Aileen se tend, se cambre, soupire, s'active. Un spectacle envoûtant, enivrant, de ses muscles qui roulent, de ses traits qui se déforment. La chevelure blonde en pagaille qui ondule contre ses épaules, ses cuisses écartées qui vont et viennent par dessus les miennes. Je l'aide d'une main à se soulever, grimper la hampe, s'y écraser de plus belle. Encore, et encore, sur toute ma longueur, poussant entre ses entrailles, sciant son corps. La main qui traînait sur ses seins remonte contre sa nuque, s'agrippe à une poignée de cheveux. Pour mieux la serrer entre mes bras, pour mieux entrer et sortir. Son cou se tend, le crâne basculé en arrière, m'offre tout le loisir d'y écraser les lèvres. Y perdre mon souffle, les yeux entrouverts, le crâne vrillé par le plaisir et l'alcool. Oui, ça tourne. C'est brumeux. J'suis paumé entre les sensations, toujours plus jouissives, de la chaleur dans laquelle je me plante, de son balancement délicieux, de la course folle à la petite mort. J'tiendrai pas longtemps, à ce rythme.

Le sol se remet à trembler. Ça n'est pas aussi violent, aussi brusque que plus tôt. Mais ça suffit à faire naître une certaine inquiétude, une appréhension en partie balayée par les à-coups de la belle. J'en perds ma faculté de parler, ouvre la bouche pour articuler, ne peux que souffler de vagues gémissements. Mon coeur s'agite ; de peur de se retrouver dans la même galère, à ne pas savoir l'arrêter. Mais en l’occurrence, en cet instant, je ne m'y retrouve plus, trop assailli par les vagues intenses de plaisir, par l'adrénaline, par cette sensation étrange et extatique qui se dégage de la jeune femme. C'est elle, l'épicentre de ce foutu séisme. Avec tout ce que ça implique. "Ahh..." J'me sens gonfler plus que jamais, pas foutu de me taire, déjà effleurer la douce litanie, sans rien pouvoir y faire. Bordel. Faut qu'elle arrête. Non. Faut pas. Surtout pas. J'me mords brusquement la lèvre, passe une main sous sa cuisse, embrasse sa gorge, longe la clavicule, accélère le mouvement. Plus vite. Plus fort. Plus loin. A ce stade là, c'est juste purement instinctif. Je n'y peux rien. "Bordel." Je peste, et finalement me redresse, délie les jambes, la porte avec moi, pose les genoux à terre, entre ses cuisses, la laisse retomber sur le dos sans nous séparer. Un coude planté près de sa tête, mon corps qui pèse sur le sien, mon membre qui la transperce avec plus d'aisance. Son jean me bloque légèrement la taille, mais je m'en contre-fous, quitte à pousser l’élasticité du tissu à ses limites. Pour mieux  pousser mon bassin contre le sien, mieux la pénétrer, mieux sentir chaque fibre de son corps trembler.

"C'que c'est bon, putain.." je grogne au dessus d'elle, perds complètement pieds. Ma main dans ses cheveux l'agrippe tendrement, fermement, l'autre paumée sous ses fesses, les ongles s'enfonçant dans sa cuisse. J'sais pas, je devrais peut-être m'en faire, tenter de la calmer plutôt que la culbuter à en crever. J'peux me rassurer en me disant qu'elle a bien l'air de prendre son pied.

Tu perds le contrôle, mais c'est différent, différent d'il y a quelques heures plus tôt, avant c'était de la panique, et là, étrangement, t'arrives à te contrôler, plus ou moins. C'est…bizarre et excitant à la fois, tu ne saurais pas comment décrire ça, et Leevy qui t'fais perdre pied, ça t'aide pas. La chaleur de vos corps collés l'un contre l'autre, c'est bon, il est plutôt tendre, comme si vous étiez faits pour vous compléter, pour vous donner ce plaisir qui vous consume.

Tout ça, ça devient dangereux, tu le sais, tu n'arrives pas à trouver une réponse dans ses yeux, s'il a peur du lendemain qui vous attends, de ce que vous allez devenir l'un pour l'autre après cette nuit ensemble. Il te serre contre lui, ta poitrine qui vient s'écraser sur son torse, ton cœur qui bat au rythme du sien. Tu kiffes, ouais tu prends ton pied et tu t'en caches pas, des gémissements qui pourraient se faire entendre, mais tu t'en fous.

Le sol tremble, encore, ton corps se met à trembler en même temps que celui du brun, tu lis une certaine inquiétude dans son regard, mais il ne dit rien, seuls de vagues gémissements se font entendre. Tu ne comprends pas, il devrait avoir peur, mais tu ne le savais pas comme ça, à prendre le risque, te laisser perdre le contrôle comme tout à l'heure. Et pourtant… tu le sens encore gonfler pendant tes coups de hanches sensuels, ton corps entier qui frissonne, tu comprends pas… C'est quand même une putain de drôle de réaction, c'est toi qui lui fait cet effet là ? Sûrement, alors tu souris, malicieuse et pousse un cri de plaisir quand il accélère le mouvement. Ouais tu lui fais cet effet, et tu dois avouer que ça te plaît, qu'il se montre plus entreprenant, plus sauvage. C'qu'il est sexy putain. Tu serres tes cuisses quand il se redresse, tu ne veux pas qu'il sorte de toi, c'est trop bon, tu lui en voudrais si jamais il sortait maintenant… Mais le voilà qu'il t'allonge dans l'herbe, ton dos qui écrase les brindilles, toujours là, tu le sens encore mieux, allongée, lui au dessus de toi…

Tu te mords les lèvres quand il te dit que c'est bon, alors les ondes de choc se font ressentir un peu plus, c'est lui qui te met dans cet état, t'arrives pas à y croire que ça lui plaise, pendant le sexe. C'est trop bon, trop bon à en crever, tes doigts dans son dos, tu le griffes jusqu'au sang, tu t mords encore les lèvres, jusqu'au sang, mais tu t'en fous.

"T'arrêtes pas Leev…surtout pas, pas maintenant, c'est trop bon…" tu lâches entre deux soupirs, tu prends ton pied bordel, depuis quand un mec ne t'as t-il pas mise dans cet état ? Depuis trop longtemps, même quand Josh était en vie, tout ça n'était jamais arrivé. C'est la première fois que tu perds le contrôle en pleine baise sauvage, alors tu trouves que c'est encore mille fois mieux que d'habitude. Et puis….après tout c'est la première fois que tu découvres Leevy comme ça, les yeux qui pétillent, au dessus de toi, à prendre son pied tout comme toi. Putain t'arriveras pas à t'en passer. Merde. Le sol continue de trembler, mais ça se calme peu à peu pendant qu'une vague de frissons se fait ressentir tout le long de ton corps.

J'aurais pas du fermer les yeux. C'est prétexte à trop de dérives. Mes lèvres courent sa gorge, y déposent mille baisers, sans se lasser. C'est un tout autre parfum, c'est une toute autre femme. L'image de Carol qui profite de l'alcool pour s'insinuer jusque dans ma réalité, qui déforme mes sens. Une chimère qui se calque sur les traits de la blonde, sur les courbes brisées. Mes mains qui serrent une chair inconnu retrouvent bientôt la peau de l'être aimé. C'est comme une putain d'addiction. Une image impossible à chasser. Si bien que je cesse de la regarder. Je préfère me fondre dans l'illusion, et frapper, frapper encore. La ravager avec amour, avec passion. Ça n'arriverait pas, si j'étais sobre. Mais ivre, c'est loin d'être la première fois. Je pourrais presque ressentir les boucles brunes contre mon visage, sa voix filer jusqu'à mon oreille. Je l'aime, je l'aime, je l'aime. J'suis pas foutu de faire mon deuil. Plutôt baiser l'illusion d'un cadavre sur le corps d'une amie. J'en suis réduit à mélanger les femmes, à ne plus savoir qui porte mon poids.

"T'arrêtes pas Leev…" Aileen. C'est Aileen. Définitivement pas la voix de ma chère et tendre. Et le sol qui vibre. J'avais carrément occulté ce détail. Et les sensations qui reprennent un peu de réel. L'herbe humide. Le vent froid. Ouais, mon esprit se réveille, chasse le rêve, à mesure que les frissons se plantent le long de mon dos, que le plaisir approche de son paroxysme. Je me redresse sur mon coude, saisis la mâchoire de la blonde, l'embrasse à pleine bouche. Sans retenue. Un baiser humide, houleux, langoureux, agressif. Qui ne cesse que lorsque l'air devient trop rare, trop précieux. Je récupère quelques centimètres de distance, inspire, pénètre, ouvre les yeux dans les siens, laboure encore. Faut que tu t'sentes aimée, Aileen. C'est important, ouais. C'est important. Mes sourcils se froncent brusquement, les coups de reins se font plus fermes, plus rapides. Mon bras libre s'enroule autour de son genoux replié, le plaque contre ma hanche. Encore. Encore un peu. J'entre, je sors. J'entre, et je cueille la mort.

Un long gémissement franchit mes lèvres tandis que je me bloque en elle, ferme les yeux, bouche ouverte, la mâchoire prête à se déboîter. J'implose, j'explose. J'me vide en elle, en une plainte rauque, lancinante. Bordel. C'est bon. Ça tourne. Je vacille légèrement, les muscles qui se détendent soudainement. Encore quelques ondulations, quelques frissons. Mes dents qui se plantent dans son cou, mes mains qui la relâchent. Et finalement, toute la machinerie qui lâche. Tombe en morceaux. Un putain de pantin désarticulé, mon poids qui ne fait que retomber. Sur elle. Son coeur battant. Sa chaleur. Contraste violent avec la brise qui me frappe les côtes. Et j'suis bien, putain. Le cerveau noyé dans les endorphines. Un sourire ivre pendu aux lèvres. Rien de trop éphémère, à moins que..?

Il ferme les yeux, non, ne les fermes pas, garde les ouverts, garde mon visage qui montre le plaisir que je ressens… ne ferme pas les yeux Leev… Tu gardes les tiens ouvert, il semble ailleurs, avec quelqu'un d'autre, plus avec toi, tu ne comprends pas, il se passe quoi là ?
Tu te redresses un peu, difficilement puisqu'il a mis tout son poids contre ton corps, tu viens l'embrasser tendrement sur la joue, qu'il ouvre à nouveau les yeux, qu'il te regarde encore et encore. Que son regard te rende accro à en mourir, au point d'en souffrir, de deviner que tout ça n'est qu'éphémère putain, tu le sais et tu ne veux pas que ça se termine.

T'as peur, ouais, t'as toujours eu peur de l'attachement de toute façon, la dernière fois que t'es attachée voit ce que ça a donné, tu as perdu celui qui était tout pour toi sur le moment. Et là…alors que ses yeux sont fermés, tu te permet enfin de laisser s'échapper une larme, puis une deuxième, c'est trop douloureux. Le sol continue de trembler, autour de vous le vent vient de se lever, toi, t'es perdue, tu ne devrais pas pleurer, et pourtant tu le fais en silence. Le temps que ses yeux sont fermés.

Et il les ouvre à nouveau, tu essuies rapidement tes yeux, légèrement rougis, tu mettras ça sur le compte de l'alcool, ouais, t'essaieras de lui faire croire ça. Mais l'alcool, il a eu le temps de se barrer pendant que ton corps frissonne contre le sien, il t'embrasse, encore et encore, ses lèvres sont douces bordel. Il est différent, différent de tout à l'heure, tu le sens à sa façon de t'embrasser, ses coups de reins sont plus fermes, plus rapides, c'est bon, tu sens que tu vas partir toi aussi, alors que ce soit fait en même temps. Que vous partagiez encore un moment intime ensemble. Peut-être le dernier t'en sais rien, c'est pas grave, ça ira Aileen, ouais. T'auras qu'à fuir, encore, oublier c'qui vient de se passer. Ça mettra le temps qu'il faudra, mais tu y arriveras.

Un soupir, puis un autre, ton corps qui tremble, les secousses ont pris fin autour de vous, son corps qui vient s'écraser sur le tien, lourdement. T'as chaud alors que dehors il fait froid, vous êtes tous les deux presque à poils, une chance que y'ait personne, pour l'instant. Tu te permet encore de lui caresser les cheveux, un sourire faible vient s'accrocher à tes lèvres, t'hésites, est-ce que même maintenant tu as le droit de l'embrasser ? D'lui faire comprendre que c'était bon et que t'en veux encore ? De ses baisers, de ses caresses…

"Leev…" tu murmures alors que ton cœur n'est pas décidé à se calmer, tu comprends pas pourquoi tu ressens toutes ces émotions qui ont décidé de venir te plomber le moral.

Et un aboiement se fait entendre au loin, avec un homme qui gueule après son chien. "Putain !" tu gueules, à moitié à poil, Leevy sur toi, toujours pas redressé. "Faut qu'on s'barre !" tu lui sors, paniquée, avec cette putain d'envie de rire.

Laissez moi mourir comme ça. Le cul à l'air, la queue entre les cuisses d'une femme. Tout mon corps amorphe, les muscles qui pèsent. Comme chargés de plomb. J'ai la sensation d'avoir le sang trop épais. La conscience pulvérisée, anéantie, volatilisée. Comme toute volonté de se relever. C'est l’apaisement qui écrase, enfonce vers le bas. Bordel. Quel déchet. Il n'y a plus que l'odeur. J'sens les doigts d'Aileen me passer dans les cheveux. Et j'pense que si j'étais un chat, je me mettrais à ronronner de plaisir. Ouais. J'me roulerai probablement en boule sur son ventre et j'attendrai qu'on me donne à bouffer. En attendant, j'suis juste infiniment bourré. Après l'effort, c'est la nausée qui revient. L'acide qui n'est plus très loin de déborder par ma trachée. Pour le moment, j'prends sur moi. Mes bras se resserrent sur ses flancs. Une étreinte plutôt que des mots. C'est plus simple, ouais. C'est moins dangereux, aussi. Et j'garde les yeux fermés, prêt à tomber de sommeil ici-même. Rien que pour cinq minutes... Juste le temps de s'en remettre...

Mais voilà que ça aboie. Mes paupières se rouvrent brusquement. J'en ai perdu mon orientation, cherche pendant une seconde la source de ce bruit. Ça se rapproche. Rapidement. Aileen commence à s'agiter alors que je me redresse, prends appui sur mes mains pour jeter un oeil plus loin, voir un clébard arriver en grandes foulées. "Oh merde..." Pas l'temps de penser. Je me retire, me relève, chope le bras de la blonde pour l'aider à faire de même. J'suis désolé si je brusque la phase de tendresse post-coïtale. J'me serais bien vu y rester un peu plus longtemps. J'baisse les yeux, balaie l'endroit. Il n'y a que mon T-shirt qui traîne encore par terre. Alors, je range l'attirail en vitesse et le récupère, le balance sur l'épaule. Je le remettrai quand on ne risquera plus de se faire mordre les mollets. "Viens !" J'prends sa main, à la jeune femme encore carrément débraillée, la culotte sur les genoux et un sein à l'air. Et ça m'fait sourire bêtement, amusé. Ouais, y a p'tet pas de quoi rire. Ou p'tet bien que si. Qu'importe. Déjà, je me mets à courir. Après le chien, y a un type qui gueule des trucs que j'ai trop de mal à déchiffrer. Sincèrement, j'me fous pas mal qu'on nous ait pu nous voir. Mais j'veux pas qu'on ait de problèmes. C'est quand même dingue, tout ce qu'on peut faire en une journée. Tous les ennuis qu'on peut s'attirer.