i. êtes-vous originaire de radcliff ?
Je suis né en Russie, à Saint-Pétersbourg pour être exact. Et bien que mon père soit un américain de pur souche, je n'étais jamais venu à Radcliff avant de m'y installer quelques années plus tôt. Je ne connaissais même pas. Ayant toujours vécu de l'autre côté de l'Atlantique et mon père natif de Boston, j'ignorais jusqu'à l'existence de cette ville du Kentucky. Mais maintenant que j'y suis et que j'y ai pris mes habitudes, je ne me vois pas changer.

ii. avez-vous déjà eu affaire à un ou plusieurs hunters ?
Je sais qu'ils existent. Je sais qu'ils sont parmi nous, tout comme nous sommes parmi eux, nous les mutants. Ils nous traquent, nous chassent et nous tuent mais de nature méfiant, j'ai toujours réussi a passé au travers de leur filet. Peut-être un coup de chance ? Cependant, je ne compte pas baisser ma garde. Pas en ces temps hostiles pour quiconque est atteint du "syndrome de mutation". Et quel syndrome ! Comme si nous étions malades... Je n'ai jamais été aussi bien de toute ma vie et ce n'est pas un hunter qui viendra me l'enlever.

iii. utilisez-vous beaucoup votre don ?
Je l'utilise et surtout je le maîtrise. Ou presque. Dans certains moments de fortes émotions, je peux perdre le contrôle. De même si je suis en colère. Hormis, ces situations que j'évite, la plupart du temps je maîtrise mon pouvoir et l'utilise le plus souvent pour me déstresser. Je m'isole dans un coin dans une plaine, une clairière ou au milieu du parc de la ville et je laisse mon esprit, jouant de la météo pour oublier les tracas quotidiens et cette chasse mutants/hunters qui prend des proportions inimaginables jusque là. D'ailleurs, quand je l'utilise à pleine puissance quitte à perdre le contrôle, mes yeux deviennent tout blanc. J'essaye donc de ne pas m'en servir de façon aussi puissante.

iv. pensez-vous que les mesures mise en place par le gouvernement sont suffisante ?
La politique n'aurait jamais s'en mêler. La situation pour les mutants est bien pire depuis que le gouvernement s'intéresse à notre cas. Pour faire simple, j'essaye de ne pas suivre leur politique, d'agir selon mes envies pour éviter de terminer avec une balle entre les deux yeux. Car quoi qu'il fasse et quoi qu'il dise, il existera toujours des hunters pour nous tuer. Les faits sont que les mutants ne disparaîtront jamais et les hunters ne cesseront jamais de les chasser. Gouvernement ou non... Alors leur mesure, elles me passent par-dessus la tête !

Je jouais dans le jardin de notre maison quand mon père arriva en trombe devant moi. Il m'attrapa sans dire un mot dans ses bras et me porta jusque dans la maison. J'avais à peine sept ans. Je ne comprenais la gravité de la situation ni même les paroles qu'il échangeait ma mère. L'armée fut mentionné. Le fait de quitter maintenant les lieux également. Je restais stoïque du haut de mon 1m14. « Va faire ton sac, mon grand. On doit partir maintenant. Et n'oublies pas, on n'utilise pas ses dons en dehors de cette maison. » Je regardais ma mère. « Dépêches-toi, mon chéri ! Et fais ce que papa dit. » J'acquiesçais d'un signe de tête et grimpais les escaliers d'un pas lent. Je ne voulais pas partir. Je voulais rester ici, dans notre maison mais je m'exécutais quand même, forcé par une mère qui faisait elle-même ma valise au final. Je redescendais avec elle, ma main dans la sienne, quand notre porte d'entrée explosa littéralement devant nous. « MAMAN ! » Des gaz furent lâchés. Des soldats entrèrent et se ruèrent sur moi. Je tentais de leur échapper en courant dans la maison que je connaissais sur le bout des doigts mais l'un d'eux réussit tout de même à l'intercepter. « MAMAAAN ! PAPAA ! » Hurlais-je sans pouvoir m'arrêter. Je voulais qu'il me lâche, qu'il nous laisse tranquille. Je ne comprenais pas pourquoi ils étaient là, pourquoi l'armée soviétique prenait possession de notre maison...et de moi. « Lâchez-le ! » Tenta en vain mon père qui fut repoussé par deux autres gars sur le chemin. Je pleurais à chaude larme, perdu par toutes les informations que j'ingurgitais rapidement. « Papaaaaaaaaa ! » Je me débattais. Je griffais mon agresseur mais rien n'y faisait, il me serrait fortement contre lui et je ne pouvais pas m'échapper. « Calmes-toi, morveux ! » Je levais ma tête dans la direction du soldat russe et lui crachais au visage. Il fit signe à ses camarades et mes parents furent traîné sur le terrain devant notre maison. Et tandis que mon agresseur me tenait fermement le menton pour que je regarde ma mère et mon père à genoux devant un peloton de soldats, il fit un nouveau signe et les coups de fusils retentirent... Leur corps tombèrent au sol, le sang recouvrant le parterre en béton de notre maison.

Je tremblais. Je n'arrêtais pas de greloter. J'étais dans le noir. Je ne voyais même pas le bout de mon nez. Je ne savais pas ce que je faisais là, ni même où j'étais. Je prenais peu à peu conscience de ma médiocre condition. J'étais attaché à un lit, vêtu d'un simple sous-vêtement pour protéger mon intimité et j'avais mal, extrêmement mal au bras comme si j'avais reçus d'innombrable injection dans mes bras. Je ne comprenais pas. Mon dernier souvenir... La mort de mes parents. Que m'arrivait-il ? J'hurlais pour la première fois. Ma voix me surprit. Je ne la reconnus pas. Je recommençais pour être certain qu'il s'agissait bien de la mienne. J'avais...mué. Comment était-ce possible ? Que m'arrivait-il ? Pourquoi étais-je enfermé seul et presque nu dans le noir ? « Y'a quelqu'un !!!!? » Criais-je une nouvelle fois. Comme par miracle, la porte s'ouvrit et des rayons lumineux traversèrent ce qu'était ma cellule. « Encore un, monsieur. » Je fermais les yeux, éblouis par tant de clarté. « Détachez-le et emmenez-le hors d'ici. » Je sentais alors les mains d'une personne qui me libérait de mes chaînes. « On est là pour t'aider, gamin. Ne t'en fais pas. Comment t'appelles-tu ? » Je clignais des yeux, apercevant légèrement les courbes de mon sauveur. « Loukàs. » « Très bien, Loukàs. Moi, c'est Anna. Je vais t'aider à te déplacer pour sortir de ce trou à rat. » Trou à rat ? Je me laissais presque porter, titubant durant les premiers pas. Je gardais peu les yeux ouverts, comme si la lumière était un privilège auquel je n'avais pas eu droit depuis un moment. A chaque intervalle, je portais mon attention sur des objets, des lieux, des laboratoires et des scientifiques russes agenouillés et attachés. « Où...où sommes-nous ? » Je sentais le regard lourd et pesant d'Anna sur moi. « On est dans un laboratoire souterrain en pleine Sibérie. Le gouvernement soviétique avait mis en place un laboratoire pour étudier les gens comme nous. » Les gens comme nous ? « Tu sais bien...nous, les mutants. »

La vie avait repris son cours et j'avais fuis. Fuis les miens pour ne vivre que par mes propres moyens. Je n'aimais pas être en communauté de part mes TOCs mais j'avais réussi avec les années et un bon thérapeute à m'en dépêtrer. Aujourd'hui, j'étais artiste peintre, d'où ma différence d'après certains. J'avais l'esprit libre et la tête dans les nuages. C'était juste, je contrôlais la météo. Mais ça personne ne le savait encore. Et personne ne le saurait de si tôt. Je ne faisais confiance à personne à Radcliff. Les hunters étant parmi nous, je prenais mes précautions et gagnais mon pain par un tout autre métier bien mieux payé. « Lou, ton prochain client est arrivé ! » Je tournais le regard vers ma patronne ou mon mac ou un truc comme ça. « C'est l'habituée ? » Demandais-je en retour et elle acquiesça d'un signe de tête. Je passais alors devant elle mais elle me stoppa dans mon avancée. « Va t'habiller. » M'ordonna-t-elle. « Quoi ? Pourquoi ? Ce n'est pas dans les habitudes de ma cliente. » Répliquais-je froidement, presque méchamment. « Justement, elle a décidé de changer son programme. Ce soir, tu ne te trémousseras pas uniquement devant elle. Ce soir, elle veut bien plus... Alors mets ton plus beau costard, elle t'emmène à son gala. » Fuck ! Enervé, je faisais demi-tour et fonçais tête baissée contre l'armoire à glace qui me faisait face. « On ne vous a jamais appris à vous excuser ? » Lui lançais-je sans même lui adresser un regard. Je passais mon chemin, l'ignorant jusqu'à ce qu'il finisse par revenir à la charge. « Vous travaillez ici ? » « Non, non. Je fais la potiche de service... » Je me calmais. J'essayais et soupirais. « Oui, pourquoi ? » Questionnais-je l'inconnu. Il cherchait peut-être du boulot. « Vous êtes libres pour moi ? » Il sortit alors toute une liasse de billet qui attira mon regard. « Tout dépend ce que vous désirez, monsieur ? » Je posais enfin mes yeux sur les traits de son visage. Il était séduisant et gay à 500%. Ca me changerait. Je l'attrapais alors par le bras et repassais devant ma patronne. « J'ai déjà un client. La vieille peut se trouver un autre gigolo ! » Puis je m'éclipsais en compagnie de ce nouveau client afin de satisfaire ses envies, ses désirs et même certains de ses fantasmes.