Bare hearts
Scarlett & Caleb

Au final, il serait bien resté un moment avec Garrett dans les bras. Déjà, parce que tant qu’il avait le petit avec lui, il n’y avait pas de conversations qui fâchent. Ensuite parce que ça lui faisait du bien. C’était un peu tout ce qu’il avait toujours voulu, rentrer chez lui, retrouver femme et enfants, passer du temps avec eux, préparer les week end en famille, chercher mille façons de les gâter… A quoi lui servait tout son argent, toutes ses primes, s’il n’avait que lui-même pour qui les dépenser ? Non vraiment, Garrett était un petit instant hors du temps, de ce qu’aurait pu être leur présent, si leur couple n’avait pas implosé en plein vol.
Etonnement, il n’avait jamais réussi à pousser la réflexion suffisamment loin pour en vouloir à Scarlett de l’avoir quitté. Il avait morflé, comme un chien, mais il avait compris la démarche. En se défaisant de lui, elle n’avait pas à tourner une simple page, elle prenait de l’élan pour déchirer tout un chapitre. C’était brutal, pour elle, pour lui, mais quand le pansement ne stoppe plus l’hémorragie, c’est peut être que ce n’est pas la médecine dont on a vraiment besoin… Il avait échoué à maintenir leur couple à flot le temps qu’elle touche le fond puis remonte progressivement, alors elle avait préféré faire ça toute seule, dans son coin. Lui aussi avait fait son deuil à sa manière, en se laissant engloutir pas son travail, par la cause mutante, par tout ce qui s’éloignait le plus possible d’une vie affective et d’une intimité. L’intimité avec qui que ce soit ne l’intéressait plus, puisque ce n’était pas Scarlett. Ça lui avait attiré quelques blagues de la part de ses collègues parfois, qui ne comprenait pas qu’un golden boy de trente ans plein aux as ne se soit pas retrouver une poulette de dix ans de moins, juste pour passer le temps et assouvir ses envies. Il aurait pu, surement, mais on repart sur la rengaine sur Caleb l’Idéaliste, sur tous les plans. Même en amour, c’était tout ou rien. Du coup, ces dernières années, ça avait plutôt été rien. Il avait toujours préféré être seul que mal accompagné, et devoir passer après la Faust tenait du sacerdoce.

Alors que Scarlett s’éclipsait un moment, un looooong moment, Caleb tâcha de trouver des choses à faire pour ne pas juste avoir envie de se planquer sous la table, ou de partir en courant pour ne pas subir un nouveau silence gênant où il finirait par raconter n’importe quoi, se ridiculiser et rappeler à Scarlett pourquoi elle avait eu bien raison de trouver les moyens de se débrouiller toute seule. Du coup, il s’appliqua à débarrasser la table, à passer l’éponge sur le plan de travail, de ranger la vaisselle dans le lave vaiselle, même de le mettre en route, tiens, ça lui ferait toujours ça de moins à faire tout à l’heure … Quand Scarlett revint enfin, il était à deux doigts d’aller sortir la poubelle plutôt que de rester raide comme un planton au milieu de la pièce. C’était terrible quand même, d’être à ce point incapable de se décider de ce que l’on devait faire de son propre corps. Il s’immobilisa pile là où il était, tournant la tête vers Scarlett qui fermait avec précaution la porte derrière elle en louant à nouveau la gentillesse du petit garçon et son coté facile à vivre. Caleb hocha la tête. Il n’en doutait pas une seule seconde, le petit n’avait pas franchement une bouille de terreur. Ça viendrait peut être en grandissant. Il acquiesça aussi quand elle lui expliqua avoir réorganisé toute sa vie autour du petit : il s’en était bien rendu compte après ces mois à les observer évoluer de loin tous les deux. C’était une bonne chose, c’est sur, simplement il ne pouvait pas en dire autant :

- Oui, je suppose …

Que pouvait il dire de plus ? Il était encore à l’étape précédente lui, alors il ne pouvait pas vraiment valider l’argument avec ferveur. Il ne pouvait qu’imaginer un peu, envier beaucoup. Il se contenta d’hausser les épaules, fourrant ses mains dans ses poches, quand elle se remit à le remercier. Il n’avait pas besoin qu’elle le mette sur un piédestal non plus, ce qu’il avait fait, c’était ce que n’importe quelle personne décente aurait faite, à savoir donner un coup de main dans son domaine de compétence. Ex ou non, si il était arrivé à l’hopital avec la moitié d’une jambe arrachée, elle l’aurait opéré, pas par pitié, mais parce que c’était son métier, et peut être accessoirement parce qu’elle ne tenait pas plus que ça à ce qu’il meure, et bien lui c’était pareil. Il avait simplement fait son travail, il n’y avait pas besoin de l’encenser pour cela.

- Vraiment, ya pas besoin de que tu me remercies Sca’, c’était normal, juste normal… C’est mon métier tu sais, c’est que je fais tous les jours, globalement, c’est pas du tout exceptionnel …

Toujours immobile, les deux pieds coulés et cloués dans le sol, il la laissa se rapprocher, se raidissant sensiblement. Ce n’était pas qu’il craignait la proximité avec Scarlett, c’était plutôt qu’il ne savait pas quoi en faire, tirailler entre les élans du cœur et la tempérance de sa raison. Il évita de regarder leurs mains qui se touchaient presque, préférant la fixer dans les yeux alors qu’elle se décidait à reprendre. Il avait bien compris où elle voulait en venir, au moins en partie, sans être sur pour autant de vouloir entendre tout ce qu’elle avait à dire. Enfin, peut être qu’elle allait lui apprendre des choses qu’il ne savait pas encore qui sait. Qui le ferait un peu avancer lui aussi, de son coté, avec un peu de chance …

… Alors ils restèrent un bon moment plantés là, l’un en face de l’autre, ce qui était tout à fait contre leur nature profonde, d’être si proches sans pour autant se toucher. Caleb serrait les mâchoires, clignait des yeux de manière un peu mécanique, alors qu’il devait digérer ce qu’il était en train d’entendre. Il en avait déjà compris un petit auparavant, qu’il avait deviné tout seul. Pour le reste … Il avait beaucoup de mal avec le concept de quitter quelqu’un que l’on aimait. C’était quelque chose qui était même inconcevable, dans sa vision du couple, de la vie en général. Une question d’éducation peut être, ou de caractère. Peut être que Scarlett cogitait trop, là où lui refusait de questionner quoi que ce soit quand il s’agissait d’elle. Ce n’était même pas qu’il faisait exprès, c’était juste comme ça, et depuis toujours. Même en tant qu’ami, il n’avait jamais remis en cause la moindre de ces décisions. En tant que copain, encore moins. En tant qu’ex, pas plus. Il souffla un long et lourd soupir, de ceux que ne poussent que ce qui portent le poids du monde sur leurs épaules, puis effaça les quelques centimètres qui les séparaient pour enfermer Scarlett dans ses bras. Cette étreinte, c’était celle qu’il n’avait pas eu le courage d’avoir quelques heures plus tôt dans l’après midi.

- C’est rien va, c’est rien … T’as pas à être désolée, tu as fait ce que tu pensais être le mieux pour tout le monde … Bon, j’aurai préféré avoir eu le droit de donner mon avis à ce moment là, mais tu n’étais pas prête à l’entendre à l’époque, c’était normal … Respire, tu vas me claquer dans les bras si tu continues à trembler comme ça …

Le ton était doux, un peu paternaliste aussi, malgré une certaine émotion dans le fond de la gorge. Elle était encore amoureuse de lui au moment où elle l’avait quitté, Ok. Sauf que ce n’était peut être plus le cas aujourd’hui. Il s’était passé plus de deux ans entre les deux dates, elle avait eu largement le temps de tourner la page et de se refaire un bout de vie de son coté. De vie sentimentale quoi. Peut être qu’elle lui racontait ça maintenant pour lui donner un peu d’estime de lui, pour s’attribuer tous les torts dans leur séparation comme une sorte de remerciement pour ce qu’il avait fait pour elle et Garret. Il n’avait pas envie plus que ça de sa reconnaissance et de tout ce qui allait avec. Ce n’était pas ça qu’il voulait qu’elle ressente pour lui. Il voulait plus, mais il ne savait pas si elle avait encore ça en elle, pour tout dire. Alors avant de se décider à la lâcher –c’était fou quand ses bras étaient pile à la bonne taille pour l’enlacer-, il se risqua à lui tendre une perche, la dernière, promis, avant d’abandonner totalement l’affaire. Son ultime seconde de courage, comme on dit :

- Et donc euh … tu embrasses tous les avocats qui t’aident à adopter des petits garçons avec des malformations cardiaques pour fêter la fin de la procédure, ou j’ai eu une sorte de traitement spécial ?

bare hearts

CALEB & SCARLETT

Bare hearts
Scarlett & Caleb

Caleb avait mal vécu leur séparation, comme n’importe quel amoureux éconduit. Il n’avait pas compris la décision de Scarlett, et pourtant il ne l’avait pas remis en cause. Etonnement, une fois qu’elle lui avait dit ouvertement qu’elle voulait qu’ils se séparent, il n’avait pas lutté. Il ne s’était pas défendu, il n’avait pas cherché à la faire changer d’avis. Chacun était tellement agoni et aveuglé par sa propre douleur qu’il n’avait lui-même pas eu la force de se battre un peu plus encore pour sauver leur couple. Parfois aujourd’hui il se maudissait de ne pas s’être montré plus déterminé et incisif, de ne pas avoir eu la force de retenir Scarlett plutôt que de la laisser partir. Alors il l’avait couvé du regard, de loin, avait pris de ses nouvelles par des chemins détournés, en essayant d’être le moins intrusif possible dans sa vie au quotidien. La preuve, avant qu’elle ne vienne lui demander pour Garrett, ils ne s’étaient plus croisés pendant presque un an, alors qu’ils travaillaient à moins de trois cents mètres l’un de l’autre. Il avait changé pas mal de ses habitudes pour que leurs chemins ne se croisent plus. Il se faisait livrer ses courses pour ne pas la croiser au supermarché, il demandait même à sa secrétaire de prendre son café chez le barrista en arrivant le matin, service pour lequel il lui payait le sien, tous les matins. Gagnant-gagnant. C’était peut être la solution de facilité aussi, mais pendant un long moment, c’était la seule que Caleb avait pensé pouvoir assumer, en plus de tout le reste.

Pour la seconde fois de la journée, soit plus qu’en presque un an et demi, Caleb pouvait poser son menton sur le sommet du crâne de Scarlett pour sentir l’odeur de son parfum mêlé à celle du shampoing qu’elle devait utiliser pour Garrett. Il la sentait fébrile dans ses bras, et il n’aimait pas la voir ainsi. Il préférait presque le malaise un peu étrange du début, plutôt que cette espèce de culpabilité qu’il avait du mal à supporter. Il ne lui en avait jamais voulu. Elle ne l’avait pas trompé, elle ne s’était jamais mal comportée avec lui. Elle l’avait quitté, c’est tout, comme des milliers de femmes quittaient des milliers d’hommes tous les jours. A l’échelle du monde, c’était même un non évènement, qui n’avait frappé que lui. Il y avait fait face, il avait assumé ses responsabilités, il était allé de l’avant. Peut être pas dans tous les domaines, mais il pouvait se targuer de ne pas s’être laissé aller bien longtemps après leur rupture, peut être parce que celle-ci s’était faite proprement, sans éclat de voix, sans crasse ou volonté de nuire. C’était même l’inverse d’ailleurs, quand on y réfléchissait bien. Ils s’étaient éloignés pour ne pas s’entrainer dans leur chute respective. Alors maintenant qu’ils avaient repris de la hauteur, était il possible que … ? Il eut un pâle sourire, à peine présent sur ses lèvres devant les questions de la jeune femme :

- Pourquoi être en colère ? Il y a des gens bien plus haïssables que toi dehors, ce serait peut être un peu facile de se concentrer sur une blessure d’égo plutôt que sur les vrais problèmes, tu penses pas ? Et puis tu m’as quitté, hein, ça fait mal, mais on s’en remet, plus ou moins … tu m’as pas amputé d’une jambe …

Elle ne l’avait pas vacciné, non plus. Ce type là, qui lui avait arraché sa mutation comme il avait volé celui de Fiona, lui, il le haissait de tout son être. Jamais il ne pourrait employer un tel terme pour qualifier ce qu’il ressentait pour Scarlett. Absolument jamais. Alors il se contenta de secouer la tête et de caresser les cheveux de la rouquine alors qu’elle tâchait de reprendre son souffle et son calme, avant de la relâcher, presque soulagée qu’elle n’aille pas se réfugier de l’autre coté de la pièce. Elle avait gardé ses mains sur son torse, et ce n’était peut être pas plus mal comme ça. Presque rassurant. Il avait penché un peu la tête vers elle, comme pour être plus proche pour entendre ce qu’elle avait à répondre. Il lui manqué, donc. D’accord, c’était une nouvelle donnée à assimiler, mais ce n’était pas désagréable, juste déstabilisant.

- Déplacé … Oui, j’aurais plutôt dit irréfléchi et imprévisible, mais si tu préfères déplacé…

Il la taquinait, un peu, c’était ce qu’il faisait quand il était mal à l’aise ou qu’il ne savait pas ce qu’il était sérieux de répondre à ce genre de chose.  Il grimaça en entendant Scarlett se dénigrer ainsi.

- Hey, arrête ça tout de suite s’il te plait. C’est du passé, ça sert à rien de ressasser ça encore un siècle. Maintenant tu dois te concentrer sur ton futur, sur ton fils, tes projets et tout le reste …

Il fut coupé dans son élan par la suite du monologue de Scarlett, et malgré toute la verve et la répartie dont il était d’ordinaire capable, il fut bien dépourvu devant les aveux de cette dernière. Perdue, comme elle y allait. Et lui, alors ? Il fronça le nez quand elle répéta qu’elle l’avait mérité, encore un ânerie qu’il avait envie de démentir avec force, mais elle ne lui laissait pas l’occasion d’en placer une. Pas encore, elle semblait avoir besoin de vider son sac une bonne fois pour toute avant de le laisser parler. Il avait encore un peu plus penché la tête pour pouvoir entendre ce qu’elle murmura en guise de conclusion, si bien que leurs fronts se touchaient presque. Rester avec Elle.

- Euh …

Ça, c’était de la réponse spontanée et constructive. Il fallait dire qu’il y avait eu un petit court circuit au niveau de son cerveau, probablement du au raté qu’il y avait eu au niveau de son palpitant. Rester avec elle, c’était flou tout ça, il y avait bien trop de place pour l’espoir pour qu’il ne sache quoi en faire. Rester avec elle, il ne demandait que ça, depuis la première fois qu’il lui avait dit qu’il l’aimait. Ça n’avait pas changé avec le temps, loin s’en fallait. Mais rester, c’était pour combien de temps ? Caleb était d’accord, dans tous les cas, mais il n’était pas sur de pouvoir gérer de n’avoir le droit à la douceur des bras de Scarlett que pour quelques heures avant de devoir tout oublier à nouveau. Alors lentement, il avait approché ses mains de la taille de la brillante doctoresse, comme s’il eut peur de s’y bruler, posant son front finalement contre le sien, avec un sourire doux sur les lèvres, mais un peu gêné.

- Je veux bien rester. Simplement… Je veux pas que tu dises ça juste parce que tu te sens redevable, Sca’. Je suis un grand garçon, je peux concevoir que tu puisses vouloir passer à autre chose et vivre différemment ta nouvelle vie. T’es pas obligée de m’y inclure par habitude ou par obligation… Parce que si je reste Sca’, faudra pas me lâcher dès que tu te rendras compte que j’ai pas tellement changé depuis la dernière fois ….

Il ne l’avait pas encore embrassé, il lui laissait le choix. Scarlett avait toujours, toujours le choix, c’était elle qui menait la danse entre eux, ça avait été toujours le cas. Caleb était courage, mais il n’était pas téméraire, pas en amour. Il avait toujours eu besoin d’être rassuré, et cette fois ci plus que toutes les autres. L’occasion était trop belle, l’environnement trop parfait, alors ça avait l’air bien trop beau pour être vrai, il craignait le dol, le vice caché quelque part. Et la déception, ça, il aurait bien du mal à s’en remettre …

bare hearts

CALEB & SCARLETT

Bare hearts
Scarlett & Caleb

Elle voulait qu’il reste. Ca lui paraissait juste tellement énorme qu’il avait du mal à y croire. Il se demandait pourquoi, pourquoi maintenant, pourquoi elle ne s’était pas dévoilée plus tôt. C’est vrai quoi, cela faisait des mois qu’ils passaient plusieurs heures en tête à tête toutes les semaines, et jamais elle ne lui avait laissé paraitre le moindre indice d’un regain d’intérêt, pas un geste ou un regard qui aurait pu la trahir. Alors forcément, il était un peu surpris. Beaucoup, même, en fait. Il avait envie d’y croire, bien sur, et plutôt deux fois qu’une, mais comme on dit, chat échaudé craint l’eau froide, et il avait le cœur bien trop gonflé d’espoir pour ne pas avoir ce petit mouvement de recul raisonnable. Il avait besoin d’être rassuré, Caleb, parce que s’il retombait dans les filets de sa sirène rousse, il ne pourrait plus en ressortir. Il avait besoin qu’elle lui dise ce qu’il voulait entendre, et comme si elle avait lu dans ses pensées, les mots qui arrivèrent jusqu’à ses oreilles lui firent monter le rouge aux joues et accélérer le palpitant : tout ce qu’elle lui disait là, il en avait rêvé pendant des nuits entières, à se réveiller avec le regret que tout cela n’appartienne qu’à ses fantasmes nocturnes. Il y avait presque tous les mots qu’il voulait entendre, qu’elle l’aimait encore, qu’elle ne voulait pas d’un autre que lui, ni même d’un autre lui. Qu’elle l’aimait, qu’elle l’aimerait encore longtemps, et qu’elle voulait qu’il revienne auprès d’elle. Qu’est ce qu’il pouvait dire, lui, après une si jolie déclaration ?

- Mais tu es sure que …

Son interrogation fut noyé dans l’œuf par les lèvres de Scarlett que se posait sur les siennes. Encore une fois. La deuxième de la journée. Enfin, en-fin, un déclic se fit dans l’esprit de l’avocat, tellement fort qu’on pouvait presque entendre le « Clic » au niveau de son cerveau, alors que Scarlett avait enlacé sa taille pour l’attirer contre elle. Il se mit enfin en mouvement, répondant à son baiser avec ferveur et ce qui ressemblait presque à du dévouement. Il avait à nouveau enfermé Scarlett dans le creux de ses bras, terminant de coller son corps contre le sien, une main remontant dans la nuque de la jeune femme, à la naissance de sa chevelure parfumée. Ses lèvres quittèrent les siennes tout juste le temps qu’il reprenne son souffle et qu’elle vienne lui demander à nouveau de rester, qu’elles venaient retrouver leurs promises à nouveau, cette fois ci de sa propre initiative. Caleb embrassait Scarlett, et c’était à peu près à ça que ressemblait un moment de perfection dans son esprit. Ce baiser dura, longtemps, alors qu’il se faisait plus avide, plus impérieux que le délicat baiser un peu désespéré initié par la jeune femme. Sur les lèvres occupées de Caleb, un petit sourire venait taquiner la bouche de la jeune femme :

- Bon, si Madame insiste, du coup… Ce serait impoli de refuser, je suppose.

Il faisait plus que supposer, il affirmait, même, m’embrassant à nouveau en tenant à présent le visage de la jeune femme en coupe entre ses mains. Cela faisait tellement longtemps qu’il rêvait de faire ça, il ne pouvait donc pas décemment se contenter d’un seul baiser, que d’une seule étreinte. Il y avait encore des milliers de questions à poser, de non dits à régler, mais ce n’était plus le moment. Tout ça attendrait plus tard, bien plus tard. Là, maintenant, tout de suite, tout ce qui comptait pour lui, c’est Scarlett, ses yeux, son sourire, sa bouche, son corps contre le sien, et sa demande, qu’il se devait bien sur de satisfaire. Il resterait, évidemment. Aussi longtemps qu’elle le voudrait, sans aucune condition. Entre deux baisers, il trouva la force morale de redresser un peu la tête, mettant sa bouche hors de portée de celle de Scarlett, alors que ses mains venaient se ranger dans le bas du dos de cette dernière presque sagement. Pas trop, quand même.

- Par contre, on va avoir un petit souci …

Il avait presque réussi à prendre un air sérieux, mais son regard pétillant trahissait déjà la nature de ce désagrément, alors qu’il fronçait légèrement le nez :

- Comme j’ai pu te le dire plus tôt, je n’ai pas eu le temps de prendre ma douche, ou un bain … Et je crois qu’en fait, ce ne serait vraiment pas du luxe, en fait… Et puis si il faut que je passe la nuit ici, il faut au moins qu’on mette ma chemise à laver, qu’elle soit propre pour demain, que je n’ai pas l’air d’avoir découché demain au bureau…

Il vint bousculer le nez de Scarlett du sien, son sourire fripon toujours sur les lèvres, bien moins effarouché que ce qu’il avait pu être plus tôt dans l’après-midi puis dans la soirée, au regard de ses mains qui s’accrochaient à présent des hanches de la jeune femme :

- … Tu crois que ça pourrait être jouable du coup ? Parce que sinon tant pis hein, je rentre chez moi le temps d’aller chercher du change et de me doucher, et je reviens après… Peut être …

Si elle était sage. Mais de son propre avis, il préférait de loin que Scarlett reprenne de vieilles habitudes qu’elle n’avait, avec un peu de chance, pas totalement oubliées. Comme celle de le tirer jusqu’à la salle de bain quand elle considérait qu’il avait besoin de se débarbouiller, par exemple. En général, à ce stade là, il arrivait à la convaincre qu’elle devait le rejoindre pour lui frotter le dos. Elle lui devait clairement bien ça à ce stade, non ?

bare hearts

CALEB & SCARLETT

Bare hearts
Scarlett & Caleb

Caleb avait l’impression de revenir près de deux ans en arrière, cette période où tout allait bien, qu’ils étaient encore un jeune couple heureux et fougueux des premières heures. Des baisers comme celui-ci, il y en avait eu des centaines, des milliers même, parce qu’ils étaient incapables de rester sages quand ils avaient un peu de temps à se consacrer l’un à l’autre. Leur relation n’avait jamais été basée uniquement sur ça, loin s’en fallait, mais ils ne pouvaient nier que l’alchimie physique entre eux avait quelque chose d’implacable. D’ailleurs, la conclusion de ce baiser avait été sans appel : Scarlett était fondue dans ses bras comme elle l’avait toujours fait, comme sa place avait toujours été là. Et c’était le cas, dans l’esprit de Caleb. Il avait toujours renâclé à imaginer Scarlett dans les bras d’un autre homme. C’était terrible à dire, mais il avait fallu qu’Adrian et Evelyn le rassurent là-dessus, à une période particulièrement sombre de l’année dernière, pour lui permettre de garder la tête hors de l’eau. Alors qu’elle puisse être blottie contre lui, là, maintenant, tout de suite, c’était comme autoriser Caleb à respirer à nouveau. Respirer la peau dans le creux du cou de Scarlett, c’était encore plus précieux que respirer de l’oxygène.

Sentir la jeune femme réceptive aux perches tendues lui donnait un peu plus de courage, alors qu’il frissonnait en sentant les doigts délicats de la jeune femme sur son col et sur les boutons de sa chemise, effleurant la peau en dessous délicatement. Quand on voyait comment Caleb regardait Scarlett, on comprenait bien qu’il avait envie de la dévorer toute crue, sans entrée ni plat, le meilleur dessert qu’il soit. Et pourtant, il se tenait bien, presque sagement, alors qu’il lui rendait à nouveau son baiser avec gourmandise, avant de se laisser trainer jusqu’à la salle de bain. En réalité, il connaissait le chemin, il aurait pu y aller tout seul comme un grand…

Mais il n’en avait pas très envie.

Une fois qu’ils furent enfermés dans la salle de bain, coupés du monde, Caleb se laissa déshabiller partiellement bien docilement, alors que ses mains trouvaient elles le chemin des formes de la jeune femme, de son ventre, de ses hanches, étouffant un grognement penaud et frustré quand elle se recula pour tourner les robinets de la baignoire. Bain ce sera, donc, il n’avait pas à en redire, loin de là. Bien vite, Scarlett revint se coller contre lui, lui offrant même le luxe de se déshabiller elle-même, pour ne conserver que ses sous-vêtements. De la lingerie coordonnée : l’avait elle fait exprès ? Il n’eut pas l’occasion de pousser la reflexion plus loin qu’elle venait glisser ses mains contre son torse et son ventre gainés par la tension qui flottait dans l’air. Sa réflexion lui tira un petit rire, avant de se pencher pour embrasser Scarlett dans le cou, juste en dessous de l’oreille :

- Que veux tu, il fallait bien que je passe le temps, les longues soirées d’hiver, et il y a une salle de sport de mon immeuble… Autant m’en servir.

Sauf que bon, là, ses séances de développé couché, on s’en foutait un peu. D’ailleurs, il n’avait pas épilogué sur le sujet, bien trop occupé par les assauts des mains, de la bouche de la jeune femme sur sa peau, qui le fit basculer la tête en arrière dans un soupir qui ressemblait presque à du soulagement avant de se ressaisir. Il était hors de question d’être à la traine en termes de démonstration d’affection. Il était bien, bien trop impatient de retrouver la jolie rousse pour ça. Il embrassa la chevelure de cette dernière alors qu’elle glissait son visage sur son cou, alors qu’il venait caresser son dos et sa peau douce. Il se pencha pour venir capturer les lèvres de Scarlett entre les siennes, délicatement d’abord, puis de manière de plus en plus osée, alors que ses mains descendaient lentement de son dos jusqu’à ses reins, pour se perdre jusqu’à la cambrure de la jeune femme, alors qu’il la collait un peu plus contre lui, effaçant le moindre centimètre entre leurs peaux. Peaux qui ne se touchaient pas tout à fait de partout, et c’était tout à fait regrettable, alors que son pantalon lui paraissait douloureusement superflu à cet instant, tout comme le soutien gorge de Scarlett. Il prit les mains de sa douce entre les siennes, les embrassant avec dévotion, avant de l’attirer vers lui en direction de la baignoire, non sans faire tomber son pantalon dans le process. Il s’assit contre le rebord de la baignoire, attirant son amante retrouvée vers lui, équilibrant le rapport de force en devant à son tour lever la tête pour l’embrasser. Enfin, ce n’était pas si grave, puisqu’ainsi il avait accès à tout plein de Scarlett, alors que ses baisers venaient se déposer sur son ventre, un peu au dessus de nombril, sa taille, jusqu’à sa poitrine alors que ses mains expertes venaient déclipser son soutien gorge. Il s’émerveillerait sur ce bijou de lingerie plus tard, promis, alors qu’il levait vers le visage de la jeune femme un regard tellement émerveillé et dégoulinant d’amour qu’il s’en sentait presque gêné, ses mains toujours dans le dos de sa dulcinée.

- … ça fait un peu tordu ou pervers si je te dis que j’en rêvais depuis des mois ? Parce que si c’est le cas, je le dirais pas, même si je le pense très fort…

La regardant toujours par-dessous, il laissa descendre ses mains sur les jambes de la jeune femme tout en douceur, alors qu’il venait glisser le bout de ses lèvres et de son nez contre la peau parfumée de Scarlett, grisé par la chaleur qui montait dans la pièce et la proximité de cette femme dont le manque ne l’avait jamais quitté, de jour comme de nuit…

bare hearts

CALEB & SCARLETT

Bare hearts
Scarlett & Caleb

Tout allait vite, très vite dans cette histoire depuis le baiser qu’ils avaient échangé dans le bureau. Trop vite probablement aux yeux de certains, des frileux, des prudents, mais Caleb n’en avait pas grand-chose à faire. Après tout cela faisait donc bien plus d’une année qu’ils s’attendaient mutuellement comme deux parfaits idiots, ils n’allaient pas encore en plus se faire le coup du « pas le premier soir ». Et puis ils étaient grands, merde, ils n’avaient pas quinze ans non plus, ils savaient suffisamment ce qu’ils voulaient et ne voulaient pas pour savoir que ce soir, ils désiraient tous les deux la même chose, et ce depuis un sacré bout de temps, alors il n’y avait plus une seconde à perdre. Caleb plissa légèrement les yeux quand Scarlett vint enfoncer délicatement ses doigts dans ses cheveux, à la manière dans gros chat satisfait. Plus que l’aspect charnel, c’était ce genre de gestes là dont il avait terriblement manqué depuis des mois : avant leur séparation, ils pouvaient passer des soirées entières comme ça, lui la tête sur ses genoux, à se laisser gratouiller le cuir chevelu alors qu’ils lisaient ou regardaient un truc à la télé. Il la laissa docilement faire glisser ses doigts de sa crinière sombre à son visage, la fixant avec un regard toujours transi d’amour, comme s’il fixait la plus belle chose qu’il lui ait jamais été donné de voir. Ce qui était le cas d’ailleurs, en son humble avis, alors qu’il embrassait ses doigts à mesure qu’ils s’approchaient de sa bouche :

- Pas autant que toi tu m’as manqué, c’est une certitude… Mais on va remédier à ça…

Ils avaient l’air suffisamment motivé pour vite effacer ces trop longs mois de séparation, alors que la jeune femme venait s’asseoir sur ses genoux, lui coupant la respiration à nouveau en l’embrassant avec une passion qu’il n’avait plus osé espérer de sa part. Et pourtant. Il savourait chaque instant, chaque parcelle de sa peau en contact avec la sienne. Il allait lui sortir la plus belle déclaration de la terre, si si, vraiment, mais il n’eut pas même l’opportunité de rouvrir la bouche : sous la pression du corps de Scarlett sur le sien, il bascula en arrière dans l’eau chaude, manquant de peu de se cogner la tête contre le rebord de la baignoire. Il sortit la tête hors de l’eau dans un rire étranglé, lachant Scarlett une seconde pour retirer les méches qui lui étaient tombées devant les yeux, avant de froncer les sourcils d’un air faussement sévère :

- Avec tes bêtises, on risque de réveiller le petit !

Et ça, ce serait quand même franchement pas de bol. Il bouscula le nez de Scarlett du sien, totalement attendri par la bouille adorable que lui servait la jeune femme. Si il faisait une crise cardiaque dans l’instant, on pourrait dire sans mentir qu’il serait mort heureux.

- Moi aussi je t’aime Docteur Faust. Et moi tant que tu voudras de moi, je resterai fidèle au poste. Autant te dire que ça peut durer un bail.

Penché au dessus de Scarlett, il prit un instant pour la contempler, ses cheveux ondoyant dans l’eau claire, elle ressemblait plus à une sirène ou une divinité aquatique qu’à une véritable personne. Il lui avait toujours dit, elle dégageait quelque chose, quelque chose de plus que les autres, qui l’attirait plus que tout le reste. Et puis il se laissa aller à presser son corps contre le sien, à l’embrasser dans le cou, la redressant un peu pour ne pas qu’elle soit totalement écrasée par son poids. Il n’avait pas envie de se précipiter, avant tout parce qu’il n’avait pas forcément envie de donner l’impression à Scarlett de n’être venu que pour Ca, au final. Sauf qu’à voir l’empressement avec lequel elle s’était décidée à le déshabiller, ses dernières hésitations et autres pudibonderies superflues fondirent comme neige au soleil, alors qu’il venait mordiller doucement le lobe de l’oreille de la jeune femme, dont le souffle court était une promesse plus qu’encourageante.

- Si tu penses que j’ai assez trempé pour être recevable ailleurs, va pour la chambre… Parce que là les voisins du dessous risquent d’appeler pour dégâts des eaux…

Il se rappelait d’une fois mémorable où la petite vieille de l’appartement du dessus était venue toquer pour demander si ils étaient en train de faire des travaux dans leur appartement si tôt le matin, et qu’il s’était retrouvé totalement débraillé et bredouillant devant l’aieule, avec une Scarlett hilare, planquée dans son peignoir un peu plus loin. Aujourd’hui, ils allaient quand même faire un peu plus discret, c’était qu’il était déjà tard, quand même. Il se redressa rapidement mais avec précaution, histoire de ne pas lui marcher dessus, attrapa une serviette pour s’éponger très, très, trèèèèès rapidement, avant d’attraper Scarlett sous les bras, aussi facilement que si elle eut été une enfant :

- Allez hop, par ici Mademoiselle !

Avant même qu’elle ait pu dire un mot, il l’avait enveloppé dans une serviette éponge et lui avait fauché les jambes pour la porter, façon prince charmant et sa prince, prenant garde à ne pas glisser  sur le parquet, avançant en tenue d’Adam jusqu’à la chambre, Leur chambre, qui n’avait pas changé d’un iota. Enfin, si, un détail, mais Caleb ne s’y attarda pas, tout concentré sur Scarlett qu’il fut : il manquait des photos d’eux sur le mur, qu’elle avait du retirer à son départ. Elles ne devaient pas être loin.

Avec toute la douceur du monde, Caleb déposa sa dulcinée sur les draps, la tête sur l’oreiller, venant la rejoindre prestement à quatre pattes sur le lit : il écarta la serviette pour laisser apparaitre le ventre immaculé de Scarlett, et embrassa sa peau délicatement, avec application, pour remonter progressivement jusqu’à son visage, s’attardant sur chaque centimètre carré de cette peau qu’il connaissait par cœur mais dont il était incapable de se lasser. Arrivé à la bouche pulpeuse de la jeune femme, son corps au dessus du sien, Caleb fut saisi d’un affreux doute, et ne put s’empêcher de demander, une dernière fois :

- Tu es sure, sure de sure que c’est ce que tu veux ? Après promis, je me tais.

Promis après, il se servirait de sa langue pour autre chose que poser des questions idiotes. Mais simplement, si elle voulait changer d’avis, c’était maintenant parce qu’après, il ne comptait pas la lâcher de toute la nuit, dans tous les sens du terme …

bare hearts

CALEB & SCARLETT

Bare hearts
Scarlett & Caleb

C’était comme si ils ne s’étaient jamais quittés, et c’était comme un miracle aux yeux de Caleb. Le corps de Scarlett n’avait pas changé, à part peut être pour devenir encore plus beau et désirable que ce qu’il était déjà deux ans plus tôt. Mais comme toujours Caleb hésitait, il rechignait à se jeter dans l’arène comme ça, sans la certitude que Scarlett était 100% avec lui. Certains lui reprocheraient son manque de prise d’initiative, mais c’était plus complexe que ça : Caleb était attaché aux concepts simples de consentement mutuels et d’envies partagées, et jamais il n’aurait forcé sa douce à faire quoi que ce soit si elle n’avait pas envie ou n’était pas d’humeur. En l’espèce, il voulait simplement s’assurer qu’elle n’avait pas changé d’avis au dernier moment. Ça aurait pu être le cas, et il n’aurait pas discuté, ni même essayer de négocier quoi ce que soit. On ne négocie pas avec l’amour, c’est tout ou rien. Et heureusement, Scarlett voulait tout, à observer son air doux et impatient à la fois, et la façon dont elle avait attiré son visage contre le sien pour un nouveau baiser passionné, avide. Demandeur, impérieux. Tellement qu’il en veut encore, lui aussi, de la bouche de Scarlett contre la sienne, de sa langue qui caresse ses lèvres et de ses dents blanches qui viennent mordre sa peau comme pour en tester la tendreté. Il aimait ça, tant et si bien qu’il en demandait toujours plus, oubliant de respirer autre chose que l’air qui sortait des lèvres entrouvertes de Scarlett, alors que ses mains étaient partout sur le corps de la jeune femme, comme à la découverte d’une terre inconnue qu’il avait pourtant conquis plus d’une fois dans le passé.

La remarque de la sublime rousse au dessus de lui alors qu’il s’était laissé basculer sur le dos lui tira un sourire : Nola, c’est leur escapade la plus mémorable en amoureux : il s’était débrouillé pour la convaincre de poser une semaine entière de congés sans lui dire pourquoi, ce qui était exceptionnel, et avait réussi à garder la surprise intacte jusqu’à ce qu’ils montent dans l’avion. Ils avaient visité la ville bien sur, le bayou également évidemment, mais ils avaient surtout visité à peu près tous les recoins de la suite qu’il avait réservé pour être en mesure de déterminer l’endroit où ils préféraient faire l’amour. Quand ils avaient un doute, ils recommençaient, juste pour être sur. C’était dans la chaleur moite et sensuelle de la nouvelle orléans que leur fille avait été conçu, ils l’avaient deviné quand le gynécologue avait évalué l’age de l’embryon à la première échographie. Alors évidemment, il s’en souvenait, alors qu’il glissait ses grandes mains sur la taille gracile de la belle rousse, tout occupé qu’il était à embrasser la poitrine bombée en sa direction de cette dernière :

- Hum, je crois qu’il me serait bien ardu d’oublier ne serait ce qu’une seule seconde de ce voyage là, mon ange…

Il ne vit pas tout de suite le rapport avec tout le reste, mais il fallait dire qu’il n’avait pas la tête à grande chose d’autre qu’au corps de Scarlett. Ce corps qui se tendait contre le sien, alors qui sentait un tiraillement dans le bas de son ventre à mesure qu’elle venait chatouiller son ventre, sa chevelure glissant sur sa peau en dispersant des frissons par toutes ses terminaisons nerveuses. Elle allait le rendre fou. Elle l’avait toujours rendu fou, et ce soir encore plus, alors qu’elle venait les isoler du reste du monde, caché derrière sa chevelure de feu, avec ses quatre mots qui formaient à la fois un ordre et la plus belle des promesses. Caleb se redressa sur un coude, contractant ses abdominaux sous Scarlett, caressant son visage de sa main libre en la fixant avec un air et un sourire qui n’avait plus rien de sage :

- Oui Madame, bien Madame …

Glissant sa main sur la nuque de la jeune femme en attrapant ses lèvres entre les siennes dans un énième baiser incandescent, il se redressa pour se retrouver assis, Scarlett toujours à califourchon sur lui. Sa seconde main enfin libre, il vint la loger au bas des reins de la jeune femme, à la toute fin de la cambrure de son dos, alors que ses baisers descendaient sur la gorge de cette dernière, et que lentement leurs corps commençaient lentement à se mouvoir l’un contre l’autre. Il ne fallut pas longtemps pour que Caleb sente les premiers effets du corps de Scarlett en communion avec le sien, la chaleur, les papillons dans le ventre et cette faim dévorante de sa chair, alors qu’il enfermait ce tout petit bout de femme contre lui dans ses grands bras, et que la cadence de leurs coups de rein s’harmonisait sans même avoir à y réfléchir. C’était comme ça, même sur ce plan là, ils avaient toujours été naturellement synchronisés alors que l’avocat venait perdrait son souffle et sa raison dans le cou et la chevelure humide de Scarlett, alors que plus rien n’existait au tour d’eux. Le monde pouvait bien s’écrouler, il s’en foutait royalement. Il était en train de faire l’amour avec Scarlett Faust.

bare hearts

CALEB & SCARLETT

Bare hearts
Scarlett & Caleb

L'esprit de Caleb s'était complètement vidé à mesure que Scarlett avait prit tout l'espace disponible dans ses pensées. Il n'y avait plus qu'elle, plus qu'eux, sans rien autour, alors qu'il baignait dans la plénitude et le plaisir de la sentir frissonner sous ses doigts et ses lèvres. Des filles, il en avait connu avant elle, quelques unes, mais comme femme, il n'y avait jamais eu que Scarlett. Il n'y avait que d'elle qu'il avait appris les formes par coeur du plat de ses mains, tout ce qu'elle aimait et ce qui la faisait frémir, et qu'il mettait en application à chaque fois qu'il avait pu en avoir l'occasion. Et ce soir, il comptait bien la combler et lui signifier qu'il n'avait rien oublié de leurs petits cours particuliers. Il savait comment la toucher, comment se saisir d'elle pour en tirer les plus beaux soupirs, les plus alanguis, ceux qui lui donnaient l'impression d'être le meilleur amant de la Terre. Il ne l'était peut être pas, mais c'était comme ça qu'il se sentait quand elle se cambrait un peu plus, la tête basculée en arrière dans un soupir qui ne faisait qu'attiser sa luxure.

Son corps suivit tout naturellement celui de Scarlett alors qu’elle se décalait pour s’installer sur le dos, l’invitant muettement à le rejoindre d’un regard. Harponné par le regard intense de la jeune femme, il rapprocha son visage du sien, savourant les caresses sur ses joues piquées de sa barbe de la journée, alors qu’elle lui murmurait ses envies, son regard droit dans le sien. Ce que Scarlett veut, pour Caleb, Dieu le veut, et il n’attendit pas une seconde de plus pour plonger sur elle, attrapant ses lèvres entre les siennes avec fougue, sa langue se faisant entreprenante et insistante à son tour, alors qu’il glissait une main sous les fesses de la jeune femme pour être le mieux placé pour son plaisir à elle. Installé ainsi, il pouvait l’aimer pendant des heures, lui rendre hommage en quelques grognements étouffés dans leurs sourires et ce baiser qui n’en finissait pas. il la sentait se raidir, se tendre sous ses assauts amoureux, alors qu’il redoublait d’efforts et d’envie dans l’espoir de l’entendre lâcher ces gémissements qui le rendaient totalement fou. Faire l’amour à Scarlett, il signait pour le faire matin, midi, soir, et même au gouter si elle en voulait encore, alors que la chaleur de leurs corps enlacés semblait presque embuer les vitres de la fenêtre de la chambre …

***

Sa main glissa le long de la jambe de Scarlett, suivant le tracé que faisait ses lèvres à mesure qu’il lui embrassait le mollet, le genou, l’intérieur de la cuisse, l’aine avant de survoler son buste pour venir l’embrasser dans le cou dans un sourire. Ils étaient essoufflés, en sueur, et ils avaient probablement besoin d’une nouvelle douche, mais il s’en fichait alors qu’il refermait ses bras autour de la magnifique jeune femme pour l’attirer contre lui. Il l’embrassa sur le front, la laissant s’installer comme d’ordinaire entre son torse et son épaule, leurs jambes emmêlées sans véritable logique. Il avait l’impression d’être un peu saoul, alors que son verre de vin but plus tôt dans la soirée avait largement été digérée. Il était ivre d’amour pour Scarlett, il sentait encore toutes les sensations de leurs ventres collés l’un à l’autre, alors qu’ils se remettaient tout juste de leurs émotions et de cette chevauchée fantastique sensuelle. Sa main vint trouver le chemin de la chevelure de la jeune femme assez naturellement, alors que l’autre venait dessiner des lacets sur la peau nue de cette dernière, du bout des doigts. Il resta un instant silencieux, avant de murmurer avec les accents les plus tendres et sincères du monde :

- Tu es tellement belle… Je crois que je n’arriverai jamais à me faire à autant de beauté chez une seule femme … Ce petit nez parfait… Cette bouche parfaite… ce cou parfait … ces mains parfaites…

A mesure qu’il énonçait chaque partie de l’anatomie de la jeune femme, il se décalait pour les embrasser une à une, du bout de son nez en descendant embrasser ses mains, avant de sourire un peu plus, les yeux brillants :

- Et ces seins, seigneur, ces seins…

Il avait placé sa main sous le sein de Scarlett et s’était mis à le taquiner joyeusement, quand un hurlement dans la pièce d’à coté le fit se redresser dans un réflexe assez impressionnant. A priori, Garrett avait décidé qu’il en avait assez d’être tout seul dans son coin.

- … Bouge pas j’reviens.

Il attrapa la serviette qui avait servi à envelopper Scarlett et qui trainait au pied du lit, l’enroula autour de sa taille, et disparut dans l’encadrement de la porte le temps d’une minute. Rapidement les pleurs cessèrent, laissant place à quelques hoquets et ronchonnements fatigués, alors que Caleb réapparaissait dans la chambre, le petit garçon dans les bras, l’air le plus naturel du monde :

- … Je crois que monsieur a fait un cauchemar. Ou alors c’est parce que sa veilleuse s’est éteinte …

Avec précaution, il se réinstalla à coté de Scarlett, le petit toujours contre lui, le laissant s’affaler sur son ventre et son torse une fois rallongé. Garrett continua de marmotter un peu, avant de reconnaitre l’odeur de sa mère à coté de lui et de tendre sa petite main vers elle, sans bouger du torse de l’avocat. C’était que c’était plutôt confortable au final.

- … tu sais si il va se rendormir vite ? Il dort avec toi, parfois ?

bare hearts

CALEB & SCARLETT

✸✸✸

Bare hearts
Scarlett & Caleb

En entendant les premiers cris du bébé, Caleb n’avait pas pu s’en empêcher. Il était obligé de se lever, de voir comment allait le petit et, un geste en entrainant un autre, de le prendre dans ses bras et de le porter contre lui.le contact de sa peau chaude avait du calmer le petit, tout comme cette posture naturellement protectrice qu’il avait adopté en le berçant doucement. Garrett n’était plus un nourrisson, mais comme tous les petits, il sentait les émotions des adultes autour de lui, et la sérénité de Caleb devait transpirer de ce dernier jusqu’à influencer et apaiser les frayeurs de l’enfant. Il l’avait embrassé sur le front, puis s’était dépêché de le ramener à sa mère. Il n’était pas question qu’elle perde tout le bénéfice de leurs petits jeux d’amoureux à s’inquiéter pour son enfant.

Une fois installée dans le lit, il avait laissé Scarlett se reblottir à sa convenance contre lui, et se rapprocher de Garrett par la même occasion : il n’était pas expert, alors que Scarlett elle, décèlerait en une seconde si il y avait un souci avec son bébé. Heureusement, son chagrin passé, ce dernier s’était remis à gazouiller un peu, les yeux grands ouverts, curieux de se sentir confortablement installé sur une peau chaude qui n’était pas celle de sa mère. Caleb écoutait les informations de Scarlett avec une grande attention : c’était intéressant de voir tout le processus qu’elle avait mené avec Garrett pour lui éviter les cauchemars et les terreurs nocturnes. Les imaginer là, dans ce lit, tous les deux épuisés mais heureux, en pyjama, c’était une belle scène à laquelle il aurait bien aimé assister un jour. Peut être qu’avec un peu de chance, il arriverait à les voir ainsi, lors d’une de leurs siestes communes. Ça lui ferait plaisir. Il se contenta d’hocher la tête et de ranger toutes ces informations dans un coin de sa tête, continuant de caresser la tête du petit qui ne quittait pas sa mère des yeux. Lui non plus, d’ailleurs, il la caressait du regard, puisque ses mains étaient occupées à tenir Garrett. Le regard qu’elle posait sur l’enfant, jamais il n’aurait espéré qu’elle le pose un jour sur quelqu’un, depuis que Violet était morte, et pourtant. Il était soulagé, vraiment, de voir Scarlett capable de ressentir de l’amour maternel, après la tragédie qui les avait touchés. Il pencha un peu la tête sur le coté pour poser un baiser sur le front de sa douce, alors que Garrett les gratifiait d’un hoquet absolument adorable.

- Me déranger de quoi ?

La question était sincère, il ne voyait vraiment pas ce qui pouvait le déranger. Il avait perdu sa fille voilà près d’un an et demi. C’était la veille tout comme il y avait un siècle, le temps avait fait son œuvre. Il avait fait son deuil, lentement mais surement, comme le faisait des milliers de parents tous les ans. Caleb n’était pas du genre à ressasser le passé, globalement, il savait qu’une fausse couche, ce n’était la faute de personne, à part peut être du destin, pour ceux, qui y croyait. Il ne pouvait pas en vouloir à Scarlett, et encore moins au tout petit garçon qui lui, n’avait pas demandé à passer après Violet. Aussi incroyable que cela puisse paraitre, Caleb faisait partie de ces gens raisonnables, plus régis par le bon sens que par des obsessions passées. A croire que ce genre d’état d’esprit devenait une denrée rare dans le coin. Il sourit au petit, puis à Scarlett, et surement aux
deux en même temps :

- Si je n’avais pas voulu t’aider à adopter le petit, je l’aurais pas fait… Et maintenant, il est hors de question que tu ais à choisir entre passer du temps avec lui ou avec moi. Et puis si je peux te permettre de ne pas avoir à payer une baby sitter … Sincèrement, qui pourrait résister à une bouille comme la sienne ?

Garrett était un magnifique bébé, avec une magnifique maman. Si ils les voulaient bien tous les deux, il accepterait sans hésiter d’être le pas si mal compagnon de ces deux là, alors qu’il serrait un peu plus Scarlett contre lui. Le petit commençait à refermer les paupières lentement, et que Caleb réprimait un baillement. Lui aussi avait les paupières de plus en plus lourdes, et il risquait de ne pas faire long feu, bercée par les souffles conjugués de Garrett et Caleb …