrent, laissant le silence s’installer à nouveau dans la pièce ; il y réfléchissait, là, dans une torpeur qui n’semblait appartenir qu’à lui, alors même qu’il serait toujours incapable d’trouver des réponses définitives. Au moins, la frustration évacuée, il n’y avait pas la moindre accusation dans la voix du Lynch. Juste du désarroi, sans doute. « J’ai-… j’ai fait-… j’pensais avoir fait tout c’que j’ai pu- » malheureusement ; parce qu’il savait l’impression que tout simplement, si ça n’avait pas marché, c’était parce que ça n’avait pas été assez. « Et j’sais que t’as jamais voulu ça, mais-… » mais pourquoi avaient-ils échoué, justement ? Pourquoi n’avait-ce pas été assez, parce qu’ils s’étaient laissés prendre non pas par eux-mêmes, leurs moins à eux, mais par la vie. Il soupira. « J’sais pas. J’sais plus c’que j’dis. » ou si ç’avait du sens ou un quelconque intérêt. « Tout semblait… plus fort que nous. » ou même l’idée d’eux, le moindre projet, le moindre souffle d’air apporté par des moments aisés et heureux. Forcément, au bout d’un temps, la flamme n’pouvait que suffoquer. Celle de toutes leurs volontés, comme celle d’l’amour qu’ils avaient cru si inébranlable, au moment d’partager enfin leur premier baiser, sans doute : eux qui avaient mis tant d’temps à cultiver ces choses-là qu’ils avaient eu au bord des lèvres, sans s’l’avouer. Ils avaient indéniablement passé plus de temps à s’tourner autour et à hésiter, qu’à vivre d’une bonne façon c’qu’ils avaient tant attendu. Et ouais, c’n’était pas juste, indéniablement. C’était même cruel, et débile comme bien des choses merdiques qui arrivaient dans une existence. Mais-… mais peut-être bien que leurs tripes, la distance insidieuse entre eux ici et maintenant, n’pouvait pas être effacée à coups de prétention, d’espoirs, de belles paroles. « J’me disais juste-… que quelqu’un, quelque part, aurait probablement pu faire mieux. » mieux pour elle. Mieux pour la comprendre, la saisir, la trouver dans le noir. Mieux pour la sortir de cette torpeur qui n’avait été que sienne parce qu’elle n’l’avait pas partagé avec lui : à cause d’elle-même ; parce qu’elle n’avait pas voulu, parce qu’elle avait été trop fière ? Ou parce qu’elle n’avait pas cru qu’il pouvait écouter, comprendre, compatir ? Il l’avait bien sûrement laissée tomber, lui aussi. Il avait aussi échoué. Alors les ruines de cœur qui vivaient tant bien que mal en eux, c’était peut-être bien tout c’qu’ils méritaient.
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| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Lun 17 Oct 2016 - 11:22 | |
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| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Lun 17 Oct 2016 - 15:29 | |
| - Code:
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[rand]0,2000[/rand] |
| | | Isolde Saddler ADMIN - master of evolution MESSAGES : 46349
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Lun 17 Oct 2016 - 22:47 | |
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| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Lun 17 Oct 2016 - 23:42 | |
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| | | Seth Koraha MEMBER - join the evolution. MESSAGES : 4656
SUR TH DEPUIS : 01/11/2014
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Lun 17 Oct 2016 - 23:55 | |
| - Citation :
- Il est acquis que le deuil se divise en cinq parties liées les unes aux autres, et que la première d’entre elle est le déni.
Quand Seth avait appris la mort de Charlie, il n’avait pas voulu y croire. Il avait relu le journal encore et encore, affalé dans son canapé, tout juste rentré de l’hôpital où il avait passé les dernières semaines à se remettre de ses blessures et de l’assassinat de Bob. Des premières, il avait gardé une jambe boiteuse qui, d’après les médecins, mettrait encore quelques bons mois à guérir, si ce n’était pas un an ou deux. Du second, il en avait gardé une rage monstrueuse qu’il étouffait tant bien que mal, n’attendant que le bon moment pour la laisser exploser. L’annonce du meurtre de la demoiselle Monroe avait bien failli le faire entrer dans une colère quasi divine tant il avait vu rouge lorsque ses yeux s’étaient posé sur les photos du crime et qu’il avait reconnu la petite silhouette blonde si affreusement mutilée. Il se souvenait à peine qu’il avait eu du mal à conserver sa forme physique tant sa mutation s’était affolée sous la quantité de sentiments extrêmes qui l’avaient traversé. Le désespoir était revenu le frapper comme une brique et il aurait juré qu’un bruit parfaitement inhumain était sorti de sa gorge lorsque le choc de la nouvelle était passé. Ensuite, il avait saccagé une partie de son salon sur un coup de sang incontrôlable avant de se laisser tomber au sol et de prendre sa tête entre ses mains. L’information s’imprimait difficilement dans son crâne et il n’était pas sûr de vouloir l’accepter. Il se fichait d’avoir terrorisé les chats ou d’avoir fichu en l’air sa table basse : tout ce qui lui importait, c’était que quelqu’un qu’il aimait malgré tout était mort. La seule chose à laquelle il pouvait penser, c’était qu’une autre de ses amis était parti six pieds sous terre et qu’il n’avait rien pu faire pour la défendre. Il n’avait eu aucun moyen de se douter qu’elle se ferait avoir ainsi, mais un profond sentiment de culpabilité lui avait saisi le cœur : s’il avait fait des efforts pour sortir plus vite, s’il l’avait recontactée, s’il avait pris des nouvelles, si, si, si … Avec tant de « si », il aurait pu mettre toutes les villes du monde en bouteille. Mais ce qui était fait ne pourrait jamais être changé. Rien ni personne ne pourrait faire revenir Charlie de là où elle était partie et ça lui donnait l’impression qu’une nouvelle partie de son monde s’écroulait pour ne plus jamais se reconstruire. Il était resté immobile un long moment, recroquevillé sur lui-même, tellement tendu que certaines de ses cicatrices avaient manqué se rouvrir. Puis il s’était levé d’un coup et avait fait les cent pas dans son salon, sa jambe boiteuse trainant derrière lui. Il ne pouvait croire que la jeune femme avait pu se laisser tuer comme ça sans rien faire. Il n’y avait même pas de traces de lutte. Il aurait fallu que quelqu’un de confiance l’approche et l’abatte pour qu’elle ne se défende pas. Et la seule personne qui pouvait faire ça à part lui, il ne le connaissait que trop bien. Toute la peur qu’il avait pour son ancien bourreau se trouva submergée par une ire sans nom tandis qu’il fomentait des idées noires.
Il avait mis quelques jours à se remettre suffisamment en état pour pouvoir se déplacer et utiliser son sable sans en subir les conséquences, mais le Calédonien était finalement sorti de chez lui. Avec ses cicatrices qui soulignaient encore plus la dureté de ses traits d’ordinaire bien plus doux et sa démarche hésitante, il avait un air patibulaire qui le rendait parfaitement antipathique. Sa part d’ombre avait supplanté son naturel sympathique et il n’avait aucune envie de la faire refluer pour le moment. Au contraire : c’était à croire que cette mort était la mort de trop et qu’il avait décidé qu’être mauvais était encore le meilleur moyen de cesser de souffrir. Enveloppé dans sa veste de cuir, son crâne entièrement rasé exposé au léger vent frais qui soufflait en cette fin de soirée de Novembre, l’homme de sable s’approcha d’une maison dont il n’avait eu aucun mal à se fournir l’adresse. Il n’y avait qu’à passer un petit coup de fil à Uprising ou Insurgency et de leur rappeler que c’était lui qui leur fournissait leurs précieuses gélules de Up pour qu’on lui donne les informations qu’il réclamait. En l’occurrence, il désirait plus que tout savoir où se trouvait le Russe qui avait hanté ses cauchemars des années durant. Faisant le tour de la bâtisse, il trouva une fenêtre mal fermée dont il n’eut pas de mal à forcer le loquet grâce à son don et il s’introduisit dans la cuisine de Roman. Usant de son pouvoir pour soulager le poids sur sa jambe blessée, il alla s’installer sur les marches de l’escalier à côté de l’entrée et attendit. Il attendit que le propriétaire des lieux revienne chez lui et annonce sa présence d’un mouvement de clé. Il attendit, prêt à lui enfoncer un couteau dans le cœur, chose qu’il aurait dû faire il y avait bien longtemps déjà. Lorsque le bruit retentit finalement, ce fut tout le corps de Seth qui se changea de sable, et à la place de ses yeux, il n’y eut plus que deux trous noirs béants qui fixèrent la silhouette se découpant dans la pénombre. Lestement, il se leva et rejoignit le géant dans un silence de mort, ne lui laissant que le temps de refermer la porte avant de lui envoyer son poing granuleux dans la mâchoire – comme il y avait eu droit plus d’un an auparavant lorsque le chasseur l’avait retrouvé.
- добрый вечер, Roman.
A le fréquenter si longtemps, il avait appris quelques expressions en russe qu’il n’avait jamais oublié. Et ce « bonsoir » prononcé d’une voix grave et grondante trahissait son envie galopante de lui arracher les yeux au plus vite. La deuxième phase du deuil est la colère, et Seth s’y livrait tout entier, corps et âme, la laissant le consumer pour faire de lui un monstre qui ravagerait tout sur son passage. |
| | | Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Lun 17 Oct 2016 - 23:59 | |
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