« Charlie ? » Habillée dans sa petite robe noire, Serena se promenait partout dans la maison, à la recherche de son petit frère. Et pourtant, elle n'arrivait pas à le trouver dans leur propre maison. Elle avait beau scruté tous les endroits possibles de la maison, les pièces côtoyées par Charlie - elle était même allée sur le toit, une place où y allait souvent Charlie quand il était triste ou en colère. Serena voulait le rassurer, le consoler. Lui dire que ce n'était qu'un accident. Elle en a été autant traumatisée que son jeune frère. Sa mère et elle savaient pertinemment que son père méprisait son fils à cause de sa mutation. Et elle fut autant surprise que son frère de voir son père balancer, un beau jour, l'immense couteau de cuisine vers le petit garçon. Elle se souvint qu'elle s'était sentie impuissante face à cette tragédie, mais aussi horrifiée quand Charlie, par réflexe, détourna l'objet tranchant vers la mère, qui s'était accourue vers son petit garçon pour éviter le drame. Elle en a été traumatisée mais elle n'en voulait pas à Charlie ; il n'avait fait que de se défendre, il n'avait pas cherché à blesser sa mère. Ni même à le tuer. On venait à peine de mettre sa mère sous terre et Serena ne ressentait ni rage ni tristesse - quoiqu'un peu, vu qu'elle avait perdu sa mère. Elle voulait retrouver son petit frère et le rassurer. Remontant une dernière fois à l'étage, appelant son petit frère, Serena vit sortir de la salle de bain son père, s'essuyant les mains avec une serviette.« Tu sais où se trouve Charlie, papa ? » Le patriarche se tourna vers sa fille et posa un long et lourd regard que Serena essaya de déceler. « C'est terminé à présent. J'ai pu accomplir la vengeance de ta mère. » Le visage de Serena se mua en un mélange d'incompréhension et d'horreur ; elle ne comprenait pas les paroles de son père, mais elle avait peur du sens de ces mots. Monsieur Yaxley s'approcha doucement de sa fille et lui posa ses mains sur ses épaules, se voulant bienveillant. « N'oublie jamais une chose ; les transmutants sont des monstres, des horreurs à anéantir à tout prix. » Serena se mit à trembler d'effroi. Impassible face à la réaction de sa fille, le père se détourna et descendit au rez-de-chaussée avec un visage froid. Seule, Serena se résolut à entrer dans la salle de bain d'où en sortait son père. Lentement, elle s'approcha de la baignoire remplie et manqua d'air quand elle vit l'horreur. Dans la baignoire, se trouvait Charlie, âgé de huit ans à l'époque, pâle et fixant le plafond.

« Comment ça ce n'est pas possible ? » Serena suivait à la trace un des médecins qui sera présent au grand dépistage qui aura bientôt lieu à la base militaire, ici même à Radcliff. « Je suis navré, Yaxley. Vous faites comme tout le monde ; vous viendrez à la date et à l'heure demandés. Pas avant. » Trancha le docteur Webber. C'était peine perdue ; Serena aura beau supplier, se mettre à genoux, ramper et lécher les pieds du docteur Webber, elle ne pourra pas passer avant tout le monde. En recevant sa convocation, la jeune infirmière fut surprise de voir que son dépistage se fera bien plus tard que les autres. Elle avait pourtant cru qu'en sa qualité d'infirmière, elle pourrait passer avant tout le monde. Depuis le discours du président Baxton et l'annonce d'un dépistage, Serena se posait beaucoup de questions ; elle s'inquiétait de l'avenir des transmutants, de la montée en puissance des Hunters et des résultats de sa prise de sang. C'était surtout cela qui la perturbait le plus ; qui était-elle ? Des souvenirs qu'elle préférait oublier remontaient peu à peu à la surface ; son petit frère Charlie, tué par son père. Son père, qui l'avait abandonné à des oncles et des tantes, partant à la chasse aux mutants. Si elle avait quitté la grande ville de New York pour la petite ville de Radcliff, c'était pour s’éloigner de son passé. Se rendre là où personne ne vous connaît. Et depuis ce fameux discours, ces mauvais souvenirs resurgissent. Comme résignée, Serena retint de nouveau le docteur Webber pour lui expliquer la raison de cette supplication ; « J'a ... J'ai dans ma famille un mutant qui a manifesté son don depuis tout bébé. Cette personne n'est rien d'autre que mon petit frère qui a aujourd'hui 19 ans. Si je vous ai demandé si je ne pouvais pas faire une petite entorse au règlement, c'était pour savoir s'il y avait une chance que j'en sois une également ... » Serena se mordit la lèvre inférieure ; être rendue à mentir pour apitoyer le médecin était vraiment petit et malsain de sa part. Le docteur Webber la regarda longuement avant de lui répondre ; « Je pense que vous avez quand même une petite idée sur la question, non ? » Il n'avait pas tort ; il y avait de fortes chances qu'elle ait le gène mutant. Mais cela ne voulait pas dire pour autant qu'elle en était une également. « Si vous voulez bien m'excuser, je dois voir mes patients. Et vous n'avez pas des lits à changer par hasard, Yaxley ? » Quand le docteur Webber eut le dos tournée, elle lui lança un regard noir et tourna les talons. Elle aimerait tellement le savoir. Savoir si elle est une mutante ou non. Savoir si elle a un gène ou non. Qu'elle soit ou non une mutante, qu'elle ait ou non le gène ne la dérangerait pas plus que cela. Mais il y avait une chose qui la taraudait depuis un certain temps ; si elle savait ce qu'elle était, serait-elle la même ?


Arrivée à son immeuble, elle s'apprêtait à taper le code de l'entrée quand un individu l'attrapa et lui mit sa main sur la bouche pour éviter qu'elle hurle. « Tu cries, tu es morte. » Tremblante, elle obtempéra sans se révolter. Elle obéit à son agresseur quand il lui demanda d'entrer dans l'immeuble. Elle lui obéit quand il lui demanda d'entrer dans son appartement. Une fois entrés, son agresseur relâcha sa prise et Serena s'en échappa rapidement. Et elle se retourna vers son inconnu, tendant devant elle son taser. Serena fit face à un charmant jeune homme, levant les bras en l'air, comme pour dire qu'il ne voulait pas faire de mal. « J'avoue ; la menace de mort, c'est pas top ... » « C'est pas vrai, vous êtes malade ou quoi ?! » « Je suis un transmutant. » Cette réponse suffisait à Serena, car elle baissa son arme ; depuis le discours du président Baxter, l'agression ou le meurtre d'un mutant faisait la une des journaux. L'organisme terroriste, appelé les Hunters, se fit de plus en plus présent. Cet étranger devait les fuir et recherchait un abri pour se cacher. « Vous venez d'où ? »« San Fransico. »« Bon ... je vous autorise à rester ici pour quelques temps, pas plus. » L'inconnu scruta l'appartement dans lequel vivait son hôte. « Honnêtement, je me plais bien ici. Et puis, tu as l'air d'habiter toute seule ici ... » Serena vit l'inconnu s'approcher d'elle, l'air de rien et se sentit rougir lorsqu'il était tout près d'elle. « Je pense que la meilleure couverture pour moi, c'est qu'on fasse croire à tout le monde qu'on est ensemble, tu ne crois pas ? » Serena soupira et le repoussa loin d'elle. « Okay ! Mais vous prenez la chambre d'amis ! » « Ce serait mieux si on se tutoyait ! » rétorqua-t-il. Et Serena pensa fort que c'était le début des ennuis pour elle.