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 Un râleur sachant râler seul peut râler en chœur [Marvidan]

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Marvin Smedry
Marvin Smedry

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MessageSujet: Re: Un râleur sachant râler seul peut râler en chœur [Marvidan]   Un râleur sachant râler seul peut râler en chœur [Marvidan] - Page 2 Icon_minitimeVen 22 Sep 2017 - 22:29


Paraît que ça rallonge l’espérance de vie…
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- « Le coup de la carotte et du bâton hein ? Des conneries… Ils auraient plus vite fait de te frapper avec. » J’ai un petit rire. Plutôt, ouais. Carotte, bâton, conneries surtout. Conneries que ce genre d’affirmations, conneries que de me faire croire que mais si, la marche me sera un jour à nouveau permise. Du haut de mon perchoir, je secoue la tête dans un rire désabusé. Ils auraient plus vite fait de me frapper avec ? Oui. Et encore. Dans les deux cas, ma réaction serait loin d’être celle attendue, tout comme ma réaction actuelle est loin d’être satisfaisante. Amer, odieux, inaccessible, je suis complètement fermé, complètement braqué. J’ai planté mes talons dans le sol, j’ai foutu des freins à mon fauteuil, je refuse d’avancer dans la direction que l’on m’impose, convaincu que je suis de l’inutilité complète du personnel soignant dans mon cas.

Le seul point positif qu’aura eu cette séance de « rééducation », finalement, c’est le mec en face de moi. Ils m’ont tendu un piège, ils nous ont foutus ici dans la claire intention de me sortir de ma réserve, j’ai la désagréable désillusion de voir qu’ils ont réussi leur petit tour de passe-passe : je suis piqué au vif, piqué par ces souvenirs qui reviennent, piqué par les siens, qui ne reviennent pas. Piqué au vif par ce passé commun qui nous rapproche et, pire que tout, qui me fait comprendre à quel point mon ancienne vie me manque. Une plaie suppurante, que ma paralysie. Une plaie que je refuse de voir, que je ne supporte pas de regarder dans les yeux. Mais que je sens dans chaque partie de mon corps. Une plaie que je titille par mes questions, une plaie qui n’aura de cesse de s’infecter tant que je refuserai de la soigner véritablement mais une plaie que je ravive face à ce qu’il parvient à se souvenir de moi. Gamin plein d’ambition, mes lèvres se tordent dans un tic narquois. Plus jeune de sa promo, ouais, mais pas le moins dégourdi, loin de là. Le meilleur depuis des années, le plus prometteur depuis des années, les superlatifs n’ont jamais cessé de pleuvoir autour de moi pendant cette période, sans véritablement m’atteindre, ne m’ont touché que lorsqu’ils ont cessé de tomber. Je reste muet, je le laisse continuer, je le suis du regard en essayant d’oublier l’absence de sensation dans tout le bas de mon corps.

C’est vrai qu’attendre le retour de l’infirmière tient à la stupidité la plus profonde, et que j’ai peut-être perdu toute ma mobilité, je refuse de considérer le fait d’être devenu complètement passif et ridiculement idiot. Ma vivacité d’esprit, au même titre que ma volonté et que mes capacités sportives, m’a ouvert à dix-huit ans les portes d’un corps militaire d’élite, on peut m’enlever mes jambes et ma carrière, je refuse qu’on m’ôte également ma lucidité et mes capacités d’analyse. L’infirmière ne reviendra pas, rester dans le coin relève de la connerie et se casser de cette pièce est une excellente idée. Mais se casser, c’est bien mignon… mais… où ? Je considère Hamilton. Vieux souvenir, vieux militaire, canadien… amnésique, surtout. - « Je suis un vieux con, pas encore un croulant. Je me tire au moins… ailleurs. Au moins dans un endroit où le café ne ressemble pas à du jus de chaussette. J’hausse un sourcil, pas réellement porté sur la médisance envers les pisses de chat que distribuent les machines à café dans tous les lieux publics. Mes questions m’échappent sans que je ne m’en veuille le moins du monde, je joue des bras et des abdominaux pour réintégrer le fauteuil. Où est-ce qu’il crèche, du coup ? - A l’hôtel… Et j’me prenais déjà des plombs dans les fesses, que les tiennes sautaient encore sur les genoux de ton père. Avec ce que j’ai donné pour ce foutu pays, je peux bien profiter de tes impôts ! J’arque à nouveau un sourcil, indifférent à la sécheresse de son ton. Ce n’est absolument pas le genre de chose qui aurait pu m’arrêter avant, ça ne risque pas de me refroidir aujourd’hui. « Ah ouais, et mon cul c’est du poulet vegan peut-être ? Depuis quand tu as servi aux US ? T’as donné autant que moi à cette connerie d’Amérique, aux dernières nouvelles » Parce qu’aux dernières nouvelles tout comme c’est pour l’Australie que j’ai sué et saigné, ce sont les couleurs du Canada qu’il a porté sur son uniforme, l’autre.

Mes questions n’en finissent pas, et ne parlant du Canada, d’autres s’enchaînent. Plus personnelles, dans une agression de son intimité que je ne me refuse pas. Agression, intrusion. Je suis direct, dans mes pensées, dans mes paroles, dans mes interrogations. Direct, sans la moindre douceur, sans la moindre diplomatie. Il aurait pu me dire de fermer ma gueule, ça n’aurait rien changé à mon comportement, ça ne l’aurait même qu’exacerbé. Mes questions sont indiscrètes, mes questions sont incisives. Sa réaction est immédiate. Son regard se veut communicatif, j’y réponds sans ciller, sans me défiler. Avec l’assurance du militaire d’élite. J’étais pas plein d’ambition, je savais juste ce que je valais, et une part de moi n’a pas changé. - Ai été… Je vois pas ce qui cloche dans cet emploi de temps. Ma femme est… morte. Et rien, c’est rien… » J’arque un sourcil. « Ah. » D’autres diraient qu’ils sont désolés pour lui, s’excuseraient… moi, je ne suis pas hypocrite. Je ne suis pas désolé. Je ne m’excuse pas : ce serait mentir et le badigeonner de pitié de et compassion dont il ne veut pas. « C’est con. » Je suis direct. Peut-être un peu trop détaché, peut-être pas assez dans l’empathie. Mais… Qu’est-ce qu’il veut que je lui crache ? Rien, je pense, pour la simple raison qu’il me paraît plutôt évident qu’il a envie d’en finir avec cette conversation et avec moi. « S’il n’y a rien qui cloche dans ton emploi du temps, alors sens-toi libre de te casser et d’aller boire ton café. » Mes doigts conduisent mon fauteuil là où j’ai posés veste et pull un peu plus tôt, cherche mon téléphone pour réquisitionner un taxi à défaut d’avoir envie d’appeler la mienne, de femme.

RP terminé
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