Gene Warner MEMBER - join the evolution. MESSAGES : 541
SUR TH DEPUIS : 20/03/2016
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Ven 30 Sep 2016 - 21:46 | |
| J'aime pas les au revoir ... Tant que c'est pas un adieu, ça finira par aller. Et j'espère bien que tu vas me donner des nouvelles, j'espère avoir réussi à t'embêter suffisamment longtemps pour que tu m'oublies pas. J'ai pas envie que tu partes ... |
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Cesare DeMaggio ADMIN - master of evolution MESSAGES : 45269
SUR TH DEPUIS : 15/02/2015
| Sujet: Re: ☆ le ctrl+v. Ven 30 Sep 2016 - 22:17 | |
| - Citation :
- Il avait longtemps cru savoir plein d’trucs sur plein de sujets, Cesare ; il avait toujours su comment survivre, comment subsister, comment sauver sa vie en toutes circonstances, comment soupeser les existences. Il avait toujours su se battre depuis aussi longtemps que ses souvenirs pouvaient remonter, un apprentissage inaltérable gravé dans sa mémoire ; il avait aussi toujours su monter une arme, démonter celle-ci en quelques gestes souples de ses mains et de ses doigts, quel que soit le modèle : l’avantage, sûrement, d’avoir un père qui avait fait du commerce plus ou moins légal d’armes, un putain de business. Et pendant bien vingt ans, le DeMaggio avait vécu avec l’assurance qu’tout ça, c’était juste c’qu’il avait besoin de savoir : comment faire son devoir de hunter, comment être l’objet de fierté de ses parents, et le centre de gravitation de leurs espoirs. Tout autant qu’Aria avait été une déception aux yeux de Rafael, pour des raisons complètement stupides, Cesare, lui, il avait incarné le futur, sur les épaules duquel dépendaient encore plus d’attentes, une fois que la fille impie avait vu le jour. Un cercle-vicieux dans lequel, fallait croire, aucun enfant n’aurait jamais pleinement satisfait leurs géniteurs ; c’n’était qu’à vingt-sept ans tout juste commencés, qu’enfin, le fils se rendait à l’évidence. Aria avait-elle fini par réaliser ça ? Etait-elle au moins morte, avec l’esprit un tant soit peu tranquille, en s’disant que c’était Rafael et Isabela le problème, plutôt qu’eux deux, les deux gamins qui étaient juste nés dans cette famille, et n’avaient jamais rien d’mandé, rien exigé de particulier ? Et pour les mêmes raisons qu’on n’les avait jamais aimés, choyés, on n’leur avait jamais appris à le faire : ç’aurait été un schéma de faiblesse à n’pas répéter avec les générations futures de toute manière. Cesare, il avait été endurci et discipliné plus qu’il n’avait été élevé et éduqué comme n’importe quel enfant ; et bien souvent, quand il s’retrouvait seul avec Clara, dans ces jours de convalescence qui faisaient sa survie ces derniers temps, Cesare s’demandait à quel degré il avait conjuré le sort. Etait-il vraiment apte à être un bon parent pour Clara ? Etait-il vraiment capable, d’mener ce genre de vie si simple, alors même que ç’avait été le genre d’existence à laquelle il n’avait jamais été acclimaté ? La vie sur laquelle on n’l’avait jamais destiné ? Combien d’temps avaient-ils, tous les trois, dans c’bonheur simple et lambda, avant qu’il n’retombe dans des vieux travers destructeurs, qui déborderaient sur Isolde, sur leur fille tout autant ? Des doutes qu’il n’mettait pas en voix, parce qu’il avait envie d’passer à autre chose, bien souvent, quand il creusait à la recherche de ses convictions : il n’voulait pas écrire sa vie en fonction de ce qui pourrait être au tournant, il n’voulait pas penser son existence en fonction de la menace latente et silencieuse que Rafael DeMaggio pouvait toujours exercer sur sa vie, à cause de c’qu’il lui avait inculqué, ou parce qu’il était toujours un tueur, qui restait collé à ses basques ?
Mais des matins comme ça, avec Isolde, il voulait s’voir en vivre le plus possible, pendant les cinquante prochaines années, ou plus encore. Etait-ce la réalité d’un sentiment honnête et évident, ou juste un instinct de conservation qu’il s’devait de se murmurer, pour ne pas sombrer tout de suite ? On n’lui avait jamais appris ça non plus, à Cesare ; comprendre sa mentalité, le cercle-vicieux de ses pensées, les caprices du cœur au creux de son poitrail. Tout c’qu’il savait, c’était qu’il devait probablement la survie d’celui-ci à la présence d’Aria à ses côtés pendant tant d’temps. Et que cette histoire d’amour avec Isolde, elle semblait être le résultat des circonstances, de la façon dont les choses s’étaient alignées, autant que d’sa capacité à aimer. C’était… compliqué. Et pourtant, c’était sincère : parfois, c’était c’qui était douloureux dans l’histoire. L’assurance que ça, c’qu’il ressentait, c’qu’il avait, ce qui le faisait vivre grâce à Isolde, n’existerait pas, s’ils s’étaient rencontrés une poignée d’années avant, ou en d’autres circonstances, que celles-ci, fragiles et précises. Mais l’paradoxe voulait que tout c’qu’il ressentait, tout ce qu’il disait, pensait, tout ce qui vibrait en lui, soufflait ses pensées dans un ordre illogique de sentiments et d’impressions – tout ça, c’était la chose la plus réelle qu’il n’ait jamais éprouvé de toute sa vie. Pour Isolde, et pour Clara. Alors il en arrivait à dire ces paroles niaises qui n’correspondaient vraiment pas à l’homme qu’il avait été pendant tant d’temps, le Cesare que tant d’gens pouvaient connaître : ç’avait fait tâche, quand il avait parlé avec Skylar de tout ça. Parce que Skylar, elle était la survivance de ce Cesare dont Isolde n’connaissait même pas toutes les facettes : était-ce vraiment possible, d’raccommoder ces deux parties d’existence, pour faire une harmonie quelconque ? Ce matin, il s’retrouvait à avoir fait plein d’choses qu’il n’aurait jamais cru faire pour qui que ce soit ; tout comme si souvent, il s’était retrouvé à dire, penser, sentir des choses qu’il n’aurait jamais cru expérimenter dans sa vie. « Nan mais de toute manière, si j’t’imagine sans rien, c’est pas en train de faire des pompes. » releva-t-il, de ce même ton si naturel qui caractérisait les petites piques charmeuses qu’il se plaisait à envoyer à Isolde, un rictus accroché aux lèvres. Un sourire plein de contrôle, qui devint progressivement plus gêné au compliment de la jeune femme ; il en détourna vaguement le regard, haussant les épaules. Les compliments non plus, ça n’avait jamais trop couru dans son quotidien ; il les avait toujours aimés de la part d’Isolde, mais le fait qu’ils soient livrés à nu, comme une remarque de tous les jours, c’était autre chose, encore. « C’est que j’découvre des nouvelles Saddler à chaque truc que j’raconte, dis donc. » il se reprit, dans un ricanement aux révélations d’Isolde sur cet énième potentiel personnage de jeu de rôle ; paradoxalement, pourtant, Cesare n’s’était jamais retrouvé à fantasmer sur une de ses profs d’école, bien au contraire. « Et elle enseigne quoi, cette prof ? J’me demande bien c’qu’elle aurait à dire à mon sujet si elle m’connaissait, j’suis exemplaire. » clairement, il avait été un meilleur élève qu’un meilleur patient d’hôpital. Mais pour Isolde, de toute façon, il pouvait se montrer bien conciliant sur bien des choses ; assez pour l’observer, sans se départir de son sourire, mais un brin sérieux au moment d’envisager ce qu’il pourrait dire ou faire pour apaiser ses doutes : « J’en sais rien. Qu’est ce qui pourrait soulager l’infirmière Saddler ? Ecouter mon cœur, prendre ma tension, ou que j’fasses des pompes torse-nu ? » il s’doutait bien qu’y’avait certaines choses pas très médicales qui intéressaient cette fameuse infirmière, parce que là, ils avaient dépassé le stade de la discussion responsable sur son état de santé. Franchement, faudrait être parano ou hypocondriaque, pour croire qu’il y ait encore un risque, à ce stade-là de la guérison. Ils étaient bien loin de parler des choses pragmatiques et techniques dans la guérison, de toute façon : « Pas quand tu m’les rends, non. Mais est-c’que tu me donnes autant de baisers que j’t’en donne ? » demanda-t-il d’un air défiant, comme s’il en doutait vraiment, qu’elle lui fasse autant de démonstrations d’amour que lui à elle ; évidemment, au-delà de la simple provocation, il savait que c’n’était pas vrai, qu’l’affection, d’toute manière, ça coulait entre eux comme cette aisance mutuelle et échangée. Une évidence qui n’marchait avec personne d’autre qu’elle. |
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